Images et idées archétypes du Congo belge

7/22/2019 Images et idées archétypes du Congo belge

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* Le Congo de Leopold II *

Le temps des pionniers

Pourquoi porter des pierres ?Extrait de "Histoires de la forêt vierge" de Albert Schweitzer

Quel ne fut pas l'étonnement des primitifs aux premiers temps de la colonisation,quand ils virent arriver des blancs pour ramasser des pierres et les emporter. Unde ces blancs dut quitter la région du Haut-Ogooué, parce que les indigènesrefusaient de lui fournir des vivres ainsi qu'à ses porteurs. Ils le croyaientpossédé par un démon et ils n'eurent de cesse qu'ils furent débarrassés de cetêtre inquiétant.

Les porteurs d'un géologue qui explorait une région au Sud de Lambaréné lui jouèrent un bien mauvais tour. Ils n'arrivaient vraiment pas à comprendrepourquoi ils peineraient par cette chaleur sous la charge des pierres que celui-cientassait dans ses caisses pour les faire transporter par monts et par vaux

jusqu'à la mer, comme s'il n'y en avait pas sur la côte. Ils ouvrirent doncnuitamment les caisses , les vidèrent et continuèrent allègrement leur marchesous le fardeau devenu léger. Avant d'arriver à la mer, ils les remplirent avec despierres ramassées au bord de la piste. On dit qu'en Afrique les géologues ont été



victimes de surprises pareilles plus d'une fois et à plus d'un endroit, avant qu'ilsn'aient pris les mesures nécessaires pour empêcher qu'elles ne se reproduisent.

Légende: Façons de porter le pagne chez les Babundas ( "Miroir du Congo Belge" 1929)



Un choix culinaire ! Extrait de: "La vie en Afrique" de Jérome Becker -1887-

Les pères du Saint-Esprit affirment que dans ces régions,aussi, les différentestribus sont restées quelque peu cannibales. D'ailleurs braves gens et d'allurespeu querelleuses! Faudrait-il en inférer qu'au lieu de faire la chasse à l'hommedans un but gastronomique, ils se contentent de consommer leurs propresbouches inutiles? Les femmes ne seraient point admises aux festins de chair humaine, nourriture noble par excellence et autorisée par la tradition. Onpersuaderait difficilement à un Africain pur sang qu'il y a, au point de vueculinaire, une différence quelconque entre un homme et une girafe. Si de cesgibiers, c'est le premier qu'il préfère, ce goût, plus répandu dans le centre,équivaut peut être à un naïf hommage rendu à la supériorité, en tout et pour tout,de la race humaine.



Des voyageurs, aussi fidèles que circonspects, ont parlé de peuplades, ugolines,mangeant leurs vieillards. Ces affreuses agapes, dignes des Atrides, sepratiqueraient en parfaite innocence, les pères mêmes trouvant tout naturel cemode de sépulture, atrocement, mais utilitairement filiale ! Le respect de la vie

est d'ailleurs nul ici.Interdit entre membres d'un même village, le meurtre, commis en dehors, n'a pasmême besoin de justification. Quoi d'étonnant à ce que les hommes hors d'âgede se suffire se voient supprimés par des brutes à face et à cerveau si peuhumains? Elles abandonnent bien dans les bois, aux ripailles des fauves, ceuxde leurs enfants atteints de défauts physiques. Du moins les Spartiates tuaient-ils tout de suite les nouveaux-nés jugés incapables de devenir des soldatsrobustes et valides, et leur brouet était-il vierge de toute chair consanguine !

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Une tombe royale, "tapissée de femmes vivantes" !

Les explorateurs et les missionnaires ont publié des récits atroces des sacrificeshumains dont ils ont été les témoins. En voici un spécimen , pris dans Cameron

et datant de 1878:"Une rivière (affluent du Lualaba) est d'abord détournée de son cours; dans le litdesséché on creuse une énorme fosse que l'on tapisse de femmes vivantes. Al'une des extrémités de la tombe, une femme est posée sur ses mains et sur sesgenoux; elle sert de siège au royal défunt, qu'on a paré de tous ses ornements;l'une des veuves soutient le cadavre; une autre, la seconde épouse, est assiseaux pieds du mort; puis le trou est comblé.Toutes ces femmes sont enterrées vives, excepté la première épouse que l'ontue avant de remplir la fosse; c'est un privilège que la coutume lui accorde.Des esclaves mâles, plus ou moins nombreux, quarante ou cinquante, sont

ensuite égorgés sur la tombe qu'on arrose de leur sang, et la rivière reprend soncours...J'ai maintes fois entendu dire que plus de cent femmes furent enterrées vivesavec le père de Kasongo; espérons que ce chiffre est exagéré..."

Une question de goût ! extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Tel est le goût des Basoko pour la chair humaine, qu'ils mangent même leursmorts. Ils prisent spécialement les reins et la poitrine et les dévorent avidement.

Ils les découpent en menus morceaux qu'ils enfilent sur un bâton et qu'ilssèchent en les exposant au soleil. Ils font également mariner la viande dans despots, ou bien ils la fondent en une graisse semblable à notre saindoux et servantau même usage.

Nombreuses sont les tribus où l'on se pare des dépouilles des victimes. Lestambours aménagés dans un crâne. Les colliers de dents humaines sont surtoutrecherchés . Les Akula, les Ababua, les Bakusu, les Bagombe prisent fort cettehorrible parure. Chez eux, seuls les guerriers peuvent porter cet atroce tour decou. Les femmes ne peuvent prétendre à ce révoltant privilège. Ces dentsproviennent des victimes du guerrier anthropophage, soit qu'il se les soit

procurées en tuant un homme dans un combat, soit qu'il les ait arrachées à unesclave viande de boucherie, acheté à une des tribus qui font métier de vendredu bétail humain.Plus un guerrier à de dents d'hommes pendant à son cou, plus il est fier et plus ilest admiré, car le nombre de ces dents est un indice du chiffre de ces victimes...



Léopold II ménage la chèvre et le chou !

Voici ce que dit dans ses mémoires Pierre Orts, Chef de cabinet de Liebrechts,sur la manière de réagir de Léopold II après la publication du rapport de la

Commission d'enquête sur les atrocités commises au Congo au nom, notamment,de la production économique: " Lorsqu'en 1905 le gouvernement de l'Etatindépendant se vit contraint de céder à la pression qui s'exerçait sur lui de toutepart. Léopold II parut en prendre son parti: il signa une série de décrets, d'uneportée d'ailleurs plus apparente que réelle, destinée à mettre fin aux abus lesplus flagrants. Lorsque lui furent soumises les instructions interprétatives desnouveaux décrets, il n'y apporta qu'une seule correction: au passage où il étaitprescrit d'alléger la charge écrasante que les impôts en travail et en naturefaisaient peser sur l'indigène, il introduisit ces mots: "étant bien entendu queles revenus de l'Etat n'en seront aucunement réduits"...



Chansons des colonies

- Ah Fathma! (Arrouah Sidi) -1910-

Etant de passage à Mascara Arbi, chouia barkaEt le climat m'ayant travailléBasta laca out chi!

j'abord' une jeune moukère Assis sur son derrièreEt la croyant rosièreJe lui dis en langue arbiBella Fatma, ah!Je cherche un p'tit abri

Pour y passer la nuit... Arrouah! Arrouah (Venez !Venez)Répond la FathmaJ'ai des appas sous ma gandourah.

- Ma première négresse -1891-

Elle avait une peau de requinQui aurait pu râper le gruyèreUne bouch' d'une largeur Cré-coquin!

A dégoter une porte cocher'.

Bwana, le makari. D'après les souvenirs, non publiés d'un administrateur territorial.

Les hommes évoquent un certain territorial, surnommé par eux Bwana Kizl: ilétait "makari"; ce mot n'a qu'un sens mais peut se traduire en français par diversadjectifs; celui qui convient le mieux est "terrible" à moins que ce ne soit"épouvantable".

- Capita ("contremaitre" congolais), accroupis-toi sur ton chapeau et chante "kot-kot-kodak" jusqu'à ce qu'il soit rempli d'oeufs....

- Toi là bas, tu porteras les bagages.- Bwana, je suis dispensé du portage, car je suis malade.- Je m'en fiche, tu porteras !Et l'homme succombe en cours de route...



Chrétiens des environs de Boma.

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extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

L'esclave domestique !

Dans les actes de la vie courante du noir congolais, il est difficile de distinguer

l'homme libre de l'esclave domestique. Ce dernier partage les repas de famille etparticipe à toutes les réjouissances. Le travail qu'on exige de lui n'est pasfatiguant; rarement il est maltraité. Parmi quelques tribus, pourtant un danger lemenace, celui d'être victime de sacrifices humains ou d'anthropophagie...

La boucherie !

Les Bapoto, dépècent et débitent les corps de leurs victimes avec l'adresse d'unparfait boucher. Souvent il arrive que le malheureux destiné au couteau estexposé en vente au marché. Il se promène de long en large et les amateursviennent l'examiner.

Ils désignent les parties qu'ils préfèrent, qui un bras, qui une cuisse, la poitrine, latête. On circonscrit au moyen de lignes de terre colorée les sections achetées.Quand le corps entier est vendu, on abat le malheureux, qui se laisse faire avecstoïcisme.Chez les Mangbetu et les Asande, les cadavres des ennemis tombés sur lechamp de bataille sont immédiatement répartis entre les vainqueurs et découpésen longues tranches qu'on fait bouillir et qu'on emporte en guise de provisions debouche.



Parqués comme de vrais troupeaux !

Les prisonniers sont amenés au village, parqués comme de vrais troupeaux etréservés pour les besoins futurs. D'après Schweinfurth, les enfants sont

considérés comme une friandise et réservés pour la cuisine des chefsL'odeur ne se mange pas !

Les Manyema sont d'une anthropophagie encore plus révoltante. Ils n'aimentque les corps faisandés. Ils les font macérer dans l'eau vive jusqu'à ce que leschairs soient presque putréfiées et dévorent sans plus de préparation cetteécoeurante nourriture. Ils ne prennent même pas la précaution de la faire cuire.

Ainsi en contractent-ils une odeur répugnante. Ils avalent, du reste avec délicestoute chair gâtée. L'odeur ne se mange pas disent-ils, quand on leur faitremarquer l'horreur d'un pareil goût contre nature.

Tatouages de Bangalas et de Bapotos

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Pax Belgica !extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

M. Pickersgil, consul britannique en faisait la constatation en 1898:" Le voyageur au Congo se rend rapidement compte que, dans la contrée, ilexiste un pouvoir que le peuple a appris à craindre et sur la protection duquel ilcommence à compter..." M. Foa, chargé de mission par le gouvernementfrançais, constatait au même moment, lui aussi, la disparition complète de latraite dans l'ancien territoire arabe: " Le Manyema a été complètement dépeuplépar la traite: il n' a guère plus de cinq ou six ans que ce trafic a été enrayé: lesentier du lac Tanganika au Congo, suivi autrefois par les caravanes arabes, est

jonché, dans ses abords immédiats, d'ossements humains pendant deskilomètres! Que de milliers d'esclaves sont tombés sur ce sentier fatal ! "J'y aiaperçu plusieurs squelettes et même quelques cadavres "datant" de quelques

semaines, mais c'est l'exception; les ossements blanchis qui jalonnent la route,contemporains de ceux qui couvrent les plages d'Udjiji et Mtowa, sont lesderniers vestiges du gigantesque commerce de chair humaine dont cette régiona été le théâtre. Il faut au Manyema deux siècles de paix, de tranquillité et deprotection pour que sa population redevienne ce qu'elle était avant les incursionsarables."



Mwanbutsa, Roi de l'Urundi



Femmes du village de l'aiawa (Uele)

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Légende: costume national des jeunes filles

D'après une photographie de "Miroir du Congo Belge", Editions N.E.A à Bruxelles -1929-



Cuisine anthropophage... Extrait de "Chez les Bangala" de Camille Coquilhat -1888-

19 octobre, Mongonga, chef des Mongwèlè, a acheté à Bolombo un natif del'Irèbou, qui avait été surpris en flagrant délit de conversation, non autorisée par le mari, avec une femme de l'endroit. Il lui a cassé, ce matin, les bras et les

jambes à coups de masse, afin de le manger demain. Dans l'état où il est, cemalheureux est perdu; essayer de le sauver est inutile. Je vais néanmoinsprévenir Mongonga que, s'il le tue, je refuserai son présent mensuel. (Il a untraité avec moi...)

20 octobre, Mongonga a exposé toute la nuit sa victime, encore vivante, àtremper dans le fleuve. La tête seule sortant de l'eau. Le but était de rendrel'épiderme noir plus facile à enlever. Cette opération s'est faite au lever du jour,après décapitation. La tête a été bouillie dans un pot séparé. Quant au corps, onl'a dépecé et mis dans la marmite avec des quartiers de chèvre, de l'huile depalme et du sel. De grandes quantités de chikwanga avaient été cuites. Desamis étaient invités, notamment Longenga, le chef des Mokolengila d'amont. Lefestin a été superbe. Vers cinq heures, les convives s'embarquaient dans unegrande pirogue, au centre de laquelle est placée, dans un énorme vase, la moitiérestante de l'homme étuvé. Il s'agit d'aller continuer la fête chez Longenga, qui afait une belle provision de bière. L'embarcation passe devant la station, tout sonmonde chantant au son du tambour. Mongonga s'aperçoit qu'il a à causer avecquelqu'un d'ici, et il fait diriger le canot vers mon débarcadère. Cette fois celadépasse les bornes. Je lui intime défense d'aborder, en exprimant toute monhorreur pour son anthropophagie.Le chef de Mongwèlè est franchement surpris de ma répulsion.

- Vous voulez rire n'est-ce pas ? fait-il.Et il continue à approcher. J'appelle les Haoussa (soldats) avec leurs fusils et jeles fais mettre en joue. Alors seulement Mongonga croit à mon dégoût, mais il nele comprends pas davantage.- Pourquoi l'homme blanc m'en veut-il dit-il à ses amis. Quand il tue une chèvre,

je ne m'en mêle pas. Cet homme que j'ai mis à mort était bien ma propriété; je nel'avais ni volé ni capturé, mais bien acheté pour de la belle étoffe...Sa pirogue s'éloigna vivement. Les chant avaient cessé...

- C'est horrible, leur disais-je un jour. - Au contraire, c'est délicieux, avec du sel, fut la réponse...



Intérieur d'un vieux broussard Extrait de: Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922-

Des bougies fichées dans des bouteilles vides font danser de grandes ombresindistinctes sur les murs rugueux de brique, enduits de kaolin et le pourtour de lasalle où nous nous trouvons semble ainsi palpiter.

Cà et là, un massif mobilier taillé à la hache supporte des objets disparates:vieux journaux, paquets de tabac, casques bossués, fioles à médicaments dontune couche de poussière rend uniformes et grises les teintes différentes. Desbouts de cigarette et des culots de pipe jonchent un sol grossièrement carrelé debriques mal cuites. Et, dans un coin, un éclat métallique décèle la présence d'armes bienentretenues.

Au mur, un grand portrait préside à notre réunion: le portrait d'un haut vieillardsingulièrement impressionnant avec sa longue barbe blanche: le portrait de SaMajesté Léopold II, faiseur d'empire, qui sourit ironique aux vaines agitations deses petits, très petits successeurs coloniaux...

Proverbe indigène

"Le chimpanzé se fatigue vite de souffler sur les herbes sèches qu'il veut allumer avec un ver luisant"



Type des environs de Moliro

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Femme de chef Mututsi

Les caravanes d'esclaves avant l'arrivée des belges... L'épouvante donne des forces aux plus faibles ! extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Les caravanes d'esclaves qui sillonnaient il y a quinze ans le territoire oriental del'Etat du Congo étaient entraînées, hommes, femmes et enfants, vers un marché

de l'Est lointain. Les esclaves étaient à pied; aux hommes qui paraissaient lesplus forts et dont on pouvait craindre la fuite on attachait les mains et quelquefoisles pieds, de telle sorte que la marche leur devenait un supplice, et sur le cou onleur plaçait des cangues à compartiments qui en reliaient plusieurs entre-eux. Onmarchait toute la journée. Le soir, lorsqu'on s'arrêtait pour prendre le repos, ondistribuait aux prisonniers quelques poignées de sorgho cru. C'était toute leur nourriture. Le lendemain, il fallait repartir.



Mais, dès les premiers jours, les fatigues, la douleur, les privations avaientaffaibli un grand nombre. Les femmes, les vieillards s'arrêtaient les premiers."Alors, écrit le cardinal Lavigerie, afin de frapper d'épouvante ce malheureux

troupeau humain, ses conducteurs s'approchent de ceux qui paraissent les plusépuisés, armés d'une barre de bois, pour épargner la poudre; ils en assènent uncoup terrible sur la nuque des victimes infortunées, qui poussent un cri ettombent en se tordant dans les convulsions de la mort. Le troupeau terrifié seremet aussitôt en marche. L'épouvante a donné des forces aux plus faibles.Chaque fois que quelqu'un s'arrête, le même affreux spectacle recommence.

"Le soir, en arrivant au lieu de la halte, un spectacle non moins horrible lesattend. Ces marchands d'hommes ont acquis l'expérience de ce que peuventsupporter leurs victimes. "Un coup d'oeil leur apprend quels sont ceux qui bientôtsuccomberont à la fatigue. Alors pour épargner d'autant la maigre nourriturequ'ils distribuent, ils passent derrière ces malheureux et d'un coup les abattent.Leurs cadavres restent où ils sont tombés, lorsqu'on ne les suspend pas auxbranches des arbres voisins, et c'est auprès d'eux que leurs compagnons sontobligés de manger et de dormir"...

Le monstre Wemba ! extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Le cardinal Lavigerie conte une horrible histoire: "Près du Tanganika, il y a un chef, un monstre, on l'appelle le roi Wemba, dunom de son territoire, et il est, comme par une sanglante ironie, amateur demusique autant qu'il est amateur de sang. Or, sa musique principale, un peucomme partout dans notre Afrique, ce sont les tambours. Mais il trouve lesbaguettes en bois trop dures pour son oreille, et afin d'avoir des sons plus doux,il en a voulu de nouvelles. Pour cela, il a fait couper les mains des esclavesdestinés à son abominable orchestre, afin qu'ils battent leurs instruments avecleurs moignons..."



caricature extraite de "l'assiette au beurre" de juin 1908. Légende:

Puisqu'on te le permet, pourquoi ne tues-tu pas des hommes, au lieu de femmes qui ne t'ont rien fait?

Elles sont plus tendres à manger...



Femmes Bangala

Où les hyènes sont dégoûtées de la chair humaine ! extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Un père blanc décrit en 1889 un marché d'esclaves:La ville d'Ujiji venait d'être inondée, dans toute la force du terme, par descaravanes d'esclaves venues du Manyema. La place était couverte d'esclavesen vente attachés en longues files, hommes, femmes, enfants, dans un désordreaffreux, les uns avec des cordes, les autres avec des chaînes. A quelques-uns,venant du Manyema, on avait percé les oreilles pour y passer une petite cordequi les reliait unis.



Dans les rues, on rencontrait à chaque pas des squelettes vivants, se traînantpéniblement à l'aide d'un bâton; ils n'étaient plus enchaînés parce qu'ils nepouvaient plus se sauver. La souffrance et les privations de toutes sortes étaientpeintes sur leurs visages décharnés et tout indiquait qu'ils se mouraient bien plusde faim que de maladie. Aux larges cicatrices qu'ils portaient sur le dos, on voyait

de suite ce qu'ils avaient souffert de mauvais traitements de la part de leursmaîtres qui pour les faire marcher, ne leur épargnent pas les distributions de boisvert. D'autres, couchés dans les rues ou à côté de la maison de leur maître, quine leur donnait plus de nourriture parce qu'il prévoyait leur mort prochaine,attendaient la fin de leur misérable existence...

Le père blanc ayant demandé à un arabe pourquoi les cadavres étaient aussinombreux aux environs du marché, et pourquoi on les laissait ainsi auprès de laville, le traitant répondit sur un ton naturel et comme s'il se fût agi de la chose laplus simple du monde: Autrefois, nous étions habitués à jeter en cet endroit lescadavres de nos esclaves morts et chaque nuit les hyènes venaient les emporter,

mais cette année le nombre de morts est si considérable que ces animaux nesuffisent plus à les dévorer; ils sont dégoûtés de la chair humaine...

Femme Sango (Banzyville)



Pas facile d'être congolaise...extrait de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Proscrite par la loi de l'Etat, la polygamie tend à disparaître devant les mesures prises par l'autorité dans les centres habités par les blancs. Elle est pratiquée par les chefs et par les

notables qui sont assez riches pour entretenir plusieurs femmes. Le petit peuple, faute de

ressources, doit, maintes fois, se contenter d'une seule épouse. Le mari paie aux parentsde la compagne qu'il a choisie une certaine somme en étoffes, produits ou objets

quelconques dont l'équivalence lui est rendu s'il renvoie sa femme pour une cause juste.

L'adultère est le plus souvent rachetable. La femme coupable est néanmoins parfois puniehorriblement, surtout quand elle appartient à un chef. Tantôt on la mutile d'une façon

révoltante, tantôt on la punit de mort lente en l'abandonnant, ligotée sur un nid de fourmis,

tantôt on se contente de la vendre. Le complice qui a refusé de se racheter est vendu

comme esclave ou mutilé. Si la tribu refuse de livrer le coupable, les concitoyens du marilui déclarent la guerre. Les luttes de tribu à tribu sont fréquemment livrées pour des

raisons de ce genre. Certaines tribus, les Sakara et les Asande, par exemple, refusent

cependant au complice le droit de se racheter et le font mutiler: on lui coupe les paupières,le nez, les oreilles, les mains, et on l'émascule; s'il est étranger on oblige ses concitoyensà le livrer pour subir ce traitement. La femme est punie de mort...

Les femmes achetées comme esclaves n'ont pas la même position que lesfemmes libres. Elles peuvent être échangées contre d'autres, tandis que lesdernières sont maîtresses d'elles-mêmes. Malgré cette distinction essentielle, niles unes ni les autres ne se laissent traiter par leur époux comme un être sansvolonté; au contraire, elles se réservent toutes une certaine liberté. D'ailleurs, la

femme est presque partout l'objet de certains égards de la part de son conjoint...Il est rare d'entendre que des femmes ou des enfants aient été maltraités hors,pour les femmes, les cas ci-dessus spécifiés. Dans l'intérieur du ménage, lafemme dirige sans partage; elle va au marché, est reconnue comme propriétairede certains produits de son travail et reste maîtresse absolue des enfants dansleurs premières années. C'est elle qui surveille la préparation des aliments, maisc'est elle aussi qui est chargée de tous les travaux manuels, même les pluspénibles. Son époux chasse, pêche et croupit dans une paresse conseillère detous les vices et de toutes les cruautés. Lorsqu'elle nourit son enfant, elle ne lequitte jamais, même pour travailler. Elle le porte au côté gauche, suspendu par une espèce de courroie et à califourchon sur la hanche, une jambe sur le dos de

la mère et l'autre sur le ventre de celle-ci. Dans le Lopori et le Maringa les mèrescompriment la tête de leurs enfants entre deux planchettes. Presque partout auCongo, les femmes abaissent au moyen de cordelettes leurs seins, de façon àles étirer et à les allonger.



En revanche, la femme ne sert pas de nourriture aux cannibales; c'est unaliment qui coûterait trop cher...

La femme étant une travailleuse, est une valeur. A la fois bête de somme etinstrument de plaisir; c'est elle surtout qu'on recherche comme esclave. Enrevanche, elle ne sert pas de nourriture aux cannibales; c'est un aliment quicoûterait trop cher!

Telles étaient les moeurs que constatèrent les premiers pionniers congolais.

Quand le noir ne craint plus le blanc ! Extrait de: Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922-

Ali Masi et ses mamvus, qui ne craignaient plus le blanc du poste, firent ce quefont neuf fois sur dix dans ce cas-là les cannibales du Congo. Une belle nuit, ilss'en furent razzier le village d'une tribu voisine, y volèrent quelques femmes etenfants et massacrèrent les hommes qu'ils mangèrent. Ils firent aussi quelquesprisonniers, mangés de même les jours suivants, après avoir été préalablementsaignés sur une pierre plate, avec les couteaux mamvus, longs comme le doigt,ce qui compliquait l'opération en somme. Et pendant plusieurs nuits, cinq centsnègres, tous barbouillés de sang et de leur blanche peinture de guerre,dansèrent nus dans le village d'Ali Masi en hurlant à la lune la joie sauvage deleur faim satisfaite. Ce fut une belle fête, au point de vue Mamvu bien entendu; et,

loin de l'entourage des blancs, on en parle encore avec envie, le soir, au fonddes huttes rondes, auprès des feux de braise ou grille la banane...



Léopold II à la chasse...

caricature extraite de "l'assiette au beurre" de juin 1908. Légende: Comment l'imbécile, c'est parce que j'ai tué sa femme qu'il fait une pareille musique!

Je comprendrais encore si c'était sa maîtresse!



Mobali portant le pelele (plateau) -Aruwimi- Détail d'une photo extraite de "L'Etat indépendant du Congo"

–Documents sur le pays et ses habitants-



Détail d'une photo extraite de "L'Etat indépendant du Congo"-Documents sur le pays et ses habitants-

Sacrifices humains... Extrait de "La conquête du Congo" de L. Hubert.

Lorsqu'un notable meurt, la famille du défunt simule un profond désespoir:enfants et veuves sanglotent, hurlent, poussent des cris déchirants: les oncles et

le neveux frappent sur un tam-tam et avertissent ainsi l'un ou l'autre féticheur dela localité. Un sorcier affublé d'un masque qui le rend entièrement méconnaissable seprécipite vers la hutte d'où partent les sanglots et les sons du tambour: il seprésente à la famille assemblée, en exécutant trois ou quatre pirouettes sur lui-même avec une agilité que lui envieraient les clowns les plus lestes; puis il seprosterne, se jette la face contre terre aux pieds des parents en deuil, etprononce d'une voix prophétique les noms de ceux ou de celles qui par leurssortilèges ont provoqué le décès. (Note personnelle: Il faut savoir que dans la tradition du pays, aucun décès nepeut être considéré comme naturel, un décès est toujours provoqué par des

"forces du mal"...)

Aussitôt les héritiers cessent de hurler et de sangloter. Ils s'arment, sortent enmasse de la hutte mortuaire et donnent la chasse aux malheureux dénoncés par le féticheur masqué. Inutile d'ajouter que les soi-disant coupables, surpris àl'improviste par la meute frénétique qui les poursuit, se laissent, forts de leur



innocence, arrêter sans opposition. Une cérémonie complémentaire tendant àdémontrer la culpabilité de ces pauvres diables doit être faite publiquement: maisil arrive parfois qu'elle n'a lieu qu'un ou deux ans plus tard. le corps du défunt,conservé séché et entouré comme une momie, est placé sur un chevalet installé

dans la hutte mortuaire. Lorsque tous les gens accusés si légèrement d'avoir causé le décès ont été arrêté par les héritiers, ceux-ci rassemblent la populationentière du village, roi, ministres, princes, seigneurs, féticheurs, hommes àmédecine, sorciers et hommes libres, devant le cadavre momifié. Le ministre duculte, faisant fonction d'accusateur public, prononce alors un violent réquisitoirecontre les personnes soupçonnées d'avoir appelé le fétiche de mort sur la tête dunotable défunt. On interroge un à un les inculpés, qui affirment invariablementleur innocence et se prêtent docilement à l'épreuve du poison. Puis ils boivent lebreuvage empoisonné, la cassa, décoction de l'écorce d'un arbre vénéneux trèsrépandu en Afrique. Les patients paraissent d'abord peu éprouvés par le liquide;ce n'est que dix minutes après l'avoir avalé qu'ils ressentent une faiblesse

générale et tombent à terre comme foudroyés. Les prêtres-sorciers les relèvent,mais les malheureux tombent de nouveau; relevés une troisième fois, ilsretombent de tout leur poids.

