Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le...

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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17766 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI SAMEDI 9 MARS 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. LES ANCÊTRES de l’hom- me moderne sont partis d’Afrique. Quand, avec quel- les conséquences ? La biolo- gie suggère des pistes inédites pour remonter notre histoire. Lire page 27 AVANT D’ÊTRE pré- sentée à Paris, la mode de l’hiver 2002-2003 s’est exposée à Milan. Une centaine de défilés ont permis de découvrir des tendances qui seront vite recopiées pour figurer dans les enseignes, com- me les pulls tricotés, les pantalons de velours côtelé ou les manteaux en mouton retourné sur des nuisettes en mousse- line. Les références à l’imagerie des années 1970 sont légion, avec des robes tissées à la main en mèches ou des besaces frangées. Un « retour aux racines » qui n’exclut pas les four- rures et les matières luxueuses. Lire page 30 LA DÉGRADATION inquiétante de la situation au Proche-Orient, où l’on dénombre une vingtaine de morts chaque jour depuis le début de la semaine, a conduit, jeu- di 7 mars, le président des Etats- Unis, George W. Bush, à décider d’envoyer la semaine prochaine, pour une nouvelle mission dans la région, l’émissaire américain, le général en retraite Anthony Zinni. Le retour de M. Zinni devrait coïncider avec la visite prévue, à partir du 10 mars, du vice-prési- dent américain, Dick Cheney, deux semaines avant le sommet de la Ligue arabe à Beyrouth et au cours duquel devraient être discutées les propositions de paix du prince héri- tier saoudien, Abdallah Ben Abdel Aziz : l’échange d’un retrait total d’Israël des territoires occupés en 1967 contre une normalisation totale des relations avec la majori- té des pays arabes. Un cycle ininterrompu d’atten- tats et d’attaques palestiniens et de représailles israéliennes – les plus brutales depuis septembre 2000 – a fait plus de cent morts en quelques jours. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un milicien du Hamas est parvenu à s’infiltrer dans la colonie d’Atzmona, dans le sud de la bande de Gaza. Il a ouvert le feu dans une académie militaire, tuant cinq étudiants avant d’être abattu. Vendredi matin, Tsahal poursuivait ses opé- rations de représailles, faisant au moins vingt-six morts. Lire nos informations page 2 LUXE Entretien avec le PDG de LVMH, Bernard Arnault p. 20 CROISSANCE Alan Greenspan et la BCE optimistes sur la reprise p. 22 AVORTEMENT Les Irlandais refusent de durcir la loi p. 5 PÉDOPHILIE Procès à Colmar, réseau démantelé à Angers p. 11 DISQUES « Star Academy », « Popstars » : télévisions et majors trustent le marché p. 32 LE MÉTRO À RENNES Dix jours de fête pour son entrée en service p. 14 La mode italienne renoue avec la nonchalance hippie A l’aube de l’humanité International.............. 2 Union européenne.... 5 France ......................... 6 Société ....................... 11 Régions ..................... 14 Carnet........................ 15 Abonnements .......... 15 Horizons ................... 16 Entreprises............... 20 Communication ...... 23 Marchés .................... 25 Aujourd’hui .............. 27 Météorologie............ 31 Jeux............................ 31 Culture ...................... 32 Radio-Télévision...... 35 A L’OCCASION du 8 mars, Jour- née internationale des femmes, les candidats à la présidentielle déve- loppent leurs propositions en direction d’un électorat qui repré- sente 53 % des inscrits. Après Jean- Pierre Chevènement jeudi soir à Orléans, Lionel Jospin devait le fai- re vendredi à Paris, comme Robert Hue, et Jacques Chirac à Montauban. Un sondage réalisé par la Sofres pour Le Monde, TF1 et RTL, indique que le bilan du pre- mier ministre en faveur des fem- mes est jugé plus flatteur que celui de Jacques Chirac (46 % d’opinions positives pour le premier, 36 % pour le second). Au premier tour, les femmes choisiraient plus Jac- ques Chirac (26 %) que Lionel Jos- pin (23 %). Qui comprend le mieux les problèmes des femmes ? Arlet- te Laguiller vient, sur cette ques- tion, largement en tête. Les scandales du football français -- - a Ali, le premier boxeur moderne . / COMME toute légende, celle de Cassius Clay s’appuie sur des faits – dans son cas, un talent exception- nel pour la boxe – pour se déployer ensuite sur un terrain purement fantasmatique. C’est ici que nous trouvons le champion baptisé Mu- hammad Ali. Ali, le magnifique film réalisé par Michael Mann sur le champion du monde des poids lourds, ne fera pas grand-chose pour combler le gouffre entre le Ali de la légende et un Ali plus complexe, plus ambigu, conforme à la réalité. C’est logique, et inévitable. Ali est après tout le seul boxeur à s’être immortalisé de son vivant. D’abord en 1977, dans un film de fiction sur sa vie, The Greatest, de Tom Gries et Monte Hellman, où il interprète son propre rôle. Puis dans une auto- biographie célèbre, Le Plus Grand, écrite en 1979 avec le militant isla- miste Richard Durham et dont on ne peut croire un traître mot. Un Ali aux multiples talents y est célé- bré sans nuances : enfant malheu- reux, contraint à la misère le plus absolue, alors que les autres mem- bres de sa famille ont toujours affir- mé le contraire ; membre de la Nation of Islam ; militant contre la guerre du Vietnam ; séducteur irré- sistible ; tribun incomparable. Dans ce récit, pas un mot sur les erre- ments de la Nation of Islam, ses militants rackettés et battus pour ne pas avoir vendu assez d’exem- plaires du journal de l’organisation, Muhammad Speaks. Rien sur les détournements de fonds de son lea- der, Elijah Muhammad, qui préle- vait par ailleurs 33 % des bourses perçues par Ali. Et ce jusqu’à la fin d’une carrière qui s’achève lamenta- blement en 1981 dans un combat sans enjeu contre le Canadien Tre- vor Berbick, où Ali, déjà atteint de la maladie de Parkinson, se fait met- tre KO. Rien non plus sur l’assassi- nat de Malcolm X, qu’Ali laisse tom- ber sur pression des dirigeants de la Nation of Islam, ou sur les déclara- tions racistes d’Elijah Muhammad sur la bêtise des Noirs à la peau fon- cée, race inférieure comparée aux Noirs à la peau claire dont son orga- nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait pas creuser un visage supplémentai- re à l’effigie d’Ali au mont Rushmo- re, juste à côté de George Washing- ton et d’Abraham Lincoln. Samuel Blumenfeld Lire la suite page 19 LA LIGUE nationale de football a interdit de banc de touche, pour six mois, le manageur du PSG, Luis Fer- nandez (photo). Une sanction forte, après les incidents du match contre Bordeaux, qui témoigne d’une prise de conscience devant les dérives du football. Il en est de plus graves qu’il- lustre l’affaire Jean-Luc Baresi, agent de joueurs mis en examen dans un dossier de racket à Marseille. Lire page 28 Les prisonniers de Guantanamo veulent savoir « ce qui va leur arriver » Jospin, Chirac, Laguiller : ce qu’en pensent les femmes Un sondage Sofres-« Le Monde »-RTL-TF1 auprès des femmes sur l’élection présidentielle 0123 télévision Le cas Berlusconi Paris Première L’info sur France 5 f Elles représentent 53 % de l’électorat f Elles jugent que la candidate de LO les comprend le mieux f Elles approuvent le bilan de Jospin mais voteraient plutôt pour Chirac f Le premier meeting du candidat socialiste Lire pages 6 à 10, notre éditorial page 19 et Pierre Georges page 36 GUANTANAMO BAY (Cuba) de notre envoyé spécial Jeudi 7 mars, ils n’étaient plus que vingt et un à refuser leur déjeuner. Le général Michael Leh- nert, commandant les opérations relatives à la détention de 300 prisonniers, capturés en Afgha- nistan, sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, annonçait que le nombre des grévistes de la faim ne cessait de décroître. Le 1 er mars, 194 avaient refusé de prendre leur repas. Provoquée le 28 février par l’intervention d’un soldat américain exigeant d’un détenu qu’il reti- re le turban qu’il s’était confectionné avec une serviette de toilette, la protestation, explique le général Lehnert, n’est pas d’ordre religieux. « Ils veulent savoir ce qui va leur arriver », disait ce marine, qui assurait avoir parlé avec la plupart des 300 détenus, directement ou avec l’aide d’un interprète. « Je leur réponds dans les termes les plus généraux, disait-il, puisque les détails relatifs aux rapatriements, aux procès et, plus important que tout, à la durée de leur séjour ici n’ont pas été décidés. » Le général Lehnert n’ex- prime aucune indulgence pour ses prisonniers ; c’est sans aménité qu’il observe leur capacité à « manipuler leurs propres valeurs » ou leur sens de la communication, certains lui ayant deman- dé si les médias avaient parlé de leur grève de la faim. Il constate simplement que sa mission n’est pas facile, car les réponses aux questions que posent les détenus ne dépendent pas de lui. Il lui incombe, en revanche, de contenir leur angoisse ou leur colère. Trois détenus refusent totalement de s’ali- menter depuis le 1 er mars, et deux d’entre eux ont été traités, jeudi, pour remédier à un début de déshydratation. Les autres ont tous pris au moins un repas, le plus grand nombre des grévis- tes étant revenu à un régime normal. Ceux qui avaient été les plus actifs dans la protestation ont été regroupés dans une partie du camp, une zone baptisée X-Ray bien avant le 11 septembre et les opérations en Afghanistan. L’appellation de « rayons X » convient pourtant bien à cet assemblage de cellules individuelles faites de grillages, et par conséquent totalement transpa- rentes sous la lumière du jour comme sous la clarté des lampes allumées toute la nuit. Les pri- sonniers sont habillés de survêtements orange pour ajouter à leur visibilité. Le soleil, lourd déjà en mars sur cette côte sud de Cuba, écrase les cellules. Le général Lehnert n’est pas mécontent d’an- noncer aux journalistes, qui se succèdent par groupes de quinze ou vingt tous les trois jours, qu’un bâtiment en dur, comprenant 408 cellu- les, sera achevé le 12 avril. Il a proposé la construction d’un second bâtiment de même importance « en anticipant sur le succès de l’opération “Anaconda” », en cours dans l’est de l’Afghanistan. Patrick Jarreau Proche-Orient : plus de 25 morts par jour

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www.lemonde.fr

58 ANNÉE – Nº 17766 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANISAMEDI 9 MARS 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, AutricMaroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-B

A l’aube del’humanité

International.............. 2Union européenne.... 5France......................... 6Société ....................... 11Régions ..................... 14Carnet........................ 15Abonnements .......... 15Horizons ................... 16

Entreprises............... 20Communication ...... 23Marchés.................... 25Aujourd’hui.............. 27Météorologie............ 31Jeux............................ 31Culture...................... 32Radio-Télévision...... 35

Les scandalesdu footballfrançais

a

Ali, le prem

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Les prisonniers de Guantanamo veul

Jospin, Chirac, Laguiller :ce qu’en pensent les femmes

Un sondage Sofres-« Le Monde »-RTL-TF1 auprès des femmes sur l’élection présidentielle

0123

télévisionLe cas Berlusconi

Paris PremièreL’info sur France 5

Proche-Orient

A L’OCCASION du 8 mars, Jour-née internationale des femmes, lescandidats à la présidentielle déve-loppent leurs propositions endirection d’un électorat qui repré-sente 53 % des inscrits. Après Jean-Pierre Chevènement jeudi soir àOrléans, Lionel Jospin devait le fai-re vendredi à Paris, commeRobert Hue, et Jacques Chiracà Montauban. Un sondage réalisépar la Sofres pour Le Monde, TF1et RTL, indique que le bilan du pre-mier ministre en faveur des fem-mes est jugé plus flatteur que celuide Jacques Chirac (46 % d’opinionspositives pour le premier, 36 %pour le second). Au premier tour,les femmes choisiraient plus Jac-ques Chirac (26 %) que Lionel Jos-pin (23 %). Qui comprend le mieuxles problèmes des femmes ? Arlet-te Laguiller vient, sur cette ques-tion, largement en tête.

he 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00as 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 D

ier boxeur moderne

ent savoir « ce qui va leur arriver »

: plus de 25 morts par jour

f Elles représentent53 % de l’électorat

f Elles jugent que lacandidate de LO lescomprend le mieux

f Elles approuvent lebilan de Jospin maisvoteraient plutôtpour Chirac

f Le premier meetingdu candidat socialiste

Lire pages 6 à 10,notre éditorial page 19

et Pierre Georges page 36

La mode italienne renoueavec la nonchalance hippie

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LA DÉGRADATION inquiétantede la situation au Proche-Orient,où l’on dénombre une vingtainede morts chaque jour depuis ledébut de la semaine, a conduit, jeu-di 7 mars, le président des Etats-Unis, George W. Bush, à déciderd’envoyer la semaine prochaine,pour une nouvelle mission dans larégion, l’émissaire américain, legénéral en retraite Anthony Zinni.

Le retour de M. Zinni devraitcoïncider avec la visite prévue, àpartir du 10 mars, du vice-prési-dent américain, Dick Cheney, deuxsemaines avant le sommet de laLigue arabe à Beyrouth et au coursduquel devraient être discutées les

propositions de paix du prince héri-tier saoudien, Abdallah Ben AbdelAziz : l’échange d’un retrait totald’Israël des territoires occupés en1967 contre une normalisationtotale des relations avec la majori-té des pays arabes.

Un cycle ininterrompu d’atten-tats et d’attaques palestiniens etde représailles israéliennes – lesplus brutales depuis septembre2000 – a fait plus de cent morts enquelques jours. Dans la nuit dejeudi à vendredi, un milicien duHamas est parvenu à s’infiltrerdans la colonie d’Atzmona, dans lesud de la bande de Gaza. Il aouvert le feu dans une académiemilitaire, tuant cinq étudiantsavant d’être abattu. Vendredimatin, Tsahal poursuivait ses opé-rations de représailles, faisant aumoins vingt-six morts.

Lire nos informations page 2

¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1T, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

LA LIGUE nationale de football ainterdit de banc de touche, pour sixmois, le manageur du PSG, Luis Fer-nandez (photo). Une sanction forte,après les incidents du match contreBordeaux, qui témoigne d’une prisede conscience devant les dérives dufootball. Il en est de plus graves qu’il-lustre l’affaire Jean-Luc Baresi, agentde joueurs mis en examen dans undossier de racket à Marseille.

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,50 ¤, Ita

AVANT D’ÊTRE pré-sentée à Paris, la modede l’hiver 2002-2003 s’estexposée à Milan. Unecentaine de défilés ontpermis de découvrir destendances qui seront viterecopiées pour figurerdans les enseignes, com-me les pulls tricotés, lespantalons de velourscôtelé ou les manteauxen mouton retourné surdes nuisettes en mousse-line. Les références àl’imagerie des années1970 sont légion, avecdes robes tissées à lamain en mèches ou desbesaces frangées. Un« retour aux racines »qui n’exclut pas les four-rures et les matièresluxueuses. Lire page 30

GUANTANAMO BAY (Cuba)de notre envoyé spécial

Jeudi 7 mars, ils n’étaient plus que vingt et unà refuser leur déjeuner. Le général Michael Leh-nert, commandant les opérations relatives à ladétention de 300 prisonniers, capturés en Afgha-nistan, sur la base américaine de Guantanamo,à Cuba, annonçait que le nombre des grévistesde la faim ne cessait de décroître. Le 1er mars, 194avaient refusé de prendre leur repas.

Provoquée le 28 février par l’intervention d’unsoldat américain exigeant d’un détenu qu’il reti-re le turban qu’il s’était confectionné avec uneserviette de toilette, la protestation, explique legénéral Lehnert, n’est pas d’ordre religieux. « Ilsveulent savoir ce qui va leur arriver », disait cemarine, qui assurait avoir parlé avec la plupartdes 300 détenus, directement ou avec l’aided’un interprète. « Je leur réponds dans les termesles plus généraux, disait-il, puisque les détailsrelatifs aux rapatriements, aux procès et, plus

important que tout, à la durée de leur séjour icin’ont pas été décidés. » Le général Lehnert n’ex-prime aucune indulgence pour ses prisonniers ;c’est sans aménité qu’il observe leur capacité à« manipuler leurs propres valeurs » ou leur sensde la communication, certains lui ayant deman-dé si les médias avaient parlé de leur grève de lafaim. Il constate simplement que sa missionn’est pas facile, car les réponses aux questionsque posent les détenus ne dépendent pas de lui.Il lui incombe, en revanche, de contenir leurangoisse ou leur colère.

Trois détenus refusent totalement de s’ali-menter depuis le 1er mars, et deux d’entre euxont été traités, jeudi, pour remédier à un débutde déshydratation. Les autres ont tous pris aumoins un repas, le plus grand nombre des grévis-tes étant revenu à un régime normal. Ceux quiavaient été les plus actifs dans la protestationont été regroupés dans une partie du camp, unezone baptisée X-Ray bien avant le 11 septembre

et les opérations en Afghanistan. L’appellationde « rayons X » convient pourtant bien à cetassemblage de cellules individuelles faites degrillages, et par conséquent totalement transpa-rentes sous la lumière du jour comme sous laclarté des lampes allumées toute la nuit. Les pri-sonniers sont habillés de survêtements orangepour ajouter à leur visibilité. Le soleil, lourd déjàen mars sur cette côte sud de Cuba, écrase lescellules.

Le général Lehnert n’est pas mécontent d’an-noncer aux journalistes, qui se succèdent pargroupes de quinze ou vingt tous les trois jours,qu’un bâtiment en dur, comprenant 408 cellu-les, sera achevé le 12 avril. Il a proposé laconstruction d’un second bâtiment de mêmeimportance « en anticipant sur le succès del’opération “Anaconda” », en cours dans l’est del’Afghanistan.

Patrick Jarreau

LES ANCÊTRES de l’hom-me moderne sont partisd’Afrique. Quand, avec quel-les conséquences ? La biolo-gie suggère des pistes inéditespour remonter notre histoire. Lire page 27

COMME toute légende, celle deCassius Clay s’appuie sur des faits –dans son cas, un talent exception-nel pour la boxe – pour se déployerensuite sur un terrain purementfantasmatique. C’est ici que noustrouvons le champion baptisé Mu-hammad Ali. Ali, le magnifique filmréalisé par Michael Mann sur lechampion du monde des poidslourds, ne fera pas grand-chosepour combler le gouffre entre le Alide la légende et un Ali pluscomplexe, plus ambigu, conformeà la réalité.

C’est logique, et inévitable. Aliest après tout le seul boxeur à s’êtreimmortalisé de son vivant. D’aborden 1977, dans un film de fiction sursa vie, The Greatest, de Tom Grieset Monte Hellman, où il interprèteson propre rôle. Puis dans une auto-biographie célèbre, Le Plus Grand,

écrite en 1979 avec le militant isla-miste Richard Durham et dont onne peut croire un traître mot. UnAli aux multiples talents y est célé-bré sans nuances : enfant malheu-reux, contraint à la misère le plusabsolue, alors que les autres mem-bres de sa famille ont toujours affir-mé le contraire ; membre de laNation of Islam ; militant contre laguerre du Vietnam ; séducteur irré-sistible ; tribun incomparable. Dansce récit, pas un mot sur les erre-ments de la Nation of Islam, sesmilitants rackettés et battus pourne pas avoir vendu assez d’exem-plaires du journal de l’organisation,Muhammad Speaks. Rien sur lesdétournements de fonds de son lea-der, Elijah Muhammad, qui préle-vait par ailleurs 33 % des boursesperçues par Ali. Et ce jusqu’à la find’une carrière qui s’achève lamenta-

blement en 1981 dans un combatsans enjeu contre le Canadien Tre-vor Berbick, où Ali, déjà atteint dela maladie de Parkinson, se fait met-tre KO. Rien non plus sur l’assassi-nat de Malcolm X, qu’Ali laisse tom-ber sur pression des dirigeants de laNation of Islam, ou sur les déclara-tions racistes d’Elijah Muhammadsur la bêtise des Noirs à la peau fon-cée, race inférieure comparée auxNoirs à la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole.Ali se contemple aujourd’hui d’unbloc. C’est tout juste si l’on n’iraitpas creuser un visage supplémentai-re à l’effigie d’Ali au mont Rushmo-re, juste à côté de George Washing-ton et d’Abraham Lincoln.

Samuel Blumenfeld

Lire la suite page 19

LUXEEntretien avec le PDGde LVMH,Bernard Arnault p. 20

CROISSANCEAlan Greenspanet la BCE optimistessur la reprise p. 22

AVORTEMENTLes Irlandais refusentde durcir la loi p. 5

PÉDOPHILIEProcès à Colmar,réseau démanteléà Angers p. 11

DISQUES« Star Academy »,« Popstars » :télévisions et majorstrustent le marché p. 32

LE MÉTRO À RENNESDix jours de fêtepour son entréeen service p. 14

lie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,

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NAPLOUSEde notre envoyé spécial

Du haut du mont Gérizim, le pos-te d’observation de l’armée israé-lienne domine le camp de réfugiés

de Balata, à l’entrée de Naplouse.Un faucon stationne un instantau-dessus de l’à-pic, face au vent,avant de plonger dans la plaine.Une détonation retentit à cet ins-tant et des volutes de fumée noires’élèvent au-dessus d’un hangarsitué à quelques centaines demètres du camp, en bordure de laroute qui file en direction de la Jor-danie. Le responsable del’escouade israélienne grimpéelà-haut pour une patrouille de routi-ne file récupérer une paire de jumel-les. « Ce sont des explosifs. Peut-êtreun “accident du travail”, l’explosionprématurée d’une voiture piégée »,affirme-t-il avant d’examiner avecattention les alentours du hangar.

Plus bas, à l’entrée sud deNaplouse, des tirs se font sporadi-quement entendre, même si un cal-me précaire est revenu sur le campaprès l’offensive massive menéejeudi 28 février et vendredi1er mars dans ce bastion du Fatah.« Une opération de ce type étaitdepuis longtemps considéréecomme une option », assure le colo-nel Yossi Adiri, qui commande la

région militaire. Basé à une poi-gnée de kilomètres seulement ducentre de la grande agglomérationpalestinienne, l’officier assure quequatre brigades, soit plus de millehommes, dont des parachutisteset des unités spéciales, ont partici-pé à l’attaque de cette véritable vil-le de vingt mille habitants situéedans la banlieue de Naplouse.

« Quelles que soient les critiquesde la presse israélienne, je reste con-vaincu qu’il s’agit d’un succès. Tech-niquement, le choix de passer d’unemaison à l’autre en cassant les mursau lieu de se risquer dans les ruellesétait bon. Au total, l’objectif psycho-logique a été atteint : montrer quel’on pouvait intervenir partout oùnous le souhaitions. Nous sommesparvenus à le faire avec très peu depertes et de dégâts pour les civilspalestiniens. Seulement une centai-ne de maisons ont été endomma-gées et nous sommes par ailleursprêts à prendre à notre charge laréparation de l’école principale ducamp qui s’est trouvée au milieu descombats, nous avons déjà contactéun entrepreneur palestinien », affir-me le plus naturellement dumonde le militaire.

L’officier ne s’appesantit pas enrevanche sur l’impact créé par l’at-tentat et par l’attaque palestinien-ne qui se sont ensuivis à Jérusalemet sur un barrage situé à une ving-taine de kilomètres de là. « S’il fal-lait pénétrer à l’intérieur de Naplou-se, je crois que nous n’aurions pasplus de difficultés qu’à Balata. Si ladécision était prise à l’échelon politi-que, j’estime qu’en deux jours, enquarante-huit heures, nous pour-rions arriver au cœur de la cas-bah », assure-t-il.

Le colonel montre sur l’écran de

télévision installé dans son bureaudes images filmées la veille. Unecaméra embarquée à bord d’unrobot monté sur chenilles s’appro-che d’un corps recroquevillé : unPalestinien tué aux abords d’unbarrage pour n’avoir pas réponduaux sommations des soldats. Unsac noir gît près de lui. Le brasmétallique de l’engin de déminageagrippe la toile plastique par lefond et soulève le tout lentement.Une sorte de brassière grise glisseà l’extérieur. Une ceinture d’explo-sifs. « C’est à cause de choses com-

me cela que l’opération de Balata aété décidée. Le camp est un centrelogistique et opérationnel. Si les ser-vices de sécurité palestiniens fai-saient leur travail, nous n’aurionspas eu à intervenir », affirme-t-il.Le bilan de l’offensive, selon lespropres chiffres de l’armée, laissecependant songeur. Seulementsept roquettes saisies, des armeset quelques ceintures d’explosifs.

Par le passé, l’officier avait desrelations régulières avec ses homo-logues palestiniens ainsi qu’avec lesautorités municipales de Naplouse.« Mon problème, c’est que je n’ai pasd’interlocuteur crédible. A Naplouse,tout est plus compliqué parce que lesPalestiniens sont plus dursqu’ailleurs, même les civils », assu-re-t-il. L’opération de la semainedernière sera-t-elle reconduite unjour ? « Franchement, nous ne sou-haitons pas y retourner », assure l’of-ficier, qui en viendrait presque àregretter la zone occupée autrefoispar Israël dans le sud du Liban.« Militairement, les choses étaienttout de même plus simples là-bas »,soupire-t-il.

G. P.

GRÂCE au courrier électronique,un collectif d’associations « agis-sant pour une paix juste et durableentre Israéliens et Palestiniens » aorganisé, jeudi 7 mars, « dans l’ur-gence », un rassemblement sur leparvis de la gare Montparnasse àParis, pour protester contre ladégradation extrême de la situationen Palestine et réclamer un vérita-ble engagement de la France et del’Europe dans la recherche de lapaix. Ce rassemblement est le prélu-de à des manifestations prévues le23 mars à Paris et en province etpour lesquelles le collectif souhaiteune « mobilisation sans précédent »,en solidarité avec la Journée de laterre que commémore chaqueannée le peuple palestinien.

Quelque cinq cents personnesavaient répondu à l’appel du collec-tif, qui groupe des formations aus-si diverses que le MRAP, l’Unionjuive française pour la paix, laLigue communiste révolution-naire, le Parti communiste, le Col-lectif des citoyens d’origines juiveet arabe ou la Coordination desappels pour une paix juste au Pro-che-Orient (Capjo), et d’autresencore. Le premier ministre israé-lien a été accusé, entre autres, de

mener une politique d’« apartheid(...) aussi catastrophique pour lesIsraéliens que pour les Palesti-niens » (le MRAP) et de « répandrele mal antisémite » (Marcel FrancisKahn, président du Collectif descitoyens d’origines juive et arabe).« La France doit s’engager. » « Chi-rac, Jospin ne vous cachez plus. »« Protection internationale pour lepeuple palestinien », « Arrêt desmassacres », disaient, entre autres,les banderoles.

« »Par ailleurs, après les « artistes et

professionnels de la culture » juifset arabes (Le Monde du 24 janvier),

les « médecins et scientifiques » (LeMonde du 19 février), des « avo-cats, magistrats et juristes » vien-nent de se joindre aux « appelspour une paix juste immédiate auProche-Orient ». Albert Goldberg,Roland Weyl, Nuri Albala, AntoineComte, Antoine Garapon, MachaSebrien, Camille Mansour, PatrickBaudouin et Michel Tubiana figu-rent parmi les quarante-cinq pre-miers signataires de cet appel.Depuis le début de la campagnelancée vers la fin janvier, la Capjoaffirme avoir déjà recueilli « desmilliers de signatures » de soutien.

Parallèlement, la Capjo a rendupublic le texte d’un questionnaire

adressé aux candidats à l’électionprésidentielle française les priantde prendre clairement position parrapport au conflit israélo-palesti-nien. Le candidat est-il « prêt à rap-peler et à exiger le respect sur le ter-rain des dispositions du droit inter-national, des principes et des résolu-tions des Nations unies et desconventions de Genève ? » Est-il« prêt à soutenir une reprise immé-diate des négociations [de paix]sans condition préalable, (…) àdéfendre officiellement et publique-ment la présence d’une force inter-nationale de protection des popula-tions civiles, (…) à reconnaître immé-diatement un Etat palestinien dansses frontières de 1967, ce qui impli-que le démantèlement des coloniesillégalement installées ? »

Le candidat « s’engage-t-il à fairecesser toute collaboration techniqueavec l’Etat d’Israël à applicationsmilitaires ou potentiellement mili-taires, telles que la mise au point dedrones qui participent aux attaquesaériennes contre la population pales-tinienne ? », interroge la Capjo,qui « se propose » de rendre publi-ques les réponses.

Mouna Naïm

« Si les Palestiniens faisaient leur travail, nous n’aurions pas à intervenir »

« Objectif

psychologique atteint »

au camp de Balata,

assure un officier

JÉRUSALEMde notre correspondant

Après des tergiversations, lesEtats-Unis se sont décidés à ren-voyer sur place leur émissaire pourle Proche-Orient, le général enretraite des marines AnthonyZinni. Le président GeorgeW. Bush en a fait l’annonce jeudisoir 7 mars. Un peu plus tôt dans lajournée, son porte-parole avaitpourtant assuré que M. Bush « sou-haiterait voir le niveau de la violen-ce baisser afin de fournir une ouver-ture qui permettrait au général Zin-ni de faire quelque chose de posi-tif ». De son côté, le secrétaired’Etat Colin Powell avait estiméqu’« envoyer un émissaire pour quetout marche » n’était pas « appro-prié » compte tenu du blocage poli-tique. Mais la dégradation inquié-tante de la situation sur le terrain aforcé l’administration américaineà sortir de sa réserve.

Le retour de M. Zinni devraitcoïncider avec la visite dans larégion que doit accomplir à partirdu 10 mars le vice-président améri-cain, Dick Cheney, quinze joursavant le sommet de la Ligue arabequi doit se tenir à Beyrouth à la findu mois. Le niveau de violenceatteint est tel que les Américains

sont contraints de réagir. Depuisla décision israélienne, le28 février, d’entrer massivementdans les camps de réfugiés de Jéni-ne et de Naplouse, les morts secomptent au nombre d’une vingtai-ne par jour pratiquement, dans uncycle ininterrompu d’attentats,d’attaques et de représailles, leplus brutal depuis le début de l’Inti-

fada en septembre 2000. Jeudi,deux attentats-suicides ont étédéjoués dans la grande colonieisraélienne d’Ariel, en Cisjordanie,et dans un quartier de Jérusalem-Ouest. Dans la nuit de jeudi à ven-dredi, en revanche, un milicien duMouvement de la résistance islami-que (Hamas) est parvenu à s’infil-trer dans la colonie d’Atzmona, au

sud de la bande de Gaza. Il aouvert le feu dans une académiemilitaire, tuant cinq étudiants etblessant plus de vingt personnesavant d’être abattu.

A la suite de cette attaque, l’ar-mée israélienne a effectué une nou-velle incursion en zone autonomepalestinienne, au cours de laquelletreize Palestiniens ont trouvé la

mort dont le commandant de larégion sud de Gaza, le généralAhmed Mefrej. Quatre autresPalestiniens ont été tués dans desbombardements, plus au nord. ABethléem, deux Palestiniens ontété également tués à la suite d’uneautre incursion de Tsahal.

’Dans la journée de jeudi, quator-

ze Palestiniens avaient déjà trouvéla mort. Deux secouristes palesti-niens, dont un employé de l’agen-ce des Nations unies pour les réfu-giés palestiniens (Unrwa), ont ététués par des tirs israéliens, selondes sources palestiniennes, parmisept autres victimes. A Gaza, lequartier général de la police a éga-lement été la cible d’une bombepuissante larguée par un avion decombat F-16, à quelques mètresseulement d’écoles de l’Unrwa oùétaient rassemblés plus de trois mil-le écoliers, selon une porte-parolede l’agence des Nations unies.

Les Etats-Unis, sous la pressiondes événements, commencent àprendre leurs distances avec la stra-tégie militaire du premier ministreisraélien, Ariel Sharon, de « frap-per durement » les Palestiniensavant d’envisager d’éventuelles

négociations. Jeudi soir, le prési-dent Bush a admis que les chancesde succès étaient minces. S’il a unenouvelle fois demandé au prési-dent de l’Autorité palestinienne,Yasser Arafat, de « tout faire pourmettre fin au terrorisme contreIsraël », il a également assurécompter « sur toutes les parties dela région y compris le premier minis-tre Sharon pour faire tout leur possi-ble afin que ces efforts soient couron-nés de succès ».

Les Israéliens et les Palestiniensse sont félicités du retour de l’émis-saire américain dans la région. Ill’avait quittée début janvier alorsqu’un appel au cessez-le-feu lancépar M. Arafat le 16 décembre avaitconduit à un calme jamais observédepuis le début de l’Intifada. Cetteaccalmie n’avait pourtant pas étéutilisée pour mettre en œuvre lesdispositions pour conforter un ces-sez-le-feu contenues dans deuxrapports rédigés par une commis-sion internationale présidée parl’ancien sénateur américain Geor-ge Mitchell et par le directeur de laCIA, George Tenet, et qui restenttoujours les références de l’admi-nistration américaine.

Gilles Paris

JÉRUSALEMde notre correspondante

Nulle connotation religieusedans le nom choisi. Le SeptièmeJour, appellation de la dernière-née des associations pacifistesisraéliennes, fait référence à laguerre de six jours menée enjuin 1967. Ce conflit éclair, qui vitla conquête par Israël d’une partiedes territoires aujourd’hui revendi-qués par les Palestiniens, n’est pasachevé, estiment les fondateurs dece nouveau mouvement. Pour« mettre fin à la guerre des sixjours » ainsi que le martèle un deleurs slogans, ils exigent donc quel’armée israélienne se retire des ter-ritoires occupés.

Après les réservistes de l’arméequi, en janvier, ont rendu publicleur refus de servir en Cisjordanie etdans la bande de Gaza, après lesanciens hauts responsables de l’ar-mée et des services secrets israé-liens qui, en février se sont pronon-cés pour une séparation unilatérale,ce sont donc des citoyens presqueordinaires qui demandent ouverte-ment à leur premier ministre, Ariel

Sharon, de rompre avec la politiquemenée par les gouvernements israé-liens depuis trente-cinq ans.

La plupart d’entre eux n’en sontpas à leur coup d’essai. L’une desinitiatrices du Septième Jour, Zoha-ra Entebi, est l’une des femmes quien 1997, peu après deux accidentsd’hélicoptères qui avaient coûté lavie à soixante-treize soldats, a lan-cé l’association des Quatre Mèresdont le but était d’obtenir le retraitde l’armée israélienne du Liban. Cetobjectif, considéré alors comme untabou, fut atteint trois ans plustard. De la même manière, l’associa-tion du Septième Jour espère provo-quer un débat dans l’opinion israé-lienne sur le retrait des territoires .

« »Mais alors que les membres des

Quatre Mères mettaient en avantleur peur de voir « leurs fils mourirsans raison au Liban », les militantsde ce nouveau mouvement se pla-cent sur un registre moins affectif.Leur programme peut se résumerainsi : création d’un Etat démocrati-que juif qui ne pratique ni l’occupa-tion ni l’apartheid.

Les lourdes pertes enregistrées cesdernières semaines par Tsahal dansles territoires occupés font pourtantimmanquablement écho aux angois-ses du passé. Mais à l’instar de nom-breux pacifistes, les membres du Sep-tième jour se démarquent des réser-vistes qui refusent de risquer leur viepour protéger les colons installésdans les territoires. Ils ne croient pasnon plus en la vertu unique du dialo-gue avec les Palestiniens. Ils préfè-rent se battre pour obtenir de leurgouvernement une décision globalequi permettrait à l’armée de « quitterdignement les territoires ».

Leur espoir, ainsi que le rappor-te un des membres de l’associa-tion dans le quotidien Haaretz dujeudi 7 mars, est aussi « de voir unjour la fin au terrorisme ». Et,même s’il n’est pas certain que leretrait des territoires constituepour cela une condition suffisante,reconnaît-il, cette décision permet-trait au moins à Israël de se consa-crer aux « villes de développement,à l’éducation, aux affaires économi-ques et sociales ». Recourant auxmêmes méthodes que le groupedes Femmes en noir, qui depuisprès de quinze ans réclament ellesaussi la fin de l’occupation, les mili-tants du Septième Jour devraientbientôt apparaître sur les routesd’Israël brandissant des pancarteset distribuant des autocollants.

Stéphanie Le Bars

Devant la dégradation quotidienne de la situation auProche-Orient, les - ont décidé de ren-voyer, à partir de la semaine prochaine, le généralAntony Zinni après deux mois d’absence. Sa visite

interviendra peu avant celle du vice-président DickCheney dans la région. « Il faut avoir une vision pourla paix qui aille - . Il fautchercher à atteindre une paix durable et j’espère que

mon ami Sharon est d’accord avec cette appréciation »,a déclaré George W. Bush. Pour le moment, il s’agitavant tout d’ avant d’espérerpouvoir renouer le fil du dialogue en raison du niveau

de violence sans précédent qui a été atteint. En unesemaine, quotidien estd’environ une vingtaine. Dans la seule nuit de jeudi àvendredi, 21 Palestiniens et 5 Israéliens ont été tués.

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Dans un « appel pour la paix » publié mercredi 6 mars, le Parlement inter-national des écrivains (PIE) souligne : « Encore une fois, on cède à l’illusion dela toute-puissance des armes, de la destruction totale de l’adversaire, alorsqu’on alimente en fait la spirale des attentats aveugles et des représailles. »Le PIE exprime sa « solidarité à l’égard de toutes les populations civiles dure-ment touchées » et demande qu’elles « bénéficient au plus vite d’une protec-tion internationale sous l’égide de l’ONU ».

Une délégation se rendra du 24 au 29 mars dans les territoires occupés eten Israël. Elle comprendra l’Américain Russel Banks, les Prix Nobel nigérianWole Soyinka et portugais Jose Saramago, le Sud-Africain Breyten Breyten-bach, le Chinois Bei Dao, l’Espagnol Juan Goytisolo, l’Italien Vincenzo Conso-lo et le Français Christian Salomon.

Face à la guerre ouverte, Washington dépêche son émissaireL’accélération des violences a contraint les Américains à réagir et à renvoyer en Israël et en Cisjordanie le général Antony Zinni pour tenter

de négocier une trêve après deux mois d’absence sur le terrain. En une semaine, la situation s’est considérablement dégradée

Des militairesisraéliens fouillentune maison du campde réfugiés deTulkarem, dansle nord de laCisjordanie, lorsde l’offensive lancéejeudi contre la villeautonome et ses deuxcamps. L’arméeoccupait toujours,vendredi 8 mars aumatin, Tulkarem etle camp du mêmenom, alors qu’elles’était retirée de celuide Nour Chams.

I N T E R N A T I O N A Lp r o c h e - o r i e n t

L’association Le Septième Jour prôneun retrait « digne » des territoires

Mobilisation en France pour une « paix juste » au Proche-OrientUn collectif d’associations réclame l’engagement de Paris et de l’Europe pour résoudre le conflit

Appel du Parlement des écrivains

2/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/3

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ABDUL-MATIM (photo) commande une unité de 135 combattants par-mi les quelque 800 soldats afghans qui participent à l’opération « Anacon-da » de la coalition antiterroriste contre plusieurs centaines de milicienstalibans et du réseau Al-Qaida repliés à Chah-e-Kot dans la région de Gar-dez (est de l’Afghanistan). L’officier affirme, à l’unisson des Américains,que l’offensive pourrait se terminer dans les prochains jours. Une colonned’un millier d’hommes envoyée par le ministère afghan de la défense,comptant neuf chars lourds, progressait vendredi matin vers Gardez, enrenfort. A propos de rumeurs faisant état de la présence d’Oussama BenLaden dans cette région, le ministre français de la défense, Alain Richard, aestimé, jeudi, qu’il y avait « de sérieuses chances » qu’il soit mort. – (AFP.)

La marche sur Chah-e-Kot

L’ANCIEN premier ministre rus-se Evgueni Primakov, venu à Paris,fin février, présenter la versionfrançaise de ses Mémoires politi-ques, a retenu l’attention desmédias en annonçant qu’il voulaittémoigner en faveur de SlobodanMilosevic devant le Tribunal pénalinternational pour l’ex-Yougosla-vie (TPIY). Une telle démarche n’apourtant rien de surprenant : elles’inscrit dans le fil de la traditionpro-serbe du Kremlin et des posi-tions de ce vieux pilier de la politi-que étrangère russe. Son profil de« patriote » sachant tenir tête àl’OTAN et au FMI lui a valu uneauthentique popularité, il y a troisans, chez ceux des Russes que n’ef-fraye pas sa proximité avec l’ex-KGB – perçue parfois comme gagede succès dans la « lutte anticorrup-tion ». Au point qu’il devint le seulvrai rival de Vladimir Poutine.Aujourd’hui, M. Primakov prendsoin d’occulter, dans son livre inti-tulé Au cœur du pouvoir, mémoirespolitiques (Editions des Syrtes,Paris), qu’il aurait pu être présidentà sa place. Le nouveau maître de laRussie ne semble pas lui en tenirrigueur et lui confie des missionsqui l’intègrent au pouvoir. EvgueniPrimakov joue le jeu et n’a plusrien d’un opposant. Ce qui rend sur-prenant d’entendre ce vieux maîtredes services secrets tenir, sur laquestion tchétchène, des propospresque iconoclastes.

« Bien sûr, il faut donner desdroits particuliers à la Tchétchénie àl’intérieur de la Russie. Voyez l’exem-ple de la Finlande : du temps destsars, elle avait une autonomie sipoussée qu’elle ne livrait pas les révo-lutionnaires russes, ceux qui allaienttenir leurs congrès sur son sol. Elle ne

livrait même pas les terroristes ! »,a-t-il déclaré au Monde. La Finlan-de, arrachée par la Russie à la Suè-de au début du XIXe siècle, bénéfi-cia d’une autonomie exceptionnel-le dans l’empire russe, avec son pro-pre Parlement et sa propre armée.Vladimir Poutine, en revanche, arri-vé au Kremlin à la faveur de laguerre relancée en Tchétchénie,s’est efforcé de laminer et d’unifor-miser les pouvoirs de toutes lesRépubliques incluses, volontaire-ment ou non, au sein de la Russie.Celles formées autour de peuplesnon russes ont dû, comme lesautres, mettre leurs nouvelles Cons-titutions en conformité avec celle

de la Fédération. Ce qui empêcheM. Poutine d’invoquer désormais,pour amadouer les Tchétchènes,un « modèle tatar » qui a disparu.

La suggestion « finlandaise » deM. Primakov se situe donc à contre-courant. De même que son refusde traiter de « terroriste » le prési-dent tchétchène, Aslan Maskha-dov, élu en 1997 sous les auspicesde l’OSCE. Dans son livre, il relatesa rencontre du 29 octobre 1998 –entre les deux guerres – avecM. Maskhadov et les points avan-cés alors par ce dernier : sa proposi-tion d’examiner l’indépendance dela Tchétchénie « dans le cadre d’unespace économique et militaire com-mun avec la Russie », contraire-ment au programme de chefs tchét-

chènes tels « Bassaev, Oudougov, etautres partisans de l’éviction de laRussie de tout le Nord-Caucase » ;les « liens étroits entre ces adversai-res de Maskhadov et certaines forcesrusses, dont [l’homme d’affairesaujourd’hui en exil] Boris Berezovs-ki, qui les soutenait matériellementen payant des rançons pour la libéra-tion des otages » ; et, enfin, le sou-hait de M. Maskhadov d’une aiderusse en armes, argent et aide à lareconstruction, en liaison avec lesrégions russes voisines. Mais l’ac-cord, conclu pour une collabora-tion russo-tchétchène en matièrede lutte contre la criminalité, dereconstruction et de versement desretraites, ne s’est pas concrétisé.Evgueni Primakov assure que lafaute en incombe à M. Maskha-dov, qui « n’a pas voulu ou, plutôt,qui n’a pas pu » tenir l’engagementde se débarrasser, dans le délaid’un mois, de ses propres « terroris-tes ». Côté tchétchène, on répondque le premier ministre russe s’estmis ensuite aux abonnés absents,alors que se multipliaient les signesde préparatifs d’une guerre derevanche des militaires russes.

En mai 1999, Evgueni Primakovest renvoyé – « grâce aux efforts deBoris Berezovski », souligne l’inté-ressé – et la guerre reprend à la finde l’été. Le témoignage de M. Pri-makov montre que la paix était pos-sible avec une Tchétchénie formel-lement indépendante, mais liée,par des accords, à la Russie. LesMémoires de ce grand témoin –passionnants bien que sélectifs(rien n’est dit, par exemple, de ladécision de relancer la guerre, quiaurait été prise dès décem-bre 1999) – ne vont pas jusqu’à dou-ter de la version officielle sur lesattentats de Moscou de l’automne1999, « acte fondateur » de la Rus-sie de M. Poutine. Mais l’efficacitéde M. Primakov vient de ce qu’ilfut aussi loyal sous Brejnev quesous Gorbatchev et Eltsine. Il resteà voir si sa voix se fera entendreplus fort sous M. Poutine, à l’égardduquel il s’autorise une pincée delèse-majesté, en rappelant que« Vladimir Poutine occupa une sériede postes relativement modestes auxrenseignements extérieurs [qu’ildirigeait] sans jamais le rencontrerni entendre parler de lui »…

Sophie Shihab

NEW YORK (Nations unies)de notre correspondante

Sans admettre la reprise des ins-pections de ses programmes d’ar-mement, l’Irak a accepté, pour lapremière fois, d’aborder le sujetde façon « sérieuse et cohérente ».Ainsi la première rencontre,depuis plus d’un an, entre le secré-taire général de l’ONU et les auto-rités irakiennes s’est-elle achevée,jeudi 7 mars, avec la prise d’unnouveau rendez-vous vers lami-avril. Cette réunion entre KofiAnnan et le ministre irakien desaffaires étrangères, Naji Sabri,s’est déroulée dans une atmo-sphère « sereine ». Les pourpar-lers de quatre heures ont été« francs et utiles » selon M. Annanet « constructifs et positifs » selonson interlocuteur irakien.

Déclarant, avant la réunion, nepas vouloir assister « à une exten-sion du conflit au Proche-Orient carnous avons bien assez de la tragédiequi se déroule là-bas », le secrétairegénéral, qui agit comme une sortede médiateur entre les Etats-Uniset l’Irak, a entrepris le dialogueavec un mandat clair des cinq mem-bres permanents du Conseil desécurité : le retour, inconditionnel,des inspecteurs de l’ONU chargésdu désarmement de l’Irak. « Sur cepoint nous sommes tous d’accord,explique l’ambassadeur françaisJean-David Levitte, et ainsi, si l’Irakdit “non” au secrétaire général, il ledira non pas seulement aux Améri-cains, mais au Conseil de sécuritétout entier, et devrait donc en subirles conséquences ». Ce que le diplo-mate français ne dit pas est que, siles cinq « Grands » sont en effetunanimes sur la nécessité duretour des inspecteurs, leur unani-

mité s’arrête là. Toutes autres ques-tions concernant les modalités desinspections – et la levée des sanc-tions économiques qui endépend – les divisent.

Selon des sources proches despourparlers, Kofi Annan a centréles discussions sur la reprise desinspections. A la différence des pré-cédentes rencontres, non conclusi-ves, la délégation irakiennen’aurait pas évité le sujet mais « amême posé un certain nombre dequestions concrètes ». Le ministreirakien voulait s’assurer par exem-

ple que les inspecteurs n’agiraientpas « comme des espions en fournis-sant aux Américains des informa-tions militaires ». Participant à laréunion, le chef des inspecteurs, leSuédois Hans Blix, aurait assuré ladélégation irakienne de « l’impar-tialité des inspecteurs et de la trans-parence de leur travail ». Les Ira-kiens voulaient aussi savoir ce queferait l’ONU « en échange » duretour des inspecteurs. Les sanc-tions seraient-elles levées ? A quoile secrétaire général aurait répon-

du que « la suspension éventuelledes sanctions » serait discutée « siBagdad était prêt à se plier aux réso-lutions du Conseil de sécurité ». Leministre irakien a alors insisté surle fait que, parmi ces résolutions,la 687, instaurant le cessez-le-feudans la guerre du Golfe, compteun paragraphe 14 qui stipule l’ab-sence d’armes de destruction mas-sive « dans toute la région ». Lesautres sujets abordés ont été leretour des prisonniers koweïtiens,ainsi que la restitution des archivesnationales du Koweït par l’Irak.

Faisant le bilan de cette rencon-tre, le conseiller juridique del’ONU, Ralph Zacklin, a estiméavoir entendu de la part de l’Irak« la position la plus cohérentedepuis le début de cette affaire ».Par rapport à la réunion du27 février, le comportement des Ira-kiens « n’était pas arrogant, nousdit une source, mais plutôt raisonna-ble et conciliant ». Le secrétairegénéral, pour sa part, s’est engagéà aborder les préoccupations ira-kiennes avec les membres du

Conseil de sécurité. Une séance àhuis clos du Conseil sur l’Irakdevait avoir lieu, vendredi 8 mars.Avant de quitter New York, leministre irakien a rencontré l’am-bassadeur russe à l’ONU, SergueiLavrov, dont le ministre des affai-res étrangères, Igor Ivanov, a écritune lettre au secrétaire généraldemandant « des clarifications » dela résolution 1284, qui avancel’idée d’une « suspension » dessanctions en échange du retourdes inspecteurs en Irak.

Par ailleurs, alors que la rumeurconcernant une éventuelle opéra-tion militaire américaine contrel’Irak se fait de plus en plus insis-tante, le secrétaire d’Etat, ColinPowell, a affirmé, jeudi, qu’aucuneguerre n’était sur le point d’êtredéclenchée contre l’Irak. Démen-tant les informations selon lesquel-les le premier ministre britannique,Tony Blair, en visite à Washingtondu 5 au 7 avril, viendrait donnerson feu vert à des plans d’attaquescontre Bagdad, M. Powell a décla-ré qu’aucun plan de cette naturene serait sur la table. « Les Irakiensdisent : “Faites-nous confiance,nous n’avons plus d’armes de des-truction massive”, a dit le secrétaired’Etat américain ; et nous disons :“Laissez-nous donc vérifier”. »

Entre-temps, à Bagdad, le vice-premier ministre irakien, TarekAziz, a affirmé que son pays se pré-parait à la guerre : « L’agressionaméricano-britannique est atten-due », a dit M. Aziz, promettant àce propos « un nouveau Vietnam ».« Face aux Américains, chaque villa-ge deviendra une autre jungle duVietnam… », a-t-il averti.

Afsané Bassir Pour

La mission américaine à l’ONU a transmis à des membres du Comité dessanctions contre l’Irak, créé après l’invasion, en 1990, du Koweït par les trou-pes de Saddam Hussein, des images satellites prouvant, selon elle, que Bag-dad a détourné, au profit de son armée, des véhicules livrés dans le cadre duprogramme humanitaire Pétrole contre nourriture. Selon le porte-parole dela mission américaine, Robert Wood, le comité a pu avoir connaissance dufait que plusieurs centaines de camions, importés par les Irakiens à ce titre,avaient été détournés de leur destination finale et aménagés en véhiculespour le transport d’artillerie lourde. Ainsi, des camions ont été démanteléspour récupérer des pièces détachées, notamment des systèmes hydrau-liques pour des éléments de missiles. D’autres ont été transformés pourtirer des canons de 150 millimètres. « Tout cela s’est fait en violation desrésolutions de l’ONU », a expliqué M. Wood. – (AFP.)

« Il faut donnerdes droits particuliersà la Tchétchénieà l’intérieurde la Russie »

Le Parlement européen (PE), saisi par un groupe de députés – dont OlivierDupuis, secrétaire du Parti radical, en grève de la faim depuis deux semai-nes – a décidé, jeudi 7 mars, d’inscrire la question tchétchène à l’ordre dujour de sa session plénière du 14 mars à Strasbourg. Dans une lettre au prési-dent du PE, Pat Cox, M. Dupuis souligne que, « en admettant que le présidentPoutine veuille réellement entamer des négociations avec le représentant duprésident Maskhadov, notre politique faite de silence, d’oubli et de cynisme nelui serait d’aucune aide pour affirmer cette volonté face à un lobby militairequi prospère sur la tragédie tchétchène ». En soutien à cette action visant à fai-re appliquer les résolutions déjà adoptées par le Parlement, plus de 200 per-sonnes, dont Elena Bonner, épouse d’Andreï Sakharov, ont l’intention de par-ticiper au jeûne, du 12 au 14 mars. Le président de la délégation du PE pourles relations avec la Fédération de Russie, Bart Staes, organise, le 14 mars,une audition de représentants du président tchétchène, Aslan Maskhadov.

ROBERT MÉNARD, secrétaire général de l’associa-tion de défense de la liberté de la presse Reporterssans frontières (RSF), a été condamné, jeudi 7 mars, à1 000 euros d’amende et 1 euro de dommages et inté-rêts pour « violences en réunion » lors de l’occupationde l’Office national du tourisme tunisien, à Paris.

M. Ménard a immédiatement annoncé son inten-tion de faire appel de la décision, lors d’une conféren-ce de presse organisée dans l’après-midi. Le secrétairede RSF veut, par ailleurs, saisir la ministre de la justiceet le Conseil supérieur de la magistrature sur le refusdu juge « d’examiner la preuve susceptible de[l]’innocenter ».

La sanction décidée à l’encontre de la figure deproue de RSF par la juge Gebbart, présidente de la28e chambre du tribunal correctionnel de Paris, avaitété requise par le parquet à la suite du dépôt de plain-te d’une secrétaire de direction de l’Office national dutourisme tunisien, Samya Ayari.

Celle-ci a affirmé avoir été « agrippée par-derrière »par M. Ménard et trois autres personnes, qui auraientvoulu l’empêcher de refermer derrière elle la ported’entrée de l’Office que cherchaient à forcer les mili-tants de RSF, les 28 et 29 juin 2001. M. Ménard contes-te les faits et reconnaît, tout au plus, qu’une « légèrebousculade » s’est produite. Il affirme qu’il était « unpeu en retrait », s’efforçant de « calmer le personnel »de l’Office du tourisme, quand les bureaux ont étéenvahis « pacifiquement ».

Pendant 48 heures, une quinzaine de sympathi-sants de RSF avaient occupé l’Office du tourisme tuni-sien, dans le centre de Paris, avenue de l’Opéra, dansle but d’obtenir la libération de Sihem Bensedrine,une journaliste et militante des droits de l’homme en

Tunisie. Cette figure de l’opposition, aujourd’hui libé-rée, avait été arrêtée, le 26 juin 2001, puis incarcéréependant six semaines pour avoir diffusé « de faussesnouvelles destinées à troubler l’ordre public » lors d’uneémission télévisée sur une chaîne arabe, Mustakillah,diffusée depuis Londres.

La partie civile s’est dite satisfaite de la décision ren-due par la justice française. « Nous souhaitons fairecomprendre à Robert Ménard qu’il ne peut pas agircomme il le souhaite », a affirmé Me Fethi Sahli, l’avo-cat de Mme Ayari. De son côté, M. Ménard s’insurge :« Rien n’a été fait pour chercher la vérité dans cetteaffaire. La juge a refusé de faire entendre les témoins etde visionner une cassette qui prouve que je n’ai pas tou-ché, et encore moins malmené cette personne. »

M. Ménard, qui s’oppose depuis longtemps au pou-

voir tunisien, et tente d’obtenir la libération de journa-listes emprisonnés et/ou torturés en Tunisie, y faitl’objet d’une intense campagne de diffamation enTunisie. Un quotidien gouvernemental, La Presse, l’arécemment qualifié de « défenseur notoire de la pédo-philie », et de « fils de l’OAS dont les mains sont pleinesde sang algérien ».

L’Etat tunisien, qui « n’a fait qu’accentuer les pres-sions à l’égard des opposants, n’hésitant pas à s’en pren-dre à leurs familles », contrôle fermement, selon RSF,les moyens de communication à l’intérieur du pays.« Quelle que soit la légitimité du but poursuivi par RSF,il ne saurait justifier une intrusion dans un lieu privé »,a jugé le tribunal.

Florence Amalou

L’Irak reprend le dialogue avec Kofi Annandans la crainte d’une attaque américaine

Bagdad accepte de discuter d’un retour d’inspecteurs de l’ONU sur ses programmes d’armement

Aide humanitaire détournée, selon Washington

La Tchétchénie vue par Evgueni PrimakovL’ancien premier ministre russe s’exprime à contre-courant du Kremlin

Le Parlement européen saisi

I N T E R N A T I O N A L

Robert Ménard (Reporters sans frontières) condamnépour « violences » à l’Office tunisien du tourisme de Paris

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4/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

GENÈVE. L’ancien intendant du Kremlin, Pavel Borodine, a été recon-nu coupable de blanchiment d’argent par le parquet de Genève. Leprocureur général a annoncé, mardi 5 mars, que le secrétaire del’Union Russie-Biélorussie était condamné à une amende de300 000 francs suisses (204 000 euros). Pavel Borodine était accuséd’avoir blanchi en Suisse près de 25 millions de dollars de commis-sions versées par deux sociétés suisses, Mabetex et Mercata, dans lecadre de l’attribution de marchés de rénovation du Kremlin et de l’avi-on présidentiel russe, en 1995 et 1996. Le juge Daniel Devaud, qui aterminé l’instruction en octobre, avait interrogé à sept reprises PavelBorodine, après son arrestation à New York, le 17 janvier 2001. Ce der-nier avait répondu aux convocations tout en gardant le silence devantle juge. Moscou avait payé la caution de 3 millions de dollars nécessai-re à sa libération. Vladimir Poutine fut l’adjoint de Pavel Borodine à ladirection des affaires du président, sous Boris Eltsine.

Le président de l’Assembléenationale indonésienne arrêtéDJAKARTA. Le pré-sident de l’Assem-blée nationale indo-nésienne, AkbarTandjung, a étéappréhendé, jeudi7 mars, à l’issued’un interrogatoiredans les bureaux duprocureur général.M. Tandjung, quiest également prési-dent du Golkar, par-ti membre de lacoalition au pou-voir, est soupçonnéde détournementsde fonds (plus de 4 millions d’euros) d’une agence d’État dont il étaitle responsable gouvernemental, en 1999, sous l’ancien présidentHabibie.M. Tandjung affirme avoir reversé ces fonds à une agence humanitai-re, mais la possibilité que le Golkar en ait bénéficié n’est pas exclue,hypothèse qui pourrait empêcher ce parti de présenter des candidatsaux élections de 2004. Le Golkar, qui a été pendant près de trois décen-nies le relais politique de l’ancien président Suharto (1968-1998), amenacé de retirer ses ministres du gouvernement de la présidenteMegawati Sukarnoputri. – (Corresp.)

a BRÉSIL : la coalition gouvernementale a éclaté, jeudi 7 mars, leParti du front libéral (PFL) l’ayant quitté pour protester contre uneperquisition chez Roseana Sarney, sa candidate au scrutin présiden-tiel qui doit avoir lieu en octobre. Le PFL a cependant annoncé qu’ilcontinuera à « appuyer les mesures législatives compatibles avec [ses]convictions ». – (Corresp.)a L’assassinat de Celso Daniel, maire de Santo André (banlieue deSao Paulo) et membre du Parti des travailleurs (PT-gauche), la princi-pale formation de l’opposition, le 20 janvier, était un crime crapuleux,a annoncé, jeudi 7 mars, la police brésilienne. Un adolescent de 16 ansa avoué avoir tué par balle, le 20 janvier, M. Daniel, enlevé deux joursauparavant. – (AFP.)

Chine : Fa Lun Gong pirateun réseau de télévision câbléePÉKIN. Des adeptes du mouvement taoïste-bouddhiste Fa Lun Gong– interdit – ont piraté, mardi 5 mars, le réseau de télévision câblée dela ville de Changchun, dans le nord-est de la Chine, réussissant à diffu-ser à l’écran leur propre programme. Durant près de trois quartsd’heures, 300 000 foyers – soit un million de téléspectateurs fidèlesdes ces huit chaînes – ont pu prendre connaissance de deux docu-ments dénonçant la répression dont le mouvement est victime de lapart du régime depuis deux ans et demi. Selon le site Internet – locali-sé aux Etats-Unis – de Fa Lun Gong, trois adeptes figurent parmi ungroupe de personnes arrêtées à Changchun, suite à cette opération.Le mouvement s’est également manifesté, jeudi 8 mars, à proximitéde la place Tiananmen, au cœur de Pékin, où dix adeptes australiensdu mouvement ont déroulé quelques secondes des banderoles à lagloire de Fa Lun Gong avant d’être arrêtés par la police. Ils ont étéexpulsés de Chine, vendredi. – (Corresp.)

BOGOTAde notre correspondante

La dramatique situation de la can-didate à l’élection présidentiellecolombienne, Ingrid Betancourt,enlevée par les Forces armées révo-lutionnaires de Colombie (FARC) le23 février, n’éveille guère de com-passion chez ses compatriotes.Médias et personnalités politiquesont certes condamné avec vigueurcette nouvelle exaction des FARC etcritiqué dans le même temps l’em-pressement du gouvernement à sedégager de toute responsabilité.Mais, en privé, les langues se déchaî-nent contre « Ingrid », qui, « pourjouer les vedettes, a pris des risquesinconsidérés ». Rares sont ceux qui,comme Juan Carlos Flores, con-seiller municipal de Bogota, s’indi-gnent de « l’indifférence et du cynis-me ambiants, qui rendent responsa-ble » la victime de ce qui lui arrive.« Quand Ingrid sera libérée vivante,on pourra lui reprocher ses contradic-tions et son irresponsabilité. Mais, enattendant, il faut dénoncer sans relâ-che l’ignominie des FARC et supplierla communauté internationale de semobiliser. C’est la seule chance de la

sauver », s’insurge-t-il. Les condi-tions de l’enlèvement de Mme Betan-court expliquent le peu d’émotionmanifesté par les Colombiens, anes-thésiés par les quelque 3 000 enlève-ments dénombrés annuellementdans leur pays. Trois jours après larupture des négociations de paix, lacandidate a décidé de se rendredans la région du Caguan, où les

opérations militaires antiguérillaavaient commencé depuis quarante-huit heures. A Florencia, où elleétait arrivée en avion, Mme Betan-court n’a pas été autorisée à monterdans un des hélicoptères affrétéspour la presse qui accompagnait lechef de l’Etat, Andres Pastrana, àSan Vicente.

Pour les proches d’« Ingrid », il

ne fait pas de doute que le gouver-nement a fait preuve d’un coupableparti pris, alors que la loi interdit auprésident de la République – nonrééligible – de s’immiscer dans lacampagne électorale. « J’imagine lescandale qu’aurait fait Ingrid si uncandidat autre qu’elle-même avaitvoyagé dans ces hélicoptères », ironi-se un partisan d’un autre candidat.

« J’ai vu la lettre que les autoritéscolombiennes ont envoyée à Ingridpour lui expliquer les dangers encou-rus. A Florencia, policiers et militairesont réitéré leurs avertissements. J’aimoi-même décidé de ne pas partir.L’entêtement d’Ingrid me paraissaitinjustifiable. La veille, elle avait décla-ré : “Si je me fais enlever, je négocie-rai” », raconte la journaliste deMarie Claire Marianne Mairesse,qui accompagnait la candidate. Lephotographe français Alain Keler,lui, a choisi de suivre Ingrid Betan-court. « La Sécurité du territoire, dit-il, nous a finalement fourni un super-be pick-up. Deux cents mètres avantle barrage installé par la guérilla,nous avons vu une voiture de la Croix-Rouge faire demi-tour. Un jeuneguérillero nous a demandé derebrousser chemin. Il n’avait pasreconnu Ingrid, mais elle s’est identi-fiée en demandant à voir le chef ducommando. »

Selon David Soto, un universitai-re colombien, « Ingrid Betancourtn’a pas compris que la rupture duprocessus de paix avait radicalisé lesFARC, qui, une semaine plus tôt, larecevaient cordialement à SanVicente. » Et de s’étonner : « Com-ment quelqu’un qui prétend avoir lastature d’un chef d’Etat a-t-il pu ainsidéfier les organismes de sécurité del’Etat ? Sans le vouloir, Ingrid estdevenue une arme de plus aux mainsdes FARC. »

« Les petits candidats qui n’ont nide gros moyens ni les faveurs de lapresse doivent faire preuve d’auda-ce », avance Jorge Pulecio, écono-miste et partisan d’Ingrid Betan-court. Celle-ci a toujours prétenduêtre ignorée par la presse, à qui elleattribuait son enlisement électoral,mais ce n’est pas l’avis d’un diplo-mate européen, qui, fin janvier,déclarait : « Certes, Ingrid apparaîtmoins dans la presse écrite et télévi-sée que les grands candidats, mais,sachant qu’elle est créditée de 1 %des intentions de vote dans les son-dages, on la voit quand mêmebeaucoup. »

Le décalage entre la popularitéd’Ingrid Betancourt à l’étranger– notamment en France – et sa fai-ble crédibilité en Colombie consti-

tuait, dès avant son enlèvement, unphénomène politique. Elue députéeen 1994, puis sénatrice en 1998, lajeune femme, âgée de 40 ans, apublié en France La Rage au cœur,qui s’est vendu à 120 000 exemplai-res en 2001. Son succès auprès desFrançais qui ne connaissent pas laréalité de la Colombie et sa présen-tation manichéenne de la vie politi-

que du pays sur le mode « tous pour-ris, sauf moi » lui ont valu l’animosi-té de l’opinion publique colom-bienne. Un sondage publié par larevue Semana, en décembre 2001,montrait que la candidate indépen-dante était à la traîne dans les son-dages (1,9 % des intentions devote), mais au premier rang desmal-aimés, avec 40 % d’opinionsdéfavorables.

Pour comprendre l’agacementdes Colombiens, il faut imaginer unhomme politique français qui choisi-rait de publier aux Etats-Unis unouvrage à sa propre gloire, vilipen-dant le système politique de l’Hexa-gone. Pourtant, la courageuseIngrid frappe juste lorsqu’elledénonce les pratiques corrompueset clientélistes de la classe politiquecolombienne. Ce n’est pas tant lefond du propos que le rôle qu’elles’attribue qui a exaspéré lesColombiens.

Marie Delcas

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Le parquet de Genèveclôt le « Russiagate »

A Bogota, l’appeld’Alain Lipietz

ANTANANARIVOde notre envoyé spécial

Photo spectaculaire, jeudi7 mars, sur le perron de la mairied’Antananarivo, rebaptisée« palais présidentiel » : Marc Rava-lomanana, le président autoprocla-mé de Madagascar, est apparuentouré de quelque 200 officiers enuniforme, dont une vingtaine degénéraux. Ces représentants detous les commandements de l’ar-mée étaient venus, à l’appel du« ministre bis de la défense », JulesMamizara, manifester leur allé-geance au nouveau pouvoir. Selonplusieurs d’entre eux, 80 % de l’ar-mée auraient basculé. Pourtant, lespartisans de M. Ravalomanana ontajourné une nouvelle fois leurintention d’aller investir le ministè-re de la défense, toujours occupépar Marcel Ranjeva, un fidèle duprésident sortant, Didier Ratsiraka.

Ces gradés qui affichent leur sym-pathie pour l’opposant sont, enmajorité, issus de l’administration(inspection, intendance généra-le, etc.). Les intentions des com-mandements de terrain restent lar-gement inconnues, notamment ence qui concerne les troupes d’élite.La veille, le général Ismaël Mouni-bou, chef de l’état-major de l’ar-mée, avait écrit au nouveau « minis-tre » : « Vous n’avez pas le droit dedonner des ordres à mes soldats. »Evoquant les risques de « factionsmutines et querelles tribales pouvantdégénérer en guerre fratricide », illui demandait : « Etes-vous prêt àverser le sang malgache ? ».

La population redoute une scis-sion de cette armée, dont la puis-sance est plus symbolique que réel-le : elle ne dispose d’aucun navirede guerre, d’aucun avion de com-bat ni d’hélicoptère. Elle comptequelques blindés, certes, mais cene sont que des antiquités patau-des – d’origine soviétique – et per-cluses de rouille. L’état des lieuxn’est pas brillant : au chapitre des« forces aéronavales », on recensecinq patrouilleurs « en état de mar-che » qui mouillent à Antsiranana,dans l’ancienne base française deDiego-Suarez, aujourd’hui fortdécrépite.

Le contre-amiral Andrianafidi-soa n’a plus navigué depuis 1987,date de sa nomination commeintendant général des forcesarmées, mais il se souvient d’unmatériel de bord déjà chronique-ment en panne : « C’était de la navi-gation à haut risque. » Benjamin dudirectoire militaire qui a portéDidier Ratsiraka au pouvoir, en1975, cet officier, désormais pro-che de Marc Ravalomanana, repro-che à l’amiral-président d’avoir pré-cipité « la marine aux oubliettes ».

L’aviation n’est guère mieuxlotie : les trois bases aériennescomptent en tout et pour tout huitappareils de transport, dont le plusgros – un Antonov 26 – offre unetrentaine de places. Certains mou-vements de troupes récents entrela province et la capitale ontemprunté… les lignes intérieuresd’Air Madagascar. Faiblementdotée pour protéger ses 4 800 kilo-

mètres de côtes et un espace aériengrand comme la France et leBenelux, l’armée malgache – moinsde 30 000 hommes – n’est richequ’en généraux : elle en compteune centaine, plus familiers despalais de la République que deschamps de manœuvres.

Hormis les gendarmes, répartisen brigades sur tout le territoire,les forces militaires proprementdites comptent environ 13 000hommes, dont un tiers d’appelésdu contingent, peu disposés à tirer

sur la foule comme ils l’ont mon-tré, à Antananarivo, lors de la « pri-se pacifique des ministères » audébut du mois de mars. Les forcesd’intervention comprennent 5 600hommes, dont deux régiments d’éli-te (RFI) cantonnés à Ivato, dans labanlieue d’Antananarivo, et à Ant-siranana, à la pointe nord du pays.

Les troupes les mieux entraînéesparticipent, chaque année, à desmanœuvres bilatérales avec les For-ces armées françaises de la zonesud de l’océan Indien (Fazsoi),basées à la Réunion. Une centaine

d’hommes reviennent de Tanzanie,où ils ont pris part, avec les Fran-çais, à un exercice commun à plu-sieurs pays d’Afrique orientale etaustrale. S’y ajoute la garde prési-dentielle, forte de 300 à 400 militai-res triés sur le volet, qui stationneau palais de Iavoloha, à une vingtai-ne de kilomètres d’Antananarivo.

Ce sont les gendarmes, très pro-Ravalomanana, qui ont fait l’objetdes plus gros efforts budgétairesces dernières années. Leurs effec-tifs sont passés de 12 000 à 16 000hommes en deux ans. Ils ont été lespremiers bénéficiaires des aidesextérieures en matériel (armesautomatiques, véhicules, etc.). Ilest vrai qu’ils sont engagés dans leseul combat qui importe vraimentaux Malgaches : la guerre contreles « dahalos », ces voleurs dezébus organisés en puissantesmafias, équipés de 4×4 et de kalach-nikovs, qui sèment la terreur dansles villages et pillent les troupeaux,incendiant parfois les fermes.Naguère rituels, les vols de bovidéssont devenus un trafic lucratif.

Régulièrement, des commandosmixtes de gendarmes et de militai-res partent en campagne, dans leszones rurales les plus touchéespar le fléau. Les vols de zébusauraient baissé de 30 % en quatreans. Ce sont là les seuls faits d’ar-mes notables d’une armée dont lepays semble attendre la solutionde l’actuel imbroglio politique etinstitutionnel.

Jean-Jacques Bozonnet

Le député européen Alain Lipietz(Verts) a demandé, mardi 5 mars àBogota, la « libération immédiate »d’Ingrid Betancourt aux Forcesarmées révolutionnaires de Colom-bie (FARC), « en échange de la conti-nuité de la position européenne enfaveur d’un processus de paix négo-cié » dans ce pays. « Nous ne vou-lons pas d’un échange [d’IngridBetancourt contre des guérilleros],car l’être humain n’est pas une mar-chandise », a déclaré M. Lipietz, aucours d’une conférence de presse,avant son retour pour Paris.

Le député européen, qui était arri-vé dimanche soir en Colombie, n’apas entrepris de mission de négocia-tion pour obtenir la libération d’In-grid Betancourt. Pour tout contact,il ne disposait que de l’adresse élec-tronique des FARC, et son courriel,envoyé depuis Paris, est resté sansréponse jusqu’à son départ, mardisoir, de Bogota. – (Corresp.)

L’armée malgache hésite à rallier le campdu « président bis », Marc Ravalomanana

Si quelque deux cents officiers ont fait acte d’allégeance au chef de l’Etat autoproclamé,les éléments les mieux entraînés de troupes faiblement équipées restent dans l’expectative

Polémique en Colombie après l’enlèvement de Mme BetancourtLa candidate à l’élection présidentielle se voit reprocher d’avoir ignoré les consignes de sécurité

« Sans le vouloir,

Ingrid est devenue

une arme de plus

aux mains des FARC »

Ni navire, ni avion,

ni hélicoptère :

l’armée de la Grande

Île n’est riche...

qu’en généraux

I N T E R N A T I O N A L

Page 5: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/5

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LONDRESde notre correspondant

A une faible majorité, les Irlan-dais ont refusé de durcir la législa-tion antiavortement, déjà stricte.Avec 50,42 % de suffrages allant au« non », contre 49,58 % allant au« oui » – soit avec seulement10 556 électeurs d’avance sur quel-que 1,2 million d’électeurs – ils ontrejeté, lors du référendum du6 mars, dont les résultats ont étérendus publics le lendemain, la pro-position gouvernementale d’amen-dement constitutionnel. Celle-ciprévoyait d’exclure le risque de sui-cide d’une femme enceinte commepossible justification de son avorte-ment. Cette éventualité exception-nelle d’interruption de grossesseavait été reconnue comme légalepar la Cour suprême enfévrier 1992. La décision des jugesétait venue contredire la Constitu-tion, qui interdit purement et sim-plement l’avortement.

Comme ils l’avaient déjà fait ennovembre 1992, les électeurs ont ànouveau estimé que l’état suicidai-re d’une femme peut justifier qu’el-le avorte. Ce verdict des urnes tra-duit une opinion, semble-t-il, désor-mais légèrement majoritaire enIrlande. Selon le plus récent sonda-ge à ce sujet, publié par le journalIrish Times, quelques jours avant lescrutin, 57 % des personnes interro-gées sont favorables à l’avortement« dans certaines circonstances »(non précisées dans la question), etseulement 28 % lui sont hostiles« en toutes circonstances ».

La participation fut médiocre :42,89 % des 2,8 millions d’électeursinscrits, beaucoup moins que lorsdu référendum de 1992 sur lemême sujet (68 %) – mais nette-ment plus que pour le référendumde 2001 sur le traité de Nice relatif à

l’élargissement de l’Union euro-péenne (35 %). Cette abstentiontient à plusieurs facteurs : le mau-vais temps, la tenue du scrutin unjour de semaine et, surtout, la com-plexité du texte soumis à l’électo-rat, qui a semé la confusion et inciténombre d’Irlandais à renoncer auvote. Une confusion accrue par l’at-titude de certains adversaires achar-nés de l’avortement qui ont appeléà voter « non » parce qu’ils trou-vaient l’amendement proposé troplaxiste.

Les résultats témoignent d’uneprofonde division de l’électorat, àpeu près à parts égales, sur ce graveproblème de société, et au-delà delaquelle un clivage très net – et som-me toute logique – sépare les villes,

plus libérales, plus ouvertes à ce quise passe dans le reste de l’Europe,des campagnes, parfois encore tra-ditionnelles. Les dix circonscrip-tions de Dublin, y compris celle dupremier ministre, ont nettementrécusé la proposition gouvernemen-tale (61 % de « non »). Même attitu-de dans les principales villes, dontCork et Limerick.

Le résultat est un revers sérieux

pour le premier ministre et chef duparti Fianna Fail (centre-droit),Bertie Ahern. Celui-ci dirige depuis1997 un gouvernement de coali-tion avec les Progressive Demo-crats (libéral), dont la majoritédépend, pour sa survie, du soutien

au Parlement de quatre députésindépendants. C’est, parmid’autres raisons, pour tenir paroleenvers ces quatre élus que le pre-mier ministre a organisé cette con-sultation. Bertie Ahern, dont le par-ti se réunit en congrès ce week-end, espérait, par une victoire, serenforcer avant les élections législa-tives prévues pour le début de mai.C’est raté. Les partis d’opposition,qui avaient prôné le « non » – leFine Gael (chrétiens-démocrates),le Labour, les Verts et le Sinn Fein– ont désormais le vent en poupe.

Le référendum représente aussiune défaite pour l’Eglise catholi-que. Elle avait choisi par réalismed’appeler à voter « oui », car ellevoyait dans l’amendement consti-tutionnel proposé « une mesuresignificative contre l’avortement »,auquel elle reste farouchementhostile. Une lettre pastorale en cesens avait été lue en chaire diman-che dernier dans toutes les églisesde la République. La victoire du« non » marque la lente perte d’in-fluence de l’Eglise dans un paysqui reste, tout de même, l’un desplus catholiques d’Europe.

Et maintenant ? Rien ne change-ra dans l’immédiat. L’avortementreste interdit. Le Fine Gael a pro-mis, s’il arrive au pouvoir dansdeux mois, d’inscrire dans la loi lajurisprudence de la Cour suprêmesur le risque de suicide. Le FiannaFail, soucieux sans doute de ména-ger son électorat le plus tradition-nel, a fait savoir qu’il « prendraitson temps », s’il restait en selle,« pour faire des propositions législa-tives ». Quant aux 7 000 Irlandaisesqui avortent chaque année, ellescontinueront d’aller en Grande-Bretagne.

Jean-Pierre Langellier

LILLEde notre envoyé spécial

Dans le débat sur l’avenir institu-tionnel de l’Europe lancé par laConvention, l’Eglise catholiqueprend ses marques. A Berlin, du28 février au 2 mars, s’étaient réu-nies une centaine de personnalitésdu ZDK allemand (Comité centraldes laïcs catholiques) et des Semai-nes sociales de France, dirigées parMichel Camdessus, ancien direc-teur général du FMI. En invitant,jeudi 7 mars à Lille, Jacques Delors,ancien président de la Commis-sion, sa fille, Martine Aubry, etJean-Luc Dehaene, vice-présidentbelge de la Convention, la Commis-sion des épiscopats européens(Comece) exprimait à son tour sondésir de « redonner une âme » àl’Europe.

L’enjeu de l’élargissement et dela future Constitution ne se réduitpas à des négociations surl’« acquis communautaire ». Enposant en termes d’histoire et decivilisation l’avenir de la « réunifica-tion » de l’Europe, Jacques Delors atrouvé une oreille attentive dansl’épiscopat. Élargissement veut dire« enrichissement ». L’élargissementde l’Union à l’Europe centrale etorientale passe par le « pardon » etla « promesse » faite aux nouvellesgénérations, aux minorités, auxnationalités de l’Est de réintégrerleur communauté d’origine dansun espace de paix et de sécurité.

La réussite de cet élargissementpasse par « le triptyque compétition-coopération-solidarité ». Si on de-vait l’abandonner, menace JacquesDelors, alors l’Europe réunie neserait plus qu’« une zone de libre-échange ». Elle renoncerait à jouerle rôle de « laboratoire » qu’onattend d’elle dans la mondialisa-tion et de « moteur » d’une politi-que étrangère capable de peserdans les conflits qui se jouent auProche-Orient, en Afrique, ou faceaux terrorismes.

« » Le chrétien-démocrate Jean-Luc

Dehaene a répété que, si l’élargisse-ment se faisait sans réforme globaledes institutions ni vision forte del’avenir, l’Europe plongerait dans laplus grave crise de son histoire.Chargé d’organiser le forum de lasociété civile qui doit accompagnerles travaux de la Convention, il aassuré que celui-ci serait l’une desclés de sa réussite. C’est dans cecadre qu’il invite les Eglises à s’expri-mer. Mais, compte tenu de ses étatsde service passés (les « pères » fon-dateurs de la communauté) et dunombre de ses fidèles, l’Eglise catho-lique, en particulier, craint de neplus avoir toute sa place.

Mgr Josef Homeyer, présidentallemand de la Comece, a réclaméla prise en compte par la Conven-tion d’un « ethos » chrétien et deréférences religieuses dans lesquel-les se reconnaissent un grand nom-bre d’Européens. Sans responsabi-lité institutionnelle ou politique, est-il possible de jouer un rôled’« acteur » européen, sans êtreconfondu avec un lobby ? « Nousne demandons ni privilège ni exclu-sion », a estimé Mgr HippolyteSimon, représentant l’épiscopatfrançais à la Comece. La polémiqueouverte par le refus de la France dereconnaître l’héritage « religieux »– remplacé par « spirituel » – del’Europe dans la Charte de Nice(décembre 2000) n’a pas fini defaire des vagues. Jacques Delors arappelé que « laïcité » ne voulaitpas dire réduction de la participa-tion des religions à la sphère pri-vée : « Ou il s’agit alors d’une concep-tion bien étroite de la société civile ! »

Henri Tincq

LISBONNEde notre correspondant

« Où sont les hommes qui les ontmises enceintes ? » : le cri de cettefemme, qui manifestait lors du der-nier grand procès au Portugal pourinterruption volontaire de grosses-se, se détachait du chœur des slo-gans condamnant « la loi scélérate,l’oppression et l’hypocrisie ». C’étaiten janvier dernier. Le tribunal de laville de Maia, près de Porto, dans lenord du pays, venait de condamnerà huit ans de prison une sage-fem-me pour avoir pratiqué des avorte-ments clandestins à son domicile.Une autre femme ayant avoué avoirsubi un avortement a reçu une pei-ne de quatre mois.

Le procès a relancé le débat surl’avortement. « La situation estinsoutenable. C´est un facteur degrand retard pour le pays », a décla-ré le ministre des sciences et de latechnologie, Mariano Gago, qui,avec d’autres personnalités politi-ques, s’était joint aux manifestantsprotestant contre le jugement. Laloi portugaise, de 1984, n’autorisel’avortement que dans des cas bienprécis. Elle a été modifiée en 1997,et le délai pour l’IVG porté de 12 à16 semaines dans les cas de viols.Dans les cas où la vie de la mère esten danger ou si celle-ci risque degraves troubles psychiques ou s’il ya risque de malformation du fœtus,le délai est porté à 24 semaines.

Il y a quatre ans, la libéralisationde cette législation avait donné lieuau premier référendum démocrati-que organisé au Portugal. La ques-tion posée était la suivante : « Don-nez-vous votre accord à la dépénalisa-tion de l’interruption volontaire de

grossesse, si elle est réalisée à lademande de la femme, dans les dixpremières semaines, dans un établis-sement de santé légalement autori-sé ? » Le « non » l’avait emportéavec 50,9 % et un taux d’abstentionde 69 % des inscrits.

Seul le Parti communiste s’étaitdéclaré officiellement en faveur du« oui ». Le Parti socialiste au pou-voir et le Parti social-démocrate(PSD, centre droit), la principale for-mation de l’opposition, n’avaientdonné aucune consigne de vote. Lepremier ministre, Antonio Guter-res, catholique pratiquant, n’avaitpas caché qu’il voterait contre, ensuivant l’orientation de l’Eglise.

Le procès de Maia est venu agiterà nouveau la société civile et a obli-gé les partis politiques à définirleurs positions alors que la campa-gne électorale bat son plein pour leslégislatives anticipées du 17 mars.Le seul parti résolument contre ladépénalisation est le petit Partipopulaire (droite nationaliste), quine souhaite ni un nouveau référen-dum ni un nouveau débat au Parle-ment. Le Parti communiste et leBloc de gauche (BE, extrême gau-che) préconisent un débat parle-mentaire et un nouveau référen-dum. Les deux grands partis hési-tent en revanche à s’engager claire-ment. Le nouveau dirigeant socialis-te Eduardo Ferro Rodrigues, quipropose un débat approfondi dansla société civile, estime qu’il estencore tôt pour présenter à nou-veau une loi. « Nous devrons proba-blement faire un autre référendum »,a en revanche admis le président dela République, Jorge Sampaio, socia-liste lui aussi, qui a toujours défen-du la dépénalisation de l’avorte-ment.

Pour certains médecins, la loiactuelle pourrait être interprétéed’une façon plus large. Pour eux, ilsuffirait de suivre l’exemple de l’Es-pagne, où se rendent des centainesde Portugaises aisées pour avorteren toute sécurité. Alors que la légis-lation de Madrid est similaire à laportugaise, notent-ils, les médecinsespagnols ont plus de latitude pourtenir compte de la situation de leurspatientes.

Depuis 1980, environ trente fem-mes ont été jugées au Portugalpour avoir subi des avortements.Les responsables des mouvementspour la dépénalisation estiment quele nombre des IVG oscillerait entre20 000 et 40 000 chaque année,alors que les statistiques officiellesne parlent que de 491 avortementspour l’année de 1999. Les naissan-ces de l’année dernière ne dépas-sent pas 120 000 enfants. Le Portu-gal est parmi les pays de l’Unioneuropéenne à avoir le plus grandnombre de mères adolescentes.

Alexandre Flucher-Monteiro

BUCARESTde notre correspondant

« La fête des amoureux est leMartisor ! », tranche NicolaePopescu. Dans la bouche de ceprofesseur d’histoire de Buca-rest, cette phrase est plus unordre qu’une constatation. Le« Martisor » est un petit objetdécoratif lié à un fil rouge etblanc que les hommes offrent le1er mars aux femmes qui comp-tent dans leur vie. Accroché àleur poitrine, leur Martisor ren-ferme en lui l’amour de l’hommepour la femme. Plus une femmeen a, plus elle est aimée.

Les Roumains ont redécouvertavec enthousiasme leurs fêtes tra-ditionnelles de l’amour. La Saint-Valentin est devenue trop améri-caine à leur goût. La tradition duMartisor remonte à l’époque dela colonisation romaine et évo-que le renouveau du printemps.La renaissance de la nature se tra-duisait à l’époque par une sériede fêtes qui marquaient le débutd’une nouvelle année. C’était letemps de l’amour.

Peu avant la fête du 1er mars,

les Roumains ont célébré, le24 février, le Dragobete, autrefête de l’amour très prisée à lacampagne. Le Dragobete était unjeune homme qui, le 24 février,embrassait toutes les femmesqu’il rencontrait sur son chemin.Cette occupation plutôt agréablea été remise à l’honneur dans lesvillages, les traditions variantd’une région à l’autre. Dans larégion de Gorj, au sud-ouest, onraconte que les oiseaux délientleur bec le 24 février et se livrentau chant de l’amour, activité for-tement conseillée aux jeunes desvillages. La croyance populaireprétend que les jeunes couplesqui se font la cour ce jour-làseront heureux en mariage.

