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LA CONFEDERATIoN DES ETATS INDEPENDANTS (ex URSS)

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Directrice de la publication :Marie-Louise DUBOIN

Recherche et documentation : René MARLIN

Diffusion et relations extérieures : André PRIME

*Rédacteurs (tous bénévoles) :les abonnés qui le souhaitent.Les manuscrits sont choisis

par le comité de lecture et ne sont pas renvoyés.

*Impression : R. PERNEL

Commission paritaire N°57434.Diffusé par les N.M.P.P.

AUAU SOMMAIRESOMMAIRE DEDE CECE NN°° 907907

*ÉDITORIAL

page 3 L'année de tous les dangerspar M-L Duboin

* ACTUALITÉS

page 4 au fil des jourspage 5 Nouveau désordre mondial

par A.Prime

* RÉFLEXIONS

page 7 L'étape décisivepar R Marlin

page 9 Le surf et la plongéepar G. Lasserre

page 11 Aberration capitalistepar P.Herdner

* COURRIER page 14 Libres débatset page 15

* RÉSUMÉ DE NOS THESESpage 16 L'ÉCONOMIE DISTRIBUTIVE

* BLOC-NOTES page 10

* LECTURES

page13 Après nous le délugepar H.Muller

TARIF DES ABONNEMENTS ANNUELS

France ..................................................................120 FFAbonnement d'essai (6mois) ..................................70 FFAbonnement de soutien....................................... 170 FFAbonnement de propagande : ... 5 n° mensuels .195 FF...................................................10 n° mensuels. 245 FFEtranger................................................................155 FF(Par avion nous consulter)

Règlements :par C.C.P. " La Grande Relève ", n° 13 402.39 M Parispar mandat ou par chèque bancaire à l'ordre de :

LA GRANDE RELEVEB.P. 108, 78110 LE VESINET

*Ce journal survit grâce à la souscription permanente

"POUR QUE VIVE LA GRANDE RELEVE"qui nous permet aussi d'assurer le service du journal à ceux

de nos lecteurs qui n'ont pas les moyens de payer leurabonnement aux tarifs indiqués.

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnL’année de tous les dangers

par Marie-Louise DUBOIN

LA GRANDE RELEVE N° 907

ue de sombres perspectives en ce débutd’année… A l’Est, l’économie est paralysée, la dic-

tature subie pendant plus de deux générations a, appa-remment, rendu les travailleurs incapables et ôté toutcivisme à la population dans son ensemble. La respon-sabilité et le sens de l’organisation sont des valeursinconnues. On veut avoir accès à tout et tout de suite,prendre le train en marche sans chercher à savoir où ilmène, et dans la grande débandade du “chacun poursoi ”. Belles bagarres en perspective, dont les plusdémunis sont assurés, en masse, de faire les frais. Lamontée des nationalismes, dans un tel contexte derécession, rappelle étrangement les conditions qui ontpermis à Hitler de prendre le pouvoir. Or la situation àl’Ouest, que l’Est considère comme le modèle aatteindre, offre la preuve que le système des prix-salaires-profits, est, en fait, à l’agonie. Que dès qu’uncertain seuil de développement est atteint il n'estplus capable de faire prospérer l’économie …. Vingt-quatre millions d’Américains qui ont besoin de la soupepopulaire, bientôt trois millions de chômeurs en Francedont 4.000 sont sans domicile fixe en apportent la preu-ve flagrante : l’ultrasophistication des nouveaux proces-sus de production continue à exclure des millions et desmillions de gens et à fabriquer des biens de consomma-

Q tion qui ne peuvent trouver acheteurs solvables. On voitdonc mal quel miracle ( ou bien un semblable à celuique fut la dernière guerre mondiale?) pourrait mettre finà la récession…De plus en plus de gens, parmi ceux qui réfléchissentun peu, commencent à comprendre. Alors que les partispolitiques ont perdu leur crédit, des clubs de réflexionse forment, les Verts, certains d’entre eux au moins,posent parfois les bonnes questions à propos de lacourse au profit, de la compétitivité qui pousse dumépris de l’environnement. C’est donc autant d’occa-sions pour les distributistes de redoubler d’effort et declarté pour faire comprendre nos analyses et nos propo-sitions, sans se décourager. En cette période de sou-haits, c’est bien le premier des vœux qu’on puisseadresser à nos lecteurs.

***L’enquête proposée dans notre dernier numéro a susci-té quelques réponses. Il en faudra beaucoup plus pourpeaufiner en commun le projet de contrat de citoyenne-té. Espérons donc que la trêve de fin d’année va donnerdu temps à tous pour se décider à participer. Des lettres déjà reçues, il ressort un consensus sur lespoints suivants : la nécessité du contrat de citoyennetéest reconnue ; le secret actuel qui entoure les revenusest jugé anormal, injustifié, préjudiciable, on lui préfèreet de loin, la transparence. Enfin, oui, le contrat civiqueest considéré comme une transition vers l’économiedistributive, mais nos lecteurs n’ont pas jugé utiled’expliquer pourquoi.Parmi les avantages du contrat civique qui ont étédéveloppés, citons le fait d’introduire un dialogue “auniveau adéquat”. Cette réponse d’un lecteur parisienmérite qu’on s’y arrête. Celà veut-il dire que le contratcivique devrait respecter le principe de subsidiaritéauquel, d’ailleurs, nous sommes très attachés ? C’est àdire qu’il faudrait envisager que certains contratsciviques, concernant des tâches de grande envergure(création, par exemple, d’une entreprise demandant degros investissements ) doivent obligatoirement être sou-mis à une instance régionale, tandis que des contratsciviques présentés pour des tâches d’intérêt localseraient soumis à des instances locales? Cette différen-ce de niveau pourrait alors impliquer, de la part del’organisme chargé de l’étudier, plus ou moins d’exigen-ce, et peut-être aussi une différence de revenus?? Laquestion est posée.

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Une réforme urgente, qui s'imposait!

Courrier International rapporte que la tourmente pro-voquée par la mort de l'URSS et la naissance de l'En-tente n'ont pas empêché le parlement russe de conti-nuer une réforme du code pénal qui s'impose de touteurgence, en ce qui concerne “les crimes écono-miques”, c'est-à-dire les vols de grande envergure, lacorruption ou les opérations frauduleuses sur devises.Ces crimes, en effet, étaient jusqu'alors punis de lapeine de mort ! On comprend l'urgence de mettrepareil anachronisme aux oubliettes !Il est évident que ce n'est pas la suppression de lapeine de mort qui est critiquée ici en soulignant cetteinformation. C'est bien qu'elle signifie qu'au moins leparlement russe se doute qu'avec l'ouverture vers lesystème du marché tel qu'il fonctionne aujourd'hui, ilne sera plus question de poursuivre les crimes écono-miques. Ils seront là comme ailleurs, à la base desplus grandes réussites!Vive les grandes et sages réformes !

L'équipe de la Grande Relève présente ses meilleurs vœux à ses lecteurset leur rappelle, hélas, l'augmentation des tarifs postaux, et autres, qui l'oblige à augmenter celui de ses abonnements. Maisnotre offre à tout lecteur qui nous adressera un nouvel abonné (au tarif ancien) de deux des publications présentées page précé-dente, une pour lui-même et l'autre pour le nouvel abonné, reste valable pendant tout le mois de Janvier 1992.

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aaaauuuu ffff iiii llll ddddeeeessss jjjjoooouuuurrrrssss

3 LA GRANDE RELEVE N° 907

Le socialisme nouveau est arrivéPierre Mauroy :Dans la préface du nouveau projet socialiste, il écrit :

“Nous avons changé... Non, nous ne croyons plus à unerupture avec le capitalisme... Oui, nous pensons quel’économie de marché constitue le moyen de productionet d’échange le plus efficace”. Alors pourquoi, s’écrie-t-il, le 24 novembre :”L’économie de marché est unechose, le capitalisme en est une autre. Non, le capitalis-me n’est pas triomphant. Non, il n’est pas vrai qu’il nesaurait y avoir d’alternative au capitalisme”. Faudraitsavoir, M. Mauroy ! Il est vrai que Mauroy s’exprimaitdevant les membres de la “Fondation Jean-Jaurès”.C’eût été indécent devant ce grand et pur ancêtre dereprendre les termes du nouveau projet.Lionel Jospin :ex-gauchiste, il ne doit pas avoir très bonne consciencedevant “ l'œuvre” accomplie depuis dix ans. “La gauchesera, dit-il, une gauche postcommuniste car on ne régé-nérera pas le communisme”.Elle sera “une gauche écologique”, héritière du “contratsocial”. Tiens, tiens !“Une gauche européenne”.“Une gauche progressiste” pour rompre avec l’imaged’une gauche gestionnaire. Après dix ans, ce n’est pastrop tôt de s’en apercevoir !“Une gauche éthique ! Nous sommes, nous socialistes,touchés dans notre image par les défaillances person-nelles de certains d’entre nous. Nous devons rétablirdes exigences morales et être sans faiblesse pour ceuxqui les transgressent”.Quel aveu ! mais pensez-vous, Monsieur Jospin, à vosmandants de 1981 et au sentiment qu’ils ont d’avoir étécocufiés ? N’est-ce pas pour cela que la gauche socia-liste, manquant de morale, est devenue “étique” ?