La foule est désormais convaincue de la culpabilité de ces misérables créatures.C'est à qui se disputera l'honneur de leur porter les premiers coups de couteau,de les lacérer et de les traîner sanglants et défigurés sur des bûchespréalablement préparés. Le feu achève l'oeuvre du poison et du coutelas. Lescendres de ces infortunés sont ensuite jetées sur la tombe de celui qu'ils ontcensément fait mourir. Le roi Tyabo, ce Néron de l'Afrique, ne manque jamaisd'assister et de prendre sa part de joyeuse émotion à ces tueries. Elles se fontgénéralement la nuit: les spectateurs et les bourreaux estiment que dansl'obscurité, les flammes des bûchers ont plus d'éclat, et qu'on distingue moins leslarmes des victimes !



caricature extraite de "l'assiette au beurre" de juin 1908 Légende: L'impôt: 25.000 cartouches, tu as compris, c'est 25000 kilos de caoutchouc.



Tippo-tip, l'esclavagiste qui a été nommé gouverneur par Léopold II !

Tout d'abord un bref rappel du contexte historique:

En 1887, Stanley s'embarque pour l'Afrique à la recherche d'Emin Pacha, de sonvrai nom Eduard Carl Schnitzer, aventurier allemand, médecin, collectionneur excentrique, et gouverneur d'une province soudanaise. Isolé et sans soutien faceà une révolte, Emin Pacha était promis au massacre quand Anglais et Belges,unanimes sur le prétexte humanitaire et cachant chacun des espoirs deconquêtes, confièrent à Stanley une expédition pour sauver Emin Pacha de cettesituation périlleuse...

Stanley arrive à Zanzibar, point de départ traditionnel des expéditions et haut lieude la traite d'esclaves. Pour recruter les porteurs nécessaires à son expédition,Stanley doit alors négocier, comme il l'a déjà fait précédemment, avec lepuissant esclavagiste Tippo-Tip, maître incontesté des territoires à traverser.Pour obtenir l'aide indispensable à l'expédition, Léopold II autorisa Stanley àoffrir à Tippo-Tip, en échange de ses précieux services, le poste de gouverneur de la province des Stanley-Falls. Le célèbre marchand d'esclaves acceptad'autant plus volontiers que devenir le représentant de Léopold II lui permettaitimplicitement de continuer son commerce d'esclaves...

En Europe, la nouvelle fit évidemment grand scandale. Le roi des Belges quiaimait à se présenter comme un grand leader de la lutte contre l'esclavagismevenait de nommer le plus célèbre des esclavagistes de la région comme

gouverneur de l'une des provinces du Congo !



Marungu du Tanganika

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Une femme rayonnante et sauvage... extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad

Au loin, contre l'obscure lisière, de sombres formes humaines allaient et venaient,

indistinctes, tandis que près du fleuve, martiales et immobiles telles des statueset attifées d'extraordinaires coiffures en peau de léopard, deux figures de bronzeappuyées sur de longues lances se tenaient sous les feux du soleil. Le long de laberge baignée de lumière, de droite à gauche, marchait une femme rayonnanteet sauvage. Drapée dans un tissu rayé et orné de franges, elle avançait d'un paslent et majestueux accompagné d'un léger tintement et des éclairs que lançaientses ornements barbares. Son port était altier et ses cheveux arrangés en formede casque. Elle portait des jambières de laiton qui lui montaient jusqu'auxgenoux; des gantelets de laiton aussi, jusqu'aux coudes; elle avait une tacheécarlate sur sa joue basanée, d'innombrables colliers de perles autour du cou etdes choses bizarres, des fétiches et autres présents de sorciers suspendus

autour d'elle, qui tremblaient et brillaient à chacun de ses pas. Elle devaitassurément transporter la valeur de plusieurs défenses d'éléphants!

Elle était barbare et splendide, farouche et magnifique avec, dans sa progressiondélibérée, quelque chose de menaçant et de majestueux. Et dans le silence quis'était soudain abattu sur ce territoire dévasté, l'immense sauvagerie, la vieféconde et secrète au corps de colosse, semblait la contempler comme si elleregardait l'incarnation même de son âme ténébreuse et passionnée. Elles'avança jusqu'au vapeur et demeura immobile, face à nous.Son ombre s'allongea jusqu'à l'eau. L'expression tragique et farouche de sonvisage semblait à la fois traduire une tristesse insurmontable et un chagrin muet

auxquels se mêlait la peur d'une résolution d'autant moins prise qu'elle était àpeine formulée. Elle demeura à nous considérer, sans un geste, comme uneincarnation de la sauvagerie, occupée à réfléchir à quelque secret dessin. Uneminute s'écoula ainsi.Elle fit un pas vers nous, accompagné d'un léger tintement, d'un éclat de métal

jaune et d'un mouvement des draperies à franges; puis elle s'arrêta comme si lecoeur lui eût manqué... Elle ouvrit soudain ses bras nus et les étendit droit audessus de sa tête, comme un irrésistible désir de toucher le ciel. Leur ombres'étendit sur la terre, balaya la rivière et, dans une sombre étreinte, enveloppa levapeur cependant qu'un formidable silence planait au-dessus de la scène.

Elle se détourna lentement, reprit sa marche en avant tout en suivant la berge etpénétra dans les buissons qui se trouvaient à notre gauche. Une seule fois, sesyeux brillèrent dans notre direction avant qu'elle disparût pour de bon dansl'ombre du fourré.



Détail d'une photo extraite de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et seshabitants-



Il me faut surveiller le chauffeur de mon vapeur!

extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad

C'était un spécimen amélioré, capable de faire fonctionner une chaudièreverticale.Il était là, sous moi, et croyez-moi, le surveiller était aussi édifiant que deregarder un chien savant en culottes et chapeau à plumes marcher sur sespattes de derrière. Ce gars était pourtant un type bien et quelques mois avaientsuffi à son apprentissage. Il louchait sur le manomètre et le niveau d'eau avecune intrépidité qui lui coûtait visiblement beaucoup. Le pauvre diable n'en avait

pas moins les dents limées, sans parler des dessins bizarres dans la laine deson crâne ainsi que trois cicatrices sur chacune de ses joues. Il aurait dû setrouver sur la berge, à battre des mains et à frapper des pieds, au lieu que, dur àla tâche et plus savant chaque jour,il était prisonnier de toute cette étrange sorcellerie.

On ne lui avait appris qu'une chose: à être utile. Tout ce qu'il savait, c'est quel'eau dans cet objet transparent vienne à disparaître et le mauvais génie caché à



l'intérieur de la chaudière ne maîtriserait plus sa soif, se mettrait en colère et quesa vengeance serait alors terrible. Terrorisé, il suait tout ce qu'il savait à charger la chaudière sans jamais quitter la jauge des yeux (sans parler d'un féticheimprovisé fait de chiffons qu'il portait au bras et d'un morceau d'os poli aussi gros

qu'une montre, enchâssé à plat dans sa lèvre inférieure)...Il me faut des rivets... et pas des perles de verre à trois sous la mesure !

extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad -voir mon choix de livres-

Dieu ! Ce que je voulais vraiment... Mais des rivets pardi ! Oui, des rivets, afin depouvoir terminer mon travail et boucher ce mauvais trou. Des rivets et riend'autre. Il y en avait des caisses entières sur la côte, des caisses empilées,éventrées, éparpillées partout. Vous buttiez dessus à chaque pas dans la cour de cette station sur le versant de la colline. Ils avaient roulé jusque dans lebosquet de la mort ( voir extrait "l'enfer des "ombres noires"). Rien qu'en vous

baissant, vous pouviez vous en remplir les poches - et pas un seul ici, pas unseul là où on en avait tant besoin ! On avait des tôles, mais rien pour lesassembler. Et chaque semaine, le messager, un nègre solitaire, sac à lettres sur l'épaule et bâton à la main, quittait la station pour la côte. Et plusieurs fois lasemaine arrivait une caravane de marchandises constituées d'affreux calicotsaux teintures miroitantes qui vous donnaient le frisson rien qu'à les regarder, deperles de verre à trois sous la mesure, d'abominables mouchoirs de coton à pois- mais des rivets: aucun. Trois hommes auraient pourtant suffi au transport, cequi m'aurait au moins permis de remettre mon vapeur à l'eau.



La prison !

Paul Le Marinel, à gauche, et le commandant de Macar devant la prison de Luluabourg en 1886.



Photo extraite de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants-

Annales du musée du Congo, Bruxelles -avril 1904-

Mukata-mapumbo (celui qui coupe les testicules)

Un militaire, sans doute, arrive dans le village du conteur auquel je laisse la

parole:- Dans une longue exhortation, le commandant nous expliqua ce qu'il voulait.- Quoi par exemple ? interrompis-je ?- Il disait qu'on ne pouvait plus attaquer les villages voisins, faire des sacrificeshumains, qu'il fallait payer l'impôt, etc...Il termina en disant: Avez-vous bien compris ? Nous répondions affirmativement.- Il reprit: si quelqu'un désobéit, voilà ce qu'il lui adviendra: il sortit alors de sapoche deux testicules qu'il nous mit sous le nez; et d'une voix tonnante, il cria: JELES LUI COUPE. Nous étions pétrifiés !L'ancien observa une pose en contemplant l'effet de son récit. Puis son visagese détend et en riant, il ajoute.- Beaucoup plus tard nous l'avons su: c'étaient les testicules d'un bouc; mais àce moment là on ne riait pas ! C'est pouquoi nous l'avons surnommé: celui quicoupe les testicules: "Mukata-mapumbo".



Léopold II et ses bénéfices...

caricature extraite de "l'assiette au beurre" de juin 1908



Force publique: occupation et bras armé au Congo. Extrait de "Congo-Zaïre, le destin tragique d'une nation" de Ngimbi Kalumvueziko, -L'Harmattan2009-

"c iv i l azal i mong unya" , le civil est un ennemi ?Comprenant que pour occuper le Congo, il lui fallait organiser une armée.Léopold II Créa en 1886 la Foce Publique. Au début, celle-ci était composéed'Africains récrutés en Afrique de l'Ouest (Haoussas), en Somalie, en Egypte, auZanzibar, et en Afrique du Sud (Xhosas du Natal). Les soldats étaient placéssous le commandement d'officiers européens venus de Belgique et de partout enEurope, principalement d'Italie et de Scandinavie. Quatre missions étaientassignées à la Force Publique: maintenir l'ordre dans les territoires occupés;occuper et sécuriser les territoires et les frontières; assurer la mise en exécutionde la politique d'exploitation des ressources du Congo et assurer la mise enexécution des décisions de justice...

La force publique a mis en déroute les swahilis et soumis au prix de gravesexactions les populations congolaises au travail forcé de collecte du caoutchoucet de l'ivoire.Ces missions n'avaient pas changé jusqu'à l'accession du Congo àl'indépendance. Le règlement militaire de la Force Publique par exemple qui recommandait ausoldat de considérer le civil comme un ennemi est resté inchangé des annéesdurant après l'indépendance ! Ne dit-on pas toujours (en lingala) dans l'arméeque "civil azali mongunya" , le civil est un ennemi ?

En 1894, Léopold II décida l'enrôlement obligatoire des congolais. Les premiers à joindre les rangs de la Force publique venaient des tribus de larégion de l'Equateur, les Bangala, gens du fleuve habitués aux contacts avecd'autres tribus, et considérés à l'époque par les belges comme plus ouverts. Cefut ensuite les Batetela du chef militaire Ngongo Lutete qui venait de rompre sonalliance avec Tippo-Tip (un esclavagiqte célèbre). Pour contrebalancer le grandeprédominance des Bangala et des Batetela, obligation fut faite par la suite àchaque tribu du Congo de fournir un contingent de recrues. Les chefs coutumiersen profitèrent pour se débarasser des éléments gênants ou des marginaux et

parfois fournirent des esclaves.

C'est avec un collier au cou que les recrues quittaient le village pour rejoindre le camp militaire. En règle générale; ils signaient un contrat de 7années au terme duquel, ils pouvaient choisir entre la démobilisation. Dans cedernier cas, ils regagnaient leur village où ils jouissaient d'un certain prestige et



devenaient des candidats privilégiés aux postes d'encadrement des équipes detravail dans les sociétés coloniales. Les congolais ne pouvaient prétendre à unquelconque grade d'officier. On y entrait avec le grade de soldat de 2è classe, onen sortait avec le grade de caporal, le grade le plus élevé qu'un congolais

pouvait normalement atteindre. Les conditions de vie dans les camps militairesde la Force Publique étaient des plus difficiles. L'alimentation était très pauvre,les salaires modiques, la discipline très rigoureuse, et les punitions très sévèreset pénibles. Cela créa des frustrations qui dégénérèrent en mutineries et révoltesdont les plus importantes furent menées en 1895 et 1897 par les soldats de lagarnison de Luluabourg et celle des soldats Batetela conduits par NgongoLutete...

Afin de prévenir les révoltes... Afin de prévenir les révoltes à caractère tribal, l'EIC (Etat Indépendant du Congo)instaura le principe de limitation à 25% des effectifs d'un contingent le nombre desoldats appartenant à une même tribu. La conséquence immédiate de cettedisposition fut le recul de la langue des Batetela, le kitetela, au profit du lingala,la langue du commerce des peuples du fleuve qui finira par s'imposer commelangue officielle de la Force Publique. Cependant l'incorporation de mots françaisou tirés d'autres langues congolaises, le lingala de la Force Publique appelé"kisoldat" se distinguait du lingala traditionnel.

La Force Publique fut souvent appelée à faire taire toute révolte despopulations comme le répression des adeptes du prophète Simon Kimbangusuivie de deux décrets d'interdiction pris en 1936 et 1940 et celle très sanglante

(300 morts) de la révolte en 1930 des populations de Luluabourg qui protestaientcontre l'effondrement des prix de l'huile de palme...

Et aujourd'hui, la Belgique oublie ses ancien combattants congolais qui ontparticipé aux deux dernières guerres mondiales !La Force Publique a apporté un appui remarquable aux forces alliées pendantles deux guerres mondiales... Aujourd'hui, les hauts faits d'arme de la ForcePublique au cours des deux guerres mondiales sont des souvenirs lointains, nesurvivant que par la maison des anciens combattants dans l'actuelle communede Kasavubu à Kinshasa... Quant aux anciens combattants, ils ont tout

simplement été oubliés par la Belgique. A part les médailles reçues à ladémobilisation en guise de reconnaissance, ils n'ont jamais perçu unequelconque indemnité de retraite. Presque tous ont déjà été emportés par lavieillesse, la maladie ou les difficiles conditions de vie après la démobilisation...



Le Congo de Léopold II: entrée interdite au public !

caricature extraite de "l'assiette au beurre" de juin 1908



Un beau portrait: Manyanga (Bas-Congo)

Photo extraite de "L'Etat indépendant du Congo" -Documents sur le pays et ses habitants- Annales du musée du Congo, Bruxelles -avril 1904-



Le cimetière libre du Congo ! Voici la couverture de "l'assiette au beurre" de juin 1908...

Encore Léopold II en vedette ! ... et là c'est fort !

Un agent de première classe et des pionniers fort occupés ! extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad -voir mon choix de livres-

C'était un agent de première classe, un jeune homme bien éduqué, un peuréservé, avec une barbiche taillée en pointe et un nez crochu. Il ne se mêlait pasaux autres et passait auprès d'eux pour l'espion du directeur. Quant à moi, je nelui avais pratiquement jamais adressé la parole. Il entama la conversation...Il me demanda alors de l'accompagner jusque chez lui, dans une pièce situéedans le bâtiment principal de la station. Lorsqu'il craqua une allumette, jem'aperçus que ce jeune aristocrate possédait non seulement un nécessaire de



toilette aux garnitures en argent, mais aussi une bougie entière pour lui tout seul.Or, à cette époque, seul le directeur disposait de bougies. Les murs en pisé desa chambre étaient recouverts de nattes indigènes et d'une collection de lances,de sagaies, de boucliers et de poignards accrochés en trophée. L'homme avaitpour tâche de fabriquer des briques: c'est du moins ce qu'on m'avait dit, mais de

briques dans la station, il n'y en avait pas la moindre trace et, quant à lui, celafaisait plus d'un an qu'il était là - à attendre.

Il semblait qu'il lui manquât un ingrédient pour les fabriquer - j'ignore quoi: de lapaille peut être. De toute façon, il était impossible d'en trouver sur place, etcomme il y avait peu de chance qu'on lui en expédiât d'Europe, je ne voyais pastrès clairement pourquoi il continuait d'attendre... Cela n'allait certes pas luitomber du ciel ! Quoi qu'il en soit, ils en étaient tous réduits à attendre Dieu saitquoi! et ma parole, de la façon dont ils prenaient les choses, ce n'était pas pour leur déplaire, même si, pour autant que je pusse en juger, il n'avait là rien àgagner pour eux - sauf peut-être de tomber malades. Ils tuaient le temps à

médire les uns des autres, à se lancer dans de folles intrigues et à comploter àl'envi, chacun dans son coin, sans qu'il n'en sortît, bien évidemment, jamais rien.

C'était aussi irréel que tout le reste: aussi irréel que les prétentionsphilanthropiques du projet, que leurs discours, leurs façons de gérer les choseset de faire croire qu'ils travaillaient. Ce qui en ressortait de bien réel était leur désir de se voir attribuer la responsabilité d'un poste de commerce où ilspourraient récolter de l'ivoire et toucher un pourcentage sur les ventes. Et pour cela, ils étaient prêts à tout: à intriguer, à calomnier, à détester, mais quant àeffectivement lever le petit doigt - oh ! ça, non ! Dieu du ciel ! il y a après tout duvrai dans le fait qu'un homme peut voler un boeuf pendant qu'un autre ne peutmême pas envisager l'idée de voler un oeuf...



Chaque explorateur a sa "méthode"...

Livingstone... "Stanley, à la recherche de l'homme perdu" de Joly et Hubinon aux éditions Dupuis.



Stanley...

Légende: Prends garde: tu lâches cette caisse, et je te tue !Illustration extraite de "Comment j'ai retrouvé le Docteur Livingstone" (1872)



Une caravane en marche... de Matadi à Kinshasa... extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad -voir mon choix de livres-

Je me mis en route dès le lendemain, suivi d'une caravane de soixante hommes et avec

devant moi la perspective d'une marche de trois cents kilomètres.

Que vous dire ? Des chemins, des chemins partout, un maillage serré dechemins où tous étaient passés et repassés, des chemins à travers un paysdéserté, à travers l'herbe haute et les brûlis, entre les taillis, le long de ravinesglacées et de collines pierreuses écrasées de chaleur; et rien, rien ni personne,pas même une hutte, la population ayant fui depuis belle lurette. Il est vrai que s'ilavait pris la fantaisie à une bande de nègres étrangers et armés jusqu'aux dentsd'emprunter la route entre Deal et Gravesend et d'y attraper tous les péquenotsqui traînaient dans le coin afin qu'ils leur servissent de porteurs, j'imagine que lesgens des fermes et des maison avoisinantes auraient eu tôt fait de décamper.Sauf qu'ici les habitations elles-mêmes avaient aussi disparu. Je traversai malgré

tout plusieurs villages abandonnés auxquels des murs ruinés faits d'herbe sèchedonnaient un aspect à la fois puéril et pathétique. Jour après jour: marche,accompagnées du piétinement de soixante paires de pieds nus, tous portantleurs trente kilos de charge; puis camp, repas, sommeil, démontage du camp etmarche. Vu aussi à l'occasion un porteur mort à la tâche et couché dans l'herbehaute sur le bas-côté, sa gourde vide et son grand bâton posés à côté de lui.Silence absolu partout à l'entour. A peine, les nuits tranquilles, les grondementsde tam-tams, lointains, tantôt étouffés et tantôt nourris: une trémulation basse etcontinue, un son étrange, fascinant, provoquant et sauvage - et selon toutevraisemblance aussi porteur de sens que celui des cloches en pays chrétien.Rencontré un blanc qui campait sur le chemin - uniforme débraillé, escorte en

armes de zanzibarites efflanqués, accueillants et festifs (pour ne pas dire saouls) "Chargé de l'entretien des routes" déclara-t-il. Difficile de parler de route et àfortiori d'entretien - à moins que l'on considère comme tel le cadavre d'un nègre(âge moyen, front percé d'une balle) sur lequel je trébuchai littéralement cinqkilomètres plus loin.



Type bantou: le chef Mungamba, en pirogue.

photo extraite de "Les merveilles du Congo belge" -auteur et éditeur inconnu-



1890: Conrad découvre les travaux du chemin de fer !

(extrait de "Coeur des ténèbres" de J.Conrad -voir mon choix de livres-

Je croisai une chaudière vautrée dans l'herbe, puis découvris un sentier quimenait au sommet de la colline. Il contournait de grosses pierres ainsi qu'unwagonnet abandonné là sur le dos, les quatre fers en l'air. Une roue manquait etla chose, telle une carcasse d'animal, avait l'air d'être morte depuis longtemps.Je tombai encore sur d'autres ferrailles et sur un tas de rails rouillés. A gaucheun bouquet d'arbres faisait une tache ombreuse où des choses sombress'agitaient vaguement. Je n'y fis pas plus attention que ça, car la pente était raide.Une trompe sonna sur ma droite et je vis des noirs se mettre à courir. Unedétonation puissante et sourde secoua le sol, un panache de fumée sortit de lafalaise - puis plus rien. Aucun changement n'apparut sur la paroi rocheuse. Ilsconstruisaient un chemin de fer et, sans qu'elle ne gênât en rien, faire sauter la

falaise était apparemment le seul travail qui fût en cours.

Un cliquetis derrière moi me fit tourner la tête. Six noirs, l'un derrière l'autre,gravissaient péniblement le sentier. Bien droits et sans se hâter, ils marchaient,des corbeilles remplies de terre en équilibre sur la tête, pendant que le cliquetisque j'avais entendu suivait le rythme de leurs mouvements. Des haillons noirs,dont les extrémités se balançaient derrière eux pareilles à des queues d'animaux,entouraient leurs hanches. Leurs côtes saillaient et leurs articulations faisaientcomme autant de noeuds sur une corde. Tous portaient un collier de fer autour du cou avec, les reliant entre eux, une chaîne dont les maillons se balançaient etcliquetaient au rythme de leur déplacement. Une autre détonation en provenancede la falaise me fit soudain penser à ce navire de guerre que j'avais vucanonnant un continent. C'était la même voix sinistre. Mais ces hommes nepouvaient en aucun cas être appelés "ennemis" - même en imaginant le pire.Ceux-là, on les appelait "criminels", ceux sur qui s'était abattue la loi outragée -un insoluble mystère venu de la mer, tout comme les obus qui explosaient àl'entour. Leurs poitrines maigres haletaient de concert, leurs narines, largementdilatées frémissaient, leurs yeux vitreux fixaient la pente. Ils me dépassèrent àmoins de quinze centimètres, sans un regard, avec cette complète et funesteindifférence du sauvage malheureux.

Dans le sillage de ce qui n'était que simple matériau, un de leurs transfuges, pur produit des forces nouvelles en action, flânait, l'air déprimé, tout en tenant sonfusil par le milieu.



L'enfer des "ombres noires"!

Des silhouettes sombres, images de douleur, de découragement et de désespoir,

étaient accroupies, étendues ou assises parmi les arbres, appuyés au tronc,collées contre terre, moitié éclairées, moitié occultées dans la lumière tamisée.Une autre mine explosa du côté de la falaise, suivie d'un léger tremblement dusol sous mes pieds. L'OEuvre allait son train. L'OEuvre ! Et cela était l'endroit oùceux qui la servaient s'étaient retirés pour mourir...

Car ils étaient bel et bien tous en train de mourir - lentement mais sûrement.Ennemis ou criminels, ils n'étaient désormais plus de ce monde, et guère plusque des ombres noires, malades et affamées, confusément répandues dans lapénombre verdâtre. Amenés le plus légalement du monde de tous les recoins dela côte grâce à des contrats temporaires, sans repères dans un contexte hostile,mal nourris, ils finissaient par tomber malades et, devenus inaptes au travail, ilsétaient alors autorisés à se traîner jusque ici pour y reposer en paix. Leursformes moribondes étaient libres comme l'air - et presque aussi diaphanes. Jecommençai à distinguer l'éclat de leurs yeux sous les arbres. Baissant alors latête, j'aperçus un visage à hauteur de ma main. Le reste du corps, noir etdécharné, était étendu de tout son long, une épaule appuyée contre un arbre.L'homme souleva doucement les paupières et me regarda de ses yeux caves,énormes et vides, ou traînait dans la profondeur des orbites une sorte declignotement aveugle et pâle qui lentement s'éteignit...

Désolation insupportable et blanche apparition !

Près du même arbre, deux autres paquets d'angles vifs étaient assis, les jambesremontées, offrant le spectacle d'une désolation difficilement supportable. Lepremier, le menton sur les genoux, fixait le vide pendant que son frère fantômese tenait le front, comme saisi d'une immense fatigue. D'autres étaient dispersésçà et là, abandonnés ou ils étaient tombés, dans les postures les plusinvraisemblables, comme s'il se fût agi d'un tableau figurant un massacre ou lapeste. Tandis que je demeurai figé d'horreur, l'une de ces créatures se mit àquatre pattes et descendit jusqu'à la rivière pour y boire; Elle lapa l'eau dans le

creux de sa main, croisa ses tibias devant elle afin de s'asseoir au soleil pour l'instant d'après laisser retomber sa tête laineuse sur sa poitrine.

J'en avais assez de marcher à l'ombre et hâtai le pas vers les bâtiments. Alorsque je m'en approchai, je croisai un blanc, d'une élégance tellement inattendueque je pris le d'abord pour une apparition. Je découvris un faux col amidonné,



des manchettes blanches, une veste d'alpaga blanc, un pantalon d'un blancimmaculé, une cravate claire et des chaussures vernies. Pas de chapeau, maisdes cheveux séparés par une raie, brossés et huilés, sous un parasol auxrayures vertes que tenait une main grande et pâle: une incroyable vision - avec

en plus un porte-plume derrière l'oreille!

Turumbus des environs de Stanleyville.



Les indigènes, vus par Hippolyte: injurieux!

Extrait de: Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922-

Les indigènes de la région sont des Mamvus: grands enfants vicieux mais sansmalice

ni méchanceté, bien qu'ils soient anthropophages, comme tous les nègres duCongo d'ailleurs. Toutefois par crainte des européens, ils ne mangeaient plusautant que jadis de chair et de graisse humaine. Seulement, lors de l'exodeannuel vers la forêt pour la récolte du caoutchouc, ils se contentaient d'y dévorer quelques pygmées. Cette façon de faire, en effet, ne leur amenait aucunecomplication avec les blancs. Car les pygmées qui n'ont ni villages, ni plantations et qui errent dans les bois et yvivent au jour le jour, de gibier et de racines, exactement comme des bêtes sauvages, ne

se plaignent jamais aux européens. Ils préfèrent ne mêler aucun étranger à leurs affaires

et se faire justice à eux-mêmes avec leurs longues flèches de fer barbelé et de boisempoisonné. Ce en quoi ils ont raison.

Tant bien que mal, les Mamvus de Matafa obéissaient à un chef nommé Ali-Masi,nègre considéré et riche. Il possédait en effet, une douzaine de femmes,quelques malles de fer achetées en vente publique après décès de blanc et unedouzaine de ces fusils à piston qu'on appelle poupou parcequ'ils font sansdanger, de la fumée, de la flamme et surtout beaucoup de bruit.



Jeunes filles Wagenias se rasant les cheveux (Ponthierville)



Réception du vicaire apostolique à Boma, en 1897



Pères blancs devant une chapelle de village, en pisé, à Mugera (Urundi)

La conquête du Congo vue par Hippolyte !

- Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922- (voir mon choix de livres)

La période militaire finissait au Congo. Une poignée de braves sous-officierspour la plupart, sorte de légion étrangère jetée aux bouches du fleuve, s'étaitruée à la conquète du mystère africain. Et en quelques années, ces hommesénergiques avaient conquis et dompté une contrée, immense par l'étendue,immense par les espoirs de richesse qu'elle révélait de toutes parts... Le noir avait reconnu la force et par le fait, la loi des blancs...

Mais le Roi Léopold, qui avec ses seules ressources avait assumé la charge dela conquête, succombait sous le faix de l'oeuvre gigantesque. Il dut appeler àl'aide et se tourner vers son peuple. Hélas! celui-ci, peuple d'âpres gagne petit,ne vit pas au delà de l'horizon borné des ses plaines natales et il ne comprit pas.En conséquence, le souverain dut improviser d'immédiates ressources. D'où larécolte intensive de l'ivoire et surtout du caoutchouc.