Dans la région de Vrancea, ausud-est, ce sont les filles qui pren-nent la relève. Elles ont mêmerecours à la sorcellerie. En géné-ral, elles enfoncent une aiguilledans le tronc d’un arbre censéreprésenter leur amoureux.Ailleurs, ce sont les garçons quiont la licence d’embrasser lesfilles qu’ils veulent épouser.

Le mécontentement des Rou-mains au sujet de l’exploitationcommerciale de la Saint-Valen-tin a eu un large écho dans lesmédias. Le débat anime aussi laclasse politique. Mais tout lemonde n’est pas sur la même lon-gueur d’onde. « Cette soi-disantredécouverte des fêtes traditionnel-les de l’amour est avant tout unphénomène médiatique, lancel’ethnologue Irina Nicolau. Enréinventant des fêtes mineures, lesRoumains veulent exprimer unesorte de patriotisme. Ils ont peurde l’étranger, ils ne veulent pasvendre leur pays, donc des fêtescomme la Saint-Valentin et Hal-loween n’ont pas de place chezeux. »

Mirel Bran

U N I O N E U R O P É E N N ELes épiscopatsveulents’adresserà la Convention

Les Irlandais rejettent, à une faible majorité,le durcissement de leur loi anti-avortement

Avec 50, 42 % de non, le résultat du référendum traduit la lente érosion de l’influence de l’Eglise

Au Portugal, la campagne pour la libéralisation est relancéeL’opinion est à nouveau en émoi après les condamnations d’une sage-femme et d’une patiente

Le procès a obligé

les partis politiques

à prendre position

avant les élections

Le « Martisor »revivifiele patriotismeroumain

Page 6: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

6/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

CE 14 JUILLET 2001, alors queJacques Chirac étrille la politiquedu gouvernement, Lionel Jospin,Olivier Schrameck, Sylviane Aga-cinski-Jospin sont réunis, à Mati-gnon, devant leur télévision. La fem-me du premier ministre s’agace ets’indigne. La campagne, au fond,est lancée ce jour-là. L’épouse sera,cette fois, « avec Lionel Jospin, plusqu’à côté », résume Michèle Sab-ban, sa complice, chargée des fem-mes au PS.

Le 13 janvier 2002, dans « Arrêtsur images », sur France 5, l’épousede M. Jospin expliquait que « c’estsurtout Sylviane Agacinski qui a ditoui » à l’invitation parce que « c’estune émission de débat ». « Certainsont cru (…) que venir ici, c’était lecommencement de quelque chose. Ilse peut que ce soit plutôt une fin. ».

Vendredi 8 mars, au lendemaindu premier meeting de son mari,« Sylviane » est partout : dansLe Parisien, sur RTL, dans le journalde TF1 le soir. Samedi, elle tiendrale Journal de la semaine de Libéra-tion. Alors qu’elle avait refusé l’invi-tation dominicale de Michel Druc-ker, sur France 2 fin 2001, elle aaccepté de se prêter à l’exercice duportrait pour « 7 à 8 » sur TFI, com-me Bernadette Chirac. Avant, elles’envolera samedi, avec son époux,pour la Réunion. A Matignon, uneattachée de presse s’occupe désor-mais d’elle à plein temps.

« De mon côté à moi, je sens quequelque chose a changé », confirmel’intéressée, vendredi, sur RTL« Comme épouse du premier minis-tre, je pouvais me contenter de resterplus discrète. On doit savoir qui est lafemme du candidat (…). J’ai reçubeaucoup de courrier. On m’expli-que : “vous ne pouvez pas vous dissi-muler, ce serait interprété commeune sorte de mépris”. » Un tournant.Il y a moins de deux mois, elle expli-quait encore à Daniel Schneider-mann que « celle qui est en photo à

côté de son mari n’a pas vraimentvocation à s’exprimer ». Sur RTL,pourtant, elle vante le bilan du gou-vernement à l’égard des femmes etexplique qu’elle « ne se serait pasvue épouser un homme austère ».

Nouvelle vie oblige : la philoso-phe a décidé de s’arranger avec sesscrupules. En 2000, elle expliquaitpudiquement à Bernard Pivot, quivoulait savoir si elle était « souventseule le soir », que « Sylviane Aga-cinski ne s’exprime jamais » sur Lio-nel Jospin. En 2001, lorsque Le Mon-de lui avait demandé de signer l’unede ses tribunes du nom de « Sylvia-ne Agacinski-Jospin », elle s’exécuteà contre-cœur, et explique ensuite« ne le fera plus ». Aujourd’hui, ellese présente ainsi dans les médias,quand ce n’est pas tout simplement

sous le nom de « Sylviane Jospin »,pour une promenade-photo en cou-ple pour Paris-Match.

« Je ne suis pas complètement schi-zo », rassure-t-elle. Le 17 décem-bre 2001, quelques jours après lasortie du livre de Bernadette Chi-rac, Conversations, elle fait ses cour-ses avec sa sœur Sophie, devantles caméras de France 2. Elle avaitraconté à Serge Raffy, pour Secretsde familles (Fayard, 2001), sa « lovestory » avec « Lionel », avec lequelelle accepté de déjeuner en 1988,avant un premier baiser, un anplus tard, au théâtre de l’Odéon etle mariage en 1994. « Je me suis faitun peu piéger par l’auteur », s’excu-se-t-elle en souriant.

Ariane Chemin

« La parité existe. Mais l’égalité nous échappe »

SUR le marché du travail, la fem-me n’est toujours pas l’égale del’homme. L’Insee et la Dares (direc-tion de l’animation de la recher-che, des études et des statistiques)ont une nouvelle fois quantifié cesinégalités sexuées de salaires, d’ac-cès à l’emploi à temps complet etaux postes de responsabilités, queles années ne semblent parvenir àéroder. L’étude « Femmes et hom-mes : les inégalités qui subsis-tent », que l’Insee publie jeudi8 mars, rappelle ainsi que si lesfemmes représentent désormaisquasiment la moitié (45 %) de lapopulation active, leurs salairesdemeurent en moyenne inférieursde 20 % à ceux des hommes.

« Nous sommes dans une situa-tion extrêmement paradoxale. Quan-titativement, la parité existe. Maisl’égalité nous échappe », résumeMargaret Maruani, sociologue,directrice de recherche au CNRS.Toujours plus présentes sur le mar-ché du travail (selon l’Insee, 80 %des femmes de 25 à 49 ans sontactives), les femmes sont davanta-ge touchées par le chômage queles hommes. Leur taux de chôma-ge atteint 10,7 %, contre 7,1 %pour celui des hommes. « Il semblequ’il y ait une tolérance sociale plusgrande à l’égard du chômage desfemmes », analyse MargaretMaruani.

Souvent présenté comme unmoyen pour les femmes de conci-lier vie professionnelle et vie fami-liale, le travail à temps partieldemeure très largement féminin :85 % des salariés à temps partiel

sont des femmes. L’Insee préciseque 27,1 % des femmes travaillentà temps partiel, contre 4,7 % deshommes. Surtout, 8,5 % des fem-mes occupent un emploi à tempspartiel alors qu’elles souhaite-raient travailler davantage, quandseulement 2 % des hommes setrouvent dans cette même situa-tion. Une étude de la Darespubliée en février (« Temps partieldes femmes : entre “choix” etcontrainte ») a par ailleurs établique la moitié (52 %) des emplois àtemps partiel ont été des embau-ches à temps partiel ; et que 29 %des femmes embauchées à tempspartiel cherchent un autre emploi.

« Les femmes à temps partiel

“imposé à l’embauche” sont plusjeunes et moins diplômées que lesautres salariées. Elles occupent desemplois peu qualifiés surtout dansle privé, relevait la Dares. Dansnombre de cas, ce temps partielcontraint perdure car il se situedans des secteurs où il représenteune forme de gestion permanentede la main-d’œuvre (commerce,nettoyage…). Beaucoup de femmesont accepté cette forme d’emploifaute de mieux. » Et MargaretMaruani de rappeler que 80 % des3,2 millions de personnes tra-vaillant en France pour un salaireinférieur au Smic sont des fem-mes : « Avec la crise et les incita-tions gouvernementales, on arecréé une forme d’emploi spécifi-quement féminine. Ce temps par-tiel, moteur du sous-emploi, contri-

bue à la paupérisation d’une partdu salariat féminin. »

L’Insee souligne encore le handi-cap que continue de représenter lamaternité : « Le fait pour une fem-me d’avoir des enfants est corréléavec un taux de chômage plus éle-vé. » Avec un ou deux enfants, laprobabilité d’être au chômage aug-mente d’un ou deux points ; avectrois enfants ou plus, l’écart est decinq points. Quant aux salaires, leschiffres fournis par l’Insee éclai-rent l’immuabilité des inégalitésentre femmes et hommes : en cinqans, rien n’a évolué. Dans les sec-teurs privé et semi-public, l’écartde salaire net moyen entre hom-mes et femmes était de 20 % en1995. Il est de 20 % en 2000. Dansla fonction publique d’Etat, les dif-férences de salaire sont, en moyen-ne, un peu moins fortes (14 %).Mais partout, ajoute l’Insee, « plusles salaires sont élevés, plus lesécarts entre hommes et femmes s’ac-croissent ». Les ouvrières gagnent19 % de moins que les ouvriers.Les femmes cadres, 24 % de moinsque leurs confrères.

L’accès aux responsabilités, lui,progresse, mais avec une bellelenteur. Dans les entreprises dusecteur privé, les femmes consti-tuent 24 % de l’encadrement, con-tre 19 % il y a 10 ans. Dans la fonc-tion publique, où les femmessont majoritaires (55 %), ces der-nières n’occupent toujours que14 % des emplois de direction etd’inspection.

Pascale Krémer

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Selon un sondage Sofres pour TF1/RTL/Le Monde,26 % des électrices seraient prêtes à au premier tour de la présidentiel-le, contre 23 % qui choisiraient Lionel Jospin. Pourtant,

elles sont 46 % à juger « positive » l’action du premierministre en leur faveur. Autre enseignement : 26 %des femmes (contre 15 % pour M. Jospin et 9 % pourM. Chirac) estiment qu’ (LO)

comprend « le mieux leurs problèmes ». A l’occasionde la Journée des femmes, les candidats . Dans un entretien à La Dépê-che du Midi, vendredi 8 mars, le président-candidat

s’est prononcé en faveur d’« une autorité indépendan-te contre la discrimination ». ,l’épouse de M. Jospin, est franchement entrée encampagne, de même que Bernadette Chirac.

C’EST LA JOURNÉE des 23 mil-lions d’électrices. Ce 8 mars, à45 jours du premier tour de l’élec-tion présidentielle, les femmesn’auront jamais été autant célé-brées. Elles représentent 53 % ducorps électoral et, dans cettebataille qui s’annonce serrée, leurvote prend toute son importance.Selon le sondage Sofres réalisépour Le Monde, Jacques Chirac estune nouvelle fois donné favori chezles électrices, avec 26 % d’inten-tions de vote au premier tour,contre 23 % pour Lionel Jospin.

Au PS, presque un an après la vic-toire de Bertrand Delanoë à Paris,la journée du 8 mars est orchestréepar le maire de la capitale et prési-dent du comité de soutien de LionelJospin. Surprise ! Les « 46 femmes »qui peuplent son exécutif, son cabi-net et les directions de l’Hôtel deVille ont publié, dans la page Car-net du Monde du 8 mars, ce petitmessage : « Merci, Bertrand, pour laparité à Paris. » Le ton est donné, ilfaut défendre le « travail accom-pli ». Vendredi matin, à Matignon,le premier ministre devait recevoirle dernier rapport de l’Observatoirede la parité avant d’assister, à lachancellerie, au « scellement » de laloi sur la parité du 6 juin 2000. Lesoir, au Palais des sports, le « candi-

dat » s’exprimera tout particulière-ment sur l’égalité professionnelledevant les militantes du comité2002 idées de femmes. Celui-ci, lan-cé en janvier par la secrétaire natio-nale du PS, Michèle Sabban (LeMonde du 22 janvier), rassembleaujourd’hui « 98 000 femmes », unchiffre nettement supérieur aux34 000 adhérentes du PS.

« J ’ »Les femmes âgées, dont le vote

penche plutôt à droite selon les étu-des d’opinion, n’ont pas étéoubliées : la secrétaire d’Etat auxpersonnes âgées, Paulette Guin-chard-Kunstler, a saisi l’occasion dela Fête des grands-mères, le 3 mars,pour vanter l’allocation personnali-sée d’autonomie (APA) dans uneinterview accordée… au site Inter-net de Lionel Jospin. Vendredi, surle même support, Noëlle Châtelet,sœur du candidat, raconte son « frè-re et les femmes ».

Jacques Chirac, lui, mise sur lesgagnantes des municipales demars 2001, symboles de la « généra-tion terrain ». Après avoir déclarésa candidature, le 11 février, àMarie-José Roig (RPR), qui a battuElisabeth Guigou à Avignon, c’est àMontauban, ville dirigée par Brigit-te Barèges (RPR) et patrie de la

féministe Olympe de Gouges, quele candidat déclinera, vendredi, sespropositions. Pendant ce temps, saporte-parole, Roselyne Bachelot(RPR), inaugurera un distributeurde préservatifs féminins au métroBonne-Nouvelle, en sa qualité deprésidente du comité d’honneurd’Aides, l’association de luttecontre le sida. Comme une répliqueau comité 2002 idées de femmes,les chiraquiens ont annoncé, jeudi,la création du « 1001e comité de sou-tien » à leur candidat – intitulé Lesfemmes avec Chirac – et dévoilé lenom des… « quinze premières inscri-tes ». Le communiqué de pressen’omet pas de souligner « ce que Jos-pin n’a pas fait pour les femmes », enpointant le « manque de structuresd’accueil pour enfants », la « montéedes violences à l’encontre des fem-mes… ». En toute hâte, jeudi, au QGde campagne de M. Chirac, on amis en ligne le site – purement cos-métique – lesfemmesavecchirac.com en écho à 2002femmes. com.

Celui qui espère rester le « troisiè-me homme » ne pouvait pasdemeurer les bras croisés. Jean-Pier-re Chevènement (MDC) s’est plié àl’exercice imposé en présentant, jeu-di soir, à Orléans, ses propositions« pour construire la parité sociale »autour de trois thèmes : liberté, éga-

lité, sécurité. S’il n’organise pas degrand raout, le candidat du Pôlerépublicain devait déjeuner, le8 mars, à la rédaction de Elle, aprèsavoir partagé un café-croissantavec les femmes bénévoles impli-quées dans sa campagne. Petitscoups bas entre ex-amis : le

« 8 mars » a donné lieu à quelquesmenus incidents entre chevénemen-tistes et socialistes.

A Paris, la porte-parole deM. Chevènement, Nathalie Pilhes,adjointe (MDC) au maire du13e arrondissement, Serge Blisko(PS), a été priée de remballer son

projet d’organiser, vendredi soir,une projection du film LucieAubrac, en présence de la présiden-te d’honneur de la Fondation de larésistance. « Le 8 mars reste consa-cré à nos engagements de parti », luia écrit M. Blisko. « 2002 femmes »oblige.

Ailleurs, demandez le program-me ! François Bayrou (UDF) rendvisite à l’association de femmes endifficulté Le Pont, au Plessis-Trévi-se (Val-de-Marne), avant de déjeu-ner avec des « salariées de l’entre-prise Naf-Naf ». A la même heure,Alain Madelin (DL) rencontre Véro-

nique et Davina. A Bordeaux, vers17 heures, Noël Mamère visite laMaison des femmes victimes de vio-lences conjugales, avant une soiréefestive avec ses amis Verts, quiécouteront des « extraits » desMonologues du vagin, une pièce dethéâtre féministe – et à succès –d’Eve Ensler.

A Paris, au Bataclan, Robert Hue(PCF) s’adressera aux femmes encompagnie de Marie-George Buf-fet, numéro 2 du Parti communiste.Christine Boutin a préféré publierune tribune « féministe » dansLe Figaro du 8 mars. Le candidatdes chasseurs, Jean Saint-Josse(CPNT), s’abstiendra : lors de sonpremier meeting, le 13 février, àPalavas-les-Flots (Hérault), ses sup-porteurs avaient brandi une pou-pée gonflable dont les seins étaientbarrés d’un « Jean Saint-Josse prési-dent ». Arlette Laguiller (LO), qui,selon le sondage Sofres-Le Monde,arrive en tête des candidats qui« comprennent le mieux les problè-mes des femmes » (26 %)…, n’a rienprévu, ni Olivier Besancenot (LCR),qui dénonce, dans un communiqué,« un programme chargé pour les can-didats à la recherche de symboles ».

Clarisse Fabreet Christine Garin

Bernadette Chiracet SylvianeAgacinski-Jospinlors du défilédu 14 juillet 2001.Toutes les deuxsont aujourd’huiengagées au côtéde leur épouxdans la campagneprésidentielle.

www.gap.fr

Les candidats cherchent à séduire 23 millions de FrançaisesPour les prétendants à l’Elysée, la Journée des femmes est l’occasion de promouvoir les propositions qu’ils entendent mettre en œuvre. Selon

un sondage Sofres pour TF1/RTL/« Le Monde », M. Chirac reste le favori des électrices, même si 46 % d’entre elles jugent « positif » le bilan de M. Jospin

Bernadette Chirac avait prévenu, en visitant le 1er mars le Tapis rouge, leQG de campagne de son mari : « Je ferai campagne à ma place. » Elle a doncchoisi le 8 mars pour commencer son action, « tranquillement et à sa maniè-re », disent ses proches. Dans un entretien accordé au Figaro du 8 mars, elleindique que, selon elle, « tout part de la cellule familiale dans laquelle lafemme joue un rôle pivot » et pour celles qui « se désintéressent de leursenfants », il faut « infliger des sanctions adaptées ». Par ailleurs elle dénonceune campagne « très souvent ordurière ». Sa journée devait s’organiserautour de trois thèmes : « La femme heureuse » et « La femme en souffran-ce » en visitant les services de maternité et de gynécologie-obstétrique del’hôpital Tenon, à Paris, puis « La femme en difficulté sociale » en rencon-trant les membres d’une association de réinsertion professionnelle. Mardi12 mars, elle sera avec Jacques Chirac à Marseille. L’assistant de Mme Chirac,Bernard Niquet, pourrait rejoindre à son tour le QG de campagne.

AU MOMENT de la célébration de la Journée desfemmes, sur fond de présidentielle, une vingtained’entre elles, regroupées au sein d’Handeis (Handicapdroit à l’école et à l’intégration scolaire), sont amères.Depuis un mois, un des membres de l’association,Nadjat Eyraud, épouse de Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement (DAL), et mère d’Etienne,dix ans, trisomique, poursuit une grève de la faimpour obtenir l’intégration dans les écoles publiquesparisiennes, à temps plein, de six enfants, conformé-ment à une loi de 1975, largement inappliquée.

« C’est insensé. Quand on regarde la réalité, on serend compte que dans de nombreux cas, chez lesparents d’enfants atteints de déficience mentale, cesont les femmes qui se retrouvent, seules, à porter unfardeau qui est énorme », indique Mme Eyraud. « Dans50 % des cas, on est en présence de femmes isolées.Soit les mecs se sont tirés à la naissance de l’enfant,soit cela a provoqué de telles dissensions dans lecouple qu’il y a eu rupture. Et personne ne veut pren-dre la mesure du problème », souligne, de son côté,M. Eyraud. Le 20 février, une centaine de manifes-tants, dont une vingtaine de familles avec enfants,

soutenus par Sud-Education et les parents d’élèvesde la FCPE Paris, avaient bien cherché à être reçus auministère de l’éducation nationale en investissant lehall. Ils ont été délogés brutalement par les vigiles duministère avant d’être reçus sans résultat.

Handeis, qui aurait souhaité que les candidatsprennent position sur le problème à l’occasion de lajournée du 8 mars, a contacté leurs états-majors.Impossible d’intervenir lors de la soirée femmes2002 de Lionel Jospin, a expliqué Laurence Rossignol,secrétaire nationale du PS et membre de la Gauchesocialiste. Même chose au PCF. La réunion du Bata-clan, vendredi soir, avec Robert Hue et Marie-GeorgeBuffet est consacrée aux femmes en politique, a indi-qué Brigitte Dionnet, membre du conseil national duPCF. En revanche, Dominique Voynet, secrétairenationale des Verts, a prévu de venir soutenir, ven-dredi, Mme Eyraud, tout comme Olivier Besancenot etAlain Krivine pour la LCR. Contactée, Roselyne Bache-lot, porte-parole du candidat Jacques Chirac, a déci-dé de venir apporter son soutien lundi prochain.

Caroline Monnot

F R A N C Ep r é s i d e n t i e l l e

Bernadette entre en action « à sa manière »

Sylviane Agacinski rejoint son mariLionel Jospin dans la campagne

Combat de mères pour scolariser leur enfant handicapé

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/7

LE SONDAGE réalisé par laSofres pour Le Monde, TF1 et RTLdresse un constat paradoxal :Lionel Jospin semble disposer detous les atouts pour attirer les voixdes électrices. Il n’empêche queJacques Chirac reste, aujourd’hui,leur candidat préféré, ce qui pour-rait s’avérer décisif le 21 avril et le5 mai compte tenu de leur prédomi-nance (elles sont 23 millions contre20 millions d’électeurs masculins).

Le bilan de l’action du premierministre en faveur des femmes est,en effet, nettement plus flatteurque celui du chef de l’Etat : 46 %des sondées le jugent positif (con-tre 23 % négatif, tandis que 31 %ne se prononcent pas), alors que36 % jugent favorablement le bilande Jacques Chirac (contre 35 %d’avis contraire).

De façon plus détaillée, égale-ment, M. Jospin bénéficie d’unavantage sensible sur son princi-pal concurrent. 59 % des femmesinterrogées apprécient son actiondans le domaine de la parité dansla vie politique (44 % pour M. Chi-rac), 42 % dans le domaine del’avortement (contre 37 % pourM. Chirac), 40 % pour ce qui est del’égalité professionnelle entre hom-mes et femmes (contre 29 %), 39 %pour l’accès des femmes aux pos-tes de responsabilité dans les entre-prises (contre 31 %) et 33 % pourl’accueil des jeunes enfants dansles crèches ou garderies (contre30 % à M. Chirac). Au total, 39 %des femmes interrogées jugentque le candidat du PS a pris plusde mesures en leur faveur, soit unscore largement supérieur à celuidu champion de la droite (15 %),23 % répondant ni l’un ni l’autre et23 % étant sans opinion.

L’élection présidentielle, on lesait, ne se joue pas sur un bilan.Pour l’avenir, là encore, M. Jospinest jugé « plus soucieux de promou-voir l’égalité entre les hommes et lesfemmes » (39 % contre 18 % àM. Chirac) et « plus proche des pré-occupations des femmes » (36 %contre 18 % à M. Chirac).

Il est d’ailleurs significatif que lepremier ministre, lors de son inter-vention à TF1, dimanche 3 mars,ait mis en avant sa volonté, s’il estélu, de favoriser l’égalité profes-sionnelle entre hommes et fem-mes et de lutter contre les violen-ces conjugales. Or il se trouve queces deux préoccupations sont prio-ritaires aux yeux des femmes inter-

rogées par la Sofres : 70 % d’entreelles citent en priorité la promo-tion de l’égalité des salaires à quali-fication égale (et jusqu’à 82 % chezles diplômées de l’enseignementsupérieur) et 53 % la lutte contreles violences conjugales (notam-ment 60 % chez les employées etles ouvrières). L’augmentation desplaces en crèche (43 %), l’améliora-tion de la coordination deshoraires d’ouverture des services(41 %), l’accès des femmes auxpostes de responsabilité dans lavie politique (34 %), les mesuresfavorisant l’implication des pèresdans la vie familiale (29 %) et unemeilleure application de la loi surl’IVG (20 %) sont jugés moinsimportants.

Cette meilleure adéquation

entre le bilan et les premières pro-positions de Lionel Jospin, d’unepart, et les attentes des électrices,d’autre part, lui permet d’apparaî-tre comme celui des hommescandidats qui « comprend le mieuxles problèmes des femmes » (15 %des sondées, contre 9 % qui dési-gnent Jacques Chirac, 4 % Jean-Pierre Chevènement, 3 % NoëlMamère ou Robert Hue…). Sur cepoint, il n’est devancé que parArlette Laguiller (26 %), de loin lacandidate la plus connue, tandisque Corinne Lepage recueille13 %, Christine Boutin 10 % etChristiane Taubira 6 %.

En termes d’intentions de voteau premier tour de la présiden-tielle, cependant, le chef de l’Etatreste le favori des électrices, avec26 % contre 23 % au premier minis-tre. C’est chez les non-diplômées(38 %, contre 30 % à M. Jospin) etles plus âgées (36 % chez les plusde 65 ans, contre 24 % à M. Jospin)que Jacques Chirac trouve ses sup-portrices les plus nombreuses.Pour ces électrices-là, en particu-lier, sa position de président sor-tant est un atout indéniable. Lio-nel Jospin compense en partie ceshandicaps chez les électrices lesplus jeunes (32 % d’intentions devote contre 23 % à M. Chirac chezles 18-24 ans) et chez les salariéesdu secteur public (26 % contre19 % à M. Chirac). Mais le premierministre ne parvient pas à capitali-ser pleinement son image plusfavorable chez les femmes.

Gérard Courtois

f François Bayrou (UDF) sou-haite la diversification des modesde garde d’enfants, ainsi qu’uneplus grande amplitude d’horairedans les crèches. Il veut favoriserla création de crèches en entrepri-ses. Enfin, il milite pour que lesremplacements de congé mater-nité soient l’objet d’une importan-te baisse des charges.

f Jean-Pierre Chevènement(MDC) propose d’augmenter de50 % en cinq ans les places encrèche et les emplois d’assistantematernelle. Les interruptions de car-rière liées à la maternité seraientcompensées en terme de forma-tion, d’actualisation des connais-sances et de remise à niveau desretraites. Et l’Etat devrait montrerl’exemple de la parité dans la hautefonction publique.

f Jacques Chirac (RPR). Dansson entretien à la Dépêche du Midi(daté 8 mars), il propose une allo-cation unique d’accueil du jeuneenfant dont bénéficieraient indiffé-remment mère au foyer et mèresalariée. Il souhaite la créationd’une « autorité indépendante »pour lutter contre les discrimi-nations et se prononce pour unrelèvement du plafond du quo-

tient familial au niveau de 1997.f Robert Hue (PCF) veut « ren-

dre plus contraignante » la loi surl’égalité professionnelle. Le tempspartiel devrait « être choisi et nonimposé à l’embauche » et les exoné-rations de charges patronales pourles emplois à temps partiel levées.La loi sur la parité devrait être élar-gie à tous les scrutins. M. Hue pro-pose, en outre, d’attribuer l’alloca-tion familiale dès le premier enfant.

f Lionel Jospin devait révélerses propositions en direction desfemmes, le 8 mars, à l’occasiond’un meeting à Paris. Toutefois,lors de son déplacement à Luné-

ville, le 5 mars, le premier ministres’est déclaré en faveur de la créa-tion de 40 000 places supplémen-taires de crèches.

f Arlette Laguiller (Lutteouvrière) défend « l’égalité dessalaires des hommes et des femmessur la base de salaires corrects ».Les femmes étant « frappées aupremier chef par les licenciementset par le chômage », les licencie-ments collectifs devraient êtreinterdits. Elle propose un meilleurfinancement des services publics,en particulier les maternités et lesinfrastructures pour permettre l’al-légement des tâches des femmes.

f Alain Madelin (Démocratielibérale) prône « le libre choix desmodes de garde d’enfants » : multi-plication de « l’offre de garde »grâce à un « chèque garde en parte-nariat avec les entreprises » et créa-tion de crèches d’entreprises et decrèches parentales. Au sein de l’en-treprise, il propose de « favoriser letemps choisi, le temps partiel etnotamment le mi-temps ».

f Noël Mamère (Verts) souhai-te la création d’un « ministère dudroit des femmes chargé de la luttepour l’égalité et contre les discrimi-nations » et milite pour une loicontre le harcèlement au travail etles « discriminations sexistes ». Ilveut introduire la parité dans lesnominations et le recrutement deshauts fonctionnaires. Un statut dela coparentalité devrait être ins-tauré. M. Mamère propose la publi-cation immédiate des décrets d’ap-plication de la loi du 4 juillet 2001sur l’IVG et la contraception.

f Jean-Marie Le Pen (Frontnational) veut créer un salaireparental permettant de choisirentre l’éducation des enfants ouun travail à l’extérieur. Il compte,d’autre part, assurer la parité dansla vie politique…

Tel.

01.4

2664

693

Les électrices apprécient Jospinmais préfèrent Chirac

Catherine Mégret, maire de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et épouse deBruno Mégret, le président du MNR, rit encore du slogan qu’elle vient d’in-venter pour la Journée des femmes : « Ni femmes à poil ni femmes à voile. »Alors qu’elle présidait une conférence de presse, jeudi 7 mars, à Paris,Mme Mégret a fustigé la parité « que veulent imposer les génisses folles dusocialisme » et mis en avant le « droit à la différence ».

Présentant les femmes du MNR comme « les dernières féministes », elle adénoncé « la déferlante islamiste qui tente d’imposer le port du voile » et la« publicité qui impose aux femmes le rôle exclusif d’objet de désir ». « Je suisun peu fatiguée que l’on ne puisse pas vendre (…) une bouteille d’eau sansmontrer une fesse de femme (…). Et, en plus sans aucune cellulite, ce qui estun peu dur pour celles qui en ont », a-t-elle ajouté, en soulignant, très fière,que cette dernière réflexion, non inscrite dans le discours, était personnelle.

Salaires, places en crèche, temps choisi : pour elles,les prétendants à l’Elysée rivalisent de propositionsLes candidats ont profité de la journée du 8 mars pour faire connaître leur projet concernant

les femmes. Avec un objectif non avoué : conquérir l’électorat féminin

Catherine Mégret fustige la parité

DES INTENTIONS DE VOTE PARADOXALES

Intention de vote au premier tourde l'élection présidentielledans l'électorat féminin.

Parmi les candidats, quels sont ceuxqui à votre avis comprennent le mieuxles problèmes des femmes?

Arlette Laguiller

Lionel Jospin

Corinne Lepage

Christine Boutin

Jacques Chirac

Christiane Taubira

Jean-Pierre Chevènement

Robert Hue

Noël Mamère

François Bayrou

Alain Madelin

Olivier Besancenot

Jean-Marie Le Pen

Bruno Mégret

Charles Pasqua

Jean Saint-Josse

Aucun

Sans opinion

26 %7 %

15 %

13 %1 %

1 %

1 %

9 %

9 %

5 %

6 %

4 %

3 %

26 %

10 %

9 %

6 %

4 %

3 %

3 %

2 %

2 %

2 %

1 %1 %1 %

1 %

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0 %

0 %

0 %

9 %

39 %

23 %

Source : Sofres-Politique ; les femmes et l'élection présidentielle (mars 2002)

LES ATOUTS DU PREMIER MINISTRE

A vos yeux, entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, lequel...

Jacques Chirac Lionel Jospin Ni l'un, ni l'autre Sans opinion

- Sondage effectué pour : TF1 / RTL / Le Monde.- Pour l'intention de vote présidentielle 1er tour, un échantillon de 1 000 femmes par cumul de deux vaguesd'enquêtes successives réalisées les 20-21 février et les 27-28 février 2002

- Pour les autres questions, un échantillon de 500 femmes, extrait d'un échantillon de 1 000 personnes,représentatif de l'ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogé le 20-21 février 2002

- Méthode des quotas (âge, profession du chef de ménage PCS) et stratification par région et catégoried'agglomération. Interview en face à face

... a pris le plus de mesures en faveur des femmes

... est le plus proche des préoccupations des femmes

... est le plus soucieux de promouvoir l'égalité entre hommes et femmes

15 % 39 % 23 % 23 %

18 % 36 % 25 % 21 %

18 % 39 % 20 % 23 %

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8/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

LILLEde notre envoyé spécial

Avec délectation, Lionel Jospin aarrangé son costume, « un peu fri-pé », a-t-il expliqué, par la lenteremontée de la tente de220 mètres de long où s’entas-saient, serrées et enthousiastes,plus de 12 000 personnes venuesde la région Nord-Pas-de-Calais.Pour son premier meeting prési-dentiel, jeudi 7 mars à Lille, le pre-mier ministre-candidat a retrouvél’ambiance et le ton des réunionsde fin de campagne quand le suc-cès se profile. D’emblée, il a reditces mots du 29 mai 1997, quand,devant 8 000 sympathisants, dansla même ville, il avait assuré : « Cesoir, je vous le dis, nous pouvonsgagner. » « Aujourd’hui, a-t-il lan-cé, je vous dis de nouveau : la victoi-re est possible. A moi, à vous de toutfaire pour gagner ! »

Fanfares de carnaval, cornes debrume, « Lionel président » longue-ment scandés, banderoles, toutavait été fait pour « chauffer » unesalle qui ne demandait qu’à s’en-flammer. Au premier rang, quatre« premiers ministrables », MartineAubry, François Hollande, LaurentFabius, Dominique Strauss-Kahn,

voisinaient avec des élus et des hié-rarques du PS et la moitié desministres socialistes. Pierre Mau-roy a fait acclamer François Mit-terrand et la maire de Lille avantde proclamer : « Je crois avec vousau fabuleux destin de Lionel Jos-pin. » Elio di Rupo a apporté lesalut des socialistes belges. Daniel

Percheron, le président du conseilrégional, a congratulé le « fédéra-teur de la gauche ». Fréquemmentovationnée, Mme Aubry s’en est pri-se à Jacques Chirac, avant de con-clure à l’intention de son favori :« Il n’y a qu’un seul candidat quidonne envie aux Français de conti-nuer à changer la France ensemble.Ce candidat, c’est toi. »

Pendant soixante-dix minutes,le candidat « libéré » des obliga-tions de la cohabitation s’est laisséporter par la vague. Le premierministre a concentré le tir sur « lecandidat du RPR ». Rien n’a étéoublié. Ces « meetings secrets » où« les supporters viennent sur invita-tion », qui contrastent avec lessiens, « où le candidat s’avancesans barrières et, à la tribune, s’ex-prime sans prompteur ». Ces « pro-messes fallacieuses », ces « esqui-ves » pour « ne pas rendre comptedu vide d’un septennat alors qu’onest le président sortant ». Ces« additions de choix contradictoi-res », ce « triangle impossible » –baisse des recettes, hausse desdépenses, réduction du déficit –qui « ouvrirait une crise entre laFrance et l’Europe ». « On ne peutpas changer en permanence de posi-tion selon le lieu et le public, a mar-telé M. Jospin. Ainsi on n’est pascrédible et on disqualifie l’engage-ment politique et citoyen ».

« »Soulignant qu’il avait gouverné

« sans polémiques, sans coups nià-coups », le candidat a enchaîné :« Il faut que chacun accepte l’air vifde la campagne, l’air vif de la démo-cratie, Jacques Chirac y compris. »« Quand il était président de laRépublique, a-t-il ironisé, il était enpermanence candidat et, mainte-

nant qu’il est candidat, il voudraitqu’on ne voie en lui que le présidentde la République. » Haussant enco-re le ton, M. Jospin a dénoncé la« véritable mystification politique »de 1995, appelant en 2002 à « uneélection de vérité ». « Les Françaisne doivent pas être abusés uneseconde fois ». Mettant en avantles différences entre la gauche etla droite, il s’est appesanti, del’Afghanistan au Proche-Orient,de l’« unilatéralisme américain » àl’Europe, sur une politique interna-tionale non « portée par les ventsdu moment ».

Le premier ministre a répliqué àM. Chirac, qui, le 6 mars à Stras-bourg, avait qualifié de « faute »sa « naïveté » sur la sécurité.Lisant le script de sa déclarationsur TF1, il l’a accusé de s’être« livré à une manipulation tout àfait grossière » et de faire preuvede « cynisme ». « Cynisme, a-t-ilexplicité, que de jouer avec lespeurs, non pas pour les conjurer,mais pour en faire les instrumentsde la conservation d’un pouvoirdont on sent qu’il vous échappe ».Après avoir souhaité « bonne chan-ce » à Robert Hue, Noël Mamèreet Christiane Taubira, il a avoué,sous les sifflets, avoir « un peu plusde mal à appréhender la logiquepolitique de Jean-Pierre Chevène-ment, mais ne désespérons pas quecelle-ci enfin se retrouve ». Avantde conclure par un tonitruant« vive la France » et d’être rejointsur la tribune par des jeunes socia-listes, M. Jospin a réitéré sa con-fiance : « Un mouvement commen-ce, un chemin se dessine, un espoirse lève. Ensemble nous pouvons,nous devons gagner. »

Michel Noblecourt

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ALTADIS :CROISSANCE DE 17,3 % DE L’EBE*En millions d’euros 2000 2001 Variation

Chiffre d’affaires économique 2 798,1 3 076,9 + 10,0 %

EBE* 755,6 886,6 + 17,3 %

Résultat d’exploitation 598,1 729,8 + 22,0 %

Résultat net part du groupe 147,4 380,2 + 158,0 %

Bénéfice par action (en centimes d’euro) 48,2 124,5 + 158,0 %

RÉSULTATS ANNUELS 2001

PERSPECTIVESPour 2002, Altadis prévoit une croissance soutenue dechacune de ses trois activités. En dépit de certaines évolutionsfiscales défavorables, notamment en Allemagne, et desrécents événements qui pèsent sur les produits de luxe telsque les cigares premium, l’EBE* continuera de progresser,à un niveau inférieur mais néanmoins satisfaisant.

CIGARETTES : DÉVELOPPEMENT DES CIGARETTESBLONDES ET DES POSITIONS INTERNATIONALES

L’activité Cigarettes continue de bénéficier de bonnes performancessur la plupart des marchés européens. Gauloises Blondes etFortuna, les deux marques stratégiques du Groupe, ont vu leursventes totales, domestiques et internationales, progresser de 13 %.Les ventes de cigarettes blondes, le segment le plus porteur, ontprogressé de 9,7 %, confortant la position de leader du Groupeen Espagne (+ 7,3 %) et de n°2 en France (+11,2 %).A l’international, les cigarettes blondes ont enregistré uneprogression de 11,2 %. La progression des ventes en valeur enAllemagne, marché clé pour Gauloises Blondes, s’est à nouveaurévélée très satisfaisante (+ 15 %). Les ventes et parts de marchéont également augmenté en Belgique, en Autriche et en Italie.

CIGARES : CAPITALISATION PROGRESSIVE SURNOTRE LEADERSHIP MONDIAL

2001 est la première année complète durant laquelle Altadis apu réellement tirer profit de sa position de leader mondial (25 %de part de marché). Aux Etats-Unis, Altadis, qui confirme saposition de leader, a bénéficié des synergies nées de la fusion etde réductions de coûts supplémentaires. Corporación Habanosa vu, pour sa part, ses ventes augmenter de 15 % sur l’ensemblede l’année. En France et en Espagne, le Groupe conforte saposition de n°1 et améliore progressivement ses marges grâce àune évolution du mix vers les produits haut de gamme et à desefforts accrus de maîtrise des coûts.

DISTRIBUTION : EFFICACITÉ RENFORCÉE DANSLE TABAC ET CROISSANCE DANS LE HORS TABAC

Les activités hors tabac progressent rapidement (+ 20,6 %). EnFrance, les cartes téléphoniques affichent une croissance marquée,ainsi que la papeterie, où deux acquisitions ont été menées fin2001. En Espagne, les services logistiques ont enregistré uneperformance exceptionnelle. L’acquisition du Groupe Burgalpermettra à Altadis d’élargir son offre de produits en 2002.La distribution des produits du tabac est une activité très stable,sa croissance (+ 6,8 %) étant liée principalement aux volumes etaux prix.

SERVICE ACTIONNAIRES

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Le Groupe Altadis est l'un des leaders de l'industrie européenne du tabac et de la distribution, avec des positions clés dans chacun de ses troisdomaines d’activité. N°3 en Europe de l’Ouest sur le marché des cigarettes, n°1 mondial dans le domaine des cigares, Altadis est également l’un desprincipaux acteurs d’Europe du Sud dans la distribution de proximité. Coté à Paris et à Madrid, Altadis est désormais éligible au PEA.

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La forte augmentation de l’EBE* (+17,3 %) est enligne avec les objectifs fixés. Chacune des branches, cigarettes, cigares et distribution, acontribué à cette progression, avec plusieurs points forts tout aulong de l’année : une évolution favorable de l’activité, la mise enœuvre de synergies, le renforcement du contrôle des coûts, laréalisation du plan de restructuration en Espagne.A 28,8 %, la marge d’EBE* du Groupe a augmenté de 1,8 pointpar rapport à l’exercice précédent.

Le résultat net s’établit à 380 M€, sa croissanceextrêmement élevée (+158 %) devant s’apprécier au regard del’importante provision pour restructuration passée en 2000.

Le plan de restructuration en Espagne s’est poursuivisuivant le calendrier prévu et sera achevé en 2002. Leséconomies dégagées bénéficieront aux trois branches du Groupe.Elles s’élèvent à 24 M€ pour 2001, auxquelles s’ajouteront26 M€ en 2002, l’économie annuelle prévue étant de 83 M€ àpartir de 2003.

Le dividende proposé par le Conseil d’Administration àl’Assemblée Générale du 4 juin 2002 s’élèvera à 0,62 euro(+ 10,7 %). Un acompte de 0,28 euro sera payé le 18 mars, lesolde étant versé après l’A.G. Le Groupe confirme ainsi sapolitique de distribution de 50 % de son résultat net et decroissance régulière de son dividende.

*EBE : Excédent brut d’exploitation

C’est la mairede Lille,Martine Aubry,qui a accompagnéLionel Jospindans sa longuetraversée,pas moinsde dix minutes,de la foulese pressantà son premiermeetingde campagne,jeudi 7 mars,dans la capitaledes Flandres.

Lionel Jospin trouve dans son premier meeting,à Lille, des raisons de croire en sa victoire

Le premier ministre-candidat, porté par un auditoire chauffé à blanc de 12 000 personnes,s’est pris à espérer qu’« un mouvement commence » qui le conduira à l’Elysée

FORT-DE-FRANCEde notre correspondant

Christiane Taubira ignorée par lesmédias nationaux ? Dans un texterendu public, lundi 4 mars, en Marti-nique et en Guadeloupe, cinq écri-vains antillais de renom prennent ladéfense de la candidate du Parti radi-cal de gauche (PRG) à l’élection pré-sidentielle. Edouard Glissant,Maryse Condé, Raphaël Confiant,Jean Bernabé et Ernest Pépin jugentintolérable qu’elle soit « inaudible etinvisible » dans les médias. Son nom« n’apparaît presque jamais dans lescommentaires politiques de la presseécrite », s’insurgent ces intellectuels,qui déplorent que sa photo soit« encore plus rarement reproduite ».

La députée (app. PS) de Guyane,ancienne parlementaire euro-péenne, docteur en économie, « estpourtant la tête d’affiche d’un desgrands partis de la majorité pluriel-le », poursuit le texte. Ses signatai-res s’interrogent sur cette absenceremarquable. Et ils risquent unequestion, sous forme de prétérition :« Nous n’osons penser qu’elle déran-ge parce qu’elle a la peau noire. Nousne ferons pas une telle injure auxmédias hexagonaux, lesquels font unelarge place au candidat Dieudonné,

métis franco-africain et digne succes-seur d’un certain Coluche. » EdouardGlissant et les quatre autres cosigna-taires du texte estiment queMme Taubira « ne correspond pas àl’image attendue du Noir » couram-ment véhiculée en Europe del’Ouest et en Amérique du Nord :« Depuis vingt ans, le Noir est trèsbien accepté dans la société occidenta-le, à condition qu’il soit musicien ouchanteur ou sportif (de haut niveaude préférence) », constatent-ils.

« , »Ce n’est pas le cas de la candi-

date du PRG, dont les « idées », le« talent oratoire », l’« étendue deses connaissances » ou encore la« force de conviction » sont encoretotalement méconnus des citoyensfrançais, déplorent, un rien amers,ces intellectuels de premier plan.Les signataires se disent donc« contraints d’émettre une hypo-thèse » pour expliquer le peud’écho recueilli par ChristianeTaubira dans les médias : « Elle estfemme, elle est noire, elle est intelli-gente, elle est belle. Trop, c’est trop,sans doute, comme dirait l’autre. »

Jean-Marc Party

f Visiteurs, vous êtes filmés. L’avertissement est affiché sur les murs duQG de campagne de Lionel Jospin, rue Saint-Martin : « Vous vous apprêtezà pénétrer dans un lieu où votre image et vos propos sont susceptibles d’êtrecaptés et diffusés. » Deux reporters de l’agence 2P2L, Laurent Meunier etJérôme Caza, préparent, en effet, un documentaire sur la campagne ducandidat socialiste (Le Monde du 4 mars). Tout visiteur accepte donc« expressément » cette « captation » ainsi que « l’exploitation » de son ima-ge « pour le territoire du monde et pour une durée de trente années ».f Les Le Pen au tribunal. Marie-Caroline Le Pen a obtenu, mercredi6 mars, du tribunal de grande instance de Paris, la condamnation des Edi-tions Objectif France. Celles-ci devront lui verser 7 500 euros de domma-ges et intérêts pour avoir publié sa photo dans une brochure électorale deson père, intitulée Le Pen. Le tribunal a estimé que « si le droit à l’informa-tion devait être étendu à la connaissance de la vie personnelle de l’hommepublic, encore faudrait-il que les informations diffusées soient authenti-ques » or le « conflit politique » qui oppose le père et la fille « les tient siéloignés l’un de l’autre qu’ils ne se retrouvent plus que devant les tribunaux ».

ILS ONT DITa Roselyne Bachelot (porte-parole de Jacques Chirac), à propos de ceuxqui, à droite, trouvent qu’elle n’est pas un porte-parole représentatif :« Ceux-là, j’allais leur dire un gros mot mais j’arrête parce que j’ai promis dene pas dire de gros mots pendant cinquante jours et que je reprendrais uni-quement après la campagne. » (BFM, vendredi 8 mars.)a Jacques Chirac (président de la République) : « Je suis partisan du dialo-gue social. C’est une très grande différence entre les méthodes du gouverne-ment actuel et celles que je préconise. Si on avait engagé une grande concer-tation sur les 35 heures avec les organisations professionnelles et syndicales,on serait arrivé à un résultat infiniment plus utile et positif. » (Dépêche duMidi, vendredi 8 mars.)a Alain Madelin (candidat Démocratie libérale), à propos des députésDL qui soutiennent Jacques Chirac : c’est « la maladie de la vache folle pré-sidentielle qui prospère sur la tremblante des députés ». (Déclaration à lapresse à Freyming-Merlebach, jeudi 7 mars.)a Jean-Pierre Chevènement (candidat du Pôle républicain) : « On est entrain de nous voler en douce notre citoyenneté. C’est cela que signifie le pro-jet de Constitution européenne : c’est comme s’il y avait un peuple soviétiqueen Europe au nom duquel on allait créer un super-Etat bureaucratique. »(Europe 1, vendredi 8 mars.)a Arlette Laguiller (candidate de Lutte ouvrière) : « Je suis une femmedonc j’ai l’avantage de ne pas être obligée d’exhiber mon compagnon puis-que j’assume cette féminité toute seule. » (France-Inter, vendredi 8 mars.)

Cinq intellectuels antillaisdénoncent l’ostracisme

qui frappe Christiane TaubiraIls s’interrogent sur l’attitude des médias

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10/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

À CHACUN sa partition. Tandisque ses partisans affichent désor-mais une détermination de« cogneurs », selon l’expression dudéputé (RPR) de Paris Pierre Lellou-che, Jacques Chirac a choisi lecadre feutré du Sénat pour renou-veler, jeudi 7 mars, ses critiquescontre la politique de défensemenée depuis 1997 par le gouverne-ment de Lionel Jospin. Si le ton duprésident-candidat est resté cour-tois, les propos ont été cinglants.Devant les représentants des Fran-çais de l’étranger, M. Chirac a rap-pelé qu’il avait « fait le choix d’unearmée professionnelle, un choix fon-damental adapté au monde moder-ne et aux nouvelles menaces ».

Il a précisé, ensuite, que « lecadre, les modalités et les moyensde cette réforme ont été fixés par laloi de programmation militaire[qu’il a] fait voter en 1996 », avantde tancer, sans le nommer, M. Jos-pin, devant un auditoire conquisd’avance : « Je regrette que cette loin’ait pas été respectée sur le planbudgétaire et que la modernisationde notre défense en ait été retardéequelque peu. Je l’ai dit inlassable-ment, directement au gouverne-ment et à plusieurs reprises publi-quement. Là aussi, un redressementest indispensable. » L’entourage deM. Chirac indiquait, un peu plustard, qu’il avait à plusieurs reprisesexprimé par écrit ses inquiétudes àce sujet au premier ministre.

« »Déjà, la veille, à Strasbourg, le

chef de l’Etat avait condamné « lesrestrictions imposées par le gouver-nement au budget de la défensedepuis cinq ans », qui « menacentle succès de la réforme desarmées ».

Jeudi matin, sur Europe 1, leministre de la défense, Alain

Richard, a répliqué à M. Chirac : àpart « une ou deux observations »,il « n’a pas mené de combat politi-que » sur le dossier de la défense, adéclaré M. Richard, avant d’ajou-ter que « la réforme des armées aabouti » sous « le gouvernement Jos-pin, qui l’a menée de A à Z ». Leministre a affirmé que la défensene serait pas un sujet de débatdans la campagne, car « il n’y a pas

de véritable alternative », à moinsde céder à la tentation des « posi-tionnements tactiques ».

S’emparant à son tour du sujet,le député (RPR) François Fillons’est dit « consterné » par la ver-sion de M. Richard, qui « a perduson sang-froid et une occasion de setaire ». Selon le président duconseil régional des Pays-de-la-Loi-re, le ministre de la défense est

« frappé d’amnésie » en feignantd’« oublier que la professionna-lisation des armées est l’œuvre deJacques Chirac, et de lui seul », et« parce que, durant cinq ans, AlainRichard n’a pas voulu entendre lesavertissements que lui prodiguait leprésident de la République ».M. Fillon s’est appuyé, enfin, sur lemalaise des militaires, qui sont« descendus dans la rue pour la pre-mière fois », pour regretter que « lafonction [ait] été décrédibilisée ».

Pour compléter le tableau, YvesFromion, secrétaire national duRPR, chargé de la défense, aannoncé que le ministère de ladéfense est « en situation de failli-te ». Le député du Cher assureque, dans le budget 2003 en prépa-ration, il « manque déjà 3,05 mil-liards d’euros, dont 1,98 milliardpour l’équipement et 1,05 milliardpour le fonctionnement ».

Elie Barth

BAISSER les charges sociales.Jacques Chirac en a fait un élé-ment central de son programme.Lionel Jospin l’a fait : pour mettreen place la loi sur les 35 heures,son gouvernement a en effetchoisi de pérenniser, et mêmed’étendre largement, les allége-ments de charges mis en œuvrepar Edouard Balladur, puis AlainJuppé, depuis 1993. Ceux-ci ontreprésenté, en 2001, 15 milliardsd’euros, dont 6 milliards sont impu-tables aux mesures prises par lesgouvernements Balladur et Juppé.

Dans une étude sur « une nou-velle évaluation des effets des allé-gements de charges sociales surles bas salaires », publiée vendredi8 mars, l’Insee donne des argu-ments à ceux qui défendent les allé-gements de charges. Ses auteurs,Bruno Crépon et Rozenn Des-platz, estiment que les dispositifsd’allégements de chargesentre 1993 et 1997 ont permis decréer ou de sauvegarder460 000 emplois sur la période1994-1997, dont 150 000 dans l’in-dustrie et 310 000 dans le tertiaire.

Ces créations d’emplois seseraient faites par deux canaux.« Le contenu de la production enemplois non qualifiés augmente »,explique d’abord l’Insee. Les allége-ments de charges concernent effec-tivement les salaires les plusmodestes : à partir du 1er octobre1996, les mesures prises antérieure-ment fusionnent en une ristourneunique dégressive pour les salairesmensuels inférieurs à 1,33 fois lesmic. « La montée en charge desallégements a eu pour conséquencede faire baisser sensiblement lestaux de cotisations socialesemployeurs au niveau du smic de40 %, au début des années 1990, à22 % à partir de 1996 », précisel’Insee. Pour les auteurs de l’étude,

les entreprises ont donc choisi desubstituer du travail non qualifié àdu travail qualifié ou à du capital :« Alors que la part des non-qualifiésest d’environ 25 % dans l’emploitotal, elle est de près de 50 % dansles créations d’emplois »,entre 1994 et 1997, liées auxallégements de charges.

« »Ce chiffrage illustre également

le deuxième effet de substitution àl’œuvre avec les allégements decharges : malgré le ciblage desmesures sur les emplois non quali-fiés, ils permettent aussi de créerdes emplois qualifiés. « La baissedes coûts de production [engendréepar les allégements de charges] per-met aux entreprises de baisser leursprix, ce qui induit une augmenta-tion de la demande. Cette augmen-tation des débouchés conduit alorsà un accroissement de l’ensembledes facteurs de production », etnotamment de l’emploi qualifié,expliquent les auteurs. Au total,donc, la substitution du travailnon qualifié au travail qualifié estplus que compensée par cet « effetde profitabilité ».

L’étude de l’Insee ne mesure pastous les effets secondaires des allé-gements de charges. Comme leremarque Yannick L’Horty, del’université d’Evry, « les entreprisesqui gagnent des parts de marchégrâce à leurs baisses de charges enfont perdre à d’autres qui sontmoins concernées par les allége-ments ». Les auteurs n’en parlentpas. Toujours est-il qu’entre jan-vier 1994 et juin 1997, l’économiefrançaise n’a créé que370 000 emplois. Et que les allége-ments de charges y ont sans aucundoute contribué pour partie.

Virginie Malingre

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S’adressantaux représentantsdes Françaisde l’étranger,jeudi 7 mars,au Sénat, le chefde l’Etat n’a pasménagé ses critiquesau gouvernementde Lionel Jospinsur sa politique dedéfense. Il regrettenotammentque la « loide programmationmilitaire votéeen 1996 » n’ait pasété « respectée ».

Jacques Chirac a repris en partie son dispositif de communication de 1995,en accordant un entretien au quotidien régional La Dépêche du Midi avantde se rendre à Montauban, vendredi 8 mars, à l’occasion de la Journée inter-nationale des femmes. L’occasion, pour lui, de marquer sa différence avecLionel Jospin : « Entre l’idée qu’il se fait de la France et de la politique qui doitêtre conduite et l’idée que je m’en fais, il y a un abîme », a-t-il déclaré. Le pré-sident-candidat a fustigé la « conception centralisatrice, idéologique dessocialistes », qu’il oppose à la « conception ouverte » de ceux qui le « soutien-nent ». Toutefois, M. Chirac, qui a sensiblement durci le ton depuis quelquesjours à l’égard de son adversaire, avertit : « N’attendez pas de moi un juge-ment personnel sur Lionel Jospin, que, par ailleurs, je respecte. (…) La campa-gne électorale est une période de confrontation d’idées. »

Jacques Chirac accuse le gouvernement d’avoir« retardé la modernisation des armées »

Le chef de l’Etat revendique à son actif le « choix d’une armée professionnelle ».Ses partisans mettent au débit de M. Jospin un ministère de la défense « en situation de faillite »

Pour M. Chirac, un « abîme » le sépare de M. Jospin

Les allégements de cotisationspatronales ont favorisé

l’essor du travail non qualifiéLes charges pour un smic ont baissé de moitié

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/11

COLMARde notre envoyé spécial

Impossible de comprendre Fran-çois Supéri sans connaître Chevalpour tous. La cour d’assises duHaut-Rhin en sait quelque chose,qui a consacré près de deux jour-nées d’audience à décortiquer lefonctionnement de ce lieu de vieoù étaient accueillis des jeunesmineurs délinquants. Jusqu’à soninterpellation, en mars 1999, Fran-çois Supéri, 42 ans, qui doit répon-dre de viols et d’agressions sexuel-les à l’encontre de sept anciens pen-sionnaires de cette association, ena été le directeur.

Ceux qui l’ont connu à cette épo-que le présentent comme un êtretout-puissant et charismatique.D’autres lui reprochent d’avoir par-fois usé de violences verbales ouphysiques pour contraindre les jeu-nes qu’il avait sous sa responsabili-té à respecter des règles que jusque-là ils avaient bafouées.

« »Jeudi 7 mars, au troisième jour

des débats, Jean-Pierre Rozen-czveig, président du tribunal pourenfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est venu donner à la cour sapropre vision de cette structure« atypique » qui a eu le mériteselon lui d’accueillir des jeunes engrande difficulté rejetés de toute

part. Une structure qu’il connais-sait bien pour en avoir été, dans lesdernières années, le conseiller tech-nique et dont il approuvait, pourl’essentiel, le projet pédagogique.S’il a accepté de s’impliquer dansl’aventure, c’était, dit-il, parce qu’ilfallait que l’association abandonneson aspect « écolo baba cool »pour aller vers une véritable « pro-fessionnalisation ». Selon lui, cetteévolution devait se faire en préser-vant ce qui faisait l’originalité deCheval pour tous : un lieu où « desadultes partagent un moment de vieavec ces gamins » dont plus person-ne ne voulait et qui avaient besoin« qu’on s’oppose à eux ».

A en croire le magistrat, le pariétait en passe d’être gagné quandFrançois Supéri a été interpellé.« L’association devait rentrer sur lesrails, elle devait accepter d’être con-trôlée au niveau budgétaire et péda-gogique, des professionnels avaientcommencé à être recrutés, indi-que-t-il. Je dois dire qu’à chaquefois que nous avons demandé àM. Supéri de franchir une étape sup-plémentaire vers la professionnalisa-tion, il a accepté. Sans doute pressen-tait-il que son passé allait lui remon-ter à la figure. »

« Nous étions en train de faire ceque l’administration aurait dû elle-même faire », poursuit-il, en soute-nant que les services du ministèrede la justice n’étaient alors « pas enétat d’apporter une réponse » à laprise en charge de ces jeunes délin-quants, dont il évalue le nombreentre 1 000 à 1 500 en France. Cer-tains, au sein de cette administra-

tion, auraient « résisté », pour desraisons idéologiques, au développe-ment de ces lieux de vie où le princi-pe était de « contraindre le jeune àfaire des choses » et non pas « luilaisser le choix ».

« »Convaincu que la prison n’est

pas la panacée pour les mineursdélinquants, puisque « 65 % d’en-tre eux récidivent à la sortie », Jean-Pierre Rozenczveig s’affirme doncfavorable au développement deces « structures contenantes », par-ce que, justifie-t-il, « on ne peut paslaisser ces jeunes dans la toute-puis-sance au risque qu’ils deviennent cri-

minels ». Le magistrat, qui a faitplusieurs visites à l’association, oùil avait lui-même envoyé des jeu-nes garçons de la région parisien-ne, se souvient : « Ces gosses étaientdes pestes. Je les ai retrouvés man-geant normalement, parlant norma-lement, se tenant normalement. Çan’a l’air de rien, mais ça, c’est déjàune révolution. »

Visiblement marqué par le formi-dable gâchis qui a conduit à mettrefin à l’expérience Cheval pour tousen raison des agissements répré-hensibles de son directeur – sesmaltraitances supposées et ses vio-lences sexuelles reconnues –, lemagistrat rappelle qu’« on ne réé-

duque pas quelqu’un par la violen-ce ». A l’entendre, il n’y avait pas àl’époque en France de structures« en nombre et de qualité ». La Pro-tection judiciaire de la jeunesse(PJJ) aurait donc choisi de « mettreplusieurs fers au feu » en apportantnotamment son soutien, en catimi-ni, à l’association sans jamaisaccepter pourtant de l’« institution-naliser ». « Cheval pour tous n’avaitpas d’habilitation nationale, ellen’avait pas de budget, insiste-t-il. Iln’y avait pas de contrôle réel sur laqualité du travail qui y était effectuéet sur des dérapages éventuels ».

« »Une situation ambiguë que le

magistrat regrette, puisque « cequi se passait à l’époque au Climont[où était installée l’association] fai-sait partie des quelques expériencesen France où des gens ont tenté derépondre au problème posé : que fai-re de ces jeunes qu’il fallait à toutprix enlever de leurs quartiers ? ».« Ils ont essayé d’apporter des répon-ses alternatives et, ce qui est sûr,c’est que l’expérimentation de Che-val pour tous est finalement devenuela politique du pays en la matière »,constate-t-il, faisant référence auConseil de sécurité intérieure qui,en janvier 1999, a créé 50 centresde placement immédiat (CPI) et150 centres d’éducation renforcée(CER) où ont été repris certainsdes principes qui prévalaient ausein de ces institutions hors nor-me.

Evoquant la personnalité deFrançois Supéri, dont l’enfance

chaotique ressemble par certainspoints à celle des mineurs dont il aeu la charge, le magistrat soutientque « ce sont souvent les gens engrande difficulté qui vont permettreà d’autres de se restructurer ». Laprésidente de la cour d’assises,Dominique Brodard, qui depuis ledébut du procès semble s’échiner àdresser de l’accusé un portrait desplus noirs, comme si les faits qui luisont reprochés n’étaient pas suffi-samment graves, intervient : « Est-ce que d’avoir vécu la même situa-tion suffit à soi seul à justifier quel’on confie des enfants extrêmementdifficiles à un amateur ? »

Jean-Pierre Rozenczveig ne selaisse pas démonter et lance uneréponse cinglante en forme dequestion : « Où étaient les profes-sionnels ? » Et d’ajouter : « Ce n’estpas facile de prendre en charge desenfants comme ceux qui avaient étéconfiés à François Supéri. Il fautsavoir ce que c’est que de vivre avecces enfants 24 heures sur 24. Le typecartésien sorti d’une école spéciali-sée n’est pas forcément celui qu’ilfaut mettre en face de ce genre degamins. Je me souviens avoir emme-né des professionnels avec moi, lorsde mes visites à l’association. Cer-tains sont partis en courant, parcequ’ils avaient peur des enfants.Notre appareil d’éducation spéciali-sée n’était pas prêt à prendre encharge dans les institutions existan-tes une concentration de cas aussidifficiles. Depuis, certains ont faitleur révolution culturelle. »

Acacio Pereira

’ -

3e jour d’audience

Au procès Cheval pour tous, le service public éducatif mis en causeTour à tour, lors de la 3e journée d’audience de François Supéri, Jean-Pierre Rozencsveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, et Henri Lachmann,

PDG de Schneider et ex-président du conseil d’administration de l’association, ont dénoncé l’absence de structures officielles d’accueil pour jeunes délinquants

Lors de la 3e journée d’audience du procès de FrançoisSupéri, ancien directeur de Cheval pour tous, qui doitrépondre de ’ àl’encontre de sept anciens pensionnaires de la struc-

ture d’accueil pour jeunes délinquants qu’il avaitcréée dans les Vosges, de la protec-tion judiciaire de la jeunesse ont été soulignées. Jean-Pierre Rozencsveig, président du tribunal pour

enfants de Bobigny, qui avait cru en l’ ’, a dénoncé : « Où étaient les profes-sionnels ? » Quant à Henri Lachmann, PDG de Schnei-der et ancien président du conseil d’administration

de l’association, il a jugé la PJJ « en partie responsablede ce qui est arrivé ». (Maine-et-Loire), unréseau de pédophilie et de proxénétisme a ét démen-telé et dix personnes écrouées.

Entre François Supéri, l’autodidac-te qui avait créé dans les monta-gnes des Vosges un lieu d’accueilpour jeunes délinquants et HenriLachmann, le PDG de Schneider,l’un des plus grands groupes indus-triels français, l’improbable rencon-tre a eu lieu. « Je l’ai vu un diman-che après-midi à la télévision, j’ai étéséduit parce qu’il faisait et j’ai sou-haité le rencontrer », se souvient lechef d’entreprise, entendu commetémoin, jeudi 7 mars, par la courd’assises du Haut-Rhin.

Depuis, les deux hommes ontbeaucoup travaillé ensemble. Deve-nu président du conseil d’adminis-tration de l’association Cheval pourtous, Henri Lachmann a œuvrépour tenter de transformer la struc-

ture expérimentale en une institu-tion capable de devenir un interlo-cuteur privilégié de l’administrationjudiciaire. Mais l’expérience s’achè-vera avec l’incarcération de Fran-çois Supéri. Un accusé pour lequel ila gardé toute son estime et qu’ildéfend avec fermeté malgré lesfaits qui lui sont reprochés. « Depuisqu’il est incarcéré, il a beaucoup évo-lué, soutient-il. Il se reproche ce qu’ila fait en position d’autorité sur lesenfants. Il s’en veut vis-à-vis de safamille et il a décidé dorénavant devivre son homosexualité. »

Mais, c’est surtout les services duministère de la justice que le chefd’entreprise est venu dénoncer à labarre. « La Protection judiciaire de lajeunesse (PJJ) n’a pas fait ce qu’elle

devait faire, lance-t-il. Elle a laissél’association en dehors de toutcontrôle alors que de l’argent publicy a été investi. Elle ne mérite pas sonappellation parce qu’elle devait pro-téger les jeunes et qu’elle n’a pastenu ses promesses. Elle est donc enpartie responsable de ce qui est arri-vé, notamment l’anarchie et le lais-ser-aller qu’elle a laissé s’installer. »

Aujourd’hui, la ferme du Climontest devenue un centre d’éducationrenforcée. Henri Lachmann n’estplus président du conseil d’adminis-tration de Cheval pour tous et il acréé au sein de son groupe une fon-dation pour venir en aide aux jeu-nes en difficulté.

A. Pe.

Un réseau pédophile démantelé à AngersDix personnes mises en examen, au moins vingt enfants victimes

ANGERS (Maine-et-Loire)de notre correspondant

Le parquet d’Angers qualifie déjàl’affaire de « réseau pédophile ». Ilest vrai que depuis mercredi 6 mars,dix personnes sont ressorties dubureau de la juge d’instruction Virgi-nie Parent, mises en examen pour« viols sur mineurs », « complicité deviols », « non-dénonciation de violen-ces et mauvais traitements à enfants »ou « proxénétisme aggravé commisen bande organisée ». Cinq d’entreelles ont été écrouées. D’autres inter-pellations sont attendues : ceux queles avocats nomment les « consom-mateurs » du réseau sont actuelle-ment recherchés.

La brigade des mineurs d’Angersa enquêté à partir d’une plaintedéposée en novembre 2000 par unejeune fille de 16 ans pour des faitsremontant aux années 1991 à 1993.Deux frères, originaires de la ban-lieue d’Angers, étaient visés : l’unpurge depuis 1996 une peine deréclusion de dix ans pour une affairede mœurs ; l’autre, Eric Joubert,poursuivi alors pour des faits sem-blables, avait été condamné à deuxans de prison ferme. Jugé limité intel-lectuellement, cet homme de 35 ansbénéficie d’une mesure de curatelle.

L’enquête a d’abord mis au jourdes agressions sexuelles commisesdepuis la sortie d’Eric Joubert sur lesenfants de deux de ses concubines

passagères. Mais la dimension de« réseau pédophile » n’a pris formequ’avec l’interpellation d’un coupled’amis du suspect.

Le père, prénommé Franck, avait,lui aussi, été précédemment con-damné pour agressions sexuelles etplacé sous contrôle judiciaire. Il estsoupçonné d’avoir, depuis cette pre-mière condamnation, abusé de sestrois enfants, âgés de 6 à 13 ans, auvu et au su de sa conjointe, mais aus-si d’avoir profité d’autres mineursde passage à son domicile : cousins,voisins, enfants d’amis. Au total,une vingtaine au moins de garçonset filles, âgés de quelques mois à15 ans, auraient subi des atteintessexuelles. Des majeurs auraient éga-lement été violés.

« »Eric Joubert est aussi soupçonné

d’avoir recruté des « consomma-teurs ». Des clients qui auraient pro-fité des enfants au domicile du cou-ple ou dans des endroits isolés dansla campagne environnante. Le soup-çon de prostitution s’est constitué àpartir des témoignages de la mère etdes jeunes victimes. L’examen ducompte en banque du couple l’aconforté : son approvisionnementétait disproportionné par rapportaux revenus de RMistes des deuxconjoints.

Les révélations d’une des concubi-

nes à la brigade des mineurs, le11 février, a accéléré l’enquête. Le25 février, Eric, Franck et la conjoin-te de ce dernier ont été interpellés.Les auditions se sont ensuite resser-rées. Deux des trois personnesinterpellées jeudi étaient aussi desfrères, connus comme les Joubertpour des faits similaires.

L’avocat de Franck, Me PascalRouiller, compte justement fondersa défense sur le passé des acteursde ces drames à répétition. « Ilsétaient tous connus des services depolice, précise-t-il. Soit parce qu’ilsavaient été condamnés et faisaientl’objet d’un suivi judiciaire, soit par-ce qu’ils étaient déjà mis en examenet étaient placés sous contrôle judi-ciaire, soit encore, pour les victimes,parce qu’elles faisaient l’objet demesures d’assistance éducative. »

Et de dénoncer « la faillite du sys-tème », plus précisément de la loide du 17 juin 1998, qui prévoit unsuivi socio-judiciaire des délin-quants sexuels. Dans le départe-ment, aucun psychiatre n’a étécandidat au poste de médecin coor-donnateur censé établir le lienentre la justice et le médecin trai-tant. Le procureur angevin MarcDésert souligne le rôle des mères :« Elles étaient défaillantes, voirecomplices. »

Vincent Boucault

S O C I É T Ép é d o p h i l i e

Page 11: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

12/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

ROGER DUPRÉ et Benoît War-gniez forment un drôle de tandem.Le promoteur immobilier lilloiscondamné pour escroquerie et l’an-cien magistrat de la cour d’appel deDouai (Nord) comparaissaient pourcorruption, jeudi 7 mars, devant la17e chambre du tribunal correction-nel de Paris. A 60 ans, le premier esttoujours fidèle à la coupe de che-veux façon rocker des années 1950qui lui a valu son surnom de« Roger la banane ». Le personnagea du répondant et il n’hésite pas àcouper la parole à la présidente dutribunal et à parler à la place de soncoprévenu. Benoît Wargniez, lui, ades airs de fonctionnaire effacé etsoigneux. Quand il prend la parole,il se tourne vers son ancien ami, pasvers le tribunal, avec un regardpenaud et désemparé.

Ponctuée de chèques et de servicesrendus, l’amitié entre les deux hom-mes a valu à M. Wargniez d’être sus-pendu avant d’être mis en examenpour trafic d’influence et corruption,puis incarcéré, pendant deux mois,en 1999. Le juge a été placé à la retrai-te d’office par le Conseil supérieur dela magistrature, en janvier 2001. Les

relations entre le magistrat et le pro-moteur avaient été révélées, en 1999,à l’occasion des ennuis judiciaires deM. Dupré, impliqué dans une affaired’escroquerie liée à des prêts immobi-liers frauduleux. Le marchand debiens fut condamné, dans ce dossier,à une peine de 18 mois de prisonavec sursis, en appel.

L’amitié entre les deux hommesavait fait grand bruit (Le Monde du3 août 1999), dévoilant les accoin-tances de « Roger la banane » avecla magistrature, mais aussi avec lapolice lilloise et certaines figurespeu recommandables de la vie loca-le, au sein d’un réseau de clientélis-me. Parmi la longue liste desfaveurs dont aurait alors bénéficiéM. Wargniez en échange de conseilset d’interventions en faveur de sonami promoteur, une grande partieont été prescrites ou n’ont pas étépoursuivies, faute de preuves.

A l’issue d’une instruction dépay-sée au tribunal de Paris, l’ancienjuge comparaissait, jeudi, pour deuxséries de faits. En 1997, M. Wargniezavait téléphoné à deux reprises à lagendarmerie d’Orléans, qui enquê-tait sur une affaire de faux en écritu-re impliquant M. Dupré, pour s’en-quérir de la procédure et de la gardeà vue de son ami. Il avait fait état desa qualité de magistrat et de ses liensd’amitié avec le promoteur. M. War-gniez avait dit ne pas vouloir interfé-

rer avec l’instruction en cours et,selon le gendarme chargé de l’enquê-te, l’intervention du juge de Douain’a pas eu d’influence. La remise enliberté de « Roger la banane » avaitnéanmoins coïncidé avec le verse-ment d’un chèque de 10 000 francs àM. Wargnier, s’inscrivant dans unesérie de dix chèques d’un montantidentique, versés entre 1993 et 1997.« Simple coïncidence » liée à un« problème de financement », a affir-mé l’ancien magistrat, en évoquantses difficultés d’argent. M. Dupré,lui, s’est emporté au sujet des « fou-taises » et de la « toile machiavéli-que » tissée, selon lui, par sonancienne compagne, à l’origine desaccusations de corruption.

« - » Les deux hommes ont adopté la

même ligne de défense pour lesautres faits reprochés. Fin 1996,M. Wargniez a siégé à la cour d’appelde Douai dans une affaire mettanten cause Eric Cleton, un proche deM. Dupré que le magistrat avait déjàrencontré. Le juge ne s’est pas désis-té et la condamnation prononcée enpremière instance a été réduite. Ladéfense a fait valoir que M. War-gniez avait siégé par hasard ce jour-là. Selon l’accusation, il s’est néan-moins rendu coupable de corruptionet il a porté atteinte au secret profes-sionnel en violant le secret du délibé-

ré. Au même moment, il recevait unnouveau chèque de 10 000 francs.

« Il y a eu pacte de corruption. Souscouvert d’assistance financière, lesdéblocages de fonds correspondaientà des interventions de M. Wargniez »,a affirmé la représentante du par-quet, Béatrice Angelleli. Faisant allu-sion à la différence entre les chargesretenues et les accusations dedépart, elle a néanmoins admis que« la montagne avait accouché d’unesouris ». Elle s’est contentée derequérir une peine de 12 mois de pri-son avec sursis pour M. Wargniez etde 12 mois ferme ou avec sursis etmise à l’épreuve pour M. Dupré.

Me Jean-Louis Cocusse, l’un desdeux avocats du promoteur, a souli-gné la « vacuité » du dossier. « Jecomprends que les comportements etles imprudences de M. Wargnier cho-quent ses collègues magistrats. Maisnous ne sommes pas devant une ins-tance disciplinaire, il faut juger endroit et il n’y a aucun service rendu etaucun délit dans cette affaire. »Me Eric Dupond-Moretti, avocat deM. Dupré, a abondé dans le mêmesens en fustigeant les « hypothèsessans preuves » et les « Saint-Just »de la morale qui donnent desleçons sur la place du juge dans lacité et ses fréquentations.

Jugement le 2 mai.

Frédéric Chambon

17e chambre

CHAMBÉRYde notre correspondant

Les corps de cinq des six skieurs,victimes d’une avalanche, lundi4 mars, à Val-d’Isère (Savoie), ontété retrouvés par les sauveteursjeudi 7 mars. Le cadavre d’un hom-me appartenant au groupe avaitété dégagé la veille (Le Monde du7 mars). Les six personnes – quatrehommes et deux femmes – âgés de25 à 35 ans et originaires des dépar-tements du Rhône et de l’Ain, évo-luaient en hors piste dans le sec-teur du Mont Charvet. Ils avaientemprunté un itinéraire classiqueapprécié des amateurs de poudreu-se, accessible à partir d’un télésiè-ge, qui comporte la traverséed’une sorte de goulet en amont dela vallée du Manchet. C’est ici quele groupe de skieurs a été victimed’une énorme plaque de neige,lourde d’environ 300 mètres delong sur 20 mètres de large, partieau-dessus de leur tête à environ2 700 mètres d’altitude.

« Ils étaient à 30 mètres de la sor-tie, c’est-à-dire à une poignée desecondes d’être sauvés lorsqu’ils ontété rattrapés par l’avalanche », sou-ligne Jean-Loup Costerg, directeurde la sécurité et des pistes de Val-d’Isère. Selon lui, les six personnesont été écrasées par le poids de laneige qui leur est brutalement tom-bée dessus. Elles ont été retrou-vées enfouies sous une couchevariant de 1,80 mètre à 6,50 mètresd’épaisseur. Les victimes ne dispo-saient pas d’appareil de recherchedes victimes d’avalanche (ARVA)et, le jour de leur sortie, le bulletinde Météo-France annonçait un ris-

que 3, c’est-à-dire « marqué », surl’échelle européenne qui comportecinq niveaux. Mais, comme l’indi-que un guide de haute montagne,le risque 3 est courant l’hiver à cet-te altitude.

« ’ »Personne ne semble avoir été

témoin de l’avalanche qui a empor-té les six personnes dans la jour-née de lundi, dans un secteur éloi-

gné du domaine skiable balisé etsécurisé. L’alerte n’a été donnéeque le lendemain par la mère del’un d’entre eux, inquiète de restersans nouvelles. Les recherches ontalors été engagées par la gendar-merie et le service des pistes de Val-d’Isère, épaulés par des équipescynophiles. Alors qu’il était tombé50 cm de neige fraîche durant lanuit, elles se sont poursuivies mer-credi dans des conditions exécra-bles, avant de s’achever jeudi en

début d’après-midi, après que ledernier corps a été dégagé.

La tragédie de Val-d’Isère alour-dit le bilan des victimes d’avalan-che cette saison. Celles-ci ont déjàprovoqué le décès de 26 person-nes dans les Alpes françaisesdepuis le début de l’hiver, dont 18en Savoie, département quin’avait eu à déplorer que deux vic-times sur l’ensemble de la saisonprécédente.

« Jusqu’au milieu des années1990, la majorité des victimes d’ava-lanche étaient des randonneurs àski. Désormais, ce sont des prati-quants de hors piste », observeFrançois Sivardière, directeur del’Association nationale pour l’étu-de de la neige et des avalanches(Anena). Créée il y a trente ans,après l’avalanche meurtrière deVal-d’Isère, qui, le 10 février 1970,avait balayé un chalet de l’UCPA(Union des clubs de plein air),

entraînant la mort de 39 person-nes, l’Anena étudie l’évolution despratiques sportives pour mieux fai-re passer ses messages de préven-tion auprès du public. Sous sonimpulsion, des dépliants sont dis-ponibles depuis trois ans dans lesstations de ski. Intitulée Total con-trôle, une brochure réalisée sousl’égide du ministère de la jeunesseet des sports, a été cette saison dis-tribuée à un million et demid’exemplaires pour alerter sur lesrisques de la montagne hivernaleet notamment ceux du ski hors pis-te. Malgré la présence de filets, dedrapeaux à damier jaune et noir etde messages en plusieurs languesindiquant clairement les limitesdes domaines sécurisés et les dan-gers encourus, les pratiquants nese sentent guère concernés par lerisque d’avalanche.

Les accidents n’épargnentd’ailleurs pas les professionnels. Le23 février, un moniteur de ski deVal-d’Isère, a ainsi péri dans le sec-teur de Bellevarde alors qu’un aspi-rant guide évoluant en hors pisteétait également emporté ce mêmejour à Aussois, dans la vallée de laMaurienne. Le 25 février, c’était autour d’un pisteur artificier qui ten-tait de sécuriser un secteur dudomaine skiable de Tignes d’êtrevictime d’une coulée de neige.« On a beau être montagnard etexpert, bien connaître le terrain, onn’est jamais à l’abri d’une erreurd’appréciation. Même les meilleurspeuvent se faire prendre », recon-naît François Sivardière.

Philippe Révil

L’ÉPOUSE de Djamel Beghal, un homme soupçonné d’être le chef d’unréseau terroriste français proche d’Al Qaida, était toujours en garde àvue, vendredi 8 mars en début de matinée, dans les locaux de la Directionde la surveillance du territoire (DST), à Paris. Sylvie Beghal a été interpel-lée, mardi 5 mars, à son arrivée à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.Elle est revenue d’Iran de son plein gré avec ses trois enfants. Les poli-ciers cherchent à retracer précisément le parcours de son mari, qu’elle asuivi depuis leur départ de région parisienne, en octobre 1997, et qui estau cœur de l’enquête sur les menaces terroristes visant des intérêts améri-cains à Paris. Arrêté en juillet 2001 à Dubaï (Emirats arabes unis), DjamelBeghal avait indiqué aux enquêteurs qu’un attentat était en préparationcontre l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Il était ensuite partiellementrevenu sur ses aveux passés à Dubaï, qui lui avaient été arrachés, selonlui, sous la torture. Outre Djamel Beghal, sept personnes ont été mises enexamen et écrouées en France dans ce dossier, le 25 septembre 2001.

Deux cents médecinsont occupé la CPAM de NantesPRÈS DE 200 méde-cins libéraux ont occu-pé, jeudi 7 mars, ladirection de la caisseprimaire d’assurance-maladie (CPAM) deNantes (Loire-Atlanti-que) pour réclamer l’ar-rêt des procéduresengagées contre troisde leurs collègues quiavaient augmentéd’autorité le prix deleurs consultations. LaCPAM menace ces trois praticiens de ne plus contribuer au paiementd’une partie de leurs charges sociales. Après avoir jeté des œufs et destomates sur les vitres du bâtiment, les manifestants ont forcé une porte etse sont rendus dans le bureau du président de la CPAM. Plusieurs vitresont été brisées et deux agents de la caisse ont été très légèrement blessés.« La caisse veut faire un exemple avec trois médecins pour obliger les autresà rentrer dans le rang. Le gouvernement doit savoir que nous sommes tou-jours déterminés à obtenir 20 euros par consultation », a expliqué un porte-parole de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).

a POLICE : les renseignements généraux (RG) n’ont pas à faire desondages préélectoraux, a estimé, jeudi 7 mars, le ministre de l’inté-rieur, Daniel Vaillant. « Rien n’empêche bien sûr de faire des additions,des moyennes. Les RG ont posé des questions pour avoir des sentimentsd’ambiance, mais en aucun cas ils ne doivent réaliser les sondages ; ça,c’est la vieille période », a affirmé M. Vaillant.a FAITS DIVERS : un jeune homme de 16 ans et demi, interpellé le1er mars à Toulouse (Haute-Garonne), a reconnu avoir commis360 vols avec violence en trois mois, ce qui lui donne le record de Franceen la matière, selon des sources policières. L’adolescent, placé sous man-dat de dépôt, agressait principalement des femmes âgées ou des person-nes handicapées physiques pour leur voler leur sac à main ou leur sacoche.

L’épouse de Djamel Beghalplacée en garde à vue

LES LANGUES régionales conti-nuent de faire des vagues. Une par-tie des syndicats d’enseignants etde lycéens et les principales fédéra-tions de parents d’élèves ont refuséde siéger au Conseil supérieur del’éducation (CSE) qui devait setenir, jeudi 7 mars, pour protestercontre la présentation, par le minis-tère de l’éducation nationale, denouveaux textes sur l’intégrationdes écoles bretonnes Diwan dans leservice public. Le ministère avaitprévu de consulter le conseil sur desprojets de circulaires et d’arrêtésremplaçant les textes dont l’applica-tion avait été suspendue, le 30 octo-bre 2001, par le Conseil d’Etat (LeMonde du 1er novembre 2001). Laplus haute juridiction administrati-ve, saisie en référé, avait estiméqu’il existait un « doute sérieux »quant à la légalité des textes organi-sant dans le service public un ensei-gnement des langues régionales parimmersion.

Faute de quorum, le CSE a étéannulé et repoussé au 14 mars, dateà laquelle le ministère devrait repré-senter ses projets de textes. Pourintégrer « les observations émisespar le Conseil d’Etat » et donner« une assise juridique » à la mé-thode de l’immersion, la Rue de Gre-nelle a en effet estimé qu’il lui fal-lait modifier les textes initiaux – quiseront abrogés – sur deux pointsessentiels. Le premier concerne laplace donnée aux langues régiona-les dans les établissements qui prati-queraient l’immersion. Dans l’an-cienne version, la langue régionaleétait à la fois « langue d’enseigne-ment et de vie quotidienne dans l’éco-le ». Dans la nouvelle mouture, elleest cantonnée aux seuls enseigne-ments ; en dehors des cours, sa pra-tique est « encouragée » mais nonobligatoire.

Les textes suspendus par leConseil d’Etat prévoyaient par

ailleurs que la langue régionaleétait la « langue principale » desconseils de classe, conseils d’établis-sement, réunions de classe, conseilsde discipline. Le projet de circulairerevient sur cet aspect : il exclut lerecours à une langue autre que lefrançais dans le domaine adminis-tratif. Les textes sont donc, selon leministère, en conformité avec laConstitution et la loi de 1994 surl’emploi de la langue française,« langue de l’enseignement et dutravail ».

’La seconde modification concer-

ne l’affectation des élèves. « Nousavons voulu préciser que l’immersionn’est en aucun cas obligatoire pourdes élèves qui vivent à proximité dece type d’établissement », expliqueun conseiller de Jack Lang. Les nou-veaux textes précisent en consé-quence que « les collèges et lycées“langues régionales” ne sont pasinclus dans les secteurs et districtsscolaires ». Pour être affecté dans cetype d’établissement, il faudra uneautorisation écrite des famillesexprimant leur accord avec laméthode de l’immersion.

Dans une déclaration communeexpliquant leur refus de siéger auCSE, le SE-UNSA, FO, la FCPE, laPEEP, la Ligue de l’enseignement etla FIDL ont dénoncé la méthode« précipitée » et « aventureuse » duministère. Ces organisations souhai-tent que le ministère de l’éducationnationale fasse appel au Conseild’Etat – dans son rôle de conseil augouvernement – pour apporter unegarantie juridique à ces projetsavant de les soumettre au CSE. Deson côté, le conseil d’administra-tion de Diwan a donné son accordaux nouveaux textes présentés parle ministère.

Luc BronnerLYON

de notre correspondanteAux grilles de l’université Lyon-III-Jean-

Moulin, des étudiants ont accroché, jeudi7 mars, deux pastiches de décorations enpapier jaune. Sur l’une, on pouvait lire :« Barre : médaille de la honte » ; sur l’autre :« Guyot : légion du déshonneur ». RaymondBarre ne les a pas vues, pas plus qu’il n’aaperçu les pancartes à l’effigie de Jean Mou-lin, brandies par les manifestants. L’ancienmaire de Lyon (app. UDF) a évité la porteprincipale des quais du Rhône où l’attendaitune centaine d’étudiants et de membres dela Coordination de vigilance contre l’extrê-me droite, pour entrer par un accès plus dis-cret. A l’écart des caméras, devant plusd’une centaine de convives, il a remis laLégion d’honneur au président de l’universi-té. Le député du Rhône a préféré ignorer lapolémique sur le rôle de Gilles Guyot dans lapropagation des thèses négationnistes ouracistes dans l’établissement.