***La Marche du siècle

Cette émission de Cavada, le 27 novembre sur FR3,était consacrée au chômage. Programmée, MartineAubry, ministre du Travail, s’est, au dernier moment,décommandée, “ses obligations ne lui permettant pasd’être présente”. Regrettable !Nous eûmes droit à Juppé, Kaspar (CFDT) et trois chô-meurs, dont un cadre supérieur. Les chiffres connusfurent rappelés : 265.000 chômeurs de plus en un an (ilsuffit de voir chaque jour les gros licenciements annon-cés) ; un taux de chômage de 9,7 %, pratiquement unactif sur dix, un jeune sur cinq, une fois et demie plus defemmes que d’hommes; chômage de longue durée pas-sée de 12 % en 1974 à 30 % en 1991 ; quasi impossi-bilité enfin de se reclasser après 55 ans et souventaprès 50 ans. En résumé, 1.700.000 chômeurs, en1981, 2.800.000 aujourd’hui, 3 millions en 1992.Tout fut évoqué : petits boulots, pardon, “travaux deproximité” (ah ! ce que tous ces technocrates, le der-rière bien calé dans leur fauteuil, ont l’art “d’adoucir” lechômage); diminution des charges des entreprises pourqu’elles puissent embaucher et pour commencer, trans-fert des allocations - 170 milliards - à la charge de la

communauté (Juppé) ; formation ; acceptation d’uneaugmentation du déficit budgétaire pour relancer l’éco-nomie (Kaspar), etc... Pas une seule fois, les vraiescauses du chômage ne furent évoquées. Le remplace-ment des hommes par les machines, l’irréversibilité etl’amplification inévitable du phénomène, ces messieursne connaissent pas... ou feignent de ne pas connaitre,car ils devraient alors, ipso facto, évoquer les vraisremèdes, ceux que nous préconisons.

***Deux fléaux : jeux financiers et compétitivité

René Passet, professeur à Paris I et qui connait bienl’Economie Distributive, dans le Monde Diplomatique deNovembre, attire l’attention sur ces deux fléaux.Jeux financiers : Il cite Jean Peyrevalde, Président del’UAP :”Les mouvements financiers sont devenus sansaucune mesure avec ceux des marchandises : le rap-port est de quarante à un, puisque, pour 5 milliards dedollars d’échanges commerciaux quotidiens, les fluxmonétaires à travers les frontières sont supérieurs à200 milliards de dollars... De cette opposition entre lasphère de l’économie réelle et celle de la finance naitl’instabilité fondamentale qui risque, si l’on n’y porteattention, de nous emporter tous”. Ces réflexions datentde 1987. Que dire d’aujourd’hui ! Les capitalistes “éclai-rés” ont peur des excès de leur propre système. Et R.Passet de conclure :”C’est la société casino”.Compétitivité : Il conforte ce que nous disions dans“Hypercompétitivité : l’impasse” (GR de novembre). Ilpose d’abord ce que devrait être la productivité : “Lessurplus de productivité résultant du progrès techniquepeuvent, en principe, bénéficier aux travailleurs sous laforme d’une augmentation de salaires”. “Malheureuse-ment, constate l’auteur, la compétitivité ne laisse pas lechoix. Les surplus de productivité servent à l’accroisse-ment de la productivité qui engendre de nouveaux sur-plus de productivité... tout en expulsant les hommes del’appareil productif”.Il conclut : “Tout à leur gestion, les socialistes françaisont perdu le sens des utopies mobilisatrices qui sontsouvent la réalité de demain”. On peut ajouter qu’àcause de cela, de leur “trahison”, ils perdront demain lesélections.

***Problème israëlo-palestinien : l’eau

C’est un problème rarement évoqué dans les débats oudiscours concernant Israël et la Palestine. Il est pourtantcapital. La plus importante nappe d’eau souterraine setrouve en Cisjordanie. Actuellement Israël vend l’eau, aucompte-goutte, aux Arabes, plus cher qu’aux Israëliensqui, eux, en ont en abondance.D’autre part, les Israëliens ont occupé le Golan - qu’ilsne rendront jamais, on peut en faire le pari - parce queles sources du Jourdain se trouvent dans cette région.Ce n’est pas demain que les Palestiniens auront unepatrie.

André Prime

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aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttééééNouveau désordre mondial

par André PRIME

LA GRANDE RELEVE N° 907

ue ne nous a-t-on rebattu les oreilles avec le Nou-vel Ordre Mondial, surtout depuis les premiers

mois de la guerre du Golfe ! Ce N.O.M., après l’effon-drement de l’Est et la mise au pas de Saddam Hussein,devait régner dans le monde, sans jamais avoir été clai-rement défini, il est vrai. En ce qui nous concerne, nousne nous sommes jamais fait d’illusions, ni sur sa nature,ni sur ses possibilités d’instauration.Sa nature : le nouvel ordre mondial a une forte conno-tation martiale “Etats-Unis” et rappelle un peu trop lenouvel ordre européen de sinistre mémoire. Même four-ré dans le gant de velours de l’ONU, ce N.O.M. ne nousdit rien qui vaille. Ses chances d’instauration ? C’estprécisément la raison de cet article : nous voyons par-tout plutôt un nouveau désordre mondial qu’un nouvelordre mondial. Ne pouvant passer le monde entier enrevue, nous retiendrons deux cas typiques : les deuxanciennes super-puissances.Les Tchétchènes, vous connaissez ?En janvier 1991, dans notre article“L’URSS au bord dugouffre”, nous analysions les trois“forces” qui restaienten présence : Boris Eltsine, alors peu connu du grandpublic, Gorbatchev, l’armée.L’armée semble hors jeu depuis le coup d’Etat du moisd’août. Gorbatchev, l’homme par qui tout est arrivé, lemeilleur et le pire, n’est plus que l’ombre de lui-même,malgré le “soutien” (?) apparent de l’Occident qui peutdurer tant que le problème de dissémination des armesnucléaires ne sera pas réglé. Le “Traité de l’Union” estaussi vide que le Comecon ou le Pacte de Varsovie,surtout après le vote massif de l’Ukraine, le premierdécembre, en faveur de l’indépendance (1). Gorbatchev,après Gorby, est K.O., et il se pourrait qu’il ait démis-sionné lorsque vous lirez ces lignes.Reste Boris Eltsine, le nouvel homme de l’Occident,reçu partout comme un chef d’Etat, notamment en Alle-magne où, il y a peu, Gorby était acclamé comme lepère de la réunification.Depuis des mois déjà, Eltsine se comporte en maître dela Russie, certes, mais pratiquement de l’URSS. Seule-ment voilà : s’il est facile d’être opposant, l’art de gou-verner est périlleux. A peine en place, avec des pou-voirs quasi dictatoriaux, Eltsine, le dissident d’URSS,s’est trouvé confronté à une tentative de dissidence ausein de la Russie, celle des Tchétchènes, qui mena-çaient - rien que cela ! - de s’en prendre aux centralesatomiques.Qui avait entendu parler de la Tchétchèno-Ingoutchie,1.200.000 habitants, république autonome (RSSA :république socialiste soviétique autonome), comme 16autres de la Russie (RSFSR) ? Car si l’URSS se com-pose (se composait) de 15 républiques, à son tour laRussie comprend : 16 RSSA, 5 régions autonomes, 6territoires, 49 régions, 10 districts autonomes. Pasmoins ! Vous l’avez compris : Boris Eltsine, apprentisorcier, n’est pas au bout de ses peines en ce qui

Q concerne les tentations et tentatives de dissidence descomposants de la Russie.Concrètement, l’Occident, craignant que la Yougoslaviene préfigure ce qui pourrait arriver en URSS, dontl’arsenal atomique et chimique devient dangereux s’iln’est plus contrôlé, mise désormais sur “l’homme fort”,Boris Eltsine - Gorbatchev retournant à ses chèresétudes (2) - pour sauver ce qui peut encore l’être del’Union, ou, à défaut, constater et contrôler au mieux(3) l’éclatement irréversible d’une URSS en cessationde paiement. Mais dans ce cas, il faudrait :- régler le problème de la dispersion des armes ato-miques et chimiques, à la limite sous l’égide de la Rus-sie qui couvre 76 % du territoire de l’URSS et compteplus de la moitié de sa population.- prévenir les risques de guerres locales ou ethniques,comme celle qui se déroule en Yougoslavie, commecela s’est déjà passé en URSS, au Karabah entre Azé-ris et Arméniens, en Géorgie avec les Ossètes. Sansoublier que l’Europe de l’Est, outre la Yougoslavie, estloin d’être stabilisée : fortes tentatives séparatistes enTchécoslovaquie, minorité hongroise - 2 millions - agis-sante en Roumanie (souvenons-nous de Timisoara d’oùétait partie la “révolution” fin 1989).En URSS, ou ailleurs en Europe de l’Est, quelle peutêtre la viabilité économique de ces républiques de 3 à 6millions d’habitants ? Quels moyens d’échange, quellesdevises pourront-elles se procurer ? Elles risquent deconnaitre des “lendemains qui déchantent”. Commeelles ne peuvent être des “Suisse”, deviendront-ellesdes “Liban” ? Or, les investisseurs occidentaux ont besoin de sécuritéet le “désordre” dans les ex-pays communistes ne lesencourage guère. Bush ne peut pas, tous les six mois,débarquer 500.000 hommes sur tous les points chaudsdu globe.Golfe et golfComme parait loin le temps où Bush, revêtant la tenuede Mars, passait brusquement de 35 à quelque 85 %d’avis favorables. C’était le temps du Golfe. Las, la réa-lité post-reaganienne (4)de l’état des lieux de l’Amé-rique a déjà ramené cette cote aux alentours de 50 %.C’est le temps du golf, maigre divertissement comparéaux soucis que crée l’économie au président qui doitdéjà penser aux élections fin 1992.Tout ce qu’on peut lire de sérieux sur l’état économiqueou social des Etats-Unis concorde. La crise dedécembre a montré ce qu’un grand patron français enpense. Le Monde Diplomatique de novembre ne dit pasautre chose :Richard J. Barnet (5), dans un article “L’Amérique deBush ne renonce pas à la puissance militaire”, déclare :“La victoire de Panama a permis de faire un prisonnierde renom, mais le commerce de la cocaïne n’a jamaisété aussi florissant”.Tout le monde, après l’effondrement de l’Est, parlait des

