I. Un exemple de lutte : Jean Jaurès et la grève de ...1. Quel évènement déclenche la grève de...

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Séance 1H22. Les ouvriers, une population en lutte │ leproflhg.wordpress.com 1 I. Un exemple de lutte : Jean Jaurès et la grève de Carmaux de 1892 : (Situation 1) Doc 1 : Chronologie des évènements : 15 mai 1892 : Victoire aux élections municipales de Jean-Baptiste Calvignac, ouvrier et secrétaire général du syndicat de la mine. Il devient maire de Carmaux. 2 août 1892 : Renvoi de Calvignac par la Compagnie des mines de Carmaux, en raison d’absences dues à son mandat de maire. Août-sept 1892 : Grève générale de 2350 mineurs sur 3000. Arrestation et condamnation de 10 mineurs responsables de la mise à sac du bureau de la direction. Envoi par Émile Loubet, chef du gouvernement, de 1500 militaires. Article de Jaurès, journaliste, agrégé de philosophie et professeur à l’université de 33 ans, dans le journal La Dépêche : « La Compagnie, en faisant du bulletin de vote une dérision, a criminellement provoqué la violence des ouvriers. » 14 octobre 1892 : Devant l’agitation et son retentissement parisien à l’initiative de Jaurès, démission du député de Carmaux, le marquis de Solages, membre du Conseil d’administration de la Compagnie des Mines de Carmaux et opposant à la grève. 30 octobre 1892 : Arbitrage de Loubet : Calvignac est réintégré, les grévistes, à l’exception des 10 condamnés, sont réembauchés. Jaurès conclut : « La victoire ouvrière de Carmaux donnera un élan nouveau à la démocratie. Elle excitera les travailleurs à se syndiquer plus largement. » Décembre 1892 : signation de Jaurès comme candidat des ouvriers et des socialistes, pour l’élection du siège laissé vacant par le marquis de Solages. 8 janvier 1893 : Election de Jaurès. Il l’emporte avec 1172 voix d’avance, celles des mineurs de Carmaux. Doc 3 : Article de Jaurès : Renvoyer de la mine un ouvrier élu par ses camarades uniquement parce qu’il est élu, c’est dire aux ouvriers qu’en nommant leur camarade ils le chassent ; c’est donc s’opposer par l’intimidation à la liberté du vote ; c’est tomber sous le coup du Code pénal. (…) Déjà, d’un bout à l’autre de la France, le parti ouvrier s’émeut, car c’est pour lui une question de vie ou de mort. Il faut que les ouvriers de Carmaux puissent tenir [...]. Il faut que chacun de nous, selon ses ressources, envoie son obole 1 , petite ou grande, au trésorier du comité (de grève). Il faut que les organisations syndicales et les Bourses du travail envoient leurs fonds et tout de suite. Il faut que dans toutes les réunions, les banquets qui fêteront le 22 septembre 1 , de larges collectes soient faites au profit des ouvriers de Carmaux. » Jean Jaurès, La Dépêche, 6 septembre 1892 1. Obole : offrande. 2. Centenaire de la fondation de la République Doc 2 : Jaurès parlant aux ouvriers : On connaît l’origine du conflit : un ouvrier mineur, Calvignac, a été élu maire de Carmaux le 1er mai par un conseil municipal ouvrier, socialiste et républicain. Tout récemment, il a été élu conseiller d’arrondissement, à une majorité énorme, contre le candidat patronné par la compagnie [des mines]. Deux jours après, il est congédié. […] Calvignac a demandé deux jours de congé régulier par semaine, pour pouvoir remplir son double mandat de maire et de conseiller d’arrondissement. Le directeur lui a répondu que c’était impossible. Et c’est là-dessus que la rupture a eu lieu. Impossible ? Il faut tout de suite que les hommes politiques de la région avertissent le gouvernement que, s’il laisse la compagnie commettre contre les ouvriers élus d’aussi monstrueux abus de pouvoir, il se rend complice d’une violation du suffrage universel. Jean Jaurès, La Dépêche, Toulouse, 29 août 1892 Doc 4 : La condamnation de la grève : « Nous aussi nous défendons un principe, et c’est pour cela que nous résistons. […] Il faut que cette question soit tranchée une fois pour toutes. Il est nécessaire que tous ceux qui ont en France 5, 10, 500, ou 3000 ouvriers à conduire soient désormais fixés sur la question de savoir s’ils sont maîtres chez eux ou s’ils doivent être exposés au désordre, à la ruine, à la déconsidération chaque fois que cela plaira à un agitateur socialiste ou à un syndicat. » Interview du Baron Reille, président des Mines de Carmaux, Le Figaro, 10/10/1892. Doc 5 : Jaurès fait le bilan de la grève : « La grève de Carmaux est terminée. On en peut maintenant marquer les résultats. Ils sont grands, très grands et durables. […] Il est certain maintenant qu’aucune compagnie, aucune société industrielle n’osera créer des difficultés aux ouvriers investis d’un mandat électif : le suffrage universel s’est défendu trop énergiquement pour qu’on puisse l’inquiéter de nouveau. La victoire de 3000 ouvriers permet d’affirmer que la solidarité des millions de salariés qui peinent en France aura raison de toutes les résistances. Jean Jaurès, La Dépêche, 8 novembre 1892

