Il est encore trop tôt pour parler de reprise

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SEPTEMBRE 2009 - N° 173

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L’été nous a apporté une bonne nouvelle. Après quatre trimestres consécutifs de recul, leproduit intérieur brut de la France a progressé de 0,3 % au cours du deuxième trimestre 2009, par rapport au trimestre précédent...

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SEPTEMBRE 2009 - N° 173

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L’été nous a apporté une bonne nouvelle. Aprèsquatre trimestres consécutifs de recul, leproduit intérieur brut de la France a progresséde 0,3 % au cours du deuxième trimestre 2009,par rapport au trimestre précédent. Nous nesommes donc plus en récession, la repriseéconomique est-elle pour autant engagée ?

Aussi rassurante soit-elle, cette bonne nouvelledoit davantage être interprétée comme la fin dela poursuite de la dégradation de l’économieque comme le signe d’une véritable reprise.L’examen des statistiques du chômage nousincite en effet à la prudence. A la fin du mois dejuin 2009, la France comptait 400 000chômeurs de plus qu’en décembre 2008.L’amélioration de la situation du marché dutravail n’interviendra que plusieurs mois aprèsque la reprise ne soit véritablement engagée carles ajustements opérés sur l’emploi sont endécalage avec les variations de l’activitééconomique. En période de retournementconjoncturel, les entreprises font le « dos rond »et ont recours au chômage partiel avant deprocéder à des licenciements. Ce n’est que dansun deuxième temps, lorsque la productivité sedégrade (baisse de la production, alors que leseffectifs restent inchangés) que les entreprisesdiminuent leurs effectifs, comme c’est le casactuellement. Lorsque la reprise intervient, lesentreprises font preuve de prudence et neprocèdent à des recrutements que lorsque

l’amélioration de l’activité est jugée durable.Ainsi, au cours du deuxième trimestre 2009, labaisse de l’emploi (- 0,5 %) s’est poursuiviemalgré la légère hausse du produit intérieur brut(+ 0,3 %).

L’évolution de l’emploi est un des déterminantsde la consommation ; aussi, la poursuite de lahausse du chômage pèse sur les dépenses desménages, en ayant un impact négatif direct surles populations concernées, mais également, enaffectant psychologiquement les salariés qui ontun emploi. Ainsi, selon l’enquête menée par laBanque de France, au cours de la périodejanvier-juillet 2009, l’ensemble des ventes audétail ont enregistré un retrait de 3,2 % envaleur par rapport à la même période de 20081.

Les ventes de produits mode et textiles nedérogent pas à la tendance. Au cours du moisde juillet, les dépenses se sont inscrites en reculde 8,8 % en valeur par rapport à juillet 2008.Aucun circuit de distribution n’a été épargnépar la morosité du marché et les évolutions dechiffres d’affaires sont très peu disperséesautour de la moyenne : elles sont comprisesentre une chute de 12,8 % en valeur pour leshypermarchés et une baisse de 7,3 % pour leschaînes grande diffusion.

INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LETTRE ÉCONOMIQUE, SEPTEMBRE 2009 - n°173

IL EST ENCORE TROP TÔT POURPARLER DE REPRISE

P.01

Au-delà d’une campagne de soldes au succèsmitigé, les mauvais résultats du mois de juillets’expliquent principalement par unenvironnement économique très défavorable. Autotal, sur l’ensemble des sept premiers mois del’année, la consommation de produits mode ettextiles a affiché un recul de 3,7 % en valeurpar rapport à la même période de l’an passé. Deplus, les premiers éléments d’informationsrecueillis pour le mois d’août confirment cettetendance et les ventes des huit premiers moisde l’année devraient être inférieures d’environ 4 % en valeur à celles de la même période de2008.

