Impact de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux sur le tourisme en Gironde
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Introduction
L’extension des réseaux de transport de plus en plus performants a permis de relier les territoires les
uns aux autres. Ainsi la création d’infrastructures de transport telles que les Lignes à Grande Vitesse (LGV),
contribue à une amélioration de l’accessibilité d’un territoire et offre ainsi la possibilité d’accroitre les
échanges et d’élargir l’horizon d’une économie spatialisée. Au vu des investissements en jeu, les
infrastructures de transports suscitent auprès des acteurs locaux un certain nombre d’attentes en termes
de retombées économiques. Même si la relation entre accessibilité du territoire et développement
économique n’apparait pas systématique, voire contraire dans certains cas, la réduction du temps de trajet
induit une mutation territoriale. Dans notre étude, l’impact de l’infrastructure de transport concerne
l’extension du réseau LGV avec la Ligne Sud Europe Atlantique, soit 302 km de ligne nouvelle en Tours et
Bordeaux.
Parallèlement, tout un pan de l’économie d’un territoire comme la Gironde dépend de la dynamique
du tourisme ; activité économique en constante redéfinition. Alors qu’un demi-siècle plus tôt le tourisme
correspondait en général à des séjours longs balnéaires ou urbains, de nos jours les activités touristiques
se sont diversifiées au sein de séjours raccourcis, si bien que l’on parle de tourismes plutôt que d’un
tourisme. En outre, on a glissé d’une définition du touriste comme un individu séjournant au moins 4 nuits
en dehors de son lieu de résidence, à un individu qui réalise des activités au cours de son voyage et séjourne
dans des lieux situés en dehors de son environnement habituel pour une période consécutive qui ne
dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité
rémunérée dans le lieu visité (définition INSEE). Dès lors, une personne parcourant 50 km et qui passe la
journée dans un parc de loisir, tout comme une autre qui voyage pendant 3 mois seront toutes les deux
NOTE DE SYNTHESE
IMPACT DE LA LIGNE A GRANDE VITESSE TOURS-BORDEAUX
SUR LE TOURISME EN GIRONDE
Brewenn Métayer
M2 professionnel Aménagement et Développement des Territoires – Université de Bordeaux
qualifiées de touristes1. Accroitre l’accessibilité du département girondin induit donc la possibilité de
faciliter le voyage vers un lieu donné (coût généralisé du transport plus faible) et ainsi d’augmenter le
nombre de touristes qui dépensent localement un revenu gagné en dehors du territoire. Ainsi, l’ouverture
de la LGV peut-elle créer un impact sur le tourisme en Gironde ? Les caractéristiques de ce transport
ferroviaire sont-elles adéquates pour favoriser l’ensemble des filières du tourisme ?
I) La Gironde un département hautement touristique
Tout d’abord, étudier l’impact de la LGV sur le secteur touristique girondin signifie que l’on
s’intéresse à l’état des lieux de ce secteur. Il apparait primordial que la destination girondine soit connue et
attractive auprès du grand public pour pouvoir susciter l’envie de voyager, notamment par voie ferroviaire.
La Gironde se positionne parmi les destinations les plus sollicitées en France, à la huitième place du
classement des départements les plus touristiques, avec 7 784 000 de nuitées en 2015. L’attractivité de la
destination s’est bâtie sur les nombreuses aménités naturelles et patrimoniales, qui ont permis à la Gironde
d’être une destination touristique dès la fin du 19ème siècle. Aujourd’hui la Gironde bénéficie d’une bonne
notoriété puisque l’image de l’Aquitaine reste associée à celle des côtes littorales mais aussi à celles de
Bordeaux et du vin. En résultat, le tourisme girondin enregistre de fortes fréquentations que ce soit en
milieu urbain avec le premier parc hôtelier aquitain ou sur le littoral avec un nombre de nuitées en hôtellerie
de plein air qui talonne celui enregistré dans les Landes. Les taux d’occupation restent plus élevés en
Gironde que dans le reste de l’Aquitaine, sans compter le fait que les capacités d’hébergements marchands
ne cessent de croître. En revanche, la Gironde trouve ses faiblesses dans l’incapacité d’une partie de son
activité touristique à innover et à s’adapter aux nouveaux comportements touristiques. Par exemple,
l’image du département s’est ternie auprès d’une partie des étrangers qui ont ressenti un mauvais accueil
de la part des professionnels ; problème récurrent en France.
Pourtant grâce à la mondialisation des moyens de communication et de transport, la part des
touristes étrangers progresse. Les étrangers proviennent surtout des pays voisins d’Europe occidentale (20
% d’allemands, 17% de britannique, etc.), cependant la proportion de ces touristes proches diminue pour
laisser place à de nouveaux arrivants comme les européens de l’est. De même et alors que les marchés
lointains (nord-américains, africains, asiatiques…) étaient marginaux, ceux-ci progressent le plus ; comme
en témoigne le dynamisme de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac qui accueille un nombre croissant de
passagers non-européens. Par contre, avec 90 % des séjours, le tourisme en Gironde reste essentiellement
français ; qui se décompose à 68 % d’extra-régionaux et de 8 % d’aquitains (hors Gironde) et de 14 %
d’habitants de la Gironde. Malgré une part importante de touristes locaux, 1/3 des voyages vers le
département concerne le bassin parisien et représente près de 45 % des nuitées en 2014. Ainsi, le projet
de la LGV par rapport aux tendances touristiques prend son sens car on peut formuler l’hypothèse que la
LGV devrait soutenir le tourisme en provenance de l’Ile-de-France, en plus d’aider à conquérir les marchés
de l’est et du nord pour l’instant encore marginaux.
1 Le touriste voyageant la journée sans passer une nuit sur place est qualifié d’excursionniste.
A partir de cet état des lieux, on peut affirmer que le tourisme occupe une part non-négligeable dans
l’économie girondine. Le tourisme en 2011 aurait cumulé 747 millions d’euros de richesse dégagée, soit 2,9
% du total du département. Bordeaux et sa périphérie ont surtout contribué à ce résultat puisqu’elles
concentrent 62 % de la richesse touristique départementale contre 26 % sur le littoral et 12 % à l’intérieur
du département. Néanmoins la performance demeure sous optimale car un touriste dépense en moyenne
44 € par jour, soit 5 € en moins que la moyenne en Aquitaine, sauf pour les étrangers dont la dépense reste
élevée quel que soit le lieu en Aquitaine. Ainsi, le tourisme réussit à stimuler le marché du travail car le
secteur représente 3,8% de l’emploi total, soit 17 300 ETP et ce secteur connait une progression constante.
Néanmoins, la forte saisonnalité de ces emplois est préjudiciable à la fois pour certaines communes
littorales qui perdent de leur vitalité hors saison estivale, et pour une partie des travailleurs eux-mêmes qui
se retrouvent en situation de précarité.
Pour autant, ce bon dynamisme économique du tourisme cache une hétérogénéité de situations
parmi les territoires au sein de la Gironde. Certains d’entre eux concentrent les flux touristiques au
détriment d’autres qui possèdent peu de ressources valorisables, ou mal valorisées. Ainsi, on suppose
aisément que l’apport de voyageurs supplémentaires grâce à la LGV n’aura pas le même impact d’une partie
du département à une autre.
Tout d’abord, Bordeaux et son unité urbaine forment un bassin touristique dynamique. La ville de
Bordeaux dont une partie est classée patrimoine mondiale de l’UNESCO, attire de nombreux touristes grâce
au cadre de vie, aux monuments et à la culture. De nombreuses activités touristiques s’y développent et
tendent à favoriser des innovations dans ce secteur. Le tourisme d’affaires profite à la ville qui accueille les
infrastructures d’accueil et des congrès mais aussi à la périphérie avec de nombreux hébergements
marchands. D’ailleurs la métropole se caractérise par une montée en gamme dans l’hôtellerie au centre
contrairement aux communes limitrophes, plus orientées vers le bas de gamme et les classes économiques.
L’offre de la périphérie et son centre se complètent, pour ainsi proposer une gamme d’hôtellerie complète.
Il est nécessaire de maintenir cette diversité car lorsqu’un secteur de l’hôtellerie rencontre des difficultés,
les autres peuvent le soutenir. Dès lors, les revenus de l’hôtellerie restent stables pour la collectivité,
comme la Taxe Professionnelle Unique (TPU). Cependant il demeure quand même nécessaire de
développer une offre pour l’ensemble des revenus et d’améliorer la qualité de l’accueil. Pour finir, Bordeaux
Métropole a ces dernières années développé des branches touristiques comme l’oenotourisme (Cité du
Vin, Wine Tour trip…), le tourisme fluvial. La métropole tente aussi de valoriser son image avec la
gastronomie qui plait aux étrangers, et de créer un tourisme événementiel très porteur.
Le second territoire que l’on peut qualifier de dynamique est le Bassin d’Arcachon. Le bassin
touristique se retrouve à mi-chemin entre une station balnéaire avec une saisonnalité forte l’été et un
milieu plutôt urbain qui fonctionne le reste de l’année. Il existe une faible dynamique de tourisme d’affaires
avec un centre des congrès présent dans l’agglomération. Grâce à son accès au TGV et à certaines lignes
directes depuis Paris, le tourisme d’affaires se développe mais reste pour le moment limité à un
rayonnement à dimension régionale. Par contre, le tourisme balnéaire attire des marchés plus lointains
dont celui d’Ile-de-France, qui par la même occasion bénéficie au marché immobilier des résidences
secondaires. Le Bassin d’Arcachon profite d’une très bonne notoriété grâce à l’ancienneté des stations
balnéaires comme Arcachon ou Lège-Cap-Ferret, à la remarquable Dune du Pilat ou à des produits locaux
comme les huîtres. En conséquence, le bassin touristique s’est orienté vers une offre moyen et haut de
gamme comme le montre l’hôtellerie et l’ouverture d’un restaurant étoilé. Quoiqu’il en soit le cadre de vie
attire, à l’image des 1 900 000 de visiteurs de la Dune du Pilat. A l’inverse, le littoral médocain se classe
plutôt comme une destination moyen et bas de gamme. L’hébergement marchand est principalement
composé d’hôtels de plein air où on retrouve toute les catégories. Le littoral est définitivement un bassin
touristique estival où les effets saisonniers se manifestent le plus. Les taux de remplissage l’été équivalent
à ceux de l’hôtellerie bordelaise (les plus élevés en Gironde) et ainsi toute la saison touristique s’étend de
juin à septembre. Sur ce littoral, seule la station balnéaire de Lacanau se démarque des autres, car elle
combine un tourisme prometteur lié au surf et des activités de golf, aboutissant à une diversification de
l’offre de ce bassin touristique. De même, les lacs retro-littoraux attirent un tourisme vert et du
cyclotourisme mais qui restent encore limités. Le bassin touristique devrait au final peu profiter des effets
de la LGV du fait de son éloignement du réseau ferré et de son difficile accès en transport en commun.
Par la suite, le territoire des vignobles se qualifie pour l’instant, comme une zone moyennement
dynamique ; mais le développement récent de l’oenotourisme a commencé une véritable mise en tourisme.
Cette filière apparait prometteuse car elle possède une position concurrentielle élevée ainsi qu’un
potentiel de développement puissant, grâce à la notoriété mondiale du vin de Bordeaux. Pour le moment,
elle subit certaines failles comme le problème d’opacité de l’offre ou son image élitiste, rendant le tourisme
du vin sous-optimal. Néanmoins l’oenotourisme s’est récemment ouvert et attire un nombre croissant de
touristes, avec 4,3 millions de visiteurs déjà en 2009. L’oenotourisme offre l’avantage d’arriver à une
consommation touristique supérieure à la moyenne, rendue possible par la vente directe de produits
facilement exportables (vin, spécialités gastronomiques). Le bassin touristique tend à attirer une clientèle
plutôt haut de gamme à l’image de l’offre d’hébergement. Depuis quelques années l’hôtellerie 3, 4 et 5
étoiles s’est effectivement développée en parallèle aux activités de golf et aux restaurants étoilés.
Néanmoins, les hébergements alternatifs comme les gîtes se multiplient et attirent une clientèle moins
fortunée. Ensuite, les vignobles profitent d’une saison touristique plus étalée par rapport au littoral (elle
commence dès le printemps, avec certains longs week-ends notamment). Pour finir, le bassin touristique
des vignobles profite d’un accès TGV avec la ville de Libourne qui tend elle aussi à se dynamiser avec le
tourisme fluvial et urbain.
Pour compléter le paysage du tourisme en Gironde, le bassin dit rural correspondant principalement
au sud du département, connait une faible dynamique. En cause, peu de ressources sont valorisables. Le
parc d’hébergements marchands demeure faible en volume et plutôt bas de gamme. Le bassin touristique
profite d’un cadre de vie favorable à un tourisme vert et au cyclotourisme lors de la saison estivale.
Néanmoins la faiblesse du nombre de touristes permet de dynamiser les villages et campings municipaux.
II) La grande vitesse ferroviaire : un effet levier pour le tourisme ?
L’offre girondine connait une vitalité liée à une demande croissante du tourisme ; le tout provoqué
par l’augmentation de l’accessibilité du territoire (diminution globale du coût généralisé du transport). Dans
ce contexte de marché spatialisé où les moyens de communication et de transport permettent de mettre
en relation l’offre et la demande, la LGV participera à l’amélioration des échanges2 ; mais de manière
limitée dans le cadre du tourisme. En effet, on peut constater que la plupart des touristes préfèrent voyager
en voiture plutôt que par le train (tableau 1). L’été, la proportion de touristes en voiture atteint 90 % à
cause du tourisme balnéaire qui attire les familles. Pour eux, la voiture représente un coût plus faible par
personne dès que l’on voyage à trois ou plus, en plus d’être pratique lors du séjour pour se déplacer. En
hiver, le tourisme urbain et surtout d’affaires fait tomber cette proportion à 80 %, au profit du train qui
récupère 10 % de part de marché.
Tableau 1 : Moyen de transport des touristes à destination de la Gironde en 2012
En % des séjours Gironde/Année Gironde/Eté Gironde/Hiver
Route 86% 90% 80%
Fer 9% 5% 15%
Air 5% 4% 5% Sources : Tourisme Gironde, 2013.
En revanche parmi les transports en commun, le TGV est privilégié pour les voyages à longues
distances, même si les cars viennent durement concurrencer les chemins de fers. Ensuite, sur le flux total
des voyageurs empruntant le TGV, seulement 12,5 % des voyageurs ont pour motif les vacances parmi les
63,8% des voyageurs à motif personnel. Cependant près de la moitié utilise le TGV pour une visite à la
famille ou les amis ; soutenant ainsi le touriste affinitaire, moins dépensier (les touristes ne prennent pas
d’hébergement marchand en général). Par contre, les profils de voyageurs TGV donnent deux autres
perspectives intéressantes. Sur le tiers restant de voyageurs à motif professionnel, près de 80 % d’entre eux
se révèlent être des touristes d’affaires, une branche qu’exploite actuellement Bordeaux Métropole.
Ensuite, les voyageurs s’identifient plus à des CSP supérieures, avec un potentiel de dépenses plus élevé
que la moyenne et qui pourrait alimenter le secteur moyen et haut de gamme.
Enfin le projet de la LGV va placer Bordeaux à 2 h 05 de Paris (trajets directs). Dès lors, la liaison Paris-
Bordeaux par TGV, ainsi que l’ensemble des nouvelles destinations à moins de 3 de Bordeaux, entre dans
la « zone de pertinence » où le coût généralisé du transport ferroviaire devient le plus compétitif. Ainsi,
l’attractivité nouvelle du TGV aura comme effet de produire un report modal : les touristes qui
habituellement utilisaient un autre mode de transport vont potentiellement se tourner vers le TGV. On
estime ainsi que 56 % des voyageurs de la future ligne Bordeaux-Paris seront issus de ce report modal. Ainsi,
les 44 % restants seront de nouveaux voyageurs dont des touristes, qui emprunteront le TGV pour voyager
en Gironde, alors qu’avant la nouvelle offre, ils n’auraient pas exprimé le souhait d’y aller. Il s’agit donc de
l’effet induit de la grande vitesse ferroviaire qui grossira réellement le flux de touristes à destination de la
Gironde ; l’impact de la LGV sur le tourisme girondin réside dans cet effet induit.
Ainsi en admettant que les voyageurs de la LGV suivent le même profil recensé plus haut, et si on se
base sur l’estimation du nombre de voyageurs supplémentaires d’ici 2019 de la SNCF, alors le nombre de
2 L’impact de la LGV sur le tourisme signifie aussi que la Gironde va devenir un marché touristique émetteur plus important car il deviendra plus facile d’aller à Paris et autres destinations françaises, voire européennes (Bruxelles avec le Thalys, Londres avec l’Eurostar). De même les girondins pourront profiter d’un accès privilégié aux aéroports parisiens pour voyager vers les destinations lointaines.
touristes toutes catégories confondues s’estiment à environ 355 000 touristes arrivant en gare de Bordeaux
Saint-Jean par an3. Dès lors, le nombre de touristes supplémentaires, issus de l’effet induit s’estime à
environ 156 000 par an, dont une partie d’entre eux seront des touristes affinitaires (avec une
consommation touristique plus faible).
Par analogie avec l’hétérogénéité de l’offre touristique en Gironde, le flux additionnel de touristes
va se diffuser de manière inégale spatialement. Ce constat-là est issu des expériences passées de l’impact
de la grande vitesse ferroviaire sur les territoires, où les centres urbains demeurent les plus favorisés. En
prenant une vision large de l’économie, la LGV risque de défavoriser Bordeaux par rapport à Paris où les
effets de métropolisation, d’économies d’urbanisation et d’agglomération. Néanmoins, en résonnant à une
échelle plus locale, on peut supposer que Bordeaux devrait attirer les entreprises tertiaires des villes
environnantes,gagner en population, au détriment d’autres villes moyennes. De plus, à cause de la
meilleure connexion aux autres métropoles françaises, la LGV devrait aider la métropole d’Aquitaine à
s’affirmer dans le paysage métropolitain national et européen. Ces effets restent importants car ils diffusent
une image dynamique de la ville et donc influent indirectement sur la perception de Bordeaux par les
touristes potentiels. Les effets de la LGV demeurent par contre plus discutables sur des villes moyennes.
Pour une partie de la littérature, la puissance des effets dépendent de la distance de Paris ou d’une autre
métropole. En outre, les études restent d’accord pour signifier que l’armature urbaine ne sera pas
déstabilisée, mais certains auteurs affirment qu’il pourrait avoir une diminution des rapports de forces
entre les centres et leurs périphéries à l’échelle nationale et régionale. Enfin, des facteurs microscalaires
comme la localisation de la gare (exurbanisée ou centrale à l’échelle de la ville), la rénovation de quartiers
autour des gares, influent sur l’effet levier des infrastructures. Par exemple, les gares centrales favorisent
le tourisme en diminuant le coût de la rupture de charge, comme ce qu’on peut observer à Bordeaux.
Sur le plan du tourisme uniquement, la littérature scientifique et technique a stipulé que la grande
vitesse ferroviaire a tendance à favoriser le tourisme urbain et d’affaires, que ce soit en France ou à
l’étranger. Par exemple des villes comme le Mans et Tours ont vu leur fréquentation de touristes d’affaires
augmenter grâce à l’accès direct au bassin parisien. 70 % des congrès au Mans relèvent d’entreprises de la
région parisienne et à Beaune, l’implantation du palais des congrès aurait été impossible sans la LGV Est-
Méditerranée. De même le tourisme urbain a été privilégié grâce à la LGV, comme à Troyes ou à Reims, qui
reçoivent un tourisme de week-end en provenance de Paris. En effet, la concentration d’activités
touristiques dans un périmètre urbain limité permet aux touristes d’aller d’un site à un autre sans avoir
besoin d’une voiture. A contrario le tourisme vert ne peut être favorisé sauf à condition d’une bonne
rupture de charge comme on peut observer l’hiver dans les stations de skis des Alpes. Une exception a vu
le jour avec les stations balnéaires directement desservie par le TGV (La Baule, Les Sables-d’Olonne, etc.)
où l’absence d’un transport en commun efficace n’altérait pas l’attractivité de la destination. Pour autant,
l’effet de la LGV dépend ainsi de l’efficacité du post-acheminement à la sortie de la gare et de la
concentration des sites touristiques. Un autre aspect tend à dire que la grande vitesse ferroviaire donne
l’avantage de répondre aux nouvelles pratiques du tourisme qui s’apparentent de plus en plus aux courts
séjours (moins de 4 jours). Dès lors le nombre de touristes s’accroît car la surface des zones isochrones
augmentent et incluent un marché plus large. Toutefois, le rapprochement des villes grâce à la grande
vitesse a provoqué une diminution du nombre de nuitées, notamment dans le secteur du tourisme
3 Cet effectif se divise entre les touristes d’affaires 211 555 voyageurs et 143 703 de passagers pour raisons privées, à l’horizon 2019.
d’affaires. Ceci pourrait être le cas surtout pour Bordeaux car bientôt il sera possible de faire l’aller-retour
en une journée, tout en disposant d’assez de temps à destination pour les activités d’affaires.
En suivant l’ensemble des résultats des études sur le sujet, l’hypothèse que les bassins touristiques
urbanisés et donc bien connectés au réseau à grande vitesse, concentreraient l’ensemble de la nouvelle
demande touristique que les LGV peuvent offrir à un territoire. En conséquence, Bordeaux et dans une
moindre mesure, Libourne et Arcachon (station balnéaire en bout de ligne de TGV), devraient vraiment
s’accaparer l’ensemble des touristes de la nouvelle LGV. Une part marginale des touristes pourraient se
disperser vers les autres bassins touristiques avec les transports départementaux, les TER ; mais aussi avec
un service de location ou de taxi pour le tourisme haut de gamme dans certains châteaux. Cependant,
l’ensemble de la littérature s’accorde à penser sur un point crucial : le lien entre l’implantation
d’infrastructures à haute vitesse et le développement du tourisme n’est pas systématique. Deux facteurs
viennent conditionner ce lien. Le premier admet que la destination ait bien entendu des ressources
touristiques à mettre en valeur. Le second facteur indique que le développement touristique dépend avant
tout de la mobilisation des acteurs locaux. Malgré une accessibilité privilégiée du territoire à un marché qui
s’élargit, si les acteurs locaux ne possèdent pas un financement optimal pour valoriser une ressource, ou
ne considère pas l’opportunité qu’offre la grande vitesse ferroviaire pour développer un projet touristique,
alors l’effet LGV sera amoindri voire nul. Pour finir, une limite s’impose à l’ensemble des auteurs des
différentes études. Les différents effets LGV sur l’économie spatiale restent difficiles à démontrer, voire
impossible à généraliser à cause de faiblesses méthodologiques (indicateurs choisis, temporalités et
échelles considérés, etc.) et de la diversité des cas empiriques où l’impact de la LGV est ad hoc.
III) Le nécessaire renouvellement du tourisme opéré par les acteurs locaux
La question du développement touristique sur un territoire donné dépend ainsi de la mobilisation
des acteurs, qui comprennent l’enjeu du tourisme et les opportunités à saisir pour voir apparaître des
retombées économiques. L’enjeu demeure important puisque le tourisme mondial tend à s’accroître.
D’après les dernières estimations de l’OMT, le secteur devrait connaître une croissance annuelle de 3,3 %
jusqu’en 2030. De plus, avec la réduction des coûts de transport, l’émergence des classes moyennes et
l’affirmation des élites dans le monde, la consommation touristique devrait augmenter. Notamment le haut
de gamme du tourisme devrait continuer à se développer, à l’avantage des destinations traditionnelles
comme la France qui possède une certaine expérience dans ce domaine. Cependant l’ouverture de l’horizon
du marché touristique mondial annonce un durcissement de la concurrence entre les destinations, du fait
qu’elles se multiplient. Cela oblige la Gironde à s’adapter rapidement aux exigences des nouvelles
clientèles, de choisir entre la spécialisation ou non de la destination par rapport aux offres concurrentes. La
spécialisation du tourisme implique une protection (souvent temporaire) du territoire face à ses
concurrents mais une dépendance de sentier. Quelle que soit le choix, la Gironde doit renouveler son offre,
innover, le tout dans un souci de développement durable.
Relever les nouveaux défis se heurte à un problème de coordination des acteurs impliqués dans le
tourisme. Entre la multiplication des acteurs privés de divers horizons et l’opacité de la « compétence »
tourisme au sein des collectivités territoriales, mener un projet touristique s’annonce compliqué dans
certains cas. Tant au niveau de l’Etat qu’à celui des collectivités locales, le tourisme n’est pas défini comme
une compétence à part entière, mais est relayé comme une sous-branche du développement économique.
Dès lors il s’agit souvent de la Région qui se place comme chef de file dans le développement touristique,
tandis que l’Etat intervient à travers les Contrats Etat-Région ou les contrats de destination pour des
thématiques spécifiques. A l’échelle des communes et intercommunalités, il existe encore un conflit dans
le cadre de la loi NOTRe sur l’appropriation des affaires touristiques entre ces deux entités locales.
Néanmoins dans le cas de la Gironde, les différents échelons ont relativement réussi à se coordonner,
pour que chacun mène une politique complémentaire. D’abord la région Aquitaine s’est emparée du
problème de la qualification du personnel, ainsi que celui de l’aide aux entreprises. Un des axes consiste à
s’occuper de problématiques particulières (urbain, rural, littoral) avec les échelons inférieurs. Le
département quant à lui s’est récemment concentré sur l’amélioration de l’oenotourisme (labélisation,
création de route des vins, etc.). De plus avec notamment le vin comme produit phare, les acteurs locaux
ont développé des produits dérivés, et ont soutenu des entreprises qui innovent. Le département affiche la
volonté d’améliorer la coordination des acteurs en les faisant se rencontrer lors de réunions régulières. Très
récemment le tourisme fluvial sous optimisé a été l’objet du Conseil Départemental. Par la suite, les pays
sont peu nombreux à avoir une thématique tourisme et les actions restent limitées. Enfin parmi les blocs
communaux, seuls Bordeaux et Libourne communiquent sur leurs ambitions en matière de tourisme.
Notamment Bordeaux aspire à s’affirmer comme une des plus grandes places d’affaires en France, mais
aussi à accroître l’importance de la destination pour les touristes urbains, développer l’évènementiel, le
tourisme gastronomique… Libourne apparait plus limitée mais affiche une ambition de s’imposer comme
une escale de choix pour le tourisme fluvial et de développer le tourisme urbain. Finalement, ces deux villes
demeurent les seules à considérer la LGV comme une opportunité de développer leurs projets même si
d’autres facteurs viennent en considération (développement aéroportuaire, renouvellement urbain, etc.).
De surcroît l’opportunité de la LGV est réellement saisie par leurs projets urbanistiques. Il s’agit
d’opérations de renouvellement de quartiers proches de la gare à Bordeaux (qui fait l’objet d’une OIN) et
du centre-ville de Libourne. Néanmoins ces projets dépassent le cadre du tourisme et ont pour but d’attirer
des entreprises, de dynamiser l’activité commerciale… Le tourisme est bel et bien compris dans les
opérations urbaines comme le quartier Euratlantique, qui en plus d’avoir un effet vitrine qui donne bon
effet aux touristes, permet d’avoir une offre d’hôtels de luxe et des équipements pour le tourisme d’affaires
à proximité immédiate de la gare.
On ressent ainsi une certaine mobilisation d’un nombre limité d’acteurs par rapport au projet de la
LGV, mais une prise en compte plus massive des questions autour du tourisme. Malgré les diverses
politiques, notre étude propose d’autres préconisations en complément de actions menées. Ces
préconisations s’inspirent d’expériences touristiques sur d’autres territoires, organisées en 6 axes et se
présentent comme des exemples (la liste n’est pas exhaustive). Ainsi certains conseils formulés visent
uniquement à supprimer les faiblesses du tourisme sans prendre en compte le projet de la LGV, tandis que
d’autres ont pour but de trouver une solution à l’optimisation de l’arrivée de la LGV.
Le premier axe s’intéresse à l’amélioration du capital humain pour créer une main d’œuvre qualifiée
sur le long terme. Il stipule de créer un véritable centre de formation universitaire et professionnel du
tourisme, dont un laboratoire de recherche et un cursus universitaire pluridisciplinaire du tourisme. Le
laboratoire aurait aussi la mission d’assurer une veille sectorielle touristique. La nécessité de la formation
continue du personnel déjà en activité demeure essentiel, avec la promotion d’outils simple comme le
« tourisme academy » ou de proposer des stages, conférences, d’une demi-journée ou plus pour faire une
véritable sensibilisation. Certaines intercommunalités ont commencé à le faire, il s’agit-là de généraliser à
l’ensemble du département. Le second axe se concentre plutôt sur la dynamique de l’innovation avec, entre
autres, l’élaboration d’un cluster tourisme. Ce cluster même de très petite taille pourrait être mis en
relation avec d’autres structures de la sorte et se forger une identité afin d’attirer même des entreprises
extraterritoriales. Le second point est une forme de sensibilisation des entreprises girondines aux nombreux
moyens de financement de projets touristiques innovants qui sont comme on le déplore encore
relativement méconnus. Dès lors, il s’agit de former un ou deux personnels pour mener cette sensibilisation
et aider au montage de projets, de mettre en relation les entreprises avec certaines banques, business
angels, aides de l’Etat…
Le troisième axe demande à diversifier les activités touristiques pour créer une destination
concurrentielle. Notamment, il s'agit d’outrepasser le cloisonnement des filières avec par exemple le
tourisme fluvial, qui peut s’accorder à l’oenotourisme mais aussi à d’autres thèmes comme le
cyclotourisme. D’autres idées peuvent émerger et pour cela il faut obliger les acteurs du tourisme à les
rencontrer pour échanger et faire des projets, le tout en lien avec les pouvoirs publics et acteurs privés en
veille sectorielle. En outre, il est aussi préférable d’aider à développer toutes les micro-filières pour
proposer une offre complète aux touristes. L’axe 4 rassemble quelques idées en faveur de la promotion de
l’offre girondine et améliorer l’image de la destination. Un effort reste encore à faire sur la clarté de l’offre,
la suppression des sites doublons comme dans l’oenotourisme, etc. De plus, il faut continuer
perpétuellement à démarcher les marchés surtout ceux qui sont lointains, développer des campagnes
publicitaires récurrentes et innovantes. Pour cela, il faut investir dans les outils numériques, pour favoriser
la création de portails de services nomades et multilingues dans les destinations touristiques, de continuer
à soutenir la création et la partage de bases de données. In fine en plus d’améliorer l’information auprès
des touristes, les outils numériques permettent aussi aux professionnels du tourisme de les informer de
manière efficace sur les nouvelles tendances.
L’axe suivant concerne le développement durable par l’aide à l’adoption des pratiques éco
touristiques. Là, il s’agit de mettre en œuvre des aides spécifiques pour que les entreprises puissent mettre
en place des démarches de haute qualité environnementale par la sensibilisation de certaines pratiques. En
outre, il serait urgent d’établir un véritable Plan qualité tourisme qui prenne en compte les normes
environnementales. Enfin, les acteurs locaux doivent prendre conscience des concepts innovants que l’on
peut développer dans le secteur de l’hébergement à travers l’habitat écologique. Le second objectif de l’axe
vise à lutter contre la précarité de l’emploi par la création d’un guichet unique pour aider les travailleurs à
réaliser toutes leurs formalités et à trouver des emplois complémentaires dans l’année. L’autre but consiste
à organiser ces flux de travailleurs en soutenant le projet de « titre hébergement » (cf. ministère du
Logement) destiné à l’hébergement temporaire des personnels en situation de mobilité.
Enfin l’axe 6 est le seul qui se penche sur les questions d’aménagement urbain, où il est envisagé de
faire des gares de véritables plateformes multimodales. La superposition du centre des réseaux de
transports en commun urbain et inter urbain amoindrirait de manière efficace le coût de rupture de charge.
Il s’agit d’implanter la gare routière à proximité, ou de faciliter l’accès aux différentes navettes par exemple.
Pour le touriste venant par le train restera la première impression et expérience de la destination. Dès lors,
la mobilité des touristes doit être facilitée au maximum. De même, il demeure primordial de rendre la gare
plus accueillante, notamment auprès des étrangers (panneaux multilingues, application gratuite pour
s’orienter, etc.). L’idée la plus simple et la plus efficace consiste à ouvrir un office de tourisme, ou un point
relais soit dans la gare ou dès la sortie de la gare. A partir de là des agents ou des bornes électroniques
pourront donner les informations utiles et délivrer dès la sortie du train, le City Pass. Cette action
améliorerait sensiblement la qualité de l’accueil par un accompagnement dès l’arrivée du touriste qui se
sentira guidé et accueilli.
Conclusion
En conséquence de l’ensemble de l’analyse de l’impact de la LGV sur le tourisme girondin, une
estimation des retombées financières a été réalisée. Il s’agit uniquement de la consommation brute que
réalisent les touristes issus de l’effet induit de la LGV sur le territoire. Plusieurs scenarii ont été construits
selon l’investissement des acteurs autour du tourisme d’affaires ou du tourisme privé. Ici, le scenario 1
montre par exemple, l’impact sur le long terme (jusqu’à 30 ans d’exploitation de la ligne) d’un
investissement égal entre les deux types de tourisme (graphique 1). On remarque sur les trois premières
années, l’effet saut de trafic estimé où la LGV n’atteint pas à sa capacité maximale. Il faut attendre environ
4-5 années avant d’y parvenir. Au final, la LGV devrait injecter près de 80 millions d’euros brut après 30
années en supposant que la consommation touristique reste stable. L’autre hypothèse admet que cette
consommation augmente de 0,1 % par an, en partie due à l’amélioration de l’accueil et la prise en compte
de certaines préconisations formulées. Dans ce cas, 10 millions d’euros supplémentaires pourront être
injectés dans le tourisme en Gironde. Enfin, il faut annoter que ce sera l’unité urbaine de Bordeaux qui va
bénéficier en majoritairement des retombées économiques, grâce à son accessibilité privilégiée et à sa
politique touristique. Dès lors on estime que sur les 80 millions de retombées du scenario 1, Bordeaux
concentrera 62,8 millions d’euros, le bassin touristique des vignobles et celui d’Arcachon se partageront
respectivement 8,9 et 7,3 millions d’euros à l’horizon de 2047.
Graphique 1 : Estimation des retombées économiques du scenario 1
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Réalisé par l’auteur.
IMPACT DE LA LIGNE A GRANDE VITESSE TOURS-
BORDEAUX SUR LE TOURISME EN GIRONDE
Brewenn Métayer
M2 professionnel Aménagement et Développement des Territoires – Université de
Bordeaux
2
Sommaire
Introduction ............................................................................................................................................................ 4
I) Croissance, diversification et complexification de l’activité touristique ........................................................ 6
1.1) La géopolitique du tourisme : un enjeu grandissant pour les territoires .............................................. 6
1.2) Une compétence territoriale mal définie et une multiplication des acteurs qui compliquent le
développement touristique ................................................................................................................................ 9
1.3) Le défi des territoires face à l’évolution du tourisme .......................................................................... 13
II) Des études antérieures qui admettent une impossible identification de l'impact de la grande vitesse
ferroviaire sur le développement touristique ....................................................................................................... 16
2.1) Un difficile lien de causalité entre implantation des LGV et développement territorial ..................... 16
2.1.1) Un difficile lien de causalité entre implantation des LGV et développement territorial ................... 16
2.1.2) Une possibilité de développement du tourisme urbain et d’affaires grâce à la LGV ....................... 19
2.2) Une combinaison de facteurs ad hoc en complément de la LGV dans chaque territoire à l’origine de
la croissance touristique ................................................................................................................................... 21
2.2.1) La richesse touristique et la mobilisation des acteurs locaux : la combinaison primordiale ............. 22
2.2.2) La modification des caractéristiques des touristes suite à l’amélioration de l’accessibilité .............. 24
2.2.3) Un développement touristique sur les territoires connectés encore difficile à déterminer ............. 28
III) Le développement de filières touristiques spécifiques à la typologie des voyageurs des TGV ....................... 31
3.1) Une motivation principalement personnelle de l’usage du TGV de la part d’une clientèle aisée............. 31
3.2) Concurrence entre les modes de transports : le TGV reste marginal ....................................................... 33
3.2.1) Un coût de transport généralisé pas toujours compétitif .................................................................. 33
3.2.2) Un impact de la LGV limité par la concurrence du mode de transport aérien................................... 37
IV) Diagnostic du tourisme en Gironde : un département dynamique dans le paysage touristique français ...... 41
4.1) Un bon positionnement de la Gironde dans le tourisme français ............................................................. 42
4.1.1) Présentation d’un territoire aux nombreuses aménités touristiques ................................................ 42
4.1.2) La Gironde : une destination toujours attractive ............................................................................... 45
4.1.3) Une notoriété de l’Aquitaine en partie due à Bordeaux, le littoral girondin et au vin ...................... 48
4.2) Le tourisme à travers l’hébergement touristique : une évolution positive ......................................... 52
4.2.1) Un secteur hôtelier en croissance, plus particulièrement en Gironde .............................................. 52
4.2.2) Une hôtellerie de plein air attractif, de plus en plus ressemblant à l’hôtellerie classique ................ 63
3
4.2.3) Bilan de l’hébergement marchand positif malgré une faiblesse de l’offre en hébergement alternatifs
...................................................................................................................................................................... 70
4.3) Les nouvelles filières porteuses pour le tourisme girondin ....................................................................... 75
4.3.1) L’Oenotourisme : une filière d’avenir à optimiser ............................................................................. 75
4.3.2) Le tourisme d’affaires : un potentiel de développement intéressant ................................................ 79
4.3.3) Le tourisme fluvial comme potentiel de différenciation de l’offre .................................................... 83
4.3.4) La forte dynamique d’innovation touristique .................................................................................... 87
4.4) Logiques territoriales et poids du tourisme .............................................................................................. 89
4.4.1) Les marchés émetteurs de proximité et potentiel TGV ..................................................................... 89
4.4.2) Le poids important de l’économie touristique ................................................................................... 94
4.4.3) Typologie territoriale : une LGV favorisant Bordeaux plus particulièrement .................................... 97
V) Politiques menées et à mener pour un impact optimal de la LGV sur le tourisme ........................................ 102
5.1) Politiques et prise de conscience des défauts de l’offre en France et en Gironde ................................. 102
5.1.1) De l’Etat à la collectivité locale, une politique touristique complémentaire ................................... 102
5.1.2) Les projets urbanistiques qui prennent conscience du potentiel de la LGV .................................... 110
5.2) Recommandations pour un effet LGV optimisé ...................................................................................... 111
5.3) Quantification des retombées économiques sur le long terme : un impact léger de la LGV sur le tourisme
........................................................................................................................................................................ 116
Conclusion ........................................................................................................................................................... 123
Liste des abréviations utilisées ............................................................................................................................ 125
Annexes
Annexe 1 : Etat des lieux de la population dans les EPCI à fiscalité propre .................................................... 127
Annexe 2 : carte de l’indice d'accessibilité du quartier de la gare Saint-Jean en transport en commun ....... 128
Annexe 3 : Méthodologie de l’INSEE pour estimer le niveau d’emplois touristiques des communes ........... 129
Références bibliographiques ............................................................................................................................... 131
Tables des matières ............................................................................................................................................ 135
4
Introduction
L’extension des réseaux de transport de plus en plus performants a permis de relier les
territoires les uns aux autres. Ainsi la création d’une infrastructure de transport telle qu’une ligne à
Grande Vitesse (LGV), contribue à une amélioration de l’accessibilité d’un territoire, offre ainsi la
possibilité d’accroitre les échanges et d’élargir l’horizon d’une économie spatialisée. Au vue des
investissements en jeu, les infrastructures de transports suscitent auprès des acteurs locaux un certain
nombre d’attentes en termes de retombées économiques. Même si la relation entre accessibilité du
territoire et développement économique n’apparait pas systématique, voire contraire dans certains
cas, la réduction du temps de trajet inclut une mutation territoriale. Dans notre étude, l’impact de
l’infrastructure de transport concerne l’extension du réseau LGV avec la Ligne Sud Europe Atlantique,
soit 302 km en Tours et Bordeaux. Ce projet s’inscrit dans une volonté plus grande de relier la France
et l’Espagne par le Pays Basque (carte 1). Avec des travaux débutés au premier semestre 2012 et d’une
durée estimée à 73 mois, l’inauguration de la ligne est prévue mi-2017, date à partir de laquelle la
Gironde bénéficiera d’une accessibilité ferroviaire privilégiée.
En même temps tout un pan de l’économie de la Gironde dépend de la dynamique du tourisme ;
activité économique en constante mutation. Alors qu’un demi-siècle plus tôt le tourisme correspondait
à des séjours balnéaires longs, de nos jours les activités touristiques se sont diversifiées au sein de
séjours raccourcis, si bien que l’on parle de tourismes plutôt que d’un tourisme. En outre, on a glissé
d’une définition du touriste comme un individu séjournant au moins 4 nuits en dehors de son lieu de
résidence, à un individu qui réalise des activités au cours de son voyage et séjour dans des lieux situés
en dehors de son environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une
année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée
dans le lieu visité (définition INSEE). Dès lors, une personne parcourant 50 km et qui passe la journée
dans un parc de loisir, tout comme une autre qui voyage pendant 3 mois seront toutes les deux
qualifiées de touriste1. Accroître l’accessibilité du département girondin induit donc la possibilité de
faciliter le voyage vers un lieu donné (coût généralisé du transport plus faible) et ainsi d’augmenter le
nombre de touristes qui dépensent localement un revenu gagné en dehors du territoire. Ainsi,
l’ouverture de la LGV peut-elle créer un impact sur le tourisme en Gironde ? Les caractéristiques de ce
transport ferroviaire sont-elles adéquats pour favoriser l’ensemble des filières du tourisme ?
Pour répondre à la problématique, le rapport se divise en cinq parties. La première présente
l’état des lieux actuel du tourisme qui sous-entend l’intérêt de s’intéresser au développement du
tourisme comme manne financière pour les territoires. Les évolutions des marchés touristiques seront
étudiées pour définir la taille des défis des territoires comme la Gironde face à cet enjeu. La seconde
partie quant à elle se présente comme une revue de la littérature, principalement scientifique sur les
expériences passées de la grande vitesse ferroviaire. La partie 2 souligne le fait que la relation entre
infrastructure et développement économique (dont le tourisme) n’apparait pas systématique et reste
conditionnée par un ensemble de facteurs comme la mobilisation des acteurs locaux, la mise en
1 Le touriste voyageant la journée sans passer une nuit sur place est qualifié de d’excursionniste.
5
tourisme d’aménités locales, le travail de l’image du territoire, etc. En parallèle, le TGV ne se place pas
comme un mode de transport dominant et par conséquent, transporte un faible nombre de passagers
supplémentaires susceptibles de venir en Gironde (partie 3). Néanmoins, la grande vitesse ferroviaire
demeure un mode de transport privilégié de voyageurs des Catégories Socio-Professionnelles (CSP)
supérieures avec des revenus confortables et susceptibles de consommer plus que les autres profils
de touristes. Ainsi la quatrième partie se focalise sur le diagnostic du tourisme en Gironde et s’intéresse
à caractériser l’offre et son évolution. Cela révèle qu’une partie du territoire peut vraiment considérer
la nouvelle offre de transport ferroviaire comme une opportunité de développement touristique car
le profil touristique correspond aux attentes des passagers du TGV. On verra notamment que la
Gironde avec Bordeaux et les vignobles a choisi un tourisme orienté vers le haut de gamme qui la
différencie des autres marchés récepteurs. Pour finir, le rapport nous informe sur les politiques envers
le tourisme que mènent les acteurs locaux face aux faiblesses identifiées (partie 5). Cela nous amène
à établir une série de recommandations pour optimiser l’arrivée de la LGV ; et que ce dernier soit
réellement un levier de développement économique et touristique. Le rapport s’achève avec une
estimation des retombées économiques de la demande supplémentaire provoquée par la LGV,
correspondant à une estimation de l’impact quantitatif de la LGV sur le tourisme en Gironde.
Sources : RFF, 2012.