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I. Un exemple de lutte : Jean Jaurès et la grève de Carmaux de 1892 : (Situation 1)

Doc 1 : Chronologie des évènements : 15 mai 1892 : Victoire aux élections municipales de Jean-Baptiste Calvignac, ouvrier et secrétaire général du syndicat de la mine. Il devient maire de Carmaux.

2 août 1892 : Renvoi de Calvignac par la Compagnie des mines de Carmaux, en raison d’absences dues à son mandat de maire.

Août-sept 1892 : Grève générale de 2350 mineurs sur 3000. Arrestation et condamnation de 10 mineurs responsables de la mise à sac du bureau de la direction. Envoi par Émile Loubet, chef du gouvernement, de 1500 militaires. Article de Jaurès, journaliste, agrégé de philosophie et professeur à l’université de 33 ans, dans le journal La Dépêche : « La Compagnie, en faisant du bulletin de vote une dérision, a criminellement provoqué la violence des ouvriers. »

14 octobre 1892 : Devant l’agitation et son retentissement parisien à l’initiative de Jaurès, démission du député de Carmaux, le marquis de Solages, membre du Conseil d’administration de la Compagnie des Mines de Carmaux et opposant à la grève.

30 octobre 1892 : Arbitrage de Loubet : Calvignac est réintégré, les grévistes, à l’exception des 10 condamnés, sont réembauchés. Jaurès conclut : « La victoire ouvrière de Carmaux donnera un élan nouveau à la démocratie. Elle excitera les travailleurs à se syndiquer plus largement. »

Décembre 1892 : Désignation de Jaurès comme candidat des ouvriers et des socialistes, pour l’élection du siège laissé vacant par le marquis de Solages.

8 janvier 1893 : Election de Jaurès. Il l’emporte avec 1172 voix d’avance, celles des mineurs de Carmaux.

Doc 3 : Article de Jaurès : Renvoyer de la mine un ouvrier élu par ses camarades uniquement parce qu’il est élu, c’est dire aux ouvriers qu’en nommant leur camarade ils le chassent ; c’est donc s’opposer par l’intimidation à la liberté du vote ; c’est tomber sous le coup du Code pénal. (…) Déjà, d’un bout à l’autre de la France, le parti ouvrier s’émeut, car c’est pour lui une question de vie ou de mort. Il faut que les ouvriers de Carmaux puissent tenir [...]. Il faut que chacun de nous, selon ses ressources, envoie son obole

1, petite ou grande, au trésorier du comité (de grève). Il

faut que les organisations syndicales et les Bourses du travail envoient leurs fonds et tout de suite. Il faut que dans toutes les réunions, les banquets qui fêteront le 22 septembre

1, de larges

collectes soient faites au profit des ouvriers de Carmaux. »

Jean Jaurès, La Dépêche, 6 septembre 1892 1. Obole : offrande. 2. Centenaire de la fondation de la République

Doc 2 : Jaurès parlant aux ouvriers : On connaît l’origine du conflit : un ouvrier mineur, Calvignac, a été élu maire de Carmaux le 1er mai par un conseil municipal ouvrier, socialiste et républicain. Tout récemment, il a été élu conseiller d’arrondissement, à une majorité énorme, contre le candidat patronné par la compagnie [des mines]. Deux jours après, il est congédié. […] Calvignac a demandé deux jours de congé régulier par semaine, pour pouvoir remplir son double mandat de maire et de conseiller d’arrondissement. Le directeur lui a répondu que c’était impossible. Et c’est là-dessus que la rupture a eu lieu.

Impossible ? Il faut tout de suite que les hommes politiques de la région avertissent le gouvernement que, s’il laisse la compagnie commettre contre les ouvriers élus d’aussi monstrueux abus de pouvoir, il se rend complice d’une violation du suffrage universel.