Ce repli de la consommation a conduit à deschutes importantes d’activité pour lesproducteurs de l’amont de la filière. Lesdistributeurs ont en effet privilégié ledéstockage et renforcé leursapprovisionnements en Asie de façon àmaintenir leurs marges face au retrait de lademande. De surcroît, le critère prix sembledésormais s’imposer comme une variablecentrale des comportements de consommation,ce qui favorise l’attrait pour le grand import. Enconséquence, au cours du premier semestre2009, l’Union européenne a accusé un recul de22 % de sa production textile. La plupart despays membres ont été touchés : l’Italie a vu saproduction enregistrer un repli de 25 %, enFrance le recul atteint 27 %.

Si le deuxième trimestre 2009 a vu le produitintérieur brut de la France renouer avec lacroissance, Il ne faut pas perdre de vue que surun an, il est inférieur de 2,6 % à celui dudeuxième trimestre 2008. La fin de l’annéedevrait voir la baisse de la consommationd’articles mode et textiles se poursuivre carseule une amélioration sur le front de l’emploipourrait permettre d’asseoir la reprise sur unebase solide.

GILDAS [email protected]

1. Banque de France, Enquête mensuelle de conjoncture : conjoncture commerce de détail.

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% d'évolution en euros constants MAGASINS CHAINES CHAINES GRANDS MAGASINS VENTE A HYPERS- TOTAL

données provisoires INDEPEND. SPECIALIS. GDE DIFF. MAGASINS POPULAIRES DISTANCE SUPERS

PRET-A-PORTER HOMME -6,2 -6,8 -3,8 -0,5 … -2,9 -6,8 -5,3

PETITES PIECES HOMME -7,8 -2,5 -2,7 -6,3 -4,2 -7,4 -9,4 -4,5 SOUS-VETEMENTS, CHAUSSANTS HOMME -4,7 +6,1 +9,0 -3,4 -3,5 +6,5 -2,5 +2,0 PRET-A-PORTER FEMME -6,8 -5,0 -5,2 +2,7 -9,6 -11,1 -2,1 -5,4 PETITES PIECES FEMME -3,8 -3,9 -4,1 -2,9 -9,6 -15,7 -5,7 -5,5 LINGERIE, CHAUSSANTS FEMME -0,9 -3,6 +6,2 -8,3 +3,1 +1,9 -6,8 -1,3 HABILLEMENT ENFANT -3,7 +0,1 -0,3 -4,6 +1,1 -8,0 -4,6 -2,0 TOTAL ARTICLES HABILLEMENT -5,5 -3,7 -1,5 -1,7 -3,5 -8,0 -5,0 -4,0 LINGE DE MAISON -8,3 -0,5 … -9,9 -2,2 -6,4 -2,9 -4,5 TISSU AU METRE -13,6 -12,6 … -23,3 … -2,6 … -10,7 MERCERIE-LAINE +8,2 -3,4 … -29,5 -5,8 +9,5 … -0,3 TOTAL TEXTILE -10,9 -3,2 … -10,4 -2,4 -5,5 -2,9 -5,6 TOTAL TEXTILE-HABILLEMENT -5,7 -3,7 -1,5 -2,5 -3,5 -7,4 -4,7 -4,1

CONSOMMATION D’HABILLEMENT ENJUILLET 2009 : - 9 % EN VALEUR PARRAPPORT À JUILLET 2008

En juillet 2009, les ventes d'articlesd'habillement ont affiché un recul moyen de 9 % en valeur par rapport à la référence élevéede juillet 2008. Tous les circuits de distributionsans aucune exception ont enregistré de fortsreculs de chiffres d’affaires. Ainsi, la diminutiondu budget habillement des ménages touche-t-elle aussi bien les chaînes grande diffusion (- 7,3 %) que les grands magasins (- 9,2 %), lesboutiques multimarques (- 8,6 %) que leshypers-supermarchés (- 12,8 %). Cette faibledispersion des performances semble indiquerque ce recul constitue une tendance de fond quitranscende tous les clivages de marché.