Carte 1: Réseau LGV en 2012 et les projets en construction
6
I) Croissance, diversification et complexification de l’activité
touristique
1.1) La géopolitique du tourisme : un enjeu grandissant pour les territoires
Pour un territoire qui possède des ressources valorisables par l’activité touristique, la question
se pose de savoir quel potentiel représente le tourisme et ses retombées économiques. La réponse
tient dans un premier fait que depuis 2012, le nombre de touristes dans le monde a dépassé le milliard
(ITP Report, 2015). De 25 millions dans le monde en 1950, le nombre de touristes a crû à 186 millions
en 1970, puis à 436 millions en 1990 et à 940 millions en 2010 pour dépasser le seuil d’un milliard en
2012. En outre les projections de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) prévoient une croissance
annuelle moyenne du nombre de touristes de 3,3% d’ici 2030 (OMT, 2014). A l’image de
l’augmentation de la population ce dernier siècle, le nombre de touristes a aussi suivi une croissance
exponentielle. L’activité touristique reste prospère puisqu’entre 2002 et 2012, seule l’année 2009 a
connu un recul des recettes touristiques à l’échelle mondiale, avec une baisse de 1%. Néanmoins les
années suivantes ont connu une augmentation de 5 %, 3% et 2,5 % en 2010, 2011 et 2012 ; ainsi que
2014 et 2015 qui devraient suivre cette tendance. Ainsi les flux économiques liés au tourisme
traversent le globe et ne cessent de grossir. Dès lors le territoire quelle que soit l’échelle a la possibilité
de capter une partie de ces voyageurs qui consomment localement leur revenu provenant d’un autre
pays. De ce point de vue, certains pays semblent plus performants que d’autres, comme les pays
émergents qui ont connu une croissance de 4,1% des arrivées en 2012, contre 3,6% pour les pays
développés. L’ensemble des arrivées toutes destinations confondues a continué de croître en 2014 à
hauteur de 4%. D’après l’OMT, près de 300 millions d’emplois dans le secteur touristique mondial
seront créés d’ici 2019 (baromètre OMT, 2015). Le tourisme représente 30 % des exportations
mondiales de services à hauteur de 1,4 milliard de dollars US par an, et 45 % des services totaux
exportés par les pays en développement. Ces chiffres attestent donc l’importance de l’économie du
tourisme.
Figure 1: Les chiffres du tourisme mondial en 2015
Sources : Organisation Mondiale du Tourisme, 2016.
La croissance des flux de touristes s’explique par plusieurs facteurs aboutissant à la
mondialisation de l’activité touristique et à l’élargissement de l’horizon des marchés de chaque
10 % GDP1/11 JOBS
US$ 1.4 TRILLION
IN EXPORT
7% OF WORD'S EXPORTS
30% OF SERVICES EXPORTS
WHY TOURISM MATTERS
7
territoire connecté au réseau mondial (Matelly, 2013). Le premier facteur est tout d’abord dû à
l’émergence économique d’un certain nombre de pays ou d’une certaine partie de la population au
sein des pays. Ces territoires situés dans des pays du Sud développent une capacité d’accueil
concurrençant directement les pays touristiques plus traditionnels : les pays européens.
Parallèlement, la croissance économique permet de créer des départs vers les destinations extérieures
; et ces nouveaux touristes (chinois, mexicains, brésilien, etc.) des classes moyennes et aisées
possèdent des moyens financiers importants. Alors que la Russie accueille un nombre grandissant de
touristes, une croissance de 12 % du nombre de départs russes pour des raisons touristiques s’est
opérée en 2012. En conséquence de l’émergence des pays du Sud, le nombre de destinations possibles
s’est multiplié et la concurrence entre celles-ci s’est accrue ; obligeant à une rapide adaptation de
l’offre touristique des destinations traditionnelles. Ensuite la mondialisation à la fois économique,
politique et culturelle vient se coupler à l’augmentation des revenus pour développer un potentiel
touristique. Ce second facteur prend en considération l’interaction des cultures, la visibilité des
territoires étrangers qui permet la connaissance de destinations auparavant inconnues. De plus,
l’ouverture des frontières comme en Europe et la simplification des procédures de passages d’un pays
à un autre, offre une mobilité plus aisée. Enfin le contexte de déréglementation des transports surtout
aérien, provoquée par la concurrence exacerbée et une restructuration du secteur constitue le
troisième facteur à l’origine de la croissance du nombre de touristes dans le monde. Cela s’est traduit
par une baisse considérable du prix des billets augmentant l’accessibilité à l’ensemble des zones du
globe. Le développement des compagnies low cost concrétise ce contexte des transports en mutation.
Depuis ces dernières années, la concentration spatiale des touristes s’est donc abaissée au fur
et à mesure que la mondialisation s’opérait. En 1950, les cinq premières destinations rassemblaient 70
% des touristes dans le monde alors qu’aujourd’hui ce chiffre s’est abaissé à 30 %. Des nouvelles
destinations attractives sont apparues parmi les pays émergents, comme la Chine, L’inde, le Brésil, la
Malaisie, la Turquie, et talonnent les destinations traditionnelles. Ce groupe de pays investit fortement
dans le développement des infrastructures et des équipements touristiques dans une politique de
modernisation du pays. Non seulement ces investissements permettent des retombées économiques
rapides, mais en plus le tourisme permet d’améliorer l’image de la destination, ainsi qu’une meilleure
communication sur leur politique. Dès lors, la montée en puissance des pays émergents provoque une
concurrence accrue entre les destinations touristiques aboutissant à une baisse tendancielle du
nombre de touristes en Europe. Le Canada a subi cette concurrence rude si bien qu’en 1970, elle était
second pays d’accueil tandis qu’elle se classe quinzième de nos jours. Alors que les européens
représentent 55 % des touristes, les touristes asiatiques et américains ne représentent que 20 % et 16
%. Néanmoins le marché asiatique reste le plus dynamique et connait le plus fort taux de croissance
en émissions de touristes. En Chine, seule 10 % de la population possède les moyens de voyager en
Europe, mais cela représente 150 millions de touristes. Ainsi depuis une vingtaine d’années le tourisme
lointain s’est développé et les pays d’accueil doivent s’adapter à cette clientèle nouvelle ; même si les
flux restent majoritairement intracontinentaux, tel que le montre l’exemple des pays européens où 4
touristes étrangers sur 5 sont originaires d’Europe.
8
Dans ce contexte d’augmentation des flux touristiques, l’Union Européenne (UE) reste
bénéficiaire de cette situation. Elle demeure le premier acteur mondial qui dynamise les migrations
touristiques ; le premier territoire d’accueil tout comme le premier à émettre des touristes dans le
monde. Les européens représentent 55 % des touristes et des recettes touristiques dans le monde.
L’Europe occidentale s’est engagée depuis le 19ème siècle dans le développement du tourisme. Au
début, les voyages touristiques étaient réservés à une élite, mais se sont démocratisés à partir des
années 60 avec les congés payés et la modernisation des infrastructures. Ainsi des pays comme la
France, l’Espagne, le Royaume-Uni sont devenus des destinations phares. La France à l’heure actuelle
conserve toujours sa place de première destination mondiale avec 76,8 millions d’arrivées en 2010,
devant les Etats-Unis (58,7) et la Chine (56,7). En revanche un paradoxe touche la France : malgré
qu’elle soit première destination mondiale, elle n’est que troisième en ce qui concerne les recettes
engendrées par le tourisme (Barros et al, 2011 ; Matelly, 2013). Cela pose un problème d’efficacité des
investissements par rapport aux retombées, même si le tourisme représente le premier secteur
excédentaire de la balance des paiements et 7,1 % du PIB. Toutefois, les recettes dégagées par le
tourisme demeurent en augmentation, passant de 68 milliards d’euros en 2010 à 77 milliards d’euros
en 2012. A noter que 85 % des touristes étrangers sont originaires d’Europe dont la moitié vient
d’Allemagne, de Belgique et du Royaume-Uni. Cela est principalement dû à l’augmentation de
l’accessibilité grâce à la diminution des distances par l’accession aux vols bons marchés, au
développement des autoroutes et des chemins de fer entre les villes européennes. En conséquences
un nombre toujours plus important de touristes arrivent, mais avec des séjours dans chaque lieu plus
courts. Les transports permettent effectivement de se déplacer facilement d’un lieu à l’autre, si bien
que les touristes ne passent plus qu’un jour ou deux dans un lieu. Ce serait ainsi la raison qui
expliquerait la faiblesse des recettes par rapport aux nombres d’arrivées contrairement aux Etats-Unis
ou l’Espagne où les séjours durent plus longtemps.
Bien que la compétition pour attirer les flux touristiques entre les Etats soit devenue plus
difficile, les territoires infranationaux se sont aussi engagés dans cette concurrence quelle que soit
l’échelle considérée. Néanmoins le développement de l’activité touristique ne concerne pas toutes les
collectivités locales. Certaines d’entre elles font passer le tourisme en second plan, tandis que d’autres
en font l’impasse. Ceci est fréquemment le cas pour les collectivités territoriales à l’échelon le plus bas
(communes et intercommunalités) où le contexte géographique, socio-économique dicte les priorités
de chaque territoire ; le tout dans le cadre d’un budget public à respecter. Par ailleurs la mise en
tourisme d’un territoire pour créer une destination positionnable sur le marché concurrentiel de long
terme nécessite deux principaux facteurs. Le premier d’entre eux fait référence aux ressources
territoriales (Pecqueur, 2007) à mobiliser et à coordonner pour construire une offre locale cohérente.
Le tourisme s’appuie sur les richesses du territoire, c’est-à-dire les ressources spécifiques que l’on peut
transformer en attractivités touristiques. Les ressources spécifiques sont vectrices d’avantages
comparatifs puisqu’elles sont activées de manière ad hoc (Amendola et Gaffard, 1988) et elles
s’opposent aux ressources génériques qui marquent une compétition acharnée entre les territoires.
Même si le tourisme est une activité développable partout, les ressources sur lesquelles il se développe
ne peuvent être transposées d’un territoire à un autre. Ainsi le défi d’un territoire sera de proposer
une offre touristique particulière par combinaison de ressources exploitées/exploitables de manières
différentes et dont l’accessibilité permet de créer un avantage. Cela fonde un véritable patrimoine
productif local avec des filières à l’ancrage historique (industrie, tertiaire, tourisme, etc.). Le second
9
facteur de développement réside dans la mobilisation du capital humain ; à savoir l’intervention des
bons acteurs (présents localement ou non), le tout dans un souci de coordination des actions. En
conséquence, l’analyse de l’impact de la LGV sur le tourisme sur un territoire comme la Gironde devra
questionner l’état actuel des richesses de ce département et la mise en tourisme de ceux-ci. De plus,
il demeure nécessaire de comprendre comment l’offre de la Gironde a évolué face aux changements
rapides de la géopolitique du tourisme mondial. Ces deux points d’interrogations semblent
primordiaux car si la destination girondine apparait désuète, non-attractive, alors l’amélioration de
l’accès par la LGV n’aura certainement aucun effet sur le tourisme.
1.2) Une compétence territoriale mal définie et une multiplication des
acteurs qui compliquent le développement touristique
L’évolution du tourisme au sein des territoires est assujettie aux acteurs qui s’impliquent dans
le développement de cette branche économique. Pourtant la grande difficulté de générer un projet
touristique relève de la complexité du réseau d’acteurs sous-jacent. Ainsi, la difficulté de mise en
relation d’acteurs de divers horizons autour du développement touristique serait l’hypothèse à
l’origine de retard de certains territoires en la matière. Ceci parait d’autant plus vrai que la compétence
territoriale du tourisme ne dépend pas d’une seule collectivité locale, mais de plusieurs qui se lient
dans différents contrats territoriaux sous l’égide des Régions ; car le tourisme est considéré comme
sous-jacent au développement économique. Pour mener à bien des actions en faveur du tourisme, les
collectivités locales peuvent s’inspirer des expériences des autres territoires, des informations clés, et
des conseils donnés par des institutions et organismes privés. Entre autres, dans un contexte de
croissance mondiale de l’activité touristique qui affecte l’ensemble des régions du monde, L’OMT est
devenue la principale organisation internationale dans la gestion du tourisme2. Elle regroupe 161 pays
et plus de 400 membres affiliés représentant le secteur privé, des établissements d’enseignements,
des associations de tourisme et des autorités de touristiques locales. Il s’agit plutôt d’un organisme
d’échanges d’informations et de savoir-faire, notamment pour développer l’activité touristique dans
les pays en développement3. En aucun cas l’OMT ne possède de compétences de contraintes
réglementaires en aménagement touristique puisqu’aucun traité international n’existe dans ce
domaine (comme mettre des objectifs de développement durable, etc.).
A l’échelle européenne, L’Union européenne possède aussi le statut d’organisme de conseil,
mais aussi d’appel et de financement de projets ; ce qui lui confère un pourvoir politique que l’OMT
ne possède pas. Sa politique prend forme dans l’article 195 du Traité de Fonctionnement de l’Union
Européenne (TFUE), stipulant que l’UE complète les actions des Etats membres dans le domaine du
tourisme par la promotion des entreprises dans ce secteur. La politique européenne du tourisme est
ainsi assurée par plusieurs instances de l’UE. La principale instance se situe au sein de la Commission
Européenne où les questions liées au tourisme se retrouvent sous la tutelle de la Direction Générale
(DG) Entreprises et Industrie. L’Unité Tourisme au sein de cette DG a pour mission la mise en œuvre
2 L’OMT est une organisation des Nations Unies dont le siège se situe à Madrid. 3 L’OMT s’est engagée dans les Objectifs du Millénaire des Nations Unies pour faire reculer la pauvreté.
10
des initiatives dans ce domaine et représente les intérêts du secteur auprès des autres DG. Les
échanges d’informations sur le développement touristique sont assurés par un comité consultatif du
tourisme de la DG Entreprises et Industrie, composés des représentants des Etats membres. De plus,
le Conseil Européen possède une instance nommée « Conseil Compétitivité » avec une compétence
pour les affaires liées au tourisme et peut contribuer à élaborer des axes d‘actions concrètes afin
d’éclaircir les orientations européennes dans la politique touristique. Enfin, la Commission des
Transports et du Tourisme se définit comme une force de proposition pour le développement de ce
secteur. Toutefois les interventions de l’UE restent minimes, elles consistent en des co-financements
d’actions qui proviennent des différents fonds structurels. La mobilisation d’un fond ou d’un autre
dépend du contexte géographique (milieu urbain, rural, littoral, etc.) et de l’action à mener
(développement des infrastructures, gestion du personnel, etc.). En réalité les actions en matière de
tourisme restent dans la main des Etats comme le rappelle le Traité de Lisbonne.
L’Aquitaine et le Languedoc-Roussillon sont devenus les régions françaises les plus attractives
grâce à l’intervention de l’Etat dans les années 60, grâce à de vastes politiques de modernisation et
d’équipements des régions littorales4. Néanmoins la suprématie de l’Etat dans la politique touristique
est révolue avec la décentralisation qui a dispersé les compétences étatiques entre les différents
échelons administratifs et multiplié les acteurs dans l’aménagement local. Alors que certaines actions
précises ont été attribuées à un acteur unique, le tourisme reste un domaine partagé par un ensemble
d’échelons institutionnels en France. Ce secteur n’est pas considéré comme une politique à elle seule,
mais des « sous-politiques » liées au développement économique des Régions, au transport de
différentes collectivités, etc. Ainsi le panorama des acteurs engagés dans les affaires touristiques a
perdu en clarté et chaque acteur participe à sa manière à la politique touristique. Le tourisme relève
plus de la nouvelle gouvernance qui décrit « ces nouvelles formes interactives de gouvernement dans
lesquelles les acteurs privés, les différentes organisations publiques, les groupes ou communautés de
citoyens, ou d’autres types d’acteurs, prennent part à la formulation de la politique » (Marcou,
Rangeon, Thiebault, 1997). Ainsi la politique du tourisme dépend de l’interaction entre acteurs aux
profils hétérogènes au sein de réseaux. Les investissements deviennent le résultat de négociations et
de compromis entre acteurs de toutes sortes, non hiérarchiques, qu’ils soient privés ou publics. Le
pouvoir de négociation dépend de la légitimité des parties prenantes qui se basent soit sur « leur
expertise (services déconcentrés), soit sur leurs ressources financières (l’Europe et les conseils
généraux et régionaux), soit sur leur légitimité démocratique (les collectivités territoriales et le
gouvernement) soit sur leur capacité à acter en justice (association de protection de la nature) »
(Pupion, 2010). Chaque acteur apporte une vision différente de la politique touristique mais aucun
d’entre eux ne dispose de l’exclusivité en matière de gestion et de commandement du développement
touristique d’un territoire.
Au sein des institutions publiques, la loi du 23 décembre 1992 répartit les compétences par
rapport au tourisme. Cette loi institutionnalise le principe de concertation entre les différents échelons
des collectivités territoriales (commune, département et région) afin de privilégier les procédures
contractuelles dans le but d’établir un projet cohérent à plusieurs échelles territoriales. Le contrat
4 Mission Racine et Mission Interministérielle pour l’Aménagement de la Côte Aquitaine (MIACAT).
11
permet ainsi coordonner les compétences des différentes collectivités territoriales. Dans le cadre du
tourisme chaque niveau de décision possède des ressources, une politique et un contexte territorial
différent. Dans un premier temps l’Etat définit une politique nationale à travers la réglementation du
Code du tourisme, et établit les agrémentations et la classification des équipements touristiques. Sa
seconde vocation consiste à apporter le soutien financier aux collectivités locales qui développent les
activités touristiques. Pour organiser ses orientations, le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du
Numérique détient à sa disposition le Conseil National du Tourisme (CNT). Son objectif est d’exercer
une mission de veille et de prospective et il émet des avis, des rapports et des recommandations sur
tous les domaines en rapport avec le tourisme. Dès lors le ministre peut saisir le conseil pour tout avis
notamment sur les projets de textes législatifs concernant directement ou indirectement le tourisme.
Enfin l’Etat engendre le rôle de promoteur du tourisme français à l’étranger et au sein des
organisations internationales compétentes. Pour cela, il s’appuie sur Atout France, le Groupement
d’Intérêt Economique (GIE) et opérateur unique dédié à cette finalité. L’agence possède 32 bureaux
répartis dans 27 pays et en collaboration avec les ambassades pour développer l’attractivité de la
France à l’international. Ces actions demeurent variées allant de la promotion de la destination au
conseil aux entreprises françaises en passant par les études de marché. En outre, l’agence a développé
le site promotionnel « www.France.fr » parmi les actions de promotion. Enfin à l’opposé de ces
organismes axés sur l’offre touristique, l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances stimule la
demande, et vient compléter la politique touristique.
Le rôle de l’Etat reste donc prédominant dans la politique du tourisme mais cependant, les
échelons territoriaux inférieurs possèdent un rôle primordial dans l’application concrète des directives
et de la direction des projets touristiques. En effet la région s’occupe du développement touristique à
son échelle et sur le moyen terme (durée variable selon les régions), matérialisé par un Schéma
Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs. La région doit créer un Comité Régional du
Tourisme (CRT) pour coordonner les initiatives publiques et privées. Dans le cadre des contrats de plan
Etat-Région, des observatoires régionaux ont été mis en place pour élaborer des diagnostics et des
études sur l’activité touristique régionale. Le département quant à lui possède les mêmes fonctions
que la région. Il doit créer un Comité Départemental du Tourisme (CDT) afin de coordonner les actions
privées et publiques, celles des collectivités locales pour porter un projet à son échelle. Les actions
doivent être en adéquation avec les prérogatives du Schéma de Développement Touristique Régional.
Les CDT peuvent aussi prendre comme dénomination d’Agence de Développement Touristique (ADT)
dont le rôle est similaire. Dans notre étude, le CRT d’Aquitaine développe des études et des diagnostics
à l’échelle de la région et conseille la région Aquitaine dans ses choix d’investissements. On retrouve
la même structure à l’échelle départementale en Gironde avec Gironde Tourisme.
La détention de la compétence touristique à l’échelon territorial le plus local, le bloc communal,
demeure beaucoup plus flou depuis la loi de Modernisation de l’Action Publique et d’Affirmation des
Métropoles (MAPTAM) du 27 janvier 2014. Cette loi prévoit le transfert aux métropoles et aux
communautés urbaines de la compétence relative à la « promotion du tourisme, dont création
d'offices de tourisme métropolitains ». De plus, la loi demande à toutes communes dites touristiques
12
ou stations classées5 qui possèdent un office de tourisme, de laisser la place à un nouvel office de
tourisme compétent à l’échelle à l’Etablissement Publique de Coopération Intercommunale6 (EPCI). La
loi du 7 août 2015 portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (loi NOTRe)
confirme ce transfert des compétences. Notamment en matière de tourisme, et élargit ce transfert
aux communautés d’agglomérations et de communes. Dès lors, les offices de tourisme
« communautaires » ou « métropolitains » ont pour mission de promouvoir l’attractivité touristique
et de défendre les intérêts locaux face aux acteurs privés et aux institutions publiques. Ces structures
communales forment la Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative
(FNOTSI), qui possède un poids important dans les décisions prises dans les CDT, CRT et les agences de
développement touristique. En 2016, la fédération constitue un réseau de 2400 offices de tourisme et
400 Syndicats d’Initiative et dans tous les cas, les Offices de Tourisme se révèlent être le bras droit des
communes et intercommunalités en conseil et politique d’attractivité touristique du territoire. Par
exemple, depuis le 1er janvier 2015, Bordeaux Métropole est devenu l’autorité compétente en matière
de politique touristique sur le territoire métropolitain, au détriment des communes. Ce transfert de
compétences a engendré la création de l’Office de Tourisme et des Congrès Métropolitain7. Son
objectif sera de mener des actions de valorisation des filières touristiques, de structurer et de qualifier
l’offre à l’échelle de la métropole. La mission de l’Office de Tourisme s’annonce compliquée car il
devra relever le défi de travailler en concertation avec les communes et de nombreux partenaires
institutionnels clés comme l’Office de Tourisme communautaire (OTC), le Comité régional de tourisme
d’Aquitaine (CRTA), Gironde tourisme, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux (CCIB), le
Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) et
les professionnels du tourisme ; mais aussi en étroite collaboration avec les autres directions
concernées de Bordeaux Métropole (développement économique, nature, communication, mobilité,
etc.).
L’activité touristique relève principalement d’entreprises privées du tertiaire (hôtels, parcs de
loisirs, etc.) et l’attractivité du territoire dépend donc de leur performance, ainsi que de leur capacité
à innover dans l’offre pour se démarquer des concurrents. Dès lors une gamme d’acteurs intervient à
travers le financement de ces entreprises et joue un rôle non-négligeable en matière de
développement touristique. Deux principales institutions étatiques se placent comme financeurs : la
Banque Publique d’Investissement France8 (BPI France) et la Caisse des Dépôts9. BPI France propose
par exemple un crédit en blanc à destination des entreprises grâce au fonds de garantie de l’Etat. Pour
l’hôtellerie, un prêt à taux bonifié a été mis en place dans le but d’aider spécifiquement le secteur à
se mettre aux normes. De même la Caisse des Dépôts possède un « Fonds Développement Tourisme »
dont une partie est dédiée aux professionnels de l’hôtellerie et aux entreprises du tourisme. L’autre
part de ce fonds vise à aider les collectivités dans la rénovation des infrastructures de tourisme (parc
5 Articles L 133-13 et suivants et R 133-37 et suivants du Code du Tourisme. Il s’agit aux collectivités de respecter un ensemble de critères pour faire partie de ce classement. 6 Dans le cas contraire l’office de tourisme sera transformé en bureau d’informations. Sauf, si le siège de l’office de substitution est situé dans la commune touristique ou dans la station classée de tourisme. 7 Délibération n°2015/0343 du Conseil métropolitain du 26 juin 2015 8 BPI France est une compagnie financière qui tire ses ressources d’investissements privés. 9 La Caisse des Dépôts est un établissement financier public créé en 1816 pour remplir des missions au service de l’intérêt général, et du développement économique du pays. Elle repose sur la gestion de fonds privés auxquels les pouvoirs publics souhaitent apporter une protection particulière : dépôts sur livret d’épargne, dépôts réglementés du type consignation ou encore fonds détenus par les notaires…
13
des expositions, lieux culturels, etc.). Toutefois, la plupart du financement provient des banques
privées, mais aussi plus récemment de structures innovantes comme les « business angels ».
1.3) Le défi des territoires face à l’évolution du tourisme
L’évolution du tourisme mondial modifie les rapports de force entre les Etats pour capter les
flux de touristes, mais aussi entre les territoires infranationaux. Comment la Gironde peut-elle
concurrencer les autres départements dans le tourisme international en plein essor ? L’évolution du
marché du secteur touristique oblige les acteurs locaux à s’adapter à la nouvelle demande et à
diversifier son offre, à innover pour rester compétitif. Ainsi la question revient à savoir comment se
spécialisent les destinations les unes par rapport aux autres. Dès lors le choix peut déjà se porter sur
un développement du tourisme de masse relativement à bas coût, ou un tourisme plus élitiste et haut
de gamme. Ce choix comporte des externalités positives et négatives qui influent sur l’image de la
destination et les retombées économiques. Le tourisme de masse crée certes plus d’emplois quoique
relativement précaires, mais pose aussi des problèmes de congestions et de dégradation des sites. Au
contraire le tourisme haut de gamme donne l’effet inverse, mais implique de posséder un cadre de vie
compatible avec l’activité, des infrastructures spéciales, un personnel plus qualifié et une certaine
expérience dans ce domaine. Ainsi les destinations traditionnelles possèdent un avantage par leur
expérience sur les pays émergents. Ensuite, la croissance du nombre d’arrivées demande aux
territoires de moderniser leurs infrastructures. Il s’agit d’améliorer la capacité d’accueil mais aussi la
qualité de celles-ci. Toutefois même si la spécialisation offre des économies d’échelles, se spécialiser
comporte des risques de dépendance de sentier. Les investissements peuvent être remboursés assez
rapidement en cas de succès et à l’inverse des activités peuvent sombrer en cas de changement de
comportement des touristes.
Pour s’adapter à la demande touristique les territoires peuvent s’appuyer sur les ressources
locales disponibles dans le milieu rural et urbain. La stratégie de développement touristique sur
l’ensemble du territoire peut s’appuyer sur le tourisme urbain, hautement facile d’accès et visible
nationalement et internationalement. En effet sur le plan historique ce fût d’abord les grandes villes
qui se placèrent dans le développement de l’offre touristique à l’image de Paris avant que le tourisme
ne s’empare de l’ensemble des villes au cours des années 80, sur fond de problèmes conjoncturels, et
de désindustrialisation (Potier et Cazes, 1996). Paris est d’ailleurs vu comme l’exemple en termes
d’attractivité touristique puisqu’elle se caractérise par un « cluster D-attraction » (Botti et allii., 2008) ;
c’est-à-dire qu’il s’agit d’une destination où le touriste consomme successivement différentes
attractions ce qui permet d’optimiser les retombées économiques à travers des séjours plus longs
et/ou répétés. Les villes peuvent être le support de la diversification touristique grâce à leurs capacités
de rapide adaptation, d’innovation et d‘ouverture sur l’international. Les décideurs politiques doivent
donc se concentrer sur des phases de spécialisation et/ou diversification (Swarbrooke, 2002). Les
recommandations des études de terrain disponibles dans Swarbrooke (2002) et Horner et Swarbrooke
(2007) vont également dans ce sens.
14
L’autre aspect que les territoires doivent maîtriser est la dimension culturelle, à savoir quelle
image véhicule-t-on. Si un territoire d’accueil arrive à proposer des services de qualité, un cadre de
vacances idéal, alors l’image associée au territoire ne sera que positif et contribuera à créer une
dynamique auto-entretenue de croissance de l’activité. Au contraire, si l’offre n’est pas à la hauteur
de la demande alors une image négative s’installera durablement et l’effet inverse se produira. Les
territoires se rendent compte de l’importance de communiquer sur les attractions touristiques,
d’autant plus que le tourisme est un moyen de casser certains préjugés envers un lieu par la
connaissance de la destination et de valoriser l’image du territoire. La pratique de l‘espace modifie le
rapport du touriste au territoire qui se construit son « répertoire de lieux » (Violier, 2017). Toutefois,
la politique de communication semble encore négligée en France, notamment face à la clientèle
asiatique qui représente maintenant 1 touriste étranger sur 5. Un manque d’adaptation face à la
culture asiatique fait que les destinations françaises ne sont pas aussi attractives. Enfin la dimension
culturelle n’est pas à négliger car satisfaire les touristes étrangers non seulement permet de véhiculer
une image positive mais aussi d’augmenter les recettes. Notamment, grâce à l’augmentation de la
consommation touristique et l’exportation des produits culturels. La France reste une destination très
prisée car son image est associée au luxe avec Paris, les châteaux, la gastronomie etc., ce qui plait aux
touristes des pays émergents. Ces derniers qui connaissent une augmentation de leur niveau de vie et
qui peuvent profiter de destinations qui avant leur paraissaient inaccessibles. La Gironde pourrait
développer une stratégie de marketing pour créer une image associée justement à des produits phares
comme le vin et la gastronomie.
Outre ces aspects-là, les territoires engagés dans le développement touristique se retrouvent
dans l’obligation de relever le défi du développement durable pour s’inscrire sur le long terme (Ruiz,
2013). Les problèmes environnementaux sont souvent décriés à cause du tourisme de masse. On parle
ici de problèmes de pollution des sites qui leur font perdre une certaine valeur. Mais aussi du problème
du bilan carbone lié au voyage lui-même, d’autant plus que le trafic aérien n’a pas cessé de croître. Au
même titre que l’ensemble de l’économie, le tourisme doit aussi s’inscrire dans le développement
durable à travers la conception d’activité écotouristiques (Leroux 2010). Dans ce domaine les
expériences se multiplient, certaines rencontrent un succès d’autres non, mais l’émergence d’un
modèle touristique durable n’est pas encore à l’ordre du jour (Ruiz, 2013). L’enjeu reste de taille
puisque l’activité économique et donc touristique peut être compromise en cas de mauvaise gestion
durable des ressources (Callot, 2013) ; ce qui provoquerait une altération de l’image de qualité de la
destination.
Finalement, le dernier grand défi que les acteurs du tourisme doivent relever consiste à
s’adapter très rapidement à l’évolution rapide des pratiques touristiques. En effet la généralisation des
courts séjours et l’augmentation du poids des excursionnistes dans la fréquentation des sites
touristiques, comme l’atteste le taux de départ des courts voyages qui a décru de 1,1 % ; baisse
légèrement moins importante que les longs voyages (tableau 1). Cela implique que les touristes dans
leurs pensées sur le court terme, ont tendance à dépenser davantage. Dès lors une stratégie doit être
mise en place pour favoriser la consommation auprès de ces individus. En outre, le court séjour induit
une individualisation des pratiques, la recherche de nouveautés, la non-planification des activités
15
(Crola, 2007). Dans ce cas la solution a été d’investir dans le « e-tourisme » et le « m-tourisme », c’est-
à-dire les outils numériques auxquels on accède respectivement depuis son ordinateur ou son
téléphone portable pour favoriser la pratique touristique du territoire.
Tableau 1 : Taux de départ et Nombre de voyages par individu parti en France en 2014
Taux de départs (en %)
Nombre moyen de voyages par individu parti
2012 2013 2014 2012 2013 2014
Courts voyages (1 à 3 nuitées)
53,6 52,4 52,5 3,9 3,9 4
Longs voyages (au moins 4 nuitées)
66,3 66,5 66 2,8 2,9 2,9
En France Métropolitaine1
72,2 71,9 71,1 4,8 4,8 4,9
A l’étranger ou dans les DOM2
25,2 25,9 26,7 1,7 1,7 1,8
En France métropolitaine exclusivement3
50,7 49,7 48,2 4,4 4,5 4,5
Toutes durées et toutes destinations
76 75,7 74,9 5,1 5,2 5,3
1. Proportion de français de 15 ans ou plus s’étant absentés au moins une fois en France Métropolitaine. Ils ont pu également effectuer un ou plusieurs voyages à l’étranger. 2. Proportion de français de 15 ans ou plus s’étant rendu au moins une fois à l’étranger ou dans les DOM-COM. Ils ont pu également effectuer un ou plusieurs voyages en France Métropolitaine. 3. Proportion de français de 15 ans ou plus s’étant absentés exclusivement en France Métropolitaine
Sources : DGE, enquête SDT, 2013.
16
II) Des études antérieures qui admettent une impossible
identification de l'impact de la grande vitesse ferroviaire sur le
développement touristique
2.1) Un difficile lien de causalité entre implantation des LGV et
développement territorial
2.1.1) Un difficile lien de causalité entre implantation des LGV et développement
territorial
Pour accroitre l’attractivité d’un territoire aux yeux des touristes et arriver à un bon
positionnement de celui-ci dans le marché concurrentiel, la facilité d’accès au territoire représente un
atout considérable. Ainsi, la nouvelle offre ferroviaire entre Paris et Bordeaux pourrait impacter sur
l’attractivité touristique de la Gironde. Pour comprendre le degré d’impact de la future LGV, il convient
dans un premier temps de questionner le lien entre l’implantation des infrastructures de transport
offrant une accessibilité améliorée et son impact sur le développement économique. La littérature tant
en économie qu’en géographie a d’abord mis en exergue un ensemble de relations directes et
indirectes. A partir des cas empiriques, le constat s’est soldé par une relation plutôt conditionnelle,
attestant d’une relation non systématique de l’impact, tant positif que négatif, sur la dynamique de
l’économie locale (Colletis-Wahl et Meunier, 2003). Il existe pour autant une multitude d’effets de la
grande vitesse ferroviaire sur la mutation de l’espace et des caractéristiques socio-culturelles des
territoires. Ces effets sont intéressants à étudier puisqu’ils agissent sur l’attractivité du territoire et
conditionnent le potentiel de développement touristique de celui-ci. Ainsi les différentes expériences
antérieures des territoires par rapport à l’arrivée de la grande vitesse ferroviaire pourraient servir de
base de réflexion sur l’effet LGV sur l’économie girondine. Une multitude d’effets de l’amélioration de
l’accessibilité ferroviaire sont recensés par la littérature scientifique et technique.
En premier lieu, les réseaux de chemin de fer à grande vitesse auraient comme effet de renforcer
économiquement les grands centres urbains (Puga, 2001 ; Bazin et al, 2011). L’amélioration de la
connexion à la région parisienne a provoqué un déséquilibre dans le rapport de force entre Paris et les
territoires provinciaux (Bonnafous, 1980 ; Plassard, 1991). Dès la mise en route du projet de LGV Paris-
Lyon, il était déjà prévisible de voir une partie de l’économie lyonnaise se délocaliser à Paris pour
profiter des économies d’agglomération et d’urbanisation qu’offre la capitale. Sur le plan
démographique, certaines études menées en France comme à l’étranger démontrent une polarisation
de la population vers les grandes villes (Sands, 1993 ; Revield et al, 2001). De surcroit, la meilleure
connexion entre les acteurs économiques des différentes tailles de villes permettrait de coordonner
plus efficacement leurs actions. Dès lors certains auteurs stipulent que la LGV serait un accélérateur
du processus de métropolisation car le territoire aurait accès à un réseau d’échanges privilégié avec
les métropoles (Haynes, 1997 ; Bazin et al, 2006). L’effet de développement urbain des villes
connectées a effectivement été en partie lié par l’implantation du tertiaire supérieur (Mannone, 1995).
Pour autant les LGV furent un projet couronné de succès pour des grandes villes comme Lille mais aussi
17
Cordoba et Saragosse en Espagne, qui s’affirment comme métropoles nationales et européennes grâce
à l’amélioration des échanges avec les grands centres économiques (Ureña et al, 2009).
Malgré une quasi-certitude que l’amélioration de l’accessibilité favorise la croissance des grands
pôles urbains, la littérature semble toujours marquée par le débat à propos de la modification ou non
de la hiérarchie urbaine. Autrement dit, les auteurs s’interrogent sur le degré de croissance homogène
des retombées économiques et démographiques entre les différentes tailles de villes. Malgré une
concurrence défavorisant les villes moyennes (DIACT, 2009), la grande vitesse ferroviaire
théoriquement ne devrait pas modifier l’armature urbaine à l’échelle nationale (Bonnafous, 1980). Au
Pays-Bas, la grande vitesse ferroviaire n’implique pas un changement de localisation des entreprises
et des ménages (Rietvield, 2001) ; et l’étude de M. Delaplace (2012) montre que l’effet du TGV n’a pas
d’effets selon la taille de la ville, à cause de l’hétérogénéité des cas de développement économique
face à l’innovation de services. La cause de cette stabilité de la hiérarchie urbaine réside dans les
infrastructures de transports, les points d’entrées territoriaux qui irriguent les flux économiques au
sein de l’espace régional, provoquant une redistribution des richesses dans l’ensemble de la région
(Haynes, 1997). En outre, on observerait même une réduction des inégalités centre/périphérie (Gibbs
et al, 1992 ; Gutierrez, 2001). Par exemple la connexion de petites villes pourraient se révéler être
attrayantes pour la localisation résidentielle mais pas forcément pour les entreprises à l’image de
Vendôme par rapport à l’Ile-de-France. Dès lors les petites villes pourraient sur le long terme profiter
des retombées de l’économie résidentielle pour développer des activités de loisirs et développer un
tourisme dont l’aire de chalandise pourrait s’étendre petit à petit. Evidemment, ce développement se
réalisera toujours de manière plus lente que pour une grande ville.
Quoiqu’il en soit la logique d’implantation des infrastructures de transports répond avant tout
à une demande de transport spatialisée pour que l’investissement soit solvable et rentable. Dès lors la
géographie influe sur l’organisation de transport ; tout d’abord d’un point de vue naturel car le relief
tout comme l’hydrologie joue sur le prix de l’infrastructure comme de son exploitation. Ensuite, la
demande localisée de mobilité se concentre bien entendu dans les milieux urbains et métropolitains.
Les villes et les métropoles se définissent comme les points d’entrées et de sorties du réseau de chemin
de fer à grande vitesse. De l’autre côté, les infrastructures agissent sur le développement du milieu
urbain puisqu’un équipement de transport permet une meilleure accessibilité, qui serait bénéfique
aux activités économiques et à l’échange. Dès lors on observe un système infrastructure – villes, où
une interaction se combine entre les infrastructures agissant sur le développement des villes et les
villes agissant sur la localisation des infrastructures. Néanmoins les infrastructures de transport ne
dessinent pas le territoire de la même manière. Certaines organisent une concentration et une
polarisation géographique (ports, gares et aéroports), d’autres contribuent plutôt à une diffusion
spatiale à l’échelle régionale (réseau routier et autoroutier). Au regard de l’histoire le chemin de fer a
eu comme politique de répondre aux goulets d’étranglement et donc à équiper les régions où le
dynamisme économique est la plus forte. Et par conséquence, ces infrastructures favorisent le tissu
économique des régions urbaines dynamiques et à accentuer les disparités. Cette manière de penser
a perduré puisque pour l’aménageur, construire une infrastructure de transport doit répondre à un
certain niveau de rentabilité, donc de dépenses des usagers, pour espérer un amortissement rapide.
18
La politique d’aménagement des lignes à grandes vitesses n’échappe pas à la règle puisque la SNCF
développe son offre sur les lignes à forte rentabilité, là où le train est déjà présent sur le territoire et
permet déjà un certain niveau de rentabilité. D’un côté la grande vitesse provoque comme effet une
sélectivité des territoires les plus urbanisés comme la Gironde avec la métropole bordelaise, qui avec
la LGV va pouvoir se positionner dans le réseau de métropoles françaises et européennes. En plus
d’une sélectivité d’axes, la LGV pour une exploitation de sa vitesse optimale, sélectionne un nombre
de nœuds limité et construit un effet tunnel ; d’où des retombées économiques ponctuelles
spatialement. Ainsi, on pourra s’attendre à une concentration de la croissance des retombées
économiques dans les villes comme Libourne, et surtout Bordeaux.
L’effet de la LGV sur l’économie des territoires dépend aussi de dynamiques très locales, à
l’échelle de l’intercommunalité qui accueille la gare et notamment la position de la gare au sein du
groupement de communes. La diffusion des flux de voyageurs à partir des gares TGV se différencie
selon la localisation de celle-ci par rapport aux agglomérations qu’elle dessert. La conception des LGV
a fait apparaitre l’émergence des gares extra-urbaines. La LGV ne s’adapte pas à la disposition initiale
du réseau ferré et de la configuration territoriale, mais crée une nouvelle structure qui modifie le
fonctionnement du territoire. L’exurbanisation des gares TGV répond à des contraintes techniques de
vitesse et donc d’horaires car un TGV prend en moyenne 7 minutes pour freiner et s’arrêter dans une
gare ex urbanisée, contre 20 minutes pour une gare centrale. Cette nouvelle configuration répond
quand même à certaines dispositions spatiales spécifiques. D’une part les gares centrales semblent
saturées ou difficile d’accès en temps sans compter les externalités négatives pour les riverains.
D’autre part la localisation d’une gare TGV répond à la volonté d’équité territoriale d’appropriation du
TGV, comme l’exemple de la Lorraine TGV placée à mi-chemin entre Metz et Nancy. Les structures TGV
ex urbanisées ou centrales proposent une accessibilité dépendant du moyen de transport utilisé. Les
gares situées à l’extérieur de la ville en analogie avec les aéroports offrent un accès avantageux pour
les véhicules, ce qui évite de rentrer dans le centre-ville et de provoquer une congestion routière. Dès
lors les gares extra-urbaines se voient accompagner d’un développement des parkings aux alentours.
Le parking de la gare TGV d’Avignon est passé de 800 places offertes en 2001 à 1800 en 2006. De même
à Valence et à Aix-en-Provence où le parc de stationnement comptait 533 et 316 places contre 812 et
1600 en 2006 (DATAR, 2013). La plupart du temps un service de navettes est proposé pour les
voyageurs sans moyen de locomotion, comme une grande partie des touristes urbains. Ce service
demeure indispensable pour que le gain de temps par le TGV soit réellement effectif pour les citadins.
Malgré un certain niveau de fréquence assuré par ce service, ces transports en commun ne réalisent
pas la même performance qu’un réseau radial dont la gare intra-urbaine fait partie d’un ces nœuds
centraux. En effet une gare centrale possède l’avantage d’être atteignable en tout point de la ville
centre, tandis que le service de navette demande une correspondance jusqu’à la gare. De plus,
lorsqu’une compagnie privée ou publique gère la navette, le prix reste plus élevé qu’un transport
urbain classique à cause de la rapidité de la navette à atteindre la gare TGV en un temps minimum. De
surcroit les connexions avec le réseau TER depuis les gares ex urbanisées peuvent résoudre le
problème d’accessibilité, à condition que les correspondances soient adaptées et qu’une certaine
souplesse des horaires soit possible. Les connexions TER sont actuellement encore trop rares, même
si certaines gares comme Avignon TGV s’en sont dotées tardivement. Dans le cas du tourisme, pour
que la LGV possède un effet positif sur le transport des voyageurs, les gares centrales semblent les
mieux disposées pour le tourisme urbain, car le TGV donne accès directement aux sites touristiques et
19
hôtels en ville. Enfin, cette question de la localisation de la desserte TGV peut être résolue par
l’exemple de Reims. L’agglomération possède une gare TGV à Bezannes au bord du périphérique, reliée
au centre-ville et à sa gare par une ligne de tramway avec de fortes fréquences (entre 5 et 6 minutes)
et capacités d’accueil de passagers. Il est possible de relier les 2 gares en 20 minutes seulement.
2.1.2) Une possibilité de développement du tourisme urbain et d’affaires grâce à
la LGV
Sur le plan du tourisme les effets de la grande vitesse ferroviaire n’apparaissent pas univoques
sur tous les territoires. Néanmoins la plupart des auteurs et études s’accordent à dire que l’accession
au réseau à grand vitesse représente une opportunité unique d’élargir les marchés touristiques,
particulièrement pour les filières touristiques urbaines et d’affaires (DATAR, 2012 ; Bazin, 2013 ;
Delaplace, 2015). Cela reste vrai que ce soit dans le contexte français (Delaplace et Perrin, 2012) ou
étranger (Gibb, 1986 ; Ureña et al, 2009).
