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Ambassade de l’Inde - Numéro 400 - MARS/AVRIL 2010 Inde Mars-Avril 2010 5/01/12 13:45 Page 1

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"Nouvelles de l'Inde", revue de l'Ambassade de l'Inde à Paris, n°400, mars-avril 2010.

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Ambassade de l’Inde - Numéro 400 - MARS/AVRIL 2010

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SommaireFESTIVAL NAMASTE FRANCE• Les derniers Maharajas,

exposition à la Fondation Pierre Bergéet Yves Saint-Laurent, Paris, du 10 février au 9 mai 2010 3

• Escales indiennes, du 11 février au 31 décembre 2010 4• Festival de l’imaginaire du 3 mars au 25 avril 2010 4-5• Miniatures et peintures indiennes

Exposition à la Bibliothèque Nationale de FranceFrançois Mitterrand (Galerie François II)Paris, du 9 mars au 6 juin 2010 5-6

• Autres maîtres de l’Inde du 30 mars au 18 juillet 2010 6-7• Festival en hommage au Pandit Ravi Shankar à Paris,

du 12 au 19 avril 2010 7• Discours du Dr Karan Singh à l’occasion de l’inauguration

« Namaste France », Paris, 14 avril 2010 8-9• Quand les « autres maîtres de l’Inde »

s’exposent au Musée du Quai Branly... Ou l’histoired’une révélation en matières d’arts premiers 10-16

LA FRANCE EN INDE• Regards croisés sur une danseuse française en Inde

et un danseur indien en France 17-21FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE• Portrait d’une femme au service de la beauté :

Shahnaz Husain 22-23AUTRE ASPECT DE LA CULTURE INDIENNE• Le Pravâsi raconté à mes amis 26-28DESTINATIONS A DÉCOUVRIR• Bhavnagar au Gujarat 29• Bargarh en Orissa : foyer du plus grand festival de théâtre

en plein air du monde 30• Gros plan sur le Jammu-et-Cachemire 31-33

LE COIN DES ENFANTS• Le roi et le tamarinier 34ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE 35-36REVUE DES LIVRES 37-39NOUVELLES DE L’INDE 40-41LE COIN DES ÉCHOS 42-3ème de couv.

Editorial

Les mois de mars et avril ont été marqués par la premièrephase des événements organisés dans le cadre de NamasteFrance, ce festival de l’Inde en France qui a été officiellementlancé le 14 avril dernier au Musée du Quai Branly en présencedu Dr. Karan Singh, Président de l’Indian Council for CulturalRelations et l’ambassadeur de l’Inde en France, M. RanjanMathai pour le côté indien et par M. Jean Gueguinou, Présidentde Cultures France, pour la partie française.

Dans ce numéro, nous vous invitons à découvrir ces mani-festations mises en place en France pour faire découvrir au pu-blic français diverses facettes de l’Inde : exposition sur les cos-tumes des derniers Maharajas à la fondation Pierre Bergé-YvesSaint Laurent à Paris, exposition « Impressions croisées : deBombay par Wolinski, de La Rochelle par Morparia » aux Escalesindiennes à La Rochelle, Festival de l’Imaginaire à la Maison desCultures du Monde à Paris animé entre autres par des représen-tants du Krishnanattam et du Mohini Attam, exposition gran-diose sur les Miniatures et Peintures indiennes à la BibliothèqueFrançois Mitterrand à Paris, exposition Autres Maîtres de l’Indeau Musée du Quai Branly qui a présenté au public parisien l’artdes peuples premiers de l’Inde, Festival en hommage à RaviShankar organisé à Paris par l’association Ethnomusika.Nouvelles de l’Inde aura le plaisir de vous fournir des informa-tions sur ces événements.

Nous rendons aussi hommage à un grand nombre d’amis del’Inde qui sont décédés au cours des derniers mois et dont plusieurs étaient de grands contributeurs aux Nouvelles del’Inde sous une forme ou une autre.

Nous renouvelons nos excuses auprès de nos lecteurs pourla parution retardée du magazine Nouvelles de l’Inde.

En espérant que vous avez passé un bon été, nous vous souhaitons une bonne rentrée et vous invitons à découvrir dans l’agenda culturel publié sur le site de l’ambassade(www.ambinde.fr) les nouveaux projets mis en place à travers laFrance.

Namrata KumarConseiller (Presse, Information & Culture)

Publié par le Service Presse, Information et Culture de l’Ambassade de l’Inde15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARISTél. : 01 40 50 50 18 - Fax : 01 45 24 33 45E-Mail : [email protected]édacteur en chef : Namrata Kumar, Conseiller (PIC)Assistante de rédaction : Viviane Tourtet avec la collabora-tion de Samia Rizoug et Emilie Chergui.Contributeurs du numéro : Deepti Bhagat, E.B., MichelChapotin, Emilie Chergui, Eunice de Souza, Mireille-JoséphineGuézennec, India Brand Equity Foundation (IBEF), Jean-RégisRamsamy, Samia Rizoug et Chloe Romero.Imprimé par : Imprimerie et Editions Henry62170 Montreuil/Mer - Tél. 03 21 90 15 15Mentions :Toute correspondance sera adressée au Service Presse,Information et Culture, Ambassade de l’Inde, 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARISLes opinions exprimées dans les articles signés ne sont pasnécessairement celles de l’Ambassade de l’Inde.Photo 1ère de couverture : ©P.Celarie

Photo 4ème de couverture : ©P.Celarie

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FESTIVAL NAMASTE FRANCE

LES DERNIERS MAHARAJAS,EXPOSITION À LA FONDATION PIERRE BERGÉ

ET YVES SAINT-LAURENT,PARIS, DU 10 FÉVRIER AU 9 MAI 2010

Organisée en collaboration avec laHutheesing Heritage Foundation,représentée par Umang Huthee-sing, l’exposition a présenté lescostumes des cours princières in-diennes de la fin du Raj. C’estd’une véritable «bibliothèque», oùl’on cherche le textile comme oncherche des textes, que PierreBergé, qui a aidé à fonder la marque Yves Saint Laurent, atissé les costumes de son exposi-tion.

Un thème et une période dans lavariété de cette collection ont étéchoisis comme l’indique le titre de l’exposition “Le temps desMaharajas. Les costumes du grandDurbar à l’indépendance (1911-1947) “. L’année 1911, c’est celuidu grand Durbar, la cérémonieroyale pendant laquelle George Vet sa femme Mary sont couronnés « Empereurs de l’Inde » et 1947,c’est la date de la chute de cetempire, de l’indépendance del’Inde qui met à la mode le cotonblanc le plus simple, le kadi porté par Gandhi. La sélection présente ainsi les costumes de cé-rémonies des princes des coursdans cette période de grand déclin.

Pourquoi un tel choix ? Parce quec’est une période où tout estorienté sur la splendeur, l’appa-rence. En effet quand nous regar-dons l’histoire des maharajas danscette période, nous remarquonsque plus ils perdent leur pouvoir,plus leurs costumes deviennent

luxueux. La couronne britanniquea laissé aux Maharajas leurs titreset leurs biens, mais leur a ôté ledroit de faire la guerre. Privés deleur force, les derniers Maharajasrivalisent sur la grandeur de leurimage. Le vêtement est au cœurdu lien social de cette périodecourtoise. L’apparat devient le lan-gage officiel des cours. Pour lacréation textile, c’est une époqueformidable, qui stimule comme ja-mais auparavant le talent des arti-sans indiens. Un temps béni pourla création.

Tous les costumes présentés sontuniques, montrant la variété desrégions, des techniques utilisées,le tissage, la broderie, des impri-més, la teinture et des matièreschoisis : beaucoup de soie, maisaussi un peu de coton, un peu delaine, le velours avec broderie d’oren abondance. Une profusion de couleurs et de matières pré-cieuses.

Ce goût de l’ostentation atteindrason paroxysme quand en 1925,Monsieur Bhupindar Singh, le ma-haradja de Patiala, a commandé àla maison Cartier, à Paris, la plusriche parure jamais réalisée : “lecollier aux mille carats” - environ3000 diamants.

Tous ces costumes révèlent aussile grand soin qui a été apporté àleur fabrication. Certains saris ontexigé trois ans de travail d’unepersonne seule et il est nécessairede les regarder avec attentionpour réaliser leur raffinement.

Plusieurs disent des histoires, tel-les des peintures. Nous lisons surcertains le chinois, l’arabe, les in-fluences européennes. Nous croi-sons Krishna jouant de la flûte,une princesse dans un jardin a étéentourée de trois symboles royauxde la féminité. Chaque bête estcouronnée. Mais nous voyonsaussi l’aigle à deux têtes desHabsbourg, le lion anglais et desmaharadjas fumant sur des véhi-cules à vapeur. Présenté pour lapremière fois au public, “ces cos-tumes disent l’histoire de civilisa-tion indienne, lève JerômeNeutres. De la fin de l’Inde au dé-but de l’Inde.”

De ce grand théâtre que furent lescours des derniers Maharajas, ilnous reste les costumes sur lesétoffes desquels fut écrite cettehistoire. ❑

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Les Escales Indiennes, organiséespar le Centre Intermondes et sonprésident, Guy Martinière couvrentpresque l’intégralité de l’année2010 à la Rochelle, dans la mesureoù elles se déroulent du 11 févrierau 31 décembre. Les nombreuxprojets culturels intégrés auxEscales Indiennes ont vu le jourgrâce aux démarches menées parles partenaires de la manifestation :Alliance française de Bombay,Carré Amelot, Ville de La Rochelleet ses nombreux sites qui ont ac-cueilli à bras ouverts la culture in-dienne, la région Poitou-Charen-tes, le Centre Euro-India ou encorele Musée d’Orbigny-Bernon. Lesacteurs locaux et régionaux de laculture ont séjourné dans des rési-dences, permettant ainsi davan-tage les échanges culturels.

Ces Escales témoignent de l’ouver-ture et du rayonnement culturel dela ville. Ecrivains, metteurs enscène, cinéastes, plasticiens, choré-graphes, comédiens et une fouled’autres artistes des quatre coinsdu monde se sont donné rendez-

Meena Naik de Bombay et à un re-pas de gala indien au Lycée hôte-lier de la ville, en partenariat avecle Catherine College de Bombay,favorisant ainsi les échanges d’étu-diants. ❑

ESCALES INDIENNESDU 11 FÉVRIER AU 31 DÉCEMBRE 2010

vous sur cette période introduitepar l’exposition « Impressions croi-sées : de Bombay par Wolinski, deLa Rochelle par Morparia » à la mé-diathèque Michel Crepeau.Dans la foulée, le mois de mars aété l’occasion d’assister à un spec-tacle et des ateliers de marionnet-tes autour du thème « Les animauxet les dieux » par la compagnie

FESTIVAL DE L’IMAGINAIREDU 3 MARS AU 25 AVRIL 2010

La ville de Paris a accueilli cetteannée le 14ème Festival de l’Imagi-naire réalisé par La Maison desCultures du Monde. Celui-ci s’estdéroulé du 3 mars au 25 avril 2010.Ce festival est destiné à des élèvesde tous âges, sollicités à découvrirdes patrimoines culturels des qua-

tre coins du monde de manière lu-dique et didactique où l’esthétiqueprime. La Maison des Cultures duMonde « propose une ouverture àla diversité esthétique, culturelle,humaine ». Du 11 au 14 mars, l’Indea ouvert le festival sous la formed’un spectacle d’Inde du sud exclu-

De gauche à droite, M. Wolinski, M. Jean-Claude Cousseau, Directeur général adjoint des services de la Ville de La Rochelle, chargé de la Culture, des Sports, M. Ranjan Mathai, ambassadeur de l'Inde en France et M. Morparia.

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sivement réservé aux temples, leKrishnanattam (ou Krishnattam,« jeu de Krishna »), mettant en

scène la jeunesse de Krishna. Latroupe du grand temple deGuruvayur au Kerala présentera cerituel de manière dansée et chan-tée. Et tout cela flirtant de prèsavec l’imaginaire, un imaginairemarqué par des artistes masqués,costumés, et amplement maquillés.Des maîtres du Mohini Attam,danse classique du Kerala, ontanimé le Festival de l’Imaginaire,

les samedi 27 et dimanche 28 mars2010. Cette danse s’inspire de lamythologie hindoue et symbolise« la danse de l’enchanteresse. »Kalamandalam Kshemavathy etKalamandalam Leelamma, danseu-ses, et une poignée d’autres artis-tes (chanteur, violoniste, tamboursmridangam et edaykka, cymbalesnattuvan), sponsorisés par l’IndianCouncil for Cultural Relations(ICCR) pour Namaste France, lefestival de l’Inde en France pour la période 2010-2011, ont char-mé petits et grands par leurs talents. Les deux danseuses men-tionnées ci-dessus sont des artistesde renom à qui ont été attribuéesdes récompenses prestigieuses.

FESTIVAL DE L’IMAGINAIRE

MINIATURES ET PEINTURES INDIENNES,EXPOSITION À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

DE FRANCE FRANÇOIS MITTERRAND(GALERIE FRANÇOIS II)

PARIS, DU 9 MARS AU 6 JUIN 2010

La Bibliothèque Nationale deFrance conserve dans ses collec-tions, un ensemble extrêmementriche et encore mal connu de mi-niatures et peintures indiennes desXVIIème et XVIIIème siècle qui compteplusieurs milliers d’œuvres prove-nant pour l’essentiel des collec-tions royales. Les fonds se sontconstitués à travers trois vagues

successives reflétant les relationsde la France et de l’Inde dans lesdernières années du XVIIIème siècleet au début du XIXème. Une premièreexposition À la cour du grand Mogholavait été organisée par la BnF en1986 à l’occasion de l’Année del’Inde. Un quart de siècle après, àl’occasion de la publication de l’in-ventaire complet de l’ensemble

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conservé au département desEstampes (2600 œuvres), 150 piè-ces environ, choisies parmi les plusbelles et les plus rares, ont été pré-sentées. « Miniatures et peinturesindiennes » est une collection peubanale qui possèdent deux axesmajeurs : d’une part, un ensemblecohérent de précieuses miniaturesdes écoles mogholes en majoritétardives ou d’écoles provinciales,conservées en recueils factices,exécutées, pour l’essentiel, autemps du dernier des GrandsMoghols, l’empereur Aurangzeb(1658-1707) et de ses successeursimmédiats. On y trouve les effigiesdes empereurs et des princes ti-mourides, les dignitaires de la cour,mais aussi des autorités religieu-ses, cheikhs et soufis. Le secondensemble de la collection, quasiinédit, provient d’Inde méridionale.

Il s’agit de recueils de peintures il-lustrant les grands textes épiques(Ramayana, Mahabharata) ou re-présentant les dieux hindous. Cesalbums « souvenirs », aux couleursaudacieuses et au dessin synthéti-que, étaient destinés à une clien-tèle de résidents ou de visiteurseuropéens. On peut leur associerd’autres albums, d’une insigne va-leur ethnographique, qui s’atta-chent à peindre la diversité desmétiers et les castes à travers leursspécificités vestimentaires. Piècespopulaires de facture naïve, cessuites, parfois qualifiées de « bazar paintings », quelque peuméprisées hier, ont acquis, par leurrareté, un intérêt documentaire eticonographique majeur. À ces deux domaines, il faut ajou-ter d’imposants dessins d’architec-

ture, également réalisés pour desEuropéens qui souhaitaient garderle souvenir enchanteur des monu-ments visités…Ensemble, miniatu-res et peintures reflètent deux fa-

ces d’une même culture, islamiqueet hindoue, deux mondes esthéti-ques qui, tout en étant éloignés,ont cohabité harmonieusement etdonnent à voir un panorama del’Inde dans son infinie diversité.C’est à l’occasion de la publicationcomplète, en deux volumes, du ca-talogue de cette collection, qu’aété présentée cette exposition.Quelques œuvres indiennes du dé-partement des Manuscrits y ontété associées, annonçant la prépa-ration du catalogue de cette se-conde collection de la BnF.

MINIATURES ET PEINTURES INDIENNES, EXPOSITION À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE FRANÇOIS MITTERRAND

AUTRES MAÎTRES DE L’INDEDU 30 MARS AU 18 JUILLET 2010

La Galerie Jardin du musée de QuaiBranly a présenté, du 30 mars au18 juillet 2010, l’exposition AutresMaîtres de l’Inde dans le cadre dufestival Namaste France. Le muséea voulu montrer au grand public

l’art de certains peuples hindousisolés dans des zones pour la plu-part montagneuses en révélant lasplendeur des traditions artistiquesdes « Adivasi » (les premiers habi-tants en sanskrit). Nombreux sontceux qui ont contribué à l’élabora-tion de cette exposition afin derassembler une vaste variété d’ob-jets. Non seulement le musée duQuai Branly a-t-il apporté des piè-ces de ses propres collections, maisdes particuliers et des musées eu-ropéens ont aussi collaboré et bienvoulu prêter leurs trésors. L’Indeest un pays très attaché au sacré età la tradition. Le Musée du QuaiBranly l’a bien compris et a sou-

haité refléter cette tradition etl’artisanat indien en faisant impor-ter des pièces traditionnellesconçues dans des villages indiens.L’exposition était divisée en plu-sieurs sections dont la première il-lustrait la situation tribale en Inde

Aéroplane de Nankusia Shyam,acrylique sur toile

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AUTRES MAÎTRES DE L’INDE

à l’époque coloniale, postcolonialeet contemporaine. Le culte des Bhuta (esprits des an-cêtres, parents, animaux disparus)est très courant dans le sud del’Inde. Le musée a présenté dessculptures Bhuta qui sont des sta-tuettes sculptées dans le bois. Des

figures votives en terre cuite duTamil Nadu, des panneaux muraux,des peintures (autour du Mythe dela Création) du Gujarat, des mas-ques rituels en bois, des textiles etdes bijoux, créations des Naga, cestribus établies au nord-est del’Inde.

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FESTIVAL EN HOMMAGEAU PANDIT RAVI SHANKAR À PARIS,

DU 12 AU 29 AVRIL 2010

L’association Ethnomusika est uneassociation basée dans le 13ème ar-rondissement de Paris composée depersonnes de milieux divers ayantpour point commun un attrait pourl’anthropologie et la musique. Al’occasion du 90e anniversaire deRavi Shankar (7 avril 1920-7avril2010), sitariste exceptionnel origi-naire du Nord de l’Inde et ambas-

sadeur de la musique classique in-dienne en Occident, Ethnomusika arendu un vibrant hommage augrand maître de la musique hin-doustani en organisant une séried’évènements exceptionnels. Auprogramme, conférences, projec-

tion de documentaire, atelier d’im-provisation musicale et concert,sans oublier une nuit spéciale RaviShankar sur la radio FranceMusique avec des témoignagesinédits et des documents d’archi-ves. ❑

Une dernière partie proposait unesélection d’œuvres de deux artistesde renommée internationale sur lemarché de l’art : Jivya Soma Mashe(tribu Warli/Thane district) etJangarh Singh Shyam (peupleGond / Madhya Pradesh).Spécialiste des arts premiers, lemusée du Quai branly a une fois deplus su étonner ses visiteurs parcette incroyable exposition. ❑

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DISCOURS DU DR. KARAN SINGHPrésident de l’Indian Council for Cultural Relations

À L’OCCASION DE L’INAUGURATION« NAMASTE FRANCE » - PARIS, 14 AVRIL 2010

Excellences,Mesdames et Messieurs,

« Namaste » est la manière traditionnelle in-dienne de saluer, symbolisant l’affection et le respectde l’Inde et c’est par ce salut que j’inaugure le Festivalculturel indien en France. L’Inde a quelque chose quitrouve écho dans la psyché française et c’est ce désird’une plus grande familiarité que nous visons à satis-faire. A travers ce festival, nous présentons au peupleami français un bouquet de manifestations qui mettenten lumière la myriade de facettes de la culture in-dienne, depuis la danse que vous avez vue aujourd’hui àla peinture, la musique, le cinéma, le théâtre en passantpar le yoga, l’ayurvéda et la gastronomie.