LA CONSOMMATION PAR MARCHÉ

De surcroît, l’ensemble des rayons est touchépar des baisses de chiffres d’affaires. Lesretraits les plus limités concernent les sous-vêtements féminins (- 6 %) et masculins (- 5,9 %). Les autres segments subissent desreculs proches de 10 % en moyenne.

Les ventes de textiles de maison ont quant àelles diminué de 6 % en valeur au cours dumois de juillet (- 4 % sur les sept premiers moisde l’année 2009). Au final, les résultats dumois de juillet dégradent le cumul annuel : surles sept premiers mois de l’année, laconsommation d’habillement et de textiles asubi un recul de 3,7 % en valeur par rapport àla même période de 2008, soit une baisse de4,1 % en euros constants.

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LES VENTES DESDISTRIBUTEURS FRANCE

RECUL DES VENTES D’HABILLEMENT MALGRÉ LES SOLDES

CUMUL DES VENTES TEXTILE-HABILLEMENT À SURFACE COMMERCIALE COMPARABLEJANVIER 2009 À JUILLET 2009 / JANVIER 2008 À JUILLET 2008

-12,8

-10,8

-8,6

-9,2

-7,3

-9,1

-8,6

-9,0

Hypers-supers

Vente à dist.

Mag. Populaires

Grds mag.

Chaînes gde diff.

Chaînes spéc.

Indépendants

Total

Evolution en % en valeur

LA DISTRIBUTION D'HABILLEMENTJUILLET 2009 / JUILLET 2008

LA CONSOMMATION D'HABILLEMENTJUILLET 2009 / JUILLET 2008

P.02

FRANCK [email protected]

-10,7

-6,0

-9,0

-9,4

-5,9

-9,3

-10,0

-9,0

Enfant

Lingerie, chaussants femme

Petites pièces femme

PAP femme

Sous-vêt., chaus. homme

Petites pièces homme

PAP homme

Total

Evolution en % en valeur

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13571 471 2 167 2 236

4 107

10 646

11261 250

2 260 2 669 3 511

11 944

Chine+HK Turquie Bangladesh Inde Tunisie Maroc

Janv-juin 2008

Janv-juin 2009

FRANCE Après quatre trimestres de récession,l’économie française a repris des couleurs ausecond trimestre 2009, avec une hausse de PIBde 0,3 % par rapport aux trois premiers mois del’année. Pour autant, la conjoncture est encoreloin de s’éclaircir. Le taux de chômage important, les déficitscommerciaux et la dette croissante de l’Etatlaissent en effet présager une sortie de crisedifficile. Même la consommation des ménages,qui a longtemps supportée à elle seule lemoteur économique connaît des difficultés. Lesachats de produits manufacturés affichent unrecul de 0,4 % au premier semestre 2009 parrapport à 2008. Quant aux dépenses en textile-habillement, elles ont connu une baisse de 3,7 % en valeur au cours des sept premiersmois de l’année 2009.Dans ce contexte morose, les importationsd’habillement ont diminué de 3 % au premiersemestre. Néanmoins, les livraisons enprovenance de Chine, d’Inde et du Bangladeshont progressé, respectivement de 15 %, 5 % et17 %. Cet appel croissant au grand import peuts’expliquer par la volonté des distributeurs delimiter le coût des approvisionnements afin decouvrir le risque d’invendus et de proposer desprix bas aux consommateurs.

ALLEMAGNE L’Allemagne a également eu la bonne surprisede renouer avec la croissance au secondtrimestre (+ 0,3 %). Comme en France, le

succès de la prime à la casse explique engrande partie cette évolution, qui ne présage enrien de résultats favorables dans les prochainsmois. La consommation des ménages allemands rested’ailleurs atone dans un contexte de pouvoird’achat stagnant. Les ventes au détail ont ainsiprogressé de 0,1 % en un an en avril.Au premier semestre 2009, les importationsd’habillement en provenance de Chine ontprogressé de 18 % en valeur, celles issues duBangladesh de 28 %.