Hélas! encore, même pour cette récolte, la métropole refusa d'envoyer desorganisateurs et léopold II dut, à nouveau, s'adresser aux artisans de la premièreheure: aux conquérants. Ils s'étaient révélés des guerriers splendides. Ils semontrèrent déplorables administrateurs.Des peuples entiers furent poussés vers les forêts productrices, mais désertes,sans qu'au préalable leur ravitaillement y eût été assuré. Ainsi malgré la facilitéde la cueillette, la mortalité y fut effarante. Si effarante que le noir, effrayé,malgré son flegme devant la mort, tenta de se soustraire à la corvée décimante.Ce furent les fuites, les exodes, les révoltes... Et la période honteuse de répression et de coercition, cachée par un rigoureuxsilence obligatoire, commença... Faut-il rappeler la suite ? La campagne anglaise,la commission d'enquête de 1905, révélant à la Belgique stupéfaite le régimed'abus existant; l'affolement à Bruxelles qui précipita le Parlement vers unereprise hâtive, mesquine et défiante...

Type de femme de la région de Bambili.



Femme Bakongo, tatouages du dos.

Le bateau vapeur vu par les Bangala, une vision poétique !

extrait de "quelques légendes Bangala" de Ernest Delvigne.

Les premiers steamers que virent les Bangala leur firent supposer que les blancsn'étaient autres que les rois des eaux, faisant, Lohengrins de l'équateur, traîner leurs bateaux par de grands poissons ou par des hippos. Les naïfs enfantsd'Iboko prenaient la chaudière des steamers pour une grande casserole où le

blanc faisait cuire la nourriture qu'il donnait aux aquatiques attelages de sesbateaux.Les steamers, eux, furent baptisés du nom de kumba. Comme les indigènesvoyaient le blanc descendre fréquemment au fond de son bateau pour ychercher des perles, des mitakos et d'autres marchandises, ils soutenaient avecconviction que les hommes du Mputu (de l'occident) s'en allaient ouvrir, à fondde cale, une porte pour quérir leurs trésors au fond de l'eau...



L'Aruwimi à Mupele

Un bateau vapeur sur le fleuve Congo, en 1890... ambiance, ambiance ...

de "Au coeur des ténèbres" par Joseph Conrad.

Je n'irai pas jusqu'à prétendre que ce vapeur ne cessa jamais de flotter. Plus

d'une fois, il lui arriva de passer à gué, tandis que vingt cannibales à l'entour barbotaient et poussaient. Nous en avions, chemin faisant, enrôlé quelques-unsen guise d'équipage. Des êtres superbes, anthropophages à leurs heures...C'étaient des hommes avec qui l'on pouvaient travailler et je leur restereconnaissant...



Parfois, nous rencontrions une station au bord du fleuve, accrochée à la lisièrede l'inconnu, et les blancs qui se précipitaient vers nous du fond d'un hangar croulant avaient un air étrange, l'apparence de gens qu'une sorte de charme eût

retenu captifs. Le mot ivoire passait dans l'air pendant un moment, et puis nousrepartions dans le silence, par les étendues vides, au long des coudes paisibles,entre les hautes murailles de notre route sinueuse dont les échos multipliaient lebattement sourd de notre roue unique. Des arbres, des millions d'arbres, massifs,immenses, élancés d'un jet: et à leur pieds, serrant la rive à contre-courant,rampait le petit vapeur barbouillé de suie, comme un misérable scarabée setraînant sur le sol d'un ample portique.On se sentait bien petit, bien perdu, et pourtant il n'y avait là rien de déprimantcar, somme toute, pour être petit, le misérable scarabée barbouillé n'en avançaitpas moins, et c'était précisément ce qu'on attendait de lui.

Les longues avenues d'eau s'ouvraient devant nous et se refermaient sur notrepassage, comme si la forêt eût enjambé tranquillement le fleuve pour nous barrer la voie du retour. Nous pénétrions de plus en plus profondément au coeur desténèbres. Il y régnait un grand calme. Quelquefois, la nuit, un roulement de tams-tams, derrière le rideau des arbres, parvenait jusqu'au fleuve et y persistaitfaiblement, comme s'il eût rôdé dans l'air, au dessus de nos têtes, jusqu'à lapointe du jour. Impossible de dire s'il signifiait la guerre, la paix ou la prière...

Nous errions sur un sol préhistorique, sur un sol qui avait l'aspect d'une planèteinconnue... Mais, subitement, tandis que nous doublions péniblement un tournant

du fleuve, une échappée s'ouvrait sur des murailles de roseaux, des toits dechaume coniques, et c'était une explosion de hurlements, un tourbillon demembres noirs, une multitude de mains qui battaient, de pieds qui frappaient lesol, de corps qui se balançaient, d'yeux qui roulaient, sous la retombée dufeuillage pesant et immobile... le vapeur côtoyait lentement une noire et incompréhensible frénésie. L'hommepréhistorique nous maudissait-il, nous implorait-il, nous souhaitait-il la bienvenue,qui eût pu le dire ? Nous étions coupés de tout ce qui nous entourait: nousglissions pareils à des fantômes, étonnés et secrètement épouvantés, comme leserait un homme sain au spectacle d'une émeute enthousiaste dans un asiled'aliénés. Nous ne pouvions pas comprendre, parce que nous étions trop loin et

nous ne pouvions pas nous rappeler, parce que nous voyagions dans la nuit despremiers âges, de ces âges qui ont passé en laissant à peine une trace... et pasde souvenirs.

La terre en cet endroit n'avait pas l'air terrestre. Nous sommes habitués àconsidérer la forme entravée d'un monstre asservi; mais là on découvrait le



monstre en liberté. Il était surnaturel, et les hommes étaient... non, ils n'étaientpas inhumains. On y arrivait petit à petit. Sans doute, ils hurlaient, bondissaient,tournaient sur eux-mêmes, faisaient d'affreuses grimaces, mais ce qui saisissait,c'est le sentiment qu'on avait de leur humanité pareille à la nôtre, la pensée de

notre lointaine affinité avec cette violence sauvage et passionnée...

Et un peu de BD ! : Stanley, à la recherche de l'homme perdu.

de Joly et Hubinon aux éditions Dupuis.



Femme A babua

http://mac-gratuit.fr/site/dl/01/9e78902264.jpg



Bakuti (Equateur)

Le nécessaire de voyage du noir... Extrait de "dix années au Tanganika" de François Coulbois - L'auteur est un missionnaire français, qui parti le 23 juillet 1883 de Zanzibar, fit un voyage à

pied de 1600 kilomètres pour aller fonder des postes d'évangélisation sur les rives du Tanganika

-

Dans notre course à travers cette Afrique équatoriale, il nous arrivait souvent derencontrer des indigènes voyageant aussi. Leur première parole était pour demander du feu, c'est à dire des allumettes, car le bruit s'était répandu quenous possédions de ces petits bouts de bois qui prenaient feu par frottement.

Plus d'une fois, à notre première visite dans un village complètement sauvage,une allumette enflammée subitement fit fuir, comme une volée d'oiseaux, lesfemmes et les enfants; mais bientôt, riant de leur frayeur, ils revenaient sur leurspas, afin de voir de près se renouveler cette merveille qui les avaient épouvantés. Une allumette! On ne songe pas, en Europe, combien ce produit de l'industrie estprécieux en Afrique! Une allumette! mais c'est du feu à discrétion. Or, le feu,



dans ces pays sauvages, est un bienfait inappréciable. Il sert à la préparationdes aliments; il dissipe l'horreur des ténèbres, tient à l'écart les bêtes fauves, etconstitue la plus sérieuse défense que l'indigène ait contre elles.

Ainsi, quand ils voyagent, eux aussi emportent une allumette; mais, entendons-nous, c'est une allumette sauvage, c'est à dire un énorme tison qu'un homme dela bande porte sur son épaule. C'est gênant! mais combien c'est utile! Lecampement installé dans une clairière est-il éloigné de toute habitation? ce tisonservira à allumer un bon feu; grâce à lui, on cuira les aliments du modeste repasdu soir, on séchera à sa chaleur les lambeaux d'écorce d'arbre qui servent devêtement et que l'orage aura mouillé, et surtout la nuit, autour d'un grand feu, lapetite caravane dormira tranquille. Tant que la flamme éclairera les profondeursde la forêt, léopards et lions se tiendront à distance, fascinés par son éclat; onles entendra froisser sur leur passage les branches desséchées, mais ilsn'approchent pas davantage.

Détail curieux à signaler: quand les noirs en Afrique campent dans la forêt, ils serangent en rayon de roue autour du feu, et s'y placent de manière à ce que cesoit la tête qui soit près des tisons. On les voit alors, roulés dans leur natte quifait l'effet d'un tuyau dans lequel ils se seraient introduits, la tête dépassant à uneextrémité, les pieds débordant de l'autre. Lors de notre exil de l'Uzige, je fis,durant une nuit de tempête, sur une plage du Tanganika, à deux pas des vaguesmugissantes, l'essai de ce mode de couchage, et je dois avouer qu'il n'est pasaussi mauvais qu'on le croirait tout d'abord. Cette natte roulée est chaude; sousune pluie abondante, bien qu'elle s'imprègne d'eau, elle ne se laisse pas

traverser par elle.

Aussi, c'est le meuble indispensable de l'indigène. Va-t-il en voyage? il emportesa natte; c'est son siège durant le jour, et son lit durant la nuit; un orage éclate-t-il?il s'abrite sous elle. Avec une hachette pour couper le bois destiné au foyer, unepipe pour se distraire, un pot de terre pour cuire ses aliments et une lance pour se défendre, elle constitue le nécessaire de voyage du noir.



Quand la dignité du blanc s'estompe ou "vie de petits blancs" ! Cité par J.CH. Souroy dans son livre "sorciers noirs et sorcier blanc".

Le soir, le bateau accosta au village de la mission. Un vieux colon et deux

portugais étaient à la rive. Ils se précipitèrent chez le commandant etdemandèrent, avant tout, de la bière glacée. ce n'est qu'à la troisième bouteillequ'ils s'inquiétèrent de leur éventuel courrier. Pauvres épaves que ces blancsperdus. Pendant les trois semaines que séparent deux escales du bateau, rienne vient divertir leur solitude. C'est leur seule fête. C'est la distraction rituelledepuis de longues années. Aucun d'eux n'a jamais pu économiser assezd'argent pour s'offrir un retour en Europe. Le labeur acharné des premiers tempsrapporte peu, bien moins que ce qu'on avait espéré. Alors, très vite, on serésigne. On se marie à la mode indigène, les petits mulâtres arrivent, et dans cetespèce de foyer, l'emprise du milieu prend le dessus. La dignité du blancs'estompe, puis disparaît. L'habitation en pisé tient plus de la case indigène que

de la maison européenne. Bientôt il ne reste plus rien de ce qui distinguaitl'homme de la race conquérante qui apporte la civilisation au coeur de l'Afrique...

Propos lamentables d'un administrateur solitaire! Cités par J.CH. Souroy dans son livre "sorciers noirs et sorcier blanc".

Savez-vous que parfois, le soir, j'appelle ce moricaud, ce brave et fidèleMombeke. On dirait presque qu'il me comprend, il s'assied sur le petit tabouret

qui est là, il fume les cigarettes que je lui tends, il boit la bière que je lui offre, ilrépond à mes questions, il me raconte des histoires. Mais, nom de Dieu, quevoulez-vous qu'elles me foutent, ces histoires de nègres. J'en ai assez desnègres. Mais pourtant, j'en ai besoin; quand il est là, je ne suis plus seul. Etmême quand il se tait, rien que sa présence me fait du bien...

Restons décents, que diable! Comme souvent à cette époque, le photographe a demandé aux indigènes de secouvrir avec n'importe quoi, avant de réaliser le cliché...



Indigènes au village de Waka.



Guerrier Mosengere

Le tambour à signaux : attention ils savent tout ce que l'on fait ! Extrait de "la traversée de l'Afrique du Zambèze ou Congo Français" par Edouard Foa.

Cet instrument est un énorme tronc d'arbre ou bien un bloc de bois évidéintérieurement, n'ayant pour toute ouverture qu'une fente longitudinale, par laquelle je suppose qu'on passe les outils destinés à le creuser. Bien isolé du sol



par deux montants, il résonne avec sonorité lorsqu'on le frappe à l'aide d'unmorceau de bois au bout duquel est adaptée une boule de caoutchouc. Le sonde ce tambour se répercute au loin et s'entend distinctement la nuit à plusieurskilomètres; les indigènes s'en servent pour se communiquer toutes les nouvelles

et ce système d'information est tout à fait curieux; le code des signaux diffèreselon les régions, mais il se compose à peu près uniformément de coups secs etde roulements ou coups longs différemment espacés.

... M'étant un jour installé à côté du tambourineur, je fis communiquer à un villagesitué sur la rive opposée plusieurs ordres qui furent immédiatement exécutés. Lalargeur du fleuve étant de six à sept cents mètres, je me servais d'une lorgnettepour suivre les mouvements. Je fis signaler:1. De chercher des bananes et de les porter sur la plage;2. De les placer dans une pirogue;3. De remonter sur la plage;

4. De prendre les bananes et de les mettre dans une caisse;5. D'appeler trois hommes et trois femmes, puis de les renvoyer;6. Enfin de venir avec une certaine pirogue chercher un cadeau.Toutes ces indications furent exécutées, la dernière surtout, sans aucunehésitation...

A l'aide du tambour, les indigènes sont prévenus deux à quelquefois trois joursd'avance qu'un européen monte le fleuve avec telle ou telle escorte,accompagné de tant de gens etc...Dans l'intérieur, le tambour n'est pas moins employé; c'est pourquoi lesexpéditions européennes trouvent souvent déserts des villages qu'ellesprojetaient de surprendre, ou bien, croyant trouver l'ennemi, elles tombent dansdes embuscades qu'il a eu temps de leur préparer.Stanley, lors de sa descente du Congo, se plaint de l'affreux tam-tam qui necessa de battre pendant des semaines. Il est peu flatteur pour nous de constater qu'à la fin du siècle dernier, avant l'invention du télégraphe aérien, nous étionsbien moins avancés que les naturels du haut Congo, en fait de communicationsrapides...



chef Bolia



Propos sur le cannibalisme Extrait de "The fall of the Congo Arabs" du Dr Hinde

Les Bangalas m'ont eux-mêmes dit lorsque, au cours de parties de chasse, je

leur faisais des remontrances parce qu'ils se bornaient à briser les ailes et lesmembres du gibier blessé au lieu de le tuer sur-le-champ, qu'il valait mieuxlaisser l'oiseau languir, parce que cela rendait la chair plus tendre. Cela mettaiten train la conversation, au cours de laquelle ils expliquaient que, lorsque chezeux ils préparaient une fête, le prisonnier ou l'esclave qui devait être la pièce derésistance avait toujours les bras et les jambes brisés trois jours d'avance, il étaitplacé dans un courant ou une mare d'eau, enfoncé jusqu'au menton, la tête fixéeà une perche pour l'empêcher de se suicider, ou peut-être de tomber évanoui, etainsi de se noyer. Le troisième jour on le retire et on le tue, la chair étantdevenue alors tendre....

Ce fut à cette époque que le commissaire du district découvrit qu'un traficrégulier d'hommes se poursuivait; les gens de l'amont -les Basongo- qui sonteux-mêmes cannibales, étant accoutumés de vendre des esclaves et des enfanten aval, aux Basongo Meno, comme provision de bouche.En conséquence, le commissaire ordonna aux sentinelles surveillant la rivière decapturer ou de tirer sur tout canot descendant la rivière avec des enfant à bord.En ayant capturé quelques-uns, il réussit à arrêter ce trafic. Quelques gensappartenant à Pania-Moutombé (le chef des dites tribus d'amont)accompagnaient le commandant dans l'attaque de Gongo-Lutete. L'un deuxprenant son poste de factionnaire de nuit et ayant tiré sur un homme vint rendrecompte de ce qu'il avait fait après avoir envoyé un tiers pour apporter le mort.Lorsque le cadavre apparut, le factionnaire constata, à son étonnement, qu'ilavait tué son propre père. Il se rendit immédiatement auprès de Dhanis et luiexprima ses regrets d'avoir tué l'auteur de ses jours et que c'était une dureaventure parce qu'il ne pouvait manger le cadavre. Le commandant lui donnal'ordre d'enterrer le corps décemment, mais découvrit plus tard que, bien quel'homme ne voulût pas manger lui-même les restes paternels, il les avais remis àses camarades pour être mangés.

La même semaine, un jeune chef Basongo se présentait au commandantpendant qu'il dînait dans sa tente, et lui demanda de lui prêter son couteau ceque, sans plus réfléchir, le commandant lui accorda. Il disparut immédiatementderrière la tente et coupa la gorge à une concubine esclave lui appartenant; ils'occupait à la cuire, lorsqu'un de nos soldats le vit et signala ce qui se passait.Le cannibale fut mis aux fers, mais, quelque deux mois plus tard, je le trouvaidans un état si misérable que, craignant de le voir mourir, je le fis rendre à laliberté, en le mettant sur ses gardes. A peine une quinzaine s'était-elle écoulée,qu'il était ramené par quelques-uns de nos haoussas (auxiliaire de la forcepublique), qui rapportèrent qu'il mangeait les enfants dans nos cantonnements



et aux environs. L'homme avait un sac pendu autour du cou, on le visita et on ytrouva un bras et une jambe de jeune enfant. Comme trois ou quatre enfantsavaient disparu cette quinzaine là sans qu'i y eut de décès parmi eux au camp,ce fut un témoignage considéré comme d'évidence suffisante contre lui et il fut

ligoté et tué, seul remède pour un pareil incorrigible.Peu de temps après, un groupe de prisonniers de guerre déserta, et commenous avions trouvé dans quelle direction ils s'étaient enfuis, nous demandâmesau grand chef de la région, qu'ils nous fussent remis. Il répondit que, àl'exception d'un prisonnier, tous avaient été mangés, et envoya à leur placetrente-trois esclaves. Celui qui revint fut reconnu comme étant un petitdomestique de mon service qui s'était laissé inciter à fuir par quelques-uns desdéserteurs. Par une heureuse chance cependant, il avait trouvé un ami dans levillage et avait été le seul du groupe qui ne fût pas mangé. Les récits de ce qu'ilavait vu en cette occasion étaient vraiment écoeurants.

Le "premier touriste" au Congo et ses préjugés... graves... Extrait de "En Congolie" de Edmond Picard -1896-

En route pour Bathurst, à l'embouchure de la Gambie, où le Léopoldville doitembarquer, en possessions anglaises, pour le chemin de fer du Congo, un fortcontingent de travailleurs sénégalais, embauchés sur les territoires français, ouplutôt débauchés, car il paraît qu'il s'agit d'une rafle qui a fait le vide dans lepersonnel du railway de Dakar à Saint-Louis. Nous entrons dans la région despluies tropicales. Le ciel se matelasse de nuages et, l'aube du jour d'arrivée, desrafales qui rétrécissent la circonférence de l'horizon, nous obligent à ralentir, àsonder, à "altermoyer" pour trouver les bouées du chenal. Un gros pilote mâtinéde mogol et de nègre, nous joint et voici que le steamer embouque le vasteestuaire du fleuve dont le nom fait la moitié de celui du pays, la séné-gambie.Tout encore reste atténué dans les lointains. Aux eaux jaunâtres, aux rivesplates et vertes, on se croirait dans le bas Escaut. Et même en approchant, lesfeuillages indécis continuent l'illusion d'un paysage européen. Des appontements,des constructions en arcades suscitent le souvenir dérisoire d'une rue de Rivoliqu'ombrageraient de hautes frondaisons. Partout, éparse, une populationbigarrée où le bleu clair et le blanc dominent avec de-ci, de-là, en point d'orgue,une tache rouge. Ce sont nos futurs compagnons de route, les uns massés sur la rive, les autres défilant vers l'embarcadère, leurs nattes de sommeil roulées enperche sur l'épaule et d'infimes bagages à la main. Pour le nègre, la natteéquivaut au tapis pour l'arabe.

Un petit vapeur, infiniment négligé, en amène un premier lot. A la proue, en pilote,un noir au feutre gris, affublé d'une invraisemblable vieille capote de livrée



écarlate, dirige l'accostage. La cargaison, homme par homme, escaladel'escalier du bord et le spectacle est ahurissant: un monôme de vagabonds, unemontée de la Courtille, un pèlerinage de mendigauds, le retour d'un pillage chezles fripiers d'une grande ville. En voici vêtus de la défroque d'un cocher de fiacre,

ou d'effets militaires de réforme, en voilà drapés dans des coupons de cotonnadeversicolore. Tous nu-pieds avec la plante ambrée faisant une sandale artificiellequi tranche sur le noir terne et plombé de gris de leur peau.Des nippes et des chiffons écourtés, sortent, en jambes de coq, les maigresfuseaux de leurs jarrets de singe. Les têtes rasées font saillies en genouxcouleur de suie, ou sont coiffés de casques de rebut, de képis éreintés, dechapeaux éculés, de bassins en fer blanc....

L'embarquement des sénégalais a continué sans interruption, et c'est à tous lesendroits du pont, un fourmillement comme s'il y avait eu prise à l'abordage par une nuée de pirates. Combien sont-ils? 400, 500, 600, plus de mille! me crie un

passager aussi ahuri que moi. Nous allons donc être onze cents à bord duLéopoldville? Onze cents jusqu'à Matadi, pendant une quinzaine de jours? Maisoui, quoique cela paraisse invraisemblable, car vraiment où est la place pour cetroupeau qui est là s'agitant en gesticulations et en rumeurs, étendant ses nattes,cherchant gîte, épais et entassé, aussi serré qu'un public de meeting durant unepériode électorale acharnée! Dans cet entassement, le caractère barbare de lacohue de ces sauvages accentue la parenté simiesque de chacun de ces êtres,les fronts fuyants, les yeux à sclérotique injectée de bitume, les dentscarnassières, incessamment visibles et menaçantes, les lèvres surtout, les lèvrescharnues, proéminentes en groin, pareilles aux organes gastéropodes desescargots et des grosses limaces qui vermillonnent après les orages, sur lessentiers de nos bois en laissant derrière elles la trace visqueuse et argentée deleur passage...Et des inquiétudes viennent devant cet étonnant spectacle. Sil'artiste éprouve une jubilation intense, l'homme, l'homme de Droit ratiocine. Unpareil encombrement d'émigrants, sans autre abris que des toiles est-il permis,pour eux-mêmes et pour autrui ? Vraiment, il s'est formé à bord une rareaccumulation de facteurs pour la maturation d'une catastrophe...

Sur les rives de l'Ubangi.

Voici une photo, pleine de charme, que l'on trouve déjà dans certains ouvragesanciens comme "L'Etat indépendant du Congo -Documents sur le pays et seshabitants-" daté de 1904.



Et un très beau profil extrait de ce document...

Un vieux noir raconte l'histoire ancienne de croquis d'Afrique par Yvonne Duckers-Nélis Edit.Nautet-Hans à Verviers -1935-

"Il y a longtemps, si longtemps que moi je n'étais pas encore au monde; deshommes venus du Nord, ont envahi nos contrées. Ils n'étaient ni comme toi nicomme moi. Leurs figures avaient... attends que je cherche... tiens de la mêmecouleur que le cuivre de la pointe de sagaie que je tiens à la main. Vêtus delongues robes blanches, les cheveux cachés sous de grands capuchons, ilsarrivaient au galop de leurs petits chevaux, en frappant l'air de leurs fusils.Comme ils étaient cruels! Ils razziaient les villages, violaient les femmes, tuaientdes hommes, égorgeaient des enfants. Ceux qui restaient vivants étaient ensuiteemmenés en esclavage. Enchaînés et se suivant en longues caravanes, ilspartaient vers les pays du sable qui n'étaient pas les leurs. Quelques-unss'échappaient. Ceux qui tombaient en route devaient mourir tout seuls, sansavoir auprès d'eux les pleureuses bienfaisantes pour chasser les mauvais esprits.C'est pour ça que je crois que le crocodile qui nage dans le fleuve est peut-être



mon ancêtre; et que le léopard qui rôde en forêt est un parent à moi.

détail d'une image de "Miroir du Congo Belge",

Plus tard, de cela je me souviens; ce fut le temps des guerres entre tribus. Des jours et des jours à l'avance nous en étions prévenus. Le gong, tu sais celui quiest tendu d'une peau de serpent, qui possède trois pieds et qu'on porte sous unbras, battait sans arrêt, loin... très loin, j'avais peur, car j'étais tout petit. Le bruitse rapprochait. Les hommes de chez nous, le corps enduit de braise pilée, lafigure striée de de traits de craie qui leur donnaient des masques de cauchemar,se préparaient au combat en dansant toute la nuit. Et le Ndoundou (autre nom dugong) chantait. Puis l'ennemi est arrivé là-bas, à la dernière case qu'habite lepatriarche tout au bout du village, à deux pas de la piste. Armés de boucliers, delances et de couteaux, les hommes dansaient en criant et remuant la tête. Ilsavançaient à peine; leurs pieds faisaient comme le vent, qui les jours de tornadesoulève la poussière. Mes pères lancèrent alors notre vieux cri de guerre; et cefut la ruée. Presque toujours nous avions la victoire; dans les tribus Gombé tousles mâles sont forts, tandis que les Mongo ne sont faits que de lâches.C'est dans un de ces combats que j'ai perdu mon père.

Alors vint l'ère des blancs. Les premiers que j'ai vu m'ont fait mal. Au temps ducaoutchouc on avait la vie dure; souvent Kongo, le messager a encaissé des



coups. D'autres blancs ont suivi. Ceux là n'avaient pas de compagne. Il me fautremonter de deux fois mes orteils, dans le cours des années, pour retrouver l'image de la première femme blanche. Qu'elle était belle et douce! Ses cheveuxavaient la même teinte que les épis de maïs mûr, et ses deux yeux semblaient

contenir un tout petit morceau de mon beau ciel d'Afrique. Les gens de ton paysne parlent pas tous la même langue. Toi tu es un wallon (La dernière partie de cecroquis est la traduction exacte de ce que Kongo, le messager de Panzia, nous adit un soir au clair de lune) car ta voix est plus douce; et les mots que tu dis quand tu parles paraissenttoujours chanter. Tu dois être un grand chef en Europe, puisque tu as unefemme et que les autres blancs de tout le territoire sont des hommes de rien.Dis-moi, l'as-tu payée très cher, le jour où tu l'as emmenée de la maison de sonpère? Moi qui ne suis pas riche, je n'ai que trois épouses; mais j'ai beaucoupd'enfants. Il faut me croire quand je te dis que lorsque je les vois, il me semblesentir comme un tout petit feu dans le dedans de mon corps. Les mères? oui, je

les frappe, pas beaucoup; Kongo n'est pas méchant. "Encore maintenant, leshommes de ta race poursuivent deux chemins; celui des bons et celui desméchants. Toi tu sais la bonne route et ne me fais pas peur. Tiens pour te leprouver, laisse-moi bourrer une pipe de ton tabac avant de te quitter pour rentrer dans ma case. Merci je pars... bien. Je te souhaite à toi de rester bien aussi etd'avoir une très bonne nuit. Bonsoir père, jusqu'à demain matin"



Tatouage du visage ( portrait d'un Yaelima)


Notables d'une tribu Bumba.




Comment colonise le Belge ? J'apprécie particulièrement les caricatures de l'époque. Bien que toujoursexcessives, ces caricatures font la preuve, il me semble, d'une grande (ou

parfois trop grande!...) liberté de la presse !

Serait-ce encore possible aujourd'hui, j'en doute.... Il est vrai que Léopold II, Roi de Belgique et du Congo est un personnage pour le moins fascinant qui n'a paslaissé les foules indifférentes:La publication de ce genre de document représentait un succès assuré pour unecertaine presse... Et chose étonnante: Le Roi Léopold II, encore méchamment mis en scène ici, n'a

jamais exigé de censure de la presse (excepté une fois, j'en parlerai à l'occasion).