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5 LA GRANDE RELEVE N° 907

“dividendes de la paix” qu’allait permettre une réductionmassive des armements. Or “Bush, rapporte J. Barnet,a souligné qu’il n’y aurait pas de dividendes de la paix”.Les démocrates dénoncent “l’état scandaleux du systè-me éducatif (universités mises à part (6) ) et la crise deplus en plus grave dans le domaine de la santé”.Jacques Decornoy, dans “Déficit budgétaire et déficitsocial” rappelle quelques faits et chiffres :- 196 milliards de dollars (l’équivalent de 80 % du bud-

get français) d’intérêts pour la seule dette fédérale. MaisBush refuse une proposition du congrès visant à prolon-ger de 20 semaines une assistance à 3 millions de chô-meurs : coût, 5,8 milliards de dollars.- Le déficit budgétaire, qui devait être ramené de 294milliards en 1992 à 61 en 1996 sera de 279 milliards en1991 et de 362 en 1992.- L’endettement américain (gouvernements fédéral etlocaux, entreprises, particuliers) est passé de 4.000 mil-liards de dollars en 1980 à 11.000 en 1991, soit ledouble du PNB, soit encore 43.000 dollars (environ230.000 F ) par Américain.“Or, jamais les riches, écrit Decornoy, n’ont autantaccumulé, cependant que le nombre des pauvres croitde façon vertigineuse... La récession actuelle a coûtéleur emploi à 600.000 cols blancs et il faut s’attendre,avant l’an 2000, à 250.000 licenciements, soit 1/5e dupersonnel”.Et Decornoy rappelle, lui aussi, la faillite des caissesd’épargne et de crédit “conséquences d’opérationspurement spéculatives... à l’occasion d’OPA sans freinset de mises de fonds dans un immobilier en crise”.Tout cela fait plus désordre qu’ordre. On le voit, lasituation aux Etats-Unis ne s’améliore pas alors que lesdeux vaincus de la dernière guerre, même s’ils rencon-trent quelques difficultés conjoncturelles, s’imposentcomme les vainqueurs de la guerre économique.Certains n’hésitent pas à parler d’un nouveau Pearl Har-bour en constatant que 36 % des voitures vendues auxEtats-Unis sont japonaises, qu’elles soient importées oufabriquées dans les “transplants” (7) ; que le Japon

détient désormais 25 % du cinéma américain : ce nesont là que deux exemples parmi d’autres.Rappelons que, là où est apparu en force le NouvelOrdre Mondial, lors de la guerre du Golfe, le meneur dejeu - l’Amérique - a dû, pour la première fois de son His-toire, se conduire en mercenaire : sur les quelque 50milliards de dollars qu’a coûtés la guerre du Golfe, 13ont été versés par le Japon, 9 par l’Allemagne, le restepar les pays du Golfe. L’avatar reaganien dans le capitalisme américain s’avé-rera-t-il aussi pernicieux que l’avatar stalino-brejnévienqui a causé le déclin et la perte de l’empire soviétique ?En tout cas, c’est déjà un sérieux bémol au triomphe dulibéralisme...Et donc, un espoir qui me permet de vous dire une foisde plus : “Bonne année” 1992.____(1) Ukraine, 52 millions d’habitants sur les 287 que comptel’URSS. A voté à 80 % pour l’indépendance.(2) Il ne faut pas oublier que Moscou est à la fois capitale del’URSS et de la Russie. Les organismes dirigeants de Russie,notamment le Parlement, s’y trouvent. Ce qui faisait direrécemment à un partisan de Boris Eltsine qu’il n’y avait pasplace pour deux et que “Gorbatchev ferait mieux de se consa-crer à ce pourquoi il est doué : l’écriture et le discours”.(3) L’indépendance des trois pays baltes - Estonie, Lettonie,Lithuanie (en tout 10 millions d’habitants) - étant admise, ilreste 12 républiques, dont 2, la Russie et l’Ukraine, représen-tent environ 200 millions d’habitants. 10 républiques se parta-gent les quelque 80 millions restants : de 3,2 millions pourl’Arménie à 20 pour l’Ouzbékistan.(4) Le très sérieux économiste Lester Thurow, du MIT, a pro-posé l’épitaphe suivante pour R. Reagan : “Ci-gît l’homme quia conduit une grande puissance du statut de créditeur mondialà celui de débiteur, à une rapidité inconnue jusqu’alors”.(5) Codirecteur, Institute of Policy Securities, Washington.(6) Cela s’explique par le fait qu’à l’Université, une annéed’étude coûte plus de 120.000 F.(7) Dans la masse, aux Etats-Unis, une certaine nippo-phobiese développe, mais l’Amérique est si endettée et le Japon siriche que Serge Halimi peut écrire : “Les gouverneurs fontpresque tous le voyage à Tokio pour encourager l’implantationchez eux d’entreprises nippones” (Monde Diplom., 10-91).

La lettre ouverte au Président de la République,publiée dans notre N°905, a reçu la réponse suivante :

“Votre lettre est bien parvenue à Monsieur le Président de la République qui m’a chargé de vous répondre, son emploi du tempsne lui permettant pas de le faire personnellement. Mais je puis vous assurer qu’il a été pris connaissance avec la meilleure atten-tion de vos préoccupations.Vous savez, en effet, que Monsieur François Mitterrand a toujours souhaité maintenir avec ses concitoyens des échangesconstants qui lui permettent d’être mieux informé de leurs attentes. Aussi a-t-il été attentif à vos observations qui participent àcet esprit de dialogue. Réduire les inégalités et développer l’esprit de solidarité, tels restent, croyez-le bien, les principes qui gui-dent l’action du Président de la République. Et les réformes considérables qui ont été mises en œuvre durant ces dix dernièresannées, illustrent bien ce souci de concilier développement économique et solidarité sociale.Certes, comment ne pas être d’accord avec vous sur ce point, des progrès restent à accomplir. C’est dans cet esprit que le Chefde l’Etat déclarait le 10 mai dernier :”Mes regrets sont de n’avoir pu réduire autant que je l’aurais voulu les inégalités sociales,mais nous ne sommes pas encore au terme”.S’agissant de vos remarques, je n’ai pas manqué d’en saisir le Ministre d’Etat, de l’économie, des finances et du budget.”

Il faudrait écrire nombreux au Président de la République pour lui exposer nos solutions... On nous répond une lettre passe-par-tout qui doit être tirée à beaucoup d’exemplaires et qui ne répond à rien. Mais si nous étions nombreux, peut-être essaierait-onde regarder d’économie distributive de plus près et de comprendre qu’il n’y a plus rien à tirer d’un capitalisme qui ne fonction-ne que par la guerre et pour la guerre. Aimé MOLLIE

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L’étape décisivepar René MARLIN

LA GRANDE RELEVE N° 907

Première phase

Il y a seulement une quinzaine d’années, Valéry Giscardd’Estaing pouvait écrire à l’un de nos camarades que lapopulation n’admettait pas la dissociation revenu-travail“même si les allocations de chômage revenaient à cela”.VGE procédait par affirmation, mais en admettant quece fut bien le cas d’une majorité, quel chemin parcourudepuis ! Le RMI adopté le premier décembre 1988 enest l’expression la plus spectaculaire bien que les béné-ficiaires soient censés se réinsérer, ce qui n’est pas lecas pour les 9/10 d’entre eux. Dans son projet pour le Parti socialiste, Michel Charzat

déclare (1) que le parti doit “assumer” cette dissociationen observant que la tendance n’a fait que se renforcerdepuis le début du siècle à travers le développementdes congés et des transferts sociaux. Voilà, dans l’espritde la plupart de nos contemporains, un premier obstaclefranchi.

Seconde phase

La prochaine étape, elle aussi largement entamée, seraprobablement celle de la réduction généralisée dutemps de travail. Le progrès technique, qui permet unaccroissement continu de la productivité, entraîne, mal-gré toutes les entraves, une diminution du temps de tra-vail global qu’il faudra bien partager, sauf augmentationde plus en plus considérable du chômage. Or il devientextrêmement difficile de faire croire à la nécessité d’unarmement massif depuis l’effondrement du bloc de l’Est,et les nouveaux “ennemis héréditaires” potentiels nesont pas à la hauteur voulue. Les destructions de pro-duits, les stockages et la mise en jachère des terres ontdes limites, de même que le soutien des marchés.Aucunement à court d’arguments paradoxaux, plusieurshommes politiques, inspirés par des économistesconformistes et sans scrupules, soutiennent bien queplus le temps de travail diminue, plus le chômage aug-mente. C’est d’ailleurs presque vrai dans ce systèmeabsurde, si l’on ne considère que certaines entrepriseset certains pays qui ont besoin, pour soutenir la concur-rence, d’un coût de main-d’œuvre très bas,sauf à aban-donner certaines productions ou même faire faillite, ce

“L'asservissement de l'homme au gagne-pain estune monstruosité : la réduction de l'homme a unjeton de présence. Introduit dans la machine socia-le, elle le recrache en fin de course, retraité oucadavre”

Romain Gary(cité par Tam-Tam,bimensuel de Brabant-écologie)

qui dans les deux cas les oblige à licencier. Mais si lalimitation de la durée s’applique également aux concur-rents nationaux ou internationaux, l’objection disparait.Bien sûr, cette limitation ne sera pas uniforme, maisadaptée à chaque branche d’activité.Voilà bien le sens dans lequel il faut poursuivre, en dépitde l’affaiblissement de l’influence syndicale dû enmajeure partie à la crainte du chômage, et malgrél’opposition des financiers et des industriels qui ne facili-tent pas les choses.

Autres phases

En attendant que le temps de travail nécessaire pourassurer une production globale écologiquement suffi-sante diminue encore, au point de ne requérir qu’un ser-vice social réduit, d’autres transitions vers une écono-mie plus distributive seront réalisées. Les entreprises se socialiseront grâce à une participa-tion de plus en plus active de leur personnel, et mêmedes consommateurs, à leur gestion, avec leur entréedans les conseils d’administration. Cette tendance estdéjà perceptible après l’application des lois Auroux etles négociations entre partenaires sociaux qui se géné-ralisent. Des contrats seront passés avec les collectivi-tés, tels que ceux qui existent entre l’Etat et les sociétésdu secteur public ou semi-public comme Air-France, laRATP, la Régie Renault et la SNCF, sous la forme deplans d’entreprises. Le mutualisme, le coopérativisme,l’autogestion et la décentralisation continueront à pro-gresser.Les gros héritages commencent à disparaitre, soit qu’ilssont absorbés par les taxes fiscales, soit que les trèsgrosses propriétés ne peuvent plus être entretenues parles héritiers, qui doivent les vendre à des comitésd’entreprise, des crèches ou autres établissementspublics, soit qu’ils fondent très rapidement. Les fortunessont d’ailleurs de plus en plus volatiles et éphémères.Beaucoup de “milliardaires” sont très endettés et netiennent qu’avec l’appui des banques. Les sécurités col-lectives ne rendent plus la transmission des richessesaussi vitale qu’auparavant. Bientôt, hormis le logementet les biens personnels, l’héritage sera du passé.Mais le véritable passage à une nouvelle économiedébarrassée des turpitudes et des excès dont nousentretenons nos lecteurs mois après mois, ne sera réali-sé qu’après des étapes monétaires que nous allonsmaintenant tenter d’ébaucher.