ESPAGNEL’endettement important des ménages pèse surune économie espagnole très durement touchéepar la crise. Le pays compte désormais 18 % dechômeurs, soit 4 millions de personnes. Ilcontinue d’enregistrer une forte dégradation desa conjoncture : - 1,1 % de PIB au secondtrimestre. La plupart des indicateurséconomiques (production, balancecommerciale…) sont au rouge.La consommation des ménages subit lesconséquences de cet environnement dégradé :les ventes au détail ont reculé de 9,2 % en unan en mai. Dans l’habillement, le recul est de5,8 % sur les six premiers mois de l’année.Sur la période janvier-juin 2009, lesimportations espagnoles d’habillement enprovenance de Chine ont progressé de 10 % envaleur, celles issues du Bangladesh de 20 %, etcelles provenant d’Inde de 34 %.

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CONJONCTURE EUROPE

CHINE, INDE ET BANGLADESH GAGNENT DES POINTS DANS LE SOURCING EUROPÉEN

UNION EUROPÉENNE IMPORTATIONS D'HABILLEMENTEN MILLIONS D'EUROS

691

1 071

966

838 774 764 797 731 696

608 601 610

Etats-Unis Chine+HK Tunisie Maroc Turquie Suisse

Janv-juin 2008

Janv-juin 2009

UNION EUROPÉENNE EXPORTATIONS DE TEXTILEEN MILLIONS D'EUROS

EVOLUTION DU PIB AU SECOND TRIMESTRE 2009

P.03

-0,1%

0,3%

-0,8%

0,3%

-1,1%

FRANCK [email protected]

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DES INVESTISSEMENTS ENCHUTE LIBRE

P.04

LES ETATS-UNIS SE PRÉPARERAIENT-ILSÀ FOURNIR À NOUVEAU DU FIL OPEN ENDAUX DENIMIERS ?

Après huit années d’investissements réguliersdans la technique open end, le monde de lafilature a réalisé en 2008 un niveau d’achatsinférieur à celui de l’année 2000. Le picd’achat de 2007, sous l’impulsion de la Turquieet de la Chine ne s’est pas reproduit et c’estd’ailleurs dans cette technique que la Chine ale plus significativement freiné ses nouvellesinstallations. Mode du denim ring-ring,innovations en filature à anneaux, demande defils de plus en plus fins expliquent en partieque cette technique ne progresse pas.Toutefois, les Etats-Unis, pays du denim,renforcent leurs investissements depuis 2007.Le Kazakhstan, producteur de coton, figuredésormais dans le « top 10 » des plus grandpays investisseurs et semble poursuivre sadémarche d’intégration d’une industrie detransformation de fibres coton.

EVOLUTION DES INVESTISSEMENTS MONDIAUX EN FILATURE, TISSAGE ET TRICOTAGEBASE 100 = 2000

CHINE 75 924 53%

IRAN 20 646 14%

INDE 18 528 13%

ITALIE 10 080 7%

TURQUIE 3 0602%

EQUATEUR 2 952

2%

PEROU 2 544 2%

ESPAGNE 1 656 1%

REP. TCHEQUE 1 440 1%

U.S.A. 1 440 1%

TOTAL MONDE 143 102 100%

INVESTISSEMENTS 2008

(EN NBRE DE BROCHES)FIBRES LONGUES

Après une période d’investissements soutenusentre 2003 et 2007, la plupart des grands paystextiles ont nettement diminué leurs achats demachines textiles neuves en 2008 et ceci àtous les stades de la filière. L’année 2009devrait sans doute confirmer cette tendance etl’on doit s’attendre à un tassement des achatspour les plus gros producteurs ainsi qu’à laconfirmation de la montée en puissance despays traditionnellement confectionneurs, telsque le Bangladesh ou le Viêt-Nam. La filaturelaine et le tricotage rectiligne ont connu unemoindre dégradation des investissements, enliaison avec la mode des pulls base laine, typecachemire mélangé.