Caricature de Th.Heine (simplicissimus, de Munich, 1905)

Les commentaires sont également excessifs. On sait aujourd'hui que lesexactions commises ont été largement exagérées, notamment pour des raisons

politiciennes... et si des abus sont avérés et à condamner, il ne faut pas en fairedes généralités abusives... Voyez le commentaire à cette caricature apporté, ci dessous, et extraite de: "Popold II, Roi des Belges et des belles par John Grand-Carteré":



" Cette image fait partie d'une série sur les puissances coloniales, montrant dequelle façon colonisaient l'Allemand (en dressant les girafes et muselant lescrocodiles), l'Anglais (en faisant rendre gorge aux noirs), le Français (en faisantla cour aux négresses). Le Belge, lui, est censé faire rôtir les noirs et en manger

les morceaux assaisonnés de diverses façons. La vérité c'est que les sauvagesde l'Etat du Congo ont souvent tué et mangé les employés blancs et noirs descompagnies; la vérité est que les gardes régionaux terrorisent les indigènes "par la vue de leurs fusils" et les obligent par la violence a aller chercher ducaoutchouc. S'ils refusent on les attache, on leur distribue gracieusement descoups de chicotte, et si cela ne suffit pas, on commence par leur couper lesmains, avant d'en arriver à l'argument suprême qui consiste à ... couper la tête. "

Type de photographies souvent présentées à l'époque...Ce type de document demandecertainement une recherche et des précisions quant à leur origine...



Le manneken-pis national !

Léopold II en manneken-pis: caricature de Julio (Le cri du peuple, de Bruxelles, 19 mai 1907)Légende:

" A tout seigneur, tout honneur. Hommage à notre grand barbu national. Il est le grand-maître, le pacha enchef, et pour bien le prouver, il signifie, par un geste d'arrosage tout à fait brabançon, tout le mépris que lui

inspirent la veulerie de ses sujets et les ridicules prétentions de leur Constitution "



Jacques de Dixmude, au Congo.

Les indigènes de la grande forêt, vus par Stanley: -d'après des notes de "Le noir congolais vu par nos écrivains coloniaux" -1953-" A tous les tournants, ils téléphonnaient le long du fleuve, leurs signauxd'alarmes; les forêts qui couvraient les deux rives s'en rejetaient de loin en loinles échos; ils frappaient sur leurs grands tambours pour faire appel à unerésistance féroce; de la jungle dans laquelle nous voguions on décrochait sur nous des flèches en roseaux, trempés dans du poison... Quel affreux pays.Les rives, sous leur rideau de hautes forêts vierges, étaient couvertes d'ennemisinvisibles et sauvages; à l'intérieur de chaque buisson, on voyait reluire des yeuxbrillants de haine; l'air semblait imprégné de miasmes mortels ! Des bois touffus

couvraient les rives et les îles. Nous rencontrions souvent des groupementspeuplés, mais l'attitude des naturels à notre égard avait généralement unvéritable caractère de férocité! Avec l'audace de l'ignorance et leur avidité decannibales, ils nous assallaient à chaque étape de troupes toujours fraîches.Seuls quelques petits villages nous laissèrent passer sans nous molester: laplupart détachaient leurs plus braves guerriers qui nous attaquaient avec uneaveugle furie "



Poursuivant sa descente du fleuve, Stanley est contraint d'engager un violent combat contre les robustes Bangala. Après avoir décrit, en détail, et avec

pittoresque, ce combat d'envergure Staley note: "Nous nous trouvons dans unmonde sanguinaire et je commence à ne plus pouvoir supporter les hordesimmondes et féroces qui l'habitent"...

Tolo. - Femme Basakata.



Portrait d'un topoké

Photo de A.Cauvin.

Légende: Les Topokés, habitants des rives du fleuve, sont farouches et indépendants. Leurslèvres et même parfois leurs parties génitales, sont tatouées. Ils sont intelligents et fiers et

résistent avec acharnement à toute tentative d'assimilation.



Un bref portrait de Stanley...qui en dit déjà beaucoup... de "Quand vivait mon père", Léon Daudet -1940-"Stanley était un personnage petit, aux traits réguliers et accentués, avec desyeux entre le vert et bleu, d'un éclat et d'une fixité allant jusqu'au dur. Il parlait en

français avec beaucoup d'accent, un léger arrêt au commencement des mots,qui donnaient plus de force à son discours. Il vivait au milieu d'une sorte de cour,composée de lieutenants fanatiques de sa personne, qui l'avaient accompagnédans ses expéditions et l'approuvaient dans ses récits avec des mouvementsaffectueux de la tête, de quelques personnes enivrées de ses exploits; mais audelà de ce cercle, il y avait un vide, une sorte de réprobation bizarre, tenant à saréputation de férocité".

Chant Warega: A l'adresse du chef -cité dans le livre Moukanda de Gaston Denis Perier, 1914-

Les Warega habitent au coeur de la grande forêt équatoriale, à l'est du Lualaba.Un chef est semblable à l'éléphant.Il est grand comme lui,Mais, comme lui, il doit protéger ses enfants,Les bons et les mauvais.Voyez l'éléphant ! il ne chasse pas tous les vilains parasites qu'il a sur les flancs...

Pays de cannibalesLéo Lejeune, Lothaire -1933-

A la descente, tous ces villages étaient vides. Cette fuite était justifiée par lapiraterie des traitants qui au temps passé, fréquentaient la rivière. Ils venaient yéchanger les esclaves, la viande humaine achetée dans le Lulonga, le Loporicontre des pointes d'ivoire, leurs affaires commerciales réglées, ils ne segênaient guère à la descente de la rivière pour enlever une femme, un enfantisolés ou même s'ils étaient en force, attaquer un petit village, y faire desprisonniers ou des otages, et disparaître rapidement. Le cannibalisme n'avait pasété exagéré. Le débarcadère des villages était marqué par des lignes de crâneshumains enterrés régulièrement, le dessus affleurant le sol comme une ligne depavés blancs. La plupart des habitations étaient ornés d'un ou plusieurs crânesmarquant l'importance, la richesse du propriétaire par le nombre de têtes de cebétail spécial qu'il avait pu se payer. Tous ces villages regorgeaient de vivres,poules, moutons, chèvres. Ce n'est donc pas la faim, le manque de viande,suivant l'opinion généralement admise, qui poussait ces populations à se nourrir de chair humaine. Le manque d'une garnison suffisamment forte pour se fairerespecter ne permettant pas de laisser un poste dans la région, Lothaire quitta laNgiri pour rentrer à la Nouvelle Anvers en longeant, comme à l'aller, la riveoccidentale du Congo.



-sur le fleuve-

un chant de chasse des pygmées- chant Kabaré Batwa -

Les blancs ont mis un piègeDans la forêt, près de la cascade.Un piège qu'ils ont caché

A l'endroit ou Namoyoumbou, le singe rusé.Vient se désaltérer.Ils ont mis le piège et sont retournés à leur village.Quand Namoyoumbou passa par là.Il y tomba.Les blancs accoururent en entendant ses cris.

Ils virent le singe hurlantEt ils rirent en chargeant leur fusil. Au moment où Namoyoumbou ouvrait largement ses mâchoires.Pour pousser un long cri de détresse.Les blancs firent feu dans sa geule.

Ah Ah !Namoyoumbou gît mort dans la trappe verte.



Un chant des porteurs noirs

Ecoutons à présent des paroles chantées par les tipoyeurs (les porteurs de tipoy).Ces paroles ont été notées par J-M Jadot , parti pour le Congo en

1910. Rappelons qu'à l'époque le "tipoy' ou chaise à porteurs était un moyen delocomotion couramment utilisé.

L'un deux dit Jadot, psalmodie derrière moi, en nasillant:- Le blanc que nous portons est un grand blanc.Et comme en écho, l'attelage unissonnant, répond sur une note longue et grave:- blanc !Le blanc que nous portons n'est pas un Portugais !- Portugais !Le blanc que nous portons n'est pas une "compagnie"- Compagnie !

Le blanc que nous portons n'est pas un commandant !- Commandant !Celui-ci est le juge qui tranche les différends !- Différends !Le blanc que nous portons est le chef de famille (Engambi) !- Engambi !Le blanc de la chaise qui suit est son frère cadet !- Frère cadet !Le blanc que nous portons est un blanc lourd de poids !- Lourd de poids !Bon poids mérite bon salaire pour les chevaux !- Nous sommes les chevaux !Les chevaux ne se contenteront pas d'un franc cinquante !- Un franc cinquante !Les chevaux ne se contenteront pas de deux francs !- Deux francs !Les chevaux ne se contenteront pas de trois francs !- Trois francs !Les chevaux veulent un écu d'argent !- Pata !Et de la viande de gibier !- Nyama ! (viande)Le Blanc que nous portons est notre Père !- Fafa !Le blanc que nous portons est le grand juge !- Djulionene !- Le blanc que nous portons est une lourde charge !- Olito !Et nous avons faim !- Djala, ho !



Quelques couplets d'une chanson des pioniniers: Edmond Picard rapporte de son voyage au Congo un chant de pionniers dont jevous livre quelques couplets (extrait de son ouvrage "En Congolie" -1896-troisième édition)

Y' en a qui font la mauvais' tête A leurs parents;Qui font des dett' qui font la bête,Inutil' ment.Puis un beau soir, de leur maîtresseIls ont plein l' dos.

Alors ils part' pleins de tristessePour le Congo !

Dans le Congo, les pauvres bougres

Pour quelques liardsS' esquint' au profit de jeanfoutresQui restent chez eux le ventre à tableEt les pieds chauds,Sans s' fouler l'oeil des pauvres diablesQu' mang' le Congo !

Dans le Congo, c'est là qu'on marche !Faut pas flancher.Quand on vous crie: En avant 'arche !Il faut marcher.On a beau faire des chicanesEt tout l' bib' lot,Faut prendr' la rout' des caravanes Pour l' Haut Congo !

Et encore ce dernier couplet, ajouté par l'auteur, et qui est pour le moins révélateur d'une situation inquiétante ...

Quand les nègres font des manièresPour l' caout-chouc,On prend des arm', on part en guerre,On les secoue.Les prisonniers, à coups d'machetteSont faits manchots,ça leur épargn' des frais d' manchettesDans le Congo !



Indigènes et huttes à Djibire. (clichés extrait de "Les merveilles du Congo belge" -auteur et

éditeur inconnu-)



Le général Thys, alors capitaine, au milieu de ses compagnons en Afrique, au cours de la

construction du chemin de fer Matadi - Léopoldville (1890). Photo extraite de "Les merveilles du Congo belge" -auteur et éditeur inconnu-



Le grand chasseur blanc !

De "Congo belge" par F.Lambin -1948-

Photo extraite de "Les merveilles du Congo belge" -auteur et éditeur inconnu-



femme et un tout jeune enfant qu'elle allaitait encore. Un jour qu'ils voyageaient àpied entre deux camps, ils furent obligés de planter la tente sur lesterrassements préparés à recevoir le rail et d'y passer la nuit; les porteurs, àquelque distance, s'étaient barricadés dans un camp improvisé. La tente était

assez grande et permettait de mettre un lit contre chaque muraille latérale, desorte qu'un couloir existait entre les deux couchettes; dans ce couloir une malle-bain, tub préparé déjà pour la toilette hâtive du lendemain matin; la jeune mamandormait dans un des lits, avec son bébé dans ses bras. Dans le courant de lanuit, un lion pénétra dans la tente, sournoisement, et ne réveilla la femme quelorsque, déjà, il s'était emparé du mari... Glacée de peur, elle entendait larespiration et les grognements de satisfaction du fauve se repaissant à grandcoup de dents de sa proie; paralysée par la terreur et incapable de crier, elle nebougea pas tant que dura le hideux repas... puis elle entendit le lion serapprocher encore et revenir sous la tente... elle s'évanouit alors... et, lorsqu'ellerevint à elle, le lion avait disparu... il était simplement rentré dans la tente pour se

désaltérer après son repas... il avait vidé le tub préparé pour l'enfant!...

Un humaniste au Congo...

Émile Vandervelde, homme d'Etat et écrivain a été un grand humaniste, qui s'estsouvent opposé à la politique de Léopold II. En 1908, Vandervelde voyage auCongo et utilise ses nombreuses observations personnelles pour écrire un

journal de voyage intitulé "Les derniers jours de l'Etat Indépendant duCongo". Dans cet extrait, il montre combien il est absurde de vouloir appliquer rigoureusement nos codes sans une grande réflexion préalable:

" Chez nous, toute responsabilité est individuelle et les lois sont faites enconséquence. Pour les noirs au contraire, toute responsabilité est solidaire, etcette solidarité détermine toute leur conduite. Dernièrement donc, un jeune chef budja, rentrant chez lui après la chasse, apprend que sa mère vient d'êtreassassinée par un individu appartenant au village voisin. Aussitôt, il prend salance et, sans rechercher quel peut être individuellement le coupable, il tue,conformément à la loi indigène, le premier habitant qu'il rencontre au village del'assassin. Puis ayant accompli ce que sa morale traditionnelle lui commande, ilva se constituer prisonnier au premier poste de l'Etat.- C'était ou plutôt, c'est un bien charmant et doux garçon, me dit le substitutJohansen, mais la loi est formelle. Il avait tué avec l'intention de tuer. J'ai dûrequérir contre lui. On l'a condamné au minimum: dix ans de servitude pénale. Etmaintenant, il est à Boma, où il sera mort avant deux ans!- Mais ne peut-on, du moins le gracier?- Cela ne dépend pas de nous, mais du Roi-Souverain.En effet, cela dépend du Roi-Souverain. Il a le droit de grâce. Il peut empêcher que cet homme ne meure, pour n'avoir pas fait autre chose que ce que lui



commandaient la morale et la coutume de ses ancêtres. Et bien cette grâce, je lademande. Si le récit que je viens de faire est exact, cette grâce s'impose. Ce nesera pas seulement un acte de pitié. ce sera un acte de justice."

Mungo Park (1711-1805) et les femmes du roi du Bondou: Un regardpositif...

"Ces femmes étaient au nombre de dix à douze, la plupart jeunes et jolies, etportant sur la tête des ornements d'or et des grains d'ambre. Elles meplaisantèrent avec beaucoup de gaieté sur différents sujets; elles riaient surtoutde la blancheur de ma peau et de la longueur de mon nez, soutenant que l'une etl'autre étaient artificielles. Elles disaient qu'on avait blanchi ma peau en meplongeant dans du lait lorsque j'étais encore enfant et qu'on avait allongé monnez en le pinçant tous les jours jusqu'à ce qu'il eût acquis cette conformationdésagréable et contre nature. Pour moi sans disconvenir de ma difformité, je fisun grand éloge de la beauté africaine. Je vantai la brillante noirceur de leur teint,l'agréable aplatissement de leur nez. Mais elles me répondirent que dans leroyaume de Bondou, on faisait peu de cas de la flatterie, ou comme ellesl'appelaient, avec emphase, de la bouche de miel."

L'exposition de Tervuren en 1897, un zoo humain?

-Détail d'une carte postale d'époque-



Cette exposition, composée d'une manière très spectaculaire, a rencontréun succès énorme pour l'époque: 1.111.521 entrées!

A côté des nombreux produits du Congo, on expose aux yeux du public 260

congolais, dont 90 soldats, 34 épouses et enfants, 123 villageois du Bas- Congoet de l'Equateur, "plus deux nains du Haut-Aruwimi, un arabe et sa modestesmala et quelques boys de diverses provenances" selon les termes de Bruxelles-Exposition, le journal de l'événement. Parqués dans des villages reconstitués, ilsmiment pour les visiteurs, les geste de leur vie quotidienne dont des joutesnautiques sur les étangs proches! La ferveur du public est telle qu'elle doit êtremodérée: des écriteaux signalent "défense de donner à manger aux noirs, ilssont nourris". Le jounal de l'Etoile belge évoque alors d'un ton réprobateur "lesgâteries et les familiarités des blancs et surtout des blanches!" envers lescongolais ainsi parqués.Un scandale va freiner cependant cet enthousiasmes. Les rigueurs climatiquesd'un été pourri entraînent 7 cas de pneumonie mortels dans les rangs descongolais...(données extraites de "zoos humains", éditions de la découverte 2002)

Mais qui veut du Congo?

Le réveillon des souverains. (Le Frondeur, de Liège, 20 décemmbre 1884)

Légende:"Les boas impérators digèrent. Tout à coup, cependant, ils s'agitent. C'est qu'on vient d'apporter

sur leur table un superbe plum-pudding aux raisins noirs: Le Congo! A la vue de ce plat, lespuissants ventrus ont senti se réveiller leur fringale" - Et celui qui remplit l'office de maître d'hôtel-

découpeur, c'est, est-il besoin de le dire, S.M. Léopold II.



Caricature de Johann Braakensiek(Weekblad voor Nederland d'amsterdam, 13 janvier 1895)

Légende:- Le roi Léopold - Ecoute mon brave, je voulais te léguer ce petit cadeau, mais après réflexion, je

préfère te le céder tout de suite.- Jefken (le petit paysan belge) - Savez-vous (en français dans le texte), Sire, je crains que cet

animal y ne soit vraiment trop grand pour mon poulailler.



Prière pour la conversion des nègres: Notre Dame du Congo

Petit feuillet "prière", imprematur Mechliniae,28 juillet 1901.Extrait de la prière:

Souvenez-vous, ô mon Dieu, que vous avez promis de ne rien refuser à vos enfants. Nous voici

prosternés devant l'image de votre fils mourant, pour vous conjurer d'avoir pitié de l'Afriquepaïenne. Changez le coeur de ses malheureux enfants et sauvez leur âme...

Ce doc um ent me fait pens er à la célèbre ci tatio n de J omo Ken yatt a: Lors que les Blancs son t venus en Afr iq ue, nous avions les terres et i ls avaient la Bib le. Ils n ous ont appris à pri er les yeu x fermés: lo rsq ue n ous les avo ns ouv erts,

les Blancs avaient les terres et nou s la Bible.



Le Congo: c'est moi!

Voici l'homme clef de l'expansion coloniale belge:Léopold II, Roi des belges, représenté ici sur une carte postale d'époque comme SM

L'empereur du Congo...- Ce qu'il faut à Popold II, empereur du Congo, écrit la Réforme, c'est du

caoutchouc, toujours du caoutchouc, ce n'est plus un roi ordinaire, c'est un roicaoutchouc...

(Léopold II, pensées et réflexions de Georges-H Dumon)



Les belges dans l'Afrique centrale.

Détail d'une gravure (Les Belges dans l'Afrique centrale - 1890 -)-Cherchez l'explorateur !

Détail d'une gravure (Les Belges dans l'Afrique centrale - 1890 -)Légende: La sultane de N'disia

- L'explorateur refuse les hommages de ces dames...



La sultane:

Détail d'une gravure (Les Belges dans l'Afrique centrale - 1890 -)



Comment un nègre raconte l'arrivée de Stanley...

Extrait de "Sur le Haut Congo" de Camille Coquilhat:Voici ce que me raconta en décembre 1884, le Bangala Muele:

- Les Bangala n'avaient jamais vu un homme blanc et n'en soupçonnaient mêmepas l'existence quand un jour, il y a bien des dizaines de lunes, au moment où lesoleil est droit au dessus des têtes, une flotille de pirogues, aux formes pesantesignorées de la contrée, précédée d'un canot extraordinaire encore plus vaste,portant une grande perche debout vers son milieu apparut silencieusementdevant nos villages, en suivant le fil du courant.Les hommes qui le montaient étaient couverts aux trois quarts d'étoffes blanches,même sur la tête, chose singulière pour ce pays où le chef le plus riche se vêtaitd'un simple lambeau de tissu de bananier. Et, fait absolument nouveau,renversant toutes les idées des Bangala sur l'humanité deux êtres de couleur

blanche - oui blanche comme l'argile à poterie - paraissaient commander cetteexpédition. Ils semblaient avoir à peu près la même forme que le commun deshommes, mais leurs cheveux, leurs figures et leurs yeux étaient étranges.N'étaient-ce pas des envoyés d'Ibanza, le mystérieux esprit? Et pourquoi lesfaisait-il surgir soudain sur notre fleuve? Leurs desseins ne pouvaient qu'êtremauvais: ils avaient abordé à un îlot au lieu de venir se présenter à la rive,comme le fait chez nous tout voyageur non animé d'intentions hostiles. Aussi, aupremier moment, quand la distance ne nous permettait pas de bien distinguer,avions-nous pris leur convoi pour un parti de nos ennemis de Mobeka; l'alarmeavait été donnée et nous avions rassemblé nos canots pour le combat. Mais lesvêtements de leurs guerriers, la forme nouvelle de leurs fusils, et surtout l'aspectinattendu de ces personnages blancs nous avaient détrompés. Cependantplusieurs de nos pirogues s'étaient fortement rapprochées de celles de cesinconnus. Le plus vieux des deux êtres blancs avait les cheveux plats et gris, etdes yeux de la couleur de l'eau; il se dressa et montra une étoffe rouge et du filde laiton. Quelques-unes de nos équipes avancèrent, en discutant le sens decette attitude, avec la violence habituelle de notre chaud tempérament

Le temps des colons

Une histoire de bassin...

de croquis d'Afrique par Yvonne Duckers-Nélis Edit.Nautet-Hans à Verviers -1935-

Depuis trois jours une femme harcèle mon compagnon. Elle accuse une de sesamies de lui avoir chipé un bassin...



On a fait venir la coupable présumée; résultat: crépage de tignasse. Le chef s'estalors chargé de trancher la palabre et n'a pas réussi. Têtue, la plaignante revient à la charge, criant d'une voix perçante en réclamantson bien.

Excédé, le blanc impatienté lui dit en désignant une pirogue qui se balance aubord du fleuve: - Fous le camp, va voir si je ne suis pas là ? Docilement, elle se dirige vers la berge, jette un regard dans l'embarcation etremarque très naturellement: - Tu n'y es pas ? Puis elle recommence à crier en réclamant son bassin.

Femme Mangbetu.



"Moins l'Européen est intelligent, plus le nègre parait bête": Un bel exemple !Extrait de: Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922-"Moins l'Européen est intelligent, plus le nègre parait bête" est une citation bienconnue d'André Gide.

La première chose qui frappe l'Européen, frais débarqué au Congo, est l'extrêmefacilité de vie que le pays offre à l'indigène. Un mois de travail lui suffit à assurer la nourriture d'un an, jaillie en quelque sorte d'un sol prodigieusement fécond.C'est sans grand effort de sa part que l'élevage du petit bétail, la chasseabondante, la pêche, parfois miraculeuse lui fourniront de quoi améliorer sonordinaire. Quant aux préoccupations de logement ou de vêtement, elles sontnulles pour lui. Un climat sans hiver les lui épargne. Et, des cendres de labrousse brûlée, il retirera sans peine, le sel indispensable. Aussi, s'il le voulait, lenoir ignorerait le besoin.

Heureux homme! se dira-t-on. Il n'en est rien. Et précisément, c'est cette extrêmefacilité de vie matérielle qui est, qui fut, et qui sera la cause du désastre de larace nègre. Son caractère ne fut pas, en effet, trempé, comme le nôtre, par dessiècles de luttes journalières pour le pain quotidien. Si bien que le noir ne saitpas, oh ! mais pas du tout, vouloir ...Le malheureux est imprévoyant, insouciant à l'extrême, paresseux, incapable decontinuité dans l'effort et de suite dans les idées, et routinier à ne pas le croire...En deux mots: c'est un débile mental.En conséquence, il devait acquérir, et il a acquis toutes les tares des faibles: lafausseté, le goût du mensonge et du vol, la sensualité, la servilité, l'insensibilité.Par contre, il en a aussi les qualités: la modestie, en ce sens qu'il se rendparfaitement compte de son infériorité; le manque de méchanceté et de rancune.Pour les avoir, il lui faudrait de la volonté. Il a aussi une patience, une patienceinfinie. De plus, si son esprit paresseux répugne à la recherche des causes - cequi est l'essence même de la routine - il reste très curieux des effets sur lesquelsil concentre tout ce qu'il a d'intelligence. Cela rend le noir bon observateur, subtilpsychologue, et surtout remarquable imitateur.

En somme, malgré ses défauts, il est plutôt sympathique, mais au point de vuemoral, chez lui, on laboure en sol pauvre... Maintenant que vous connaissez lefonds de son magasin mental, il ne vous échappera pas qu'un tel être, siintellectuellement désarmé, devait toujours être à la merci d'êtres de races plus

fortes, et, par suite, continuellement menacé de destruction. Dès lors, c'est dudoigt que vous touchez le caractère essentiel et commun de toutes les sociétésnègres d'Afrique...

Calme...



Photo extraite de "miroir du Congo belge" (1929)



Traversée d'une rivière avec un "bac"



Photo extraite de "Voyage au Congo" de André Gide (édition 1929) - sans légende -



Mise au pas d'un village de lépreux... L'ordre est troublé !D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950(notes non publiées)

Pour parvenir à ce village, on doit suivre un sentier en forêt, puis traverser unfleuve en pirogue.Le notable local est chargé de préparer le nécessaire pour le lendemain matin.Mais il témoigne d'un grand embarras; il objecte que les européens ne vont

jamais là bas.- "Raison de plus", luis répondis-je. Il ajoute que ces lépreux qui ne sont astreintsà aucune obligation, vivent comme des sauvages.- "Ils fument du chanvre et personne ne les contrôle; ils sont dangereux".Visiblement il cherche à me prévenir charitablement ou à me dissuader pour unautre motif...

La pirogue s'approche de la rive où sous les palmiers, je vois assez biend'hommes. Ils s'interpellent à haute voix et paraissent très agités alorsqu'habituellement, à l'arrivée de "l'état" tout le monde est calme et les anciens duvillage viennent à sa rencontre pour le saluer. La pirogue accoste et il n'y aaucun comité d'accueil; les hommes continuent à vociférer: j'en vois plusieurs quiont les yeux rougis par le chanvre. Ils n'ont pas de retenue et s'approchent demoi en gesticulant.Les deux policiers amenés par le notable crient "Silence" à deux reprises. Maisles drogués continuent à crier. L'ordre est troublé; dans cet atmosphère je nepourrai rien dire ni rien faire, sinon réembarquer. La faute est grave et je réagis: -"Fimbo !" (Fouet !).

Chacun des deux policiers s'approche de l'homme qui est le plus près de lui etcrie impérativement: - "couche-toi". Aussi bizarre que cela paraisse, je n'ai jamaisvu un homme se rebiffer à cet ordre; pourtant ici, il aurait pu en être toutautrement avec ces drogués qui, depuis des années, échappent à tout ordreétabli et dont les lances ne devaient pas être loin. J'ai pris des risques maisquand le devoir le commande, je n'hésite j a m a i s...Les deux hommes se sont couchés et reçoivent quatre coups de fouet sur lesfesses.- "Le suivant ?" dis-je en les dévisageant.

Le silence n'est pas complet mais je puis enfin me faire entendre: - "Je suis venupour vérifier si l'hygiène est respectée et si chaque case à son WC." En passant pour voir les WC. se trouvant derrière les cases, j'aurai aussi lapossibilité d'y découvrir un alambic. En tournant entre les cases, je me sensexposé à la lance d'un de ces inconscients irascibles. Chaque fois que je vois ungroupe à l'apparence hostile, je me dirige droit sur lui.Cela devrait déclencher l'agression éventuelle, mais le prestige de l'Etat - et peutêtre ma grande taille- leur en imposent. La visite -sommaire- terminée, jerappelle qu'il est interdit de fumer du chanvre et j'annonce que je reviendrai.



Nous réembarquons. Tandis que la pirogue s'éloigne du "Lazaret" je sens quetout le monde est soulagé d'en être sorti sains et sauf. Sauvage Afrique !

Rumeur et panique !article de presse publié le 27 janvier 1959.

A Luluabourg, une rumeur s'est répandue tout à coup sur le marché africain,suivant laquelle " les blancs avaient commencé à égorger des enfants noirs ". Lapanique s'est alors emparée des femmes indigènes qui se sont précipitées enmasse vers les écoles et ont fait irruption dans les bâtiments pour y arracher leurs enfants des mains des maîtres. Il a fallu une heure pour ramener le calme.

13 janvier 1959: Le message du Roi Baudouin (extraits)Répondant à une longue attente, le Gouvernement de Bruxelles annonceraaujourd'hui devant le parlement un programme de réforme qui ouvrira une étapedécisive pour les destinées de nos populations africaines.Le but de notre présence sur le continent noir a été défini par Léopold II: Ouvrir àla civilisation européenne ces pays attardés, appeler leurs populations àl'émancipation, à la liberté et au progrès après les avoir arrachés à l'esclavage,aux maladies et à la misère.Continuant ces nobles visées, notre résolution est aujourd'hui de conduire, sansatermoiements funestes, mais sans précipitation inconsidérée, les populationscongolaises à l'indépendance dans la prospérité et la paix. Au demeurant, loind'imposer à ces populations des solutions tout européennes, nous entendonsfavoriser des adaptations originales, répondant aux caractères propres et auxtraditions qui leurs sont chers. A cet égard, une large décentralisation, conjuguéeavec une extension du système électoral et l'abandon de toute discriminationentre noirs et blancs, permettra de hâter et de diversifier l'épanouissement desrégions, selon leurs particularités géographiques, culturelles, raciques ainsi queleur développement économique.