Depuis plus de quinze ans, Lyon-III, où exer-cent deux personnalités d’extrême droite,

Pierre Vial (ex-MNR) et Bruno Gollnisch(numéro deux du FN), s’est trouvé confrontéeà la diffusion des articles négationnistes deBernard Notin, suspendu en 1993, de JeanPlantin, auteur d’un mémoire sur le négation-niste Paul Rassinier, ou encore les thèsesracialistes propagées par l’Institut d’étudesindo-européennes, fondé par Jean Haudry,dirigé par Jean-Paul Allard, et dissous en1998. Depuis son arrivée en 1983 à la vice-pré-sidence puis en 1997 à la présidence de l’uni-versité, Gilles Guyot est accusé par une partiede la communauté universitaire d’avoir,sinon nourri un terreau d’extrême droite, dumoins de n’avoir pas su empêcher son déve-loppement. Parmi les convives, jeudi, figu-raient les principaux acteurs de la polémi-que : Bruno Gollnisch, Jean-Paul Allard etJean Haudry.

Cette cérémonie intervient alors que deuxcommissions d’enquête ont été lancées :l’une municipale, l’autre diligentée par leministère de l’éducation nationale et confiéeà l’historien Henry Rousso, pour « faire toutela lumière sur le racisme et le négationnisme

qui ont pu trouver leur expression ». RaymondBarre, ancien professeur d’économie, n’a rete-nu que le parcours universitaire de GillesGuyot, docteur d’État en sciences et gestion.

La Légion d’honneur de M. Guyot a étédécernée sur les contingents du président dela République après avis « très favorable » duministre de l’éducation nationale. Dans unelettre signée de sa main, Jack Lang soulignaitle parcours de l’universitaire ayant « toujoursprivilégié dans ses responsabilités la qualitédes enseignements dispensés aux étudiants ».A Lyon, si la plupart des membres de l’ancien-ne municipalité ont accompagné M. Barre,Jean-Louis Tourain, le premier adjoint du nou-veau maire socialiste Gérard Collomb, s’estjoint aux manifestants pour dire sa désappro-bation. Au même moment, Daniel Cordier,l’ancien secrétaire et biographe de Jean Mou-lin, expliquait aux étudiants réunis à SciencesPo que la « bataille pour la liberté menée dansle passé rejoignait la bataille actuelle pour lavérité ».

Sophie Landrin

Les résultats d’une enquête conduite en 1999 par Dominique Poizat, cher-cheur à l’université Stendhal de Grenoble, auprès d’un millier d’amateurs deglisse (skieurs, surfeurs, snowboardeurs) interrogés sur les pistes de six sta-tions différentes, sont préoccupants. Alors que 57 % des personnes interrogéesreconnaissent s’engager plus ou moins régulièrement en dehors du domainesécurisé, 67 % des pratiquants avouent n’avoir aucune connaissance de l’échel-le du risque d’avalanche, 57 % du drapeau jaune et noir de balise et 69 % igno-rent tout de l’ARVA (appareil de recherche des victimes d’avalanches).

« Nous sommes dans un processus de consommation de masse où les gensne se rendent pas compte de ce qu’ils font. Les dépliants touristiques leur ven-dent d’ailleurs du ski sans aucun risque », relève Dominique Poizat. Evaluantà environ 15 % le pourcentage des adeptes très réguliers de hors- piste, il esti-me également qu’un bon quart d’entre eux ne disposent pas des connais-sances leur permettant d’apprécier le risque d’avalanche.

« Roger la banane » et un ancien magistrat jugés pour corruptionL’amitié entre le promoteur lillois et le juge était ponctuée de chèques et de services rendus

Les syndicats jugent « précipitée »la méthode de Jack Lang pour

intégrer Diwan au service publicSelon eux, le Conseil d’Etat doit examiner le projet

Des étudiants brocardent la remise de la Légion d’honneur au président de Lyon-III

Les corps des six skieurs victimes d’une avalancheà Val-d’Isère ont été retrouvés

Vingt-six personnes sont mortes ensevelies sous la neige depuis le début de l’hiverdans les Alpes françaises. Les messages de prévention sont peu entendus par les vacanciers

57 % des skieurs ne connaissent pas les balises

S O C I É T É

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14/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

AVEC ses deux voitures blan-ches, habillées de vert et de jaune,le métro de Rennes (Ille-et-Vilaine)est enfin sur les rails. A partir duvendredi 8 mars, les habitants de lacapitale bretonne pourront l’em-prunter gratuitement jusqu’à soninauguration officielle, vendredi15 mars. Les dix jours de « festivi-tés » organisés par la municipalitépermettront aux habitants de sefamiliariser avec ce nouvel engin.« Cette date marque l’aboutissementd’une grande décision politique, adéclaré Edmond Hervé, député etmaire (PS) de Rennes, et présidentde Rennes Métropole. Elle marquele caractère essentiel du transport(...) et pas seulement en tant que fonc-tions techniques mais aussi commevaleurs au service de la liberté. »

Cela fait dix-huit ans que l’instal-lation de ce mode de transport col-lectif fait l’objet de polémiques etanime la vie politique locale. Avec213 000 habitants pour la ville et375 000 pour l’agglomération, Ren-nes est la cinquième ville de France– et la plus petite – à s’offrir cemode de locomotion. Edmond Her-vé, qui avait consacré une partie deson deuxième mandat, à partir de1983, à la réflexion sur les trans-ports, a bataillé pour obtenir laconstruction de ce métro, long de9,4 km. De modèle VAL (véhiculeautomatique léger), il est un petitfrère de ceux qui circulent à Lille, àToulouse et pour la desserte de l’aé-roport d’Orly.

Estimé à 457 millions d’euros en1995, le VAL de Rennes, qui traver-se la ville du nord-ouest au sud-est,en passant par le centre historiqueet la gare, n’a pas lésiné sur lesmoyens. Les quinze stations et leviaduc sur lequel s’effectue la par-tie aérienne du trajet ont été réali-sés par treize équipes d’architectes,dont celle du Britannique Norman

Foster, auteur de la rénovation duReichstag, à Berlin.

Afin d’assurer les meilleures con-ditions de sécurité aux 75 000 passa-gers qui devraient l’emprunter quo-tidiennement, les promoteurs du

projet se sont particulièrement atta-chés à cette question. Les stationssont éclairées par la lumière naturel-le ; 122 caméras et une « brigademétro » de 20 policiers permettrontd’assurer la surveillance de cetteligne. Depuis 1989, le métro a étéomniprésent dans la vie des Ren-nais. D’abord au niveau du débatpolitique : très vite, les opposantsau maire ont dénoncé le « coût pha-raonique » de ce projet : en 1993,l’Etat a décidé de réduire sa subven-tion de 500 à 372,8 millions d’euros,après avoir envisagé de demanderla suppression de « ce métro parhabitant le plus cher du monde ».Par ailleurs, les nombreux recoursadministratifs et une annulation dedéclaration d’utilité publique ontcontribué à multiplier les retards.

Ensuite, la vie quotidienne deshabitants a longtemps été pertur-bée par les travaux de construction.Commencés en janvier 1997, ils onttransformé la ville en un vaste chan-

tier. Pendant plus de deux ans, letunnelier « Perceval » a marquéson passage de trous dans la chaus-sée, de palissades, et occasionnéquelques affaissements de rue.Résultats : des riverains évacués,

des embouteillages interminableset des commerçants furieux. Lesquelque 500 arbres qui ont dû êtrearrachés devraient être remplacés.

Pour les responsables rennais, lamise en place de ce métro est undes éléments du plan de déplace-ments urbains (PDU), que toutesles agglomérations de plus de 100000 habitants devaient élaborer.L’objectif est, à la fois, d’améliorerles conditions de circulation et deréduire le recours à la voiture indivi-duelle, afin de réduire la pollutionatmosphérique. Quatre ans après ladate limite initiale, certaines villesn’ont toujours pas rendu leurcopie.

« La construction de ce métro cor-respond à une refonte totale des trans-ports des 36 communes de l’agglomé-ration de Rennes. Les 47 lignes de busvont se greffer pour assurer la desser-te des communes alentour. Le VALfera changer de statut la ville », expli-que Jean Normand, directeur de lasociété d’économie mixte des trans-ports collectifs de l’agglomérationrennaise (Sentcar). D’ici à 2003,cinq parkings d’attente, pouvantrecevoir 2 000 places, seront cons-truits aux stations J.-F.-Kennedy, Vil-lejean-Université, Henri Fréville,Triangle et La Poterie.

« L’objectif est de faire passer de10 % à 13 % la part des transports col-lectifs en une dizaine d’années. Lemétro est un formidable outil au servi-ce de l’environnement », déclareDaniel Delaveau (PS), vice-prési-dent de l’agglomération RennesMétropole et maire de Saint-Jac-ques-de-la-Lande.

Dans l’esprit de ses concepteurs,la ligne qui vient d’être ouverten’est qu’une première étape. Eneffet, les élus réfléchissent à uneseconde ligne de transport en com-mun en site propre, qui ne sera pasnécessairement un VAL. Le nou-veau système, long de 5 km, devraitêtre choisi à l’automne pour unemise en service en 2010 et pourraitdesservir le quartier de la gare oucelui de Sainte-Anne à la cité univer-sitaire Beaulieu.

Service Régions

Rennes est la plus petite ville de France équipée d’un métroAprès dix-huit années de polémiques et de travaux, les habitants de la capitale de la Bretagne peuvent emprunter,

depuis le vendredi 8 mars, le VAL, qui aura coûté 457 millions d’euros. Un réseau de bus complète ce mode de transport

Rennes

Maurepas

Villejean

Cleunay

Le Blosne

Landry

N136

N17

5

N137

N12

1,5 km

15 STATIONS SUR 9 KM

J.-F. Kennedy

La Poterie

Vilaine

LA DÉCISION de Rennes des’équiper d’un métro semble àcontre-courant des équipementsretenus depuis une dizaine d’an-nées par les agglomérations demême taille (370 000 habitants).Car le coût d’investissement pourun métro est presque trois foisplus élevé que pour un tramway.Ainsi Grenoble, Montpellier, Nan-tes, Orléans, Saint-Etienne, Stras-bourg ont-elles privilégié le tram-way, qui, outre ses avantages finan-ciers, permet de réduire la circu-lation automobile et d’améliorer lepaysage urbain. D’abord chassédes villes pour laisser place à lavoiture, ce mode de transportrevient à la fois en force et en dou-ceur dans les rues.

Paris, qui vit avec un très denseréseau souterrain depuis un siècle,a certes des projets de prolonge-ment de métro pour mieux desser-vir sa proche banlieue. Mais lanouvelle municipalité socialiste adécidé de créer une ligne de tram-way sur la partie sud des boule-vards des Maréchaux (7 km autourde Paris). La région Ile-de-France ainscrit dans le contrat de plan leprolongement de la ligne La Défen-se - Issy-les-Moulineaux jusqu’à laporte de Versailles. La ligne quirelie Antony, au sud de Paris, àl’aéroport d’Orly utilise la mêmetechnologie que le VAL de Rennes.

Lyon, après ses quatre lignes demétro, vient d’inaugurer deuxlignes de tramway. Celle qui des-sert Bron, dans l’est de l’aggloméra-tion, sera prolongée jusqu’à Saint-Priest d’ici à décembre 2003. L’en-semble Lille-Roubaix-Tourcoingdispose, lui aussi, d’un réseau demétro et d’un réseau de tramway.Marseille travaille à la prolonga-tion de son métro et de ses lignesde tramway. Mais Lyon, Marseilleet Lille sont des agglomérationsbeaucoup plus importantes ennombre d’habitants que celle deRennes. Seule l’agglomération de

Toulouse (650 000 habitants) a pri-vilégié le métro : la première ligne,inaugurée en 1985, est en cours deprolongation, et une seconde lignedevrait être ouverte en 2007.

Toutes ces décisions ont été pri-ses dans le cadre de l’applicationde la loi sur l’air de Corinne Lepa-ge, adoptée en décembre 1996, quiimpose aux agglomérations deplus de 100 000 habitants la miseen place de plans de déplacementsurbains (PDU) pour améliorer lafluidité des transports.

Rouen fait un doublé avec untramway et un Civis, c’est-à-direun gros bus sur pneus équipé d’unsystème de guidage optique. Nan-cy met la dernière main aux essaisde son TVR, un tram sur pneus. A

Bordeaux, la mise en service de lapremière ligne de tramway est pré-vue courant 2003, et, à Caen, celled’un TVR comme à Nancy estescomptée dans quelques mois,avant la fin de l’année.

Deux agglomérations se distin-guent aussi dans leur politique detransports urbains de voyageurs :Compiègne et Châteauroux, dontle réseau de bus est gratuit. C’est lecas depuis 1975 dans la ville desbords de l’Oise, et depuis le débutde 2002 dans le chef-lieu de l’In-dre. Mais un recours a été déposépar le préfet de l’Indre devant le tri-bunal administratif de Limogescontre la décision du conseil com-munautaire de l’agglomération deChâteauroux, pour non-respect ducode des marchés publics et desrègles de mise en concurrence.

.

/

a AQUITAINE : lors de la cinquiè-me assemblée générale de laConférence internationale deschambres de commerce de l’axeferroviaire transeuropéen atlan-tique (Cefat), qui s’est tenue à Bor-deaux, jeudi 7 mars, les représen-tants des 48 chambres françaises,espagnoles et portugaises ont rap-pelé leur volonté de faire accélérerla réalisation d’un corridor ferro-viaire européen performant depuisle nord du Portugal jusqu’àBordeaux. Pour le projet de ligne àgrande vitesse Madrid-Vitoria-Dax,Francisco Alvarez Cascos, ministreespagnol de l’équipement, a affirméque le tronçon Madrid-Irun devraitêtre réalisé en 2010. – (Corresp.)a NORD - PAS-DE-CALAIS :Marie-Noëlle Lienemann, secré-taire d’Etat au logement, a annon-cé, jeudi à Lens, que les 70 000 loge-ments des cités minières du Nordet du Pas-de-Calais seraient venduspar Charbonnage de France pour458 millions d’euros, à un établisse-ment public. Les élus des commu-nes minières revendiquaient la pro-priété de l’ensemble de ce patrimoi-ne (Le Monde du 26 février). – (Cor-resp.)a GIRONDE : le maire de Sainte-Eulalie, commune de 4 200 habi-tants au nord-est de Bordeaux, vaorganiser, dimanche 10 mars, uneconsultation sur l’enfouissementde la voie ferrée Bordeaux-Char-tres sur son territoire, malgré uneordonnance de référé du tribunaladministratif de Bordeaux deman-dant la suspension de ce référen-dum. – (Corresp.)a TOULOUSE : le président duconseil économique et socialrégional de Midi-Pyrénées, Jean-Louis Chauzy, a apporté, jeudi,son appui aux salariés du pôle chi-mique de Toulouse qui manifes-taient pour réclamer la réouvertureimmédiate de la SNPE, ferméeaprès l’explosion l’usine AZF, le21 septembre 2001. Le président dela SNPE, Jacques Loppion, avaitdénoncé, la veille, la « prolongationinutile et juridiquement contestabledes mesures » de suspension.

b Les dates. Septembre 1984 :lancement des études pourun plan de déplacements urbains.Octobre 1989 : les élusdu district de Rennes choisissentla technologie du VAL.Novembre 1990 : adoptiondu tracé. Février 1993 : arrêtéd’utilité publique du préfet.Février 1994 : le tribunaladministratif de Rennes annulel’arrêté pour insuffisancede l’étude d’évaluation.Octobre 1996 : nouvel arrêté.Janvier 1997 : début des travaux.Mars 1999 : l’affaissementd’un terrain provoque l’arrêtdes travaux jusqu’au mois d’août.8 mars 2002 : ouverture au public.15 mars : inauguration officielle.b Les chiffres. Longueur : 9,4 km,dont 1 km en aérien. Nombrede stations : 15, dont 2 aériennes,desservies par 16 rames.Durée totale du parcours :16 minutes. Fréquencede passage : de 2 minuteset demie à 7 minutes. Vitessemoyenne : 32 km/h. Horairesd’ouverture : de 5 h 30 à minuit.Coût total : 457 millions d’euros(estimation 1995). Prix du ticketà l’unité : 1 euro. Trafic attendu :75 000 voyageurs par jour.b La technologie. Le système VAL(véhicule automatique léger),technologie élaborée par SiemensTransportation Systems(anciennement MatraTransports), est déjà en serviceà Lille, Toulouse et Orly.C’est un métro automatique sansconducteur. L’ensembledu réseau est géré par un postede contrôle qui programmela fréquence des ramesselon les horaires,leur position et leurs conditionsde fonctionnement. Lorsquela rame arrive à quai, un échanged’information s’assureque les conditions sont réuniespour ouvrir puis refermerles portes en toute sécurité.

Les habitantsde la capitalebretonne peuventemprunter le VALgratuitementdepuis levendredi 8 mars,et ce jusqu’àson inaugurationofficiellele 15 mars.Ici, la stationCharles-de-Gaulle.

Le préfet de Meurthe-et-Mosellea autorisé, jeudi 7 mars, la remiseen service, mercredi 13, du tramwaysur pneus de Nancy, inauguré endécembre 2000 mais dont l’exploi-tation commerciale est suspenduedepuis mars 2001, après plusieurspannes et accidents. Il a effectué ensix mois plus de 100 000 kilomè-tres d’essais et a subi des modifica-tions techniques pour garantir lasécurité.

A Caen, le tramway sur pneus,fabriqué aussi par le même cons-tructeur, Bombardier Transport, aeffectué ses premiers tests, mardi 5mars. Mais le syndicat des trans-ports de Caen assure que sonsystème est plus fiable : il circuleuniquement en mode guidéélectrique, alors que celui de Nancyest mixte (mode guidé électrique etmode routier).

R É G I O N S

75 000 voyageurspar jour sont attendus

Les agglomérations de même tailleprivilégient le tramway

L’investissement pour

un métro est presque

trois fois plus élevé

que pour un tramway

Même tram sur pneusà Nancy et à Caen

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/15

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

– Alors que l'autre l'on détruisait, un Mur de la Honte fut édifié.Chaque jour, durant treize années,

il l'aura vu pleurer,chaque matinée, chaque soirée.

Mais il vient de craquer, se fissurer, selézarder : une petite flamme est née :

Antonin,

le 4 mars 2002.

Le bon docteur ESCALIER,originaire d'Ardèche, est devenu grand-père.

14, rue Guillaume-Bertrand,75011 Paris.

Clara, Sandra et ThierryFRANCO

ont le bonheur d'annoncer la naissancede

Julie,

le 3 mars 2002.

Toute la famille se porte bien,l'aventure continue !

Décès– Michel Chevet,Et sa famille

ont la tristesse de faire part du décès deleur mère,

Alice CHEVET,

dans sa quatre-vingt-dixième année, le28 février 2002.

Les obsèques ont été célébrées àCaen, le 5 mars, dans la plus stricteintimité.

– Mme Claude Degois,Les familles Degois, Manac'h

et Cousineau,Ses enfants, ses petits-enfants,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Jean DEGOIS,

survenu à Saint-Nazaire, le 6 mars 2002,à l'âge de soixante-dix-neuf ans.

La cérémonie religieuse sera célébréesamedi 9 mars, à 10 h 30, en l'égliseSaint-Gohard à Saint-Nazaire. Soninhumation aura lieu à Saint-Nazaire(Loire-Atlantique).

Cet avis tient lieu de faire part.

– Thérèse Felix,son épouse,

Jean-Louis et Laurence,Laurent et Natacha,

ses enfants,Sarah, Claire, Lucie et Nathanaël,

ses petits-enfants,Et toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès levendredi 1er mars 2002, dans sa quatre-vingtième année, de

Louis FELIX,ancien intendant

du lycée Edmond-Labbé de Douai,ancien secrétaire général

de l'université Pierre-Mendès-Francede Grenoble.

L'incinération a eu lieu dans l'intimitéfamiliale le jeudi 7 mars.

– Le président,Et les membres de la Société française

de philosophieont la tristesse de faire part de ladisparition de leur vice-président

M. Jacques HAVET,

et s'associent au chagrin de sa famille.

– Mme Kalisz,Ses enfants, petits-enfants,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Jacob KALISZ,membre de l'Académie d'architecture,chevalier de l'ordre national du Mérite,chevalier de l'ordre des Arts et Lettres,

survenu le 6 mars 2002.

Les obsèques auront lieu le lundi11 mars, au cimetière parisien deBagneux, à 11 h 30.

Ni fleurs ni couronnes.

Louis KOOLS

est parti le 28 février 2002, à l'issue d'unelutte courageuse et lucide contre le malqui le rongeait depuis peu.

Louis allait avoir soixante-sept ans.

Nous entourons Margreet, Jozef etVeerle de notre affection.

« Parce que cette main ne connaît que lechemin

Qui conduit vers l'AmiMa langue ni esclave ni maître

Dira la vérité. »Yunus Emré.

J.C. Lucien,1, rue de la Pelouse,76300 Sotteville-lès-Rouen.

– Christiane Lavoix,son épouse,

Ses enfants, ses petits-enfants,Son arrière-petit-fils,Sa famille,Ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jean LAVOIX,

survenu le 4 mars 2002, dans sa quatre-vingt-dixième année.

Ses obsèques ont été célébrées enl'église de Domont (Val-d'Oise) dans lastricte intimité familiale, suivies del'inhumation au cimetière de Domont oùrepose

Jacques,

son fils aîné († 1962).

77 bis,avenue de Breteuil,75015 Paris.

– Les associés,Et le personnel du cabinet Lavoix

ont la tristesse de faire part du décès de

Jean LAVOIX,ingénieur de l'Ecole centrale de Paris,

conseil en propriété industrielle,ancien président de l'Afppi,

ancien membre du Conseil supérieur de la propriété industrielle,

officier de la Légion d'honneur,chevalier dans l'ordre national

du Mérite,

survenu à Paris, le 4 mars 2002.

Ils partagent la douleur de sa famille.

Cabinet Lavoix,2, place d'Estienne-d'Orves,75441 Paris Cedex 09

– M. et MmeRichard Kahan,M. Frédéric Lebel,

ses enfants, son gendre,Mme Francine Jumel,

sa sœur,ont la douleur de faire part du décès de

M. Maurice LEBEL ,

survenu le 5 mars 2002, dans sa quatre-vingt-quatrième année.

L'inhumation a lieu ce vendredi8 mars, à 15 h 45, au cimetière parisiende Bagneux (entrée principale).

11, rue Edouard-Nortier,92200 Neuilly-sur-Seine.

– Le Comité de défense de lagynécologie médicalea la douleur d'annoncer la disparitionbrutale de

Dominique MALVY,gynécologue à Albi

et fondatrice du CDGM,

emportée par un infarctus du myocardedans la nuit du 6 au 7 mars.

Figure exceptionnelle etemblématique de notre mouvement dontelle a été l'instigatrice, c'était une femmede conviction et de passion. Elle a detout temps servi la cause des femmes endéployant une énergie et une ténacitéhors du commun. Peu l'ont fait avecautant de courage et de sincérité qu'elle.

Qu'elle soit un exemple pour chacuned'entre nous.

Nous lui rendons un hommage sincèreet reconnaissant.

Le Comité de défense de lagynécologie médicale.

– Sandro et Laurence Rumney,son fils et sa belle-fille,

Sindbad, Paloma (†),Lancelot et Santiago,

ses petits-enfants,Et leur sœur Olivia Mauriac,Sylvie Mettetal,Tous ses amis,

ont le chagrin de faire part du départ de

Ralph RUMNEY,

survenu dans la paix de sa maison deManosque, le 6 mars 2002.

« The map is not the territory. »

L'inhumation aura lieu au cimetièredu Montparnasse, 3, boulevard Edgar-Quinet, Paris-14e, le samedi 9 mars, à14 h 30.

27, rue de Bourgogne,75007 Paris.

– Le conseil d'administration de laSociété des architectes diplômés del'Ecole spéciale d'architecture(SADESA)a appris avec tristesse le décès de sonprésident d'honneur

Pierre VAGO,architecte DESA,

survenu le 27 janvier 2002, et s'associe àla peine de sa famille et de ses proches.

Diplômé de l'Ecole spécialed'architecture en 1932, Pierre Vago a étéun des acteurs et témoins du mouvementmoderne en architecture alliant à sonactivité d'architecte tant en France qu'àl'étranger celle de rédacteur en chef de larevue L'Architecture d'aujourd'hui.Il futaussi le fondateur de l 'Unioninternationale des architectes et n'oubliajamais son école d'origine, l'ESA, dont ilfit célébrer le centenaire en 1965 lorsqu'ilétait président de la SADESA.

Il laisse le souvenir d'un grandprofessionnel et d'un esprit lucide quigarda toujours le contact avec la Sociétédes diplômés de l'ESA.

SADESA,254, boulevard Raspail,75014 Paris.

(Le Monde du 20 février.)

Anniversaires de décès– Remémont. Entre-Deux-Eaux

(Vosges).

Pour l'anniversaire de leur décès,merci à leurs amis de se souvenir de

Mme René CHARLES,(†) le 9 mars 1987,

et de son fils,

Pierre-Jean CHARLES,(†) le 11 mars 1985.

Souvenir– Il y a deux ans, disparaissait

Marie-Thérèse ASSEO,née SUTTERMAN.

Son souvenir reste parmi nous.

ConférencesLa Sorbonne

(chaire baron von Oppenheim)et l'Institut universitaire de Franceorganisent, le mardi 12 mars 2002,

à 18 heures, une conférence sur « La Révolution Surréaliste ».Cette conférence sera prononcée

en allemand par le professeurWerner Spies, ancien directeur

du Musée d'art moderne,commissaire de l'exposition présentée

au Centre Pompidou à partir du 6 mars.Le débat sera animé par

Jean-Marie Valentin (Sorbonne-IUF).Lieu : Sorbonne-Centre universitaire

Malesherbes (amphithéâtre 128)108, boulevard Malesherbes, Paris-17e.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Communications diverses– Centre communautaire de Paris:

Lundi 11 mars, à 20 h 30: Table rondeanimée par Bernard Abouaf : « Lesnouveaux visages de la judéophobie»,avec Raphaël Draï (professeur), PierreAndré Taghieff (directeur de rechercheau CNRS), Guy Konopnicki(journaliste).

119, rue La Fayette, 75010 Paris.Tél. : 01-53-20-52-52 (PAF).

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C A R N E T

Retrouvez sur le site Internet duMonde (www.lemonde.fr/carnet) ledétail des nominations, l’essentieldes lois, décrets et décorations parusau Journal officiel, ainsi que lesadresses des sites publiant des docu-ments significatifs.

JOURNAL OFFICIELAu Journal officiel du jeudi 7 marssont publiées :b Santé : une loi portant rénova-tion des rapports conventionnelsentre les professions de santé libé-rales et les organismes d’assurance-maladie.b Culture : une loi relative à la res-titution par la France de ladépouille mortelle de SaartjieBaartman à l’Afrique du Sud.

DOCUMENTS OFFICIELSLe Parlement européen publie unerecommandation relative à la posi-tion commune arrêtée par leConseil en vue de l’adoption durèglement du Parlement européenet du Conseil concernant la miseen œuvre du domaine Internet depremier niveau «. eu ».http://www2.europarl.eu.int/omk/OMEuroparl ? PROG = REPORT& L = FR & PUBREF=-//EP//TEXT + REPORT+ A5-2002-0027 + 0 + DOC + SGML+ V0//FR & LEVEL = 3 & NAV = SLa Commission des communautéseuropéennes publie une étude surle système monétaire et financierinternational et sur le financementdu développement en réponse à lamondialisation.http://www.europa.eu.int/eur-lex/fr/com/cnc/2002/com2002_0081fr01.pdfLe Parlement européen a mis enligne un rapport sur l’incidence destransports sur la santé.http://www2.europarl.eu.int/omk/OM-Europarl ? PROG = REPORT & L= FR & PUBREF =-//EP//TEXT + REPORT+ A5-2002-0014 + 0 + DOC + SGML+ V0//FR & LEVEL = 3 & NAV = S

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16/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

L est un peu plus deminuit, ce 18 avril1980. Lentement,l’Union Jack glisse lelong du mât. Des qua-tre coins du stade deSalisbury – rebaptiséeHarare – monte une

immense clameur qui enfle jusqu’auparoxysme. Quarante mille poitrinesaccompagnent la montée du nouveau dra-peau national. Pendant deux longuesminutes, l’ovation frise le délire. Puis lesvivats s’apaisent et se transforment enchants. Le Zimbabwe vient de naître dansl’allégresse.

Ce jour-là, Julius Nyerere, président de lapauvre Tanzanie voisine, dit à RobertMugabe : « Vous héritez d’un bijou, prenez-en bien soin ! » Vingt-deux ans plus tard, lebijou a perdu tout son éclat. Ce paysmagnifique a sombré dans l’incurie, lamisère et la peur. Il est aux mains d’une cli-que sans foi ni loi, arrogante et corrom-pue. L’économie est largement ruinée,l’agriculture dévastée, la famine menace.Sur les 13 millions de Zimbabwéens, 9 mil-lions – soit 7 sur 10 – vivent en-deçà duseuil de pauvreté, 1 sur 2 est au chômage.Un adulte sur 4 est atteint du sida, qui fait1 200 morts par semaine. Les servicespublics sont délabrés, la justice asservie,les médias inféodés ou brimés. Les investis-seurs ont fui. Enseignants et médecins ont,par centaines, choisi l’exil. Le Zimbabweest un pays opprimé, déchu, isolé.

Le naufrage de l’ancienne Rhodésietient, pour l’essentiel, au délire obsidionalde son chef. Robert Mugabe est un obsédédu pouvoir. Le pouvoir en soi, et pour soi.Le pouvoir, comme une soif que rienn’étanche, au service d’une ambitionjamais assouvie. Robert Mugabe n’ajamais trop posé au démocrate. Mais il a,en vieillissant, oublié toute vergogne. « Jene veux pas être renversé et je renverseraiceux qui veulent me renverser », déclare-t-illors d’un banquet en 2000. Lorsqu’il dit« renversé », il faut comprendre « remer-cié » par l’électeur. Lors d’un meeting, illance, à l’intention du MDC, le parti de sonactuel challenger, Morgan Tsvangirai :« L’opposition ne gouvernera jamais cepays, ni de mon vivant ni après ma mort. Jejure que mon fantôme viendra vous han-ter. » Celui qui se dit « marxiste-léniniste-maoïste », ne dédaigne pas d’invoquer, àl’occasion, les « lutins » et les « sorcières »,dans la grande tradition animiste africaine.

On le sent prêt, tel un Samson des tropi-ques, à entraîner son pays dans sa chute, àlui faire payer cher son désamour. RobertMugabe règne depuis toujours par la for-ce. Un jour de l’an 2000, il va jusqu’à s’envanter : « Je suis un diplômé en violence. »La violence sous toutes ses formes. Violen-ce verbale : il compare ses opposants à des« cobras », « des serpents que nous allonstuer », à des « petites fourmis que nous pou-vons écraser ». « Qu’il aille en enfer »,aime-t-il dire d’un adversaire ou d’un diri-geant étranger trop critique, comme TonyBlair. « Œil pour œil ? Nous demanderonsdeux yeux pour un œil », déclare-t-il au Par-lement, à l’intention de la minorité blan-che. Violence physique : de l’agression indi-viduelle au massacre collectif, en passantpar la torture, dont il admet l’existence,sans un mot de regret, dès 1982.

LES nervis de son régime recou-rent à l’intimidation, à l’enlève-ment ou au meurtre pur et sim-ple. Ces pratiques criminellesprolongent les outrages faits à

la loi et aux institutions : fraudes électora-les, fausses accusations, arrestations arbi-traires, manipulations en tout genre. En1990, se sentant en danger, Robert Muga-be augmente d’un quart le nombre desdéputés, les nouveaux venus étant nom-més par lui. Les basses œuvres sont offi-ciellement confiées, pour les rendre légiti-mes, à des « vétérans » de la guerre d’indé-pendance. Elles sont le plus souvent le faitd’activistes du parti, de chômeurs rétri-bués à la journée, ou de simples voyousrecrutés dans les « halls à bière » destownships, les banlieues des grandes villes.

Son enfance et sa jeunesse livrent quel-ques indices sur la personnalité de RobertGabriel Mugabe, un homme encore malconnu lorsque son parti, la Zanu-PF, rem-porte haut la main les élections de 1980 etle propulse premier ministre du nouvelEtat. Il naît le 21 février 1924 à la missionde Kutama, à l’ouest de Salisbury. Son pèreest charpentier, sa mère, très pieuse. Issude la tribu des Zezuru, sous-groupe ethni-que de la grande famille des Shonas àlaquelle appartiennent 80 % des Zim-babwéens noirs, il grandit « à l’ombre desEglises ». Selon son plus récent biographe,Martin Meredith (Mugabe, Power and Plun-der in Zimbabwe), les missionnaires jésui-tes qui veillent sur cet enfant doué le disentsecret, solitaire, plongé dans les livres, àl’écart des jeux et des sports, habité d’unegravité inhabituelle et d’un goût pourl’autodiscipline d’une intensité presquepuritaine.

A l’âge de 10 ans, le petit Robert éprouvesa première blessure intime : son père aban-donne, pour une autre femme, sa mère etses six enfants. Il ne le lui pardonnerajamais. Un diplôme en poche, il enseigne

pendant quatre ans puis est admis en 1949à l’université sud-africaine de Fort-Hare,où se sont formés la plupart des dirigeantsnationalistes noirs d’Afrique australe, dontNelson Mandela. Il découvre les écrits deGandhi et de Marx, et, de retour dans sonpays en 1952, devient, dira-t-il, « complète-ment hostile au système » rhodésien, colo-nial et ségrégationniste. Converti au marxis-me, il est un jeune homme austère, qui nefume ni ne boit.

Il enseigne pendant trois ans à Lusaka,capitale de la Rhodésie du Nord, l’actuelleZambie, puis au Ghana, première colonied’Afrique ayant accédé à l’indépendance,où il s’éprend d’une collègue, Sally Hey-fron, intelligente et vive, qu’il épousera en1961. « Il n’était pas très romantique, se sou-viendra-t-elle. Il ne m’a pas emmenée uneseule fois au cinéma. » Bien plus tard, deve-nue la première dame du Zimbabwe,aimée et respectée, elle jouera un rôlemodérateur auprès du président, apaisantses colères et le ramenant à la réalité. A samort, en 1992, il perdra sa seule amie etsans doute son meilleur conseiller.

Mais avant d’épouser Sally, Robert Mu-gabe s’est lancé dans le combat politiqueau côté de son aîné Joshua Nkomo, à qui ils’oppose vite. Assigné à résidence une pre-mière fois, il est arrêté en décembre 1963,incarcéré et jugé. Il restera onze ans en pri-son, et ne cessera d’étudier, passant des

examens par correspondance. Pour lui com-me pour beaucoup d’autres, la prison seral’école de la Révolution. C’est là qu’il subit,en 1966, sa deuxième blessure intime, lamort de son fils, âgé de trois ans. Il supplieles autorités rhodésiennes de le laisser par-tir au Ghana pour se recueillir sur la tombede son enfant et réconforter sa femme, pro-

mettant de revenir dans sa prison. Mais ils’attire un refus sans appel. Cet épisode ren-forcera son amertume envers le régime deSalisbury, dont le chef, Ian Smith, vient, en1965, de proclamer unilatéralement l’indé-pendance, en rompant ses liens avec laGrande-Bretagne. En 1972, la guérilla natio-naliste déclenche la lutte armée qui durerasept ans et fera 30 000 morts.

Robert Mugabe n’a jamais digéré le pro-cessus de Lancaster House ayant conduitle Zimbabwe à l’indépendance, et dont ilsavait qu’il accoucherait d’un compromisavec la minorité blanche. Il s’y résigna, larage au cœur, sous l’insistante pression deses « parrains » africains, dont le prési-dent du Mozambique Samora Machel,

qui, dira-t-il plus tard, l’ont privé de « lajoie suprême » d’une victoire militaire surle pouvoir blanc. En outre, son souhaitpolitique le plus cher fut toujours de pro-mouvoir la Zanu-PF au rang de parti uni-que. Ce désir de revanche et cette volontéd’hégémonie l’ont conduit à un doubleaffrontement : avec la communauté blan-che, et avec la minorité noire des Ndebele

et des Kalanga, fidèles à la Zapu de JoshuaNkomo.

La lune de miel entre Robert Mugabe etles Zimbabwéens blancs ne dure qu’un anet demi. « Pour un communiste, il a l’airbien », entend-on à l’heure du thé, dans lesjolis jardins des quartiers résidentiels. Lesex-Rhodésiens, Ian Smith en tête, célè-brent la sagesse et la modération de ce pre-mier ministre à la voix douce. Les Blancs serassurent. Mais Robert Mugabe est aussiun adepte du double langage et du doublejeu. Il n’oublie ni ne pardonne rien à cet« homme blanc » qu’on l’obligeait, enfant,« à vénérer comme une sorte de Dieu ».

Assez vite, il prend naturellement pourcibles les quelque 6 000 fermiers commer-ciaux, lointains bénéficiaires d’une spolia-tion coloniale qui déposséda la majoriténoire de ses meilleurs sols. Au fil des ans,Robert Mugabe brandit le thème, qu’il saitpopulaire, de la nécessaire redistributiondes terres. Mais il en use surtout commed’une arme politique pour, selon ses mots,« effrayer le cœur des Blancs » ou pourrégler des comptes avec ses opposantsnoirs. Les premiers rachats de terres, finan-cés par la Grande-Bretagne, enrichissentoutrageusement les caciques du régimequi font main basse sur les meilleures fer-mes. Les expropriations décidées en 1997et 2000 affectent la quasi-totalité d’un sec-teur qui employait un tiers de la main-d’œuvre et rapportait 40 % des recettesd’exportation. Naguère grenier de l’Afri-que australe, le Zimbabwe est aujourd’huimenacé par la disette.

CES dernières années, la rhétori-que présidentielle anti-Blancsa pris un tour franchementraciste. Robert Mugabe parledes « démons blancs », « nos

ennemis véritables ». « L’Afrique, insiste-t-il,est pour les Africains. » Il traite les Zimba-bwéens blancs en boucs émissaires de tousles maux du pays. « Ne provoquez pas leurfuite, sinon vous risquerez la ruine ! », luiavait conseillé, à la veille de l’indépendan-ce, Samora Machel, qui savait de quoi il par-lait. Les « invasions » de terres, les assassi-nats de fermiers restés impunis, les occupa-tions d’usines et de bureaux ont accélérél’exode. La minorité blanche est aujour-d’hui cinq fois moins nombreuse– 40 000 personnes – qu’en 1980.

Mais les plus nombreuses victimes dudespotisme de Robert Mugabe sont noi-res. Ce sont les morts – au moins10 000 civils – de ce qui fut, entre 1983 et1987, la « deuxième guerre civile » du Zim-babwe. La rancœur de Robert Mugabeenvers Joshua Nkomo, chef de la Zapu etde la minorité Ndebele, remontait auxannées 1960. Le premier reprochait ausecond sa mollesse et son absence de stra-tégie. Après avoir vaincu son aîné aux élec-tions de 1980, il l’humilia en le reléguantau fond des gradins officiels, lors de la céré-monie d’indépendance. Puis il imposa àses partisans une longue guerre sans mercidans la brousse du Metabeleland, en saisis-sant pour prétexte l’insécurité semée pard’anciens guérilleros devenus « dissi-dents ». La tristement célèbre « cinquièmebrigade », formée par des instructeursnord-coréens, multiplia les atrocités : despaysans brûlés vifs, des enfants embro-chés sur le dos de leurs mères, des famillescontraintes de chanter les chants de laZanu-PF sur les tombes de leurs proches.Pour éviter la poursuite des massacres, Jos-hua Nkomo signa l’acte de décès de laZapu.

Deux événements heureux et presqueconcomitants ont fait le malheur de RobertMugabe. La disparition de l’Union soviéti-que le priva de sa vieille politique de bascu-le et de chantage entre l’Est et l’Ouest, etl’empêcha d’inscrire dans la loi le régimede parti unique qui existait de facto depuis1987, mais qui, du coup, n’était plus dutout dans l’air du temps. La libération deNelson Mandela, en 1990, et son triompheélectoral en 1994 rejetèrent dans l’ombrel’homme qui avait acquis une stature inter-nationale, sur la « ligne de front » face àl’apartheid.

Imagine-t-on deux dirigeants plus diffé-rents ? L’un est digne, souriant, bien danssa peau, confiant dans l’avenir, et prêchela réconciliation. L’autre est sévère, revan-chard, prisonnier du passé et sème la divi-sion. « Ne me dites pas que je dois encoretéléphoner au camarade Bob ! », s’excla-mait un jour Nelson Mandela. L’hommed’Etat sud-africain s’est retiré dans son vil-lage, respecté de tous. Seul un camoufletélectoral pourrait obliger le « camaradeBob » à l’imiter. Du moins faut-il l’espérerpour le bien du Zimbabwe.

Jean-Pierre Langellier

H O R I Z O N S

MUGABE

La rhétorique présidentielle anti-Blancs a prisun tour franchement raciste. Mais les plusnombreuses victimes du despotisme de Mugabesont noires. Ce sont les morts – au moins10 000 civils – de ce qui fut, entre 1983 et 1987,la « deuxième guerre civile » du Zimbabwe

Président du Zimbabwe depuis la naissance

de cet Etat, en 1980, sur les cendres de la Rhodésie,

Robert Mugabe a conduit son pays sur la voie du chaos

LE DIPLÔMÉEN VIOLENCE

I

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/17

« QUELQUE chose a changéchez Lionel Jospin depuis l’annon-ce de sa candidature à la présiden-tielle », relève La Libre Belgique.Son discours ? Non. « Il ne diffèrepas fondamentalement, il demeureun des plus sûrs remèdes contrel’insomnie. » Pour le chroniqueurEric de Bellefroid, « c’est le costu-me surtout qui métamorphose lepremier ministre. Une petite révolu-tion en soi. Depuis le temps que sescoreligionnaires, harassés par tantd’obstination, lui enjoignaient dese vêtir auprès d’un bon faiseur, ons’était habitué à ses vestons quibâillaient dans le cou (…) avec lesépaules qui tombaient comme lesoreilles d’un cocker triste sur sasvelte stature de basketteur retrai-

té. Il avait toujours les mains per-dues quelque part au milieu de sesmanches, et ses pantalons troplongs et trop larges, flottant déses-pérément aux quatre vents, rappe-laient avec nostalgie l’accordéond’Yvette Horner ». Mais il « a com-pris que, dans une société dévoluecomme jamais aux apparences, onne joue pas les rois nus en pleinecampagne. (…) Il a choisi soncamp. Celui d’une gauche gestion-naire, vêtue comme tous les yup-pies du monde ».

Die Welt soutient que l’artisande cette transformation n’est nul-le autre que son épouse, SylvianeAgacinski-Jospin, une « intellec-tuelle moderne », qui « l’a aidédans le choix de nouvelles lunettes,

de cravates plus à la mode et de cos-tumes plus fringants ».

Dans cet article de MartinWiegers intitulé « Et Claude créaChirac », le quotidien conserva-teur de Hambourg s’intéresse sur-tout à la fille du président. Si celui-ci, en dépit des derniers sondages,« peut quand même nourrir l’es-poir d’une victoire électorale, c’estde nouveau principalement à safille, responsable marketing quali-fiée, qu’il le doit ». Depuis 1994,« elle en a fait un nouveau produit,un candidat qui serre les mains etcaresse les joues des enfants, un pré-sident du toucher ». D’ailleurs, sa« passion pour la France » procla-mée en Avignon est une idée desa fille, écrit Die Welt, qui souli-

gne le contraste entre Claude etBernadette, « incarnation d’uneFrance âgée et aristocratique »,qui « vouvoie, dit-on, jusqu’à sonchien ». La fille du président, con-clut le journal, devra cependantajouter « du contenu » au produitChirac, le « charmeur distribuantles poignées de main ».

Toutes ces questions d’imageagacent le quotidien argentin Cla-rin, qui regrette la France « paysdes interminables discussions decafé, où l’idéologie incendiait lespassions ». Aujourd’hui, déplo-re-t-il, « les fantastiques débatsd’idées cèdent devant l’américani-sation de la campagne électorale ».

lemonde.fr pour Le Monde

NI STALINGRAD ni Grozny. LaFrance ne cherche pas à rejouer desconflits où les civils sont, par laforce des circonstances, un enjeu,la victime désignée et un acteur à lafois. Mais les villes n’échappentplus à la guerre et l’armée françaisedoit s’y préparer. Sinon on lui repro-cherait après coup de n’en avoirpas tenu compte. Selon le périodi-que bilingue (français-anglais)Objectif doctrine, édité par le com-mandement de la doctrine et del’enseignement militaire supérieur(CDES), l’armée de terre rédige unmanuel d’emploi de ses forces enzone urbanisée et, pour 2006, elleprojette de construire un site oùelle les entraînera.

Le Centre d’évaluation et deretour d’expérience (Cerex) a aussirédigé dans cette revue une étude àpartir de ce qui s’est passé, en 1992,en Somalie, d’où les Américains sesont piteusement retirés aprèsavoir été pris à partie par les hom-mes du général Aidid, comme en1994 et en 1999, à Grozny, en Tchét-

chénie, où les Russes ont toujoursbeaucoup de mal à maîtriser la résis-tance locale. Le Cerex en tire desleçons dans l’ordre tactique et laformation du personnel.

Face à cette « nouvelle problémati-que » – qu’il s’agisse d’une opéra-

tion de contrôle des foules via lamaîtrise de la violence urbaine oud’une opération de coercition desforces via la défense ou l’offensiveen zone urbanisée –, l’armée de ter-re est persuadée qu’elle n’a plus lechoix : la guerre des villes est pourdemain. « Le milieu urbain est unthéâtre à part entière », avec unepopulation « à la fois cible, enjeu,instrument et centre de gravité desconflits ». Contrairement à desconcepts d’hier, « la ville est un espa-ce de manœuvre qu’il n’est plus possi-ble de contourner ».

A titre d’exemple, « une brigade[3 000 à 4 000 hommes] peut se voirattribuer comme zone d’action, enmaîtrise de la violence, une ville de20 000 à 80 000 habitants, mais encoercition de forces, la même grandeunité ne pourra réduire un adversai-re que dans un quartier d’unegrande ville ou dans une partie d’unepetite ville (5 000 habitants) ». Lecombat dit « de surface », propre àla zone rurale, cède la place à desengagements « au sol » (dans le

dédale des rues et le labyrinthe desimmeubles), « en sous-sol » (leségouts, le métro, les souterrains etautres tunnels, les parkings) et « au-dessus du sol » (les ponts, les infra-structures élevées).

, , Autant dire un environnement

qui peut, selon Objectif doctrine,dégénérer, devenir incontrôlable,et où les formations alliées, les for-ces adverses et des civils innocents– mais soumis à des pressions psy-chologiques et médiatiques – sontétroitement imbriqués. Il va doncfalloir tester des équipements spéci-fiques, instruire les unités, définirde nouveaux modes opératoires etfédérer, dans un cadre d’emploiinterarmes, les capacités des diffé-rentes forces mobilisées.

C’est l’objet du manuel que leCDES prépare sur le combat de rue,un manuel « propre à l’infanterie,au génie et aux blindés ». C’est aussice qui incite l’armée de terre à récla-mer pour 2006 un site – autre que

les villages factices qui existentdans certains de ses camps ou endes lieux spécialisés à l’étranger –pour entraîner ses troupes et« dépasser le stade de l’instructionde petits détachements auquel elleest réduite ». La mission de main-tien de l’ordre sur le pont de Mitro-vica, qui sépare les communautésserbe et musulmane au Kosovo, anécessité que l’armée française,assistée par les gendarmes, acquiè-re les réflexes nécessaires dans l’ur-gence. Il s’agit d’une tâche commu-nément encadrée par l’ONU ou parl’OTAN à l’étranger. En France, lesesprits les plus critiques redoutentque ce savoir-faire soit, sur uneréquisition gouvernementalemalvenue, mis au service d’actionsqui ne relèvent pas normalementdes armées. Par exemple, dans desbanlieues qui viendraient às’enflammer.

Jacques Isnard

e www.cdes.terre.defense.gou.fr

La douleur de Mandela. L’ancien président sud-africain criti-que de plus en plus ouvertement la ligne suivie par son successeur, ThaboMbeki, en matière de traitement du sida. Sur le pansement on peut lire :« Politique de Mbeki concernant le sida »). Dessin de Tayo.

(« Courrier international » pour « Le Monde »)

DANS LA PRESSEFRANÇAISEa LIBÉRATIONGérard DupuyA priori, personne qui se présentedevant les électeurs n’a une voca-tion déterminée de minoritaire. Aucontraire, chacun se croit porteurd’une majorité potentielle, qui n’apour exister que son défaut deconvaincre la majorité des Fran-çais. Arlette, par exemple, qui cla-me son manque total d’illusion élec-torale, vise aussi la majorité. Paspour cette fois ni la suivante, maispour quand la révolution, qu’elleaura vaillamment préparée, auraréconcilié l’immense majorité desexploités contre la misérable mino-rité de leurs oppresseurs. Bayrou,avec sa troisième voie, englobeidéalement 80 % des électeurs, LePen avec ses Français de souche enfait autant, ou Chevènement avecses républicains (vous connaissezbeaucoup de royalistes ?). Mamèrevise plus large encore : c’est l’huma-nité entière qu’il voudrait sauverdes gaz d’échappement. (…) LesFrançais éprouvent de la sympa-thie pour les « petits ». Ce n’est pasétonnant. Pris collectivement, les« petits » attirent plus d’intentionsde vote que les deux grands.

a LCIPierre Luc SéguillonLe discours tenu jeudi soir par Lio-nel Jospin à Lille, l’entretien accordépar Jacques Chirac à La Dépêche duMidi, attestent que les deux hom-mes ont bien adopté deux stratégiesde campagne totalement différen-tes et qu’ils s’y tiennent jusqu’à nou-vel ordre, le premier avec applica-tion et jubilation, le second pluslaborieusement, et non sans quel-que hésitation. Lionel Jospin, pluscandidat ferrailleur que premierministre sortant, s’efforce de disqua-lifier son adversaire et de le con-traindre à descendre de son piédes-tal présidentiel. Jacques Chirac,davantage président jusqu’au der-nier moment que candidatcontraint à quitter les hauteurs, s’at-tache à se requalifier au détrimentd’un concurrent qu’il espère pous-ser à la faute. (…) On constateraque, pour l’heure, (…) le premierministre bénéficie à l’évidence d’unléger avantage après ce début decampagne en fanfare. Le chef del’Etat paraît quelque peu à la traîne.

SUR LE NET

J’ai pris connaissance des déclara-tions fracassantes, sur la Hongrie,de M. Robert Savy, président socia-liste du conseil régional du Limou-sin (Le Monde du 12 février), quinous révèle que « ce pays n’a pas decadastre, n’a pas de statistiques éco-nomiques, (…) et pourtant la Hon-grie prétend entrer immédiatementdans l’Union européenne et bénéfi-cier des aides ». Petit-fils d’un offi-cier du cadastre du département deHunyad durant la monarchie Autri-che-Hongrie, il est de mon devoirde contredire M. Savy. (…) La créa-tion du cadastre en Hongrie remon-te à l’époque de Marie-Thérèse,impératrice d’Autriche et reine deHongrie (1717-1780).Les premiers plans de cadastre ontété établis, dans ce pays, dans lesannées 1760-1770. Rappelons, pourmémoire, que le cadastre en Francea été créé sous l’impulsion de Napo-léon Ier, en même temps que le codecivil. Pour ce qui est des informa-tions économiques, l’Office centralde statistiques de Budapest se tientà votre disposition, et ce depuis

1862, pour vous renseigner, grâcenotamment à ses annuaires des sta-tistiques qui paraissent régulière-ment tous les ans depuis 1872. (…)

Attila KovacsParis

Je ne cesserai inlassablement dem’élever contre les citoyens qui sesentent plus juifs que Français etqui, à force de crier au feu pour desfaits mineurs, prennent le risque dedéclencher ici ou là un incendie.Et, en général, ce sont les mêmesqui approuvent inconditionnelle-ment une politique criminelle et stu-pide en Israël, politique qui altèregravement l’image des juifs et quiconduit les Israéliens dans une voiesans issue. Faut-il rappeler auxextrémistes particularistes, face àleurs outrances et à leurs amalga-mes douteux, ce qu’est l’antisémitis-me, le vrai, l’antisémitisme desnazis, relayé en France par uneextrême droite nationaliste et xéno-phobe, celle des Maurras et desBéraud, de Xavier Vallat et de Dar-quier de Pellepoix ? (…) L’antisémi-tisme, qui se manifeste actuelle-ment de façon larvée dans certaineszones urbaines, n’est en rien compa-rable à celui des sectateurs de Mein

Kampf. Par contre, les chars et bom-bardiers de Tsahal dans les territoi-res occupés me rappellent, en uneimage fâcheusement inversée, detrès sombres souvenirs.

Jean-Paul LewidoffParis

Vous essayez de justifier l’antisémi-tisme par les problèmes au Proche-Orient (Le Monde du 19 février).Comment expliquez-vous alors que,malgré les haines viscérales entre lescatholiques et les protestants enIrlande, il n’y ait jamais eu de problè-mes de ce type dans notre pays ?(…) On a vraiment l’impression queces fauteurs de troubles, parce quemusulmans pour la plupart, sontintouchables. Le spectre de la guerred’Algérie plane toujours au-dessusde nos têtes… Il est si facile d’expli-quer l’antisémitisme en France enmontrant du doigt « le mal absolu »,celui par qui, d’après vous, tous lesmalheurs du monde sont arrivés,M. Sharon. Vous vous focalisez surune seule personne, mais il se trouvequ’il n’est au pouvoir que depuis unan, et les violences ont commencébien avant son arrivée au pouvoir.

Francine ZylberbergCourriel

L’armée française prépare un manuel de guerre urbaineDans son périodique « Objectif doctrine », l’état-major de l’armée de terre réfléchit

à une stratégie pour engager des forces dans les villes où les populations sont devenues un enjeu

AU COURRIERDES LECTEURS

Chirac et Jospin vus par la presse internationaleL’un a été métamorphosé par sa fille, l’autre relooké par sa femme. L’image, toujours l’image

« WEST AFRICA » (LONDRES)

H O R I Z O N S K I O S Q U E

Les documents cités dans cettechronique sont accessiblesdirectement à l’adressewww.lemonde.fr/surleneta Les 9 et 10 mars, les Zimba-bwéens doivent élire leur président.www.gta.gov.zw/a Après vingt ans de pouvoir sanspartage de Robert Mugabe à latête du Zimbabwe, les électionslégislatives de juin 2000 avaient vul’entrée en force du Mouvementpour le changement démocratiqueau Parlement.www.gta.gov.zw/Headlines/Election%20Results.htma Le chef de ce parti, MorganTsvangirai, constitue la principalemenace pour le pouvoir de RobertMugabe.www.mdczimbabwe.com/leaders/morgantsvtxt.htma En janvier, le Parlement aadopté une série de lois durcis-sant le régime, sur le droit devote, la liberté de la presse et la« sécurité ».www.mweb.co.zw/hub/news/articles24/PUBLIC%20ORDER%20AND%20SECURITY.doca « Monsieur le président, partez, etpartez maintenant » plaide la Finan-cial Gazette (Afrique du sud).www.fingaz.co.zw/fingaz/2002/March/March7/686.shtmla Le Public Record Office britanni-que a rendu public les documentsayant servi aux négociations entreLondres et le régime de Ian Smithqui ont débouché sur la guerre d’in-dépendance (1972-1979).www.pro.gov.uk/releases/nyo2002/rhodesia.htma Le FMI publie un état de l’écono-mie du Zimbabwe dans les années1990, alors que Robert Mugabeavait abandonné au marxisme-léni-nisme pour l’économie de marché.www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2001/cr0113.pdf

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18/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

’IL est une constan-te dans les proposdu candidat Chirac,qui pourtant chan-ge souvent d’opi-nion sur de nom-

breux sujets, c’est qu’il ne s’embar-rasse pas de la véracité des faitsqu’il évoque. Après avoir enfour-ché le thème du déclin, il reconnaîtaujourd’hui que la France a connu« quatre années de croissanceexceptionnelle ». Il attribue ce résul-tat à « une croissance mondialeexceptionnelle » dont le « gouverne-ment n’aurait pas su profiter ».

Restons raisonnables : la croissan-ce française des années Jospin auraété seulement forte. En revanche,elle aura été exceptionnelle auregard d’un contexte internationalplutôt moyen.

Contrairement à une affirma-tion répétée par la droite, la crois-sance des années Jospin ne doitrien à la conjoncture internationa-le. Au cours de cette période, lacroissance mondiale a connu deshauts et des bas, et même descreux particulièrement bas depuisl’été 2001. En moyenne, elle a étéplus maussade que sous les annéesBalladur-Juppé. En témoignent les

indicateurs usuels de demandemondiale calculés par la directionde la prévision ou par les institutsde conjoncture qui font apparaîtreun ralentissement de près de2 points en moyenne.

Le quasi-doublement de la crois-sance française entre les années Bal-ladur-Juppé (1,5 % en moyenne) etJospin (2,9 %) n’a donc rien à voiravec la croissance mondiale. Si ungouvernement a gâché une conjonc-ture mondiale « exceptionnelle »,c’est bien celui d’Alain Juppé.

Sous Balladur et Juppé, la crois-sance française était la plus faibledes grands pays européens (1,5 %par an en moyenne). L’Allemagnefaisait à peine mieux (1,6 %), l’Italie

un peu mieux (2 %) et le Royaume-Uni beaucoup mieux (3,4 %). SousLionel Jospin, la France passe trèslargement en tête des grands payseuropéens avec 2,9 % de croissanceen moyenne. L’Allemagne et l’Italiene changent pratiquement pas derythme (1,7 % en Allemagne et1,9 % en Italie) ; quant au Royaume-Uni, il ralentit de 3,4 % à 2,7 %.

La France qui « dégradait » lesperformances de la zone euro sousBalladur et Juppé les améliore nette-ment sous Jospin. Avec un demi-point de croissance en plus chaqueannée que la moyenne de nos parte-naires de la zone euro, les annéesJospin auront ainsi effacé le déclindes années Balladur-Juppé où, pour

la première fois de l’après-guerre, lacroissance française a été durable-ment plus faible que celle de nospartenaires.

Que la conjoncture internationa-le ne soit pour rien dans le change-ment de régime de croissance qu’aconnu la France depuis 1997 se com-prend aisément lorsqu’on analyseles moteurs de cette accélération. Ilssont tous strictement internes : uneconsommation dopée par des créa-tions d’emplois exceptionnelles ; uninvestissement stimulé par une con-sommation très dynamique.

Sous les gouvernements Balladuret Juppé, les créations d’emploisétaient faibles, le chômage augmen-tait (+ 200 000 en 4 ans) et la con-

sommation des ménages augmen-tait à peine (0,9 % par an en moyen-ne). Quant à l’investissement, il astagné tout au long des quatreannées de ces gouvernements. S’ilest bien une période marquée par ledéclin et qui – selon l’expression deJacques Chirac n’a « pas préparél’avenir », c’est bien celle-ci.

Depuis l’été 1997, en revanche, laFrance a changé de visage. La con-sommation a augmenté de 3,3 %par an et l’investissement de 5,3 %.Quant à l’emploi, sa progression estsans commune mesure avec celledes années antérieures, et quasi-ment sans précédent dans le passé.

Jamais en effet au cours du siècleécoulé, notre économie n’aura crééautant d’emplois en si peu detemps : 1,8 million en quatre ans etdemi et vraisemblablement 2 mil-lions en cinq ans, alors que seule-ment 5 millions d’emplois ont étécréés en France en un siècle. Avecrespectivement 540 000 et580 000 créations nettes d’emplois,les années 1999 et 2000 resteront lesrecords du XXe siècle. Records queseule l’année 1969 – avec430 000 emplois – aura approchés,mais dans un contexte de croissan-ce qui, lui, était exceptionnel (relan-ce et dévaluation massives engen-drant une croissance de 7 %).

Quand Jacques Chirac affirmeque « le chômage a certes reculé pen-dant plusieurs années, mais nousavons fait proportionnellement unpeu moins bien que les autres », soitil se trompe car il est mal informépar ses conseillers, soit il trompe lesFrançais. La baisse massive du chô-mage (930 000 chômeurs de moins)a été très nettement supérieure àcelle de nos partenaires, alorsmême qu’une démographie plusdynamique nécessitait des créationsd’emplois plus fortes pour diminuerle chômage. Le taux de chômage abaissé de 3,4 points en France et seu-lement de 1,9 en Allemagne, 2,3 en

Italie et 2,1 au Royaume Uni (ils’agit toujours de la période : 2e tri-mestre 1997 inclus au 3e trimestre2001).

Quand on en vient aux promes-ses, les chiffres de la droite sont enrevanche plus flatteurs : la plate-for-me de l’Union en mouvement(UEM) ne se fixe-t-elle pas un objec-

tif de croissance de 3 % en moyennepour les cinq années à venir ? C’estla croissance qu’a réalisée le gouver-nement de Lionel Jospin au coursde ces cinq années, mais que Jac-ques Chirac, lui, n’a jamais pu réali-ser. Ni lorsqu’il était premier minis-tre en 1974-1976 ni dans la mêmefonction en 1986-1987 (la croissan-ce était dans les deux cas de 2,3 %en moyenne). Encore moins aucours des deux années de gouverne-ment Juppé où la France a réalisél’une des plus médiocres performan-ces (1,1 %) des 25 dernières annéesrelativement à ses partenaires.

Quant à la capacité de JacquesChirac à diminuer le chômage, onpeut en douter quand on sait que lechômage a augmenté dans toutesles périodes où il était au pouvoir,soit comme premier ministre, soitcomme président « effectif » :520 000 dans le premier gouverne-ment Chirac (mai 1974 à août 1976),150 000 dans le second (mai 1986 àmai 1988) et 160 000 sous le gouver-nement Juppé (mai 1995 àjuin 1997).

Au total, en six ans de pouvoireffectif, ce sont 860 000 chômeurssupplémentaires que Chirac peutinscrire à son passif. Le bilan descinq années Jospin, ce sont930 000 chômeurs de moins.

Retraite et épargne : ne confondons pas ! par Jean Matouk

EUT-ÊTRE les lec-teurs du Monde ont-ils été amusés parcette affaire narréeil y a quelquesjours (20, 21 et

28 février) : un auteur (ChristopheNick) qui, dans un essai, (Les Trots-kistes, Fayard) attribue l’histoirefamiliale et des souvenirs d’enfanced’un militant (Robi Morder) à un diri-geant d’une organisation différente(Daniel Gluckstein, candidat du Par-ti des travailleurs à l’élection prési-dentielle). Ce dernier lui a demandéréparation judiciaire de cette confu-sion. Puisque tout repose sur unehistoire familiale « glorieuse » dedéportés dans les camps, j’avoueque moins de gloire et moins de fan-tômes en guise de famillem’auraient mieux convenu, ainsi, jesuppose, qu’à ceux qui ont disparuou aux rescapés qui en ont conservé(et transmis) une grande souffrance.

Cette anecdote n’aurait pasd’autre portée s’il ne s’agissait qued’une simple (mais grossière) confu-sion isolée dans un gros livre deplus de 600 pages. Malheureuse-

ment, nous n’avons là que le som-met d’un iceberg d’erreurs. Voilàun livre considéré comme un « maî-tre ouvrage » (Marianne) mais quiserait considéré comme une trèsmauvaise copie par n’importe queljury d’école de journalisme ou delicence d’histoire.

Les Trotskistes ? Un « roman »d’aventures vite ficelé. Je n’infligeraipas la liste des erreurs que je tiens àdisposition et qui s’enrichit par lesremarques que me transmettentd’autres lecteurs. L’auteur n’a rienvérifié, même pas les noms de ceuxavec qui il s’entretient, comme, parexemple Bernard Schalcha devenu

pour l’occasion Didier Schalchat. Jem’interroge sur l’obsession de Nick.Il cherche des trotskistes partout,soit, mais aussi des juifs, qu’il inven-te pour l’occasion. Ainsi, on apprendqu’un leader de la gauche SFIO desannées 1920 et 1930, Jean Zyromsky,est de parents « juifs fortunés », (safille Lili, compagne de Marcel Bleib-

treu, devient du coup juive égale-ment). La simple lecture du Diction-naire biographique du mouvementouvrier (le « Maitron ») qu’il avaitsous la main sur les lieux mêmes oùil s’entretint avec Claude Pennetier(directeur du « Maitron ») auraitappris à notre « enquêteur » queZyromsky était issu de parentscatholiques. Mais, « après tout, lesjuifs attendent bien depuis 5 000 ansl’arrivée du Messie » (p. 13).

De même, on apprend que Moli-nier est élu par « les juifs du Bunddu Marais à la direction de la sectiondu PCF » (p. 176), ce qui étonnerabeaucoup ceux qui savent que lesmilitants du Bund ne sont pas mem-bres du PCF. Mais puisque Molinierhabite le Marais, et que dans leMarais il y a des juifs, que les trots-kistes sont pour beaucoup de juifs,les trotskistes font de l’entrisme auPCF, donc les juifs du Marais sonttrotskistes… CQFD.

Nick rapporte les rumeurs, sanscommentaire. Ainsi, sur un articleconcernant Cronstadt : « L’histoireattribue ce texte à Trotski lui-même.Pour Broué, c’est une légende tenace,bien qu’il ne démontre pas le contrai-re » (p. 151). « Notre enquête nenous a pas permis de vérifier la véraci-té de cette information » (p. 572).« Selon une thèse invérifiable… »(p. 271). « La rumeur veut que Louiseait vécu avec Spoulber » (p. 297).

On en vient même à induire unpeu « d’hitléro-trotskisme » :« Nombre de jeunes trotskistes sontpartis au STO » (p. 305). Pas unnom, pas un exemple cité, si ce n’estcelui de Georges Marchais. Nousdécouvrons un Centre laïque desauberges de jeunesse « financé parle RNP de Déat », alors que les CLAJsont dissous fin 1940. Suprêmeimpudence, l’auteur se permetd’écrire que pour les trotskistes pen-dant l’occupation, la question juiveétait un « détail ». Il cite certainsextraits du journal La Vérité mais,curieusement, oublie d’en citerd’autres, dont l’article paru dans lepremier numéro clandestind’août 1940, intitulé « A bas l’antisé-mitisme », qui se conclut par unappel à « organiser des groupes dedéfense ouvriers contre les bandesantisémites ». Que l’on sache, cen’était pas la position de l’extrêmedroite ; le terme utilisé par Nickn’est pas anodin pour qui se sou-vient du « point de détail » de LePen… L’amalgame est suggéré. Toutest à l’avenant. On peut tout dire,l’auteur répercute sans prendre lapeine de vérifier. Ainsi, p. 454, il estaffirmé que Boris Frankel a deman-dé à Chisserey de traduire Ecoutepetit homme de Reich. On se deman-de bien pourquoi le germanistequ’est Frankel aurait fait appel àChisserey qui lui, n’est pas germanis-te. On apprend aussi que le trotskis-te Tha Thu Tau a été maire deSaïgon. Une première ! RomainGoupil déclarerait (p. 458) : « Je vaisà la préfecture déposer les statuts (desCAL) à mon nom », Nick commen-te : « Ce cynisme à 16 ans… » Or,seul un majeur peut déposer des sta-tuts à la préfecture à son nom.

Qu’a retenu Nick des militants etdu militantisme ? Des bouts d’his-toires « croustillantes ». Où sont lesgrèves, les manifestations, les campa-gnes, les assemblées générales, lescongrès syndicaux et leurs débats ?Certes, il y a aussi – c’est indénia-ble – des « histoires d’appareil »,des querelles de pouvoir. Mais pour-quoi ne présenter (de surcroît avecun tissu d’erreurs) que cette dimen-sion ? Ne serait-ce que parce que cet-te vie quotidienne, ce militantismede terrain n’est pas « vendable » ?Dans le livre ne reste qu’un romand’espionnage, un théâtre d’ombres.

E financement desretraites va être aucœur de la campa-gne présidentielle.Jacques Chiracvient de proposer

la création de fonds de pension à lafrançaise et Lionel Jospin a plu-sieurs fois évoqué la question endonnant la priorité à la retraite parrépartition, mais sans écarter l’idéed’un complément sous forme decapitalisation.

Aux systèmes par répartition durégime général de la Sécurité socia-le et des retraites complémentairesdes cadres et des employés, à lasomme desquels équivalent les régi-mes spéciaux des entreprises natio-nalisées et, par le biais du budgetde l’Etat, celui des fonctionnaires,devrait s’ajouter une dernièrecomposante : les retraites consti-tuées individuellement par capitali-sation, notamment à travers lesfonds de pension et l’épargnesalariale.

A l’appui de cette proposition,classique à droite, mais nouvelle àgauche, on souligne l’absence defonds de pension français et l’acca-parement par les fonds de pensionétrangers, notamment américains,d’une part croissante du capital desgrandes entreprises françaises,détenues, il est vrai, aujourd’hui, à20 ‰ environ, par des investisseursétrangers. On ajoute qu’il est sainque les salariés, par le biais desfonds de pension, deviennentactionnaires des entreprises.

Il convient cependant d’éviterune regrettable confusion dans l’es-prit du public.

Depuis l’aube des temps, quandle souci de l’entretien des vieillards

n’était pas écarté par la mort préco-ce, le suicide ou le géronticide,ceux-ci ont été entretenus par letravail des actifs, sans toutefoisqu’ils perdent toute activité : on leschargeait des tâches matérielles lesmoins rudes ou, plus dignement,on utilisait leurs savoirs botanique,climatique ou guerrier, ou mêmeon les érigeait en demi-dieux com-me dans certaines tribus de pas-teurs d’Afrique de l’Est. Nos loin-tains ancêtres n’étaient pas atteintsdu virus des préretraites qui agagné la France !

En tout cas, la solidarité inter-générationnelle est aussi vieille quel’humanité. La retraite par réparti-tion en est l’héritière directe dans

nos sociétés vastes et diversifiées.Elle prend une forme différentemais reste un lien social essentiel etdoit donc être au cœur de tout pro-jet socialiste. Elle doit donc assurerà la plus grande masse descitoyens, un niveau de vie équiva-lent à celui dont ils ont bénéficiédans les dernières années de leurvie active ou encore un taux deremplacement de 75 ‰ ou 80 ‰.

Son travail en tant qu’actif ayantété socialement validé par son

salaire, dont la partie indirecte afinancé les retraites des inactifsd’alors, le retraité devient légitime-ment ensuite bénéficiaire de lamême solidarité. Sur le plan pure-ment économique, ce salaire indi-rect est immédiatement transfor-mé en revenu, donc en consomma-tion, et la pension du retraité estgarantie par le renouvellementdémographique.

A l’opposé, la retraite par capitali-sation est au cœur même du projetindividualiste, celui pour lequel lasociété est d’abord une juxtaposi-tion d’individus. Chacun se consti-tue la retraite qu’il veut ! Tel est leprincipe très libéral de cette retrai-te. Chacun se constitue la retraite

qu’il peut ! Telle est sa premièreréalité. Chacun bénéficiera de laretraite qu’auront su lui ménagerles gestionnaires des fonds. Telleest sa seconde réalité, dont les failli-tes d’Enron et, il y a quelquesannées, du groupe Maxwell, ontmontré la version tragique.

Economiquement, cette épargneest un prélèvement sur la consom-mation et le niveau de pension duretraité dépend évidemment de seschoix de placement et de la qualité

de la gestion du dépositaire de sesfonds.

Pour maintenir la solidité de laretraite par répartition, les socialis-tes n’ont pas d’autre choix qued’ajuster les durées de cotisationsaux réalités de la démographie. Laconstitution d’un fonds public ali-menté par le budget de l’Etat est

une solution boiteuse, surtout sielle est fondée, comme vient de leproposer Jacques Chirac, sur desprivatisations qui devraient alorsatteindre des services publics essen-tiels dont le privé est incapable d’as-surer la fourniture universelle etéquitable.

Pour consolider la retraite parrépartition, il faut aligner à40 annuités, la durée de cotisationdes agents de l’Etat, et porter peut-être en 15-20 ans la durée commu-ne à 42 ou 43 ans, durée nécessaireà la génération 1975 pour bénéfi-cier en 2040 de son taux plein deretraite. Cet allongement (théori-quement de 2 à 3 mois par an) estd’ailleurs cohérent avec l’allonge-ment de la durée de vie en meilleu-re santé. Il est également justifiépar la nécessité d’augmenter notretaux d’activité. La faiblesse de cedernier, notamment au-delà de55 ans, explique, à elle seule,qu’avec une productivité plus éle-vée que les autres pays notre placeen termes de PNB par habitant nesoit aujourd’hui que la 12e sur lesQuinze européens.

Des compensations (comme l’in-clusion de leurs primes dans l’as-

siette de la pension pour les fonc-tionnaires) ou assouplissementspeuvent être trouvés, pour lesmétiers pénibles, à l’allongementde la durée de cotisation, commece fut le cas il y a soixante-dix anspour les machinistes de locomoti-ves à charbon ou les mineurs.

Par ailleurs, la vraie modernitéconsisterait à prévoir aussi une oudeux années sabbatiques par vieactive qui aideraient à supporter ladurée allongée de celle-ci. Enfin, la« formation tout au long de la vie »,adoptée à gauche comme à droite,ne devrait-elle pas permettre auchauffeur routier ou au traminotde changer d’emploi vers la quaran-taine, au lieu de revendiquer laretraite à 55 ans ?

Sa retraite ainsi constituée parrépartition, chaque citoyen est évi-demment libre de se constituerindividuellement, en sus, une épar-gne qui viendra, le cas échéant, à lafin de sa vie active, augmenter sonniveau de vie ou, tout aussi bien,pourra lui permettre de financerun achat important ou de transmet-tre un patrimoine à ses enfants.Mais, d’un point de vue socialiste,ce capital ne doit pas être nécessai-re au maintien de son niveau de vieaprès cessation d’activité.

Que l’épargne soit fiscalementstimulée, que la petite épargne lesoit un peu plus, qu’en son seinl’épargne en actions le soit plus spé-cialement pour inciter effective-ment à l’actionnariat salarié, riende cela n’est contraire aux idéauxsocialistes. Mais une telle politiquede l’épargne doit être clairementdistinguée de la constitution obliga-toire d’une retraite complète parrépartition.

Christophe Nickcherche destrotskistes partout,mais aussi desjuifs, qu’il inventepour l’occasion

Avec un demi-point en pluschaque année que la moyennede nos partenaires de la zone euro,les années Jospin auront effacéle déclin des années Balladur-Juppé

Pour maintenir la soliditéde la retraite par répartition,les socialistes n’ont pas d’autre choixque d’ajuster les durées de cotisationsaux réalités de la démographie

Le Protocoledes Sages de Léonpar Robi Morder

Croissance : Jacques Chirac fâchéavec… la réalité par Pierre-Alain Muet

, juriste et politiste,est chargé de cours à l’université deVersailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ;il est militant de la Liguecommuniste révolutionnaire.

L est professeurd’économie honoraire.

PS Croissance annuelle du PIB en France et en Europe pendant les périodes des gouvernements Balladur-Juppé et Jospinen %

Sources : comptes trimestriels Eurostat. Périodes : Balladur-Juppé : du 2e trimestre 93 inclus au 2e trimestre 97 ; Jospin : du 3e trimestre 97 inclus au 3e trimestre 2001

L'EFFET JOSPIN

1,5 2,9 2,1 2,4 1,6 1,7 2,0 1,9 3,4 2,7

FranceBalladur-

JuppéJospin

Zone eurohors France

Balladur-Juppé

Jospin

AllemagneBalladur-

JuppéJospin

ItalieBalladur-

JuppéJospin

Royaume-UniBalladur-

JuppéJospin

- est professeurd’économie à l’Ecole polytechnique,adjoint (PS) au maire de Lyon. Il estchargé du programme économiquede Lionel Jospin.

H O R I Z O N S D É B A T S

Page 17: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/19

Suite de la première page

L’américanisation de Muham-mad Ali est d’une rare ironie. Elles’inscrit dans le cadre plus vasted’une autre histoire, qui serait cellede la récupération des mouve-ments de contestation artistiqueset politiques par l’establishmentaméricain.

L’homme qui prétend avoir jetédans l’Ohio River sa médaille dechampion olympique des mi-lourds, acquise aux Jeux de Romeen 1960 – il l’avait en réalité éga-rée –, a allumé la flamme des Jeuxd’Atlanta en 1996. L’homme qui arefusé de combattre au Vietnam ets’était vu pour cela retirer son titrede champion du monde en 1967 asoutenu en 2001 l’effort de guerreaméricain en Afghanistan. Un gestesalué par Jack Valenti, président dela MPA, le lobby des studios de ciné-ma américain, ancien conseiller duprésident Johnson et grand parti-san de l’engagement américain auVietnam. L’homme qui promettaitde ne jamais frayer avec l’Amériqueblanche apparaît aujourd’hui à tou-tes les réceptions officielles en bonpère de famille, comme un Mickeygrandeur na- ture venu accueillirles familles à Disneyland. L’Améri-que ne peut plus embaumer ses pré-

sidents, n’a jamais respecté ses intel-lectuels. Elle est maintenant prête àavaler ce symbole vivant qu’elle aeu en travers de la gorge pendantau moins dix ans, de 1964 à 1974,date à laquelle Ali retrouve son titrecontre George Foreman à Kin-shasa, au Zaïre.

On dit souvent aux Etats-Unisqu’une génération a le président etle champion du monde des poidslourds qu’elle mérite. Et il fut effecti-vement une époque où les portraitsde Joe Louis et Rocky Marciano trô-naient dans les bars et les salons, àcôté de ceux de John Fitzgerald Ken-nedy et de Franklin Roosevelt.L’imagination a souvent été le prin-cipal moteur de la popularité d’unpoids lourd. On voyait autrefois lesimages d’un combat dans les actua-lités au cinéma, mais les champion-nats du monde étaient surtoutretransmis à la radio, accentuant ladistance entre le champion et lepublic. Mais comment la gestuelled’Ali, son visage de mannequin, sonphrasé si particulier, son regard aus-si aigu auraient-ils pu s’exprimerautrement qu’à la télévision ? Cemédia semble avoir été inventépour lui.

Ali inaugurait un âge nouveaud’une boxe médiatique et compre-nait instinctivement que sa renom-mée passerait autant par son style,incomparable, que par sa capacité àassurer sa promotion dans le grandcirque de la société de spectacle.« Il faut être beau et bruyant pour

que les gens gardent leur cul sur leurdivan », répétait souvent le boxeur.

La conquête du titre de cham-pion du monde par Ali contreSonny Liston en 1964 est l’un desévénements (américains) les plusmarquants de l’après-Kennedy, quiinaugure une ère du soupçon où laconfiance des Américains en leursdirigeants ne sera plus jamais lamême. Ali aura bien été le cham-pion, exemplaire, de cette ère dusoupçon. Son ascension marque lafin de la mainmise de la pègreblanche sur la boxe, dirigée par lelégendaire Frankie Carbo, au profitd’une mafia noire dont le plus illus-tre représentant est Don King, orga-nisateur de tous les combats d’Alide 1974 à sa retraite en 1981.

« »Rarement combat aura été

autant chroniqué que le combat Ali-Liston, dont le déroulement demeu-re encore aujourd’hui toujours aus-si incertain. Pourquoi Liston, répu-té invincible, donné largement favo-ri par les bookmakers, abandon-ne-t-il à l’appel de la septième repri-se d’un combat qu’il peut encoregagner ? Comment expliquer soncomportement apathique sur lering ? Que signifiait la crise de nerfsd’Ali en plein milieu du combat ?Cette somme d’éléments trou-blants ne pouvait manquerd’éveiller la suspicion. On commen-ce par bloquer la bourse de Liston.Une commission est nommée pour

tenter d’assembler quelques piècesdu puzzle et conclure que l’épauleprétendument douloureuse de Lis-ton explique son abandon. Le com-bat-revanche entre les deux hom-mes, en 1965, apparaît encore plusétrange. Liston est mis KO au pre-mier round, d’un coup que per-sonne n’a vu. Le désormais fameux« coup invisible », qui provoque àl’époque la colère du public. NickTosches dans Night Train, son admi-rable biographie de Sonny Liston,démonte avec précision les méca-nismes de ces deux combats etapporte des preuves irréfutables demanipulations liées à des paristruqués.

De ces deux combats, Ali décla-rera plus tard, dans un rare élan delucidité : « Mes combats contreListon étaient immenses, mais ce der-nier les a rendus tout petits, et moiavec. » Le plus grand n’était, effecti-vement, pas si grand. Tout aussidouteux sont ses combats livrés en1974 contre Joe Frazier, en 1976contre Ken Norton et en 1977contre Ernie Shavers, qu’Ali rem-porte aux points sur une décisionà chaque fois contestable. Cham-pion des apparences, Ali a toujourscapitalisé sur l’avènement de laboxe spectacle. Principal acteur dece système, il a été protégé par tousles moyens, y compris illicites. Encela, Muhammad Ali est le premierboxeur moderne.

Samuel Blumenfeld

PLUS que jamais, la femmesemble être l’avenir de l’hom-me politique. Il suffit, pour s’enconvaincre, d’observer la coureffrénée, plus assidue quejamais, que la plupart des can-didats à l’élection présidentiel-le ont décidé de faire aux élec-trices en cette journée du8 mars. Ou de constater le rôlede plus en plus significatif jouépar les épouses des candidats,ou du moins des deux princi-paux d’entre eux, tant l’affron-tement entre Jacques Chirac etLionel Jospin se double d’unecompétition d’image, de styleou de génération entre Berna-dette et Sylviane.

Dans un pays qui avait de lapolitique et des affaires publi-ques une conception aussi viri-le, voire patriarcale, cet embal-lement en dit long sur les muta-tions de la société française. Unbon demi-siècle après avoirobtenu le droit de vote, les fem-mes ont progressivement con-quis leur autonomie électoraleet se sont émancipées. Depuisune vingtaine d’années, ellesne votent plus comme on leurdit de voter, mais comme ellesl’entendent. Tout y a contri-bué : leur accès massif à l’ensei-gnement supérieur et l’intérêtpour la politique qui l’accompa-gne ; leur place croissante dansle monde du travail et l’engage-ment que cela favorise ; ladésaffection à l’égard de la reli-gion dont la pratique était leplus souvent associée à un voteconservateur.

Si l’on ajoute que les fem-mes sont majoritaires dansl’électorat (23 millions, contre20 millions d’hommes), l’enjeuest de taille. Lionel Jospinl’avait parfaitement comprisen 1997 en faisant passer par

les femmes le renouvellementde génération de la gauche ; ens’entourant au gouvernementde fortes personnalités fémini-nes quand le nom de son prédé-cesseur était piteusement asso-cié aux « juppettes » (ces fem-mes ministres renvoyées sansménagement dans leur foyersix mois seulement après avoirété nommées) ; puis en inscri-vant dans la Constitution, mal-gré la droite, le principe de laparité politique. Le bouscule-ment est lent, certes, puisquel’on ne compte encore que 10 %de femmes à la tête des munici-palités ou parlementaires.Mais il est tracé.

Reste l’essentiel, comme entémoigne le sondage de laSofres réalisé pour Le Monde :pour près de trois femmes surquatre, la priorité, désormais,est la promotion de l’égalitéprofessionnelle et, pour plus dela moitié, la lutte contre les vio-lences conjugales. Au-delà dela parité, l’égalité donc. Et lamixité. On en est loin : les fem-mes restent sensiblement plustouchées par le chômage, nette-ment moins bien payées à qua-lification égale (l’écart avec leshommes est de 20 %), beaucoupmoins nombreuses (à peine unquart) à accéder aux postes deresponsabilité.

Or on touche là, à l’éviden-ce, aux forteresses les plus inex-pugnables du patriarcat, auxinégalités les plus redoutables,tant elles sont quotidiennes,domestiques, intimes, inscritesdans les mentalités. C’est bien,désormais, l’application auxfemmes des droits de l’hommequi est en jeu. Les femmes ontfavorisé le renouvellement dela société politique. Reste celuide la société elle-même.

Pornographie PAR SERGUEI

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0123

Femmes en politique

RECTIFICATIFS

LIONEL JOSPIN. L’article consa-cré au comité de soutien de LionelJospin (Le Monde du 8 mars) conte-nait une erreur : le physicien etPrix Nobel de physique cité s’appel-le Claude Cohen-Tannoudji, etnon pas Laurent Cohen-Tanugi,juriste et avocat – aucun des deuxne fait partie de la liste des sou-tiens du candidat.

JORGE CASTANEDA. La photogra-phie publiée avec l’article de Jean-Michel Caroit sur les candidatscubains à l’exil ayant occupé l’am-bassade mexicaine à Cuba (Le Mon-de du 2 mars) était fausse : ellereprésentait non pas l’actuel minis-tre des affaires étrangères du Mexi-

que, Jorge Castaneda, mais sonpère, Jorge Castaneda, ministre de1979 à 1982.

BOSSA-NOVA. Dans l’article inti-tulé « Jacques “le crooner” etLionel le “monocorde”, rois de labossa-nova », paru en « une »(Le Monde du 2 mars), la référenceà Roberto Gil comme chanteur typi-que de bossa-nova était erronée. Ilaurait mieux valu évoquer AntonioCarlos Jobim ou Joao Gilberto.

ENCYCLIQUE. Dans la rubriqueCourrier (Le Monde du 7 mars), unlecteur attribue à Pie XII l’ency-clique Mit brennender Sorge (Avecune inquiétude brûlante). Ce texte,publié en allemand le 14 mars1937, est l’œuvre de Pie XI.

Ali, le premierboxeur moderne

UN HIVER de la deuxième guerre mondiale,une poignée de soldats russes à cheval s’égareen Moldavie, à l’époque territoire appartenant àla Roumanie. Bloqués devant la rivière du Dnies-tr, et malgré le froid sévère, ils décident de la tra-verser. Mais, soudain, alors qu’ils avaient atteintle milieu de la rivière, la température descendbrusquement en dessous de zéro. En quelquessecondes, les eaux glacent avec les soldats figéssur leurs chevaux. Un tableau digne d’illustrer leglacis d’un pays entier.