TOP 10 DES INVESTISSEURS EN FILATURE FIBRESCOURTES, OPEN-END ET LONGUES

CHINE 3 687 308 43%

INDE 2 527 680 29%

BANGLADESH 642 120 7%

VIETNAM 579 336 7%

INDONESIE 250 068 3%

PAKISTAN 238 008 3%

UZBEKISTAN 141 372 2%

COREE DU SUD 103 632 1%

TURQUIE 96 960 1%

BRESIL 89 316 1%

TOTAL MONDE 8 640 308 100%

INVESTISSEMENTS 2008FIBRES COURTES

(EN NBRE DE BROCHES)

CHINE 89 196 46%

BRESIL 24 384 12%

INDE 17 674 9%

U.S.A. 12 936 7%

BANGLADESH 11 944 6%

TURQUIE 7 532 4%

INDONESIE 5 960 3%

VIETNAM 4 448 2%

KAZAKHSTAN 4 100 2%

PAKISTAN 3 240 2%

TOTAL MONDE 195 654 100%

OPEN-END (EN NBRE DE ROTORS)INVESTISSEMENTS 2008

LE BANGLADESH ET LE VIÊT-NAMCONTINUENT LEUR INTÉGRATION TEXTILEAMONT EN FILATURE COTONTRADITIONNELLELa liste du « top 10 » des plus grandsinvestisseurs en transformation de coton restesensiblement la même depuis trois ans.Toutefois, on voit apparaître le Brésil, sixièmeproducteur mondial de coton, dont lesinvestissements ont connu une croissance de290 % en 2008.La Chine qui avait déjà ralenti ses achats en2007 par rapport à 2006, a nettement diminuéses achats en 2008 et revient désormais à unniveau d’investissement inférieur à celui de2003. De même, la Turquie qui depuis plusieursannées était dans les cinq premiers acheteurs dematériel de filature perd plusieurs places dans leclassement et ne se situe en 2008 qu’enneuvième position.

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DES INVESTISSEMENTS ENCHUTE LIBRE

P.05

TOP 10 DES INVESTISSEURS EN METIERS A TISSER SANS NAVETTE

CHINE 28 597 64%

INDE 3 302 7%

BANGLADESH 3 068 7%

INDONESIE 1 697 4%

BRESIL 828 2%

PAKISTAN 767 2%

ITALIE 766 2%

TURQUIE 646 1%

TAIWAN 527 1%

VIETNAM 508 1%

TOTAL MONDE 44 754 100%

INVESTISSEMENTS 2008

(EN NBRE DE METIERS)

STABILITÉ DES INVESTISSEMENTS ENFILATURE DE LAINE

Avec moins de 2 % de part de marché parrapport à la production textile mondiale, la laineest un secteur de taille plus modeste que celuidu coton. La Chine, l’Italie, la Turquie et l’Iran(pour le tapis) sont les principaux investisseurs.Néamoins, l’Inde, s’affirme en 2008 comme letroisième investisseur.

LA TURQUIE PERD SON DYNAMISME ENCHAÎNE ET TRAME

Alors que depuis de nombreuses années, laTurquie dynamisait les investissementseuropéens de matériel textile et notamment demétiers à tisser, on a assisté en 2008 à unécroulement de ceux-ci. Il est vrai qu’en 2008 lerecul des exportations de la Turquie (- 2,4 % enhabillement et - 9,2 % en textiles) n’a pasfavorisé les investissements. Malgré lesralentissements des achats des leaders chinoiset indiens, l’Asie continue d’être le moteur desinvestissements en tissage. L’Indonésie arenforcé ses investissements de façon notabledepuis deux ans et a fait en 2008 son entréedans le classement des dix premiers pays, si l’onconsidère les investissements cumulés au coursde la période 1999-2008. Le Brésil, quant à lui,investit à tous les stades de la filière : fibre,filature, tissage mais également tricotage.