Le marché à Lokandu



Une histoire de matabich (pourboire)D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950 (notesnon publiées)

Rencontré le médecin du territoire.- "J'ai recousu une jeune fille qui avait été éventrée par un buffle rouge de la forêt;elle faisait partie d'un groupe de femmes qui portaient des vivres à la mine duCNKI à Biluwe. Lorsqu'elle a été guérie et prête à quitter l'hôpital, elle est venuevers moi et savez-vous ce qu'elle m'a dit?"- " Non, je n'imagine pas "- " Elle m'a dit: Bwana ! où est mon matabich ? Et elle a insisté pour que je luidonne de l'argent ".

Il m'est arrivé de constater à quelques reprises une attitude de ce genre, sidifficilement explicable. Si elle avait été guérie par un Congolais, il se serait faitpayer et elle aurait trouvé cela normal.Mais elle est guérie gratuitement par l'Etat; si l'Etat qui est très riche et puissantsoigne gratuitement, c'est parce qu'il y trouve un intérêt; un intérêt ignoré sansdoute, mais intérêt quand même, sinon il n'agirait pas ainsi. Il paraît donéquitable qu'il partage son "bénéfice" avec la personne dont il a profité pour s'enrichir...



Pour aller au Congo: L'Anversville.



Propagande coloniale (?) A la veille de l'indépendance...quel est le but recherché dans la publication de ce genre de document ?

extrait de "Le pari congolais ", composé d'informations de presse (CharlesDessart Editeur, 1960)

Cuisine coutumière !extrait de "Le pari congolais ", composé d'informations de presse (CharlesDessart Editeur, 1960)

La cour d'appel de Coquilhatville a eu à connaître d'une affaire d'anthropophagiequi s'est produite dans le district de Mongala. Dans cette région de la province de

l'Equateur, deux indigènes avaient tué et dépecé une femme étrangère à larégion. Leurs épouses organisèrent un festin au cours duquel la chair de lavictime fut consommée après avoir été préparée "suivant les recettescoutumières". Depuis que cette affaire a été révélée, la région est considéréecomme peu sûre par les habitants et les étrangers évitent de la traverser la nuit...(18 mai 1959)

Le voyage du Roi au Congo (1959)extrait de "Le pari congolais ", composé d'informations de presse (Charles

Dessart Editeur, 1960)

Le Roi, accompagné de M.De Schrijver, s'est embarqué à destination du CongoBelge.

Au ministère du Congo, on précise qu'il s'agit d'un voyage d'étude etd'information qui ne donnera pas lieu à de grandes festivités. A ce propos, M.

Albert Kalondji, leader du MNC, a déclaré:"Le voyage du Roi sera un succès s'il prend un certain nombre de mesuresconformes à nos désirs. Les africains ne comprendraient pas que le Roi neprenne aucune disposition pendant son voyage. L'esprit bantou ne comprendpas le concept d'un roi constitutionnel (17 novembre 1959).



- A Stanleyville, l'enthousiasme frisait l'émeute -



Relatant l'arrivée du roi à Stanleyville, un journaliste note que la réception fut"d'un enthousiasme qui frisait l'émeute" Au moment où l'avion passa sur letarmac on put croire un moment que le prodigieux accueil de 1955 allait serenouveler...

Et puis tout changea. Des cris d'"indépendance" certes, ne sont point séditieux,mais le ton n'était pas amène, loin de là. Le même journaliste constate que "lafoule parut souvent hésitante". C'est seulement après le départ du Roi que leschoses se gâtèrent sensiblement. "La masse environna les Européens lesabreuvant d'injures"... La gendarmerie a dû faire usage de grenadeslacrymogènes pour disperser la foule qui, refluant vers la ville, brisa denombreuses vitres à coups de pierres...




Mon azda (adjudant), Pourtant il y a les Ba-flamand et les Ba-wallon ?Extrait de "Les tams-tams se sont-ils tus?" de Oswald-Paul Monnier.

Puis-je encore te poser une question, mon azda?- Oui.- Belgique est un pays ?- Oui.- Pourtant il y a les Ba-flamand et les Ba-wallon ?- Oui.- Où habitent les Ba-flamand?- Dans leur mokili (région).- Elle est kitoko (belle) ?- Oui, tout comme le mokili des Ba-wallon.- Chez-vous, comment faites-vous pour vous comprendre? Il y a aussi le lingala?

- Bien sûr que non! Si on parlait le lingala en Belgique, nous ne devrions pasl'apprendre quand nous arrivons au Congo. Mais il y a des flamands qui parlentle français et des wallons qui parlent le flamand, mais il y a plus de flamands quiparlent les deux langues.- Qui commande là-bas?- Le roi que vous appelez le mwana kitoko et ses ministres.- Des ministres wallons?- Des ministres wallons et des ministres flamands.Il lui était bien difficile de comprendre, de saisir cette... entente (!) entre lesBelges et ne comprenait pas qu'une langue ne soit supérieure à l'autre. Mais, jecoupai là cette conversation, ne voulant pas entamer de discours sur nos

problèmes linguistiques... Je renvoyai ce curieux à ses occupations mais il ajouta encore: - Mon azda, ici à Kabinda nous savons que tout ce que racontent les évolués( sous-entendu politiciens congolais) n'est pas vrai. Quand à la différence entreles tribus, le gradé d'élite ferait déjà la différence si vous n'étiez pas ici...

Mon azda (adjudant), c'est quoi l'indépendance ?où interviennent déjà, les éternels problèmes ethniques... Extrait de "Les tams-tams se sont-ils tus?" de Oswald-Paul Monnier.

- " Mon azda,, c'est quoi l'indépendance ? ". Il prononçait "dipanda".

- En résumé, cela veut dire qu'à partir de ce moment là et petit à petit, legouvernement sera composé, d'abord de blancs et de noirs et, plus tard, de noirsexclusivement, dans le civil et dans l'armée.- Alors les officiers et les sous-ofrficiers seront tous des noirs? C'est donc eux quicommanderont?- Ben oui.- Et de quelles tribus seront-ils?



- De toutes les tribus, des Kikongo, des Bangala, Ngombe, Mongo, Basoka,Batetela, Bena-Lulua, Baluba Kasaï, enfin de toutes.- Mais cela n'ira pas, mon azda !- Et pourquoi ?- Parce que moi, je suis Moluba-Kasaï. Et si mon supérieur était un Bena-Lulua ?

In petto, je me dis "voilà déjà la lutte des classes qui commence !"- Et pourquoi cela n'irait-il pas ?- Si mon supérieur est un autre qu'un Moluba-Kasaï, il me punira sans motif. Tupeux imaginer cela?Vous les blancs, vous ne faites pas de différence, pour vous nous sommes tous

des Congolais.- Mais,Mulwembe, tous ces gradés iront à l'école militaire et ils apprendront qu'ilsne peuvent pas faire de différence, qu'ils ne peuvent pas punir sans motif.- Tu, te (non,non). Vous, Européens, à l'armée, ba-wallon et ba-flamand vousêtes tous égaux, mais nous, nous ne sommes pas assez civilisés pour cela.- Mais, si on vous donne l'indépendance, c'est que certains congolais pensent

que vous êtes assez évolués.- Tout va changer si vous partez tous. "Mabé" (mauvais).- Mais dis donc, Mulwembe, qui attend l'indépendance avec impatience, lesblancs ou les noirs ? Qui raconte à Léopoldville, au camp militaire, que tous leseuropéens devront partir? Nous ou vous ?- C'est vrai. A Léo, beaucoup de gradés et de soldats se rendent le soir dans desmaisons où des frères font de grandes promesses, comme par exemple; Tout iramieux quand vous ne serez plus là. Ils disent aussi qu'après la "dipenda", au lieude recevoir les rations, nous recevrons l'argent pour acheter tout ce dont nousavons besoin, que tout le monde aura la même paie, qu'il faudra d'abord vouspunir et ensuite vous faire partir.- Sais-tu, pourquoi les blancs ont décidé de donner le "posho" (nourriture) au lieude donner l'argent?- Je pense que c'est parce que vous aimez compliquer les choses. Ce serait plussimple, plus facile pour vous.- C'est vrai, mais voici une raison. Toi qui es protestant, tu ne bois pas d'alcool,bière ou masanga. Mais dans ta section, il y a le soldat Lunbafu?- Oui.- Si on lui donne l'argent, que penses-tu qu'il en fera?- Il ira au village, il se saoûlera, il ira coucher avec des ndumbas (femmescélibataires)...- Voilà, tu as compris.- Tu as raison, mon azda, et je vais te dire: il y a deux mois, je suis allé à Léochercher un contingent de soldats et j'y ai entendu de bien vilaines choses. Ilétait question des blancs, des militaires surtout.- Quoi par exemple?- Le jour de la "dipanda", il faudra vous mettre tous au cachot, sauf le blanc quiaura été méchant.Celui-là, il faudra le tuer et lui prendre sa femme s'il est marié.



- Tout cela c'est "bolema" (sottise). Et qui raconte de pareilles choses? Desmilitaires?- Non, mon azda, ce sont les "évolués", les "civils...

Mes parents en 1949 à Yangambi.



J'aime cette photo, mon papa est le 3è à partir de la droite, celui avec de belles chaussettes !Remarquez qu'en 1958, certains portaient encore le casque ...



Intérieur d'une case Mangbetu.



http://mac-gratuit.fr/site/dl/02/73d2bb44f3.jpg



1960: autocensure de la presse belge...



Légende: Bal noir et blanc ... autour de la table ronde

1960: On achète les blanches à crédit !



L'envoyé spécial du "Peuple" à Léopoldville, Gaston Bunnens, écrit le 29 juin1960:- L'indépendance sera une forte désillusion pour pas mal de naïfs. Surtout pour ceux qui croient encore qu'elle leur apportera tout ce que les européenspossèdent. Et par ordre de préférence, leurs maisons, leurs voitures et leursfemmes.Il y a eu de la part de certains individus sans scrupules une exploitation éhontéede leurs frères trop crédules. Ils leur ont dit:- Si tu veux une belle maison, une belle voiture, une belle femme, il faut payer pour ça. Et ce sont les femmes blondes, fausses ou naturelles, qui ont coûté leplus cher. Cela m'a été confirmé partout.

- Oui, m'a dit, à Limete, une européenne de 25 ans. J'ai été vendue. Et jeconnais même mon acquéreur. Je vous le présenterai tantôt. Pour le moment, iln'y a rien à craindre, mon futur... possesseur veille sur moi, sur la maison et sur la voiture comme un bon chien fidèle. Il ne veut absolument pas qu'il nous arrivequelque chose à nous trois... J'ai rencontré l'"acquéreur" qui en riant de toutesses dents éclatantes à reconnu:



- Oui, j'ai payé 4000 fr pour la maison, 1000 fr pour la voiture et 500 fr poumadame. Et j'ai versé l'argent tous les mois (car c'est à tempérament qu'il a faitce remarquable achat.)- Vous comprenez maintenant pourquoi nous sommes inquiètes, m'a confié la

jeune femme. On a beau dire que nous n'avons rien à craindre, que tout se

passera dans le calme et que l'ordre sera maintenu. J'ai en vain essayé dedétromper ce pauvre naïf. Il ne veut pas me croire puisqu'il a payé. Et combiende femmes sont dans mon cas ? Des femmes qui le savent, qui l'ignorent ou quis'en doutent ? J'essaye de me persuader que ce n'est pas sur moi que tomberala colère de l'acheteur, mais sur ceux qui l'ont dupé !

Que vous êtes heureux ! extrait d'une conversation avec un "brave Bantou,cultivé et intelligent"...Extrait de "Au Congo, face aux réalités" de M.L Comeliau.

- Que vous êtes heureux...- Pourquoi?- Parce que vous êtes blanc; moi je suis à plaindre parce que je suis noir. Toutce qui est noir est mauvais: la nuit est noire et hostile, la case du sorcier est noireet dangereuse, le ciel des tornades devient noir et menaçant, la cécité rend toutnoir et nous exaspère...- Tes paroles ne sont que vent; elles n'ont pas de sens. C'est vrai que tu es noir et je suis blanc. Après?- Vous ne comprenez donc pas. Blanc, ce que je veux dire? Cette couleur - (ilrapproche son bras nu du mien) - est comme une maladie, elle est comme lalèpre qui écarte les hommes et ne part jamais. J'ai beau étudier, j'ai beautravailler, j'ai beau imiter les européens, je ne serai jamais qu'un pauvre noir. Jesuis dégoûté de cette couleur que tout le monde voit, même vos tout petitsenfants qui me désignent du doigt dès qu'ils descendent du bateau.- Mais enfin, oublie ta couleur et pense simplement que tu es un homme commeles autres.- Impossible, impossible, j'en suis incapable et vous l'êtes aussi, car si vous êtesgentil pour moi, c'est parce que je suis noir. Vous y pensez donc aussiconstamment...

et l'auteur de poursuivre...: "Le traumatisme noir"Ne vous imaginez pas que cette façon hypersensible d'envisager les choses soitindividuelle. Elle est au contraire très répandue. Le R.P Charles intitulait "Letraumatisme noir" un article publié dans Zaïre de mai 1953. Il y relève un incidentqui eut pour théâtre Genève, au cours d'une réunion du Bureau International duTravail, incident dont il fut témoin comme conseiller d'une des sectiond del'assemblée. Là siégeait également un Nigérien, docteur en droit, d'uneintelligence exceptionnelle et parfaitement courtois, qui surprit bien des gens par



la façon très nette dont il s'opposait à toute mesure concédée aux noirs parceque gens de couleurs:

"Je refuse d'être enfermé dans cette légalité fondée sur la couleur, même sous prétexte qu'elle serait favorable au maintien ou au développement de la culture

noire. Toutes ces discriminations ne sont à mes yeux que des barbelés. Nousvoulons être traités en hommes et non pas en noirs. avec équité et suivant ledroit. Les exceptions et même les privilèges, nous ne les acceptons pas.Un privilège octroyé devient vite un carcan... La négrophilie et la négrophobie nous paraissent les deux faces d'une mêmeerreur. Nous ne voulons pas plus être aimés que détestés à cause de notre

pigment. Il n'a rien à faire dans la question. C'est comme personne humaine quenous entendons être traités. Qu'on oublie notre couleur et qu'on ne croie pasqu'en l'exaltant ou la dépréciant, on rencontre notre désir".

La hache et le palmier... faut se comprendre...Extrait de "Les tams-tams se sont-ils tus?" de Oswald-Paul Monnier.

Les maisons de mes militaires, faites en "poto poto" (boue argileuse) sedéteriorant, j'avais décidé de reconstruire le village sur un autre terrain. Lestravaux avançaient rapidement quand un jour Mutengo vint me trouver:- Mon azda (mon adjudant), là ou tu veux construire la cuisine collective il y a unmbila (palmier).- "Likambo te, kamata nsuka na yo mpe kata ye". J'étais persuadé lui avoir dit"Aucune importance, prends ta hache et coupe le". Il me regarda l'air stupéfait,me répétant:- "Nsuka na ngai, mon azda, nsuka na ngai". En même temps, il se protégeait lesparties génitales des deux mains. Comme Kigangati, mon 1er-sergent , arrivait,

je lui fis part de mon ordre donné, lequel semblait effrayé Mutengo... Il m'expliquamon erreur:Mon azda, tu lui as dit de prendre son sexe pour couper le palmier...

Ainsi donc "nsuka" voulait dire "sexe", alors que hache devait se traduire "soka"...



Au départ pour la Belgique...

J'aime cette photo, non seulement pour son originalité, mais aussi parce-queprise le jour de ma naissance en novembre 1953... Mais non ce détachementn'est pas venu me rendre les honneurs...mais se rendait à Bruxelles pour participer aux cérémonies du 11 novembre...

Une inspection militaire, au poil !Extrait de "Les tams-tams se sont-ils tus?" de Oswald-Paul Monnier.

Le drill n'était pas mal exécuté mais, à mon avis, il manquait un peu d'ensemble.J'y remédierais... Au signe de Billouez, je m'avançai, me plaçai à ses côtés et il fit lesprésentations des hommes, toujours au "garde-à-vous".- "Ye, Adjudant-chef Monnier, Sasaîpi, ye ajali commanda ya binu" (Voicil'adjudant-chef Monnier. Dès maintenant, il est votre commandant).Il me salua, je le remerciai, lui rendis son salut et passai immédiatement auxcommandements:



- " Place repos ! -Garde-à-vous ! -Ouvrez les rangs ! "Il fallait faire preuve d'autorité immédiatement. Les rangs ouverts, je passaidevant chaque militaire, lui faisant décliner son nom, son prénom, son numéromatricule et sa race. J'essaiyai, une fois de plus d'accrocher leur regard mais jen'y arrivai pas: ou bien ils vous regardent l'oreille ou la bouche ou le cou mais

jamais dans les yeux, sauf un, Liro que j'avais connu au centre pénitencier deLuzumu dans le Bas-Congo. A certains, je fis quelques remarques telles queceinturon pas assez serré ou pas graissé, bottines pas ou mal cirées, cheveuxtrop longs. Le "truc" pour constater l'épaisseur de la chevelure était de glisser uncrayon dans leurs cheveux crépus, au dessus du front. Si le crayon ne tombaitpas, restait accroché, il était temps de passe chez le coiffeur..

Souvenirs... souvenirs ...

Je pêche... (Kiyaka 1959...

Quelques années plus tard, exactement le 1 janvier 1964, Mulele attaquera la

station de Kiyaka, au coktail Molotov ! Les européens présents sont évacués,avec leurs familles, vers Kikwit. La cause de cette "attaque" est discutable,Mulele aurait décidé de s'emparer notamment des fournitures du laboratoire dela station ? Les belges présents, dont mes parents, n'ont cependant jamais étédirectement mis en danger et, bien avant cette attaque, ils avaient été appelés àla prudence ...



Notre maison à Kiyaka (1958)



Les coloniaux vus de Belgique...Extrait de "Les tams-tams se sont-ils tus?" de Oswald-Paul Monnier.Non, je ne regrettais pas de quitter l'Europe et j'étais content de laisser derrièremoi tous ces métropolitains et leur air dubitatif lorsque je leur parlais du travail,des prestations que nous avions à fournir à la colonie, des inconvénients quenous subissions, nous qui vivions avec les moustiques, les cancrelats, lesmouches, les serpents, notre manque de légumes frais, notre absence deconfort...Pour eux, tout cela n'était que légende. Ils croyaient ou semblaient croire quenous les "esclavagistes" faisions trimer les pauvres noirs tandis que nous étionsallongés à l'ombre d'un palmier, la bouteille de whisky d'une main, la chicotte(fouet) de l'autre et, éventés par un esclave qui nous rafraîchissait à l'aide d'unefeuille de palmier servant d'éventail et chassant les insectes.

A les entendre, nos deux grands passe-temps étaient les femmes noires et lachasse au gibier. Ils disaient aussi que, non satisfaits de leur faire partager notrelit et lorsque notre appétit sexuel était assouvi, nous faisions grimper ces noiresaux arbres afin de pouvoir les "tirer" comme des oiseaux ?



Véridique, cela me fut dit !... J'avais également appris que nous gagnions"énormément" d'argent, que nous faisions la fraude des diamants, de l'or et del'ivoire. Nos domestiques, nos braves boys, étaient considérés comme des ilotes

et que pour un oui ou un non nous leur faisions donner le fouet ainsi, d'ailleurs,qu'à nos soldats ! Bref, nous y faisions preuve d'une cruauté sans limite! Peut-être que ces braves gens avaient-ils entendus parler des "mains coupées", maisils nous confondaient avec les arabes. Peut- être avaient-ils entendu parler de lapeine corporelle, mais ils ne savaient pas que celle-ci était reprise dans le codede la discipline militaire, qu'elle était appliquée selon des règles très strictes etque, en général, nos "martyrs" la préféraient à celle du cachot!Quelle était la source de ces ridicules racontars?...



Femmes de Lisala

Les tams-tams se sont-ils tus ?est le titre d'un petit livre, à tirage limité, que je viens de dénicher chez unbouquiniste.L'auteur Oswald-Paul Monnier fut présent au Congo de 1954 à 1962 commecommandant de peloton de gendarmerie où il a notamment travaillé à Bakwanga(Mbuji-Maji), centre d'exploitation diamantifère, à la recherche des exploitationsclandestines. De 1960 à 1962, il a également été conseiller technique dans



l'armée de l'Etat autonome du Sud Kasaï, province dissidente comme le Katanga.Le livre, qui présente les souvenirs marquants de sa vie au Congo, est d'unelecture savoureuse par ses nombreuses anecdotes de la vie quotidienne auCongo de cette époque.Il raconte ses aventures, vraiment comme il le ferait à un ami...

Je vous livre certains extraits:La punition et les 12 arachides ou "Alors c'est fini pour vous les blancs..."-Cette scène se déroule en 1960-Je revivais le jour où nous avions reçu les instructions de notre Commandant enChef, le Général Janssens, annonçant que la peine du fimbo (fouet) étaitsupprimée. Cette décision avait été transmise à la troupe lors du du salut audrapeau le matin. De suite après la cérémonie, le vieux caporal Fataki,analphabète, dont le visage n'était qu'un tatouage, était venu me trouver, seul àseul, dans mon bureau pour me raconter:- Kalakala (jadis) on recevait 12 coups de fouet, ensuite 8 et pour terminer 4.

Nous sommes des hommes et nous acceptions cette punition comme deshommes. Au début, il y a très longtemps, quand j'ai été incorporé à la ForcePublique et lorsqu'une peine de 12 coups devait être appliquée, nousdemandions au blanc de nous compter 12 "nguba" (arachides) et, à chaque coupappliqué on en avalait une. Lorsque la main était vide, on la montrait au gradéqui appliquait la punition car, lui aussi, bien souvent ne savait pas compter. C'estainsi qu'il savait que c'était terminé.Et de conclure:- Mon Azda (mon adjudant), le fouet c'est fini ? Alors, c'est fini pour vous lesblancs !

Les folles promesses d'une indépendance...Toute la population villageoise et autre avait voté pour l'indépendance. Mais lespoliticiens belges connaissaient-ils les promesses pré-électorales faites (par lesleaders congolais) à ces braves congolais, tant citadins que ruraux ? En voiciquelques-unes prises parmi tant d'autres:- A l'indépendance, chaque congolais aura une femme blanche et, en plus unblanc comme boy !- Chacun aura une maison comme le blanc !- Vous ne payerez plus d'impôt avec lequel le blanc s'enrichit !- Il n'y aura plus de prison !Un certain leader avait promis, c'est incroyable:"Je ferai placer, au-dessus de toutes les routes, de tous les chemins, de grandsventilateurs comme ceux que les blancs ont dans leurs maisons afin que vous nesouffriez plus de la chaleur"Tout ceci est véridique. D'ailleurs, à chaque passage et meeting d'un de cesleaders congolais, certains gendarmes ayant toute ma confiance, assistaient encivil, aux réunions qui se faisaient en plein ait et venaient, le lendemain matin,me faire leur rapport. L'un d'eux d'ajouter même:"Ils sont "joba" (sots) ces nègres"...



Propos de sauvage !Homme blanc, pourquoi ne pas accepter une autre manière de vivre !

Hommes blancs, avez-vous vu la beauté de nos nuits d'Afrique? -Extrait de "mentalités indigènes du Katanga" De Harfeld:Nos sentiers, dis-tu, sont étroits. A quoi bon les élargir?Dans notre pays, l'herbe pousse vite. Le matin, de bonne heure, elle estruisselante et s'essuie sur nous. Nous tousserons et grelotterons de fièvre. Maispourquoi partir si tôt? Il est agréable de partir quand le soleil est déjà haut. Il faittiède alors et la rosée ne mouille plus les arbres.Nos chemins, dis-tu, font trop de détours. Mais si un arbre est en travers de ladirection suivie, nous serions bien fous de l'enlever pour ceux qui nous suivrontsur ce chemin. Il est moins fatigant de contourner la couronne ou les racines. Etsi des roches métallisées affleurent, pourquoi les enlèverions-nous à grand peine?Pour d'autres? Folie! Il est plus simple de contourner les roches. Cela allonge unpeu la route, mais nous ne sommes pas pressés comme les blancs.Un mpagazi revenu de Lubumbashi dit que pour y faire de grands chemins droits,on fait sauter à la poudre, des termitières dix fois hautes comme des cases. Ilétait si simple de contourner la termitière.Nos ponts sont rares. Mais pourquoi nous donnerions-nous la peine d'enconstruire? Il n'est pas si désagréable de traverser une rivière à gué. Nousn'avons pas de chausses à enlever. Supposons que nous fassions le travail. Lesfourmis blanches vont attaquer les troncs. Une averse grossira la rivière et il nerestera rien de notre travail. Pourquoi faire aujourd'hui ce qui sera détruit demain?Plutôt que de travailler, il est si agréable de redire des histoires, le soir, au clair de lune, ou de danser. Hommes blancs, avez-vous vu la beauté de nos nuitsd'Afrique par la grande lune? Il y a dans l'air une poudre pâle comme celle quipare les coquillages apportés parfois par les Batabwa du Tanganika. Il est douxalors de jouir de la quiétude de l'heure présente. Qu'importe demain?



Femme d'Umangi.



Type Kundu



Tatouage Mayumbé



extrait de miroir du Congo Belge -1929-

Et si nous parlions un peu du travail et des salaires ?- J'ai connu en Afrique noire un exploitant forestier qui payait la semaine de sesouvriers avec les recettes de la machine à sous qu'il leur avait offerte -Citation de Yvan Audouard.

Dans son livre: Le Congo au travail, réalisé en 1924 suite à son voyage auCongo, Joseph Wauters, ancien ministre du travail, se montre particulièrementintéressé par l'aspect matériel des choses.Voyons quelques-uns de ces commentaires:

Durant le voyage, à bord de l'Anversville.- Les nègres à bord: Tout le travail des soutes et des chaudières est fait par des nègres...Devant lesfoyers, munis de grandes pelles, les noirs sont aux trois quarts nus et ruissellentde sueur! Pour ce travail, ils touchent 320 francs par mois, plus la nourriture. Lesblancs trouvent que c'est trop, le noir n'ayant pas besoin de tout cet argent ?Mais quelques noirs m'ont dit que c'était trop peu! On sent du reste à chaque pasune grande distance morale entre blancs et noirs, même un certain mépris despremiers pour les seconds. D'autres noirs font le travail de nettoyage du pont; ilsfrottent les cuivres, avec une sage lenteur mais avec art; ils lavent et relavent lapeinture blanche du paquebot, où tout est blanc, avec une plus sage lenteur encore; ils nettoyent et huilent les engrenages des treuils des barques de

sauvetage; ils ne s'en font pas... mais ne gagnent que 100 à 150 francs par mois.Encore, comme tout l'équipage, quand ils sont à Anvers, à terre, durant dix jourstous les deux mois, ils ne touchent rien. Ils dépensent ce qu'ils ont gagné, ens'habillant bien, en cherchant...la femme blanche et, suprême ambition pour beaucoup d'entre-eux, en se faisant mettre des dents en or!- Le service à bord: Le salaire des mécaniciens et officiers diplômés débute vers 1100 francs par mois; ce n'est rien de trop s'ils sont mariés; les jeunes officiers n'ayant pasencore terminé leurs études ont 600 francs...

Dans le Mayumbé.

Il y a dans le Mayumbé 140 établissements commerciaux; la très grande majoritésont tenus par des Portugais, plus habiles à se lier avec les indigènes...Grâce à la quinine prise chaque jour avec régularité, et à une conduite un peuprudente, sans excès de boissons surtout, mangeant bien et ne s'exposant

jamais au soleil sans casque, on peut tenir.Il est pourtant prudent de revenir, autant que possible tous les deux ans, respirer l'air d'Europe.