La Moldavie, pays grand comme la Belgique,est enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine. Surles 4 millions de Moldaves, deux tiers sont d’ori-gine roumaine, un tiers d’origines russe et ukrai-nienne. Depuis la mi-janvier, le dialogue entreces communautés semble compromis. La majori-té des roumanophones ont pris d’assaut le cen-tre-ville de Chisinau, la capitale, pour protestercontre les tentatives de russification du gouver-nement communiste. Il s’agit principalement del’introduction de la langue russe comme langueobligatoire dans les écoles moldaves et de lacréation d’un nouveau manuel d’histoire rappe-lant l’époque soviétique.

Plus qu’un problème linguistique, la réintro-duction de la langue russe dans les écoles mol-daves est ressentie par les roumanophones com-me le couteau dans la plaie. L’histoire remonteà 1938, lorsque l’Allemagne nazie et l’Unionsoviétique signèrent le traité Ribbentrop-Molo-tov. Dans une clause secrète de ce traité, contes-tée actuellement à Bucarest, il fut convenu quel’URSS annexe la moitié de la Moldavie, régionsituée à l’est de la Roumanie. Ce plan se concré-tisa en 1940, lorsque l’Union soviétique parta-gea la Moldavie roumaine en deux et intégra lapartie orientale dans les frontières de sonempire.

C’est une des raisons pour lesquelles les diri-geants roumains de l’époque jugèrent opportunde s’allier avec l’Allemagne nazie pour libérer laMoldavie en 1941. Mais le maréchal Ion Anto-nescu, qui gouvernait la Roumanie d’une mainde fer, ne sut pas s’arrêter à temps et continua laguerre aux côtés des nazis jusqu’en 1944. C’est

ainsi que, à la fin de la seconde guerre mondiale,la Moldavie fut à nouveau intégrée à l’Unionsoviétique. Sur l’ordre de Staline, l’intelligentsiaroumaine était déportée en Sibérie, tandis quele contrôle de l’administration passait entre lesmains des nouveaux colons d’origine russe.Transformée en République soviétique, la Mol-davie dut renoncer à la langue roumaine aubénéfice de la langue russe, décrétée seule lan-gue officielle. Cinq décennies de propagandecommuniste ont-elles suffi à convaincre les Mol-daves qu’ils étaient un peuple à part qui parlaitune langue différente du roumain ?

En 1991, après l’effondrement de l’URSS, laMoldavie est devenue pays indépendant. Troisans plus tard, le roumain est redevenu l’uniquelangue officielle. Mais les mafias locales, quiremontent souvent jusqu’à Moscou, ont pris devitesse la classe politique émergente, faisant dela Moldavie le pays le plus pauvre en Europe,avec un salaire mensuel moyen de 30 euros. Lasdes sacrifices, les Moldaves se sont tournés, enfévrier 2001, vers un Parti communiste gan-grené qui a su les séduire par son discours popu-liste. Aujourd’hui, les roumanophones se révol-tent contre les tentatives de russification et récla-ment des élections anticipées. Malgré la marchearrière à laquelle s’est vu contraint le gouverne-ment en annulant ses propres décisions, lesmanifestants radicalisés demandent la démis-sion en bloc du pouvoir communiste. Cettesituation explosive embarrasse la Roumanie,qui espère intégrer l’OTAN à l’automne.

Le premier ministre roumain, Adrian Nastase,s’est rendu fin février à Moscou pour assurerson homologue russe que son pays n’intervien-drait pas dans les problèmes internes moldaves.Il fut assuré à son tour que la Russie ferait demême. Pourtant, deux jours plus tard, la Doumaaccusait explicitement la Roumanie d’intervenirdans la politique moldave. « Nous sommesinquiets à cause des tentatives de la Roumanied’intervenir dans les problèmes moldaves, lit-ondans le communiqué de la Douma. Le gouverne-ment roumain fait preuve d’irrespect envers la sou-veraineté moldave. »

Ce n’est pas la première fois que les relationsroumano-russes sont marquées par le doublelangage. Mais le ton de plus en plus aigre entreles diplomaties des deux pays est une premièredepuis la fin de la seconde guerre mondiale.Malgré les discours, la Russie reste perçuecomme une menace permanente par les Rou-mains, qui aspirent à une intégration rapidedans l’Alliance atlantique, la seule qui, à leursyeux, pourrait les protéger des réactions impré-visibles de Moscou.

Malgré sa petite taille, la Moldavie devient ain-

si une pièce dans la stabilité en Europe du Sud-Est. Ni l’Europe ni les Etats-Unis n’ont envie dese retrouver avec un nouveau conflit sur les brasdans une zone encore marquée par l’éclatementde la Yougoslavie. Le rapport de plus en plus ten-du entre un pouvoir figé dans ses erreurs et desmanifestants radicalisés risque de débouchersur un conflit violent. Auquel cas la Roumaniepourrait s’impliquer pour de bon dans les pro-blèmes moldaves afin de protéger les roumano-phones majoritaires.

Une nouvelle Bosnie se profile-t-elle à l’hori-zon ? Pour l’instant, il n’en est pas question.Mais la menace est réelle. La Moldavie sembleavoir épuisé toutes les formules politiques etéconomiques. Le Fonds monétaire international(FMI) et la Banque mondiale refusent de négo-cier avec un gouvernement communiste qui a legoût de la dictature. Par ailleurs, le statut de laRoumanie, en tant que pays candidat à l’Unioneuropéenne, attire de plus en plus de Moldaves.Depuis le 1er janvier, date à laquelle l’espaceSchengen a ouvert ses portes aux Roumains, lesMoldaves roumanophones considèrent que l’Eu-rope occidentale commence à Bucarest. Pour-tant, la Moldavie n’aura jamais été aussi loin del’Europe. Si Tintin s’y rendait aujourd’hui, ilretrouverait sa Syldavie, un pays aussi mysté-rieux que le sont des chevaux glacés au milieud’une rivière.

Mirel Bran

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sansl’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437

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Turbulences en Moldavie, tensions Moscou-Bucarest

H O R I Z O N S A N A L Y S E S

Page 18: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

20/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

LVMH accuse une chute de20 % de son résultat opérationnelen 2001. Comment expliquez-vous ce résultat ?

Les résultats s’expliquent par l’im-pact négatif des secteurs de la distri-bution sélective et de Phillips. Tousnos produits de luxe, y compris lesvins et spiritueux, ont réalisé unrésultat 2001 stable par rapport aurésultat de 2000, lui-même en haus-se de 35 % sur l’année précédente.C’est une excellente performancedans le cadre d’une récession mon-diale, aggravée par les événementsdu 11 septembre. Aujourd’hui,nous prévoyons un rebond deLVMH dès le deuxième semestre.

Croyez-vous à une reprise del’économie mondiale ?

Nous assistons à une sortie decrise plus molle que les précéden-tes. Je m’attends à une lente repriseau deuxième semestre, en suppo-sant qu’il n’y ait pas d’accidents géo-politiques. Je ne m’attends pas à ceque le Japon soit frappé par une cri-se systémique. Je ne vois pas le yendescendre beaucoup plus.

Avez-vous l’intention de ven-dre la distribution sélective en2003, comme l’affirment desrumeurs boursières ?

Le problème ne se pose pas ences termes. Notre intention est demettre définitivement ces affairessur les rails de la rentabilité. PourDuty Free Shoppers (DFS), nousavons fait des économies de coûtsde 100 millions de dollars, en fer-mant les magasins non rentables eten renégociant les frais de conces-sion avec les aéroports. Cela s’esttraduit par des provisions dansl’exercice 2001. Sephora est sortiedu marché japonais et allemand, cequi en a fait en Europe une entrepri-se rentable. Aux Etats-Unis, nousavons rectifié le tir : les magasinsouverts depuis fin 2000, de tailleplus petite, aux loyers moins élevés,sont déjà rentables. La croissance yest actuellement supérieure à 20 %.Les résultats de Sephora serontpositifs dès 2003.

Pourquoi avez-vous choisi decéder Phillips, deux ans seule-ment après l’avoir acheté ?

J’avais été séduit par l’idée d’unemaison de vente aux enchères pluspetite et plus efficace que les deuxgrands du marché, Christie’s etSotheby’s. Nous avons monté cettestructure dans le cadre de LVMH,entraînant une confusion malheu-reuse aux yeux de la clientèle. Beau-

coup ont pensé aux « poches pro-fondes » de LVMH et ont demandédes garanties financières plus lour-des que prévues. Désormais auto-nome, je pense que Phillips va deve-nir un compétiteur redoutable.Pour LVMH, il n’est plus stratégi-que de développer ce métier.

Cette cession ainsi que celledes actions Gucci à PPR vontréduire à quel niveau le taux d’en-dettement du groupe ?

La vente des actions Gucci nous apermis de faire rentrer 2,1 milliardsd’euros. Notre taux d’endettementest inférieur à 80 % des fonds pro-pres. Notre objectif est de nousappuyer sur la fantastique capacitédu groupe à générer du cash-flow,grâce notamment à la mode, lamaroquinerie et les vins et spiri-tueux, pour arriver, d’ici trois ans, àun endettement inférieur à 50 %.Nous sommes le seul groupe de

luxe à avoir de nombreux actifsexceptionnels non valorisés. LouisVuitton, la plus grande marque deluxe au monde par sa rentabilité,n’est pas valorisée du tout dans lebilan de LVMH, pas plus que DiorParfums, Moët & Chandon, DomPérignon, Hennessy… La capitalisa-tion boursière de LVMH est bieninférieure à la valeur de ses actifs !

Vous avez indiqué vous concen-trer sur votre cœur de métier.Avez-vous les moyens de conti-nuer d’entretenir un bataillon demarques telles que Loewe,Céline, Lacroix, quand vous avezdes stars comme Vuitton, Guer-lain ou Kenzo ?

Sur les cinq dernières années,nous avons constitué un porte-feuille, unique au monde, d’une cin-quantaine de marques. La phased’acquisitions est achevée. Nousallons concentrer nos investisse-ments sur les marques existantes,les affaires dont la réussite est prou-vée. Pour être dans la catégorie desmarques-stars, d’un point de vueéconomique, il faut présenter unerentabilité opérationnelle supé-rieure à 20 % depuis au moins dixans. Nous continuerons à investirmassivement sur Louis Vuitton, sur

Fendi, afin qu’elle devienne la pre-mière marque italienne. L’américai-ne Donna Karan est destinée à sui-vre le formidable modèle écono-mique d’Armani, nous avonsd’ailleurs placé à sa tête GiuseppeBrusone, l’ancien directeur généralde cette marque d’exception.Quant à Dior, l’engouement pourcette marque ne se dément pas,tant dans les parfums que dans lamode. C’est le fruit d’un travail dedix ans. Ses ventes de mode ontaugmenté de 50 % sur les deux pre-miers mois de 2002. Le magasinDior, avenue Montaigne, réaliseplus de 50 000 euros de chiffre d’af-faires au mètre carré. Dans les par-fums et cosmétiques, grâce à Dior,nous avons acquis un leadership enEurope. Nous voulons maintenantobtenir la même place de numéroun aux Etats-Unis et au Japon.

Pourquoi avez-vous mis si long-temps à donner les moyens de sedévelopper à certaines de vosmarques ?

Je suis très étonné d’avoir des cri-tiques sur ce thème. Dans le luxe ilfaut beaucoup de temps et beau-coup de cash-flow pour bâtir unemarque. Ceux qui copient notremodèle de développement sous-estiment ce fait. Les vrais concur-rents de LVMH sont le groupeRichemont, bâti autour d’une mar-que superstar, Cartier, ou des entre-prises pure player telles qu’Hermès,Bulgari, Chanel. Ceux-là traverse-ront la crise renforcés.

Le marché du luxe n’est-ilpas durablement bouleverséaprès les événements du 11 sep-tembre ?

Le 11 septembre a jeté un froidglacial sur l’économie mondiale.Cela a entraîné un réajustementdes marchés boursiers et uneremise à plat de la valeur des entre-prises. Les investisseurs sont reve-nus à des basiques : le cash flowd’une entreprise, son résultat opéra-tionnel, les capitaux engagés. Dansle luxe, on va voir émerger lesvraies valeurs. Nous avons chezLVMH plusieurs marques très ren-tables : Moët & Chandon, Hennes-sy, les montres Tag Heuer, Dior,Louis Vuitton, Kenzo et bientôt Fen-di. Je table sur une croissance quiva nous permettre de doubler nosrésultats opérationnels et la valeurde l’entreprise sur cinq ans.

Propos recueillis parVéronique Lorelle

« La capitalisationboursière de LVMHest bien inférieureà la valeurde ses actifs. »

Bernard Arnault, président de LVMH

« La phase d’acquisitions est achevée »

Six mois après avoir pacifié leurs rapports, les - du luxe, Bernard Arnault et FrançoisPinault, font leurs comptes. Leurs groupes respectifs,le numéro un mondial du luxe LVMH et le groupe de

distribution Pinault Printemps Redoute (PPR), pro-priétaire de Gucci, ont présenté des résultats en net-te pour l’exercice 2001. Ces résultatssont la conséquence de la stratégie croisée menée

par les deux rivaux, qui ont chacun tenté d’allerdéfier l’autre sur son terrain d’origine. Dans un entre-tien au Monde, M. Arnault explique que LVMH, aprèsavoir fait beaucoup d’, va se concen-

trer désormais sur le développement de la cinquan-taine de qu’il possède. Autre grand nomdu luxe, le joaillier italien Bulgari a décidé de se diver-sifier, lui, dans l’hôtellerie de haut de gamme.

SIX MOIS après avoir signé l’ar-mistice, les frères ennemis du luxe,Bernard Arnault et FrançoisPinault, font leurs comptes. Leursgroupes, LVMH et Pinault Prin-temps Redoute (PPR), deux starsde la croissance rentable, semblenten panne. LVMH a annoncé, ven-dredi 8 mars, une forte chute deson bénéfice net, qui passe de722 millions d’euros en 2000 à seu-lement 10 millions en 2001. Lerésultat opérationnel, lui, est enbaisse de 20 %. PPR, qui affichaitrégulièrement des progressions àdeux chiffres de ses résultatsdepuis cinq ans, accuse pour 2001une baisse de 1,9 % de son résultatnet, à 752,7 millions d’euros.

Ces résultats reflètent la straté-gie croisée menée par les deuxgroupes. D’un côté, LVMH, numé-ro un mondial du luxe, s’est lancé àmarche forcée dans la distribution,avec l’acquisition de Duty FreeShoppers (DFS), de Sephora ou deLa Samaritaine. L’idée était de maî-triser les canaux de distribution deson important portefeuille de mar-ques, pour mieux en contrôlerl’image et les marges.

De l’autre côté, PPR a accomplile chemin inverse. Groupe de distri-bution spécialisée (FNAC, Prin-temps, Conforama, La Redoute,Rexel…), il a fait une entrée toni-truante dans le monde du luxe en1999, en soufflant le groupe Gucci

à la barbe de… LVMH. Trois ans etdeux séismes économiques plustard – la crise asiatique et les événe-ments du 11 septembre –, les deuxgroupes sont contraints de consta-ter les dégâts. LVMH et PPR ontsubi de plein fouet le ralentisse-ment aux Etats-Unis et la baisse dela demande dans le secteur du luxequi a suivi.

« Il y a cinq ans, nous n’étions nien Amérique du Nord, ni dans leluxe. Si nous avions gardé le mêmepérimètre, nous aurions certaine-ment été aujourd’hui moins touché,reconnaît Serge Weinberg, le prési-

dent du directoire de PPR. Mais cequi a pu paraître comme une fai-blesse en 2001 constitue le meilleurgage de croissance pour le futur. »Le groupe Pinault a rappelé sonobjectif d’accroître la rentabilitédes capitaux investis, estimant que« 30 % du chiffre d’affaires n’est pasà un niveau de rentabilité satisfaisan-te ». PPR, qui a l’intention de consa-crer un milliard d’euros par an à denouvelles acquisitions, a cependanttenu à souligner qu’elles ne consti-tueraient pas, à elles seules, lesmoteurs de sa croissance.

Gucci, cependant, a conservé

1,71 milliard de dollars (1,36 mil-liard d’euros) sur les 3 milliardsapportés par PPR au moment durachat, pour poursuivre sa straté-gie de transformation en groupemultimarque. Pour l’heure, la grif-fe italienne dirigée par Domenicode Sole et Tom Ford a surtout àcœur de redresser sa plus belle pri-se, Yves Saint Laurent, désormaistotalement à elle depuis le retraitdu couturier. La relance de la mar-que a entraîné 75 millions de dol-lars de pertes et le point mort n’estpas envisagé avant 2004. Cepen-dant, globalement, Gucci a amélio-ré sa rentabilité en 2001. M. deSole a réaffirmé, jeudi 7 mars, quele groupe tiendrait ses objectifs.

Les hypothèses de PPR pour2002 restent malgré tout pru-dentes. « Mais l’ensemble desefforts réalisés, des transformationsen cours, des investissements pourl’avenir me rendent optimiste,d’autant plus que tout rebond del’activité aura un impact très positifsur nos résultats, commenteM. Weinberg. Dans le luxe, la ten-dance est meilleure que lors desdeux derniers mois de 2001. »

LVMH, lui, après avoir tenté deredresser la situation de sa filialeaméricaine de distribution DFS etd’internationaliser Sephora, a dû serésoudre à reconnaître l’échec desa diversification dans la distribu-tion. Si les ventes des parfumeries

Sephora ont crû de 23 % en 2001,celles de DFS, dont les magasinssont pour l’essentiel implantés enAsie et aux Etats-Unis, ont diminuéde 10 % sur l’ensemble de l’annéeet de 33 % sur le seul dernier trimes-tre. Sephora s’est retiré des mar-chés les plus déficitaires, le Japon etl’Allemagne. M. Arnault a annoncé,vendredi 8 mars, qu’il avait assignéà DFS un objectif de retour à la ren-

tabilité dès le second semestre de2002, et en 2003 pour Sephora. Uneprovision de 1 milliard d’euros aété constituée dans les comptes2001 pour les restructurations deDFS et de Sephora, ainsi que pourla dévalorisation d’actifs de DFS etde la maison de ventes aux enchè-res Phillips, qui grevait ses comptesd’une perte opérationnelle de

100 millions d’euros, et dont LVMHa cédé la majorité récemment.

Il s’agit d’un solde de toutcompte pour le pôle distribution,dans l’attente que son redresse-ment permette au groupe de le ven-dre. « La cession de Sephora est unequestion de mois », souligne uncadre dirigeant de LVMH. La ces-sion de DFS sera sans doute plusdifficile. Les analystes de DexiaSecurities estiment que le pôle dis-tribution de LVMH pourrait êtrecédé pour, globalement, près de2 milliards d’euros, mais seulementen 2003, quand les conditions demarché seront plus favorables.

« LVMH a un besoin impératif dereconstituer ses fonds propres pourse renforcer sur son cœur demétier », explique un dirigeant dugroupe. Au moment où le secteurdu luxe se durcit, LMVH n’a plusles moyens de se disperser. Il doitse concentrer sur le développe-ment de son portefeuille de mar-ques. M. Arnault sait qu’il doittenir à distance Gucci qui, dans l’in-tervalle, a émergé comme son prin-cipal challenger. « Dans l’affaireGucci, LVMH a perdu deux fois. Nonseulement, il a laissé filer la griffe,mais il a mis le pied à l’étrier à undangereux concurrent », résume unproche du dossier.

Pascal Galinieret Stéphane Lauer

LVMH et PPR font le bilan de leur affrontement dans le luxeLes groupes de Bernard Arnault et de François Pinault ont présenté des comptes 2001 en nette dégradation. Leurs stratégies croisées,

dans la mode et la distribution, et trois ans de bataille pour le contrôle de Gucci, leur ont coûté cher

A l’heure où nombre de groupes,comme Vivendi ou France Télécom,s’interrogent sur la meilleure façonde réévaluer à la baisse les actifsachetés trop chers, les géants duluxe, eux, recèlent au contraire destrésors cachés parmi leurs marquesles plus anciennes. Chez LVMH, lesparfums Dior, le malletier Louis Vuit-ton, le cognac Hennessy, les cham-pagnes Moët & Chandon et DomPérignon sont valorisées, en tantque marques, pour… zéro euro dansle bilan du groupe. Une plus-valuelatente de plusieurs milliardsd’euros.

« Louis Vuitton, dont la marge opé-rationnelle est supérieure à 45 %,vaut au moins une fois et demi Guc-ci », affirme-t-on dans le groupe deluxe. Le maroquinier italien concur-rent est actuellement valorisé enBourse 10,23 milliards d’euros. Lamarque Vuitton vaudrait donc, à cet-te aune, 15 milliards d’euros, soit àelle-seule plus de la moitié de lavaleur boursière actuelle du groupeLVMH. La marque Gucci représente,dans le bilan de Pinault PrintempsRedoute (qui détient 53,2 % de lamarque italienne), 2,4 milliards dedollars (2,73 milliards d’euros). SelonPatrice Marteau, secrétaire généralde PPR, cette évaluation est bieninférieure à la valeur réelle.

MILANcorrespondance

Bulgari Hotels and Resorts, lasociété commune créée par le joail-lier italien Bulgari et le groupe hôte-lier américain Marriott, ouvrira sonpremier hôtel de luxe, fin 2003, aucœur de Milan. Six autres sont pré-vus dans les prochaines annéesdans des capitales comme Rome,Paris, Londres ou New York, et uneou deux villes de vacances.

« Cette opération a trois objectifs,explique au Monde Francesco Tra-pani, l’administrateur délégué deBulgari. D’abord, renforcer l’imagede la marque, et pas seulement par-mi les voyageurs : les restaurants denos hôtels devront aussi savoir atti-rer la clientèle locale. Ensuite, profi-ter des synergies : nos clients tradi-tionnels sont aussi les personnes quifréquentent les hôtels cinq étoilesluxe, et l’on peut imaginer des opéra-tions de marketing pour promouvoirl’un ou l’autre de nos produits.

Enfin, nous espérons un bon retourpour notre investissement, qui s’élè-vera à 70 millions de dollars. »

’ Bulgari a mieux résisté à la crise

de l’automne dernier que d’autresgroupes de luxe. Son chiffre d’affai-res consolidé a augmenté de 13 %l’an dernier, malgré une chute de34 % aux Etats-Unis au quatrièmetrimestre. L’activité montres, quireprésente 39 % du chiffre d’affai-res du groupe, a particulièrementsouffert. En revanche, malgré lesévénements du 11 septembre, Bul-gari avait maintenu le lancementd’une nouvelle collection de joaille-rie haut de gamme, Lucea, et de laversion masculine du parfum Blu.« Lucea a obtenu des résultats devente excellents, dans le mondeentier. Cela faisait plusieurs annéesque nous n’avions pas lancé de nou-velle ligne de bijoux, et c’était unefaçon de montrer que nous croyons

toujours dans ce marché », expli-que M. Trapani, également trèssatisfait des résultats de Blu.

« En 2002, nous nous focaliseronssur les projets les plus importants,pour les produits comme pour lesouvertures de boutiques, et nous vou-lons contenir les coûts et les investis-sements », commente le PDG. Legroupe, qui dispose de 150 bouti-ques exclusives, concentre sesefforts cette année sur l’ouverturede magasins-vitrines à Los Ange-les, Hongkong et Zurich.

Bulgari s’est tenu à l’écart dutourbillon d’acquisitions qui asecoué la mode italienne ces der-nières années. Mais il détient 50 %du fonds d’investissement Opera,qui mise sur des entreprises signifi-catives de « l’art de vivre à l’italien-ne » et a, pour l’instant, dépensémoins de la moitié de son capitalde 225 millions d’euros.

Marie-Noëlle Terrisse

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Les deux groupes

ont suivi

un chemin inverse :

investissements dans

la distribution pour

LVMH et entrée dans

le luxe pour PPR

Les trésors cachésdes marques

Action PPR en euros à Paris Action LVMH en euros à Paris

SIX MOIS DE PARCOURS CHAOTIQUE

Source : Bloomberg2001 2002

S O N D J F

160

150

140

130

120

110

100

2001 2002S O N D J F

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35

30

25

132,1Le 7 mars 59,8Le 7 mars

Bulgari ouvrira son premier hôtel à MilanLe joaillier italien s’est allié à l’américain Marriott

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/21

LA RÉVÉLATION d’un très sin-gulier système d’évaluation dessalariés d’IBM en France, assortide quotas (Le Monde du 8 mars),commence a faire évoluer le dis-cours de la direction du leadermondial de l’informatique.

Interrogée par Le Monde, ladirection d’IBM France, en la per-sonne de la directrice des ressour-ces humaines, Dominique Cal-mant, avait réfuté, dans un pre-mier temps, l’existence de « quo-

tas » préétablis de salariés qu’il fal-lait noter 4, la note d’évaluation laplus basse chez IBM. La DRHavait cependant admis l’existencede « fourchettes qui permettaientde donner des indicateurs et desobjectifs aux managers pour lesnotations ».

Après la publication de nos infor-mations, la directrice des ressour-ces humaines, interrogée parl’Agence France-Presse, a reconnu,

que ces fourchettes pouvaient« varier en fonction des résultats dechaque unité du groupe ».

La CFDT, qui s’est emparée duproblème depuis plusieurs mois, aaussi réagi officiellement à cesdéclarations, vendredi matin. « Lespropos de madame Dominique Cal-mant, directrice des ressourceshumaines d’IBM France, confirmeles points qui justifient la dénoncia-tion de la procédure par la CFDT »,explique le syndicat. « Qu’on lesappelle quotas ou fourchettes, lesmanagers sont tenus de respecterdes objectifs en matière de nota-tion 4, celle-ci étant de plus en plussouvent le prélude à la procédure delicenciement individuel. » La CFDTajoute : « La variation [des four-chettes d’évaluation] en fonctiondes résultats du groupe, si les motsont un sens, indique clairement quela notation 4 n’est pas liée à la per-formance individuelle mais à l’objec-tif assigné à chaque unité du groupeen matière d’effectifs. »

La direction Europe a rappelé à

la direction France, début février,l’urgence de tenir le niveau de« notés 4 » auquel elle s’était enga-gée en décembre, comme le confir-me un document confidentiel inter-ne, dont le Monde a pris connais-sance. Les départements les plustouchés par ces notations seraientBusiness Innovation Services, Stra-tegic Outsourcing et IntergratedTechnology Solutions – conseil,infogérance, maintenance – troisdes piliers de l’activité servicesd’IBM. Un objectif d’un peu moinsde 400 salariés notés 4 aurait étédemandé, dont plus des deux tiersdans les activités dépendant d’IMBGlobal Services, le pôle service duleader mondial. Mais d’autres uni-tés d’affaires, comme SWG et Prin-ting systems division – respective-ment la division de vente des systè-mes d’exploitation et la vente etmaintenance des imprimantes –sont également concernées.

En interne, les langues sedélient. « Je suis au courant de ce

qui se passe chez IBM et je dénoncece système », a déclaré RaymondGeorges, secrétaire du Syndicatnational autonome d’IBM (SNA).« Ce système d’évaluation n’est pasnouveau, mais on voit une recrudes-cence des notés 4. Notre syndicat ena traité un certain nombre. On a vuun certain nombre de dérives. » Laprise de position de ce syndicatmaison, créé à la fin des années1960 et qui est la troisième organi-

sation syndicale en importancechez IBM France, après la CFE-CGC (35 % des voix aux électionsdu CE) et la CFDT (33 % des voix),est symbolique. « Le fait que leSNA, syndicat maison, qui est tradi-tionnellement réservé, dénonce lasituation, montre la gravité du pro-blème », commente le secrétairedu comité central d’entreprise,Alain Gentils.

Le problème n’a pas seulementété identifié en France. Le finlan-dais Risto Salmela, secrétaire ducomité d’entreprise européen,avait déclaré dans nos colonnes (LeMonde du 8 mars) qu’il y avait uneaugmentation conséquente dunombre de personnes notées 4 enFinlande. « Nous nous sommes ren-dus compte que la même tendanceexiste au Royaume Uni », ajou-te-t-il, tout en précisant : « Nous neconnaissons pas encore les chiffresprécis, car les syndicats sont moinsreprésentés. » Le problème de l’aug-mentation des personnes notées 4est inscrit à l’ordre du jour de lapremière session annuelle du comi-té d’entreprise européen, qui auralieu à Bruxelles les 13 et 14 mars.

Laure Belot

La CFDT dénonce un« aveu scandaleux »

À L’ISSUE d’assemblées généra-les du personnel, un mouvement degrève a été déclenché, jeudi 7 mars,par l’Intersyndicale (CGT, Sud, FO,CFTC) des magasins « historiques »de la Fnac de Paris. Aussitôt, troisd’entre eux, Etoile, Saint-Lazare etMontparnasse, ont été bloqués etles clients interdits d’accès. Alorsque le fonctionnement de celui dela Bastille a été perturbé, seule lagrande surface du forum des Hallesest restée à l’écart, « uniquementparce qu’elle est, jusqu’à samedi, enpériode d’élections professionnel-les », selon les syndicats.

Ce mouvement a été déclenchéau lendemain de la première réu-nion de négociations sur les salai-res. Une seconde réunion était pré-vue vendredi 8 mars. En casd’échec, la fédération CGT du com-merce a d’ores et déjà évoqué uneextension dans toutes les Fnac deFrance. Les syndicats demandentdes augmentations généralisées dessalaires, qui ne sont pas intervenuesdepuis neuf ans. Sans faire connaî-tre officiellement ses intentions, ladirection entendrait privilégier ànouveau les augmentations indivi-duelles et les objectifs de résultats.

Cette action rejoint le mouve-

ment qui a paralysé durant quatresemaines le magasin des Champs-Elysées (Le Monde du 21 février).Saisi une nouvelle fois par la direc-tion, le tribunal des référés a ordon-né, mercredi, l’interdiction des blo-cages, alors que les tentatives demédiation ont échoué. Outre uneaugmentation générale des salaires,les grévistes demandent un aligne-ment de leur statut sur celui, plusfavorable, des autres Fnac.

Les grévistes des Champs-Elysées

ont été rejoints, mercredi dans lasoirée, par les militants du réseau« stop à la précarité », constitué parle collectif CGT de la restaurationrapide, des McDonald’s, deDisney… Une manifestation de200 personnes s’est spontanémentorganisée, avec le blocage des maga-sins Sephora et Virgin, où LionelJospin était attendu pour une séan-ce de signature de son livre. Lesrevendications salariales dans lecommerce devraient s’étendre,samedi, avec l’appel à une grèvegénérale dans tous les magasins GoSport.

Michel Delberghe

L’état de santé d’un salariéentre-t-il dans les critères d’évalua-tion d’IBM-France ? Dans un pre-mier temps, Dominique Calmant,directrice des ressources humainesd’IBM-France, avait répondu auMonde (lire notre édition datée8 mars) qu’elle « ne comprenait pasla question », ajoutant que chezIBM, il n’y avait pas « de ségréga-tion ». Interrogée par l’AFP, peuaprès la publications de nos informa-tions, dont des extraits d’un cour-rier de l’inspection du travail,Mme Calmant a affirmé que l’état desanté des salariés n’était « pas unélément d’évaluation professionnel-le », même si ce paramètre« [pouvait] être pris en considérationpar les manageurs ». Selon la CFDT,« la prise en considération de l’étatde santé par les managers est doncreconnue par Mme Dominique Cal-mant. Il s’agit d’un aveu scandaleux,que la CFDT dénonce. »

Le personnel d'IBM est présent dansplus de cent pays dans le monde

EFFECTIFS EN PROGRESSION

Source : IBM

291

067

307

401

316

303

319,

876

98 99 00 01

INTERROGÉ par Le Monde,Alain Gentils, secrétaire du comitécentral d’entreprise (CCE) d’IBMFrance, confirme l’existence du ma-laise interne. « Les mauvaises notesont commencé à tomber depuis ledébut du mois de janvier, nous som-mes donc dans une phase aiguë. »Ce syndicaliste de la CFE-CGC, syn-dicat majoritaire chez IBM, ajou-te : « A partir de septembre 2001,nous avons signalé, en CCE, quenous étions sur une pente dange-reuse. Mme Françoise Gri, PDGd’IBM France, venait alors de com-muniquer à une réunion de mana-gers qu’il fallait récompenser enfonction de la contribution de cha-cun et ne pas hésiter à entreprendredes actions si les résultats n’étaientpas à la hauteur des attentes. »

Depuis, dit-il « le nombre denotés 4 a été multiplié par deux outrois ». Il relève que depuis les der-niers mois, le CCE a élaboré « uncertain nombre de motions condam-nant cette politique d’évaluationmais le discours officiel de la direc-tion a toujours été qu’il n’y a pas dequota de personnes notées 4 ».

M. Gentils décrit le malaiseinterne : « Les managers sont em-barrassés. Ils sont dans l’obligationde trouver des personnes à noter4. » Et il en donne des exemples :« S’ils ont un objectif de quatre per-sonnes à noter 4, c’est assez simpled’en trouver une ou deux qui nesont pas vraiment compétentes. Parcontre, ces managers vont être obli-gés de noter faiblement deux autrespersonnes alors qu’elles ne l’ontpas mérité. Le problème est que cet-te note est très dommageable etque le manager se justifie sur descritères de comportement. J’ai vu,par exemple, des explications denotations 4 stipulant “Tu as bienrempli ton objectif mais tu as mau-vais esprit” ou “Tu as fait 100 % detes objectifs mais tu n’avais pas l’es-prit d’équipe”. »

Les syndicats n’ont pas seule-ment saisi l’inspection du travail

en Ile-de-France. Le secrétaire duCCE, qui travaille sur le site Sainte-Marie près d’Orléans (Loiret), aaussi écrit « le 22 février à Mme Bou-clet, à l’inspection du travail d’Or-léans, pour lui dire que, concernantla politique d’évaluation d’IBM, ils’agissait d’une obligation de trou-ver des maillons faibles ».

Dans ce courrier, raconte

M. Gentils, il faisait déjà ces cons-tats : « Même si la plupart des objec-tifs quantitatifs sont atteints, c’estsur le comportemental que l’onessaie de trouver la faille. Les consé-quences psychologiques de cettepolitique sont très importantes pourles salariés dont beaucoup sont dés-tabilisés. »

« J’ai vu des gens de 40 à 50 anss’effondrer dans mon bureau parcequ’ils venaient d’être notés 4. Il y ena, bien sûr, qui s’en doutaient, maisil y a vraiment une catégorie de genspour qui c’était une réelle surprise.Ils découvrent cela le jour où on leurannonce leur note », poursuit-il.

Egalement secrétaire du comitéd’hygiène, de sécurité et des condi-tions de travail (CHSCT) d’Or-léans, M. Gentils note que l’utilisa-tion de l’état de santé comme critè-re d’évaluation ne « semble concer-ner que des cas marginaux ». Ilajoute : « Le problème le plus impor-tant, ce sont les conséquences psy-chologiques d’une telle notation surdes gens qui ne le méritent pas : ilsne dorment plus, certains sont obli-gés de prendre des tranquillisants. »

La révélation de l’affaire par LeMonde le soulage. « J’espère,conclut-il, que cela va créer unchoc salutaire. Dans mes vœux cetteannée à Françoise Gri, la PDG dugroupe, j’avais écrit que j’espéraisque la raison allait enfin triompheret que la direction des ressourceshumaines allait être moins finan-cière et plus humaine. »

L. Be

E N T R E P R I S E S

Le conflit social autourde revendications salariales

se durcit à la FnacUne grève va aussi toucher Go Sport

Le pôle service d’IBM est le plus touché parle système des quotas de salariés mal notés

La révélation par « Le Monde » de ce dispositif imaginé par le géant informatique suscite un tollécroissant. Même le syndicat maison s’en émeut et dénonce « un certain nombre de dérives »

« J’ai vu des gens de 40 à 50 anss’effondrer dans mon bureau... »

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22/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

Andersen assiste impuissantà la fuite de ses clients

FRANCFORTde notre correspondant

L’année 2001 a mis en avant lesdivergences de vues entre les ban-quiers centraux américains et euro-péens. Très énergique, la Réservefédérale américaine (Fed) a baisséses taux à onze reprises, pour limi-ter la récession, tandis que la Ban-que centrale européenne (BCE)procédait à quatre assouplisse-ments plus modestes. En ce début2002, l’heure est au rapproche-ment des points de vue, avec unregain d’optimisme des deux côtésde l’Atlantique, face aux perspecti-ves de reprise économique.

Ainsi, jeudi 7 mars, dans son dis-cours semestriel devant la Commis-sion bancaire du Sénat à Washing-ton, Alan Greenspan a-t-il affirméque « les derniers indices montrentde plus en plus que la reprise estdéjà bien engagée » aux Etats-Unis.Fait inhabituel, le banquier centralle plus écouté de la planète amême modifié le discours pronon-cé voici une semaine devant le Con-grès pour tenir compte des der-niers indicateurs positifs. Lerebond de l’activité serait percepti-ble depuis le début de l’année, voi-re depuis la fin 2001. Selon le prési-

dent de la Fed, « il y a des signesencourageants ces derniers joursque les paramètres sous-jacents dela demande finale se raffermis-sent », faisant notamment allusionà la consommation. Même si, préci-

se M. Greenspan, « l’ampleur de lareprise reste incertaine », les obser-vateurs estiment que le discoursprononcé jeudi est le plus optimis-te depuis plus d’un an. « Même si lareprise en cours restait modérée, elleconstituerait néanmoins une perfor-mance remarquable pour l’écono-mie américaine, qui a été confrontéeà une chute sévère des valeurs bour-sières et à un choc sans précédentdes attaques terroristes sur les fonda-tions de notre système de marché »,a jugé le président de la Fed.

Presque au même moment, WimDuisenberg, le président de laBCE, s’est lui aussi montré « raison-nablement optimiste », alors que de

nombreux experts restent encoresur leurs gardes. A l’issue duconseil des gouverneurs de l’insti-tut d’émission, il a souligné « queles indicateurs pointent de plus enplus dans le sens d’une améliorationdes conditions économiques ». Pourla première fois, M. Duisenberg atenté d’évaluer l’ampleur du re-bond en cours, estimant qu’« il y ade bonnes raisons d’attendre d’ici àla fin de l’année un retour de lacroissance économique à des ni-veaux en ligne avec le potentiel » dela zone euro, c’est-à-dire entre 2 %et 2,5 % de progression du produitintérieur brut en rythme annuel.Cette croissance devrait continueren 2003 et 2004. Référence auxEtats-Unis ? Les Européens obser-vent que « l’activité en dehors de lazone euro se rétablit, ce qui devraitconduire à un renforcement régulierde la demande extérieure de bienset services de la zone euro ».

La convergence de vues actuelledevrait d’ailleurs trouver un pro-longement dans le domaine destaux d’intérêt. Le cycle de baissedes taux semble achevé. Jeudi, laBCE a maintenu les taux directeursen vigueur depuis novembre 2001(à 3,25 %). Mais M. Duisenberg a

laissé entendre que le prochainmouvement pourrait être à la haus-se, car « l’économie réelle a atteintson point bas à peu près au début decette année ou à la fin de l’annéedernière ». Cette opinion pourraitne pas être du goût de certains res-ponsables politiques ou d’écono-mistes qui plaident encore pourune baisse des taux.

Aux Etats-Unis, les différentesdéclarations des responsables mo-nétaires incitent également lesobservateurs à penser que le mou-vement engagé en 2001 est termi-né. Le dernier assouplissementremonte à la mi-décembre : de-puis, le principal taux directeur eststable, à 1,75 %. « La Fed va vouloirrevenir sur les impulsions monétai-res données dans la foulée des atta-ques terroristes, dès que la reprise sesera confirmée », estiment les éco-nomistes de la Commerzbank, quiattendent une hausse des taux del’ordre de 100 points de base auxEtats-Unis d’ici à la fin de l’année.Reprise en cours, inflation souscontrôle, les banquiers centrauxpourraient néanmoins prendreleur temps avant d’agir.

Philippe Ricard

« Les derniers indicesmontrent de plusen plus que la repriseest déjà bien engagée »

PRIS DANS la tourmente du scandaleEnron, Andersen voit de plus en plus deses clients le quitter. Les groupes Fordet Visteon ont fait savoir, jeudi 7 mars,qu’ils abandonnaient le cabinet d’audit.Auparavant, le groupe pharmaceutiqueMerck, la compagnie aérienne Delta Air-lines, l’organisme financier FreddieMac avaient annoncé qu’ils ne renouve-leraient pas leur contrat avec Andersen.Selon Stanfford publications, le cabinetd’audit a gagné 5 clients et en a perdu33 depuis début décembre, sans comp-ter les annonces de ces derniers jours.En parallèle, les difficultés judiciairesd’Andersen augmentent. Le départe-ment de la Justice menace de dresserun acte d’accusation contre le cabinet,au risque de compromettre sa survie. Cherchant une solution à l’amia-ble, Andersen serait prêt à payer 750 millions de dollars (853,63 mil-lions d’euros) aux actionnaires, créditeurs et salariés d’Enron.

L’administration Bush veutcontrôler les entreprises et les PDGLE PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS a présenté, jeudi, une série demesures pour renforcer les contrôles et la transparence dans les socié-tés. George W. Bush a ainsi proposé qu’à l’avenir, la Securities andExchange Commission (SEC) ait le pouvoir de priver un dirigeant deson mandat d’administrateur. Les PDG devront signer chaque trimes-tre une attestation de véracité des informations publiées. Les diri-geants qui auraient présenté des comptes erronés pourraient être obli-gés de restituer leur bonus et leurs stocks-options.Une commission de surveillance pourrait être créée pour contrôler letravail des auditeurs, dont l’attitude a été très critiquée dans l’affaireEnron. La Maison Blanche, en revanche, exclut d’interdire le métier deconseil aux groupes d’audit. De même, elle a repoussé toute idée d’ex-tension de responsabilité judiciaire des patrons ou un renforcementdes contrôles sur la distribution de stock-options.

Fort de ses résultats en hausse,Casino se développe aux Pays-BasCASINO est en forme et en profitepour faire ses emplettes en Europe. Lenuméro quatre français de la distribu-tion, qui a enregistré en 2001 une haus-se de 20,4 % de son résultat net, à379 millions d’euros, a pris le contrôledu néerlandais Laurus. Grâce à unapport de 200 millions d’euros, Casinova prendre 37 % du numéro deux hol-landais derrière Ahold. En outre le Fran-çais détiendra une option d’achat quilui permettra d’atteindre 51 % du capi-tal de Laurus.Le groupe a par ailleurs confirmé sesobjectifs de croissance moyenne de sonchiffre d’affaires de plus de 10 % par anet de son résultat net de l’ordre de 20 %par an sur les prochains exercices. Apropos du différend qui oppose Casino à Cora, Christian Couvreux, lePDG du groupe, a déclaré jeudi que Casino pouvait racheter à laDeutsche Bank les 42 % du groupe Cora sans accord de ce dernier, dèslors que leur centrale d’achat commune, Opéra, serait dissoute.

Le gouvernement privatiseles Autoroutes du Sud de la FranceLE MINISTÈRE des finances a annoncé, jeudi, le début du processusd’ouverture du capital de la société Autoroutes du Sud de la France(ASF). Selon le communiqué de Bercy, l’opération prendrait « la for-me d’une introduction en Bourse qui sera réalisée, si les conditions demarché le permettent, dans les prochaines semaines, auprès des particu-liers et des institutionnels ».L’Etat devrait céder 49 % du capital d’ASF, représentant, selon les esti-mations, 1,5 et 2 milliards d’euros. L’opération de placement s’accom-pagnera d’une augmentation de capital de l’ordre de 800 millionsd’euros. L’Etat a repoussé l’idée de créer un noyau dur. Les françaisVinci et Bouygues, l’italien Autostrade (groupe Benetton) ont toute-fois déjà déclaré leur intérêt à devenir opérateur principal de cettesociété autoroutière qui détient une concession jusqu’en 2032.

a PHILIPP HOLZMANN : le groupe de construction allemand, sau-vé in extremis de la faillite fin 1999, a prévenu jeudi que sa perte nette2001, jusque là estimée autour de 80 millions d’euros, serait « nette-ment plus forte qu’escompté ».a AIRBUS : la compagnie aérienne sud-africaine South AfricanAirways a annoncé, jeudi, avoir choisi Airbus, de préférence àBoeing, pour moderniser sa flotte, avec l’acquisition sur neuf ans de41 appareils dont 15 long courrier A340 et 26 moyen courrier A320pour 3,5 milliards de dollars (3,98 milliards d’euros).

a AIR FRANCE : la compagnie aérienne française a annoncé jeudiune hausse de 2 % de son trafic passagers en février 2002 comparé aumême mois en 2001.

a CHUBU BANK:la banque régionale japonaise de taille moyennea déposé son bilan, vendredi, sous le poids d’une montagne decréances douteuses. C’est la première faillite bancaire de l’année auJapon.

a CIC : la filiale du Crédit mutuel a réalisé des profits de 330 mil-lions d’euros en 2001, en hausse de 4,1 %, pour un chiffre d’affaires enrepli de 2,7 %.a EIFFAGE : le numéro trois du BTP français a enregistré un résul-tat net de 152 millions d’euros, en hausse de 47 %, pour un chiffre d’af-faires de 6,4 milliards d’euros.a THOMAS COOK : le numéro deux du tourisme en Europe a affi-ché, en 2001, un résultat de 155,2 millions d’euros, en hausse de44,5 % pour un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros.

Répartition du chiffre d'affaires,en 2001, en %

9,3 MILLIARDS DE DOLLARS

Source : Andersen

Audit Conseiljuridiqueet fiscal

Conseilstratégiqueet opérationnel

CorporateFinance

Autres

32

41 18

45

DOPÉ PAR SES RÉSULTATS

Source : Bloomberg

L'action Casino à Parisen euros

2001S O N D J FM

74

76

7880

82

84

86

88Le 7 mars 82,00

Les Banques centrales américaine et européennese félicitent du retour de la croissance

Dans un même élan d’optimisme, Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale,et Wim Duisenberg, président de la BCE, sonnent la fin du cycle de baisse des taux d’intérêt

E N T R E P R I S E S

Page 21: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/23

IL SEMBLE bien loin le tempsoù Maurice Lévy, président dudirectoire de Publicis, recevait, à lapeine et presque en catimini, unebrassée de journalistes pour leurrapporter les suites chaotiques deses tribulations à l’international.Jeudi 7 mars, le Français a fait sen-sation en annonçant l’alliance« multiculturelle » qui lie désor-mais son groupe européen à l’amé-ricain Bcom3 et à l’asiatiqueDentsu.

Depuis cinq ans, M. Lévy, et sonhomologue et rival français Alainde Pouzilhac, qui préside HavasAdvertising, ont répété, dans unchœur presque parfait, que l’ave-nir de la publicité était sur ce mar-ché américain qui concentre 85 %des plus grands annonceurs inter-nationaux et pèse pour la moitiédes dépenses de communication.Le leitmotiv qui supposait l’améri-canisation comme modèle de déve-loppement cède le pas à un nouveladage : le « travail dans le respect

des cultures et des philosophies dechaque partenaire ».

Cette alliance inédite est affairefinancière mais aussi d’hommes.Comment Roger Haupt, le prési-dent de Bcom3, un groupe totale-ment ancré sur le terroir améri-cain, Maurice Lévy, le plus françaisdes patrons de l’industrie de lacommunication, et Yutaka Narita,le « sage » du japonais Dentsu,ont-ils réussi à s’associer ?

Les trois hommes se connaissent

peu. M. Haupt reconnaît « ne pastrès bien [connaître] MauriceLévy », mais « avoir un respect gran-dissant pour lui ». Fumio Oshima,le directeur des opérations interna-tionales de Dentsu, affirme, lui,que M. Lévy « [lui] inspire confian-ce ». Seuls les présidents de Bcom3et de Dentsu se connaissent déjà :ils étaient actionnaires de Bcom3.Roger Haupt, Maurice Lévy etYutaka Narita se retrouvent autour

d’un trait de caractère partagé quel’on pourrait résumer par « maîtrechez soi mais ouvert au monde ».

M. Haupt, sans être 100 % améri-cain, parce que d’origine britanni-que, est le plus « businessman »des trois. Formé chez Unilever, ilvient de l’agence Leo Burnett,vivier de la tradition Bcom3. Saposition à la croisée des cultureseuropéennes et américaines a sansdoute rassuré ses deux parte-naires : il devient le directeur opéra-tionnel du nouvel ensemble, dontM. Lévy conserve la présidence.

M. Narita, d’origine coréenne,préside aux destinées de Dentsudepuis 1993. Il y a fait toute sa car-rière. Directeur de la branchemédias, il a été responsable com-mercial de grands clients étran-

gers, comme Nestlé, qui figurentsur le carnet de commandes dePublicis. Très impliqué dans lesgrands événements sportifs, il pos-sède un rôle influent au sein d’uncomité de conseillers ayantl’oreille des premiers ministresjaponais successifs.

Une disposition personnelle enphase avec Maurice Lévy. Le filsspirituel de Marcel Bleustein-Blan-chet, qui avait rencontré M. Nari-ta dans les années 1960, estaujourd’hui connu pour posséderle plus épais carnet d’adressesfrançais.

F. Am.

Yutaka Narita.Roger Haupt.

Les trois protagonistes de la fusion, stratèges et hommes d’influence

www.gap.fr

..

LES AFFICHEURS ressententdoublement les effets des deuxpériodes électorales qui s’annon-cent. Non seulement la manne del’affichage commercial des candi-dats s’est tarie – la loi de finance-ment des partis politiques les pri-vant d’une ressource non négligea-ble –, mais l’affichage sauvage desmilitants, même s’il est illégal,s’invite toujours sur les panneauxcommerciaux.

L’afficheur Dauphin a décidé deprendre le problème à bras-le-corps et de donner, à partir de ven-dredi 8 mars, des gages à sesclients. « Nous voulons garantir auxannonceurs que leur campagne serabien affichée. Dès qu’un taux de

dégradation supérieur à 1 % seraconstaté, nous nous engageons àleur redonner, en compensation, uncrédit d’affichage sur la base de cepourcentage », précise ClaudeDuval, directeur général de Dau-phin Affichage. Encore faut-il quan-tifier ces dégradations. L’afficheura demandé à Ipsos Médias demener un audit de contrôle pen-dant onze semaines, du 1er avril au16 juin. « Nous allons contrôler unéchantillon de 3 300 panneaux surun patrimoine total de 50 000, repré-sentatif de l’ensemble du réseau Dau-phin, c’est-à-dire dans les grandesagglomérations, les villes moyennesou les zones périurbaines », affirmeElisabeth de Langhe, directeur d’Ip-sos Médias. Le coût de l’opérationse chiffre à 150 millions d’euros,sans compter les crédits d’afficha-ge qui, en théorie, devraient in fineêtre octroyés aux clients.

Lors des précédentes échéances

électorales, le syndicat profession-nel UPE (Union de la publicité exté-rieure) menait un contrôle pour lecompte des trois grands affi-cheurs : Avenir, Giraudy et Dau-phin. Lors des élections municipa-les de mars 2001, par exemple, l’ins-titut d’études Taylor Nelson Sofresavait été mandaté pour auditer les

réseaux nationaux des trois affi-cheurs sur les agglomérations deplus de 300 000 habitants pendantquatre semaines. « Nous obtenions,à l’issue de cette étude, des taux dedégradation compris entre 2 % et5 % », souligne M. Duval, qui ajou-te : « Nous pensons que l’affichageillégal a plutôt diminué suite à laréglementation des comptes de cam-pagne. »

Les afficheurs n’ont pas voulumener, cette fois, une action com-mune. La direction de Giraudy Via-com confirme qu’aucun contrôlen’a été commandé cette année :« Le taux d’anomalie lors des campa-gnes électorales n’est pas supérieurau taux d’anomalie classique », esti-me François Moriniere, directeurgénéral de Giraudy. Un avis quin’est pas partagé par Dauphin :« Face à une crise comme celle quenous traversons, il y a deux attitudes,soit vous vendez moins cher sans évo-quer le sujet, soit vous menez unepolitique volontariste en pensant quela crise sera passagère et que vousbénéficierez de cette démarche dequalité plus tard. Nous avons choisila seconde », affirme M. Duval. Ilespère que le marché de la publici-té extérieure commencera à sentirdes signes de reprise en septembre.

Laurence Girard

a AUDIOVISUEL : le groupe alle-mand Kirch va présenter unplan d’assainissement pour rassu-rer ses banques créditrices, lundi11 mars, rapporte le quotidien Süd-deutsche Zeitung dans son éditionde vendredi 8 mars. Lourdementendetté, Kirch compte céder ouarrêter l’activité de ses chaînes detélévisions locales déficitairesbasées à Munich, Berlin et Ham-bourg, et devrait chercher unrepreneur pour la chaîne sportiveDSF, également déficitaire.a Vivendi Universal conservera« 25 % » de son activité presseprofessionnelle, dont la venteinterviendra « dans les prochainessemaines », annonce Jean-MarieMessier, dans un entretien au quo-tidien La Tribune, vendredi. LePDG du groupe français prévoitaussi la mise en place d’une « nou-velle génération de décodeurs ».400 000 à 500 000 devraient êtreremplacés dans les deux ans.a PRESSE : le quotidien gratuitd’informations 20 minutesdevrait être lancé « au mois demars » et sera « à terme », tiré à450 000 exemplaires, a annoncéPhilippe Leoni, PDG du groupe depresse gratuite Spir Communica-tion, jeudi 7 mars.a Les premiers présentoirs deMetro ont fait leur apparition àMarseille. Distribué par colporta-ge, ce quotidien gratuit a obtenuune autorisation pour l’installa-tion de 400 présentoirs.

Maurice Lévy.

MAURICE LÉVY est sur un nua-ge. Son groupe Publicis vient depublier un bénéfice net de 151 mil-lions d’euros pour une année 2001qui a vu le marché publicitairemondial reculer de 5 %, quand sonéternel rival, Havas Advertising,accuse, lui, une perte nette de51,8 millions. Surtout, le présidentdu directoire du groupe créé parMarcel Bleustein-Blanchet en 1926n’est pas peu fier du « gros coup »qu’il vient de réaliser.

Devant un parterre d’analysteset de journalistes venus assister àla présentation de ses résultatsfinanciers, jeudi 7 mars, MauriceLévy a, tout d’abord, annoncé lerachat « à 100 % » de l’agence amé-ricaine Bcom3 pour 3 milliards dedollars (3,41 milliards d’euros) (LeMonde du 8 mars). Cette transac-tion est financée à 50 % en actionsnouvelles et à 50 % en obligationsconvertibles. Tous les titres sontréservés aux anciens actionnairesde Bcom3.

Cette opération, saluée par lemarché, permet à son groupe deprendre le quatrième rang mon-dial. Le nouveau Publicis, qui faitdésormais deux fois la taille de sonrival historique Havas Advertising,s’invite à la table « des trèsgrands », selon M. Lévy. Juste der-rière le podium du secteur formédes américains Interpublic(McCann Erickson, Lowe Lintas etTrue North) et Omnicom (TBWA,BBDO et DDB), et du britanniqueWPP (Ogilvy & Mather, J. WalterThompson et Young & Rubicam).

Quelques minutes plus tard, le

patron de Publicis révélait qu’ilavait, en même temps, signé unaccord stratégique « à long ter-me » et mondial avec le japonaisDentsu, via une prise de participa-tion de 15 % du groupe nippondans la nouvelle structure, qui con-servera le nom de Publicis Groupe.L’accord prévoit d’offrir un accèsprivilégié au marché asiatiquepour les clients de Publicis, enéchange de quoi les clients deDentsu bénéficieront des réseauxmondiaux de Publicis sur les mar-chés nord-américain, européen etlatino-américain.

Approuvée par les directions des

trois groupes, la transaction doitêtre finalisée lors de l’assembléegénérale extraordinaire prévue le18 juin. En attendant, RogerHaupt, le patron de Bcom3,devient directeur général de Publi-cis et entre au directoire, qui resteprésidé par Maurice Lévy, tandisque deux représentants de Dentsurejoindront à terme le conseil desurveillance, dont Elisabeth Badin-ter, la fille de Marcel Bleustein-Blanchet garde les commandes :elle détient en direct 4 % du capi-tal, qui s’ajoute à sa part dans laSomarel, la holding familiale, quipossède 16 %. Dentsu est qualifié

par M. Lévy d’« actionnaire sta-ble » avec ses 15 %. Les anciensactionnaires de Bcom3 posséde-ront 14 % du nouvel ensemble. Lereste est aux mains du public.

Le rachat de Bcom3 et le parte-nariat avec Dentsu ne sont pasétrangers l’un à l’autre. C’estmême l’américain qui a apporté lejaponais dans ses valises. La parti-cipation de 21,6 % que possédaitDentsu dans Bcom3 a obligé Publi-cis à consulter et à négocier plusavant avec les dirigeants du grou-pe nippon. M. Lévy a d’ailleursreconnu que l’accord avec l’agencejaponaise s’inscrivait comme « un

prolongement naturel du partena-riat qui existe depuis quelquesannées entre Dentsu et Bcom3 ».Toutefois, précise-t-il, « la piècemaîtresse est cet accord avecBcom3. Celui avec Dentsu, c’est lacerise sur le gâteau, ce n’est pas cal-culé. D’ailleurs, les possibilités defusion avec Dentsu sont nulles ».

En pénétrant un marché japo-nais aussi puissant qu’hermétique,Publicis fait une percée remarquéedans le coffre-fort nippon, là oùlui et ses plus puissants adversai-res occidentaux ont toujourséchoué. Dentsu règne en maîtresur le marché asiatique, et notam-ment dans son propre pays :deuxième marché mondial derriè-re les Etats-Unis (47 % du marché),le Japon est dominé par un triod’agences locales (Dentsu, Haku-hodo et Asatsu-DK), parmi lesquel-les Dentsu gère un quart desdépenses publicitaires. Aussi trèsprésent dans les médias, Dentsufut, par exemple, le premier opéra-teur de télévision et de radio com-merciales après la seconde guerremondiale.

Publicis profite d’un change-ment de stratégie du japonaisentré en Bourse en novem-bre 2001 : « Aujourd’hui, il n’estplus possible de réfléchir locale-ment. (…) Nous avons besoin d’unmélange de cultures », a déclaréFumio Oshima, directeur des opé-rations internationales de Dentsu,qui avait fait le déplacement àParis. Le groupe qui réalise 95 %de son activité dans l’archipelmanifestait de plus en plus ouver-

tement ses nouvelles ambitionsinternationales (Le Monde du1er décembre 2001). Le partenariattripartite annonce une complé-mentarité géographique, mais éga-lement commerciale pour desannonceurs tels que Nestlé,L’Oréal, Renault, Sony, Marlboro,Philip Morris, Procter & Gamble,etc.

L’accord avec Dentsu ouvred’autres perspectives à Publicisqui, à l’instar de ses concurrents,

cherche à profiter au mieux desnouveaux relais de croissancedans les services marketing, lacommunication médicale, les affai-res publiques et le marketing spor-tif, dont les marges sont plusimportantes que dans la publicitétraditionnelle.

Florence Amalouet José Barroso

b Quatrième mondial. Après lafusion entre Publicis et Bcom3,l’entité devient, avec une margebrute cumulée de 4,55 milliardsd’euros, le quatrième groupepublicitaire mondial, derrière lesanglo-saxons Interpublic(7,85 milliards), Omnicom(7,62 milliards) et WPP(6,6 milliards), et devant lefrançais Havas Advertising.b Activités. La fusion donne aussinaissance au deuxième groupemondial de conseil et achat médiaavec un volume d’achat de41 milliards d’euros. La publicitétraditionnelle demeure l’activitéprincipale du groupe (62 %, contre38 % dans les services marketing).b Répartition du chiffre d’affaires.Europe (37 %), Amérique du Nord(49 %), Asie-Pacifique (9 %) etreste du monde (5 %).b Principaux clients. McDonald’s,L’Oréal, Philip Morris, Renault,Fiat, Bayer, Johnson & Johnson,Procter & Gamble.

C O M M U N I C A T I O N

Dauphin veut chiffrer l’affichage sauvageLa société réagit à la dégradation de ses panneaux pendant la campagne

Publicis signe un accord mondial avec le japonais DentsuAprès sa fusion avec l’américain Bcom3, le groupe français a annoncé une alliance « exclusive et mondiale » avec le numéro un nippon.

Ce rapprochement ancre solidement le géant européen de la publicité aux Etats-Unis et en Asie

Le partenariat

tripartite annonce

une complémentarité

géographique,

mais également

commerciale pour

des annonceurs tels

que Nestlé ou L’Oréal

Deuxième acheteurpublicitaire

Source : Sociétés

Paris

TokyoChicago

BCOM3

PUBLICIS GROUPE

DENTSU Inc.• 18 000 personnes• dans 155 villes

et 92 pays

• Leo Burnett• D'Arcy• BBH

• 20 592 personnes• dans 182 villes

et 102 pays

• Publicis Worldwide• Saatchi & Saatchi• Fallon Worldwide

• Zenith Média• Optimédia

• 11 168 personnes• dans 41 villes

et 27 pays

Premier groupede médias etde communicationen Asie

Réseaux de publicité

Réseaux de publicité

• Starcom MediaVest

Conseil Médias

Conseil Médias

PUBLICIS GROUPE SA

EUROPEAMÉRIQUE

ASIE

UNE POSITION DOMINANTE SUR TROIS CONTINENTS

Page 22: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/25

LES BOURSES DANS LE MONDE 8/3, 9h52

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 5331,08 8/3 0,79 5370,45 7/3 4706,00 20/2 25,80 Euro Neu Markt Price IX 1043,43 8/3 1,18 1212,43 4/1 913,75 20/2AUTRICHE Austria traded 1228,14 8/3 0,21 1247,67 22/2 1109,88 9/1 13,80BELGIQUE Bel 20 2729,83 8/3 -0,34 2815,18 28/1 2609,61 15/1 13,20DANEMARK Horsens Bnex 270,80 8/3 0,62 275,73 27/2 254,91 30/1ESPAGNE Ibex 35 8427,90 8/3 0,55 8608,50 4/1 7628,00 22/2 19,20FINLANDE Hex General 8821,01 8/3 -0,13 9224,38 4/1 4,30 19/2 21,90FRANCE CAC 40 4635,48 8/3 0,41 4720,04 4/1 4210,29 20/2 21,40 Mid CAC 2113,67 7/3 1,00 2113,66 7/3 1929,16 2/1 15,10 SBF 120 3218,13 8/3 0,39 3248,59 4/1 2924,73 20/2 21,50 SBF 250 3027,72 7/3 0,80 3035,25 4/1 2782,54 20/2 21,10 Indice second marché 2449,41 7/3 0,89 2449,40 7/3 2287,72 2/1 14,20 Indice nouveau marché 1113,98 8/3 0,15 1175,41 7/1 980,76 22/2GRÈCE ASE General 2432,08 8/3 0,00 2655,07 3/1 2321,35 28/2 14,80IRLANDE Irish Overall 4983,88 8/3 -0,04 6085,02 18/1 4636,97 6/2 12,30ITALIE Milan Mib 30 32955,00 8/3 0,88 33173,00 7/3 29542,00 20/2 20,20LUXEMBOURG Lux Index 1118,38 7/3 0,80 1169,47 14/1 1103,43 6/3PAYS BAS Amster. Exc. Index 518,30 8/3 0,06 521,95 7/3 475,19 22/2 18,00PORTUGAL PSI 20 7764,33 8/3 0,39 7998,50 4/1 7161,66 25/2 18,30

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5298,20 8/3 0,30 5362,29 4/1 5015,50 20/2 17,80 FTSE techMark 100 index 1255,58 8/3 0,48 115,10SUÈDE OMX 829,33 8/3 0,22 878,88 4/1 741,84 20/2 26,50

EUROPEHONGRIE Bux 8397,30 7/3 1,45 8296,49 6/3 7052,97 3/1ISLANDE ICEX 15 1287,12 7/3 -0,78 1302,91 6/3 1142,61 7/1POLOGNE WSE Wig 1402,43 7/3 1,70 1486,22 28/1 1200,31 2/1 18,40TCHÉQUIE Exchange PX 50 438,00 8/3 0,39 427,50 4/3 384,60 2/1RUSSIE RTS 331,41 7/3 3,79 319,85 5/3 267,70 3/1SUISSE Swiss market 6469,10 8/3 0,44 6484,29 5/3 6059,10 6/2 18,00TURQUIE National 100 11478,57 8/3 -1,23 15071,83 8/1 10715,80 27/2 11,90

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 377,36 7/3 -1,45 471,33 6/2 323,69 2/1BRÉSIL Bovespa 13725,98 7/3 -0,81 14481,62 5/3 12300,70 30/1 9,50CANADA TSE 300 7958,11 7/3 0,17 7946,75 6/3 7402,70 20/2 20,80CHILI Ipsa 101,53 7/3 0,91 102,37 4/1 94,80 20/2ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10525,37 7/3 -0,46 10606,87 7/3 9529,45 30/1 23,10 Nasdaq composite 1881,63 7/3 -0,46 2098,87 9/1 1696,55 22/2 48,40 Nasdaq 100 1506,81 7/3 -0,86 1710,22 9/1 1329,93 22/2 48,00 Wilshire 5000 10814,77 7/3 -0,41 10973,45 7/1 10040,54 20/2 Standards & Poors 500 1157,54 7/3 -0,45 1176,96 7/1 1081,66 30/1 22,00MEXIQUE IPC 7061,00 7/3 -1,30 7200,31 6/3 6365,72 14/1 12,90

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3428,10 8/3 -0,35 3443,89 14/2 3322,30 18/1CHINE Shangaï B 151,86 7/3 2,45 171,72 4/1 121,08 23/1 20,10 Shenzen B 236,64 7/3 2,92 265,91 4/1 182,42 23/1 16,50CORÉE DU SUD Composite 829,44 7/3 -1,62 850,60 6/3 690,35 2/1HONG KONG Hang Seng 11233,23 8/3 0,40 11919,41 7/1 10387,49 1/3 16,10 All ordinaries 4895,17 8/3 0,34 5104,37 7/1 4548,50 7/2INDE Bombay SE 30 404,95 7/3 1,33 410,60 27/2 339,26 1/1 1,40ISRAËL Tel Aviv 100 398,44 7/3 0,58 468,92 7/1 396,13 6/3JAPON Nikkei 225 11885,79 8/3 2,04 11690,36 7/3 9420,84 6/2 29,70 Topix 894,64 8/3 1,01 877,32 5/3 727,90 6/2 29,00MALAISIE KL composite 748,04 8/3 0,85 738,84 5/3 681,50 2/1 17,30NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 2082,42 8/3 0,22 2143,65 4/2 2050,84 3/1SINGAPOUR Straits Time 1795,98 8/3 0,09 1848,98 5/3 1606,08 2/1 22,00TAÏWAN Weighted 6011,65 8/3 -0,60 6097,56 6/3 5375,39 17/1 21,90THAILANDE Thaï SE 393,62 8/3 0,50 394,39 5/3 302,38 2/1

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All share 11146,90 8/3 1,20 11114,00 14/2 10138,29 30/1 10,50COTE D'IVOIRE BVRM 71,39 6/3 -1,33 77,38 2/1 72,32 27/2

INDICE FOOTSIE

en points, à Londres

Source : Bloomberg

20 22 26 4 728Février 2002 Mars

8 12 14 18

Le 7 mars 5 282

5 000

5 100

5 200

5 300

L'ACTION EURONEXT SUR 6 MOISen euros, à Paris

Source : Bloomberg

S O N D J F M2001 02

Le 7 mars 22,5

12

16

20

24

EUROPE Vendredi 8 mars 9h52

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,78295 0,87855 1,42370 0,59760 TOKYO (¥) 127,69000 112,19000 181,83495 76,32365 PARIS (¤) 1,13865 0,89150 1,62005 0,68040 LONDRES (£) 0,70235 0,54995 0,61710 0,41975 ZURICH (FR. S.) 1,67330 1,31055 1,46980 2,38245

APRÈS avoir ouvert la journéeen hausse, les marchés américainsont succombé aux prises de bénéfi-ces, jeudi 7 mars. Principal indica-teur de Wall Street, l’indice DowJones a cédé 0,46 %, à10 525,37 points. Riche en valeursde technologie, l’indice Nasdaqs’est également replié de 0,46 %, à1 881,63 points. De nouvellesdéclarations optimistes d’AlanGreenspan, le président de laRéserve fédérale américaine (Fed),sur la reprise économique, ont con-firmé le sentiment que la baissedes taux d’intérêt – favorable auxactions – a atteint son terme.

A Londres, l’indice Footsie s’estapprécié de 0,7 %, à 5 282,10points. Le changement de tendan-ce de Wall Street a réduit les gainsdu marché anglais mais ne l’a pasfait plonger dans le rouge. Plus for-

te hausse de l’indice, le titre Impe-rial Tobacco a gagné 8,89 %, à992 pence, après l’annonce du ra-chat du cigarettier allemandReemtsma pour 5,2 milliardsd’euros.

A Paris, l’indice CAC 40 a pro-gressé de 0,62 %, à 4 616,50 points.Plus forte hausse de l’indice, l’ac-tion France Télécom a regagné5,05 %, à 33,3 euros, le marché spé-culant sur un règlement du conflitavec son partenaire allemand Mo-bilcom. Le titre de sa filiale de télé-phonie mobile Orange a aussi pro-gressé de 3,85 %, à 7,55 euros.

D’autre part, l’action Publicis abondi de 11,95 %, à 38,79 euros. Lerachat du groupe américainBcom3, pour 3, milliards de dollars(3,4 milliards d’euros), lui permetde se hisser au quatrième rangmondial des agences de publicité.Le titre du groupe publicitaire japo-nais Dentsu a fini, lui, en haussede 4,08 %, vendredi, à 27 000 yens(240,24 euros). Dentsu, numéroquatre mondial de la publicité,détient 21 % de Bcom3. Il a annon-cé qu’il investirait 500 millions dedollars pour prendre 15 % du capi-tal et des droits de vote du nou-veau groupe publicitaire franco-américain. A Tokyo, l’indice Nik-kei a progressé de 2,04 %, à11 885,79 points, vendredi. Le titrede la première banque japonaise,Mizuho Holdings, a notammentbondi de 10,00 %, à 363 000 yens.

A. de T.

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

AUTOMOBILE ..................................231,65.......0,81BANQUES .........................................282,36.......0,39PRODUIT DE BASE ..........................213,33.......0,43CHIMIE..............................................366,43.......0,52TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............442,10.......0,38CONSTRUCTION..............................237,65.......0,01CONSOMMATION CYCLIQUE........136,66 .....-0,28PHARMACIE .....................................489,01 .....-0,48ÉNERGIE ...........................................354,24.......0,63SERVICES FINANCIERS....................241,44.......0,80ALIMENTATION ET BOISSON ........234,51.......0,15BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................375,47.......0,34ASSURANCES...................................326,99.......0,89MÉDIAS ............................................301,94.......0,34BIENS DE CONSOMMATION.........380,04.......0,62COMMERCE ET DISTRIBUTION .....284,20.......1,04HAUTE TECHNOLOGIE ...................516,35 .....-0,09SERVICES COLLECTIFS ....................292,00.......0,84

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HOLDING ......NL...........20,91.......0,43AEGON NV.........................NL...........26,51.......0,88AIR LIQUIDE........................FR.........169,60 .....-0,35ALCATEL A ..........................FR ...........18,06 .....-0,06ALLIANZ N ..........................AL.........272,25.......1,10AVENTIS..............................FR ...........81,30 .....-0,91AXA......................................FR ...........23,83.......1,23BASF AG..............................AL ...........46,93.......0,71BAYER..................................AL ...........37,79.......1,04BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........37,46.......2,43BBVA ...................................ES ...........13,94 .....-0,36BNP PARIBAS .....................FR ...........55,35 .....-1,16BSCH....................................ES .............9,74.......0,93CARREFOUR........................FR ...........52,60.......1,64DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........49,58.......1,70

DANONE .............................FR.........133,00.......0,76DEUTSCHE BANK AG ........AL ...........73,89.......1,22DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........17,39.......0,29E.ON ....................................AL ...........57,14.......0,30ENDESA...............................ES ...........17,47.......0,92ENEL .....................................IT .............6,41.......0,79ENI SPA ................................IT ...........15,93.......1,34FORTIS.................................BE ...........26,35.......0,69FRANCE TELECOM.............FR ...........33,73.......1,29GENERALI ASS.....................IT ...........29,63.......0,75ING GROEP CVA................NL...........29,69.......1,16KONINKLIJKE AHOLD .......NL...........28,81.......0,00L'OREAL...............................FR ...........81,45.......0,43LVMH ..................................FR ...........59,70 .....-0,17MUENCHENER RUECKV ...AL.........294,38.......1,51NOKIA OYJ...........................FI ...........27,28 .....-0,22PINAULT PRINTEMPS ........FR.........133,00.......0,68REPSOL YPF ........................ES ...........15,07.......0,60ROY.PHILIPS ELECTR .........NL...........33,42 .....-0,54ROYAL DUTCH PETROL ....NL...........61,45.......0,24RWE.....................................AL ...........41,79.......1,28SAINT GOBAIN...................FR.........185,40.......0,11SANOFI-SYNTHELABO ......FR ...........72,30.......0,42SANPAOLO IMI ...................IT ...........12,79.......1,11SIEMENS .............................AL ...........76,27.......0,22SOCIETE GENERALE A .......FR ...........70,15.......0,21SUEZ....................................FR ...........33,09.......2,45TELECOM ITALIA.................IT .............9,83.......1,03TELEFONICA........................ES ...........14,14.......0,50TIM .......................................IT .............5,68.......0,89TOTAL FINA ELF .................FR.........172,40.......0,82UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,65.......0,87MUENCHENER RUECKV ...NL...........64,85.......0,00VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........48,50.......0,50VOLKSWAGEN ...................AL ...........58,47.......1,32

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances TEAM COMM GRP............................0,22 .......69,23E.MULTI DIGI DIENS .........................0,93 .......57,63BLUE C CONSULTING .......................0,26 .......30,00KINOWELT MEDIEN..........................0,64 .......28,00SECUNET ............................................2,95 .......21,90ACHTERBAHN AG...........................12,60 .......19,54BIODATA INF TECH ..........................0,19 .......18,75Plus mauvaises performances KABEL NEW MEDIA AG ...................0,01......-50,00BERLIN-HANNOVERSCH ................14,00......-49,09LIPRO ..................................................0,04......-20,00EDEL MUSIC.......................................0,80......-15,79TELEGATE ...........................................3,52......-14,98WUENSCHE AG.................................0,13......-13,33SWING ENTNT MEDIA .....................2,40......-11,76

Valeur Cours de clôture (£) % var.Meilleures performances ENERGIS .............................................0,04 .......21,75TELEWEST COMM.............................0,15 .......13,21PENINSULAR AND ORI .....................2,44 .......12,67SCOOT.COM ......................................0,01 .......12,31COLT TELECOM GROUP ...................0,58 .......12,02MARCONI...........................................0,21 .......12,00REXAM ORD ......................................4,69..........9,07Plus mauvaises performances BALTIMORE TECHNOL......................0,12 ........-6,00PACE MICRO TECH ...........................1,18 ........-4,07MOTHERCARE ...................................2,07 ........-3,61TESCO .................................................2,41 ........-3,60BT GROUP..........................................2,63 ........-3,13INTL POWER ......................................1,94 ........-3,13MATALAN ..........................................3,63 ........-2,88

Valeur Cours de clôture (¥) % var.Meilleures performances SNOW BRAND FOOD.......................3,00 .......50,00ELNA...............................................381,00 .......26,58HITACHI ELECTRONIC..................485,00 .......18,29TOWA REAL ESTATE.......................72,00 .......18,03MORITEX .....................................2020,00 .......17,51DAISHO..........................................550,00 .......17,02SUMIKURA INDL.............................21,00 .......16,67Plus mauvaises performances MARANTZ JAPAN INC .................229,00......-13,26ORIENT CORP................................127,00......-13,01TOKAI KANKO.................................37,00......-11,90SHIRAISHI......................................198,00......-10,00ICOM............................................1060,00 ........-9,40DAIWA HEAVY INDUST.................80,00 ........-9,09TOKYO AUTO MACHINE .............180,00 ........-9,09

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances PUBLICIS GROUPE SA ....................38,79 .......11,95GENESYS ..........................................13,14..........8,77JC DECAUX ......................................13,00..........7,00SONY ................................................63,80..........6,87COMPLETEL EUROPE ........................0,81..........6,58EURONEXT N.V...............................22,50..........6,43SOPRA GROUP ................................48,40..........5,95Plus mauvaises performances PENAUILLE POLYSERV....................41,82 ........-6,23SANOFI-SYNTHELABO....................72,00 ........-4,06PERNOD-RICARD ............................87,20 ........-3,86VIVENDI ENVIRONNEM.................36,50 ........-3,18KINGFISHER .......................................6,25 ........-3,10STREETTRACKS MSCI .....................55,90 ........-2,78EQUANT...........................................11,28 ........-2,67

Séance du 7/3

NYSE1497 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

3M ..................................................121,13 ........-0,36AM INTL GRP...................................74,75 ........-1,84ALCOA ..............................................39,28 ........-0,41AOL TIME WARNER........................25,85 ........-2,45AMERICAN EXPRESS ......................39,51 ........-1,03AT & T..............................................15,88 ........-2,22BOEING CO......................................48,48 ........-2,77BRISTOL MYERS SQUI ....................49,93 ........-0,58CATERPILLAR ...................................58,52 ........-0,85CITIGROUP.......................................48,72..........0,04COCA-COLA .....................................46,95 ........-1,24COLGATE PALMOLIVE ....................54,54 ........-2,43COMPAQ COMPUTER ....................11,15..........1,55DOW CHEMICAL.............................32,40..........0,12DUPONT DE NEMOURS.................47,52 ........-0,98EASTMAN KODAK ..........................31,99 ........-1,36ENDESA ADR ...................................15,25..........0,46EXXON MOBIL ................................42,89 ........-0,74FORD MOTOR .................................16,91..........3,43GENERAL ELECTRIC ........................40,95 ........-1,44GENERAL MOTORS.........................61,41..........2,49GILLETTE CO ....................................33,26 ........-1,31HEWLETT PACKARD .......................20,00 ........-0,89HOME DEPOT INC ..........................48,40 ........-0,62HONEYWELL INTL...........................39,77..........1,97IBM.................................................103,71 ........-2,44INTL PAPER......................................44,97 ........-0,71JOHNSON & JOHNSON.................63,62..........1,76J.P.MORGAN CHASE ......................34,05..........0,00LUCENT TECHNOLOGIE ...................6,30..........1,12MC DONALD'S CORP......................27,74 ........-1,14MERCK AND CO..............................63,17..........0,80MOTOROLA .....................................14,53 ........-1,96NORTEL NETWORKS.........................9,61..........2,78PEPSICO ...........................................49,48 ........-0,80PFIZER INC.......................................40,00 ........-1,33

PHILIP MORRIS................................53,94..........1,14PROCTER AND GAMBLE ................83,94 ........-1,31SBC COMM INC SHS ......................38,75 ........-0,72TEXAS INSTRUMENTS....................34,76..........1,64UNITED TECHNOLOGIE .................74,69 ........-0,41WAL-MART STORES .......................61,70..........1,31WALT DISNEY COMPAN................23,76 ........-1,61

NASDAQ1898 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

ALTERA CORP..................................23,13..........2,39AMAZON.COM INC ........................15,62 ........-4,35AMGEN INC.....................................59,80 ........-1,30APPLIED MATERIALS ......................51,36..........1,62BED BATH & BEYOND ...................31,60 ........-1,37CISCO SYSTEMS..............................17,00..........1,37COMCAST A SPECIAL .....................34,16 ........-3,15CONCORD EFS ................................32,35 ........-2,32DELL COMPUTER ............................27,59 ........-1,25EBAY .................................................57,62 ........-1,62FLEXTRONICS INTL .........................19,01..........1,33GEMSTAR TV GUIDE ......................20,64 ........-4,71GENZYME ........................................45,01..........1,65IMMUNEX........................................29,80 ........-1,16INTEL CORP .....................................32,98..........0,06INTUIT ..............................................37,76 ........-7,63JDS UNIPHASE...................................6,41 ........-2,58LINEAR TECHNOLOGY ...................45,74 ........-0,17MAXIM INTEGR PROD...................54,89 ........-1,93MICROSOFT.....................................62,72 ........-1,43ORACLE CORP .................................14,00 ........-0,99PAYCHEX .........................................40,66..........0,05PEOPLESOFT INC.............................33,24 ........-3,74QUALCOMM INC ............................41,44..........3,73SIEBEL SYSTEMS .............................34,22..........1,66SUN MICROSYSTEMS.......................8,83 ........-2,21VERITAS SOFTWARE ......................43,15..........1,34WORLDCOM......................................8,40 ........-2,78XILINX INC.......................................42,74 ........-1,77YAHOO INC .....................................17,94 ........-1,75

MARCHÉ DES CHANGES 8/3, 9h52

TAUX D'INTÉRÊTS LE 8/3Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,28 3,37 5,21 5,52 - 3,50 4,07 5,26 5,02 3,28 3,37 5,43 5,77 3,28 3,37 5,15 5,54 0,05 0,11 1,39 2,06 - 1,81 1,92 5,18 5,82 1,67 1,76 3,65 3,98

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 3/2 4620,00 4645,00 523441 . 3/2 87,20 87,61 3709 . 50 3/2 3775,00 3790,00 11196 10 6/2 105,09 105,32 630262 3. 3/2 96,60 96,61 544029 3/2 10590,00 10545,00 36052. 3/2 1167,50 1159,00 345790

VENDREDI 8 MARS 9h52Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10500,00.......-1,87OR FIN LINGOT..........................10690,00.......-1,11ONCE D'OR EN DOLLAR................292,70.......-1,71PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................61,00.......-1,29PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................62,00 ........0,32PIÈCE UNION LAT. 20......................61,50.......-0,49PIÈCE 10 US$..................................190,00 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................380,25 ........0,00PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........397,00.......-1,98

VENDREDI 8 MARS 9h52 Cours % var.

BLE ($ CHICAGO) ...........................280,00.......-0,71CACAO ($ NEW YORK) ...............1548,00 ........3,33CAFE (£ LONDRES).........................489,00 ........3,38COLZA (¤ PARIS) ............................241,00 ................MAÏS ($ CHICAGO)........................207,50.......-0,36ORGE (£ LONDRES)..........................62,75 ................JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ........0,92 ........1,09SUCRE BLANC (£ LONDRES).........217,00 ........0,42SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........154,10 ........0,72

VENDREDI 8 MARS 9h52 Cours % var.

LONDRESALUMINIUM COMPTANT ($).....1422,50 ........1,19ALUMINIUM À 3 MOIS ($).........1434,00 ........1,24CUIVRE COMPTANT ($) ..............1604,75 ........0,06CUIVRE À 3 MOIS ($) ..................1628,00 ........0,08ETAIN COMPTANT ($) ................3846,00 ........0,52ETAIN À 3 MOIS ($) ....................3880,00 ........0,54NICKEL COMPTANT ($)...............6487,00 ........2,21NICKEL À 3 MOIS ($)...................6479,90 ........2,34PLOMB COMPTANT ($).................482,75 ........1,21PLOMB À 3 MOIS ($).....................493,02 ........1,17ZINC COMPTANT ($).....................816,75 ........1,24ZINC À 3 MOIS ($).........................836,40 ........1,05NEW YORKARGENT À TERME ($)....................448,00.......-1,33PLATINE À TERME ($)....................509,50 ................

VENDREDI 8 MARS 9h52 Cours % var.

BRENT (LONDRES) ...........................22,00 ........0,05WTI (NEW YORK).............................23,30 ........0,91LIGHT SWEET CRUDE ......................23,75 ........2,85

FRANCFORT7/3 : 196 millions de titres échangés

LONDRES7/3 : 1800 millions de titres échangés

TOKYO8/3 : 739 millions de titres échangés

PARIS7/3 : 196 millions de titres échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4303...........7,4313 . ...............7,7205...........7,7255 ..............9,0627...........9,0722 .............31,4105.........31,5162 ................1,6797...........1,6833 ...................1,3917...........1,3926 ................6,8345...........6,8745 -...............2,0457...........2,0483 ..............245,7259 ......245,9097 .................28583,0000..28641,0000 ...................................27,2698.........27,2994

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 8/3, 9h52

Taux de base bancaire..................................6,60 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,05 %Taux d'intérêt légal.......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,29 %usure ................................................................8,39 %Crédit immobilier à taux variabletaux effectif moyen ......................................6,25 %usure ................................................................8,33 %Crédit consommation (- de 10 000 francs)taux effectif moyen ....................................15,67 %usure ..............................................................20,89 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................12,71 %usure ..............................................................16,95 %Crédit consommation (+ de 10 000 francs)taux effectif moyen ......................................8,49 %usure ..............................................................11,32 %

Crédit aux entreprises (+ de 2ans)moyenne taux variable ................................5,95 %usure taux variable .......................................7,93 %moyenne taux fixe ........................................6,31 %usure taux fixe...............................................8,41 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

Londres, la zone euroet Tokyo restent bien orientés

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa-gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem-bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE(Belgique), GR (Grèce).HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).

COURS DE L'EURO

TAUX COURANTS

DENRÉES

PÉTROLE

S O N D J F M

EURO à 6 mois EURO à 5 jours

0.86

0.87

0.88

0.89

0.90

0.92

2002

0.8818

0.8679

0.8735

0.8707

0.8762

0.8790

0.8818

1 7Mars

Euronext compense la déprime des marchés par leur nervosité

CHRONIQUE DES MARCHÉS

L A T E N D A N C E F I N A N C I È R E

EURONEXT, la Bourse commune franco-bel-go-néerlando-portuguaise (2 012 milliards d’eu-ros de capitalisation boursière), propriétaire duLiffe (deuxième marché européen de dérivés)de Londres, a été affecté par la baisse des tran-sactions en 2001, mais diversifie ses activités.