Le tourisme urbain fût en premier lieu développé à Paris, puis par des grandes villes comme
Nice, Bordeaux, Toulouse, Lyon ou Marseille (Giraud, 1991). Petit à petit ce tourisme s’est répandu
dans l’ensemble des villes toutes tailles confondues. Le tourisme urbain a connu une rapide expansion
puisqu’il répond à une demande de court séjour. En effet la concentration spatiale des activités
touristiques (patrimoine, activités de loisirs, restauration et hébergement) permet de profiter d’un
maximum d’activités sans devoir payer un coût de déplacement entre les sites. Un autre aspect de
l’impact de la grande vitesse ferroviaire confirme la tendance à la polarisation du tourisme vers les
grandes villes, comme au Royaume-Uni après l’ouverture du Tunnel sous la Manche avec les liaisons
vers Paris et Londres (Gibb, 1986). Effectivement la diminution du coût de transport a tendance à
renforcer les forces « agglomératrices » des grandes aires urbaines10 ; qui par exemple pourrait
profiter à Barcelone au détriment de Perpignan (Masson et Petiot, 2009). Toutes les villes situées sur
la même ligne de train ne disposent pas du même potentiel de développement touristique et la
compétition entre les villes d’un réseau de transport devient plus difficile pour les ensembles urbains
de taille inférieure. Enfin, le tourisme urbain semble être optimisé lorsque la gare d’arrivée se situe
en centre-ville (DATAR, 2013). A contrario et s’il existe un réseau post-acheminement efficace et une
notoriété suffisante, les milieux ruraux peuvent connaitre une hausse de la fréquentation avec l’arrivée
du TGV. En général on a pu observer l’effet inverse où le TGV ne favorise pas le tourisme vert et rural
à cause des ruptures de charge (Bazin et al 2006). Sur place un moyen de locomotion est nécessaire
comme dans les stations balnéaires et de ski, où des services de de navettes permettent aux touristes
de rejoindre leur lieu de résidence facilement. Une autre expérience a démontré que la grande vitesse
ferroviaire a peu impacté le tourisme rural dans le cas de la LGV Est-Européenne, à cause de la
dispersion des sites touristiques qui oblige les touristes à opter pour les cars et/ou la voiture.
10 Pour plus d’explications voir les théories de la Nouvelle Géographie Economique.
20
L’impact de la grande vitesse ferroviaire sur le tourisme dans les études, se mesure par la
croissance des emplois liés à cette activité comme l’hôtellerie et la restauration. Le secteur touristique
a connu une croissance du nombre d’emplois en province, dans les villes connectées à Paris, grâce au
raccourcissement des distances, qui a pour tendance de favoriser les déplacements Paris-province.
Notamment l’augmentation des rotations des TGV a permis la croissance du chiffre d’affaires de la
restauration autour des gares (comme à Dijon et à Lyon). Si dans des unités urbaines semblables à
celles de Reims et de Troyes, la croissance de l’emploi moyen atteint 23,05 % sur une décennie dans
le secteur du tourisme, les unités urbaines desservies par le TGV semblent en général connaitre une
évolution positive plus forte (3 unités urbaines desservies sur 4 connaissent une dynamique
supérieure) (Mimeur et Manonne, 1995). Arras par exemple était peu spécialisée dans l’emploi
touristique (1,88% des emplois) ; mais le développement du tourisme commémoratif a permis à l’unité
urbaine de quasiment doubler ses employés. A Tours où le tourisme pesait 2,68 % des emplois, le TGV
n’a fait que conforter la dynamique de croissance. Au contraire à Béthune, l’arrivée du TGV n’a pas
permis le développement du tourisme et l’unité urbaine reste sous-spécialisée. Ce dernier résultat
s’explique par le fait que la ville possède moins d’aménités touristiques que les autres villes. Le TGV a
permis dans le cas des villes considérées de réaliser un rattrapage de retard de développement
touristique. Cependant pour le cas de la LGV Est-Européenne, ce rattrapage se fait aussi à Troyes, une
ville non desservie. A l’étranger, le tourisme régional semble être dopé à Taïwan (Cheng, 2009) et Chen
et Haynes (2012) stipulent qu’une province chinoise desservie par la grande vitesse aura une possibilité
de faire croître sa fréquentation touristique de 20 % et les revenus issus de cette activité de 25%, en
comparaison avec une province qui n’a pas d’accès à ce réseau. Mais l’étude au final ne montre pas
que le réseau de train à grande vitesse soit le facteur unique de développement touristique.
Ensuite, le TGV semble profiter au tourisme d’affaires, qui demeure une forme particulière du
tourisme puisqu’en plus des consommations liées aux déplacements (hébergement, restauration,
loisirs, etc.), cette branche mêle des fonctions professionnelles (négociations, réunions de travail…).
Dans ce cadre nous pouvons distinguer 4 formes de tourisme d’affaires :
- Les congrès et les conventions d’entreprises,
- Les foires et les salons,
- Les séminaires et réunions d’entreprises,
- Les voyages d’affaires individuels.
A cause de l’ensemble de ces branches des déplacements d’affaires qui sont souvent
entremêlées dans les études, il demeure difficile de trouver des statistiques homogènes pour
quantifier les retombées de cette activité (De Sèze, 2002). On estime cependant que le tourisme
d’affaires en France représente 20 % de l’activité touristique globale, et le nombre de déplacements
augmente annuellement de 3 %. La part des retombées s’élève ainsi à 1/5 des retombées économiques
du tourisme en 1997. Les grandes villes et métropoles tentent de tirer profit de la consommation que
provoquent ces touristes, en se dotant d’équipements et d’infrastructures les plus modernes, ainsi que
des hôtels et services adaptés. L’hôtellerie a dû restructurer son offre pour satisfaire cette clientèle
avec un renforcement de l’hôtellerie de chaîne entre autres.
21
L’augmentation de l’accessibilité d’un territoire permet de pouvoir concentrer les flux
touristiques dans les grandes villes ; surtout lorsque celles-ci sont particulièrement bien connectées
avec l’Ile-de-France, le premier pôle économique. Dès lors des villes comme le Mans ont bénéficié d’un
effet levier du TGV grâce à la politique développée par les acteurs locaux (Amiard, 1996). Le taux
d’occupation du Palais des Congrès du Mans s’élevant à 85 % est déterminé par un effet décalé de
l’arrivée du TGV. En effet la première année a connu une croissance faible avant de prendre un envol
l’année suivante (+ 60 %) ; à l’image de la ligne Lyon-Paris où le nombre de voyageurs d’affaires a
augmenté de 56 % (Pieda, 1991), où le TGV a sans nul doute contribué au développement des grands
évènements et des grandes foires. Ce succès est sans nul doute provoqué par le fait que le Mans s’est
retrouvé à 55 minutes de Paris, puisque 70 % des congrès au Mans relèvent d’entreprises localisées à
Paris et sa couronne. A Beaune, il aurait été impossible de voir s’implanter un palais des congrès sans
une accessibilité privilégiée à Paris (Mannone et al, 1995). Enfin selon toujours les mêmes auteurs, la
présence de centres technologiques et universitaires à Grenoble et à Chambéry sont surtout la cause
de la bonne marche des activités de congrès, que le TGV a pu aider à leur dynamisme. Bien que 30 000
personnes transitent au Mans 6 ans après l’ouverture de la LGV, le nombre de nuitées ne parait pas
augmenter car la durée des évènements professionnels ou les déplacements professionnels
n’excèdent pas plus d’une journée en général. L’agglomération sarthoise enregistre entre 3 et 10 % de
moins de nuitées que les villes moyennes aux alentours. Néanmoins le tourisme d’affaires a généré 15
000 repas en 1996 et 5 000 nuitées. Un dernier fait montre que les déplacements du tourisme d’affaires
semblent être plus stables que les autres types de voyages. L’étude de Klein et Claisse (1997)
appréhende ces déplacements entre septembre 1989 et septembre 1993, où les voyages pour motif
professionnel ont diminué de 24 % entre Tours et Paris. Mais ce résultat va dans le même sens que la
baisse du trafic ferroviaire de 40 % provoquée par la hausse des prix du billet, et des contraintes de
réservations à l’époque d’autre part. Pour les zones proches de Paris, les clients sont plus sensibles à
la qualité de la prestation et au prix. Le second résultat montre que cette baisse est commune à
l’ensemble des secteurs et des CSP (excepté les professions libérales et les cadres administratifs et
commerciaux). En revanche les voyages concernant un séjour d’une demi-journée ont explosé (+ 260
%). Par ailleurs les branches de « assistance conseil étude » et des services non- marchands
connaissent des évolutions moins défavorables voire une croissance.
Finalement il apparait normal de poser l’hypothèse que la LGV contribuera au développement
du tourisme en Gironde mais uniquement à Bordeaux et, de manière plus limitée, dans des villes plus
petites comme Libourne ou Arcachon. En effet, par rapport aux expériences des autres territoires, il
semble que le tourisme urbain et d’affaires pourraient s’accroitre dans les années suivant l’ouverture
de la ligne à grande vitesse. Cependant, le lien infrastructure-tourisme semble conditionné par le
potentiel touristique présent en Gironde et la mobilisation des acteurs autour de cet enjeu.
2.2) Une combinaison de facteurs ad hoc en complément de la LGV dans
chaque territoire à l’origine de la croissance touristique
22
2.2.1) La richesse touristique et la mobilisation des acteurs locaux : la combinaison
primordiale
La revue de la littérature met en exergue le fait que l’impact de la LGV dépend des ressources
touristiques à mettre en valeur et de leur accès. Cela se réfère au processus d’activation spécifique des
ressources localisées (Pecqueur et Peyrache-Gadeau, 2002). Dans le cas du tourisme, il s’agit d’aider à
la dynamique de patrimonialisation qui permet de redonner un second souffle dans certains territoires
ruraux et urbains (Barrère, 2007). Un patrimoine peut à la fois être individuel et régi par des règles de
propriété privée et d’usage, ou collectif fondé sur la notion de capital actif donnant lieu aux notions de
patrimoine naturel, monumental, culturel ou productif (Resquier-Desjardin, 2009). Le patrimoine
serait un complexe d’actifs et d’institutions en interaction, référés à un être individuel ou collectif.
Dans le cas des villes intermédiaires, le tourisme est vu comme un moyen de développement
économique qui contrecarre l’essoufflement de l’activité productive secondaire (Ferrand et Bécot,
2011).
Il existe une palette de ressources touristiques très variées (Bazin et al, 2006), qui peut être
reliée à un patrimoine spécifique. Le tourisme vert qui prend racine grâce au parc naturel, le tourisme
événementiel grâce à une fête historique ou en lien avec la gastronomie (fête du vin par exemple)…
Dès lors le potentiel d’un lieu se caractérise par une latence de ressources à activer par une politique
de valorisation. En effet un lieu possède une mémoire, une histoire que la patrimonialisation peut
réveiller dans le but de créer une identité touristique particulière. La politique d’activation des
ressources spécifiques en termes de valorisation patrimoniale, se résume en 4 points :
- La politique de « mise en tourisme » : valorisation des lieux, piétonisation, réhabilitations,
créations de produits, etc.,
- Des campagnes de communication, spécialisée en chaque lieu et clientèle,
- Une offre d’hébergement de qualité et variée à développer,
- Des politiques d’amélioration de l’accessibilité pour les touristes (informations, mobilité).
Les études ex-post de l’effet de l’arrivée de la LGV sur un territoire montrent que celle-ci ne
provoque pas une valorisation systématique des activités économiques, et cela s’est avéré
particulièrement vrai pour les activités touristiques. Même si la haute vitesse ferroviaire permet de
rapprocher des points de l’espace marquant un atout pour le territoire, les acteurs locaux doivent
utiliser cet avantage pour développer un projet d’aménagement (basique, résidentiel, touristique…)
afin de capter la demande touristique. Or le développement des activités touristiques ne se réalise pas
à cause du manque d’actions cohérentes des acteurs, du manque de synergie et de coordination des
politiques locales, qui n’arrivent pas à mettre en tourisme les ressources latentes. Les expériences et
les erreurs du passé ont fait mûrir par la suite la réflexion de l’appropriation territoriale de la LGV et
ainsi, les politiques et les acteurs concernés ont connu une évolution dans le temps rapide dans la
stratégie de valorisation du tourisme régional.
23
Au début des années 80 marquées par l’ouverture de la ligne Sud-Est, l’organisation du
développement touristique à partir des gares TGV était assuré par la SNCF. Elle entreprit des
partenariats avec les acteurs locaux et nationaux pour aboutir à la mise en place de circuits
touristiques. Les touristes pouvaient profiter de circuits au cœur des châteaux bourguignons et
lyonnais sur un ou deux jours, le tout sans se soucier du problème de rupture de charge au niveau des
gares, puisque le transfert depuis le TGV était assuré par la SNCF. Cependant ces circuits disparurent à
cause, entre autres, de la banalisation du TGV et de la suppression des tarifs préférentiels qui ont
démantelé l’envie de découvrir les territoires concernés. La tutelle de l’activité touristique par un grand
acteur national s’est effacée rapidement avec l’Acte I de la Décentralisation. Les collectivités locales
prennent possession de leurs compétences de valorisation du potentiel touristique et la
Décentralisation marque une remise en question de la place des acteurs locaux dans les grands projets
nationaux. Ainsi, la construction du TGV Atlantique dans la lignée de ce bouleversement institutionnel
s’est accompagnée d’une stratégie touristique des acteurs locaux. L’accessibilité accrue et l’effet
vitrine provoqués par la nouvelle offre de transport a été bénéfique pour certaines villes de l’ouest.
Celles-ci ont tiré profit de cet avantage pour adapter leur offre touristique et la capacité d’accueil par
rapport au marché parisien. Des villes comme Tours et Le Mans se sont tournées vers le tourisme
d’affaires avec la construction de centres des congrès, d’hôtels adaptés à cette demande, dans le but
de changer l’image de ces villes. Néanmoins la plupart des actions en faveur du tourisme relèvent plus
de l’accompagnement que de véritables stratégies marketing, et elles restent peu développées jusque
dans les années 2000, en plus de ne pas être coordonnées. Le ralentissement économique et la montée
du chômage dans certaines régions ont été aussi des facteurs d’intervention à minima des acteurs
locaux dans le développement touristique. Les collectivités locales ont appréhendé le TGV plutôt
comme un moyen d’impulser les activités tertiaires et ont concentré leur actions sur la base de cette
stratégie. Dès lors aucune campagne touristique n’a été mise en œuvre au moment de l’ouverture de
la LGV Nord, dans un contexte économique et social préoccupant. Quant à la LGV Sud Méditerranée,
l’héliotropisme déjà connu des lieux desservis à l’origine de la saturation de l’autoroute A7 en période
estivale, a été valorisé par la campagne menée. Les acteurs bénéficiant de cette ligne n’ont cependant
pas saisi l’occasion de diversifier leur offre touristique dans le but de corriger l’effet néfaste de la
saisonnalité.
Par contre le TGV est en lui-même insuffisant pour développer des offres peu connues du public.
En effet les musées, monuments ou la gastronomie ne se développent pas immédiatement après
l’arrivée du TGV. Evidemment il faut que le territoire desservi prospecte sur la demande des futurs
clients mais le succès ne sera pas forcément garanti. En effet, les projets de développement des
infrastructures ou d’activités, de circuits, n’ont pas vu le jour ou n’ont pas perduré. Par exemple le
projet de création du golf de Vendôme a été abandonné, tout comme les circuits touristiques des
visites des châteaux depuis la gare de Tours11 et depuis Dijon n’ont pas rencontré le succès espéré. Ces
circuits étaient proposés à la clientèle américaine qui venait essentiellement en TGV (pour 95 % d’entre
eux) et ont connu un engouement puisque cette clientèle a triplé entre 1970 et 1980. En revanche de
85 000 en 1985, cette clientèle est redescendue à 31 474 en 1994. De même les circuits de Beaune ont
été abandonnés pour 3 raisons. Premièrement l’effet curiosité a disparu assez rapidement. Ensuite, la
11 Le circuit tourangeau n’aurait pas fonctionné à cause d’une société de transport privé qui a abandonné le projet de construire un terminal touristique à la gare.
24
SNCF a appliqué une politique de prix réduits pour faire connaître la destination. Une fois les rames
remplies cette politique a disparue et les clients ont fui. Enfin le circuit commençait à partir de la gare
de Montchanin à l’époque pour aller à Beaune ce qui constituait un voyage en lui-même. Il aurait fallu
que les gens partent de Beaune pour revenir à Beaune.
C’est seulement en 2007 avec le projet du TGV Est-Européen, qu’une véritable stratégie de
développement du potentiel touristique à l’échelle régionale s’est construite. Il s’agit dans ce cas-ci
d’une véritable mobilisation des acteurs face aux perspectives que le tourisme offre ; dont les
collectivités locales et la SNCF sont à l’origine. Penser la valorisation du potentiel touristique s’inscrit
dans un contexte d’incertitude sur la rentabilité de la ligne en plus de la faible renommée touristique
des régions traversées par la LGV. Par ailleurs et pour la première fois, les collectivités ont participé ex
ante au financement de la ligne à hauteur de 28 %, si bien qu’elles doivent agir pour espérer un retour
sur investissement. La LGV Est-Européenne a été le témoin de nombreuses actions marketings de
grande ampleur. Par exemple la SNCF a financé le guide du Routard : « L’Est : Escapades à très grande
vitesse », tandis que les conseils régionaux du tourisme ont coopéré dans la constitution d’un kit de
communication « ambassadeurs du TGV-Est européen ». Villes et régions ont développé leur
marketing comme Nancy qui détourne le célèbre I<3NY, en I Love NancY. L’Alsace a utilisé les NTIC
pour lancer son site « Alsacez-vous » ; quant à Reims, la ville a étendu le champ d’action de son office
de tourisme. Bien que les acteurs locaux aient pris conscience de la mise en place de stratégie de
valorisation touristique associant acteurs privés et publics, l’ensemble de démarches sont restées
plutôt locales et surtout peu coordonnées. Or, la synergie des acteurs reste primordiale pour le
développement du potentiel touristique face aux gains d’accessibilité et l’élargissement des marchés
touristiques, quel que soit le contexte national (Sands, 1993).
2.2.2) La modification des caractéristiques des touristes suite à l’amélioration de
l’accessibilité
L’image d’un lieu, d’une ville ou d’une région influe sur l’attractivité, d’où l’importance pour
certaines collectivités locales de concentrer les efforts sur le marketing territorial. Les villes et
territoires accueillant le TGV se dotent d’une image de modernité, de forte accessibilité, et augmentent
leur rayonnement à travers le territoire national. Chaque territoire et ville cherche à utiliser ce mode
de transport comme moyen de rayonnement à la fois local (électorat) et supra territorial (Bazin et al,
2006, Klein 2011). Toutefois l’attractivité d’être une « ville TGV » s’est estompée au fur et à mesure du
temps où ce mode de transport s’est banalisé et que ces villes se sont multipliées rapidement. Au final
une ville se distingue négativement de ne pas être connectée au réseau TGV. Ensuite et bien que les
LGV soient médiatisées, elles demeurent moins bien connues du grand public au point qu’être une ville
desservie par une LGV ne soit pas un élément suffisant pour la rendre attractive.
Il convient à partir de ce constat-là, de développer les spécificités du territoire, de l’identifier
parmi les autres, susciter un intérêt à venir. Dans ces actions, les grandes villes ont réussi le pari comme
25
en Espagne avec Saragosse et Cordoue (Ureña et al, 2009) mais le manque de moyens et de visibilité
des moyennes et petites villes font que le processus de valorisation demeure difficile (Bazin et al,
2012). Pour cela, les techniques de marketing territorial se basent sur la publicité pour arriver à ces
fins. La campagne de publicité doit créer une image qui se démarque des autres territoires en mettant
en avant des aménités comme la douceur de vivre, la gastronomie, le patrimoine, etc. Les collectivités
locales l’ont bien compris et se sont toutes mises à mettre en avant ces atouts ; et d’un territoire à un
autre, les mêmes arguments se répètent. Dès lors la lisibilité de l’offre s’amoindrit, chaque collectivité
locale ne se distingue pas d’une autre et la ville devient banale aux yeux des touristes lointains.
L’originalité à la fois de l’offre et de la campagne publicitaire associée devient primordiale, à l’image
de Metz. Avec le soutien financier de l’Etat et du FEDER, Metz Métropole a lancé une campagne « Je
veux Metz » destinée à attirer les cadres, les entreprises sur le territoire, et le tourisme d’affaires. Un
autre point important réside dans l’intensité de la campagne, puisque une sur- médiatisation peut
provoquer un résultat contre-productif. Toutefois après que la campagne publicitaire soit terminée,
l’image du territoire perdure dans le temps par les valeurs qu’elle a véhiculées dans l’esprit des
personnes, modifiant leur perception du territoire. A partir de cet attrait existant déjà ou retravaillé,
l’accessibilité de la nouvelle offre de transport peut générer une augmentation ou une transformation
de l’activité touristique.
Cependant malgré la valorisation du territoire qui a permis de véhiculer sur le long terme une
image positive, on observe des variations de fréquentation touristique sur le cours terme. Il existe de
prime abord un effet quasiment immédiat de hausse du nombre de touristes. En Alsace, une
augmentation de 11 % de la fréquentation des gîtes ruraux et des chambres d’hôtes a été observée à
l’arrivée du TGV, soit le double de l’année précédente (INSEE, 2009). Entre 2006 et 2008, les impacts
paraissent différenciés selon les zones concernées, se matérialisant par des gains en nuitées et par la
capacité des zones à capitaliser ces gains par des politiques actives d’offre touristique et hôtelière
(tableau 2). Des agglomérations comme Metz et Strasbourg ont le plus profité de l’arrivée de la LGV
même si les effets sont limités dans le temps ; avec cependant Strasbourg qui résiste mieux à l’érosion
des années suivantes.
Tableau 2 : Gains suivies de pertes de nuitées des villes de la LGV Est-Européenne
26
Sources : INSEE, 2009.
L’exemple de l’impact de l’ouverture en juin 2007 de la ligne Est, qui a provoqué une hausse du
nombre de nuitées sur l’ensemble des zones en 2007 par rapport à 2006. Strasbourg a progressé de
presque 100 000 nuitées, Metz un peu plus de 90 000 et 54 000 nuitées pour Nancy. En revanche, un
an après la perte est considérable ; seule Strasbourg a su capitaliser la croissance du nombre de nuitées
avec 79 400 nuitées supplémentaires. Dans une moindre mesure, Thionville et Lunéville ont su aussi
garder une croissance stable pendant ces deux années. Ces résultats sont en corrélation avec la
diminution de la durée moyenne du séjour en 2008 après une augmentation en 2007. En 2007, la
progression a été plus forte pour Strasbourg, tandis qu’à Reims la durée moyenne des séjours à
continuellement diminué sur les deux ans à cause de la proximité à Paris, ainsi qu’à Bar-le-Duc. La
capacité d’hébergement a été par contre peu affectée par la LGV. Cette capacité comprend deux
éléments. D’une part le développement d’une offre de courts séjours et de week-end, et d’autre part
d’hébergements en résidences secondaires. Bien entendu l’offre hôtelière reste marginale par rapport
à l’offre des résidences secondaires, ou des hébergements chez la famille ou chez des amis.
Premièrement l’offre hôtelière n’a peu progressé en nombre de chambres proposées. Entre 2006 et
2009, quelques zones comme Nancy et sa couronne ont ouvert 140 chambres, ainsi que les
agglomérations de Metz et Strasbourg, à Bar-le-Duc et à Forbach. Ailleurs cette offre s’écroule surtout
dans les Vosges. Ensuite, le taux de remplissage par hôtel est resté relativement stable voire a
progressé dans certaines zones comme Sarrebourg, se concrétisant par une adaptation de l’offre par
rapport à la demande en baisse.
27
Graphique 1 : Indices régionaux de chiffres d'affaires dans le secteur des hôtels et restaurants
Sources : INSEE, 2009.
Enfin l’ajustement de l’offre a permis de minimiser le recul du chiffre d’affaire en 2008 après
avoir profité d’une croissance ponctuelle après juin 2007 (graphique 1). La lorraine a le moins capté
les retombées de la LGV mais a connu une meilleure capitalisation du chiffre d’affaire en 2008. La
possibilité de réaliser un aller-retour dans la journée a diminué de façon significative le taux
d’occupation des hôtels. A Dijon le taux d’occupation a baissé entre 1980 et 1995, passant de 66 % à
58 %. En cause une diminution de la durée du séjour effective à Valence et Lyon mais pas à Beaune et
Montbard (Bonnafous, 1987). De même le TGV à Lyon à participer à une baisse durable de la durée de
la fréquentation des hôtels passant d’un séjour de 2,3 jours à 1,7 jour en 1993 (Mannone et al, 1995).
On observe d’autres cas similaires comme au Mans, où la durée moyenne des séjours est passée de 3
jours à 1,5 jour. De même Dijon a subi une baisse de son taux d’occupation passant de 66% à 58% en
1994. La fréquentation hôtelière a baissé notamment à cause d’une offre inadaptée pour le tourisme
d’affaires. En Indre-et-Loire, la fréquentation hôtelière s’est maintenue entre 1990 et 1998 par une
durée des séjours stable, mais ce département possède une diversité patrimoniale importante.
Cependant les comportements touristiques ont changé avec une volonté de partir plus souvent et
moins longtemps. Le TGV permet de répondre à cette demande de court séjour. Cela a été le cas pour
Lyon où les étrangers se déplacent plus fréquemment. Les effets sont ambigus et dépendent du
patrimoine et de la politique locale mise en œuvre. Ainsi à Tours l’arrivée du TGV fut mitigée dans le
secteur hôtelier avec en cause la clientèle d’affaires qui a baissé puisque l’aller-retour est devenu
possible dans la journée. Par contre, le TGV a eu un effet positif sur le loisir puisque les franciliens ont
pu passer le week-end sans difficultés en Indre-et-Loire. Enfin Le TGV a eu un effet de restructuration
de l’offre hôtelière, où les petits hôtels ont disparu pour faire place aux chaînes nationales en réponse
à la demande en qualité. L’effet bénéfique de l’augmentation du nombre de touristes qui restent moins
longtemps se répercute sur l’augmentation des emplois (besoin de plus de personnels pour l’accueil
et l’entretien…). Par contre, la diminution du nombre de nuitées en semaine au profit du week-end
pose problème à l’hôtellerie par rapport à la fluctuation hebdomadaire du taux d’occupation. Enfin
28
pour certains, la grande vitesse ferroviaire à l’origine du développement du tourisme urbain et
d’affaires permettrait de diminuer l’effet de saison sur l’année (SETEC, 2005).
2.2.3) Un développement touristique sur les territoires connectés encore difficile à
déterminer
Du point de vue politique, la place des « grands » projets d’infrastructures de transport
d’aujourd’hui résulte d’une rhétorique ancrée depuis le 19ème siècle, qui met en avant le
développement des transports comme vecteur de croissance des régions (Offner, 1993). Cependant
cette relation linéaire n’est pas démontrée par les différents travaux scientifiques et les gains
d’accessibilité auraient plutôt un effet de catalyseur, c’est-à-dire à amplifier et accélérer des
dynamiques territoriales préexistantes. De nombreuses études empiriques montrent qu’il n’existe pas
de relation systématique entre l’apparition d’une nouvelle offre de transport et le changement des
caractéristiques spatiales et socio-économiques des territoires. Déjà dès les années 70, François
Plassard (1977) prit à contre-pied le discours des politiques sur cette relation non automatique dans
le cas du développement du réseau autoroutier. Il insista sur le fait que la connexion à un réseau
permettait d’activer un potentiel économique du territoire dont les acteurs locaux doivent profiter.
Des recherches plus récentes (DATAR, 1986) mettent en avant l’effet quasi-immédiat du changement
de comportement de mobilité des individus, a contrario de l’apparition des effets structurants plus
lents. Ainsi l’étude de l’effet de l’implantation d’une LGV sur un territoire demande à prêter attention
à la temporalité de différentes grandeurs de systèmes en constante mutation.
Le gain d’accessibilité ferroviaire provoque des effets directs sur le comportement de mobilité
des usagers et dessine des effets sur les territoires. La grande vitesse ferroviaire réduit d’au moins un
tiers jusqu’à la moitié le temps de parcours entre deux gares éloignées. Cette performance de mobilité
en termes de temps suscite deux changements lors de la mise en service de la LGV. Le premier effet
est celui du report modal, où une partie des usagers de l’avion ou des utilisateurs de la voiture vont
opter pour la nouvelle offre TGV. De même, le report modal se répercute entre les différentes offres
de train sur la même ligne ferroviaire. Par exemple un usager va préférer prendre le TGV plutôt qu’un
Train d’Equilibre du Territoire (TET) par rapport à la performance en temps de parcours. Le second
effet qui vient compléter le précédent se dit effet induit. L’induction de trafic est liée à la création
d’une nouvelle offre de transport. Le TGV autorise une accessibilité plus large permettant aux
voyageurs de réaliser des déplacements qui leur étaient difficiles voire impossibles avant. Cet effet
représente 30 à 35 % des voyageurs à bord des TGV et apparait importante aux yeux des acteurs locaux
car de nouveaux consommateurs viendraient fouler le territoire. Par exemple, Réseau Ferré de France
(RFF) a comptabilisé une hausse de 52 % des déplacements d’affaires dans le sens Paris-Province et de
144 % dans le sens contraire, sur la LGV Sud-Est entre 1981 et 2005. Dès lors le rapport de la Cour des
Comptes (2014) en se basant sur l’ENTD distingue 3 sortes de comportements de mobilité selon le
temps de transport interurbain :
- Pour les temps de parcours de ¾ d’heure, jusqu’à 1 h si le post-acheminement est très réduit,
La LGV demeure un mode de transport consacré aux déplacements pendulaires des employés.
29
Au même titre que les villes de la seconde couronne francilienne, des agglomérations comme
Vendôme, le Mans et Reims se situent à moins d’une heure de Paris. Les mouvements
pendulaires restent un des motifs principaux de voyage en TGV. En effet, habiter en Touraine
et travailler en Île-de-France concerne 5000 personnes dont environ 2300 rentrent chez eux
chaque soir. Ce comportement de localisation résidentielle reste supportable pour un ménage
puisque le loyer plus faible en Province compense les dépenses en transport. Par exemple la
différence de loyer entre Tours et Paris stagne entre 1 et 2,5 selon l’arrondissement. En outre
ce modèle de déplacement domicile travail perdure puisque la moyenne des mono-résidents
s’élève à 10 ans contre 7 pour les bi-résidents. De même cette dynamique devrait se maintenir
au fur et à mesure que le télétravail évitant les déplacements journaliers et que l’employeur
prend en charge une partie des dépenses de déplacement. De manière plus marginale,
l’ouverture de la LGV entre Perpignan et Barcelone a rendu possible une dynamique de
migration pendulaire. Ici le tourisme sera excursionniste le week-end.
- Pour les temps de parcours jusqu’à 1h30 voire 2h, le voyageur peut réaliser un aller-retour
dans la journée voire dans la demi-journée. Pour ces villes situées dans cette catégorie comme
Nancy, Mâcon, Bruxelles, Lyon, Poitiers et bientôt Bordeaux, le tourisme d’affaires et
l’excursionnisme semblent être un atout intéressant.
- Le seuil des 3 h marque la limite de portée pour les séjours de courtes durées et les excursions.
Pour un professionnel, l’aller-retour dans la journée est possible ainsi que l’organisation de
séminaires sur quelques jours. Pour les touristes, la visite d’une ville desservie par le TGV peut
s’effectuer en un week-end.
Ensuite la LGV peut faire varier les comportements touristiques vis-à-vis des territoires :
- En élargissant le marché potentiel des grandes agglomérations desservies, ayant déjà une
image forte,
- En développant le tourisme urbain,
- En favorisant les séjours courts en un week-end, notamment en maison secondaire,
- En développant le tourisme d’affaires même si le rapprochement des villes tend à réduire le
nombre de nuitées,
- En visant un meilleur étalement des vacances,
- En faisant diminuer le nombre de nuitées sur les territoires bien desservis, à forte cadence et
au temps de parcours faible,
- En accroissant la fréquentation des lieux touristiques.
En conséquence, les LGV admettent la possibilité de développer une nouvelle offre touristique
de plusieurs manières. Par exemple la meilleure accessibilité offre la possibilité de faire apparaitre des
produits touristiques nouveaux ou de modification de l’offre existante vers des formules week-ends ;
tout comme de nouvelles structures d’accueil pour le tourisme d’affaires. Si les acteurs se mobilisent,
la LGV permet de faire connaitre le territoire à travers la hausse des évènements à envergure nationale
voire internationale, dans le but aussi de modifier la perception du territoire. Par ailleurs, les
30
déterminants de l’évolution potentielle restent multiples et dépendent des logiques d’acteurs
spécifiques au territoire et du degré d’adhésion et d’anticipation des acteurs à l’ouverture de la ligne.
Ensuite on retrouve des facteurs géographiques comme la configuration spatiale (région périphérique,
région centrale), de sa position dans le réseau de villes (Bordeaux au sud-ouest de Paris, Rennes à
l’ouest, Lille au nord et entre Paris Bruxelles et Londres). Pour finir le niveau de structuration
intercommunale de l’agglomération desservie est un facteur qui différencie l’impact de la LGV d’un
lieu à un autre.
Finalement sur le plan scientifique il demeure difficile de dégager des effets généraux car il y a
une diversité de situations des villes (ressources, distance de Paris, taille, etc.) que les études sont à
contextualiser (Delaplace, 2012). L’ensemble des approches théoriques insiste sur le caractère
difficilement quantifiable, intangible et non systématique des effets d’une LGV. Il existe d’ailleurs une
réelle difficulté à comparer les situations notamment à cause du problème de l’échelle géographique
considérée et de la délimitation entre les secteurs étudiés (Haynes, 1997). L’analyse ex post des
impacts de la LGV pose donc des soucis majeurs :
- D’un projet à un autre, la période d’implantation n’est pas la même. Ainsi le contexte régional
peut être différent ainsi que la conjoncture macroéconomique. Les effets d’apprentissage sont
différents d’une période à une autre et en théorie, la LGV Tours-bordeaux devrait bénéficier
des avancées en ce domaine. De ce dossier, il sera compliqué par la suite de déterminer l’effet
de la LGV sur le tourisme ainsi que la dynamique touristique elle-même. Au mieux, on arrivera
à déterminer des tendances que la LGV pourra soutenir ou non.
- La LGV n’est pas implantée de manière identique dans chaque région. En effet, le nombre de
dessertes, de leurs articulations, de la localisation de la gare (centre-ville ou excentré)
déterminent un impact différent.
- Bien évidemment et au regard de ce qu’on a dit plus haut, aucun territoire n’apparait comme
identique et dépend des acteurs et des caractéristiques socio-économiques.
- La distance par rapport à Paris joue sur la concurrence entre les villes du réseau TGV et le
temps de transport se voit aussi concurrencé par le transport aérien.
- Le manque de séries longues sur des territoires à échelle fine.
Même si l’impact sur un territoire en Gironde demeure encore difficile à mesurer, le diagnostic
des ressources et l’analyse des politiques touristiques sur ce territoire permettront d’indiquer les
tendances sur un impact positif ou négatif de la LGV. Néanmoins pour que l’impact soit optimal il faut
que l’offre touristique soit en adéquation avec les caractéristiques du flux de voyageurs des TGV,
comme le sous-entendent les études citées en amont.
31
III) Le développement de filières touristiques spécifiques à la typologie
des voyageurs des TGV
3.1) Une motivation principalement personnelle de l’usage du TGV de la part
d’une clientèle aisée
Etudier l’impact de l’ouverture de la LGV suppose de questionner le profil des voyageurs
susceptibles d’utiliser le TGV, ainsi que le volume de touristes transporté par ce mode de transport. Le
potentiel de développement de certaines filières touristiques plutôt que d’autres sera ainsi déterminé.
En somme, le TGV est-il un moyen de transport habituellement utilisé par les touristes et peut-il
développer un tourisme de masse ou plutôt un tourisme élitiste ? Une première analyse montre que
63,8 % des voyageurs TGV ont un motif de déplacement personnel (Cour des Comptes, 2014). Les
déplacements professionnels ne concernent donc que 36,2 % des cas (graphique 2). Parmi les
déplacements privés, les vacances ne représentent que 12,5 % des motifs de voyages. Pour ces
derniers, la totalité du temps à destination sera consacrée à la consommation touristique. Concernant
ceux dont le motif est la visite à des proches, nous pouvons considérer qu’une partie de leur
consommation locale peut être considérée comme touristique. Enfin les autres loisirs peuvent être
assimilés au tourisme. Dès lors 31,2 % des passagers ayant des motifs privés sont entièrement tournés
vers le tourisme. En ce qui concerne les déplacements professionnels, 80,2 % des voyageurs semblent
tournés vers le tourisme d’affaires. Pour le reste, le TGV représente un moyen de transport pendulaire
quotidien ou hebdomadaire. Au final sur l’ensemble des voyageurs, 19,9 % des voyageurs du TGV sont
des touristes privés purs, alors que les touristes d’affaires représentent 29 % des voyageurs.
Sources : Cour des Comptes après traitement des données de l’enquête nationale transports et déplacements
(ENTD), 2014.
13,1%
18,7%
3,4%12,5%
15,6%
36,7%Visites à desparents
Visites à des amis
Vacances
Résidencesécondaires
Autres loisirs
Autres motifspersonnels
80,2%
19,8%
Lieu de travailhabituel
Autres motifsprofessionnels
Graphique 2 : Motivation de déplacement des voyageurs en TGV selon le motif
32
Le second aspect qui nous permet de construire une typologie du voyageur de TGV
s’appréhende par l’étude des revenus des passagers. Les trois premiers déciles des revenus préfèrent
utiliser les autres trains (TER, TET) pour se déplacer plutôt que le TGV (graphique 3). A partir du
quatrième décile, la tendance s’inverse et l’écart se creuse dans le dernier décile. Les utilisateurs du
TGV sont définitivement des catégories socio professionnelles (CSP) supérieures avec un fort pouvoir
de consommation. En ce qui concerne le déplacement en voitures, le TGV se fait fortement
concurrencer sauf pour les déplacements des plus aisés (le dernier décile). On remarque enfin une plus
grande mobilité quel que soit le mode de transport des ménages aux revenus élevés.
Graphique 3 : Déplacements en fonction des déciles de revenus pour les trajets longues distances
Sources : Cour des Comptes, ENTD, 2014.
Enfin une autre caractéristique concerne des comportements différents par rapport à la rupture
de charge à l’arrivée selon les individus. Selon la catégorie de revenus, les voyageurs du TGV et donc
les touristes, ne se déplacent pas de la même manière sur le territoire de destination (graphique 4).
Les déciles les plus faibles, ont tendance a se tourner plus facilement vers les transports en commun
que le reste. Les déciles les plus forts favorisent vers la voiture particulière. Dès lors la gare, ou lors de
la réservation de billet, une offre de location doit être mise en relation surtout pour les déplacements
professionnels. Ainsi pour les transports intra urbains, il serait préférable de créer une station de
voitures électriques avec un forfait journalier pour répondre aux besoins de cette clientèle. Cette
analyse varie d’un territoire à un autre selon l’offre de transport proposée.
33
Graphique 4 : Déplacements en fonction des déciles de revenus pour les transports locaux
Sources : Cour des Comptes, ENTD, 2014.
Finalement, le raccourcissement des distances a offert une augmentation de la fréquence des
voyages entre les villes connectées sur le réseau, que ce soit dans le cadre du travail ou des études.
Dès lors le rapprochement de Bordeaux face à Paris permettra aux cadres et CSP supérieurs de vivre à
Bordeaux et d’aller travailler à Paris. Ce qui en résulte sur le plan touristique que le potentiel de
changement de localisation résidentielle induit 2 conséquences. La première est que les nouvelles
familles s’installant en Gironde par exemple, deviennent des excursionnistes les week-ends et durant
les vacances, consommant localement un revenu gagné à l’extérieur du territoire. La seconde
conséquence provoque le développement d’un tourisme affinitaire. Certes ce type de tourisme induit
des dépenses touristiques beaucoup plus faibles par personne (qui utilise un hébergement non-
marchand, etc.), mais représente un potentiel de développement non-négligeable.
3.2) Concurrence entre les modes de transport : le TGV reste marginal
3.2.1) Un coût de transport généralisé pas toujours compétitif
Le TGV demeure un moyen de transport réservé à une clientèle aisée à cause du prix du billet.
Cependant le volume du flux de voyageurs dresse le TGV comme un moyen de transport marginal et
39,1
57,9
72,376
85,3 87 85,8 85,588,9
77,9
10
,3
9,9 10
,3
8,7
7,3
7 7,2 7,5
6,4 8,5
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
1erdécile
2èmedécile
3èmedécile
4èmedécile
5èmedécile
6èmedécile
7èmedécile
8èmedécile
9èmedécile
10èmedécile
Dé
pla
cem
en
ts lo
cau
x h
eb
do
mad
aire
s
voitures transports collectifs
34
concurrencé sur le marché des transports. Cela s’explique par le fait que le transport individuel reste
majoritaire en France. Sur 985 voyageurs – km en 2013 et en France, la voiture occupe 83 % quelle que
soit la raison du déplacement, contre 17 % pour les transports en commun. Tous transports confondus,
la part du ferroviaire (hors métro) ne représente que 9 % de la fréquentation voyageurs - km dont 5,5
% pour le TGV. Par ailleurs en prenant en compte uniquement les transports en commun, le TGV
représente 31.8 % de la fréquentation des transports en commun, soit 54 milliards de voyageurs - km
(graphique 5). Même si le TGV ne transporte en volume que 7 % des passagers du ferroviaire (soit 100
millions de passagers en 2012), ceci représente 67% des voyageurs – km du chemin de fer car chaque
passager parcourt une distance bien plus grande en un temps record ; hissant le TGV comme moyen
de transport en commun dédié au voyage à longue distance. Pourtant cette croissance de part de
marché doit tirer parti d’une stratégie de dessertes des TGV qui tend à réduire l’effet tunnel pour
desservir l’ensemble du territoire ; par l’augmentation du nombre d’arrêts intermédiaires au fur et à
mesure que se développent de nouvelles lignes. Ainsi, la longueur moyenne d’un déplacement TGV
est passée de 600 km en 1990 à 450 km en 2000, le TGV devient de plus en plus un mode transport de
moyenne distance.
Graphique 5 : Fréquentation des transports en commun (en milliard de voyageurs-km)
Sources : Cour des comptes d’après des données du MEDDE, 2014.
La grande vitesse ferroviaire englobant la plus grande part de marché des transports en commun
en 2012, se fait pourtant concurrencer par d’autres modes de transport. Déjà cette année-là, les
autocars arrivaient en deuxième position dans le classement avec 51,6 milliards de voy-km, soit 30,3
% ; à l’heure où le marché de l’autocar n’était pas libéralisé12. Ce constat-là rappelle que le choix du
mode de transport dépend principalement de deux paramètres : le coût du voyage et le temps. Les
voyageurs selon leur niveau d’utilité vont faire la part des choses entre ces deux coûts. Cet arbitrage
12 Décret n°2015-1266 du 13 octobre 2015 relatif aux services réguliers interurbains de transport public routier de personnes librement organisés qui a inauguré l’ouverture du marché des autocars.
51,6
14,0
15,2
54,0
14,2
8,012,9
Autobus, cars
TransportsaériensMétro (France)
TGV
TER
TET/Intercités
35
va donner naissance au coût généralisé des transports où le temps passé dans le transport a une valeur
économique. Ainsi pour les revenus les plus faibles, le TGV se fait concurrencer par des moyens de
transports plus lents mais moins coûteux (graphique 6). L’un d’entre eux est la voiture et son mode
alternatif : le covoiturage, qui a permis de baisser le coût par passager du mode automobile. En effet,
en 2015 selon la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT), le coût par
passager sur de la longue distance est de 3 à 4 centimes plus faible par kilomètre que le TGV. Mais
lorsque la voiture ne compte que 2 passagers, alors le TGV est plus rentable en général de 6 à 7
centimes par kilomètre. Ainsi un autre aspect de l’usager type du TGV est qu’il voyage la plupart du
temps seul ou en couple plutôt qu’en famille. L’autre moyen de transport concurrentiel pour les
voyageurs les moins aisés est l’autocar interurbain récemment développé en France. Ce moyen de
transport a créé un effet induit et un effet de report plus faible. En Allemagne, le marché des autocars
s’est ouvert en 2013 et ce moyen de transport s’est positionné comme un concurrent sérieux sur les
trajets où l’offre de train est soit trop coûteuse soit insuffisante.
Graphique 6 : Coût des différents modes de transport pour les longs trajets
Sources : FNAUT, 2015.
En revanche pour les personnes pour qui la valeur économique du temps est plus élevée, le TGV
offre des avantages concurrentiels qui attirent les voyageurs au fort salaire. Ces voyageurs aux revenus
plus élevés, profitent d’un niveau de services supérieur qui rend le TGV comme moyen de transport
ultra mobile et joue notamment sur l’accessibilité des territoires (Delaplace, 2012). Nous pouvons
résumer ces avantages par :
36
- Pour une durée inférieure à 3 h, la vitesse de porte à porte est supérieure à celles des autres
modes de transport ou égalise l’avion13.