LA CHINE DOMINE LA FABRICATIONMONDIALE DE T-SHIRTS

Avec 104 705 machines, soit plus de 57 % desinvestissements mondiaux cumulés en métiers àtricoter circulaires au cours de la période 1999-2008, la Chine est depuis 2005 - année delibération des quotas sur le t-shirt - le premierinvestisseur. Par ailleurs, le Bangladesh poursuitson intégration en amont en augmentant de 18 % ses investissements en 2008. La Turquievoit ses achats se replier en 2008, alors que lepays avait régulièrement et notablement investidepuis dix ans, prenant le leadership de laproduction de maille jauge fine en Europe.

TOP 10 DES INVESTISSEURS EN METIERS ATRICOTER CIRCULAIRES ET RECTILIGNES

CHINE 14 404 68%

BANGLADESH 1 066 5%

INDE 852 4%

TURQUIE 593 7%

INDONESIE 532 3%

BRESIL 530 3%

COREE DU SUD 429 2%

TAIWAN, CHINE 242 1%

THAILANDE 214 1%

EGYPTE 1741%

TOTAL MONDE 21 152 100%

INVESTISSEMENTS 2008

(EN NBRE DE METIERS)METIERS

CIRCULAIRES

CHINE 8 974 44%

HONGKONG,CHINE 7 110

35%

ITALIE 1 116 6%

TURQUIE 759 4%

CAMBODGE 618 3%

JORDANIE 218 1%

TAIWAN, CHINE 191 1%

COREE DU SUD 183 1%

BRESIL 152 1%

ARABIE SAOUDITE 1040,50%

TOTAL MONDE 20 311 100%

INVESTISSEMENTS 2008

METIERS

RECTILIGNES(EN NBRE DE METIERS)

VA ET VIENT ENTRE HONG KONG ET LACHINE CONTINENTALE POUR LAPRÉDOMINANCE SUR LE PULL-OVER

A la lumière des statistiques d’installation demétiers à tricoter rectilignes électroniques, onconstate la prédominance du bloc Chine-Hong-Kong, loin devant l’Italie qui poursuit, une foisencore, la modernisation de son parc demachines. Si la Chine a diminué sesinvestissements (- 27 % en 2008), Hong-Konga, en revanche, renforcé les siens (+ 27 %).Le Bangladesh, qui n’apparait pas dans lesachats de machines électroniques, est toutefoisun important producteur de pull-overs. En effet,plus de 460 370 machines semi-automatiquesou à main ont été installées dans le pays depuis2000. Elles ne demandent ni électricité, niprogrammation compliquée et ne nécessitentqu’une main-d’oeuvre disponible. Sachantqu’une machine à main produit environ cinq foismoins qu’une machine électronique, on estimeque le Bangladesh aurait un potentiel équivalentà 92 000 métiers. A titre de comparaison, laChine a installé, entre 2000 et 2008 plus de350 000 machines semi-automatiques ou àmain, en plus de ses investissements de matériel électronique !

NATHALIE [email protected]

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P.06

CHIFFRES-CLÉS 2008 :

•Population : 34 millions d'habitants•Emplois Textile-Habillement : 203 000•Exportations françaises textile-habillementvers le Maroc : 390 millions d’euros•Importations françaises textile-habillement enprovenance du Maroc :948 millions d’euros

INDUSTRIES TEXTILES :

UNE OFFRE LOCALE ENCOREINSUFFISANTE…

Selon le Haut Commissariat au Plan, le Marocdevrait connaître une croissance de 5,3 % en2009, contre 5,6 % en 2008. La relative bonnerésistance de l’économie marocaine face à lacrise mondiale s’explique par les bons résultatsde la campagne agricole 2008-2009, ainsi quepar la bonne tenue de la demande intérieure. Ilreste que les secteurs exportateurs ont étélourdement affectés par le ralentissement del’économie mondiale.A l’origine du tiers des exportations du pays, letextile-habillement est un secteur clé pourl’économie marocaine. A la différence de la confection, l’offre textilemarocaine reste relativement modeste,essentiellement orientée vers le marché local etpeu tournée vers l’exportation. Les exportationsde textile du Maroc n’ont ainsi représenté que232 millions d’euros en 2008.