En 2001, Euronext a réussi à maintenir son

chiffre d’affaires à 697,9 millions d’euros(+ 0,8 %) et son bénéfice net à 127,33 millionsd’euros (+ 0,2 %). Atteint par la déprime boursiè-re, le marché n’a réussi à maintenir la stabilitéde son bénéfice que grâce à des produits finan-ciers exceptionnels, provenant de 81,61 mil-lions d’euros de cessions (la Sicovam, l’activitétechnologies de l’information et 60 % de la CoteBleue) ainsi que de gains de change exception-nels. La résistance d’Euronext s’explique aussipar les activités périphériques, comme la fourni-ture de logiciels, qui s’est toutefois accompa-gnée de forts investissements, et donc d’unehausse des coûts. En revanche, les transactionsont reculé de 9,3 %, et les introductions en Bour-se ont souffert. L’« excédent brut d’exploitationavant intérêts, impôts, amortissement des écartsd’acquisition et après retraitement des élémentsexceptionnels » d’Euronext a reculé de 26 %, à173,6 millions d’euros.

Mercredi 6 mars, à la veille de la publication

de ses résultats annuels, l’action Euronext a pro-gressé de 6,43 %, à 22,5 euros. Au cours des qua-tre dernières séances, le cours a gagné 14,21 %.Vendredi matin, il cédait 2,22 %, à 22 euros. Lahausse récente traduit surtout l’espoir d’unretournement de la tendance boursière. Jean-François Théodore, le PDG d’Euronext, n’ose

pas encore y croire : « Nous faisons la prévisionprudente que les recettes seront stables ou enléger progrès. Nous ne nous sommes pas laissésaller à supposer que le mouvement de marché àl’œuvre depuis le vendredi 1er mars marque le ren-versement de la marée. Mais la situation n’est passi dramatique : la baisse des transactions de 9 %en 2001 avait suivi une hausse de 60 % en 2000. »Cette prudence s’accompagne d’une nouvellepolitique de cessions de participations – 83 mil-lions d’euros sont déjà acquis en 2002 – et deréduction de 5 % des effectifs d’Euronext(1 200 salariés, plus 500 pour le Liffe), sans licen-ciements secs.

L’enthousiasme des marchés pour l’action

Euronext est récent. Ils avaient d’abord notéque le rachat du Liffe avait coûté 555 millionsde livres (près de 900 millions d’euros), assé-chant la trésorerie de l’entreprise. Dans unenote du 30 janvier, les analystes de la banque JPMorgan fixent maintenant un objectif de coursde 24 euros à l’action, un niveau qu’elle n’avait

jamais retrouvé depuis… son introduction enBourse. L’action Euronext, introduite à24 euros en juillet 2001, n’a cessé de reculer,cotant même 12,7 euros le 21 septembre, lorsde la réouverture de Wall Street, après lesattentats.

Les analystes jugent le titre décoté par rap-port à sa valeur de long terme. Le Liffe intégré,les produits dérivés pèsent 26 % du chiffre d’af-faires contre 25 % pour les actions. La volatilitédes marchés, qui s’est amplifiée ces derniersmois, joue à plein. Elle a permis, depuis le débutde l’année, une hausse de 64 % des volumes trai-tés sur les options sur actions par Euronext, etde 38 % pour les dérivés sur indices. Le nombrede contrats échangés sur Euronext-Liffe aatteint 56,8 millions d’unités en février, contre57,1 millions pour le numéro un mondial germa-no-suisse, Eurex, jusque-là incontesté.

…Occupé à intégrer cinq marchés, Euronext

pourrait faire une pause dans la course auxalliances. Les observateurs notent cependantque Rolf Breuer, le président de la Bourse alle-mande, abandonnera en mai sa casquette dedirigeant de la Deutsche Bank. Le retrait de cethomme à poigne, qui a mis à mal les discus-sions franco-allemandes par sa volonté de setourner vers Londres, permettra peut-être, com-me l’espèrent certains banquiers parisiens, deréchauffer les projets entre le marché allemandet Euronext. Après le départ de M. Breuer, espè-re un spécialiste, « peut-être que les banquiersallemands se sentiront plus libres de leurs mouve-ments dans leurs opérations de produits dérivés etopéreront plus de diversification internationale ».

Adrien de Tricornot

Page 23: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

26/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANCAISESVendredi 8 mars 9h16Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS...............................◗.......20,50 .......20,40 .......0,49 .......7,44 ..........20,54.......17,55 .....0,56 ...12975AMADEUS PRIV. A .............◗ .........8,20 .........8,22......-0,24 .....24,80 ............8,22 .........6,44 .....0,07 ...12823B.A.S.F. # .............................◗.......45,87 .......47,36......-3,15 .......8,46 ..........47,36.......40,10 .....1,47 ...12807BAYER #...............................◗.......37,58 .......37,39 .......0,51 .......7,03 ..........38,74.......32,80 .....1,03 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,79 .........0,81......-2,47....-31,89 ............1,30 .........0,59.......n/d......5728DEUTSCHE BANK #............◗.......73,50 .......74,30......-1,08 ......-7,37 ..........82,60.......62,55 .....0,96 ...12804DEXIA...................................◗.......16,89 .......16,80 .......0,54 .......4,25 ..........17,70.......14,99 .....3,23 ...12822EADS(EX-AERO.MAT.)........◗.......16,56 .......16,49 .......0,42 .....21,40 ..........17,20.......12,52 .....0,38......5730EQUANT N.V.......................◗.......11,58 .......11,28 .......2,66....-13,96 ..........14,95 .........8,97.......n/d ...12701EURONEXT N.V ..................◗.......22,30 .......22,50......-0,89 .......4,94 ..........22,73.......19,02.......n/d......5777GEMPLUS INTL ...................◗ .........2,18 .........2,14 .......1,87....-23,23 ............3,08 .........1,75.......n/d......5768NOKIA A ..............................◗.......27,00 .......27,33......-1,21 ......-5,92 ..........30,32.......22,12 .....0,28......5838ROYAL DUTCH # ................◗.......61,20 .......61,30......-0,16 .......8,03 ..........61,35.......52,60 .....0,53 ...13950ROYAL PHILIPS 0.20...........◗.......33,30 .......33,00 .......0,91 .......0,66 ..........35,33.......27,74 .....0,27 ...13955SIEMENS # ..........................◗.......76,10 .......76,15......-0,07 .......2,69 ..........79,75.......62,00 .....0,74 ...12805STMICROELECTRONICS .....◗.......38,65 .......38,78......-0,34 .......7,21 ..........39,70.......31,50 .....0,03 ...12970TELEFONICA #.....................◗.......13,97 .......14,13......-1,13 ......-6,05 ..........15,62.......12,29 .....0,28 ...12811UNILEVER NV # ..................◗.......65,75 .......65,50 .......0,38 ......-0,22 ..........68,00.......61,45 .....0,38 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON #.........................◗ .........5,50 .........5,57......-1,26 ......-9,24 ............6,69 .........4,42 .....0,04 ...12905GENERAL ELECT. # .............◗.......46,50 .......46,25 .......0,54 .......0,78 ..........47,80.......40,10 .....0,18 ...12943HSBC HOLDINGS................◗ ..........n/d .......13,51.........n/d .......1,42 ..........13,75.......12,32 .....0,21 ...12976I.B.M # .................................◗ ....118,50.....121,20......-2,23....-15,23........141,90 ....109,50 .....0,14 ...12964KINGFISHER SICO...............◗ .........6,24 .........6,25......-0,16 ......-0,63 ............6,83 .........5,86 .....0,07 ...22046MERCK AND CO #..............◗.......71,65 .......71,10 .......0,77 .......5,67 ..........73,10.......64,50 .....0,33 ...12909NESTLE SA NOM. # ............◗ ....245,50.....246,00......-0,20 .......2,71........258,60 ....233,10 ...23,42 ...13911PHILIP MORRIS #................◗.......61,30 .......60,25 .......1,74 .....16,76 ..........62,25.......50,40 .....0,55 ...12928SCHLUMBERGER #.............◗.......68,50 .......69,50......-1,44 .......7,19 ..........70,95.......56,00 .....0,22 ...12936SONY CORP. # ....................◗.......63,95 .......63,80 .......0,24 .....23,93 ..........64,60.......46,31 .....0,13 ...12903

ACCOR .................................◗.......46,04 .......46,21......-0,37 .....12,76 ..........47,00.......38,03 .....1,00 ...12040AFFINE ..........................................40,00 .......40,00.........n/d .......8,40 ..........40,00.......30,34 .....1,20......3610AGF.......................................◗.......53,35 .......53,20 .......0,28 ......-1,02 ..........57,50.......50,20 .....2,00 ...12592AIR FRANCE GPE NOM......◗.......20,95 .......21,05......-0,48 .....27,43 ..........21,09.......16,06 .....0,22......3112AIR LIQUIDE ........................◗ ....169,90.....170,20......-0,18 .......7,94........171,40 ....149,80 .....3,00 ...12007ALCATEL A...........................◗.......17,85 .......18,07......-1,22 ......-7,03 ..........21,62.......14,62 .....0,48 ...13000ALCATEL O ............................ .........7,00 .........7,12......-1,69 ......-9,32 ............9,62 .........5,00 .....0,10 ...13015ALSTOM...............................◗.......15,23 .......15,40......-1,10 .....21,93 ..........15,40.......12,25 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNO. #...........◗.......60,45 .......60,50......-0,08 .....19,11 ..........61,40.......48,50 .....0,14......3463ARBEL..................................... .........5,00 .........5,11......-2,15 .....61,29 ............7,50 .........2,92 .....0,53......3588AREVA CIP............................. ....188,00.....188,00.........n/d .....17,86........189,90 ....160,00 ...22,85......4524ATOS ORIGIN......................◗.......89,50 .......90,00......-0,56 .....21,68 ..........90,10.......71,15.......n/d......5173AVENTIS ..............................◗.......81,15 .......82,05......-1,10 .......1,75 ..........85,95.......74,10 .....0,50 ...13046AXA ......................................◗.......23,74 .......23,54 .......0,85 .......1,15 ..........25,10.......19,41 .....2,20 ...12062BACOU DALLOZ ................... ....112,00.....114,10......-1,84 .....27,27........118,80.......83,30 .....0,90......6089BAIL INVESTIS....................... ....134,50.....134,50.........n/d .....11,06........135,00 ....122,50 .....7,16 ...12018BAZAR HOT. VILLE ............... ..........n/d.....129,00.........n/d .......0,15........152,80 ....124,50 .....3,00 ...12547BEGHIN SAY........................◗.......41,80 .......41,94......-0,33 .......2,45 ..........43,95.......39,20.......n/d......4455BIC........................................◗.......37,80 .......37,07 .......1,97 ......-1,45 ..........40,98.......35,51 .....0,29 ...12096BNP PARIBAS ......................◗.......55,70 .......56,00......-0,54 .....10,84 ..........58,30.......49,77 .....2,25 ...13110BOLLORE..............................◗ ....244,00.....248,00......-1,61 .......1,58........259,00 ....238,00 .....4,00 ...12585BOLLORE INV........................ ..........n/d .......51,10.........n/d ......-0,48 ..........55,00.......50,50 .....0,20......3929BONGRAIN...................................45,79 .......45,43 .......0,79 .......1,75 ..........45,80.......41,70 .....1,40 ...12010BOUYGUES..........................◗.......37,40 .......38,44......-2,71 .......1,63 ..........38,95.......30,51 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFS................◗.......43,50 .......43,40 .......0,23 .......8,61 ..........45,30.......38,60 .....1,10 ...13070B T P (LA CIE) ........................ ..........n/d .........1,16.........n/d.........n/d..............n/d ..........n/d .....0,46......3360BULL#...................................◗ .........1,06 .........1,08......-1,85....-13,82 ............1,27 .........0,83.......n/d......5260BURELLE (LY)................................55,85 .......55,80 .......0,09 .....12,53 ..........60,05.......49,63 .....0,50......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......48,40 .......49,20......-1,63 .....28,89 ..........51,00.......37,01.......n/d ...12074CANAL + ..............................◗ .........3,70 .........3,69 .......0,27 .......3,35 ............3,79 .........3,49 .....0,15 ...12546CAP GEMINI ........................◗.......81,80 .......82,00......-0,24 .......0,86 ..........90,70.......70,40 .....1,20 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......34,50 .......34,95......-1,29 .....15,00 ..........35,30.......28,60 .....1,06......3962CARREFOUR ........................◗.......52,45 .......51,75 .......1,35....-10,18 ..........58,80.......50,30 .....0,50 ...12017CASINO GUICH.ADP ...................60,50 .......60,75......-0,41 ......-3,20 ..........63,95.......56,05 .....1,37 ...12113CASINO GUICHARD ...........◗.......82,50 .......82,00 .......0,61 ......-4,78 ..........87,30.......75,05 .....1,33 ...12558CASTORAMA DUB.(LI) .......◗.......58,30 .......57,50 .......1,39 .......0,77 ..........61,00.......54,25 .....2,85 ...12420CEGID (LY)....................................81,00 .......81,10......-0,12 .......3,38 ..........90,50.......70,00 .....2,00 ...12470CEREOL ................................◗.......29,99 .......30,49......-1,64 .......5,41 ..........30,49.......28,00.......n/d......4456CERESTAR............................◗.......32,60 .......32,67......-0,21 .......5,84 ..........32,70.......30,70.......n/d......4457CFF.RECYCLING ...........................44,50 .......44,00 .......1,14 .....11,25 ..........45,20.......38,50 .....1,30......3905CGIP .....................................◗.......37,30 .......37,24 .......0,16.........n/d ..........38,30.......35,11.......n/d ...12102CHARGEURS ......................... ..........n/d .......77,00.........n/d .......2,73 ..........79,90.......67,00 .....2,13 ...13069CHRISTIAN DIOR ................◗.......43,80 .......44,75......-2,12 .....27,06 ..........44,86.......32,50 .....0,28 ...13040CIC -ACTIONS A ................... ....119,90.....120,00......-0,08 ......-0,49........125,00 ....118,70 .....2,29 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......50,85 .......50,90......-0,10 .......5,93 ..........51,95.......46,20 .....1,40 ...12098CLARINS...............................◗.......70,40 .......70,90......-0,71 .....11,04 ..........72,50.......61,00 .....1,10 ...13029CLUB MEDITERRANEE .......◗.......53,60 .......52,65 .......1,80 .....30,73 ..........56,40.......41,52 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCES .............◗.......36,21 .......36,20 .......0,03 .......1,42 ..........36,26.......33,60 .....1,08 ...12022COFACE................................◗.......54,10 .......54,10.........n/d .....14,13 ..........55,70.......46,40 .....1,75 ...12099COFLEXIP............................... ..........n/d.....165,90.........n/d .......4,33........167,80 ....145,00.......n/d ...13064COLAS...........................................71,50 .......71,40 .......0,14 .....12,86 ..........71,80.......62,00 .....2,13 ...12163CONTIN.ENTREPR. ......................46,00 .......46,00.........n/d .......2,90 ..........46,90.......41,50 .....2,00......3664CREDIT AGRICOLE ..............◗.......18,80 .......18,85......-0,27 .......5,67 ..........19,18.......17,58.......n/d......4507CRED.FON.FRANCE .....................14,98 .......14,99......-0,07 .......3,02 ..........15,19.......13,05 .....0,58 ...12081CREDIT LYONNAIS .............◗.......41,50 .......41,50.........n/d .....10,66 ..........41,63.......36,14 .....0,65 ...18420CS COM.ET SYSTEMES ........ .........9,00 .........8,75 .......2,86 .......8,43 ............9,90 .........7,60.......n/d......7896DAMART.......................................94,95 .......93,50 .......1,55 .....17,80 ..........98,00.......79,50 .....3,80 ...12049DANONE..............................◗ ....132,60.....132,00 .......0,45 ......-3,21........139,40 ....125,20 .....1,90 ...12064DASSAULT-AVIATION.......... ....320,00.....312,00 .......2,56 .......0,94........325,00 ....284,90 .....6,20 ...12172DASSAULT SYSTEMES .......◗.......57,35 .......57,45......-0,17 .......6,20 ..........58,95.......47,60 .....0,31 ...13065DEV.R.N-P.CAL LI # .....................14,80 .......14,70 .......0,68 .......2,77 ..........15,00.......14,25 .....0,55 ...12423DEVEAUX(LY)# ............................70,00 .......70,00.........n/d....-13,04 ..........75,00.......66,90 .....4,20......6100DIDOT-BOTTIN ..................... ..........n/d .......70,50.........n/d .....15,57 ..........70,50.......61,10 .....2,74......3747DMC (DOLLFUS MI) ............. .........9,05 .........8,70 .......4,02 .....20,82 ............9,05 .........6,90 .....0,61 ...12133DYNACTION.......................... ..........n/d .......28,50.........n/d .......5,94 ..........29,80.......25,41 .....0,50 ...13035EIFFAGE ...............................◗.......82,00 .......81,50 .......0,61 .....19,88 ..........82,50.......68,80 .....0,78 ...13045ELECT.MADAGASCAR .......... ..........n/d .......22,70.........n/d .......0,88 ..........24,90.......22,40.......n/d......3571ELIOR....................................◗ .........8,32 .........8,37......-0,60 .......3,22 ............9,74 .........8,05 .....0,07 ...12127ENTENIAL(EX CDE)......................31,50 .......31,50.........n/d .....24,26 ..........32,10.......25,35 .....0,40 ...12093ERAMET........................................38,00 .......39,00......-2,56 .......9,82 ..........39,80.......30,21 .....1,30 ...13175ESSILOR INTL ......................◗.......38,80 .......38,31 .......1,28 .....14,28 ..........39,30.......31,20 .....3,90 ...12166ESSO..............................................89,50 .......89,15 .......0,39 .....11,59 ..........92,10.......79,50 .....2,75 ...12066EULER...................................◗.......42,25 .......42,03 .......0,52 ......-0,58 ..........47,40.......40,60 .....1,40 ...12130

EURAZEO.............................◗.......63,00 .......62,80 .......0,32 ......-1,48 ..........63,85.......57,60 .....0,48 ...12112EURO DISNEY .....................◗ .........1,10 .........1,08 .......1,85 .....25,00 ............1,21 .........0,89.......n/d ...12587EUROTUNNEL .....................◗ .........1,04 .........1,05......-0,95 ......-7,96 ............1,18 .........0,90.......n/d ...12537FAURECIA ............................◗.......56,40 .......56,30 .......0,18 ......-4,40 ..........61,40.......51,60 .....0,91 ...12114F.F.P. (NY) ............................◗ ..........n/d.....105,00.........n/d .......8,19........106,50.......94,20 .....1,80......6478FIMALAC..............................◗.......46,50 .......46,39 .......0,24 .....15,38 ..........46,80.......40,01 .....0,90......3794FINAXA .........................................81,00 .......82,00......-1,22 .......2,33 ..........83,85.......68,00 .....2,20......3313FONC.LYON.# ..............................29,00 .......29,30......-1,02 .......8,61 ..........29,50.......25,20 .....0,85......3340FRANCE TELECOM..............◗.......33,20 .......33,30......-0,30....-26,05 ..........48,16.......28,15 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL............... ..........n/d.....104,10.........n/d .......4,15........110,00.......91,80 .....2,22 ...12185GALERIES LAFAYETTE ........◗ ....146,10.....146,00 .......0,07 ......-4,44........168,90 ....125,10 .....0,60 ...12124GAUMONT # ...............................48,20 .......48,00 .......0,42 .....16,99 ..........53,00.......39,00 .....0,57......3489GECINA ................................◗.......95,20 .......94,80 .......0,42 .......4,04 ..........95,75.......90,00 .....3,34 ...13151GENERALE DE SANTE .................15,70 .......15,90......-1,26 .......9,33 ..........16,50.......13,71.......n/d......4447GEOPHYSIQUE....................◗.......41,77 .......41,65 .......0,29 .....18,49 ..........41,80.......33,16 .....1,22 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗.......11,48 .......11,51......-0,26 ......-4,73 ..........13,34.......10,05 .....0,15......6337GRANDVISION....................◗.......19,11 .......19,68......-2,90 .....25,31 ..........20,10.......15,05 .....0,25......5297GROUPE GASCOGNE........... ..........n/d .......72,80.........n/d ......-1,88 ..........80,40.......67,75 .....3,00 ...12441GROUPE PARTOUCHE #.............70,55 .......71,00......-0,63 ......-4,98 ..........75,50.......63,00 .....1,68......5354GR.ZANNIER (LY) # .....................75,00 .......75,00.........n/d ......-4,58 ..........83,50.......72,00 .....0,73 ...12472GUYENNE GASCOGNE ......◗.......86,20 .......86,15 .......0,06 .......1,41 ..........87,50.......84,00 .....1,50 ...12028HAVAS ADVERTISING........◗.......10,65 .......10,66......-0,09 .....30,99 ..........11,00 .........7,82 .....0,17 ...12188IMERYS ................................◗ ....124,00.....123,90 .......0,08 .....15,02........127,90.......98,00 .....3,60 ...12085IMMEUBLES DE FCE............. ..........n/d .......20,00.........n/d ......-9,09 ..........25,00.......19,80 .....0,30 ...12037IMMOBANQUE NOM. ......... ..........n/d.....121,90.........n/d.........n/d........128,20 ....118,00.......n/d......5793IM.MARSEILLAISE................. ..........n/d ..3578,00.........n/d .......0,93......3650,00 ..3150,00 ...22,26......3770INFOGRAMES ENTER. ........◗.......12,70 .......12,63 .......0,55 ......-1,93 ..........15,98 .........9,95.......n/d......5257INGENICO............................◗.......26,00 .......25,76 .......0,93 .....15,04 ..........26,90.......22,50 .....0,10 ...12534ISIS ......................................... ....150,70.....161,00......-6,40 ......-4,62........161,00 ....137,00.......n/d ...12000JC DECAUX..........................◗.......13,10 .......13,00 .......0,77 .......4,38 ..........13,78.......10,20.......n/d......7791KAUFMAN ET BROAD ................20,18 .......20,10 .......0,40 .....22,30 ..........20,18.......16,21 .....0,82 ...12105KLEPIERRE............................◗ ....112,20.....111,90 .......0,27 .......4,56........117,20 ....108,20 .....2,75 ...12196L'OREAL................................◗.......81,35 .......81,10 .......0,31 .......0,55 ..........83,10.......75,15 .....0,44 ...12032LAFARGE..............................◗ ....102,40.....102,10 .......0,29 ......-2,38........107,00.......96,85 .....2,20 ...12053LAGARDERE.........................◗.......51,75 .......52,50......-1,43 .....10,10 ..........52,85.......41,92 .....0,78 ...13021LAPEYRE...............................◗.......60,00 .......60,50......-0,83 .....35,56 ..........62,50.......44,10 .....1,08 ...13051LEBON (CIE) .................................53,00 .......52,60 .......0,76 .......5,57 ..........54,70.......48,75 .....2,30 ...12129LEGRAND ORD. .................... ....175,00.....175,00.........n/d .....21,52........180,00 ....143,90 .....0,94 ...12061LEGRIS INDUST...................◗.......23,50 .......23,50.........n/d .......6,81 ..........25,39.......18,20 .....1,20 ...12590LIBERTY SURF ....................... .........3,67 .........3,69......-0,54 .....28,77 ............3,80 .........2,90.......n/d......7508LOCINDUS............................. ....128,00.....128,60......-0,47 .......1,58........131,90 ....126,00 ...10,18 ...12135LOUVRE #.....................................68,00 .......68,50......-0,73 .......8,28 ..........68,90.......60,00 .....1,24......3311LUCIA............................................11,26 .......11,25 .......0,09....-13,38 ..........12,00.......10,42 .....1,83......3630LVMH MOET HEN. .............◗.......59,60 .......59,80......-0,33 .....30,41 ..........60,50.......42,15 .....0,22 ...12101MARINE WENDEL...............◗.......70,20 .......70,50......-0,43.........n/d ..........72,80.......66,50.......n/d ...12120MARIONNAUD PARFUM...◗.......49,95 .......50,00......-0,10 ......-8,18 ..........57,60.......48,55.......n/d......6494MATUSSIERE FOREST. ......... .........9,45 .........9,40 .......0,53 .......6,29 ............9,85 .........8,15 .....0,10......6057MAUREL ET PROM......................18,11 .......18,28......-0,93 .....16,83 ..........19,50.......15,10 .....0,91......5107METALEUROP ....................... .........4,00 .........4,00.........n/d .....29,87 ............4,90 .........3,15 .....0,61 ...12038MICHELIN ............................◗.......43,43 .......44,02......-1,34 .....17,21 ..........44,59.......36,36 .....0,80 ...12126MONTUPET SA ............................14,93 .......14,71 .......1,50 .....43,14 ..........15,00.......10,50 .....0,17......3704NATEXIS BQ POP................◗.......91,90 .......92,00......-0,11 ......-5,15 ..........97,50.......87,30 .....2,50 ...12068NEOPOST.............................◗.......37,70 .......37,80......-0,26 .....15,22 ..........38,44.......32,31.......n/d ...12056NEXANS...............................◗.......21,05 .......21,15......-0,47 .....29,85 ..........21,15.......16,25.......n/d......4444NORBERT DENTRES.#.................26,00 .......26,29......-1,10 .....16,33 ..........27,90.......21,52 .....0,40......5287NORD-EST ....................................26,19 .......27,00......-3,00 ......-3,32 ..........27,90.......25,20 .....0,94 ...12055NRJ GROUP .........................◗.......23,10 .......23,10.........n/d .....10,31 ..........24,50.......17,90 .....0,15 ...12169OBERTHUR CARD SYS. ......◗ .........7,61 .........7,55 .......0,79....-14,97 ............9,40 .........5,62.......n/d ...12413ORANGE ..............................◗ .........7,57 .........7,55 .......0,26....-25,63 ..........10,74 .........6,27.......n/d......7919OXYG.EXT-ORIENT............... ....386,50.....389,90......-0,87 .......9,18........396,00 ....351,00 ...14,68......3117PECHINEY ACT ORD A .......◗.......60,25 .......60,75......-0,82 .......4,05 ..........63,80.......57,05 .....1,00 ...13290PECHINEY B PRIV. ................ ..........n/d .......57,35.........n/d .......5,42 ..........59,60.......52,50 .....3,31......3640PENAUILLE POLY.# .............◗.......42,20 .......41,82 .......0,91 .......6,83 ..........45,59.......36,80 .....0,28......5338PERNOD-RICARD................◗.......88,45 .......87,20 .......1,43 .......1,66 ..........91,50.......82,75 .....0,80 ...12069PEUGEOT.............................◗.......51,85 .......51,60 .......0,48 .......8,58 ..........52,55.......43,42 .....5,00 ...12150PINAULT-PRINT.RED. .........◗ ....132,60.....132,10 .......0,38 ......-8,29........154,69 ....109,50 .....2,18 ...12148PLASTIC OMN.(LY) ......................73,35 .......73,30 .......0,07 .....24,32 ..........83,10.......59,05 .....2,00 ...12457PROVIMI ..............................◗.......21,00 .......20,97 .......0,14 ......-1,50 ..........23,78.......20,16.......n/d......4458PSB INDUSTRIES LY ....................90,00 .......89,80 .......0,22 .......0,55 ..........91,80.......85,00 .....3,50......6032PUBLICIS GR. SA #..............◗.......38,90 .......38,79 .......0,28 .....30,75 ..........39,45.......26,80 .....0,20 ...13057REMY COINTREAU .............◗.......27,41 .......27,30 .......0,40 .....10,21 ..........27,98.......24,87 .....0,90 ...13039RENAULT .............................◗.......51,00 .......51,90......-1,73 .....28,75 ..........53,75.......39,30 .....0,91 ...13190REXEL ...................................◗.......71,10 .......70,20 .......1,28 .......7,80 ..........71,40.......58,60 .....1,61 ...12595RHODIA ...............................◗.......11,30 .......11,36......-0,53 .....25,83 ..........11,63 .........8,87 .....0,40 ...12013ROCHETTE (LA)............................12,50 .......12,53......-0,24 .....27,55 ..........12,90.......11,81 .....0,18 ...12580ROUGIER #...................................62,10 .......62,10.........n/d .......8,85 ..........62,40.......57,00 .....3,05......3764ROYAL CANIN .....................◗ ....141,70.....141,60 .......0,07 .......5,35........143,50 ....133,20 .....1,10......3153RUE IMPERIALE (LY)............. ..1700,00 ..1695,00 .......0,29 .......9,67......1710,00 ..1463,00 ...21,19 ...12400

SADE (NY) ............................. ..........n/d .......48,10.........n/d .......4,56 ..........49,70.......45,20 .....2,15 ...12431SAGEM S.A..........................◗.......73,70 .......74,40......-0,94 .......7,20 ..........75,50.......63,45 .....0,60......7327SAINT-GOBAIN ...................◗ ....185,30.....185,20 .......0,05 .......9,32........187,00 ....161,00 .....4,30 ...12500SALVEPAR (NY)..................... ..........n/d .......52,50.........n/d .......4,47 ..........55,95.......50,10 .....3,05 ...12435SANOFI SYNTHELABO .......◗.......72,20 .......72,00 .......0,28....-13,84 ..........84,30.......69,15 .....0,44 ...12057SCHNEIDER ELECTRIC ........◗.......58,10 .......58,65......-0,94 .......7,59 ..........59,50.......48,28 .....1,60 ...12197SCOR SVN ...........................◗.......36,70 .......36,60 .......0,27 .......3,64 ..........46,80.......31,50 .....1,70 ...13030S.E.B. ....................................◗.......83,65 .......83,65.........n/d .....33,51 ..........83,80.......61,00 .....1,90 ...12170SEITA.............................................48,51 .......48,65......-0,29 .......0,64 ..........50,20.......45,10 .....1,40 ...13230SELECTIBAIL(EXSEL) ....................16,27 .......16,27.........n/d .......2,19 ..........16,72.......15,80 .....1,56 ...12599SIDEL.............................................40,00 .......40,00.........n/d....-20,00 ..........53,00.......30,25.......n/d ...13060SILIC ....................................... ....159,90.....160,00......-0,06 .......1,97........164,40 ....151,00 .....6,68......5091SIMCO..................................◗.......78,85 .......79,00......-0,19 .......1,74 ..........79,25.......76,10 .....2,60 ...12180SKIS ROSSIGNOL.........................13,50 .......13,50.........n/d ......-6,76 ..........15,90.......13,07 .....0,28 ...12041SOCIETE GENERALE ...........◗.......69,75 .......70,00......-0,36 .....10,97 ..........71,15.......60,05 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......47,07 .......46,61 .......0,99 ......-1,95 ..........48,42.......42,65 .....0,56 ...12122SOPHIA ................................◗.......31,90 .......31,80 .......0,31 .......5,69 ..........32,20.......30,00 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP CB# ...........◗.......47,06 .......48,40......-2,77 .....21,41 ..........49,91.......39,05 .....0,62......5080SPIR COMMUNIC. #...........◗.......80,90 .......81,00......-0,12 .......3,71 ..........81,60.......74,05 .....3,00 ...13173SR TELEPERFORMANCE .....◗.......27,62 .......27,80......-0,65 .....17,53 ..........27,99.......21,56 .....0,15......5180STERIA GROUPE #.......................34,00 .......33,65 .......1,04 .....14,09 ..........34,50.......28,06 .....0,48......7291SUCR.PITHIVIERS.................. ....412,00.....420,00......-1,90 .......6,95........444,00 ....361,10 ...12,00......3331SUEZ.....................................◗.......32,77 .......32,30 .......1,46 ......-3,61 ..........34,90.......30,80 .....3,30 ...12052TAITTINGER .......................... ..........n/d.....133,50.........n/d .......2,77........140,00 ....120,00 ...11,62......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗ ....155,90.....156,00......-0,06 .......3,93........156,80 ....131,50 .....3,30 ...13170TF1........................................◗.......33,32 .......33,68......-1,07 .....17,36 ..........34,06.......24,94 .....0,65......5490THALES ................................◗.......40,20 .......39,80 .......1,01 .......3,74 ..........40,20.......36,35 .....0,62 ...12132THOMSON MULTIMEDIA..◗.......33,77 .......34,05......-0,82 ......-2,11 ..........37,15.......28,50.......n/d ...18453TOTAL FINA ELF..................◗ ....172,00.....171,00 .......0,58 .......7,23........172,30 ....151,60 .....3,30 ...12027TRANSICIEL # ......................◗.......38,49 .......38,25 .......0,63 .....10,95 ..........40,56.......31,50 .....0,50......6271UBI SOFT ENTERTAIN ........◗.......34,00 .......33,80 .......0,59 ......-9,33 ..........39,97.......29,46.......n/d......5447UNIBAIL (PORTEUR)...........◗.......62,40 .......62,70......-0,48 .......9,37 ..........62,90.......54,00 .....5,00 ...12471UNILOG................................◗.......81,25 .......81,30......-0,06 .....18,87 ..........82,00.......68,55 .....0,39......3466USINOR OPE ................................14,50 .......14,74......-1,63.........n/d ..........15,85.......14,00.......n/d......4513VALEO ..................................◗.......49,90 .......50,00......-0,20 .....11,38 ..........50,70.......42,80 .....1,35 ...13033VALLOUREC.........................◗.......63,00 .......63,40......-0,63 .....18,30 ..........63,95.......53,50 .....1,30 ...12035VINCI....................................◗.......72,95 .......72,40 .......0,76 .....10,79 ..........73,00.......61,30 .....1,65 ...12548VIVARTE ................................ ....139,30.....139,40......-0,07 .......8,40........143,00 ....124,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIRON.............◗.......36,52 .......36,50 .......0,05 ......-2,50 ..........39,20.......34,60 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERSAL .........◗.......48,20 .......48,26......-0,12....-21,62 ..........64,40.......40,66 .....1,00 ...12777WANADOO .........................◗ .........6,28 .........6,38......-1,57 .....11,54 ............6,68 .........5,37.......n/d ...12415WORMS (EX.SOMEAL) ...............20,30 .......20,29 .......0,05 .......4,10 ..........20,40.......18,50 .....0,50......6336ZODIAC................................◗.......23,17 .......23,20......-0,13 .....13,63 ..........23,98.......20,40 .....5,20 ...12568.....................................................................................................................................................................................

SÉLECTIONDernier cours connu le 8/3 à 9hValeur Cours date % var.

en euro valeur 31/12

AGIPI ACTIONS 27,20 7/3 1,87AGIPI AMBITION 25,75 7/3 1,29

BNP ASSOC.PREMIERE 9839,45 7/3 0,57BNP EURIBOR ASSOC. 52253,90 7/3 0,58BNP MONE C.TERME 2522,40 7/3 0,57BNP MONE EURIBOR 18674,76 7/3 0,61BNP MONE PLACEM.C 13821,39 7/3 0,53BNP MONE TRESORE. 78859,69 7/3 0,60Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIAT. 1846,64 7/3 0,52

BP OBLIG EUROPE 52,32 7/3 0,15BP SECURITE 104291,40 7/3 0,62FRUCTIFRANCE C 83,55 7/3 3,33Fonds communs de placementsBP CYCLEOEUROPECR. 109,67 6/3 -7,42BP CYCLEOEUROPECYC 114,60 6/3 3,96BP CYCLEOEUROPEDEF 101,13 6/3 -0,73BP MEDITERR.DEVEL. 56,40 6/3 1,03BP NVELLE ECONOMIE 87,52 6/3 -7,31BP OBLI HAUT REND. 112,13 6/3 3,26EUROACTION MIDCAP 136,39 7/3 7,96FRUCTI EURO 50 96,87 7/3 -1,58FRUCTI FRANCE NM 190,52 7/3 6,53

ECUR.1,2,3...FUTUR 52,54 7/3 2,34ECUR.ACT.EUROP.C 17,83 7/3 0,62ECUR.ACT.FUT.D/PEA 64,79 7/3 0,28ECUR.CAPITAL.C 44,10 7/3 -0,24ECUR.DYNAMIQUE + 43,29 7/3 0,23ECUR.ENERGIE 44,28 7/3 0,25ECUR.EXPANSION C 14926,26 7/3 0,62ECUR.EXPANSIONPLUS 42,61 6/3 0,51ECUR.INVEST.D/PEA 53,55 7/3 1,10ECUR.MONETAIRE C 225,64 7/3 0,46ECUR.MONETAIRE D 187,95 7/3 0,46ECUR.OBLIG.INTER. 178,45 7/3 0,98

ECUR.TECHNOLOGIESC 38,40 7/3 -3,02ECUR.TRIMESTR.D 269,79 7/3 -1,27EPARCOURT-SICAV D 28,52 7/3 0,07GEOPTIM C 2349,58 7/3 0,44Fonds communs de placementsECUR.EQUILIBRE C 37,78 7/3 ECUR.PRUDENCE C 34,70 7/3 0,28ECUR.VITALITE 41,29 7/3 0,49

Multi-promoteursLIV.BOURSE INV.D 183,42 5/3 1,18NORD SUD DEVELOP.C 523,50 5/3 1,03NORD SUD DEVELOP.D 404,01 5/3 1,03

ATOUT CROISSANCE 357,07 7/3 4,36ATOUT EUROPE 512,07 7/3 -0,57ATOUT FCE ASIE 77,77 7/3 0,68ATOUT FRANCE C 196,45 7/3 -0,24ATOUT FRANCE D 174,70 7/3 -0,23ATOUT FRANCE EUR. 176,40 7/3 -0,88ATOUT FRANCE MONDE 44,82 7/3 -0,28ATOUT MONDE 53,35 7/3 0,54ATOUT SELECTION 104,00 7/3 -0,79CAPITOP EUROBLIG C 101,10 7/3 -0,31CAPITOP EUROBLIG D 83,41 7/3 -0,32CAPITOP MONDOBLIG 45,28 7/3 0,35CAPITOP REVENUS 170,80 7/3 -1,46DIEZE C 432,39 7/3 -2,01INDICIA EUROLAND 111,51 6/3 -1,37INDICIA FRANCE 371,69 6/3 -0,50INDOCAM AMERIQUE 42,07 7/3 1,74INDOCAM ASIE 18,82 7/3 6,26INDOCAM FRANCE C 338,07 7/3 0,35INDOCAM FRANCE D 277,89 7/3 0,35INDOCAM MULTIOBLIG 191,66 7/3 2,12Fonds communs de placementsATOUT VALEUR 78,71 6/3 0,67CAPITOP MONETAIREC 193,68 9/3 0,46CAPITOP MONETAIRED 183,61 9/3 0,45INDO.FONCIER 97,28 7/3 4,44INDO.VAL.RES. 270,64 6/3 1,53MASTER ACTIONS 41,18 5/3 -0,02MASTER DUO 14,28 5/3 0,63MASTER OBLIG. 30,76 5/3 -0,29MASTER PEA 12,44 5/3 0,08OPTALIS DYNAMIQUEC 18,57 6/3 -0,21OPTALIS DYNAMIQUED 17,41 6/3 -0,22OPTALIS EQUILIBREC 18,78 6/3 -0,15OPTALIS EQUILIBRED 17,09 6/3 -0,17OPTALIS EXPANSIONC 14,71 6/3 -1,07

OPTALIS EXPANSIOND 14,36 6/3 -1,03OPTALIS SERENITE C 17,94 6/3 -0,05OPTALIS SERENITE D 15,76 6/3 -0,06PACTE SOLIDAR.LOG. 77,07 5/3 0,12PACTE VERT TIERS-M 82,09 5/3 0,13

EURCO SOLIDARITE 225,29 7/3 -0,05MONELION JOUR C 494,95 7/3 0,50MONELION JOUR D 416,83 7/3 0,50SICAV 5000 162,01 7/3 0,76SLIVAFRANCE 276,73 7/3 0,38SLIVARENTE 39,52 7/3 0,05SLIVINTER 157,46 7/3 1,12TRILION 742,01 7/3 -0,77Fonds communs de placementsACTILION DYNAMI.C 183,39 7/3 0,86ACTILION DYNAMI.D 172,75 7/3 0,87ACTILION EQUIL.C 178,90 7/3 2,70ACTILION EQUIL.D 167,27 7/3 2,70ACTILION PEA DYNAM 66,50 7/3 0,18ACTILION PEA EQUI. 166,08 7/3 0,08ACTILION PRUDENCEC 173,97 7/3 0,35ACTILION PRUDENCED 162,11 7/3 0,35INTERLION 236,23 7/3 0,45LION ACTION EURO 91,54 7/3 1,24LION PEA EURO 92,72 7/3 1,34

CIC AMERIQ.LATINE 118,11 7/3 2,74CIC CAPIRENTE MT C 35,68 7/3 -0,61CIC CAPIRENTE MT D 26,18 7/3 -1,76CIC CONVERTIBLES 5,50 7/3 0,36CIC COURT TERME C 34,45 7/3 0,37CIC COURT TERME D 26,42 7/3 -2,65CIC DOLLAR CASH 1429,72 7/3 0,28CIC ECOCIC 369,87 7/3 0,17CIC ELITE EUROPE 130,84 7/3 -0,86CIC EPARG.DYNAM.C 2077,43 7/3 0,06CIC EPARG.DYNAM.D 1638,57 7/3 0,06CIC EUROLEADERS 391,25 7/3 -0,61CIC FINUNION 177,85 7/3 0,21CIC FRANCE C 35,45 7/3 -0,33CIC FRANCE D 35,45 7/3 -0,33CIC HORIZON C 67,75 7/3 -0,64CIC HORIZON D 65,31 7/3 -0,71CIC MENSUEL 1415,28 7/3 -1,07CIC MONDE PEA 29,78 7/3 4,21CIC OBLI LONG T.C 15,35 7/3 -0,77CIC OBLI LONG T.D 15,16 7/3 -0,78CIC OBLI MONDE 138,06 7/3 1,12CIC OR ET MAT 125,30 7/3 18,19

CIC ORIENT 177,86 7/3 12,41CIC PIERRE 35,36 7/3 4,03SUD-GESTION C 24,54 7/3 -0,48SUD-GESTION D 18,66 7/3 -4,64UNION AMERIQUE 437,85 7/3 -1,26Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORT. 32,42 7/3 3,62CIC EURO PEA C 10,32 7/3 -2,64CIC EURO PEA D 10,06 7/3 -2,61CIC FRANCEVALOR C 37,78 7/3 0,71CIC FRANCEVALOR D 37,78 7/3 0,71CIC GLOBAL C 246,39 7/3 0,22CIC GLOBAL D 246,39 7/3 0,22CIC HIGH YIELD 393,17 1/3 -3,05CIC JAPON 8,28 7/3 5,74CIC MARCHES EMERG. 113,64 1/3 4,18CIC NOUVEAU MARCHE 5,46 7/3 -0,72CIC PEA SERENITE 171,44 1/3 0,85CIC PROF.DYNAMIQUE 23,52 6/3 0,17CIC PROF.EQUILIB.D 18,60 6/3 -0,48CIC PROF.TEMPERE C 136,38 6/3 0,42CIC TAUX VARIABLE 197,99 1/3 0,22CIC TECHNO.COM 76,92 7/3 -4,75CIC USA 18,80 7/3 0,64CIC VAL.NOUVELLES 279,59 7/3 -1,63

CM EUR.TECHNOLOG. 4,39 7/3 -3,60CM EURO PEA C 22,03 7/3 -0,77CM FRANCE ACTIONSC 34,86 7/3 -1,00CM MID-ACT.FRA 32,53 7/3 5,80CM MONDE ACTIONS C 321,82 7/3 -0,21CM OBLIG.CT C 165,31 7/3 -0,09CM OBLIG.LONG T. 103,43 7/3 -0,52CM OBLIG.MOYEN T.C 340,05 7/3 -0,43CM OBLIG.QUATRE 163,54 7/3 -0,32CM OPT.DYNAMIQUE C 31,35 7/3 -0,03CM OPTION EQUIL.C 53,86 7/3 0,05Fonds communs de placementsCM OPTION MODER. 19,37 7/3 -0,10

AMERIQUE 2000 128,31 6/3 -0,58ASIE 2000 90,08 6/3 13,79NOUVELLE EUROPE 219,88 5/3 0,32ST HONORE CAPITALC 3637,71 5/3 0,13ST HONORE CAPITALD 3250,03 5/3 -1,27ST HONORE CONV. 340,58 5/3 0,38ST HONORE FRANCE 56,57 6/3 -1,13ST HONORE PACIFI. 81,67 6/3 2,39ST HONORE TECHNO 105,92 6/3 -6,57

ST HONORE VI.SANTE 381,71 5/3 -0,35ST HONORE WORLD LE 95,27 6/3 -0,77

STRATEG.IND.EUROPE 201,74 6/3 -1,35Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC 5898,33 6/3 -0,99STRATEGIE IND.USA 9693,31 6/3 2,40

ADDILYS C 108,11 7/3 0,54ADDILYS D 104,91 7/3 -1,65AMPLITUDE AMERIQ.C 26,57 7/3 1,18AMPLITUDE AMERIQ.D 25,73 7/3 1,18AMPLITUDE EUROPE C 32,30 7/3 -1,36AMPLITUDE EUROPE D 30,93 7/3 -1,38AMPLITUDE FRANCE C 85,03 7/3 1,52AMPLITUDE MONDE C 233,78 7/3 1,78AMPLITUDE MONDE D 209,69 7/3 1,78AMPLITUDE PACIFI.C 17,50 7/3 12,69AMPLITUDE PACIFI.D 16,72 7/3 12,66ELANCIEL EUROD PEA 99,73 7/3 -0,68ELANCIEL FR.D PEA 40,76 7/3 0,04EM.EUROPOSTE D PEA 30,70 7/3 -0,72ETHICIEL 111,32 7/3 6,19GEOBILYS C 122,19 7/3 0,34GEOBILYS D 111,41 7/3 0,34INTENSYS C 20,80 7/3 0,19INTENSYS D 17,68 7/3 0,11KALEIS DYNAM.FCE C 80,38 7/3 -0,16KALEIS DYNAMISME C 223,30 7/3 0,54KALEIS DYNAMISME D 215,77 7/3 0,54KALEIS EQUILIBRE C 204,85 7/3 0,23KALEIS EQUILIBRE D 197,11 7/3 0,22KALEIS SERENITE C 193,37 7/3 0,27KALEIS SERENITE D 185,68 7/3 0,27KALEIS TONUS C 70,65 7/3 0,61LIBERT.ET SOLIDAR. 101,90 7/3 -0,12OBLITYS C 113,31 7/3 -0,53OBLITYS D 111,54 7/3 -0,53PLENITUDE 42,73 7/3 -0,09POSTE GESTION C 2643,49 7/3 0,57POSTE GESTION D 2343,41 7/3 0,57POSTE PREM. 7179,23 7/3 0,54POSTE PREM.1AN 42750,97 7/3 0,21POSTE PREM.2-3ANS 9221,97 7/3 -0,11PRIMIEL EURO C 58,47 7/3 6,99REVENUS TRIMESTR. 779,92 7/3 -1,17SOLSTICE D 363,05 7/3 0,12THESORA C 189,17 7/3 -0,28THESORA D 157,91 7/3 -0,28

TRESORYS 47989,46 7/3 0,63Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE 82,71 7/3 -0,23DEDIALYS MULTI SEC 64,26 7/3 0,41DEDIALYS SANTE 93,52 7/3 1,76DEDIALYS TECHNO. 34,63 7/3 -3,82DEDIALYS TELECOM 40,51 7/3 -14,40OBLITYS INSTIT.C 98,44 7/3 -0,46POSTE EUROPE C 92,44 7/3 -0,36POSTE EUROPE D 88,16 7/3 -0,37POSTE GISEMENT C 197,78 7/3 -0,58POSTE GISEMENT D 178,31 7/3 -0,59REMUNYS PLUS 104,01 7/3 0,54

CADENCE 1 D 154,25 7/3 -1,54CADENCE 2 D 152,57 7/3 -1,26CADENCE 3 D 150,91 7/3 -1,26CONVERTIS C 227,58 7/3 -0,33INTEROBLIG C 59,39 7/3 0,06INTERSELECTION F.D 75,30 7/3 0,58SELECT.DEFENSIF C 193,08 7/3 0,21SELECT.DYNAMIQUE C 241,46 7/3 1,16SELECT.EQUILIBRE 2 170,19 7/3 1,23SELECT.PEA 1 206,73 7/3 0,85SELECT.PEA DYNAM. 143,74 7/3 1,36SG FRANCE OPPORT.C 447,22 7/3 5,63SG FRANCE OPPORT.D 418,75 7/3 5,63SOGEFAVOR 103,14 7/3 1,77SOGENFRANCE C 470,54 7/3 1,03SOGENFRANCE D 422,02 7/3 0,56SOGEOBLIG C 112,90 7/3 -0,45SOGEPARGNE D 44,29 7/3 -0,24SOGEPEA EUROPE 224,98 7/3 0,85SOGINTER C 53,72 7/3 1,55Fonds communs de placementsDECLIC ACT.EURO 15,52 6/3 0,06DECLIC ACT.FSES 53,35 6/3 1,89DECLIC ACT.INTLES 34,77 7/3 1,28DECLIC BOURSE EQ. 16,69 6/3 0,60DECLIC BOURSE PEA 51,17 6/3 0,25DECLIC OBLIG.EUROP 16,54 6/3 -5,32DECLIC PEA EUROPE 23,89 6/3 -0,29DECLIC SOG.FR.TEMP 58,94 6/3 0,01SOGESTION C 48,22 6/3 0,60SOGINDEX FRANCE 516,72 6/3 -0,94......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD).Plus haut et plus bas : cours maximum et minimum depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

NOUVEAU MARCHÉ7/3 : 28 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesTELECOM CITY # ...............................1,48 .......32,14CONSORS FRANCE............................2,68 .......19,11PICOGIGA...........................................4,89 .......12,16ALTI #..................................................9,04..........9,98LA COMPAGNIE GROUP ..................5,25..........9,38LA TETE DS NUAGES ........................1,09..........9,00GENESYS #.......................................13,14..........8,77MEMSCAP..........................................2,37..........7,73DIREKT ANLAGE BK........................13,25..........7,64TEL.RES.SERVICES # ..........................1,74..........7,41INFO VISTA ........................................4,12..........7,01LEXIBOOK # SVN ............................17,40..........6,75INTEGRA.............................................1,00..........6,38ACCESS COMMERCE # .....................2,68..........6,35Plus mauvaises performancesBRIME TECHN.BS00..........................0,05......-28,57IPSOS BS00 ........................................1,25......-18,30IDP ......................................................1,41......-11,88INTERCALL REDUCT........................12,10 ........-9,30CAC SYSTEMES # ..............................2,70 ........-8,78OXIS INTL RGPT ................................0,22 ........-8,33IXO ......................................................0,42 ........-6,67

ALGORIEL #........................................3,60 ........-5,26INFOSOURCES ...................................0,82 ........-4,65EUROFINS SCIENTIF. ......................17,53 ........-4,00GL TRADE # .....................................49,95 ........-3,94SITICOM GROUP ...............................6,22 ........-3,57HUBWOO.COM.................................1,50 ........-3,23BUSINESS INTER. # ...........................1,63 ........-2,98Plus forts volumes d'échangeA NOVO #........................................17,60..........1,62AVENIR TELECOM #..........................1,35..........3,85BRIME TECHNO. #..........................37,99..........3,51CARRERE GROUP ............................19,10..........2,41DEVOTEAM # ..................................23,28 ........-0,51EGIDE # ............................................88,15..........2,74EUROFINS SCIENTIF. ......................17,53 ........-4,00GENESYS #.......................................13,14..........8,77HIGHWAVE OPTICAL........................2,49..........2,47ILOG # ..............................................16,80..........1,20INFO VISTA ........................................4,12..........7,01IPSOS #.............................................69,95..........3,10MEDIDEP # ......................................27,60 ........-0,72MEMSCAP..........................................2,37..........7,73NICOX # ...........................................44,59..........0,65PICOGIGA...........................................4,89 .......12,16SITICOM GROUP ...............................6,22 ........-3,57SOI TEC SILICON #..........................24,86..........0,20VALTECH ............................................2,08..........5,05WAVECOM #...................................37,70..........1,89

SICAV ET FCP

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

SECOND MARCHÉ7/3 : 47 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesBOURGEOIS (LY) ...............................5,60 .......33,33CHARLATTE......................................10,90 .......32,93DESQUENNE GIRAL ........................18,95 .......17,63SUPERVOX (B) ...................................0,61 .......17,31TROUVAY CAUVIN # ........................5,03 .......12,03DANE-ELEC MEMORY # ...................3,64 .......10,30APS # ................................................13,98..........9,99RADIALL # ........................................74,40..........7,83SMOBY (LY) #..................................34,42..........7,53GECI INTL ...........................................8,05..........7,33FINATIS(EX.LOCAIN) ....................134,00..........7,20ARCHOS ...........................................13,45..........7,17GEODIS.............................................24,50..........6,94PRECIA (LY) #...................................11,17..........5,78Plus mauvaises performancesGROUPE JAJ .......................................3,20......-16,01NETRA SYSTEMS ...............................3,90......-12,16GLM S.A. ..........................................17,73......-10,00LE TANNEUR......................................3,50 ........-9,56COCOON NOM..................................0,56 ........-8,20SOCAMEL-RESCASET # ..................27,27 ........-7,56BILLON # ............................................2,80 ........-6,67

OXYMETAL.........................................3,85 ........-5,87BOIZEL CHANOINE#.......................41,51 ........-5,44ACCES INDUSTRIE.............................7,05 ........-4,73ANDRE TRIGANO(LY)#...................15,20 ........-4,70ALES GPE EX.PHYTO# ....................26,31 ........-4,29DIGIGRAM # ......................................7,30 ........-3,95BERNARD LOISEAU # .......................6,54 ........-3,82Plus forts volumes d'échangeACCES INDUSTRIE.............................7,05 ........-4,73ALGECO # ......................................110,00..........2,80ALTEN (SVN) # ................................16,30..........2,84APRIL S.A.#(LY)................................17,69..........1,38BENETEAU #....................................48,40..........1,89BONDUELLE.....................................57,10..........0,09ETAM DEVELOPPEMENT ...............13,51 ........-0,66EUROPEENNE CASINOS.................66,50..........0,00HERMES INTL................................169,00..........3,05LVL MEDICAL GPE...........................38,80..........4,89M6-METR.TV ACT.DIV ...................34,17..........3,58PINGUELY HAULOTTE ....................11,02..........5,45RADIALL # ........................................74,40..........7,83RALLYE..............................................49,85..........1,73RODRIGUEZ GROUP # ...................65,95 ........-1,12RUBIS # ............................................28,00..........1,82SOLVING #.......................................37,00..........3,64SYNERGIE (EX SID.) ........................33,50 ........-1,47TONN F.FRERES...............................27,15..........0,00TRIGANO..........................................37,93 ........-0,18

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

M A R C H É S F R A N Ç A I S

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/27

L’HOMME MODERNE est-ilapparu en Afrique ? Quand, et com-ment, a-t-il remplacé les popula-tions archaïques qui peuplaientl’Asie et l’Europe ? A-t-il connu plu-sieurs vagues de migration succes-sives ? Dans la recherche de nosorigines, les paléontologues ontreçu depuis peu l’aide des biologis-tes moléculaires, qui s’appliquent àlire notre histoire dans les gènes denos contemporains. Mais cetteapproche est récente, et ses conclu-sions souvent contradictoires.Pour la première fois depuis queces travaux sont en cours, une équi-pe américaine vient de reprendrel’ensemble des résultats obtenus etd’en faire la synthèse. Le scénariole plus probable qui en ressort estque nos ancêtres sont bien partisdu continent africain. Et plutôtdeux fois qu’une.

Ainsi que le suggère le biologisteAlan Templeton (Washington Uni-versity, Saint-Louis, Missouri),dont les travaux sont publiés dansla revue Nature (datée du 7 mars),nos aïeux africains auraient connudeux épisodes migratoiresmajeurs, l’un il y a environ 600 000ans, l’autre il y a 100 000 ans. Mais,ajoute-t-il, ces nouveaux arrivantssur le sol asiatique et européenn’ont pas brutalement remplacéles populations plus anciennes quiy vivaient alors. Les mélanges géné-tiques en témoignent : les groupeshumains qui ont successivementpeuplé la planète ont au contrairesu se mêler les uns aux autres,engendrant des populations métis-sées dont nous provenons tous.

De cette longue histoire, onconnaît le début. Il y a 5 millionsd’années, en Afrique – déjà –, lesaustralopithèques se dressent surleurs pattes de derrière. Environ2,5 millions d’années plus tard,leurs descendants donnent naissan-ce au grand-père direct de l’hom-me moderne : Homo habilis, l’hom-me qui taillait les pierres. Quelquescentaines de milliers d’années

encore, et son fils, Homo erectus,quitte l’Afrique pour conquérir lemonde. Le dos droit, et le cerveaunettement plus gros que celui deses ancêtres.

Il y a 350 000 ans, Homo erectusest présent en Afrique, en Asie eten Europe. Mais, à partir de là, toutse brouille. A-t-il ensuite évoluésimultanément en différents lieuxpour donner naissance, 250 000ans plus tard, à l’homme moderne,Homo sapiens sapiens ? Ou bien cedernier est-il issu d’un seul peuple-ment, parti ultérieurement d’Afri-que ? C’est là que la génétique,depuis peu, a son mot à dire.

L’étude par les gènes de nos ori-

gines commence véritablement en1987, avec les travaux d’une équipede chercheurs californiens dirigéspar Alan Wilson. Selon eux, notremère à tous serait une « Eve » noi-re, apparue en Afrique il y a envi-ron 200 000 ans, et dont les descen-dants auraient ensuite progressive-ment occupé le reste du monde.Ces conclusions s’appuient surl’analyse d’un matériel génétiquetrès particulier : l’ADN des mito-chondries, petits éléments servantà la respiration cellulaire qui possè-dent leur propre patrimoine hérédi-taire. Mais, très vite, d’autres pis-tes se dessinent. Notammentcelle… d’« Adam ». Un hypothéti-que ancêtre datant cette fois de270 000 ans, et qui serait lui aussi,selon une équipe américaine del’université Yale (Connecticut),porteur du patrimoine héréditairecommun à l’ensemble del’humanité.

Pour réunir dans le jardin d’Edence couple mythique, que les gèneset les statistiques séparent aujour-d’hui de 70 000 ans, les biologistespoursuivent donc leurs recherches.Mais plus ils avancent moins on yvoit clair ! En 1996 tombent ainside nouveaux résultats, fondés surl’analyse d’un fragment du chromo-

some 12. Conclusion des auteursde l’étude : l’origine de notre popu-lation mondiale se situe quelquepart en Afrique subsaharienne,d’où elle aurait essaimé vers lereste du monde… il y a tout au plus100 000 ans.

Que tirer de ces résultats contra-dictoires, obtenus à l’issue delongs travaux menés par des équi-pes reconnues ? Au moins uneconstante, qui incite à ne pas relâ-cher l’effort : qu’ils proviennent del’ADN mitochondrial ou chromoso-mique, les gènes humains mènenttous au continent africain. Mais laméthode a ses limites. Les déduc-tions auxquelles elle fait appelreposent sur un grand nombre depostulats, sur lesquels les cher-cheurs ne s’accordent pas tou-jours. « Lors de telles analyses, lespopulations doivent être définies defaçon précise pour éviter de recons-truire des a priori phylogénéti-ques », précise Véronique Barriel,spécialiste de la phylogénie des

primates au Muséum d’histoirenaturelle de Paris.

D’autres critères imposent égale-ment la prudence, telles les hypo-thèses évolutives utilisées pour cal-culer la « distance génétique »entre deux populations. Il faut,enfin, compter avec une inconnuemajeure : s’il s’est produit, commele pensent nombre de préhisto-

riens, des métissages fréquentsentre Homo sapiens archaïques etles premiers hommes modernes,tous les calculs chronologiquesbâtis à partir de l’ADN de noscontemporains doivent alors êtrereconsidérés.

C’est en partie ce qu’a fait l’équi-pe d’Alan Templeton, et ce n’estpas le moindre intérêt de son

étude. Plus globalement, sontravail a consisté à appliquer lesméthodes de l’analyse statistiqueaux principaux « arbres » phylogé-nétiques établis depuis quinze anssur notre propre espèce. Au total,les résultats de onze études généti-ques (fondées sur de l’ADN prove-nant soit des mitochondries, soitdes chromosomes sexuels X ou Y,soit d’autres chromosomes) ontété traités par ses ordinateurs,avec pour mission de livrer un scé-nario cohérent sur l’émergence del’homme moderne. Les principalesconclusions qui en découlent– deux vagues de migration succes-sives à partir du continent africain,et un fort métissage avec les popu-lations antérieures – sont, une foisencore, spéculatives. Mais elless’appuient sur une réelle volontéde synthèse, et réunissent pour lapremière fois des données jugéesjusqu’alors inconciliables.

Catherine Vincent

SOUS L’ÉGIDE des Nationsunies, une convention internationa-le prohibant la pratique du clonagehumain à des fins de reproductionpourrait rapidement voir le jour.Une première audition d’expertspar une commission de l’ONU s’esttenue, du 26 février au 1er mars, àNew York, au siège de l’organisa-tion. L’objectif de cette initiative estde parvenir, parallèlement aux dis-positions législatives nationales, àla rédaction d’un texte contraignantdont la portée serait universelle.Une seconde audition d’experts estprévue pour septembre. La commis-sion, sur la base de ce consensus,élaborera alors un mandat qui, unefois adopté par l’Assemblée généra-le de l’ONU, permettra de mettreen chantier le texte de la conven-tion internationale.

« Cette rencontre faisait suite àl’iniative de la France et de l’Allema-gne, qui souhaitent que le clonagereproductif soit interdit à l’échelonplanétaire, chaque pays pouvantprendre des dispositions particulièrespour les différentes activités derecherche à partir des cellules sou-ches embryonnaires et de la pratiquedu transfert nucléaire, explique leprofesseur René Frydman (hôpitalAntoine-Béclère, Clamart), qui par-ticipait à la réunion new-yorkaise.Les différents échanges ont permisd’analyser les différentes opinionsdes délégations nationales face àcette question éthique. » Pour leprofesseur Frydman, outre la posi-tion franco-allemande les Etatsmembres de l’ONU peuvent, sché-matiquement, être classés en deuxgroupes.

« Il y a ceux – comme la Chine –qui estiment qu’il est encore prématu-ré de prononcer une interdiction défi-nitive du clonage reproductif dansl’espèce humaine et qu’il faut, avantde se prononcer, attendre les résul-

tats des divers travaux en cours surl’animal, explique-t-il. Plusieurs deces pays seraient plutôt favorables àun moratoire. A l’opposé on retrouveles Etats-Unis, nombre de pays d’Amé-rique latine ainsi que le Vatican, quisouhaitent qu’on associe à l’interdic-tion du clonage reproductif celle duclonage thérapeutique et pratique-ment toute forme de recherche surl’embryon humain. » Les pays oppo-sés à toute forme de clonage sou-tiennent que l’embryon doit êtreconsidéré comme un être humain àtous les stades de son développe-ment ce qui exclut de facto que l’onpuisse le réifier, fût-ce à des fins thé-rapeutiques ou scientifiques.

C’est dans ce contexte que les

autorités canadiennes ont rendupublique, lundi 4 mars, une nouvel-le réglementation qui autorise lesbiologistes à mener des travaux surles cellules souches naturellementprésentes dans des embryonshumains. Les scientifiques cana-diens pourront bénéficier de fondspublics sans pour autant pouvoirmettre en œuvre la pratique du clo-nage à des fins thérapeutiques.

Les cellules souches humaines– qui peuvent être obtenues soit àpartir de la destruction d’embryons,soit via leur isolement dans desorganismes adultes ou dans le sangdu cordon ombilical – sont indispen-sables au développement de lamédecine dite régénératrice, qui sepropose de développer des théra-pies cellulaires contre des maladiesdégénératives aujourd’hui incura-bles. Pour leur part, les scientifiquesbritanniques viennent d’obtenir unfeu vert législatif définitif leur per-mettant de mener des travaux sur leclonage thérapeutique.

Jean-Yves Nau

E 1987, des Américains affirmaient que nous des-cendions tous d’ « » , née il y aenviron 200 000 ans et dont les enfants se seraientdispersés dans le monde. Quinze ans après, la recher-

che de par l’étude comparative desgènes de nos contemporains reste très active, maisses conclusions ne sont guère homogènes. Où, etquand, est apparue notre espèce, Homo sapiens

sapiens ? Comment s’est-elle substituée aux popula-tions archaïques préexistentes ? Des chercheurs ontrepris l’ensemble des condui-tes sur ce thème et en ont fait une synthèse. Pour

eux, nos ancêtres auraient connu successives à partir de l’Afrique et seseraient fortement métissés avec les populationsvivant alors sur les continents asiatique et européen.

Depuis les travaux d’Alan Wilson, les reconstitutions généalogiques parl’ADN mitochondrial ont fait leurs preuves. Comparé à l’ADN des chromoso-mes, celui-ci présente deux avantages : il ne se transmet pratiquement quede mère en fille, et il possède un taux de mutation cinq à dix fois plus élevéque l’ADN nucléaire. Deux signes particuliers qui simplifient le calcul des« distances génétiques » existant entre populations actuelles – distances àpartir desquelles les chercheurs, remontant le temps, estiment l’époque àlaquelle elles ont divergé. En appliquant des tests statistiques à une petitepartie de cet ADN mitochondrial, recueilli sur 147 personnes de cinq originesdifférentes, Alan Wilson aboutit donc à une Eve « noire ». Quant à l’ex-istence supposée d’« Adam », elle provient non plus des mitochondries,mais d’un fragment du chromosome Y – qui ne se transmet, lui, que de pèreen fils –, prélevé et analysé chez 38 de nos contemporains, choisis parmi lesprincipaux groupes humains.

A U J O U R D ’ H U Is c i e n c e s

Eve et Adam vus par l’ADN

Vers une interdiction mondialedu clonage reproductif humain

Origines de l’humanité : nos gènes mènent en AfriqueLa synthèse des études génétiques menées sur nos origines confirme que les premiers hommes sont partis du continent africain.

Mais la chronologie de ces migrations reste incertaine et demande à être précisée par les généticiens

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28/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

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Gilles Vaissière,arbitre de lademi-finale de Coupede la LigueParis-SG-Bordeaux,expulse les deuxentraîneurs parisiens,Jean-Louis Gasset etLuis Fernandez (àgauche). Samedi 2mars, le « quatrièmearbitre », StéphaneMoulin (au centre),avait été bousculépar Luis Fernandez,alors queles Parisiens étaientmenés (0-1) parles Bordelaissur leur terraindu Parc des Princes.

A Marseille, « tout le monde connaît tout le monde », mais à l’OM on oublie Jean-Luc Baresi

Le dossier « droits radio » complique la crise à la Ligue

A L’IMAGE du monde politique,le football français pourrait fairede la lutte contre l’impunité un thè-me majeur en cette année 2002. Eninfligeant à Luis Fernandez uned’interdiction de banc de touche etde vestiaires d’arbitres jusqu’au1er septembre, jeudi 7 mars, laLigue nationale de football (LNF)a fait preuve d’une intransigeancepeu habituelle mais, pour lemoins, proportionnée à la gravitédes faits reprochés au manageurdu Paris Saint-Germain.

En apprenant sa sanction, il a cla-qué la porte de la pièce où étaitréunie la commission de disciplinede la Ligue, avant de s’éclipsersans parler à la presse. L’ancieninternational espérait que l’instan-ce disciplinaire serait plus clémen-te à son égard. Deux jours plus tôt,n’avait-il pas fait acte de contri-tion en décidant de s’exclure lui-même du banc de touche parisiendans le but de dépassionner lesdébats ?

Le voilà condamné à suivredepuis les tribunes la fin du cham-pionnat, puis le début du suivant,ainsi que le parcours de son équi-pe en Coupe de France. Sonadjoint, Jean-Louis Gasset, a, lui,écopé d’une suspension ferme detrois matches.

Luis Fernandez comparaissait

pour son comportement lors de lademi-finale de Coupe de la Ligueayant opposé, le 2 mars, au Parcdes princes, le PSG aux Girondinsde Bordeaux. Le technicien n’avaiteu de cesse de s’en prendre à l’arbi-tre niçois Gilles Vessière ainsi qu’àStéphane Moulin, le « quatrième »arbitre chargé, ce soir-là, de fairerégner l’ordre sur le bord de la tou-che. La fin de match avait été parti-culièrement houleuse.

Les Girondins avaient ouvert lescore à la 82e minute sur un penal-ty difficilement contestable, siffléà la suite d’un tacle dangereux deFrédéric Déhu sur ChristopheDugarry. Trois minutes plus tard,le défenseur parisien Bernard Men-dy s’était fait expulser pour contes-tation. Une minute plus tard, LuisFernandez était à son tour excludu terrain pour avoir bousculé Sté-phane Moulin qui lui demandaitde garder son calme.

Contraint de rejoindre la tribuneprésidentielle du Parc, le mana-geur du PSG avait alors pris à par-

tie Gérard Bourgoin, le présidentde la Ligue nationale (LNF), pré-sent quelques rangs plus haut, afinde lui demander d’intervenir.

« »Après avoir brisé une vitre en

tentant d’approcher Gilles Vessiè-re, Luis Fernandez avait poursuivison numéro lors de la conférencede presse en s’indignant du faitque l’arbitre ait été retenu pour laprochaine Coupe du monde. Deuxheures et demie après la fin dumatch, l’homme fulminait encore.

Comme l’a raconté, jeudi soir,

Jacques Riolacci, le président de lacommission de discipline de laLNF, Luis Fernandez est alors des-cendu dans les sous-sols du Parcdes princes pour « bloquer la sortiedu parking » à Gilles Vessière. « Iln’y a pas eu d’altercation. Il voulaitsavoir quel était la teneur du rap-port de l’arbitre », a expliqué Jac-ques Riolacci en précisant qu’iln’avait « jamais vu » pareil inci-dent dans le football français.

L’inflexibilité de la commissionde discipline était prévisible. LuisFernandez n’en est pas à son pre-mier écart. Dès la deuxième jour-

née du championnat, son compor-tement avait conduit l’arbitre dumatch Auxerre-PSG (1-1), ClaudeColombo, à rédiger un rapport con-tre lui. Lors de la journée suivante,face à Sochaux (victoire 1-0 pourle PSG), il s’était fait exclure parDamien Ledentu. La commissionde discipline lui avait alors infligédeux matches de suspension.

« »Luis Fernandez avait ensuite été

l’objet d’un nouveau rapport, le 15septembre, pour son attitude lorsde la recontre Lorient-PSG (1-1),

ce qui lui avait valu une interdic-tion de vestiaires d’arbitre pour unmatch. Le 29 novembre, il était ànouveau exclu du banc de touche,par Bertrand Layec, l’arbitre dePSG-OM (0-0) : suspendu pour unmatch, il avait alors bénéficié del’étonnante mansuétude de la com-mission d’appel et de l’éthique dela Ligue qui avait transformé sasanction en une amende au mon-tant dérisoire à l’échelle du foot-ball professionnel : 3 811 euros,soit 2,27 % du salaire mensuel duseul Jay-Jay Okocha.

L’apothéose de ce parcours àbout de nerfs reste toutefois lematch OL-PSG (3-0) du 17 févrieroù, écumant de rage, Luis Fernan-dez déversa plusieurs flots d’insul-tes à la figure de Jacques Santini etJean-Michel Aulas, l’entraîneur etle président de l’Olympique lyon-nais. « M. Fernandez est un récidi-viste. Nous avons pris en compte l’ac-cumulation des faits. Son passé aplaidé contre lui », a indiqué Jac-ques Riolacci, jeudi soir.

Plus tôt dans la journée, Marie-George Buffet avait prêté sa voixau débat en réclamant des sanc-tions « fortes et dissuasives ».« L’exemplarité des gens du hautniveau est capitale. Quand on voit lecomportement de certains, il est dif-ficile ensuite d’expliquer aux plusjeunes qu’ils doivent bien se tenir »,a justifié la ministre de la jeunesseet des sports. « Nous avons dégagéplusieurs dizaines de millions defrancs, avec le ministère de l’inté-rieur, pour lutter contre la violencedans le sport. L’image véhiculéeactuellement par le football profes-sionnel fout en l’air la moitié de cetinvestissement, sinon la totalité », sedésolait-on, jeudi, dans l’entoura-ge de Marie-George Buffet.

Frédéric Potet

« L’AFFAIRE BARESI » est en passe d’en-flammer l’Olympique de Marseille. Lesvieilles rancœurs se réveillent depuis l’inter-pellation, vendredi 1er mars, de l’agent dejoueurs Jean-Luc Baresi, dans le cadre d’uneaffaire de grand banditisme.

Bernard Tapie, directeur sportif, accusePierre Dubiton, l’ancien directeur de l’OM,d’avoir fait venir M. Baresi au club. EtienneCeccaldi, actuel directeur général du clubmarseillais, affirme n’avoir jamais « versé uncentime à M. Baresi ». Pierre Dubiton sedéfend, et la polémique remonte jusqu’à lamairie de Marseille et au premier adjoint, ledéputé RPR Renaud Muselier.

Jean-Luc Baresi, 43 ans, agent FIFA depuisle 25 septembre 2001, a été mis en examenpour « extorsion de fonds, menace de mort etrecel » par le juge marseillais Patrick André.Il lui est reproché d’être impliqué dans uneaffaire de racket, sur le port de Marseille, etd’avoir tenté de monnayer sa protection.

Incarcéré depuis vendredi, il nie ces accu-sations. Jean-Luc Baresi était très présent

ces derniers mois, au siège de l’OM, dans lesillage d’un autre agent de joueurs, GilbertSau, un proche de Bernard Tapie.

« Baresi ne s’est occupé que d’un seul trans-fert pour l’OM : celui de Jérome Leroy, parti auPSG. Et c’est le PSG qui a payé Baresi, a assuréBernard Tapie au Monde. Au début de la sai-son 2001-2002, tous les transferts se traitaientdans le bureau de M. Dubiton, en présence deMM. Baresi et Sau. C’était un bordel sansnom. Mon homme de confiance, Marc Frata-ni, était exclu de ces réunions. »

« … »Et le directeur sportif de l’OM de préciser :

« Je n’avais aucune raison de me méfier deBaresi : son casier judiciaire était vierge. Cen’était pas comme si Francis le Belge se retrou-vait au siège de l’OM. Il était aussi l’ami deRenaud Muselier, premier adjoint à la mairiede Marseille. »

Le député RPR Renaud Muselier nedément pas : « C’est vrai, je connais Jean-LucBaresi. Mais je n’ai aucun lien, professionnel

ou politique, avec lui. » Jean-Luc Baresi a-t-ilréellement travaillé pour l’Olympique deMarseille, ou s’est-il contenté de gérer unseul transfert ? Etienne Ceccaldi se veut plusprécis : « M. Baresi a bien effectué le transfertde Jérome Leroy, a-t-il indiqué au Monde.Compte tenu de sa personnalité, et de monesprit soupçonneux d’ancien magistrat, j’aiappelé le joueur pour savoir si tout s’était bienpassé. Il m’a répondu que tout allait bien, qu’ilpassait de 400 000 francs à 720 000 francs parmois. Je n’ai pas versé un centime à M. Baresi.Et j’ai fini par l’écarter complètement, je nevoulais pas cohabiter avec un individu de cetacabit. »

Selon Etienne Ceccaldi, c’est pendant« l’ère Dubiton » que Jean-Luc Baresi étaitomniprésent au club : « Il avait même sesbureaux au siège de l’OM, en compagnie deGilbert Sau. C’est Dubiton qui les a faitvenir. »

Une vision des faits que ne partage pasPierre Dubiton, remercié par le club en octo-bre 2001 : « Baresi, que je considère comme

un homme d’honneur, est un ami de Tapie. Jene l’ai jamais fait venir à l’OM et je ne lui aipas versé d’argent. Contrairement à M. Ceccal-di qui lui a signé des chèques. »

A l’OM, une partie de poker menteur vient

de s’engager, tandis que d’autres affairesjudiciaires menacent le club. Dans le cadrede l’information judiciaire qui vise les trans-ferts réalisés entre 1997 et 1999, et notam-ment l’activité de Gilbert Sau, Etienne Cec-caldi vient de demander à être entendu parla juge marseillaise Laure Roche.

Bernard Tapie se veut serein : « A Mar-seille, tout le monde connaît tout le monde.Quand je suis arrivé à l’OM, j’ai viré 160 gui-chetiers qui revendaient des faux billets. Mais,ces dernières années, Robert Louis-Dreyfuss’est laissé réinfiltrer par le milieu, dans desproportions incroyables. Cela a cessé, depuismon retour. »

Gérard Davet

LA CRISE couve lentement maissûrement à la Ligue nationale defootball (LNF). Jeudi 7 mars, l’orga-nisme responsable du football pro-fessionnel a indiqué, dans un com-muniqué, que la date limite pourl’appel d’offres concernant la com-mercialisation des « droits radio »du championnat de France avait étérepoussée du 22 mars au 2 avril.

Une mission de « consultation » a,par ailleurs, été confiée à PatrickProisy et Jean-Claude Plessis, respec-tivement présidents du RC Stras-bourg (D2) et du FC Sochaux. Ceux-ci ont, en fait, été mandatés pourrenouer le contact avec un monderadiophonique offusqué à l’idée dedevoir payer pour commenter endirect des matches de D1 et de D2.Gérard Bourgoin, le président de laLigue, qui avait lancé l’opérationavec précipitation, est en quelquesorte « dessaisi » du dossier.

Décidée lundi 4 mars au coursd’un bureau de la Ligue quelque peuagité, cette manœuvre était dansl’air depuis quelque temps. Le ras-semblement des radios au sein d’ungroupement d’intérêt économique(GIE) et les encouragements deMarie-George Buffet, la ministre dela jeunesse et des sports, à boycotterla consultation avaient placé la LNF

dans une situation impossible. Lecourant majoritaire au sein de laLigue, auquel appartiennent PatrickProisy et Jean-Claude Plessis, a doncpréféré calmer le jeu en se donnantce délai supplémentaire. De bonnesource, on indique que d’autresreports seront probablement néces-saires. La LNF redoute qu’une seuleradio, voire aucune, ne fasse acte decandidature à son appel d’offres.

Critiqué de toutes parts, et notam-

ment par ses anciens partisans quiréfléchissent actuellement sur unestratégie destinée à le pousser endehors de la Ligue, Gérard Bourgoinpeut, en tout cas, se féliciter d’avoirdonné naissance à un véritabledébat de fond sur le droit à l’infor-mation. De nombreuses réactionsse sont fait entendre dans lesmilieux sportifs, médiatiques et poli-tiques. Lionel Jospin a lui-même sonidée sur la question depuis qu’Oli-vier Schramek, son directeur de cabi-net, a demandé à l’entourage deMarie-George Buffet ce qu’il fallaiten penser, dans l’hypothèse où lecandidat socialiste serait interrogésur le sujet pendant la campagneprésidentielle.

Marie-George Buffet, de son côté,

s’est activée en coulisse. Elle a lancéune réflexion pour l’adoption d’undécret permettant de distinguer lesnotions de droit à l’information etde droit à la commercialisation d’unspectacle sportif. Elle a égalementdemandé à plusieurs reprises – maissans succès – à Claude Simonet, leprésident de la Fédération françaisede football (FFF), de prêter sa voixau débat. La ministre aurait aiméque Claude Simonet rappelle que lesdroits commerciaux des manifesta-tions sportives n’appartiennent pasà la Ligue, mais à son autorité detutelle, la Fédération, ainsi que leprécise clairement la loi.

Alors qu’il prévoyait de s’expri-mer, vendredi 8 mars, à la sortied’un conseil fédéral, le président dela FFF est resté sur sa réserve, crai-gnant de se fâcher avec le footballprofessionnel. Il est vrai que la LNFa promis récemment d’augmenterde manière significative la contribu-tion qu’elle verse au monde ama-teur. D’ici cinq ans, la FFF s’attendainsi à recevoir 15,24 millionsd’euros chaque saison, sous la for-me d’aides diverses, de la part de laLigue, soit plus du double de cequ’elle touche actuellement.

F. P.

b Football : injures, crachats etmenaces sont passibles, aprèsexclusion de 2 matches, de 2 moisde suspension et d’une amende de16 000 à 80 000 euros. Coups oubagarre entraînent jusqu’à 5 ans desuspension et 160 000 eurosd’amende.b Rugby : insultes ou bousculadepeuvent entraîner des suspensionsde 20 à 180 jours et 190 jours à 1 an.Crachats, jets d’objets ou agressionssont passibles de radiation.b Tennis : à l’avertissement del’arbitre, peuvent s’ajouter despoints de pénalité, puis ladisqualification (4e infraction). Unjet de raquette coûte 500 dollars,insultes et menaces, 5 000 dollars,et une agression, 10 000 dollars.b Basket-ball : lors d’une fautegrave, l’arbitre, en plus del’expulsion, peut en appeler à lacommission de discipline, qui jugecas par cas.

En sanctionnant Luis Fernandez, le football français veut changer d’imageLe manageur du Paris Saint-Germain a été interdit de banc de touche et de vestiaires d’arbitres pour six mois, à la suite de son comportement

lors du match de Coupe de la Ligue contre Bordeaux. « Son passé a plaidé contre lui », a expliqué le président de la commission de discipline

Protéger l’arbitre

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/29

LA FÉDÉRATION australienne de rugby (ARU) a annoncé, vendredi8 mars, qu’elle rejetait l’invitation de la Nouvelle-Zélande à coorganiserla Coupe du monde 2003 en raison d’un certain nombre de désaccords etdevrait donc proposer de l’organiser seule. La Fédération néo-zélandaisede rugby (NZRFU) avait jusqu’à 17 heures, vendredi, pour régler unesérie de problèmes en suspens avec l’International Rugby Board (IRB) etla fédération australienne. La NZRFU a annoncé avoir donné son accordde principe pour organiser conjointement la Coupe du monde 2003 avecl’Australie mais a posé plusieurs conditions qui ont été rejetées. La NZR-FU était en désaccord avec l’IRB et l’ARU sur la question de maintenir ounon le championnat national provincial (NPC), dont le calendrier coïnci-de avec le Mondial et qui est une grosse source de revenus pour la fédéra-tion néo-zélandaise. Des problèmes concernaient également le parraina-ge de l’événement.Les organisateurs de la Coupe du monde avaient proposé un compromisqui autoriserait la tenue des demi-finales et de la finale du NPC pendantle tournoi mondial, à condition que les matches n’aient pas lieu dans desstades retenus pour la compétition internationale. Les deux pays de-vaient se partager les demi-finales, la finale revenant à l’Australie.

a DOPAGE : les Etats européens sont parvenus à s’entendre surleur participation au budget de l’Agence mondiale antidopage(AMA). « Le Conseil de l’Europe a décidé, la semaine passée, malgré l’op-position de l’Allemagne, de la création d’un fonds dans lequel seront ver-sées les contributions de chacun, a-t-on indiqué, jeudi 7 mars, au minis-tère français de la jeunesse et des sports, Ceux qui veulent payer peu-vent le faire. La France va le faire. » L’idée de ce fonds est née suite aurefus de Viviane Reding, commissaire européenne à la culture et ausport, d’engager l’Union européenne dans un financement de l’AMAen 2002, en raison de l’absence de « règles budgétaires adaptées » auxrègles européennes de comptabilité publique et de « budgets prévision-nels sérieux. » Les financements européens doivent représenter 47,5 %des apports gouvernementaux internationaux à l’AMA, ces derniersdevant eux-mêmes compter pour moitié dans le budget de l’Agence(20,7 millions d’euros).

LIBOURNEde notre envoyé spécial

L’énigme du pingouin n’en finitplus d’agiter la sous-préfecture deGironde. Mais quel est donc ce pal-mipède, en short et chemisette,qui s’affiche à l’hôtel de ville, estvénéré dans les brasseries libour-naises et s’agite, suspendu à bonnombre de rétroviseurs ? Com-ment cet alcidé piscivore a-t-iléchoué aux milieux des vignes ?Enfin, par quel sortilège le volatileantarctique a-t-il pu épouser lacause du football au point de deve-nir la mascotte du club local, le FCLibourne-Saint-Seurin-sur-l’Isle(FCLSS), qui devait jouer, samedi10 mars, les quarts de finale de laCoupe de France face à Bastia ?

« On ne sait pas exactement. Il ya différentes versions », dit Ber-nard Laydis, le président des« Pingouins », surnom desjoueurs du FCLSS, qui évoluentactuellement en CFA. Trois ver-sions précisément. Selon certainshistoriens amateurs, l’animalserait né à Paris et n’aurait migrédans le Bordelais qu’à l’occasiond’un échange : en 1936, date defondation du FC Libourne, lesdirigeants auraient sollicité etobtenu le parrainage du Racingclub de Paris, dont l’emblèmeétait alors un pingouin. Nedemandez pas pourquoi.

« En réalité, c’est parce que noussommes des manchots », rectifie lebras droit du président et direc-teur sportif, Gérard Pons. La rivali-té entre rugbymen et footballeursest une constante culturelle etdominicale du Sud-Ouest. Les pre-miers, habitués à utiliser les mainspour pratiquer leur sport, auraientqualifié les seconds de manchots.La boutade n’aurait pas laissé lesfootballeurs de glace, eux qui pous-sèrent la plaisanterie jusqu’à faire

de l’oiseau en habit de soirée(même si le spécimen libournais-saint-seurinois porte une culottecourte de couleur verte) leuremblème. « Mais non, hâble dansun doux accent sudiste cet anciendu club, c’est parce que l’on jouaitsur la banquise. Au tout début, onévoluait à Aveyres, un vrai champde patates, et, un glacial jour d’hi-ver, un adversaire a crié : “Mais surcette banquise, on va jouer contredes pingouins !” »

« »Le mystère pingouin demeure à

Saint-Seurin tout comme demeurele mystère Saint-Seurin en coupede France. Après avoir dévoréMetz (2-1), croqué Lille (2-0) etenglouti Châteauroux (2-0), les Pin-gouins girondins partent encore àla pêche au gros. Samedi, au stadeJacques-Chaban-Delmas de Bor-deaux, ils s’attaqueront à Bastia.« Ce sont les Corses qui portent lesvalises, nous on va à Bordeaux trèstranquillement », explique l’entraî-neur Jean-Marc Furlan. Le club deCFA aborde cette nouvelle étapesans stress.

« On est une équipe de jeunes quia envie de prouver qu’elle avait lesqualités pour jouer plus haut »,explique le gardien de but FranckGrandel. Une revanche pour ceslaissés-pour-compte des centresde formation professionnelle dontla majorité de l’effectif est issue.

« Ils n’ont sans doute pas leniveau pour jouer au-dessus, maisensemble, ils sont vraiment trèsforts », explique pour sa part Ber-nard Laydis, qui rêve d’un par-cours « à la Calais », finaliste de laCoupe de France il y a deux ans.« Qui sera à mes côtés au Stade deFrance le 11 mai pour la finale : Chi-rac ou Jospin ? », interroge-t-il hila-re, faisant allusion au résultat

incertain de la prochaine électionprésidentielle.