Avant-dernière phase

Qui tient la monnaie tient le système. Les anciens roisle savaient bien qui s’étaient réservé le droit de battremonnaie, c’était leur pouvoir régalien. Ce monopole est

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René Marlin nous présente ici une synthèse de la conférence qu'il fit le 16 Décembre dernier à la "Libre pensée”

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnn

7 LA GRANDE RELEVE N° 907

ensuite passé aux changeurs, puis à leurs héritiers, lesbanquiers, qui ont accaparé, au détriment des Etats,80% de la création monétaire.D’après les meilleurs économistes, la monnaie auraittrois fonctions : unité-étalon de valeur, vecteurd’échanges, réserve de capital. Les deux dernières nepeuvent être remplies que si la première l’est. Or il estmanifeste qu’une unité-étalon dont la dimension varieavec le lieu et surtout le temps, dans des proportionsimportantes, ne peut convenir. Que dirait-on de l’honnê-teté des transactions réalisées avec un mètre en caout-chouc remarquait déjà Jacques Duboin! La monnaiecapitaliste a perdu son caractère précieux. Elle n’estplus qu’un titre de créance, variable, sur la productioncollective.Néanmoins, la monnaie reste “meilleure” que la plupartdes autres biens, comme l’observait Silvio Gesell (2).Elle est en effet “liquide”, “divisible”, “indestructible” etson coût de stockage est nul. Elle peut donc “travailler”et être prêtée à intérêt. Mais elle peut aussi être thésau-risée, ce qui s’oppose à sa fonction circulatoire et àl’adéquation, pourtant indispensable, entre la productionet la quantité de monnaie utilisée pour que celle-ci par-vienne aux consommateurs.Il faudrait donc l’obliger à circuler. C’est ce que Gesellavait bien vu en imaginant sa monnaie fondante. C’estaussi ce que les expériences faites, après le grandkrach de 1929, à Lignères-en-Berry (France) et à Worgl(Autriche) sur des monnaies auxiliaires, dites franches,avaient essayé de réaliser. Ces essais n’ont d’ailleursfinalement échoué qu’en raison de l’opposition desbanques, qui ont très vite compris la menace que cettesolution comportait pour leur puissance. Les banquiersont préféré la sortie de la grande crise par le chômageet le dénuement, qui nous ont menés tout droit à laseconde guerre mondiale.Afin d’éviter le retour d’une telle catastrophe et lestemps ayant changé, nous proposons donc commemesure transitoire, dans ce domaine, la création d’unemonnaie verte imaginée par notre ami Guy Denizeau.Nous en avons déjà expliqué le mécanisme (3).

La phase décisive

La monnaie verte est bien le prototype de la future mon-naie distributive. Elle en possède déjà les caractéris-tiques essentielles : elle s’éteint à l’achat (remplacéeprovisoirement par des francs ou des écus ordinaires),elle est gagée sur une production (excédentaire dans cerégime) et elle permet bien l’orientation de la créationdes biens (le vrai “marché” distributif). En dehors deson action d’aide humanitaire, elle fera prendre à tous lamesure du scandale énorme de la faim dans l’abon-dance.Comme toutes les mesures transitoires, elle présenteévidemment des inconvénients, au moins momentanés.Certains lui reprochent son caractère discriminatoire. Ilsse placent dans une perspective idéaliste qui n’a pas saplace ici. Comme aurait dit Monsieur de la Pallice, tantque nous serons en économie capitaliste ou dans la

transition, nous ne sommes pas encore en économiedistributive. Le franc vert n’est pas plus ségrégationnisteque le RMI, les restos du coeur ou les banques alimen-taires. Et pourtant, dans l’urgence, ces institutions sonttrès utiles.Dès le début, les allocations familiales, de logement, dechômage, etc... pourraient être servies, au moins enpartie, ainsi que le RMI, en monnaie verte. Ce pourraitêtre également le cas d’autres mesures progressistesproposées par des économistes divers tels que YolandBresson ou René Passet, comme le revenu d’existenceou le revenu minimum européen. Petit à petit la mon-naie verte pourra s’étendre, à travers les salaires et lesrevenus, à des catégories de plus en plus nombreusesde la population. La discrimination cessera donc. Lamonnaie et avec elle l’économie distributive, aurontcommencé à fonctionner.Bien entendu, un nouveau régime économique ne selimite pas à l’instauration d’une nouvelle monnaie.D’autres éléments (revenu, service social, gestion desentreprises, héritages, propriété, etc...) caractérisent unsystème quel qu’il soit. Nous avons déjà eu l’occasion,ici et dans d’autres chroniques, d’examiner tous cessujets, nous le ferons encore. L’économie distributive,elle aussi, une fois instaurée, ne sera pas immuable etévoluera avec la société.Yoland Bresson, que nous avons cité, vient d’écrire ànotre camarade André Prime en critiquant notre concep-tion de la monnaie. Au Professeur de l’Université du Val-de-Marne, nous opposerons Frédéric Naud de l’Univer-sité Paris II qui, dans “Transversales” de septembre-octobre 1991, donne l’avertissement suivant : “Nousreviendrons comme mesure transitoire d’un grand inté-rêt sur le franc vert préconisé par Guy Denizeau”.Espérons que Frédéric Naud nous aidera à convaincreY.Bresson et beaucoup d’autres et que la monnaie vertesera l’étape décisive qui nous permettra, à travers nosthèses, d’entrer véritablement en démocratie écono-mique. C’est le vœu que je formule en ce débutd’année.———(1) Voir “On avance”, page 9 de notre numéro du mois dernier.(2) Economiste du début du 20e siècle. Voir “Sommes-nousGeselliens ?” dans la GR n° 868.(3) “Le franc vert” dans la GR n° 869 et “La monnaie verte”dans la GR n° 880.

Encore une innovation en monétique :

Un système de péage automatique pour les automobilesfonctionnera au début de l'année prochaine aux Etats-Unis.Les conducteurs achèteront aux gérants des autoroutes unecarte à mémoire, mise au point par AT&T, et équipée d'unmicroprocesseur, sur laquelle la somme payée sera enregis-trée (comme sur nos télécartes). Cette carte sera introduitedans un émetteur-récepteur intégré au tableau de bord de lavoiture. Lorsque la voiture traversera une station de péage,un signal radio provoquera le débit automatique de lasomme due. Evidemment, les cartes au montant insuffisantdéclencheront une alarme. Ces cartes seront rechargeables.

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnLe surf et la plongée

par Gilbert Lasserre

LA GRANDE RELEVE N° 907

n peut aller plus loin que la dénonciation de crapu-leries diverses et de collusions de la finance avec

la pègre internationale dans l’affaire de la BCCI évo-quée dans le numéro 905. On peut d’abord continuer àfaire du surf sur la planète, et dénoncer tour à tourl’existence des paradis fiscaux (de Monaco au Liechten-stein, au Libéria, aux Bermudes, etc...), les pratiquesd’anonymat bancaire sous couvert de déontologie sca-breuse en pays majeurs au-dessus de tous soupçonstels que la Suisse et l’Angleterre, chantres de curieuseslibertés, etc... Le monde entier a perdu, devant laMoney, le sens de l’honneur et de la morale. Les histo-riens du XXe siècle ne devraient pas manquer d’êtretrès durs pour l’Amérique et l’Angleterre, actuellementen pleine décadence, mais très dangereux comme toutanimal blessé, inventeurs du système monétaire pourriqui empoisonne le monde. Mais il faut souhaiter que ceshistoriens ne s’arrêteront pas aux effets, et remonterontaux causes profondes : aux concepts même de Valeur,de monnaie et de banque...Le cas de la BCCI conduit à évoquer le problème dustatut privé de la fonction bancaire, qui, au terme d’unelongue maturation non encore reconnue, est devenuel’unique matrice à monnaie-créance-publique, un pointc’est tout.La banque ne va pas chercher ailleurs que dans sapropre alchimie la monnaie dont elle se sert pourprêter (sic). C’est elle qui la fabrique, et cela est sivrai que, s’il n’existait qu’une seule banque, ce quiest tout à fait concevable, on ne voit pas où elle iraitchercher des dépôts pour les prêter. La fumeusedéontologie bancaire est toute entière bâtie sur desflux latéraux de valeurs au sein de la profession,flux multiplicateurs qui sont la première sourced’inflation qui éreinte la monnaie. Elle accréditedans le même mouvement l’idée d’une valeur supé-rieure venant d’ailleurs, antérieure à la création desvaleurs réelles, et d’un ultra-capital qui, dans unréflexe typiquement féodal, a oublié d’où il venait,pour revendiquer une essence divine. Qui t’a faitroi?…

Nous reviendrons là-dessus une autre fois. Pour l’ins-tant, revenons à la créance publique. S’il est indécentde déléguer, il est proprement absurde d’élargir la délé-gation à des banques multinationales. Ce faisant, onautorise n’importe quel mercanti à venir chez soi pourauthentifier la valeur de sa collectivité. Ainsi, dans le casde la BCCI, ce sont des princes saoudiens associés àdes mercantis pakistanais qui se sont arrogé le droit debattre la monnaie anglaise sur sol anglais, et bien évi-demment dollar, mark, et autre Franc français en cas debesoin.A renfort de dépôts-pourris, c’est le système qui

Ol’oblige, mais on verra plus tard que la banque biencomprise pourrait battre monnaie sans capital etdépôts préalables.Le système monétaro-bancaire inventé par nos ultra-capitalistes ultra-libéraux, qui verrouille abusivement lavaleur monnaie-acquise dans sa règlementationubuesque, permet tout à ceux qui le contrôlent, etmême d’exercer des fonctions d’officiers publics de bat-teurs de monnaies nationales, les seules en circulation.Les banques multinationales viennent de faire l’objetd’une règlementation ambiguë par laquelle est totale-ment perdue de vue la nature de créance publique detoute monnaie qui se respecte (rapport Cookes du FMIen 1988 qui oblige les établissements exerçant une acti-vité bancaire internationale à exposer des fonds propresà hauteur de 8 % des crédits accordés). Cette règle-mentation consacre le droit à existence de banques pri-vées internationales qui, hors toute éthique de valeur,pourront battre impudemment monnaies privées detoutes nationalités, à la seule condition qu’elles soientcapables de mettre sur la table 8 % de la monnaiequ’elles créent, et d’afficher un bilan agréé dans lemilieu en ratios dépôts-remplois. Ce qu’a pu faire laBCCI...