…POUR SATISFAIRE LES BESOINS DESCONFECTIONNEURS

En revanche, les importations ont atteintl’équivalent de 1,7 milliards d’euros. Le premierfournisseur de tissus du Maroc est l’Espagne,avec une part en valeur de 25,6 % dansl’ensemble des importations du Royaume en2008. Le deuxième fournisseur est l’Italie(24,0 %), suivie de la France (11,3 %),talonnée par la Turquie, désormais en quatrièmeposition avec un poids relatif de 11,2 %, contreseulement 6,4 % en 2005. Les importations detissus en provenance de Turquie ont ainsi étédynamisées par l’entrée en vigueur en 2006 del’accord de libre-échange signé entre le Marocet la Turquie. La France, qui était jusqu’en 2003 le premierfournisseur textile du Maroc, a vu sonimportance relative s’éroder régulièrement cesdernières années dans les approvisionnementsmarocains.Pour l’ensemble de l’année 2008, lesexportations françaises de tissus vers le Marocont totalisé 177 millions d’euros, soit un reculde 5 % par rapport à 2007. En 2009, latendance négative s’est accentuée, puisque lesexpéditions de tissus vers le Royaume ont chutéde 12 % au cours du premier semestre.

POINT PAYS :LE MAROCTEXTILE

TOTAL TEXTILEIMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCEDU MAROCEN MILLIONS D’EUROS

IMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DUMAROCVENTILATION DES PRINCIPAUX POSTESEN MILLIONS D’EUROS

TEXTILELES PREMIERS FOURNISSEURS DU MAROC EN 2008EN % DES EXPORTATIONS EN VALEUR

PART DU MAROC DANS LES EXPORTATIONS MONDIALES DE TEXTILEEN % DES VALEURSOMC

24,0%

11,3% 11,2% 10,4%

2,5%

25,6%

Espagne Italie France Turquie Chine Allemagne

0,10%

0,07%

0,09%

0,11%

0,14%

0,09%0,07%0,08%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

2,2

6,6

2,2 1,7

9,3

1,5

LINGE DEMAISON

FILS DE COTON TISSUS FIBRESSYNTH. DISC.

2007

2008

11,8

21,9

2,5

9,4

2,2

6,2

12,3 12,4

FILS TISSUS AUTRES(linge demaison

compris)

TISSUSMAILLE

2007

2008

GILDAS [email protected]

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P.07POINT PAYS :LE MAROC

36,0%

12,0%

4,4% 4,0%1,2%

36,6%

France Espagne Royaume-Uni

Italie Allemagne Belgique

HABILLEMENTLES PREMIERS CLIENTS DU MAROC EN 2008EN % DES EXPORTATIONS EN VALEUR

HABILLEMENT

LES EXPORTATIONS SE SONT REPLIÉES DE10 % EN 2008…

Si le secteur textile travaille en grande partiepour les besoins du marché local, la confection,qui totalise la majorité des entreprises dusecteur, est en revanche orientée quasiexclusivement vers l’exportation. En 2008, lesexportations d’habillement du Maroc se sontélevées à 2,2 milliards d’euros. Au cours de la période 2002-2005, lesexportations marocaines ont vu leur importancerelative s’éroder au sein desapprovisionnements européens d’habillement,au profit des autres concurrents, tels que laChine, le Bangladesh ou la Turquie. Ledémantèlement des quotas de 2005 a, en outre,fortement affecté l’activité des confectionneursmarocains. Toutefois, en 2006 et 2007, lesexportations ont bénéficié d’une reprise,notamment sous l’impulsion des ventes versl’Espagne. Le Maroc a ainsi su valoriser saproximité géographique avec la Péninsuleibérique, en s’inscrivant dans la dynamique dela fast fashion notamment pratiquée par lesdistributeurs du groupe Inditex. Le recul de laconsommation sur les marchés européens en2008 et en 2009 a, en revanche, mis un termeà la reprise de l’activité amorcée en 2006. Lesexportations marocaines d’habillement,mesurées en euros, se sont ainsi repliées de 10 % en 2008.