- La capacité des TGV à utiliser les lignes classiques et les LGV permettent de desservir
l’ensemble des destinations.
- Un confort et une rentabilisation du temps de transport supérieurs aux modes de transports
concurrents. Il s’agit par exemple de la possibilité de télétravail dans les TGV qui rentabilise le
temps dépensé.
- Une fréquence accrue et une facilité de changer les billets ce qui le rend modulable et permet
d’éviter les fortes perturbations de l’emploi du temps.
L’autre mode de transport concurrent du TGV demeure l’avion. D’une part l’avion à bas coût
reste quasiment deux fois plus rentable que le TGV ; et d’autre part le mode aérien est plus pertinent
pour un trajet supérieur à 3h, donc pour les longues distances (Crozet, 2010). L’efficacité du TGV par
rapport aux autres modes de transport montre que la zone de pertinence du TGV se définit pour les
trajets compris entre 1 h 30 et 3 h (graphique 7). Ainsi, la LGV Tours-Bordeaux permettrait de faire
rentrer le trajet Bordeaux-Paris dans une zone de pertinence pour les déplacements touristiques. Le
TGV deviendrait donc fortement concurrentiel à l’avion, d’autant plus que les fréquences seront
augmentées. L’amélioration de l’accessibilité liée à la grande vitesse ferroviaire permettrait un report
modal de la voiture, mais surtout de l’avion (Bonnafous, 1980). Un report du trafic vers les TGV a bien
été observé, par exemple pour le TGV Méditerranée où 67 % du gain du trafic était un report, 55 %
pour le TGV Est, 35 % et 37 % pour LGV Nord Europe et Rhône Alpes14. On constate ainsi, que du point
de vue temporel, la LGV pourrait principalement attirer les touristes français, plus particulièrement
ceux du bassin parisien ; et peut être les touristes britanniques en cas de réalisation de la ligne Eurostar
Londres-Bordeaux. Néanmoins, le concept de pertinence n’est pas rigide : il dépend de la taille des
bassins de populations desservis qui dilate ou contracte la zone de pertinence. Même la grande vitesse
manque de compétitivité dans les prix, l’expérience du TGV Paris-Lyon a montré l’importance du temps
que le voyageur est prêt à payer, si bien que les performances de cette ligne ont dépassé les pronostics
(Plassard, 1991). Selon cet auteur, le trafic entre Paris et Lyon a augmenté de 150 % en 10 ans ; et au
Japon le trafic a triplé après l’ouverture de la ligne de Tokaïdo, la première ligne du Shinkansen.
13 Le train permet un accès direct en ville même pour les gares ex-urbanisées, notamment par rapport à l’avion qui demande un trajet en navette et des contrôles chronophages. 14 Cf J.P Taroux, Note de synthèse bilans ex post d’infrastructures (annexe rapport de la commission E. Quinet, septembre 2013 et rapport LOTI du TGV EE1)
37
Graphique 7 : Parts de marché observées entre la grande vitesse ferroviaire et aérien pour différents trajets de parcours de ville à ville
Sources : Cour des Comptes 2014.
3.2.2) Un impact de la LGV limité par la concurrence du mode de transport aérien
Etant donné que pour les trajets supérieurs à 3 h, l’avion devient le mode transport le plus
efficace, une partie de la croissance touristique sera en partie due à la dynamique de développement
du transport aérien. Ici on suppose que l’avion viendra prendre des parts de marché aux TGV et limitera
l’impact de la LGV en Gironde. Effectivement la concurrence des lignes aériennes à Bordeaux ébauche
une menace pour la LGV, comme en témoigne la dynamique de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac.
L’infrastructure aéroportuaire se hisse au 8ème rang dans le classement des aéroports les plus
fréquentés en France, avec 4 945 029 passagers, soit une hausse de 7,1 % entre 2013 et 2014 (Union
des aéroports français, rapport d’activités, 2014). Cette croissance du nombre de passagers provient
de l’extension de l’aéroport de Bordeaux vers les vols low cost, matérialisé par l’inauguration du
terminal « Billi » en 2010. En 2014, les vols low cost ont enregistré 1 972 731 passagers avec une
progression de 24,6 % entre 2013 et 2014 et entre 2010 et 2014 27,0 % (tableau 3). L’aéroport de
Bordeaux est devenu une plate-forme de vols low cost vraiment performante puisqu’elle absorbe les
passagers de l’aéroport de Bergerac principalement tourné vers ce type de vols ; ainsi que de Pau,
Biarritz, La Rochelle. Selon le site de comparateur de prix « Skyscanner », Bordeaux-Mérignac se classe
troisième aéroport français avec les vols les moins chers, avec en moyenne un prix de 186 euros pour
rejoindre les autres capitales européennes15. Cette plate-forme aéroportuaire s’inscrit dans le paysage
européen.
15 Dans le sud-ouest du 15/06/2016. Etude sur 9 aéroports français.
38
Tableau 3 : Trafic aérien des principaux aéroports du Sud-Ouest
AEROPORTS TRAFIC À BAS COUTS VARIATION
2010 2011 2012 2013 2014 2014/2013 2014/2010
Bergerac Dordogne Périgord 254 896 286 488 244 376 281 912 271 624 -3,6 % 1,6%
Biarritz-Anglet-Bayonne 362 332 362 495 406 486 396 093 373 108 -5,8% 0,7%
Bordeaux 759 110 978 200 1 349 900 1 582 982 1 972 731 24,6% 27,0%
La Rochelle –Ile de Ré 170 510 197 938 202 771 183 387 182 381 -0,5% 1,7%
Poitiers-Biard 76 895 64 763 70 881 62 844 65 885 4,8% -3,8%
Pau 112 977 49 833 19 776 12 512 569 0 -100,0% -100,0%
Toulouse - Blagnac 1 213 092 1 607 090 1 906 159 1 990 241 2 000 089 0,5% 13,3%
Sources : Fédération Française d’Aéronautique, 2015.
Le déplacement en avion prédomine puisque les vols internationaux croissent le plus,
permettant l’accessibilité des étrangers à Bordeaux privilégiés par l’avion par rapport au train (tableau
4). Le développement des aéroports de province démontre une mutation du schéma classique de hub
qui n’est plus privilégié aux aéroports parisiens. Par exemple les compagnies low cost privilégient les
aéroports de province comme Volotea à Nantes et à Bordeaux, d’où la croissance des vols à bas coût,
notamment pour les personnes en provenance ou à destination de l’étranger. En 2015, trois nouvelles
compagnies se sont installées à Bordeaux (Brussels Airlines, IGavion et ASL Airlines) et 12 nouvelles
lignes ont été mises en service dont 6 low cost (Brest, Prague, Dubrovnik, Corfou par Volotea, Malaga
par Vueling), Glasgow par EasyJet, Vienne par ASL Airlines, Bruxelles par Brussels Airlines, Athènes par
Aegean Airlines, Metz-Nancy par Twinjet, Dole par IGavion et Milan Linate par Alitalia. En 2016,
Bordeaux est relié à 100 destinations dont 78 destinations régulières (63 low cost, 15 traditionnelles)
et 22 charters.
Tableau 4 : Trafic aérien des aéroports de 2010 à 2014
Aéroports Passagers payants et non-payants des avions commerciaux (Passagers
locaux et passagers en transit directs comptés une fois)
Taux moyen
annuel de
variation
2010 2011 2012 2013 2014 14/13 14/10
Bordeaux 3 660 042 4 112 575 4 428 072 4 617 608 4 945 029 7.1% 8%
Passagers locaux 3 612 327 4 023 175 4 380 145 4 574 346 4 914 492 7.4% 8%
Nationaux 2 263 869 2 470 200 2 640 839 2 794 092 2 764 242 -1.1% 5.1%
Internationaux 1 348 458 1 552 975 1 739 306 1 780 254 2 150 250 20.8% 12.4%
Transit 47 715 89 400 47 927 43 262 30 537
Province 60 026 177 64 802 154 68 742 289 71 051 174 72 108 646 1.5% 4.7%
Passagers locaux 59 246 877 64 111 579 68 160 208 70 605 711 71 723 986 1.6% 4.9%
Nationaux 28 197 134 29 648 746 31 075 834 31 954 403 31 112 707 -2.6% 2.5%
39
Internationaux 31 049 743 34 462 833 37 084 374 38 651 308 40 611 279 5.1% 6.9%
Transit 779 290 690 546 582 059 445 457 384 659
Paris 83 371 031 88 109 627 88 788 465 90 327 071 92 676 342 2.6% 2.7%
Passagers locaux 83 274 101 88 045 449 88 663 069 90 256 818 92 609 887 2.6% 2.7%
Nationaux 15 538 713 16 655 488 16 320 034 16 393 651 15 985 820 -2.5% 0.7%
Internationaux 67 735 388 71 389 961 72 343 035 73 863 167 76 624 067 3.7% 3.1%
Transit 96 930 64 178 125 396 70 253 66 455
France Métropolitaine 143 397 208 152 911 781 157 530 754 161 378 245 164 784 988 2.1% 3.5%
Passagers locaux 142 520 978 152 157 028 156 823 277 160 862 529 164 333 873 2.2% 3.6%
Nationaux 43 735 847 46 304 234 47 395 868 48 348 054 47 098 527 -2.6% 1.9%
Internationaux 98 785 131 105 852 794 109 427 409 112 514 475 117 235 346 4.2% 4.4%
Transit 876 220 754 724 707 455 515 710 451 114
Sources : Fédération Française d’Aéronautique, 2015.
L’aéroport de Bordeaux est en plus très rentable ce qui veut dire que les bénéfices pourront
servir de futures actions de développement aéroportuaire. C’est aussi le cas de Biarritz et de Pau dans
une moindre mesure. En revanche les autres plates-formes aéroportuaires sont déficitaires entre
300 000 et 3 millions d’euros. Malgré les subventions européennes qui permettent de combler le
déficit, les aéroports ne trouvent pas d’actionnaires ils risquent de fermer et Bordeaux pourrait
récupérer l’ensemble des passagers. Un autre point du développement aéroportuaire est que
l’aéroport de Mérignac pourrait à terme être privatisé comme l’aéroport de Lyon ou de Nice. L’activité
aéroportuaire va sûrement être soutenue dans la nouvelle grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-
Charentes (ALPC) car il apparait que les six aéroports d’Aquitaine génèrent 7,7 milliards d’euros de
retombées économiques, dont 700 millions d’impacts directs rien que pour l’aéroport de Mérignac.
Ces chiffres pourraient argumenter pour le financement des dettes des aéroports. 38 % des voyages
sont liés au tourisme, 32,3 % pour des motifs professionnels et 29,7 % pour motif personnel à Bordeaux
Mérignac. Les lignes low cost enregistrent plutôt 44,2 % de voyages pour tourisme loisir, et 21,5 % pour
motif professionnel. Les low cost desservent plus des destinations de vacances que les autres
compagnies. Le nombre de touristes d’affaires en low cost augmente chaque année car les entreprises
sont plus attentives aux coûts de déplacements. Dès lors les entreprises low cost comme Easyjet et
Ryanair ont développé des prestations dédiées aux affaires comme la priorité sur l’embarquement. La
ligne Bordeaux-Milan ouverte depuis 4 ans est devenue une ligne d’affaires. De nouvelles lignes en
études seront plus tournées vers des destinations d’affaires.
On peut faire un constat saisissant. Le TGV aura du mal à concurrencer l’aviation dans le cas des
vols directs d’un pays à un autre, surtout dans le contexte touristique où les séjours touristiques se
raccourcissent. D’autant plus qu’un effet psychologique a joué en faveur de l’avion à bas coût : ce qui
était inaccessible l’est maintenant. Aujourd’hui on peut partir loin à bas prix et profiter de destinations
européennes. Un autre constat montre qu’au final les touristes étrangers susceptibles de prendre le
train sont ceux qui organisent un voyage dans plusieurs villes françaises au départ de Paris en général.
Dès lors, la LGV permet de repositionner Bordeaux face à ses concurrentes provinciales, et améliorer
l’accessibilité au centre de Paris mais aussi à l’aéroport Charles De Gaulle avec des liaisons directes. En
conséquence les touristes étrangers peuvent inclure Bordeaux dans leur itinéraire car la LGV donne un
accès privilégié à Roissy Charles de Gaulle.
40
D’une manière générale, l’ensemble des expériences de la LGV sur le tourisme restent
contrastées. Néanmoins on peut supposer que le TGV peut favoriser le déplacement de certains types
d’individus : jeunes, séniors, étrangers, CSP supérieure. Il permet aussi le déplacement en groupe de
touristes sur de longues distances. Le TGV semble plus adapté pour les voyageurs seuls ou en couple
sans enfant en provenance de Paris (Bonnafous, 1987). Ainsi l’ouverture de la ligne Paris-Lyon n’a pas
provoqué une augmentation du nombre de touristes à destination des stations de ski mais plutôt un
changement du profil de la clientèle. La littérature sur les effets du TGV sur la migration domicile-
travail a montré que ce sont les CSP les plus aisées déjà utilisatrices du TGV, qui peuvent supporter
une hausse du prix du train induite par l’arrivée du TGV. Un autre constat montre qu’une partie des
voyageurs empruntant la nouvelle offre de chemin de fer provient d’un report modal. Par exemple
entre Tours et Paris, le nombre de voyageurs a augmenté de 800 000, passant de 1,2 million de
personnes en 1989 à 2 millions en 2000. Parmi ces voyageurs, 64 % utilisaient avant la voiture, 15 %
l’avion, mais 21% sont des voyageurs nouveaux (Buttet et al, 2001). Le TGV a eu comme effet de
détourner une partie du trafic routier et aérien par son efficacité en plus de créer une demande
nouvelle. C’est ce qui va sûrement arriver à Bordeaux avec le développement du tourisme d’affaires
rendu possible par le TGV et le quartier Euratlantique. On peut supposer que Bordeaux suivra la même
dynamique qu’à Nantes où le TGV a permis une augmentation du trafic ferroviaire, tandis que Toulouse
garde une part plus forte pour l’avion (Klein et Clarisse, 1997). Selon la SNCF (2016), la LGV pourrait
transporter 2,3 millions de passagers supplémentaires entre Paris et Bordeaux à partir de 2019, avec
18,5 AR directs et 4,5 avec un ou deux arrêts utiles. 65 % de ce trafic concerne la liaison Paris-Bordeaux
(Tellakis, 2012), soit 1,495 million de passagers de plus, divisé par 2 pour un rapport égal à égal entre
Bordeaux et Paris (aller et retour avec le même nombre de passagers). Au résultat on s’attend à
729 500 passagers arrivant à Bordeaux par an. Sur cet ensemble de voyageurs 48,9% sont des touristes,
soit 355 258 touristes en plus par an. Cet effectif se divise entre les touristes d’affaires 211 555
voyageurs et 143 703 de passagers pour raisons privées, à l’horizon 2019. Or, étant donnée la
concurrence modale, une partie de cette croissance de voyageurs est provoquée vraiment par une
induction. La part des voyageurs concernés par ce cas s’élève à 20 % la première année, 32 % la
seconde, puis 44 % les années suivantes. En conséquence en 2019, un peu moins de la moitié soit
156 000 environ sont des touristes supplémentaires. Ces nouveaux arrivants représentent le potentiel
touristique que la LGV apporte à la Gironde selon l’hypothèse que la typologie des voyageurs sur la
ligne Bordeaux-Paris ressemble à celle observée dans l’ENDT de 2009.
41
IV) Diagnostic du tourisme en Gironde : un département dynamique
dans le paysage touristique français
Evaluer l’impact de l’ouverture de la LGV entre Tours et Bordeaux signifie appréhender l’offre
touristique de la Gironde. Effectivement, pour qu’un effet levier de la grande vitesse se manifeste, il
demeure nécessaire que les caractéristiques de l’offre correspondent aux caractéristiques des
voyageurs TGV qui représente une demande additionnelle. Cela implique d’établir l’état des lieux des
richesses touristiques localisées et de la position actuelle de la Gironde sur le marché touristique
français. Ensuite pour arriver à diagnostiquer la Gironde, une batterie de données, d’informations
(parfois contradictoires) doit être analysée. Elle aboutira à l’identification des marchés émetteurs, des
macro-filières touristiques, de l’état de l’hébergement marchand, des retombées économiques ; le
tout permettant d’élaborer une typologie territoriale des différents impacts de la LGV. Comme ce qui
a été précisé en amont, les retombées du tourisme restent néanmoins difficiles à évaluer car le
tourisme concerne partiellement ou totalement un ensemble d’activités économiques. Il n’existe pas
dans la nomenclature NAF de l’INSEE une classe « tourisme » comme on pourrait trouver une filière
industrielle précise ou un secteur tertiaire bien défini. Tandis que les services tertiaires bénéficient en
partie des retombées du tourisme et d’une économie présentielle liée à la résidence secondaire, seul
le secteur de l’hôtellerie tire une part importante de son chiffre d’affaires du tourisme. Dès lors
l’analyse exhaustive de l’hôtellerie classique et de plein air sera privilégiée pour établir un baromètre
efficace du tourisme girondin.
Etablir un diagnostic à l’échelle du département de la Gironde demande donc de passer en revue
la capacité d’accueil de l’ensemble de son offre d’hébergement marchand. Il revient ainsi à caractériser
les activités dédiées directement au tourisme comme l’hôtellerie, mais aussi à quantifier les retombées
économiques directes et indirectes du tourisme, dans des secteurs investis dans l’économie
présentielle comme celui de la restauration. En plus de décrire l’offre touristique de la Gironde, le
diagnostic s’attachera à comparer son dynamisme face aux autres départements aquitains, pour
relever à la fois les atouts de son offre mais aussi ses faiblesses. Finalement pour établir le diagnostic,
les études et les données du Comité Régional Touristique d’Aquitaine (CRTA) et de Gironde Tourisme,
seront mobilisées. Toutefois Les données disponibles aussi exhaustives soient-elles, posent un
problème dans la comparaison sur le long terme car l’hôtellerie classique et de plein air ont connu
quelques réformes. La première porte sur l’arrêté du 23 décembre 200916 relatif au classement des
hôtels de tourisme, suivi par un second du 6 juillet 201017 concernant le classement des campings. A
partir de ces arrêtés, le système français de classement est petit à petit abandonné pour être en
adéquation avec le système de classement européen, et donner une vision plus claire de la qualité de
l’offre d’hébergement aux touristes européens. En outre, la catégorie des 5 étoiles fait son apparition,
16 Arrêté du 23 décembre 2009 fixant les normes et la procédure de classement des hôtels de tourisme, cité dans l’article L. 311-6 du code du tourisme. 17 Arrêté du 6 juillet 2010 fixant les normes et la procédure de classement des terrains de camping, cité dans l’article L.332-1 du code du tourisme.
42
à cette catégorie, les hôtels 4 étoiles peuvent adhérer aisément. L’ancien classement rendait ces hôtels
4 étoiles moins haut de gamme par rapport aux 5 étoiles dans le reste de l’Europe, alors que ces hôtels
proposaient les mêmes prestations. La réforme était donc nécessaire pour redonner la juste valeur de
l’offre d’hôtellerie qu’elle soit de plein air ou non. Cependant ce changement de classement ne permet
pas une comparaison de l’évolution de la qualité de l’offre et de sa diversité sur le long terme. En effet
les catégories ont évolué en peu de temps ; d’autant plus qu’une fraction des campings ne se
retrouvent pas dans ce classement. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. D’une part certains
établissements et campings ne possèdent pas le financement adéquat pour se remettre aux nouvelles
normes. D’autre part une partie des propriétaires ne veulent pas se classer pour cause de
dévalorisation de leur propriété. Cependant une majorité a vu dans ces réformes une opportunité de
monter en gamme (pour 37% des hôtels) et de devenir compétitif; puisque outre le classement, ils
bénéficient d’une TVA à 10% contre 20% pour les campings non-classés. Quoiqu’il en soit à la fin de
l’année 2013, 73% des hôtels adoptèrent le nouveau classement. Cette proportion atteint près de 80%
l’année suivante (INSEE, DGE, 2016).
4.1) Un bon positionnement de la Gironde dans le tourisme français
4.1.1) Présentation d’un territoire aux nombreuses aménités touristiques
Le diagnostic du tourisme en Gironde passe d’abord par la présentation du portrait de la
Gironde, pour établir l’état des lieux des richesses touristiques. Ce département situé dans la région
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, se caractérise par un immense territoire puisqu’il est le plus
grand département de la France métropolitaine, et le second après la Guyane. Sur les 10 725 km² de
territoire, la Gironde compte 1 536 448 habitants (INSEE, 2013). Il s’agit donc du 7ème département
en termes de population, rassemblant environ 2,3% de la population de la population française. En
outre, une structure urbaine façonne l’espace girondin, dominée par la métropole de Bordeaux ; et en
second rang Libourne et Arcachon, les deux Communautés d’Agglomération. Bordeaux et ses 749 595
habitants (INSEE, 2013) concentre en plus certaines administrations car elle possède à la fois le statut
de préfecture de département et de chef-lieu de la nouvelle grande région. Enfin Blaye, Lesparre-
Médoc et Langon de plus petite taille complètent le réseau de villes girondines. En plus d’une structure
urbaine dynamique, le département profite d’une vitalité économique qui contribue à son attractivité.
Avec 16 736 entreprises crées en 2014, la Gironde est devenu le 6ème département français créateur
d’entreprises (INSEE SIRENE, 2015). Son économie est notamment marquée par la viticulture et le
tourisme qui occupent une place importante18. A cela Bordeaux complète le paysage économique par
son pôle industriel et tertiaire majeur en France.
L’économie du tourisme en Gironde a pu prendre son essor grâce à de nombreuses aménités
transformées en ressources touristiques. La localisation géographique dans le sud-ouest de la France
permet aux visiteurs de profiter d’une météorologie propice aux activités balnéaires, le long des 126
18 Pour connaître l’importance du tourisme en Gironde, se référer à la partie : « retombées économiques du tourisme ».
43
km de côte sur l’océan Atlantique. Historiquement, la Gironde accueille les vacanciers balnéaires dès
le 19ème siècle avec le développement de station comme Arcachon et Cap-Ferret. Par la suite la Mission
Interministérielle d’Aménagement de la Côte d’Aquitaine (MIACA) créée en 1967 a fait de la Gironde
un des départements privilégiés dans la stratégie de développement du tourisme de masse opéré par
l’Etat. Ainsi, le territoire girondin s’est transformé assez tôt en destination touristique bien connue des
français qui profitent en outre d’un cordon dunaire s’étendant de la pointe de Grave au Cap Ferret. De
surcroit, une dune remarquable située dans le sud du Bassin d’Arcachon attire chaque année de
nombreux touristes : la Dune du Pilat, la plus haute d’Europe. Elle atteint 114 m de haut, pour 2,7 km
de long et 500 m de large. Plus en arrière-pays on retrouve un patrimoine exceptionnel avec l’estuaire
de la Gironde, considéré comme le plus grand d’Europe, s’étendant sur près de 635 km², avec 75 km
de long et 12 km de large. De même une série de lacs bornent le rétro-littoral dont le lac d’Hourtin-
Carcans de 62 km², le plus grand lac de France.
Ensuite, la Gironde hérite d’un large patrimoine historique rassemblant 242 monuments classés
et 716 monuments inscrits (Ministère de la Culture), dont le phare de Cordouan le plus ancien d’Europe
(XVIème siècle). La richesse du patrimoine a été mise en valeur par le classement de 3 sites girondins au
patrimoine mondial de l’UNESCO, avec Bordeaux et le Port de la Lune, la juridiction de Saint-Emilion,
et la Citadelle de Blaye19. Le classement UNESCO atteste de l’importance du patrimoine et représente
une véritable valorisation touristique ; cependant ce classement ne produit pas un effet significatif de
la croissance touristique (Prud’homme, 2008). Enfin, la destination Gironde s’est aussi construite
autour d’un produit phare connu dans le monde entier : le vin. Le vignoble bordelais représente ainsi
un patrimoine d’exception tant pour les paysages que pour la culture autour d’un produit du terroir.
Le Bordelais demeure le vignoble le plus diversifié en AOC ; on recense 60 appellations sur 112 600
ha, soit ¼ des vins français exportés en valeur en 2014.
A partir de la conjonction d’aménités et de patrimoine remarquable, une partie de ces
communes girondines semble avoir soit initié une orientation de l’offre vers le luxe soit en développer
une. La localisation de certains établissements et équipements destinés à une clientèle de haute
gamme en Aquitaine atteste de cette dynamique (carte 2). La cartographie de la localisation des
casinos, golfs et restaurants classés dans le guide Michelin montre une offre dédiée au luxe implantée
sur la côte basque et girondine, dans le sud des Landes correspondant à la zone thermale, et dans les
grandes agglomérations. En outre, la création de restaurants classés dans le guide Michelin montre
une volonté d’exporter la culture culinaire en dehors des frontières. Ce patrimoine culinaire a impulsé
une dynamique touristique au pays basque que la Gironde souhaite reprendre pour l’associer à la
culture du vin.
19 La Citadelle de Blaye est classée en tant que fortification de Vauban que l’on retrouve un peu partout en France.
44
Carte 2 : Cartographie des équipements de luxe en Aquitaine en 2015
Sources : Données du CRTA, 2016 ; réalisé par l’auteur.
Pour finir la présentation du profil touristique de la Gironde, le département possède 3 stations
de tourisme classées (nouvelle procédure) - Andernos-les-Bains, Arcachon et Lacanau - et 20
communes touristiques classées. Que ce soit dans ces communes ou non, l’activité touristique reste
soutenue par un réseau des offices de tourisme en Gironde, au nombre de 40 offices dont 22 sont des
offices de tourismes communautaires ou intercommunautaires. La qualité de l’accueil de ce réseau
d’offices de tourisme se matérialise par l’obtention du label « Qualité Tourisme »20 pour 13 offices. Il
s’agit du deuxième département en nombre d’offices de tourisme labélisés, derrière les Landes qui en
possède 19. Par contre les points d’accueil qui possède le label «Tourisme et handicap21» se limitent à
11, loin derrière la Charente Maritime (18) et les Pyrénées-Atlantiques (23) en mai 2016. Avec la loi
20 Qualité Tourisme est une marque de l’Etat qui « sélectionne et fédère sous un même symbole les démarches qualité engagées pour votre satisfaction dans l’hôtellerie, les résidences de tourisme, les villages de vacances, les campings, la restauration, les cafés et brasseries, les agences de locations saisonnières, les offices de tourisme, les lieux de visite et les activités de pleine nature. » (Site internet DGE) 21 Le label « Tourisme et Handicap » a pour objectif d’apporter une information fiable, descriptive et objective de l’accessibilité des sites et équipements touristiques en tenant compte de tous les types de handicaps et de développer une offre touristique adaptée et intégrée à l’offre généraliste.
45
NOTRe, ce réseau devrait connaître des bouleversements (OTSI, 2106). Les offices communaux sont
voués à disparaitre sauf dans le cas des stations classées. Dès lors, au regard de la redistribution
géographique des EPCI, la Gironde possèdera 22 offices de tourisme communautaires ou
intercommunautaires en cas de non conservation des offices en station classée, ou 28 dans le cas
contraire (carte 3).
Carte 3 : Localisation des Offices de Tourisme en Gironde et évolution de l'intercommunalité
Sources : Région ALPC, 2016
4.1.2) La Gironde : une destination toujours attractive
Les ressources touristiques présentes sur le territoire girondin en font une destination très
touristique dans le sud-ouest. Par exemple les trois premiers sites touristiques les plus visités en
Aquitaine se situent en Gironde (tableau 5). La Dune du Pilat a attiré 1 900 000 visiteurs en 2014 et est
devenue un site incontournable notamment pour les estivants en vacances dans le Bassin d’Arcachon.
D’ailleurs 265 000 touristes sont venus dans les 10 offices de tourisme des communes formant le pays
du Bassin d’Arcachon Val d’Eyre (SIBA, 2012). La forte fréquentation touristique du Bassin d’Arcachon
est confirmée par les 300 000 visiteurs estimés qui ont foulé la promenade d’Arcachon (UBA, Gironde
Tourisme, 2015). Toutefois Bordeaux reste la commune la plus fréquentée à l’image de la fête du vin
46
qui a rassemblé 600 000 visiteurs en trois jours22. Outre l’évènementiel (comme la foire de Bordeaux
et ses 300 000 visiteurs), le patrimoine classé UNESCO de Bordeaux ainsi que différents sites culturels
(Cap Sciences, Musée d’Aquitaine) a bâti un tourisme urbain puissant. Le tourisme représente un
secteur stratégique pour la métropole puisque près de 6 millions de visiteurs sont venus en 2014
(Bordeaux Métropole, 2015). Enfin le troisième site le plus visité en Aquitaine est un autre patrimoine
de l’UNESCO, la citadelle de Blaye. En 2014, 443 000 visiteurs ont été enregistrés, soit environ 116 000
de plus que le petit train de Saint-Jean-de-Luz, la 4ème attraction la plus visitée en Aquitaine. En
conséquence ce classement nous révèle que le patrimoine touristique présent en Gironde est à la fois
attractif et varié. Des évènements comme la « Bordeaux fête le vin » montrent que Bordeaux essaye
de profiter de sa renommée pour développer le tourisme urbain profitable au département.
Tableau 5 : Fréquentation annuelle des sites aquitains en 2015
Sites et manifestation Commune Département Visiteurs
Dune du Pilat La Teste-de-Buch Gironde 1 900 000
Fête du vin (estimation) Bordeaux Gironde 600 000
Citadelle de Blaye Blaye Gironde 443 293
Petit train touristique Saint-Jean-de-Luz Pyrénées-Atlantiques 327 930
Petit train de la Rhune Sare Pyrénées-Atlantiques 326 319
Foire internationale de Bordeaux Bordeaux Gironde 302 140
Promenade d'Arcachon (UBA estimation) Arcachon Gironde 300 000
Lascaux II Montignac Dordogne 252 523
Château de Castelnaud Castelnaud-la-Chapelle Dordogne 245 000
Centre aquatique Aygueblue Saint-Geours-de-Marenne Landes 189 455
Jardins suspendus de Marqueyssac Vezac Dordogne 186 000
Cap Science Bordeaux Gironde 172 880
La Roque Saint-Christophe Peuzac-le-Moustier Dordogne 168 033
Maison du vin de Saint-Emilion Saint-Emilion Gironde 166 658
Musée d'Aquitaine bordeaux Gironde 154 356
Gouffre de Promeyssac Audrix Dordogne 150 000
Sources : Données du CRTA, 2016.
En conséquence de la richesse du territoire, la Gironde se classe comme un département
« hautement » touristique par rapport au reste du pays. Le secteur de l’hébergement touristique tout
confondu représente bien la vitalité girondine puisque le département se hisse au 8ème rang dans le
classement du nombre de nuitées en France ; avec 7 784 000 de nuitées en 2014, juste derrière le
département voisin de la Charente-Maritime (tableau 6). Les Landes seconde dans le classement dans
la région Aquitaine avec environ d’un million de nuitées en moins, prend la 11ème place nationale. La
position de ces départements montre encore de nos jours un tourisme basé sur les aménités naturelles
où les territoires littoraux et montagneux font partie de ce classement. Pour autant, le tourisme urbain
autour du patrimoine qui est historiquement situé à Paris semble se développer dans des
22 L’édition 2016 a rassemblé 650 000 visiteurs (vitisphere, 2016)
47
départements comme le Rhône, les Yvelines avec Versailles, mais aussi avec un tourisme orienté vers
le secteur des affaires dans les Hauts-de-Seine.
Tableau 6 : Classement des 20 premiers départements les plus touristiques en termes de nuitées en 2015
Place Département Nombre de nuitées
(en milliers)
1 Paris 36 065
2 Var 11 366
3 Hérault 11 171
4 Seine-et-Marne 10 358
5 Alpes-Maritimes 9 725
6 Vendée 8 784
7 Charente-Maritime 8 518
8 Gironde 7 784
9 Pyrénées-Orientales 7 367
10 Bouches-du-Rhône 7 322
11 Landes 6 603
12 Haute-Savoie 5 734
13 Hauts-de-Seine 5 440
14 Morbihan 5 242
15 Finistère 5 129
16 Loire-Atlantique 5 038
17 Rhône 4 745
18 Gard 4 636
19 Pyrénées-Atlantiques 4 541
20 Calvados 4 498
France de province 239 731
France métropolitaine 308 252
Source : INSEE 2015, comparatif départementaux des nuitées.
Cependant à échelle nationale, la Gironde a développé l’hôtellerie et se surclasse dans le
nombre de nuitées en hôtel par rapport à ces deux départements limitrophes. Avec 3 770 000 nuitées,
le département occupe la 10ème position en France et concurrence des territoires plus urbanisés
comme le Bas-Rhin et le Nord (tableau 7). Les Pyrénées-Atlantiques se positionne à la 21ème place et
devient le second département en Aquitaine avec 2 592 000 de nuitées passées en 2014. Enfin la
Gironde passe 7ème par rapport aux nuitées en camping, mais se fait fortement concurrencé par la
Charente-Maritime 4ème du classement et les Landes 6ème ; avec respectivement 6 372 000 et 5 546 000
nuitées contre seulement 4 014 000 en Gironde. Etant donnée l’intensité de l’activité en Gironde à la
fois dans le l’hôtellerie de plein air mais aussi par une spécialisation de l’offre dans l’hôtellerie par
rapport aux autres départements du sud-ouest, il convient d’analyser plus en détail chaque branche.
48
Tableau 7 : Classement des 20 premiers départements en termes de nuitées selon le type d'hôtellerie en 2015
Hôtellerie Hôtellerie de plein air
Place Département Nombre de nuitées (en
milliers) Place Département
Nombre de nuitées (en
milliers)
1 Paris 36 065 1 Hérault 8 004
2 Seine-et-Marne 9 322 2 Var 7 853
3 Alpes-Maritimes 8 682 3 Vendée 7 568
4 Bouches-du-Rhône 5 629 4 Charente-Maritime 6 372
5 Hauts-de-Seine 5 440 5 Pyrénées-Orientales 5 904
6 Rhône 4 557 6 Landes 5 546
7 Seine-Saint-Denis 4 413 7 Gironde 4 014
8 Haute-Savoie 4 387 8 Ardèche 3 686
9 Bas-Rhin 3 865 9 Morbihan 3 558
10 Gironde 3 770 10 Finistère 3 434
11 Nord 3 656 11 Gard 3 279
12 Val-d'Oise 3 619 12 Dordogne 3 061
13 Var 3 513 13 Loire-Atlantique 2 214
14 Savoie 3 442 14 Corse-du-Sud 2 060
15 Hérault 3 167 15 Pyrénées-Atlantiques 1 949
16 Calvados 3 132 16 Haute-Corse 1 885
17 Val-de-Marne 3 097 17 Alpes-de-Haute-Provence 1 853
18 Hautes-Pyrénées 2 867 18 Côtes-d'Armor 1 792
19 Loire-Atlantique 2 824 19 Bouches-du-Rhône 1 693
20 Haut-Rhin 2 816 20 Vaucluse 1 633 France de province 131 770 France de province 107 961 France métropolitaine 198 509 France métropolitaine 109 743
Sources : INSEE, comparatif départementaux des nuitées, 2015.
4.1.3) Une notoriété de l’Aquitaine en partie due à Bordeaux, le littoral girondin et
au vin
La position géographique et le patrimoine localisé en Gironde ont légitimé la notoriété de ce
département ainsi que celle de l’Aquitaine, comme destination prisée des touristes. Ceci relève de la
conclusion d’une étude menée par le CRT Aquitaine en 2012 sur la mesure de la notoriété23 touristique.
En premier lieu, l’Aquitaine se classe sixième parmi les régions dégageant l’image la plus forte en
France ; largement devancée par des régions à identité géographique remarquable comme la Bretagne
(1ère place) et l’Alsace (3ème) (CRT Aquitaine et TNS, 2012). La Provence-Alpes-Côte d’Azur s’introduit à
la deuxième position et sa notoriété se doit à l’ancienneté de l’activité touristique, comme l’Ile-de-
France et le Languedoc-Roussillon. Alors que 76 % des interrogés citent l’Aquitaine comme destination
connue, 72 % identifient les Landes comme le département à image la plus forte devant la Gironde
23 La notoriété mesure la présence à l’esprit, spontanée ou assistée, du nom de la marque. Elle suppose en outre, que le client
est capable de relier le nom de la marque à un produit ou un domaine d’activité majeur de la marque. Dans notre cas la
marque est un territoire précis.
49
(graphique 8). Néanmoins, la notoriété des territoires en Aquitaine est largement due à la forte
représentation dans l’imaginaire de certains lieux en Gironde, comme Bordeaux et le Bassin
d’Arcachon dont la notoriété dépasse même celle de l’Aquitaine. L’étude indique que Bordeaux
totalise 82 % de notoriété globale contre 76 % pour l’Aquitaine. L’image des hauts lieux girondins
semble cependant être concurrencée par l’identité du Pays Basque et ses communes littorales, ainsi
que la chaîne des Pyrénées avec le tourisme hivernal. Néanmoins Bordeaux, le Bassin d’Arcachon et la
Dune du Pilat ont développé une image telle que ces lieux restent cités spontanément24, jusqu’à 30 %
pour Bordeaux contre 11 % pour Biarritz. Par la suite, la notoriété de la Région s’est construite
également autour de produits locaux que l’on retrouve en Gironde. Il apparait que le vin participe à 28
% à l’image de la région et combiné à la gastronomie, ce pourcentage atteint 34 %. Enfin avec une note
de 7,3/10, la Gironde associée à Bordeaux subit une image moins bonne que la moyenne en Aquitaine
(7,8/10) à l'inverse du Pays Basque (8,8/10) et du Périgord (7,9/10) ; territoires plus accueillants.
Sources : CRT Aquitaine, TNS, 2012.
Un autre point de l’étude se focalise sur l’évaluation de la notoriété de l’Aquitaine auprès des
étrangers25. La notoriété du territoire aquitain par rapport aux autres régions françaises en pâtit
puisque souvent elle se retrouve 12ème du classement national quelle que soit la nationalité des
24 L’étude distingue la notoriété spontanée de la notoriété assistée. La première se mesure par le pourcentage de personnes
capables de citer spontanément le nom de la marque lorsque l’on évoque le secteur d’activité ou le segment de la marque.
La notoriété spontanée est un indicateur à chaud, c’est-à-dire qu’elle augmente rapidement pendant une campagne de
publicité et diminue vite ensuite. La seconde fait intervenir une liste de marques est présentée aux personnes interrogées et
elles doivent indiquer les marques qu’elles reconnaissent, ne serait-ce que de nom. La notoriété assistée a beaucoup plus
d’inertie que la notoriété spontanée.
25 L’effectif étranger se compose de britanniques, de belges, de néerlandais, d’allemands et d’espagnols.
Graphique 8 : Notoriétés des départements aquitains et des lieux spécifiques
50
répondants. En revanche la proximité avec l’Espagne permet d’être la sixième région française citée
par les espagnols. Plus précisément, on retrouve les mêmes lieux cités par l’ensemble des étrangers
correspondant aux endroits qu’ils fréquentent en masse ; à savoir Bordeaux, les plages et les
montagnes pyrénéennes. Malgré une notoriété moyenne parmi les régions, il en ressort que l’image
de la région se dégrade surtout auprès des touristes anglais et allemands qui attribuent la note de
6,6/10 sur l’échelle de la satisfaction. Le principal point négatif relevé par ces touristes est la mauvaise
qualité de l’accueil. Par voie de conséquences, la notoriété internationale de l’Aquitaine et celle de la
Gironde peut être améliorée par un travail sur l’image et l’accueil des touristes étrangers. Le potentiel
de fréquentation des touristes internationaux reste élevé car malgré les défauts actuels, 9,4 millions
de touristes étrangers estimés projettent de revenir au moins une fois en Aquitaine pendant les 3
prochaines années (graphique 9). L’Aquitaine se définit ainsi comme une destination touristique pour
la clientèle française relativement séduite par la région, car 19,5 millions de français ont fait le souhait
de revenir au moins une fois en Aquitaine pendant les 3 prochaines années.
Sources : CRT Aquitaine, TNS, 2012.
L’analyse de la notoriété suggère ainsi plusieurs points clés pour un développement du tourisme.
Premièrement, les acteurs locaux doivent développer des activités touristiques basées sur les produits
du terroir qui forgent une identité forte, comme l’œnotourisme participant au rayonnement de la
Gironde. Le vin est effectivement un produit qui offre la possibilité de se différencier des autres
territoires pour mieux les concurrencer. De plus la gastronomie et le vin permettent le développement
d’une dynamique d’export des produits locaux. Ensuite, la Gironde doit s’appuyer sur le rayonnement
international de Bordeaux et des côtes girondines pour continuer d’attirer les touristes étrangers. A
partir de ces lieux fréquentés par la clientèle internationale, un effort primordial doit être concentré
Graphique 9 : Estimation du volume de touristes projetant de revenir en Aquitaine dans les 3 prochaines années
19,5
4,6
1,6
1,2
0,8
0,2
France
Espagne
Allemagne
Grande-Bretagne
Belgique
Pays-Bas
51
sur la qualité de l’accueil pour pouvoir fidéliser les touristes, mais aussi pour leur donner envie de
découvrir de nouveaux territoires en Gironde. Une notoriété internationale ne peut être construite
sans l’amélioration de l’accueil et la clarté de l’information auprès des touristes internationaux. La
fréquentation des touristes étrangers représente une marge de progression très intéressante pour les
territoires girondins.
En conjuguant la totalité des nuitées passées en hébergement marchand classique, la
destination girondine est à l’origine de 22,7 millions de nuitées en 2014, correspondant à 4,4 millions
de voyages (Gironde Tourisme, 2015). La Gironde se hisse parmi les destinations les plus attractives en
termes d’affluence touristique. Ce constat-là résulte d’une expérience touristique précoce grâce aux
aménités localisées en Gironde et une mise en tourisme basée à l’origine sur l’activité balnéaire. Dès
lors la Gironde peut soutenir son activité par une notoriété bien acquise en France, mais peu visible
sur le plan international. Pourtant le tourisme urbain à Bordeaux, les côtes girondines et la viticulture
représentent un potentiel de développement de l’économie touristique, à condition que les acteurs
locaux améliorent l’image de la destination, par un accueil retravaillé. Déjà nous pouvons voir un
avantage de la LGV sur le tourisme départemental. En effet, l’amélioration de l’accessibilité sert à
conforter le positionnement de la destination par rapport aux autres territoires français. En outre les
points d’entrées de la LGV dans le territoire girondin, que sont Bordeaux, Arcachon et Libourne ;
doivent être au centre des actions d’amélioration de la qualité de l’accueil pour embellir l’image de ces
lieux, mais aussi de la Gironde en général. Ainsi, une dynamique rétroactive favorisera l’export de
l’image de la destination, la fidélisation d’une partie de la clientèle, et la diffusion a posteriori des flux
touristiques vers des territoires au sein du département où l’activité touristique reste au ralenti. En
effet, nous avons vu que les ressources touristiques semblent disparates spatialement et l’étude de
l’hébergement marchand qui suit, confirmera que la bonne dynamique de la Gironde cache une
hétérogénéité de l’état des lieux du tourisme en son sein.
52
4.2) Le tourisme à travers l’hébergement touristique : une évolution
positive
4.2.1) Un secteur hôtelier en croissance, plus particulièrement en Gironde
Même si la plupart des touristes ne choisissent pas l’hôtellerie comme hébergement lors du
séjour, l’analyse du secteur hôtelier révèle à la fois la dynamique de l’affluence touristique, mais aussi
l’état des lieux et l’orientation de l’offre et la demande touristique au sein de chaque territoire. A cet
égard le bon positionnement de l’hôtellerie girondine en France au prisme du nombre de nuitées, est
en partie dû à une offre hôtelière distincte et concurrentielle face aux autres départements aquitains.
D’abord, la taille du parc hôtelier se traduit par une capacité d’accueil supérieure par rapport aux
autres départements. La Gironde suivie par les Pyrénées-Atlantiques domine le marché hôtelier avec
respectivement 390 641 et 287 302 chambres de proposées au mois d’août 2015 (graphique 10). Cela
représente 39 % du parc hôtelier aquitain localisé juste en Gironde. Les Pyrénées-Atlantiques
rassemblent 28 % du parc régional et se placent comme concurrent direct dans le secteur. Par ailleurs,
les Pyrénées-Atlantiques demeurent un adversaire sérieux car leur parc hôtelier se positionne sur la
même gamme que l’offre en Gironde portée vers le haut de gamme. Alors que la catégorie des hôtels
4 et 5 étoiles reste sous-représentée en Dordogne et quasiment inexistante dans les Landes et en Lot-
et-Garonne, celle-ci représente jusqu’à ¼ des chambres d’hôtel proposées dans les deux autres
départements. La Gironde et les Pyrénées-Atlantiques proposent 86 034 et 69 316 chambres en 4 et 5
étoiles, contre 1881 en Lot-et-Garonne. Le nombre réduit d’hôtels de luxe en Lot-et-Garonne, dans les
Landes et en Dordogne entraîne une spécialisation à 75 % de la gamme hôtelière autour des catégories
1, 2 et 3 étoiles, alors que l’offre en Gironde et en Pyrénées-Atlantiques reste plus équilibrée entre les
différentes catégories.