Nous aèvons choisi d’inaugurer le festival avec « AadiNritya », un spectacle qui nous fait remonter aux origi-nes de la danse et qui est particulièrement appropriélorsqu’on le voit avec en toile de fond la magnifique ex-position des œuvres des « Autres maîtres de l’Inde » , lesadivasis de l’Inde, en ce musée même. L’Inde est et atoujours été définie par les arts – à la fois les arts duspectacle et les arts visuels – qui ont toujours fait par-tie du mode de vie indien. Pour en faire la démonstra-tion, l’une des danseuses les plus connues de l’Inde,Mallika Sarabhai, a spécialement écrit un tableau cho-régraphique pour cette soirée, situant la beauté de ladanse indienne dans les traditions folkloriques de notrepeuple.

La culture indienne a évolué à partir d’une interactionprolongée et diffuse entre le génie inhérent à l’Inde etles idées et concepts qui sont arrivés périodiquement dediverses parties du monde. Le résultat a été un brillantmélange d’identités, de pensées et d’expressions qui aconduit à une explosion de créativité probablementsans parallèle. Comme Max Mueller le disait une fois : «Si l’on me demandait sous quel ciel l’esprit humain a leplus pleinement développé certains de ses dons les plusprécieux, le plus profondément réfléchi sur les plusgrands problèmes de l’existence et trouvé des solutions,je désignerai l’Inde. »

L’Inde est peut-être le seul pays au monde dont les in-fluences culturelles et religieuses ont été diffusées delong en large sans qu’un seul soldat ne soit envoyé au-delà de ses frontières ou qu’une seule balle ne soit tirée.La conscience indienne s’élargit à de nombreux domai-nes, la tradition se frottant à la modernité. La cultureque nous représentons n’est jamais statique mais enperpétuelle évolution. Ainsi Namaste France mêlerainévitablement l’ancien et le nouveau, le traditionnel etle contemporain, sans heurt. La beauté cultivée de nosformes artistiques classiques se combineront à la pas-

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sion de la musique, du cinéma, de la danse et du théâ-tre populaires. Nous avons pour projet de présenter desévénements culturels dans diverses villes du pays etclôturerons le festival par une exposition des peinturesdu Lauréat du Prix Nobel, Rabindranath Tagore, la pre-mière dans cette ville depuis 1929.

Nous avons entretenu des liens culturels réguliers avecla France, un pays avec lequel nous avons le plaisir departager une relation amicale et spéciale. Les liens quinous unissent sont soutenus par une compréhensionpolitique et un commerce mutuellement profitable ; ilsvont bien au-delà, vers des valeurs partagées de libertéet de créativité. Nous pouvons tous deux nous enor-gueillir à juste titre de notre patrimoine culturel et de

notre contribution à la culture mondiale. La France arécemment organisé son propre festival culturel« Bonjour India » en Inde qui a connu un vif succès. Avecle festival « Namaste France », l’Inde offre à la France enretour une manifestation de sa culture. Je suisconvaincu que le Festival de l’Inde, « Namaste France »,conduira à une meilleure compréhension des traditionsculturelles et de l’histoire indiennes et inspirera unnombre encore plus grand de personnes à venir visiternotre pays et à prendre plaisir soi-même dans sa va-riété. Il se trouve que je suis né à l’Hôtel Martinez àCannes ce qui explique que j’ai un lien émotionnel par-ticulier avec la France.

Bonsoir, au revoir. ❑

DISCOURS DU DR KARAN SINGH À L’OCCASION DE L’INAUGURATION « NAMASTE FRANCE » - PARIS, 14 AVRIL 2010

L’inaugurationL’ouverture du festival culturelNamaste France a eu lieu le 14avril 2010 au Musée du QuaiBranly, en présence de S.E.M.Ranjan Mathai, Ambassadeur del’Inde en France, de Docteur KaranSingh, Président d’ICCR, et de M.Jean Gueguinou, Président deCulturesFrance ainsi que desnombreux spectateurs invitéspour l’occasion. Les dignitaires dugouvernement ont rappelé à quelpoint ils étaient honorés de parti-ciper à cette cérémonie en sa-

luant le travail des nombreux par-tenaires du festival et ont souli-gné leur profond attachement enfaveur des relations qu’entretientla France avec l’Inde.

Le spectacle Aadi Nritya, une fres-que dansée présentée par MallikaSarabhai et la troupe de laDarpana Academy qui a suivi lesdiscours a marqué le lancementofficiel des activités culturelles. Ilen ressort une création compriseentre tradition et modernisme re-

présentée sur fond de l’expositiondes arts indigènes indiens « AutresMaîtres de l’Inde » qui dévoile unautre visage de l’Inde : celui despopulations autochtones et descommunautés « Adivasi ».

L’événement témoigne de la vi-gueur des traditions artistiques del’Inde et de son ouverture aumonde extérieur.

Le cocktail qui a suivi a permisd’accentuer les échanges et declôturer la soirée. ❑

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QUAND LES « AUTRES MAÎTRES DE L’INDE »S’EXPOSENT AU MUSÉE DU QUAI BRANLY...

OU L’HISTOIRE D’UNE RÉVÉLATIONEN MATIÈRE D’ARTS PREMIERS

L’exposition « AutresMaîtres de l’Inde » qui setient au Musée du QuaiBranly du 30 mars au 18juillet 2010 constitue enFrance l’un des grandsmoments artistiques quia mis en lumière et enscène l’art tribal et ruralcontemporain de l’Inde.D’emblée, les grandes sta-tues votives Bhutas duKarnataka incarnant lapuissance énigmatique del’esprit des ancêtres pré-cèdent un univers decréatures fabuleuses - tel Paphal le serpent mythique - surgies de la forêt qui côtoient les che-vaux monumentaux et hiératiques du culte Ayyanar, que l’on peut rencontrer à certains carre-fours des routes du Tamil Nadu. La sobriété épurée des figures et motifs rythmiques dansant surles toiles brunes et blanches de Jivya Soma Mashe, le plus grand artiste Warli, compose avecl’exubérance colorée et l’imaginaire fantastique du Bestiaire de Jangarh Singh Shyam, chef defile des artistes Gond. Au symbolisme plus abstrait des représentations cosmogoniques peintespar les artistes des Iles Nicobar sur des planches hentakoi, utilisées pour la divination, répon-dent les paravents ajourés et les panneaux muraux blanchis à la chaux, ornés de personnagesnaïfs et colorés, dans les créations poétiques et en relief de Sundaribai, une artiste tribale ins-pirée par la talentueuse Sonabai qui fut l’initiatrice de cette tradition, dans le district de Sarguja(Chhattisgarh). L’excellence de la beauté simple et authentique, les subtilités formelles ou l’exultation coloréed’une très grande diversité d’œuvres d’art ainsi que le choix de leur mise en scène, résolumentmoderne, dans ce Musée parisien des « Arts Premiers » méritent d’être salués car c’est, sans aucun doute, l’une des plus belles expositions de la Saison 2010. (MJG)Pour mieux comprendre la genèse et la patiente gestation de cette exposition, aussi rare qu’ex-ceptionnelle, placée sous la direction de Dr. Jyotindra Jain, le Commissaire Principal de l’expo-sition, Mireille-Joséphine Guézennec a interviewé Jean-Pierre Mohen, Commissaire de l’expo-sition pour la France ainsi que Vikas Harish, le Conseiller scientifique. En tant que spécialistesd’art ancien et d’archéologie ainsi que de muséologie et d’art contemporain, ils ont conjointe-ment œuvré sous la direction de Dr. J. Jain dont les travaux éminents et les réalisations sur l’arttribal et autochtone de l’Inde sont très reconnus.

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M.J. Guézennec - Pouvez-vousnous dire dans quel contexte s’ins-crit le choix de cette exposition“Autres Maîtres de l’Inde” qui alieu au Musée du Quai Branly etdont le thème est entièrementdédié à l’art tribal ou mieux vau-drait-il dire, aux arts premiers etcontemporains de l’Inde ?

Vikas Harish - « Autres Maîtres del’Inde » est une exposition consa-crée à l’art rural et tribal de l’Inde.Le contenu de cette exposition dé-finit bien son contexte, puisquel’Inde est aussi renommée pour sesformes d’arts classiques et égale-ment pour ses différentes expres-sions contemporaines en matièred’art et de cinéma. Cependantl’Inde rurale et tribale est demeu-rée inchangée, même sous le poidsdes invasions importantes et de lacolonisation, car c’est la traditionqui orchestre la créativité. Nouscontemplons les temples et leurssculptures ou les palaces somp-tueux, mais il y a une autre Indequi est très vibrante, créative etexemplaire. Le choix de cette ex-position est fondé sur cette idée.En Occident nous avons différentesapproches de l’Inde, cependantc’est la première fois que sa di-mension rurale et tribale est pré-

quelles ont été les principalesétapes pour la conception et laréalisation de cette exposition ?

VH. - J’ai en effet travaillé de fa-çon très étroite avec Dr. Jain et Dr.Mohen pour élaborer tout d’abordun premier descriptif de l’exposi-tion. Cela a consisté à choisir lesobjets et même à identifier les ar-tistes qui seraient invités pour réa-liser des oeuvres. A chacune desétapes, j’ai été étroitement associéà Dr. J. Jain qui, en tant queConservateur Principal, nous adonné les thématiques d’ensemble.En premier lieu, j’ai commencé àtravailler sur les collections desbronzes Bastar que possède leMusée du Quai Branly. Cependantnous avons très vite réalisé quecela n’était pas suffisant et nousavons cherché à établir des liensavec les collections privées et pu-bliques en Inde, mais également enAngleterre, en Allemagne, enAutriche ainsi qu’en France biensûr. Une fois que nous avons identifiéces objets, les structures pour l’ex-position ont été conçues par desarchitectes. Parallèlement l’équipea travaillé soit sur les textes de

sentée avec une telle ampleur.Cette dimension contemporaineest ici sous-jacente de par son ac-tualité contextuelle tribale et ru-rale, car ici l’art est non seulementdéfini par la tradition mais égale-ment au travers de ses expressionscontemporaines.

MJG - En tant que conseillerscientifique de l’exposition, vousavez travaillé en collaborationétroite avec Dr J. Jain et Mr J.P.Mohen, les commissaires respec-tifs de l’exposition pour l’Inde etpour la France, pouvez-nous direqu’elle a été votre démarche et

Entretien avec Vikas HarishConseiller scientifique de l’exposition

Sculptures Bhuta ou Demeures des esprits - Karnataka

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J.P.Mohen et V.Harish à Bimbetka

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l’exposition, soit sur ceux du cata-logue. Mais je dois avouer que plusla date de l’inauguration appro-chait, plus nous avons mis l’accentsur toutes ces préparations,conjointement, au fur et à mesureque les choses se mettaient peu àpeu en place pour faire de cetteexposition ce qu’elle est : capti-vante !...

MJG - A plusieurs reprises aucours de ces dernières annéesvous avez été amené à vousrendre en Inde pour rencontrerdes artistes qui allaient être lesacteurs de l’exposition. Commentavez-vous déterminé le choix desstyles, les oeuvres et les artistes ?Leur avez-vous demandé de créerdes œuvres nouvelles pour l’ex-position? De leur côté commentpercevaient-ils le projet d’une ex-position à Paris ?

VH - En fait les choix n’ont pas étédu tout difficiles. Les artistes pré-sents dans cette exposition sonttous des maîtres renommés qui re-présentent chacun un rameau deleur tradition avec leur manièrepropre de dépeindre et d’exprimerleur domaine contemporain. Ilspuisent tous leur inspiration artis-tique dans l’héritage du rituel pourlui donner une expression plus pro-fane. Au fur et à mesure que l’on

travaillait sur l’exposition et plusspécialement au cours de nos visi-tes des artistes dans leur village enInde, il nous est apparu évidentqu’il y avait un judicieux mélangeentre la tradition et leur expressionsubjective qui en découlait pours’orienter vers des formes contem-poraines. Chaque artiste, et toutparticulièrement ceux qui ont étéinvités à Paris pour l’inauguration,tels Jivya Soma Mashe, Sundari Baiou Mohan Lal étaient très fiers demontrer leurs créations sur le lieu-même de l’exposition. Cependantje n’oublierai jamais les propos deSundari Bai qui disait que – « dansl’enceinte même du musée ses œu-vres semblaient différentes de cel-les qu’elle avait réalisées ».

MJG - Le titre “Autres Maîtres del’Inde” est en lui-même très évo-cateur, cela revient à accorder àl’art et aux créations des popula-tions tribales de l’Inde, une re-connaissance et une place émi-nente. Est-ce aussi en raison dustatut particulier des populations« Adivasis » qui, en Inde, ont pré-servé leurs traditions ? On saitqu’ils sont aujourd’hui quelque60 millions dispersés dans diffé-rentes régions de l’Inde...

VH - Pour ces communautés, latradition est un mode de vie à partentière. Elle est constituée parl’ensemble de leur vie socio-cultu-relle, de leurs aspirations spirituel-les ainsi que de leur répartition dé-mographique. Quand nous prenonsen compte cette définition de latradition qui dépasse celle du sim-ple héritage ancestral, il n’est passurprenant de comprendre pour-quoi ces traditions ont survécu.Elles sont ancrées dans la naturemême de ces communautés. Etcomme ces communautés viventéloignées des villes, l’isolementgéographique s’avère égalementun facteur bénéfique pour préser-ver leur culture. Par conséquent, ceterme « Autres » est devenu pournous très important, pas seulementparce qu’ils conservent cette alté-rité au regard de la vie urbaine, ouparce qu’ils sont différents par leur

Le serpent mythique (Manipur)

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Chevaux et divinités Ayyanar

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culture et certaines pesanteurs co-loniales, mais aussi parce que ces“autres” sont également très quali-fiés, bien que non reconnus par lesarts contemporains. S’ils demeu-rent “autres” c’est que le plus sou-vent ils sont ignorés, non par leurmanque de créativité, mais en rai-son du choix des académies urbai-nes et des spécialistes qui les gar-dent à l’écart des sélections artisti-ques contemporaines.

MJG - En Inde qu’il s’agisse del’art classique ou de l’art “tribal”,le rituel et le quotidien, le sacréet le profane sont toujours reliés.Est-ce un trait de l’âme indienneque de toujours associer cette di-mension sacrée et symboliqueavec le côté prosaïque de la vie,ou encore le spirituel et le maté-riel? En tant que muséologue in-dien pouvez-vous nous éclairersur ces liens encore plus fortsdans les arts traditionnels quisont ici présentés ?

VH - La création artistique dansl’Inde rurale et tribale était aussiune expression de leur lien avec ledivin. Depuis toujours, les artistescréaient des figures votives ou reli-gieuses. Celles-ci ne sont pas for-cément repérables par rapport àl’Hindouisme mais elles sont enconsonance avec leur identité cul-turelle et religieuse. Si l’on prendl’exemple du tigre dans le sous-

continent indien, on voit parexemple dans la région Bastar oùvivent les Gonds, que le tigres’avère être la principale divinitéde la forêt : il est donc vénéré enpremier. On retrouve ceci égale-ment chez les Warli dans leMaharashtra et même dans le sudde l’Inde. Leur lien ancestral avecla nature s’exprime par le biais decet animal. Le tigre devient syno-nyme de leur respect vis-à-vis de laforêt. C’est une relation quasi-per-sonnelle qu’ils ont avec la naturecar pour beaucoup de communau-tés elle fait partie de leur héritageancestral. De même le cheval assume cetteconnotation de « monture » des es-prits, ceci est venu du Nord vers le

Sud de l’Inde, aussi les chevauxsont-ils différemment dépeints se-lon les cultures. La perspectivesous-jacente est que ces commu-nautés ont une aspiration spiri-tuelle qui se mêle à leur vie de tousles jours, aussi n’est-il pas surpre-nant de voir qu’ils passent aisé-ment du sacré au profane dans unmême cadre temporel.Aujourd’hui ces communautés sontégalement concernées par les élé-ments de la modernité ; par exem-ple l’arrivée des avions ou la pré-sence des trains interviennent dansleur création comme porteur de rê-ves inaccessibles ou encore commemétaphore d’un voyage possiblesur le plan physique ou psychologi-que. L’un des traits constants estque depuis les temps immémoriauxleurs expressions dépeignent lacompréhension qu’ils ont de leurenvironnement. Et même là où lesobjets de la modernité indiquentl’arrivée de la société urbaine,ceux-ci se fondent étroitementavec l’expression de leurs divinitésautochtones.

MJG - J’ai été tout particulière-ment sensible à la puissance sobreet à la beauté des œuvres deJivya Soma Mashe qui peint avecdes couleurs ocres, du blanc etqui se sert également de la bousede vache pour représenter des fi-Artistes invités au Musée

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Jivya Soma Mashe et son petit fils

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gures et des motifs répétitifs ettraditionnels, et lui aussi intègredes images tout à fait contempo-raines, les trains ou les avionscomme vous le dites… Est-ce unevision plus spécifique à J. S.Mashe que nous avons égalementrencontré lors de l’inauguration,puisque le Musée du Quai Branlyl’a invité en France ?

V.H. - Jivya Soma Mashe, est ori-ginaire de la tribu des Warli duMaharashtra, et il est le premierhomme qui s’est mis à peindredans une communauté où cespeintures murales rituelles étaienttraditionnellement exécutées pardes femmes à l’occasion des rites.Cependant son désir de peindre estvenu des angoisses d’une enfancetrès difficile, de la nécessité des’exprimer, or le seul moyen auquelil a pensé fut la peinture. Il a com-plètement changé le support desmurs qui sont devenus du papierou du tissu, mais le plus importantc’est qu’il a rompu avec la tradi-tion de la peinture rituelle du divinpour inclure ses narrations, l’his-toire de sa vie, des récits tradition-nels incluant les mythes, maisaussi une interprétation de sa vi-sion des « autres », les urbains. Sesœuvres peuvent avoir une parentéstylistique avec les peintures an-cestrales des caves que nous ren-controns dans le monde et mêmeen Inde, à Bhimbetka par exemple,même si ce n’est pas un lien qu’ilétablirait de lui-même. Ceci est

mon analyse personnelle. JivyaSoma Mashe est le précurseur d’uncourant de la tradition qui redéfi-nit une forme de l’art.

MJG - Pensez-vous que cette ex-position majeure et première surcette forme d’art tribal qui setient actuellement dans une capi-tale Européenne, à Paris précisé-ment, va susciter une certaineprise de conscience en Occidentet, en retour, pourra-telle contri-buer à instaurer une reconnais-sance encore plus officielle de cesarts premiers, parallèlement auxformes d’arts classiques que nousconnaissons bien de l’Inde ?Même si d’ailleurs en Inde, ilexiste déjà pour l’art tribal desefforts de reconnaissance en cesens...

VH - Il est vrai qu’il y a déjà enInde une forme de reconnaissanceofficielle avec les organisations des

Nations Unies ou avec d’autres ins-tances. Néanmoins, je pense quecette exposition aura un rôle bienplus important à jouer. En trans-portant ces œuvres, hors du cadrede leur expression existentielle,dans un espace d’art contempo-rain, nous avons maintenant crééun évènement international recon-naissant officiellement l’existencede cette forme d’art séparée maisqui, au demeurant existe, au mêmetitre que les écoles majeures d’art.Ceci est certainement le plus grandachèvement, car désormais il de-viendra difficile de les vouer à l’ou-bli. De toute évidence, je m’attendsmaintenant à voir leurs créationscontemporaines apparaître dansles Foires d’art ou dans lesBiennales du monde entier. Si ellesont été présentées ici, c’est uni-quement en raison de leur valeuresthétique car nous n’avons cher-ché ni à les projeter, ni à les glori-fier.

MJG - Une dernière question,plus personnelle cette fois, etdestinée au muséologue que vousêtes, puisque vous nous avez ditavoir consacré 4 ans de votretemps à penser cette expositionet à y travailler avec des collabo-rateurs français et indiens, enquoi ce cheminement intellectuelet artistique va-t-il laisser sonempreinte? Vers quels projetsavez-vous désormais l’intentionde vous orienter ?