A 46 ans, ce viticulteur savourece millésime sans retenue : « C’estextraordinaire ce qui nous arrive eton commence à y prendre goût. »Pour autant, l’exemple de Calais,en proie depuis à de graves problè-mes sportifs et économiques, faitaussi cogiter les hommes duFCLSS. « Je souhaite que l’on n’ylaisse pas trop de plumes », lâcheBernard Laydis. « Nous sommestout petit, on le sait, donc on restecool », résume l’entraîneur, Jean-Marc Furlan. L’ancien profession-nel, enfant du pays, formé auxGirondins de Bordeaux et qui aévolué neuf saisons en Division 1,de Bordeaux à Lens, en passantpar Montpellier et Bastia, est néan-moins ambitieux : « Il faut bâtir,mais doucement, sans se griser. »

Pour grandir un peu plus, les diri-geants n’excluent pas d’en passerpar de nouveaux mariages de rai-son comme celui qui, en 1998, vitSaint-Seurinois et Libournaisfusionner pour le meilleur et pourle pire.

« Personne ne le regrette et pour-tant ce n’était pas la grande passionpuisqu’il y avait cinquante années

de rivalités entre les deux équipes àoublier », raconte Jean-Marc Fur-lan, qui a disputé le derby sous lesdeux maillots. Deux clubs forma-teurs, deux anciens pensionnairesde D2 (Libourne de 1979 à 1984,Saint-Seurin de 1989 à 1992) quichoisissaient de s’unir plutôt quede se concurrencer. En outre,l’étonnant destin de Saint-Seurin,commune de 2 400 âmes située à25 kilomètres de Libourne, endépendait. Le club, miné par lesdéficits, avait été contraint dedéposer son bilan.

« On peut très bien imaginer unclub qui s’appellerait Pays libour-nais et qui représenterait le districtGironde-Est », explique BernardLaydis. Le président du FCLSSpourra de plus compter sur les sub-sides acquis (600 000 ¤) grâce auparcours du club en Coupe deFrance. Somme qui pourrait bienencore s’alourdir en cas de victoireface à Bastia samedi. En cas de suc-cès, les Pingouins pourraientsérieusement envisager d’entrerdans Paris, soit par Ivry, soit parIssy, quelques années après lesloups de la chanson.

Etienne Labrunie

JEAN-MARC FURLAN connaîtparfaitement ses joueurs. Voilàprès de cinq ans qu’il entraîne leFC Libourne Saint-Seurin-sur-l’Is-le (FCLSS). Mais, surtout, depuishuit mois, il travaille avec CécileTraverse, 27 ans, en dernièreannée de thèse de psychologie dusport, chargée du soutien moral deses troupes. Et s’il était là le secretde Libourne-Saint-Seurin, PetitPoucet de la coupe de France ?

Fait sans doute unique dans lefootball amateur, rarissime chezles pros, ce club a donc sa psycho-logue. « Les entraîneurs de sportscollectifs sont souvent réticents dèslors qu’ils ont affaire à un savoir dif-férent, affirme Jean-Marc Furlan.Ce sont justement ces valeurs diffé-rentes qui m’intéressaient. »

Jean-Marc Furlan a compristous les bienfaits d’une telle presta-tion. Bien qu’il n’ait jamais étédemandeur. L’aventure tient duhasard : il y a quatre ans, CécileTraverse entame sa thèse à la facul-té des sports de Bordeaux. Elle abesoin d’un « échantillon » defootballeurs. Elle en parle à sondirecteur de thèse, qui n’est autrequ’André Menaut, ex-entraîneurde Jean-Marc Furlan (aux Giron-dins notamment).

« Alors que les autres clubs aveclesquels j’avais un peu travailléauparavant m’avaient accueilliepour moi seule, Libourne-Saint-Seu-rin m’a accueillie aussi pour lesjoueurs, pour le club », témoi-gne-t-elle.

Les jeudis, elle se rend donc au

FCLSS et commence à « étudier »les footballeurs en dressant leurprofil psychologique. Cela luiprend du temps. Attachée tempo-raire d’études et de recherches(ATER) à la faculté des sports deBordeaux, il lui faut jongler avec« un emploi du temps de ministre »,entre les cours de psychologie etles cours de tennis (elle est classée5/6, en deuxième série) qu’elle ydispense, et le centre d’entraîne-ment de tennis qu’elle a ouvertavec son père à Sainte-Foy-la-Grande, d’où elle est originaire.Mais elle se sent bien à Libourne,en confiance avec ces footballeurs,

« amateurs, mais au comportementtrès pro ».

Alors, en juillet 2001, elle propo-se à Jean-Marc Furlan d’approfon-dir cette collaboration. « Commeelle fonctionne à titre gracieux, jen’osais pas le lui demander »,confie l’entraîneur. Toujours béné-volement, Cécile Traverse se faitplus présente au sein de l’équipe.Elle s’entretient avec le joueur quile souhaite avant d’évoquer le casavec l’entraîneur.

« Ils ne me voient pas forcémenttous. Mais le fait de me savoir dispo-nible pour eux les rassure. Face àmoi, ils hésitent moins à exprimerleurs doutes. Tout se fait dans latransparence. Vous savez, certainsclubs m’ont demandé de travailleravec eux pour savoir qui garder, quijeter. Hors de question. Pour moi, iln’y a pas de bon ou de mauvaisprofil », explique-t-elle.

« »L’intérêt du joueur peut diver-

ger de celui de l’entraîneur qui n’ani l’envie ni le temps de se penchersur le cas de chaque joueur, d’expli-quer en permanence la raison d’unchoix.

Cécile Traverse « amortit lescoups », dit Jean-Marc Furlan.« Tout devient plus limpide. Ellem’a beaucoup aidé, beaucoupappris. Pour ce quart de finale, parexemple, on change de stade [leFCLSS joue à Bordeaux]. Elle les apréparés à cela comme à la pressiondes médias. »

Si, au début, Cécile Traverseappréhendait quelque peu ce mon-de exclusivement masculin, elle y atrouvé sa place. Les femmes desjoueurs, avec qui elle partage lestroisièmes mi-temps, l’ont adop-tée aussi. Aujourd’hui, elle assurevivre, avec cette Coupe de France,« [sa] plus belle aventure ».

Bien sûr, cette passionnée a soifd’autres expériences. Déjà, la sec-tion handball des Girondins (divi-sion 1) l’a embauchée. Elle n’apeur de rien. Pas même d’unedéfaite de Libourne-Saint-Seurinface à Bastia. « Tout a été fait pourque tout se passe bien », assu-re-t-elle.

Charlotte Kafrouny

L’Australie organisera seulele Mondial de rugby 2003

En Coupe de France, les Pingouins de Libournene craignent plus personne

Football b En quarts de finale, le FC Libourne-Saint-Seurin-sur-l’Isle devait affronter Bastia (D1),samedi 9 mars, sur la pelouse du stade Jacques-Chaban-Delmas de Bordeaux

Ici, le douzième hommeest une femme

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30/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

MILANde notre envoyée spéciale

Pendant que plusieurs centainesde milliers de personnes manifes-taient à Rome contre la politique deSilvio Berlusconi, la mode de l’hiver2002-2003 a défilé tranquillement àMilan, du 24 février au 5 mars.Après le climat austère des collec-tions d’octobre 2001, désertées parles acheteurs américains et japo-nais, la mode italienne qui emploie695 000 personnes en Italie et génè-re un chiffre d’affaires de 49 mil-liards d’euros, semble retrouver saconfiance.

En marge de la centaine de défi-lés et des 123 présentations, lesouvertures de boutiques se sont

enchaînées, d’Armani Collezioni àMoschino ou P-Box, via Manzoni,première adresse d’un conceptdédié aux souliers des marquesfabriquées par Aeffe (Alberta Ferret-ti, Narciso Rodriguez, Moschino,Jean Paul Gaultier…), qui a rachetéen 2000 le chausseur Pollini. La plusattendue étant la première bouti-que Dior Homme qui met en scèneles collections d’Hedi Slimane dansun décor épuré de laque grise,d’inox, de verre et de béton.

D’autres ont organisé des fêtes àgrand budget, comme Tod’s qui ainvité 1 500 personnes dans uneancienne fabrique de turbines rache-tée par Diego Della Valle en 2000 ettransformée pour la soirée en stu-dio de cinéma. Mariuccia Mandelli(Krizia) a accueilli ses hôtes dans

une église convertie en boîte denuit pendant que Donatella Versa-ce dansait au Black Club avec400 convives dont Chelsea Clintonrelookée par ses soins…

A Milan, pas d’émotions fortesou de chocs visuels comme à Parismais un panorama précis des ten-dances qui seront vite recopiées parles chaînes de prêt-à-porter, com-me les pulls tricotés main, les panta-lons de velours côtelé ou les man-teaux en mouton retourné sur desnuisettes en mousseline. Malgréquelques incursions dans le sexy(Gucci, Prada), la mode célèbre lesfolklores du monde et un artisanatluxueux, entre Heidi descendue desalpages en blouse et veste tyrolien-ne (D & G, Etro) et clones de Verus-chka, l’icône « hippy chic » dudébut des années 1970.

Le « glamour rustique » scandépar Dolce & Gabbana résume l’hu-meur du moment. Un « retour aux

racines » qui n’a pas dû déplaire à lafille de Silvio Berlusconi, assise àcôté de la chanteuse Kylie Minoguelors du défilé. Gilet de reporter mul-tipoche en velours délavé doubléde chinchilla, robe tissée à la mainen mèches de laine sur des bottesen agneau clouté, poncho et besa-ce frangée surdimensionnée culti-vent une sensualité brute dans unluxe absolu des matières. « Le prixdes sacs n’est pas un problème carles gens les considèrent comme unbel objet à garder », affirme SilviaVenturini-Fendi, créatrice desaccessoires de la marque Fendi, quimise sur le sac Ostrik – au dessinirrégulier d’une huître – déclinépour l’hiver en 31 versions (chèvreet corne ciselée, lézard et sycomo-re, métal et galuchat…).

Sur des robes aux tons de terre,la maison romaine rachetée parLVMH travaille la fourrure avec lalégèreté du tissu, dans du vison tri-coté avec du Lurex et du cachemi-re, des roses de chinchilla sur uncol ou des peaux nervurées commede l’écorce. Dans cette saison decuir et de fourrure, on attendaitplus de la collection RuffoResearch créée par les stylistesAlexandre Matthieu, qui sont res-tés accrochés aux années 1980avec des blousons en cuir craqueléfaçon coquille d’œuf, un baggyvieil or ou un bustier en cuir grassur un sweat en molleton.

L’Islandaise Steinunn Sigurd, sty-liste de la Perla, imagine « un pay-sage du Nord » avec des matièresmousseuses et des pulls de mohairarachnéens. Chez Sportmax, lesDianes chasseresses en minijupede peau sur des bottes souples ouen gilets de bergère sur des robes

en mousseline évoquent « un con-te de fées nordique ou un roman épi-que, mélangeant douceur et aventu-re, images extrêmes et ambiancerurale ».

Après le blanc hamiltonien du

printemps, l’hiver élargit la paletteà des tons crémeux, chocolatés oudes pastels délavés (Jil Sander, Bal-ly). Marni, dont la boutique mila-naise a été dévalisée par les rédac-trices de mode américaines, cultiveles citations vintage, les tissus frois-sés et les teintes vieillies par letemps avec des roses fanées, del’avocat ou du lilas dessinant le ves-tiaire d’une écolière modèle enpantalon court, robe en patchworkde coton, manteau écossais et grosbonnet de laine.

Le retour à l’imagerie des années1970 a profité à Missoni, qui, aprèsplusieurs saisons de flottement, asu réinventer ses classiques dansune collection énergique multi-pliant les prouesses sur la maille etles effets décoratifs, comme lesmotifs de vases vénitiens ou lesimprimés cachemire « macro ». Lacouleur claque dans des robes envelours de soie améthyste, fuchsia,bleu cobalt ou chocolat.

« J’en ai assez des gens qui pen-sent que je ne peux pas dessiner desvêtements sexy », a expliqué Muccia

Prada avant son défilé. A contre-courant du « rustique chic » de lasaison, les mannequins perchés surdes talons eiffeliens portent desbaby-dolls de soie et de mousseli-ne froissée aux couleurs de bon-bons, un bombers en castor sur

une robe moulante à la Alaïa ou untrench en plastique gansé de satinsur une jupe en tissu d’homme.L’ex-égérie Wonderbra Eva Herzi-gova est même revenue pour l’oc-casion dans une robe en cote demaille sous un imper strict.

Iniatiateur de l’ethnique chic del’été avec ses accessoires en bois etcorne pour Yves Saint LaurentRive Gauche, Tom Ford cultiveune sensualité plus offensive chezGucci. A l’image des collectionsaméricaines, il voit l’hiver en noiret convoque une héroïne néo-gothique, croix autour du cou etchevilles bien sanglées. Il travailleles lumières du noir dans des man-teaux en drap de laine raide, des sil-houettes ceinturées de obis de soieou des vestes kimonos, inspiréspar un récent voyage au Japon.Plus qu’à l’habitude Tom Fordinsiste sur l’empreinte de la main

avec un pull en cachemire tricotéde lamelles de vison et de rubans,des tissages exclusifs de coton etsoie ou un manteau entièrementrebrodé en fils de soie. Les acces-soires signent un luxe conquérantet décomplexé avec des sacochesde médecin en cuir brossé, un sacen dos de crocodile ou un réticulesculpté à la façon d’un paraventjaponais…

Parfois, on éprouve un senti-ment de malaise devant ces filles àpeine majeures qui se traînent surdes talons de 12 centimètres,quand elles ne s’effondrent pas,comme ce mannequin dont les chu-tes répétées ont été coupées sur lavidéo du défilé diffusée en bloucledans le show-room, pour ne pastrop écorner une image parfaite-ment contrôlée.

Anne-Laure Quilleriet

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2002-2003

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Veste de lainebronze à reversde satin, jupeen taupe, hauten jersey desoie et ceintureobi, dans lacollection Guccipar Tom Ford,(ci-dessus).Pantalon enlaine et soie,pull encachemireet bonnetd’aviateuren cuir, GiorgioArmani(en haut àgauche).Manteau enagneau brodéde papillonscloutéset écharpe enlaine tricotéeà la main,Dolce& Gabbana,(à droite).

A 67 ans, Giorgio Armani n’a decesse d’agrandir son empire. Lundi4 mars, il régnait sur Milan avec laprésentation de ses défilés Giorgio Ar-mani et Emporio Armani, l’inaugura-tion d’une boutique dédiée à la nou-velle ligne de diffusion Armani Colle-zioni sur la via Montenapoleone – cel-le de l’avenue George-V à Paris aouvert jeudi 7 mars – et une fêteorganisée dans son nouveau siègeconçu par l’architecte Tadao Ando,où huit cents invités ont pu grignoterdes sushis aux côtés de Sophia Loren,Claudia Cardinale, Charlie Sheen ouLaura Helena Harring, l’héroïne duMulholland Drive de David Lynch.Après les jodhpurs et les bloomersjuvéniles Emporio Armani, sa collec-tion fleuve Giorgio Armani – 195 pas-sages – célèbre une nonchalance1920 mâtinée de références asiati-ques, entre pantalon dhotti et vestesà col Mao, robes du soir inspirées despeintures de Tamara de Lempicka etsilhouettes d’aviateurs à la CharlesLindbergh.

« Est-ce que la culture de l’excès estdevenue une forme esthétique ensoi ? », s’interroge l’homme qui préfè-re répéter ses classiques plutôt quede céder aux diktats des tendances.Une éthique qui lui réussit puisqueson groupe a clôturé l’année 2001avec une croissance des bénéficesnets consolidés de 23 % et un pro-gramme d’investissement record(273 millions d’euros) en partie consa-cré à l’acquisition de l’entreprise deconfection Simint, à la mise en placede son siège social et à l’ouverture de35 nouvelles boutiques.

De gauche à droite : manteau à franges de mohair et robe en patchwork, Missoni ; ensemble en popeli-ne de coton rebrodée de paillettes et veste en marmotte, Marni ; robe en jersey de soie plissé, Prada.

APRÈS NEW YORK, Londres etMilan, la semaine des collectionsde prêt-à-porter féminin automne-hiver 2002-2003 a débuté à Parisjeudi 7 mars avec en temps fortsDior et Comme des Garçons etse poursuivra jusqu’au samedi16 mars.

Mille huit cents journalistes,trois cent cinquante photographesde cinquante pays viendront sui-vre cette saison la petite centainede collections inscrites sur le calen-drier officiel, les trente-cinq défi-lés off et une centaine de présenta-tions sur rendez-vous. Point fortde ce calendrier, l’arrivée d’AlberElbaz chez Lanvin, de Laurent Mer-cier chez Balmain, de la Britanni-que Lizzy Disney chez JacquesFath et du spécialiste du cuir, JoséEnrique Ona Selfa chez l’espagnolLoewe (groupe LVMH).

Ce calendrier – enrichi d’unejournée supplémentaire – a fait

l’objet d’une polémique dans lemilieu de la mode : une semaineavant le début des collections, lesorganisateurs jonglaient encoreavec les dates et les horaires desdéfilés.

Un casse-tête, provoqué par

des journalistes américains– Anna Wintour, rédactrice enchef de Vogue US en tête – qui ontclairement manifesté l’intentionde ne pas prolonger leur séjourdans la capitale après le mardi12 mars afin de réduire leursdépenses (la prise en charged’une personne s’élèverait à5 000 dollars pour le New YorkTimes Magazine). Ainsi, les collec-tions les plus attendues – cellesdes grands groupes – ont étéconcentrées pendant les six pre-miers jours, reléguant aux oubliet-tes l’intention de cesser les défilés

du calendrier officiel à 20 heures.Un programme jugé inaccepta-

ble par Suzy Menkes, qui couvreseule à l’ensemble des collections.Dans une lettre adressée au prési-dent de la fédération de la cou-ture, Didier Grumbach, la journa-liste du Herald Tribune dénonçaitégalement le pouvoir des grandsgroupes qui ont pu se caler, à ladernière minute, dans le calen-drier imposé par les journalistesaméricains. Au détriment desautres, déplacés comme des pionssur l’échiquier de la mode. « Lajeune création internationale qui adonné à Paris un nouveau soufflea été gentiment reléguée en mar-ge », déplore Guillaume Chaillet,qui représente à travers son agen-ce Pressing des talents confirméscomme Alexandre Matthieu ouGaspard Yurkievitch.

Charlotte Brunel

Giorgio Armani,le maestro milanais

Le calendrier des défilés parisiens sujet de polémique

La mode italienne,entre rustique et glamourLes défilés de Milan ont célébré, du 24 février au 5 mars, la nonchalance hippy des années 1970dans un éloge de l’artisanat et des matières luxueuses

A U J O U R D ’ H U I s t y l e s

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/31

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 059

Légèredégradationau Nord

PHILATÉLIE

DEPUIS LE 28 FÉVRIER et jus-qu’au 30 mars, le sixième étage desGaleries Lafayette Haussmann, àParis, est plongé en pleine « fer-veur latina ». L’exposition « arti-sanat et déco » consacrée auBrésil, à la Colombie et au Péroupropose des coffres taillés dansdes bois exotiques, des nattes, destapis ou des couvertures en alpaga.

Pourtant, ce qui saute aux yeux,ce sont ces multiples objets évo-quant l’art religieux d’Amérique duSud. De l’Amazonie, cette manifes-tation retient surtout les déborde-ments d’un art religieux particuliè-rement extraverti qui semble êtredevenu une source d’inspirationpour les créateurs de mode. « Decet état d’esprit exubérant, où fusion-nent catholicisme et fétichisme, nais-sent des objets kitsch aux couleursacidulées », s’extasie le program-

me distribué aux clients. Les ama-teurs de kitsch religieux vont appré-cier cette exposition intitulée« L’Amazone » qui regorge demédailles saintes (avec ou sansstrass), de bougies parfumées etenluminées, de petites boîtes tara-biscotées célébrant « el sagradocorazon de Jesus » ou la « DivinaProvidenza », de vierges au regardhalluciné sur fond de ciel azur etde colombes immaculées, de croixen verre peint, bleutées ou rougesang ornées d’un petit miroir genrepsyché, d’ex-voto pailletés, de fou-lards imprimés ou brodés.

Issues de l’art sacré brésilien, lesréalisations de Sandra Wajros(« créatrice de bijoux branchés auBrésil », précisent les GaleriesLafayette) font la part belle auxescapularios, colliers porte-bon-heur à deux médaillons portant lenom d’un saint qui, paraît-il, se por-tent sur toutes les plages chicsbrésiliennes. Outre ces breloques(à partir de 23 ¤), on peut aussijeter son dévolu sur un T-shirt ins-piré de l’iconographie des artistes

Pierre et Gilles représentant uneVierge très glamour (52 ¤).

Ceux qui jugeront cette exposi-tion par trop irrévérencieuse nesont pas au bout de leurs peines.Certes, les magasins proposant detrès branchées images saintes enhologramme ou – il en existe – descouvercles de siège de toilettesreprésentant une scène biblique nesont pas pris d’assaut, mais il sem-ble bien que le monde des accessoi-res de mode et de décoration, maisaussi celui de la publicité, se soitdécouvert un nouveau terrain dejeu. Le détournement des images

pieuses, surtout lorsqu’elles sontempreintes de naïveté et d’une poin-te d’exotisme, est devenu un exerci-ce courant. Cette mise en scènen’est pas assez outrée pour fairescandale mais accroche suffisam-ment l’œil pour qu’on la remarque.A écouter la plupart des bureaux destyle qui scrutent les mouvementsde mode et tentent d’anticiper lescourants émergents, il ne fait pas dedoute que les bondieuseries n’ontpas fini d’être en vogue.

« L’air du temps est à une certaineextravagance, à une forme de roman-tisme un peu illuminé et très sophisti-qué. Les références religieuses appa-raissent comme une alternative aumatérialisme pur et dur en mêmetemps qu’elles surfent sur le succès dela vague latino », souligne HélèneCapgras (Martine Leherpeur con-seil), qui insiste aussi sur l’utilisationde ce thème par certaines publici-tés, notamment une récente campa-gne réalisée pour Kookaï donnant àvoir une pietà au chevet d’un Jésus-Christ livreur de pizza… « Les gensveulent des grigris et, comme les voya-

ges se sont démocratisés, ils sont trèsdemandeurs d’exotisme. Ils ontbesoin de se sentir ailleurs », insisteBen Jacobson, styliste chez CarlinInternational. « Et puis, ajoute-t-il,on peut tourner en dérision la religionsans que cela soit considéré commechoquant. »

« »« Après le “porno chic”, la “provoc

catho” intéresse nombre de servicesmarketing en quête d’un nouveau ter-rain de communication », assureCatherine Dupuis, de l’agence Mar-keting Intelligence. L’heure seraitau religieux sans la religion, à la spi-ritualité sans église, au mysticismeultralight et aux talismans chics. Siles fastes multicolores et souventémouvants de l’art religieux brési-lien, péruvien ou mexicain permet-tent d’assouvir la curiosité des ama-teurs de kitsch religieux, le catholi-cisme le plus tempéré suffit àcombler la demande d’exotisme desconsommateurs japonais en quêtede sensations « décalées ». Il y apresque un an s’est ouvert dans un

quartier branché de Tokyo le Chris-ton Café, dont le décor s’inspireétroitement de celui d’une égliseoccidentale classique, avec vitraux,statue de la Vierge, quantité d’ima-ges pieuses et une exposition d’ha-bits ecclésiastiques.

Les marchands du temple dé-couvrent les études de marché.« Aux Etats-Unis, ce sont les commu-nautés religieuses elles-mêmes quideviennent une cible pour le marke-ting », constate Catherine Dupuis,qui évoque l’apparition d’espacescommerciaux « au sein même desédifices » comme la création d’unStarbuck Café dans une église del’Indiana (6 000 visiteurs par se-maine) ou d’un autre établissementau cœur de l’église St Bartholomewde Manhattan, à New York, où l’onpeut écouter du jazz. Enfin, il existeun projet d’ouverture d’un McDo-nald’s dans une église baptiste deHouston. Chiffre d’affai-res prévu :150 000 dollars par an. Combienpour le denier du culte ?

Jean-Michel Normand

Tous les vendredisdatés samedi,l’air du temps

LA 2 CV, le paquebot France, leConcorde, la Mobylette et le TGVont été plébiscités par près de400 000 Français, consultés par LaPoste pour choisir les illustrationsdu cinquième feuillet de la série« Le siècle au fil du timbre ». Cefeuillet, dont le thème est lestransports, succède à ceux consa-crés aux grands moments dusport, aux faits de sociétés (2000),à la communication et aux pro-grès de la science (2001). Ils figu-rent sur cinq timbres à 0,46 euro,dans un feuillet qui réunit deuxséries, en vente générale lundi25 mars.

Parmi les perdants de ce scrutinfigurent la DS, le scooter, le

métro, la Caravelle ou la péniche…Si la Mobylette fait sa première

apparition sur un timbre, il n’enest pas de même pour la 2 CV,dont une version fourgonnettepostale illustre une vignette parueen 1958, pour le France (timbreparu en 1962), Concorde (1969 et1976) et le TGV (1984, 1989). Enoutre, véritable star de l’aérophila-télie, le Concorde bénéficie de trèsnombreux timbres à l’étranger.

Dans un inventaire à la Prévert,la mise en page des timbres et dufeuillet, conçue par Valérie Bes-ser (agence La Rue de Babel), faitappel à un champ de lavande, lastatue de la Liberté, le Sacré-Cœur, un massif montagneux, despanneaux de signalisation rou-tière, une Renault 4L, un autocar,une bouche de métro, une stationspatiale internationale sur fond deglobe terrestre.

Chaque feuillet est vendu dans

un « collector » de 4 pages illus-tré par Titouan Lamazou et pré-facé par la spationaute ClaudieHaigneré.

La mise en vente anticipée sedéroulera les 23 et 24 mars, danshuit gares de France, à Paris-Mont-parnasse, Bordeaux, Montpellier,Calais, Le Mans, Vendôme, Mul-house et Dijon.

Pierre Jullien

9 Lever du soleil à Paris : 7 h 18Coucher du soleil à Paris : 18 h 45

L’anticyclone qui recouvre une bonne par-tie de l’Europe connaît une petite faibles-se dans sa partie nord et laisse passerune perturbation peu active. Après ce pas-sage, un temps plus ensoleillé va se réta-blir dimanche sur l’ensemble du pays.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. La grisaille du matin va setrouer l’après-midi, quelques éclairciesvont se dessiner. Le vent d’ouest souffle à70 km/h sur les côtes. Les températuressont comprises entre 12 et 14 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Lesnuages épais le matin du Nord-Pas-de-Calais à la Haute-Normandie, aux Arden-nes et à la région parisienne peuvent don-ner quelques pluies près de la frontièrebelge. Ils se décalent l’après-midi vers leCentre alors que quelques éclairciesreviennent près de la Manche. Le ventatteint 80 km/h près des côtes en soirée.Il fait de 11 à 13 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bour-gogne, Franche-Comté. Quelques bru-mes au petit matin puis le soleil prend lerelais. Il s’éclipse rapidement en Champa-gne. Dans l’après-midi, les nuages sanspluie gagnent la Lorraine et le nord de laBourgogne, l’Alsace et la Franche-Comtéen soirée. Il fait de 11 à 14 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Des nuages gris recouvrent lePoitou-Charentes et l’Aquitaine une gran-de partie de la journée. En Midi-Pyrénées,les éclaircies matinales s’estompentl’après-midi. Il fait de 12 à 14 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.La journée est souvent ensoleillée mais ilfaut attendre que les brouillards mati-naux se dissipent. Dans l’après-midi, desnuages reviennent en Limousin. Il fait de10 à 16 degrés du Limousin vers le Dauphi-né.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le soleilbrille sauf en Corse soumise à quelquesaverses. Une tramontane se lève l’après-midi. Il fait de 16 à 18 degrés.

Les transports

du siècle

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FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux ... . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. .. . .

Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa... . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .

Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .

Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles ... . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .

Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .

Istanbul . . . . . . . . . . . . .

Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .

Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .

Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou... . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma de M. . . . .

Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas ... . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal... . . . . . . . .

New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Kinshasa... . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .

Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis ... . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .

Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Singapour . . . . . . . .

Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

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09 MAR. 2002

7/15 P8/11 N6/13 N3/11 C

8/13 N7/11 N7/12 N1/13 N1/13 N5/16 N7/11 N4/10 C2/15 N7/17 S1/11 N

6/13 C11/15 S6/13 C2/12 N7/18 S5/15 N2/13 N2/13 N4/14 N4/11 C

4/16 S4/17 S

-6/-1 N-2/11 S

12/16 P2/5 S

9/17 S-3/10 S10/16 P

6/21 S2/16 S

-10/3 N-2/6 P

16/21 S-1/10 N

5/12 S4/12 S

21/29 S20/32 P23/31 S-5/13 P

20/28 S10/19 C10/25 P

7/15 S9/18 S7/14 C

12/30 S1/13 P

12/23 S

7/15 P18/23 S22/31 P15/29 S

15/31 S16/29 S

9/19 S12/18 P

24/33 S14/22 S20/31 S24/27 P18/26 S14/25 S18/23 S8/22 S

18/27 S4/20 S2/13 S

24/28 P26/28 P24/29 P27/32 S21/29 P24/29 P

6/9 N11/18 N8/16 S

2/5 P2/16 S5/11 C1/12 S7/11 P

-2/15 S-3/12 S

3/6 P3/6 P

0/13 N1/13 S-6/3 *7/12 S-1/6 N11/17 S

7/8 P5/11 N

1/10 N

25/32 S19/22 P

4/15 S

prévisions vers 12hprévisions vers 12h

Alger

Séville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

Nantes

ParisStrasbourg

Berne

Lyon Milan

Bruxelles

Londres

LiverpoolDublin

Belfast

Amsterdam

Prague

Berlin

VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

BelgradeSofia

Istanbul

Athènes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

Odessa

Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orléans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

09 mars09 mars

Le 10 marsDe belles éclairciessur l'ensembledu pays. La Corseconnaît encoredes aversesen matinée. Le ventsouffle en Manche.Les températuressont assez douces,de 11 à 14 degrésau nord, de 15 à 18degrés au sud.

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

E a VENTES. Un autoportrait aucrayon, dédicacé, du graveur Al-bert Decaris est proposé au prixde 152 ¤ dans la vente à prixnets JLM Négoce (Lyon, tél. :04-78-69-10-29). Parmi les plusde 500 lots du catalogue, une

collection des Bulletins officielsdes Postes, de 1940 à 1972, est à450 ¤.a PAQUEBOTS DE RÊVES. LeMusée de La Poste accueille,jusqu’au 23 mars, l’exposition« Paquebots de rêves » qui re-trace l’histoire des palaces flot-tants et du transport du courrier

par voie de mer, marqué, enFrance, par l’inauguration d’unservice pour les Etats-Unis, sousLouis XVI, en 1783, puis parl’instauration de lignes régulièresvers la Réunion et l’île Maurice(Musée de La Poste, 34, boule-vard de Vaugirard, 75015 Paris ;tél. : 01-42-79-24-24).

A U J O U R D ’ H U I

PRÉVISIONS POUR LE 10 MARS

HORIZONTALEMENT

I. Mauvais patron plein de bon-nes intentions. - II. La belle verte.Prêt-à-monter sous la Coupole. -III. Le premier à quitter le bâti-ment. Accompagne le breakfastoutre-Manche. Avec son frère, ilsont mis des fils dans leurs œu-

vres. - IV. Engage son auteur.Cours court. - V. A fini par plan-ter son chevalet au fond du jar-din. Préparer dans le secret. - VI.Déranger les plus proches. Dou-

cement. - VII. Pour tirer droit àtable. Accroche au passage. -VIII. Station russe. Détériorer. -IX. En prière pour l’éternité.Etats-Unis en version originale.Démonstratif. - X. Dans undénuement total.

VERTICALEMENT

1. Une date qu’il vaut mieux nepas oublier. - 2. Gagné à la cause.Deux cantons en Charente-Mari-time. - 3. Trompe les enfants dès

le plus jeune âge. Tient tête auPC. - 4. Fin d’infinitif. Servie enpot. - 5. Enlève à chaque passage.Prennent des airs martiaux sur letapis. - 6. Colorer délicatement.Associé critique du pouvoir.D’un auxiliaire. - 7. Toujours plusavec elle. - 8. Article. Grand lacsalé. Sur la gamme. - 9. Si ellen’est plus dans les champs, onpeut la voir à Orsay. - 10. Danséet chanté. Sans entrain. - 11.Arrose Rome. Mauvais dans lestons… bons pour les blancs. - 12.Manque de réflexion.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 058

HorizontalementI. Gribouilleur. - II. Livrets.

Atre. - III. Idées. Ohm. Ni. - IV. Si.VTT. Ibsen. - V. Scierie. Ah. - VI.Iu. Se. Modèle. - VII. Elf. Spirales.- VIII. Rire. Olé. Lit. - IX. Esoté-risme. - X. Sécante. Aymé.

Verticalement1. Glissières. - 2. Ridiculisé. - 3.

Ive. Froc. - 4. Brèves. Eta. - 5.Œstres. En. - 6. Ut. Ti. Port. - 7.Iso. Emilie. - 8. Hi. Ores. - 9. Lam-bada. Ma. - 10. Et. Shelley. - 11.Urne. Lei. - 12. Réinvestie.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

PRÉVISIONS POUR LE 10 MARS À 0 HEURE TUSITUATION LE 8 MARS À 0 HEURE TU

Le kitsch religieux, nouvelle valeur sûre

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32/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

LE PAYSAGE de l’industrie dudisque, la deuxième des industriesculturelles en chiffre d’affairesaprès celle du livre, a-t-il changédepuis les précédentes Victoires dela musique ? La 17e édition, qui setiendra le 9 mars au Zénith à Paris,cristallise les bonheurs et les insatis-factions de la profession, au chapi-tre desquels apparaît cette année letraumatisme de Popstars et de StarAcademy. Deux émissions grâceauxquelles chaînes de télévision etmajors du disque (dans les deuxcas, Universal Music) ont trusté lemarché du disque à la période depointe de la fin d’année. Lesalbums de Star Academy et de L5(de Popstars) ont occupé des rayon-nages entiers dans les magasins, ycompris dans les chaînes spéciali-sées. Le marché n’étant pas extensi-ble, le premier effet a été de briserles efforts de marketing d’albumsde variété concurrents.

« L’album de Wallen, sorti au prin-temps 2001, arrivait environ à110 000 exemplaires vendus endécembre. Avec la sortie des pro-duits dérivés de la télévision, Wallena disparu », explique Marc Tho-non, président des Victoires de lamusique, mais aussi directeur etfondateur d’Atmosphériques, lelabel qui a présidé à l’immense suc-cès commercial du groupe LouiseAttaque. « Au milieu de la profu-sion de l’offre, un disque a, à l’instardes films, un mois pour exister »,poursuit Marc Thonon. C’est peu.

Unanimement, mais chacun surleur rive, majors et producteursindépendants ont constaté uneaccélération du resserrement del’accès aux médias de masse quesont la télévision et les radios musi-cales. A la télévision, « Les Enfantsdu rock », « Taratata », les grandsrendez-vous de variétés du typeMaritie et Gilbert Carpentier, oùles jeunes talents côtoyaient lesstars, ont disparu. Quant auxradios, elles sont soumises à la loid’airain du modèle NRJ, avec uneprogrammation de hits en rotationmassive, jusqu’à soixante-dix diffu-sions par semaine d’un même titresur une même radio.

Pour pallier ces difficultés, les

maisons de disques se tournentdonc vers la publicité et les parte-nariats, dès que leurs moyens leleur permettent. 260 millionsd’euros (soit 70 % de l’ensemble deses investissements publicitaires)auront été dépensés par le secteurdu disque pour la télévision en2000. « Cela va certainement paraî-tre provocateur, explique Jean-Fran-çois Maupas, directeur médias etdéveloppement de Sony Music-France, mais d’une certaine maniè-re c’est au travers de la publicité télé-visée que le disque peut montrer engrand la diversité de ses répertoires.C’est même parfois pour des artistesle seul moyen d’exposition télévisé. »

A première vue pourtant, la publi-cité télévisée pour le disque, vouluepar Jacques Chirac, alors premierministre, et autorisée par décret enmai 1988 (alors que le livre et lecinéma en sont toujours interdits)semblerait, en raison des investisse-ments mis en jeu, ne concerner queles gros vendeurs locaux ou interna-tionaux et les compilations thémati-ques et saisonnières fabriquéespour le succès.

Pour Gregory Guyot, responsa-ble médias au département publici-té de BMG-France, la réalité n’estpas aussi tranchée. « Le coût d’unecampagne pour un single varie de75 000 à 150 000 euros. Il faut alorsvendre au minimum 50 000 exem-plaires. Pour le lancement de l’al-bum d’un artiste confirmé, il fautcompter autour de 800 000 euros. Ace niveau d’investissement, c’est le

marché de masse, celui des hyper-marchés, qui est visé. Mais entre lesdeux, il y a une vaste place pour lesjeunes artistes, des segments particu-liers comme le rap, la techno, lejazz, la musique classique… » Lapublicité télévisée agit alors com-me un accélérateur, à condition del’utiliser en synergie.

Même si les chiffres annoncés necorrespondent pas aux tarifs réelle-ment payés, après ristournes etarrangements divers communé-ment pratiqués – de moins 20 % àmoins 30 %, et parfois plus –, unlabel indépendant, qui n’est pasune filiale d’une major ou distri-buée par elle, ne sera toutefois pasprésent au petit écran. « Le disqueest encore une industrie de prototy-pes. Chaque campagne mise sur laspécificité d’un artiste », expliqueAntoine Lamarche, directeur de lapublicité chez Capitol (l’une desdeux divisions disques, avec Vir-gin, de la holding EMI).

La publicité peut aussi comblerun déficit d’image : ainsi le groupeEra, longtemps fantomatique, par-vint-il en 1997 à vendre 5 millionsd’albums à travers le monde, engrande partie grâce à la publicitétélévisée, une fois la mayonnaiseprise en radio. « Les achats d’espa-ce pour le disque se font à J – 10, par-fois J – 4, contrairement aux autresindustriels qui doivent réserver qua-tre à cinq semaines à l’avance, préci-se Antoine Lamarche. Nous devonsdonc être réactifs et en adéquationavec les attentes d’un secteur qui a

fini par faire de la nouveauté unbesoin chronique. »

Autre méthode d’exposition, lespartenariats qui permettent d’asso-cier une radio, en particulier FunRadio, Skyrock, Ado FM, NRJ, audéveloppement d’un artiste. Leslogos de ces radios figurent alorssur les pochettes de disque, ou lorsdes campagnes d’affichage public.En échange, des messages publici-taires sont diffusés à l’antenne.L’opération devient particulière-ment intéressante pour le partenai-re quand elle est associée à desspots télévisés.

« Ce couplage est dommageable :il sert ceux qui ont les moyens finan-ciers d’accéder à la télévision et fer-me l’accès à la radio aux autres »,estime Marc Thonon. « Les systè-mes de promotion semblent toujoursse perfectionner », commente laco-niquement Eric Baptiste, auteurd’un rapport sur les relations entreles radios et la filière musicale,remis fin février au ministère de laculture, où se profile la pratique deplus en plus fréquente du partagedes royautés sur les ventes de dis-ques en échange d’espaces publici-taires.

Ces obligations de marketingont fait grimper de façon maladiveles seuils de rentabilité : chez unemajor, où l’on estime à180 000 euros le coût moyen de

production d’un album, il faudravendre environ 120 000 exemplai-res pour rentrer dans ses fonds, unchiffre pharaonique pour un arti-san indépendant et pour des sec-teurs moins commerciaux que lapop. A Pascal Nègre, PDG de Uni-versal Music France, qui donnecomme exemple de diversité larichesse du catalogue maison – deBrassens à Caetano Veloso, deKhaled à Arielle en passant parHerbert von Karajan et Diana

Krall – Patrick Zelnik, président del’Union des producteurs françaisindépendants (UPFI) et patron deNaïve, répond : « Peut-on prôner ladiversité lorsqu’on est incapable derentabiliser un album vendu à10 000, voire 5 000 exemplaires à tra-vers le monde ? »

Devant ces contraintes accumu-lées, tous les coups sont bons.Avec Star Academy, UniversalMusic bénéficie d’une vitrine dechoix pour exposer les artistes mai-son invités à chanter avec les candi-dats, tandis que TF1 peut disposerd’un ample réservoir de talentspour conforter son audience.

Derrière, les campagnes de mar-keting suivent – ce fut le cas récem-ment pour Marc Lavoine, artisteUniversal très présent à Star Acade-my. Le spot publicitaire pour undisque doit, en une minute au plus,allier un refrain mémorisable,l’image de l’artiste et le visuel duCD. Universal a changé la donneen valorisant en plus sa marquequi vient conclure chaque spot.Une manière d’identification réver-sible : le postulat de départ(« J’aime Zazie et c’est une artisteUniversal ») doit devenir « C’estune artiste Universal, donc c’estbien, je vais aimer ». Et acheter.

Véronique Mortaigneet Sylvain Siclier

Des catégories de prix multipliées pour les 17es Victoires

www.gap.fr

Les 17es Victoires de la musique, le 9 mars, seront la vitrine annuelle de l’industrie du disque à la télévision. Un rendez-vous consensuel, alors

que le secteur est secoué par l’irruption d’émissions comme « Star Academy » ou « Popstars » et par le resserrement de l’accès aux grands médias

« Pour le lancement

de l’album d’un artiste

confirmé, il faut

compter autour de

800 000 euros. A ce

niveau, c’est le marché

de masse, celui

des hypermarchés,

qui est visé »

Gregory Guyot,

BMG-France

C U L T U R Ed i s q u e s

Juliette est une artiste réputée pour son intransigeance, interprète dechansons où la langue française et les références au répertoire ont autantd’importance que l’humour ou les exubérances de style. Le passage de cettechampionne de l’indépendance frondeuse chez Polydor, l’un des labels dugéant Universal, avait déjà créé la surprise. Pour qui la connaît, ses appari-tions dans des spots de télévision estampillés Universal Music vantant lesmérites du Festin de Juliette, son nouvel album, sont déstabilisantes. « Cen’est pas un cas unique, explique Hélène Masanelli, son chef de produit.Nous avons agi de même pour Arthur H par exemple. Juliette a déjà unecarrière, un public. Nous avons donc acheté de l’espace sur les chaînes câblées,sur France 5, puis, parce que cela marchait bien, sur France 3, autour d’émis-sions où elle était invitée, mais évidemment pas en prime time sur TF 1. » Avecune telle synergie – une presse élogieuse, des concerts annoncés par affi-chage, des écoutes en magasin, des pubs télé –, l’album s’est vendu à40 000 exemplaires depuis sa sortie, le 29 janvier.

LA CÉRÉMONIE des 17es Victoi-res de la musique, organisée same-di 9 mars au Zénith de Paris, seradiffusée en direct à la télévision surFrance 2 et à la radio sur RTL. Cet-te édition comporte plusieurs nou-veautés : seize catégories de prix(interprète masculin et féminin,découverte, album rock, pop, musi-ques du monde…) ; création denouvelles niches récompensant lesalbums r’n’b’, hip-hop et reggae-raga, déclinaisons que le groupe derap Saïan Supa Crew avait appe-lées de ses vœux lors des Victoires2001 ; un vainqueur par catégorie,désigné par le vote en un tour de2 500 professionnels et artistes.

Au-delà de la célébration annuel-le de l’activité de l’industrie du dis-que, le panorama éclectique desVictoires permet de voir à la télévi-sion, à côté de quelques grandesvedettes, des artistes qui n’y sontpas invités habituellement.

« Depuis l’année dernière, s’inter-roge Marc Thonon, président desVictoires de la musique, qui a revuà la télévision des nominés en 2001tels que les Têtes raides, Autour deLucie, Saez, Keren Ann à la télévi-sion ? » Pour Yves Bigot, directeurde l’unité jeux et divertissementsde France 2, partenaire des Victoi-res, des efforts ont été faits, qui sereflètent dans le palmarès 2002,par exemple « “CD’aujourd’hui”,

courte séquence d’un minute trentequi présente un artiste, multi-diffu-sée six jours sur sept, permettant àsix millions de téléspectateurs dedécouvrir Dionysios, Juliette, DanyelWaro ou Little Bob ».

Manu Chao, cité comme « artis-

te masculin de l’année », en concur-rence avec Noir Désir, Gérald dePalmas, Garou et Laurent Voulzy,est au Brésil. Il ne chantera doncpas sur la scène du Zénith en casde victoire. Mais la plupart desnominés ont répondu présent, deBrigitte Fontaine ( « artiste fémini-ne » et « album variétés ») à Chris-tophe, distingué dans la catégorie« album de l’année » pourComm’ si la Terre penchait. Ce quipermettra d’entendre vingt-huitchansons interprétées en directpar les nominés ou trois invitésd’honneur (Björk, Alicia Keys etDestiny’s Child). Les Victoires de lamusique en feraient presque pluspour la musique vivante qu’uneannée de programmes télévisés, fri-leux dès qu’il s’agit d’entendre etde voir chanteurs et musicienssans bande play-back.

Marc Thonon, dont le mandatarrive à son terme après ces Victoi-res, espère avoir restauré la con-fiance autour d’une manifestationqui avait perdu sa crédibilité. Le

rythme de ce qui est d’abord uneémission de télévision est plus sou-tenu, le public, au-delà des profes-sionnels, est présent. Les produc-teurs de spectacles et tournées(catégorie qui figure au program-me des Victoires) se réfugientmoins dans l’abstention. La musi-que classique a eu sa propre mani-festation, organisée au Midem deCannes le 23 janvier, qui a atteintun score d’audience de 9,8 % surFrance 3 ; la catégorie jazz des Vic-toires a rejoint les Djangos d’or quidevraient être remis fin avrilau Mans.

Après le Palais des congrès etl’Olympia, les Victoires reviennentau Zénith, où elles avaient éludomicile en 2000. Aux rumeurs

attribuant ce déménagement à l’ac-quisition de l’Olympia par VivendiUniversal, l’association des Victoi-res de la musique oppose des argu-ments techniques : la structure duZénith a une capacité d’accueilplus importante et permet deseffets de scénographie plus variés,même si l’Olympia apparaît com-me le lieu le plus chargé d’histoirepour les musiques de variété.

Au spectacle télévisé, présentépar Jean-Luc Delarue et DanielaLumbroso, s’ajoute cette annéeune compilation, Les Plus Belles Vic-toires de la musique, mise en ventele 28 février (le distributeur Univer-sal Music a été choisi par tirage ausort). Une partie des bénéficesgénérés par cet album rétrospectifsera reversée au profit de l’Associa-tion musique et thérapie (Amata).

Par ailleurs, pour la premièrefois de leur histoire, les Victoiresont choisi un partenaire en dehorsdu domaine musical, le Créditmutuel. Quant au successeur deMarc Thonon, il devrait être dési-gné dans les semaines à venir.Parmi les évolutions possibles desVictoires de la musique, la valorisa-tion des aspects techniques desmétiers du disque (enregistrement,pochette) est déjà à l’ordre dujour.

V. Mo. et S. Si.

La diversité musicale dans le filtre

de la télévision

La promotion inattendue du « cas » Juliette

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/33

Sélection disques chanson par Véronique Mortaigne

Les chants d’amour de Cinq de cœur

BRESTde notre envoyée spéciale

Quand Jacques Blanc, directeurdu Quartz de Brest, a lancé Les Anti-podes, en 2001, il s’est fixé pourobjectif de refléter les questionsque posent les chorégraphes auspectacle vivant et à toutes les for-mes de représentation (vidéo, artsplastiques). Cette année, conscientque les tendances formelles ne peu-vent être que des effets de mode, ila misé sur une programmation radi-cale. Les créations témoignent dudésir de jeter la danse avec l’eau dubain de la théorie et de la nécessitéd’interroger le lieu d’où l’on vient.Postures parfois drôles, voire fran-chement comiques, parfois naïvesou touchantes.

Avec Laurent Pichaud, on s’estbien amusé. Echo anticipé, annon-cé comme une « danse invisible »,l’était bel et bien. Des jeux delumières, de la musique partout,des pas qu’on entend au-dessus denos têtes. Au spectateur d’imagi-ner la danse. Ça ne vise pas loin ?D’accord, mais c’est une farce depotache, tabula rasa nécessaire àcelui qui débute.

L’éviction de la danse prend uneautre tournure chez l’ItalienneClaudia Triozzi : c’est en chantantqu’elle exprime l’histoire de soncorps. Dans un décor spectral,avec deux sièges qui ressemblent àdes stèles funéraires, elle décide– alors qu’elle est allongée – depsalmodier son arbre généa-logique. Voix de nez, tour à tourexplosée ou mélodieuse. Elle joueà se faire peur sur un air de dépres-sion nerveuse. Avec elle, Rolexrime avec Kleenex, et tout marchesur la tête.

Xavier Boussiron l’accompagneà la guitare pour ce voyage hystéri-co-hilarant chez les tantes Giovan-na, Elena, Flavia, les oncles Alber-

to, Donato. Pour honorer les ancê-tres, cette forte personnalité s’affu-ble d’une coiffe faite avec des osen caoutchouc mâchouillé, sembla-bles à ceux sur lesquels les chiensse font les dents. Son guitariste etelle délirent sur bruits d’osselets.La scène est hantée de fantômes.Claudia Triozzi ferait rire en ânon-nant une notice de Prozac…

’ ’Comparé à cette excentrique,

l’Allemand Raimund Hoghe a sou-dain l’air très sage avec Sarah, Vin-cent et moi. Cet ancien dramaturgede Pina Bausch installe sur scène,pièce après pièce, une liturgie dumalheur et de l’amour. Point dedanse, là non plus, au sens strict,mais l’esquisse de l’esquisse d’uni-vers dont les ambiances changentpar la magie d’un seul accessoire,

le plus souvent minuscule. Il fautavoir beaucoup réfléchi à la miseen scène pour réussir ces tours depasse-passe. Donner à voir le tour-billon d’un tango avec seulementun croisement de jambes, l’impres-sion de vitesse avec une simplemarche, l’Asie avec une ombrelle.Tout n’est qu’illusion chez Hoghe.Tout n’est que chanson populaire,nostalgie de l’amour. Ainsi le thè-me lancinant du film In The MoodFor Love, du compositeur MichaelGalasso, s’entrecroise-t-il avec lavoix déchirante de Jimmy Scott,distillant Nothing Compares to You,de Prince.

Jimmy Scott partage avec Rai-mund Hoghe la douleur d’avoir vuavant l’adolescence sa croissancestoppée pour cause de maladie.Tous deux ont des voix et descorps d’enfants. Hoghe tente de

dépasser son handicap en montantsur scène. Dans Sarah, Vincent etmoi, il s’ouvre à la jeunesse en invi-tant Sarah Chase et VincentDunoyer. On observe avec quelplaisir le chorégraphe laisse la peti-te fille gâtée et ses souvenirs enva-hir l’espace. Cette intrusion souffleun air léger dans le jeu feutré etpince-sans-rire de cet artiste del’ombre, tandis que le duo qu’ilforme avec Vincent Dunoyer sereferme sur le mystère d’émotionsintimes.

Ce théâtre musical singulier,hymne hypersensible à la vie,donne une irrésistible envie de seprécipiter chez le disquaire. A cetitre, il pourrait être subventionnépar Vivendi Universal. BernardoMontet, artiste-résident auQuartz, est le seul à attaquer ladanse de front. Il cherche dansO. More, à travers le personnaged’Othello, à purger la folie meur-trière qui saisit les corps. La musi-que de trois gnawas d’Essaouira(Maroc) soutient les six danseursdans leurs transes libératoires. Pré-senté en avant-première, ce specta-cle figurera en bonne place au Fes-tival Montpellier-Danse en juin.Mais rendons hommage sans tar-der aux interprètes luttant contreles démons : Herwann Asseh,Mani Asumani, Taoufiq Izzediou,Dimitri Tsiapkinis, Marc Veh. Uncasting digne de M. Univers.

Dominique Frétard

L’étoile new-yorkaiseSuzanne Vegarayonne au Bataclan

b Vedette des Festins d’aden,

la chanteuse de « Luka » a conquis en quatuor

b Pour la deuxième année d’affilée, le Quartz de Brest se transforme, le temps

d’un festival, en un forum chorégraphique réunissant nouveaux venus et artistes aguerris

b Vian et Nougaro, Yvette Guilbert et Verdi dans une boîte vocale

BB SidesBB Sides alter-ne quatrenouvelleschansons deBertrandBetsch, cinqreprises, deuxmises en

musique de poèmes (Paul Eluard etCharles d’Orléans) et deux instru-mentaux. Dans ce très curieuxmélange musical – de l’accordéon,de l’électronique, de la guitare sursa-turée, le tout quasi exclusivementfabriqué par le chanteur à la voix àl’éraillement éthéré –, l’exceptionBetsch s’affirme avec brio. On aime-ra ou pas son interprétation hauteet teintée de piano mécanique deTo Know Him Is To Love Him de PhilSpector, ou l’éclatement enfantin deNancy de Leonard Cohen, mais onne pourra lui reprocher aucunemédiocrité. Bertrand Betsch appar-tient à une famille française (Domi-nique A, dont il reprend La Folie deshommes, Sylvain Vanot) qui ne tran-sige pas avec l’air du temps et décritavec brutalité des états d’âme où lalucidité parfois cruelle casse lesjouets de l’enfance. Attention cepen-dant à la manie des sons saturés.1 CD Lithium, distribué par Labels/Virgin.

2Album de duos, concocté dans lecadre d’une émission de télévisionen première partie de soirée, 2 res-semble à tout ce que le business cha-rity produit en France (Les Enfoirés,Ensemble contre le sida) où les chan-teurs poussent la chansonnette enchœur et avec foi. Mais, si l’on excep-te un insipide We Are the Championavec David Hallyday, les quatorzeduos proposés par Florent Pagnys’écoutent avec grâce. Pas de boogie-woogie avec Eddy Mitchell, Savoiraimer avec Souad Massi, On n’oubliepas d’où l’on vient avec Pascal Obis-po, Les Emmerdes avec Patrick Bruel,La Poupée qui fait non avec Kad per-mettent un zapping chaleureuxdans la grande variété. FlorentPagny chante avec un plaisir évidentet une voix d’airain.1 CD Mercury, distribué par Universal.

Marseille 1921-1951Marseille fut l’une des capitales dumusic-hall européen des années1930. Un public attaché au bel cantoet à l’opérette, d’une exigence quifaisait trembler les meilleurs, unesaveur particulière ont façonné lescontours d’une chanson typique-ment marseillaise, dont le modèlefut ensuite exporté dans la capitale.Vincent Scotto en fut la figure deproue, mais cette anthologiepubliée par Frémeaux & Associés,spécialistes de la réédition bien fai-

te, permet de découvrir en trente-six titres d’autres piliers de laculture marseillaise, comme Fortu-né Cadet, auteur de La Chanson ducabanon, interprétée ici par AndréeTurcy en 1921, une rareté. Chansonscélébrissimes (La Bouillabaisse parFernandel en 1950, mais aussi parJean Sablon et Milly Mathis, lamême année), extraits d’opérettes(Un de la Cannebière, Au pays dusoleil), de revues (Ça c’est Marseille)donnent les clés de la nouvelle scè-ne marseillaise (Massilia Sound Sys-tem, Dupain, IAM, etc.)1 coffret de 2 CD Frémeaux & Associés,distribué par Night & Day.

fado em mimL’envie de trouver des nouvellessonorités au fado, de le moderniser,a parfois abouti à son affadisse-ment. Mariza ne s’associe pas à cesnobisme anticonformiste, et gardeles structures fondamentales dugenre : l’émotion, le sens de la brisu-re et du silence intérieur utilisé com-me ressort du suspense. Accompa-gnée à la guitare classique et à laviole par le compositeur Jorge Fer-nando et à la guitare portugaise parCustodio Castelo, Mariza chante desclassiques du fado, mais aussi descompositions originales de Jorge Fer-nando. L’équilibre est atteint par labelle voix de la jeune chanteuse néeau Mozambique.1 CD World Connexion, distribuépar Night & Day.

ILS SORTENT à nouveau de leur boîte, aux accentsgrandiloquents du Also sprach Zarathoustra deRichard Strauss. Pour autant, ces deux gars et troisfilles, tout de noir vêtus, ne doivent rien à Kubrick.L’odyssée 2001 de leur spectacle Boîte vocale à l’Audi-torium Saint-Germain (Le Monde des 17 et 27 avril2001) n’a rien perdu de son pouvoir d’enchantement.Ils ont amarré cette année leur ovni, un joli cube doréfaçon Klimt, imaginé par Olivier Martin, dans le petitThéâtre du Renard, face à Beaubourg.

Ils sont toujours cinq, comme les doigts de cettemain qu’ils ont volontiers sur le cœur pour mieux rou-ler des yeux. De Boris Vian à Claude Nougaro, en pas-sant par Boby Lapointe, Yvette Guilbert, Tchaïkovski,Verdi, Mozart ou Beethoven, et aussi quelques chan-sons de leur cru, c’est l’amour toujours. Drôlatique etdésespéré (La Marchande de poissons, de Ricet Bar-rier), mondain noyé d’alcool et de lucidité (Je bois, deVian), possessif et sexuellement incorrect (La Peau,Léon, de Georges Delerue) ou bien tendre et poétique(Les Pas, de Nougaro).

Le plaisir est d’abord musical. On ne peut s’empê-cher de penser à l’esprit des polyphonies madriga-listes de la Renaissance où chaque partie, en interdé-pendance avec l’autre, apporte au moulin du textel’eau du raffinement sémantique. De la mise en placedes ensembles (remarquable de précision) à la qualitédes arrangements musicaux (inventifs et colorés), enpassant par les qualités intrinsèques de chacun deschanteurs et surtout l’équilibre des voix.

Pascale Costes, rousse incendiaire à la Marina Anis-sina et colorature, Reine de la nuit sexe et rock, maisaussi petite fille nostalgique dans le beau Nuage deG. de Chassy. Anne Staminesco, monstresse grande

bourgeoise pince-sans-rire style Valérie Lemercier. Etaussi Sandrine Montcoudiol, alto déjantée et senti-mentale, passant avec une incroyable aisance de la scè-ne de genre (Quand on vous aime comme ça, d’YvetteGuilbert) à l’émotion grand teint (difficile de garderles yeux au sec devant Mon amant de Saint-Jean).

Quant aux hommes, ils sont parfaits jusqu’au boutdes ongles : le ténor Nicolas Kern (son « Addio, del pas-sato » verdien vocalisé à terre est un moment d’antho-logie) et la basse Rigoberto Marin-Polop, ancien dan-seur (comme le prouve un Lac des Cygnes arthritiqueet particulièrement désarticulé), ne pouvant s’empê-cher de lester le Je bois de Boris Vian des notes gravesdu Sarastro qu’il a chanté aussi par ailleurs.

Venus, qui de la musique classique, du théâtre oude la danse, et combinant les trois avec bonheur, lesacteurs vocaux de Cinq de cœur réussissent là plusqu’une jolie succession de moments de musique et dethéâtre – la mise en scène de Marc Locci, fluide et enle-vée, est aussi un atout majeur. En puisant dans notreinconscient collectif, aux sources de ce patrimoinechansonnier à la fois émouvant et si délicieusementringard, ils nous offrent le bonheur d’une rare concilia-tion : celle de l’humour et de la sensibilité à la façon deces récits d’enfance qu’on raconte en riant de peurd’être ému. Un coup de jeune et de printemps dansnotre grisou quotidien.

Marie-Aude Roux

..

A L’HEURE où Coralie Clémententrait au Bataclan Café, l’établisse-ment qui jouxte la salle parisienne,l’Américaine Suzanne Vega finissaitd’y dîner, sereine et détendue. Le7 mars, la vedette et la cadette desFestins d’aden faisaient ainsi tablecroisée. Coralie Clément est la sœurde Benjamin Biolay, l’un des heu-reux concepteurs, avec Keren Ann,de Chambre avec vue, l’album à suc-cès d’Henri Salvador. Ils ont enregis-tré des disques solo plutôt concep-tuels et charmants. A eux trois, ilsforment déjà une bande : beaux,talentueux, jeunes stylistes quiempruntent au romantisme de Fran-çoise Hardy, à la légèreté un peu las-se de la pop française.

Coralie Clément donne aux Fes-tins d’aden son premier vrai concert.Les avis sont partagés, on laissera letemps au temps, qui décidera de lafermeté à venir, ou non, de cettevoix fragile. Coralie va se restaurer,un rescapé des années Dylan, BobHillman assure l’intermède, etSuzanne part d’un pied de scouts’attaquer au Bataclan, qu’elle avaitconquis en 2001 en duo avec sonbassiste, Mike Visceglia. Cette fois,elle est en scène avec Gerry Leonard(guitares) et Doug Yowell (batterie).Le quatuor est en grande forme,c’est-à-dire, dans le cas Vega, pleinde nuances et de subtilitésmusicales.

Suzanne Vega est new-yorkaise,elle habite Manhattan, et devaitvenir en Europe en septembre 2001pour y présenter son dernier album,Songs in Red and Gray (Polydor/ Uni-versal). Les attentats contre le WorldTrade Center, lui ayant coupé touteinspiration promotionnelle, une chu-te de bicyclette lui ayant brisé unbras, il a fallu attendre plusieursmois pour la revoir sous les cieuxparisiens, qu’elle salue avec unT-shirt estampillé du visage de Brigit-

te Bardot, aux couleurs de la banniè-re étoilée cependant.

Suzanne Vega a toujours des his-toires à raconter à son public, avechumour souvent (sa rencontreamoureuse avec un jeune peintre bri-tannique dans un camp de vacances,il y a un bail, qui nous vaut deuxmagnifiques chansons, Gypsy et InLiverpool). Chaque moment possèdesa richesse, qu’elle peut faire parta-ger. Elle peut ainsi écrire en directun chapitre supplémentaire de cescarnets de route qu’elle affectionne(consultables sur son site Internet),autant sans doute que ces retours àl’adolescence, à l’enfance, aux rêvesqui s’inscrivent dans ces chansons,une vingtaine présentées ici, desplus anciennes (Small Blue Thing,The Queen and The Soldier) à cellesdu dernier album, glissées en tunnelau milieu du récital. Tom’s Dinerbien sûr, et Luka évidemment.

Accompagnée de ces trois musi-ciens aussi instruits de la douceurdes mots que de la cassure des ryth-mes, parfois en duo avec Mike Visce-glia ou Gerry Leonard, SuzanneVega respecte son itinéraire person-nel : du folk pur (Gypsy), de la chan-son (Caramel, Solitude Standing), dela déstructuration électronique àpetite dose (Blood Makes Noise), dudépouillement rythmique et de lalangueur mélodique. Suzanne Vegarayonne. Avec sa frange et ses bootsà talons-aiguilles, elle est la représen-tation du paradoxe, sentimentale etprofessionnelle, rigoureuse et terri-blement adolescente, excellentechanteuse, musicienne éclairée, àqui son public, qu’elle a voulu assis,rend un hommage d’enfant choyé.

V. Mo.

LES FESTINS D’« ADEN ». CoralieClément, Bob Hillman, SuzanneVega, le 7 mars au Bataclan, Paris.

. Quartz, avenue Geor-ges-Clemenceau, Brest (29). Tél. :02-98-33-70-70. Jusqu’au 10 mars.Prochains spectacles : CompagnieMontalvo, Wilfried Romoli, PatrickLe Doaré, Marie Coquil. Danses derue organisées par Le Plateau(Pied en sol, les Saltindanses, l’Eo-lienne, Banc Public, Olivier Bodin).

, par Cinq de cœur. Théâtre du Renard,12, rue du Renard, Paris-4e. Mo Hôtel-de-Ville ou Rambu-teau. Tél. : 01-42-71-46-50. Tous les jours, sauf diman-che et lundi, à 19 heures. 20 ¤ et 15 ¤. Jusqu’au 13 avril.

Toutes les postures du corpsbataillent au festival Les Antipodes

L’Italienne Claudia Triozzi, coiffée d’une parure en os pour chien,psalmodie son arbre généalogique pour exprimer l’histoire de soncorps. Un voyage hilarant.

C U L T U R E

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DANS l’entrée du Groucho Club (DeanSt, NW1, City of Westminster), une calligra-phie reproduit la fameuse maxime du filsaîné de Mme Marx : « Merci de prendre notede ma démission. Je ne tiens pas à appartenirà un club qui m’accepterait comme mem-bre. » Comme l’explique Stephen Fry, « cen’est pas un vrai gentlemen’s club. LeGroucho est plutôt destiné à la bohème londo-nienne ». De fait, une fois passé le bar, lelabyrinthe de couloirs et de salons évoqueplus un bed and breakfast de bonne compo-sition qu’un temple consacré à la mémoirede l’Empire. L’acteur-auteur-comique (c’estainsi qu’il se présente) propulse son grandcorps à travers la foule, saluant amis et con-naissances, avant de s’installer dans un coind’une salle de billard déserte et d’entamerl’entretien.

Pour le rapporter, on aimerait pouvoir dis-poser de l’équivalent journalistique de laversion originale sous-titrée, histoire de pré-server l’accent de Cambridge, le débit fréné-tique, le vocabulaire légèrement désuetanimé de jurons judicieusement et parcimo-nieusement répartis.

Dans Gosford Park, de Robert Altman, Ste-phen Fry incarne l’inspecteur Thompson,appelé à enquêter dans un manoir anglaisoù le maître des lieux a été assassiné enplein week-end de chasse. « Altman m’a ditde penser à Jacques Tati, sans l’imiter »,raconte l’acteur, encore sous le charme decette « légende du cinéma » dont il imite àmerveille l’accent américain, avant un peuplus tard d’emprunter, le temps de deuxphrases, le susurrement exaspéré de MaggieSmith demandant, sur le tournage : « Avez-vous la moindre idée de ce qui se passe ? »

L’inspecteur de Gosford Park semble plusdescendre de Clouseau que de Holmes. Maisce personnage, qui n’apparaît qu’une fois lefilm largement entamé, jouit de l’immenseprivilège de circuler dans tout le manoir, aus-si bien dans les appartements des maîtresque dans les servant’s quarters. Son inter-prète peut ainsi évaluer à sa juste mesure letravail du cinéaste et de son scénariste JulianFellowes (« Il sait parfaitement de quoi ilparle, son oncle, Sir Robert Fellowes était lesecrétaire particulier de la reine ») et se lan-cer dans des explications érudites (en deuxphrases, il cite L.P. Hartley et Jane Austen)sur ce qui fit l’Angleterre.

Stephen Fry est un sectateur deP.G. Wodehouse. Non seulement il a incar-né le valet Jeeves dans l’adaptation téléviséedes nouvelles et romans de l’auteur (c’estson complice Hugh Laurie qui tenait le rôledu noble ahuri Bertie Wooster), mais il a

pris, à plusieurs reprises, la défense duromancier. Ce jour-là, sans provocationaucune, il se livre à un plaidoyer passionnéafin d’expliquer la collaboration de Wode-house avec l’appareil de propagande naziependant la seconde guerre mondiale.

Comme avant lui Dudley Moore, PeterCook et Alan Bennett ou les Monty Python,Stephen Fry est le produit de cette traditionuniversitaire britannique qui veut que, detemps à autre, les collèges d’Oxford ou deCambridge produisent une bande de joyeuxdingues d’autant plus disposés à dynamiterle système et ses représentations qu’ils enconnaissent les moindres recoins. A Cam-bridge, Fry avait pour condisciples EmmaThompson et Hugh Laurie. Sa première piè-ce de théâtre, Latin, or Tobacco and Boys, estpresque aussi féroce pour les écoles privéesbritanniques que l’If de Lindsay Anderson.

Mais cette défiance est aussi l’expressiond’un amour immodéré. Après avoir long-temps tourné autour du pot, multipliantdigressions et anecdotes, Stephen Fryavoue : « Mon rapport à l’Angleterre est faitd’affection, de nostalgie et de mépris mêléd’amusement. Hier, je rentrais chez moi, àHampstead. Je suis passé par le parc et unorchestre militaire jouait ce que nous appe-

lons beating the retreat et j’ai senti des larmesme picoter légèrement les yeux. » Cet amourn’est pas celui d’un simple héritier. Si sonpère, Alan Fry, était on ne peut plus anglais,sa mère, Marianne, est issue d’une famillejuive hongroise : « Des gens qui faisaient deschoses que jamais un Anglais ne ferait, commeparler de la nourriture. » C’est ainsi que Ste-phen Fry, à qui tout le monde répète « com-ment pouvez-vous être aussi anglais ? », nel’est pas tout à fait.

Ce léger décalage a nourri toutes ses car-

rières. Celle de délinquant juvénile, qu’il aracontée dans un très beau livre de souve-nirs, Moab is my Washpot. Celle d’acteur,bien sûr, où la dissimulation et la transforma-tion sont de rigueur (il a été Oscar Wilde etle Peter des Amis de Peter). Et celle de roman-cier enfin. Il a commencé par Mensonges,mensonges, dont le titre original est, plus sim-plement, Le Menteur (The Liar), variation vir-tuose sur le mythe des agents doubles, KimPhilby, Guy Burgess et compagnie.

Et voilà, aujourd’hui, L’Ile du Dr Mallo. « Jeconstruisais dans ma tête une histoire devengeance et je me suis écrié “fuck, c’est LeComte de Monte-Cristo”. » Une fois cette

dette inconsciente reconnue, Fry s’est amu-sé à transposer les détails du roman deDumas dans l’Angleterre de Margaret That-cher et Tony Blair. L’auteur demande :« Vous avez remarqué que tous les noms demon roman sont des anagrammes de ceux deDumas ? Edmond Dantès : Ned Maddstone. Iln’y a que Mercedes qui est devenue Portia »(prononcé « porschia », comme une Pors-che), dit-il, faussement honteux de ce calem-bour lamentable. Dans ce récit de pur diver-tissement, on retrouve tout ce qui fait Ste-phen Fry, à la ville, à la scène, à l’écran : lesécoles publiques et les institutions gouverne-mentales qui fabriquent des monstres ; leregard sans pitié posé sur la vie publique etl’humour de collégien.

Dans les prochains mois, Stephen Fry enta-mera une nouvelle carrière. Il réalisera pourle cinéma une adaptation de Ces corps vils,d’Evelyn Waugh. Il est ravi : Judi Denchvient d’accepter d’être de l’aventure.

Thomas Sotinel

L’Ile du Dr Mallo, Belfond. 330 p., 20 ¤. Egale-ment chez Belfond : Mensonges, mensonges etL’Hippopotame. Gosford Park, de Robert Alt-man, en salles le 20 mars.

a La Société protectrice des ani-maux (SPA) a décidé de porterplainte contre Joey Starr, le chan-teur du groupe de rap SuprêmeNTM, pour mauvais traitements àanimaux. Dans un communiquépublié jeudi, la SPA estime que« cet individu aime faire parler delui pour sa violence, et il vient ànouveau de démontrer sa vraie per-sonnalité ». « Le reportage diffusémardi soir sur M6 le montre sous unjour qu’à la SPA nous connaissonsbien, poursuit l’association. Sonchien, Storm, couvert de cicatrices,est resté plus d’un an derrière les bar-reaux. » « Nous portons plainteauprès du procureur de la Républi-que de Bobigny pour mauvais traite-ments sur un animal détenu en capti-vité et notamment un [singe] magot,au titre de l’article 521-1 du codepénal », conclut le communiqué.a Grâce à ses récompenses auxGrammy Awards (l’équivalent, auxEtats-Unis, des Victoires de la musi-que), la bande originale du filmd’Ethan et Joel Coen, O BrotherWhere Are Thou, a grimpé de la 15e

à la 2e position dans les classe-ments américains. Avec 209 000exemplaires vendus du 25 févrierau 3 mars, elle a enregistré unehausse de 260 % des ventes par rap-port à la semaine précédente. Lasortie de Under Rug Swept, de lachanteuse canadienne Alanis Mo-rissette (215 000 exemplaires) l’aprivé de la première place. A cejour, la bande originale d’O Bro-ther, constituée de titres bluegrass,country et gospel, s’est vendue à4,2 millions d’exemplaires.a Parle avec elle, le dernier film endate du cinéaste espagnol PedroAlmodovar, ouvrira le 1er avril la17e édition du Festival du film deParis, qui met à l’honneur Madrid.Outre le réalisateur de Tout sur mamère, la délégation espagnole com-prendra notamment les comédien-nes Marisa Paredes, Rosy de Pal-ma, Carmen Maura, Ana Torrent,les acteurs Eduardo Noriega etJavier Bardem, les réalisateursCarlos Saura, Fernando Trueba,Marc Recha et l’architecte Ricar-do Bofill. La sélection va de l’Ar-gentine à la Corée, en passant parles Etats-Unis avec In the Bedroomde Todd Field, cinq fois nominésaux Oscars. Isabelle Adjani sera laprésidente d’honneur du festival.a Selon le Times de Londres, lesBeatles auraient songé, il y a trenteans, à adapter à l’écran Le Seigneurdes anneaux, la trilogie de Tolkien.Paul McCartney aurait interprétéFrodon, John Lennon le sorcierGandalf, les rôles de Ringo Starr etGeorge Harrison n’étant pas préci-sés. Le groupe devait égalementcomposer la musique du film. Leprojet aurait avorté, faute de réali-sateur. David Lean et StanleyKubrick auraient été pressentis,mais le premier était occupé à tour-ner La Fille de Ryan et le secondavait déclaré que cette histoire nepouvait être transposée à l’écran.

SAMEDI 9 MARS

f Saga-Cités09 h 40, France 3Un reportage de Nathalie Dole etRichard Montrobert intitulé « Lanuit des sauvageons ». Dans unedizaine de communes françaises,un arrêté interdit aux mineurs demoins de treize ans de se trouverdans certains quartiers après23 heures. Ce règlement est-ilefficace ? Début de réponses dansce magazine.f Les idoles du samedi20 h 45, Canal JimmyUne soirée consacrée à JohnnyHallyday. Avec notamment ladiffusion d’un film d’une heuresigné Claude Goretta en 1967.

f L’Insoumise20 h 55, France 3Un téléfilm de qualité écrit parLaure Bonin et Claude d’Anna,réalisé par ce dernier. Ann-GiselGlass interprète une jeune femmeau caractère bien trempé quidevient la pasionaria d’un mondepaysan dont « on subventionnela misère ».f Les Victoires de la musique20 h 55, France 2Daniela Lumbroso et Jean-LucDelarue présentent les17es Victoires de la Musique endirect du Zénith de Paris. DeManu Chao à Aston Villa, deLaurent Voulzy à Cheb Mami,chanteurs et groupes de qualitéseront de la fête.

IL FALLAIT veiller bien tard,dans la nuit de jeudi à vendredi,pour suivre jusqu’au bout, surFrance 3, l’émission « Pièces àconviction » consacrée aux affai-res politico-judiciaires. Il était1 h 15 du matin lorsque EliseLucet prenait congé du juge Hal-phen et souhaitait aux téléspecta-teurs « une excellente fin de soiréesur France 3 ».

C’était un peu tard pour la finiroù que ce soit, ladite soirée, et onavait en outre le regret d’avoirmanqué, sur France 2, le « Cam-pus » de Guillaume Durand sur lavie sexuelle des Français, dont ledébut s’annonçait passionnant.Mais l’auteur de ces lignes voulaitabsolument en savoir plus surl’homme qui avait osé convoquerle président de la République com-me simple témoin dans l’affairedes HLM de la Ville de Paris et quicitait, à ce propos, la phrase deGoethe : « Il vaut mieux un désor-dre qu’une injustice. »

Eric Halphen était incontestable-ment plus à l’aise en compagnied’Elise Lucet qu’il ne l’avait été,mardi, face à David Pujadas.

Il trouvait mieux ses mots. Ildisait qu’après son dessaisisse-ment il avait eu « un gros goût d’in-justice dans la bouche ». Il racon-tait sa peur, lorsqu’il entrait dans

sa voiture avec ses enfants, quecelle-ci n’explose au moment où iltournait la clé de contact. Il parlaitde son couple brisé en raison ducoup tordu monté contre lui parDidier Schuller avec l’active partici-pation de son beau-père, Jean-Pierre Maréchal. Après une épreu-ve de ce genre, « on n’a plus lecœur qui bat de la même façon ». Ildisait éprouver bien davantage del’écœurement qu’un désir de ven-geance. Et, surtout, il portait cejugement, pas rassurant du toutpour le moral du citoyen : « Ce quim’arrive est exemplaire de ce quel’on peut faire aujourd’hui en Fran-ce, dans ce qui est censé être unedes plus belles démocraties du mon-de, à un juge pour la simple raisonqu’il enquête sur une affaire quipeut gêner le pouvoir. »

La confrontation avec OlivierFoll était étonnante. Celui-ci étaitle directeur de la police judiciairequi lui avait refusé l’assistance deses policiers lors de sa célèbre per-quisition au domicile des Tiberi, le27 juin 1996, place du Panthéon, àParis. Olivier Foll, lui, affirmait, lesyeux dans les yeux, qu’il avait priscette décision seul, sans pressiondu pouvoir politique. Le sourireincrédule d’Eric Halphen en disaitlong. Finalement, cela valait lapeine de veiller si tard.

Un gros goût d'injustice

Stephen Fry, merle moqueur du« so british »

LES GENSDU MONDE

RADIO

L’acteur-auteur-comique publie « L’Ile du

Dr Mallo », d’après Dumas, et joue les inspecteurs

Clouseau dans « Gosford Park », de Robert Altman

/

TÉLÉVISION

f 1957

Naissanceà Hampstead.

f 1979

Trois mois de prisonpour escroquerieà la carte de crédit.

f 1990

Valet de Hugh Lauriedans « Jeeves andWooster ».

f 1997

Oscar Wilde dans lefilm de Brian Gilbert.

f 2002

Joue pour RobertAltman, met à jourAlexandre Dumas.

SAMEDI 9 MARS

f Les Français dans le monde08 h 40, RFIComment protéger les expatriés ?Trois spécialistes (Frédéric Bauer,Jean-Pierre Vuillerme et Jean-LoupKuhn) évoquent la sécurité desFrançais vivant à l’étranger.f Les managers sont sur RTL09 h 15, RTLAnne Sinclair reçoit Hugues Gall,directeur de l’Opéra-Bastille.f La chronique Rock français

09 h 30, Ouï FMEmission consacrée auxTroubadours du désordre, groupequi vient de sortir un albumintitulé Le Grand Charivari.f La vie des Bleus12 h 00, RTLBixente Lizarazu, défenseurinternational des Bleus et joueurdu Bayern, est l’invité deJean-Yves Chaperon.f Medea19 h 30, France MusiquesOpéra en trois actes de RolfLiebermann, enregistré le18 février à l’Opéra-Bastille.

Visages d’IndiensDe l’Alaska au Nouveau Mexique, du Montana à l’Arizona, le photogra-

phe américain Edward J. Curtis (1868-1952) a passé trente ans de sa vie à cou-rir sur les traces des derniers Indiens. Témoin privilégié d’une civilisation entrain de disparaître, Curtis prendra plus de 50 000 clichés, enregistrera desbobines sonores et publiera une œuvre monumentale en vingt volumes (et2 500 illustrations) intitulée L’Indien de l’Amérique du Nord.

Ce documentaire passionnant signé Anne Makepeace revient sur la vie duphotographe et présente une galerie de portraits époustouflants. Jeune pho-tographe basé à Seattle, où il avait ouvert un studio, Curtis s’était initiale-ment spécialisé dans les images de nature : parcs naturels, montagnesenneigées, les sujets ne manquent pas. Mais à vingt-deux ans, il rencontreune vieille Indienne qui, pour un dollar, accepte de poser devant son objec-tif. A partir de ce moment-là, Curtis va parcourir son gigantesque pays pourimmortaliser les Indiens. Hommes, femmes, enfants appartenant à toutesles tribus encore existantes vont devenir ses sujets de prédilection. A samort, en 1952, Curtis et son œuvre sont oubliés. Il faudra attendre près devingt ans pour que son travail soit enfin reconnu. – A. Ct

« Une passion révélée », samedi 9 mars, 20 h 45, Arte.

C U L T U R E P O R T R A I T

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LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002/35

r a d i o - t é l é v i s i o nV E N D R E D I 8 M A R S

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.30 18.50 Caméra Café Série 13.45 FX,effets spéciaux, la série L’illusion. [1 et 2/2].Série 15.25 Los Angeles Heat Une équipe d’en-fer. Série 16.20 Zorro Zorro allume la mèche.Série 16.55 Chapeau melon et bottes de cuirSérie 17.50 Motocops Court circuit. Série19.05 Turbo 19.45 Warning 19.54 Le Six Minu-tes, Météo 20.05 Mode 6 20.10 Plus vite quela musique 20.45 Cinésix.

20.55 T 20.55 Charmed La balade des âmes & 591915.Série. Avec Holly Marie Combs, Alyssa Milano,Rose McGowan, Daniel Dae Kim, James Hong.21.40 Le Caméléon Indice d’écoute &4993248. Série. Avec Andrea Parker.22.40 Buffy contre les vampires Par amour &1319335. Triangle & 3027118. Série. Avec SarahMichelle Gellar, Marc Blucas.

0.15 P Combats sans gloire %

1056720. Série. Avec Ally Walker, RobertDavi, Caitlin Wachs, Erica Gimpel, RomaMaffia.Les corps d’hommes battus à mortsont retrouvés dans les faubourgs deBoston. Sam et l’équipe présumentqu’il s’agit de vagabonds impliquésdans des combats clandestins.1.04 Météo.

1.05 Gundam Wing La force du cœur &8979229. 1.30 Ligne de conduite & 7313590.1.55 Mise en scène. 8972316. 2.20 Confiance.4214565. 2.40 Le duel. 8842478 3.00 M6Music (310 min) 65454478.

f En clair jusqu'à 15.00 13.30 Partir avec NationalGeographic 14.30 La Grande Course 15.00Rugby Top 16 : Perpignan - Montferrand.17.00 Les Expéditions sous-marines deFranck Goddio 17.50 Le Pacte de la haine Télé-film. Martin Bell. Avec W. Baldwin (EU, 1999) %

f En clair jusqu'à 21.00 19.20 Le Journal 19.30 +clair Invités : Nicolas de Tavernost, Yvan leBolloch et Bruno Solo 20.30 Le Cours Florent.

21.25 S 21.25 H Une histoire de Blanche-Neige &421002. Série. Avec Jean-Luc Bideau, SophieMounicot, Jamel Debbouze, Eric Judor,Ramzy Bedia .21.50 Grolandsat Divertissement % 64282822.10 Le Monde des ténèbres Johnny Guitar% 3683712. Série. Eric Summer. Avec HowardCarpendale, Shauna Sand.

22.55 S Magazine présen-té par Nathalie Iannetta. 9262828

0.00 Cinéma de quartier : Cycle gladiateursQuo vadis ? Film. Mervyn LeRoy. Avec RobertTaylor, Deborah Kerr. Aventures (Etats-Unis,1951, v.o.) & 38406590.

2.45 Siam Sunset Film. John Polson. AvecLinus Roache. Aventures (Austr., 1999, v.o.) %

2243010 4.15 Terrorisme en haute mer Télé-film. Jim Wynorski. Avec Dylan Walsh, Ice-T(Etats-Unis, 1999, 90 min) % 8397279.

13.25 C’est mon choix pour le week-endMagazine 14.55 Côté jardins Magazine15.20 Keno 15.25 Côté maison Magazine16.00 La Vie d’ici Magazine 18.15 Un livre,un jour 18.20 Questions pour un champion18.45 Modes d’emploi Magazine 18.50Le 19-20 de l’information, Météo 20.10Tout le sport Magazine 20.20 Euro million-naire Jeu.

20.55 L’I Téléfilm. ClaudeD’Anna. Avec Ann Gisel Glass, EmmanuelQuatra, Gérard Rinaldi, Dora Doll, ValérieBagnou-Beido (France). 4170335Après des études d’infirmière, unejeune femme, ayant tenté de vivre envain à Paris, revient dans sa campa-gne natale pour y épouser son amourde jeunesse...

22.30 F En Argentine.Magazine présenté par Laurent Bignolas.Invitée : Suzanne Rinaldi. Au sommaire : Lespêcheurs de la pampa ; Les grands-pères duTucuman ; Buenos Aires, le tango. 6922915

23.40 Météo 23.45 Soir 3 0.05 Le Mystère desfaux Van Gogh Documentaire 3925687.

1.00 Saga-Cités La nuit des sauvageons.Magazine 4778213 1.30 Sorties de nuit Maga-zine. Invité : Roland Giraud 3.10 Soir 3 3.35On ne peut pas plaire à tout le monde Maga-zine (135 min) 6442855.

17.05 Le Pire du Morning 17.30 GundamWing Le duel. Série 17.55 Powder Park Série18.55 The Sentinel Série 19.54 Le Six Minutes,Météo 20.05 Mode 6 20.10 Notre bellefamille Série 20.40 Caméra Café.

20.50 S SG-1 Nemesis &

8310885. Victoires illusoires & 2190866.Série. Avec Richard Dean Anderson, Christo-pher Judge, Amanda Tapping, Don S. Davis,Michael Shanks.Dans Nemesis, au moment de partiren vacances, le colonel O’Neill est télé-porté sur un vaisseau infesté par deredoutables créatures, les réplicateurs.

23.25 S O.P.S. F MissionBerlin & 5335224. L’échange. 5904557. Série.Avec Brad Johnson, Mindy Clarke, Tim Abell,David Eigenberg, Dennis Rodman.

1.00 Unité 9 Bataille invisible &. Série6874809 1.44 Météo 1.45 4.10 M6 MusicEmission musicale 7415625 - 61702625 3.00Fréquenstar Henri Salvador 3931002 3.45E = M6 Magazine (25 min). 3054489.

16.30 Alerte à Malibu Guerre des nerfs. Série17.25 Melrose Place Portés disparus. Série18.15 2.05 Exclusif Magazine 18.55 Le Bigdil19.55 Météo, Journal, Météo 20.45 Traficinfos Magazine.

20.50 L E Diver-tissement présenté par Arthur et PierreTchernia. Invités : Marc Lavoine, Hélènede Fougerolles, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Catherine Laborde. 96081514

23.10 S Magazineprésenté par Julien Courbet, avec la partici-pation de maître Didier Bergès. 44217791.30 Les Coups d’humour Divertissement.Invité : Didier Benureau 5909489.