Graphique 10: Nombre de chambres proposées en août 2015 réparties par catégorie et par département
Sources : Données du CRTA, 2016.
0
50
100
150
200
250
300
350
400
Nonclassés
1 et 2étoiles
3 étoiles 4 et 5étoiles
Ensembledes
catégories
Mill
iers
de
ch
amb
res
Dordogne
Gironde
Landes
Lot-et-Garonne
Pyrénées-Atlantiques
53
Si on se place à l’échelle des bassins touristiques en Gironde, la description du diagnostic
territorial qui précède demeure contrastée. Dans la mesure où les aménités touristiques ne sont pas
réparties de manière homogène au sein de chaque département, on observe une clientèle différenciée
d’un lieu à un autre. Les bassins touristiques ne proposent donc pas tous la même offre hôtelière, tant
en terme de capacité d’accueil qu’en gamme. La Gironde en est l’exemple typique avec ses 5 bassins
touristiques qui divergent dans leur profil. En premier lieu, L’aire urbaine de Bordeaux rassemble deux
bassins touristiques aux profils contraires ; avec seulement comme point commun, une faible
proportion d’hôtels non-classés. La ville de Bordeaux se définit comme le bassin spécialisé dans le
tourisme haut de gamme où le nombre de chambres en 3 étoiles atteint 38 %, et en 4 et 5 étoiles à
hauteur de 36 %. L’offre hôtelière 4 et 5 étoiles est telle que les 50 700 chambres bordelaises classées
dans cette catégorie représentent 59 % de l’offre départementale. Néanmoins, la ville propose aussi
une gamme de chambres 1 et 2 étoiles formant 21,9 % de la capacité d’accueil. L’offre hôtelière de
Bordeaux parait quand même équilibrée et permet à la ville d’accueillir tous profils de touristes. Au
contraire, le bassin touristique composé des communes périphériques à Bordeaux forme une offre
dissymétrique. La gamme proposée s’oriente largement vers le bas de gamme (1 et 2 étoiles)
puisqu’elle constitue 49 % de l’offre dans ce bassin, soit 69 316 chambres. La sous-représentation des
catégories hôtelières supérieures dénote une véritable dichotomie spatiale des pratiques touristiques
au sein de la métropole de Bordeaux, en analogie à deux espaces adverses dans leurs aménités. D’un
côté la notoriété d’un centre-ville historique, avec un fort patrimoine touristique et culturel très prisé,
et un fort coût du foncier demeure un terreau favorable à l’hôtellerie de luxe. De l’autre, la situation
totalement inverse en périphérie est propice à l’hôtellerie bas de gamme, notamment très concentrée
à Mérignac et son aéroport qui accueille les vols à bas coût. La conjonction de ces deux profils de
bassins hôteliers façonne les caractéristiques de la gamme girondine car l’Unité Urbaine de Bordeaux
concentre 270 000 chambres d’hôtels, soit 71,5 % de l’hôtellerie en Gironde.
Ensuite, parmi les 28,5 % de l’offre restante dispersée en Gironde, on observe une variété de
profils des 3 autres bassins touristiques. Avec ces 53 351 chambres, le Bassin d’Arcachon possède une
offre portée vers l’hôtellerie 1, 2 et 3 étoiles, représentant 70,6% des chambres proposées (tableau 8).
Contrairement au cas bordelais où le nombre de chambres en catégorie non-classés est inférieur à 10
%, cette part s’élève à 17,5%. Dans le littoral du médoc, cette même part atteint près de 40% et est
accompagnée d’une forte proportion d’hôtels 1, 2 et 3 étoiles ; cette partie du littoral girondin se
caractérise donc par une offre bas de gamme. Ce profil se dessine aussi à l’intérieur du département
avec cependant ¼ des hôtels restant non-classés. Pourtant le prestige lié à l’activité de certains
châteaux du vignoble a permis un développement de l’hôtellerie haut de gamme, avec la part des
chambres en hôtels 3 étoiles s’élevant à près de 29% ainsi que celle de la catégorie 4 et 5 étoiles à
19,3%. Ensuite, la différenciation des bassins touristiques se répercute dans les autres départements,
à l’instar des territoires des Landes et du Lot-et-Garonne. Malgré une offre orientée vers une hôtellerie
bas de gamme, le Périgord Noir et les zones thermales des Landes proposent une capacité en hôtels 3
étoiles plus conséquente que le reste du département, généralement tourné vers le 1 et 2 étoiles. De
même la capacité d’accueil restreinte de l’hôtellerie haut de gamme se marque par une sélectivité des
lieux importants ; comme le cas de la Gironde présentée précédemment, mais encore plus marquée
en Pyrénées-Atlantiques. Dans ce dernier, les catégories des 4 et 5 étoiles paraissent bien représentées
uniquement à Pau et surtout sur le littoral basque, qui rassemble 81% des chambres de cette classe
d’hôtels.
54
Tableau 8 : Répartition du nombre de chambres en août 2015 selon la catégorie et le bassin touristique
Non classés 1 et 2 étoiles 3 étoiles 4 et 5 étoiles
Chambres
Part par rapport à
l'ensemble des
catégories
Chambres
Part par rapport à
l'ensemble des
catégories
Chambres
Part par rapport à
l'ensemble des
catégories
Chambres
Part par rapport à
l'ensemble des
catégories
Dordogne 16 898 12,6% 47 731 35,5% 53 662 39,9% 16 157 12,0%
Périgord Noir 8 342 12,9% 21 793 33,8% 28 985 45,0% 5 332 8,3%
Périgord Vert Pourpre et Blanc
8 556 12,2% 25 938 37,1% 24 677 35,3% 10 825 15,5%
Gironde 42 761 10,9% 133 339 34,1% 128 237 32,8% 86 304 22,1%
Littoral médocain 6 231 39,8% 4 185 26,7% 3 596 23,0% 1 643 10,5%
Bassin d'Arcachon 9 362 17,5% 18 569 34,8% 19 158 35,9% 6 262 11,7%
Unité urbaine de Bordeaux (sauf Bordeaux)
11 904 8,4% 69 316 48,9% 41 158 29,0% 19 437 13,7%
Bordeaux 4 420 3,2% 30 101 21,9% 52 204 38,0% 50 778 36,9%
Gironde intérieure et vignoble
10 844 25,6% 11 168 26,4% 12 121 28,6% 8 184 19,3%
Landes 29 991 20,2% 58 251 39,2% 55 583 37,4% 4 743 3,2%
Littoral landais 14 201 26,9% 20 491 38,7% 15 314 29,0% 2 883 5,5%
Zone thermale des Landes
6 845 10,6% 23 730 36,7% 32 736 50,7% 1 271 2,0%
Intérieur des Landes 8 945 28,8% 14 030 45,1% 7 533 24,2% 589 1,9%
Lot-et-Garonne 7 512 15,7% 19 070 39,9% 19 275 40,4% 1 881 3,9%
Pyrénées-Atlantiques 28 997 10,1% 98 817 34,4% 90 172 31,4% 69 316 24,1%
Littoral basque 14 477 8,4% 45 105 26,2% 56 207 32,7% 56 203 32,7%
Piémont béarnais et basque
6 242 23,4% 8 871 33,2% 11 594 43,4% 0 0,0%
Massif pyrénéen 7 422 25,7% 16 430 56,8% 3 131 10,8% 1 922 6,6%
Unité urbaine de Pau 856 1,4% 28 411 47,6% 19 240 32,2% 11 191 18,7%
Aquitaine 126 159 12,5% 357 208 35,4% 346 929 34,4% 178 401 17,7%
Littoral aquitain 44 271 15,1% 88 350 30,1% 94 275 32,1% 66 991 22,8%
Intérieur aquitain 81 888 11,5% 268 858 37,6% 252 654 35,3% 111 410 15,6%
Sources : Données du CRTA, 2016.
L’état des lieux de l’hôtellerie par bassins touristiques s’inscrit dans une évolution assez rapide
du parc hôtelier, causée notamment par le reclassement récent des hôtels et par une stratégie des
hôteliers visant à se différencier. Pour une partie d’entre eux, une tendance à la montée en gamme
se dessine pour se différencier des autres et répondre à une demande d’une clientèle relativement
aisée. Au contraire d’autres propriétaires ou exploitants préfèrent rester dans leur catégorie pour
continuer à fidéliser et à accroitre une clientèle moins fortunée mais plus nombreuse. Ces deux
stratégies contraires ont contribué à la croissance du nombre de chambres d’hôtel entre 2014 et 2015
de 1,9 % en Aquitaine soutenue par la Gironde et les Landes (tableau 9). Leurs croissances respectives
se chiffrent à 1,9 % et 2,3 % ; tandis qu’ailleurs cette croissance ne dépasse pas 1%. En Dordogne, la
différence entre les deux années se solde même par une baisse de 0,4%, provoquée par la fermeture
55
de grands établissements au profit de l’ouverture de 8 hôtels aux capacités plus réduites. Par ailleurs,
les Landes et la Gironde ont effectivement suivi deux trajectoires différentes. D’un côté la croissance
landaise se conclut par un développement de l’hôtellerie des catégories de 1 à 2 étoiles qui gagne 9,2
% de chambres en plus, tandis que les autres catégories connaissent une décroissance. Seule la zone
thermale des Landes se particularise par une augmentation de 24,2 % du nombre de chambres en 4 et
5 étoiles. De l’autre côté la Gironde a augmenté sa capacité d’accueil dans toutes les catégories
classées. Dans les territoires de la métropole, la croissance se réalise dans les catégories déjà
surreprésentées, creusant l’écart de profil entre Bordeaux et sa périphérie. Puis dans les territoires
littoraux et le Bassin d’Arcachon, l’hôtellerie non-classée gagne du terrain ainsi que la catégorie des 4
et 5 étoiles. Le Bassin d’Arcachon s’oriente nettement vers une hôtellerie de luxe avec un
accroissement de 16,8 % du nombre de chambres en 4 et 5 étoiles. Enfin il convient de remarquer un
recul de 1,6 % du secteur hôtelier global dans la Gironde intérieure et dans le vignoble. Toutefois, une
distinction doit être faite entre les vignobles en progression dans l’hébergement moyen et haut de
gamme, de la Gironde rurale où le secteur entier est en recul. Ainsi les hôtels 3, 4 et 5 étoiles se
matérialisent par une stagnation si on considère la zone toute entière. Quant au littoral du médoc, il a
gagné 5,3 % de chambres supplémentaires ainsi que 3,8 % de plus pour l’Unité Urbaine de Bordeaux.
Tableau 9 : Evolution du nombre de chambres entre 2014 et 2015, selon le bassin touristique
Non classés 1 et 2 étoiles 3 étoiles 4 et 5 étoiles Ensemble des
catégories
Dordogne -23,0% 11,5% 1,5% -7,1% -0,4%
Périgord Noir -4,8% 2,3% 3,1% -18,9% -0,5%
Périgord Vert Pourpre et Blanc
-35,1% 20,6% -0,3% 0,0% -0,4%
Gironde -9,7% 4,5% 3,0% 2,8% 1,9%
Littoral médocain 13,1% 0,0% -0,9% 6,0% 5,3%
Bassin d'Arcachon 4,9% -3,4% 0,0% 16,8% 1,3%
Unité urbaine de Bordeaux (sauf Bordeaux)
-29,6% 10,6% 9,4% 0,0% 3,8%
Bordeaux -7,4% 0,0% 0,4% 2,8% 0,9%
Gironde intérieure et vignoble
-3,7% -2,4% 0,0% 0,0% -1,6%
Landes -4,4% 9,2% -0,2% -1,3% 2,3%
Littoral landais -4,9% 15,8% 0,6% 0,0% 4,2%
Zone thermale des Landes -11,9% 3,6% -0,6% 24,2% -0,1%
Intérieur des Landes 3,3% 10,1% 0,0% -34,5% 4,2%
Lot-et-Garonne -1,1% -3,2% 5,6% 1,1% 0,7%
Pyrénées-Atlantiques -22,0% 1,0% 5,3% 8,1% 0,9%
Littoral basque -27,5% 3,0% 9,0% 4,3% 1,6%
Piémont béarnais et basque -0,9% 0,2% -2,9% - -1,4%
Massif pyrénéen -8,0% 0,8% 1,0% 0,0% -1,6%
Unité urbaine de Pau -69,9% -1,8% 1,2% 34,7% 1,0%
Aquitaine -13,3% 4,6% 3,0% 3,7% 1,3%
Sources : Données du CRTA, 2016.
La dynamique de l’offre hôtelière ainsi que le rôle affirmé de la Gironde et la métropole
bordelaise répondent à la solvabilité d’une demande touristique en expansion. L’évolution du taux
d’occupation sur 2 ans révèle de prime abord une variation positive de la fréquentation (graphique
56
11). Après une légère baisse en 2014, la Gironde profite d’une augmentation du taux de remplissage
de 2,6 points en 2015. Les Landes et les Pyrénées-Atlantiques suivent cette tendance mais de manière
modérée, avec une augmentation de 1,5 point en 2015, après une baisse plus marquée en 2014 avec
un recul de 0,6 % et 1,8 %. Enfin, le Lot-et Garonne a connu une baisse de 2,2 % en fréquentation après
une année 2014 stable. En considérant le cumul des deux années, le Lot-et-Garonne se place première
parmi les départements en croissance, juste devant la Gironde qui enregistre une augmentation de 2,3
%. L’hôtellerie girondine semble prendre une part de marché régionale non négligeable.
Graphique 11 : Evolution du taux d’occupation entre 2013 et 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
La variation positive de l’occupation hôtelière en Gironde a abouti à un taux d’occupation
supérieur dans ce département à celui du reste de la région. D’abord sur l’ensemble de la région la
moyenne de ce taux atteint 54%, c’est-à-dire qu’une chambre sur 2 est occupée le long de l’année.
Cette moyenne cache cependant une saisonnalité importante et des dynamiques territoriales
différentes. La saisonnalité se traduit par un taux passant de 38,6% en janvier à 75,3% en août mais
cet effet n’intervient pas avec la même ampleur d’un département à un autre. En se focalisant sur les
rapports maximum/minimum (max/min) du taux d’occupation, la décroissance du nombre de touristes
en hiver reste limitée en Gironde et en Lot-et-Garonne (graphique 12). Ce rapport se porte à 1,7, alors
que ceux des Pyrénées-Atlantiques, des Landes et de la Dordogne s’élèvent respectivement à 2,18,
2,27 et à 2,72. Ensuite, la Gironde se distingue par une meilleure fréquentation touristique dans ses
hôtels qui se matérialise par un taux d’occupation moyen de 61% en 2015. Ce taux reste à 8,2 %
supérieur à celui des Pyrénées-Atlantiques, en seconde position. La Dordogne et les Landes
remplissent difficilement leurs hôtels sauf en été, puisque le taux moyen d’occupation le long de
l’année avoisine 45 % pour ces deux départements. En conséquence, la Gironde se place première au
niveau du taux d’occupation à chaque mois sauf au mois d’août où les Pyrénées-Atlantiques frôlent la
barre des 80 % d’occupation de son parc hôtelier.
0,3
-0,3-0,6
1,7
-1,8-2,2
2,6
1,5
0,7
1,5
-3
-2
-1
0
1
2
3
2014/2013 2015/2014
57
Graphique 12 : Taux d'occupation par mois et par département en 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
Au même titre que l’offre hôtelière, on constate une divergence des bassins touristiques intra
départementaux à la Gironde (graphique 13). Le littoral médocain subit une forte saisonnalité puisque
le rapport max/min s’élève à 4,55, passant d’un taux d’occupation de 18,1 % en janvier à 82,2 % en
août. Toute l’activité touristique se déroule en 3 à 4 mois, permettant de tirer assez de profits pour
fermer les hôtels le reste de l’année. Le Bassin d’Arcachon, malgré son emplacement au bord de
l’océan, ne connait pas la même ampleur de l’effet de saison, et même le rapport max/min est à 3,4.
Le Bassin d’Arcachon possède des dynamiques territoriales particulières car contrairement à une
station balnéaire estivale, Arcachon et les communes avoisinantes forment un ensemble urbain qui
génère une forte activité en dehors de l’été (tourisme affinitaire, d’affaires…). Ensuite le vignoble
girondin et l’intérieur de département demeurent une région moins marquée par la saisonnalité avec
un rapport max/min de 2,1, avec pourtant une saison estivale s’étendant de juin à septembre. Les
hôtels dans ce territoire subissent un remplissage à moitié des chambres le long de l’année. Enfin le
territoire métropolitain bordelais enregistre un taux d’occupation rarement inférieur à 50% et réalise
les meilleurs résultats en juin et en septembre, avec un taux de 83,5% et 85,1%. La métropole profite
au mieux de leur parc hôtelier toute l’année car le rapport max/min avoisine 1,6. Au final Bordeaux à
elle seule enregistre les meilleurs taux de remplissage sauf en pleine saison estivale sur le littoral.
44,847,8
54,560,2 62,9
75,670,0
75,5 76,4
65,8
52,046,8
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Dordogne
Gironde
Landes
Lot-et-Garonne
Pyrénées-Atlantiques
58
Graphique 13 : Taux d’occupation par mois et par bassin girondin en 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
Le succès des hôtels bordelais en 2015 est le fruit d’une croissance du taux d’occupation de 8,2
% entre 2013 et 2015 (graphique 14), la plus forte croissance au sein du département, juste après
l’intérieur du département. En ce qui concerne les autres bassins, ils ont subi deux années de baisse
avec cependant un ralentissement de la chute du taux d’occupation sur la saison de 2015 ; la meilleure
année pour les hôteliers en général. Le vignoble bordelais avec le développement de l’hébergement
et d’une offre oeno-touristique, a pu profiter d’une croissance de la fréquentation de 3,8 points en
2015 par rapport à 2014.
Graphique 14 : Evolution du taux d’occupation entre 2013 et 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
Avec 3 770 000 nuitées en Gironde, le département domine le marché de l’hôtellerie en
Aquitaine. Le secteur hôtelier tire profit de la fréquentation de la clientèle française représentant 71
% des nuitées, tandis que la clientèle étrangère reste surtout d’origine européenne (24,6 % des
0102030405060708090
100
Littoral médocain
Bassin d'Arcachon
Unité urbaine de Bordeaux(sauf Bordeaux)
Bordeaux
-2,9-4,0
-0,6
1,6
-0,4-0,1 -0,5 -0,2
6,6
3,8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
Littoralmédocain
Bassind'Arcachon
Unité urbaine deBordeaux (sauf
Bordeaux)
Bordeaux Girondeintérieure et
vignoble
2014/2013
2015/2014
59
nuitées). Les autres parties du monde correspondent à une minorité de touristes et se composent
plutôt d’américains et d’australiens (graphique 15). Ensuite les anglais et les espagnols composent les
deux premiers pays de provenance parmi les pays européens avec respectivement 5,1 % et 7,2 % des
nuitées. Ici, l’effet de proximité avec l’Espagne et le lien qui attache l’Aquitaine avec le Royaume-Uni
jouent en la faveur de l’hôtellerie. A cela s’ajoute une clientèle d’origine allemande, belge et italienne
qui vient irriguer le tourisme départemental.
Graphique 15 : Répartition du nombre de nuitées selon le pays de provenance en Gironde en août 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
En se focalisant sur l’évolution du nombre de nuitées entre 2014 et 2015, la croissance du
nombre de nuitées s’est appliquée sur l’ensemble des touristes, toutes provenances confondues
(graphique 16). Néanmoins la croissance s’est accentuée sur les provenances lointaines avec la
clientèle africaine qui a presque doublé en deux ans (+ 88 %) ainsi que les touristes en provenance
d’Asie (+ 28,2 %). Les touristes d’origine européenne affluent aussi de manière conséquente avec une
croissance de 15 % en 1 an, alors qu’ils représentent la majorité de l’effectif étranger ; et concentrent
132 106 nuitées au mois d’août. Enfin le flux de français à l’image des américains a crû de 3 % et
viennent gonfler les chiffres de la fréquentation des hôtels.
France 70,8%
Amérique 2,1%Asie/Océanie
2,0%
Afrique 0,4%
Allemagne 2,2%Belgique 2,2%
Espagne 7,2%
Italie 2,0%
Pays-Bas 1,2%
Royaume-Uni 5,1%
Suisse 1,5%
Autre3,3%
Reste de l'Europe 24,6%
60
Graphique 16 : Evolution du nombre de nuitées selon la provenance entre les mois d’août 2014 et 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
A. Corne et L. Botti (2015) ont mené une étude de benchmarking dans le secteur hôtelier dans
les 16 premières agglomérations françaises, à l’aide l’approche de l’Analyse d’Enveloppement des
Données (AED), développée en marketing. Cette approche fait partie des techniques non-
paramétriques et a pour but d’évaluer la performance des compagnies. La performance est considérée
ici comme relative selon l’échantillon des entreprises étudiées ; l’efficacité d’une entreprise est
déterminée par rapport à des entreprises efficaces, dites « compagnies pairs ». Ces dernières
dessinent une frontière d’efficience, où un minimum d’intrants est utilisé pour une même quantité de
production. Ainsi dans le cas de l’hôtellerie, la distance d’un établissement par rapport à la frontière
d’efficience mesure le manque de performance. La méthode AED présente un avantage qui réside en
sa capacité à prendre en compte une multitude d’inputs et d’outputs. De plus le rendement d’échelle
est pris en compte dans le calcul de l’efficience ; la taille et les niveaux de productions sont inclus dans
le procédé. Par contre, un nombre d’inconvénients subsistent. Les résultats demeurent sensibles au
choix des intrants et des sorties, et il n’existe pas dans la littérature un indicateur meilleur qu’un autre.
De plus multiplier les inputs et outputs a tendance à concentrer les entreprises à la frontière
d’efficience rendant la comparaison difficile. Enfin, quand il n’existe aucune relation entre les facteurs
explicatifs (au sein des intrants et/ou des productions), l’AED considère chaque compagnie comme
étant unique et pleinement efficace et les notes d’efficience sont très proches de 1, la méthode
perdant alors son pouvoir de discrimination. Dans cette étude, les auteurs utilisent deux intrants : le
taux d’occupation et le revenu par chambre disponible26. Il s’avère que dans les catégories : super
26 Le Revenu par Chambre se calcule en prenant le prix moyen d’une chambre que l’on multiplie par le taux d’occupation. Il
s’agit d’un indicateur composite considérant la dépense moyenne par client et le niveau de demande.
369
115
11 9
1
380
132
11 11
2
1
10
100
1000
France Reste del'Europe
Amérique Asie/Océanie Afrique
Mill
iers
(é
che
lle lo
gari
thm
iqu
e)
2014
2015
+ 3,0%
+ 15,1%
+ 3,3% + 28,2%
+ 88,8%
61
économique, économique et milieu de gamme faisant l’objet de l’étude, Bordeaux se classe mal. La
ville se retrouve 6ème pour la classe économique (tableau 10) et 13ème dans les deux autres classes.
L’inefficacité se fait d’autant plus ressentir pour la catégorie économique car la distance de la frontière
d’efficience est de 1,266 contre 1,19 pour le milieu de gamme. Ce manque d’efficience de ces
catégories hôtelières est provoqué par l’orientation dans le secteur 4 et 5 étoiles, comme Nice.
N° DMU CATEGORIE SEGMENT RANG SCORE BENCHMARK
1. Strasbourg (Bas-Rhin)
1 Super-éco
1 1 [4]
2. Dijon (Côte-d’or) 1 1 [11]
3. Nancy (Meurthe-et-Moselle 1 1 [0]
4. Paris 1 1 [31]
5. Nice (Alpes-Maritimes) 13 1,035 1 ;4
6. Bordeaux (Gironde) 16 1,05 2 ;4
7. Avignon (Vaucluse) 19 1,078 2 ;4
8. Montpellier (Hérault) 20 1,078 2 ;4
9. Rouen/Le Havre (Seine-
Maritime) 22 1,081 1 ; 2 ;4
10. Lyon (Rhône- 25 1,083 2 ;4
11. Marseille (Bouches-du-Rhône) 27 1,118 2 ;4
12. Toulouse (Haute-Garonne) 28 1,12 2 ;4
13. Nantes (Loire-Atlantique) 30 1,123 2 ;4
14. Lille (Nord) 38 1,145 2 ;4
15. Rennes (Ille-et-Vilaine) 42 1,274 1 ;2
16. Grenoble (Isère) 43 1,292 2 ;4
Sources : Corne et Botti, 2015.
L’analyse de l’hôtellerie est complétée par une étude économétrique en Moindre Carrés
Ordinaires. Seuls les coefficients associés aux variables « Restaurants classés Michelin » et
« Monuments historiques » sont significatifs d’un point de vue statistique et peuvent donc être
interprétés. Les monuments historiques ont donc un impact positif et significatif (au risque de 5 %) sur
la performance touristique territoriale. Les touristes ont donc tendance à se loger dans les hôtels
placés proches de monuments historiques, mettant en avant l’hôtel comme mode d’hébergement
privilégié en milieu urbain. Ce patrimoine joue donc le rôle d’attraction (Lew, 1987 ; Leiper, 1990) et
Tableau 10 : Résultats hiérarchiques EAD pour la catégorie super économique
62
contribuent à la performance hôtelière des territoires concernés. Au contraire, les restaurants classés
au guide Michelin ont au contraire un impact négatif (au risque de 5 %) sur la performance touristique
territoriale. Ce résultat assez étonnant à première vue peut s’expliquer de la manière suivante. Notre
approche de la performance touristique au niveau territorial s’appuie sur des indicateurs hôteliers
(Revenu par chambre et de taux d’occupation), appliqués sur des segments économiques à milieu de
gamme. Les restaurants référencés au guide Michelin ciblent une clientèle de luxe fréquentant plutôt
des hôtels haut de gamme (4 et 5 étoiles). Une autre explication tient dans une tendance récente où
les touristes voyagent et/ou séjournent en low-cost et consomment du haut de gamme voire du luxe
à travers l’hébergement et/ou la restauration (Origet du Cluzeau et Viceriat, 2009).
En conséquence, plusieurs éléments peuvent être dégagés par l’analyse du secteur touristique.
En premier lieu le tissu urbain en Gironde atteste que le département domine le marché de l’hôtellerie
en Aquitaine. A cela s’ajoute une demande très dynamique qui aide le secteur à se développer,
montrant le succès de la destination Gironde. Ensuite, L’offre girondine se matérialise par des profils
territoriaux différents mais complémentaires à l’image de Bordeaux et sa périphérie. Alors qu’un
important flux de touristes irrigue la Gironde, la diversité des bassins touristiques provoque une
multitude de tourismes. Ainsi la Gironde est capable d’attirer toute sorte de touristes contrairement
au Lot-et-Garonne par exemple, grâce à cette diversité. Certains territoires arrivent à diminuer la
saisonnalité qui préoccupe des acteurs locaux comme Bordeaux et les différents types de touristes, ou
le Bassin d’Arcachon. Alors la LGV devrait favoriser Bordeaux et sa périphérie grâce à l’apport direct
de touristes sur ces territoires, mais aussi de manière plus restreintes à Arcachon et Libourne.
Cependant il est quasiment certain de prévoir une légère diminution des nuitées d’affaires sauf sur le
Bassin d’Arcachon qui ne permet pas forcément de faire l’aller-retour en une journée. On peut prévoir
une croissance de la restauration et de l’hôtellerie à Bordeaux, Libourne et ses vignobles, pas
forcément en nombre de nuitées. Mais avec en chiffre d’affaires des clients qui dépensent plus dans
une offre orientée vers le haut de gamme. La LGV devrait au final provoquer une demande touristique
supplémentaire par rapport au haut de gamme de l’hôtellerie girondine.
Tableau 11 : Analyse AFOM de l'hôtellerie en Gironde
Atouts Faiblesses
- Une dynamique hôtelière forte (demande
et offre)
- Spécialisation des bassins touristiques
- Augmentation des touristes internationaux
des pays lointains
- Forte saisonnalité de certains bassins
- Une baisse considérable de l’hôtellerie en
milieu rural mais inévitable
- Diminution des touristes internationaux
proches
- Encore un nombre important d’hôtels non-
classés.
Opportunités Menaces
- Accroitre sa capacité d’accueil
- Augmenter la dépense touristique
- Forte concurrence entre les territoires
- Développement de l’hébergement
alternatif
- Concurrence des campings sur le littoral
63
Opportunités LGV Menaces LGV
- soutenir le haut de gamme
- Développer les nuitées dans certains
territoires un peu plus reculés sur le long
terme
- Profiter du saut de fréquentation lors de la
première année d’ouverture de la LGV
- Rendre la Gironde plus accessible aux
marchés nationaux lointains
- Diminution du nombre de nuitées
d’affaires.
Réalisé par l’auteur.
4.2.2) Une hôtellerie de plein air attractif, de plus en plus ressemblant à l’hôtellerie
classique
Les départements littoraux furent les premiers à développer de manière significative l’hôtellerie
de plein air27, avant de se propager de manière plus restreinte à la Dordogne et au Lot-et-Garonne. La
Gironde est historiquement une destination balnéaire depuis le 19ème siècle avec Arcachon et son
bassin, et a gardé une place importante dans le paysage français (classée 7ème en France). Aujourd’hui
le département totalise 29 % de la capacité d’accueil en termes d’emplacements28 en région Aquitaine,
juste derrière les Landes (33 %). Malgré que la Gironde propose la deuxième offre départementale
avec 25 883 emplacements, cette offre progresse de 2 % entre 2013 et 2015 contre 0,8 % dans les
Landes (tableau 12). Comme la Dordogne et le Lot-et-Garonne, l’offre girondine se développe vers les
campings 3, 4 et 5 étoiles (+ 2,5 %), marquant une véritable montée en gamme dans la croissance du
nombre d’emplacements. Cette dynamique se confirme par le nombre d’emplacements en 1 et 2
étoiles qui croit de 1,7 % tandis que dans les campings non-classés, on observe une diminution de 3 %.
Sur ce point-là, la Gironde s’oppose aux Landes, car cette dernière a agrandi sa capacité d’accueil en
campings non-classés avec 53% d’emplacements en plus.
A l’intérieur du département, les 3 bassins touristiques entretiennent chacun une dynamique
particulière. Tout d’abord la côte du Médoc voit sa capacité d’accueil en campings non-classés
décroitre de 20 % au profit des deux autres catégories. Ce bassin s’adapte à l’ensemble de la clientèle
en donnant de la lisibilité à son offre d’hôtellerie. Au contraire le Bassin d’Arcachon augmente le
nombre d’emplacements non-classés de moitié, mais ceux-ci restent minoritaires avec 271 places.
Dans cette zone touristique l’hôtellerie de plein air se fait concurrencer par l’hôtellerie classique et les
locations en résidence privée, le tout dans un contexte de pression foncière urbaine qui ne laisse que
peu de marge de manœuvre. Enfin l’offre à l’intérieur du département monte en gamme ; ce qui se
traduit par la plus forte augmentation d’emplacements en hôtellerie 3, 4 et 5 étoiles de 4,6 % et une
baisse de 2,5 % de l’offre dans la catégorie inférieure. Cependant l’offre plutôt haut de gamme reste
limitée avec 1600 emplacements en août 2015.
27 Qui comprend les campings et les Parcs Résidentiels de Loisirs. 28 Le nombre d’emplacements est la mesure privilégiée pour appréhender l’offre des hôtels de plein air.
64
Tableau 12 : Nombre d’emplacements proposés au 1er août 2015 par bassin touristique
Non classés 1-2 étoiles 3-4-5 étoiles Ensemble
Effectif Evolution Effectif Evolution Effectif Evolution Effectif Evolution
Dordogne 1272 25,4% 3 074 -28,8% 15100 7,8% 19446 0,5%
Périgord Noir 567 15,5% 1 693 -19,6% 10381 3,3% 12641 0,0%
Périgord Vert Pourpre et Blanc
705 34,8% 1 381 -37,7% 4719 19,0% 6805 1,5%
Gironde 1293 -3,0% 4 824 1,7% 19766 2,5% 25883 2,0%
Côte médocaine 569 -20,0% 3 725 3,5% 11947 3,7% 16241 2,6%
Bassin d'Arcachon 271 58,5% 745 -4,7% 6219 -0,4% 7235 0,6%
Intérieur Gironde 453 0,4% 354 -2,5% 1600 4,6% 2407 2,7%
Landes 2408 53,5% 2 523 -11,1% 24404 -1,2% 29335 0,8%
Côte landaise 1813 67,6% 1 872 -14,2% 22663 -1,1% 26348 0,6%
Intérieur des Landes 595 22,2% 651 -0,8% 1741 -2,5% 2987 2,0%
Lot-et-Garonne 586 -0,5% 539 -13,6% 1545 6,3% 2670 0,1%
Pyrénées-Atlantiques 1620 -10,2% 2 042 -0,5% 8127 -0,3% 11789 -1,8%
Côte basque 628 -0,8% 1 036 -5,6% 6235 1,6% 7899 0,4%
Intérieur Pays basque 470 -11,5% 398 0,3% 1078 -6,6% 1946 -6,5%
Béarn 522 -18,4% 608 9,0% 814 -6,0% 1944 -5,8%
Sources : Données du CRTA, 2016.
Ces dynamiques relativement différentes déterminent une offre tournée vers les hôtels de plein
air à 3 et 4 étoiles, puisque chaque catégorie représente respectivement 38,4 % et 32,8 % au 1er janvier
2016. L’ensemble de ces catégories concentre 70 % de l’offre girondine. La catégorie des 2 étoiles
cumule 14,5% de l’offre tandis que les emplacements non-classés et en 5 étoiles restent largement
minoritaires comme ceux de 1 étoile.
Graphique 17 : Répartition de l’offre de camping en Gironde selon le standard au 1 er janvier 2016
Sources : INSEE 2016, chiffres clés du tourisme.
3,2%
14,5%
38,4%
32,8%
6,0%5,1% 1 étoile
2 étoiles
3 étoiles
4 étoiles
5 étoiles
Non classé
65
En lien direct avec la montée en gamme, on observe en Aquitaine des prestations d’hôtellerie
tournées vers l’activité locative, c’est-à-dire, qui propose le service de logements (bungalow, chalet,
mobil-home etc…) au détriment de l’emplacement nu de camping. Avec 8410 emplacements locatifs
en 2015, la Gironde marque la plus remarquable hausse en Aquitaine s’élevant à 7 % (graphique 18).
Cette croissance s’est opérée particulièrement sur la côte du Médoc (9,9 %) et en Intérieur Gironde
(7,9 %). On assiste donc en Gironde à une montée en gamme de l’offre hôtelière qui se matérialise à
la fois par une croissance du nombre d’emplacements en camping 3, 4 et 5 étoiles – proposant un
panel de services – et par une augmentation du parc locatif.
Graphique 18: Nombre d’emplacements proposés en août 2015 selon le type d’emplacement
Emplacements Nus
Evolution nus
Emplacements Locatifs
Evolution locatifs
Dordogne 12 714 -1,50% 6 732 4,53%
Périgord Noir 8 307 -1,88% 4 334 3,78%
Périgord Vert Pourpre et Blanc
4 407 -0,77% 2 398 5,92%
Gironde 17 473 -0,23% 8 410 7,05%
Côte médocaine 11 051 -0,52% 5 190 9,89%
Bassin d'Arcachon 4 805 0,25% 2 430 1,21%
Intérieur Gironde 1 617 0,37% 790 7,92%
Landes 17 190 -1,78% 12 145 4,64%
Côte landaise 15 006 -2,61% 11 342 5,29%
Intérieur des Landes 2 184 4,35% 803 -3,83%
Lot-et-Garonne 1 918 -0,88% 752 2,73%
Pyrénées-Atlantiques 8 405 -3,13% 3 384 1,50%
Côte basque 5 214 0,02% 2 685 1,24%
Intérieur Pays basque 1 561 -6,92% 385 -4,94%
Béarn 1 630 -8,79% 314 13,36%
Sources : Données du CRTA, 2016.
La dynamique de l’offre répond comme dans le cas de l’hôtellerie, à une forte demande de la
part des touristes qui choisissent l’Aquitaine comme destination de vacances. Ce sont surtout les
Landes et la Gironde qui captent le flux de touristes puisque ces deux départements totalisent en 2015,
823 625 et 724 177 nuitées en 2015. La Dordogne se classe troisième avec 479 400 touristes en
camping la même année. De plus l’hôtellerie de plein air demeure beaucoup plus marquée par la
saisonnalité que l’hôtellerie classique, avec une saison répartie sur 4 mois uniquement. En prenant en
compte le rapport max/min, la Gironde et les Pyrénées-Atlantiques connaissent un effet de saison
moindre par rapport aux autres départements. Les rapports max/min des 2 départements se chiffrent
à 4,2 et 4,4, alors que ce rapport s’élève à 4,9, 5,5 et 5,9 pour respectivement les Landes, la Dordogne
et le Lot-et-Garonne. Pour ce dernier département non seulement les touristes paraissent peu
nombreux avec un pic au mois d’août de 26 180 campeurs mais en plus ce nombre chute rapidement ;
aboutissant à une situation économique désavantageuse, au contraire de la Gironde.
66
Graphique 19 : Nombre de nuitées par mois et par département en 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
En outre la situation du Lot-et-Garonne reste instable car malgré la croissance de sa
fréquentation entre 2010 et 2014 de 13,2 %, le département a connu une augmentation record de
14,2 % en 2013 avant de connaitre une chute de 7,7 % de sa clientèle en 2014 (graphique 20). Au
contraire, la Gironde enregistre le second meilleur résultat de 10,2 % de croissance, provoquée par
des augmentations de la clientèle plus faibles mais régulières, sauf en 2013 où le département perd
0,7 % de touristes en camping. Seules les Pyrénées-Atlantiques subissent une chute quasi-annuelle du
nombre de campeurs, résultant à 4,2 % de clients en moins.
1
10
100
1 000
Mai Juin Juillet Août Septembre Saison
Mill
iers
de
nu
ité
es
(éch
elle
loga
rith
miq
ue
)
Dordogne
Gironde
Landes
Lot-et-Garonne
Pyrénées-Atlantiques
67
Graphique 20 : Evolution du nombre de nuitées entre 2010 et 2014
Sources : Données du CRTA, 2016.
On remarque une situation différenciée entre les campings relativement bas de gamme (1 et 2
étoiles) par rapport aux autres (tableau 13). Les campings 3, 4 et 5 étoiles connaissent une croissance
du nombre de nuitées quasiment continue dans les départements aquitains sauf en 2014 pour le Lot-
et-Garonne et la Gironde, mais qui profitent d’une augmentation des nuitées de 13 % et 8 % en 2015.
Cette demande va de pair avec la part du nombre d’emplacements locatifs par rapport aux
emplacements vides qui augmente, passant de 46,6 % à 49,3 % entre 2014 et 2015 dans les campings
girondins. A l’opposé, la situation demeure plus difficile pour les campings bas de gamme qui perdent
de la clientèle, jusqu’à 42 % de nuitées en moins en Dordogne, alors que l’évolution est nulle pour la
Gironde. En conséquence, le nombre de nuitées demeurent 8 à 9 fois supérieures en camping 3, 4 et
5 étoiles que dans les campings 1 et 2 étoiles. Les Landes dominent la situation avec 2 267 000 nuits 3,
4 et 5 étoiles passées en 2015 contre 1 630 000 en Gironde et 1 184 000 en Dordogne. A noter ensuite
que le taux d’occupation comme celui du nombre de nuitées augmentent en basse saison mais aussi
sensiblement en haute et très haute saison en Gironde plus particulièrement et en Pyrénées-
Atlantiques. Les fortes augmentations en haute saison (+ 9,9 % au mois d’août) se sont réalisées grâce
à la dynamique des hôtels de plein air (3, 4 et 5 étoiles). Au final la Gironde possède le taux
d’occupation le plus fort pour les campings bas de gamme avec 64,4 %. Les Landes remplissent leurs
campings à 80 % le long de l’année pour la catégorie supérieure, suivi par les Pyrénées-Atlantiques
avec un taux de 77,9 %. Un potentiel d’accueil existe pour les autres départements avec des taux
d’occupation allant de 73,9 % pour la Gironde à 62 % pour le Lot-et-Garonne.
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
2011 2012 2013 2014 Cumulé
Dordogne
Gironde
Landes
Lot-et-Garonne
Pyrénées-Atlantiques
68
Tableau 13 : Nombres de nuitées et taux d’occupation par catégorie d’hôtels de plein air
nuitées taux d'occupation
2014 2015 Effectifs 2014 2015 Effectifs
1 et 2 étoiles
Dordogne -14% -28% 138 197 -4,8% -0,7% 45,7
Gironde 4% -4% 294 903 1,3% -0,4% 64,4
Les Landes -14% -6% 127 188 -4,9% -0,9% 55,0
Lot-et-Garonne N.C N.C N.C 4,4% -3,3% 37,7
Pyrénées-Atlantiques 7% -9% 112 861 -0,9% -3,2% 62,3
3, 4 et 5 étoiles
Dordogne 1% 2% 1 184 595 -13,2% -0,9% 71,2
Gironde -1% 8% 1 630 151 -2,7% 3,7% 73,9
Les Landes 0% 2% 2 267 680 -3,9% 2,1% 80,3
Lot-et-Garonne -7% 13% 105 893 -15,3% 5,9% 62,6
Pyrénées-Atlantiques 1% 0% 696 332 -0,4% 3,7% 77,9
Sources : Données du CRTA, 2016.
Comparativement à la fréquentation hôtelière, les campings girondins accueillent un peu plus
de touristes étrangers en provenance de pays moins lointains (graphique 21). La proportion de nuitées
de touristes étrangers atteint près de 32 %. Parmi cet effectif essentiellement européen (les pays hors
d’Europe ne représentent que 0,1 % de 31,9 %), les allemands en composent la moitié. 16,4 % des
touristes en camping en Gironde sont allemands ; tandis que 5,2 % et 4,1 % sont hollandais et
britanniques. Les pays francophones proches – la Belgique et la Suisse – viennent en nombre réduit et
ne constituent que 2,3 % et 1,5 % des pays européens.
Graphique 21 : Proportion du nombre de nuitées selon le pays de provenance en 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
France 68,1%Allemagne
16,4%
Belgique 2,3%
Danemark 0,1%
Espagne 1,1%
Italie 0,2%
Pays-Bas 5,2%
Royaume-Uni 4,1%
Suisse 1,5%
Autres pays Europe 0,8%
Autres pays hors Europe 0,1%
Etrangers 31,9%
69
Malgré la proximité de l’Espagne, les touristes issus de ce pays ont fui les hôtels de plein air, se
traduisant par une chute de 18,2 % en 2015 (graphique 22). Au contraire, les français ont compensé
cette baisse par une fréquentation supérieure de 20,3 %, totalisant 3 077 000 nuitées en 2015. En
revanche la clientèle étrangère est en léger recul avec les allemands, les britanniques et les hollandais
qui suivent la voie de la décroissance des espagnols mais de manière modérée. Cependant ces
nationalités forment la majorité des effectifs étrangers rendant la croissance de 7,8 % des nuitées
belges et autant pour les danois, inadéquates pour compenser la perte.
Graphique 22 : Evolution du nombre de nuitées selon la provenance entre 2014 et 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
Finalement, le camping traditionnel s’est transformé au fur et à mesure en véritable hôtellerie
de plein air à proprement parler, c’est-à-dire de l’hébergement locatif avec de nombreux services
associés. Ce genre d’hébergement rencontre un succès auprès de la clientèle française principalement
mais a du mal à conquérir les marchés internationaux. Pour autant le secteur déjà bien portant,
demeure en croissance grâce à la montée en gamme de certains campings qui répondent mieux aux
exigences de la demande. Néanmoins, seules les côtes littorales profitent véritablement des
retombées saisonnières de l’hôtellerie de plein air. L’évolution positive de l’hôtellerie de plein air et la
montée en gamme pourraient être soutenues par l’accessibilité améliorée de la LGV. En effet, la
clientèle pourrait correspondre dans une moindre mesure, à celle des voyageurs des TGV. Dès lors le
train et un service de navettes entre la gare et le camping par exemple permettraient au client de venir
passer ses vacances, comme on peut le voir dans certaines villes ou stations balnéaires.