Oeuvre de Jivya Soma Mashe

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Ma vie de Jivya Soma Mashe

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VH - En effet, lorsque j’ai com-mencé à travailler sur cette exposi-tion, il y a 4 ans, j’arrivais avecmon expérience des arts classiquesde l’Inde. Je m’étais ainsi beaucoupimpliqué dans le domaine des artsmodernes et contemporains et cede façon internationale. Cepen-dant le fait de travailler sur cette

exposition m’a permis de redécou-vrir une certaine humilité en ma-tière de création artistique. Ceciest quelque chose que je ne pour-rai plus jamais oublier. Je penseque la seule façon d’avancer est dedocumenter le plus possible cesformes d’art pour continuer la re-cherche de ces expressions indivi-

duelles exemplaires. A vrai dire,j’ai déjà commencé cette démarchedans le cadre d’un documentaire*que France 5 a réalisé dans le ca-dre de cette exposition. Cela de-vrait porter ses fruits dans le futurpar l’intermédiaire de films oud’écrits...c’est le temps qui ledira !

Jean-Pierre Mohen, Commissaire de l’exposition,nous livre ses impressions que suscite cette exposition

M.J. Guézennec - Lors du vernis-sage de l’exposition, vous m’avezconfié qu’il s’agit d’un évènementqui a pour vous un caractère très émouvant... Comment ac-cueillez-vous l’avènement decette exposition désormais enplace au Musée du Quai Branlydont vous êtes aussi l’un des ini-tiateurs ?

J.P.Mohen - Le caractère “émou-vant” de l’évènement que constituela présence de l’exposition “AutresMaîtres de l’Inde” dans la grandesalle d’exposition temporaire duMusée du quai Branly, vient del’aboutissement d’un rêve profondqui s’est approfondi à mesure queje me suis rendu en Inde. Avecl’ICOM (International Comity ofMuseum), réuni à Dehli et Calcuttaj’avais conclu un échange entre leCentre de recherche et de restau-ration des Musées de France que jedirigeais alors, et une collaborationavec les Musées nationaux indiens.Outre les rencontres de profession-nels, la visite dans la vallée del’Indus, de sites de la culture pré-historique en particulier Dolavira, aété une révélation ; dans la mêmerégion, je rencontrais les membresdes sociétés autochtones dans leurdignité et leur beauté. Lors d’un

autre voyage, nous avions unéchange avec un centre de recher-che à Bubaneshvar, et là aussi jedécouvrais les populations si va-riées d’Orissa, à l’est. Chaque foisque je passais à New Dehli, je visi-tais le Handicraft Museum deDehli, qui m’a permis de faireconnaissance de son créateur,Jyotindra Jain ; il m’avait conseilléde visiter aussi le centre muséo-graphique de Bhopal où je décou-vrais les peintures préhistoriquesde Bhopal et de Bhimbetka. Unpassage chez les Warli de l’ouest,complétait mon expérience de cescommunautés si dignes et si richesde traditions. J’avais alors le projetde partager et d’approfondir, dansle cadre d’une exposition, cette ex-périence d’admiration de ces popu-lations qui sont autant porteusesdes manières du passé et en mêmetemps sujets d’inspiration de lamodernité, surtout en art.

MJG - Quels ont été pour vous lestemps forts ou les moments déci-sifs de cette rencontre avec cetteforme des arts premiers del’Inde ?

JPM - Le projet qui a muri pendantquelques années, s’est réalisé grâceà Jyotindra Jain qui m’a reçu chez

lui et grâce à Vikas Harish qui m’atraduit de nombreux textes. Leséquipes du Musée du quai Branlysous la direction de StéphaneMartin ont favorisé le montage decette exposition qui révèle le lienentre des formes culturelles pro-pres à chacune de ces ethnies, quise sont formées avec le temps etdes projections actuelles et parfoisartistiquement contemporaines. Larichesse des cultures est d’être au-thentique dans la relation person-nelle et collective.

Archéologue de renom, Conservateur général du Patrimoine, actuellement en charge de la rénovation duMusée de l’Homme, Jean-Pierre Mohen qui est aussi Commissaire de l’exposition « Autres maîtres del’Inde », répond à quelques questions que nous lui avons posées sur les lieux même de l’exposition auMusée du Quai Branly.

Peinture de Madhu Chitrakar

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MJG - De par votre métier centrésur les recherches archéologiqueset votre grande proximité avec lesœuvres d’art qui appartiennent àl’histoire ancestrale des peupleset de l’Humanité, je pense que lafréquentation et la découverte deces oeuvres indiennes, à la foisautochtones et contemporaines,ont encore nourri votre pensée etvotre vision intérieure. Quellessont les réflexions que vous ai-meriez partager avec nous ?

JPM - A la découverte de ces oeu-vres indiennes, j’ai été ému de pou-voir faire la relation entre des for-mes de culture ancienne et parfoistrès ancienne et des comporte-ments actuels. Aujourd’hui, cetteperception du temps qui influe,parfois inconsciemment, sur nosvaleurs personnelles et sociales,modèle nos mentalités et nos sen-sibilités, plus qu’on ne le pense. Etj’ai été surpris de comprendre quedes formes traditionnelles des cul-tures « populaires » étaient aussiriches et actuelles dans nos pen-sées contemporaines. De plus, lavariété des expressions de cesgroupes, montre des trouvaillesd’adaptation aussi inventives quepoétiques pour être en harmonieavec l’environnement naturel ethumain. J’ai vu de nombreuses per-sonnes, adultes et enfants, dans

certains de ces villages du Gujaratou d’Orissa, dignes et enjoués pourles plus jeunes. Des rencontres auMusée de Bhopal et dans celui deDehli, avec certains de ces groupesm’ont montré une grande curiositéqui était d’ailleurs réciproque pourcommuniquer malgré les difficul-tés des langues : il y avait toujoursquelque possibilité de se compren-dre et quand on y parvenait, c’étaitl’éclat de rire. J’ai perçu aussi lesdifficultés de vie quotidienne deplusieurs de ces interlocuteurs, etcompris à Dehli, les difficultés éco-nomiques pour ces personnes de-vant s’adapter aux dures condi-tions de la vie moderne, qu’elle soitrurale ou urbaine.J’ai ressenti comme un honneur depouvoir modestement, participer à

cette exposition du Musée du QuaiBranly, grâce à son président,Stéphane Martin, avec JyotindraJain et Vikas Harish qui ont étémes guides dans la découverte de« ces autres Maîtres ». Et j’aiéprouvé un commun espoir quandj’ai compris le ferment culturel queces populations traditionnellesportaient en elles, ces savoir-faireet ces sensibilités qui inspirent au-jourd’hui des artistes originaires deces villages « Adivasi » commeSundaribai, Mohanlal, Jivya SomaMashe qui nous ont fait l’honneurde venir inaugurer l’exposition duMusée du Quai Branly et fait com-prendre combien ces représentantsdes cultures et des savoirs faire dessociétés traditionnelles de l’Inde,avaient le statut de nos artistesmodernes et qu’ils contribuaientchacun à faire vivre l’esprit «Adivasi » , vision si originale etdont nous avons besoin au-jourd’hui pour comprendre la di-versité humaine. ❑

* Voir l’interview de M.J. Guézen-nec consacré à Gilles Moisset, réa-lisateur pour France 5 du documen-taire « Inde à la découverte desAdivasis » dans le Numéro précé-dant des « Nouvelles de l’Inde »(N°399).

Propos recueillis parMireille-Joséphine GUEZENNEC

Antilope de Jangarh Singh Shyam

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Panneaux muraux et paravents de Sundaribai (Sarguja)

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Comment une danseuse qui vit ettravaille en France est invitée àun festival de danse manipuri aunord-est de l’Inde ?

Angela Sofia Sterzer : J’étudie ladanse manipuri depuis plus de dixans avec le professeur Jatindra K.Singh, chef du département dedanse, théâtre et musique àl’Université internationale deSantiniketan en Inde. Cette univer-sité a été fondée par RabindranathTagore. Jatindra K. Singh était l’in-vité d’honneur de ce festival àAgartala et il m’a invitée en accordavec l’organisatrice MadhabiSingh. C’était très touchant d’êtreinvitée à ce Festival Internationalde la danse manipuri, parce que –contrairement à ce que je croyais– Rabindranath Tagore avait faitvenir les premiers gourous, les pre-miers maîtres de la danse manipurinon pas du Manipur, mais duTripura. Ce festival s’est déroulé àl’endroit où Tagore avait cherchéles maîtres de la danse manipuri.Ensuite, il avait intégré la dansemanipuri dans ses célèbres drames.Ainsi, à l’Université deSantiniketan, il avait préservé ladanse manipuri qui est aujourd’hui

enseignée dans toutes les grandesuniversités de l’Inde. Etre invitée à ce festival à Agartala,à l’occasion du 150ème anniversairede Tagore, par Jatindra K. Singh,qui est non seulement l’un des plusgrands maîtres de la danse mani-

puri, mais aussi celui qui fait vivredepuis 40 ans l’héritage des dra-mes dansés de Tagore, est merveil-leux. Jatindra K. Singh voulait fairereconnaître tout le travail que jefais pour la danse manipuri enFrance. Grâce à lui, j’ai pu rencon-

Les 5 et 6 juin, à Agartala au Tripura, s’est déroulé le Festival international de la danse ma-nipuri en Inde. L’édition 2010 était dédiée au 150ème anniversaire de Rabindranath Tagore.Le Prix Nobel avait intégré quatre-vingt pour cent de danse manipuri dans ses fameux« dance-dramas ». Ainsi, Tagore a largement contribué à la diffusion de la danse manipuriet dans les drames dansés de Tagore, la danse manipuri est irremplaçable. La danseuse etchorégraphe Angéla Sofia Sterzer qui vit et travaille en France, a eu l’honneur d’être invi-tée à ce prestigieux événement à Agartala qui rassemble les plus grands maîtres de la dansemanipuri. Elle a dansé et chanté en manipuri, elle a enseigné la danse contemporaine auxétudiants indiens et elle a pu rencontrer l’écrivain manipuri qui avait écrit le conte qu’elleinterprète. Entretien.

Angela Sofia Sterzer avec son maître Jatindra K. Singh

Interview de Angela Sofia SterzerAmbassadrice de la danse manipuri en France

REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISEEN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE

LA FRANCE EN INDE

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trer M. Tombi Singh, vice-présidentde la Jawaharlal Nehru ManipurDance Academy à Imphal, la meil-leure Académie pour la danse ma-nipuri au Manipur et aussi l’écri-vain Raghu Leishangthem qui aécrit le livre « Ibethoi et le pois-son » sur lequel Jatindra K. Singh achorégraphié avec moi un contedansé et chanté pour enfants. SriAnil Sarkar, le ministre de la cul-ture et de l’éducation du Tripura,était également présent à Agartala.Il a lui-même publié des poèmes etil m’a confié qu’il avait été trèstouché par mes danses sur scène etpar mon engagement pour la dansemanipuri.

Quelles danses avez-vous présen-tées lors du festival ?

A.S.S. : J’ai chanté une chansontrès connue de RabindranathTagore: « Phule Phule, DholeDhole ». Et j’ai dansé: « Tumi RobeNirobe ». Lors du ManipuriClassical Festival, j’ai présentédeux danses : « Maibi », une dansedes prêtresses de Manipur et« Haririha », une danse classiquemanipuri de la Gita Govinda.« Maibi » se danse sur un rythmetrès intéressant, uniquement ac-compagnée par un « poung », untambour qui n’existe qu’auManipur. Les rythmes se répètent,il y a juste des petites nuances detemps à autre qui changent. C’estune danse semi-circulaire, il y ades mouvements qui parlent de lanaissance, du début du monde, dela vie qui commence dans le ventrede la mère. Il y a d’autres mouve-ments comme les « clappinghands » (quand on frappe dans sesmains) pour réveiller les dieux.Cette danse est pleine de symboles.

Comment les gens du festivalont-ils réagi par rapport à unedanseuse qui vient de la France etqui présente de la danse manipurien Inde ?

A.S.S. : Les organisateurs et les res-ponsables étaient dans un échange

très respectueux, sans aucune pré-tention, c’était une vraie rencontre.Tout le monde était heureux de serencontrer. Pour le public, le faitqu’une danseuse venue de Francedanse la danse manipuri, c’étaitune sensation. Le public était trèsheureux, il a beaucoup applaudi etj’ai été très appréciée ce jour-là. La distinction que vous avez re-çue des mains de Jatindra K.Singh lors du festival, que repré-sente-t-elle pour vous ?

A.S.S. : Jatindra K. Singh a fondécette année Aradhana, un centreinternational d’entraînement. Dansce « Gurukul for performing arts »,il va inviter tous ceux qui veulentétudier la danse manipuri. Onpourra vivre et étudier la danse surplace, les grands maîtres vont êtreinvités dans ce nouveau gurukul.Lors de l’inauguration officielle dece nouveau centre d’entraînement,plusieurs personnalités étaientprésentes ce 6 juin 2010 àAgartala. Pour moi, c’est unegrande récompense d’avoir reçucette médaille.L’écrivain Raghu Leishangthem m’aégalement offert un merveilleuxcadeau. Il est très célèbre auManipur et il m’a dédicacé unexemplaire de son livre « Ibethoi »,à partir duquel j’ai créé une piècedansée et chantée que je présente-

rai en France. Il m’a écrit: « Ceconte est un symbole de l’amitié, del’amour et de la paix. Il parle des re-lations humaines et j’espère quecette histoire apportera de la paixdans le monde. » Le conte « Ibethoiet le poisson » est un conte trèscourt, autour de la pureté de l’ami-tié. C’est cette pureté de coeur etl’amitié qui me relient à Jatindra K.Singh et Raghu Leishangthem.Tout le festival était basé sur cettepureté. Il n’y avait aucun snobisme,aucune prétention, c’est pour celaque tout le festival était réussi.

Le quotidien indien « TripuraObserver » avait titré: ““AAnnggeellaa,,aammbbaassssaaddrriiccee ddee llaa ddaannssee mmaannii--ppuurrii eenn FFrraannccee““. Vous sentez-vous comme une ambassadrice ?

A.S.S. : Oui, je pense, c’est juste.Pour cela je suis très heureuse quecet article soit paru. Les chosesprennent du temps. La danse mani-puri est un travail au goutte-à-goutte et je remercie tous ces di-recteurs de conservatoires enFrance qui me font confiance d’en-seigner cette danse dans lesconservatoires et aussi à la Mairiedu 4ème arrondissement à Paris.

Au Festival International de ladanse manipuri à Agartala, vousavez aussi chanté sur scène.

REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISE EN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE

Le Ministre de la culture et de l’éducation du Tripura, M. Anil Sharma,aux côtés de Angela Sofia Sterzer

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Associer la danse et le chant, c’estune spécificité qui a donné lenom à votre compagnie llaaddaannssee--qquuiicchhaannttee et vous avez enregistréaussi un CD «« NNeeaarr ttoo mmee ––ddaannccee ppooeettrryy »», une série dechansons que vous avez chantéesdans vos pièces de danse.A.S.S. : Oui, c’est une spécificité.Dans les danses classiques mani-puri, les danseurs dansent et leschanteurs chantent. Le chanteuraccompagne la danseuse. Toutesles danseuses indiennes saventchanter, mais je ne connais aucunedanseuse classique manipuri quidanse et chante en même tempssur scène. Dans mes créationscontemporaines, je danse etchante en même temps. Dans leschansons de Tagore, j’ai déjàchanté « Tumi Robe Nirobe » endansant. Les danses classiques, jeles danse comme les autres dan-seuses manipuri, mais dans monrécital, dans mon spectacle dedanse classique, j’inclus les chan-sons de manipuri que j’ai apprises.Le conte « Ibethoi » est issu desmouvements “folkloriques“ de ladanse manipuri et je chante enmême temps comme dans mes

créations contemporaines. C’estvraiment une de mes spécificités.

Après votre retour en France,qu’allez-vous faire de l’expériencede ce festival et de ces rencontres ?

A.S.S. : Après mon retour en France,je me retrouve à la base de montravail : enseigner à mes élèves à laMairie du 4ème. Je me bats pourcréer un poste de danse ethnologi-que. Je veux vraiment établir cettedanse classique indienne dans unconservatoire à Paris. J’envisage defaire des stages internationaux etde présenter le conte « Ibethoi »dans les écoles. Je prépare un réci-tal manipuri dansé et chanté, maisil faut du temps pour obtenir lesvisas pour les musiciens. Et je suisen train de préparer un voyage àImphal, parce que je suis invitée auFestival International à Imphal le21 novembre 2010. C’est un grandhonneur pour moi, Imphal est lacapitale de la danse manipuri. Vous êtes danseuse manipuri,mais aussi danseuse contempo-raine. En mai dernier, vous avezprésenté à Paris le spectacle

contemporain «« NNiigghhttrroossee –– uunnaann pplluuss ttaarrdd »». Il y a une in-fluence de la danse manipuri survos créations et chorégraphiescontemporaines ?

A.S.S. : Oui. « Nightrose » est unerecherche entre la danse contem-poraine et la danse manipuri sur lamusique de George Enesco etSamuel Barber, interprétée par lepianiste Alan James Ball. La fluiditédes mains, de la tête, du buste et lagestuelle de la chorégraphie sontimprégnées de danse manipuri. Enplus, le pianiste a été enregistré etfilmé pour qu’il soit toujours avecmoi sur scène. Le résultat est éton-nant. Grâce au vocabulaire de ladanse manipuri, la fluidité de mesmains en tant que danseuse rentreen dialogue avec les mains du pia-niste projetées sur scène. La dansedevient musique, les parties ducorps deviennent des instrumentset en même temps à l’écran, lesdoigts du pianiste dansent sur lestouches du clavier. C’est la dansemanipuri qui a déclenché ce pas dedeux inhabituel entre la danse et lepiano. ❑

REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISE EN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE

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La France danse au rythme de l’Orissa en Juillet

REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISE EN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE

Du 1er au 12 Juillet 2010 l’associa-tion Natyamandir-Danses de l’Inde,basée à Montpellier, a eu l’honneurde recevoir en France MonsieurLingaraj Pradhan, artiste indien dedanse odissi. Etoile montante de ladiscipline, salué par la critique tantindienne qu’occidentale, ce jeunedanseur est le disciple de GuruBichitrananda Swain, fondateur dela compagnie Rudrakshya àBhubaneshwar, en Orissa. Diplôméd’un master en danse et musique,lauréat de la bourse senior du gou-vernement indien pour les artistes,il a reçu quelques jours avant savenue le prisé USTAD BISMILLAHKHAN YUVA PURASKAR Award. Pour sa seconde venue en France(en 2007 il s’est produit à Paris et àNice), Monsieur Pradhan a donnéun récital au Centre Mandapa de

la pièce intitulée « Karna BanamaKrishna», composition récente deson maître centrée sur le person-nage de Karna dans l’épopée duMahabharata. La partie enseignement de son sé-jour se déroula ensuite du 6 au 11Juillet à Prades-le-Lez, près deMontpellier. Les stagiaires purents’initier ou approfondir cette prati-que de leur art selon leur niveau, lematin étant ouvert à tous etl’après-midi réservé aux avancés. Encore peu pratiquée en France, sion la compare au bharatanatyampar exemple, la danse odissi reposesur une technique précise et spéci-fique qui demande un long appren-tissage. Comme les autres dansesclassiques indiennes, elle était au-trefois dansée dans les temples parles Mahari, les danseuses sacrées,en particulier dans le grand templede Puri dédié au dieu Jagannath,vers lequel se pressent toujourschaque année de nombreux fidèles.Tenu en haute estime jusqu’au17ème siècle, la danse connut peu àpeu une période de déclin due no-tamment à la perte du patronagedes princes et nobles de la région.Avec l’indépendance de l’Inde degrands efforts furent peu à peu misen place pour revaloriser les artstraditionnels dont les danses clas-siques. L’odissi que nous admironsaujourd’hui est le résultat du tra-vail de danseurs, acteurs, universi-taires et critiques tels que

Kelucharan Mohapatra, PankajCharan Das, Deba Prasad Das,Kalichandra Kalicharan Patnaik,Dhirendra Nath Patnaik… Ils étu-dièrent les sculptures des temples,les traités anciens, les peintures etla littérature régionale ainsi queles traditions survivantes de danseen Orissa comme celle des gotipua.Les gotipua sont ces jeunes gar-çons habillés en filles qui reprodui-saient d’une façon plus spectacu-laire la danse des temples pour lepeuple. Cette tradition propre àl’Orissa perdure d’ailleurs toujoursaujourd’hui…Les sessions du matin furent l’oc-casion d’aborder la technique et lesfondations de la danse, telles queles différents exercices préparatoi-res et les principaux pas effectuésen posture chauka (carrée, repré-sentant le dieu Jagannath) et tribhangi (« les trois courbes » pos-ture féminine en forme de S). Lesdifférents pivots, le rythme, l’étudedes mudras et d’autres mouve-ments spécifiques complétaient leprogramme. Si l’odissi est célèbrepour son charme sensuel et sesmouvements fluides, il en requiertd’autant plus une grande maitrisetechnique, dont les participantsont ainsi pu avoir une idée, accom-pagnés par le son du mardala, per-cussion de l’Orissa proche du pa-khawaj.L’après-midi, réservé aux élèves in-termédiaires et avancés, étaitconsacré à l’étude d’une chorégra-

Paris, avant de rejoindreMontpellier où il a dirigé un stageintensif de six jours suivi par unedouzaine d’élèves.Le spectacle solo fut une brillantedémonstration non seulement deson impeccable technique, maisaussi de sa maîtrise de l’abhinaya,l’art de l’expression. Le charismetrès masculin du danseur était re-marquablement mis en valeur par

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Malgré la chaleur de ce début d’étéles participantes se sont montrétrès motivées, et c’est dans labonne humeur que toutes ont pro-fité de l’enseignement précis et gé-néreux de Lingaraj Pradhan. Au-delà de l’apprentissage proprementdit de l’odissi, la venue de ce danseur était aussi une belle op-portunité de découvrir la cultureméconnue et pourtant riche del’Orissa. Le stage s’est terminé surun repas où chacun a pu partagerson expérience, un moment trèsconvivial. Lingaraj Pradhan s’est ensuite en-volé vers l’Italie pour conduired’autres programmes avant son re-tour en Inde début août. Le succèsdes évènements français laisse

présager son retour dans cette par-tie du globe prochainement, cer-tainement en 2011 ! ❑

Chloé Romero pour l’associationNatyamandir.