A propos des scandales japonaisNous proposerons une autre approche des “scandalesfinanciers” domestiques complaisamment exposés parle Japon, refusant de projeter sur ce pays nos sensibili-tés occidentales. Nous rappellerons à ce sujet le livrede Bill Emmot“The sun also sets” (1) qui annonçaitl’entrée du Japon dans une phase de déclin attenduepar tous les Docteurs Coué de la planète américaine.Bravo à ce best-seller : depuis, le Japon a continué sonimpressionnante conquête du monde, et affiche unesanté plus florissante d’excédents commerciaux etfinanciers. C’est tellement insolent qu’il faut rassurer partous les moyens le monde malade de sa gigantesqueagression. Les scandales à monter en épingle sont lesbienvenus, s’ils peuvent nourrir l’illusion d’une sociétémalade de sa richesse.Le “scandale Recruit” Takeshita de 88 était intervenu àun moment critique dans les rapports nippos-améri-cains, et le résultat le plus clair avait été d’effacer de lascène un ministre responsable pour le remplacer par unpersonnage plus effacé, Uno, de suite grotesquementécarté par exploitation à l’américaine d’un péché de jeu-nesse, ce qui a prolongé la durée du vide politique etl’absence d’interlocuteur, pour finalement aboutir àl’investiture d’un chef de second plan : Kaifu, qui vientde céder sa place à une personnalité plus affirmée : M.Miyazawa, un ancien ministre du MITI, et d’ailleurs mêléau scandale Recruit. La guerre est finie : l’Amérique estnase, l’Angleterre est le 51e Etat américain, et complè-tement acquise à l’alliance (forcée ?). Grand Pacifiquecontre l’Europe redoutée et abhorrée. C’est l’heure pour

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A propos de la faillite de la BCCI

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9 LA GRANDE RELEVE N° 907

associationsassociations revuesrevuesG.L.E.D

Groupe Liègeoispour l’Economie Distributive

a publié la brochure" Muter ou chuter "

et diffuse livres et journaux distributistes en Belgique.

*G.S.E.D.

Groupe des Salariés pour l’Economie Distributive

11, rue St Vincent-de-Paul13000 MARSEILLE

*EDEN

Equipes pour la Diffusiond’une Economie Nouvelle2, rue Berthe-de-Boissieux

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LI A CO FALiaison et action contre la faim

4, square du Nouveau Belleville75020 PARIS

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contact : L.Gilot12/59 rue de Belfort

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syndical et politique4 rue des Iris

52100 SAINT DIZIER

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*L’HOMME LIBRE

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Revues des associations écologistes et de défense

de l'environnementaffirme dans sa présentation:

"L’équilibre et le bonheur del’homme doivent passer avantla production, le profit et laconsommation. Les besoinscollectifs avant les intérêts pri-vés et l’avenir du monde avantl ’exploitation aveugle de laTerre."

BP 304624750 PERIGUEUX

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnle Japon de sortir des hommes politiques dehaute stature avec mission d’occuper le terrainpolitique international avec “l’ami américain”. Quant aux scandales relatifs aux rétrocessions depertes à leur clientèle par les quatre grandes mai-sons de titres japonaises Nomura, Daiwa, Yaima-chi et Nikko qui ont entrainé sanctions et démis-sions en forme de harakiris économiques, ils don-nent la mesure de la cohésion des Etats-majorsfinanciers et du haut degré de concertation quipréside à l’offensive générale japonaise. S’il y ascandale, c’est au regard des économies occiden-tales agressées qui sont confrontées à un Natio-nal-socialisme inavoué qui ne laisse aucune chan-ce de rattrapage à l’Occident, et qui refusent d’ycroire.Pas d’accord ? Rendez-vous à plus tard.———(1) “Le soleil se couche aussi”. Fin 1989.

Les vœux du poete de la Paix

Moralité économique

Bannissons l'argent du profitL'argent de la spéculationLa monnaie de dominationQui génère misères et conflitsEt immanquablement les guerres

Œuvrons pour une économieQui ne détruise pas les produitsUne économie non violenteQui conduise et privilégieLa concurrence de qualité

Œuvrons pour un revenu socialUn revenu de citoyennetéPour que les droits et les devoirsDeviennent morale égalitaire.

Albert Chantraine

SOUSCRIPTION PERMANENTEPOUR QUE VIVE LA GRANDE RELEVE

R. Mangeon 40 - P. Orliange 370 - R. Pellet 45 - R. Guérin 95 - A.Chantraine 445 - P. Rivallant 155 - Mme Lahens 300 - R. Chanu-det 240 - A. Met 20 - L. Fouret 90 - P. Herdner 110 - Vaucel 175 -Sprintz 40 - R. Pellerin 50 - A. Tardieu 100 - A. Richard 90 - J.Legros 45 - P. Le Nin 70 - Calas 90 - Anonyme 70 - M. Rebierre300 - J. Dancoisne 40 - G. Jullien 50 - P. Quittelier 90 - M. Doubre90 - H. Richon 50 - Mme Fournier 390 - S. Faure 100 - M. Four-nier 100 - C. et P. Simon 155 - R. Villégier 295 - P. Dubal 190.

Total 4.490 F. Merci à tous !

Remarque en passant : “ Nulle instance n'a détecté les failles de l'empi-re Maxwell : une douzaine de banques, dont leCrédit Lyonnais, sont entrées dans la ronde descrédits qui lui ont été accordés à la légère…”

(les journaux)Transparence, transparence ! Maxwell n'ajamais eu à soumettre un contrat civique !Seules les banques étaient juges des créditsqu'elles mettaient à son compte…

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnAberration capitaliste

par Pierre HERDNER

LA GRANDE RELEVE N° 907

igés sur leur idéologie, les auteurs qui célèbrentles vertus du capitalisme et son triomphe définitif

(voir les textes cités par André Prime dans le numéro905) ne sont guère capables d’évoluer. Mais noussommes en droit de nous demander pourquoi nos idéesne trouvent pas plus d’écho dans le grand public,auprès de ceux en particulier qui souffrent dans leur viequotidienne des conséquences du “système”. Le silencedes médias n’explique pas tout.La plupart des gens imaginent mal ce que pourrait êtreune économie distributive, et ils en redoutent l’échec.Qu’ils apprennent d’abord, dans une première étape, àmieux connaitre le système économique actuel. Ilsconcluront alors, s’ils sont logiques, à la nécessité d’unchangement radical.Le capitalisme, comme nous ne cessons de le prouver,présente un double caractère, ces deux aspects étantétroitement liés et souvent presque indiscernables : ilest irrationnel et injuste. Il l’est à tous les niveaux, jeveux dire aussi bien dans ses principes mêmes quedans ses conséquences visibles. Il n’est pas inutile dedistinguer ces deux plans. Car ceux qui n’ont pasdécouvert l’aberration des structures devraient s’indi-gner au moins de l’absurdité de leurs conséquences.Malheureusement ils ne savent pas, le plus souvent,remonter des effets aux causes, et, quand ils accusent,ils se trompent de cible. Je voudrais rappeler, à l’intention surtout des lecteursencore peu familiarisés avec notre pensée, quelquesvérités essentielles.

La dictature économiqueOn peut définir le système capitaliste, sur le plan despouvoirs, comme la dictature exercée par une minoritédans le domaine économique. En effet, ce sont lesentrepreneurs et les financiers qui détiennent le pouvoirde décider, un pouvoir auquel la législation sociale, dansles pays démocratiques, impose heureusement cer-taines limites.Système injuste, donc, dans son principe même, parceque cette minorité dirige l’économie en visant sonpropre intérêt, qui est le plus souvent contraire à l’intérêtgénéral. Système irrationnel aussi, parce que les entre-prises devraient normalement être au service de la col-lectivité, - c’est-à-dire satisfaire les besoins des consom-mateurs et respecter l’environnement - et que les servi-teurs, tout au contraire, sont devenus les maîtres !

Profit et concurrenceMais le système peut encore être caractérisé par lamanière dont s’exerce ce pouvoir économique. Lesdeux piliers sur lesquels repose l’édifice capitaliste sontle profit et la concurrence, sources d’aberrations sansnombre.Le profit, qu’on appelait aussi, autrefois, le prélèvementparasitaire, est réalisé aux dépens des salariés d’une

F part, des consommateurs d’autre part. Et par là, on peutdire qu’il est injuste par définition.Sans entrer dans plus de détails, on peut prouver l’irra-tionnalité du profit en procédant à une réflexion élémen-taire sur deux opérations arithmétiques : la division etla soustraction. L’économie distributive, fondée sur lepartage, pratique la division, tandis que le systèmefondé sur le profit, où le prix de revient, accru decharges diverses, doit être retranché du prix de vente,nécessite la soustraction. Or la division par un nombre,même grand, est toujours possible, alors que la sous-traction ne donne un résultat positif que si le premierélément est inférieur au second. Ce qui fait que maintesentreprises - en particulier s’il y a abondance, et parsuite chute du prix de vente - sont menacées de faillite.Et il en résulte des situations totalement irrationnelles.La concurrence, de même, est un principe d’injustice.Elle fait jouer au maximum des disparités de toute sorte,dont l’entrepreneur n’est pas responsable : une firmepeut se trouver en difficulté, par exemple, par suited’une situation géographique défavorable de nature àmajorer ses prix de revient. De plus les plus scrupuleuxsont désavantagés par leur honnêteté même. Cela sevérifie aussi sur le plan international : la supériorité desinstitutions sociales d’un pays, le niveau élevé desrémunérations, sont un handicap dans la lutte contre lespays à bas salaires. A l’opposé, l’économie distributive,en effaçant l’action des disparités, réalise l’égalité deschances.Et la concurrence, source d’un extrême désordre, enparticulier dans les relations internationales, est toutaussi évidemment un principe irrationnel.

idées faussesAvant d’aller plus loin, je voudrais signaler que l’on igno-re trop souvent la vraie nature du profit et de la concur-rence.Nous en avons tous fait l’expérience. Que de fois,quand nous vitupérons le profit, nous nous attirons laréponse suivante : “Personne ne travaille sans l’espoird’une rémunération”, ou quelque chose d’analogue. Onconfond le profit avec le bénéfice, voire avec le revenupur et simple. Ce qui différencie le profit d’autres reve-nus, c’est que l’individu ou le groupe qui le retire de sonentreprise a la faculté, dans la mesure où les circons-tances le lui permettent, de l’accroitre à son gré en agis-sant sur le prix de revient et le prix de vente.De même, quand nous parlons de concurrence, en pen-sant à la concurrence dure, celle qui ruine impitoyable-ment les perdants, nos interlocuteurs, bien souvent,évoquent plutôt la concurrence douce, qui se borne àéliminer les profits abusifs : par exemple la concurren-ce entre deux petits commerçants servant la mêmeclientèle.