1
10
100
1 000
10 000
Mill
iers
(é
che
lle lo
gari
thm
iqu
e)
2014 2015
- 0,3 %
- 10,5 %
4,6 %
3,2 %9,6 %
- 0,6 %
20,3 % - 1,0 %
- 1,8 %
- 18,2 % 7,8 %
7,7 %
70
Tableau 14 : Analyse AFOM du secteur de l'hôtellerie de plein air en Gironde
Atouts Faiblesses
- Une dynamique hôtelière de plein air forte
(demande et offre)
- Spécialisation des bassins touristiques
- Forte saisonnalité de l’activité
- Diminution des touristes internationaux
proches
- Encore un nombre important d’hôtels de
plein air non-classés.
Opportunités Menaces
- Accroitre sa capacité d’accueil
- Augmenter la dépense touristique
- Attirer les touristes internationaux
- Forte concurrence entre les territoires
littoraux
- Développement de l’hébergement
alternatif
Opportunités LGV Menaces LGV
- soutenir le haut de gamme de l’hôtellerie
de plein air
- Développer les nuitées dans certains
territoires un peu plus reculés sur le long
terme
- Profiter du saut de fréquentation lors de la
première année d’ouverture de la LGV
- Rendre la Gironde plus accessible aux
marchés nationaux lointains
- La LGV concerne un faible nombre de
touristes de l’hôtellerie de plein air
Sources : réalisé par l’auteur.
4.2.3) Bilan de l’hébergement marchand positif malgré une faiblesse de l’offre en
hébergement alternatifs
Le comité du tourisme d’Aquitaine mène des études annuelles pour recenser les locations de
meublés, ce qui se réfèrent aux gîtes ruraux labellisés et aux locations de particuliers. Les particuliers
engagés dans cette activité locative, qu’elle soit principale ou complémentaire, déclarent leurs revenus
liés à la location. Ne s’inscrivant pas dans la tendance récente de louer son bien à travers des sites de
réservation alternatifs. Même si ce type d’hébergements touristiques reste minoritaire, les locations
de meublés génèrent un certain revenu surtout pour des communes très rurales et permettent de
proposer à la clientèle une variété d’offre d’hébergements complémentaires à l’hôtellerie classique.
Cette catégorie d’hébergement a connu un engouement lors des années 2000 avec le développement
du label « gîtes de France ». Cependant depuis 2010, ce secteur se fait rudement concurrencer par les
meublés privés inscrits sur les sites internet de partage, proposant la même variété d’offres mais avec
un coût plus bas et une facilité d’utilisation des plateformes de réservation. L’Aquitaine subit du fait
de l’évolution de ces pratiques une baisse de 11 % de son parc entre 2013 et 2014 (carte 4), avec une
chute de 26 % pour les Pyrénées-Atlantiques qui possèdent pourtant le plus grand nombre de lits (13
71
098), soit 30 % de la capacité régionale. La situation en Gironde n’est pas mieux car avec 5897 lits
proposés, le département perd 5 % de sa capacité d’accueil. Le Lot-et-Garonne est le seul département
à agrandir sa capacité (+ 10 %) pour le moment relativement réduite à 2066 lits.
Carte 4 : Répartition de l'hébergement privé en Aquitaine en 2014
Sources : Données du CRTA, 2016.
La concurrence avec les logements « non-conventionnés » qui n’apparaissent pas dans
l’échantillon impacte plutôt la catégorie des logements non-labellisés, contrairement aux logements
72
avec le label « gîtes de France » et « Clés vacances ». L’évolution pour la première catégorie a été
négative sur la région à hauteur de - 13 % ; dont – 14 % et – 26 % pour respectivement le Lot-et-
Garonne et les Pyrénées-Atlantiques. Cela crée des soucis pour ce dernier département car les
logements non-labellisés représentent 79 % du parc des locations meublées. A l’opposé de l’hôtellerie,
la demande en location meublée reste très faible puisque les taux d’occupations sont faibles,
avoisinant le quart sur l’année. L’étude du CRTA ne présente que quelques résultats sur les
départements de la Gironde et de la Dordogne (tableau 14). La Dordogne avec son offre demeure plus
spécialisée dans la location de meublés que la Gironde, qui crée une dynamique plus rémunératrice
avec un nombre de nuitées supérieur ainsi qu’un taux d’occupation de 1,6 % plus élevé qu’en Gironde.
De même la Dordogne grâce à ce type d’offre arrive à attirer une clientèle étrangère, qui représente
15,7 % des nuitées. Enfin le marché de ce secteur est détenu principalement par les locations non-
labellisées qui détiennent en moyenne 70 % de la clientèle. En revanche cette part tend à diminuer car
les gîtes labellisés ont su créer une clientèle fidèle et une bonne notoriété qui leur permet de résister
à la concurrence des locations « non-conventionnées ».
Tableau 15: La Gironde et la Dordogne dans la location de meublés
Nombre de nuitées
Taux d’occupation
Part des étrangers
Dordogne 292 316 25,3% 15,7%
Gironde 221 853 23,7% 11,2%
Sources : CRTA 2015, le bilan des locations meublées
Enfin la capacité d’accueil de la clientèle touristique en Gironde est complétée entre autres par
une offre de villages vacances, d’auberges de jeunesses qui correspondent à un segment de la
demande particulier. Un défaut de la Gironde comme en France se matérialise par un retard de
développement des auberges qui rencontrent de véritables succès à l’étranger. Avec seulement 678
lits et 4 établissements, les auberges représentent 2,3 % de l’offre d’hébergements collectifs
(graphique 23). Les villages vacances rencontrent toujours un certain succès auprès d’une clientèle
fidélisée quant à eux, prennent 32,7 % de la part de marché.
Graphique 23: Répartition de l'offre d'hébergements collectifs au 1er janvier 2015
Sources : Données du CRTA, 2016.
65,0%
32,7%
2,3%Résidence de tourisme ethébergements assimilés
Village vacances - Maisonfamiliale
Auberge de jeunesse -Centre sportif
73
La dynamique de l’hôtellerie classique et de plein air en constante réinvention, fait que
l’hébergement marchand girondin a gagné 2,2 % de part de marché entre 2012 et 2014 (graphique
24). 35,5 % des touristes se logent dans ces hébergements payants contre 33,7% observé
nationalement. Cependant l’hôtellerie et le camping rencontrent un succès en déclin puisque de moins
en moins de touristes optent pour ces hébergements. Le camping a perdu 3,6 points et ne concentre
plus que 10 % de la clientèle. L’hôtellerie classique suit la même tendance en passant de 5,3 % à 4,2 %
en 2014. Le secteur marchand a connu une petite révolution comme en atteste les chiffres. La
démocratisation des locations privées par des plateformes de réservations en ligne a permis de faire
passer la part de marché de 9,2 % à 16,3 %, devenant ainsi le logement touristique principal. Cette part
de marché surplombe celle observée nationalement de 14,4 %. Enfin, l’hébergement non marchand
suit la tendance française puisqu’en Gironde 4 touristes sur 10 logent chez des membres de la famille.
La résidence secondaire ne représente que 12 % en 2014 après une chute de 1,5 %. Ce dernier secteur
s’éloigne de la structure observée en France où la résidence secondaire atteint 16,7 % de part de
marché.
Graphique 24 : Répartition de l'hébergement touristique en Gironde
Sources : Gironde Tourisme, 2016
74
En conséquence, l’activité touristique se matérialise par une durée moyenne de séjour de 5,6
jours en Gironde en 2014, au-dessus de la moyenne nationale de 5,3 (carte 5). Le département reste
dans le haut du classement dans la part de marché des nuitées sur le marché français, grâce à une
saison estivale où le littoral bénéficie de près des 2/3 de la fréquentation touristique départementale
(63 % des nuitées) avec une répartition quasi équitable entre le Bassin d’Arcachon et la côte du Médoc.
Néanmoins, la part des touristes balnéaires diminue petit à petit face au tourisme urbain et autre
macro-filière du tourisme culturel et d’affaires. Ces derniers se développent dans le tissu urbain
girondin, et leur saisonnalité apparait moins marquée, l’ouverture de la LGV pourrait favoriser leur
dynamisme. La LGV pourrait être ainsi vu comme une opportunité de catalyser le développement de
cette diversification touristique de la Gironde présentée dans la partie suivante.
Carte 5 : Voyages pour motifs personnels : répartition des nuitées et durée moyenne de voyage selon le département de destination en 2014
Sources : DGE, 2016
75
4.3) Les nouvelles filières porteuses pour le tourisme girondin
Depuis que les acteurs locaux ont constaté la non-durabilité du modèle touristique balnéaire de
masse, d’autres formes de tourismes ont été ciblées comme vecteur de croissance durable en termes
de retombées économiques. Chaque filière du tourisme ne possède pas le même impact selon la
position concurrentielle et le potentiel de développement pour l’Aquitaine et la Gironde (tableau 15).
L’oenotourisme se définit ainsi comme une filière montante et singulière comme le surf et le golf qui
se développent en Gironde. Ces filières par effet de conjoncture favorable peuvent croître plus
rapidement que les autres avec un accompagnement des acteurs locaux dans la structuration de
l’offre. Ensuite le tourisme d’affaires parait limité par les équipements mais dispose d’un potentiel de
développement non négligeable. D’autres filières semblent posséder un enjeu d’avenir comme le
tourisme vert, le tourisme urbain et la plaisance. Par contre le potentiel reste limité par l’étroitesse de
l’offre. Enfin, il existe « des filières non « stratégiques » ou à potentiel de développement limité au
regard des bilans coûts/retombées : montagne, fluvial, pédestre/ pèlerinage, naturisme. Le
thermalisme est un cas particulier : son déclin annoncé est stratégique car l’enjeu est de réussir la
mutation vers le bien-être, et revêt un enjeu prioritaire pour certains territoires aquitains. » (Région
Aquitaine, p 16).
Tableau 16 : Matrice de synthèse des filières d’avenirs en Aquitaine
Position concurrentielle élevée modérée faible
Po
ten
tiel
de
dév
elo
pp
em
en
t élev
é
Oenotourisme Bien-être
mo
dér
é Tourisme d'affaires
Tourisme urbain Surf Tourisme vert
Golf Plaisance
Balnéaire
faib
le
Naturisme Pédestre/pèlerinage
Thermalisme Tourisme Fluvial
Montagne
Sources : Région Aquitaine, 2012
4.3.1) L’Oenotourisme : une filière d’avenir à optimiser
La filière la plus prometteuse pour l’économie touristique girondine demeure l’oenotourisme
qui se base sur le rayonnement mondial de la production de vin. L’oenotourisme rassemble à la fois
76
des adeptes du vin et de la manière de produire comme des néophytes, et propose de découvrir le
savoir-faire particulier par la visite et la dégustation. Les producteurs profitent aussi de retombées
économiques grâce à une gamme d’activités autour du thème du vin de vente directe (bouteilles,
gastronomie et produits dérivés). Sur le plan national, la filière est un secteur porteur avec une
estimation de 7,5 millions de visiteurs dans les lieux de productions en 2009, dont 2,5 millions
d’étrangers29. Cette branche du tourisme permet de se distinguer des autres destinations qui sont
dépourvues de cette richesse et permet de créer une notoriété et une identité du territoire en France
et à l’étranger. Face à ce potentiel certains territoires ont saisi l’opportunité de développer le tourisme
en complémentarité de la production plus tôt que d’autres comme l’Alsace (Dubrule, 2007 ; Escalona,
2012). Le retour d’expérience sur ces territoires a démontré que le vin attire, de plus un touriste sur 3
cite le vin et la gastronomie comme une des raisons principales de voyages (Atout France, 2010). Par
ailleurs cette branche s’adapte aux nouvelles pratiques françaises et européennes de consommation
de produits touristiques, comme les circuits courts des produits, les achats de dernières minutes, les
séjours à thèmes… Pour le touriste il s’agit d’une véritable immersion dans le territoire et le terroir
(mode de vie, façon de travailler, etc.). En outre la notoriété de ce produit se base sur le fait que 75 %
des visiteurs consomment au moins une fois par semaine du vin et qu’ils désirent en connaître
beaucoup plus sur le processus de fabrication. Un des objectifs des châteaux consistent à fidéliser les
clients et à imposer leurs produits sur les tables. En parallèle à cette offre, de nouvelles activités se
développent autour des vins tels les activités pour les enfants, le survol des vignobles en montgolfière
ou en hélicoptère, la vinothérapie, etc. Enfin, le séjour autour du vin s’accompagne par une découverte
de la gastronomie pour 38 % des touristes. L’oenotourisme pour la moitié des touristes est aussi
associé à la découverte des paysages et de l’architecture du patrimoine.
L’oenotourisme en Gironde semble bien prometteur puisque déjà en 2009, 4,3 millions de
visites ont été effectuées (Atout France, 2010). Le libournais avec plus d’1 million de visites (CALI, 2016)
et le territoire du Médoc concentrent un peu plus de la moitié de ces visites. 56% des visites se réalisent
en saison estivale mais des stratégies permettent de développer l’offre hors saison. Alors que l’activité
s’est développée en milieu rural, le tourisme urbain permet d’associer le vin avec les bars à vin et la
Cité du Vin parmi un ensemble de patrimoines à visiter. D’ailleurs depuis son ouverture le centre
culturel a enregistré 1800 visites au lieu de 1450 prévue, ce qui donne un départ prometteur. De plus,
le vin prend une dimension évènementielle avec « Bordeaux fête le vin » avec plus de 650 000 visiteurs
en 2016, mais aussi le marathon du Médoc qui mélange adeptes de sport et oenotouristes, mais aussi
le printemps des châteaux qui attire une foule importante chaque année.
La qualité de l’offre oenotouristique est identifiable par une série de labels. Parmi eux on
retrouve les châteaux qui ont reçu le Prix National de l’Oenotourisme ou pour les destinations inscrits
dans le réseau « Great Wine Capital », le label « Best of Wine Tourism » identifie les destinations de
qualité pour la clientèle étrangère et animée par la CCI. Atout France a aussi développé son label
« Destinations vignobles » pour l'accueil à la propriété, mais aussi plus localement « Vignobles et Chais
en Bordelais ». En outre, le secteur oenotouristique a su améliorer son offre qui souffrait d’un manque
29 La clientèle étrangère se compose principalement de 27% de belges, 21 % de britanniques, 15 % d’allemands, 11 % de néerlandais et 4 % d’américains (éditions Atout France « Tourisme et vin » 2010)
77
de lisibilité auprès des clients (Escalona, 2012). La refonte des sites de l’office de tourisme de
Bordeaux, le site « Bordeaux Wine Trip », permet d’accroitre la lisibilité de l’offre et de proposer des
packs de séjour avec la possibilité de réserver en ligne. Cependant le manque de souplesse dans les
options et dans les prix est rédhibitoire pour la clientèle. Dès lors le problème a pu être réglé par des
applications intelligentes30. En parallèle à l’amélioration de la clarté de l’offre, la Gironde s’est
appliquée à créer une offre milieu de gamme manquante justement grâce aux sites de réservation.
La Gironde et ses vignobles qui ne possédaient qu’une seule route des vins située dans le
Sauternes, le Graves et l’Entre-Deux-Mers avaient une offre de neufs itinéraires pas vraiment bien
balisée. Conscient de ce retard notamment par rapport à l’Alsace, l’effort a été réalisé pour que
maintenant l’ensemble des vignobles soit traversé par une route des vins. Ainsi il existe maintenant 6
routes des vins accessibles en voiture qui permet en même temps de faire découvrir le patrimoine
rural. Le problème de ce tourisme en milieu rural est l’offre de transport qui ne peut être à la hauteur
de celle en ville. La plupart des de ces touristes accèdent aux châteaux en voiture et représente 81 %
des modes de déplacement. Or d’après Atout France, le vélo pourrait passer de 2 % à 18 % avec des
infrastructures adéquates (itinéraires sécurisé, etc.). Les touristes ont formulé le souhait de pouvoir se
déplacer en vélo ou à pied pour découvrir ce patrimoine, de prendre leur temps pour se déplacer. Dès
lors plusieurs solutions sont possibles. Il existe des offres qui combinent croisière fluviale et découverte
du vignoble31. La croisière fluviale est une solution très intéressante pour le public âgé et que le TGV
pourrait contribuer à développer. L’accès aux différents sites est d’autant plus important que les
recherches internet se concentrent sur le moyen d’accéder aux différents sites et à savoir quel site il
faut découvrir.
L’oenotourisme est perçu comme un secteur porteur32. Les visiteurs de la CSP supérieure
représentent 44 % de la clientèle et 49 % de cette clientèle possède un revenu moyen mensuel par
foyer supérieur à 3000 euros et pour 40 % d’entre eux, ce revenu dépasse 5000 euros par mois. En
conséquence, la dépense touristique est bien plus importante dans cette filière que dans une autre.
Au total et en moyenne chaque touriste dépense 30 % de leur budget dans le vin et les produits dérivés.
Cela représente au final une dépense moyenne de 197 euros, dont 91 euros pour le vin et 78 euros
dans la restauration. Ce premier chiffre cache une disparité entre les français qui dépensent 158 euros
contre 252 pour les touristes étrangers. Par la suite, le tourisme du vin concerne une clientèle plutôt
française avec 61 % de la totalité des visiteurs. La clientèle étrangère restante se compose
principalement de touristes belges et britanniques, mais aussi les allemands très présents. Autre fait
important, ce tourisme n’est pas de type familial puisque les touristes venant en famille ne totalisent
que 26 % de la clientèle. Les oenotouristes possèdent des caractéristiques particulières car ils préfèrent
venir déguster surtout en couple (43 %) mais aussi entre amis (26 %). Enfin une autre particularité tient
dans le fait que 55 % de ces touristes sont des excursionnistes.
30 Pour plus de détail de l’application, voir la partie innovation 31 Voir partie croisière fluviale. 32 Rapport Dubrule 2007
78
Sources : Escalona, 2012
93 % des oneotouristes sont issus de l’activité de loisirs ; la filière professionnelle reste marginale
(graphique 25). 3 touristes sur 4 sont en villégiature en Gironde et la fréquentation des sites
oenotouristiques est déterminée par la place du vin dans la culture. D’un côté une partie de la clientèle
a choisi la destination selon le vin et le vignoble. Ce cas reste assez fréquent en Aquitaine, en
Bourgogne et en Alsace. De l’autre, la visite des caves fait partie d’une activité parmi d’autres (comme
le tourisme balnéaire, etc.). Rhône-Alpes, le Val de Loire et le Languedoc en sont les exemples typiques
en France ; on dit alors que cet oenotourisme est plus « diffus ». En tenant compte des séjours
touristiques, 62 % d’entre eux sont des séjours longs puisque la moyenne s’élève à 9 jours. Dans ce
cas-là le séjour est couplé avec une découverte du littoral ou du milieu rural et urbain. Le séjour
oneotouristique de plus de 7 jours représente 35 % des séjours et ceux de 2 ou 3 jours, 22 %. Enfin, les
touristes du vin suivent la même tendance que le reste des filières à savoir que presque la totalité des
touristes (93 %) n’ont pas recours à des agences ou un tour opérateur.
La filière permet de développer une image forte du territoire et exporte facilement cette image
puisque 54 % de l’activité des touristes ont pour but d’acheter du vin. Le produit acheté et donc
exporté en dehors du territoire permet de faire connaître et de partager leur expérience à d’autres
néophytes qui n’auraient pas eu l’idée de faire le voyage. L’autre activité est bien entendu la visite des
châteaux pendant le séjour d’où l’importance d’améliorer l’accueil au sein des propriétés viticoles.
D’ailleurs, chez l’oneotouriste, la fréquence des visites est bien supérieure à la normale car il va aller à
la découverte de 3 à 4 sites viticoles pendant le séjour. L’exportation des produits et la notoriété sont
des clés du développement de l’oenotourisme puisque 26 % des clients vont visiter un site par
l’intermédiaire du bouche à oreille, tandis que 23 % se fient à la notoriété du nom. Enfin la fidélisation
joue un rôle important car près de 2 touristes sur 10 reviennent visiter et déguster sur le site lui-même.
Internet ne représente que 19% des touristes qui veulent s’informer sur les châteaux à
visiter. Néanmoins, la filière pourrait être améliorée surtout au niveau de l’accueil des personnes. En
effet, même si l’oenotourisme a un impact positif sur l’image de la région, seulement 69 % des touristes
étrangers et 52 % des français repartent avec une image plus positive. La marge de progression
demeure importante et doit être prise en compte. En effet, l’oenotourisme arrive à fidéliser une
75%
18%
7%
Tourisme de loisirs
Excurstionnisme
Tourisme d'affaires
Graphique 25 : Répartition des différents type d'oenotouristes en Gironde
79
clientèle car 55 % des touristes déclarent qu’ils reviendront séjourner dans la région et 40 % d’entre
eux (57 % des étrangers) consommeront davantage de vin de Bordeaux.
Tableau 17 : Analyse AFOM de l'oenotourisme en Gironde
Forces
Faiblesses
- Acteur qui développe cette activité : Winery à Bordeaux.
- De grands évènements : fête du vin, printemps des châteaux.
- Evènement sportifs : marathon du médoc. - Routes du vin - L’O se destine à tout type de tourismes :
séjour courts, excursionnistes, séjour long. - Le contact direct permet au vigneron
d’analyser la demande. - Le vin est un produit qui permet d’insuffler
une dynamique locale (restauration, hôtellerie).
- La méconnaissance du tourisme par rapport au vin.
- Mille-feuille institutionnel et territoriale : on ne sait pas à qui s’adresser pour développer ce tourisme
- Difficile coopération entre les acteurs. - Pas de chef de file clair. - Il faut un interlocuteur unique pour
développer l’activité. - Offre féminine manquante - Manque d’animation autour de ce thème et
d’hébergement de charme - Approche traditionnelle - Recours faible à internet et tic - Multiplication des labels - Il faut professionnaliser l’oenotourisme - Pas de marketing fort. - Caractère élitiste
Opportunités Menaces
- La Cité du vin va permettre aux touristes
urbains de faires des excursions dans les vignobles.
- Le TGV est un offre adaptée à ce type de clientèle (plutôt aisée, voyageant en couple), il faut dans ce cas proposer un pack avec transport compris dedans.
- S’appuyer sur le développement de la gastronomie et son image d’excellence.
- Développer des offres en lien avec l’activité fluvial et le cyclotourisme
- Tentation de s’enfermer dans un tourisme
élitiste - Concurrence accrue entre les vignobles (il
faut coordonner les actions et coopérer entre les acteurs)
Réalisé par l’auteur
4.3.2) Le tourisme d’affaires : un potentiel de développement possible grâce à la
LGV
Le tourisme d’affaires se définit comme une autre véritable filière porteuse qui peut être
optimisée avec la nouvelle offre LGV. Actuellement ce tourisme représente un séjour sur 10 en Gironde
80
(Gironde Tourisme, 2012), dont une partie des touristes sont accueillis par les deux centres des congrès
situés à Bordeaux (1350 places) et Arcachon, ainsi que le parc des expositions de Bordeaux. La ville de
Bordeaux se classe 6ème des villes de congrès en France derrière Toulouse en 2014 (Gironde Tourisme,
International Congress and Convention Association, 2015). La ville a réceptionné 19 congrès
internationaux cette même année, tandis que 369 manifestations rassemblaient 1 396 000 visiteurs.
Cette filière touristique a fini par devenir une source primordiale pour le secteur hôtelier étant
donné que 55 % des nuitées en Gironde ont pour motivation les affaires (graphique 25). Cependant, le
tourisme d’affaires reste affilié à celui du tourisme urbain puisque Bordeaux et sa périphérie
demeurent les plus dépendants de la conjoncture de la filière. La périphérie de Bordeaux s’est
relativement spécialisée dans l’hôtellerie d’affaires avec 66 % de nuitées d’affaires enregistrées, contre
56 % pour Bordeaux. Le taux élevé de touristes d’affaires dans l’Unité Urbaine hors Bordeaux
s’explique par la localisation de l’aéroport dans cette périphérie et du parc des expositions à la limite
de la ville. Dès lors un nombre conséquent d’hôtels orientés bas de gamme sont localisés en périphérie
et proches des lieux de manifestation. En second plan, l’hôtellerie en Intérieur Gironde vit grâce à la
clientèle d’affaires représentant 51 % des nuitées. En réalité il s’agit principalement de la région proche
de Bordeaux et des vignobles qui demeurent impliqués dans ce tourisme. Les châteaux proposent
maintenant des séjours d’affaires, des séminaires, où les participants peuvent aussi aller à la
découverte des vins. Ce genre d’offres rencontre du succès. Enfin, le littoral girondin malgré la position
d’Arcachon profite peu du développement de la filière car seulement 26% des nuitées ont pour
motivation les affaires.
Graphique 26 : Répartition des nuitées par motivation en 2014
Sources : Gironde Tourisme, 2016
Pour autant l’hôtellerie du littoral girondin limite sa perte de clientèle grâce à la croissance des
74%44% 34% 49% 45%
26%56% 66% 51% 55%
Littoral Gironde Bordeaux Unité Urbaine deBordeaux (hors
Bordeaux)
Intérieur Gironde Gironde
Nuitées loisirs Nuitées Affaires
81
nuitées d’affaires de 3 % (Graphique 26). Ce cas se répète pour l’intérieur Gironde mais la croissance
de 2 % ne compense pas la perte de 10 % des nuitées de loisirs entre 2010 et 2014. La croissance la
plus forte est détenue par les communes périphériques de Bordeaux avec des hôtels qui ont connu
une hausse de 16% du nombre de nuitées d’affaires, en plus d’une augmentation de 8 % des nuitées
de loisirs. Au contraire, Bordeaux enregistre une progression des nuitées d’affaires de 1 % contre 19 %
en ce qui concerne les loisirs. Le rythme de croissance de l’hôtellerie bordelaise ralentit légèrement
car entre 2005 et 2009, la fréquentation hôtelière a augmenté à Bordeaux de 11 %, celle liée au
tourisme d’affaires a augmenté de 9 %, participant activement à la dynamique hôtelière
métropolitaine.
Graphique 27 : Evolution des nuitées par motivation entre 2010 et 2014
Sources : Gironde Tourisme, 2016.
Le marché du tourisme d’affaires français représente 8,2 milliards d’euros en 2015 (Coach
Omnium, 2016), dont 15 % des manifestations sont d’origine étrangère. Même si la tendance générale
admet une croissance de ce tourisme, le budget alloué par les entreprises est de plus en plus
rationnalisé. Cela se matérialise par le fait que les entreprises décident d’organiser leur évènement le
plus proche du lieu d’implantation et de réunir moins de participants. L’évolution la plus marquante
des activités de séminaires réside dans la diminution drastique des activités périphériques aux affaires.
Si 76 % des organisateurs proposaient des activités à côté des réunions en 2006, ce nombre s’est réduit
à 46 % en 2013. En outre il existe un marché concurrentiel fort parmi les offres puisque les
organisateurs par rationalisation du budget, n’hésitent pas à mettre les prestataires en concurrence et
-2%
19%
8%
-10%
7%
3%
1%
16%
2%
7%
-1%
9%
13%
-4%
7%
-15% -10% -5% 0% 5% 10% 15% 20%
Littoral Gironde
Bordeaux
Unité Urbaine de Bordeaux (hors Bordeaux)
Intérieur Gironde
Gironde
Nuitées totales Nuitées Affaires Nuitées loisirs
82
à négocier les prix. Néanmoins, les entreprises accordent une certaine importance à l’originalité du
lieu dans leur choix de destination ; ce qui demande à chaque destination de pouvoir renouveler leur
offre continuellement et ainsi d’organiser une veille de ce secteur. Finalement cette activité fortement
dépendante des chiffres d’affaires des entreprises et de la concurrence entre les destinations qui
chacune développe une offre, l’activité du tourisme d’affaires est marquée par une tendance
d’évolution en dents de scie, avec croissance faible suivie d’une légère dépression l’année suivante
(graphique 28). La pérennité de cette activité n’apparait donc pas assurée.
Graphique 28: Evolution des dépenses des entreprises françaises et étrangères de 1998 à 2014
Sources : Coach Omnium, 2015.
Toutefois l’ouverture de la LGV devrait aider Bordeaux à concurrencer les autres métropoles
françaises et européennes, en la rendant plus accessible. C’est ainsi que la ville de Bordeaux a décidé
de réagir en planifiant la rénovation du hall 2 de son parc des expositions pour un montant de 30
millions d’euros, cofinancée par la Métropole et la Région. Le hall deviendra un espace modulable de
3000 à 5000 places, dont la livraison est prévue mi-2018. A termes le hall 1 suivra le même chemin
dans les 10 ans à venir. Malgré les équipements de la métropole, un effort doit encore être réalisé
pour adapter l’offre aux nouvelles tendances en tourisme d’affaires. Toutefois le chiffre d’affaires est
estimé à 14 millions d’euros en 2015, soit une énorme croissance de 25 %. Par contre, l’hypothétique
augmentation des rendez-vous d’affaires ressemblant de plus en plus à des journées d’études, n’aura
pas d’impact réel sur le nombre de nuitées en hôtellerie puisqu’ il deviendra possible de réaliser des
83
allers retours dans la journée. Toutefois, le chiffre d’affaires de l’hôtellerie et de la restauration ne
devraient pas diminuer puisqu’un touriste d’affaires dépense plus que les autres (124 euros par jour
contre 62 euros pour un touriste de loisir à Bordeaux), notamment en choisissant des hébergements
en 3 et 4 étoiles la plupart du temps pour les séminaires. Cependant le développement de l’offre
économique en périphérie de Bordeaux a tendance à prendre des parts de marché supplémentaires
chaque année. Toutefois malgré la hauteur des prestations hôtelières, il apparait certain que la LGV
amènera des touristes d’affaires supplémentaires qui privilégient le TGV comme moyen de transport.
En effet un peu plus d’un tiers des passagers d’une rame voyagent pour motif professionnel. En dernier
lieu, l’accueil demeure un élément important pour favoriser positivement l’expérience touristique des
hommes d’affaires, car ceux-ci représentent un potentiel de touristes de loisirs qui viendront peut être
ultérieurement.
4.3.3) Le tourisme fluvial comme potentiel de différenciation de l’offre
Le tourisme fluvial en Gironde ne s’est développé que très récemment. En 2016, 6 compagnies
de croisières proposent une offre de 7 bateaux pouvant accueillir au total 1039 passagers. En 5 ans,
Bordeaux est devenu le port d’attache de ces bateaux. A partir de mai 2016, le MV Bordeaux
d’Aquitaine Croisières, bateau de 78 mètres et 49 cabines, offrira à un maximum de 96 passagers des
croisières plus spécialisées en cyclotourisme. A cette offre des compagnies leaders, il convient
d’ajouter la péniche-hôtel Mirabelle de la compagnie bordelaise Aquitaine Croisières (38,5 m de long
- gabarit Freycinet - 30 passagers).Si l’on tient compte de ces 2 offres supplémentaires, on totalise 9
bateaux de 7 compagnies qui proposent en 2016 des croisières fluviales en Gironde avec une capacité
d’accueil globale de 1 165 passagers. Le tourisme fluvial néanmoins s’étend à un ensemble d’activités
plus large que les croisières et comprend alors les activités de plaisance fluviale :
- promenades courtes, de une à quelques heures, voire pour la journée, à bord de bateaux-
promenades, autrement nommés « day-cruise »,
- location de coches de plaisance généralement pour un week-end ou une semaine,
- plaisance privée soit à bord de bateaux habitables, soit à bord de petites unités de promenade.
Dans une approche élargie, le tourisme fluvestre, néologisme récent, comprend l’ensemble des
activités liées aux cours d’eau dont le nautisme de proximité (canotage, pêche en barque, aviron,
canoë-kayak...) et les activités pratiquées le long des voies d’eau comme la randonnée, la pêche, les
visites de découverte du patrimoine. Le tourisme fluvial connaît depuis une dizaine d’années un essor
incontestable en France. En 2015, il représente 10 millions de passagers annuels (hors bateaux-
promenades), dont 70% d’étrangers, et plus de 500 millions d’euros de retombées pour les territoires
irrigués. Si l’on tient compte d’un taux d’occupation de 90% avec une période d’activité de 35 semaines
sur l’année, 37 000 passagers environ seraient accueillis en croisières fluviales en Gironde en 2016. En
2013, les impacts de la croisière fluviale pour les 2 bateaux du bassin de navigation de la Gironde ont
été estimés à environ 7,9 millions d’euros par les Voies Navigables de France (VNF). A Libourne
l’activité de croisiériste représente plus de 22 000 passagers en 2015.
84
Carte 6 : Les paquebots fluviaux peuvent accoster à Cadillac, Libourne, Bordeaux, Bassens, Bourg-en-Gironde, Blaye, Cussac-Fort-Médoc et Peuillac
Sources : Département de Gironde, 2016.
Les sites girondins peuvent offrir des infrastructures de qualité récemment renforcées. Par
exemple Bordeaux a multiplié les ponts d’arrimage dans le cadre de son schéma d’aménagement des
rives, notamment à Cadillac où maintenant on peut apponter deux bateaux côte à côte. Actuellement,
85
le tourisme fluvial concerne principalement Bordeaux qui a agrandi leur capacité d’accueil, géré la prise
en charge des touristes et des opérateurs fluviaux. Libourne suit le même chemin avec un projet urbain
d’aménagement des quais en concertation avec les acteurs locaux. La mise en tourisme est en
conséquence bien structurée à Bordeaux et Libourne mais reste insuffisante dans le reste du
département. Dès lors l’enjeu maintenant pour les acteurs locaux du tourisme est d’organiser et de
coordonner les acteurs afin que les retombées économiques de l’activité deviennent perceptibles sur
l’ensemble des sites d’intérêt touristique du Département. Cependant certaines communes
présentent des insuffisances, soit dans la qualité des pontons (Pauillac) ou des passerelles, soit dans
celle des abords immédiats des pontons. L’accueil des armateurs et pilotes demeure bien organisé à
Libourne mais rarement satisfaisant sur les autres sites. Certains sites publics ou privés peuvent
s’avérer insuffisamment sécurisés ou devoir être partagés avec les paquebots dans des conditions
insatisfaisantes pour les armateurs de day-cruise, leurs pilotes et leurs passagers. Enfin, des petits
équipements jalonnent les berges et offrent des opportunités à des bateaux de petits gabarits, de
plaisance notamment, en même temps qu’ils constituent des évènements visuels à valoriser, à
préserver ou/et à restaurer : ce sont les petits ports, des embarcadères, digues et cales, haltes
nautiques.
Le Grand Port de la Métropole de Bordeaux met à disposition des croisiéristes un logiciel de
gestion des escales (VIGIEsip). Celui-ci est en lien avec le site internet cruise-bordeaux.com porté par
l’Office de Tourisme et de Congrès de Bordeaux Métropole et Gironde-Tourisme dans le cadre du
Contrat de Destination Bordeaux, inauguré au printemps 2016. Ces outils permettent aux armateurs
de paquebots de coordonner leurs programmes d’escales. Le site cruise-bordeaux.com donne
également une visibilité aux opportunités touristiques de chaque escale et a en ce sens une fonction
promotionnelle. De plus il informe ses visiteurs sur les conditions règlementaires et tarifaires d’accès
aux ports et pontons. Les day-cruise, nombreux et actifs sur le bassin, n’ont pas le même accès que les
croisiéristes à ces outils de coordination et ne bénéficient pas de la même visibilité. C’est le Syndicat
Mixte Interdépartemental pour le Développement Durable de l'Estuaire (SMIDEST) qui recense leurs
offres et les met à disposition du public et des professionnels via son site internet.
Le développement du tourisme fluvial s’est réalisé ces dernières années. Il en résulte une
complexité particulière. L’hétérogénéité de la règlementation et de la tarification aux pontons s’ajoute
à celles liées au statut fluviomaritime des voies d’eau girondines, soumises à des caractéristiques
physiques singulières (marnage, crues, bouchon vaseux...) qui impactent la navigabilité et les
contraintes techniques -donc le coût- des ouvrages, sur lesquelles trois gestionnaires cohabitent : VNF,
EPIDOR (Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne) et le GPMB (Grand Port Maritime
de Bordeaux). En conséquence, ces observations conduisent à considérer que le bassin de navigation
girondin est le plus cher de France, le coût de la destination en France étant lui-même plus élevé que
la moyenne européenne. Pourtant ce bassin est court. La navigation y est très technique et nécessite
l’intervention de pilotes auprès des capitaines pour franchir certains obstacles (pont de pierre de
Bordeaux par exemple). Enfin, le franchissement de certains ponts (notamment ceux jetés sur la
Dordogne dont les piles ne sont ni alignées, ni équipées de réflecteurs radars) est insuffisamment
sécurisé. Ces difficultés portent préjudice à l’attractivité du bassin. De plus, les conditions
règlementaires, tarifaires, et les modalités de gestion des escales génèrent des conflits d’usage entre
86
paquebots et day-cruise.
Sur le segment des paquebots fluviaux, filière qui pèse le plus dans le marché du tourisme fluvial
avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 350 M€, la clientèle étrangère représente plus de la moitié des
touristes. Une caractéristique spécifique à ce tourisme est que 80 % des croisiéristes étrangers arrivent
sur leur lieu d’embarquement par des vols directs (Rapport Maillot, 2015). A Bordeaux, les liaisons vers
la Grande-Bretagne et l’Allemagne (dont Berlin mise en service en 2016) sont de véritables atouts, les
Anglo-saxons et les Allemands constituant deux clientèles majeures du tourisme fluvial en France.
Enfin en Gironde s’est aussi développée une filière de niche. Des péniches-hôtels, en amont de la
Garonne, empruntent aussi le canal des deux mers. Cette branche se place dans un tourisme haut de
gamme33.
Cette offre représente un potentiel car elle séduit beaucoup la clientèle étrangère, composant
96 % de l’effectif touristique. Les touristes étrangers rassemblent principalement des anglo-saxons,
avec 48 % d’américains, 15 % de britanniques et 14 % d’australien ; soit près de 8 touristes sur 10.
Pour le moment les croisières fluviales ciblent une clientèle relativement âgée et en couple, qui
arrivent pour la moitié d’entre eux en train. Dès lors, la LGV aura comme effet de soutenir cette activité
à condition d’améliorer la rupture de charge à la gare qui actuellement pose problème. Le chemin de
fer pourra aider à élargir les marchés belges et britanniques qui constituent une partie significative des
passagers mais de manière réduite car le TGV se matérialisera par un effet de report modal par rapport
à l’avion.
Les croisières depuis plusieurs années se sont déclinées selon plusieurs thèmes comme la
découverte des vignobles. Ce type de croisière thématique rencontre un succès et doit être soutenu
pour aider au développement de l’oenotourisme ; permettant de surpasser le problème de lisibilité de
l’offre du tourisme du vin par la même occasion. Enfin, un potentiel de développement est à considérer
en prenant en compte l’élargissement de la clientèle à d’autres CSP, d’autres tranches d’âges, avec
une offre de croisière adaptée et une promotion de cette offre.
33 La fourchette des tarifs est comprise entre 1200 € et 5000€ par personne et pour une semaine (contre 700 à 3300 € pour les paquebots fluviaux). Le prix varie selon les prestations proposées.
87
Tableau 18 : Analyse AFOM du tourisme fluvial en Gironde
Atouts Faiblesses
- Tourisme qui permet une diffusion
territoriale
- Forte dépense touristique
- Problème de coordination des acteurs
- Coûts trop élevé pour les opérateurs
- Offre limitée/peu ouverte
Opportunités Menaces
- Développer de nouvelles offres
- Aider les autres filières touristiques par une
offre transversale
- Potentiel de développement important
- Développement de compagnies
étrangères : fuite des retombées
Opportunités LGV Menaces LGV
- L’offre TGV correspond à la clientèle du
tourisme fluvial et pourrait soutenir le
développement de l’activité
- Report du mode avion sans véritable
croissance de la clientèle.
Réalisé par l’auteur
4.3.4) La forte dynamique d’innovation touristique en Gironde
Le tourisme enfin correspond à des activités tertiaires, et dans une moindre mesure des activités
secondaires, toutes deux soumises aux dynamiques d’innovations. Le paysage de l’innovation
touristique en France demeure largement localisé dans la région parisienne. Sur les 35 000 à 40 000
entreprises investies dans le processus d’innovation touristique, l’Ile-de-France concentre la moitié de
ces entreprises et Paris 34,8 % (DGE, MKG, 2016). En province, les départements à la fois fortement
impliqués dans l’activité touristique et qui possèdent un milieu urbain fertile pour l’innovation
demeurent actifs dans la création de nouveaux produits (carte 7). Rhône-Alpes avec 6 % des
entreprises françaises se classe premier département de province. L’innovation touristique semble se
développer sur les littoraux méditerranéens (Bouches-du-Rhône et Alpes-Maritimes) mais aussi de
manière plus réduite en Gironde, Loire-Atlantique et dans le Nord. La Gironde se classe cinquième
département provincial le plus actif dans l’activité d’innovation touristique, concentrant 2,8 % des
entreprises innovantes. Les entreprises arrivent à l’innovation grâce à de nombreuses structures
d’accompagnement, comme les incubateurs dispersés sur tout le territoire. Malgré que certains
incubateurs se spécialisent pour lancer des entreprises dans le monde de l’innovation, en France très
peu d’entre eux se spécialisent dans le tourisme uniquement. Par exemple sur les 17 structures à
Bordeaux et ses alentours, aucune ne s’est spécialisée dans le tourisme34.
34 En France nous pouvons citer quelques structures fortement spécialisées dans le tourisme comme Welcome City Lab (tourisme urbain), localisé à Paris.
88
Sources : rapport MKG, 2016
Le portefeuille d’innovations entre ces territoires se ressemble et la Gironde développe des
innovations qui se classent souvent à la fois dans des innovations de service mais aussi dans le
marketing et le commerce (graphique 29). Avec seulement 6 %, les innovations sociales et le tourisme
durable ont pris un retard important en France. Par ailleurs, l’innovation en Gironde comme en France
a intégré l’aire numérique car 80% des innovations sont digitales et 71 % sont des innovations autour
de l’amélioration des logiciels. Par exemple, parmi les outils numériques développés en Gironde, le
site « YourWineTrip35 » est un outil qui génère un tour des activités oenotouristiques selon des critères
sélectionnés par le client. Depuis chez soi, on peut créer facilement son propre circuit touristique sans
35 http://www.bordeauxwinetrip.com/
Carte 7 : Les départements français les plus innovants sur le plan touristique
89
avoir besoin de se plonger dans les guides. Enfin les innovations touristiques semblent largement se
tourner vers le tourisme de loisirs pour 51,3 % d’entre eux. 45,8 % des innovations concernent à la fois
le tourisme de loisirs et d’affaires, tandis que 2,9 % sont dédiés à la clientèle d’affaires uniquement.
Sources : rapport MKG, 2016
4.4) Logiques territoriales et poids du tourisme
4.4.1) Les marchés émetteurs de proximité et potentiel TGV
L’analyse du secteur hôtelier a pu mettre en exergue la provenance de certains clients,
majoritairement français et des pays européens. Cependant les nuitées passées dans l’hôtellerie ne
révèlent pas l’étendue des flux touristiques à destination de la Gironde, que certaines études arrivent
à déterminer. Premièrement, l’étude des flux touristiques montre que le tourisme en Gironde reste
51%
47%
9%
8%
6%
0% 20% 40% 60%
Marketing etCommerce
Service
Procédé etorganisation
Produit
Innovation sociale etTourisme durable
Graphique 29 : domaines d'innovation touristique
90
essentiellement dans le cadre national ; 90 % des touristes sont français (graphique 30). Les girondins
représente 14 % de l’effectif tandis que 8 % des touristes sont des aquitains hors Gironde. Au final près
de 7 touristes français sur 10 vivent en dehors de la région Aquitaine.