Chloé Romero est une jeunedanseuse française odissi disciple

de Padmashree Guru GangadharPradhan en Inde.

Voir www.chloeromero.comL’association Natyamandir Danses

de l’Inde se consacre à la promo-tion des danses indiennes en

France, notamment par le biais deson festival annuel, les

« Rencontres de la danseindienne » l’unique évènement du

genre en Europe.http://leelafestival.free.fr

REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISE EN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE

phie « Naja Jamuna » composéepar Guru Bichitrananda Swain. Lepoème, en oriya, raconte commentsa confidente supplie Radha de nepas se rendre près de la Yamuna oùKrishna l’attend, chantant son pré-nom, avec en tête de nombreuxplans malicieux.

Le 4ème Congrès International sur l’Ayurvéda se tien-dra à Bangalore du 9 au 13 décembre 2010. Il seraprécédé par des ateliers les 7 et 8 décembre. Les 8et 9 décembre aura lieu le Congrès International deSylviculture autour des arbres médicinaux en voie dedisparition. Du 9 au 13 décembre, vous pourrez as-sister à une exposition sur l’arogya. La « DeuxièmeAssemblée du Forum International pour l’Ayurvéda :rencontre pour la coopération » sera programmée les9 et 10 décembre. Le Congrès en lui-même se tien-dra du 10 au 13 décembre et du 11 au 13, acheteurset vendeurs pourront se rencontrer. Le Congrès International sur l’Ayurvéda se veut unenouvelle approche de l’Ayurvéda et a été mis enplace pour consolider le secteur ayurvédique, réaffir-mer la direction de ses objectifs et exposer ses ob-

jectifs futurs. Il a pour but de répandre la pratique del’Ayurvéda, la reconnaissance de son statut de prati-que médicale scientifique et son commerce.Le Congrès a pour vocation d’orienter les étudiantset de faciliter les échanges entre professionnels etconsommateurs afin d’étendre le commerce ayurvé-dique, en pleine croissance ces dernières années. Lesobjectifs-clés à atteindre sont la création d’associa-tions dans 30 pays, comprenant ceux de l’UnionEuropéenne, de l’Association des Nations du Sud-EstAsiatique, des Emirats Arabes Unis et de l’Amériquedu Nord ainsi que la création d’un réseau d’institu-tions médicales, de laboratoires et d’universités àéchelle mondiale pour aider la recherche surl’Ayurvéda.Pour plus d’informations, vous pouvez consulter lesite Internet http://www.ayurworld.orgComité organisa-teur :ZCCK PremisesOPD EnterenceNIMHANSBengaluruKarnataka560029 IndeTel : 00 91 80 26562555

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UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900

PORTRAIT D’UNE FEMMEAU SERVICE DE LA BEAUTÉ : SHAHNAZ HUSAIN

On l’appelle « l’Helena Rubinsteinde l’Asie », « la Princesse Mogholedes produits de beauté », « la reine indienne des cosmétiques ».Shanaz Husain possède un empirequi s’étend de l’Inde au Japon, despays arabes au continent améri-cain tout en passant par l’Europeet comme Helena Rubinstein avantelle, elle a une forte personnalité :flamboyante, extravagante, autori-taire. Shahnaz Husain est la facecachée de la grande révolutioncosmétique ayurvédique.Tous ses produits sont à based’herbes provenant de l’Himalaya,de plantes, d’extraits naturels –rien d’autre : « Je hais tout ce quitouche au synthétique, explique-t-elle, chacun de mes produits debeauté est testé par des laboratoi-res indépendants qui en garantis-sent la teneur 100% naturelle. »Descendante des empereurs mo-ghols, Shahnaz Husain est néedans une commune d’Hyderabad,l’ancienne capitale musulmane de

l’Inde du sud dans unefamille illustre : « monarrière grand-pèreétait diwan (premierministre) du Nawabd’Hyderabad, mongrand-père, gouver-neur du royaume deNagpur et mon père,président de la CourSuprême de l’Inde. »Son éducation fut uncurieux mélange detradition musulmaneet d’influence britan-nique. A quatorze ans,tradition oblige, elleest fiancée à un in-connu choisi par sesparents, puis mariée àseize ans et maman àdix-sept.Depuis plus de 3000

ans, la fierté des princesses mo-gholes est la douceur, la finesse etla blancheur de leur peau, signehéréditaire de leur sang royal. EnInde, la peau blanche constitue,très paradoxalement, l’ultime ca-non de beauté féminine. Chez lesprincesses mogholes, les secretsdes potions magiques qui protè-gent la peau du terrible soleil in-dien et de la redoutable humiditéde la mousson, sont transmis demère en fille.Shahnaz n’échappe pas à la règle :« dès l’âge de douze ans, raconte-t-elle, je suis fascinée par ces po-tions magiques que me montraitma mère et je me mis à courir lescampagnes avec mes servantes ;nous ramassions des fleurs multi-colores et des herbes odorantesque nous allions broyer le soir dansun laboratoire improvisé. Ma pas-sion naquit à ce moment là, dansl’atmosphère mystérieuse de ce la-boratoire. »Quand elle vint à Téhéran avec sonmari, elle développa un intérêt

pour les traitements de beauté. Elledécida d’étudier la cosmétologie.Comme elle voulait être indépen-dante, elle commença à écrire desarticles pour le Iran Tribune sur denombreux sujets. Au cours de sesétudes, elle découvrit les effets no-cifs des traitements chimiques surle corps humain. Elle étudia alorsl’Ayurveda, persuadée que cettescience millénaire était la meil-leure alternative aux produits cos-métiques chimiques.Le père de Shahnaz fut, toutcomme son mari, admirable. Il en-voya sa fille étudier l’Ayurvedadans la meilleure école indienne del’époque. C’est là que la jeune filleappris à maîtriser les principes decette science qu’elle entendait ma-rier plus tard avec les secrets desprincesses mogholes, cela afin deparfaire le savoir de ses aïeules.Mais Shahnaz comprend cepen-dant très vite qu’il est indispensa-ble pour elle d’aller en Occidentapprendre tout ce qui se sait et sepratique là-bas dans le monde cos-métique ; « Je suis donc partie àvingt ans vers le Vieux Monde,avec les bénédictions de mon mari.J’étudiai d’abord à l’institut HelenaRubinstein de Londres où l’on m’ainculqué les grands principes descanons féminins de beauté enOccident ; puis à l’école Lancômede Paris où l’on m’a enseigné latradition française des parfums etdes eaux de toilette. »Quatre ans plus tard, en 1977, bar-dée de diplômes, elle rentre enInde, terre de ses ancêtres, avec lerêve d’un empire cosmétique pascomme les autres. Avec un prêt de35000 roupies (environ 500 euros)généreusement consenti par sonpère, elle se lance dans l’aventure.C’est tout d’abord dans un minus-cule laboratoire de banlieue aunord de Delhi qu’elle installe ses

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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE

éprouvettes de fortune. Puis, elles’en va sur les routes de l’Inde, à larecherche des recettes de sagrand-mère ; elle parcourut tout lepays de l’Himalaya au cap Como-rin, du désert du Rajasthan auxcollines de l’Assam.Chaque herbe, chaque plante, cha-que essence découverte, ou plutôtredécouverte, est soigneusementrépertoriée et son emplacementnoté sur un petit carnet. Ainsi, nonseulement ces herbes, peuvent êtrefacilement retrouvées, mais sur-tout, Shahnaz peut très vite délé-guer cette tâche, passionnantecertes mais surtout harassante, àd’autres mains.Puis elle s’enferme seule six moisdans son laboratoire de Delhi etn’en ressort que lorsqu’elle réussità concocter ses premiers produitsde beauté qu’elle désigne par desnoms qui commencent par « shah »en l’honneur de ses illustres ancê-tres.Depuis 1977, elle est apparue ré-gulièrement dans les télévisions dumonde entier. Toujours soucieusede l’image de l’Inde à l’étranger,elle a eu l’honneur d’être Prési-dente d’un jour au congrès mondialCIDESCO (Comité InternationalD’Esthétique et de Cosmétologie),une des organisations les plusprestigieuses dans le monde del’esthétique, en 1980 à New York.En mai 1984, elle a été élue femmede l’année par le Président indien,Shri Giani Zail Singh, pour l’excel-lence de ses performances en ma-tière d’exportation. Ce dernier sou-ligne que l’ancrage de l’Inde sur lemarché mondial des produits debeauté est le résultat de la seuleœuvre de Shahnaz Husain. En juin 1985, Shahnaz Husain tientune conférence de presse au« festival de l’Inde » à Paris quiconnut un grand succès. C’est lapremière fois dans l’histoire descosmétiques à Paris, que la Francesigne un contrat avec l’Inde.L’ouverture de la ligne Shahnaz

Herbal au magasin SONA de Parisest un événement historique.En 1992, elle reçoit l’Ordre du mé-rite en reconnaissance des servicesremarquables rendus au public.En 2009, elle reçoit le prix de l’en-trepreneur féminine de l’année àMumbaï, participe au pavillon in-dien du festival du film de Cannes2010, et a été invitée par BarackObama pour honorer l’Inde auprestigieux sommet des entrepre-neurs qui s’est tenu en avril 2010 àWashington.Ses fans sont nombreux. D’IngridBergman qui un jour lui dit « MmeHusain, la légende ce n’est pas moi,c’est vous » à Barbara Cartland,qui, jusqu’à sa mort, n’utilisa quedes produits Shahnaz Husain, pré-tendant qu’ils lui conféraient uneéternelle jeunesse.Qu’est-ce qui différencie les cos-métiques de Shahnaz Husain deceux du monde entier : « les pro-duits naturels sont meilleurs », ré-pond Shahnaz. Et elle ajoute : « denombreux produits de beauté pré-tendent protéger et préserver lafemme, mais en réalité, de parleurs composants chimiques etsynthétiques, ils lui font à la lon-gue plus de mal que de bien. Etmoi, jette-t-elle, superbe, j’aitrouvé la solution : des cosméti-ques aux herbes et aux extraits na-turels ; les autres, eux, ne vendentque des illusions en bouteille… »De quoi sont composés les produitsShahnaz Husain ? La diva réponden jetant quelques mots pêle-mêle : « roses, nénuphars, abricots,pêches, fruits rares de l’Inde,concombre, algues de la côteCoromandel, œufs de ferme, cac-tus, extraits de coquillage, herbesdu Ladakh, miel d’eucalyptus, men-the royale … »Shahnaz a aussi ses petits trucsqu’elle distille à ses amis à petitesdoses : « utiliser des sachets de théusagés, ou deux tranches deconcombre pour les yeux fatigués.Pas de savon bien sûr, mais un« shampoing » du corps fait d’un

mélange de lait, de citron et demiel battus ensemble. Pour lescheveux secs, une préparation deblancs d’œufs et de citron. Elle n’a jamais oublié son héritageindien basé sur les plantes. Sesproduits sont respectueux de lanature, ne contiennent pas de ma-tière animale et ne sont pas testéssur les animaux.Mélange parfait entre les tradi-tions anciennes et les dernièrestrouvailles scientifiques.Quarante ans plus tard, ShahnazHusain, n’a pas renié ses premièresamours ayurvédiques : « c’est laplus vieille science médicale dumonde encore en pratique, et undes trois grands systèmes médi-caux au monde avec l’allopathie etl’homéopathie. Elle a été éclipséepar le cartésianisme britannique, etla colonisation allopathique desgrands laboratoires, mais est entrain de renaître en Inde et serabientôt reconnue de par le mondeentier … ».Aujoud’hui, Shahnaz Husain, estPDG du groupe Shahnaz HerbalsInc, qui, actuellement, possède 400franchises cliniques à travers lemonde couvrant plus de 138 pays.Elle propose en particulier des pro-duits pour la peau, les cheveux etle soin du corps. Il ne s’agit passeulement de produits cosmétiquesmais aussi de traitements curatifspour traiter de nombreux problè-mes tels que : alopécie, chute che-veux, pellicule, acné, cicatrices, tâ-ches et vieillissement de la peau.Son slogan « La beauté vient del’intérieur » explique l’importancequ’elle donne à l’alimentation.Elle donne également des cours etparticipe à de nombreux journauxet magazines, dont dix-neuf enInde et dix à l’étranger.Qu’il est long le chemin parcourupar la petite princesse moghole quicourait pieds nus dans les champsd’Hyderabad et rêvait de révolu-tionner le monde cosmétique ! ❑

Samia Rizoug

PORTRAIT D’UNE FEMME AU SERVICE DE LA BEAUTÉ : SHAHNAZ HUSAIN

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EN SOUVENIR DE PERRETTE DOMERdécédée le 20 janvier 2010

Hommage rendu le 7 février 2010 à l’Eglise Catholique Libérale de Parispar Michel CHAPOTIN, Président de l’Ordre de Service Théosophique de France

Chères amies/chers amis,Un sage indien a demandé si, à lafin de notre existence, nous serionscapables de dire : « J’ai fait ce quej’avais à faire, j’ai reçu ce quej’avais à recevoir, j’ai donné ce quej’avais à donner »? Je crois quePerrette Domer aurait pu dire avecsérénité, avant de nous quitter surle plan physique : « Oui, j’ai fait ceque j’avais à faire, j’ai reçu ce quej’avais à recevoir et j’ai donné ceque j’avais à donner ». Mais elle au-rait certainement ajouté avec songentil sourire : « je n’ai pas assezdonné », car elle était toujours sou-cieuse d’aider les plus défavorisés,comme en témoigne son magnifi-que parcours de vie.Comment résumer les 96 annéesde la vie hors du commun dePerrette ? L’image qui me vientsimplement en pensant affectueu-sement à elle et que nous pouvonspartager, c’est celle d’un magnifi-que bouquet de fleurs dont labeauté et le parfum nous inspirent,nous inspireront encore longtemps.

Perrette a traversé des périodesdifficiles mais je pense qu’elle y afait face à une énergie hors ducommun, grâce à sa foi et grâce àdes aides sur son chemin comme ladécouverte des idées théosophi-ques dans les années 41-42. Pleined’enthousiasme, elle fera vite par-tie des jeunes théosophes et de-viendra rapidement active dansl’Ordre du Service Théosophique, labranche humanitaire de la SociétéThéosophique, en Algérie, auMaroc puis en métropole où ellefut présidente de l’OST pendant 30ans.

Perrette, qui était professeurd’éducation physique, a enseigné leyoga, donné une multitude deconférences, organisé des séminai-res, animé des groupes d’étudesthéosophiques, de guérison, deprières pour la paix, participé àl’administration de la SociétéThéosophique et organisé desvoyages en Inde, à Dharamsala,avec des rencontres avec le DalaïLama.

Elle a favorisé la connaissance del’art indien et en particulier desdanses sacrées. Certains d’entrenous se rappellent la tournée de latroupe de l’académie de danses duKalakshetra, avec Rukmini Devi auMusée Guimet. Nous pourrionsaussi évoquer les magnifiquesspectacles de danses indiennesavec ses amies du CentreMandapa, au profit des actions del’Ordre de Service Théosophique :aides alimentaires, soutiens auxenfants tibétains, indiens, pakista-nais, africains, philippins, et enFrance aussi.

Comme avec les responsablesTibétains, Perrette avait égalementdes liens très forts avec l’Ambas-sade de l’Inde qui n’a jamais man-qué de collaborer d’une manièrechaleureuse et efficace. Les res-ponsables des écoles en Inde, oùnous parrainons actuellement 106enfants, la maison de retraite àChennai que nous soutenons aussi,les écoles tibétaines, les parrains etmarraines, les amis de l’OST n’ontjamais cessé de s’enquérir de lasanté de Perrette, leur amie. Grâceau travail inlassable de Perrette etde l’OST, beaucoup de jeunes ontpu poursuivre leurs études avecsuccès et obtenir ainsi des qualifi-cations utiles pour leur avenir. Unepensée va en particulier à un desfilleuls tibétains parrainés parPerrette, il s’agit du VénérableMogchok Rinpoché qui transmetmaintenant son enseignement enFrance et qui considérait Perrettecomme une seconde mère.

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EN SOUVENIR DE PERRETTE DOMER

Ce qui me paraît encore importantde souligner, c’est la générosité dePerrette, toujours aimante, c’estégalement sa capacité de travail etcelle de réunir autour d’elle denombreux et fidèles bénévoles ac-quis à ses actions humanitaires etspirituelles. Que de colis de médi-caments ont été préparés et en-voyés par ses amies, que de ker-messes organisées au square Rapp,de courriers échangés avec les par-rains et marraines de l’OST.Perrette manifestait une incroyablejoie de vivre et une vitalité qui nel’ont jamais quittée.

Dans son travail pour les autres,Perrette a été admirablement sou-tenue par Roland, son mari dévouéà qui nous pensons avec affectionainsi qu’à ses enfants, Marie-Jo etJean-Jacques et toute sa famille etses proches.

Perrette qui était Présidented’Honneur de l’OST en France vientde recevoir un hommage de notrePrésidente internationale del’Ordre de Service Théosophique

Mme Radha Burnier. Diana, notreSecrétaire internationale qui estactuellement en Nouvelle Zélande,s’associe à cet hommage plein de

reconnaissance pour tout son dé-vouement. D’autres témoignagesde sympathie me sont arrivés desécoles que l’OST continue de sou-tenir.L’exemple de Perrette montrequ’un véritable accomplissementspirituel ne peut pas être détachéd’un accomplissement dans la viequotidienne. Nous portons Perrettedans notre cœur et avec gratitudepour tout ce qu’elle a donné auxautres et ils sont si nombreux...Oui, nous garderons une immensegratitude envers Perrette pour toutce qu’elle nous a appris.En communion avec elle et en sou-venir du mantram d’Annie Besantqu’elle a si souvent récité, nouspouvons dire ensemble :O Vie cachée, vibrant en chaqueatomeO Lumière cachée, brillant en cha-que créature,O Amour caché, embrassant touten un,Puisse celui qui se sent un avec ToiComprendre qu’il est ainsi un avectous les autres.

