I NOTRE DOSSIER SANTÉ -...

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grand angle I médecine Vaccins, organes artificiels, prothèses intelligentes...Avec les experts de nous vous présentons les derniers progrès de la recherche médicale. DOSSIER PAR HURET ET PAR EMMA STRACK P rès enfant sur deux qui naît vivra centenaire et nous avons de plus en plus de chances de vieillir en bonne santé... (Institut national de la santé et de la recherche médicale), qui fête ses 50 ans cette année, est à la pointe des travaux qui permettent aux Français de voir leur espérance de vie André Syrota, son PDG depuis 2009 et spé- cialiste de médecine nucléaire, nous parle desprogrès accomplis et desavancées prometteuses. Améliorer la vie de chacun « grâce aux techniques de nous pouvons voir comment le cerveau réfléchit. inenvisageable il y a dix ans! Même chose avec le séquençage du génome qui nous permettra un ou deux ans en quelques heures la carte tité virus. Nous serons ainsi en mesure de mieux répondre à desépidémies comme la grippe H1N1. Parmi les plus grandes avancées actuelles et futures la médecine régénérative. Celle-ci permettra, grâce à de cellules souches (capables de se renouveler et de se spécialiser, NDLR), de créer un pancréas artificiel, de produire des neurones man- quants dans le cerveau personne atteinte de la maladie de Parkinson ou de restaurer des cellules de après un infarctus. La recherche biomédicale contribue aussi à améliorer la vie de chacun. certain, nous trouverons encore de très nombreux traitements! En France, entre 2000 et 2008, le nombre de décèsa diminué de 14%. La mor- talité liée aux pathologies cardiovasculaires, elle, a baissé de 25%. Si les progrès de la médecine permettent de vivre de plus en plus vieux, nous souhaitons également rester 30 BONNES NOUVELLES notre dossier Maladies bénignes et chroniques 52 54 Cancer 56 Sida, maladies neurologiques 57 Greffes et prothèses 58 NOTRE DOSSIER > A lire Au du vivant, de Pascal Griset et Jean-François Picard, Cherche Midi, 210 p., 34 > Pour en savoir plus sur le cinquantenaire de : www.inserm.fr/50-ans en bonne santé. Le nombre de personnes touchées par lamaladie va doubler ces vingt prochaines années, mais un grand programme européen a été lancé, de la recherche fondamentale à ment du malade. La technologie sera aussi mise au ser- vice du maintien à domicile. On pourrait généraliser des capteurs détectant un trouble du rythme cardiaque ou la chute personne et transmettant en temps réel à un médecin.» André Syrota, PDG de Tous droits de reproduction réservés Date : 31/01/2014 Pays : FRANCE Edition : Magazine Page(s) : 50,51,52,54,56 Rubrique : grand angle Imédecine Périodicité : Quotidien Surface : 493 % Truffle Capital FRA

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grand angleI

médecine

Vaccins, organes artificiels, prothèsesintelligentes...Avec les experts de l’Inserm,nous vous présentons les derniers progrèsde la recherche médicale.DOSSIER OOONNÉ PARHÉLÈNEHURET ETÉALISÉ PAR EMMA STRACK

P

rès d’un enfant sur deux qui naît auourd’huivivra centenaire et nous avons de plus enplus de chances de vieillir en bonne santé...’Inserm (Institut national de la santé et dela recherche médicale), qui fête ses 50 anscette année, est à la pointe des travaux qui

permettent aux Français de voir leur espérance de vies’allonger. André Syrota, son PDG depuis 2009 et spé-cialiste de médecine nucléaire, nous parle desprogrèsaccomplis et desavancées prometteuses.