Mais on voit des missionnaires et des soeurs, grâce sans doute à leur vie sobreet réglée, faire des séjours prolongés, sans avoir l'air d'en souffrir. Un ajusteur blanc de l'Etat gagne, outre l'habitation, un traitement annuel de 12000 à 15000francs, plus une indemnité de vie chère de 5000 francs. Ca va!J'ai rencontré des agents de compagnie qui n'avaient pour un premier terme que

10500 francs; mais les anciens peuvent faire leur pelote...Et les noirs?...Ils cueillent des noix palmistes et coupent des douves de tonneaux; ils ont aussides cultures de manioc, qui leur donnent de la farine, et des patates douces; ilstrouvent autour d'eux les bananes et les papayers, fruits excellents. Ils vont enfinassez aisément travailler dans les plantations et au chemin de fer, surtout sur celui-ci, car on y paie mieux et la ration y est forte; on accorde, en effet, 12 à 15francs de salaire par mois à l'Etat; dans les plantations on donne 6 à 12 francs.La concurrence se fait par la ration, car le noir tient à une bonne nourriture; on luidonne surtout du riz, du poisson et du sel. Toutefois, les hommes de métier noirsgagnent plus: un mécanicien de locomotive a 175 à 250 francs par mois, plus la

nourriture, les jours de maladie payés, la vie chère de 4 francs par semaine, descoupons de service pour sa femme, des primes...

Aux industries des huiles de palme à Leverville (Kwilu):Pour assurer l'alimentation régulière de l'usine et le fonctionnement de celle-ci,les huileries ont besoin d'une abondante main d'oeuvre. Elles la trouventdifficilement...Les travailleurs ordinaires reçoivent 30 centimes par jour plus la ration; leshommes qui montent aux arbres et scient les régimes gagnent 75 centimes, lesgrands boys ont 2 fr.50 et les brigadiers noirs4 fr.50 par jour, ce n'est pas énorme...La ration est, théoriquement, assez bonne, soit 500 grammes de riz, plus 100grammes de pain, plus du sel. Le riz peut être remplacé par du millet, du maniocou du maïs. Malheureusement, il a été un temps où l'on s'est borné à remettre duriz sec à des noirs qui n'en avaient jamais mangé et n'en connaissaient pasl'usage; cette erreur a coûté cher aux huileries, qui en ont éprouvé de plusgrandes difficultés de recrutement. Mais - malgré ce qu'on a bien voulu essayer de m'en dire quant à la résistance des noirs qui seraient à la fois des paresseuxet des êtres d'une force exceptionnelle ! ?- ce qui me paraît de nature à éloigner les travailleurs, et il n'en a pas manquépour me le dire, c'est la longueur du travail. Comme il faut toujours, pour éviter les acides gras, travailler les fruits aussi vite que possible, et comme on manquede main d'oeuvre, les usines, où la journée normal de travail va de six heuretrente du matin, à cinq heures, prolongent souvent le travail jusqu'à neuf heuresdu soir, parfois jusqu'à onze heures ! Certes, dans ce cas, les travailleursreçoivent double et triple salaire ou double et triple ration, mais qui peut soutenir une dépense d'énergie semblable ?



Femme tatouée du Mayumbé



extrait de miroir du Congo belge -1929-

La Belgique et le Congo

Composition de Johann Braakensiek (weekblad voor Nederland, d'Amsterdam, 21 avril

1907).

Légende:

Léopo ld , - Mon Congo...

La Belg ique , - Non pas votre Congo..., elle sera ma servante...

Topman et sa mousso (ménagère)

de croquis d'Afrique par Yvonne Duckers-Nélis Edit.Nautet-Hans à Verviers -1935-

Les noirs avaient baptisé Topman Malou-Malou (vite-vite), ....il avait une mousso, une plantureuse négresse d'un noir d'ébène aussi costaudeque son...mari.Il l'appelait Chnott. Elle était très propre, un peu frivole, et avait sept passions: lewhisky, les accordéons, les pagnes bleus à fleurs vertes, les fixe-chaussettes,les colliers de perles multicolores, son perroquet nommé Jefque et surtout sonphonographe. Chnott et moi devînmes vite des copines. Entre femmes on se



comprend toujours. Le lendemain du jour de notre arrivée, après que Topmanme l'eût présentée comme étant ses amours depuis treize ans, qu'il eût emmenémon mari visiter son huilerie, la noire vînt me tenir compagnie. Elle entramajestueusement avec son cher phono serré sur son coeur. Elle le posa à terreprécautionneusement, et me fît asseoir sans douceur sur un coussin qu'elle jeta

sur le sol. Elle en prit un autre pour elle et voulut me raconter un tas d'histoires.Elle baragouinait quelques mots de flamand et parlait lingala. Je ne connaissaisque le français et quelques paroles de la langue indigène... La mousso caquetaitcomme une poule et, toutes deux, nous faisions des moulinets avec nos braspour désigner soit nos pieds, nos cheveux, notre poitrine ou bien nos lèvres....Quelques jours après nous dûmes quitter ce charmant ménage bicolore...

Hélas, trois fois hélas, un an et demi après, le bruit courut que notre ami negoûtait plus un bonheur sans nuages. On parla de scènes, d'éclatantes disputessuivies de tendres raccommodements. On dit même qu'il y eût des gros motséchangés. Puis, un beau matin, Chnott plaqua son bienfaiteur après quinze ans

de vie commune. Comme elle était originaire du Kasaï, elle ne rentra pas chezsa mère.Elle vint se réfugier à Bongandanga, où elle débarqua l'oeil hagard et le madrassur l'oreille, et serrant sur son sein généreux la seule tendresse qui lui restait ici-bas: son phonographe. Tous deux allèrent prendre pension chez la vieilleCatherine, une négresse ratatinée qui tenait une case d'illusions à côté de lamaison de Philippe. Au tailleur, aux passants, aux âmes soeur et à moi, elleraconta que son ex-mari était un peu trop près de ses sous. Etait-ce vrai ? Lecruel refusa-t-il de rétribuer généreusement ses services ? L'avait-elle envoyésur un banc de sable (expression coloniale) par un caprice commun au coeur des femmes ? Nul ne le sut jamais.

La vie conjugale des célibataires d'Afrique est remplie de mystères auprèsdesquels ceux que l'on trouve dans les romans policiers ne valent même pas unpet de chat. Cependant Topman ne mourut point mais prit une autre femme. Il futpunit de sa légèreté, car il dut faire des folies pour plaire à sa nouvelle conquête.Je lui ai vu jusqu'à trois colliers de perles au cou. C'était scandaleux. Pendant cetemps là, la divorcée se consolait avec sa boite à musique et faisait des affairesd'or...

Un livre remarquable !édité en 2005, et qui présente un aspect trop souvent "caché" de la présencebelge au Congo...



" Dès les débuts de l'expansion belge au Congo, les coloniaux ont noué des liensintimes avec les femmes africaines qu'ils rencontraient, parfois pour des périodesprolongées de vie commune.Ces liaisons avec celles qui seront rapidement désignées par le doux

euphémisme de ménagères ont constitué un sujet de préoccupation pour lesautorités qui les ont successivement encouragées, tolérées, puis fermementcondamnées. Bien plus qu'une simple histoire des ménagères, cet ouvragepropose une étude de la perception de ces relations par les sociétés coloniale etmétropolitaine et des politiques de morale sexuelle mises en place par lesautorités. Il aborde également la prostitution autochtone et les anxiétés et lesréactions qu'elle suscite. Ces dernières illustrent la volonté de l'Etat colonial decontrôler des pratiques jugées subversives ainsi que le caractère stratégique dela sexualité en situation coloniale."Née en 1983, l'auteur: Amandine Lauro est licenciée en histoire et maître enanthropologie. Aspirante du Fonds national de la recherche scientifique, elle a

entamé une thèse de doctorat sur les espaces privés et leur gestion au Congodurant la période coloniale.

Avis personnel: Le dernier ouvrage de grande qualité que j'ai lu sur le Congobelge. Un livre qui ne néglige pas l'aspect humain et qui apporte enfin unéclairage original et nouveau sur notre histoire coloniale. L'étude réalisée estintelligente, fine, excessivement bien documentée et de plus très agréable àlire... Un livre de référence, vraiment indispensable ! La VW coccinelle, voiture préférée des colons ?Cette voiture a été largement utilisée au Congo, en effet elle était très fiable,facile d'entretien et "passait partout". Quand mon père recevait le dernier modèle,c'était la fête pour nous !Me voici au volant de cette petite merveille. Remarquez ma terrible coupe decheveux !



La classe et le charme...Une superbe photo "femme massaï -1953-"

Voilà ce que disent nos vieillards de la luneRelaté par Egide Straven et cité dans "le noir congolais vu par nos écrivainscoloniaux -1953-"

" - Maître, ce qu'on appelle la lune, ce sont les cornes d'une gazelle de lumière,dont les hommes ne peuvent voir le corps tant que les yeux vivent. Tous les mois,elle monte dans le ciel, et son corps reste invisible. Seule la lumière de sescornes, tombe sous le regard pour attester aux hommes qu'elle n'est pas morte



et les voix des tams-tams éclatent alors dans les millions de villages pour lesconvier à la danse. La bête de lumière monte et puis descend et va manger desherbes enchantées, là-bas, très loin dans la brousse des morts qu'on ne peutpas voir même du plus haut pic du Bu-Youla. Elle broute pendant des jours etdes jours en grand mystère, puis sous terre, par des eaux cachées qui

cheminent sous le sable et le roc, elle regagne son point de départ pour remonter encore une fois dans le ciel, redescendre et brouter et puisrecommencer sa route lumineuse. Elle aime les hommes, elle leur est douce etcompatissante. Quand elle ne reviendra plus, le chef terrible, le soleil, mangeratoutes les terres et tous les villages, boira les rivières et les lacs et les hommesne seront plus. Voilà ce que disent nos vieillards... "Commentaire personnel:Superbe allégorie qu'il me plaît d'appliquer au réchauffement climatique actuel et à la désertification galopante de nombreuses régions d'Afrique ! La gazelle ne protège plus les hommes: reviendra-t-elle?

Ali discute religion avec le boy de l'administrateur de croquis d'Afrique par Yvonne Duckers-Nélis Edit.Nautet-Hans à Verviers -1935-

Chez les "mon père " on nous apprend le latin, dit Ali, il faut être très malin pour se mettre ça dans la tête. L'autre, qui a été élevé à la mission protestante,reprend:- Oui. Mais chez les Anglais, on joue au football. De plus, les pasteurs sontmariés; les " mon Père " sont des hommes de rien, ils n'ont même pas unefemme.- Chez nous, on va à confesse, surenchérit Ali, quand on va y mentir, le Pèrenous donne des gifles. Le boy du chef de poste paraît assommé par cetargument, pas pour longtemps, car on l'entend crier d'une voix claironnante:- Eux ( les Anglais ) sont plus malins; ils peuvent mentir tant qu'ils veulent ...

L'archétype, type: nul besoin de vous présenter le personnage!



On parle beaucoup de Tintin, et il est encore régulièrement critiqué... pourtant,franchement rien deméchant, c'est un archétype du monde colonial très , très gentil... Il existe dans lemonde de la BD des images bien plus terribles et critiquables que ce brave petit

personnage...Congo belge: une ségrégation de fait ?

Le régime juridique au Congo belge a créé deux catégories d'individus: Les"indigènes" et les "européens". Les indigènes ont un régime juridique propre enmatière de droit privé et même lorsqu'ils sont soumis à des textes identiques,sont toujours à distinguer des européens...Extrait de Congo-Zaïre (GRIP informations -1990-)C'est ainsi que dans le code pénal, les châtiments corporels sont réservés auxseuls africains et il en va de même dans les faits, pour l'exécution de la peine demort commuée en cas de meurtre. Mais il existe un grand nombre d'autresdispositions réglementaires ou de fait qui qui aboutissent à la ségrégation. Lesafricains n'ont pas accès aux premières classes des chemins de fer, réservésdiscrètement aux européens; leurs enfants n'entrent pas dans les écoleseuropéennes; rien n'empêche les commerçants de leur interdire l'accès de leursmagasins (et ils ne s'en privent pas) ou de leur réserver un guichet extérieur pour les servir; le policier noir n'a pas le droit de verbaliser à l'encontre d'un blanc; etc.Ce sont là une infinité de "petites" distinctions dont l'accumulation finit par constituer un "régime" même si le caractère "officiel" ou "déclaré" de celui-ci estrelativement limité.Ceci sans parler de l'éventualité de mariages "inter-raciaux". Certes, hors desvilles, nombre de célibataires Européens cohabitent avec une "ménagère"

Africaine, mais que de scandales ... Un souvenir personnel:Même après l'indépendance certaines de ces "traditions" se sont maintenuesbien longtemps...

Ainsi vers 1964-1965, une école catholique d'Elisabethville (Lubumbashi) àrefusé à ma mère l'inscription de son filleul congolais sous le scandaleuxprétexte que ce dernier était un "fils de boy"!Ma mère a dû batailler ferme pour obtenir enfin cette inscription...



La femme blanche au Congo... toute une histoire !

Intérieur d'un agent à Léopoldville, d'après une photo du livre "Les merveilles du Congo belge" -1930-

Extraits de "Action féminine au Congo" du secrétariat catholique pour coloniaux -1944-page 10:- La population européenne du Congo, sans le Ruanda-Urundi, comprenait au1er janvier 1939, sur un total de 25.209, dont 17.536 belges, 13.448 hommes,7.347 femmes et 4.114 enfants de moins de 18 ans. Si nous omettons lesmissionnaires catholiques (dont 1.540 religieux et 1.285 religieuses) etprotestants (dont l'effectif comporte plus de femmes que d'hommes, 474 contre363) nous relevons que le nombre des européens adultes mariés s'élève à 6.991,et celui des femmes mariées présentes au Congo à 5209; il y a donc

apparemment 1782 hommes mariés dont la femme ne réside pas avec eux auCongo. Ce nombre doit s'ajouter à celui des célibataires qui est de 4.554; il y adonc 6.336 hommes sans ménage au Congo et 379 femmes célibataires... ... ...page 29:- Jadis la plupart des employeurs, tant Etat que sociétés, n'autorisaient pas lemariage des coloniaux avant leur premier départ. Ce n'était pas sans raisons, etelles avaient, sans doute, leur valeur avant l'autre guerre. Depuis l'Administrationde la colonie ne s'y est plus opposée, et bon nombre de sociétés ont suivi son



exemple. Le motif de ce changement d'attitude se trouve dans l'important facteur moral qu'est l'exemple européen pour la civilisation des indigènes; et cetteconsidération est tellement prépondérante qu'elle doit prévaloir, sauf exceptions

raisonnables et majeures, sur les objections contre le départ des ménages aupremier terme. Et pourtant, actuellement encore, c'est à peine si la moitié deshommes sont mariés et accompagnés de leur femme. Le célibat anormal de tantde coloniaux reste une cause de désordre et de certaines déchéances... ... ....

page 30:

La vie de la femme blanche en Afrique pose d'autres problèmes encore. Depuisque leur nombre a augmenté, il s'est développé dans certains centres une vie deluxe, une vie dite mondaine, qui est au point de vue de la moralité, marque un

progrès énorme sur l'existence coloniale d'antan, sans doute, mais qui comparéeà la vie habituelle de la femme belge en Belgique, est bien sujette à caution. Lamondanité au Congo n'est pas la traduction normale des besoins d'unesociabilité sélective, mais celle des besoins d'une sociabilité factice et peuregardante, qui a sa source dans le désoeuvrement féminin. Elle n'occupe pasles loisirs, elle remplit le vide. De là son exagération, son faux bon ton et sesaccidents fâcheux. N'en retenons parmi ses funestes effets qu'un seul aspect:l'image déformée qu'elle donne à l'indigène de la vie des chrétiens d'Europe,dont les missionnaires leur vantent la modestie, la simplicité, l'humilité dans lefoyer conjugal et familial. Cet aspect suffit pour imposer une réaction... ... ...

La langue indigène et le missionnaire ! trop bien ! d'après H.Trilles.

Avec les enfants de la mission, pendant de longues semaines, j'avais étudié lalangue, parlé avec eux, assoupli mes organes vocaux à une gymnastique touteparticulière; à laquelle parfois ils se montraient fort rebelles. N'importe! au boutd'un an et plus d'un travail assidu, je comprenais les enfants, les catéchistes mecomprenaient, et lorsque je leur posai la question: Puis-je maintenant aller dansles villages, pénétrer dans les tribus, le "oui" qui s'échappa de leurs poitrines fuisi spontané, si persuasif, que du coup mes dernières hésitations s'envolèrent.Vite aux préparatifs. Oh! ce fut bientôt fait Et mes premières armes je les fis auchevet d'un mourant. Il m'écouta avec beaucoup de patience, le pauvre, réponditmême "oui" à tout ce que je voulus lui demander et, du coup, je m'estimai passémaître et grand orateur. Les indigènes n'avaient qu'à bien se tenir et les sorciersà fourbir leurs vieux arguments; nous allions en découdre.



Arrivé à trois jours de la mission, dans un petit village perdu, je m'assiedsrésolument au milieu des guerriers et, sans dire un mot, j'écoutai de mes deux

oreilles. Mais, autour de moi, tout le monde avait fait silence. Voyant que je nedisais rien, le chef m'adresse le premier la parole:

- Mbola. Bonjour, deviens vieux ( Mbola devient vieux, c'est le salut ordinaire chez les Fang ?)- Hé, mbola ké. Oui deviens vieux aussi .- Ntange, wa yi zé? Blanc tu veux quoi ?

L'heure était venue de s'exécuter. Pendant un grand quart d'heure, avec force

geste, j'expliquai le but de mon voyage, nos croyances, nos idées, que sais-je ?Et lorsque je me fus rassis, le chef répondit simplement: Ntange a kobe ki fogo,ve bizâ wourk dia fala, Le blanc parle certainement très fort, mais nous necomprenons pas le français ! Quelle douche! Et moi qui croyais avoir faitmerveille !

- Mais, répliquai-je, je t'ai parlé ta langue- Ah ! répondit le noir, je n'ai pas compris !Et le chef continua: - Qui t'a enseigné notre langage ?- Les enfants de ta race qui sont avec moi.- Eh bien ! puisque tu as appris avec les enfants, retourne avec les enfants,quand tu sauras parler comme les hommes, tu parleras aux hommes. Et tout lemonde de rire !

Et ainsi d'un mot, s'envolèrent à la fois mes illusions et mes espérances, mesrêves d'avenir et mes pensées de conquête. Je rentrai à la mission, Gros-Jeancomme devant.



L'oeuvre médicale belge au Congo est incontestablement un apport positif.

Mission médicale contre la maladie du sommeil: palpation des ganglions.d'après une photo du livre "Les merveilles du Congo belge" -1930-



Légende: Boma indigène et sa porte d'entrée, chez les Lugbaru d'après "Les merveilles duCongo belge" -1930-



Traditions du passé: Une pratique barbare ?Dans ce détail d'une photo, la femme âgée porte encore un "plateau', la femme jeune n'en porte

pas,

Légende: Babira au village de Malabo, d'après une photo du livre "Les merveilles du Congobelge" -1930-

Extrait de "Congo, patrimoine de la Belgique" de Emile Verleyen, Editions deVisscher -1950-

Dans la région de Bunia et d'Irumu, à côté des pâtres Walendu et Bahema qui ypratiquent l'élevage, habitent les Babira dont autrefois les femme se mutilaienthorriblement le visage. Dès l'enfance, on perforait la lèvre supérieure des jeunes filles pour y passer d'abord un brin de paille, ensuite un petit bâton et enfin une baguette plus

épaisse. L'opération se poursuivait jusqu'au moment ou la lèvre étirée n'était plusqu'une mince bandelette dans laquelle on insérait un plateau de bois ou d'ivoireappelé pelele. On arrachait les dents incisives de manière à appuyer le plateaucontre les canines. La lèvre se déchirait-elle, il ne fallait pas nécessairementrenoncer à la parure: on se contentait de nouer les deux extrémités et unnouveau pelele, cette fois de dimension plus réduite venait remplacer le premier.

Ainsi mutilées, les femmes Babira sont répugnantes; elles sont surtout hideuseslorsqu'elles ne parviennent plus à réunir les deux bouts de la lèvre déchirée.



Quelle serait l'origine de cette pratique barbare? Serait-ce la manifestation d'unecoquetterie inconcevable pour nous? Vraisemblablement les Babira ont infligécette mutilation à leurs femmes afin que les trafiquants arabes les trouvent troplaides pour les enmener dans leurs razzias...

Une certaine manière de voir l'autre ! Un racisme conscient ?

Légende: type de pygmées ou négrilles, d'après une photo du livre "Les merveilles du Congobelge" -1930-



Ce n'est plus de racisme c'est de la bêtise ou espérons le de l'ignorance !Extrait de "Au pays des nègres" Par Tissot et Améro -1887-Il nous reste à dire quelques mots des nains africains...Les Akkas forment une race noire, qui a été découverte par Schweinfurth, dans

le pays des Monbouttous: leur taille ne dépasse pas un mètre et demi, mais ilsn'ont rien des difformités ordinaires des nains: au contraire, ils se montrent d'uneagilité extraordinaire, turbulents et braves. Leur couleur n'est pas celle desnègres; ils sont plutôt bruns que noirs; leur face est très prognate; la tête estronde, ils ont le nez enfoncé et les narines très larges. D'autres détails, tels quel'allongement des bras, l'écartement des jambes, la grosseur et leballonnement du ventre, mais surtout la courbure de l'épine dorsale en forme deG, paraissent rapprocher les Akkas des singes anthropomorphes...- Une question que je me pose. Dans la photo ci-dessus, que doit penser le

pygmée du blanc ? -

Avenir du Congo, après l'indépendance, vu par Lumumba en 1960:un rêve brisé !

- Extrait du discours de Lumumba, aux cérémonies de l'indépendance-Ensemble mes frères et soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, unelutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la

juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peutfaire l'homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congole centre de rayonnement de l'Afrique entière. Nous allons veiller à ce que lesterres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire des nouvelles qui seront justes et nobles.Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tousles citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans ladéclaration des Droits de l'Homme. nous allons supprimer efficacement toutediscrimination quelle qu'elle soit et donner à chacun la juste place que luivaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nousallons faire régner non la paix des fusils et des baïonnettes mais la paix descoeurs et des bonnes volontés.

Avenir du Congo,après l'indépendance,vu par le Général Janssens en 1960: unrêve impossible l

Suivant la célèbre phrase du général: Après l'indépendance = avantl'indépendance !

Sans doute le chef des armées congolaises de l'époque voyait l'avenir à lamanière de cette image...



Souvenirs, souvenirs...

photo extraite de "Congo" chez Letteren & Kunst -1958-



Les chaussures et les chapeaux ne sont pas de bonnes choses... Extrait de "scènes congolaises au Katanga" de F-M Druet -1933-

Quel âge as-tu, vieux père? Réfléchissant quelques instants, il avança ses deux mains fermées, les ouvrit,nous montrant dix doigts décharnés:"koumi, koumi, koumi...." Et ainsi quatorze fois !Cent quarante ans! Cela nous parut exagéré !- Comment comptes-tu en année?- Lorsque le soleil est là, répondit-il en mobtrant le zénith.



C'était pour nous une explication de l'erreur, le soleil passant deux fois par an auzénith, ce qui lui donnait environ soixante-dix ans. Cependant il prétendit avoir connu le temps des invasions arabes, des luttes sanglantes, du recul continudans la forêt.

- Tu as connu alors l'arrivée des premiers blancs ici?- Certainement.- Et que penses-tu de ce qu'ils ont apporté ?- Ils ont apporté ici de belles choses: des n'gouos, des massouas, desboundoukis, et encore et encore; mais il y en a qui ne sont pas bonnes.Oh! et lesquelles? demandâmes-nous intéressés.- Les chaussures et les chapeaux.- Pourquoi les chaussures et les chapeaux ne sont-ils pas de bonnes choses ?- Parce que les uns font mal à la tête et les autres aux pieds...

Chansons des colonies: Moi tout faire pour te plaire, -1931-

Moi savoir taper tapis, Moi savoir bien cracher sur chaussures, Moi bien faire la tambouille, les chatteries, les chatouilles, Les parquets, les bafouilles;

Moi avoir petits mollets pas laids, Et beaux petits macarons tout ronds, Moi chanter la chansonnette, Souffler dans clarinette, Et claquer castagnettes,

Moi tout faire pour te plaire, toujours, La cuisine, la vaisselle, l'amour.



L'aristocrate et l'habile chasseur... ou comment créer des préjugés !

Photos et commentaires... documents e xtraits de "Congo" de André Cauvin et J.Latouche -1949-

Légende: Les pygmées sont d'habiles chasseurs. Cet archer peut couper en deux une feuille d'arbre à plusde cent pas.

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Légende: les membres de cette tribu comptent parmi les hommes les plus grands du monde et possèdenttous ces traits aristocratiques.

Baignade interdite ! ( où la stupidité de l'homme blanc atteint des sommets !) Je vous assure que ce qu e vous l i rez ci dessous est extra i t mot pour m ot du l ivre "scènes

congolaises au K atan ga" de F-M Dru et édi tio n 1933, pag e 35.

Comm e toujours je n' invente r ien...

Les nègres. Les nègres du haut Congo, en général, sont malpropres, se lavent très peu.Ce manque d'hygiène s'explique; l'eau est assez rare, et où elle est abondante ilfait dangereux de se baigner: les crocodiles y pullulent; s'il y a dans la forêt unebelle nappe d'eau propice à la baignade, les grands fauves s'approprient la place



et les environs pour y attaquer leur proie.Partout, ou presque partout, les dangers guettent les baigneurs.Ils éprouvent cependant de temps en temps le besoin de se rafraîchir le visage;ils s'y prennent alors d'une façon singulière. Ils remplissent d'eau une tasse en

fer-blanc ou en émail; ils avalent une première gorgée; la seconde gorgée sert àlaver les dents qu'ils frictionnent avec le doigt, puis rejettent l'eau; ce qui restedans la tasse doit alors servir à l'opération principale: se laver la figure.Ils se remplissent d'abord la bouche, rejettent la tête en arrière et, doucementpour ne pas perdre une goutte, expulsent le liquide en un jet mince, de 15centimètres environ, qu'ils laissent retomber en plein sur la figure; ilsrecommencent l'opération jusqu'à ce que la tasse soit vide, se laissent sécher ausoleil, ils sont lavés ! De temps en temps, lorsque l'occasion se présente, le restedu corps est passé à l'eau. Aussi, lorsqu'on demande aux nègres un effortmusculaire quelque peu soutenu qui provoque une transpiration abondante, ilsne tardent pas à dégager une odeur âcre, pénétrante, insupportable !

Photo extraite de "Congo" de André Cauvin -1949-

Légende: Près de Modgé, peuplade de la race Mangbétou où l'on enserre la tête des fillettes dans des

bandages serrés afin que le crâne s'allonge.



Une réaction intelligente du Congo face au procès contre "Tintin"Extrait de presse du 21/10/10

"La ministre congolaise de la culture Kavira Mapera a défendu "Tintin au Congo"qu'elle qualifie de chef-d'oeuvre, lors de l'inauguration du premier festival de labande dessinée qui se tient à Kinshasa."Tintin au Congo" est au coeur d'un procès en cours à Bruxelles. suite à uneplainte qui estime cette BD raciste. Mais, selon la ministre, "pour legouvernement congolais, Tintin au Congo est un chef d'oeuvre. Cet album neblesse en rien la culture congolaise. Aux temps anciens, lorsque ce livre a étéécrit et que son créateur a été inspiré, effectivement, les congolais ne savaientpas parler français (...)Nous avons estimé que c'était un procès intéressé qui n'engage pas le

gouvernement congolais"

Impressions de voyages d'un journaliste... bête type ou reflet de lamentalité belge de l'époque ?

Extrait de Congo, terre vivante par Alain Burgaux -1949-

Tous les domestiques ici s'appellent "boy". J'ouvre la porte et je lance unvigoureux "boy".La réaction est instantanée. Le boy des valises apparaît.- Tu comprends le français ?- Si, Bwana (patron), ze compris !- Ah ! tu vas remplir la baignoire et repasser mon smoking.- Si Bwana !Je n'en reviens pas ! Pour la première fois que je parle à un noir, un vrai noir, unfils peut être d'anthropophage, un homme de la brousse qui, en plein vingtièmesiècle, court encore pieds nus dans un hôtel à 1/2 degré de l'Equateur, cethomme comprend ce que moi, homme civilisé, je lui demande de faire.

- Je suis cependant sceptique.- Tu as bien compris ?- Si, Bwana, ze compris.Et mon homme de tourner les talons...



Photographie et commentaire: la redevance en nature. revue Sabena "automne 1950.

De nombreuses tribus congolaises s' accommodent toujours d'un régime coutumier à caractère féodal

exigeant notamment la redevance en nature. Ci-dessus, une jeune femme porte sa contribution à son chef...