SHANTI

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Au PBD, outre le noyau dur organi-sationnel, personne ne se connaît,tant la diaspora est dense. CertesFacebook, Twitter ou le site officieldu Gopio, rapprochent les PIO, andOCI (Overseas Citizen of India),mais les 1 500 délégués n’ont pasassez de temps sans doute pourmieux se connaître. Valayar Ravi,Ministre indien de l’Outre-mer,conseille d’ailleurs aux participantsde ne pas s’en tenir exclusivementaux rendez-vous officiels, « vivre sadiaspora, c’est se rendre dans lesvillages, rencontrer ceux qui font laconstruction de ce pays ». Chaqueannée, le ministère et ses partenai-res proposent aux délégués de dé-couvrir une région de l’Inde, poursa vitalité. Cette année, plus de70 Réunionnais assistent à lagrand’messe indienne. Certainspour la première fois, on les recon-nait par une once d’anxiété qui se

déploie sur le visage. Dans cettemarée humaine, les êtres sontidentiques, mais ils paraissentétranges. Celui-ci est venu habillétraditionnellement, portant fière-ment les couleurs de sa région. Salangue, un dialecte indien, se dis-tingue de l’hindi courant. Un autreplus américanisé a le verbe haut -après tout il est aussi dans sonpays – et n’hésite pas à revendi-quer qu’il vient aussi de l’Utah,alors que ses ascendants sont ori-ginaires de l’Uttar… Pradesh !

De Gandhijî à nousChacun se rappellera que les datesdu Prâvasi furent établies en hom-mage à Gandhijî, qui rentra dansson pays le 9 janvier 1913, aprèsson périple en Afrique du Sud.Depuis 2003, les 7, 8 et 9 janviersonnent comme un rappel des des-cendants en Inde. Le mot d’ordre

LE PRAVÂSI RACONTÉ À MES AMIS

Une grande cohue annonce tou-jours le Pravasi Bharatiya Divas, ouPBD. Non pas qu’il s’agisse d’uneorganisation déroutante, mais l’es-prit même de cet événement suffità instaurer un sentiment d’instabi-lité à quelques heures de l’ouver-ture des festivités à New-Delhi. LePravasi Bharatiya Divas, ou PBDs’est déroulé exceptionnellement àHyderabad (2006) et à Chennai l’andernier. Un meeting de 1 500 délé-gués, - échangeant dans trois ouquatre langues différentes - n’arien de commun avec une assem-blée générale de quartier. De pluslorsque chaque représentant doitrécupérer un badge émis à son nompersonnel. Cela se passe souvent laveille ou le matin très tôt dans laplus grande effervescence. Aux au-rores le quartier de…. est placé soushaute-sécurité. Vygyan Bhawan, laprestigieuse enceinte où se tient lamanifestation devient un noman’s-land, un terrain où la circu-lation des piétons est rigoureuse-ment contrôlée. Les plus hautespersonnalités de la République in-dienne doivent d’un moment àl’autre faire leur apparition. Les mi-litaires jettent leurs derniers mé-gots de cigarettes, le temps de cemois de janvier 2010 flirte autourde 18° degrés, trop froid au goût decertains Réunionnais. Ce matin-là,ceux qui n’ont pas pris leurs pré-cautions, les retardataires resterontà l’extérieur du bâtiment principal.Au moment où le Premier ministreManmohan Singh débute son allo-cution, les portes sont cadenacées.On n’entre plus, et on ne sort plusde ce bunker.

Une réunion de businessmen, d’hommes riches, d’affaires voire d’affairistes. Un gros lobby indo-indien. On n’y parle qu’en hindustani. J’avoue que ces clichés ont effleuré également mon esprit,mais après une immersion dans les flots du Pravasi Bharatiya Divas, on sent bien qu’il n’y a pasque cela. Le Pravâsi, dépend aussi de nous. Formule lapidaire : le Pravâsi sera ce que les Indiensexpatriés en feront. Ma naïveté me pousse à croire, qu’il reste encore un espace pour les fran-cophones, pas seulement avides de faire des affaires, mais intéressés par les liens culturels ethumanistes que peuvent tisser les PIO, People of Indian Origin, avec Bhârat, la terre indienne.

L'auteur a reçu un Award de la part du magazine India Empire,remis par le Ministre Valayar Ravi, à la suite du Prâvasi à New-Delhi.

AUTRE ASPECT DE LA CULTURE INDIENNE

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LE PRAVÂSI RACONTÉ À MES AMIS

Pourtant cette « faiblesse ou com-plexe » pourrait fort bien se trans-former en richesse. Lors du débatauquel La Réunion et son repré-sentant furent invités, le présidentdu Gopio International, MahenUtchanah, reprenant un des thè-mes qui lui est cher, souligna la si-tuation particulière des PIO de LaRéunion, de Guadeloupe, Martini-que et Guyane. « Ils constituentl’un des pans du Gopio, qui reste àvaloriser, à savoir la francopho-nie ». Ses propos furent particuliè-rement applaudis. Dans cette as-semblée, présidée par l’ancien am-

bassadeur Srinivasen, de notre côténous avons rappelé qu’en raison denotre histoire particulière nous nepouvions prétendre massivementaux critères requis pour l’obtentionde la carte PIO. Le ministère fit re-marquer que cette question récur-rente était prise en considération.De même que l’installation d’uncentre culturel indien dans l’ile. Ala fin de cette auguste assemblée,Lord Diljit Rana, sommité mon-diale, et président également duGopio, vint saluer notre initiative,en nous assurant de son soutiendans notre quête pour un rappro-chement des valeurs réunionnaises(européennes) et indiennes. L’un deses proches au Gopio, AshokRamsaran, est très sensible égale-ment à cette question. Malgré notre situation qui con-traste avec les autres représen-tants de la diaspora, il est agréablede préciser que nous n’avons pointété pris pour quantité négligeable.Au contraire dans un pays, où lepassage d’Albion est encore pré-gnant, au titre des minorités, nousfaisons régulièrement l’objet d’uneattention particulière. Cependantnos louanges ne sauraient masquerles demandes décrites quelques li-gnes plus haut. Au rang des élé-ments encourageants, à chaquefois que nous avons réclamé unecontribution, nous avons rencontré

alors arrêté, est la restitution.« Nous, les fils ou petits-fils d’im-migrants, nous voulons restituer àl’Inde, cette possibilité qu’elle nousa donnée de réussir sur d’autresterritoires. » Mais pour partageravec la grande famille indienne, ilfaut posséder déjà pour soi et pourles siens. Ce principe s’est peut êtreimposé aux Réunionnais. Ce n’estque timidement que nous noussommes accrochés au wagon in-dien. Non pas par crainte, maisplus encore en raison d’un déficitd’information patent. Nous noussommes tous demandé un jour, ceque nous gagnerions à nous rendreau Prâvasi. Une réunion de busi-nessmen, d’hommes riches, d’affai-res, voire d’affairistes. On n’y parlequ’en hindustani. Un gros lobbyindo-indien. Or pour m’y être renduau moins trois fois, je puis témoi-gner que le Dow Jones, la boursede Bombay ou le Cac 40 ne sontpas au centre des discussions.L’attitude de nos compatriotes estsomme toute louable. R.O.I.,(Réunionnais d’origine indienne),de la 4ème, 5ème, 6ème génération, voireplus, nous sommes forcément dansun état d’esprit vis-à-vis de l’Inde.La perte de la langue indienne (ta-moul, télougou, voire hindi), et larupture des liens familiaux, font denous des « Indiens à part ».

Lord Diljit Rana, président du Gopio,P.P Devaraj, ancien président du Gopio International et l'auteur

La parité est dans les faits au Prâvasi. Dans un même élan,les femmes d'origine indiennes de La Réunion et de Martinique/Guadeloupe

se sont retrouvées à la fin du Prâvasi pour une photo commune.

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LE PRAVÂSI RACONTÉ À MES AMIS

une oreille attentive. L’an dernier,l’initiative de l’ODI-Réunion, (l’Of-fice pour l’Organisation de laDiaspora), a permis une belleprouesse. Une vingtaine de photo-graphies d’engagés indiens or-naient les allées du Pravasi, àChennai. Cette initiative appuyée,par les collectivités locales, fut unepremière sur la terre des ancêtres.Outre quelques pas de danses indi-viduelles ou collectives, jamais LaRéunion n’avait présenté de projetd’une telle envergure. Ce qui fit saforce également, ce sont les quel-que 300 délégués réunionnais. Peuimporte, leur désir profond enfranchissant le sol indien, mais ilshonorèrent à leur façon leurs an-cêtres. A cette date aussi, un denos membres a pu intervenir dansune session régionale. Enfin le livresur la généalogie familiale deFrédéric Souprayenmestry a été re-mis personnellement à Ravi Vala-yar. Au début de cette année, lemagazine India Empire, distinguanotre démarche en nous gratifiantd’un Award, remis en présence duMinistre. A propos de prix, il est ànoter que le sénateur Jean-PaulVirapoullé, fut le premier Réunion-nais à obtenir le Saman Award(2006), distinction octroyée auxPIO, ayant accompli une œuvredans leur pays d’adoption en vuede promouvoir les valeurs culturel-

les indiennes. A cette date, aucuneautre personnalité locale n’a suiviun cheminement identique. L’orga-nisation du Dîpavali, dans la villede Saint-André, rassembla quelque15 000 personnes de toutes origineset confessions religieuses, et sa car-rière politique est à l’origine decette prestigieuse nomination.

Un univers de goûtset de couleurs

Pour rien au monde, on ne rateraitla partie « Off » du Prâvasi, les dé-jeuners ou dîners servis sont ex-quis. Ils sont toujours le reflet de lacélèbre cuisine indienne, aux finessaveurs. Du Rajasthan au TamilNadu, la gastronomie indienne estdéjà un voyage. Les désirs du palaisne sauraient occulter les specta-cles qui sont présentés lors del’événement. Les artistes de hautniveau sont triés sur le volet, pouranimer les soirées. Les expatriés re-partent chez eux en emportantavec nostalgie un air de là-bas.L’île Maurice avait réussi à captiverl’attention du public il y a trois ans,en invitant une troupe locale àNew-Delhi. Le public ne méprisapoint le kathak, mais il avait lesyeux de Chimène surtout pour lesnotes et les pas de danse du ma-loya ravane de nos voisins mauri-ciens.

Il est de bon aloi, chaque année àl’issue du Prâvasi que le Gopio in-ternational tienne sa premièreConvention dans un grand hôtel dela capitale indienne. Le bureauanimé par le duo P.P Devarâj etMahendrah Utchanah, accordetoujours une place à la parole fran-cophone. Par exemple, cette année,le président du Gopio-Réunion,Paul Canaguy, prit le parti de si-gnaler que la diaspora francophones’agrandissait par la présence ex-ceptionnelle d’une dizaine de re-présentants des îles de la Guade-loupe et de la Martinique. Le MOIA(Ministère d’Outre-Mer et desAffaires indiennes) salue l’initiativeen annonçant le déploiement d’undispositif de traduction simulta-née.Il était écrit que La Réunion devaitmarquer durablement sa présencesur la terre des ancêtres en ce dé-but d’année. Suite au Prâvasi, laplupart des délégués, se retrouvè-rent à Pondichéry pour l’installa-tion d’une stèle, en mémoire desmilliers d’engagés qui travaillèrentsur le sol réunionnais. La stèletrône dans l’enceinte de l’univer-sité de Pondichéry, le projet fut ini-tié par Sudel Fuma, représentant laChaire Unesco à La Réunion.Au terme de cette simple réflexion,il est à penser que les clichés sur leGopio et/ou le Prâvasi tomberontd’eux-mêmes. Nos propos sontéloignés des préoccupations desbusinessmen. Cependant notre îlene saurait plus longtemps travaillerseule dans son coin, alors qu’ungéant économique régional, ayantcompétence à incarner le leader-ship mondial, partage tellement devaleurs avec elle. Le Prâvasi, ni au-berge espagnole, ni refuge pour in-tégrismes de tout poil, n’appartientni aux hommes fortunés, ni auxaventuriers. Il sera ce que nousvoulons en faire, l’objet de notrepropre volonté. Nous avons encorele temps de l’incliner encore plusvers nous, vers le Monde. ❑

Jean Régis RamsamyVP du Gopio-Réunion, journaliste

Une stèle installée au mois de janvier, à la mémoire des travailleurs indiensqui sont partis à l'ile Bourbon au 19ème siècle, à Pondichéry.

L'auteur faisait partie du Comité de pilotage du projet.

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DESTINATIONS À DÉCOUVRIR

BHAVNAGAR AU GUJARAT

Bhavnagar est un ancien Etat prin-cier qui se trouve dans la région duSaurashtra au Gujarat. Il possèdedes marais salants et des prairiesondoyantes. Les hommes portentdes vestes blanches à plis, des pan-talons Jodhpur et les femmes destenues colorées évoquant leRajasthan. Fondé en 1743, Bhavnagar possèded’impressionnantes constructionsdu 19ème siècle qui datent de l’épo-que du Maharaja Takth Sinhji desGohil Rajputs. Au vieux port setrouve la célèbre Porte de la Serrurede Bhavnagar, qui garde les ba-teaux à flot dans le port, même àmarée basse. Plusieurs lacs artificiels permettentd’observer les oiseaux à souhait. LeMahatma Gandhi a étudié auCollège Samaldas, qui abrite main-tenant un petit musée qui rappelleson passage. Le musée GandhiSmriti possède une collection desouvenirs de sa vie. Le bazar de la ville compte plu-sieurs balcons en bois en surplombet plusieurs petits magasins oùvous pouvez voir une foule d’arti-cles aux couleurs locales. La biblio-thèque Barton est un beau bâti-ment de deux étages avec des fenê-tres gothiques en ogive et un toiten pente recouvert de tuiles deMangalore. Au milieu de ce qui était autrefoisun réservoir se trouve le temple demarbre blanc de Gangadevi, conçupar Sir John Griffith, l’ancien prin-cipal de la J.J. School of Arts deMumbai. Le Temple Takhteshwar

est perché sur une petite colline etoffre une belle vue de la ville et partemps clair vous pouvez voirjusqu’au Golfe de Cambay. Le palaisNilambag transformé en hôtel dupatrimoine, est une constructionmagnifique dans une propriété de10 hectares. Sur la côte entre Bhavnagar etTalaja se trouve Alang, le plus grandsite de démontage de bateaux dupays. Ici vous pouvez voir des su-perpétroliers et des navires deguerre du monde entier qui sontdémontés à la main par 20 000 ou-vriers. Près de Bhavnagar se situe le Parcnational de Velavadas : une prairiequi ressemble à la savane africaine.Ce parc recueille la plus grande po-pulation de daims noirs (la plus ra-pide des antilopes indiennes) dupays. Ce parc enchante aussi les or-nithologues amateurs. Palitanaavec ses nombreux temples jaïnsgroupés sur deux arêtes des collinesShatrunjaya qui est seulement à 50km de Bhavnagar. Talaja compte environ 28 cavernesbouddhiques taillées dans la col-line. La plus impressionnante estcelle d’Ebhala Mandapa, avec songrand hall d’entrée soutenu parquatre piliers octogonaux. Talaja aaussi des temples jaïns intéres-sants. Près des temples jaïns et desgrottes bouddhiques de Talaja setrouve la plage séduisante deGopnath. Quittez l’autoroute et

prenez la route en direction deGopnath. Ici un bout de littoralavec des falaises de calcaire do-mine la mer. Le Gopnath Bungalowse situe sur une falaise entre desrochers et un phare. C’est ici qu’au-trefois les Maharajas de Bhavnagarpassaient leurs étés dans les années1940. C’est un hôtel du patrimoined’où l’on a une vue infinie sur lamer. Près de la plage, se trouve letemple Gopnath Mahadev où leSeigneur Shiva et le SeigneurKrishna sont vénérés. Le sable estblanc mais la mer est turbulente lelong du golfe de Khambath. Le longde la côte orientale de Khambaths’étendent les plages populaires deTihal, Nargol Ubhrat avec des eauxplus calmes. Les amateurs de plageaimeront la Plage de Berkeshwarprès du fort de Pipavav et la plagede Muhava, ceinture verte de pal-miers et d’arbres fruitiers. Bhavnagar est bien desservi paravion, chemin de fer et route. Pour plus d’information contacterl’Office de tourisme du Gujarat,Udyog Bhavan, Bloc n°16, 4ème

étage, Secteur 11, Gandhinagar,382 011. Téléphone : +91-79-23222523, 23220002 Fax : +91-79-23222189-23238908 E-mail :[email protected], site internet :www.gujarattourism.com ❑

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Vol XIII, N°1

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Bargarh, en Orissa, est une petiteville tranquille qui s’étend sur quel-ques kilomètres carrés et reprendvie durant les onze jours que durele festival connu sous le nom deDhanu Yatra. Elle se transformealors en la ville épique de Mathuraoù régnait le roi mythologiqueKansa (l’oncle du Seigneur Krishna).Au cours des derniers 77 ans, cefestival s’est tenu au mois de jan-vier. Tous les épisodes de « KansaVadh » (la mise à mort de Kansa)ont lieu dans différentes parties dela ville, qui devient le grand théâtreen plein air au monde. Les visiteurssont transportés dans le passécomme avec une machine à remon-ter le temps. A propos, la vraie villede Mathura se trouve dans le nordde l’Inde, près de New Delhi. Des conducteurs de camion sur lanationale se demandent, déconcer-tés, si Kansa gouverne toujours iciquand, assis sur un éléphant capa-raçonné, un homme moustachu,une couronne sur la tête, leur or-donne de s’arrêter et de payer uneamende de 10 000 pièces d’or pours’être introduits sans permissiondans son « royaume ». Il leur fautquelque temps pour comprendrequ’il s’agit d’une plaisanterie. Lesbadauds leur demandent de payer10 roupies d’amende et de se join-dre à la fête. La scène fait partie dulégendaire Dhanu Yatra (festival del’arc) où le règne de Kansa continuejusqu’à Paush Poornima, le jour dela pleine lune, quand Kansa est« tué » par son neveu Krishna. Chaque année quand Bargarh de-vient Mathura, le village voisin

d’Amapali devient « Gopapur », im-mortalisé par Krishna et son« Krishna Leela » et la rivière Jeeradevient la « Rivière Jamuna ». L’ambiance attire des milliers depersonnes des villages voisins jus-que dans les rues de Bargarh pours’amuser et participer à cette re-constitution. La principale attrac-tion du festival est Kansa. La villeentière se métamorphose en unescène en plein air où les 80 000 ha-bitants deviennent les sujets deKansa. Pendant le festival, aucun« des sujets » ne remet en cause la« tyrannie » qu’ils s’apprêtent à su-bir, et même les fonctionnaires sontchargés de procéder à des évacua-tions. Le festival est basé sur le « KrishnaLeela » dans lequel le Roi Kansa in-vite ses neveux Krishna et Balaramà être témoins du Dhanu Yatra dansl’intention de les tuer mais qui, enfin de compte, se fera tué lui-même. Le festival commence par la pro-mulgation du grand mariage deDevaki, la soeur de Kansa àVasudev, et continue ensuite avecla naissance de Krishna et atteintson apogée avec la mort de Kansa.Kansa tient audience tous les soirs

dans un pandal érigé à Hatpada, aucoeur de la ville du Bargarh. La ca-ractéristique la plus remarquablede ce festival, qui espère figurerdans le Guinness des Records dumonde, est qu’il n’y a aucun spec-tateur et que la population touteentière participe à la représentationépique. Chevauchant son éléphant, Kansafait un « Nagar Parikrama », le tourde la ville chaque matin et donnedes amendes. Les origines du « Dhanu Yatra »sont entourées de mystères.Certains disent qu’il a commencéau 16ème siècle, d’autres qu’il étaitpopulaire au 18ème siècle. Il a reprisà l’époque de l’Empire britannique.Bargarh se situe sur la nationale 6,qui relie Calcutta à Mumbai et estbien connecté au reste du pays. Pour plus d’informations, visitez leDépartement du Tourisme, ParyatanBhawan, Museum Campus, Bhuba-neswar - 51014, Orissa, Tel+91-674-2432177, Fax : + 91-674-2430887, Email : [email protected] et site internet :http: // www.orissatourism.gov.in ❑

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Vol XII, N°20

BARGARH EN ORISSA : FOYER DU PLUS GRANDFESTIVAL DE THÉÂTRE EN PLEIN AIR DU MONDE

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Le Jammu-et-Cachemireen bref

• L’Etat du Jammu-et-Cachemirea été créé le 1er mai 1951. CetEtat, le plus septentrional dupays, est bordé par les Etats del’Himachal Pradesh et du Pendjabau Sud, par la République Popu-laire de Chine au Nord-Est, et parle Pakistan à l’Ouest et au Nord-Ouest. Géographiquement et cul-turellement, le Jammu-et-Cache-mire est divisé en trois régions : leJammu, la Vallée du Cachemire, leLadakh, et compte 22 districts.• Capitale : Jammu (en hiver) etSrinagar (en été)• Superficie géographique :222 236 km2. C’est le 6ème plusgrand Etat de l’Inde.• Population : 10 143 700 habi-tants (17ème rang).