Améliorer la vie de chacun«Auourd’hui, grâce aux techniques del’imagerie, nouspouvons voir comment le cerveau réfléchit. ’étaitinenvisageable il y a dix ans! Même chose avec leséquençage du génome qui nous permettra d’ici un oudeux ans d’élaorer en quelques heures la carte d’identité d’un virus. Nous serons ainsi en mesure de mieuxrépondre àdesépidémies comme la grippe H1N1.Parmi les plus grandes avancées actuelles et futuresfigure la médecine régénérative. Celle-ci permettra,grâce à l’utilisation de cellules souches (capables dese renouveler et de sespécialiser, NDLR), de créer unpancréas artificiel, de produire des neurones man-quants dans le cerveau d’une personne atteinte de lamaladie de Parkinson ou de restaurer des cellules decœur après un infarctus.La recherche biomédicale contribue aussi àaméliorerla vie de chacun. ’est certain, nous trouverons encorede très nombreux traitements! En France, entre 2000et 2008, le nombre de décèsa diminué de 14%. La mor-talité liée aux pathologies cardiovasculaires, elle, abaissé de 25%.Si les progrès de la médecine permettent de vivre deplus en plus vieux, nous souhaitons également rester

SANTÉ

30 BONNES

NOUVELLES

notre dossierMaladies bénignes et chroniques 52Cœur 54Cancer 56

Sida, maladies neurologiques 57Greffes et prothèses 58

NOTREDOSSIERSANTÉ

> A lire Au cœur du vivant, de PascalGriset et Jean-François Picard,Cherche Midi, 210 p., 34 €.> Pour en savoir plus sur lecinquantenaire de l’Inserm :www.inserm.fr/50-ans

en bonne santé. Le nombre de personnes touchées parlamaladie d’Alheimer vadoubler cesvingt prochainesannées, mais un grand programme européen a étélancé, de la recherche fondamentale à l’accompagnement du malade. La technologie sera aussi mise au ser-vice du maintien àdomicile. On pourrait généraliserl’usage des capteurs détectant un trouble du rythmecardiaque ou la chute d’une personne et transmettantl’information en temps réel àun médecin.»

André Syrota,PDG de

l’Inserm.

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L’utilisation de l’immunothérapie pourcombattre le cancer a été saluée par larevue scientifique américaine Nature

commel’avancée numéro un en 2013.Une première place qui met en avant lestravaux du professeur LaurenceZitvogel, directrice de l’unité derecherche Inserm Immunologie destumeurs et immunothérapie, à l’InstitutGustave-Roussy de Villejuif(Val-de-Marne). Depuis vingt-cinq ans,cette cancérologue s’intéresse à la

discipline qui consiste à stimuler lesystème immunitaire afin d’éliminer

une tumeur cancéreuse. Au cœur deses recherches :les lymphocytes T,descellules du système immunitaireprésentes dans le sang, capables detuer les cellules tumorales. Mais ils sontnaturellement programmés pour sedésactiver tout seuls. De nombreuxscientifiques ont cherché les moyensd’éviter cette mise à l’arrêt. L’équipe del’Inserm a franchi un nouveau cap en

démontrant que la chimiothérapie et laradiothérapie peuvent générer de bonslymphocytes: en mourant, les cellulescancéreuses peuvent réveiller lesystème immunitaire. Le Pr Zitvogelespère «rebondir sur ces traitementsconventionnels, les combiner avecdes molécules permettant l’activation

des lymphocytes et, ainsi, offrir auxpatients des chimiothérapies moinslongues, plus efficaces et plusfaciles à supporter».

Contre le cancer, les traitements serontplus courts et plus efficaces  Pr Laurence Zitvogel (Inserm)

Les chercheurs de l’Inserm

à l’Institut Gustave-Roussyde Villejuif (Val-de-Marne) :

Laurence Zitvogel (au centre),Sophie Viaud et Sébastien Apcher.

REPORTAGE

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affections chroniquesmaladies bénignes et

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GRIPPEPourl’instant, levaccin changechaque année pour s’adapterauxdifférentes souches delagrippe, mais deschercheursbritanniques ont trouvé unepiste prometteuse pourmettre au point un vaccinuniversel dont l’ambition est de

fonctionner plusieurs années.Ils ont constaté que plus unepersonne présentaitdelymphocytes T (descellules dusystèmeimmunitaire présentesdans le sang),moins la grippeétait virulente. Seloneux, leslymphocytes T pourraient doncêtre la clefdu vaccin universel.