(suite page suivante)(suite de la page précédente)

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnn

11 LA GRANDE RELEVE N° 907

Les conséquences visiblesJ’ai essayé de déceler, dans son principe même, ce quirend inacceptable le système fondé sur le profit et laconcurrence. Mais c’est au niveau des conséquencesles plus visibles que ses méfaits éclatent avec le plusd’évidence. Ici la complexité est très grande et l’aberra-tion du système capitaliste prend des formes nom-breuses. Je tenterai donc de ramener les faits à undénominateur commun, ou si l’on préfère à un fait géné-ral qui est immédiatement en amont de ces consé-quences. Et je crois le découvrir dans le déséquilibre quise produit, de bien des manières, dans l’économienationale et mondiale.En voici les principales manifestations. Déséquilibreentre production et consommation, entre offre et deman-de solvable. Déséquilibre entre le nombre des emploisque la machine laisse subsister et le nombre de tra-vailleurs potentiels. Déséquilibre quand il y a abondan-ce, entre les prix de revient, peu variables, et les prix devente, dont la concurrence produit l’effondrement. Désé-quilibre dans le budget des entreprises, quand lesdébouchés rentables, dont la recherche est leur hantiseconstante, viennent à s’amenuiser.Et l’on a recours, soit pour préserver un précaire équi-libre, soit pour accroitre les profits, à des actions crimi-nelles. Je citerai parmi les plus révoltantes : les poli-tiques visant à procurer à l’industrie, par les armementset la guerre, ainsi que par des gaspillages de toutessortes, d’immenses débouchés ; la destruction de pro-duits consommables et les subventions octroyées auxagriculteurs qui limitent leur production ; l’emploi par lesentreprises, en vue d’éviter une augmentation de leursprix de revient, de procédés nuisibles à l’environnement.Des gens bien intentionnés opposent au “capitalismesauvage” un “capitalisme à visage humain”. Mais il estbien vain d’espérer humaniser par des réformessociales d’une réelle ampleur un système économiquedont les fondements mêmes sont inhumains.En majorité, nos contemporains ne partagent pas cetteanalyse du capitalisme. Bien qu’ils soient généralementfiers de leur “réalisme” et de leur clairvoyance, ils necomprennent pas le monde dans lequel ils vivent. Ilscroient n’avoir aucune responsabilité dans le désordreactuel, alors qu’en réalité, ils en sont gravement respon-sables, collectivement, par leur passivité, la superficiali-té de leurs jugements et trop souvent, hélas, leur indiffé-rence.

Chiche, M. J.-F. K. !Un de nos lecteurs nous a communiqué la copie que voicide sa lettre au Directeur du journal “L’événement duJeudi” :

“Vous lancez un appel à vos lecteurs.Alors Monsieur J.F.K. n’est-ce pas une plaisanterie dedemander à ces lecteurs de vous faire des proposi-tions pour vaincre le malaise dans lequel se vautre lecapitalisme qu’il soit, du reste, libéral ou d’Etat ?Si la situation de notre société n’était pas aussi triste,si lamentable, votre appel provoquerait l’hilarité.Voilà 60 ans que la solution existe, mais le mondejournalistique pratique à son sujet la conspiration dusilence ; et pour cause ! n’est-il pas le valet de lagrande finance ?Continuez donc à intoxiquer vos lecteurs en leurcachant la vérité et conditionnez ces pauvres chô-meurs en montant en exergue votre première proposi-tion sur les quarante pour vaincre la chômage, cellepour laquelle, avec ironie je suppose, vous ne trouvezaucune contrepartie. Chapeau !1930 : Allemagne, 12 millions de chômeurs, unebrouette de papier-monnaie pour 1 Kg de pain.1939 : Allemagne, la plus forte armée du monde réali-sée sans argent.1940 : L’Amérique, avec 17 millions de chômeursentre en guerre.1939/1945 : Pillage, casse, destructions, morts... oùa-t-on trouvé l’argent ? Expliquez.. Expliquez !Les 30 glorieuses : reconstruction et re-politicaillerie.Et maintenant.Aurez-vous le culot d’expliquer au petit peuple pour-quoi il n’y a aucun remède depuis 1929 à cette foutueéconomie de marché dont vous vous faites les gorgeschaudes ?Le fascisme, le léninisme, le libéralisme ne sont quedes gestions politiques du capitalisme (privé ou d’Etat).Allez-vous enfin, vous, journalistes, œuvrer pour lechanger ? Allez-vous enfin désobéir à vos Maîtres dela Haute Finance ?Chiche ??”

R.B., Beaugency

Henri Escurpeyrat est décédé le 19 novembre 1991, dans sa 85e année. Il avait rejoint J. Duboin et sescompagnons, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Il a fait partie durant une bonne douzaine d’années duComité Directeur de la Grande Relève et organisa des conférences de J. Duboin à Vienne, dans l’Isère. C’est luiqui me fit découvrir l’économie distributive et c’est toujours avec une grande admiration et une belle émotion qu’ilme parlait de J. Duboin, de M. Laudrain, de J. Gugenheim, de l’Abbé Monin et tant d’autres. Retiré en 1975 danssa belle Dordogne natale, il continuait à lire avec grand plaisir la Grande Relève.

Les anciens distributistes se souviendront de lui comme d’un homme d’une intelligence subtile, pétri d’uneculture phénoménale et surtout d’un homme d’une générosité et d’une bienveillance, envers ses semblables,exceptionnelles .(S. Bagü, son neveu)

Toute l’équipe de la Grande Relève s’associe à ce deuil..

INITIATIVE

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Après nous le délugepar Henri MULLER

LA GRANDE RELEVE N° 907

amais pareille volée de bois vert n’aura été admi-nistrée avec tant de vigueur et de pertinence au

capitalisme américain hérité de l’ère reaganienne. Dansun style alerte, pétillant, imagé, nourri d’heureuses allé-gories, Michel Albert en décrit par le menu les désas-treuses conséquences dans les domaines du vécu quo-tidien : santé, illettrisme, mortalité infantile, drogue, filesde chômeurs “à deux pas des boutiques au luxe inso-lent”, sans-abris battant la semelle dans des encoi-gnures de porte au mileu des poubelles éventrées etdes papiers gras, “des mini-bidonvilles côtoyant desomptueuses villas”, une criminalité galopante, l’insécu-rité pour chacun, “des pauvres plus pauvres face à desriches plus riches”. L’argent-roi a balayé toute morale.“Ce qui règne ici, n’est pas la loi du marché, mais plutôtla monarchie de l’argent”. La ploutocratie a remplacé ladémocratie. La dictature du dollar s’exerce à travers leslobbies économiques assiégeant le pouvoir politique,dans la “gesticulation boursière”, dans la “globalisationde la finance” désormais omniprésente au sein desentreprises enclines à pratiquer “un genre d’économie-casino où l’on joue les hommes à la roulette”. Enfin,complétant un tableau déjà peu alléchant, M. Albert nemanque pas de souligner la dégradation des servicespublics, l’endettement phénoménal des villes et del’Etat, champion mondial des débiteurs, toutes catégo-ries.Alors, le “triomphe” du capitalisme après l’écroulementdu “communisme” ne serait-il qu’un mirage auquelauraient stupidement mordu les populations de l’Estalléchées par le clinquant des vitrines ? Mieux, c’est del’Amérique, de cette terre promise, modèle de libéralis-me, phare de la réussite financière, que nous vient,ajoute l’auteur, “une leçon combien inattendue : le profitpeut aussi affaiblir l’entreprise, pénaliser l’économie,entraver le développement”, mettant ainsi en cause sapropre légitimité identifiée “à l’âme du capitalisme”. Si,en effet, le capitalisme engendre des conséquencespareillement désastreuses, s’il crée sa propre dégrada-tion, que devient la légitimité du profit ? C’est pour parer la spéciosité d’un tel argumentaire queM. Albert aurait écrit son ouvrage, sortant de sa mancheun capitalisme plus rassurant, moins agressif, un capita-lisme géré en bon père de famille dans la tradition desEncycliques auxquelles il se réfère et qu’il baptise éco-nomie sociale de marché, une sorte de social-capitalis-me.Au capitalisme américain, il oppose le modèle allemand(capitalisme rhénan) tel qu’il fonctionne depuis l’aprèsdernière guerre, le parant de toutes les vertus mais sansen retracer la genèse.Accouché d’une réforme monétaire d’initiative américai-