IntroductionL’Etat du Jammu-et-Cachemire estsouvent décrit comme un « paradissur terre ». Fameuse destinationtouristique, cette terre offre uncontraste remarquable entre l’im-posante splendeur des montagneset des forêts enchanteresses etl’étendue des plaines séchées parle soleil. Les lacs d’eau douce nésde la fonte des neiges et des gla-ciers, tel le Wular qui, avec ses1 947 km de long et 8 km de largeest le plus grand du pays, partici-pent de cette réputation. La qualitéde l’air y est en outre excellente,propice à la richesse de la faune etde la flore. Les visiteurs y poursui-vent également des quêtes spiri-tuelles. Et cela suscite un véritableengouement puisqu’au cours del’année 2008-2009, le nombre detouristes ayant visité l’Etat a at-teint le million.

Les performances économiques duJammu-et-Cachemire sont égale-ment remarquables. Le produit in-térieur brut de l’Etat était de 7,91milliards de dollars US en 2007-2008, ce qui correspond à un ac-croissement de 11,3% depuis1999-2000. Bien que l’agriculturesoit un secteur important, horti-culture en tête, c’est le tertiaire,conduit par l’administration publi-que, qui domine ; la part du secteursecondaire dans le PIB n’était quede 8,4% en 2007-2008, mais celareprésente une augmentation deprès de 14% par rapport à 1999-2000. Il s’agit essentiellementd’une industrie artisanale : les ta-pis de soie du Cachemire sont ré-putés dans le monde entier et re-présentent une grande part des ex-portations du pays. Les ménages disposent de revenusplus élevés par rapport au reste dupays et consomment donc davan-tage. Leur répartition selon le ni-veau socio-économique montreque dans les zones urbaines, la partdes ménages qui sont entrepre-neurs est élevée et que ce segmenta plus de moyens. Par ailleurs, letaux d’alphabétisation de l’État estde 55,5% selon le recensement de2001, avec une disparité assezmarquée entre les zones rurales eturbaines, entre hommes (66,6%) etfemmes (43%). Le taux de natalité,et encore plus celui de mortalité,sont inférieurs aux moyennes na-tionales.

Infrastructure SocialeEducationLe système éducatif constitue unedes priorités pour le gouvernementde l’Etat du Jammu-et-Cachemire.On y dénombre quelque 25 000écoles, 7 universités, 37 institutsde formation technique, 4 écolespolytechniques et 34 écoles d’en-seignement supérieur, dont 2 éco-les d’ingénieur et 5 facultés de mé-decine. Le Jammu-et-Cachemireest le seul Etat où l’éducation estgratuite jusqu’à l’université. Desuniversités d’été ont été ouvertespour les gens qui vivent dans leszones montagneuses isolées etpour les étudiants de classes défa-vorisées.

SantéLes institutions médicales sont re-lativement bonnes dans l’Etat duJammu-et-Cachemire. En 2007-2008, l’Etat disposait de 117 hôpi-taux, 265 dispensaires ayurvédi-ques, 265 dispensaires unani, 1888sous-centres, 347 centres de soinsprimaires et 80 centres commu-naux de santé.

TransportsLe Jammu-et-Cachemire compte15 012 km de routes nationales,c’est-à-dire l’un des maillages lesplus faibles du pays (35,7 km deroutes pour 100 km2). Cependant legouvernement central de l’Inde adécidé de faire de l’amélioration deson réseau routier une priorité et

GROS PLAN SUR LE JAMMU-ET-CACHEMIRE

Houseboats (Nagin Lake, Srinagar, Jammu-Kashmir)

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GROS PLAN SUR LE JAMMU-ET-CACHEMIRE

d’importants projets sont en courscomme la construction de l’auto-route à quatre voies reliant Jammuà Srinagar. En raison du terrain difficile, le ré-seau de chemins de fer du Jammu-et-Cachemire ne s’est pas déve-loppé comme dans d’autres partiesdu pays. Des travaux pour connec-ter Srinagar et Baramullah ont étéentrepris. Les projets de communi-cation ferroviaire Udhampur-Katra,Katra-Qazigund et Qazigund-Bara-mullah ont été approuvés au ni-veau national. Environ 8 km dutunnel de 11 km de long qui relieQazigund à Banihal ont été ache-vés et celui-ci devrait ouvrir autrafic avant décembre 2010.L’Etat possède un aéroport interna-tional à Srinagar et deux aéroportsnationaux à Jammu et Leh.

Électricitéet télécommunications

ÉlectricitéL’Etat a produit en 2008-20091075,8 MW, en grande partie grâceà des systèmes hydroélectriques etdes turbines à gaz. C’est plus dudouble de sa production 2001-2002. Sur les pentes himalayennes,le potentiel hydroélectrique estimmense bien sûr, mais la produc-tion d’énergie solaire est égale-ment privilégiée puisque leJammu-et-Cachemire bénéficie duprogramme national d’Electrifica-

tion des Villages Reculés (RVE).Ainsi en septembre 2009, des sys-tèmes d’éclairage électrique fonc-tionnant grâce à l’énergie solaireétaient opérationnels dans environ3 900 foyers dans 27 villages. Desprojets s’attaquent aux 284 villa-ges toujours dépourvus d’électri-cité.

TélécommunicationsBharat Sanchar Nigam Ltd (BSNL)est le principal prestataire de servi-ces de téléphonie de base et desservices associés dans l’Etat.Il y a cinq secteurs de commuta-tion secondaires (SSAs), à savoirJammu, Srinagar, Udhampur,Rajouri et Leh.Selon les évaluations de l’Orga-nisme de réglementation desTélécommunications de l’Inde(TRAI), à partir d’août 2009, l’Etatcomptait 4,42 millions d’abonnéssans fil et 231 507 abonnés au fil.

Par ailleurs, 19 538 personnesjouissent d’une connexion Internet.

Infrastructure industrielleLe Jammu-et-Cachemire est célè-bre pour ses industries artisanalesde petite taille : tissage de tapis,soies, châles, vannerie, poteries,cuivre, argenterie, papier mâché, letravail du bois de noix. Mais c’estsurtout la filière alimentaire et lesindustries basées sur l’agriculturequi prospèrent dans l’Etat, profi-tant d’un climat excellent pourl’horticulture et la floriculture. Enoutre, l’Etat peut se targuer d’unfort afflux des investissementsdans le secteur des services et del’énergie.Les complexes industriels seconcentrent essentiellement au-tour des villes de Srinagar et deJammu ; de nombreuses subven-tions et exonérations cherchent àencourager leur développement. Parmi les complexes industriels, ci-tons Bari Brahmana, Gangyal,Samba, Kathua, Rangreth, Lassi-pora, Pulwara, Khanmoh, Zaina-kote, Zakura, Ompura, Budgam.Citons aussi le parc industriel pourla promotion des exportations deKatholi au Jammu, le projet de dé-veloppement d’infrastructures in-tégré d’Udhampur.

L’industrie agro-alimentaireEnviron 80% de la population dé-pend de l’agriculture et des activi-

Aéroport de Srinagar

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GROS PLAN SUR LE JAMMU-ET-CACHEMIRE

tés connexes. Le bois de saule duCachemire est utilisé pour la fabri-cation des battes de cricket. Parmiles produits exportés du Jammu-et-Cachemire, citons les pommes,l’orge, les cerises, le maïs, le millet,les oranges, le riz, les pêches, lespoires, le safran, le sorgho, les légumes et le blé. Le riz et le colza comptent parmi les récoltesles plus importantes. En 2007-2008, la production totale de cescultures a atteint 0,6 million detonnes.

L’industrie horticole et floricole L’horticulture est l’activité princi-pale de l’économie rurale duJammu-et-Cachemire, produisantun revenu annuel de 11 millions dedollars et fournissant du travail àdes milliers de gens, directement etindirectement. L’Etat possède lesconditions agro-climatiques ap-propriées pour une grande variétéde fleurs. L’industrie de la floricul-ture de l’Etat répond à la demandedu marché national et internatio-nal.

L’artisanatL’artisanat est une autre partie im-portante de l’industrie tradition-nelle de l’Etat : les tapis de soie duCachemire sont connus à travers lemonde et représentent une grandepart des exportations du pays. Lesobjets en papier mâché, les sculp-tures en bois, les châles et brode-ries comptent parmi les produitsles plus appréciés du Cachemire. L’Etat du Jammu-et-Cachemire aétabli une société de promotion deventes à l’exportation de l’artisa-nat pour promouvoir le développe-

ment et la croissance de ce secteur.Le gouvernement indien porte éga-lement une attention particulière àl’Etat pour son bassin d’emploi etl’expertise de sa main-d’œuvre.

Le tourismeLe nombre de touristes en 2008-2009 a atteint le million, en netteaugmentation par rapport à l’an-née précédente qui n’en a vu que650 000. Le Jammu est célèbrepour ses temples tandis que la val-lée du Cachemire, populairementdécrite comme « paradis sur terre »est une destination de tourismebien connue.Les principales attractions touristi-ques sont : le Chashma Shahi auprintemps, le Shalimar Bagh et le

Lac Dal à Srinagar ainsi queGulmarg, Pahalgam et Sonamargdans la vallée du Ladakh et lestemples Vaishno Devi et Patnitopprès de Jammu.Le gouvernement a mis en place 19 Autorités du DéveloppementTouristique (TDA) aux endroits lesplus fréquentés.

Textile et SéricultureLe Cachemire est célèbre pour sasoie de qualité et ses filatures tra-ditionnelles. La filature de laine située à Srinagar et appartenant à l’Etat produit autour de 300 000mètres de divers types de soie quiserviront à la fabrication de châlesou de tapis. Une fabrique voisine a,elle, une capacité de production de2 000 pelotes de laines et 1 500broches de laine peignée.L’Etat a aussi un budget spécial de3 millions de dollars US pour le dé-veloppement de la sériciculture,l’obtention de cocons, la culture

de mûriers sur des terrains privés,etc.

InformatiqueL’informatique est le secteur enpleine croissance, bénéficiant desplus lourds investissements et d’unengagement prononcé de l’Etat quise chiffre à 30 millions de dollars.Les projets concernent aussi l’éta-blissement de plus de 1000 ‘’relaisinformatiques’’ pour les villages lesplus reculés.

Infrastructure culturelleLes nombreux sanctuaires duJammu attirent des milliers de pè-lerins chaque année. Le Ladakh,également connu comme « Le pe-tit Tibet » est renommé pour sesmontagnes et sa culture bouddhi-que. Le tir à l’arc et le polo sont lessports favoris de l’Etat.Les formes musicales sont la musique cachemiri d’inspirationsoufie, le chakri, jeeda-ji kukoo,benthe, dogri lok geet, les chantsfolkloriques gojri, ladakhi et le ba-khan.Plusieurs formes de danse tradi-tionnelle existent (dumhal, geetru,krak, jabro, gwatri, rouff, roul,surma, kud pahari et dogri). La cul-ture et la tradition Dogra duJammu ressemblent à celle duPendjab et de l’Himachal voisins.Les festivals traditionnels de Lohriet Vaisakhi sont célébrés dans cetEtat. ❑

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NOUVELLES DE L’INDE

« Donnez une partie du bois au joueur de tambour pourfabriquer de nouveaux tambours et le reste ira aux cui-sines. »Le musicien fabriqua de nouveaux instruments. Il les fittrès grands pour qu’on puisse les entendre à traverstoute la ville. Mais, quand il en joua pour la premièrefois, les tambours ne rendirent pas le son habituelboum-boum-boum. A la place, ils émettaient ces mots« Le roi a des cornes. » Le musicien était horrifié. Il essaya de jouer des tam-bours de façon normale mais rien n’y faisait et la mêmeparole était proférée. Le bruit se répandit dans toute laville et tout le monde dans le palais se réunit pourécouter. Désormais, chacun savait ce qu’il y avait der-rière cette étrange coiffure et tout le monde se moquadu roi. Le roi ne pouvait le supporter plus longtemps et s’enfuitdans la forêt. Il y vécut pendant des années, se nourris-sant des fruits des arbres et de l’eau des rivières. Il étaitsi reconnaissant aux animaux de ne pas se moquer delui qu’il en fit ses amis. Lui s’occupait d’eux quand ilsavaient faim ou étaient blessés. Peu à peu, il devint unautre homme et arrêta de se préoccuper de son appa-rence pour penser à d’autres choses. Puis un jour, il tou-cha sa tête et sentit que ses cornes avaient disparu. Peu de temps après, quelques courtisans du roi chevau-chaient dans la forêt et virent le roi. Ils constatèrentqu’il n’avait plus de corne. « Votre majesté »,dirent-ils,« rentrez au royaume s’il vous plaît. Ce n’est plus lamême chose sans vous. » Le roi s’en revint au royaume et au lieu de se préoccu-per de son apparence, il se concentra pour gouvernerson peuple de façon sage et bonne.

101 folktales from India Eunice de Souza

Illustrations de Sujata Singh, Puffin Books

LE ROI ET LE TAMARINIER

Il était une fois un jeune roi qui était très beau.Malheureusement, il ne pensait qu’à son apparence. Ilpassait tout son temps à se regarder dans des miroirs,se tournant d’un côté puis de l’autre, pour mieux appré-cier sa propre perfection. Il admirait son profil parfait,ses moustaches qui s’enroulaient si bien, ses beaux vê-tements et ses nombreux bijoux. Parfois, il ne se rendaitmême pas à la cour tellement il était occupé à s’admi-rer. S’il assistait aux débats, il découvrait soudainementun petit défaut sur ses vêtements et quittait les lieuxpour aller se changer. Il ne pensait pas du tout à sonroyaume. Les dieux étaient un peu ennuyés à son sujet et parfoisils survolaient son royaume pour voir si les gens allaientbien. Un jour, un des dieux vola non loin de la fenêtredu roi et l’entendit parler à son image : « Je suis aussibeau qu’un dieu. Peut-être même plus beau qu’un dieu !» disait le roi. Le dieu était furieux et décida de le punir. Le lendemain matin, le roi se réveilla et se dirigea direc-tement vers le miroir, comme d’habitude. Il fut horrifiéde voir qu’une paire de cornes avait poussé sur sa tête.Il tira dessus doucement puis de plus en plus fort maiselle ne voulait pas bouger. Finalement, il fit appeler son coiffeur. « Mon bon mon-sieur », dit-il, « j’ai un gros problème. Voyez-vous cescornes ? »Le coiffeur les avaient vues bien sûr, mais il n’avait rienosé dire. « Je veux que vous me les enleviez », dit le roi. Le barbier tira doucement puis de toutes ses forces sansrésultat. Il essaya de les couper mais cassa son rasoir.Finalement, il décida de recouvrir les cornes avec descheveux, des bijoux et un turban. Cela n’était pas trèsjoli ; en fait, le roi paraissait ridicule mais c’était ce quele coiffeur pouvait faire de mieux. Le coiffeur était sur le point de partir quand le roi dit :« Ne le répétez à personne s’il vous plaît .»Aussitôt que le coiffeur quitta la chambre du roi, iléclata de rire et ne put s’arrêter. Les courtisans se réu-nirent autour de lui et lui demandèrent ce qui se pas-sait. Il quitta le palais, se tenant les côtes. Il continuade courir, jusqu’à ce qu’il arrive dans un lieu désert desjardins du palais, près d’un tamarinier. « Si je ne le dis àpersonne, je vais exploser », pensa-t-il. Alors il racontaau tamarinier ce qui était arrivé au roi. Entre temps, comme le roi ne pouvait supporter l’imageque lui renvoyait le miroir, il vint rendre visite à sa cour.Pour la première fois de sa vie, il resta assis là toute lajournée. Si les courtisans étaient réellement intriguéspar l’affreuse coiffure, ils étaient vraiment contentsmaintenant que le roi semble faire sérieusement sontravail. « Peut-être qu’il a grandi et qu’il est devenu plusresponsable », dit un des ministres à l’autre. Cette nuit-là, il y eut une tempête et le tamarinier futemporté par le vent. « Coupez-le », dit le roi.

LE COIN DES ENFANTS

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UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900

ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE

Robert Piguet l’enchanteur nousséduit encore avec un « Fracas »porteur d’émois qui associe tubé-reuse, jonquille, gardénia et unsouffle d’agrumes sur fond de boisde santal, vétiver et musc. Autre jusde Robert Piguet créé en 1950, etactualisé il y a peu « Baghari » dunom d’une ville indienne, heureuxmélange de bergamote, violette,jasmin, iris, ambre, musc, etc.

Pour le marché oriental… et aussioccidental, Amouage lance des li-gnes étoffées pour homme etfemme. Lyric pour femme, fra-grance un peu mélancolique com-bine cannelle, gingembre, iris,musc, encens argenté, santal et au-tres senteurs exquises. On retrouvele santal dans Lyric pour homme,mais aussi dans Ciel, Epic, Gold,Silver, Ubar et Reflection. Amouagese préoccupe aussi du bain et de lamaison. Bougies et sprays d’am-biance font appel à des senteursévocatrices dont « Indian song » et« Mughal gardens ».

Clarins propose une nouvelle« mousse exquise auto-bronzante »à base d’aloès, konjac, mirabellier etcarthame, cette dernière provientde l’Inde ; l’huile issue de ses grai-nes offre des propriétés émollienteset hydratantes. Clarin utilise letourteau du carthame pour sa ca-pacité à activer le bronzage. Pour lapeau des hommes, Clarins emploiele galanga, l’herbe à bison et aussi

le pourpier, originaire de l’Inde, ri-che en acide gras Omega 3.

Récemment Jardin Bio marque dugroupe charentais Lea Nature, alancé une gamme complète d’épi-cerie asiatique certifiée bio. Parmiles recettes gourmandes, l’Inde fi-gurait en bonne place : soupe in-dienne au curry doux avec petits lé-gumes, riz byriani avec petits rai-sons, chutney avec mangue, goyaveet orange, sauce massala (curry etcoco) à consommer chaude oufroide, sauce curry douce avec to-mates et oignons auxquels on peutajouter des morceaux de fruits.Chaque massala a sa recette : plusla liste des ingrédients est longue,meilleur il sera.

L’Etude de Pierre Bergé et Associésa organisé une vente « Art d’Orient »avec de beaux exemples de peintu-res indiennes des cours rajpoutes,des Etats himalayens et duRajasthan (18ème-19ème siècles). LesRajpoutes ont été transformés parle pouvoir musulman des empereursmoghols depuis le 16ème siècle. Leculte devient religion d’amour àtravers Vishnou et Krishna. La pein-ture du Rajasthan traduit un grandintérêt pour la chasse. On admireun sage dans un jardin (A), l’assem-blée des dieux (B), Çiva uni àMahavidya (C) et Durga qui rencon-tre le démon (D).

Au salon Omyagué du cadeau pro-fessionnel, la société Gilles Dewa-vrin a proposé des bougies aux par-fums exquis dont une SARI qui alliecassis, figue et santal.

Jo Malone lance une nouveauté :« Black vetyver café » qui com-bine l’encens avec le santal et quel-ques grains noirs de café.