…MAIS ONT CÉDÉ PEU DE TERRAIN SURLE MARCHÉ FRANÇAIS

Les exportations marocaines d’habillement versl’Union européenne sont très concentrées surdeux marchés qui en absorbent près de 73 % envaleur (la France et l’Espagne). Ces paystotalisent respectivement 36,6 % et 36 % desexportations marocaines d’habillement. Si leslivraisons vers l’Espagne ont subi un sérieuxcoup de frein en 2008 (- 11 %), elles ont cédépeu de terrain sur le marché français (- 1 %). La troisième destination des exportationsmarocaines est le Royaume-Uni, suivi de l’Italieet de l’Allemagne. Les exportations vers lesEtats-Unis - qui ne représentent que 1 % deslivraisons - progressent peu en dépit de l’entréeen vigueur en 2006 de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Les toutes dernières tendances des importationseuropéennes d’habillement au cours du premiersemestre 2009 révèlent un repli de 17 % envaleur en provenance du Maroc.

GILDAS [email protected]

508,1571,2

360,6 343,2

VÊTEMENTS MAILLE VÊTEMENTS CHAINE ETTRAME

2007

200888,2

36,2

88,1

37,8

107,4

90,1

TEE-SHIRTS PULL-OVERS CHEMISES,CHEMISETTES

HOMME

2007

2008

1,20%1,16%

1,03% 1,05% 1,04%

1,22%1,19%1,21%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

PART DU MAROCDANS LES EXPORTATIONS MONDIALES D'HABILLEMENTEN % DES VALEURS OMC

IMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DUMAROCVENTILATION DES PRINCIPAUX ARTICLESEN MILLIONS D'EUROS

TOTAL HABILLEMENTIMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DUMAROCEN MILLIONS D'EUROS

Page 9: Il est encore trop tôt pour parler de reprise

Janv. 2009 à

Juillet 2009

Préparation de fibres textiles et filature -31

Tissage -30

Ennoblissement -28

Fabrication d'autres textiles -25

Fabrication de fibres artificielles ou synthétiques -51

Total textile -27

INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LETTRE ÉCONOMIQUE, SEPTEMBRE 2009 - n°173

INDICE RAPIDEDE CHIFFRED’AFFAIRESHABILLEMENTFRANCE

CONJONCTURE TEXTILE FRANCE PRODUCTION (EN VOLUME)

40

80

120

160

200

JV FV MR AV MA JN JL AT SP OC NV DC

20082009

P.08

Juil. 2008 à Mars. 2009 à Janv. 2009 à

Code NAF Juin 2009 Juin 2009 Juin 2009

182A Vêtements de travail -10,1 -21,7 -19,0

182C Vêtements sur mesure -6,9 -21,1 -11,6

182D Vêtements de dessus Homme-Garçon -2,8 -6,5 -0,2

182E Vêtements de dessus Femme-Fille -5,9 -9,3 -9,5

182J Autres vêtements et accessoires -4,6 +6,3 -1,2

18 Total vêtements chaîne et trame -6,0 -9,4 -8,1

ÉVOLUTION MENSUELLE INDICE CHIFFRES D'AFFAIRESPRODUCTION HABILLEMENT CHAINE ET TRAME 2006 = 100

EVOLUTIONS DES CHIFFRES D’AFFAIRES EN % PAR RAPPORT À LA MÊME PÉRIODE DE L'ANNÉE PRÉCÉDENTE

EVOLUTIONS EN % PAR RAPPORT À LA MÊME PÉRIODE DE L'ANNÉE PRÉCÉDENTE

SOURCE DEFI IFM

SOURCE : INSEE

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ISSN : 1251-7372

Dépôt légal : 3èème trimestre 2009

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