TOURISTAOnn’aura bientôt plusàcraindre d’attraper ladiarrhée lors d’un voyage !Des chercheurs del’Université de Cambridge(Grande-Bretagne) ontconçu, en partenariat avecune entreprise debiotechnologies, un vaccinsous forme de comprimé àavaler, ciblant la bactérieEscherichia Coli (photoci-dessus), responsable de ladiarrhée, et les salmonelles, àl’origine de la fièvre typhoïde.

OBÉSITÉ

Et si l’on pouvait prévenir l’obésité grâce àde nouveauxprobiotiques, cesmicro-organismes capables d’améliorerl’équilibre de la flore intestinale ?Descliniciens chercheurs,notamment de l’Inserm, àlaPitié-Salpêtrière et à l’Institutnational de la recherche agronomique, ont constaté que lespersonnes ayant un déficit en bactéries intestinales risquaientdavantage de développer des complications liées à l’obésité.Ils ont réussi à faire perdre du poids (5%)aux malades.

ALLERGIEÀL’ARACHIDEDeschercheurs américains onttesté une immunothérapieorale, qui consiste àhabituerl’organisme àla substanceallergène. Ils ont placérégulièrement depetites dosesde poudre de cacahuète sousla

ASTHMEMiseau point il y asixansaux Etats-Uniset auCanadaet pratiquée depuis un an àl’hôpital Bichat (Paris),unetechnique endoscopique (quiutilise l’imagerie)permet deréduire, en la brûlant, lamassede muscle lisse qui entoure lesbronches et dont le volumeesttrès important chez certainsasthmatiques sévères.«Pour90 %de nospatients, la vie aététransformée »,explique leprofesseur MichelAubier.Un autrecentre, à l’hôpital Nordde Marseille,vaouvrir sesportes cette année.

BRONCHIOLITE Un vaccinsousforme de patch pourraitprotéger lesenfants de moinsde 2ansde la bronchiolite.Cette infection respiratoiretouche, chaque année,prèsde 460 000nourrissons etentraînedes hospitalisations.Lesessaissont encours.

DIABÈTESurveiller et réguler saglycémie(letaux de sucredans le sang)avecdes injectionsquotidiennesd’insuline :voilà le quotidien des200 000 diabétiquesde type 1enFrance.Celapourraitchanger grâce au pancréasbio-artificiel. Il s’agit d’unepoche, contenant descellulessécrétant l’insuline,qui seraitimplantée dans le ventre dumaladeet qui permettrait larégulation autonome de laglycémie.Les premiers essaissontprévus pour 2015.

INSUFFISANCERÉNALEEnpartant de cellulessouches(descellulesadultestransforméesen cellulesimmaturespour qu’ellessespécialisent),une équipejaponaise a généré lemésoderme intermédiaire,untissuàpartir duquel sedéveloppent lesreins lorsde laphaseembryonnaire. Unespoirpour lesinsuffisants rénaux.

NOTREDOSSIER

SANTÉ

HYPERTENSIONFaire un médicament quiparle, c’est aujourd’huipossible grâce à un capteurqui s’activequand lapilulesedissout et qui est capabled’envoyerun SMS depuisl’intérieur du corps. Le but :connaître l’heureexacte dela prise de médicament. Despatients atteintsd’hypertensionet d’insuffisancecardiaqueen bénéficient déjà dansle cadred’expériences pilotes.

langue des patients.Aprèsdix mois,70 %avaientétédésensibilisés,contreseulement15  %de ceux quiavaient reçu un placebo.

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PHOTOKAKE/KUNKEL/BSIP,

WALLY

EBERHART/GETTY

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©BRUNO

FERT,

JULIEN

MUGUET/IP3,

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CELLULES DE CŒUR

Grâce à des cellules souchesreprogrammées (c’est-à-dire

des cellules adultes spécialiséesdans un type de tissu que l’on

transforme en cellulesimmatures, pour qu’elles

deviennent n’importe quellesorte de cellules del’organisme), des chercheurs

ont obtenu des cellulescardiaques qui, au bout dequelques jours, se sont misesà battre ! Voilà une pisteprometteuse pour traiter lesmaladies cardio-vasculaires,première cause de décès dansle monde, grâce à la greffed’un tissu cardiaque neufet personnalisé.