Au Salon « Maison et Objet » lafirme Blanc des Vosges a présentéune parure en satin de coton decouleur : « la Bayadère » qui affichede larges rayures multicolores.

De son côté, Deshoulières a mis envaleur sa collection - DHARA quirappelle les teintes des plus beauxsaris du Pendjab et du Cachemire.

On retrouve ces couleurs somp-tueuses dans le tissage des tapistraditionnels de l’Inde. L’ensembleest rehaussé d’or mat. Ci-dessousmodèle « Rajasthan » en coton lon-

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ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE

gues fibres créé par le JacquardFrançais. Ce modèle se décline ennappes, sets, serviettes, chemins detable, vis-à-vis, etc.

Voici l’édition limitée 2010 du fla-con collection Cristal de Lalique :cette édition féminine reprend lemotif des poissons de la fontaine(Cascade). Au cœur du flacon seblottit un parfum « Lalique deLalique » qui associe jasmin, giro-flée, iris, rose, vanille, muscs blancset santal de Mysore.

Il y a du nouveau chez « Acqua diParma ». Cette eau de beauté, fraî-che et lumineuse, combine agru-mes, roses de Bulgarie et santal.Elle s’habille maintenant d’un four-reau de cuir.

Ducray propose une gamme desoins pour nourrir et réparer lescheveux secs, abimés grâce aubeurre d’illipe, actif d’origine végé-tale. Ce beurre provient du shorearobusta, c’est-à-dire le dhammarde l’Inde. Cet arbre tropical se déve-loppe dans le sud himalayen et au

Bengale. Haut de 20 à 30 mètres, safloraison est spectaculaire, car ilse pare de fleurs somptueuses. Lesfruits ramassés à la main avant lasaison des pluies (juin/juillet), sontétalés au soleil et sèchent sur le sol.Ils renferment une amande dont onextrait une huile appelée « beurred’illipe » riche en acides gras et vi-tamine E. Onctueux, il est aussi antiradicalaire et donne le nutriceratrégénérant.

Danièle Granet et Catherine Lamoursont deux journalistes de haut ni-veau qui ont étudié les « Grands etpetits secrets du monde de l’art »(éd. Fayard). Ce monde-là fonc-tionne à l’échelle de la planète,comme une société secrète qui agiten plein jour. Le délit d’initié n’y estpas interdit mais éventuellementrecommandé. Une centaine de déci-deurs font et défont les cotes. Lemilieu est opaque. La crise finan-cière de 2008 l’a secoué, mais lesystème n’est pas près de s’effon-drer. L’ouvrage évoque le cas deSubrodh Gupta. Avant 2005, sestoiles des années 1990 étaient pro-posées entre 4000 et 10 000 euros.En avril 2008, la sculpture « Vehiclefor Seven Seas » a été vendue 425 000 euros chez Art Curial.Proche de François Pinault, S. Guptaa offert une toile pour la vente decharité (Christie’s 17 mars 2009) auprofit de l’association du professeurKhayat. Le théoricien de l’artNicolas Bourriaud a découvert letravail singulier de S. Gupta lorsd’un voyage à Séoul, et l’a faitconnaître à la galeriste Fabienne

Leclerc. Gupta a été exposé en 2001au Palais de Tokyo, et il est venu enrésidence à l’Ecole des Beaux-Artsde Paris. Les auteurs ont interviewéle galeriste-collectionneur PierreHuber : chez lui tout est grand for-mat, les photos américaines, lesinstallations indiennes, etc… P.Huber a repéré S. Gupta dans uneexposition en Italie. Parti en Inde, ildécouvre la floraison d’artistes in-diens ; grâce à S. Gupta, il s’im-merge dans l’art contemporain in-dien. Gupta peut utiliser des usten-siles indiens de cuisine en inox bril-lant. Il a été exposé à la Goutte d’or.François Pinault l’a installé auPalazzo Grassi à Venise.

Yona Friedman, souvent traitée defaçon inamicale par les architectesfrançais, a reçu l’appui d’IndiraGandhi. Ainsi certaines utopies desNations Unies ont pu se concrétiser.En témoigne le musée de la techno-logie de Madras fabriqué à partir dematériaux locaux comme le bam-bou. Il y a toujours un décalage en-tre une nouveauté et le succèsqu’elle pourra avoir. Le galeristedoit expliquer, enfoncer le clou, etremettre l’ouvrage cent fois sur lemétier. Il y faut du flair, et à l’arrièreun banquier compréhensif.

Maya est la co-auteur du livre« Lumière de l’Inde du sud,voyage dansé au cœur des tem-ples », qui a été sélectionné pour leBest of du Crumble de France Inter.Elle est passée sur France Inter le20 juin dernier. Elle est ensuite re-partie en Inde pour faire une pré-sentation dansée dans les jardins dela maison Colombani de l’expositionde photographies « L’œil de Shiva »de Dominique Guillemain d’Echon,autour du livre « Lumière de l’Indedu sud, voyage dansé au cœur destemples » le vendredi 16 juillet. Le23 juillet, Maya a donné un récitalde Bharata Natyam pour les 1000ans de ce haut lieu inscrit auPatrimoine Mondial de l’Unescodans le temple de Tanjore. (voirRevue des Livres) ❑

E.B.

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Romans/NouvellesAnita cherche mari,d’Anita Jain, traduitde l’anglais par So-phie Bastide-Foltz,Éditions Actes sud. D’Anita Jain on peutdire qu’elle a réussi savie dans tous les do-

maines… ou presque car, à trente-deux ans, elle n’est toujours pasmariée. Au moment où le récitcommence, Anita, après avoir tra-vaillé comme journaliste sur plu-sieurs continents, habite depuistrois ans à New York, et ses expé-ditions matrimoniales pour déni-cher un “garçon convenable” – etpeut-être même l’amour… ? –sont, jusque-là, vaines.Indiens installés de longue dateaux Etats-Unis, ses parents, in-quiets de voir leur fille encore céli-bataire à un âge aussi “avancé”,lui conseillent avec insistance derecourir au mariage arrangé.Malgré ses réticences, naturelleschez une jeune femme éduquéeaux Etats-Unis et, par conséquent,émancipée et très occidentalisée,Anita finit par accepter et décidede partir pour l’Inde dans l’espoird’y rencontrer le mari de ses rêves.Mais, plutôt que d’obéir à la cou-tume en vigueur et de laisser destantes prendre son destin en main,elle choisit d’“arranger” les chosesà sa manière.A New Delhi, elle découvre uneville cosmopolite et vibrante et,au-delà, un pays où plus de la moi-tié de la population a moins detrente ans. Des jeunes qui mènentune vie encore très traditionnelle,mais aussi des femmes célibataires,divorcées, ou des homosexuels qui,loin d’être marginalisés, font plei-nement partie de cette nouvelleInde prospère. Anita cherche mariest un livre tonique, d’une intelli-gence pétrie d’humour où l’auto-dérision se mêle à un suspense in-soutenable : oui ou non, Anita va-t-elle trouver ce mari qu’elle cher-che ? Le thème du mariage ar-rangé nouvelle version, bien nor-

male dans un pays oscillant entretradition et modernité.

Mes seuls dieux,Anjana Appachana,trad de l’anglais (In-de) par Alain Porte,Editions Zulma.La parution d’un li-vre traduit par AlainPorte est toujours

pur plaisir. D’une part par la qualitédu texte original mais aussi de latraduction… Sans doute parce quel’Inde n’a pas de secret pour AlainPorte. Pleines d’inventions narrati-ves, les huit nouvelles d’AnjanaAppachana entrelacent enchante-ment amoureux et cruauté incons-ciente, songeries amères et ten-dres, conflits cocasses ou tragi-ques.Elles nous font découvrir l’Indecontemporaine du point de vue dela femme, à travers les âges de savie, depuis l’enfance vulnérablejusqu’aux déboires parfois drama-tiques des épousailles, de la fillettequi s’invente une vie sentimentaleà celle qui porte une dévotion folleà sa mère au point de la croire en communication directe avecle panthéon des divinités hin-doues !Car la société indienne aujourd’hui,extraordinairement complexe, metaux prises plusieurs mondes, plu-sieurs époques même. Dans les an-nées quatre-vingt où se situent ceshistoires, on assiste à un véritablebouleversement des mentalités quidéjà sont différentes selon les cou-tumes pratiquées dans les diversEtats indiens qui ne comptent pasmoins de 23 langues et de multi-ples colorations spirituelles et poli-tiques.Anjana Appachana, telle une magi-cienne, se glisse dans les méandresde la libération de la femme in-dienne. D’une histoire à l’autre, lelecteur découvre, non sans unecertaine émotion, le parcours deces fillettes ou jeunes filles jusqu’àl’âge adulte où bonheur et drames’entremêlent et ne peut s’empê-

cher de voir que finalement lemonde est bien petit et que mêmesi la tradition est parfois plus forteen Inde, ces histoires font écho enelle.

Traces de Santal, deAnna Soler-Pont etAsha Miró (traduitdu catalan parFrançois-MichelDurazzo), Ed. Bu-chet Chastel.

Ce roman autobiographique re-trace le parcours de 3 enfants pro-venant d’univers très différents ;l’un, Solomon, petit orphelin éthio-pien de 8 ans à Addis-Abeba, ou lepouvoir de l’empereur HailéSélassié est sur le point d’être ren-versé par un coup d’Etat, et celuide 2 petites filles indiennes duMaharashtra, Mouna et Sita quivont être séparées suite au décèsde leur mère, l’une travaillera dansune fabrique de tapis de Bombaytandis que l’autre, la plus jeunesœur, sera recueillie par un orphe-linat. Bien des années plus tard,ayant eu des vies complètementdifférentes, Mouna devenue unestar du cinéma indien, Solomon unarchitecte fraîchement installé àBarcelone et Sita, pédiatre àBarcelone, le destin fait que c’estdans cette grande ville que cestrois enfants devenus adultes vontse retrouver pour ne plus se sépa-rer. Un beau roman aux accentsparfois pathétiques mais tellementhumains. Rappelons que cet ou-vrage est largement autobiogra-phique, Anne Soler-Pont ayantadopté une petite fille et AshaMiro, ayant, elle, été adoptée parune famille espagnole. Un livreplein d’espoir qui nous parle desenfants, de l’amour, de la tristesse,de la beauté, de l’homme.

Le miniaturiste, Ku-mal Basu, traduit del’anglais par Si-mone Manceau, édi-tions Philippe Pic-quier.Inspiré du person-nage légendaire que

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fut le fils de Mir Abd-us-Samad,l’un des plus grands maîtres de laminiature persanne dans l’Indemoghole. Ce fils au talent prodi-gieux disparut brutalement deschroniques de l’époque, sans quel’on connaisse son destin.C’est un peu ce qui arrivera àBihzad, le protagoniste du livre,qui, en secret, peint l’objet de sonamour. Ceci est mal perçu dans unesociété ou les artistes sont em-ployés au service du royaume.Bihzad est destiné à succéder à sonpère à la tête de l’atelier des artis-tes impériaux, mais il préfère s’ex-primer librement dans son art plu-tôt que de le mettre au service dupouvoir. La rébellion de Bihzadl’entraînera bien au-delà des mursdu palais de gré rose pour l’emme-ner auprès des caravaniers et guer-riers et autres soufis ou marchandsd’esclaves aux confins de l’empired’Akhbar. A la fois œuvre littérairede qualité, ce livre contient égale-ment beaucoup de précision histo-rique, ce qui place ses personnagesaux limites de la légende. Le par-cours de Bihzad nous emmène au-delà des apparences et met à jource que personne ne devait voir :l’invisible au sein du visible, l’es-sence même des choses au-delà del’image délicate et trompeusequ’offrent les miniatures.

Spiritualité

Krishnamurti, l’A-venture de l’Eveil,textes choisis parPatrick Mandala,Éditions Le Relié.Au début du livre, lelecteur commence

par lire ce constat de JiddhuKrishnamurti (1895-1986) : « Il mesemble que nous devrions nous po-ser des questions fondamentales etne pas attendre que les réponsesnous soient données par d’autres.(…) » Sage parole mais comment yparvenir dans ce monde où noussommes sollicités de toutes parts ?Patrick Mandala rassemble ici unesorte d’abécédaire qui permet au

lecteur de faire sienne sa vie, deprendre véritablement consciencede sa Vie dans la vie. Ce à quoinous invite le grand maître de laspiritualité laïque indienne, c’estd’expérimenter le vrai du faux, cequi est bon pour nous, de prendrenotre vie en main en explorant pasà pas ce qui correspond à notre na-ture profonde. Il s’agit pour nousd’être à l’écoute de notre être pourtenter d’avancer vers la vérité, lanôtre. Une bibliographie en find’ouvrage permettra au lecteurd’aller un peu plus loin après cettepremière approche ludique et fa-cile.

Itinéraire d’un yogi,de ParamahamsaP r a j ñ anananda ,collection spiritua-lité, Ed. Dauphin.Cet ouvrage est in-téressant car il dé-

crit le chemin spirituel d’un jeuneIndien à partir du jour où à qua-torze ans, il voit un article dans unjournal local sur Shri Gouroudevqui rentrait d’Occident. Il décrittoutes les étapes de ce parcourslong, difficile mais qui fait évoluerle disciple. A partir de là, les signesvont se multiplier et finalementParamahamsa Prajñanananda vaêtre initié au Kriya Yoga et êtreguidé spirituellement par ShriGouroudev. Et pour son développe-ment complet, il lui sera demandéde quitter l’Inde pour partir enOccident. Le titre de Paramahamsa(cygne suprême) ou de Maître réa-lisé parvenu à l’état yogique le plusélevé lui est conféré par ShriGouroudev dès l’âge de 39 ans.Non sectaire, Paramahamsa Praj-ñanananda nous livre ici les clésd’un superbe cheminement spiri-tuel personnel et tourné vers lesautres grâce à sa Mission qui dis-pense soins, éducation aux plusdémunis. Pour nous, lecteurs occi-dentaux, il est intéressant de lire leparcours d’un disciple indien etnon occidental ce qui donne unéclairage de plus sur la spiritualitéindienne.

Bien-êtreLe bien-être parl ’ a yu r v eda , l e sbienfaits de la cureayurvédique , deKyran Vyas, pro-pos recueillis parDanielle Belforti,

Editions Marabout. Kyran Vyas, infatigable promoteurde l’ayurveda en Europe, est le fon-dateur et directeur du centreTapovan et auteur de nombreuxouvrages. Dans ce livre, il proposeaux lecteurs de profiter de prati-ques et conseils afin de renforcerleur « capital santé » par le biais dela cure ayurvédique au cours d’untemps privilégié. On trouvera danscet ouvrage les concepts de basede l’ayurvéda, des principes et re-cettes diététiques, des techniquesde massages illustrés de photogra-phies pas à pas, des soins quoti-diens et des exercices physiquesdont une séance de yoga illustrée.Tout cela est accessible et adapta-ble aux modes de vie occidentaux.Une saine lecture pour se préparerà la rentrée !

SociologieRegards cro isésdans la mondiali-sation, les repré-sentations de l’al-térité après la co-lonisation, de Cé-cile Girardin etArkiya Touadi, Édi-

tions l’Harmattan. A l’heure où la mondialisation re-dessine les frontières virtuelles etrend possible les échanges cultu-rels comme jamais auparavant, laquestion de l’identité individuelleet collective est redéfinie et prendde nouvelles formes. Le présentouvrage propose des analyses poli-tiques, historiques et esthétiques,portant sur les transferts culturelsaux XIXe et XXe siècles et leurs ré-percussions sur le monde contem-porain. Dans cette perspective, lesauteurs présentent l’étude de plu-

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sieurs regards sur l’Autre tels quel’éclectisme culturel de l’artcontemporain indien ou l’influencecréatrice de l’exil sur les écrivainsdes Diasporas. Cécile Girardin estmaître de conférences à l’univer-sité d’Orléans et Arkiya Touadi,étudiante en master d’études post-coloniales à l’université de Cergy-Pontoise.

De Kipling à Rush-die, le post-colo-nialisme en ques-tion, de NathalieMerrien, ÉditionsPresses Universi-taires de Rennes.

Le présent essai propose une étudecritique inédite de plusieurs œu-vres littéraires, de langue anglaise,issues du contact entre l’empirebritannique et l’une de ses colo-nies, l’Inde. Il a pour point de dé-part la mise en évidence d’une ten-dance caractéristique du pouvoircolonial à amalgamer biologie etculture. Les différents acteurs del’entreprise coloniale britannique,tels que les scientifiques qui ontémis des thèses sur la supérioritébiologique d’une partie du mondesur l’autre et les écrivains qui ontrenforcé les clichés et stéréotypesqui en découlent dans leurs œu-vres, ont créé la mythologie del’homme blanc, seul détenteur dupouvoir, du savoir et de la civilisa-tion, la notion de pureté. Dans undeuxième temps, il est question dela façon dont les œuvres littéraires,dites postcoloniales, envoient àl’Occident un message où l’impurdevient la règle. C’est par la sym-biose, le métissage ou la fusion desinfluences que l’activité créatriceprend tout son sens. La vision dumonde n’est plus une image ennoir et blanc.

Danse

Danse contempo-raine et théâtre in-dien – un nouvelart ? de KatiaL ég e r e t -Mano-chhaya, collection

Théâtres du monde dirigée parBrigitte Le Guen, PressesUniversitaires de France.Manochhaya , maître de conféren-ces au département théâtre del’université Paris 8 et danseuse debharata natyam propose aux lec-teurs et connaisseurs de dansecontemporaine et théâtre indienun nouvel ouvrage dans lequel elleexpose comment plusieurs artistescomme Shantala Shivalingappa,Padmini Chettur, grandes danseu-ses indiennes mais aussi Bartabas,Pina Bausch, Carolyn Carlson etAriane Mouchkine partant de sty-les traditionnels indiens fondés surcette notion que les diverses facet-tes de l’art, musique, théâtre, poé-sie, danse, arts plastiques, yoga nefont qu’un, ont opté aujourd’huipour le théâtre et la dansecontemporaine. L’auteur a étudiésix de leurs créations et nous mon-tre comment l’art et l’artiste semétamorphosent au fil du temps,des rencontres, comment le corpsse transforme pour se dire autre-ment. Un monde en pleine explora-tion créative qui induit chez lespectateur un autre comporte-ment, une autre façon d’aborderl’art et l’artiste. Un nouvel art se-rait-il né ? A l’image de la globa-lisation, l’art du spectacle est enpleine mutation.

Bharata natyam, ladanse classique dusud de l’Inde deKamini Ranga-radjou, Ed. L’Har-mattan.Aujourd’hui ce sty-le de danse classi-

que de l’Inde du sud est bien connuen France où des spectacles tantpar des danseuses indiennes quefrançaises formées en Inde ou enFrance sont présentés un peu par-tout et ce depuis bien des annéesmaintenant.Toutefois cet ouvrage a le méritede présenter aux néophytes de ma-nière très synthétique et simple unart complexe et très codifié.L’auteur qui a commencé très tôt

l’apprentissage de ce style dedanse à La Réunion est membre duConseil International de la DanseUnesco et se produit également àl’étranger. Cet ouvrage s’adresseaux personnes qui ont envie de dé-couvrir ce style de danse pour as-sister ensuite à une représentationou suivre des cours. Histoire, tech-nique, contexte culturel, un vérita-ble condensé du Bharata Natyam.

Histoire

Mattéo Ricci deVincent Cronin ,préface d’ElisabethRochat de la Vallée,traduction Jane Fil-lion, Ed. Albin Mi-chel.