Graphique 30 : Répartition des séjours selon la provenance des touristes en 2012
Sources : Tourisme Gironde, 2013
Entre 2012 et 2014, la part de la clientèle française hors Aquitaine, en provenance du Sud-Ouest
a augmenté de 2 % pour atteindre 43,2 % des voyages à destination de la Gironde (graphique 31). Il
s’agit d’un tourisme de proximité car le second bassin émetteur en France est celui de l’Ouest proche
de la Gironde. De même la croissance en deux ans s’élève à 0.9 %. Cependant les voyageurs en
provenance de la Région parisienne représentant 18,1 % des touristes, a baissé de 2,3 %. De plus si
l’on analyse les nuitées le phénomène parait différent. La part des nuitées des touristes dont la
résidence se situe dans le sud-ouest demeure plus faible que celui des voyages (27,3 % en 2014), mais
ce score est issu d’une progression de 1 % depuis 2012. Le tourisme de proximité se confirme avec la
croissance du nombre de nuitées des français en provenance de l’Ouest qui se classe troisième marché
émetteur. Le second concerne le marché de la région parisienne qui lui dégringole de 5,8 % en 2 ans,
passant de 30,2 % à 24,4 %. En revanche on observe une forte progression de bassins secondaires
comme celui de la Méditerranée (+2 %) et celui du Bassin parisien Est (+5,5 %).
Extra-régionaux (Français
68%
Etrangers10%
Gironde14%
Aquitaine (hors
Gironde)8%
91
Graphique 31 : Provenance des touristes français à destination de la Gironde en 2014
Sources : Gironde Tourisme, 2015.
Les 10 % des étrangers formant les effectifs touristiques, la plupart d’entre eux proviennent des
marchés émetteurs proches. La Gironde attire plus particulièrement les allemands et les anglais à
hauteur de 20 % et 17 % des étrangers (carte 8). Le littoral aquitain a traditionnellement été attractif
envers les clientèles néerlandaise, belge, allemande, britannique et espagnole qui composent a
minima chacun d’entre eux 10 % de part de marché. En revanche, on remarque une distinction de la
Gironde par rapport au profil régional puisque les valeurs de ces parts de marchés restent bien
inférieures dans ce département. Cela s’explique par la plus forte représentation des marchés lointains
dans le profil girondin et notamment la capacité de Bordeaux et des vignobles à fidéliser une clientèle
américaine, australienne et asiatique. La Gironde réalise des parts de marchés plus importantes pour
la clientèle suisse et surtout allemande. Quant à la Dordogne elle reste une destination très prisée par
les anglais, notamment à cause d’une population britannique résidante là-bas provoquant un tourisme
affinitaire. De même les Pyrénées-Orientales se spécialisent dans le tourisme espagnol comme le
tourisme hivernal dans le massif montagneux.
92
Carte 8 : Origine des principaux flux de touristes étrangers en Gironde et en Aquitaine en 2012
Sources : Gironde Tourisme, 2013.
La diversification des marchés émetteurs se confirme par l’analyse des origines des passagers
arrivant à l’aéroport de Bordeaux (graphique 32). Même si une petite partie de ces flux se disperse sur
l’ensemble du sud-ouest, un nombre important de touristes en provenance des marchés lointains
consomment en Gironde comme l’attestent certaines filières touristiques. Les arrivées à l’aéroport de
Bordeaux restent particulièrement françaises avec 83% des passagers. Les 17 % d’étrangers se
composent d’américains à 5 % du trafic total et 2 % pour le Canada, mais aussi les scandinaves avec 3
% du trafic. Rapporté sur les 17 %, les américains représentent près de 29 % des étrangers et les
scandinaves 17 %. D’autres pays lointains obtiennent une part de marché conséquente comme le
Japon, le Brésil, l’Australie et Israël avec tous plus ou moins 1 % de part de marché. En 2013, la clientèle
chinoise arrivant par les moyens aériens demeurait faible. Cette clientèle a connu une croissance
importante récemment. Ces statistiques ne prennent pas en compte les nombreux touristes venant
par le train ou le car et qui réalisent un tour européen.
93
Graphique 32 : Arrivées via DGS à l'aéroport de Bordeaux en 2013
Sources : CRTA, 2013.
D’un point de vue stratégique, le TGV permet de placer la Gironde dans la concurrence entre les
territoires pour conquérir le marché parisien. Celui-ci reste prometteur en termes de flux intrants
puisque par rapport à la moyenne française, les habitants d’Ile-de-France partent plus en dehors de
leur région quel que soit le motif personnel ou professionnel (tableau 19). Le taux de départ s’élève à
82,6 % contre 74,9 % nationalement. De plus le nombre de voyages par individu demeure le plus haut
avec 6 voyages contre 5,3 observés en France. De ce fait, la distance plus ou moins grande qui sépare
le lieu de résidence de la destination Gironde pose la question du mode de transport utilisé pour
voyager. Le moyen de transport privilégié reste la voiture qui représente le mode de transport de 86
% des séjours, contre 9 % pour le train et 5 % pour l’avion. La voiture capte même jusqu’à 90 % de part
de marché en été puisque cette période se destine aux vacances familiales. Par contre en hiver le train
gagne en importance car 15 % des touristes utilisent ce mode de transport, provoqués entre autres
par le tourisme d’affaires.
Tableau 19 : Moyen de transport des touristes venant en Gironde en 2012
En % des séjours Gironde/Année Gironde/Eté Gironde/Hiver
Route 86% 90% 80%
Fer 9% 5% 15%
Air 5% 4% 5%
Sources : Tourisme Gironde, 2013.
France83%
Etats-Unis5%
Scandinavie3%
Canada2%
Russie/Ukraine1%
Japon1%
Brésil1%
Pologne1%
Australie1%
Israël1%
Autres1%
94
4.4.2) Le poids important de l’économie touristique
En conséquence des caractéristiques et de la dynamique de l’activité touristique en Gironde, le
diagnostic se finalise par une question primordiale : quelles sont les retombées économiques sur le
territoire ? Le poids économique du tourisme pourrait avoir une importance dans l’économie, en
termes d’emplois locaux et de création de richesse. Cette dernière partie s’appuie sur les travaux de
l’observatoire de Gironde Tourisme en collaboration avec l’INSEE. Une estimation de l’emploi généré
par le tourisme assez précise a pu être réalisée en dépit de la difficulté liée à transversalité du tourisme
au sein de la nomenclature NAF (INSEE, 2009).
Dans un premier temps, les retombées économiques peuvent se calculer par rapport au
montant des dépenses moyennes réalisées sur le territoire par un touriste. En moyenne un touriste
dépense 44 € par jour et par personne36 (graphique 33). La Gironde rencontre une certaine difficulté à
faire dépenser les touristes puisqu’en Aquitaine, chaque touriste dépense 5 € en plus par jour et par
personne. Ce résultat est la conséquence du poids de l’hébergement non-marchand sur représenté en
Gironde par rapport au reste de la région. Il en est de même avec le tourisme affinitaire qui s’élève à
32 % contre 29 % en Aquitaine. Les dépenses touristiques se structurent de la même façon avec 32 %
des consommations pour la restauration et 26 % pour l’hébergement. Toutefois, 14 % des dépenses
se destinent aux biens durables qui s’exportent en dehors du territoire et contribuent au rayonnement
de l’image du territoire, soit 2 % de plus qu’en Aquitaine.
Graphique 33 : Structure de la dépense moyenne d'un touriste en Gironde et en Aquitaine
36 Il s’agit de la dépense réalisée par un touriste sur place, hors frais de transport pour arriver et repartir du territoire.
Déplacements12%
Déplacements12%
Biens durables14%
Biens durables12%
Loisirs16%
Loisirs16%
Restauration32%
Restauration32%
Hébergement26%
Hébergement27%
Gironde Aquitaine
95
Sources : Gironde Tourisme, 2013.
Autre fait important : on observe une divergence des dépenses entre les français et les étrangers
plus dépensiers. Alors que 90 % des touristes français dépensent 41 € par jour et par personne, les 10
% d’étrangers restant consomment localement en Gironde pour 67 € (graphique 34). Les touristes
étrangers dépensent 4 € de plus dans les loisirs, les biens de consommation durable, que dans le reste
de l’Aquitaine. Le tourisme urbain et d’affaire et l’oenotourisme en sont l’origine. Cependant dans le
secteur de l’hébergement, la Gironde ne réussit pas à enregistrer de meilleures performances que dans
les autres départements aquitains.
Graphique 34 : Dépenses par jour et par personne en 2012
Sources : Gironde Tourisme, 2013.
Ensuite, l’analyse des retombées économiques au sein des territoires peut aussi se faire alors de
manière précise à travers les emplois plus faciles à comptabiliser que la valeur ajoutée. Le tourisme a
un impact non négligeable puisqu’au niveau du département, le secteur totalise 22 300 emplois en
moyenne annuelle et 17 300 emplois en Equivalent Temps Plein (ETP). Même si la Gironde concentre
42 % des emplois touristiques aquitains, ceci ne pèse que 3,8 % de l’emploi total, contre 4,5 % en
moyenne en Aquitaine37. Ainsi, même si le département peut compter sur le tourisme pour soutenir
son économie, la diversification de son activité économique permet de se protéger des aléas des flux
touristiques contrairement aux autres départements. Les secteurs qui contribuent le plus à ces
performances sont bien évidemment l’hôtellerie et la restauration qui participent à 25 % et 33 % des
emplois touristiques. Entre 2009 et 2011 les emplois dans le tourisme ont augmenté de 6,8 % en
Gironde contre 6,4 % en Aquitaine et 2,2 % en France métropolitaine. Au niveau régional, il s’agit de la
deuxième meilleure performance derrière les Pyrénées-Atlantiques (7,5 %) et les Landes (6,4 %).
37 Dans les Landes la part de l’emploi touristique représente 6,6 % de l’emploi total
96
Tableau 20: Répartition des emplois touristiques par secteurs en Gironde
Sources : Gironde Tourisme, 2016.
Géographiquement, l’emploi à l’image de l’activité de l’hôtellerie est réparti de manière
hétérogène. En effet Bordeaux et son unité urbaine concentrent un peu plus de 6 emplois sur 10 dans
le secteur du tourisme. Cependant Bordeaux se démarque avec 33 % des emplois girondins et pèse 4,5
% des emplois totaux ; d’où la spécialisation de Bordeaux par rapport au reste du département
(tableau 21). En outre la ceinture bordelaise avec l’activité autour de l’aéroport pèse un poids
important avec 28% des emplois girondins mais ne représente que 2,3 % de l’emploi total. L’autre
concentration des emplois se retrouve bien entendu sur le littoral. En effet avec 2 900 ETP (3 200
annuel) le secteur représente 1 emploi sur 10 et 21 % des emplois sur le littoral médocain. Si l’on
compare avec les Landes, son littoral possède un profil plus équilibré car 12 % des emplois sont issus
du tourisme. Alors que la Gironde double ses emplois dans le tourisme en pleine saison, Bordeaux et
son unité urbaine profitent d’une saisonnalité moins marquée car ses emplois croissent de 51 % en
saison estival ; contre 76 % à l’intérieur du département. Cependant l’effet de saisonnalité se manifeste
plus fortement sur le littoral où le nombre d’ETP se démultiplie. Le nombre d’emplois passe de 1900 à
6500 emplois sur le bassin d’Arcachon, soit une multiplication par 3,5 %. L’amplitude est nettement
plus marquée pour le littoral médocain qui passe de 850 emplois en hiver à 4600 en pleine saison. La
création d’emplois a donc des conséquences économiques en termes de valeur ajoutée. Pour ce faire,
la richesse dégagée permet d’appréhender les retombées locales38. Selon l’observatoire de Gironde
Tourisme, le tourisme aurait dégagé 747 millions d’euros en 2011 soit 2,9 % de la richesse dégagée
totale. Plusieurs observations semblent importantes. D’une part la Gironde concentre 44 % de la
richesse touristique en Aquitaine alors que l’emploi n’est qu’à 42 %. Ainsi il y une concentration des
richesses grâce à la consommation touristique supérieure en Gironde. En effet Bordeaux et son unité
38 Selon l’INSEE : « La richesse dégagée est une notion économique qui permet d’évaluer l’importance de l’activité économique dans une zone à travers sa valeur ajoutée. L’estimation de la richesse dégagée provient du Fichier économique enrichi (FEE) de l’Insee. Comme pour l’emploi, la richesse dégagée par le tourisme local correspond à la richesse générée par la fréquentation touristique dans une zone. En première approche, la valeur ajoutée calculée au niveau des entreprises est répartie entre ses établissements au prorata de la masse salariale. Cette notion de richesse dégagée n’est pas tout à fait comparable au produit intérieur brut (PIB) ; elle ne permet donc pas de calculer une part de l’activité touristique au sein du PIB. »
Secteur Emplois
touristiques Part
Restauration, Café 7378 33,0%
Hébergement 5586 25,0%
Commerces 3053 13,7%
Autres 2843 12,7%
Sports et loisirs 2043 9,2%
Patrimoine et culture 1424 6,4%
Ensemble Gironde 22327 100,0%
97
Gironde intérieure
12%
Bordeaux35%Unité
urbaine de Bordeaux
(sauf Bordeaux)
27%
Bassin d'Arcachon
18%
Littoral médocain
8%
urbaine concentrent 62 % de la richesse touristique départementale contre 26 % sur le littoral et 12 %
à l’intérieur du département.
Tableau 21 : Répartition de la richesse touristique dégagé en Aquitaine et en Gironde en 2012
Sources : Gironde Tourisme, 2013.
4.4.3) Typologie territoriale : une LGV favorisant Bordeaux plus particulièrement
En conséquence, la conjonction de l’évolution de l’offre d’hébergement et de restauration avec
les différentes mises en tourisme des territoires par rapport à leurs richesses se traduit par un panel
de profils de territoires différents. Ainsi l’apport de voyageurs supplémentaires grâce à la LGV n’aura
pas le même impact d’une partie du département à une autre. Dès lors, pour certaines communes,
intercommunalités ou pays, la LGV peut représenter un potentiel à exploiter pour développer l’activité
touristique. Bien évidemment les territoires directement connectés aux gares TGV s’inscrivent dans ce
cas-ci. Pour eux, il convient de mener des actions pour améliorer l’attractivité touristique, notamment
auprès des voyageurs arrivant par le TGV. Dans le cas des territoires « éloignés » de ces infrastructures
où le coût de rupture de charge ne permet pas d’être irrigué en touristes de manière significative, des
mesures peuvent être adoptées pour développer leur offre touristique face à une demande
dynamique. Cependant les actions menées ne prennent pas en compte le potentiel de l’ouverture de
la LGV.
Parmi les territoires bénéficiant d’un accès direct aux services de la grande vitesse ferroviaire,
nous retrouvons bien entendu Bordeaux et sa périphérie. La métropole semble la plus encline à
profiter de l’arrivée de la LGV. Par analogie avec les expériences passées, les LGV favorisent le tourisme
Territoire
Richesse touristique
dégagée en millions
d'euros
Part en Aquitaine
Dordogne 172 10,1%
Gironde 747 43,7%
Landes 273 16,0%
Lot-et-Garonne 74 4,3%
Pyrénées Atlantiques
442 25,9%
Aquitaine 1708 100,0%
98
urbain et d’affaires. Pour le premier, la ville centre profite de monuments, d’activités culturelles, etc.
L’offre de la ville est complète et maintenant tend à être innovée. De l’autre le tourisme d’affaires
profite à la ville mais aussi à la périphérie avec de nombreux hébergements non marchands. D’ailleurs
la métropole se caractérise par une montée en gamme dans l’hôtellerie au centre contrairement aux
communes juxtaposées centrées plus sur le bas de gamme et les classes économiques. Les deux parties
se complètent ; ce qui permet à l’unité urbaine de proposer une gamme d’offre d’hôtellerie complète.
Il est nécessaire de maintenir cette diversité car lorsqu’un secteur de l’hôtellerie rencontre des
difficultés, les autres peuvent le soutenir. Dès lors les revenus de l’hôtellerie restent stables pour la
collectivité, comme la Taxe Professionnelle Unique (TPU). Cependant il demeure quand même
nécessaire de développer une offre pour l’ensemble des revenus et d’améliorer la qualité de l’accueil.
Tableau 22 : Analyse AFOM pour la métropole de Bordeaux
Atouts Faiblesses
- Une offre hôtelière diversifiée de la
métropole
- Offre d’activités touristiques importantes
au centre
- Saisonnalité moins marquée qu’ailleurs
- Proximité géographique de l’offre avec
facilité de déplacement
- Forte notoriété de Bordeaux
- Manque d’hébergements alternatifs
(auberge de jeunesse)
- Manque de lisibilité de l’offre
Opportunités Menaces
- Différencier l’offre par rapport aux autres
métropoles et aux autres territoires de la
région
- Développer l’activité de l’aéroport
-
- Délaissement les touristes aux revenus plus
faibles.
- Augmentation de la concurrence avec les
autres métropoles.
- Une partie même marginale des revenus
touristiques dépendent de la politique des
prix de la SNCF. Effet de dépendance.
Opportunités LGV Menaces LGV
- Développement du tourisme d’affaires
- Développement du tourisme urbain
- Diminution de l’effet de saisonnalité
- Soutien à la dynamique de montée en
gamme de Bordeaux
- Attirer les touristes des marchés lointains
par l’accès avec l’aéroport CDG
- Concurrence accrue avec Paris et les autres
métropoles françaises
- Bordeaux peut devenir un lieu de passage
pour aller au Pays Basques par exemple
Réalisé par l’auteur.
99
L’autre territoire qui pourrait tirer profit est la zone des vignobles. Les vignobles possèdent un
accès proches des gares TGV par Bordeaux Saint Jean mais aussi avec Libourne. Les châteaux se placent
toujours dans une dynamique de l’oenotourisme dont les retombées sont plus élevées qu’ailleurs.
L’offre s’est depuis de nombreuses années tournée vers le haut de gamme et le luxe à l’image de
Bordeaux. Le TGV a comme vertu de faire voyager des passagers aux profils similaires à
l’oenotourisme : CSP supérieure et donc un certain niveau de revenus, mais aussi des personnes qui
découvrent la vigne en couple. Le problème des activités rurales est qu’elles dépendent fortement de
la météorologie, et indiscutablement souffrent d’une saisonnalité. Cette saisonnalité apparait moins
forte grâce au tourisme de week-end et aux excursionnistes. Cependant la dynamique de Libourne
pourrait amener à un développement d’un tourisme plus urbain et enclin à venir en dehors de la saison
estivale.
Tableau 23 : Analyse AFOM du bassin touristique des vignobles
Atouts Faiblesses
- Patrimoine oenotouristique fort
- Dépenses touristiques fortes
- Un tourisme événementiel autour du vin
- Manque de lisibilité de l’offre
- Saisonnalité marquée
- Retard de Libourne sur le centre-ville
- Dispersion géographique des sites
Opportunités Menaces
- Ouvrir l’oenotourisme à l’ensemble des CSP
- Développer des offres dans l’esprit du
développement durable (éco-tourisme,
cyclotourisme…)
- Développement de cette thématique du vin
dans les autres régions de vignobles.
Opportunités TGV Menaces TGV
- Développer le tourisme fluvial autour du vin
- Développer le tourisme d’affaires
- Concurrence avec Bordeaux qui elle aussi
s’affirme dans l’oenotourisme. La ville peut
capter les touristes attirés par ce thème avec
les atouts touristiques (Cité du Vin,
dégustation, fête du vin…) et sa meilleure
accessibilité (ferroviaire, aérien)
Réalisé par l’auteur.
Enfin le dernier territoire à avoir un accès direct est le Bassin d’Arcachon, mais l’accès à la gare
est surtout favorisé pour le sud du Bassin. Arcachon se retrouve à mi-chemin entre une station
balnéaire avec une saisonnalité forte l’été et un milieu plutôt urbain qui fonctionne l’année. Un centre
des congrès présent dans l’agglomération permet de développer le tourisme d’affaires grâce à son
accès direct au TGV et à certaines lignes directes depuis Paris, mais cet espace possède un
rayonnement à dimension régionale se limitant à la partie Sud-Ouest de la France. La LGV pourra
favoriser ce tourisme fortement dépensier à condition d’accompagner le projet par la promotion du
site et une lisibilité claire sur les offres aux congressistes à l’image de la métropole bordelaise.
100
Toutefois l’amélioration de l’accès au bassin parisien n’aura pas comme effet de diminuer les nuitées
d’affaires à cause du temps de trajet encore élevé en Arcachon et Paris, en plus d’une fréquence faible
des trajets directs. Impacté par une saisonnalité marquée, on peut supposer qu’Arcachon connaîtra un
renforcement de la saisonnalité du fait du succès des formules de vacances. Néanmoins, l’arrivée de
touristes supplémentaires n’aura pas comme effet d’accentuer la congestion routière ce qui est un
avantage à exploiter pour la ville. Dès lors il sera nécessaire de gérer la rupture de charge par des
transports en commun, calqué sur les horaires des départs et arrivées des TGV. De même avec
l’ensemble de l’EPCI pouvoir diffuser l’ensemble des voyageurs vers l’ensemble des communes. Enfin
la ligne jusqu’à Arcachon, connaitra une certaine affluence à cause de la forte activité résidentielle
secondaire qui ne s’étend pas uniquement sur la période estivale.
Tableau 24 : Analyse AFOM du Bassin d'Arcachon
Atout Faiblesse
- Activités tout le long de l’année à Arcachon
- Activités touristiques complémentaires :
balnéaire, résidentielle.
- Forte saisonnalité à cause de l’activité
balnéaire
Opportunités Menaces
- Tourner l’offre vers le développement
durable
- Développer l’événementiel
- Développer les micro-filières comme la
gastronomie, etc.
- Forte pression sur le paysage côtier
- .Saturation du parc d’hébergements
marchands
Opportunités LGV Menaces LGV
- Augmenter le nombre de touristes sans
externalités de congestion
- Création d’emplois locaux supplémentaires
- Attirer une clientèle d’affaires
- Diminution des nuitées
- Congestion si mauvaise gestion de la rupture
de charge.
- Flux très concentré sur la COBAS.
Réalisé par l’auteur
A contrario de son homologue de la partie nord du bassin d’Arcachon, le littoral médocain est
classifié comme secteur éloigné de l’accès TGV. Ce tourisme reste essentiellement balnéaire ou vert
avec les lacs et subit la plus forte saisonnalité en Gironde. Une partie du territoire est desservie en
bout de ligne par des lignes de cars et une ligne TER. On suppose que la LGV aura un impact très limité,
à la rigueur sur la pointe à la sortie de l’estuaire. Le reste du tourisme vient en voiture. Le
développement maintenant provient du tourisme lié au surf. Le TGV pourrait jouer un rôle de levier
qui dépend de la promotion des cars envers ce tourisme et une excellente desserte depuis la gare.
Enfin le tourisme lié au golf pourrait être impacté par le service à grande vitesse avec dans ce cas un
service voiturier depuis la gare la plus proche comme Bordeaux ou Arcachon.
101
Tableau 25 : Analyse AFOM des territoires ruraux et littoral médocain
Atouts Faiblesses
- Forte attractivité du tourisme balnéaire, et
des lacs
- Un cadre vert qui attire avec un ensemble
d’activités variées
- Une offre complète d’hôtellerie de plein air
dynamique
- Forte saisonnalité
- Eloignés des infrastructures de transport
- Peu de richesses touristiques à mettre en
valeur pour le rural
- Désintérêt du tourisme de certaines
communes à l’intérieur de la Gironde.
Opportunités Menaces
- Développer le tourisme vert et l’
écotourisme
- Développer les activités autour de la
thématique du surf et des autres sports
aquatiques
- Perte de vitalité en Gironde intérieure
Opportunités LGV Menaces LGV
- Eventuellement de profiter de capter une
part minime des flux de touristes
- Accroissement de la disparité avec les
bassins dynamiques
Réalisé par l’auteur.
102
V) Politiques menées et à mener pour un impact optimal de la LGV sur
le tourisme
5.1) Politiques et prise de conscience des défauts de l’offre en France et en
Gironde
5.1.1) De l’Etat à la collectivité locale, une politique touristique complémentaire
Face à l’enjeu national du tourisme, le gouvernement s’est saisi de la politique touristique à
travers l’organisation de la 1ère Conférence Annuelle du Tourisme du 8 octobre 2015, organisée par le
Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International. A l’issue de la conférence,
l’annonce a été faite qu’ 1 milliard d’euros répartis sur 5 ans seront débloqués pour gommer les défauts
en matière de tourisme. Une plate-forme d’investissements a été créée pour rassembler cette somme
sous la responsabilité de la Caisse des Dépôts, spécialisée notamment dans les investissements dans
les infrastructures. En effet le problème des nouvelles normes a fait qu’une partie des professionnels
du tourisme semblent avoir des difficultés à se mettre à jour et ne sont pas classés dans l’hébergement.
D’autant plus que chaque nouvelle norme a son calendrier d’application. Ainsi, dès l’ordonnance du
26 mars 201539, la volonté a été d’unifier tous les délais de mise aux normes qui ont été portés à 6 ans,
pour que le professionnel puisse mettre son équipement aux normes. Une autre mesure concerne la
réforme de la taxe de séjour. Il s’agit d’étendre le dispositif appliqué à Paris, sur l’ensemble des
communes françaises qui appliquent une taxe de séjour. Il s’agit de donner le pouvoir aux
organisateurs des hébergements particuliers en ligne de récolter la taxe de séjour pour les
propriétaires qui louent leurs logements. Le but est de redonner une équité entre les professionnels
du tourisme et les particuliers. Ensuite, un des soucis de l’hébergement a été de renégocier les contrats
entre certaines plates-formes de réservations d’hôtels. Le but a été de redonner la possibilité à
l’hôtelier de fixer librement son tarif. Une autre mesure phare du gouvernement actuel provient d’une
mesure proposée par le ministère de l’Economie et des Finances : l‘adoption de « zones touristiques
internationales » 40 qui autorise l’ouverture dominicale et jusqu’à minuit les autres jours de la semaine.
L’objectif de cette autorisation vise à augmenter les recettes du tourisme en augmentant la
disponibilité horaire pour acheter des produits. Initialement ces zones ont d’abord été installées dans
Paris41 puis répandues dans quelques villes de province42. Bordeaux ne fait pas partie pour le moment
de ces zones mais sa forte activité touristique lui permettrait d’en bénéficier.
39 Ordonnance qui modifie le décret du 18 août 2015. 40 Modification de l’article L3132-24 du Code du travail. 41 Arrêté du 25 septembre 2015 instituant 12 zones en région parisienne 42 Arrêté du 5 février 2016 instituant 6 zones en province, dans des communes de bord de mer (comme Cannes, Nice, Deauville).
103
Ensuite et dans le but d’atteindre les 100 millions de touristes par an, la politique
gouvernemental s’appuie sur 4 axes différents :
- un premier axe sur le numérique par la création de « www.france.fr » qui donne de la lisibilité à l’offre
touristique française. Le site reprend le site « rendez-vous en France » d’Atout France, mais avec deux
améliorations par rapport à la demande étrangère. L’intitulé « France.fr » permet de remonter le site
parmi les premiers résultats lors d’une recherche internet. De plus, un effort a été fait pour que le site
soit traduit dans le plus grand nombre de langues. Le but est de renforcer la lisibilité. L’autre problème
revient à l’économie collaborative à savoir les locations de logements particuliers. L’objectif du
gouvernement est de faciliter la lisibilité des informations par un rappel de la loi des impôts. Dès lors
le propriétaire sera obligatoirement au courant de la loi sur l’impôt et un document fiscal sera envoyé
au propriétaire pour qu’il déclare son activité locative.
- le second axe concerne la formation avec deux mesures. La première consiste à créer une
« Conférence des Formations d’Excellence du Tourisme » qui consiste à sélectionner à l’échelle
nationale et internationale, les meilleures structures de formation en tourisme et les mettre en réseau.
Le but est de créer une lisibilité claire. La seconde mesure est un projet de créer une véritable Chaire
Tourisme
- troisième axe : Les actions envers la clientèle lointaine résident dans l’opération « un visa en 48h »,
qui a été un efficace en Chine et va être étendue en Inde, Afrique du Sud et Pays du Golfe. De plus, la
procédure de demande de visa sera dématérialisée pour 2017. L’autre problème est l’accueil inadapté
pour les étrangers par des comportements irrespectueux. Dès lors Atout France est chargée de faire
une campagne auprès des professionnels pour corriger ce défaut. Enfin de manière plus anecdotique,
la SNCF a mis en place des écrans géants dans les gares de Lyon du Nord et Saint Lazare pour diffuser
des films de promotion des destinations françaises et des messages de bienvenue dans plusieurs
langues.
- le quatrième axe concerne les investissements. 1 milliard d’euros seront investis en 5 ans par la
création d’un fonds d’investissement détenu par la CDC. Ce fonds mobilisera 500 millions43 d’euros
pour la rénovation et la création d’hébergements touristiques. A ce fond sera ajouté 400 millions
d’euros pour la modernisation des équipements, dont les équipements en numérique et portuaires.
Enfin la BPI utilise 100 millions de fonds propres pour le développement des entreprises de l’innovation
touristique. L’objectif est de soutenir les entreprises qui connaissent un début de succès pour les
pérenniser. Dès lors, 900 millions d’euros seront consacrés à l’hébergement.
Par ailleurs, L’Etat a développé des politiques sectorielles du tourisme avec la stratégie
« Destination France 2010 – 2020 ». L’objectif consiste à la fois à consolider les destinations et les
marques existantes mais aussi à en créer de nouvelles à forte visibilité internationale. Ainsi les Contrats
de Destination se mettent en place pour fédérer sur plusieurs années, des acteurs privés et publics
autour d’un projet collectif, qui s’inscrit sur un territoire avec une identité lisible, une notoriété et une
image de marque et une offre structurée. Les acteurs inclus dans le projet sont généralement en lien
avec l’hébergement, la restauration, les activités de loisirs ou culturelles, l’information et l’accueil, la
43 Ce fonds est composé de 150 millions de fonds propres de la CDC, et d’autres investisseurs institutionnels.
104
promotion, le transport… Les collectivités territoriales concernées par le tourisme sont généralement
mobilisées dans le Contrat de Destination. Par exemple on retrouve parmi les signataires le Conseil
Régional, le Conseil Départemental, les EPCI ; mais aussi les Offices de Tourisme, les CCI, et les acteurs
privés. Le projet développé doit se concentrer sur la qualité de l’accueil, la promotion sur un ou
plusieurs marchés internationaux ciblés, ainsi que sur les démarches d’intelligence économique.
La région Aquitaine finance des projets touristiques et son plan d’action 2014 – 2020 se
décompose aussi en 4 axes. Le premier axe vise à structurer l’espace aquitain, avec par exemple un
soutien de la région pour les projets portés collectivement orientés qualité. L’effort sera concentré sur
le problème de la professionnalisation. La région va aider à corriger la demande en personnels par la
définition du besoin des territoires de professionnels en lien avec le MOPA et la Direction de la
Formation en Aquitaine. Cet axe comprend aussi une action de soutien au développement des outils
numériques et de l’accueil numérique. Enfin, une démarche d’optimisation des offices de tourisme et
de l’observation locale par l’aménagement de nouveaux offices et la mise en place d’outils
d’autofinancement. Le second axe concerne chaque territoire avec leurs problématiques particulières.
La région distingue des territoires différents, dont 3 zonages en Gironde (littoral, rural, urbain).
Cependant des thèmes reviennent plus souvent comme l’itinérance cyclable à développer partout sur
le territoire. Le tourisme urbain est largement centré sur l’événementiel et le tourisme d’affaires. Le
troisième axe reflète la région comme acteur économique puisque sa politique, qui en premier lieu
l’aide au conseil. Il s’agit d’assister les entreprises dans leurs démarches de réflexion pour améliorer
leur offre touristique. Il peut s’agir de la création d’entreprises comme de la pérennisation. L’autre
action forte est de faciliter le prêt bancaire pour les repreneurs de camping et d’hôtellerie
indépendante, par la création d’un prêt d’honneur. La région ensuite soutient financièrement sa
Maison des Saisonniers pour améliorer les conditions de travail, notamment avec la création et la
modernisation des hébergements saisonniers. Enfin la région propose aussi aux personnes les plus
défavorisées de partir en vacances. Le dernier axe consiste à développer le marketing des territoires
aquitains surtout sur les marchés étrangers. Il s’agit aussi de continuer à développer l’observatoire du
tourisme.
En attendant les actions départementales en faveur du tourisme pour la période à venir, le plan
d’actions 2014-2016 s’est orienté autour de 4 axes différents à ceux de la région. Conscient de
l’importance du vin comme richesse du territoire, le premier axe s’est concentré sur la filière de
l’oenotourisme. Après les efforts mobilisés pour tracer une offre de route des vins et labéliser les 6
vignobles « Destination Vignobles », le conseil départemental projette l’aménagement de boucles de
sentiers de randonnées autour du vin. Pour parvenir à cette création d’itinéraires doux pour les
touristes, le département va lancer un appel à projet par an pour répondre à une demande latente
pour découvrir les vignobles à pied. En outre, le premier axe continue de promouvoir l’offre
oenotouristique du département dans le but de répondre à l’ambition de la Gironde de devenir la
première destination du tourisme du vin en France. Les actions prévoient de communiquer sur la
marque « Bordeaux », et de créer des outils numériques (applications, e-commerce pour des
prestations touristiques) et d’imposer la marque sur les réseaux sociaux.
105
Le second axe stratégique vise quant à lui à favoriser le tourisme itinérant ; en soutenant deux
filières. Il s’agit d’un côté de faire croître le tourisme fluvial par une amélioration des équipements
fluviaux et de développer les produits autour de ce tourisme (diversification des circuits,
complémentarités des offres, etc.). L’autre filière se concentre plutôt sur le cyclisme et la randonnée.
Dès lors, le but est de développer les 33 boucles de randonnées, cyclisme et équitation et de faire
connaitre ces circuits. Ainsi le but sera d’augmenter la fréquentation des pistes. Plusieurs comités de
pilotage seront mis en place chaque année. Les outils numériques seront mobilisés avec « ITIaqui »
pour pouvoir avoir les randonnées et pistes cyclables facilement. Un plan médiatique a été instauré
par la même occasion pour promouvoir cet outil. De plus, les actions seront menées pour sensibiliser
les professionnels du tourisme envers ces voyageurs. Enfin, l’axe a pour objectif d’améliorer le site
« Transgironde » pour que ce soit lisible pour les touristes.
L’axe 3 tend à améliorer et perfectionner le dispositif contractuel. Pour cela un rôle d’animation
des acteurs locaux est porté par le Conseil Départemental qui organise deux réunions techniques par
an (territoires, CG, ADT). Il s’agit aussi de proposer une réunion supplémentaire avec l’UDOTSI. Le but
sera à terme d’augmenter de 30 % la valeur de la taxe de séjour avec un dispositif conventionnel sur
70 % des EPCI girondins. Une autre action consiste à améliorer la qualité de l’offre touristique pour se
distinguer des autres départements. Pour cela il s’agit d’améliorer l’attribution des labels « accueil
vélo» et « qualité tourisme ». Des actions seront menées aussi pour développer les meublés classés.
L’accessibilité augmentée sera assurée par une bonification grâce au label « tourisme et handicap ».
Le rôle du département est vraiment d’animer les acteurs autour du thème de l’oenotourisme et
l’itinérance par la coordination des acteurs et la promotion du tourisme auprès des locaux.
Pour finir, le dernier axe se mobilise pour favoriser l’innovation des produits touristiques. Dès
lors, le département a mis en place un fonds d’investissement partenarial. Une autre action consiste à
améliorer la transversalité de la prise de décision et la lisibilité avec une conférence sur le tourisme par
an, 3 réunions inter -services, 2 comités stratégiques par an. Enfin, une action s’est concentrée sur la
lisibilité du site internet Gironde tourisme en voulant diminuer le taux de rebond. Il s’agit aussi
d’augmenter les études publiées de l’observatoire et de mettre en place un centre de ressources sur
« Sirtaqui » pour aider les acteurs dans leur démarche.
En parallèle, le département s’est penché sur la question de l’amélioration du tourisme fluvial
par l’élaboration d’un Schéma Départemental du tourisme Fluvial voté en juin 2016. Le département
de la Gironde souhaite effectuer certains aménagements pour accueillir les paquebots fluviaux (carte
9). En outre, le département souhaite aider à harmoniser la politique tarifaire des voies navigables. En
effet, les taxes de navigation imposées par les trois gestionnaires de voies d’eau (VNF, EPIDOR, GPMB)
peuvent se cumuler pour les bateaux qui naviguent sur les 3 tronçons. De plus les règlements d’escales
sont tous particuliers, reposant sur des partis-pris propres à chaque site, avec des tarifications
différentes (au touché ou au forfait, éventuellement en fonction des gabarits...). Celles-ci trouvent leur
justification dans la recherche d’un équilibre économique difficile par des maîtres
d’ouvrage/gestionnaires qui ont très récemment équipé les quais ou berges de pontons répondant à
106
des normes techniques imposées par les caractéristiques physiques des fleuves girondins et de leur
estuaire ; a contrario d’autres fleuves, sur lesquels les infrastructures sont plus anciennes et souvent
amorties, se prêtent plus aisément à des appontements à quai.
Carte 9 : Carte de synthèse des orientations du Schéma Départemental du Tourisme Fluvial
Sources : Département de la Gironde, 2016.
Les pays se définissent comme un zonage particulier qui dépend des acteurs mobilisés autour
d’un projet. En Gironde, les pays se localisent en milieu rural et participent pour certains d’entre eux,
au développement de l’économie grâce au tourisme (carte 10). Dans le cas des contrats de Pays et des
Contrats Territoriaux Uniques (CTU), l’ensemble des actions visent à améliorer l’environnement et
l’attraction du territoire. Parmi les pays présents dans le département de la Gironde, certaines actions
indirectes influent sur l’attraction touristique comme dans le Pays d’Arcachon et le Val d’Eyre et celui
de Haute-Gironde qui développent une politique de préservation du patrimoine naturel. Le Pays
d’Arcachon et Val d’Eyre (COBAS, COBAN, CdC du Val de l’Eyre) ont décidé aussi d’axer leur politique
sur le soutien aux petits commerçants et à l’artisanat qui peut se traduire au prisme du tourisme par
la volonté de développer des produits locaux exportables. L’Opération Collective de Modernisation de
l’Artisanat et du Commerce se matérialise par une aide directe aux entreprises et des actions
collectives encore non déterminées. Enfin la Haute-Gironde développe l’attractivité du territoire par
un enjeu transversal du CTU par la promotion. Il s’agit de faire connaître le territoire à la fois aux
professionnels qui veulent s’implanter mais aussi aux particuliers dans le cadre de volonté d’habiter
ou d’attirer les excursionnistes. Les membres du pays passent par une campagne de communication
relativement locale et par la multiplication des échanges avec les acteurs territoriaux.
107
Carte 10 : Zonage des Pays en Gironde en 2014
Sources : Région Aquitaine, 2015
Sur 9 pays, seulement 2 pays considèrent le tourisme comme un enjeu notable et agissent
directement dessus. Le Pays Cœur-Entre-Deux-Mers a décidé de financer les initiatives de création
d’hébergements de groupe, de campings, de préférence insolites pour pouvoir se démarquer de
l’ensemble de l’offre girondine. En outre, le pays soutient les actions d’amélioration d’hébergements
existants dans le but de diversifier les activités proposées et de diminuer l’impact environnemental.
Enfin, les activités de valorisation des patrimoines (paysages, bâti, savoir-faire, etc.) dans un objectif
d’attraction touristique sont aussi confortées. Les actions du pays se matérialisent par un appui
technique :
- Appui méthodologique au projet,
- Recherche de financements,
- Mise en relation / travail en liaison avec l’Office de Tourisme de l’Entre-deux-Mers (OTEM),
- Mise en réseau et partage d’expériences.
108
L’autre territoire impliqué dans le développement touristique est le Pays du Médoc qui propose
Cinq points d’actions en lien avec les actions du département :
- Organisation d’un forum du tourisme en Médoc,
- Développement du e-tourisme,
- Promotion de la "Destination Médoc",
- Construction d'une offre de randonnée,
- Développement de l'oenotourisme.
Depuis la loi NOTRe, les EPCI se sont vus attribués la compétence « développement et promotion
du tourisme » et sont les acteurs légitimes pour appliquer une politique en faveur de l’activité
touristique sur le périmètre intercommunal. L’analyse des politiques de chaque EPCI de Gironde
montre que peu d’entre eux s’intéressent à une stratégie touristique (ou ne communiquent pas
dessus). La politique en faveur de l’attraction des touristes reste un élément secondaire aux politiques
de développement économique orientées vers les entreprises, d’autant plus que chaque
intercommunalité ne fait face au même problème que les autres, le tout dépendant de la capacité de
chacune à financer un projet. Sur les 37 EPCI, seulement 4 possèdent une politique touristique
d’envergure et 4 autres projettent quelques projets qui paraissent secondaires. Néanmoins chaque
structure continue à soutenir leur Office de Tourisme qui effectue les missions habituelles d’accueil,
de conseil, de promotion du territoire. Vu la position de leadership de Bordeaux dans le tourisme en
Gironde, Bordeaux Métropole soutient l’activité touristique lancée sur une dynamique positive, à
travers 5 axes :
- l’oenotourisme,
- le tourisme d'affaires et de congrès que Bordeaux Métropole va particulièrement travailler avec l’arrivée de la LGV,
- le tourisme fluvial et de croisières,
- le tourisme urbain et patrimonial,
- le « tourisme intérieur et de proximité » qui intègre en plus des activités touristiques stricto sensu,
les activités de loisirs, culturelles, sportives, d'itinérance et de mobilité, à destination des habitants
métropolitains et à des territoires voisins orientés vers les espaces naturels et sauvages.
La Mission Tourisme et Rayonnement Métropolitain travaille sur les grands évènements
(sportifs, culturels et festifs) qui tentent de faire rayonner Bordeaux sur le plan national et
international. Il s’agit d’une part du soutien et de l’amélioration d’évènements existants : « Bordeaux
Fête le Vin », « Bordeaux Fête le Fleuve » ou « Bordeaux So Good ». La métropole co-pilote avec la ville
de Bordeaux des évènements sportifs comme le Marathon de Bordeaux qui fêtera sa troisième édition
l’an prochain et essayent de donner de l’importance international à cette course ; mais aussi à
l’organisation de l’Euro 2016 qui se présente comme une véritable opportunité de développer un
109
rayonnement international. Enfin la Mission Tourisme intervient dans l’organisation d’événements
Bordeaux Métropole comme l’Eté métropolitain (concerts, spectacles, théâtre, etc.).
Ensuite la Commuté d’agglomération du Libournais (CALI) s’est aussi doté d’une politique
ambitieuse dans le cadre du territoire de projet 2025. Plusieurs axes définissent cette politique. Le
premier s’applique à coordonner au mieux les actions d’investissement en équipements touristiques
dans le but d’améliorer la qualité de l’offre et de l’accueil. Concrètement, il s’agira d’améliorer la
signalétique touristique et la construction des tronçons de la Vélo route 90 (V90) qui reliera la Vélo
route 3, dite celle des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Dans le cadre d’un positionnement du
territoire dans le cyclotourisme, la CALI étudie l’opportunité d’implanter des équipements touristiques
innovants (hébergement et loisirs). Pour cela l’intercommunalité travaille avec Aquitaine
Développement Innovation (ADI), Invest In Bordeaux et la Direccte. En outre, la politique de l’OTI va
évoluer sur plusieurs points :
- la professionnalisation des acteurs touristiques envers la clientèle étrangère (formation anglais),
- le développement de la qualité de service et d’accueil, avec le e-tourisme (implantation du Wifi
territorial, bornes interactives),
- la promotion de la destination “Rive droite de Bordeaux”,
- la conception et commercialisation de produits.
Un dernier axe stipule que la CALI apporte son soutien aux associations qui œuvrent dans
l’animation touristique du territoire. Contrairement au cas du tourisme d’affaires, le projet de la CALI
ne prend pas en compte l’arrivée de la LGV comme opportunité de créer une offre spécifique aux
touristes venant par le train.
Pour finir, Blaye qui connaît une fréquentation touristique grâce à sa citadelle, souhaite accroître
son attractivité par un véritable plan d’aménagement des berges en faveur du tourisme fluvial en 3
étapes. La première prévoit la création d’un port en pleine eau avec écluse44. L’aménagement lourd se
verra accompagner d’une passerelle pour piétons, d’esplanades, d’un cheminement autour du canal
avec des belvédères. De plus, le port sera doté d’un bâtiment accueillant l’Office de Tourisme
communautaire qui partagera le bâtiment avec les services du port et l’association Blaye Nautique. Le
projet enfin envisage la création d’un ponton visiteurs pour les bateaux de plaisance et d’une cale de
mise à l’eau. La seconde étape consiste à réaménager le port de Plassac avec la mise en place d’un
ponton à l’entrée du port et de parkings. En outre la réhabilitation des quais permettra aussi la création
d’un chemin de randonnées allant jusqu’à Blaye et Bourg. L’intercommunalité voit en la réhabilitation
des digues et des berges un moyen d’attirer un tourisme haut de gamme par la construction de
« chalets écolodges » dans un cadre naturel préservé. Pour finir la dernière étape impose un chemin
de randonnées le long de l’estuaire reliant le port du Berne (St Genès) à celui de la Belle Etoile (St
44 Avec 50 anneaux pour accueillir les bateaux.
110
Androny) dédié aussi aux transports doux. Au final le projet est chiffré à 3,7 M d’euros pour
« l’indispensable » et 4,3 M d’euros pour « le nécessaire ».