J ne, porté sur les fonds baptismaux par le Plan Marshall,vaste entreprise de colonisation de l’Europe par le dol-lar, grâce aux fonds de contrepartie de l’aide américai-ne, le capitalisme allemand a pris son premier essoravec la reconstruction d’un pays dévasté par la guerre.M.Albert ne s’étend guère sur cette imbrication étroitedes affairistes et financiers d’Outre-Atlantique et deleurs homologues allemands, ni sur les participationsaméricaines dans les industries allemandes qui, aucours de la guerre de Corée, substituèrent leurs produc-tions à celles que les Etats-Unis consacraient à leursarmées. Il y eut ensuite les retombées de trente annéesde guerre froide. Enfin les débouchés attendus de laguerre du Golfe prématurément taris, la réunificationallemande, opérée à la hussarde et les immenses chan-tiers de l’Est interviennent à point nommé pour relancerinvestissements et profits, résorber des excédents agri-coles, industriels et miniers, fléau commun à toutes lesformes de capitalisme.M. Albert prend grand soin de détailler les différencesmarquant les deux types de capitalisme. Chez l’Améri-cain : un enrichissement ultra-rapide mais précaire, lelong terme sacrifié au court terme, des chiens-fousrisque-tout courant individuellement après le profitimmédiat, un Etat minimum, une machine emballée tousfreins desserrés. “Après nous le déluge !” Chez l’Alle-mand : un rythme plus modéré, des niveaux de viemoins contrastés, la religion d’une monnaie forte, unvolet social tributaire du profit au niveau de l’entreprise,un capitalisme surtout bancaire gérant sagement lemagot en bon père de famille, au minimum de risques,piètre boursicoteur, préparant l’avenir à la manière duJapon d’hier, pays engagé à son tour sur la pente glis-sante d’un consumérisme ostentatoire destructeur del’épargne.Cependant, en dépit de ces singularités de façade, lescapitalismes américain et rhénan répondent aux mêmesdéfinitions et accusent les mêmes tares : économie demarché, liberté des prix, concurrence, privatisation, pro-fit, insécurité, injustices, inégalités non légitimées, amo-ralité, conflit entre rentabilité économique et utilité socia-le, vulnérabilité aux crues de production, à l’abondance,fruit du progrès technologique et scientifique, abondan-ce qui “tue le profit”, obligeant le système à recourir aumalthusianisme, aux destructions, aux gaspillages.Pourtant, M. Albert, jonglant avec les paradoxes, s’obs-tine à proclamer sa foi dans un capitalisme bon enfant,providence pour la multitude appelée à bénéficier ducomportement aventureux d’un lot d’audacieux risque-tout favorisés par le hasard ou la chance.Mais les faits ne confirment guère de telles certitudes etl’efficacité économique ne saurait s’accommoder ni de

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Dans cette même rubrique, nous avons publié, le mois dernier, les réflexions d’André Prime sur le livre de MichelAlbert (1). L’analyse de cet ouvrage, que notre ami Henri Muller nous a fait parvenir début décembre, vient compléterl’information de nos lecteurs et alimenter leur réflexion.

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llll iiiibbbbrrrreeeessss ddddéééébbbbaaaattttssssDans notre numéro 905, de Novembre dernier, nous avons publié une lettre de Paul Vila, dont nous pensions bien

qu'elles susciterait beaucoup de réflexions et de réponses de la part de nos lecturs. En voici deux :

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(suite de la page précédente)

hausses de salaires, ni d’un progrès social généralisé àl’ensemble d’une population, ni de l’abondance souhai-tée par le plus grand nombre, ni d’une once de moraleen matière de gain.

***Et le coup de grâce porté à la thèse que défend M.Albert provient de l’inévitable dérive de son cher capita-lisme rhénan vers le modèle reaganien. C’est bien, eneffet, ce que l’auteur constate avec consternation auxdernières pages de son livre, finissant par convenir quedans le combat des deux capitalismes, c’est finalementet paradoxalement le capitalisme américain qui l’empor-te, l’aventureux sur le raisonnable ! Voilà donc qui ruinela crédibilité de sa laborieuse démonstration en faveurd’un capitalisme social assuré de sa durée.Le capitalisme n’est pas amendable. Il vit de men-songes, de faux postulats. Sa vocation, la seule, reste la

l’état dans lequel se trouvait l’URSS et aussi par ledegré d’évolution des mentalités. Mieux valait stimulerl’activité par l’esprit de profit que gérer la pénurie. EnOccident, le problème ne se pose pas de la mêmemanière. Dans le système capitaliste, l’économie demarché amène l’abondance et en même temps le chô-mage. Le problème est d’établir un autre système quifasse profiter à tous des bienfaits du progrès techniqueplus égalitairement et sans exclusive et avec le souci del’écologie. Je suis d’accord que l’union souhaitable nedevrait pas empêcher une certaine autonomie de sescomposantes.Question 3. Je ne vois pas très bien ce que veut dire P.Vila. Je pense aussi que le marché commun favorise lesgros trusts, les multinationales aux dépens des petiteset moyennes entreprises. C’est la loi normale du déve-loppement capitaliste. Ce fut peut-être un bien dans uncertain temps, mais comme Marx l’a dit :”A un certainmoment du développement, ce qui était un facteur deprogrès devient une entrave au développement ulté-rieur”. Je ne sais si la citation est exacte, mais cela enest l’esprit. Cette loi joue aussi en faveur des pays lesplus puissants, les mieux équipés. Donc chaque paysdevrait avoir le droit à un certain protectionnisme pourses producteurs et à réglementer son marché interne.Cela ne devrait pas empêcher les échanges mutuelle-ment avantageux et aussi la libre circulation des mar-chandises au travers d’un pays séparant deux ou plu-sieurs autres.Je crois que tout changement dans le système écono-mique serait difficile, et encore plus pour le faire àl’échelle européenne. C’est pourquoi, je suis pour unegrande autonomie de chaque nation, et que celle quivoudrait expérimenter, par exemple, le distributisme,puisse le faire en toute liberté, sans aucune pression. Jepense que cela suppose un nouveau système financier.L’idéal serait que l’on puisse établir un système moné-taire européen, mais je crois cela irréalisable immédia-

maximisation du profit par tous les moyens quels qu’ilssoient.Aux trois âges du capitalisme que retrace M. Albert : “lecapitalisme contre l’Etat”, “le capitalisme encadré parl’Etat” et aujourd’hui, “le capitalisme à la place de l’Etat”,il faudra bientôt mettre un point final. Victime de ses iné-luctables excès, le capitalisme américain semble pro-mis, à son tour, à un écroulement comparable à celui du“communisme”, entrainant dans son sillage une partiedu monde civilisé.Resterait en lice, hormis le socialisme chinois encoresur la brèche, toujours vaillant, mais peu séduisant, unealternative socialiste à monnaie de consommationconcrétisant l’éradication du profit, une utopie monétai-rement révolutionnaire tenue sous le boisseau dont ilest peu probable que Michel Albert ignore l'existence.Un livre, malgré tout, formidablement “intéressant”.———(1) Editions du Seuil sept. 91.

Dans sa lettre, Paul Vila pose une certain nombre dequestions. Je vous envoie cette lettre pour exprimermon opinion par rapport à ces questions. L’Union de l’Europe avec un système distributiste seraitsouhaitable, mais il ne faut pas se faire d’illusions.Faute de pouvoir l’espérer, je crois que l’union tellequ’elle se fait actuellement est préférable au manqued’entente, et par conséquent, il faut aider à sa réussite.Il est peu probable que tous les pays concernés arrive-ront à un même système politique et économique, il estdonc bon que l’union se fasse même avec des sytèmesdivers. L’exigence d’une certaine autonomie de chaquenation doit éviter d’être l’expression d’un nationalismeégoïste et chauvin.Question 1. Je pense souhaitable tout ce qui facilite lesrelations entre les peuples. Une banque centrale seraitsans doute un moyen de simplifier les relations com-merciales, les voyages, les échanges intercommunau-taires. Un grave problème est de savoir quel serait sonrôle et par qui elle serait contrôlée. Si des technicienssont nécessaires pour son organisation, son bon fonc-tionnement, il serait souhaitable que ce ne soit pas dessuperfinanciers qui disposent de sa puissance etn’ayant qu’un but : le profit. Pour l’émission d’une mon-naie commune, il serait bon qu’il y ait une règle, et quece soit l’institution politique élue démocratiquement parl’ensemble des peuples, qui édicte cette règle et lafasse respecter. Le rôle de la banque serait à la foisbanque de dépôt pour les particuliers ou groupesn’ayant pas un emploi immédiat de leurs économies, etd’ouvrir un crédit pour ceux qui veulent réaliser degrands projets. Cela plutôt comme un service quecomme source de profits.Question 2. Que veut dire l’auteur par démocratie éco-nomique ? Il cite la NEP en Union soviétique. Devantles difficultés du bon fonctionnement de l’économie pla-nifiée, les Soviétiques ouvrirent certains secteurs àl’économie de marché. Cela s’explique et se justifie par

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LA GRANDE RELEVE N° 907

tement. Je pense donc à un système permettant àchaque nation d’avoir le sien propre et tout en permet-tant la libre circulation de la monnaie européenne, d’éta-blir son taux de change intérieur. Je dois préciser que jesuis favorable au système de monnaie préconisé par lescréditistes britanniques.