Le sage venu d’Occident, Italien dela Renaissance, jésuite, est le pre-mier Européen à avoir pénétré dansla cité interdite de Pékin. Quand ildécide de s’habiller à la façon deslettrés confucéens, il reçoit le mes-sage de l’autre, en respectant laculture de l’autre. Mais avant d’ar-river en Chine, Ricci a découvertl’Asie que les cartes géographiquesdu Moyen Age mettaient à la placed’honneur. A cette époque on pen-sait que les quatre fleuves duParadis étaient l’Indus, le Nil, leTigre et l’Euphrate. Déjà au 1er siè-cle après J.C, des bonzes bouddhis-tes venant de l’Inde étaient arrivésen Chine pour prêcher un monismemystique. En 1540 les temples hin-dous de Goa avaient été détruits.Ricci, intelligent et ouvert, adop-tera une attitude beaucoup plussouple. L’auteur évoque la person-nalité du grand Moghol Akbar, luiaussi d’esprit ouvert, et le site deCochin, berceau du Christianismeen Inde. Avec l’aide d’un jeuneIndien, Ricci construit une grandehorloge en Chine. Deux Indiens au-raient rédigé la soutra appelée« les quarante-deux paragraphes »pour introduire le bouddhisme enChine. ❑

E.B., S. Rizoug, V. Tourtet

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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE

ECONOMIE ET ENTREPRISE• L’Inde devrait produire plus de sociétés multinationales émergentes que d’autres paysSelon un récent rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC) sur les sociétés multinationales émergentes (MNCs), l’Indedevrait produire le plus grand nombre de nouvelles sociétés multinationales émergentes au cours des 15 prochaines années.(IBEF, CCXIX, 3 mai 2010)• La vente de voitures en Inde a augmenté de 39,93% en avril, le meilleur chiffre de la décennieLa société des constructeurs automobiles indiens (SIAM) a enregistré une augmentation de 33,93% des ventes de voiturede tourisme en Inde en avril 2010 pour atteindre le chiffre de 182 181 unités. (IBEF, 11 mai 2010)• Nokia Siemens Networks, un leader de la télécommunication, programme de se fournir en composants en Inde pour 500millions d’euros en 2010, ce qui représente une augmentation de 50% par rapport à 2009. (IBEF, 11 mai 2010)• Le parc IT de Koratty va démarrer ses opérationsQuatorze sociétés vont démarrer leurs opérations en mai 2010 au Kochi Infopark à Koratty. Il s’agit du premier modèle deparc d’apport IT qui se monte dans le district de Thrissur. (IBEF, 11 mai 2010)• L’Inde figurera dans le top 5 des marchés de l’aviation civile d’ici 5 ansLe Ministère d’Etat de l’Union pour l’Aviation Civile, M. Praful Patel, a déclaré que le pays figurera parmi les cinq premiersmarchés de l’aviation civile dans le monde au cours des cinq prochaines années. L’Inde est actuellement le neuvième plusgrand marché de l’aviation civile dans le monde. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010)• Secteur AutomobileHyderabad accueille le premier ‘Salon automobile du Sud 2010’, une indication claire de l’importance croissante de l’Indedu sud dans un marché de l’automobile qui s’accroît. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010)• Les entreprises de R&D dans l’ingénierie parient gros sur le marché intérieurLes services de recherche et développement en ingénierie sur le marché intérieur indien devraient afficher une importantecroissance. Il est prévu que d’ici 2020 le marché intérieur représente près de 10-15% du marché des services en recherche etdéveloppement en ingénierie. Ceci génèrerait un revenu de 40-45 milliards de dollars américains. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010)

NOMINATIONS• Un organe des Nations-Unies a élu un diplomate indienChandrasekhar Dasgupta, diplomate indien de haut rang, a été élu par la Conférence Economique et Sociale (ECOSOC), unorgane des Nations-Unies, au Comité des droits sociaux économiques et culturels. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010)• Maj. Gen. L.K. GUPTA AVSM Président élu d’INTACHLe Major L.K. Gupta (retraité) AVSM, est le nouveau Président d’INTACH (Indian National Trust for Art and CulturalHeritage). Il succède à M. S.K. Misra qui est parvenu à positionner l’organisation au premier plan dans le domaine de la pré-servation des monuments indiens, de son art et de sa culture. (India Travel Online, Vol XIII, n°5)

PROJET D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT• Le Pan-African e-Network lancé par l’ancien président indien Abdul Kalam en 2009 se déploie peu à peu dans toutel’Afrique. 54 pays du continent bénéficient via satellite ou par fibre optique de ces programmes de télé-éducation, télé-mé-decine et collectes de ressources, déjà expérimentés auprès des populations indiennes. lI s’agit du premier grand projet Sud-Sud – Inde, Union africaine, de soutien au développement.

TOURISME• Goa fait la fête durant la moussonPeu de personnes savent que Goa, plus connue pour son carnaval, célèbre des festivals même pendant la mousson. Le plusimportant est le Sao Jao célébré le 24 juin (la fête de St-Jean Baptiste) et la fête de St-Pierre et Saint-Paul célébrée le 29juin. Un plongeon dans l’océan, les puits et les bassins sont la chose à faire. Les festivités comprennent des réjouissances,des chants et des danses interprétés sur de gigantesques scènes flottantes érigées sur des embarcations. Le festival de lamoisson est célébré en août et est aussi marqué par la gaieté dans les villages. Bonderam, version unique du festival de lamoisson est célébré sur la splendide île de Diwar. (India Travel Online, Vol. XIII, N°5)• Promotion du tourisme hors de l’IndeLe marché émetteur indien continue de grandir et beaucoup d’efforts sont fournis pour attirer l’attention de l’éclairé voya-geur indien sur la promotion de destinations régionales autour du monde. En Inde, pour annoncer leur partenariat avec OMTourisme, la délégation CCI de Pau Béarn était dirigée par Didier Brisset, membre de la Chambre de Commerce et d’Industriede Pau, avec ses partenaires l’aéroport Pau-Pyrénées, l’office de tourisme de Lourdes, l’office de tourisme et le Centre desCongrès de Pau. Dans son discours lors de l’inauguration le 28 mai à l’hôtel Oberoi, Didier Brisset, membre du Conseil d’ad-ministration de la Chambre de Commerce et d’Industrie a déclaré « Nous sommes ravis d’annoncer la nomination de OMTourism en tant que représentant officiel de l’Inde pour le tourisme à Pau et dans les Pyrénées. Situé dans le sud-ouest de

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UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900

Citation du mois« L’Inde est notre marché qui croît le plus vite. »

Wilfried Aulbur - Mercedes Benz India - MD & CEO

NOUVELLES DE L’INDE

la France, la région possède une histoire culturelle riche et un passé hors du commun, elle offre aussi une grande diversitéd’activités et est facilement accessible de Paris par avion, train ou par la route. Nous pensons que l’Inde a un grand poten-tiel et que le touriste indien est toujours intéressé à visiter, expérimenter de nouvelles destinations. Les montagnes desPyrénées qui bordent la France et l’Espagne fournissent une destination idéale avec une grande variété d’activités : golf,chasse à cour, circuit de course de Pau Arnos, ski, sports de montagne et escalade, rafting, canoë, V.T.T. , pour n’en citer quequelques-unes. Souvent cité comme le cœur historique du Sud Ouest, vous avez la possibilité de découvrir un riche héritagecomposé de châteaux et de musées. De plus, la région peut se vanter d’avoir la fameuse côte autour de Biarritz, souvent ap-pelée la capitale française du surf. (India Travel Online, Vol. XIII, N°5)• L’Alphonso et la Kesar chatouillent les papilles gustatives au festival de la mangueSi l’été a quelque chose de bon, ce sont les mangues. Que vous le mangiez coupé en tranches, ou ajouté à de la crème an-glaise ou encore sous la forme d’un délicieux milkshake, ce fruit sucré et juteux rend l’été supportable. Un festival de man-gues du Gujarat et du Tamil Nadu a été organisé à Dilli Haat jusqu’au 24 mai. L’Alphonso, mangue toujours verte et la Kesardu Gujarat étaient les deux variétés qui étaient exposées et que les visiteurs ont pu goûter gratuitement. Le but principaldu Festival était de promouvoir la variété rare Kesar qui est le meilleur pari après l’Alphonso (India Travel Online, Vol. XIII, N°4)

FAITS MARQUANTS• Le premier pont d’atterrissage du pays est en cours de construction au-dessus du fleuve Adyar à l’aéroport de Chennai.Le pont, qui franchira le fleuve sur une longueur de 200 mètres et une largeur de 462 mètres, pourra supporter le poids d’unA380 une fois construit. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010)• Le premier récif artificiel en Inde a été mis en place dans les eaux au large de la côte de la plage Kovalam au Kerala. Lerécif, long de 110 mètres, protégera le rivage menacé par l’érosion, améliorera l’élevage du poisson et augmentera le poten-tiel touristique de la mer. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010• Le Comité National sur la Commémoration du 150ème anniversaire de Swami Vivekananda présidé par le Premierministre.Swami Vivekananda a été acclamé sur le plan international quand il s’est adressé au Parlement du Monde des Religions le27 septembre 1893 à Chicago, aux Etats-Unis. Le gouvernement indien a décidé de commémorer le 150ème anniversaire deSwami Vivekananda et un Comité National a été constitué sous la présidence du Premier ministre, Dr. Manmohan Singh.La première réunion du comité national s’est déroulée à New Delhi, présidée par le Premier ministre. Dans ses remarquesd’ouverture, Dr. Manmohan Singh a déclaré que Swami Vivekananda a entrepris beaucoup pour inculquer une consciencenationale parmi les gens. Son message était universel et basé sur la rationalité et la vertu. C’était un message s’adressant àtous les individus (…) Son message d’unité et de fraternité a eu une vaste portée et demeure pertinent encore aujourd’hui.(India Travel Online, Vol. XIII No. 4)

DÉVELOPPEMENT DURABLE• L’Orissa approuve 9 projets d’énergie solaire supplémentairesLe secteur de l’énergie renouvelable en Orissa a été stimulé avec l’approbation par le gouvernement de l’Etat, de neuf pro-jets d’énergie solaire avec une capacité de génération globale de 57 MW, portant ainsi les prévisions de la capacité totaled’énergie solaire dans l’Etat à 351 MW. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010)• CLP inaugure une ferme éolienne de 99 MW au TamilnaduCLP Inde a inauguré la Wind Farm au Tamilnadu, portant le total de l’énergie éolienne en Inde à 446 MW. La ferme éoli-enne sera mise en service à la fin du mois de juin. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010)• L’Inde à la recherche d’un fond global pour aider le Tiers Monde à accroiître la couverture forestière. L’Inde saisit l’opportunité accordée par la Conférence d’Oslo sur le Climat et les Forêts pour plaider la cause d’un fond glo-bal afin d’aider les pays en développement à étendre leur couverture forestière. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010)• Lancement d’un projet de transport urbain écologiqueLe Ministère du Développement Urbain a investi 298 millions de dollars dans un projet de transport urbain écologique appelé le Projet de Transport Urbain Durable (SUTP). (IBEF, CCXXII, 14 juin 2010)• L’Agence de l’Etat investit 170 millions de roupies dans un Projet de Changement ClimatiqueLe gouvernement de l’Orissa a proposé de mettre en place l’Agence du Changement Climatique pour assurer la mise en application efficace de l’ébauche du Plan d’Action sur le Changement Climatique. L’Orissa est le premier Etat à avoir for-mulé le Plan d’Action du Changement Climatique. (IBEF, CCXXII, 14 juin 2010)

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Manifestations• Christies en charge de la venteaux enchères de la collection deMadame Darthea SpeyerCette année, la société de ventesaux enchères de renommée mon-diale Christie’s proposera unevente aux enchères des œuvresd’arts de la collection de MadameDarthea Speyer. Ancienne attachéeculturelle à l’Ambassade des Etats-Unis à Paris, promue Commandeurde l’ordre des Arts et des Lettrespar Catherine Trautmann en 1998en reconnaissance de son travailen faveur des arts, Darthea Speyermarque de sa présence le mondeartistique international depuis plusd’un siècle.Ouverte à toutes les formes, sup-ports et points de vue artistiqueselle a mis à l’honneur de grands ta-lents grâce à son œil averti, dontdes artistes indiens classiques etcontemporains, faisant de sa gale-rie un lieu brillant d’originalité.

• Festival Inde TibetA Villefranche de Rouergue, lesDhoad, Gitans du Rajasthan, ontébloui le public du Festival IndeTibet, les 13, 14 et 15 mai.Spectacles, animations, ateliers,stages, conférences, danse, musi-que, cultures indienne et tibétaine,projection de film indien, exposi-tions-ventes d’art et d’artisanat,buffet indien ont pu être appréciéspar nos milliers de visiteurs durantces trois jours.

• Musique classique hindoustanieau 28ème Festival d’Art Sacré (5-21 juin 2010)Le grand virtuose du chant kheyalde la musique classique hindous-tani Pandit Shyam SundarGoswami s’est produit le 18 juin

dans le cadre de ce Festival dans laCollégiale Saint Martin àChampeaux, en Seine-et-Marne eta fait honneur de sa présence aucours de cinq soirées exceptionnel-les dans plusieurs endroits de laville de Lyon du 13 au 17 juin. Accompagné de SubhrangshuChakraborty au tabla, de BiswajitRoychowdhury au violon et deBandana Jallas au tampura, il a,une fois de plus, fait vibrer les tym-pans avec sa voix pure et puissantequalifiée de « joyaux » par sescontemporains. Son talent hors pair n’a pas man-qué de transporter les auditeurs etde faire vibrer leur cœur à l’unis-son.

• Journée bien-être le 19 juin2010 à SarcellesLe 19 juin, les associationsSarcelloises Home Culture et Terrede Sérénité ont organisé un salonautour des thèmes du bien-être, dela culture indienne et de l’écologie,en partenariat avec la ville deSarcelles, l’Ambassade de l’Inde etd’autres organismes privés.Inauguré par le Maire de Sarcelleset le Deuxième Secrétaire Culturel,M. Vijay Khanduja, le festival a of-fert au public un programme aucarrefour de multiples disciplines.Entre autre, conférences-débats,projections de films, ateliers prati-ques et dédicaces de livres dansplusieurs endroits de la ville. Parmiles domaines d’activité réunis cejour, les quelques 350 personnesqui ont participé à cette journéeont pu prendre connaissance desbénéfices du bien-être, de la re-laxation, du yoga, du massage, del’art indien ainsi que de plusieursautres secteurs dont les organis-mes locaux sont acteurs. Fruitd’une préparation de plusieursmois, la journée du bien-être apermis aux plus jeunes comme aumoins jeunes des Sarcellois des’impliquer dans un projet intercul-turel. En effet, en plus de représen-ter des disciplines venant de l’Indeet d’autres pays voisins, une partiedes bénéfices de la journée seraversée à l’association ARCHE pour

la population de Haïti afin de par-ticiper à la réhabilitation de l’îlesuite au violent séisme dont seshabitants furent victimes quelquesmois plus tôt.

DécèsHommage à Monsieur JacquesFriedmannLa Maison de l’Inde et la CitéInternationale Universitaire deParis ont appris avec une grandeémotion la disparition de MonsieurJacques Friedmann, à l’âge de77 ans. Il était Membre du Conseil d’admi-nistration de la Maison de l’Inde. Né en 1932, diplômé de Sciences-Po, ancien élève de l’EcoleNationale d’Administration, pro-motion Vauban, il y avait côtoyéJacques Chirac, dont il devint l’ami,puis un conseiller. Grand serviteur de l’état, il a oc-cupé des postes à responsabilitédans des cabinets ministériels etdans l’Administration (Directeur duCabinet de M. Jacques Chirac,Secrétaire d’Etat à l’Economie etaux Finances, puis Ministre chargédes relations avec le Parlement(1969-1971), Chef du service del’Inspection générale des Financeset Chef du service central de

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M. Friedmann intervenant lors d'une manifestation àla Maison de l'Inde, accompagné de SE R. Mathai,Ambassadeur de l'Inde et de M. Sanyal, Directeur dela Maison de l'Inde

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l’Inspection générale de l’Economienationale (1971-1972), Conseillerpour les affaires économiques etfinancières et Directeur du Cabinetde M. Pierre Messmer, Premier mi-nistre (1972-1974), Chargé demission auprès de M. JacquesChirac, Premier ministre (1974),Chargé de mission auprès de M.Edouard Balladur, ministre del’Economie, des Finances et de laPrivatisation (1986-1987)) Il s’était par la suite tourné davan-tage vers l’économie et l’entre-prise, exerçant de hautes fonctionsdans le secteur public comme dansle privé (Compagnie générale mari-time, Caisse d’Epargne de Paris, AirFrance, Transgène , Union desAssurances de Paris) et dans desinstitutions culturelles (Musée duQuai Branly).Convaincu du potentiel extraordi-naire de l’Inde en matière écono-mique, scientifique et culturelle, ilavait pris une part décisive, avecd’autres entrepreneurs et scientifi-ques de haut niveau, à la création,en janvier 1998, du Forumd’Initiative franco-indien, qui s’estconsacré avec succès au renforce-ment des co-opérations bilatéralesdans de très nombreux domaines. Partageant les valeurs humanistesque portent la Maison de l’Inde etla CIUP, il avait été nommé en2000 au Conseil d’administrationde la Maison de l’Inde, et réguliè-rement reconduit dans ces fonc-tions depuis lors. Des liens d’amitié s’étaient nouésau fil de cette longue collaborationentre la Direction de la Maison del’Inde et Jacques Friedmann.Malgré de lourdes tâches, il n’a ja-mais ménagé son temps ni ses ef-forts, prodiguant des avis judi-cieux dans des domaines aussi di-vers que la gestion, la mise auxnormes de la comptabilité ou lastratégie de développement. Il avait milité avec ardeur en fa-veur de l’extension de la Maison del’Inde par l’érection d’un nouveaubâtiment, moderne et bien équipé,sur un terrain adjacent au bâti-ment actuel proposé gracieuse-ment par la CIUP, susceptible d’ac-

cueillir les chercheurs et étudiantsindiens, en nombre toujours crois-sant. D’une grande disponibilité etd’une grande courtoisie, il était unmembre très écouté au sein duConseil. En près de dix ans, il n’ena manqué aucune séance. Il avaitencore honoré de sa présence latoute dernière, qui s’est tenue le 13novembre, quatre semaines exac-tement avant sa disparition.Le Conseil d’Administration etson Président M. Le AmbassadeurMathai, la Direction, le personnelet les résidents de la Maison del’Inde et la CIUP ont tenu à s’asso-cier pour rendre un dernier hom-mage à son action, et renouveler àsa famille leurs condoléances at-tristées.

• Le mannequin d’origine indienne,Anjali Phyllis Mendes, est décédéece 19 juin 2010 à Aix-en-Provenceà l’âge de 64 ans. Premier manne-quin indien à se mouvoir sur lascène internationale, elle débarqueà Paris en 1971 et fait la rencontrede Pierre Cardin, pour qui elle seramuse pendant douze ans tout entravaillant pour Ungaro, Givenchyou Schiaparelli. Passionnée de cui-sine, Anjali Mendes, originaire deGoa où elle retournait régulière-ment, publia également un livre derecettes de cuisine indienne en2004 publié aux Editions AlbinMichel.

• C’est également avec tristesseque l’Ambassade de l’Inde a apprisle décès de Mme Uma Rao, épousede M. G.V. Rao, directeur généraladjoint à l’Unesco et directeur de

la Maison de l’Inde pendant 18ans. Mme Rao avait fondé la bi-bliothèque de l’ambassade à l’épo-que de l’ambassadeur Ali YavarJung et y a travaillé pendant vingtans. Elle est décédée à Bangalore àl’âge de 89 ans, selon son souhait.

Accord de coopérationscientifique

• Le 5 octobre 2009, un accord aété signé entre le Président de laCommission de l’Energie Atomiqueindien (AEC) et le Président duCommissariat à l’Energie Atomiquefrançais (CEA) Ceci permet auDépartement de l’énergie atomiqueindien (DAE) de rejoindre leConsortium JHR pour la construc-tion et l’opération du RéacteurJules Horowitz. L’accord pour laparticipation du Département àl’énergie atomique indien au RJH aété signée en septembre 2007.La participation du Département àl’énergie atomique sera à hauteurde 3% définie en pourcentage ducoût de la construction indiquédans l’Accord du Consortium.Le Département à l’énergie atomi-que aura des droits d’accès réser-vés et sécurisés égaux à la partici-pation.Le Département à l’énergie atomi-que remplira tous les engagementset observera les droits pour laconstruction et l’opération spéci-fiés dans l’Accord du ConsortiumJHR. ❑

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