5.1.2) Les projets urbanistiques qui prennent conscience du potentiel de la LGV
La revue de la littérature a montré que les intercommunalités urbaines directement connectées
à la LGV profitent de l’arrivée de la grande vitesse ferroviaire pour conduire de grands projets
urbanistiques (Menerault, 1997 ; Pol, 2003). Les agglomérations girondines n’échappent pas à la règle ;
Bordeaux et Libourne tentent de réhabiliter certains quartiers pour augmenter l’attractivité, et
indirectement l’attractivité touristique par un effet vitrine efficace. Tout d’abord Bordeaux profite de
l’ouverture de la LGV pour transformer le quartier de la gare Saint-Jean mais aussi une partie de la rive
droite par l’Opération d’Intérêt National (OIN) Euratlantique. Un des enjeux de ce projet est de
repeupler le cœur de la ville en aménageant des logements accueillant entre 25 000 à 30 000 habitants,
en plus de créer un quartier d’affaires à dimension européenne. 480 000 m² de bureaux ainsi que
160 000 m² de locaux d’activités seront créés et directement accessibles à la gare. Conscient de
l’importance du tourisme d’affaires qui nécessite un accès privilégié à la gare, L’OIN prévoit la
construction de 70 000 m² d’hôtellerie tournée vers le haut de gamme (voir tableau). Ces hôtels plutôt
moyen et haut de gamme, offrent la possibilité d’organiser des séminaires pour les professionnels
avec la restauration incluse. La Maison de L’Economie Créative d’Aquitaine (MECA), le Halle Debat
Ponsa et la Cité du Numérique possèderont aussi des salles de réunions ouvertes à toutes demandes.
En outre, le quartier verra s’implanter une auberge de jeunesse de 300 lits pour pallier l’offre
manquante à Bordeaux.
Tableau 26 : Offre d'hébergement dans le projet Euratlantique
Hébergement Catégorie Nombre de chambres
Institut de zoologie 4 étoiles 40
Halle Debat Ponsan 4 étoiles 158
ANF Vinci Hôtel 3 et 4 étoiles 180
Auberge de Jeunesse - 300 (lits)
Belvédère (projet en conception) - 120
Sources : Euratlantique, 2015.
Euratlantique a aussi un projet tourné vers la mobilité du quartier et de la gare vers les autres
parties de la métropole. La création du pont Jean-Jacques Bosc permettra de relier plus facilement les
deux rives en transport en commun. Trois lignes de transport en commun en site propre sont en projet
(TSPC) et la gare sera reliée en 2019 par un Bus à Haut niveau de Service (BHNS) qui reliera Saint-Aubin
du Médoc à la gare. La gare va ainsi se repositionner en tant que véritable plateforme multimodale et
nœud primaire dans le réseau de transport métropolitain. Même si le quartier de la gare bénéficiait
111
d’une bonne accessibilité en transports en commun et en voiture (annexe 3), le quartier Belcier va
devenir une des parties de la métropole les plus faciles d’accès permettant une diffusion des flux de
touristes arrivant à la gare plus aisé que ceux en provenance de l’aéroport.
Parallèlement à l’OIN, la métropole de Bordeaux avec Gares et Connexions ont entrepris la
rénovation de la Gare Saint-Jean dans le but d’améliorer les infrastructures d’accueil. Entre autres, il
s’agit de pouvoir aménager la gare pour que les 18 millions de passagers prévus en 2017 puissent
circuler facilement. Le plus intéressant de ce projet dans notre étude réside dans la construction de
l’extension de la gare côté Belcier. Le nouvel ensemble comprendra un espace voyageur de 2 500 m²
avec 1800 m² de services et de commerces nécessaires pour l’accueil des voyageurs et donc l’accueil
des touristes à Bordeaux. En outre, l’accessibilité de la gare sera renforcée pour les voitures par la
construction de 2 parkings. Le premier proposera 860 places tandis que le second prévu pour 2019,
contiendra 750 places de voitures. Du point de vue du tourisme, ces parkings marquent une nette
amélioration pour les services de locations de voitures qui intéressent les touristes notamment
(comme avec les billets d’avion ou de train all inclusive, proposant la location de voiture dès l’arrivée).
Par ailleurs le premier parking avec un accès direct à la gare comprendra un accès minute pour
améliorer les conditions de dépôts des passagers comme des touristes affinitaires par exemple. Le parc
de stationnement proposera des espaces vélos avec 520 places. L’extension Belcier présentera aussi
un effet « vitrine » par une architecture moderne et un parvis réservé aux piétons et vélos. D’ailleurs
un espace pour les transports en commun et les taxis sera attribué, qui fait défaut actuellement. Pour
finir un espace de gare routière est à l’étude suite au succès des cars interurbains. Cependant il n’est
pas encore certain que la gare routière verra le jour dans le quartier Belcier car à l’époque de la
conception du projet, ce système de transport était encore à ses prémices et donc pas prévu.
Ensuite, la seconde ville du département, Libourne a mis au point un projet urbain de grande
envergure pour l’horizon 2025, accompagné d’un investissement de 35 millions d’€. Le projet prend
en compte l’arrivée de la LGV comme potentiel de croissance économique et touristique. Une des
stratégies de la ville revient à redynamiser le centre-ville, à mettre en valeur les espaces pour rendre
Libourne attractive. En outre, les quais en bord de Dordogne seront réhabilités ainsi que la capacité
d’accueil du port améliorée, s’inscrivant dans le schéma de développement fluvial du département. La
ville mise sur le tourisme fluvial qui rassemble déjà 24 000 visiteurs en 2015 (Mairie de Libourne).
L’objectif des 2 millions d’euros d’investissements consiste à passer à 30 000 touristes fluviaux, en plus
de pontons destinés pour la plaisance fluviale. Pour l’instant, Libourne se définit comme la porte
d’entrée du tourisme dans le Saint-Emilion, mais souhaiterait à terme devenir un lieu incontournable
pour les touristes.
5.2) Recommandations pour un effet LGV optimisé
L’état des lieux du diagnostic de la Gironde a montré certaines faiblesses du tourisme. Dès lors
les mesures prises par les politiques tentent d’atténuer ces failles. Cependant d’autres préconisations
112
doivent être prises pour compléter ces actions, pour aboutir à un double objectif : améliorer la qualité
de la destination touristique et optimiser le potentiel de la LGV sur le tourisme. Ainsi les conseils
suivants visent uniquement à supprimer les faiblesses sans prendre en compte le projet de la LGV,
tandis que d’autres ont pour but de trouver une solution à l’optimisation de l’arrivée de la LGV.
Axe 1 : améliorer la qualité du capital humain pour un meilleur accueil
Objectif 1.1 : créer un véritable centre de formation des métiers du tourisme
Les acteurs locaux ont tout intérêt à créer une véritable filière universitaire du tourisme, comme
l’exemple de l’UFR ESTHUA de l’Université d’Angers et son « Tourism Lab ». Il s’agit de rassembler
toutes les formations dans la thématique du tourisme dans les différentes disciplines universitaires,
afin de créer un « institut » du tourisme. Dans cette optique, la création de ce pôle permettrait à la fois
de rationaliser les offres de formation et de mettre fin au problème de la transversalité du tourisme
dans les formations. De plus, il demeure indispensable de proposer une offre de formation pour tous
les niveaux, en favorisant les parcours en alternance et les stages à l’étranger ; pour que les futurs
professionnels du tourisme puissent se construire leur propre expérience, s’ouvrir à d’autres visions
du tourisme, et être force de proposition pour créer une offre vraiment originale. Enfin la création de
cette filière permettrait de donner de la lisibilité à l’étranger pour à la fois lier des partenariats avec
d’autres universités et attirer les étudiants étrangers ; afin d’accumuler les connaissances. Le problème
de cette mesure réside dans le fait que les étudiants formés ne seront pas forcément créateurs
d’activités sur le territoire.
Objectif 1.2 : continuer à former les professionnels déjà engagés dans le tourisme
Les diagnostics et retours d’expériences sont clairs : l’accueil reste encore mauvais à cause d’un
manque de professionnalisme ou de formation aux nouvelles pratiques touristiques, particulièrement
envers les étrangers (Valentini et Castéran, 2016). Dès lors les collectivités locales doivent travailler
ensemble pour réaliser une véritable sensibilisation, voire de proposer des formations. Les mesures
consistent à organiser des stages d’une journée ou d’une demi-journée, ou des rencontres pour
informer. Par exemple il apparaît indéniable que les stages d’une demi-journée à une semaine ont
participé à l’amélioration de l’accueil (Amiard, 1997). Ces stages qui comptaient 1100 personnes en
1991, passèrent à plus de 3000 en 1996. Ces rencontres ou stages permettent aux professionnels de
se tenir au courant des dernières tendances que de leurs côtés, ils n’auraient pas pu être informés. En
outre, il est recommandé de suivre l’exemple de la CALI en proposant des formations en anglais très
ciblées sur le tourisme. Par ailleurs, la contrainte des horaires de travail rend difficile aux
professionnels d’assister à certains de ces stages. Dès lors une campagne de sensibilisation doit être
menée pour promouvoir le Massive Open Online Courses (MOOC) développé par le DGE s’intitulant
« Tourism Academy ». Il s’agit d’une plateforme gérée par l’Etat qui permet de manière ludique
d’apprendre à distance ; comme par exemple comment se comporter avec un touriste chinois ou belge
(par rapport à leurs habitudes, à leurs goûts, etc.). Cette action peut aussi se décliner pour
l’apprentissage des langues. Un accord peut être réalisé avec un MOOC déjà spécialisé dans
113
l’apprentissage de l’anglais et la collectivité territoriale pour réaliser une plateforme dédiée aux
professionnels du tourisme.
Axe 2 : Favoriser la création de l’innovation
Objectif 2.1 : construire un cluster du tourisme
La France cumule un retard dans la création d’innovations à cause du manque de structures
réunissant les entrepreneurs et les institutions en un même lieu (étude MKG, 2016 ; Fabry 2009). La
Gironde doit se doter d’un cluster du tourisme pour rassembler les acteurs de différentes branches
autour de ce thème. A l’étranger, ces structures ont permis des effets leviers et l’émergence
d’innovations créatrices d’emplois (Fabry, 2009). A l’image du Wine cluster en Californie, une structure
similaire pourrait être mise en place favorisant l’oenotourisme. De même, des incubateurs pourraient
voir le jour pour permettre à des entreprises locales de se développer dans le domaine du tourisme. A
Paris, il existe un incubateur spécialisé dans le tourisme urbain : le Welcome City Lab qui rencontre un
succès puisqu’il aide les entrepreneurs à être financés et à créer un réseau ; deux facteurs essentiels
dans la dynamique d’innovation. La structure propose ainsi de l’incubation d’amorçage et de décollage.
Bordeaux pourrait suivre cet exemple.
Objectif 2.2 : informer sur les moyens de financement.
Les entreprises rencontrent des difficultés à se financer non pas parce que les moyens
manquent, mais à cause de la diversité des moyens et des organismes. Pour cela, une structure
d’intermédiation doit être montée dans laquelle le personnel est spécialisé dans l’activité touristique
et connaitrait l’ensemble des produits financiers destinés spécialement pour les professionnels du
tourisme. De plus, cette structure devrait réaliser l’effort de créer son propre réseau pour développer
ses propres moyens de financement auprès des professionnels, comme les réseaux de « Business
Angels » qui font aussi office de conseil. La Gironde peut aussi s’inspirer de l’expérience basque, où le
Crédit Agricole Pyrénées Gascogne a créé un service spécialisé dans le financement des entreprises
du tourisme. Le personnel est à la fois banquier et conseiller en investissement touristique. En effet la
banque recrute des conseillers qui sont formés sur le tourisme.
114
Axe 3 : créer une destination concurrentielle par une diversification des activités touristiques
Objectif 3.1 : surpasser le cloisonnement des filières
L’originalité de l’offre touristique qui permet à une destination de se positionner sur le marché
du tourisme peut être provoquée par la mixité des filières. A l’image du tourisme fluvial qui organise
des croisières autour du thème du vin ou du cyclotourisme, il faut continuer à développer les offres
transversales aux filières. Pour cela il faut organiser des rencontres entre acteurs pour échanger et
faire des projets, le tout en lien avec les pouvoirs publics et acteurs privés en veille sectorielle.
Objectif 3.2 : favoriser toutes les filières
Même si l’on a identifié des filières plus porteuses que d’autres, toutes les filières doivent être
soutenues avec des moyens réduits pour celles qui ne sont pas trop porteuses. La présence d’activités
de tout type sur le territoire permet de créer une abondance de l’offre et de donner envie de retourner
à destination. Par exemple, le tourisme culinaire est en vogue actuellement et l’organisation de « food
tour » avec juste un guide et un ensemble de restaurant est un investissement très faible avec des
retombées non-négligeables. D’ailleurs le TGV devrait aussi favoriser là Bordeaux un effet « Bocuse »
comme à Lyon. Les acteurs locaux doivent user d’imagination, regarder ce qui se fait ailleurs pour que
toutes les filières soient développées même de manière restreinte.
Axe 4 : Promouvoir une offre diversifiée
Objectif 4.1 : clarifier l’offre et attirer toute la clientèle
Le problème de chaque territoire réside dans la multitude d’offres et de labels qui a tendance à
dérouter les touristes. Pour cela il est nécessaire de rassembler et sélectionner les lieux activités.
Proposer des low cost dans tous les maillons de la chaîne touristique (transport, hébergement, accès
à la culture). Même si le tourisme de masse a montré ses limites, il faut attirer pour faire connaitre la
destination, les touristes de ne reviennent pas forcément mais font venir d’autres touristes.
Objectif 4.2 : promouvoir le territoire à l’extérieur
L’impact du tourisme implique nécessairement des investissements envers la promotion de la
destination qui doit se faire continuellement. Sans cela même l’effet LGV n’aura pas d’effet (Delaplace
et al, 2014). Il faut ainsi que les acteurs locaux multiplient les partenariats, les jumelages avec les autres
communes, etc. En outre la promotion du territoire passe par le développement de l’événementiel.
Cela demande un investissement important au début mais un évènement bien médiatisé permet des
retombées économiques rapides et l’ouverture de marchés jusque-là inaccessibles.
115
Objectif 4.3 : Favoriser le développement du e tourisme et du m-tourisme.
Le numérique représente déjà un des premiers contacts avec le territoire car le touriste
découvre, s’informe, réserve à partir des sites internet. L’outil numérique demeure un puissant moyen
de promotion et de communication. Dès lors les territoires doivent s’appliquer à rendre dynamique et
clair leur façade numérique en utilisant tous les moyens à leur disposition : vidéo, musique, liens avec
d’autres sites, contenus et terminaux mobiles..., la création de web TV, la présence sur les réseaux
sociaux, et bientôt au web 3.0, avec le développement du web sémantique devront permettre de
passer à une nouvelle étape du e-tourisme. Ainsi les investissements doivent être orientés pour
favoriser la création de portails de services nomades et multilingues dans les destinations touristiques,
de continuer à soutenir la création et le partage de bases de données. In fine en plus d’améliorer
l’information auprès des touristes, les outils numériques permettent aussi aux professionnels du
tourisme de les informer de manière efficace sur les nouvelles tendances.
Axe 5 : Développer le tourisme durable
Objectif 5.1 : favoriser les pratiques éco -touristiques
Le respect de l’environnement est devenu un critère important pour le consommateur au même
titre que la qualité. Dès lors, les pouvoirs publics ont engagé une politique de développement durable
classique comme celle des transports en commun par exemple. Pour autant nous devons aller plus loin
pour que les acteurs territoriaux aident les entreprises touristiques à mettre en place des démarches
de haute qualité environnementale par la sensibilisation de certaines pratiques. Mais aussi, il s’agit de
mettre en place un cofinancement pour la création ou la réhabilitation d’équipements existants
participant à la réduction de la consommation d’énergie par exemple. En outre, il serait urgent d’établir
un véritable Plan qualité tourisme qui prenne en compte les normes environnementales ; avec
l’attribution d’un label pour les établissements engagées dans la démarche. Enfin, les acteurs locaux
doivent prendre conscience des concepts innovants que l’on peut développer dans le secteur de
l’hébergement à travers l’habitat écologique, comme les habitats de type « nature lodge » ou les
refuges urbains à Bordeaux.
Objectif 5.2 : Supprimer la précarité des travailleurs saisonniers
Le département ou la région doit intervenir dans le problème de l’emploi saisonnier. Pour cela
une solution simple revient à créer un guichet unique pour aider les travailleurs à réaliser toutes leurs
formalités. L’autre but consiste à organiser ces flux de travailleurs en soutenant le projet de « titre
hébergement » (cf. ministère du Logement) destiné à l’hébergement temporaire des personnels en
situation de mobilité. Le guichet pourra à terme proposer du travail tout au long de l’année pour un
même saisonnier et créer une certaine stabilité dans les emplois.
116
Axe 6 : Faire des gares une plateforme multimodale de grande envergure
Objectif 6.1 : faire des gares le centre du réseau de transport urbain/Interurbain
Dans l’objectif de diminuer la pénibilité des ruptures de charge (Debrouzke, 2012), il est
nécessaire de faire de la gare le lieu de superposition du nœud de réseaux de transports en commun
urbain et inter urbain. La gare étant le point d’entrée, il faut que le touriste ait accès à l’ensemble des
grandes lignes urbaines pour se déplacer facilement vers les différents lieux. De même, la gare se
plaçant comme point de sortie, on doit faciliter l’expérience spatiale par le fait que le touriste dispose
de tous les moyens de transport au même endroit pour repartir sereinement chez lui. Faciliter la
mobilité fait partie de l’expérience touristique positive. En outre, il faut assurer que les gares
deviennent le centre des réseaux de cars départementaux puisque ce mode de transport demeure
plus souple que les TER pour s’adapter aux horaires des TGV et des retards à envisager. Les gares
routières doivent donc être implantées au même endroit que les gares ferroviaires où l’on peut trouver
ces cars départementaux, les cars interurbains et les navettes pour l’aéroport. Enfin un espace doit
être réservé pour les navettes spéciales à mettre en place, comme une navette qui déposerait les
touristes fluviaux au pied des paquebots par exemple. Les compagnies fluviales mutualiseraient le
financement de cette navette pour éviter un coût élevé et devront se mettre d’accord sur les horaires
de départs et d’arrivées des croisières pour organiser et optimiser les rotations de navettes.
Objectif 6.2 : Améliorer l’accueil des touristes dès la descente du train
La gare sera la première expérience touristique du territoire. Il apparait alors primordial de faciliter la
circulation et les indications pour orienter les touristes surtout étrangers. Plusieurs solutions sont
possibles comme la pose de panneaux multilingues, l’utilisation d’une application gratuite qui aide les
touristes à s’orienter dans la gare et aux alentours. L’idée la plus simple et la plus efficace consiste à
ouvrir un office de tourisme, ou un point relais soit dans la gare ou dès la sortie de la gare à condition
que ce soit bien indiqué. Dans la plupart de villes européennes, les offices de tourisme sont localisés
proches des gares ou à l’intérieur car il s’agit du point d’entrée des touristes sur le territoire de
destination. A partir de là des agents ou des bornes électroniques pourront donner les informations
utiles et délivrer dès la sortie du train, le City Pass. Cette action améliorerait sensiblement la qualité
de l’accueil par un accompagnement dès l’arrivée du touriste qui se sentira guidé.
5.3) Quantification des retombées économiques sur le long terme : un impact
léger de la LGV sur le tourisme
La dépense locale de la fréquentation touristique sur le territoire girondin a permis d’injecter
1,5 milliard d’euros en 2011, soit 747 millions d’euros de richesse dégagée. La LGV aura comme effet
117
d’attirer d’autres touristes. En reprenant les hypothèses formulées en amont45, on peut estimer à
environ 156 000 touristes supplémentaires par an à l’horizon de 2019. Ce chiffre provient du nombre
de voyageurs totaux supplémentaires espéré par la SNCF dès 2019 auquel on a décompté les touristes
potentiels à partir du rapport de la Cour des Comptes (2014) basé sur l’ENDT de 2009. L’augmentation
du nombre de voyageurs avant 2019 arrivant en Gironde se base sur le saut de trafic probable calculé
par COBETA (Tellakis, 2012)46, tandis que la croissance du nombre de voyageurs stagnera à 0,5 % par
an à partir de 2019 (Cour des Comptes, 2014). A partir de la quantification du nombre de touristes
supplémentaires par an, il devient possible de proposer une estimation quantitative de l’impact de la
LGV, d’estimer l’impact de la LGV sur la dynamique du tourisme en Gironde et au sein des différents
territoires. Néanmoins, selon la mobilisation des acteurs locaux pour développer une filière touristique
plutôt qu’une autre, cela va influer sur l’attractivité du département. Plusieurs scenarii ont été
imaginés par rapport aux orientations de développement touristique choisies. Chaque scenario diffère
selon le degré d’investissement dans les différentes filières touristiques. Le premier scenario stipule
une croissance de l’ensemble des activités touristiques de 0,5 %. Dans ce cas, les décideurs politiques
et les acteurs privés choisissent de développer toutes les filières sans distinctions. La seconde
prospection suppose que les acteurs locaux décident de concentrer leurs investissements dans le
tourisme d’affaires. Dès lors, la croissance du tourisme avoisinant les 0,5 %, se décompose d’une
hausse de 0,7 % de la fréquentation des touristes d’affaires contre 0,3 % du reste. Enfin, la situation
inverse définit le dernier scenario qui produira des résultats différents en termes de retombées
économiques. Pour finir, pour chaque scenario, une sous-hypothèse est développée. Il s’agit de
supposer les retombées économiques selon le fait que la qualité de l’accueil a été améliorée, amenant
à une légère croissance annuelle de la consommation touristique (scenario « augmentation »). L’autre
hypothèse consiste à dire que la qualité de l’accueil stagne et ainsi que la consommation locale des
touristes (scenario « normal »). Dès lors, nos estimations rendent compte de l’importance d’améliorer
la qualité de l’accueil, le point faible actuel des territoires en France.
Tout d’abord, le premier scenario voit le nombre de touristes induits par la LGV, passer de
156 000 la première année d’exploitation à 358 500 au bout de 5 ans, pour atteindre environ 406 000
en 2047. La proportion entre les touristes d’affaires et les touristes aux motivations privées reste égale
quelle que soit l’année, où le flux associé au tourisme d’affaires en TGV est de 46 % supérieur au reste.
45 Voir fin de la partie III. 46 Voir annexe 4
118
Graphique 35 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 1
Réalisé par l’auteur.
Les retombées s’estiment à 80,759 millions d’euros en une année en 2047. Dans un futur proche
de 4 ans et selon le trafic espéré par la SNCF, les retombées atteindront 71,511 millions d’euros pour
un scenario sans croissance de la consommation touristique. Pour la même année, la prospection
incluant une amélioration des dépenses touristiques prévoit des retombées similaires, mais à l’horizon
de 30 ans d’exploitation de la ligne, la différence entre les deux tendances s’élève à 16 millions.
Graphique 36 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 1
Réalisé par l’auteur
La seconde prévision parait plus optimiste car le nombre de touristes arrivant par le TGV dépasse
400 000 après 24 ans d’exploitation contre 30 ans pour le premier scenario. Cette performance résulte
d’une croissance annuelle de 0,7 % des touristes d’affaires qui représentaient un stock de 121 407
passagers à l’origine. En 2047, ce flux atteindra 265 000 touristes à destination de la Gironde pour
motif professionnel, soit 79 % de plus que le tourisme privé ; agrandissant l’écart entre les deux
tendances de filières.
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Graphique 37 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 2
Réalisé par l’auteur.
En conséquence les retombées brutes annuelle frôlent les 80 millions en 2047 pour le cas
normal, et 92,317 millions pour le scenario incluant une légère augmentation de la consommation
touristique. Ici, les retombées demeurent moins importantes ; puisque la quatrième année
d’exploitation de la ligne annonce 1,5 million de moins pour ce second scenario.
Graphique 38 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 2
Réalisé par l’auteur.
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Le dernier cas où le tourisme privé est favorisé dans la politique d’investissement des acteurs
girondins, le flux de touristes ne réussit pas à dépasser le seuil des 400 000 en 2046. La croissance de
la fréquentation dans cette situation évolue plus lentement. En cause, le nombre de touristes d’ordre
privé empruntant le train demeure relativement plus faible face aux touristes d’affaires. Ainsi, la
croissance de 0,7 % de ce flux contre 0,3 % du tourisme d’affaires fait qu’on assiste à une convergence
des deux types de tourismes engendrant une croissance inférieure à 0,5 %. L’écart entre les deux
filières se réduit à 20 % en 2047.
Graphique 39 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 3
Réalisé par l’auteur
Pour autant, les retombées brutes en Gironde demeurent meilleures en considérant une
stagnation de la consommation touristique par personne. La concentration des investissements dans
le tourisme privé permet de provoquer un bénéfice brut de 82,030 millions d’euros pour la 40ème année
de service, soit presque 2 millions de plus que pour le premier scenario. L’implication de l’activité
oenotouristique et du tourisme fluvial plus marginalement offrent ce niveau de gain pour le
département. En revanche, dans la situation d’une augmentation des dépenses de la part des touristes,
ce scenario enregistre 2 millions d’euros en moins par rapport à la première prospection. Néanmoins,
ce scenario 3 montre l’importance de garder les formules TGV week-end et vacances pour alimenter
localement le tourisme de loisir et influer considérablement sur les retombées territoriales.
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Graphique 40 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 3
Réalisé par l’auteur
L’étude prospective des retombées économiques en Gironde cache une hétérogénéité de
l’accaparement de ces flux entre les différents territoires composites. On observe ainsi deux facteurs
principaux influençant sur cette disparité de revenu territorial. D’une part, l’accessibilité directe de
certains territoires implique des retombées47 plus fortes que ceux plus éloignés des gares TGV
(graphique 41). L’accès à ces derniers territoires demande aux voyageurs venant par le train de
supporter la rupture de charge et son coût. Dès lors, on observe déjà deux groupes de territoires
distincts. Ceux relativement éloignés des infrastructures TGV : la Gironde rurale48 et la Côte du Médoc
qui bénéficieront moins de l’impact de la LGV. Au mieux la côte du Médoc possède un niveau d’offre
plus important que la Gironde rurale. Les retombées demeurent plus importantes avec 1,6 million
d’euros de retombées brutes prévues en 2047 sur le littoral du Médoc, contre 800 000 euros en
Gironde rurale. A l’opposé, un autre groupe se forme avec l’unité urbaine de Bordeaux, le Bassin
d’Arcachon et les vignobles girondins. Pour eux, le tourisme par le TGV injecte à minima 5,6 millions
d’euros après 30 ans d’exploitation pour le Bassin d’Arcachon, 8,7 millions d’euros pour les vignobles
qui profitent d’un tourisme plus dépensier, et 60 millions d’euros pour Bordeaux grâce à la gare Saint-
Jean accueillant 18,5 aller-retours journaliers avec Paris.
47 Les retombées sont calculées à partir des scenarii normaux, sans augmentation de la consommation touristique. 48 Contrairement aux CRTA et à Gironde Tourisme qui ont construit une délimitation « Intérieur Gironde », ici cette ancienne délimitation est scindée en deux, entre la zone des « vignobles » avec un fort potentiel de mise en tourisme et le reste, la Gironde « rurale » dont le potentiel demeure plus limité.
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Graphique 41 : Prévisions de retombées brutes par territoire en 2047
Réalisé par l’auteur
Ensuite, les ressources de chaque territoire et leurs possibilités de valorisation tendent à
déterminer le niveau de recettes par rapport aux différents scenarii. Par exemple, les retombées seront
plus importantes dans les vignobles avec le scenario 3 qui prévoit une croissance de 0,7% de touristes
privés dont les oenotouristes. A l’inverse, le scenario 2, plutôt porté sur le tourisme d’affaires, apparait
moins profitable pour ce territoire qui capte moins bien cette catégorie de flux. Les flux d’affaires
restent particulièrement lucratifs pour Bordeaux par rapport au reste de la Gironde. Le tourisme du
domaine privé profite plutôt au Bassin d’Arcachon et aux vignobles même si le tourisme d’affaire se
développe bien dans ces territoires.
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Bordeaux (UU) Vignobles Rural Bassin d'Arcachon Côte médocaine
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Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3
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Conclusion
De nos jours il est devenu primordial pour les territoires de repenser le tourisme et de mieux
l’inclure dans les politiques locales. En effet, ce secteur représente un marché en constante croissance
et un potentiel de retombées économiques importantes. Pour autant, la croissance accélérée du
nombre de touristes s’accompagne de changements de comportements et de pratiques touristiques.
Ainsi, les territoires doivent rapidement s’adapter aux nouveaux changements et défis, comme celui
de penser ce secteur à travers le développement durable, d’autant plus que la concurrence entre les
destinations est devenue plus rude. Nuls doutes n’existent sur le fait que la diminution du coût
généralisé des transports a été un facteur de développement du tourisme mondial. Néanmoins, la
question de l’implantation des réseaux de transport à l’échelle d’un territoire régional, départemental
ou communal, sur le développement économique et touristique est loin d’être évidente. Les
différentes expériences des territoires par rapport à la grande vitesse ferroviaire en attestent dans de
nombreuses études scientifiques et techniques. Malgré une difficulté méthodologique de comparer
les différents terrains d’études, l’ensemble du corpus scientifique admet que la grande vitesse
ferroviaire induit un effet de catalyseur sur le développement territorial. L’accroissement de l’activité
touristique dépend au final des conditions sine qua non comme la mobilisation des acteurs autour du
projet touristique et les actions menées pour valoriser les ressources touristiques. Quoiqu’il en soit,
l’arrivée d‘infrastructures comme les LGV entraîne sur le plus ou moins long terme (tout dépend des
ressources, des projets…) une mutation du territoire et l’affirmation des milieux urbains dans
l’économie spatiale.
En se focalisant sur la Gironde, département déjà desservi par le TGV, l’hypothèse a été émise
que la LGV devrait apporter un nombre faible de touristes certes, mais des touristes issus des CSP
supérieures au pouvoir de consommation plus élevé que la moyenne. Les transports ferroviaires
paraissent concurrencés par les autres modes de transport comme la voiture, et l’avion sur les voyages
supérieurs à une durée de 3 h. D’ailleurs, il est prévisible que la croissance du nombre de touristes
étrangers se réalise grâce à vitalité de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac au détriment du transport
ferroviaire. Néanmoins la LGV permettra de créer un accès privilégié avec le bassin parisien et aboutira
à un report modal des voyageurs. Ensuite, le diagnostic territorial a montré que la Gironde se plaçait
actuellement comme une destination bien placée dans le tourisme en France. Riche de nombreuses
ressources touristiques et d’un patrimoine important, le territoire girondin surpasse les autres
départements aquitains tant dans le secteur hôtelier que celui de l’hôtellerie de plein air. De plus, la
destination girondine avec Bordeaux et l’oenotourisme dans les vignobles se spécialise vers un
tourisme de plus en plus haut de gamme. Son offre touristique se différencie donc de ses concurrentes
en Aquitaine. Néanmoins, ces constats ne s’observent pas partout en Gironde. En effet, Bordeaux et
sa périphérie ainsi que le Bassin d’Arcachon connaissent une forte fréquentation touristique. Quant à
la côte du Médoc, malgré une forte influence lors de la saison estivale, l’effet de saisonnalité puissant
vient poser problème à l’activité touristique. Ensuite, le vignoble a su développé un oenotourisme mais
qui demande à être mieux adapté à la demande. Cette partie du milieu rural girondin connaît donc une
croissance du nombre de touristes. Enfin, le reste de la Gironde rurale demeure en retard en matière
124
de développement touristique. Cela s’explique par l’absence de réelles ressources à mettre en
tourisme. Par la suite, l’arrivée de la LGV pourra sûrement contribuer à l’extension de branches
touristiques comme l’oenotourisme, le tourisme d’affaires en plein essor et le tourisme urbain. Ainsi,
Bordeaux et, de manière plus limitée Arcachon et Libourne, pourront bénéficier d’un effet levier de la
grande vitesse ferroviaire. C’est ainsi que les scenarii développés semblent optimistes pour le tourisme
en milieu urbain et surtout métropolitain. De plus, la LGV pourra contribuer à l’extension du tourisme
fluvial encore à ses prémices. Cette branche, combinée à d’autres (tourisme rural/urbain,
oenotourisme, etc.), représente un potentiel de développement et de spécialisation non-négligeable.
Pour finir, alors que les différents échelons territoriaux s’impliquent dans le développement
touristique, le tout en complétant leurs actions, certains pays et intercommunalités ne considèrent
pas le tourisme comme une priorité. Ainsi, une politique claire et efficace envers le tourisme est
absente avec en cause, la méconnaissance des retombées économiques potentielles, le fort coût
d’investissement ou le manque de ressources touristiques. Pour d’autres, malgré que des ressources
soient déjà présentes, le manque d’adaptation de la part des acteurs locaux fait que la destination
girondine perd en qualité. Ainsi, le problème du mauvais accueil par exemple contre balance la
notoriété du département. Au final, plusieurs séries de recommandations ont été formulées pour aider
à optimiser l’impact de la LGV en Gironde, comme des actions envers le capital humain, l’innovation…
En outre, le succès de la grande vitesse ferroviaire dépendra aussi de la capacité des acteurs locaux à
diminuer le coût de la rupture de charge pour que les flux de touristes puissent aisément se répartir
dans la métropole et le reste de la Gironde. Actuellement, il reste difficile de juger de l’implication de
la LGV dans la hausse du tourisme ; puisque cette étude se base sur les hypothèses de projection de
fréquentation des rames de TGV faites par la SNCF et du profil des voyageurs empruntant ce mode
transport. Néanmoins, avec une mobilisation des acteurs de la métropole bordelaise et la politique de
valorisation du patrimoine, on pourra vraiment observer un léger effet LGV à Bordeaux plus qu’ailleurs,
tant sur l’économie générale que sur le tourisme.
125
Liste des abréviations utilisées
ADT : Agence de Développement Touristique
ALPC : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
BPI : Banque Publique d’Investissement
CALI : Communauté d’Agglomération du Libournais
CCI : Chambre de Commerce et d’Industrie
CDC : Caisse des Dépôts et de Consignations
CIVB : Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux
CNT : Conseil National du Tourisme
COBAS : Communauté d’Agglomération du Bassin d’Arcachon Sud
COBAN : Communauté d’Agglomération du Bassin d’Arcachon Nord
CRT : Comité Régional du Tourisme
CSP : Catégorie Socio-Professionnelle
CTU : Contrat Territorial Unique
DGE : Direction Générale des Entreprises
EPCI : Etablissement Publique de Coopération Intercommunale
FNAUT : Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports
FNOTSI : Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d'Initiative
GIE : Groupement d’Intérêt Economique
GPMB : Grand port maritime de Bordeaux
INSEE : Institut National de Statistiques des Etudes Economiques
LGV : Ligne à Grande Vitesse
MAPTAM : Modernisation de l’Action Publique et d’Affirmation des Métropoles
MIACA : Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine
NOTRe : Nouvelle Organisation Territoriale de la République
OTC : Office de Tourisme Communautaire
OMT : Organisation Mondial du Tourisme
126
RFF : Réseau Ferré de France
SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer Français
TET : Train d’Equilibre du Territoire
TFUE : Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne
TGV : Train à Grande Vitesse
UBA : Union des Bateliers d’Arcachon
UE : Union Européenne
UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture
127
Annexe 1 : Etat des lieux de la population dans les EPCI à fiscalité
propre
Sources : Région ALPC, 2016
128
Annexe 2 : carte de l’indice d'accessibilité du quartier de la gare Saint-
Jean en transport en commun
Sources : Atelier thématique M2, 2016 ; réalisé par l’auteur.
Quartier Saint-Jean
129
Annexe 3 : Méthodologie de l’INSEE pour estimer le niveau d’emplois
touristiques des communes
Sources : INSEE, 2016.
130
Annexe 4 : Estimation de la progression du gain de trafic
Sources : Tellakis, COBETA, 2012.
131
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135
Tables des matières
Figure 1 : Les chiffres clés du tourisme mondial ............................................................. Erreur ! Signet non défini.
Graphique 1 : Indices régionaux de chiffres d'affaires dans le secteur des hôtels et restaurants ........................ 27
Graphique 2 : Motivation de déplacement des voyageurs en TGV selon le motif ............................................... 31
Graphique 3 : Déplacements en fonction des déciles de revenus pour les trajets longues distances ................. 32
Graphique 4 : Déplacements en fonction des déciles de revenus pour les transports locaux ............................. 33
Graphique 5 : Fréquentation des transports en commun (en milliard de voyageurs-km) ................................... 34
Graphique 6 : Coût des différents modes de transport pour les longs trajets...................................................... 35
Graphique 7 : Parts de marché observées entre la grande vitesse ferroviaire et aérien pour différents trajets de
parcours de ville à ville .......................................................................................................................................... 37
Graphique 8 : Notoriétés des départements aquitains et des lieux spécifiques .................................................. 49
Graphique 9 : Estimation du volume de touristes projetant de revenir en Aquitaine dans les 3 prochaines
années ................................................................................................................................................................... 50
Graphique 10 : Nombre de chambres proposée en août 2015 réparti par catégorie et par département .......... 52
Graphique 11 : Evolution du taux d’occupation entre 2013 et 2015 .................................................................... 56
Graphique 12 : Taux d'occupation par mois et par département en 2015 ........................................................... 57
Graphique 13 : Taux d’occupation par mois et par bassin girondin en 2015 ........................................................ 58
Graphique 14 : Evolution du taux d’occupation entre 2013 et 2015 .................................................................... 58
Graphique 15 : Répartition du nombre de nuitées selon le pays de provenance en Gironde en août 2015 ....... 59
Graphique 16 : Evolution du nombre de nuitées selon la provenance entre les mois d’août 2014 et 2015 ........ 60
Graphique 17 : Répartition de l’offre de camping en Gironde selon le standard au 1 er janvier 2016 ................ 64
Graphique 18 : Nombre d’emplacements proposés en août 2015 selon le type d’emplacement ....................... 65
Graphique 19 : Nombre de nuitées par mois et par département en 2015 ......................................................... 66
Graphique 20 : Evolution du nombre de nuitées entre 2010 et 2014 .................................................................. 67
Graphique 21 : Proportion du nombre de nuitées selon le pays de provenance en 2015 ................................... 68
Graphique 22 : Evolution du nombre de nuitées selon la provenance entre 2014 et 2015 ................................. 69
Graphique 23: Répartition de l'offre d'hébergements collectifs au 1er janvier 2015 .......................................... 72
Graphique 24 : Répartition de l'hébergement touristique en Gironde ................................................................ 73
Graphique 25 : Répartition des différents type d'oenotouristes en Gironde ....................................................... 78
Graphique 26 : Répartition des nuitées par motivation en 2014 ......................................................................... 80
Graphique 27 : Evolution des nuitées par motivation entre 2010 et 2014 ........................................................... 81
Graphique 28 : Evolution des dépenses des entreprises françaises et étrangères de 1998 à 2014 ..................... 82
Graphique 29 : domaines d'innovation touristique .............................................................................................. 89
Graphique 30 : Répartition des séjours selon la provenance des touristes en 2012 ............................................ 90
Graphique 31 : Provenance des touristes français à destination de la Gironde en 2014 ..................................... 91
Graphique 32 : Arrivées via DGS à l'aéroport de Bordeaux en 2013 .................................................................... 93
Graphique 33 : Structure de la dépense moyenne d'un touriste en Gironde et en Aquitaine ............................. 94
Graphique 34 : Dépenses par jour et par personne en 2012 ................................................................................ 95
Graphique 35 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 1 ......................................... 118
Graphique 36 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 1 .................................. 118
Graphique 37 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 2 ......................................... 119
Graphique 38 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 2 .................................. 119
Graphique 39 : Prévisions du flux de touristes induit par la LGV selon le scénario 3 ......................................... 120
Graphique 40 : Retombées économiques brutes prévues par la LGV selon le scenario 3 .................................. 121
136
Graphique 41 : Prévisions de retombées brutes par territoire en 2047 ............................................................. 122
Tableau 1 : Taux de départ et Nombre de voyages par individu parti en France en 2014 ................................... 15
Tableau 2 : Gains suivies de pertes de nuitées des villes de la LGV Est-Européenne ........................................... 25
Tableau 3 : Trafic aérien des principaux aéroports du Sud-Ouest ........................................................................ 38
Tableau 4 : Trafic aérien des aéroports de 2010 à 2014 ....................................................................................... 38
Tableau 5 : Fréquentation annuelle des sites aquitains en 2015 .......................................................................... 46
Tableau 6 : Classement des 20 premiers départements les plus touristiques en termes de nuitées en 2015 ..... 47
Tableau 7 : Classement des 20 premiers départements en termes de nuitées selon le type d'hôtellerie en 2015
.............................................................................................................................................................................. 48
Tableau 8 : Répartition du nombre de chambres en août 2015 selon la catégorie et le bassin touristique ........ 54
Tableau 9 : Evolution du nombre de chambres entre 2014 et 2015, selon le bassin touristique ......................... 55
Tableau 10 : Résultats hiérarchiques EAD pour la catégorie super économique ................................................. 61
Tableau 11 : Analyse AFOM de l'hôtellerie en Gironde ........................................................................................ 62
Tableau 12 : Nombre d’emplacements proposés au 1er août 2015 par bassin touristique ................................. 64
Tableau 13 : Nombres de nuitées et taux d’occupation par catégorie d’hôtels de plein air ................................ 68
Tableau 14 : Analyse AFOM du secteur de l'hôtellerie de plein air en Gironde ................................................... 70
Tableau 15: La Gironde et la Dordogne dans la location de meublés ................................................................... 72
Tableau 16 : Matrice de synthèse des filières d’avenirs en Aquitaine .................................................................. 75
Tableau 17 : Analyse AFOM de l'oenotourisme en Gironde ................................................................................. 79
Tableau 18 : Analyse AFOM du tourisme fluvial en Gironde ................................................................................ 87
Tableau 19 : Moyen de transport des touristes venant en Gironde en 2012 ....................................................... 93
Tableau 20: Répartition des emplois touristiques par secteurs en Gironde ......................................................... 96
Tableau 21 : Répartition de la richesse touristique dégagé en Aquitaine et en Gironde en 2012 ....................... 97
Tableau 22 : Analyse AFOM pour la métropole de Bordeaux ............................................................................... 98
Tableau 23 : Analyse AFOM du bassin touristique des vignobles ......................................................................... 99
Tableau 24 : Analyse AFOM du Bassin d'Arcachon ............................................................................................. 100
Tableau 25 : Analyse AFOM des territoires ruraux et littoral médocain ............................................................. 101
Tableau 26 : Offre d'hébergement dans le projet Euratlantique ........................................................................ 110
Carte 1: Réseau LGV en 2012 et les projets en construction .................................................................................. 5
Carte 2 : Cartographie des équipements de luxe en Aquitaine en 2015 .............................................................. 44
Carte 3 : Localisation des Offices de Tourisme en Gironde et évolution de l'intercommunalité.......................... 45
Carte 4 : Répartition de l'hébergement privé en Aquitaine en 2014 .................................................................... 71
Carte 5 : Voyages pour motifs personnels : répartition des nuitées et durée moyenne de voyage selon le
département de destination en 2014 ................................................................................................................... 74
Carte 6 : Les paquebots fluviaux peuvent accoster à Cadillac, Libourne, Bordeaux, Bassens, Bourg-en-Gironde,
Blaye, Cussac-Fort-Médoc et Peuillac ................................................................................................................... 84
Carte 7 : Les départements français les plus innovants sur le plan touristique .................................................... 88
Carte 8 : Origine des principaux flux de touristes étrangers en Gironde et en Aquitaine en 2012 ...................... 92
Carte 9 : Carte de synthèse des orientations du Schéma Départemental du Tourisme Fluvial .......................... 106
Carte 10 : Zonage des Pays en Gironde en 2014 ................................................................................................. 107