J.P.O., Bugeat***

Autre réponse à Paul VilaJe crois que la réponse aux trois premières questions(je laisse de côté la quatrième, qui ne parait pas concer-ner l’Europe) se trouve dans mon article sur les pers-pectives européennes, paru dans le n° 873, dedécembre 1988.Question 1. Si l’Europe était trop centralisée, c’est quesa constitution ne serait pas vraiment conforme auxprincipes du fédéralisme.Le pouvoir fédéral doit assurer, tout en respectant ladiversité des cultures nationales, la promotion d’uneculture européenne : définir une morale commune,d’inspiration humaniste, sur laquelle les élites desnations de l’Europe peuvent se trouver d’accord.Questions 2 et 3. Si c’était possible, il faudrait éviterque le pouvoir fédéral soit avant tout un pouvoir écono-mique. Malheureusement il est bien tard pour redresserla barre. L’Europe a été conçue comme le grand mar-ché où règnera la concurrence propre à ruiner les moinsfavorisés. Tout se passe comme si l’acceptation ducapitalisme était ce qui doit sceller l’union des nationseuropéennes. Dès lors, une évolution originale decelles-ci sur le plan économique devient impossible.Il appartient à chaque Etat - si on lui en laisse la possi-bilité - d’organiser à son gré la mise en chantier d’unetransformation économique. La confrontation des résul-tats de ces expériences serait enrichissante et stimulan-te pour tous les membres de l’Europe fédérée.Dans une véritable fédération, certains domaines sontdu ressort des Etats-membres, d’autres concernent lepouvoir fédéral. Il eût été essentiel de classer l’écono-mie parmi les premiers, et les gouvernements font lecontraire. Pierre Herdner

Ces prix sont cependant trop faibles pour procurer desrevenus suffisants aux petites exploitations agricoles,mais la marge profite aux exploitations importantes, audétriment des consommateurs, qui paient plus cher queles cours du marché international et paient en plus lesinvendus rachetés par l’Etat et la CEE.Cette dernière ne veut plus de ces invendus, qui absor-bent une part très importante de son budget. ChaqueEtat européen est dans la même situation, obligéd’ailleurs à suivre une politique commune au sein de la CEE.Aux Etats-Unis, au lieu de soutenir les cours des pro-duits agricoles, le gouvernement fédéral préfère verserun soutien direct aux agriculteurs, ceux-ci continuant derecevoir les revenus de leurs productions librement.Que pourra faire l’Alliance ? Faire mieux appréhender la situation des petits exploi-tants agricoles par les citadins. Mais quelle solutionpeut-elle proposer ? Tout est coincé dans le système,qui forme la structure sociale et économique actuelle,dont le profit financier est le principe de base. Commentéviter que 600.000 agriculteurs deviennent chômeursavant la fin du siècle ? Bien peu de gens comprennent que cette structure éco-nomique n’est ni naturelle, ni divine, qu’elle n’est qu’unecréation des hommes. Or, ce que l’homme a fait, il peut le défaire !De quel côté est l’utopie ? Arriver à provoquer des mil-lions de chômeurs et de misérables en espérant vivre enpaix, ou, créer une structure économique basée sur larépartition de toute la production entre tous les citoyens? A.T., GrenobleRéponse. C’est bien pourquoi nous avons proposé, dansle cadre de la Commission Sociale de l’AssociationEurope 1993, que l’économie distributive commence parle secteur agricole. Cette proposition est reprise parl’équipe qui prépare un numéro spécial de “Transver-sales” consacré à ces questions.

***Je continue bien sûr à m’intéresser à l’évolution dumonde et la Grande Relève fait partie de ma documen-tation nécessaire. Où allons-nous, au milieu de nos pali-nodies politiques ?J’avoue que je recommence à avoir peur pour mesenfants et leur descendance, les prochaines échéancespolitiques nous donneront-elles un peu d’espoir ? Etquand aurons-nous fini de détruire la nature ?

L’évolution politique de la France me paraitêtre marquée par un dérèglement à peuprès total de l’esprit politique. Gauche etdroite semblent avoir perdu le peu de bonsens qu’il leur restait et je me sens inca-pable de formuler une hypothèse sur lesrésultats des prochaines élections. J’avoue

humblement que ma seule certitude est de ne pas voterLe Pen. Que feront les Verts ? Il est certain, me parait-il,que François Mitterrand semble vouloir chausser lessouliers de De Gaulle, mais où cela nous mènera-t-il, neserait-il pas aussi un descendant de Talleyrand ?

A.L., Bordeaux

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***Comment répondre à l’appel au secours des paysans,qui participent à “l’Alliance”, en demandant l’aide desécologistes et des consommateurs pour maintenir envie les petites exploitations agricoles ?De combien faudrait-il augmenter les prix àla production pour que les petites entre-prises agricoles puissent permettre auxexploitations de se maintenir ?Les gouvernements qui se sont succédésen France depuis quarante ans ont soute-nu des prix à la production, en essayant deprendre en compte le revenu des petites entreprisesagricoles.Ces prix sont supérieurs aux cours internationaux, cequi pénalise les consommateurs en France au profit desimportateurs, qui bénéficient des prix élevés du marchéintérieur français.

R. Gimonneau souhaiteentrer en contact avecd’autres distributistes deCharente-Maritime. Ecrireau Journal qui transmettra.

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Pour produire ce dont il a besoin pourvivre, I’homme a toujours cherché àaméliorer ses techniques, afin d’allégersa peine. Mais en ce XX ème siècle,I’accélération des progrès technolo-giques est une révolution sans commu-ne mesure avec celles du passé. Depuissantes machines et des robotssont capables aujourd’hui de remplacerle travail de l’homme dans toutes lestâches de routine, se substituant nonseulement à ses muscles et à l’agilitéde ses doigts, mais aussi à sa mémoi-re, à la plupart de ses sens, et mêmeaux activités purement logiques de soncerveau.Avec la découverte des codes de lanature (génie génétique en particulier) et lesproductions de matières premières surmesure, I’humanité est en train de vivreune véritable mutation ; elle est auseuil d’une nouvelle civilisation.Cette “révolution de l’intelligence “ est,comme l’annonçait J. Duboin en lan-çant ce journal en 1934, “ la granderelève “ des hommes par la technique,dans tous les processus de production.Fini le temps, où, pour assurer sa sur-

vie, I’être humain était obligé d’y consa-crer toutes ses forces et toute sa vie !L’essentiel des productions nécessairespeut désormais être réalisé par desrobots...Ceci implique d’énormes change-ments dans nos comportementséconomiques. Le pouvoir d’achat ne pouvant plusêtre mesuré par la durée d’un travailaccompli, il faut imaginer d’autresmoyens que le salaire pour accéder àce que les robots doivent fabriquerpour tous.Parce que nous n’avons pas eu le cou-rage de renoncer à des habitudes qui serévèlent inadaptées, nous avons laissénotre monde se transformer en unegigantesque poudrière, où tout craque,où tous s’affrontent. La course au profitdes uns, la lutte des autres pour leur sur-vie, font courir à notre environnement desrisques majeurs , alors que le fossé secreuse entre les riches qui s'enrichis-sent, et les pauvres qui s'appauvrissent.La misère grandit en ce mondeau moment où s'ouvre l'ère del'abondance ! Ce monde absurde

où l'on dépense plus de 10 millions defrancs chaque minute pour la guer-re, mais où on ne trouve pas d’argentpour empêcher des millions de gens desouffrir de malnutrition ! Nous sommes placés à la charnièreentre deux civilisations. Héritièred’un formidable potentiel de savoir-faire et de techniques (qui est le fruitdes efforts accumulés par toutes cellesqui l’ont précédée), notre génération al’énorme tâche d’assurer l’adaptationde la société à cette brutale transfor-mation. Il nous appartient d’ima-giner et d’installer les moyenspour que ces immenses possi-bilités, au lieu d’écraser la plu-part d’entre nous, soient maîtri-sées et organisées pour assu-rer l’épanouissement optimumde tous les êtres humains... etde leurs descendants sur cetteplanète.A l’époque où le monde dit civilisé sur-montait la crise de 1929... pours’enfoncer dans la seconde guerremondiale, ces moyens ont été propo-sés par J. Duboin sous le nom de :

rrrrééééssssuuuummmméééé ddddeeee nnnnoooossss tttthhhhèèèèsssseeeessss

régulièrement son REVENU DECITOYEN (la carte à mémoire estparfaite pour cela) de la naissanceà la mort: tout individu homme oufemme, travaillant ou pas, devientainsi un ê t re économique -ment indépendant . C’est unmoyen pour ce dernier d’exprimerson choix quant à la production àrenouveler (la loi du marchéretrouve donc son rôle) et d’orien-ter les investissements en fonctionde ses besoins.LES INVESTISSEMENTS, de mêmeque le fonctionnement des ser-vices publics, sont pris en comptepour évaluer la production “dispo-nible“ et celle-ci détermine le mon-tant total des revenus à distribuer;il n’y a donc pas d’impôt et lesrevenus augmentent avec la pro-duction.Ainsi l’ère de l’abondance n’est plus lerègne du veau d’or, c’est celui d’unegestion objective des biens de cemonde en fonction des besoins.

L a c o m p é t i t i v i t é f a i tplace à la convivial i té .

LE TRAVAIL : Même en développanttoutes les possibilités, il restera tou-jours les tâches que seul un humainpeut accomplir. Celles-ci doiventêtre partagées entre tous, en fonc-tion des aptitudes et des besoins.C’est à la fois un devoir, celui departiciper, et un droit, celui d’être uncitoyen qui assume son rôle. Cetteparticipation aux tâches néces-saires devient un SERVICE SOCIALdont la durée calculée sur une viene fera que diminuer à mesure desprogrès de l’automatisation. Ainsipeut augmenter pour tous la propor-tion de temps dégagé pour desactivités librement choisies.Dès lors que le temps de travailhumain décroît pour une produc-tioncroissante, il faut dissocier travail etrevenus.LES REVENUS : Les revenus n’étantplus mesurés par le travail, il fauttrouver d’autres critères pour quechacun reçoive sa part d’une pro-duction qui peut croître à volonté.L’économie distributive assure àchacun cette part en lui versant

Mettre l'économie au servicedes gens et non plus l'inver-se , adop te r e t su iv re unesaine pol i t ique de gest iondes ressources, celà n'est paspossible tant que la monnaie(le "sang de l'économie") per-met la spéculation et tant quela créat ion de cette monnaieex -n i h i l o r es te l e p r i v i l ègeexercé par les banques avecleur intérêt pour objectif.

La première et radicale transfor-mation nécessaire est donc celle deLA MONNAIE : la monnaie dis-tr ibut ive n 'est pas thésau-r i s a b l e e t e l l e n e c i r c u l epas . C’est une monnaie deconsommat ion qui s’annule(comme s’annule un bi l let detrain) quand une production ouun service est parvenu à sonconsommateur. Elle est crééeproport ionnellement à la pro-duction : il y a équilibre entrerevenus distribués et montantdes richesses disponibles.

llll ''''ééééccccoooonnnnoooommmmiiiieeee ddddiiiissssttttrrrr iiiibbbbuuuutttt iiiivvvveeee

La Grande Relève, mensuel fondé en 1934, BP 108, 78110 Le Vésinet