2.40 Reportages Quelques privés bien tran-quilles 8712996 3.10 Très chasse Chasse dupetit gibier et recettes de cuisine 65549034.05 Musique 4.20 Ça peut vous arriver Leserreurs médicales (40 min) 6993098.

13.35 On aura tout lu ! 14.00 Cuisines des ter-roirs L’Ukraine 14.30 Safran, la couleur dusoleil 15.15 Il y a toujours un perdant 16.55Reportage Geo Ils dansent avec les loups17.25 Court-circuit (le magazine) 19.00 LeForum des Européens Les femmes en politi-que. Invitée : Roselyne Bachelot 19.45 Arteinfo 20.00 Le Dessous des cartes Islam [1/2] :La belle histoire 20.15 Surréel Salvador Dali.

20.45 L’A - U Edward Curtis, photo-graphe des Indiens d’Amérique. Documentai-re. Anne Makepeace (2000). 8617199Redécouverte à partir de 1972, l’œuvred’Edward Curtis influence parfois laculture des Indiens actuels.21.40 Metropolis Magazine. Au sommaire :Printemps des poètes ; Tamango. 2169996.

22.35 L J ETéléfilm. Christine Kabisch. Avec BarbaraAuer, Max Herbrechter, Sigi Terpoorten,Jakob Mann, Joachim Dietmar Mues(Allemagne, 2000). 389538Après un divorce houleux, une jeunefemme fonde une entreprise dedéménagement ultra-rapide pourcelles qui désirent quitter prestementle domicile conjugal.

0.05 La Lucarne Chambre de bonne. Docu-mentaire 7857966 1.10 Les Alsaciens ou lesDeux Mathilde Téléfilm. Michel Favart (Fr.,1995) 7549213 2.35 Journal Court métrage. VukJevremovicz. Animation (All., 2000, 10 min).

16.05 Yémen, le voile et l’interdit Documen-taire 17.05 Les Refrains de la mémoire 17.35100 % question 18.05 C dans l’air 19.00Tracks 19.45 Arte info, Météo 20.15 Reporta-ge La Reine des chiffonniers. Documentaire.

20.45 L F ’ITéléfilm. Michaël Perrotta. Avec Cécile Bois,Beppe Clerici, Claudine Baschet, ChristianMoro, Olivier Sitruk (France, 1998). 855224Une jeune Parisienne « pur sucre » ren-contre à Gap sa belle-famille italien-ne. Pendant ce temps, son mari négo-cie en secret le rachat de terrains pourla construction d’une autoroute...

22.15 L V - Z, Documentaire.Ebrahim Mokhtari (France, 1999). 210197223.10 Profils Signé Andrzej Wajda. Documen-taire. Andrzej Brzozowski (Pol. - All.) 3569999.

0.10 Musica Richter, l’insoumis [1 et 2/2].Documentaire. Bruno Monsaingeon (Fr.1997) 1087880- 3547538 2.45 Le Dessous descartes Des cartes trop simples : l’exemple del’Islam. Magazine (15 min) 7129118.

17.50 Star Hunter Série f En clair jusqu'à 21.00

18.40 Daria C’est mon choix. Série 19.05 LeJournal 19.25 + de cinéma, + de sport 19.50Le Zapping 19.55 Les Guignols 20.05 BurgerQuiz 20.45 Encore + de cinéma.

21.00 T W Film. Joe Charba-nic. Avec James Spader, Marisa Tomei,Keanu Reeves, Earnie Hudson, Chris Ellis.Suspense (Etats-Unis, 2000) %. 1400311Un policier court sur les tracesd’un tueur en série. C’est d’une folleoriginalité.22.35 Le Frère du guerrier Le making of.Documentaire. 160682.

23.00 S - VS a a a Film. Sofia Coppola.Avec Kirsten Dunst, Josh Hartnett,James Woods, Kathleen Turner, Hanna Hall.Drame (Etats-Unis, 1998) % 9759175

0.35 Belles à mourir a Film. M. Patrick Jann.Comédie satirique (EU, 1999) & 4929606 2.05Surprises 2.45 La Route de Salina a Film. G.Lautner. Drame (Fr. - It., 1971) ? 5922335 4.25Partir avec National Geographic (55 min).

13.25 Les Aveux d’un espion nazi a a Anatole Litvak(Etats-Unis, 1939, N., v.o., 100 min) & CineClassics14.50 L’Affût a a Yannick Bellon (France, 1992,100 min) & TPS Star15.05 Pals of the Saddle a a George Sherman(Etats-Unis, 1938, N., v.o., 55 min) & CineClassics17.00 Jules César a a Joseph L Mankiewicz(Etats-Unis, 1953, N., v.m., 120 min). TCM19.00 Le Prisonnier de Zenda a a John Cromwell(Etats-Unis, 1937, N., v.o., 105 min). TCM20.35 La Grande Attaque du train d’or a a MichaelCrichton. Avec Sean Connery (Grande-Bretagne, 1979,115 min). RTL 922.45 A l’est d’Eden a a a Elia Kazan (Etats-Unis,1955, v.m., 115 min) & TCM23.00 City Hall a a Harold Becker (Etats-Unis, 1995,v.m., 110 min) & CineCinemas 20.25 Le Signe du lion a a Eric Rohmer (France, 1959,N., 105 min) & Cinétoile0.40 Haute société a a Charles Walters (Etats-Unis,1956, v.m., 105 min) & TCM2.10 Soupçons a a Alfred Hitchcock (Etats-Unis,1941, N., v.o., 100 min) & Cinétoile2.25 Force majeure a a Pierre Jolivet (France, 1988,85 min) & CineCinemas 22.55 Je vous aime a a Claude Berri (France, 1980,100 min) & CineCinemas 13.50 Le Grand Jeu a a Jacques Feyder (France, 1934,N., v.o., 110 min) & CineClassics

18.00 Loin de la foule déchaînée a a a JohnSchlesinger. Avec Julie Christie (Grande-Bretagne,1967, v.o., 165 min). TCM19.25 Le Criminel a a Orson Welles (Etats-Unis,1946, N., 95 min). Histoire20.45 La Femme modèle a a Vincente Minnelli(Etats-Unis, 1957, v.m., 115 min). TCM21.00 Je sais où je vais a a Michael Powell et EmericPressburger (GB 1945, N., v.o., 90 min) & Cinétoile21.00 Force majeure a a Pierre Jolivet (France, 1988,85 min) & CineCinemas 121.00 Prisonnières des Martiens a a Inoshiro Honda(Japon, 1957, 90 min) & Cinéfaz22.25 La Mascotte a a Léon Mathot (France, 1935,N., 90 min) & CineClassics22.30 La Compagnie des loups a a Neil Jordan (GB -EU, 1984, v.o., 95 min) ? Cinéfaz22.50 City Hall a a Harold Becker (Etats-Unis, 1995,v.m., 110 min) & CineCinemas 323.55 Le Poison a a a Billy Wilder. Avec Ray Milland(Etats-Unis, 1945, N., v.o., 100 min) % CineClassics0.05 Maine-Océan a a Jacques Rozier (France, 1986,135 min) & Cinéfaz0.25 Dracula a a Francis Ford Coppola.Avec Gary Oldman (Etats-Unis, 1992,v.m., 120 min) ? CineCinemas 2

16.00 Commissaire Lea Sommer Un garçontrès tenace. Série 16.55 Des chiffres et des let-tres 17.25 Qui est qui ? 18.05 JAG Traquée.Série 18.55 On a tout essayé 19.45 Un gars,une fille Série 20.00 0.25 Journal, Météo.

20.55 U , 20.55 La Crim’ Conjonction meurtrière. Série.Avec Isabel Otéro, Jean-François Garreaud,Dominique Guillo, Raphaëlle Cambray,Didier Cauchy. 6020069.21.50 Groupe Flag La voiture-bélier. Série.Eric Summer. Avec Sophie de la Rochefou-cauld, Franck Jolly. 5676427 22.50 Bouche àoreille Magazine. 7261507.

22.55 N Y 911 Requiem pour unpoids léger. 9128156. Un travail inachevé.4249576. Série. Avec Skipp Sudduth, MichaelBeach, Coby Bell, Bobby Cannavale, EddieCibrian.

0.50 Histoires courtes Mademoiselle Butterfly.Court métrage. J. Lopes-Curval. 6912712 ; 1.05Adolescents. Valérie Minetto &. 2143828 2.00Envoyé spécial 2314118 4.00 24 heures d’info4.15 Campus Magazine (45 min). 6332373.

13.00 Journal 13.15 L’Hebdo du médiateurMagazine 13.35 Météo 13.40 ConsomagMagazine 13.45 Les Grandes Enigmes de lascience La planète des inventeurs 14.45 Sau-mons, la marée argentée Documentaire15.35 Antonia Téléfilm. Jörg Grönler. AvecAlexandra Kamp (All., 2001) [1 et 2/2]3806199 - 1586996 18.55 Union libre Invité :Samy Nacéri Magazine 20.00 Journal, Météo.

20.55 L 17 V Variétés présentées par Jean-LucDelarue et Daniela Lumbroso, avec la partici-pation de Eric Jeanjean. Invitée : Björk.En direct du Zénith de Paris. 10803460

1.00 Journal de la nuit 1.20 Météo.

1.25 CE C ’O. Concert enregistré le4 décembre 2001. Avec Karl Zéro ; M ;Arthur H ; Tom Novembre et FrançoisHadji-Lazaro. 81673687

2.35 Union libre Magazine 9655687.

3.35 Premier rendez-vous Magazine 4.10 Théou café Magazine. Invitée : Juliette94974403 4.45 Les Z’amours Jeu (30 min)9732942.

17.35 A toi l’actu@ 17.50 C’est pas sorcierMangeons équilibré ! 18.15 Un livre, un jour18.20 Questions pour un champion 18.50 Le19-20 de l’information, Météo 20.10 Tout lesport 20.20 2.20 C’est mon choix... ce soir.

20.55 T Escale au pays de Mar-seille. Magazine présenté par Georges Per-noud. Au sommaire : Etang de Berre ; Le malde mer ; Kayak de mer ; Destinations Calan-ques ; La pêche à l’oursin ; Marseille, un pontvers l’Algérie ; Marseille, ancien port des colo-nies ; La ferme aquacole du Frioul. 4103663

22.30 Météo 22.35 Soir 3.

22.55 O Magazine présenté parMarc-Olivier Fogiel. 22633921.00 Ombre et lumière Invité : Vincent Lin-don 4874441.

1.30 Toute la musique qu’ils aiment Invité :Daniel Mesguich 2.45 Soir 3 3.10 Les Dossiersde l’Histoire Le tsar, le docteur du tsar et l’es-pion 4.00 La Case de l’oncle Doc Terre à Ter-re 7350064 4.55 Un jour en France (35 min).

DÉBATS12.10 17.10 Le Monde des idées. Le trotskisme etla France. Invités : Daniel Bensaïd et Paul Alliès. LCI

MAGAZINES13.25 Au nom de la loi. Pédophilie, du sordide au doute.Les Bobobé de Matongé. RTBF 113.30 Courts particuliers. Costa-Gavras. Paris Première14.15 Culture et dépendances. Spécial Algérie. TV 515.10 La Vie des médias. LCI17.00 le sens du voyage, le voyage des sens. Invité : JoséBové. Voyage17.15 Les Lumières du music-hall. Daniel Balavoine.Vanessa Paradis. Paris Première18.15 Des racines et des ailes. Florence. TV 518.15 Une histoire de spectacle. Marc Jolivet. Paris Première20.05 La Séquence du spectateur. CineClassics20.05 Le Fond de la corbeille. Spéciale 500e . TSR0.25 Les Feux de la rampe. Annie Girardot. CineCinemas 1

DOCUMENTAIRES17.00 La Flotte engloutie de Guadalcanal. Nat. Geographic17.15 Biographie. Marie-Antoinette. La Chaîne Histoire17.15 Simone de Beauvoir. Histoire18.35 Hep taxi ! Buenos Aires. Odyssée18.35 Fernandel par Fernandel. Festival19.00 Pilot Guides. Philippines. Voyage19.15 La Corne de l’Afrique. [2/3]. Nuit et silence. Histoire19.55 L’Ultime Résistance du lycaon. Odyssée

20.00 Au cœur de l’islam. La Mecque secrète. Voyage20.50 La Fabuleuse Histoire du Puro. Odyssée21.00 Les Zèbres du Serengeti. National Geographic21.00 Australie. Traversée du Queensland en train. Voyage21.00 Cent ans de mémoire du jazz. [1/4]. En remontantle fleuve paresseux. Histoire21.50 Encyclopédies - Une histoire de Coca-Cola. Histoire23.00 Pilot Guides. L’Argentine. Voyage23.20 Les Femmes et la Mafia. La Chaîne Histoire23.35 Le Cas n˚21 548. Histoire23.45 Giraud Moebius. Planète0.00 Aventures en Argentine. Voyage

SPORTS EN DIRECT13.15 Biathlon. Coupe du monde. 10 km sprint messieurs.A Östersund (Suède). Eurosport14.45 Football. Coupe de France (quart de finale) :Libourne Saint-Seurin - Bastia. Eurosport20.15 Football. Coupe de France (quart de finale) :Sedan - Strasbourg. Eurosport21.00 Equitation. Jumping international de Bercy 2002.Coupe du monde de saut d’obstacles. Pathé Sport

DANSE17.45 Ivan le Terrible. Chorégraphie de Youri Grigorovitch.Musique de Serge Prokoviev. Par les danseurs du Bolchoï.Avec Irek Mukhamedov (le tsar Ivan), NataliaBessmertnova (Anastassia). Par l’Orchestre du Théâtre duBolchoï, dir. Algis Zhuraitis. Muzzik

MUSIQUE19.30 Mozart. Quatuor avec piano en mi bémol majeur,KV 493. Enregistré en 1988. Avec Christian Zacharias(piano), Frank-Peter Zimmermann (violon), TabeaZimmermann (alto), Tilman Wick (violoncelle). Mezzo20.00 Bach. Suite pour violoncelle seul n˚6 en ré majeur,BWV 1012. Enregistré en 1994. Par Mstislav Rostropovitch(violoncelle). Mezzo21.00 Andrea Bocelli. Brême 1998. Avec Rebecca Evans(soprano) et le London Philharmonic Orchestra,dir.Myung-Whun Chung. Muzzik21.00 Thésée. Opéra de Lully. Par les Arts florissants,dir. William Christie. Mezzo23.25 Rostropovitch interprète Bach. En 1994. Mezzo0.55 Eagle-Eye Cherry. En 1999. Paris Première

TÉLÉFILMS19.00 Démons et merveilles. Randall Miller. Disney Channel20.45 Les Faux-Fuyants. Pierre Boutron & TPS Star[20.55 Le Squale. Claude Boissol. Monte-Carlo TMC22.10 La Confrérie de la rose. M. J. Chomsky. Festival

SÉRIES17.40 Alias. Parity (v.o.) & Téva18.00 First Wave. L’élixir. 13ème RUE18.25 Ally McBeal. Neutral Corner (v.o.). Téva20.05 Deuxième chance. Busted. Téva20.40 Vidocq. Vidocq à Bicêtre. Le crime de la mule noire.L’armée roulante. Festival

DÉBATS18.30 Bibliothèque Médicis. Les Combats de la liberté.Invités : Vittorio Sgarbi ; Fabio Gambaro ; Zoé Valdés ;Régine Deforges ; Monique Canto-Sperber. Public Sénat

MAGAZINES15.25 Projet X-13. Spécial Mars. 13ème RUE15.55 Recto Verso. Pierre Arditi. Paris Première16.55 Les Lumières du music-hall. Frank Sinatra.Il était une fois. Paris Première19.00 Explorer. Les bâtisseurs des pyramides de Gizeh.Les rites mortuaires des Mayas. Les traces énigmatiquesapparaissant dans les champs cultivés. National Geographic19.45 Les Feux de la rampe. Annie Girardot. CineCinemas 121.00 Une histoire de spectacle. Marc Jolivet. Paris Première21.25 Rock Press Club. Joey Starr. Canal Jimmy21.55 Des livres et moi. La provocation : spécial nu.Invités : Guillaume Dustan (Elixir) ; Noël Gaudin(Grabuge). Paris Première22.50 Paris dernière. La 100e à New York. Paris Première

DOCUMENTAIRES17.30 Plongée avec les chercheurs aventuriers. Portugal :la route des cachalots. Voyage17.35 Hervé Bourges. Histoire18.20 Portraits de gangsters. Bonnie and Clyde. Planète

18.30 Un autre regard. Espagne, Namibie et Syrie. Voyage19.00 Pilot Guides. L’Argentine. Voyage19.15 Gotlib. Planète19.55 Hep taxi ! Buenos Aires. Odyssée20.00 Les Eléphants. National Geographic20.45 Alexandra David-Neel. Du Sikkim au Tibetinterdit. Planète21.00 La Corne de l’Afrique. [2/3]. Nuit et silence. Histoire21.05 Femmes de la Médina. TV 522.45 L’Art sous le IIIe Reich. [1/2]. L’orchestrationdu pouvoir. Odyssée23.00 La Flotte engloutie de Guadalcanal. Nat. Geographic23.20 Survivre sur l’échelle de Richter. Planète0.50 The Definitive Miles. Canal Jimmy

SPORTS EN DIRECT20.00 Handball. Championnat de France D1 masculine(19e journée) : Paris-SG - Créteil. Eurosport

DANSE22.05 La Fille mal gardée. Chorégraphie de Heinz Spoerli.Musique de Ferdinand Hérold. En 1987. Par le Corps deballet de Bâle. Avec Valentina Kozlova (Lise), Chris Jensen(Colas), Martin Schlepfer (Alain), Otto Ris (Simone), HeinzSpoerli (Thomas). Avec l’Orchestre symphonique deVienne, dir. John Lanchberry. Mezzo

MUSIQUE17.30 Mozart. Concerto pour violon et orchestre n˚5. AvecFranck Peter Zimmermann (violon). Par l’Orchestrephilharmonique de Berlin, dir. Bernard Haitink. Muzzik17.45 20.35, 23.30 Paganini. Caprices n˚13 et 17. ParSvetlin Roussev (violon). Mezzo18.05 Mahler. Symphonie n˚1. Enregistré en 1992. AvecSylvia McNair (soprano), Jard Van Nes (mezzo-soprano).Par l’Orchestre philharmonique de Berlin, dir. BernardHaitink. Muzzik19.10 Honegger. Symphonie liturgique no 3. Par l’Orchestresymphonique de Prague, dir. Stanislav Macura. Muzzik20.15 Herb Ellis Trio / Barney Kessel. Enregistré à NewYork, en 1988. Muzzik

TÉLÉFILMS20.55 Une nounou pas comme les autres.Eric Civanyan. % Monte-Carlo TMC21.00 Mickey, il était une fois Noël. Disney Channel21.15 Les Poupées de l’espoir. Daniel Petrie. Festival

SÉRIES19.55 Le Caméléon. Trahison. Série Club21.40 Farscape. De l’autre côté du miroir. & Série Club21.50 Deuxième chance. Busted (v.o.). Téva23.20 Les Chemins de l’étrange. Pure of Heart. 13ème RUE

12.45 A vrai dire 12.50 Météo, Journal 13.30Reportages Les champions de la vie. Magazi-ne 14.05 Les Dessous de Palm Beach Lesrevers de l’amour. Série 14.55 Flipper L’oura-gan du siècle. Série 15.50 Dawson Cette mortsur ordonnance. Série 16.50 Football Coupede France. Quart de finale. Paris-SG - Lorient.17.00 Coup d’envoi en direct 18.55 Le Maillonfaible 19.55 Météo, Journal, Tiercé, Météo.

20.50 P Magazineprésenté par Carole Rousseau et JacquesLegros. Au sommaire : Le Rallye d’enfer ;Victimes bien malgré eux ; Plus jamais ça ;Interminable cache-cache ; A couper lesouffle. 96058286

23.10 N Y U SLe meurtrier sans visage ? 6974354. Letroisième suspect ? 99039. Série. AvecRichard Belzer, Ice-T, Chris Meloni, EddieCahill, Mariska Hargitay.Dans Le meurtrier sans visage, envenant en aide à une femme qui estkidnappée sous leurs yeux, deux pas-sants sont blessés, mais peuvent néan-moins donner l’alerte.

1.00 Les Coups d’humour Invité : Didier Benu-reau 1.35 Reportages Ces messieurs en habitvert 2.05 Très chasse Documentaire 3.00Histoires naturelles Documentaire 4.25 Musi-que 4.40 Aimer vivre en France (60 min).

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE18.35 Profession spectateur.19.30 Droit de regard.20.00 Elektrophonie.20.50 Mauvais genres.22.10 Le Monde en soi. Football, maladied’amour.0.05 Nocturnes. George Aperghis.

FRANCE-MUSIQUES18.06 L’Opéra de quat’siècles.19.04 Un soir à l’opéra.19.30 Médée. Opéra de Liebermann. Al’Opéra Bastille, à Paris, par les Chœurs etl’Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir.Daniel Klajner, J.-M. Charbonnet (Médée).23.00 Le Bel aujourd’hui. Festival Présences2002.

RADIO CLASSIQUE19.00 Intermezzo. Œuvres de Rossini,Chopin, Viotti.20.00 Les Rendez-Vous du soir. ThéodoreGouvy. Œuvres de Mendelssohn, Gouvy,Liszt, Fauré.22.00 Da capo. Le chef d’orchestre KarelAncerl. Œuvres de Mozart, Smetana, Dvorak,R. Schumann, Brahms.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Black and Blue.21.30 Cultures d’islam. Invité : Olivier Roy.22.00 Journal.22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Concert franco-allemand. En direct.Donné à Francfort et émis simultanémentsur les radios de Berlin, Leipzig etSarrebruck. Œuvres de Mahler.22.30 Alla breve (rediff.).22.45 Jazz-club. En direct.1.00 Les Nuits de France-Musiques.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deHaydn, Beethoven. 20.40 Concert. HilaryHahn, violon, Nathalie Zhu, piano : Œuvresde Brahms, Bach, Mozart, Saint-Saëns.22.12 Les Rendez-Vous du soir (suite).Œuvres de Prokofiev, Tchaïkovski,Rachmaninov, Stravinsky.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

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T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

Page 33: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

36/LE MONDE/SAMEDI 9 MARS 2002

HIRADO(Japon)

de notre envoyé spécialDans cette anse d’une sereine

beauté naturelle, perdue à l’extré-mité sud de l’île de Hirado, ferméepar trois îlots inhabités considéréspar les pêcheurs locaux commedes lieux sacrés, s’ébattront peut-être un jour des baleines. La baiede Miyanoura est en effet l’un desendroits retenus par la municipali-té de Hirado pour son projet decréation d’un aquarium à baleinesfermé par des filets fixes. Si le pro-jet voit le jour, ce sera la premièreexpérience de cette ampleur d’éle-vage en captivité des petits ror-quals (baleines de Minke). Depuis1939, quatre tentatives ontéchoué, rappelle le professeur SeijiOhsumi, directeur de l’Institut de recherchessur les cétacés de Tokyo, qui est à l’origine duprojet présenté dans un livre, en 1993, et qui aséduit la mairie de Hirado en quête d’idées origi-nales pour sortir la région de la récession.

A l’extrémité du Kyushu, Hirado n’en est pasà sa première expérience pionnière. Ce fut auXVIe siècle le premier port où Portugais et Hol-landais installèrent leur comptoir. C’est à Hira-do qu’aborda en 1550 un navire portugais avecà son bord François Xavier, arrivé un an plus tôtà Kagoshima, plus au sud, qui allait faire de larégion un des hauts lieux du « siècle chrétien »au Japon jusqu’à l’interdiction de la foi audébut du siècle suivant. C’est à Hirado égale-ment que débarqua, en 1600, William Adams,le pilote anglais héros du roman de James Cla-vell, Shogun, qui devait y mourir vingt ans plustard. C’est à Hirado encore que les matelotsétrangers apportèrent la bière. Mais c’est unautre héritage qui prédispose Hirado à créer unvivier à baleines.

Jusqu’au lendemain de la guerre, la ville futl’un des grands ports baleiniers du Japon. Auconfluent des courants chauds et froids, lesmers de la côte ouest du Kyushu comme cellesdu sud de la péninsule coréenne furentpendant des siècles un terrain privilégié de chas-

se aux cétacés. Il ya plus de deux mil-le ans, une baleineéchouée étaitconsidérée commeun « cadeau del’Océan » et lespêcheurs commen-cèrent à chasserces animauxgéants. Elle fait par-tie aujourd’hui dela tradition régiona-le comme en témoi-gnent le musée consacré aux cétacés de l’île voi-sine d’Ikitsuki ou les restaurants dont les publi-cités vantent la chair de baleine. « A Hirado, leshabitants entretiennent une relation plusieursfois séculaire avec les baleines, et réaliser cevivier à rorquals serait une nouvelle étape de cet-te relation », dit le maire, Makoto Shirahama.

Attraction touristique assurément, l’aqua-rium à rorquals aurait surtout des objectifsscientifiques. « Nous savons relativement peu dechoses de leur vie, commente M. Ohsumi, et sinous réussissons à en élever nous pourrons obte-nir des précieuses informations. » Pesant de 6 à10 tonnes et mesurant jusqu’à 10 mètres de

long, les baleines de Minke sont icinombreuses et, chaque année, plu-sieurs se prennent dans les filetsdes pêcheurs. Si elles sont vivan-tes, elles sont relâchées. Dans lecas contraire, conformément auxdispositions d’un programme desurveillance national, elles sontenregistrées après un prélèvementd’ADN, puis leur chair est venduesur le marché.

Au départ, le bassin aurait5 000 mètres carrés et recevraitune à deux baleines qui se sont pri-ses dans les filets. En toile de fond,il y a le rêve d’une « prairie océani-que », sans filets, délimitée par unsystème d’ultrasons, que caresseM. Ohsumi.

Le projet d’aquarium à baleinesde Hirado se heurte à plusieurs dif-

ficultés, reconnaît le maire de Hirado. Toutd’abord un coût considérable en termes d’entre-tien (un jeune rorqual mange 240 kilos de pois-sons par jour) que ne peut assumer un petitport dépourvu d’industrie, vivant de la pêche etdont la population diminue. Il est en outre diffi-cile d’obtenir l’aide de l’Etat. Non seulementcelui-ci n’a plus d’argent mais encore il ne sem-ble guère enclin à risquer de susciter les foudresdes écologistes en soutenant un tel projet. « Laseule question qui préoccupe les étrangers quinous interrogent est de savoir si nous élèveronsles baleines pour les manger », commenteToshio Shirayama, chef du département desproduits de la mer à la mairie. A cela s’ajoute labataille des administrations : celle chargée dutourisme ne veut pas financer un projet « scien-tifique » et inversement le ministère de l’agricul-ture et des pêches ne mettra pas un yen dansun projet « touristique »… Et Hirado se retrouveseul avec une belle idée qui fut « le vieux rêved’auteurs de science-fiction ou du père de la ban-de dessinée, Osamu Tezuka », rappelle SeijiOhsumi, mais que personne dans les milieuxpolitiques ne soutient vraiment pour ne pas fai-re de vagues.

Philippe Pons

a Portraitd’un quotidien.Découvrez24 heures de lavie du Mondeen animation.a Les femmeset la politique.

Les clés pour comprendre la loi sur la pari-té, la représentation des femmes dans leslieux de pouvoir, les chantiers de l'égalité...a Femmes au pays des talibans. Des fillesen minijupe en 1972 à Wazira, jeune promi-se de 17 ans soustraite aux regards par safamille, une sélection de photos tirées dulivre Femmes afghanes (éditions Hoebecke).

EN LIGNE SUR lemonde.fr

Des élevages pour étudier le comportement des rorquals.

LE NOUVEAU gouvernement aété constitué non sans peine aumilieu de la matinée, après une soi-rée et une nuit entières de laborieu-ses négociations. C’est un cabinetrestreint ne comprenant que dix-sept ministres, au lieu de vingt-sixdans le précédent. M. AntoinePinay, en plus de la présidence duconseil, assume la responsabilité desfinances, des affaires économiqueset du budget. En fait, on se trouveactuellement devant deux contradic-

tions : 1. Il est difficile de faire unepolitique nouvelle avec les mêmeshommes. Il est dans tous les grou-pes des parlementaires qui croientaux vertus de la confiance ; c’est àeux que devrait revenir la charged’en faire l’expérience sous la direc-tion d’un président du conseil modé-ré. 2. A l’inverse, ceux qui croientaux vertus d’une certaine rigueur,pour ne pas dire de la contrainte,seraient malvenus, après que deuxgouvernements eurent été renver-

sés pour y avoir cru, de ne pas laisserle champ ouvert à une expériencelibérale. Car pendant toute la législa-ture, la gauche sociale, et encoreune fois dans tous les partis, se ver-rait reprocher de n’avoir pas offertsa chance à la droite libérale et pour-rait plus difficilement compter surelle pour la soutenir ou l’aider.

Jacques Fauvet

(9-10 mars 1952.)

La Francedans tous ses états

Chaque week-end, retrouvez « le grand dossier » du 123

8 pages à explorer et à conserver

Demain :

a Tirage du Monde daté vendredi 8 mars 2002 : 564 643 exemplaires. 1 - 3

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/

EST-CE BIEN raisonnable ?Deux chiffres, deux symboles,comme une caricature de copieconforme : 1001, 2002. Et quiaura copié sur l’autre en cetteépreuve, et preuve, mathémati-que au rituel certificat d’étudesféministe du 8 mars ? Jeudi soir lequartier général chiraquienannonçait la naissance du 1001E

comité de soutien au président-candidat : « Les femmes avec Chi-rac ». Vendredi soir, les « 2002femmes pour 2002 », et pour Lio-nel Jospin aussi, tiendront mee-ting au Palais des sports de Paris.En présence du premier ministre-candidat.

Des femmes donc partout.Plein de femmes. Et si l’on osedire, sauf leur respect, un trèssérieux marquage à la culotte. Ilfaut dire, 1001, 2002, et ainsi desuite 4004, 8008, que les femmes,outre d’être femmes, sont légion.Et même majoritaires, très nette-ment majoritaires. En ce douxpays de France, où elles viventnotoirement plus longtemps, lesveuves-électrices, joyeuses com-me il convient, font, numérique-ment, la différence. Combiend’électeurs, déjà ? 20 millions.Combien d’électrices, mongaillard ? 23 millions.

Voilà, tout est dit. Urnes à pren-dre. La femme est l’avenir électifde l’homme. Aussi ne faut-il pass’étonner de voir la course auxfemmes prendre dans les straté-gies de campagne des hommesgalonnés une pareille importan-ce. Il y eut jadis, dans un autreregistre, nettement plus guerrier,la fameuse et vaine course à lamer. Nous n’irions pas jusqu’àdire, mais nous le pensons trèsfort, qu’il y a désormais, et demanière plus apaisée, une nonmoins fameuse course à la mère,quand ce n’est à la grand-mère.

Mais n’aggravons pas davanta-

ge notre cas ici par ces ricane-ments cyniques et considérationsoiseuses. Simplement, ce quinous gêne dans cette affaire du8 mars, Journée de la femme-élec-trice et militante, ce n’est pas cet-te débauche de sollicitude et d’ini-tiatives. Mais le fait que, qu’on leveuille ou non, cette sollicitude etces initiatives soient ainsi datées.Qu’elles soient célébrées et ampli-fiées comme fête votive et proces-sionnaire. Un jour sur 365, mercide l’hommage ! Et cette symboli-que des vingt-quatre heures de laFemme, épreuve désormais inscri-te au calendrier international descommémorations et bonnes réso-lutions, dérange plus qu’elle neséduit.

La preuve. Ouvrez les yeux etles oreilles ce matin. Ici et là, par-tout, on est allé demander, dansune espèce de réflexe condition-né et moutonnier, aux femmes decandidats tout le bien qu’ellespensaient, éventuellement, deleur cher et tendre candidat. Ettout l’intérêt que le même, parson action passée, par ses projetsfuturs, en son programme, por-tait à l’amélioration de la condi-tion féminine. Ces femmes de can-didats ont été plus que sollicitées,engagées, Bernadette ici, Sylvia-ne-là, Nisette et Babette ailleurs,à témoigner et seconder commeporte-parole de la bonne parole.

Soit. Mais voyez comme c’estcurieux, comme il reste un peu dechemin à faire. Des femmes, iln’en est pas que d’épouses de can-didats. Il en est de candidates aus-si. Les a-t-on sollicitées pour par-ler de la condition de la femme ?Est-on allé, en cette veille du 8mars, voir leur compagnon ouépoux, lorsqu’il existe, pour qu’ilfasse campagne ?

(Cette chronique sera assuréepar l’ami Alain Lompech jusqu’aulundi 25 mars)

CONTACTS

S

1001, 2002, et suite

Hirado

HONDO

KYUSHUSIKOK

HOKKAÏDO

J A PO

N

TOKYO

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Un cabinet restreintf RÉDACTION21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 ParisCedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ;télécopieur : 01-42-17-21-21 ;télex : 202 806 Ff ABONNEMENTSPar téléphone : 01-42-17-32-90

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C A R N E T D E R O U T E

Un nouveau rêve d’aquarium à baleines dans une baie du Japon

Page 34: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

Les industries etla technologie de pointeattirent dans la valléegrenobloise des cadres au fortpouvoir d’achat. La pénuriede l’offre dope les prix, quipeuvent atteindre 2 700 eurosle mètre carré dans le centrede Grenoble p. IV

Six fauteuils Consulat duchâteau de Fontainebleau,un uniforme porté parle mannequin de cirede Napoléon (ci-contre)… :le Musée Grévin dispersele 12 mars ses meubles,tableaux, objets d’artet accessoires inutilisés p. VII

Douze ans aprèss a c r é a t i o n sousl’égide de PierreBérégovoy, alorsministre de l’écono-mie et des finances,

le plan d’épargne populaire (PEP)bancaire a-t-il encore un avenir ?Lancé afin d’inciter les ménagesmodestes à se constituer une épar-gne-retraite complémentaire, lePEP, poussé par les campagnesmarketing des établissements fi-nanciers, a connu un démarrage enflèche.

Avec plus de 16,7 milliardsd’euros de collecte fin 1990, lapremière année de commercialisa-tion, et le triple trois ans plus tard,ce support figura rapidementparmi les produits d’épargne favo-ris des Français, au détriment par-fois de l’assurance-vie, autre place-ment fétiche des particuliers. « Audébut des années 1990, le marché avraiment accusé le coup de l’arrivéede ces nouveaux plans », se souvientun assureur. Il faut dire qu’alors lePEP bancaire cumulait les atouts.Non seulement il s’agissait d’un pla-cement sans frais, garanti et défisca-lisé au bout de huit ans (dans unelimite d’un versement maximal de600 000 francs pour une personneseule, passé aujourd’hui à92 000 euros), mais, en plus, iloffrait à cette époque des taux fixesgarantis sur dix ans parfois supé-rieurs à 9 %… Mieux, il était, pourles personnes non imposables,assorti d’une prime d’Etat égale-ment défiscalisée équivalant à 25 %des versements annuels dans lalimite de 6 000 francs par an, envi-ron 914 euros (soit jusqu’à l’équiva-lent de 228,7 euros de prime paran), et ce pendant toute la durée duplan.

Aujourd’hui, pourtant, le PEPbancaire n’est plus guère que l’om-

bre de ce qu’il fut. De populaire iln’a gardé que le nom. Victime deson succès, la prime justifiant cetteappellation fut, en effet, suppriméedès 1993. Quant aux rémunérationsproposées, suivant l’évolution desmarchés, elles n’ont cessé de fléchiret tournent désormais autour de4 % net en moyenne. Rien de trèsattrayant pour un produit certestoujours garanti et défiscalisé, maisqui nécessite une immobilisationde ses fonds huit à dix ans durant.« Mieux vaut, à qualités égales, sous-crire un fonds garanti éligible auPEA [plan d’épargne en actions] ouencore un contrat d’assurance-vie eneuros », estime un banquier.

Résultat, lorsque les premiersPEP bancaires sont arrivés àéchéance il y a trois ans, seule uneminorité d’épargnants a opté pourla prorogation. La plupart d’entreeux ont préféré soit solder définiti-vement leur plan, soit le transfor-mer en un PEP assurance-vie, uneformule également garantie maisdavantage rémunératrice et fiscale-ment encore plus avantageusedans la mesure où elle bénéficie àla fois du régime privilégié du PEPet de celui de l’assurance-vie. Alorsque les encours des PEP bancairesreprésentaient encore 76,8 mil-liards d’euros en 1998, ils sont ainsi

tombés fin 2001 à 53 milliardsd’euros. Ceux du PEP assurance-vie, pour leur part, ont bondi deplus de 60 % en trois ans, passantde moins de 23 milliards d’eurosfin 1997 à 37 milliards fin 2000.

Le glas aurait-il sonné pour lePEP bancaire ? « Non », affirmePatrick Hervé, responsable du ser-vice épargne du Crédit agricole SA,leader de ce secteur avec 28,5 mil-liards d’euros d’encours fin 2001.« Il est vrai que nombre de PEP arri-vés à échéance ont donné lieu à unesortie. Mais il s’agissait dans la plu-part des cas d’une clientèle relative-ment âgée, qui avait souscrit ce pro-duit pour récupérer sa mise horsimpôt au bout de huit ou dix ans, cequ’elle a fait. Le PEP bancaire gardede nombreux avantages et continued’attirer des souscripteurs, commele prouvent les flux de versements nou-veaux et d’ouvertures de plan quenous avons comptabilisés en 2001. »

Pour certains professionnels, lePEP pourrait même, dans lecontexte d’incertitude actuel,retrouver la faveur d’une clientèlede seniors en quête de sécurité etde simplicité, soucieux de l’organi-sation à venir de leur patrimoinede retraité. « Le PEP présented’autant plus d’intérêt que, à l’occa-sion des premières arrivées à échéan-ce, l’offre des banques a évolué ets’est sensiblement assouplie », souli-gne-t-on au Crédit mutuel. Sou-cieux de limiter l’hémorragie desretraits, les établissements ont eneffet rivalisé d’imagination pourmettre au point des formules deprorogation à durée et à tauxmodulables, moins contraignanteset désormais ouvertes aux nou-veaux venus.

Laurence Delain

Lire pages II et III

f Richesse : une grande partie dela population aisée en France n’apas le sentiment de faire l’objetd’une attention particulière de lapart de sa banque, révèle une étudedu cabinet de conseil Accenturepubliée jeudi 7 mars : 35 % desclients des banques privées qui pos-sèdent un patrimoine financier supé-rieur à 300 000 euros, et 52 % desclients aisés dits « intermédiaires »,dont le patrimoine financier varieentre 50 000 et 300 000 euros oudont le revenu personnel est supé-rieur à 91 500 euros, partagent ainsicette opinion. – (AFP.)

f FCPE : répercutant la crise desmarchés financiers, les encoursdes fonds communs de placementd’entreprise (FCPE) sont, selon lesderniers chiffres publiés par l’Asso-ciation française de la gestion finan-cière (AFG-ASFFI), passés de54,7 milliards d’euros fin 2000 à51,9 milliards d’euros fin 2001, soitune baisse de 5 % en un an. Côtéperformances, les FCPE à domi-nante actions retenus pour l’indica-teur de l’AFG-ASFFI-Europerfor-mance ont enregistré un recul de11,57 % alors que, dans le mêmetemps, ceux investis en obligationsconnaissaient un rendementmoyen de + 3,4 %.

TENDANCE

Dis-moi quel estton héritage...

PRENANT PRÉTEXTE de l’arrivéede l’euro, la Bibliothèque publi-que d’information du centreGeorges-Pompidou a voulu, les 1er

et 2 février, réfléchir sur « L’ar-gent et ses métamorphoses »,convoquant psychanalystes, socio-logues et économistes dans lecadre d’un colloque. « L’argent estomniprésent dans notre vie quoti-dienne mais étrangement absentdes recherches scientifiques, alorsqu’il est un objet anthropologiquefondamental, comme le sexe, lepouvoir et la mort », écrit dans l’in-troduction à ce colloque la socio-logue Véronique Guienne, coau-teur avec J.-P. Bouilloud de Prati-ques sociales de l’argent (Eska,2000).

Dans une intervention, AnneGotmann, sociologue auteur de

Dilapidation et Prodigalité (Na-than, 1995), s’est, quant à elle, in-téressée à l’héritage, qui est « lecontraire de la loterie et de l’ar-gent venu de nulle part ». « C’est,explique-t-elle, un événement quinous relie à l’histoire familiale etoblige à choisir : prendre ou ne pasprendre, se constituer héritier ous’y refuser. »

Au XXIe siècle, ceux qui reçoi-vent un héritage sont, sauf excep-tion, largement autonomes. Ilssont mariés, ont des enfants oudes petits-enfants, et ont bienavancé dans leur parcours profes-sionnel, voire sont retraités. L’héri-tage n’a donc plus vocation à lesdoter pour l’avenir mais a surtoutune valeur affective, renforcéepar les choix des défunts d’avan-tager l’un ou l’autre. Vincent deGaulejac, un autre sociologue,

note aussi que nos lois sur les suc-cessions obligent à faire les comp-tes et, d’une certaine manière, àles régler.

Il faut partager, et il n’est pasétonnant que les familles se dé-chirent à cette occasion, puisqu’ils’agit bien de la place de chacundans l’histoire familiale. Paradoxa-lement, dans les sociétés exoné-rées de droit de succession, com-me en Corse, ces comptes ne sontjamais faits, les contradictionsjamais résolues et les rancœursinextinguibles. « Recevoir un héri-tage implique de se reconnaîtrecomme le destinataire d’un don etcomme un retransmetteur poten-tiel. Le dilapider est également unemanière de négocier le lien deparenté et de filiation », assureMme Gotmann. Le premier réflexe

de nombre d’héritiers est de com-mettre une folie avec cet argent,de s’offrir, par exemple, un tourdu monde, de l’investir d’un coupet de liquider ainsi l’histoire fami-liale. La plupart se ravisent en pen-sant à leur propre descendance.

En étudiant les vrais dilapida-teurs, Mme Gotmann a identifiédeux types de comportements :celui de l’héritier qui veut échap-per à l’assignation parentale etaux devoirs implicites liés auxbiens transmis et qui préféreratout donner à une œuvre de cha-rité, par exemple ; et celui de« l’éternel créancier », à qui l’on atoujours tout donné, sauf del’attention, sans rien exiger enretour, et qui va tout perdre sanstrop savoir comment ni pourquoi.

Isabelle Rey-Lefebvre

L’indice Nasdaq des valeursde croissance américainesa bondi de 7,04 % en cinqséances. Les investisseurscroient à la repriseéconomique. Les indices desgrandes Bourses ont, pour ladeuxième semaine d’affilée,enregistré des hausses p. IX

Dans le supplément Le Monde Emploi

Dossier spécial « Banque-assurance » + les offres d’emploi

Chaque lundi dans 0123 daté mardi avec Le Monde Economie

IMMOBILIEREn points

2001 2002S O N D J F M

INDICE NASDAQ

Source : Bloomberg

Le 8 mars 1929,67

Faut-il encores’intéresser au PEP ?. Les plans d’épargne populaire rapportent à peineplus de 4 %. Mais ce placement, défiscalisé au boutde huit ans, garde ses atouts de simplicité et de sécurité

Encours des FCPE,en milliards d'eurosNombre de FCPE

FLÉCHISSEMENT

Sources : COB, AFG

1995 96 97 98 99 00 01

19

,0 21

,8

28

,2

35

,3

50

,5 54

,7

51

,9

3000

3500

3250

3750

3 800

3 185

MARCHÉ DE L’ART BOURSE

CETTE SEMAINE

Dans les sociétés exonérées de droitsde succession, les comptes ne sont jamais

faits, les contradictions jamais résolueset les rancœurs inextinguibles

ARGENTDIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002ÉPARGNE PLACEMENTS

Page 35: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

Adéfaut d’offrir les mê-mes conditions de ré-munération qu’il y adix ans, l’offre deplans d’épargne popu-laire (PEP) bancaires

s’est enrichie et assouplie, à la fa-veur de l’arrivée à échéance despremières générations de plans.Selon les cas, ces PEP peuvent êtreà versements uniques, libres ouprogrammés. Pour les épargnantsqui recherchent d’abord la tranquil-lité, les formules à taux fixe sont àprivilégier ; il en existe actuelle-ment deux sur le marché.

Les premières, les plus classi-ques, prévoient, au moment de lasouscription, une rémunérationgarantie pour toute la durée duplan. Extrêmement favorable pourles souscripteurs qui ont ouvert unPEP au début des années 1990 (lesrendements frôlaient alors les 9 %),cette forme de PEP ne présentecependant plus guère d’attrait dansle contexte actuel de baisse destaux, sinon celui du risque zéro.Les rendements servis pour desdurées de huit à dix ans ne tour-nent en effet qu’autour de 4,5 % enmoyenne avant prélèvements.

Des établissements comme leCrédit mutuel (fédérations d’Ile-de-France, de Centre-Est Europe, duNord notamment) ou les Caissesd’épargne ont certes mis au pointdes formules assorties d’une primed’assiduité. Par exemple, au Créditmutuel Centre-Est Europe, cetteprime sert une rémunération de4,5 % les huit premières annéespuis de 5,75 % les deux dernières.Mais cela reste modeste.

Mieux vaut donc, si l’on recher-che la sécurité à tout prix, regarderdu côté des PEP à taux fixe pardurée, que proposent des établisse-ments comme le Crédit lyonnaisou le Crédit agricole. Plutôt que degarantir la même rémunérationsur dix ans, ces PEP assurent uncertain niveau de taux pour unepériode donnée (deux ans, troisans, cinq ans, etc.). Certes moinsrémunérateurs sur de courtes

périodes (d’autant qu’en cas deretrait avant huit ans les intérêtsseront taxés) ces PEP, exempts depénalités de rupture anticipée, ontle mérite d’offrir une porte de sor-tie à moindre coût en cas de netteremontée des taux.

Autre formule pour jouer la

variation des taux, celle des PEP àtaux révisables. Mais là aussi, plu-tôt que de s’engager sur un PEP àtaux variable pur – actuellement larémunération moyenne de cesplans, qui reflète celle des taux mo-nétaires à trois mois, six mois ouun an selon la périodicité de la révi-sion, demeure en deçà de 4 % –, ilsemble préférable d’opter pourune forme de PEP à taux révisablepar versements qui bénéficie d’uneffet de cliquet sécurisant en casde fortes baisses des taux.

Contrairement à ce qui se passedans le cas d’un PEP à taux varia-

ble classique, dont la nouvellerémunération, revue chaque mois,trimestre, semestre ou année selonles établissements, s’applique àla totalité de l’épargne cumulée surle plan, le changement de tauxconcerne uniquement les verse-ments effectués au moment où letaux a été modifié. Ainsi un pre-mier versement rémunéré à X %lors de la souscription le sera-t-iljusqu’à l’échéance du plan. Unsecond versement effectué un anplus tard à Y % sera à son tourrémunéré à ce taux jusqu’à la findu plan, etc. En cas de mouvementerratique des taux, il suffit donc,pour peu d’avoir souscrit un PEP àversements libres sans minimumannuel, de laisser « dormir » sonplan en période de baisse, pour legonfler dès que les taux remontent.

« Aujourd’hui, l’épargnant quiveut ouvrir ou proroger un PEP ban-caire doit privilégier la souplesse ouencore s’intéresser aux divers monta-

ges proposés dans le cadre de l’enve-loppe fiscale du PEP », remarqueMarc Sallé, responsable des pro-duits d’épargne et d’assurance auCrédit du Nord. Outre les tradition-nels PEP à revenus (voir ci-dessous)ou PEP assurance-vie, cet établisse-ment propose, par exemple avecNoraction, un PEP associé à unfonds commun de placement(FCP) indexé sur le CAC 40, EtoileIndex France. « Une partie de lamise de départ est placée sur le PEPafin de reconstituer le capital initial,et l’autre est investie sur le FCP,explique Bernard Brucamp, chargédes produits d’épargne au Créditdu Nord. Au bout de huit ans, lesouscripteur est sûr de récupérer enfranchise d’impôts, au choix, de

100 % à 130 % de son capital, majo-ré, le cas échéant, des performancesdu FCP. »

Dans le même genre, les Caissesd’épargne, avec le PEP Optio Bour-se, et plus récemment les Banquespopulaires, avec Fructi Plus PEP,ont choisi d’associer un PEP à unfonds garanti afin de jouer sur ledouble aspect de la sécurité et dela performance. « Avec le PEPOptio Bourse, précise-t-on à la Cais-se d’épargne, non seulement le pla-cement est entièrement sécurisé etbénéficie des avantages fiscaux duPEP, mais en plus il est susceptiblede rapporter à échéance 64 % de la

progression de l’EuroStoxx 50 consta-tée entre la souscription et l’échéan-ce, sachant qu’en cas de chute desmarchés un revenu minimal d’unpeu plus de 25 % sera versé. » A laBanque populaire, c’est le quadru-plement du capital (ce qui revientsur dix ans à un rendement annuelde 14,85 %) qui est promis, sous ré-serve qu’aucune des valeurs du pa-nier d’actions, sur lequel est indexéle fonds garanti du montage, nebaisse de plus de 30 % dans lestrois dernières années.

Enfin, toujours en quête de re-nouveau, certains services de mar-keting (c’est le cas de ceux d’AprilGroup et de JP Morgan FlemingAsset Management, en partenariatavec la Fédération continentale,

compagnie d’assurances filiale deGenerali) ont associé un empruntboursier (au taux de 6 %) rembour-sable in fine à la souscription d’unPEP assurance-vie multisupport ali-menté par des versements régu-liers. « L’investissement cash qui pro-vient du prêt optimise à long termeles chances de performances du pla-cement, explique-t-on chez AprilGroup. Quant au capital de départ,y compris celui prêté, quelles quesoient les configurations de marché,il sera systématiquement garantipuisqu’il est investi sur un PEP. »

L. D.

1Que pensez-vousdu PEPaujourd’hui ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre la fin 1998 et lafin 2001, l’encours des PEPdans notre réseau a pratique-ment été divisé par deux, pas-sant de 400 millions d’euros à260 millions d’euros. Certes, lePEP offre toujours aux particu-liers en quête de sécurité lesavantages d’un placement sim-ple, garanti et défiscalisé. Mais,comparativement à ce qu’elle apu être il y a dix ans (en 1992,notre meilleur PEP était assortid’un rendement net de 9,25 %garanti sur huit ans), la rému-nération de ce produit n’estguère attractive. Avec des tauxsur huit ans ou dix ans de l’or-dre de 4,5 % à 4,8 % pour lesmeilleurs d’entre eux, les PEPbancaires à taux fixe par exem-ple ne font plus le poids faceaux PEP assurance-vie. Ce n’estdonc pas un hasard si, en 1999,lorsque les premiers PEP com-mercialisés par notre banquesont arrivés à échéance, envi-ron 35 % d’entre eux ont ététransformés en assurance-viealors que seulement 15 % d’en-tre eux étaient prorogés.

2Quel conseildonneriez-vous àun épargnant dont

le PEP bancaire arriveà échéance ?Tout dépend de ses projets. S’ila besoin de cet argent pours’acheter un appartement ouaider ses enfants, il ne doit pashésiter à liquider son PEP. Si cen’est pas le cas et qu’il n’estpas déjà surchargé en assuran-ce-vie, il peut toujours transfor-mer son PEP bancaire en PEPassurance, ou, s’il arrive à unâge où il a besoin de revenuscomplémentaires, prendre unPEP à revenus. S’il souhaite con-server son PEP en tant qu’épar-gne de précaution, il ne doitpas hésiter à le proroger en pri-vilégiant une formule très sou-ple de court terme.

3Le PEP bancaireest-il condamnéà disparaître ?

Non, dans la mesure où rien nepermet d’augurer de l’évolu-tion à venir des taux. En cas deremontée des rendements ser-vis, le PEP bancaire retrouve-rait tout son attrait. Maismieux vaut dans ce cas pren-dre date avec un PEP à tauxfixe par versements qui, sansêtre aussi aléatoire qu’un PEPà taux révisable, permet de pro-fiter des éventuelles haussesde taux, sans trop pâtir desbaisses. Par ailleurs, pour lespersonnes en quête de rentesrégulières, le PEP à revenus,sous réserve d’être correcte-ment rémunéré (aujourd’huientre 4,2 % et 4,5 %), mériteune mention spéciale. Aucunautre placement assorti d’unedistribution de revenus necumule les mêmes avantages,à savoir le versement garantiet exempt de tout souci de ges-tion, de rentes nettes et fixesrémunérées à plus de 4 %(pour une inflation de 1,5 à2 %) auxquelles s’ajoute àl’échéance la restitution ducapital initialement investi(exception faite de l’impactdes prélèvements sociaux).

Propos recueillis parLaurence Delain

Une offre renouvelée et plus soupleDiversifiées, les formules à taux fixe, sans être très rémunératrices, ont le mérite d’être sûres. Pour ceux qui veulentlier sécurité et performance, les banques développent de nouveaux montages associant un PEP à un fonds garanti

LE COÛT DES RUPTURES

:

3 QUESTIONS

J D

..

• PEP Epargne taux fixe

• PEP Horizons

• Taux fixe

• Taux fixepar versement

• 10 ans

• 10 ans

• 3,9 %

• 4 %

• 360 € par an

• Entrée 4 000 €(ensuite 1 500 €)

• Reprise de 50 % à 6 % sur lesintérêts selon la date de rupture

• 0,5 % de l'encours du PEP(+ 0,25 % de cet encours multipliépar le nombre de mois restant àcourir)

• Reprise de 50 % à 6 % sur lesintérêts selon la date de sortie

• 0,5 % de l'encours du PEP(+ 0,25 % de cet encoursmultiplié par le nombre de moisrestant à courir)

• PEP bancaire

• PEP Capital

• Révisable(par semestre)

• Fixepar versement

• 8 ans

• 8 ans

• 4,6 %

• 4, 9 %

• Entrée 150 €(ensuite 30 €)

• Entrée 8 000 €(ensuite 762 € en libre,152 € en programmé)

• PEP OPTIO Abonnement

• PEP OPTIO Prestance

• Taux fixepar versement• Taux garanti(progressif/année)

• 10 ans

• 10 ans

• Variable selon lescaisses (4,65 % en IDF)• Idem (4,65 % en IDF)

• Entrée 300 €

• Entrée 1 500 €

• Variables selon les caisses(ex. : 53,4 € en Ile-de-France)• Variables selon les caisses

(ex. : 53,4 € en Ile-de-France)

• Reprise de 30 à 20 % desintérêts selon la date

• Aucune

• PEP Etoile Garantie

• PEP Etoile Plus

• PEP Etoile Sécurité

• Taux fixepar versement• Taux fixepar versement• Taux révisable

• 10 ans

• 8 ans

• 10 ans

• 8 ans

• 8 ans

• 8 ans à 10 ansselon lesfédérations

• Viagère

• 2 à 10 ans

• 2 à 10 ans

• 4,7 %

• 4,6 %

• 3,7 %

• Entrée 1 500 €

• Entrée 8 000 €

• Entrée 1 500 €

• Reprise de 20 à 10 % des intérêtsselon la date

• Reprise de 30 à 10 % des intérêtsselon la date

• Reprise de 20 à 10 % des intérêtsselon la date

• Reprise de 20 à 10 % des intérêtsselon la date

• Reprise de 30 à 10 % des intérêtsselon la date

• Reprise de 20 à 10 % des intérêtsselon la date

• PEP Orchestral bleu

• PEP Orchestral jaune (2)

• Lion PEP modulableobjectif épargne

• Lion PEP modulableobjectif placement

• Norgaranti 2

• PEP Liberté

• PEP Garanti

• Evolu PEP

• Taux fixepar versement

• Taux fixepar durée

• Taux fixepar durée

• Taux révisable(chaque année)

• Taux fixe

• Révisable

• Taux fixepar durée• Taux révisable

• 10 ans (paliersde 3,4 puis 3 ans)• 10 ans

• 4,2 % en moyennesur 10 ans• 2,75 %

• 3,85 %

• de 3,2 % (2 ans)à 4,5 % (10 ans)

• Idem

• 3,8 % en moyenne

• 4,8 % en moyenne

• 4 % (3)

• Entrée 1 000 €(versement unique)

• Entrée 30 €

• Aucune

• 45 €

• 45 €

• 38 €

• Reprise de 10 % des intérêts(minimum 76 €)

• Entrée 1 500 €(ensuite 750 €)

• 45 € par mois, 135 € partrimestre ou 270 € parsemestre• Versement unique de

200 €

• 30 €

• 1 000 à 7 500 € selonles fédérations

• 15 €

• Reprise de 25 à 5 % des intérêtsselon la date de sortie

• 76 €

• 76 €

• 46,5 €

• Variable selon les fédérations(au CM de Bretagne : reprise de15 % sur les intérêts)

• Aucune

• Néant

• Reprise de 10 % des intérêtsrecalculés sur la durée

• Reprise de 10 % des intérêtsrecalculés sur la durée

• Néant

• 10 ans• PEP Vitalis Avenir • Taux fixepar versementtrimestriel

• 4,5 %• Entrée : 225 €(ensuite 45 €/moisen programmés)

• 53 € • 53 € et reprise de 50 % ou 20 %sur les intérêts selon la date

• Variable selon les fédérations(au CM de Bretagne : reprise de15 % sur les intérêts)

Nom du PEPDurée

minimaleNature de la

rémunération Versement minimal de transfertPÉNALITÉS

de sortie anticipéeRendement(1)

2002 (1er trim.)Etabl.

(1) Avant prélèvements sociaux - (2) Existe depuis cette année en version à versements programmés (PEP Orchestral mauve : 2,8 % en 2002) - (3) Le taux est révisé à chaque fin d'annéeSource : Etablissements bancaires

PEP BANCAIRES : DIX ÉTABLISSEMENTS AU BANC D'ESSAI

BNPParibas

Caixabank

Caissed'épargne

Créditagricole

Bred(GroupeBanque

populaire)

Créditdu Nord

Créditlyonnais

Créditmutuel

La Poste

Sociétégénérale

DOSSIERFAUT-IL ENCORE S’INTÉRESSER AU PEP ?

A l’exception notable d’établissements comme la BNP ou le Crédit lyon-nais (qui, respectivement, ponctionnent des frais forfaitaires sur versementde 18 euros maximum et des frais d’entrée de 22,7 euros), les banques neprélèvent aucuns frais d’entrée ou de gestion sur les PEP financiers (ce quin’est pas le cas pour les PEP assurance-vie). En revanche, elles n’hésitent pasà mettre au point des systèmes de pénalités parfois sévères (reprise jusqu’à50 % des intérêts dans certains cas) destinées à sanctionner le transfert d’unplan vers un établissement concurrent ou encore une sortie anticipée.

L’addition peut s’avérer d’autant plus lourde que, dans le cas d’un retraitavant huit ans, ces frais s’ajouteront à des ponctions fiscales équivalant à45 % ou 25 % des intérêts, selon que la rupture a lieu avant ou après quatreans. Le transfert, même s’il enclenche la signature d’un nouveau contratavec l’établissement où le plan est transféré, n’est pas fiscalement assimilé àune sortie. L’antériorité de l’exonération fiscale est donc maintenue.

II/LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002

Page 36: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

Astucieux montage fi-nancier, le PEP à reve-nus connaît du succèsauprès d’une clientèleen quête de revenusréguliers, fixes, garan-

tis et peu fiscalisés. « Les formulesà revenus constituent le gros denotre production de PEP bancaires,près de la moitié des clients ayantopté pour ce type de produits », pré-cise-t-on au Crédit agricole.

Le PEP à revenus résulte de l’as-sociation d’un PEP bancaire classi-que à une série de comptes à ter-me (CAT), générateurs de revenusréguliers. Conçu habituellementsur une durée de huit ans, ce typede plan fonctionne sur la base d’unversement unique important (lesminima sont de l’ordre de 8 000 eu-ros). Une partie de cette sommeest placée sur un PEP classique quifructifie au fil des ans afin de re-constituer le capital initial, tandisque l’autre est investie sur unesérie de CAT à trois mois qui per-mettent, pendant la durée du plan,le versement de revenus fixes etgarantis. A l’échéance, le souscrip-teur récupère son capital diminuédes prélèvements sociaux imputéssur la partie PEP de son montage.

Au-delà de sa simplicité et deson absence de risque, le PEP àrevenus présente deux avantages.D’une part, les revenus distribués

sont peu fiscalisés : étant pourpartie constituées de capital, lesrentes distribuées par les PEP àrevenus, quoique soumises au pré-lèvement libératoire classique de25 %, sont en réalité taxées à untaux de l’ordre de 5 % selon les pro-moteurs des PEP à revenus.

Par ailleurs, comportant unepart de CAT, les PEP à revenus nesont plus soumis au seuil de verse-

ment maximum de 92 000 euros,propre au PEP. Ainsi pour un PEPà revenus composé à 60 % d’unPEP classique et à 40 % de CAT, lamise initiale maximale pourra mon-ter jusqu’à 153 300 euros (plus de300 000 euros pour un couple).

Malgré tout, le PEP à revenus res-te un support contraignant dont lesouscripteur ne peut, sous peinede pertes sévères sur sa mise initia-

le, sortir avant terme. Quant au ni-veau des rentes servies, il n’a riend’exceptionnel. Ainsi, à la BRED(groupe des Banques populaires),pour 10 000 euros investis, la rentetrimestrielle nette sera de 115,2 eu-ros. Or il s’agit de l’un des PEP àrevenus les plus rémunérateurs dumarché (4,9 % pour 2002)…

L. D.

PRATIQUE

La prime d’Etatétait trop populaireBercy a seulement maintenu celle des PEPassurances souscrits avant septembre 1996

S’assurer un petit complément de revenu

0,5 % de l'encours duPEP + 0,25 % de cet

encours multiplié par lenombre de mois restant

jusqu'à la 8e année.

de 20 % à 10 %des intérêts selon

la date de sortie

variable selon lesfédérations (au CM dede Bretagne : 15 % des

intérêts)

de 40 % à 20 %des intérêts selon

la date de sortie

10 % des intérêts(min. : 76 €)

Fréquence revenus 8 ans 10 000 € 3,90 %

PEP 4 étoiles 8 ans 7 500 € 4,50 %

PEP revenus de 8 ansà 10 ans(1)

de 7 000à 10 000 € (1)

4,75 %en moyenne

PEP Orchestral vert 10 ans 10 000 € 4,15 %

PEP revenus 8 ans 8 000 € 4,90 %

Nomdu PEP

Duréeminimale

Versementminimal

Pénalitéde sortie anticipée

Rendementannuel 2002Etablissement

(1) selon les fédérationsSource : Etablissements bancaires

CINQ EXEMPLES DE PEP À REVENUS

BNP PARIBAS

CAIXABANK

CRÉDIT AGRICOLE

BRED(Groupe

Banque populaire)

CRÉDIT MUTUEL

a Peut-on sortir de sonPEP avant dix ans ?

Il faut distinguer la duréecontractuelle du PEP (fixée à dixans dans la plupart des établisse-ments) de sa durée fiscale (huitans). Au bout de huit ans, lesouscripteur d’un PEP bancairepeut effectuer des retraits sanspénalité fiscale, exception faitedes prélèvements sociaux.Cependant, si, au départ, le PEPa été souscrit pour une durée dedix ans, ces retraits entraînerontune clôture automatique duplan ainsi que le paiement defrais de sortie anticipée. Varia-bles selon les établissements(certains n’en prélèvent pas), cesfrais prennent souvent la forme

d’un pourcentage calculé sur lesintérêts, dont le montant serad’autant plus élevé que la sortiese fera tôt.

En revanche, si le PEP est closavant huit ans, les intérêts géné-rés par le plan sont imposables.Ils sont alors soumis, au choixdu souscripteur, soit à l’impôtsur le revenu, soit à un prélève-ment libératoire de 45 % (35 %+ 10 % de prélèvements sociaux)si la fermeture a lieu avant qua-tre ans, et de 25 % (15 % + 10 %)si elle se fait entre la quatrièmeet la huitième année. Quelquescas exceptionnels ouvrent droitnéanmoins à une sortie antici-pée sans frais : l’invalidité ou ledécès du titulaire du plan ou deson conjoint, l’expiration dedroits aux assurances-chômageà la suite du licenciement dusouscripteur (ou de son con-joint), la cessation d’une activiténon salariée du titulaire ou deson conjoint suite à une liqui-dation judiciaire. Lorsque le con-joint est concerné, les époux doi-vent être soumis à une imposi-tion commune.

a Peut-on garder son PEPau-delà de dix ans ?

Oui. Le souscripteur peut,sous réserve de n’effectuer au-cun retrait, conserver son planet continuer de l’alimenterau-delà de la durée contractuel-le, sachant que cela supposeune nouvelle négociation dutaux, dont le niveau serad’autant plus élevé que la nou-velle durée d’engagement seralongue. En cas de retraits par-tiels, le plan peut demeurerouvert, mais tout nouveau verse-ment devient interdit sous peinede clôture immédiate du PEP.

a Peut-on ouvrir unsecond PEP ?

Oui, mais seulement aprèsavoir fermé le premier. Rienn’empêche, au sein d’un couple,de détenir un PEP par conjoint.

a Peut-on transférerson PEP à tout moment ?

En théorie, oui. Le transfertn’étant pas assimilé à un retrait,il n’entraîne pas de pénalités fis-cales. Cependant, pour limiter cetype de mouvements, la plupartdes établissement prélèvent desfrais dissuasifs. Par ailleurs, touttransfert se traduit par l’ouvertu-re d’un nouveau contrat, qui àson tour peut être assorti depénalités de sortie anticipée.

a La sortie se fait-elletoujours sous formede capital ?

Non, la sortie d’un PEP ban-caire peut se faire sous la formed’une rente qui, contrairementà celles versées à partir d’uncontrat d’assurance-vie, sera to-talement défiscalisée.

a Lorsque l’on transformeun PEP bancaire arrivéà échéance en PEPassurance, doit-on resterimmobilisé huit ans pouréchapper à l’impôt ?

Non. En transformant un PEPbancaire arrivé à échéance enPEP assurance-vie, on conservel’antériorité fiscale de son plan,et, en plus, on cumule les avanta-ges fiscaux du PEP et de l’assu-rance-vie, les PEP assurance-vieéchappant à la taxe de 7,5 % pré-levée au-delà de 4 600 euros derevenus générés par un contratd’assurance-vie.

DOSSIERFAUT-IL ENCORE S’INTÉRESSER AU PEP ?

Destiné à encouragerl’épargne longuedes ménages lesplus modestes, lePEP était au départassorti d’une prime

d’Etat particulièrement intéres-sante, ouverte à toute personnenon imposable (ou dont l’impôt nedépassait pas un seuil de l’ordre de61 euros). Pour bénéficier de cetteprime, le souscripteur devait justi-fier chaque année de son statutd’exonéré, sachant que le revenude référence retenu était celui del’année N – 2. Ainsi, en 1990 il fal-lait justifier d’une non-impositionen 1988, pour 1991, c’était 1989qui était pris en compte, etc. Repré-sentant 25 % des versements an-nuels dans la limite de l’équivalentde 914 euros (soit un peu plus de228 euros au maximum par an),cette prime, par ailleurs revalori-sée chaque année au taux d’intérêtlégal et défiscalisée, s’ajoutait, àl’échéance du plan, aux sommescapitalisées sur le PEP.

Mais la mariée était trop belle.Dépassé par le succès de ce méca-nisme qui, du fait des spécificitésde la fiscalité française, ne bénéfi-ciait pas uniquement aux ménagesles plus défavorisés, le gouverne-ment dut rapidement faire machi-ne arrière. Dès l’automne 1993,soit trois ans après son apparition,la prime était supprimée. A cette

époque, les sommes à verserétaient déjà estimées à plus de1 milliard d’euros, la prime concer-nant près de trois millions de titu-laires de PEP. Pour ces derniers, lenombre d’années de versementsouvrant droit à prime fut ramené àsept, contre dix initialement ; seulsles souscripteurs d’un PEP assuran-ce à versements périodiques sous-crit avant le 5 septembre 1996 ontvu leur droit à prime maintenupendant dix ans.

Même coupé en plein vol, l’effetprime ne fut pas sans douleurpour Bercy. Pour un PEP ouvertavant le 22 septembre 1993, la pri-me d’Etat maximale à verser en2000 était de 10 500 francs debase, soit 1 600 euros, à laquelles’ajoutaient près de 3 000 francsd’intérêts. Au total, ce sont envi-ron l’équivalent de 2,3 milliardsd’euros qui auraient été versés auxbénéficiaires de la prime. A titred’exemple, pour le seul réseau duCrédit agricole, premier établisse-ment distributeur de PEP bancai-res avec la moitié des parts de mar-ché sur ce produit, les primesd’Etat à payer ont dépassé 472 mil-lions d’euros en 1997. Elles repré-sentaient encore 106,7 millionsd’euros l’année suivante et plus de76 millions d’euros en 1999 et en2000.

L. D.

LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002/III

Page 37: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

UN MARCHÉ LOCATIF

MARQUÉ PAR LA PÉNURIE

Avec un rapport d’environ un loge-ment pour 30 candidats, le marchélocatif grenoblois connaît, selon laFnaim, une situation de pénurie iné-galée. Le taux de mobilité reste éle-vé du fait de la présence d’étudiantset de la mutation des cadres : 54 %des logements ont changé d’occu-pants entre 1990 et 1999, selonl’Agence d’urbanisme. Les petitessurfaces continuent à être d’un bonrapport, avec un taux de rentabilitéde l’ordre de 7 % à 8 %, voire de 9 %à 10 %, pour les T4 et les T5, rares.Un studio équipé se loue en moyen-ne 300 euros, et un deux-pièceshaut de gamme, 580 euros.

En maison individuelle, on netrouve rien à moins de 900 à1 000 euros, voire 2 000 euros dansles belles banlieues.

SUCCESSION

L’assurance-décès faceaux « bonnes mœurs »

EXPERTISE

Une selection. Cours releves au 8 mars a 17 h 46

Valeur de Valeur Devise de Montant Date duCode Emetteurs r Date souscription de rachat cotation du coupon coupon

Internet : www.sgam.fr SG ASSET MANAGEMENT

S I C A V

029614 CADENCE 1 D 08/03/02 155,47 153,93 EUR 1,75 09/04/01029615 CADENCE 2 D 08/03/02 153,76 152,25 EUR 1,75 03/05/01029616 CADENCE 3 D 08/03/02 152,10 150,60 EUR 1,75 08/03/01028307 CONVERTIS C 08/03/02 231,66 227,12 EUR ....009577 INTEROBLIG C 07/03/02 59,98 59,39 EUR ....009543 INTERSELECTION FR. D 08/03/02 76,48 74,98 EUR 1,27 25/01/01028315 SELECT DEFENSIF C 07/03/02 196,46 193,08 EUR ....028316 SELECT DYNAMIQUE C 08/03/02 246,84 242,59 EUR ....028653 SELECT EQUILIBRE 2 08/03/02 173,54 170,56 EUR ....094406 SELECT PEA DYNAMIQUE 08/03/02 147,22 144,69 EUR 2,69 01/02/01094404 SELECT PEA 1 08/03/02 211,15 207,52 EUR 4,37 01/02/01029548 SG FRANCE OPPORT. C 07/03/02 456,16 447,22 EUR ....029713 SG FRANCE OPPORT. D 07/03/02 427,13 418,75 EUR 2,02 27/01/00029709 SOGENFRANCE C 08/03/02 478,01 468,64 EUR ....029549 SOGENFRANCE D 08/03/02 428,73 420,32 EUR 1,54 28/01/99029408 SOGEOBLIG C 08/03/02 113,77 112,64 EUR ....009524 SOGEPARGNE D 08/03/02 44,65 44,21 EUR 1,95 16/10/00028520 SOGEPEA EUROPE 08/03/02 228,82 224,33 EUR 0,23 25/01/01009545 SOGESECTOR IMMOB. D 08/03/02 24,25 23,77 EUR 0,38 28/06/00009526 SOGINTER C 08/03/02 54,89 53,81 EUR 8,02 18/04/90

Fonds communs de placements

702074 DECLIC ACTIONS EURO 07/03/02 16,08 15,76 EUR ....747971 DECLIC ACTIONS FRANC 07/03/02 55,19 54,11 EUR 0,26 07/09/00747985 DECLIC ACTIONS INTER. 08/03/02 35,48 34,78 EUR 0,10 13/09/96702304 DECLIC BOURSE EQUILIBRE 07/03/02 17,05 16,72 EUR ....703114 DECLIC BOURSE PEA 07/03/02 52,67 51,64 EUR ....747973 DECLIC OBLIG. EUROPE 07/03/02 16,65 16,49 EUR 0,87 05/01/01702560 DECLIC PEA EUROPE 07/03/02 24,68 24,20 EUR 0,08 14/11/00748493 DECLIC SOGENFR. TEMPO 07/03/02 60,90 59,71 EUR 0,28 21/12/00702744 SOGESECTOR FINANCE 08/03/02 560,72 544,23 EUR ....043136 SOGESECTOR SANTE 08/03/02 588,20 576,67 EUR ....043153 SOGESECTOR TECHNO. 08/03/02 564,62 553,55 EUR ....703304 SOGESTION C 07/03/02 49,55 48,58 EUR ....042303 SOGINDEX FRANCE C 07/03/02 534,20 518,49 EUR ....

08 36 68 56 55 (2,21 F/mn)

S I C A V

028818 ATOUT CROISSANCE 07/03/02 366 357,07 EUR 3,49 07/01/02028581 ATOUT FRANCE C 07/03/02 201,36 196,45 EUR ....028582 ATOUT FRANCE D 07/03/02 179,07 174,70 EUR 3,24 24/12/01093707 ATOUT FRANCE ASIE 07/03/02 79,71 77,77 EUR 0,16 24/12/01028583 ATOUT FRANCE EUROPE 07/03/02 180,81 176,40 EUR 5,47 24/03/01028575 ATOUT FRANCE MONDE 07/03/02 45,94 44,82 EUR 0,38 14/04/01028610 ATOUT MONDE 07/03/02 54,68 53,35 EUR ....028990 ATOUT SELECTION 07/03/02 106,60 104 EUR 2,33 24/12/01028636 CAPITOP EUROBLIG C 07/03/02 102,11 101,10 EUR ....028637 CAPITOP EUROBLIG D 07/03/02 84,24 83,41 EUR 3,52 24/03/01028612 CAPITOP REVENUS D 07/03/02 172,51 170,80 EUR 2 21/01/02

Fonds communs de placements

044668 ATOUT VALEUR 06/03/02 78,71 78,71 EUR 1,36 13/12/01097265 INDOCAM FONCIER 07/03/02 99,71 97,28 EUR ....

SICAV - FCPCes informations sont donnees sous la responsabilite de l’emetteur

(Publicite)

FISCALITÉ

Unités de compte, taxeset contrats d’assurance-vie

Lorsque les capitaux reçus parle bénéficiaire d’un contratd’assurance-vie souscrit de-puis le 20 novembre 1991 cor-

respondent à des primes verséesaprès les 70 ans de l’assuré, la frac-tion des primes supérieure à30 500 euros est soumise auxdroits de succession.

Toutefois, lorsque les capitauxversés par l’assureur sont infé-rieurs au montant des primes ver-sées après les 70 ans de l’assuré, lataxation ne porte que sur le mon-tant de ces capitaux.

L’administration vient de préci-ser que cette règle s’applique nonseulement en raison de rachats par-tiels ou d’avances non rembour-sées mais aussi en cas de baisse dela valeur des unités de compte(autrement dit, des parts de sicav).

Exemple : âgé de 71 ans, M. X. asouscrit, en décembre 1992, uncontrat en unités de compte surlequel il a versé une prime uniquede 500 000 francs destinée à l’ac-quisition d’actions de sicav. Aprèsimputation des frais sur versement(25 000 francs), le montant réelle-ment investi est de 475 000 francs.

On suppose que le prix d’achat desactions était de 250 francs. Aumoment de la souscription, le con-trat comportait 1 900 actions de lasicav.

M. X décède en février 2002 ; lavaleur de rachat des actions de lasicav est tombée à 30 euros. Lescapitaux versés par l’assureur auxbénéficiaires désignés s’élèventdonc à 57 000 euros.

Si l’on appliquait le principeselon lequel les droits de mutationsont calculés sur le montant desprimes qui excède 30 500 euros,la prime versée s’élevant, aprèsconversion en euros, à76 224,51 euros, les bénéficiairesdevraient être taxés sur45 724,51 euros.

Heureusement, l’administrationadmet tenir compte de la perte devaleur des unités de compte : labase de taxation est constituée parla seule valeur du contrat à la datedu décès, soit 57 000 euros ; lesdroits ne sont calculés que sur26 500 euros (57 000 – 30 500).

Rédaction des éditionsFrancis Lefebvre

La Micro-Valley grenobloise dope le marché. L’arrivée de cadres, attirés par les entreprises de haute technologiede la région, confirme la hausse des prix des logements amorcée il y a cinq ans

Amoins d’une heuredes stations de ski, laMicro-Valley greno-bloise, fournie en in-dustries et technolo-gies de pointe, attire

nombre de cadres au pouvoird’achat et au niveau d’exigenceélevés. Mais dans le chef-lieu del’Isère, l’offre immobilière resterare et chère.

Pour le cadre qui arrive avec unbudget de 150 000 à 230 000 euros,la désillusion est garantie. « A ceprix-là, ils devront se contenter d’unF4 à Meylan [dans l’agglomérationgrenobloise], ou accepter de s’éloi-gner de 40 km pour trouver une mai-son de caractère », rapporte BrunoManhes, de l’agence Faure Immo-bilier. La hausse qui avait atteint,en 1999-2000, 15 % à 20 %, voire30 %, en maison individuelle, a cer-tes été ramenée à 6 % ou 7 % audernier semestre 2001, niveauauquel elle devrait « se mainte-nir », estime le président de lachambre syndicale des promo-

teurs constructeurs, Raoul Zanolet-ti. Mais l’avance reste prise.Entre 1997 et 2001, le prix moyenau mètre carré dans l’ancien a aug-menté de 28,6 % dans Grenoble, etde presque 36 % dans l’hyper-cen-tre de la ville. En maisons, la haus-se est encore plus spectaculaire :près de 46 % dans la vallée trèsprisée du Grésivaudan.

230 000 L’arrivée des cadres a transfor-

mé le marché immobilier. Pénuriede place oblige, « plus des troisquarts des gros budgets partent versla proche périphérie », analyseMichel Ronzino, le président de laFédération nationale de l’immobi-lier (Fnaim) de l’Isère. La rive droi-te de la vallée du Grésivaudan estla plus recherchée par la clientèleaisée. Un appartement de 100 m2

dans une résidence traditionnelles’y négocie au minimum 170 000euros, jusqu’à 300 000 euros si larésidence est de bon standing,avec piscine et terrasses.

En maison individuelle, rien(sauf au bord de l’autoroute) ne sevend au-dessous de 230 000 euros,y compris les constructions desannées 1960. Dans le très chictriangle formé par les communesde La Tronche, Corenc et Meylan,le budget moyen d’une maisoncontemporaine de 140 à 180 m2

habitables, avec 800 à 1 000 m2 deterrain, oscille entre 350 000 et530 000 euros quand s’ajoutentune piscine et des dépendances.

Les terrains à bâtir sont encoreplus rares et donc chers. Dans lesmeilleurs emplacements, on peutatteindre un budget de 300 000 eu-ros rien que pour le terrain. Incapa-ble de suivre, une part de la clientè-le s’est reportée à l’ouest, sur descommunes comme Sassenage etsurtout Seyssins. « Des micromar-chés existent néanmoins à Echirolleset à Saint-Martin-d’Hères », nuan-ce Me Henri Benoist, président dela chambre des notaires de l’Isère.

Afin de renverser la tendance etde faire revenir les jeunes ména-ges vers le centre de Grenoble, lamunicipalité profite de chaqueespace qui se libère, comme le sitede l’ancienne usine Lustucru etbientôt de la caserne de Bonne,pour favoriser la construction delogements de qualité. L’hyper-centre reste néanmoins le plusrecherché, avec un prix de ventemoyen de 95 700 euros pour unesurface de 70 m2. Il existe cepen-dant de fortes disparités. Dans l’Ile-Verte, le mètre carré est l’un desplus chers de la ville, pouvantatteindre 2 100 à 2 300 euros pourdes appartements avec terrasses,voire 2 700 euros en maison. Lesabords des quelques places quijalonnent le centre (Vaucanson,Victor-Hugo, Verdun) restent con-voités par les cadres et les retraités.Un appartement dans un immeu-ble du début du siècle se négocieentre 1 800 et 2 100 euros le m2. Le

centre historique accueille uneclientèle plus jeune et branchée.

Très coté il y a une dizained’années, le quartier des Antiquai-res connaît un léger tassement, auprofit des alentours des places del’Etoile ou de Metz, revitaliséespar l’implantation de commerces.La Villeneuve, les Eaux-Claires etla Capuche demeurent les quar-tiers les moins chers, même si, versles Grands Boulevards, des appar-tements de 180 à 200 m2, dans desimmeubles un peu décotés, senégocient encore à moins de1 200 euros le m2. La préférencedes bobos, les fameux bourgeoisbohèmes, va au bâtiment semi-industriel réaménagé en maisonindividuelle dans le secteur deBerriat, un ancien quartier ouvrieren pleine mutation. Le prix aumètre carré y a connu la plus fortehausse en cinq ans : + 37 %.

Nicole Cabret

JURISPRUDENCE

L’abus de faiblesse,un acte frauduleux

Une personne âgée de85 ans, souffrant de sé-rieuses déficiences audi-tives et visuelles, reçoit la

visite d’un agent général d’assu-rance qui souhaite lui vendre uncontrat d’assurance-vie.

Précisons que ce professionnelest revenu voir « sa » cliente alorsque cette dernière avait, par deuxfois, tenté de résilier son contratdans le délai légal de rétractationdéterminé par le code des assu-rances. En effet, l’article L. 132-5-1mentionne que « toute personnephysique qui a signé une propositiond’assurance ou un contrat a la facul-té d’y renoncer par lettre recomman-dée avec demande d’avis de récep-tion pendant le délai de trente joursà compter du premier versement ».

Quand bien même sa mémoireet sa capacité de compréhensionne présentaient pas de troublesmanifestes, les juges de premièreinstance ont considéré que lesfaiblesses auditives et visuelles decette femme avaient pour consé-quence de réduire sa capacitéd’analyse, donc de se faire libre-ment une opinion sur la proposi-

tion de son vendeur ; de surcroît,ces difficultés altéraient, selon letribunal, sa résistance psycholo-gique à d’insistantes sollicitationscommerciales. Partant de ce der-nier point, la cour d’appel de Paris(9e chambre A, 2 avril 2001) n’entire pas les mêmes conclusions.Elle a ainsi jugé que la démarchede cet agent relève de l’abus de fai-blesse ou d’ignorance d’une per-sonne vulnérable, ce qui constitueun acte frauduleux fondé sur leprincipe du harcèlement.

Il y a de plus en plus de per-sonnes âgées, voire très âgées, quipréfèrent habiter à leur domicileplutôt que de se rendre dans unemaison de retraite ou une rési-dence médicalisée. Les seniorsétant considérés souvent commeplus vulnérables, la décision de lacour d’appel contribue à rétablirun certain équilibre économique.Voilà pourquoi le nouveau codemoral des assureurs-vie recom-mande la plus grande vigilance àl’égard des souscripteurs âgés, àpartir de 85 ans.

Alain Farshian

PRATIQUE

Eviter les piègesdu compte joint

Drac

Isère

A41

A480

N87

N75

N532

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A v . E . E s m o n i n

GRENOBLE

Europôle-CEA Hyper-Centre

Le Rondeau

Berriat

Ile Verte

Eaux-Claires

GrandsBoulevards

Teisseire

La Capuche

Alliés-Alpins

Patinoire-Bajatière

Villeneuvevillage olymp.

1 555 €/m2 1 359 €/m2

1 254 €/m2

1 420 €/m2

1 136 €/m2

1 113 €/m2

1 111 €/m2

1 170 €/m2

882 €/m2

1 117 €/m2

1 076 €/m2

1 104 €/m2

1,5 km

PRIX MOYEN AU M2 DES APPARTEMENTS ANCIENS À LA FIN 2001

Source : Chambre des notaires de l'Isère

Faire fonctionner un compte àplusieurs est a priori gage desouplesse et de réactivité.Mais la réalité s’avère plus dif-

ficile et ce qui ressemble à une asso-ciation de bon aloi peut se transfor-mer en piège. Des règles à bienconnaître avant de signer.

Un compte joint peut être ouvertpar deux personnes au minimum,sans limite maximum du nombrede cotitulaires. En pratique, plus de80 % d’entre eux sont ouverts pardeux époux.

Dès l’ouverture, le libellé dessignatures est important : un comp-te ouvert sous le nom de M. ET Mme

requiert la signature conjointe desdeux titulaires à chaque opération,ce qui est contraignant. Mieux vautopter pour la formule M. OU Mme,qui permet de faire fonctionner lecompte (et d’utiliser le chéquier)indifféremment par chaque titulai-re seul. Rien n’empêche d’exiger, àcondition de le faire inscrire noirsur blanc, la cosignature des titulai-res pour des opérations excédantun certain montant à définir. Cetteprécaution se révèle souvent indis-pensable dans les indivisions.

Autre – désagréable mais indis-pensable – formalité à prévoir dèsl’ouverture du compte : dénommerprécisément celui ou celle qui estprésumé(e) responsable des inci-dents de paiement. Cette désigna-tion permet d’éviter que tous lescomptes de tous les titulaires nesoient bloqués et frappés d’interdic-tion bancaire, en attendant la régu-larisation des chèques impayés. Sicela doit survenir, seul celui nomméresponsable est frappé d’interdic-tion bancaire totale sur tous sescomptes.

Attention : pour être valable,cette désignation doit avoir lieuavant tout incident de paiement. Sielle est faite après, tous les titulairessont interdits bancaires sur l’ensem-ble de leurs comptes. Et le banquier

est autorisé à réclamer la totalitédes sommes dues à celui des cotitu-laires qu’il estime le plus solvable,charge à ce dernier de se retournercontre les autres pour se faire rem-bourser.

Côté capital, les sommes figurantsur le compte sont réputées appar-tenir à tous les cotitulaires par partségales. Cette formule est à éviter sil’un a des revenus et l’autre non, sur-tout sous un régime de séparationde biens. Si une saisie intervient, lamécanique se grippe un peu plus.En effet, le banquier bloque l’inté-gralité du compte, sans distinctiondes avoirs des uns et des autres.