Une double page de la revue Sabena " automne 1950"

10 ans seulement avant l'indépendance du Congo, voici un reflet de la mentalitéde l'époque ! INCROYABLE !

Vivant présentement en paix grâce à la présence de l'homme blanc, les tribus indigènes n'ont gardé de leur

passé guerroyeur que des chorégraphies évocatrices, telle la danse du bouclier dont les documents que

nous reproduisons montrent deux aspects inspirés.



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Un livre essentiel: Dur mais juste !

Voici enfin un livre qui apporte un regard neuf sur l'histoire du Congo belge...et dans ce domaine, il était grand temps de donner la parole aux Congolais.Ces témoins Congolais, issus de milieux très divers, nous parle de l'époquecoloniale avec finesse, intelligence et cela avec, le plus souvent, une grandeobjectivité...Un livre à conseiller ! "Ce livre est le fruit de nombreuses interviews réalisés en 1999-2000 au Congo,pour une série de reportages radio".L'auteur François Ryckmans apporte toujours un commentaire soigné et prendsgrand soin de toujours situer le témoignage présenté dans son contextehistorique.

Extraits de l'introduction du livre:- " Il ne faut pas se méprendre; la quasi totalité des Congolais voulaient unaffranchissement de la lourde tutelle coloniale. Rejet massif du système, oui,mais je n'ai presque jamais entendu de propos haineux sur les blancs en général.Un auditeur attentif qui a vécu de longues années en Afrique avant et après lesindépendances, m'a lancé simplement après l'écoute de l'ensemble:



"Dur mais juste" - "Mémoires noirs: racontée par les Congolais, la période coloniale n'a pas été leparadis décrit par certains. Les Congolais reconnaissent l'importance de laréalisation des Belges, comme les infrastructures, l'enseignement et le systèmemédical. La pays connaît l'ordre, la stabilité et le développement économique et

social, mais dans l'inégalité, l'injustice et la ségrégation. De même aprèsl'indépendance, le Congo est loin d'une épopée heureuse..."

L'attrait des itinéraires congolais d'après la revue Sabena !

Les populations noires présentent maintes variétés ethniques et leur étudeconstitue l'attrait majeur des itinéraires congolais . Nos photographies caractérisent deux races fixées aunord de la grande forêt équatoriale. La croix pectorale que porte lune des jeunesfilles témoigne de la présence du missionnaire. Qu'il soit catholique ou protestant,il poursuit parallèlement à celle entreprise par l'administration civile, une tâche de

patiente éducation.



Sabena revue -automne 1950-

Une belle photo ancienne dénichée aux puces !

Les anciens coloniaux ont bien évidemment réalisé de très nombreuses photographies. Ce sont là devéritables petits trésors de brocante, surtout quand ces photos portent un commentaire... On peut lire ici,inscrit sur le dos du document:"Deux jolis sourire, remarquer les deux tatouages sur les joues".



Congo belge: monnaie d'échange entre grandespuissances !

ou les manoeuvres de la "Perfide Albion" ! Extrait de "Quand le Zaïre s'appelait Congo" de Jean Kestergat -1985-

La guerre 1914-1918 a fait de la Belgique une nation héroïque et elle bénéficiedu respect général dans le concert des nations. Même les anglais et les françaisrendent hommage à une colonisation qu'ils avaient jusque là si durement décriée.Le Congo en avait besoin. Peu avant la première guerre mondiale, les anglaisavaient tenté de négocier avec l'Allemagne un traité de paix dont le prix aurait

été payé par la Belgique et le Portugal: Londres et Berlin se seraient partagé lescolonies de ces deux petits pays. Mais la France s'y opposa, n'étant pointconviée au partage.

A Londres aussi, certains diplomates s'effrayaient du cynisme britannique etl'ambassadeur d'Angleterre en France adressait à son gouvernement une notepour le mettre en garde, disant sa crainte "que le cri de "perfide Albion" neretentisse cette fois plus justifié que d'habitude".



En 1917, l'Allemagne tentait de renouer avec Londres pour de nouvellesnégociations de paix et Guillaume 1er proposait d'en revenir au partage duCongo. Il y ajoutait quelques colonies françaises, pensant pouvoir amener Londres à renouer l'alliance anti-Bonaparte.Bien plus tard, faut-il le rappeler? Londres récidivait lorsque Chamberlain, en

1937, proposa à Hitler de lui constituer un empire colonial qui aurait comportétout l'Angola portugaise et la moitié sud du Congo.

Les archives secrètes de Berlin, rendues publiques en 1950, ont révélé quele 19 novembre 1937, lors d'un entretien Hitler-Halifax, la question a étélonguement évoquée. La proposition britannique a été précisé quelques moisplus tard, le 3 novembre 1938, par l'ambassadeur britannique Henderson. Ellefixait les frontières de l'empire colonial hitlérien: du 5è degré de latitude sud

jusqu'à l'Okavongo... Rapportant cette négociation, l'économiste allemant, AntonZischka écrit "Hitler s'inquiétant de savoir si le Portugal et la Belgique s'étaient

déclarés d'accord avec le projet anglais, Henderson répondit par la négative."Hitler déclina l'offre. Neuf jours plus tard, les troupes allemandes faisaient leur entrée en Autriche...

Tintin au Congo = paternalisme-racisme ?

Pensez-vous vraiment que le Congo actuel aurait édité ce timbre si Tintinreprésentait encore une image à considérer comme raciste ?



Et je cite une phrase d'Hergé lui-même: "J'ai été nourri des préjugés bourgeoisdans lequel je vivais... et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères là,dans le pur esprit paternaliste, qui était celui de l'époque en Belgique".

Ali: un grand diable de boy. Extrait de "Croquis d'Afrique", de Yvonne Duckers-Nélis -1935-

Les pieds-nus, la chemise flottant par dessus son pantalon, ceint d'un tablier blanc, Ali debout près de la table basse passe la soupe. Non loin de lui, je pétrismon pain.C'est un grand diable de boy à la face large et plate; il s'appelle Ali Etoutou, cequi veut dire Ali le mur. Il est très fier d'être né à l'ombre d'un grand poste etd'être le fils d'un chef.Quand il se dispute avec les indigènes de la brousse il ne manque jamais de leur dire d'une voix méprisante: "Tais-toi paysan". Elevé par les missionnairescatholiques qu'il appelle "mon Pèle", il a conservé de son éducation religieuse ungoût très pronnoncé pour le plein chant.Marié selon les rites de sa religion, cela ne l'empêche nullement de forniquer tous les jours et d'avoir une concubine. Il administre de temps à autre de solidesraclées à ses femmes pour leur rappeler qu'il est le maître. Un jour qu'il était tropbrutal; mon mari étant intervenu se vit faire cette réponse par le boyprofondément vexé: "Le femme, n'est-ce pas de la viande avariée ?"

Tout en travaillant, il chante la messe. Il commence par le gloria qu'il chanted'une voix de tête irritante et fausse, descend d'un ton pour revenir au kyrie,dédaigne le credo mais arrive à toute vapeur au sanctus qu'il embrouille etrythme à la cadence du pilon qui tourne vertigineusement dans la passoire...Brusquement le chant s'arrête, le pilon a rencontré un haricot récalcitrant. Un jetde soupe gicle et va éclabousser le cuistot en pleine figure. "Nom de Dieu", jure-t-il avec une mâle énergie. Après s'être essuyé à son tablier, les pieds croisés etappuyé de deux mains sur le manche du pilon, il interroge:

-Quand je serai mort, irai-je au paradis?- Peut-être, mais pour cela il ne faut plus jurer ni voler du tabac à ton maître.Il dédaigne la remarque et se met à réciter, à la façon d'un écolier: "Le paradisest un village où il y a beaucoup de femmes, beaucoup de viande et beaucoupde manioc; on n'y travaille jamais".Si ce sont les pères qui lui ont appris cela ! Il est vrai pourtant qu'un pareil patelinreprésente exactement aux yeux d'un nègre le lieu de délices par excellence.Il rit avec moi de ce qu'il vient de dire, puis demande:- Serai-je encore un homme noir lorsque j'arriverai au ciel ?



- Les âmes n'ont pas de couleur Ali.Il réfléchit, son visage prend une expression attristée. Ensuite il profèresentencieusement en crachant par terre avec mépris:- Dieu est un lufundu (brigand, voleur, bandit).- ???

- Il a créé les nègres.Pour changer le cours de ses pensées et croyant l'enbarasser, je lui demande endésignant mon mari qui s'éloigne sur sa bicyclette:- Pourquoi les roues du vélo tournent-elles Ali ?Sans hésiter il répond:- Parce que le blanc a deux pieds...Ceci dit, d'une voix pleine et très juste, il entonne l'agnus dei et achève sontravail...

Où l'on veut faire croire au bon peuple que le Congo n'est pas un pays riche !

Le professeur F.Baudhuin publie dans "La Libre Belgique" quelquesconsidérations sur l'importance économique du Congo du point de vue de laBelgique.Monsieur Baudhuin affirme que "le Congo n'a pas joué de rôle décisif dans lareconstitution économique de la Belgique, après la seconde guerre mondiale.Ce qu'on nous a conté en ce qui concerne les profits réalisés sur l'uranium, et leflot de devises étrangères que ceci nous a valu, est pure imagination".Et plus loin: "Le Congo représente dans le revenu national de la Belgique uneproportion modeste (au maximum 3% selon un rapport émanant de l'U.L.B) etqu'on pourrait même augmenter, pour la porter à 4 ou 5%, sans ébranler pour autant l'édifice financier de la Belgique".



Le Congo belge est même un pays en déficit budgétaire !

A l'assemblée annuelle des actionnaires de la Banque Centrale du Congo belge,le gouverneur, Monsieur Martin, a expliqué à son auditoire que, à la fin de

l'année 1958, la balance des paiements du Congo belge accusait déjà un déficitréclamant des mesures urgentes de redressement et notamment une politique

d'austérité. Monsieur Martin à ajouté: " On a trop sou vent laisséentend re qu e le Co ngo était u n p ays

r iche. Je ne s aurais partager cette opinion fal lac ieuse".. .

Photo datée de 1910, extraite de "En prospection au Katanga, il y a cinquante ans" par le major Sharp.

Propos sur les femmes: grostesque et scandaleux! Extrait de: Le coup de bambou par H.de Mathelin de Papigny -1922-

- Vous préférez les noires ?

- Et comment !- vous allez fort, pourquoi?- Pourquoi? Prétentions nulles, peau de satin, salaire modeste.- C'est tout?- Non, en outre, propreté, toilette simple et de bon goût; pas de dessous, pas dedessus. Ce n'est pas la noire qui imaginera successivement de se coiffer enplumeau, en colback, ou en couvercle de cabinet.- C'est fini?



- Pas encore, la noire est agréable au lit.- Ah! nous y voilà.- Oui, pendant l'acte, elle n'éprouve pas le besoin de gémir, mugir ou rugir; toutau plus, lors de la grande émotion, rare pour elle, vous insinue-t-elle, les doigtsdans les oreilles, ce qui n'est pas si désagréable en somme. Puis après le

baisser du rideau, si j'ose dire, elle vous fiche la paix; pas d'esprit ou d'ironie horsde propos, plus de gémissement sans motif - Et elle ne va pas se trémousser nue devant la glace ou bruyamment se laver avec un affligeant bruit de fontaine.Non, elle rajuste son pagne puis s'éclipse discrètement.- Tout cela, c'est l'actif de la femme noire. Voyons maintenant le passif: l'odeur!- On s'y fait.- La poitrine flasque.- Question d'âge, juste comme pour la blanche, et puis, quelle cambrure.- La bouche lippue.- Ingrat, n'en dites pas de mal.Et il me regarde de biais en riant. Je ris aussi, mais reprends:

- Et... la blanche qui,, elle, respecte vos tympans.- La blanche fait-il sérieusement, exception faite des mères de famille - celles quiélèvent leurs enfants naturellement - des femmes qui travaillent et des soeurs decharité, la blanche, du moins celle qui se croit avant tout un objet d'agrément , lablanche est une méchante bête...

Encore des mains coupées ! extrait de la presse d'octobre 1959.

Dans la région de Luluabourg, le conflit entre Lulua et Baluba a fait aux dernièresnouvelles 20 morts, tous Congolais. La force Publique a trouvé huit cadavres, lesmains coupées, dans la région de Demba. Le chef des Baluba à Léopoldvilleaccuse le gouverneur du Kasaï d'être responsable par sa carence, del'éclatement des troubles.



jeune fille des environs de Ponthierville.



Les travailleurs demandent une voiture... Extrait de presse du 3 novembre 1959.

Les observateurs de stanleyville pensent que les grèves déclenchées dans

diverses régions de la province orientale ont probablement plusieurs causes. Ilne faut pas, dit-on, sous-estimer l'invitation lancée par le congrès du M.N.C à ladésobéissance civile. Cependant les indigènes souvent peu avertis des chosespolitiques, font grève dans l'espoir de voir réaliser des promesses mirifiques.C'est certainement le cas à Yatomela où les travailleurs demandent une voiturepersonnelle gratuite.

D'après une photos extraite de "images du souvenir" de P.D'Ieteren.



Une quarantaine de morts Extrait de presse du 20 octobre 1959.

A Luluabourg, Baluba et Lulua restent sur le qui-vive, après les incidents

sanglants de ces derniers jours. Le meurtre de Monsieur Modeste Kambala,ancien chef Lulua et secrétaire communal de la commune de Ndesha, aprovoqué une vive émotion à Luluabourg. Les huit meurtriers de la victime ontété remis à la justice.Des otages Baluba, pris par les Lulua, ont été libérés par la police. Descentaines de cases ont été pillées et incendiées au cours des troubles. Auxdernières estimations, le nombre des morts atteint maintenant la quarantaine.

Bagatelles pour un massacre. Extrait de presse du 10 octobre 1959.

Au Kasaî des rencontres sanglantes mettent aux prises les Lulua et les Baluba.Ce qui inspire à un correspondant local les réflexions suivantes publiées dans un

journal bruxellois: "Nous devons comprendre que 50 années de Pax Belgica ontsimplement contribué à mettre en veilleuse les antinomies raciales et tribalessans les supprimer".Et plus loin: "Nous sommes convaincus qu'aucun système démocratique nepourra être établi d'une façon durable au Congo belge s'il ne tient compte, danssa structure, des réalités profondes qui diversifient les ethnies en présence.Faute de quoi, tout système politique si démocratique soit-il sera voué à unéchec certain; vouloir l'imposer n'aboutirait qu'à susciter momentanément l'unitédes ethnies congolaises contre nous".

L'avènement prochain du royaume... Extrait de presse du 28 septembre 1959.

Léopoldville: La police a arrêté un groupe de 18 personnes appartenant à lasecte dite "dieudonné" qui circulaient de village en village dans le territoire deKasangulu et se disaient envoyés par Kasa-Vubu pour annoncer l'avènementprochain du royaume des Bakongo. C'est le chef de Kimwa Kasa qui requitl'autorité, ayant été assailli et roué de coups par les "dieudonné" parce qu'ilvoulait leur interdire l'entrée du village.



Soldats congolais au front, lors de la sécession katangaise (1960) (photo de presse)

Principaux conseils des vétérans aux jeunes coloniaux... D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950 (notesnon publiées)

Beaucoup de coloniaux ont tendance à exagérer. Toutefois lorsqu'au restaurantou au bar, le patron de l'hôtel nous présente comme jeunes gens arrivant en

Afrique, ces vétérans, presque tous célibataires, deviennent paternels, serappellent leurs propres débuts et, sans forfanterie, donnent des conseils.Le premier de tous est de bannir tout sentiment dans les relations avec l'Africain.- Vous êtes certainement partis avec l'intention de ne pas faire comme ceux quivous ont précédés. Nous aussi nous avons pensé ainsi, mais on en revientrapidement..."L'Africain est encore comme un enfant de 12-13 ans, sans formation. Soyez

juste avec lui, mais sévère. Pas de familiarités dans vos rapports réciproques;cantonnez-vous aux relations de service uniquement. Commandez-le sinon vousêtes fichus".

Pas un seul colonial n'a fait tinter un autre son de cloche. Pour l'Africain, lacharité, l'humanité apparaissent comme une faiblesse; ils ne comprennent pas,ils ne cherchent qu'à en profiter. Ils rient du généreux donateur qu'ils ont roulé.Pour se faire respecter, il faut leur en imposer.



- Vous allez en brousse ! Alors vous aurez une ménagère (maîtresse indigène)puisque vous êtes célibataires. Une épouse eut été préférable mais voustrouverez ainsi une compagnie. "Vous y passerez comme tous les autres... tousceux que nous voyons arriver affirment qu'ils ne toucheront jamais une Africaine...

et bien... six mois après... ils ont fait comme tout le monde".Certains conseillent aux "bleus" qui entrent dans le service territorial de ne pasfaire de zèle au début.- "Ne tachez pas de faire mieux que ceux qui vous ont précédé et qui sont vossupérieurs; ils s'en froisseraient. Le chef qui est arrivé à sa position au bout desa carrière ne voit pas d'un bon oeil l'universitaire qui débute avec un grade qu'ila mis, lui, tant de temps à atteindre puis à dépasser. Il veut rester indispensable.Il met des bâtons dans les roues des jeunes; soyez souples et pliez-vous !".

- Dans les petits postes, on est bien obligé de fréquenter tout le monde. La peste,

ce sont les femmes. "Tachez de vous faire bien voir de celle de votre chef;n'oubliez pas qu'elle a de l'influence sur son mari". "J'ai connu un jeune agent...la femme de son chef en était amoureuse... il a préféré bien se conduire...résultat... il a été coulé !".

- Si un jour vous renversez un noir sur une route, ne suivez pas votre réflexe quiest de vous arrêter; mais filez au plus vite. Les Congolais ne comprennent pasl'accident; pour eux, vous avez tué. Si vous restez, ils vous tueront. Vousreviendrez plus tard avec la police ou la Force Publique".



Au marché de Ngiri Ngiri, le bruit courut que le mondela ya muinda se trouvaitsur les lieux. La foule assaillit le bureau du préposé du quartier et lapida lafaçade et les fenêtres.

Dans la commune de Saint-Jean, la foule s'en prit à une camionnette dont leconducteur avait été vu en train de distribuer des friandises aux enfants desécoles. La camionnette fut aussitôt attaquée et assiégée. Quand au chauffeur congolais, il avait pris prudemment la fuite...

L'opium du peuple

Le journal "Katanga", du 3 août 1959, constate que le chanvre indien se cultive"au nez et à la barbe des policiers" dans la province. Les paysans habitant lesalentours de la ville en font un commerce fructueux. De plus, cette drogue est àla portée de toutes les bourses. Le mal s'étend et le nombre de fumeurs missous les verrous est trop minime pour détourner la population de cette funestehabitude. Le journal demande que les autorités mènent campagne contre l'usagedu chanvre.



Rapports délicats avec la mission catholique. D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950 (notesnon publiées)

Mutongo comporte une mission de pères blancs, fondée en 1935, époque où il n'existaitaucune route de ce côté-ci. Elle est essentiellement désservie par trois pères, le père

supérieure D...., le père F..... et un troisième plus jeine, que j'ai vu partir aussi vite que samoto pouvait l'emporter: il claquait la porte avec l'intention de ne plu y revenir. Dès le

premier abord, il est apparu que les conceptions du père D.... et les miennes divergeaient.

En premier lieu, il m'a conseillé avec une vive insistance, de couvrir de tuiles romaines,le gîte à construire; tuiles que vendaient la mission ! Les avantages qu'il leur attribuait

étaient réels: élégance par rapport aux tôles susceptibles de rouiller et isolation supérieure.

Mais les avantages que je trouvais aux tôles l'étaient tout autant: coût moindre à la fois à

l'achat et au transport, à la construction de la charpente et à la main d'oeuvre de placement; en outre, assurance plus grande contre le bris et sécurité contre les dégâts des

tempêtes (La différence est grande entre la situation d'un bâtiment de mission habité en

permanence -dont la toiture peut être immédiatement réparée- et le gîte de brousse où il

n'y aura qu'un passage au bout d'un mois ou deux, sans entre-temps de présence ni dematériel de réparation-)

Par ailleurs, on les protège de la rouille par des couleurs spéciales, rouges ou vertes, de

bel effet... Combien de fois le père n'intervint-il pas pour essayer de placer samarchandise !

"Monsieur, j'ai appris... que vous assistiez aux danses indigènes" ! Une autre fois, il aborda un sujet fondamental, pour lui tout au moins.Après la messe du dimanche, à l'occasion de la tasse de café autour de laquelle se

livraient les confrontations, il me dit d'un ton compassé en caressant sa barbe:

"Monsieur, j'ai appris... que vous assistiez aux danses indigènes".- Mais oui dis-je étonné du ton de gravité employé pour cette entrée en matière.

- Vous savez qu'elle sont immorales ?

- Je n'y ai jamais rien vu d'immoral.- Parce-que vous ne comprenez pas les chants en langue idiomatique; ce qu'ils expriment

est d'une... vulgarité.

- J'ai pourtant vu vos confrères de la congrégation du Sacré Coeur de Lubutu y assister.Mieux, les organiser à la mission.

- Je n'en sais rien une erreur peut-être.

- Et vous voudriez interdire aux gens de danser alors que c'est leur délassement

traditionnel ?

- Vous pourriez utiliser votre influence en ce sens. Si vous y assistez, nous seuls ne pourrons pas grand chose; vous nous déforcez...

- Père, je ne comprends pas ! J'ai vécu un an en territoire de Lubutu, plusieurs mois à

Walikale et c'est la première fois que j'entends ce langage.- Pourtant vos prédécesseurs n'assistaient pas aux danses, eux ! Renseignez-vous !



Photo extraite de "miroir du Congo belge" (1929) - Femmes du Haut-Luapula -



Et encore...

- Monsieur, vous avez accordé une license de débit de boisson alcoolisée à un homme de

Mutongo. Il tient un café et les gens vont aller s'y saouler...

- Le café existait depuis longtemps, mais ne payait pas la taxe. Je l'y ai soumis et il a reçusa patente: rien de plus.- Oui mais...

Nous eûmes d'autres "échanges d'idées" de nature pécuniaire:

Le révérend s'étonnait de ce que je paie les porteurs à un tarif légèrement supérieur àcelui fixé par l'Etat. Il enregistrait évidemment des protestations des mêmes porteurs

lorsqu'il appliquait strictement le tarif... Par contre les cultivateurs s'indignaient de ce que

la mission continue à emporter leur farine au prix minimum de 1,20 fr le Kg, alors que

par suite d'une pénurie ailleurs, les commerçants offraient progressivement plus etfinalement 2 fr le Kg. La mission répliquait qu'elle achetait de la farine pour nourrir les

enfants de ces cultivateurs (les enfants logeaient à la mission) et n'avaient pas les moyens

de payer davantage...

Impression sur la ville la plus snob du Congo: décembre 1952. D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950 (notes non publiées)

A Léopoldville, on voyait de temps en temps un blanc rouler en vélo;Cost (Costermanville c'est à dire Bukavu) est trop accidenté pour les cyclistes.La Mercury et la Studebaker sont aussi communes que la Ford et la Chevrolet;les Lincoln et les Cadillac sont très bien représentées.Ne sommes-nous pas dans la ville la plus snob du Congo ?

J'aime regarder ces femmes à l'allure de duchesses qui les pilotent. Je ne voudrais pas avancer que lesfemmes de Cost. sont toutes jolies; mais elles sont toutes élégantes et parfois ne manquent pas d'une réelledistinction.Lorsqu'on jette un coup d'oeil sur les noms des colons installés dans la région, on constate que les Gothade Belgique et de France y sont très bien représentés.

"Costermanville est la ville la plus chère du monde" prétendent les gens de l'endroit.Il paraît que beaucoup de personnes "vivent au delà de leurs moyens" et à crédit.On nous confie à voix basse: "On rencontre de tout ici, c'est comme à Chicago".Ce serait aussi une ville à "cancans" où l'on observe et envie le voisin. On dit aussi couramment qu'il y a 90% de "ménages à trois" et de "faux ménages".



Photo extraite de "miroir du Congo belge" (1929)

-Troncs de Limba chargés sur Wagon-

Un conseil avec les villageois D'après les notes personnelles d'un territorial au Congo des années 1950 (notesnon publiées)

Ma table et ma chaise pliante, avec lesquelles je me déplace continuellement,sont placés à l'ombre d'un palmier et les notables s'asseyent en face de moi, sur le sol; les capitas sont accompagnés de quelques hommes influents de leur village.Le conseil se déroulera dans un ordre parfait, les orateurs demandant la parole,se levant pour parler et tous les autres demeurant silencieux.

- Bwana, lorsque nous prenons le chemin de la ville de Kinsangani, noustraversons d'autres territoires, d'autres villages; et que voyons-nous ? Des gensbien habillés, des gens qui peuvent s'acheter des tôles pour couvrir leur maison,des gens qui possèdent des machines à coudre et des gens qui roulent en vélo...

Or ici, rien de tout cela n'existe ! Pourquoi sommes-nous pauvres dans ceterritoire et pourquoi ailleurs y a-t-il des gens dans l'aisance ? Il observe unepause et dans la foule on murmure des "kweli", mot qui signifie "il dit la vérité".- Alors il vous appartient à vous, l'Etat, de savoir ce qu'il y a lieu de faire. Faut-ilcultiver du café ? Devez-vous amener des mines ici-même ? ou bien devez-vouspayer un prix plus élevé pour le paddy que vous acheter (1).



Mais faites que nous puissions acheter du savon pour nous laver, des pagnespour nous vêtir, des casseroles pour nos femmes et du sel pour la famille.

En parlant simplement, l'orateur s'est révélé touchant; il a exprimé l'important et il

a raison. Je suis ému; je n'ai rien à répliquer et plus grave je ne peux rienpromettre. Je me sens démuni et je suis triste de ne pouvoir encourager leursespoirs...

(1) En réalité ce sont les commerçants qui achètent le paddy. La date de lacampagne d'achat est fixé et un agent de l'Etat assiste obligatoirement aupesage des sacs et au paiement des producteurs congolais, de manière à éviter toute irrégularité.Mais dans l'esprit des congolais, c'est l'Etat qui oblige à cultiver des champs etc'est lui qui fixe le prix (minimum) d'achat, tout se fait sous sa tutelle, et ilapparaît donc comme le responsable.

- Déontologie coloniale! R.P.J Roussel, docteur en philosophie et en théologie,professeur au scolasticat des missions de Scheut-Déontologie coloniale- 1949, page 29:Il faut que la répression soit efficace. Elle le sera si elle est rare et commeaccidentelle. Qu'elle soit modérée, prudente, opérée avec calme et dignité, maistoujours avec énergie. Il faut que celui qui punit soit respecté, et jusqu'à uncertain point aimé. La répression doit être acceptée comme un remèdenécessaire. Que le travailleur s'y soumette de bon gré "Vaincre n'est pasconvaincre" Il ne faut pas préparer des rebelles et des révoltés. Il faut que le noir se dise et se disent entre eux: "Le blanc obéit lui-même à une loi supérieure quilui dit dans son coeur: tu dois punir"...

- "Le boy et la lampe à pétrole" Extrait de Blancs et noirs de Marie-Louise Comeliau -1942-Ces lampes à pétrole sont aussi une tentation permanente pour le personnel qui,s'il s'offre encore volontiers le luxe d'acheter pour son usage individuel unelampe tempête, n'a nulle envie de pourvoir à l'approvisionnement quotidien du ditluminaire... Il est de fait qu'un rapprochement s'impose entre l'éclairage de plusen plus luxueux des huttes à la boyerie et celui de plus en plus misérable quibrille chez les Maîtres. "Mais enfin comment se fait-il Nicolas que toutes les nuitsles veilleuses à présent s'éteignent?" - "Peut-être parce que nous avons mis del'eau dans le pétrole pour que la provision dure aussi longtemps qu'avant..." -"Qu'avant quoi?"- "Mais.. qu' avant que nous achetions nos lampes..."



Images et idées archétypes du Congo belge

Cartes postales

Je présente ici des cartes de ma collection personnelle, collection qui ne se limite pas à

des documents belges sur le Congo...

Humour facile pour large public...

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Intérêt ethnographique ou photo coquine ! Dans les années 1910-1920 les photos "exotiques" , colorées par des artisans, étaient en

vogue.