Jean Jaurès, La Dépêche, Toulouse, 29 août 1892

Doc 4 : La condamnation de la grève : « Nous aussi nous défendons un principe, et c’est pour cela que nous résistons. […] Il faut que cette question soit tranchée une fois pour toutes. Il est nécessaire que tous ceux qui ont en France 5, 10, 500, ou 3000 ouvriers à conduire soient désormais fixés sur la question de savoir s’ils sont maîtres chez eux ou s’ils doivent être exposés au désordre, à la ruine, à la déconsidération chaque fois que cela plaira à un agitateur socialiste ou à un syndicat. »

Interview du Baron Reille, président des Mines de Carmaux, Le Figaro, 10/10/1892.

Doc 5 : Jaurès fait le bilan de la grève : « La grève de Carmaux est terminée. On en peut maintenant marquer les résultats. Ils sont grands, très grands et durables. […] Il est certain maintenant qu’aucune compagnie, aucune société industrielle n’osera créer des difficultés aux ouvriers investis d’un mandat électif : le suffrage universel s’est défendu trop énergiquement pour qu’on puisse l’inquiéter de nouveau. La victoire de 3000 ouvriers permet d’affirmer que la solidarité des millions de salariés qui peinent en France aura raison de toutes les résistances.

Jean Jaurès, La Dépêche, 8 novembre 1892

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Répondez sur votre cahier aux questions suivantes :

1. Quel évènement déclenche la grève de Carmaux ? (docs 1 et 2) 2. Combien y a-t-il de grévistes au total ? (doc 1) 3. Quelle est la première mesure prise par le gouvernement face à cette grève ? (doc 1) 4. Qui est Jean Jaurès ? (= est-il un ouvrier lui-même ?) (doc 1) 5. Quel droit Jaurès et les mineurs défendent-ils avec cette grève ? (docs 1 et 2) 6. Pour Jaurès, qui sont les responsables de la grève ? (docs 1 et 2) 7. Comment Jaurès propose-t-il de soutenir les grévistes ? (doc 3) 8. Pourquoi peut-on dire que cette grève est le symbole de l’opposition de deux classes sociales ? (doc 4) 9. Comment la grève se termine-t-elle ? Quelles avancées les ouvriers ont-ils obtenues ? (docs 1 et 5) 10. Quelles sont les conséquences de cette grève pour Jaurès ? (doc 1)

II. 1840-1930 : Les premières conquêtes sociales :

Questions :

1. Dans le document 1 : sélectionnez les trois dates qui vous semblent les plus importantes et justifiez votre choix. 2. Document 2 : Quel est le syndicat auteur de l’affiche ? Quelle est sa devise ? 3. Analyse de l’affiche : quels sont les différents éléments qui composent l’affiche ? Quel message veut-elle faire passer ?

Document 1. Quelques lois sociales : 1841 - Interdiction du travail des enfants de moins de huit ans, journée de travail limitée à huit heures pour les 8-12 ans et à douze heures pour les 12-16 ans. Le travail de nuit (9 heures du soir-5 heures du matin) est interdit aux moins de 13 ans, et pour les plus âgés, deux heures comptent pour trois. 1864 - Droit de grève (jusqu'ici, la grève est strictement interdite et punie par la loi). 1874 - Création de l’Inspection du travail, chargée de veiller au respect des lois sociales. Promulgation d’une loi interdisant le travail des enfants de moins de 12 ans. 1884 - Loi autorisant les syndicats. 1893 - Promulgation d’une loi sur la sécurité et l’hygiène au travail. 1898 - Loi sur les accidents du travail établissant le principe de la responsabilité patronale. 1900 - Loi Millerand qui abaisse à onze heures la durée du travail journalier. 1906 - Instauration d’un repos obligatoire hebdomadaire de 24 heures. 1919 - Journée de travail fixée à 8H ; durée hebdomadaire de travail fixée à 48H.

Document 2 : Affiche syndicale de 1919 :

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III. 1936 : Les occupations d’usines : (Situation 2)

Analyse de la vidéo « Le Front Populaire : à nous la vie ! »

1936 : UNE COALITION AU POUVOIR :

EXTRÊME-GAUCHE

GAUCHE CENTRE-GAUCHE

REGROUPE 3 PARTIS

CONSÉQUENCES IMMÉDIATES

LES ACQUIS SOCIAUX POUR LES SALARIÉS

UN CHEF DU GOUVERNEMENT