Mieux vaut alors, si l’on flaire une

difficulté, se désolidariser ducompte en adressant au banquierune lettre recommandée avecaccusé de réception lui demandantde dénoncer la convention d’ouver-ture de compte, tout en exigeantque les opérations soient do-rénavant faites sous le contrôle desa propre signature.

Gare aussi aux retraits en cas demésentente : l’un des cotitulairespeut vider le compte au nez et à labarbe de l’autre, si aucune limiten’a été prévue. Dans ce cas, lesrecours sont longs et incertains.

Subsistent cependant deux avan-tages. D’abord, chaque cotitulairepeut demander, à tout moment, derésilier le compte, sans l’accord desautres. Enfin, en cas de mort d’undes cotitulaires, le compte continuede tourner, ce qui permet d’hono-rer les premiers frais suite au décèsmais n’autorise pas pour autant letitulaire survivant à piocher dans lecompte au-delà de ses droits. Leshéritiers peuvent d’ailleurs chargerle notaire d’y veiller et de rapporterà la succession toute sommedérobée.

Dominique de Noronha

L’évolution des mœurs autori-sant des liens de plus en plusvariés entre personnes, demême sexe ou non, la notion

traditionnelle d’adultère tend à s’ef-friter. La justice est ainsi conduite àse prononcer sur des situationscomplexes, et la limite entre deuxdécisions devient extrêmementténue, comme le montre la jurispru-dence récente.

Un certain Roger H. décède en1989 en laissant à sa successionson épouse et un fils adoptif. Or,huit mois auparavant, il a, par testa-ment, révoqué toute donationentre époux et gratifié Mme V.d’une somme de 500 000 francs.Son fils adoptif soutient donc quecette disposition est « contraire auxbonnes mœurs » et obtient gain decause auprès de la cour d’appel,qui considère que ladite disposi-tion n’avait été prise que « pourpoursuivre et maintenir une liaisonencore très récente ».

Mais la Cour de cassation(1re chambre civile du 3 février1999) juge cet argument insuffisantpour prononcer la nullité de la libé-

ralité consentie à Mme V. Selon elle,la cause de cette libéralité, parlaquelle « l’auteur entend maintenirla relation qu’il entretient avec labénéficiaire », n’est donc « pas con-traire aux bonnes mœurs ».

En ce qui concerne les désigna-tions, par les souscripteurs mariés,de leur maîtresse comme bénéfi-ciaire, la Cour de cassation distin-gue deux situations : soit cette gra-tification a pour but de « remer-cier » une amie avec laquelle lesouscripteur entretient des rela-tions depuis des années ; soit elle apour objectif de conforter de tellesrelations aux dépens de l’épouselégitime et des réservataires.

Dans la première hypothèse, laCour accepte ce geste ; dans laseconde, elle le dénonce comme« contraire aux bonnes mœurs ». Ici,la rigueur juridique s’en trouve cer-tes réaffirmée, du fait que l’attein-te aux bonnes mœurs n’est pasprouvée. Mais, dans le mêmetemps, elle laisse de côté le filsadoptif, lésé voire déshérité.

Alain Farshian

IV/LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002

Page 38: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

CLASSEMENT DES FONDS EUROPÉENS SELON LA MÉTHODE APT

France revenu périodiquePerformance arrêtée le : 31/01/02 Performance moyenne sur un an : + 1,94 %

FR043481 BARCLAYS RENDEMENT TRI BARCLAYS FR + 4,42 1 e e e e e e + 3,88 2 167,07FR009793 REVENUS TRIMESTRIELS LA POSTE FR + 4,31 2 e e e e e + 3,43 3 787,68FR009571 CMN REVENUS CREDIT MUTUEL NORD FR + 4,08 3 e e e e e e e + 4,37 1 15,63FR041155 LION TRIMESTRIEL N« 3 CREDIT LYONNAIS FR + 3,18 4 e e e e e + 2,73 6 681,09FR041184 LION TRIMESTRIEL N« 4 CREDIT LYONNAIS FR + 3,09 5 e e e e e e + 2,86 4 630,07FR029078 TRILION CREDIT LYONNAIS FR + 3,04 6 e e e e + 2,30 11 740,74FR029083 CREDIT MUTUEL OBLIG QU CREDIT MUTUEL FR + 2,80 7 e e e e e e e + 2,75 5 163,67FR029616 CADENCE 3 SOCIETE GENERALE FR + 2,74 8 e e e e e e + 2,47 8 152,31FR029615 CADENCE 2 SOCIETE GENERALE FR + 2,61 9 e e e e e e + 2,46 9 153,97FR029614 CADENCE 1 SOCIETE GENERALE FR + 2,55 10 e e e e e e e + 2,49 7 154,31FR028612 REVENU-VERT CREDIT AGRICOLE FR + 2,23 11 e e e e e e + 2,39 10 171,13FR029640 TRESOR TRIMESTRIEL CDC FR + 1,80 12 e e e + 2,24 12 150,74FR093159 CARDIF REVENUS TRIMEST CARDIF FR + 1,75 13 e e e e e e + 1,70 15 76,68FR041151 LION TRIMESTRIEL N« 5 CREDIT LYONNAIS FR + 1,74 14 e e e e e e + 1,70 16 658,44FR009924 PARIBAS REVENUS OBLIGA BNP PARIBAS FR + 1,57 15 e e + 2,06 13 15,15FR009895 BNP OBLI REVENUS BNP PARIBAS FR + 1,50 16 e e e e + 1,78 14 161,32FR738853 HERVET OBLIREVENUS BQ HERVET FR + 1,01 17 e e e e + 0,88 18 789,40FR040056 FRANCE TRESOR REVENUS BDF GESTION FR + 0,91 18 e e e e + 1,07 17 316FR746047 UNOFI REVENUS UNOFI FR + 0,88 19 e e e + 0,68 19 150,15FR000200 SUD HORIZON LYONNAISE DE BQ FR - 0,09 20 b e e e - 0,08 20 65,94FR744828 UFF RENDEMENT TRIMESTR UFF FR - 0,11 21 b e - 0,14 21 752,01FR009768 HAUSSMANN MULTIREVENUS BQ WORMS FR - 0,21 22 b e e e - 0,24 22 197,31FR029257 PLACEMENTS TRIMESTRIEL BQ NSM FR - 1,17 23 b e e e e - 1,22 23 1515,71

GESTION COLLECTIVE

Coupons modestespour les fonds à revenus

Jadis très prisés par les épar-gnants en quête de revenuscomplémentaires, les sicav etles fonds communs de place-

ment (FCP) qui distribuent des cou-pons, généralement trimestriels,sont aujourd’hui délaissés. Selonl’organisme d’analyse de fondsEuroperformance, le nombre deproduits de ce type commercialisésen France est passé d’un peumoins de 80 fin 1988 à 55 début2002. L’encours des fonds à reve-nus a fondu à 13,1 milliards d’eu-ros fin janvier alors qu’il s’élevait à22 milliards à la fin 1998. Au coursde l’année, cette catégorie de pro-duits financiers a été la seule à nepas enregistrer un mois de collectepositive.

Les maigres performances desproduits à revenus ne plaident guè-re en leur faveur. Selon les calculsétablis par Aptimum Conseil, ilsont rapporté en moyenne 1,94 %au cours des douze derniers mois(performances arrêtées le 31 jan-vier). La faiblesse des taux d’intérêtexplique ces rendements. Lesfonds obligataires à revenus pério-diques sont essentiellement inves-tis en obligations émises pour desdurées courtes, les plus sensibles àl’évolution des taux. Les gestionnai-res les plus audacieux n’hésitent

pas à investir sur des titres d’unedurée plus longue, mais cette politi-que de gestion peut s’avérer désas-treuse si les anticipations dugestionnaire ne se confirment pas.Le pilotage de ces produits s’avèred’autant plus délicat que l’horizonsur les marchés obligataires estloin d’être dégagé. « En 2002, il fau-dra être excessivement prudent, carles mouvements sur les taux d’intérêtrisquent d’être très violents », jugePatricia Quennesson, gérante deCMN Revenus, une sicav du Créditmutuel Nord qui se place parmi lesmeilleures du classement établi parAptimum Conseil, selon la métho-de d’analyse de risque APT.

Face à ces incertitudes, les fonds

à revenus ont été concurrencés parles contrats d’assurance-vie quibénéficient d’avantages fiscaux etd’un rendement minimum garanti.Les assureurs ont en effet mis aupoint des systèmes qui permettentde percevoir des revenus sans avoirà casser son contrat, qui doit durerhuit ans pour profiter au maximumdes exonérations fiscales. Sanscompter que les contrats en euros,dont la rémunération est indexéesur les obligations à long terme, rap-portent plus qu’un fonds à revenus.

Bon an mal an, les gestionnairesde ces produits tentent néanmoinsde trouver des stratégies de gestionpour continuer à servir un couponsupérieur à 4 % l’an. Mais ce résul-tat est souvent obtenu grâce à uneponction sur le capital. En clair, unsouscripteur n’est pas assuré deretrouver sa mise de départ s’il déci-de de vendre ses parts trop vite.Généralement, les gestionnairesdes fonds à revenus conseillentd’investir sur une durée de trois àcinq ans pour éviter de tellesdéconvenues.

Joël Morio

f Les sicav et les fonds communs de place-ment (FCP) qui figurent dans ce classementappartiennent à une famille qui n’est pas auto-matiquement celle qui apparaît dans leur noti-ce d’information. Les sicav et les FCP qui ontun comportement similaire sont regroupésdans une catégorie particulière. Autre différen-ce par rapport aux classements classiques desicav et de FCP, le palmarès que nous publionsest effectué en fonction d’une performanceretraitée. Ce nombre – théorique – traduit nonseulement le résultat de la sicav ou du FCP,

mais aussi le risque pris par le gérant. Il est cal-culé selon la méthode APT (Arbitrage PricingTheory), qui permet d’analyser les fonds selonleur performance et le risque pris par le ges-tionnaire.

Elaborée par Steve Ross en 1976, cetteméthode repose sur un postulat simple : pourmesurer le risque, il faut s’intéresser aux prix.Aptimum, la société qui utilise la méthodeAPT, recueille les prix de plus de 30 000 actifssur chaque marché, chaque région du monde.Aptimum mesure l’évolution de ces prix au

cours du temps. Des calculs sophistiqués per-mettent, en fonction de ces prix, de décorti-quer la performance des fonds et d’en établirune performance retraitée. Le nombre d’étoi-les attribuées à chaque sicav et FCP permetaussi de se faire une idée du risque pris par legérant. Plus le nombre d’étoiles est élevé, plusle risque est faible.

Le lecteur pourra également trouver sur lesdeux dernières colonnes du tableau les perfor-mances brutes et le classement du fonds selonce critère.

Perf. Rang Perf. Risque Perf. Rang ValeurCode Libellé Promoteur Pays retraitée retr. sur sur brute brut liquid.

en % 1 an 1 an 1 an en % 1 an en euros

Performance : Très bonne eeeee Bonne eeee Moyenne eee Faible ee Très faible e Mauvaise b Risque : Très peu eeeee Peu eeee Moyen eee Important ee Très important e Comportement atypique ! Comportement très atypique !!La catégorie entière

La sicav de la semaine

Revenustrimestriels de maintenir uneperformance correcte et uncoupon élevé lorsqu’on gèreune sicav obligataire censéedistribuer des revenus chaquetrimestre et que les tauxd’intérêt sont bas. C’est ce queRevenus trimestriels, de LaPoste, est néanmoins parvenu àfaire en stabilisant à 8,40 eurosle coupon trimestriel verséen 1999, 2000 et 2001. Pource faire, Bernard Descreux,le gérant de cette sicav, a optépour une gestion très active etparfois audacieuse, différentede la plupart des fonds àrevenus. Alors que ces derniersse limitent traditionnellementaux obligations émises à courtet moyen terme, « nous jouonssur toute la gamme desplacements obligataires »,souligne M. Descreux.Il n’hésite pas à instiller dansle portefeuille de la sicav une

dose d’obligations convertibles.« Nous avons évité ce typed’investissement en 2001, maisnous nous intéressons depuis unmois aux titres qui ont un profildéfensif », indique legestionnaire de Revenustrimestriels. Pour doper laperformance, il mise égalementsur des obligations émises parles entreprises. « Nous étionsabsents sur ce marché en 2000,nous y sommes revenus en étanttrès mobiles sur les secteurs »,signale M. Descreux.

Autre particularité, la gestionse fait sur l’ensemble dela « courbe des taux », commedisent les spécialistes. En clair,le gérant se réserve la possibilitéd’investir sur des obligationsémises sur des durées plus oumoins longues. En 2002, il n’apas hésité à basculer desobligations courtes vers desobligations longues en fonctionde ses anticipations.

D’une façon générale,la sicav Revenus trimestrielsest gérée presque de la mêmemanière que Thesora, une sicavobligataire de moyen termequi vient de recevoir deux« Victoires » décernées parle quotidien économique LaTribune pour ses performancessur trois et cinq ans. Toutefois,le style de gestion de Revenustrimestriels est un peu moins« dynamique » que sa grandesœur. Le gérant s’interditd’investir sur des obligationsqui ne bénéficient pas d’unenotation suffisamment élevéeet 60 % de l’actif de la sicav estcomposé de titres notés AA ouAAA, les plus élevés.

J. Mo.

SICAV ET FCP

.Expliquéespar la faiblessedes taux d’intérêt,les maigresperformances de cesproduits ne plaidentguère en leur faveur

ANALYSE DU RISQUE

Source : APT

1 à 3 ans 3 à 5 ans

5 à7 ans

7 à 10 ans10 ans et plus

15,35

23,55 17,74

13,7629,60

La décomposition du profil derisque selon la méthode APTindique un comportement sensibleà l'évolution propre à l'ensembledes obligations émises sur lemarché français.

APT

LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002/V

Page 39: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

Finis les vitrines, rideauxet autres cordons, leMusée Grévin a faitpeau neuve. Aprèsl’Opéra de Paris en 1999ou le théâtre du Palais-

Royal en 2001, c’est au tour de cemusée, racheté en 1999 par Grévinet Cie, de vider ses entrepôts. Centvingt ans après sa création par lejournaliste Alain Meyer (1844-1917) et le dessinateur caricaturis-te Alfred Grévin (1827-1892), letemple parisien de l’illusion duboulevard Montmartre met en ven-te, le 12 mars, chez Sotheby’s, unepartie de ses anciens décors : desmeubles, des costumes et desaccessoires qui ont servi aux diffé-rentes mises en scène crééesdepuis plus d’un siècle. Au total,172 lots, dont plusieurs ensemblessont originaires du château deFontainebleau (Seine-et-Marne).Les personnages de cire, quant àeux, restent la propriété du MuséeGrévin.

On doit ces acquisitions àGabriel Thomas, administrateurdu musée dès 1883, à l’origine de lasociété d’exploitation de la TourEiffel et du Théâtre des Champs-

Elysées et grand amateur d’art. Sile projet de MM. Meyer et Grévinétait de proposer au public dedéambuler parmi les personnalitésqui faisaient l’actualité du temps, àune époque où la photographien’en était qu’à ses débuts, M. Tho-mas l’a enrichi en ajoutant destableaux aux scènes d’actualité,comme Une soirée à la Malmaison,inauguré en septembre 1900.

En 1898, M. Thomas fait l’acquisi-tion d’un mobilier Empire et, au fildes ans, Grévin va abriter de presti-gieuses collections. Ces objets,entrés au musée pour servir defaire-valoir aux personnages decire, seront tour à tour exposés (laplupart du temps derrière des vitri-nes) ou remisés, toujours dans d’ex-cellentes conditions afin de proté-ger leur grande valeur.

Trois ensembles de sièges d’épo-que Consulat, estampillés « JacobFrères rue Meslée » et portant lamarque au feu du château de Fon-tainebleau sous la Restauration(lots 45, 72 et 96), sont proposés,dont une suite de six fauteuils et dedeux chaises en acajou (estimés de90 000 à 120 000 euros). Ce mobi-lier fut lui aussi acquis par M. Tho-

mas en 1898 auprès de M. de Mal-vesin, antiquaire, pour la sommede 8 000 francs. Une chaise ponteu-se en bois relaqué de styleLouis XVI est estimée entre 1 200 à1 500 euros.

On remarquera deux paires de« Candélabres aux Egyptiennes »,en bronze patiné et doré, dont

l’une est attribuée à Pierre-Philip-pe Thomire d’après un dessin deCharles Percier (estimée de 65 000à 90 000 euros), et l’autre, de goûtEmpire, date du milieu du XIXe siè-cle (entre 25 000 et 40 000 euros).Ces quatre candélabres furent

achetés par le Musée Grévin en1898 au prix de 6 200 francs. Sontégalement disponibles un guéri-don Empire (compter de 45 000 à60 000 euros) ainsi que deux tables-consoles en acajou, l’une d’épo-que, l’autre de style Empire (de45 000 à 60 000 euros la paire). Lesamateurs de musique s’arrêterontdevant une harpe d’époque Empi-re en bois laqué noir et vert, façonbronze, stuc doré et filets or dudébut du XIXe siècle (de 3 000 à4 500 euros).

Une des œuvres majeures de lavente est une toile représentant LeGénéral Bonaparte et son chefd’état-major Berthier à la bataillede Marengo, le 18 juin 1800, signéeJoseph Boze, mais dont la paterni-té a été plusieurs fois remise encause pour lui préférer une œuvrecollective réalisée en 1800-1801avec les peintres Robert Lefèvre etCarle Vernet (estimée entre120 000 et 150 000 euros). Parmiles œuvres graphiques proposées,on trouvera plusieurs affiches deJules Chéret (1836-1932), dont cel-le créée en 1892 pour le spectaclede théâtre optique de E. Reynaud,Pantomines lumineuses (de 400 à

500 euros). Enfin, trente-six costu-mes et accessoires vont quitter lescoulisses du musée, pour la plu-part des copies modernes confec-tionnées par les costumières deGrévin, mais dont le pouvoir derêve reste intact.

Pour Béatrice de Reynies, direc-trice du Musée Grévin, « l’Etatdevrait racheter le mobilier venantde Fontainebleau, mobilier déjà dis-persé et racheté par Gabriel Thomasen 1898 ». Réponse le 12 mars, à lagalerie Charpentier, où la ventesera dirigée par Alain Renner.

En attendant, l’Académie Grévin

s’est réunie, mardi 5 mars, sous ladirection de Bernard Pivot pour éli-re les nouveaux candidats qui irontrejoindre Napoléon, de Gaulle,Dali, Zidane, Marilyn Monroe,Maria Callas et tant d’autres enhaut du grand escalier de marbre.

Martine Picouet

b Sotheby’s, galerie Charpentier, 76,rue du Faubourg-Saint-Honoré,75008 Paris. Tél. : 01-53-05-53-05.Exposition sur place samedi 9 marsde 10 heures à 18 heures et lundi11 mars de 10 heures à 14 heures.

MOTS D’ARGENT

« Point d’argent,point de suisse »

Perspectives 2002 - 2004

Croissance de l’activité globale : + 5,1% 18,5 Mds €

au 31-12-2001(+2,6% à données comparables)

Croissance annuelle du résultat net :

+25,1% / an sur 5 ans

Renforcement en Assurance Crédit

- Création d’EULER & HERMES

- Complémentarités géographiqueset industrielles

- Synergies attendues

- Rentabilité renforcée et meilleurerégularité du résultat

- AGF détiendra au moins 56%du capital

Réduction de la volatilité des résultats

en Assurance-Dommages

- Métiers mondiaux :Cession d’AGF MAT*

- Métiers globaux (Grands Risques) :développement en synergie avec Allianz

- Métiers locaux (particuliers, PME-PMI, flottes autos) :Réorganisations et mesures de redressement de la rentabilité

* Marine Aviation Transport

Maintien d’un bon niveau derentabilité : ROE* à 13,1%

* Return on equity

1996 1997 1998 1999 2000 2001

Assurancedommages+ 16,4 %

Assurancesde personnes

- 4,7 %

Activité bancaire et financière + 6,6 %

AssuranceCrédit &Assistance + 10,6 %

www.agf.fr

Croissance de l’activité- Développement des assurances

de personnes et de la collecte d’épargne- Hausse du chiffre d’affaires en assurances

de biens

Croissance du résultat- Programme de redressement vigoureux de la

rentabilité en assurance de biens- Maintien d’un bon niveau de rentabilité

en assurance de personnes- Retour de la croissance économique favorable

à l’assurance crédit

10 %

8,5 %

France30,5 %

France24 %

Inter.12 %

Inter.15 %

Maintien du Dividende net à 2€

(taux de distribution 47,2%)2,00 2,00

1,62

1,14

0,760,76

1996 1997 1998 1999 2000 2001

845*

717667

503

293234

(en M€)

1996 1997 1998 1999 2000 2001

15,6**

13,112,1

10

7,56,7

(en €)

(en %)

* donnée 2000 : non directement comparable ** donnée 2000 : non directement comparable

PORTEURS D’AVENIR

Le Musée Grévin vide ses entrepôts ’. Le mardi 12 mars, le musée de cire parisien met en venteune partie de ses anciens décors chez Sotheby’s. 172 lots seront à acquérir

LE MARÉCHAL de France Blaisede Montluc (ou Monluc), qui com-battit dans l’armée de François Ier

et dans celle d’Henri II, et qui estl’auteur de Commentaires nondénués d’intérêt, affirmait que« les Suisses se battent bien, maisne se paient pas de paroles ! ».

Les Suisses avaient en effet laréputation d’être de fameuxcombattants… mais n’aimaientpas qu’on leur manquât de paro-le. Louis XII n’ayant pas payé leursolde, ils se considérèrent commelibérés de tout devoir à l’égarddes rois de France, qui combat-taient alors en Italie pour la suc-cession du royaume de Naples etde celui du Milanais.

François Ier eut bien du mal àl’emporter à Marignan. Sa victoi-re fut acquise seulement aprèsavoir obtenu qu’une partie desSuisses se retirent du combat.Moyennant finances. La « Paixperpétuelle » signée en 1516 allaitrenouer les liens distendus entrela France et la Suisse, et cettealliance via le « service étranger »allait durer plusieurs siècles.

Dans Les Plaideurs, de Racine, ledénommé Petit-Jean (acte I, scè-ne 1) déclare : « On n’entrait paschez nous sans graisser le mar-

teau,/ Point d’argent, point de suis-se, et ma porte était close. » Mais,en fait, il s’agit juste du portierd’un hôtel particulier, qui n’ouvrela porte qu’à ceux qui lui donnentun pourboire.

La vérité impose de dire que lesrois de France ne furent pas tou-jours bons payeurs. SousLouis XIV, l’arriéré des soldes etdes pensions aurait atteint prèsde 100 millions de livres. Louvois,peut-être bien de mauvaise foi,dit ainsi au roi : « Avec tout ce quelui ont coûté les Suisses, VotreMajesté aurait pu paver d’or uneroute de Versailles à Bâle. » Ce pro-pos attira une riposte sanglantedu lieutenant-général grison Pier-re de Stuppa : « Mais avec tout lesang que les Suisses ont versé auservice de Votre Majesté, on auraitpu remplir un canal allant de Bâleà Versailles ! »

Le grand Frédéric II, en 1757, à labataille de Rossbach, n’évoquaitpas le « mur d’argent » quand ildemandait : « Quels sont donc cesmurs de brique rouge que monartillerie ne peut entamer ? » Ce àquoi son entourage lui répondit :« Sire, ce sont les Suisses ! »

Jean-Pierre Colignon

EXPERTISE

a ÉTHIQUE EN LIGNE : issued’un partenariat avec Novethic.fr, une filiale de la Caisse desdépôts et consignations consa-crée à l’investissement sociale-ment responsable, « Entreprise etéthique », une nouvelle rubriquedédiée à la responsabilité sociale etenvironnementale des entreprisesdu CAC 40, est désormais accessi-ble sur le site Yahoo ! Finance. Elledonne accès, sur la base de septcritères principaux de développe-ment, au profil « éthique » de cessociétés et reprend les principalesinformations traitées par Novethic.fr dans sa rubrique Entreprises etplacements (site Internet :http://fr.finance.yahoo.com).

a FRAUDE : 5,2 % des clients due-commerce ont déclaré avoir étévictimes d’une fraude sur leur cartede crédit, selon une enquête deGartnerG2 publiée lundi 4 mars etréalisée auprès d’un millier deconsommateurs américains utili-sant Internet pour faire leurs cour-ses. Les fraudes ont représenté en2001 plus de 700 millions de dollars(796,18 millions d’euros) sur

61,8 milliards de dollars de venteseffectuées en ligne aux Etats-Unis.

a VICTOIRES DES SICAV : lesVictoires des sicav 2002, organi-sées par La Tribune et Standard& Poor’s et décernées le mercre-di 6 mars, ont récompensé les meil-leurs promoteurs et fonds dansleur catégorie sur un an, trois anset cinq ans. L’ont emporté : Victoi-re Asset management et Frank Rus-sel (gamme large et gamme spécia-lisée sur un an), Victoire AssetManagement et CNP Assurances(idem sur trois ans) ainsi que DWS(groupe Deutsche Bank) et SwisscaGestion (idem sur cinq ans). LePrix de l’innovation revient à la Bar-clays pour Barclays Swing PEA etle Prix spécial de l’innovation à laSociété générale Asset Manage-ment pour SGAM Premier cru.

a ENCHÈRES : 500 lots « Empi-re », dont une des chemises por-tées par Napoléon à Sainte-Hélè-ne (de 9 000 à 12 000 euros), serontmis aux enchères, dimanche10 mars, à l’Hôtel des ventes deFontainebleau (Seine-et-Marne).

Des meubles,des costumes

et des accessoiresqui ont servi aux

différentes mises enscène créées depuis

plus d’un siècle

Deux pairesde « Candélabresaux Egyptiennes »surmontées d’unefigure d’Horus, dontl’une est attribuéeà Pierre-PhilippeThomire. Celle-ci estestimée entre 90 000et 130 000 euros ;l’autre, de goûtEmpire, est évaluéeentre 25 000 et40 000 euros.

BRUITS DES MARCHÉS

LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002/VII

Page 40: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

Code Cours % Var.08/03 22 h 26 f pays en euros hebdo

AUTOMOBILEAUTOLIV SDR SE 29,17 + 6,87BASF BE e 47,20 + 5,47BMW DE e 44,60 + 2,06CONTINENTAL AG DE e 17,10 + 0,29DAIMLERCHRYSLER DE e 49,75 + 4,30FIAT IT e 15,89 + 7,73FIAT PRIV. IT e 11,05 + 5,44MICHELIN FR e 44,35 + 2,90PEUGEOT FR e 52,05 + 2,87PIRELLI SPA IT e 1,94 + 10,86DR ING PORSCHE DE e 536 + 4,08RENAULT FR e 52 – 0,38VALEO FR e 50,25 + 5,35VOLKSWAGEN VZ DE e 37 + 1,09

BANQUESABBEY NATIONAL GB 15,87 + 1,98ABN AMRO HOLDIN NL e 21,22 + 4,53ALL & LEICS GB 13,68 + 0,96ALLIED IRISH BA GB 20,29 – 2,34ALMANIJ BE e 37,36 + 0,35ALPHA BANK GR 18,58 + 2,09B.P.C.INDUSTRIA IT e 9,97 + 1,32B.P.EMILIA ROMA IT e 33,65 + 0,45B.P.LODI IT e 9,79 + 10,62B.P.NOVARA IT e 7,35 ....B.P.SONDRIO IT e 10,80 + 0,47B.P.VERONA E S. IT e 12,50 + 1,13BANCA ROMA IT e 2,65 – 5,36BANCO SABADELL ES e 16,85 + 1,26BANK OF IRELAND GB 18,01 – 0,89BANK OF PIRAEUS GR 7,78 + 4,01BANKINTER R ES e 33,38 + 3,34BARCLAYS PLC GB 35,98 + 4,82BAYR.HYPO-U.VER DE e 37,60 + 7,12BBVA R ES e 14,01 + 4,01BCA AG.MANTOVAN IT e 9,39 + 4,33BCA FIDEURAM IT e 8,90 + 9,88BCA LOMBARDA IT e 10,84 – 2,52BCA P.BERG.-C.V IT e 20,34 + 2,16BCA P.MILANO IT e 4,19 – 5,20BCO POPULAR ESP ES e 40,25 – 2,45BCP R PT e 4,16 + 3,23BIPOP CARIRE IT e 1,69 + 11,92BNL IT e 2,50 + 2,04BNP PARIBAS FR e 54,60 – 0,91COMM.BANK OF GR GR 30,04 – 0,92COMMERZBANK DE e 20,75 + 6,96CREDIT LYONNAIS FR e 42,60 + 8,18CS GROUP N CH 43,85 + 11,21DANSKE BANK DK 17,36 – 0,77DEXIA BE e 16,33 – 6,69DNB HOLDING NO 5,74 + 1,61DRESDNER BANK N DE e 47,30 + 1,61EFG EUROBK ERGA GR 14,42 + 5,41ERSTE BANK AT e 65,90 + 2,81ESPIRITO SANTO PT e 11,70 + 2,09FOERENINGSSB A SE 13,29 + 1,69HBOS GB 12,03 – 1,59HSBC HLDG GB 13,53 + 7,20IKB DE e 13,60 ....INTESABCI IT e 2,89 + 5,86JULIUS BAER HLD CH 371,23 + 10,53KBC BANCASSURAN BE e 36 + 2,71LLOYDS TSB GB 11,72 + 2,41MONTE PASCHI SI IT e 3,09 + 4,04NAT BANK GREECE GR 25,56 + 3,73NATEXIS BQ POP. FR e 92 + 0,55NORDEA SE 6,29 + 5,56ROLO BANCA 1473 IT e 18,54 + 3,58ROYAL BK SCOTL GB 30,44 + 4,40S-E-BANKEN -A- SE 11,69 + 9,28SAN PAOLO IMI IT e 12,71 + 7,35STANDARD CHARTE GB 12,79 + 11,77STE GENERAL-A- FR e 70,35 + 2,40SV HANDBK -A- SE 16,76 + 6,29SWEDISH MATCH SE 7,22 – 5,07UBS N CH 57,32 + 6,44UNICREDITO ITAL IT e 4,65 + 3,10

PRODUITS DE BASEACERALIA ES e 18,30 – 5,18ACERINOX R ES e 39,25 – 1,51ALUMINIUM GREEC GR 36,68 + 3,32ANGLO AMERICAN GB 19,80 ....ASSIDOMAEN AB SE .... ....BEKAERT BE e 43,10 + 5,59BHP BILLITON GB 6,77 + 3,99BOEHLER-UDDEHOL AT e 46,46 + 0,17BUNZL PLC GB 8,28 – 2,11CORUS GROUP GB 1,36 – 1,18ELVAL GR 3,36 + 3,07HOLMEN -B- SE 28,51 – 0,58ISPAT INTERNATI NL e 1,71 – 2,29JOHNSON MATTHEY GB 16,98 + 7,28M-REAL -B- FI e 9,25 + 6,32MAYR-MELNHOF KA AT e 67,90 + 1,34OUTOKUMPU FI e 13,45 – 2,39PECHINEY-A- FR e 60,30 + 2,20RAUTARUUKKI K FI e 4,58 – 2,35RIO TINTO GB 23,64 + 1,89SIDENOR GR 3,98 ....SILVER & BARYTE GR 8,10 + 14,08SMURFIT JEFFERS GB 0,05 – 98,16STORA ENSO -A- FI e 15,90 + 4,95STORA ENSO -R- FI e 15,72 + 3,76SVENSKA CELLULO SE 37,77 + 1,03THYSSENKRUPP DE e 17,68 + 2,02UMICORE BE e 49,10 + 2,29UPM-KYMMENE COR FI e 43,75 + 5,02USINOR FR e .... ....VIOHALCO GR 8,24 – 1,67VOEST-ALPINE AG AT e 31,63 – 0,85WORMS N FR e 20,20 + 1

CHIMIEAIR LIQUIDE FR e 170,90 + 2,27BASF DE e 47,20 + 5,47BAYER DE e 38,10 + 2,28BOC GROUP PLC GB 17,19 + 0,86CELANESE N DE e 23,20 + 4,27CIBA SPEZ CHEMI CH 84,48 + 0,61CLARIANT N CH 25,33 + 9,56COLOPLAST -B- DK 76,02 – 1,743 BRD 10EX YOUN DE e .... ....DSM NL e 46,40 + 5,41EMS-CHEM HOLD A CH 4351,37 ....KEMIRA FI e 7,50 + 1,35KON. VOPAK NV NL e 21,01 – 0,66LONZA GRP N CH 734,29 + 0,65NORSK HYDRO NO 53,11 + 8,32RHODIA FR e 11,20 + 0,90SOLVAY BE e 76,30 + 0,39SYNGENTA N CH 67,99 + 4,28TESSENDERLO CHE BE e 27,50 + 1,48

CONGLOMERATSARBED BE e 153,50 – 9,71D’IETEREN SA BE e 186 + 7,20GBL BE e 63 + 3,11GEVAERT BE e 34,90 – 4,09INCHCAPE GB 11,72 + 2,12KVAERNER -A- NO 1,15 + 9,65MYTILINEOS GR 4,12 + 5,10UNAXIS HLDG N CH 131,90 + 8,38ORKLA NO 20,01 + 1,64SONAE SGPS PT e 0,91 + 7,06

TELECOMMUNICATIONSEQUANT NV NL e 12,02 + 17,04ATLANTIC TELECO GB .... ....MMO2 GB 1,12 + 4,55CABLE & WIRELES GB 3,89 + 8,60COLT TELECOM NE GB 1,02 + 40DEUTSCHE TELEKO DE e 17,60 + 6,02E.BISCOM IT e 49 + 17,22ELISA COMMUNICA FI e 12,30 + 12,84ENERGIS GB 0,06 + 33,33EUROPOLITAN HLD SE 6,12 + 11FRANCE TELECOM FR e 33,89 + 10,75HELLENIC TELE ( GR 17,94 + 1,47KINGSTON COM GB 1,53 + 13,25KONINKLIJKE KPN NL e 5,46 – 5,04KPNQWEST NV -C- NL e 4,02 – 0,25VODAFONE LIBERT NL e 8,30 + 5,20VODAFONE N DE e 215 + 0,21MOBILCOM DE e 13,50 + 1,50OLD MUTUAL GB 1,67 + 8,42OLIVETTI IT e 1,48 + 7,25PANAFON HELLENI GR 6,12 + 7,75PT TELECOM SGPS PT e 8,90 + 8,01SONERA FI e 5,71 + 5,74

SONG NETWORKS SE 0,44 + 24,84SWISSCOM N CH 336,89 + 0,81T.I.M. IT e 5,65 + 2,91TDC DK 38,14 + 4,04TELE2 -B- SE 34,41 + 11,63VODAFONE TELECE PT e 9,07 + 6,08TELECOM ITALIA IT e 9,87 + 3,68TELECOM ITALIA IT e 6,11 + 2,35TELEFONICA ES e 13,84 + 1,54TELEF.MOVILES ES e 7,87 + 2,47TELENOR NO 4,83 + 8,75TELIA SE 4,52 + 13,57TISCALI IT e 10,22 + 7,24VERSATEL TELECO NL e 0,50 – 3,85VODAFONE GROUP GB 2,37 + 8,96

CONSTRUCTIONALTADIS ES e 20,76 + 7,12ACESA N ES e 10,84 + 0,46ACS ES e 31,53 + 1,74AGGREGATE IND GB 1,48 + 2,25AKTOR SA GR 7,84 + 3,16AMEY GB 5,83 – 2,18AUREA R ES e 21,68 – 0,64BOUYGUES FR e 37,37 + 10,40BPB GB 5,89 + 7,72BRISA AUTO-ESTR PT e 5,09 + 0,99BUZZI UNICEM IT e 9,10 + 5,20CIMPOR R PT e 20,07 + 0,75COLAS FR e 71,50 + 3,55CRH PLC GB 31,24 – 0,88FCC ES e 25,50 + 2,53GRUPO DRAGADOS ES e 14,70 + 0,41GRUPO FERROVIAL ES e 23,36 – 6,49HANSON PLC GB 8,26 + 7,61HEIDELBERGER ZE DE e 53,80 + 1,32HELL.TECHNODO.R GR 6,24 + 4HERACLES GENL R GR 12,06 + 2,20HOCHTIEF DE e 17,60 + 1,73HOLCIM CH 267,20 + 7,08IMERYS FR e 121,50 – 3,19ITALCEMENTI IT e 9,65 + 9,04LAFARGE FR e 102,80 + 0,88MICHANIKI REG. GR 2,46 – 0,81NOVAR GB 2,45 + 12,69PILKINGTON PLC GB 1,85 + 7,55RMC GROUP PLC GB 9,92 + 10,29SAINT GOBAIN FR e 186 + 5,68SKANSKA -B- SE 8,55 + 1,31TAYLOR WOODROW GB 3,46 + 7,58TECHNIP-COFLEXI FR e 157,90 + 8,67TITAN CEMENT RE GR 39,96 + 0,55UPONOR -A- FI e 21,30 + 2,26CIMENTS VICAT / FR e 62,40 + 3,57VINCI FR e 74,25 + 6,76WIENERBERGER AG AT e 17,98 – 1,48

CONSOMMATION CYCLIQUEACCOR FR e 46,63 + 9,13ADIDAS-SALOMON DE e 74,50 + 0,27AGFA-GEVAERT BE e 15,01 + 8,77AIR FRANCE FR e 20,89 + 8,35MYTRAVEL GROUP GB 3,99 + 11,31ALITALIA IT e 1,03 + 19,77AUSTRIAN AIRLIN AT e 10,40 + 4,63AUTOGRILL IT e 12 + 3,45BANG & OLUFSEN DK 30,54 + 4,61BENETTON IT e 14,78 + 4,90BERKELEY GROUP GB 13,15 ....BRITISH AIRWAYS GB 4,01 + 13,82BULGARI IT e 9,60 + 4,92CHRISTIAN DIOR FR e 43,75 + 5,80CLUB MED. FR e 53,50 + 9,18COMPASS GROUP GB 8,05 + 1,85DT.LUFTHANSA N DE e 19,30 + 4,61ELECTROLUX -B- SE 20,62 + 1,08EM.TV & MERCHAN DE e 1,74 ....EMI GROUP GB 5,47 + 6,98EURO DISNEY FR e 1,10 + 3,77HDP IT e 3,84 + 4,35HERMES INTL FR e 177,80 + 5,83HILTON GROUP GB 3,96 + 8,93HUGO BOSS VZ DE e 26 + 8,79HUNTER DOUGLAS NL e 31,65 – 8,26INDITEX R ES e 22,82 – 0,78J D WETHERSPOON GB 5,91 – 4,96KLM NL e 18 + 12,57LVMH FR e 59,85 + 10,32MEDION DE e 44,95 + 0,33MOULINEX FR e .... ....NH HOTELES ES e 13,40 + 16,22NXT GB 1,95 + 30,43P & O PRINCESS GB 7,04 + 6,37PREUSSAG DE e 35,31 + 7,33RANK GROUP GB 4,46 + 10RICHEMONT UNITS CH 26,45 + 8,21RYANAIR HLDGS IR e 6,90 – 0,72SAIRGROUP N CH .... ....SAS DK 9,22 + 10,48SEB FR e 84,25 + 2,74SIX CONTINENTS GB 11,98 + 3,94SODEXHO ALLIANC FR e 47,80 + 5,85THE SWATCH GRP CH 107,93 + 10,05THE SWATCH GRP CH 23,01 + 8,84TELE PIZZA ES e 1,52 + 4,11THOMSON MULTIME PA 34,58 + 17,10WILSON BOWDEN GB 14,69 + 1,23WM-DATA -B- SE 3,20 + 11,11WOLFORD AG AT e 13,45 + 1,28WW/WW UK UNITS IR e 0,77 ....

PHARMACIEACTELION N CH 51,30 – 1,05ALTANA DE e 57,50 – 2,21AMERSHAM GB 12,12 + 4,77ASTRAZENECA GB 56,82 – 3,42AVENTIS FR e 80,10 – 4,64BB BIOTECH CH 75,13 + 8,33CELLTECH GROUP GB 10,74 – 1,49DISETRONIC HLDG CH 536,44 + 3ELAN CORP IR e 17,30 + 8,13ESSILOR INTL FR e 38,40 – 2,17FRESENIUS MED C DE e 64,50 + 8,40

H. LUNDBECK DK 32,29 – 5,14GALEN HOLDINGS GB 11,02 – 5,03GAMBRO -A- SE 7,17 + 3,17GLAXOSMITHKLINE GB 27,88 – 2,39H. LUNDBECK DK 32,29 – 17,53NOVARTIS N CH 42,36 – 3,04NOVO-NORDISK -B DK 44,13 + 0,46NOVOZYMES -B- DK 23,48 + 0,58ORION B FI e 22 + 1,48OXFORD GLYCOSCI GB 6,83 – 9,46PHONAK HLDG N CH 21,21 + 4,70QIAGEN NV NL e 19,11 + 14,43ROCHE HLDG G CH 83,29 ....SANOFI SYNTHELA FR e 71,65 – 3,57SCHERING DE e 65,10 – 2,69SERONO -B- CH 1010,33 + 15,64SHIRE PHARMA GR GB 8,63 + 1,33SMITH & NEPHEW GB 6,82 – 1,41SSL INTL GB 8,65 – 0,74SULZER N CH 236,61 + 10,30SYNTHES-STRATEC CH 741,77 – 3,02UCB BE e 43,50 – 6,75WILLIAM DEMANT DK 28,05 + 0,72WS ATKINS GB 11 + 1,04ZELTIA ES e 11 + 14,58

ENERGIEBG GROUP GB 4,87 + 1,01BP GB 9,79 + 2,38CEPSA ES e 15,55 + 3,60COFLEXIP FR e 167,90 + 5,66DORDTSCHE PETRO NL e .... ....GBL BE e 63 + 3,11ENI IT e 16,19 + 3,06ENTERPRISE OIL GB 9,98 – 0,49GBL BE e 63 ....HELLENIC PETROL GR 6,14 + 9,64LATTICE GROUP GB 2,71 – 1,18OMV AG AT e 100,19 + 1,97PETROLEUM GEO-S NO 6,93 + 12,16REPSOL YPF ES e 15,31 + 2,89ROYAL DUTCH CO NL e 61,20 + 2,51SAIPEM IT e 6,99 + 3,25SHELL TRANSP GB 8,24 + 2,42STATOIL NO 8,81 + 4,62TOTAL FINA ELF FR e 172,10 + 1,18IHC CALAND NL e 58 – 2,68

SERVICES FINANCIERS3I GROUP GB 12,28 + 9,71ALPHA BANK GR 18,58 + 2,09AMVESCAP GB 16,26 + 13,22BHW HOLDING AG DE e 20,15 – 8,41BPI R PT e 2,64 + 7,32BRITISH LAND CO GB 8,47 + 1,75CALEDONIA INV.S GB 13,47 + 7,51CANARY WHARF GR GB 7,51 + 1,98

CATTLES ORD. GB 5,31 + 6,17CLOSE BROS GRP GB 12,82 + 18,44COBEPA BE e 63,70 – 2,67CONSORS DISC-BR DE e 12,63 + 7,03CORIO NV NL e 26,50 – 0,93CORP FIN ALBA ES e 23,60 – 0,92DEPFA-BANK DE e 78,20 – 5,21DROTT -B- SE 13,12 + 7,21EURAZEO FR e 63,05 + 3,62EURONEXT NL e 22,40 + 13,71FINAXA FR e 86,95 + 20,60FORTIS BE e 26,16 – 1,28FORTIS NL e 26,20 – 1,13GECINA FR e 94,05 – 1GIMV BE e 34,09 + 1,46GREAT PORTLAND GB 4,33 + 1,14HAMMERSON GB 9,10 + 4,86ING GROEP NL e 29,50 + 5,17LAND SECURITIES GB 14,64 + 2,04LIBERTY INTL GB 8,97 – 2,30LONDON STOCK EX GB 6,96 + 3,12MEDIOBANCA IT e 12,35 – 0,88METROVACESA ES e 17,95 + 3,40MONTEDISON IT e 2,33 + 1,30PROVIDENT FIN GB 11,31 + 7,89RODAMCO EUROPE NL e 44 + 1,38RODAMCO NORTH A NL e 52,05 – 0,10ROLINCO NV NL e 25,45 + 2,83SCHRODERS GB 14,69 + 11,32SIMCO N FR e 78,85 + 0,45SLOUGH ESTATES GB 5,99 + 3,07TECAN GRP N CH 73,43 + 8UNIBAIL FR e 61,10 ....VALLEHERMOSO ES e 8,36 + 3,47

WCM BETEILIGUNG DE e 10,90 + 1,40

ALIMENTATION ET BOISSONALLIED DOMECQ GB 6,77 + 2,46ASSOCIAT BRIT F GB 8,29 – 1,16BBAG OE BRAU-BE AT e 55 + 3,77BRAU UNION AT e 50 + 6,38CADBURY SCHWEPP GB 7,82 + 1,47CARLSBERG -B- DK 45,14 – 2,47CARLSBERG AS -A DK 40,90 – 1,94COCA COLA HBC GR 15,88 + 1,79DANISCO DK 39,56 – 1,34DANONE FR e 132,50 – 1,05DELTA HOLDINGS GR 7,64 + 2,14DIAGEO GB 14,14 ....ELAIS OLEAGINOU GR 16,84 + 0,36HEINEKEN HOLDIN NL e 32,60 – 5,09HELLENIC SUGAR GR 7,46 + 4,78KAMPS DE e 10,80 + 1,89KERRY GRP-A- GB 25,15 + 0,65KINGFISHER GB 5,96 – 4,18KONINKLIJKE NUM NL e 29,18 + 13,01MONTEDISON IT e 2,33 + 1,30NESTLE N CH 250,54 ....NORTHERN FOODS GB 2,69 – 1,19PARMALAT IT e 3,45 – 2,27PERNOD RICARD FR e 90 + 1,01RAISIO GRP -V- FI e 1,48 + 0,68SCOTT & NEWCAST GB 8,96 – 0,18SOUTH AFRICAN B GB 7,95 + 4,26TATE & LYLE GB 5,42 – 1,76TOMKINS GB 4,14 + 4,51UNILEVER CERT NL e 65,85 – 2,52WHITBREAD PLC GB 10,52 + 2,37

BIENS D’EQUIPEMENTABB N CH 9,96 + 10,98ADECCO N CH 74,96 + 9,16AGGREKO GB 4,54 – 2,44ALSTOM FR e 14,77 + 5,42ALTRAN TECHNO FR e 60,70 + 8,01ARRIVA GB 5,60 + 2,99ASSA ABLOY-B- SE 16,27 + 10,07ASSOC BR PORTS GB 7,56 + 1,08ATLAS COPCO -A- SE 28,01 + 2,01ATLAS COPCO -B- SE 26,69 + 1,89ATTICA ENTR SA GR 4,48 + 13,13BAA GB 10,71 + 3,45BBA GROUP PLC GB 4,41 + 11,48BODYCOTE INTL GB 3,52 + 13,61BRAMBLES INDUST GB 5,53 + 4,28BUDERUS DE e 26,70 – 0,15CAPITA GRP GB 7,32 – 0,44CDB WEB TECH IN IT e 3,39 + 6,94CGIP FR e 36,91 + 0,30CHUBB GB 3,03 + 8,72CIR IT e 1,31 + 11,02

COBHAM GB 18,48 + 0,71COOKSON GROUP P GB 1,43 + 8,64KOEBENHAVN LUFT DK 84,09 + 8,70DAMPSKIBS -A- DK 8072,65 + 3,45DAMPSKIBS -B- DK 9323,92 + 5,64DAMSKIBS SVEND DK 12082,07 + 2,98DE LA RUE GB 6,78 – 0,71E.ON AG DE e 57 ....ELECTROCOMPONEN GB 8,65 + 7,46ENIRO SE 9,54 + 0,58EPCOS DE e 50,80 + 12,14EUR AERO DEFENC FR e 16,55 + 7,12EUROTUNNEL FR e 1,04 + 5,05EXEL GB 13,50 + 5,99FINMECCANICA IT e 1 + 8,70FINNLINES FI e 26 + 6,34FKI GB 2,97 + 12,27FLS IND.B DK 10,02 – 0,67FLUGHAFEN WIEN AT e 35,01 + 5,93GAMESA ES e 18,45 + 5,31GKN GB 5,10 + 5,72GROUP 4 FALCK DK 126,61 + 1,18GROUP 4 FALCK DK 126,61 + 5,73GUARDIAN IT GB 0,81 + 8,70HAGEMEYER NV NL e 24,05 + 16,18HALKOR GR 4,20 + 3,96HAYS GB 3,05 – 4,57HEIDELBERGER DR DE e 50 – 0,99HUHTAMAKI FI e 42,50 – 1,16IFIL IT e 5,13 + 3,64IMI PLC GB 4,79 + 10,07IND.VAERDEN -A- SE 18,25 + 2,16INDRA SISTEMAS ES e 10,20 + 6,25INVENSYS GB 1,85 + 14

INVESTOR -A- SE 13,12 + 3,48INVESTOR -B- SE 13,01 + 3,96ISS DK 54,09 – 3,37JOT AUTOMATION FI e 0,44 + 12,82KINNEVIK -B- SE 15,83 + 8,30KONE B FI e 98,85 – 4,95LEGRAND FR e 175,10 – 0,51LINDE DE e 55,10 + 2,80MAN DE e 29,10 + 4,68MEGGITT GB 3,31 + 20,71METSO FI e 14,50 + 9,85MG TECHNOLOGIES DE e 12,60 + 10,43MORGAN CRUCIBLE GB 2,92 + 9,09EXEL GB 13,50 ....PACE MICRO TECH GB 1,85 – 61,22PARTEK FI e 11,20 – 0,88PENINS.ORIENT.S GB 3,91 + 15,87PERLOS FI e 10,20 + 12,71PREMIER FARNELL GB 5,58 + 16,22RAILTRACK GB .... ....RANDSTAD HOLDIN NL e 17,95 + 35,98RENTOKIL INITIA GB 4,43 + 1,11REXAM GB 7,63 + 7,55REXEL FR e 70,80 + 5,67RHI AG AT e 7,60 + 2,70RIETER HLDG N CH 248,84 + 3,24ROLLS ROYCE GB 2,95 + 12,35SANDVIK SE 27,68 – 0,99SAURER N CH 19,04 + 0,72SCHNEIDER ELECT FR e 58,90 + 2,17SEAT PAGINE GIA IT e 0,93 + 5,68SEAT PAGINE GIA IT e 0,93 ....SECURICOR GB 2,21 + 0,74SECURITAS -B- SE 23,55 + 2,89SERCO GROUP GB 5,37 + 5,08SGL CARBON DE e 25,70 + 11,26SHANKS GROUP GB 2,97 + 6,40SIDEL FR e 41,49 + 3,60SINGULUS TECHNO DE e 33,10 + 8,31SKF -B- SE 26,52 – 1,03SMITHS GROUP GB 11,83 + 1,96SOPHUS BEREND DK 28,52 – 2,30SPIRENT GB 2,58 + 14,39STOLT NIELSEN LU e 138 + 9,52TELE2 -B- SE 34,41 + 11,63THALES FR e 40,49 + 6,92TOMRA SYSTEMS NO 9,91 + 7,75TPI ES e 4,58 + 1,78TRAFFICMASTER GB 0,47 ....UNAXIS HLDG N CH 131,90 + 8,38VA TECHNOLOGIE AT e 30,90 + 3VEDIOR NV NL e 15,48 + 19,08VESTAS WIND SYS DK 31,62 + 16,34VINCI FR e 74,25 + 6,76VIVENDI ENVIRON FR e 35,35 – 4,38VOLVO -A- SE 21,06 + 1,87VOLVO -B- SE 21,95 + 2,31WARTSILA CORP A FI e 23 + 0,66XANSA GB 4,54 – 6,67ZARDOYA OTIS ES e 12,25 + 3,46

ASSURANCESAEGIS GROUP GB 1,88 + 11,54AEGON NV NL e 26,50 + 5,16AGF FR e 55,45 ....ALLEANZA ASS IT e 11,45 + 0,79ALLIANZ N DE e 274,50 + 5,78AXA FR e 24,17 + 10,11BALOISE HLDG N CH 88,39 + 5,26BRITANNIC GB 11,10 + 5,56CATTOLICA ASS IT e 25,70 + 4,47CGNU GB 11,93 + 1,38CNP ASSURANCES FR e 36,74 + 2,63CODAN DK 19,24 – 1,38CORP MAPFRE R ES e 7,75 + 0,65ERGO VERSICHERU DE e 222 – 2,63ETHNIKI GEN INS GR 8,06 ....EULER FR e 40,98 – 0,05FONDIARIA ASS IT e 5,04 – 0,59FORTIS BE e 26,16 – 1,28FRIENDS PROVIDE GB 3,13 + 10,29GENERALI ASS IT e 29,05 + 0,73GENERALI HLD VI AT e 181,20 + 4,45INDEPENDENT INS GB .... ....IRISH LIFE & PE GB 12,35 – 2,06LEGAL & GENERAL GB 2,63 + 6,58MEDIOLANUM IT e 9,98 + 8,83MUENCH RUECKVER DE e 292,70 + 3,72POHJOLA YHTYMAE FI e 24,10 + 1,22PRUDENTIAL GB 11,57 + 7,22RAS IT e 14,51 + 5,14ROYAL SUN ALLIA GB 4,71 + 10,27SAI IT e 19,60 + 0,77SAMPO -A- FI e 9,02 + 2,04SCHW NATL VERS CH 549,36 + 4,26SCOR FR e 39,43 + 6,42SKANDIA FOERSAE SE 7,06 + 13,27ST JAMES’S PLAC GB 4,30 + 5,16STOREBRAND NO 6,41 – 2,94RENTENANSTALT N CH 376,67 + 7,99SWISS RE N CH 108,78 + 4,40TOPDANMARK DK 25,70 – 6,37ZURICH FINL SVC CH 255,64 + 10,59

MEDIASB SKY B GROUP GB 12,74 + 9,48CANAL PLUS FR e 3,70 – 1,33CAPITAL RADIO GB 13,31 + 13,10CARLTON COMMUNI GB 3,91 + 11,57DLY MAIL & GEN GB 11,15 + 3,31ELSEVIER NL e 15,20 + 3,75EMAP PLC GB 12,72 + 14,79FOX KIDS EUROPE NL e 9,97 – 9,28FUTURE NETWORK GB 0,76 + 17,50GRANADA GB 2,13 + 9,17GRUPPO L’ESPRES IT e 4,30 + 20,79GWR GROUP GB 3,62 + 5,69HAVAS ADVERTISI FR e 10,60 + 17,13INDP NEWS AND M IR e 2,05 + 10,81INFORMA GROUP GB 4,25 + 11,49LAGARDERE SCA N FR e 52,55 + 9,94LAMBRAKIS PRESS GR 3,72 + 2,20M6 METROPOLE TV FR e 34,09 + 16,95MEDIASET IT e 10,10 + 6,32MODERN TIMES GR SE 31,82 + 21,73

MONDADORI IT e 7,83 + 8,15NRJ GROUP FR e 23,40 + 9,09PEARSON GB 13,84 + 10,78PRISA ES e 11,60 + 5,55PROSIEBEN SAT.1 DE e 9,05 + 5,85PT MULTIMEDIA R PT e 7,92 + 4,76PUBLICIS GROUPE FR e 38,10 + 22,86PUBLIGROUPE N CH 277,40 + 20REED INTERNATIO GB 10,81 + 5,71REUTERS GROUP GB 9,09 + 4,09RTL GROUP LU e 44,95 + 0,29SMG GB 2,35 + 9,85SOGECABLE R ES e 26,35 + 2,13TAYLOR NELSON S GB 3,88 + 11,16TELEWEST COMM. GB 0,28 + 6,25TF1 FR e 33,60 + 20TRINITY MIRROR GB 7,69 + 7,73UNITED PAN-EURO NL e 0,18 – 33,33UTD BUSINESS ME GB .... ....VIVENDI UNIVERS FR e 47,51 + 6,17VNU NL e 37,87 + 11,35WOLTERS KLUWER NL e 25,68 + 4,77WPP GROUP GB 12,90 + 7,58

BIENS DE CONSOMMATIONAHOLD NL e 28,70 + 6,69ALTADIS ES e 20,76 + 7,12AMADEUS GLOBAL ES e 8,20 + 7,19ATHENS MEDICAL GR 3,74 + 1,08AVIS EUROPE GB 3,07 + 8BEIERSDORF DE e 132,50 + 3,52BIC FR e 35,80 – 7,49BRIT AMER TOBAC GB 10,35 – 2,60CASINO GP FR e 82,60 + 6,37CLARINS FR e 71,50 + 3,10COLRUYT BE e 43,60 + 4,81DELHAIZE BE e 51,50 – 2,09FIRSTGROUP GB 4,14 – 0,39GALLAHER GRP GB 8,21 + 1,61GIB BE e 46,73 – 0,57GIVAUDAN N CH 353,55 – 7,14HENKEL VZ DE e 68,50 + 3,16THE BIG FOOD GR GB 1,87 – 14,81IMPERIAL TOBACC GB 16,62 + 8,36JERONIMO MARTIN PT e 8,44 + 5,24KESKO -B- FI e 10,40 + 0,97L’OREAL FR e 81,65 + 1,43LAURUS NV NL e 2,08 – 37,91MORRISON SUPERM GB 3,38 ....RECKITT BENCKIS GB 18,11 – 0,98SAFEWAY GB 5,08 – 2,19SAINSBURY J. PL GB 6,65 – 0,73STAGECOACH GROU GB 1,14 + 4,48TERRA NETWORKS ES e 9,05 + 4,87TESCO PLC GB 3,89 – 4TPG NL e 23,87 – 0,87WANADOO FR e 6,30 + 1,61WELLA AG VZ DE e 58,70 – 2,17

COMMERCE DISTRIBUTIONALLIANCE UNICHE GB 8,97 + 0,55AVA ALLG HAND.G DE e 40 + 7,24BOOTS CO PLC GB 10,09 – 3,72BUHRMANN NV NL e 15,56 + 14,50CARREFOUR FR e 52,90 – 2,67CASTO.DUBOIS FR e 55,70 – 5,59CC CARREFOUR ES e 13,87 – 4,67CHARLES VOEGELE CH 38,04 + 2,94D’IETEREN SA BE e 186 + 7,20DEBENHAMS GB 6 – 0,27DIXONS GROUP GB 3,99 – 0,81GAL LAFAYETTE FR e 146 + 3,55GEHE DE e 46,40 – 2,11GUCCI GROUP NL e 99,70 + 0,96GUS GB 10,61 – 2,97HENNES & MAURIT SE 21,89 + 5,59KARSTADT QUELLE DE e 40,70 – 1,93KINGFISHER GB 5,96 – 4,18MARKS & SPENCER GB 5,87 – 6,22MATALAN GB 5,76 – 4,05METRO DE e 40,50 + 4,65MFI FURNITURE G GB 2,60 + 9,59NEXT PLC GB 15,64 – 1,63PINAULT PRINT. FR e 131 + 4,30SIGNET GROUP GB 1,80 + 0,91VALORA HLDG N CH 196,49 ....VENDEX KBB NV NL e 13,58 + 4,46W.H SMITH GB 8,03 – 0,60WOLSELEY PLC GB 10,24 + 3,95

HAUTE TECHNOLOGIEAIXTRON DE e 21,30 – 0,93ALCATEL-A- FR e 18,44 + 14,82ALTEC GR 2,24 + 1,82ARC INTERNATION GB 0,60 + 2,78ARM HOLDINGS GB 5,14 + 7,46ASML HOLDING NL e 28 + 12,90BAAN COMPANY NL e 2,63 – 1,87BAE SYSTEMS GB 5,55 + 7,21BALTIMORE TECH GB 0,18 + 10BROKAT TECHNOLO DE e 0,07 + 75BULL FR e 1,04 + 9,47BUSINESS OBJECT FR e 49,72 + 7,16CAP GEMINI FR e 82 + 6,84COMPTEL FI e 3,26 + 12,80DASSAULT SYST. FR e 59 + 10,49ERICSSON -B- SE 5,57 + 10,02F-SECURE FI e 1,37 + 15,13FILTRONIC GB 7,19 + 13,59FINMATICA IT e 18 + 7,14GETRONICS NL e 3,94 + 27,10GN GREAT NORDIC DK 6,27 + 13,94INFINEON TECHNO DE e 27,70 + 1,47INFOGRAMES ENTE FR e 13 + 11,30INTRACOM N GR 9,40 + 8,80KEWILL SYSTEMS GB 0,42 ....LEICA GEOSYSTEM CH 104,53 + 18,27LOGICA GB 7,17 + 9,41LOGITECH INTL N CH 52,22 + 3,78MARCONI GB 0,37 + 27,78NOKIA FI e 27,70 + 13,39OCE NL e 13,67 + 10,24ROY.PHILIPS ELE NL e 34,10 + 11,07PSION GB 1,44 + 14,10SAGE GRP GB 3,65 + 6,13SAGEM FR e 72,95 + 1,46SAP DE e 166,20 + 4,99SAP DE e 166,20 ....SEZ HLDG N CH 54,22 + 17,02SIEMENS N DE e 77,55 + 12,55SPIRENT GB 2,58 + 14,39STMICROELECTRON FR e 39,25 + 10,88THINK TOOLS CH 21,89 + 17,09THUS GB 0,44 + 17,39TIETOENATOR FI e 31,30 + 6,14

SERVICES COLLECTIFSACEA IT e 7,25 + 7,73AEM IT e 1,91 + 0,53BRITISH ENERGY GB 3,16 – 4,88CENTRICA GB 3,46 – 0,93EDISON IT e 8,09 + 1,89ELECTRABEL BE e 224,80 – 0,97ELECTRIC PORTUG PT e 2,36 + 2,16ENDESA ES e 17,11 – 3,39ENEL IT e 6,44 – 1,23EVN AT e 44,14 – 2,24FORTUM FI e 6 + 0,84GAS NATURAL SDG ES e 19,25 – 3,41HIDRO CANTABRIC ES e 26,60 ....IBERDROLA ES e 14,46 – 0,48INNOGY HOLDINGS GB 4,04 – 4,23ITALGAS IT e 10,68 – 3KELDA GB 5,92 + 1,96NATIONAL GRID G GB 7,50 – 1,07INTERNATIONAL P GB 3,15 + 7,78OESTERR ELEKTR AT e 89,74 + 3,09PENNON GROUP GB 10,03 – 1,28POWERGEN GB 12,40 – 0,91SCOTTISH POWER GB 6,22 – 8,15SEVERN TRENT GB 11,93 + 0,82SUEZ FR e 32,75 + 0,09UNION FENOSA ES e 17,77 + 0,11UNITED UTILITIE GB 9,88 + 0,83VIRIDIAN GROUP GB 8,41 – 0,77

e CODES PAYS ZONE EUROFR : France - DE : Allemagne - ES : EspagneIT : Italie - PT : Portugal - IR : IrlandeLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : AutricheFI : Finlande - BE : Belgique - GR : Grece.

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - NO : Norvege - SE : SuedeGB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

(Publicite)

en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris en euros à Paris

mars 20024 5 6 7 8

mars 20024 5 6 7 8

39,0

37,0

35,0

33,0

31,0

29,0

54,0

52,0

50,0

48,04 5 6 7 8

83,0

81,0

79,0

77,0

mars 20024 5 6 7 8

34,0

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30,0

28,0

mars 2002mars 20024 5 6 7 8

47,5

46,5

45,5

44,5

43,5

42,5

Le 8 mars 82,60 Le 8 mars 46,63 Le 8 mars 33,60 Le 8 mars 38,10 Le 8 mars 53,50

Sou

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a CLUB MÉDITERRANÉECOMPENSE

Le groupe de loisirs seredresse et se rapprochede ses niveaux d’avant lesattentats du 11 septembre– l’action était descendue à30 euros le 20 septembre2001 –, profitant des signesde reprise du secteur. Lesbons résultats s’ajoutentaux spéculations existan-tes en vue d’un rapproche-ment avec un autre opéra-teur touristique, dans uncontexte de rebond géné-ral des marchés. En cinqjours, le titre progresse de9,18 %, à 53,50 euros.

a PUBLICISBONDIT

Le 5e groupe publicitairemondial a publié une pertenette plus importante queprévu mais escompte unehausse de sa marge opéra-tionnelle en 2002. ABNAmro a relevé de « conser-ver » à « renforcer » sa re-commandation sur le titre,qui a bondi jeudi, puis aplié sous les prises de béné-fice vendredi, malgré lescommentaires favorablesdes courtiers sur sa fusionavec l’américain BCom3. Ilprend 22,86 % en cinqjours, à 38,10 euros.

a TF1 FAITRECETTE

Après avoir surpris lemarché en disant tablersur une stabilisation de sesrecettes publicitaires aupremier trimestre, alorsqu’une contraction de 5 %à 6 % était attendue jusque-là, le groupe de télévision aégalement rassuré en pré-voyant d’amortir en 2002,par ces mêmes recettespublicitaires, le coût desdroits de retransmission dela Coupe du monde defootball. En terminant à33,60 euros, le titre prend20 % sur la semaine.

a ACCOR MEILLEURQUE PRÉVU

Après avoir annoncé,mercredi, des résultatsmeilleurs que prévu, legroupe hôtelier a dit antici-per une reprise de son acti-vité au second semestre2002, avec une hausse deses revenus par chambre– un indicateur clé – surl’année. Il a égalementannoncé le retrait de sonOPA sur Européenne deCasinos, qui avait fait l’ob-jet d’une surenchère duGroupe Partouche. En cinqjours, l’action progresse de9,13 %, à 46,63 euros.

L E S V A L E U R S D E L A S E M A I N E

a CASINOAUX PAYS-BAS

Le quatrième distribu-teur français a confirmé,jeudi 7 mars, ses objectifsde hausse de plus de 10 %par an de son chiffre d’af-faires et d’environ 20 % deson résultat net annuel surles prochains exercices. Lemarché a bien accueilli l’an-nonce d’une prise de parti-cipation initiale de 37,6 %dans le distributeur néer-landais Laurus avec la pos-sibilité de monter à 51 %dans les six ans. Sur lasemaine, le titre prend6,37 %, à 82,60 euros.

Documentalistes et professeurs d’histoire

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Tél. : 01 42 17 33 29

Ne manquez pas le numéro de mars sur :LA GUERRE D’ALGÉRIE

● Dossier exceptionnel sur une page d’histoire douloureuse

● Articles, reportages et analyses du Monde de l’époque

VIII/LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002

Page 41: Jospin, Chirac, Laguiller · Noirsà la peau claire dont son orga-nisation se voudra le porte-parole. Ali se contemple aujourd’hui d’un bloc. C’est tout juste si l’on n’irait

NASDAQ

p+ 7,04 %1 929,67 points

EURO STOXX50

p+ 3,89 %3 787,25 points

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,77720 0,87450 1,42220 0,59300 TOKYO (¥) 128,60000 112,47000 182,70000 76,23000 PARIS (¤) 1,14310 0,88930 1,62540 0,67760 LONDRES (£) 0,70290 0,54620 0,61430 0,41660 ZURICH (FR. S.) 1,68580 1,31030 1,47310 2,39520

TAUX D’INTÉRÊT LE 8/3Taux Taux Taux Tauxj. le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,21 3,30 5,27 5,57 - 3,38 3,98 5,22 4,90 3,21 3,30 5,43 5,80 3,21 3,30 5,18 5,51 0,00 0,00 1,46 2,52 - 1,67 1,87 5,33 5,72 1,28 1,67 3,68 4,10

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 3/02 4620,00 4633,00 527382 . 3/02 87,20 87,75 3758 . 50 3/02 3765,00 3801,00 818822 10 6/02 105,10 105,23 579107 3 . 4/02 96,59 96,58 4725 3/02 10555,00 10580,00 29530. ' 3/02 1168,50 1164,00 292065

NEW YORKDOW JONES

p+ 1,96 %10 572,49 points

MARCHÉ DES CHANGES 8/3, 23h00

VENDREDI 8 MARS 23h00Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10500,00 ........0,00OR FIN LINGOT..........................10600,00.......-0,84ONCE D’OR EN DOLLAR................289,15.......-0,64PIÈCE 20 FR. FRANÇAIS...................60,10.......-1,48PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................60,10.......-3,06PIÈCE UNION LAT. 20......................61,00.......-0,81PIÈCE 10 US$..................................190,25 ........0,13PIÈCE 20 US$..................................380,25 ........0,00PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........389,25.......-1,95

MARCHÉS DES CAPITAUX

Regain d’optimismedes opérateurs

TOKYONIKKEI

p+ 9,93 %11 885,79 points

FRANCFORTDAX 30 IBIS

p+ 5,14 %5 359,55 points

Sur les marchés financiers,les retournements decycle économique, syno-nymes de changement decap monétaire et de réa-ménagement massif des

portefeuilles des grands investis-seurs internationaux, sont sourcede confusion et de nervositéextrêmes. Avec des Bourses enplein redressement, des marchésobligataires en grande déprime etun dollar en net recul, la semainequi vient de s’écouler l’a unenouvelle fois démontré.

Dans une atmosphère électri-que, le patron de la Réserve fédéra-le américaine (Fed), Alan Greens-pan, et le président de la banquecentrale européenne (BCE), WimDuisenberg, se sont exprimés : leuroptimisme partagé sur la repriseéconomique a été interprétécomme une indication claire que leprochain mouvement de taux direc-teurs sera, des deux côtés del’Atlantique, à la hausse. Au lieu deramener le calme sur les marchés,leurs interventions ont donc plutôtcontribué à échauffer les esprits.

Aux Etats-Unis, le rendement del’obligation d’Etat à dix ans estremonté de 4,87 %, vendredi1er mars, à 5,31 %, vendredi 8 mars,les taux progressant quand lavaleur des titres baisse. Mercredi,l’enquête de conjoncture – le Livrebeige – réalisée par la Fed avaitdéjà mis en évidence des « signesd’amélioration des conditions écono-miques dans la plupart des ré-gions ». Le lendemain, M. Greens-pan est allé plus loin, avec ses com-mentaires les plus optimistes de-puis les attentats du 11 septembre.Des propos d’autant plus remar-qués que les opérateurs n’atten-daient rien de son audition devantla commission bancaire du Sénat.La tradition aurait voulu en effetqu’il reprenne mot pour mot, à cet-te occasion, le discours prononcéune semaine auparavant devant lacommission de la Chambre desreprésentants. Le fait qu’il s’en soitécarté a été interprété comme la

preuve d’un important et soudainchangement d’appréciation de laFed quant à la situation économi-que. « Au vu des derniers élémentsconnus, il semble qu’une expansionéconomique soit déjà bien enga-gée », a affirmé M. Greenspan, quia toutefois exclu que le rythme decroissance soit aussi élevé que lorsdes précédentes reprises.

Il n’empêche : avec l’annonce,vendredi, d’une baisse du taux dechômage, en février, à 5,5 % et de66 000 créations d’emplois, la mes-se monétaire semble dite aux Etats-Unis. Le taux de l’argent au jour lejour (Fed Funds), ramené à 1,75 %,son niveau le plus faible depuisquarante ans, à la suite des onzebaisses successives de 2001, nedevrait pas baisser davantage.

« »Les mêmes causes ont à peu près

produit les mêmes effets en Euro-pe. Lors de la conférence de pressequi a suivi, jeudi, la réunion duConseil des gouverneurs de la BCE,M. Duisenberg s’est vu demandersi le niveau actuel du principal tauxdirecteur (3,25 %) pouvait êtreconsidéré comme un « point bas ».« Nous sommes d’avis que l’évolu-tion de l’économie réelle a atteintson point bas à peu près au début decette année, ou à la fin de l’annéedernière. En ce qui concerne les tauxd’intérêt, nous étions, nous sommeset nous demeurons d’avis que la poli-tique monétaire actuelle est appro-priée pour l’instant », a-t-il répon-du. « L’économie a commencé àtrouver sa voie vers la reprise. Je pen-

se que cela devrait répondre à votrequestion », a-t-il conclu. Ces pro-pos ont été mal accueillis sur lesmarchés obligataires européensqui s’étaient habitués à vivre,confortablement, dans un environ-nement monétaire très accommo-dant. Le rendement de l’obligationassimilable du Trésor (OAT)français à dix ans a atteint cettesemaine 5,24 %, son niveau le plusélevé depuis huit mois.

Tant aux Etats-Unis qu’en Euro-pe, la question est maintenant desavoir quand aura lieu le premiertour de vis monétaire. A en jugerpar la chute actuelle des marchés

d’obligations, les investisseurssemblent persuadés qu’il intervien-dra rapidement, la vigueur de lareprise forçant les banquiers cen-traux à agir sans tarder. Anticipa-tions exagérées de la part d’opéra-teurs de marché coutumiers dufait ? Pour le président du Créditcommercial de France (CCF), Char-les de Croisset, « les signes de repri-se sont plutôt intellectuels » dans lamesure où ils sont pour l’instantplus perçus « par les économistesque par les chefs d’entreprise ».

La confusion qui règne sur lefront de l’économie et des tauxd’intérêt n’est rien, toutefois, com-parée à celle observée sur le mar-ché des changes. Alors que toutmontre que l’économie américai-ne est la plus avancée dans sonmouvement de reprise, le billetvert est tombé cette semaine à0,8827 dollar pour 1 euro. Plus dé-routant encore : en dépit de l’an-nonce d’un recul de 1,2 % du pro-duit intérieur brut (PIB) nippon auquatrième trimestre, la monnaiejaponaise s’est envolée, atteignantvendredi 126,36 yens pour 1 dol-lar, son cours le plus élevé depuisla mi-décembre. Rien dans les don-nées économiques ne permettantd’expliquer une telle évolution, cer-tains ont évoqué un possible chan-gement de cap de la Maison Blan-che dans sa politique de change.

Une fois de plus sensible à lapression des industriels améri-cains, favorables à un dollar plusfaible, le président GeorgeW. Bush aurait décidé d’utiliserl’arme monétaire – parallèlementà celle des tarifs douaniers – pourgagner la guerre commerciale quelivrent les Etats-Unis. Pari risquépour Washington, lorsqu’on sait àquel point les Américains ontbesoin d’attirer chez eux les capi-taux étrangers pour financer leurdéficit courant. Sa valeur se dépré-ciant, il n’est pas dit que le dollarreste aussi attractif pour les inves-tisseurs internationaux.

Pierre-Antoine Delhommais

Achat Vente

...............7,4319...........7,4324 . ...............7,7000...........7,7050 ..............9,0769...........9,0864 .............31,5810.........31,6110 ................1,6709...........1,6734 ...................1,3875...........1,3888 ................6,8259...........6,8308 -...............2,0278...........2,0325 ..............245,0900 ......245,5900 .................28586,0000..28604,0000 ...................................27,1600.........27,1800

TAUX

MARCHÉS À TERME LE 8/3, 23h00OR

LE SOURIRE revient sur les lèvresdes opérateurs et des émetteurssur les marchés de crédit. Aprèsquelques semaines de déprime,une brise d’optimisme – encoreprudente – balaie les salles demarché et les directions finan-cières. Elles saluent le redresse-ment des marchés boursiers et seréjouissent de l’amélioration dela conjoncture et de la confirma-tion, indicateur après indicateur,du retour de la croissance. Cesbonnes nouvelles pour l’écono-mie signifient pourtant – ainsique les banquiers centraux, auxEtats-Unis comme en Europe, lelaissent entendre – la fin du cyclede baisse des taux et se tradui-sent déjà par des tensions sur lemarché des emprunts d’Etat.

La remontée des taux par lesautorités monétaires pourrait tou-tefois ne pas intervenir dans un

délai proche : « Dans ses commen-taires, cette semaine et la semainedernière, relève la lettre hebdoma-daire Euro Crédit de la Sociétégénérale, il est clair que M. Greens-pan [le président de la Réservefédérale américaine] essayaitd’orienter les marchés pour qu’ilsn’attendent pas de resserrementimmédiat de sa politique, maisdans un délai plus proche de la finde l’année. » Surtout, l’amélio-ration des perspectives écono-miques commence à favoriser unresserrement de l’écart de taux(le spread) que doivent concéderles entreprises qui veulentemprunter sur les marchés parrapport aux signatures les moinsrisquées, comme celle des Etats.

Ce resserrement des spreadsest assez net. La lettre de la So-ciété générale relève que l’écartconstaté entre le taux de l’obliga-tion France Télécom mars 2008et le taux de référence à courtterme Euribor est passé de154 points le 25 janvier à 187 le8 février, avant de redescendre à176 le 8 mars (après un passage à224 le 22 février). « Cette bonneorientation s’explique aussi par lefait que les résultats pour 2001publiés par les entreprises ces der-niers jours ont été conformes auxattentes du marché, oumeilleurs », commente Cyril Pari-son, analyste-crédit de l’entre-prise d’investissement AurelLeven. Certains investisseurs, qui

avaient des doutes sur lescomptes de groupes comme RollsRoyce ou Fiat, ont été finalementrassurés, explique-t-il.

« Les capitaux nouveaux sur lemarché secondaire étaient spora-diques, relativise toutefois laSociété générale dans sa lettre,mais sur le marché primaire lesémissions ont retenu l’intérêt desinvestisseurs. » Les deux princi-pales opérations lancées par desentreprises ont été bien accueil-lies. Le groupe de restaurationcollective Sodexho a émis 1 mil-liard d’euros d’obligations à septans, qui ont été sursouscritesdeux fois. « Dans un environne-ment difficile, les investisseursrecherchent les crédits défensifs,les émetteurs qui offrent unebonne prévisibilité de leurs fluxfinanciers », explique Pierre Lebel,responsable de la syndication obli-

gataire pour les entreprises à laSociété générale, qui dirigeaitl’opération Sodexho. L’émissionlancée par GMAC, société finan-cière de General Motors, a égale-ment été bien accueillie. GMAC aémis 2 milliards d’euros à cinqans et a pu obtenir le haut de lafourchette. Le sidérurgiste alle-mand ThyssenKrupp, qui avaitdéjà reporté son opération aucours des deux semaines précé-dentes, a eu moins de chance,relève la Société générale. Il a lan-cé une émission de 500 millionsd’euros à échéance 2009, lundi4 mars, la veille du jour où l’admi-nistration Bush a décidé d’impo-ser des taxes sur les importationsd’acier aux Etats-Unis.

Le grand émetteur allemandKfW (la banque publique pour lecrédit et la reconstruction), qui aemprunté 5 milliards d’euros à10 ans, a, lui, réussi son opéra-tion : il souhaitait placer plus depapier en dehors d’Allemagne oude Grande-Bretagne, en Francenotamment. Il y est parvenu, sus-citant au total 8,2 milliardsd’euros d’ordres. Le marché pri-maire a aussi été animé par deuxgrandes émissions souveraines.Parallèlement à l’adjudicationspectaculaire d’OAT françaises,l’Espagne a émis sans difficulté5 milliards d’euros à 15 ans et lePortugal 2,3 milliards d’euros à5 ans.

Sophie Fay

PARISCAC 40

p+ 3,40 %4 629,11 points

LONDRESFT 100

p+ 2,26 %5 285,70 points

Rebond des valeurstechnologiques

La plus importante adjudication d’obligations assimilables du Trésor(OAT) à dix ans jamais réalisée en France a rencontré un beau succès. L’opé-ration, qui a eu lieu jeudi 7 mars, portait exclusivement sur la nouvelleligne, qui porte un coupon de 5 % et arrivera à échéance en avril 2012. L’adju-dication de la nouvelle OAT avait été annoncée pour un montant comprisentre 6 et 7 milliards d’euros. L’Agence France Trésor a finalement servi lehaut de la fourchette (6,965 milliards d’euros), pour un montant total dedemandes de 15,75 milliards d’euros. « Ils auraient pu émettre de 10 à 12 mil-liards d’euros sans payer trop cher, estime un banquier. C’était une très belleopération. » – (Avec AFP)

LE COURS DE L'EURO

BEAU SUCCÈS POUR LA NOUVELLE OAT

Taux des obligations d'Etataméricaines émises à 10 ans

PROGRESSION

Source : Bloomberg

12 864282622201814février 2002 mars

5,3

5,2

5,1

5,0

4,9

4,8

Le rendement des titres américainsqui évolue à l'inverse des prix s'estapprécié alors que les investisseurscroient à la reprise économique.

Le 8 mars 5,287

MARCHÉS

Les bonnes nouvelles pour l’économiesignifient la fin du cycle de baisse des taux

et se traduisent déjà par des tensionssur le marché des emprunts d’Etat

Les marchés américainsont été soutenus, cettesemaine, par une sériede statistiques économi-ques favorables et desdéclarations du patron

de la Réserve fédérale américaine,Alan Greenspan, accréditant la thè-se que la reprise de l’activité, guet-tée par les marchés financiers, étaitdéja à l’œuvre. L’indice Dow Jones,principale référence de Wall Street,a progressé de 1,96 %, pour attein-dre 10 572,49 points. De son côté,l’indice Nasdaq, riche en valeurstechnologiques, a augmenté de7,04 %, atteignant 1929,67 points.

Le Nasdaq a bénéficié, cettesemaine, d’un effet de rattrapage,puisqu’il avait plus fortement recu-lé, depuis le début de l’année, quele New York Stock Exchange. Lesinvestisseurs avaient notammentété échaudés par la faillite de l’opé-rateur de réseaux de fibres opti-ques Global Crossing. Cette semai-ne, ils ont fait feu de tout bois, à la

recherche de la moindre raison depousser les cours à la hausse. Lescommentaires émis par les diri-geants du géant des semi-conduc-teurs Intel, légèrement plus opti-mistes sur les perspectives de lasociété, ont suffi à redonner dutonus à l’ensemble du secteur. Demême, dès que l’opérateur de télé-phonie Sprint a réaffirmé ses prévi-sions financières pour l’année2002, concernant à la fois ses activi-tés de téléphonie longue distanceet celles de sa filiale de mobiles,PCS, il a déclenché un mouvementde hausse des actions de télécom-munications à New York.

’ 1 20 %De l’autre côté de l’Atlantique,

l’orientation du Nasdaq a aussi ins-piré les investisseurs. A Paris, l’indi-ce CAC 40 a progressé de 3,40 %,terminant à 4 629,11 points. Lesvaleurs de télécommunications, demédias et de technologie (TMT)ont effectué un rebond spectaculai-

re, prenant la tête de l’indice deréférence de la place parisienne.L’action TF1 a ainsi gagné 20,00 %au cours de la semaine, à33,60 euros. Le titre du spécialistede l’électronique Thomson Multi-média a grimpé de 17,10 %, à34,58 euros. L’action de l’équipe-mentier de télécommunicationsAlcatel s’est adjugée 14,82 %, à18,44 euros. Le titre du fabriquantde semi-conducteurs ST Microelec-tronics a pris 10,88 %, à39,25 euros. L’action France Télé-com s’est appréciée de 10,75 %, à33,89 euros et le titre de l’éditeurde logiciels Dassault Systèmes aengrangé un gain de 10,49 % sur lasemaine, à 59 euros.

Composé des cinquantes premiè-res valeurs de la zone Euro, l’indi-ce Euro Stoxx 50 a gagné 3,89 %sur la semaine, finissant à3 787,25 points. A Francfort, l’indi-ce Dax a grimpé de 5,14 %, s’éta-blissant à 5 359,55 points. Le titreMLP a pris 17,93 %, le groupe de

conseil financier bénéficiant d’unregain d’optimisme sur les valeursfinancières. L’action Degussa a per-du 1,94 %, à 33,95 euros, pâtissantdu scepticisme des investisseurspour le secteur de la chimie.

A Londres, l’indice Footsie aenregistré un gain hebdomadairede 2,26 %, s’inscrivant à5 285,70 points. L’action du grou-pe diversifié Invensys a progresséde 14,04 %, à 113,75 pence. L’entre-prise a annoncé un programme devente d’une partie de ses activités,afin de diviser par près de deux sadette, qui atteint 3,3 milliards delivre (5,3 milliards d’euros). Le titreScottish Power a plongé de 8,27 %,à 382,50 pence. Le groupe de servi-ces a annoncé qu’il revoyait à labaisse sa politique de dividende, eta procédé à la vente de son activité« eau » au fonds privé First Aqua.

A Tokyo, l’indice Nikkei des225 premières valeurs a bondi de9,93 % au cours de la semaine,s’établissant à 11 885,79 points. Le

titre du géant bancaire en difficul-té Mizuho Holdings a grimpé de39,62 %, à 363 000 yens, et l’actionde son homologue UFJ Holdingss’est adjugée 34,47 %, à394 000 yens. Les analystes esti-ment que les établissements finan-ciers s’attaquent plus sérieuse-ment au problème de leurs créan-ces douteuses.

Paradoxalement, la perspective

de la faillite de la banque régionaleChubu Bank, annoncée vendredi, arenforcé l’optimisme des opéra-teurs de marché. Ils voient dans cet-te sanction le signe que le secteurbancaire est engagé dans une véri-table restructuration. L’arrivée decapitaux étrangers a égalementconcouru à soutenir les cours deBourse. La banque d’investisse-ment américaine Merrill Lynch aémis, cette semaine, une recom-mandation favorable sur le marchénippon. En outre, les restrictions

apportées à l’activité des fonds spé-culatifs ont continué à rassurer lesinvestisseurs. Enfin, la progressiondes marchés américains a été évo-quée par de nombreux profession-nels pour justifier leur confiancedans la Bourse de Tokyo.

« Le marché devrait rester orien-té à la hausse la semaine prochaine,car de nombreux intervenants, quiont raté le début de la reprise descours, vont se mettre à acheter »,pronostique Koichi Kawata, cour-tier chez Sakura Friend Securities,dans une déclaration à l’AgenceFrance Presse. « Le marché va ten-ter de voir jusqu’où peuvent monterles valeurs avec le sentiment favora-ble qui prévaut actuellement »,ajoute ce professionnel. SelonM. Kawata, l’indice Nikkei devraitse situer entre 11 800 et12 300 points la semaine prochai-ne, témoignant de la confiance desopérateurs à court terme.

Adrien de Tricornot

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Cours de l’action

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Confusion et nervositéLoin de ramener le calme, le discours optimiste des banques centrales américaine et européenneest perçu comme un signe que le prochain mouvement de taux directeurs sera à la hausse

LE MONDE/DIMANCHE 10 - LUNDI 11 MARS 2002/IX