Je doute que cette "mode" soit inspirée par un intérêt "ethnographique" !



Idées noires pour une nuit blanche: humour facile pour tous...

Une carte postale militaire de la guerre 14-18: Un racisme bête et vulgaire !

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Tristesse, tristesse... !

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Installation primitive: commercez d"abord !!



Une carte qui date de la guerre 14-18: un racisme pour le moins vulgaire !



Jeune filles du Haut-Congo



Mise en scène de boys avec très probablement la ménagère du colon blanc,

habituellement photographiée avec son accordéon (cadeau classique du "patron" à sa

maîtresse)...



Une petite lumière sur un sombre sujet !



Une carte postale pleine de charme (imprimée à Turin)

Légende: Ragazze bilene

Des troubles dans la famille...

Légende: Si cet enfant ne devient pas blanc, il va y avoir des troubles dans la famille.



Première prière !

Légende: la première prière des nègres au Congo belge (1902) !



Mademoiselle ya bon!

Légende: Djibouti: Mademoiselle ya bon !



Romantisme des années 1910-1920 et sans trace d'aucune caricature... étonnant !



Blanche et noir/ Black en white... Mise en scène, plutôt osée à l'époque, du "bon serviteur noir" ...



L'homme clef de l'expansion coloniale belge Léopold II, Roi des belges, représenté ici comme SM L'empereur du Congo...



Une scène de pêche



Pas de tabou pour les enfants ! Cette carte humoristique des années 1920-1930 (!) semble briser un important tabou ...



Mise en scène d'un certain exotisme colonial...

Légende: jeune fille dans du coton...



Meilleurs voeux !

Pour vous, une carte postale kitsch de la fin des années 1950...



Une ménagère et deux fillettes de noirs... (ménagère = maîtresse de blanc, en jargon colonial)



Propagande, propagande... Durant la sécession katangaise, ce genre de caricature a été distribué par "amitiés

katangaises"Un américain et un russe profitent de la situation pour "vider le Congo de ses richesses"...

Il est vrai que cet argent était davantage apprécié quand il était belge... Aujourd'hui, cette

caricature pourrait être facilement mise au goût du jour en représentant, dans le rôle del'exploiteur, un personnage plus oriental... si vous voyez ce que je veux dire... mais quiose vraiment en parler...



Une caravane au Congo...

Voyons plus en détail...



Extrait de "Initiation à l'Afrique"

du docteur J-M Habig - 1948 - Une caravane bien conduite marche sans heurts...

et l'on peut,jour après jour, voir fondre les corps des porteurs.Ainsi était le chemin des caravanes...

Des hommes sans riposte.. sans volonté... ignorants des nécessités

de leurs propres corps... marchant... marchant... et fondant au soleil.C'est au dieu qui conduit les Noirs, de veiller, pour eux, à leur santé.

C'est lui qui veut le travail.

C'est lui qui doit connaître les possibilités des hommes, le rendement,la prévention et l'usure des corps.

Ces hommes sont comme les bielles d'un moteur...

C'est au Blanc de le sentir tourner rond...

Son système nerveux doit s'affiner,

il doit se prolonger dans tous les muscles qui constituent sa machine.En réalité, il faut être moralement aristocrate pour conduire des masses sauvages,

comme il faut être fin de caractère pour monter un pur sang.

Dépistez les fatigue des corps à la sueur qui perle sur les fronts...apprenez à percevoir l'odeur de cette sueur... comme celle du cheval, elle sentira la

fatigue.

Descendez de votre tipoïe... prenez le pouls de ces enfants qui se confient aveuglément à votre volonté.



Ayez toujours sur vous un thermomètre que vous placerez dans la bouche...

vous vous assurerez ainsi que vos hommes ne "chauffent pas".

Peut être devrez-vous exempter un fiévreux d'un lourd portage par temps orageux.Tâtez les mollets... palpez les muscles pour apprécier leur dureté...

un muscle qui a fonctionné trop vite contient un excès d'acide lactique.

Il se produit alors un appel d'eau pour le neutraliser et le muscle est oedemacié,dur et douloureux. Vous voyez que cela suppose un certain sens, un certain "flair".



Une carte made in U.S.A, datée de 1942, Traduction de la légende: "Descends, je t'attends..."



Légendes: Expédition citroën: La croisière noire, femme d'un chef mangbetu

(Congo belge)

Quand la joie se lit sur les visages ! - du plus petit au plus grand. - Légende du document: "Une belle famille de Bamania"

Détail d'une carte des missionnaires du S. Coeur, mission de Coquilhatville.

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Visite du Roi Baudoin au Congo: C'est la fête... ( si, si... !)

Le cliché de la "jolie petite jeune fille noire"...



No comment!



Après l'exploration...

Deux publicités en une, mais les rôles du blanc et du noir sont identiques...

La mode des "zoos humains":

A la fin du 19è et au début du 20è siècle, il a été très à la mode, en Europe, de reconstituer des villages

nègres. Ici une carte anglaise sur l'exposition d'un village zulu.



Le "zoo humain" de l'exposition universelle de Bruxelles, en 1897:

Une attraction spectaculaire, qui a attirée les foules, mais aussi une publicité géante pour favoriser l'entreprise coloniale de Léopold II.

Caoutchouc dans la forêt de Lusambo:

Ce qui est écrit par l'expéditeur est un beau témoignage de la motivation au voyage de ce

colon des premiers temps!

Thysville 22-2-1907



Mademoiselle, j'avais crû que l'océan m'aiderait à chasser votre souvenir de mes pensées,

mais je m'étais trompé. Je ne puis vous oublier et vous prie d'accepter cette carte comme

preuve de mon amour. Une de vos malheureuses victimes.Vous devinez n'est-ce pas?

Cannibales...

Légende: Arrêtez!

Le grand chef prendra son petit déjeuner au lit!



-sans légende-

Quand à celui-ci, c'est un autre genre de cannibale !



Images et idées archétypes du Congo

belge Négripub et kitsch divers

Négripub est le nom donné à l'exposition "100 ans d'images des noirs dans la publicité" qui s'est tenue à la bibliothèque Forney, en 1987. C'est aussi le titre du remarquable livre

édité à cette occasion. Je présente ici des exemples de ma collection personnelle, qui ne

se limite pas à des documents belges sur le Congo.

Un Chromo, made in USA, (années 1890)



Une petite boite métallique pour une poudre de cacao (années 1920)



Une publicité parue dans la revue "Sabena"-1950-



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Une boîte des cigares John...



Une petite boîte pour une cire au brillant incomparable !



Une boite métallique pour le bon café des années 1950...



Un petit carton publicitaire offert à ses clients par la vache qui rit ( années 1950)



Un protège-cahier d'écolier des années 1950



L'étiquette d'une bouteille de rhum: à votre santé !



Une grande marque, aussi en Afrique ! photographie personnelle, réalisée en 2009.



une boîte de cigarette...

et une boîte de friandises des années 1920-1930.



L'étiquette d'une bouteille de rhum: à votre santé !



Un bien curieux savon.



Petit carton publicitaire made in U.S.A ( années1880)



Une carte postale publicitaire des années 1950.



Une boite, en carton, d'un jeu de cartes (années 1920-1930)



boite métallique des cigares Cadena (made in Holland)



Mangez des bananes...



Amora, la moutarde idéale pour les tropiques !



Une belle affichette, dans le style art déco.



Le buvard excellent...



Une statuette kitsch... de bazar !

Il a été courant, des années 1920 aux années 1950, de trouver des objets de décoration

ayant comme thème les "nègres et les négresses'. De nombreux objets de bazar ontnotamment été produits. Voici le détail, fortement agrandis, d'une petite statuette de

pacotille... Je ne trouve pas cela "beau" au sens traditionnel du mot, mais il émane de ces

représentations une ambiance kitsch qui n'est pas dénuée d'un charme tout particulier...



Un petit carton publicitaire, pour une marque de coton, made in U.S.A (1880)



Un petit carton publicitaire, français, pour les épiceries L.Bodin ( /- 1890)

Une petite affichette, made in U.S.A de 1882



Petit négro: marque de culottes et sous-vêtements pour enfants.

Un porte-cendrier: le kitsch absolu !



Au nègre: amidon, cristaux, javel, colle à froid...

Kollos: le blanc gelatineux.

Pour vos plafonds, demandez Kollos, le meilleur des blancs gelatineux en poudre...



Un très beau petit carton, made in USA, de 1881.



Une boîte de cirage des années 1920-1930, au graphisme bien caractéristique de l'époque:

Détail d'une affiche bien connue de la Sabena, (années 50):



Voici deux publicités d'époque et de style très différent!

Ces deux documents illustrent des calendriers de poche.Le premier calendrier date de 1897:

L'image de l'enfant est réaliste, et représentée comme un document photographique.

Aucune ironie n'est présente. Le travail des enfants ne pose pas, à cette époque, un problème éthique...

Le second calendrier, qui date de 1952, est une caricature extrême, à la limite du vulgaire

ou du kitsch de mauvais goût.



archétypes du Congo belge

Mon choix de livres

Dans la très abondante littérature coloniale, voici

les livres qui sont pour moi les plus significatifs.

C'est un choix tout personnel, réalisé en fonction

de mes sensibilités propres. Je m'intéresse par exemple davantage aux relations humaines qu'aux

descriptions des richesses minières du pays.

Je présenterai ces livres des plus anciens aux plusactuels:

- Noirs et blancs de Pierre De Vaucleroy, Editionsde l'expansion Belge à Bruxelles -1934-

L'auteur, artiste peintre, "a composé ce livre au

moyen de fragments de lettres, écrits à sa femme,durant son voyage au Congo. Ce recueil de

souvenirs, loin de contenir surtout des notations

picturales, a gardé au contraire, ce qui ne pouvait

être peint ou dessiné".Avis personnel

P. De Vaucleroy présente une vision du Congo tout

à fait dans le style " Le bon sauvage...".

Voici un petit extrait du genre:- "Je n'ose pas en croire mes yeux, mais ce que je

lis en eux c'est une naïveté énorme, la simplicité de

l'animal avec une grande dignité très modeste etune douce tristesse résignée... Il me semble que je

les comprends si bien, ces parents pauvres qui ne

font que des gaffes, ces braves chiens à qui l'on

reproche d'être gourmands, ces pauvres ânes quel'on croit têtus..."

Malgré ce vocabulaire, aujourd'hui considéré à

juste titre comme injurieux, il n'en reste pas moinsque c'est bien une mentalité de l'époque qui est ici

dessinée. Et l'auteur reste, malgré le ton utilisé, un

être sans aucun doute très humain, bon etrespectueux des autres, ce que l'ensemble du livre

montrera à l'évidence à tout lecteur désireux de



dépasser les lieux communs...

Voyez cet autre extrait:

- "Le primitif me semble avoir beaucoup moinsque nous la peur de tuer ou de mourir. Le blanc

d'Afrique se modèle inconsciemment sur cette

conception, utile dans un monde où la force et lerisque sont encore tout-puissants. Sacrifices

humains, anthropophagie, guerres tribales,

partaient de convictions au moins aussi ardentes etsincères que celles qui ont poussé l'Europe à

assassiner quinze millions de ses fils, tout

récemment encore !"

- Le Congo belge par Franck L. La Renaissance

du Livre, Bruxelles, -1930- 2 vol. in 4.

Avis personnel

Comme pour "le miroir du Congo Belge" c'est iciencore la documentation photographique qui

présente l'attrait essentiel de ces ouvrages. La

qualité d'impression est généralement excellente.Le texte, propagandiste, est destiné à faire

connaître le pays, d'une manière très globale et ne

présente donc guère, pour moi, de réel intérêt.Ces ouvrages que l'on peut encore aujourd'hui

trouver assez couramment chez nos bouquinistesrestent curieusement, malgré leur présentation

luxueuse, d'un prix assez modique.

- Le miroir du Congo belge Bruxelles, Paris, N.E.A-1929-

2 vol. in-4: 286p., 284p.

Avis personnel:

Voici deux ouvrages, réalisés par plusieurs auteurs

dont Pierre Daye, Jacques Crokaert et PierreRyckmans, qui présentent le pays d'une manière

classique: histoire, économie, ethnie, art et cultureetc... Si la lecture de ces ouvrages est assez

plaisante elle n'apporte rien de bien nouveau aux

amateurs de l'histoire congolaise. Ce qui estremarquable dans ces deux volumes est la

documentation photographique, particulièrement



abondante, et d'une excellente qualité d'impression,

ce qui reste particulièrement rare, même de nos

jours, où la présentation de photographies d'époqueest trop souvent bâclée...

- Voyage au Congo, suivi de retour du Tchad deAndré Gide -1929- Gide, qui a été très impressionné par le livre de

Conrad "coeur des ténèbres" écrit ce livre après un

voyage au Congo français. L'auteur présente un

ouvrage très critique envers le système colonial,qui est devenu un grand classique du genre.

Avis personnel:

Malgré l'aspect souvent assez naïf des propos, et la

présence de très nombreux préjugés, l'auteur fait preuve d'un humanisme certain et c'est cet aspect

des choses qui apporte une valeur au livre.

Une bonne qualité littéraire permet une lecture qui,aujourd'hui encore, reste plaisante.

Si j'ai fait le choix de présenter cette édition de

1929, plutôt que l'édition originale de 1927, c'estque de nombreuses photographies réalisées par

Marc Allegret, compagnon d'André Gide, ont ici

été éditées. Le photographe réalise des clichésdes habitants dans leur vie quotidienne qui sont...,

comment dire, respectueuses des personnes. Lescongolaises et congolais photographiés le sont,

comme si le photographe travaillait sur des

employés et des ouvriers de chez nous, c'est à diresans recherche de spectacle et de sensation à tout

prix ! C'est en tout cas mon sentiment et cette

approche par l'image à tout pour me plaire... Dansle cadre de mon site vous retrouverez de

nombreuses photographies réalisées par Marc

Allegret. Malheureusement pour mes lecteurs il est

devenu presque impossible de se procurer

aujourd'hui cet ouvrage à tirage limité...Voici certainement un livre qui mériterait une

nouvelle édition...



- Coeur des ténèbres de J.Conrad -1925-

Conrad a séjourné au Congo du mois de juin aumois de décembre 1890. L'auteur nous raconte

son expérience de capitaine de steamer sur lefleuve Congo. On sait que l'auteur n'a rieninventé et que même les personnages sont réels

et identifiés. Conrad arriva à Matadi le 13 juin

1890 à bord du Ville de Maceio, qui transportait

du matériel pour le chemin de fer enconstruction. Dès son arrivée l'auteur se rend

vite compte de la scandaleuse exploitation de la

population noire, exploitation véritablement

meurtrière. Conrad va ensuite emprunter lechemin des caravanes pour se rendre à

Kinshasa. Sur ce chemin il voit des noirstravailler et des noirs mourir! Le 4 août 1890, àbord du Roi des Belges, Conrad va

entreprendre un voyage hallucinant vers les

Stanley Falls pour ramener et voir mourir à sonbord, un personnage énigmatique: l'agent

Kurtz, "véritable Néron de la brousse".

Avis personnel:

L'expérience de vie de Conrad au Congo estprésentée d'une magistrale manière et permet à

ce livre d'être considéré comme le livre

représentatif d'une méthode de colonialismeaveugle et cruelle. L'ambiance présente dans cet

ouvrage est absolument unique: magnifique et

glauque à la fois. Coeur des ténèbres est un

document capital pour l'histoire du colonialismeet du Congo en particulier. Dans le cadre de ce

site je présenterai de nombreux extraits

représentatifs de l'ouvrage..Coeur des ténèbres est aussi un monument de la

littérature. Ce livre véritablement hallucinant a

influencé fortement non seulement la littérature

mais aussi le cinéma, avec la réalisation dufameux film Apocalypse Now de Coppola, film

qui a magistralement recréé cette ambiance de

folie sombre, dans le cadre d'un autre contextehistorique. Coeur des ténèbres est le livre à lired'urgence pour ceux qui ne l'ont pas encore

fait ! Je signale à ce sujet qu'une nouvelle

traduction française, finement réalisée, a été



éditée par les Editions des Equateurs en juin2009. Seule critique à apporter à cette nouvelle

traduction: une introduction ennuyeuse et trop

longue.

- Causeries congolaises de Emile Torday. -1925-Grand classique du genre, l'auteur, ethnographehongrois bien connu, présente suivant ses propres

mots: " le véritable aspect des êtres et des choses

observées, comme je les ai vus pendant un séjour

de plusieurs années parmi eux ". L'auteur a ainsiconquis rapidement la jeunesse de l'époque

Avis personnel: Le livre est très "vivant," varié, et

accompagné de nombreuses photographies.

Le regard porté sur le pays et ses habitants estcependant pour moi, et c'est un avis tout

personnel,

un peu trop superficiel, candide parfois, et toujourstrop dans un certain "bon ton'.

- Le Congo au travail de Joseph Wauters -

1924- Joseph Wauters, ancien ministre du travail, a visité

certaines régions du Congo pour évaluer la qualitédu travail réalisé et les progrès économiques

observables.

Avis personnel: Cet ouvrage, trop souventméconnu, porte il est vrai un titre peu attractif!

J.Wauters relate cependant son voyage avec le

regard d'un bon "père de famille", et si il cite beaucoup de chiffres, c'est toujours avec un intérêt

pour le développement du bien-être des

travailleurs. L'auteur est curieux de tout, même du

salaire et des conditions de travail des ouvriers

congolais embarqués sur les bateaux. Aujourd'hui,même si la valeur des chiffres cités n'est plus que

documentaire, il n'en reste pas moins qu'il esttoujours possible de se rendre compte de certains

salaires, scandaleusement élevés pour les uns et

scandaleusement bas pour les autres!Contrairement à certaines critiques, c'est pour moi

un livre qui reste agréable à lire et qui présente une



qualité humaine incontestable. L'auteur n'hésite en

effet pas à critiquer les méthodes appliquées, par

certaines entreprises, dans la gestion du personnelafricain.

- Le coup de bambou par H.de Mathelin dePapigny -1922- L'auteur nous présente un livre, qu'il dit être

"sincère et vrai", sur la vie coloniale... "Les

personnages que l'on y voit s'agiter, souffrir et

mourir, ont vécu et vivent encore au Congo belge"...

H.de Mathelin s'attaque avec une grande vigueur à

l'administration coloniale mais aussi aux congolais,

d'une manière parfois considérée commeréellement outrageante. Certaines critiques de

l'époque se demandant même si de Mathelin n'est

pas un forcené...Avis personnel: La publication de ce livre,

véritable caricature de la politique paternaliste de

l'administration belge, est sans doute d'abordmotivée par une "vengeance personnelle'.

En effet on sait que de Mathelin, ancien directeur

des mines de Kilo-Moto, a été sévèrementsanctionné suite à ses méthodes particulières

appliquées à Kilo-Moto... ... et cela juste avant la publication de son "coup de bambou". C'est un

livre qui doit donc être lu avec un esprit

suffisamment critique. Les amateurs d'archétypeset de clichés divers seront bien servis...

- Moukanda par Gaston-Denys Périer -1914- L'auteur, chargé de cours à l'école coloniale de

Bruxelles, présente un choix de lectures sur le

Congo et quelques régions voisines.Avis personnel: Mukanda, qui signifie lettre ou

document écrit en général, présente un aperçuintéressant de la littérature coloniale de l'époque et

traite de sujets variés allant de la découverte du

Congo à la description des mentalités indigènes.Des extraits représentatifs de la plupart des

écrivains coloniaux sont repris dans cet ouvrage.



La lecture de ce livre procure encore un intérêt

certain. De nombreuses photographies anciennes

sont aussi présentes et apportent un charmesupplémentaire à cet ouvrage, aujourd'hui très

recherché par les amateurs du genre.

- En Congolie 1896, troisième édition, suivie de

Notre Congo en 1909, par Edmond Picard

(1909) L'auteur, avocat, écrivain et journaliste, est aussi le

premier sénateur socialiste de Belgique.Edmond Picard séjourne au Congo du 29 août au

03 octobre 1896 pour visiter les chantiers du

nouveau chemin de fer congolais. Il écrit ensuite

ses souvenirs de "touriste au Congo".Avis personnel: "En Congolie" est l'exemple type

du livre bourré de clichés, souvent franchement

racistes, et de jugements non fondés. Même siPicard peut parfois être révolté par les mauvais

traitements infligés aux noirs, on ne peut pas dire

que l'auteur se montre ici particulièrementhumaniste ! Ce livre est surtout intéressant comme

représentation des parti-pris d'un homme de son

époque, certes très cultivé, mais peu ou très malinformé. L'ouvrage met aussi très bien en évidence

la terreur que l'homme noir peut inspirer à l'homme blanc, dit cultivé et raffiné...

- Voir extraits du livre dans ma rubrique "Le temps

des pionniers"-

- Popold II, roi des belges et des belles



(1908) Par John Grand-Carteret (1850-1927)

Un classique du livre: amusant mais peu fiable ! L'auteur, écrivain et journaliste a étéconsidéré, dès son vivant, comme "le plusgrand remueur d'estampes et de documentsdu siècle". Grand-Carteret se présente lui-

même comme un historien et un archivistedes événements de son époque...

Avis personnel: Grand Carteret manqued'objectivité dans ses affirmations. Il utilisedes sources d'informations qui sontimprévues, non vérifiées et par conséquencepeu fiables.Il reste que les caricatures présentées sont unreflet de la mentalité de l'époque. « Chaquefois que des hommes ou choses se sontimposés à l'attention publique de façon

particulière ou qu'une figure ou un fait ontprédominé au point de tout absorber, je suisintervenu, j'ai fait appel à l'image », déclare-t-il, sans cacher son sens de l'opportunitécommerciale...Il faut donc prendre ces caricatures pour cequ'elles sont et ne pas vouloir leur donner unevaleur de témoignage sur la réalité des faitsprésentés...Dans le cas précis de l'histoirecongolaise, les caricatures présentées par Grand-Carteret ne sont donc, une fois de plus,

que le reflet d'idées préconçues, toutes faites,et c'est dans ce sens qu'elles présentent pour moi un intérêt certain.

- L'Etat indépendant du Congo -Documents surle pays et ses habitants-



Annales du musée du Congo, Bruxelles -avril

1904-

Après la réussite de l'exposition coloniale de 1897,l'Etat indépendant du Congo décide d'éditer, en

collaboration avec le musée du Congo, une série de

fascicules présentant les progrès réalisés dans lacolonie. L'ouvrage édité en 1904 regroupe 5

fascicules en un seul volume de format in quarto.

Peu de temps après, est édité un 6è fascicule, quine sera jamais groupé avec les premiers, bien que

la numérotation soit adaptée (de la page 163 à la

page 206) et qui porte le titre de"Vie indigène, les habitants".Il faudra attendre 1989 pour que l'ensemble des 6

fascicules soient édités, chez Didier Hatier, en un

seul volume sous le titre de "Naissance du Congo

Belge, L'Etat indépendant du Congo, 1500photos d'époque sur le pays et ses habitants,1903-1904" . Malheureusement je trouve que la

qualité d'impression n'est pas à la hauteur del'oeuvre originale. Le format plus petit de cette

nouvelle édition est également un choix que je

trouve malheureux..Avis personnel: Ces ouvrages représentent une

source importante de documents photographiques

des premiers temps de la colonisation belge auCongo. Je préfère quand à moi le dernier fascicule

qui présente les habitants et qui ne porte donc passur l'aspect "constructions et chemins".

Le style Art Nouveau utilisé dans la présentation

des pages est également intéressant à signaler pour les amateurs de beaux livres. Les nombreuses

arabesques utilisées ainsi que le découpage

adéquat des photographies apportent un charmecertain à l'oeuvre originale.

- Croquis Congolais de Charles Buls -1899- Pionnier, avec Edmond Picard, du tourisme

congolais, l'auteur est parti d'Anvers pour représenter la ville de Bruxelles, dont il est le

bourgmestre, aux fêtes inaugurales du nouveau

chemin de fer congolais. Parti le 11 juin 1896, ilséjournera au Congo et ne rentrera au pays qu'au

mois d'octobre de cette même année.



Avis personnel: Charles Buls, comme Edmond

Picard, sont les pionniers du tourisme au Congo.

L'auteur nous présente son voyage d'une manièrevivante et avec un point de vue moins radical que

celui de Picard (voir "En Congolie"). Quoique l'on

retrouve encore dans l'ouvrage de Buls desdescriptions à caractère nettement raciste, ce

dernier n'est pas effrayé par la population noire,

comme l'a été Picard. Au contraire, on trouvemême dans "croquis congolais" de belles

descriptions admiratives de congolaises "dont la

démarche à la noblesse de celle des canéphores du

parthénon" mais aussi de congolais qu'il juge très beaux...

- Les Belges dans l'Afrique centrale ( Bruxelles: P.Maes -1890-)

Voyages, aventures et découvertes d'après lesdocuments et journaux des explorateurs.

Tome 1: de Zanzibar au lac Tanganika.

Tome 2 et 3 : Le Congo et ses affluents.Historique de l'édition: A la création de l'Etat

indépendant du Congo, l'éditeur Pierre Maes publie

en livraison, puis en 3 volumes, Les Belges dansl'Afrique centrale rédigé d'abord par Adolphe

Burdo, puis (celui-ci ne respectant pas la politiqueéditoriale de l'entreprise, à savoir la propagande)

par Ch. de Martin-Donos. Je signale aussi qu'Il est

très difficile de collationner ces ouvrages car plusieurs éditions existent, une première édition

daterait de 1886!

Avis personnel: Ces ouvrages sont non seulementtrès caractéristique de la propagande coloniale faite

à la naissance du colonialisme belge, riche en

stéréotypes de toutes sortes, mais ils sont aussi

abondamment illustré de gravures, cartes, ainsi que

de superbes chromolithographies (gravurescouleurs). La "candeur" est souvent présente aussi

bien dans l'écriture que dans l'illustration et est , àmon sens, représentatif d'un manque de

connaissance réel des sujets abordés... ce qui

n'enlève cependant rien au "charme" particulier deces livres. Une vision critique doit cependant être

conservée, n'oublions pas que le but premier de



cette oeuvre est bien la propagande !

- Sur le Haut-Congo

de Camille Coquilhat (Brux.: J. Lebègue -1888-)Camille Coquilhat, engagé par l'association

africaine, part pour le Congo en 1882.

Après un séjour de quelques mois à l'Equateur,Coquilhat est envoyé à Iboko pour y fonder une

station. C'est la création de cette station, chez les

bangala, qui représente la partie essentielle de son

ouvrage. Après un congé passé en Europe,l'officier Coquilhat retournera au Congo et reverra

ses "amis" bangala. Il tombera malade et devra

quitter à nouveau le pays. Il reviendra ensuite dans

le Bas-Congo pour une dizaine de mois, en qualitéde vice-gouverneur général.

Avis personnel: Un des meilleurs livres du genre,

si pas le meilleur, dont la lecture, mêmeaujourd'hui reste intéressante. C'est cependant

essentiellement la seconde partie "chez les

bangala" qui est à conseiller. La lecture de cetteseconde partie est passionnante et très riche en

notes sur la vie des indigènes, particulièrement au

sujet de leur vie quotidienne. Ces descriptions sontanimées et permettent de reconstituer tout un

monde aujourd'hui à jamais disparu. L'auteur n'hésite pas à présenter des événements tels que la

"recette" pour bien préparer la viande d'un

homme...Bref un livre d'aventure mais d'une aventure bien

réelle.

- Explorations dans l'intérieur de l'Afrique

australe -

de David Livingstone (Paris, L. Hachette 1859)De Saint-Paul de Loanda à l'embouchure du

Zambèse de 1840 à 1856.Edition originale de la traduction française.

Un frontispice replié et 23 vues gravées sur bois, 1

plan et 2 cartes dépliants "in fine".Avis personnel: Il ne faut plus présenter David

Livingstone et sa fameuse rencontre avec Stanley...



Cet ouvrage du "premier" des grands explorateurs

européens, en Afrique australe, est intéressant

comme illustration de la fameuse doctrine duRévérend, Docteur Livingstone, dite des 3C :

Christianisation, Commerce, Civilisation... Si la

lecture de ce livre peut être, de nos jours assez vitelassante, cet ouvrage reste un témoignage

important des premiers pas de l'homme blanc dans

ces régions. Il faut aussi reconnaître que l'auteur fait souvent preuve d'un humanisme

incontestablement de qualité, même pour ceux qui

ne partagent pas la foie du révérend...

Images et idées archétypes du Congo belge

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