CŒUR ARTIFICIELLe patient âgé de 75 ans qui areçu le premier cœur artificiel,le 18décembre 2013 à l’hôpital

Georges-Pompidou (Paris), seporte bien. Les essais cliniquesvont se poursuivre sur troisFrançais avant d’être étendus àlaBelgique, la Pologne... Il afallu

quinzeans pourmettreau point cetteprothèse. C’est

une solution pour les personnessouffrant d’insuffisance

cardiaque sévère et âgées deplus de 65 ans (lire ci-dessous).

Avec le cœur artificiel, iln’y a pas de risque de rejetDr Piet Jansen, directeur médical de Carmat,société qui a conçu le cœur artificiel implantépour la première fois en décembre 2013, à Paris.

testé nos matériaux. Noussurveillons la réponsephysiologique du patient et lecomportement des organes(reins, cerveau, poumons) pournous assurer qu’ils sontcorrectement oxygénés.

Combien coûte cette prothèse ?

Entre 140 000 et 180 000  euros.Un prix raisonnable comparé aucoût d’une transplantation (plusde 250 000 euros).

Créera-t-on d’autres organesartificiels dans les annéesà venir ?

On dispose des moyenstechniques pour remplacer lesorganes. Pour le rein, on al’appareil d’hémodialyse

et pour le poumon, lerespirateur extérieur.La technologie avance et l’onpeut imaginer, un jour, disposerde ces organes artificiels quel’on pourra implanter.

Aqui s’adresse le cœur

Carmat ?

Aceux qui souffrentd’insuffisance cardiaque graveet qui ne peuvent pas bénéficierd’une transplantation soit parcequ’ils ont plus de 65 ans,soit en raison de contre-indications (hypertension,insuffisance rénale ouhépatique). Ils risquent dedécéder sous quelques jours,semaines ou mois. Ils sont20 000 en France. Si le cœur

Carmat fait ses preuves, onpourrait l’implanter sur plusieurscentaines de patients par an.

Dequoi est-il constitué ?

Ilest fait de deux parties.Le cœur du cœur, au contactdu sang, est réalisé à partirde matériaux biocompatibles,notamment du péricarde deveau (le sac qui entoure le cœur).

La deuxième partie –qui n’estpas au contact du sang –estcomposée de capteurs, d’une

carte électronique et demicro-pompes hydrauliques.

Comment fonctionne-t-il?Le cœur est relié à une batteriepar un câble, à l’extérieur ducorps. Il y a aussi une boîte decontrôle, une sorte de consolequi permet de vérifier lesdonnées. Pour le moment, nousne testons que le cœur àproprement parler, pour nousassurer de sa sécurité. Ensuite,nous réduirons les appareilsextérieurs qui pourront se porterà la ceinture ou dans un petit sac.

L’opération ressemble-t-elleà une greffe cardiaque?C’est la même chose. On retire lecœur malade et on le remplace.Le cœur Carmat a à peu près lamême taille qu’un cœur maladedilaté. Mais il pèse un peu pluslourd :900 grammes, contre600 à700 grammes pour uncœur malade et 400 à 500grammes pour un cœur sain.

Que surveillez-vous chezle premier patient ?

Nous ne craignons pas le risquede rejet car nous avons déjà

Piet Jansen, directeurmédical de Carmat.

Le professeur Alain Carpentier,concepteur du cœur Carmat.

cœur

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CANCER DE LA PROSTATEDes chercheurs de l’Université

de Columbia (Etats-Unis) ontidentifié trois gènes liés auvieillissement et dont l’activité

est en cause dans les formesgraves du cancer de laprostate. Cela permettra dedéterminer s’il faut opérer.

PRISE DE SANG POUR ÉVALUER LA RÉCIDIVE D’UN CANCER«Nous sommes capables d’identifier une cellule cancéreuseparmi des millions de cellulesavec une simple prise de sang »,explique le professeur Jean-Yves Pierga, cancérologue à l’Institut

Curie (Paris). Pour l’instant, cette technique concerne des cas derechute de cancers du sein, de la prostate, du côlon et du poumon.Ce dépistage permet de mieux traiter les patients puisque«après trois semaines de traitement, nous avons constaté unediminution du taux de cellules cancéreuses dans le sang ».La prise de sang, très peu invasive, pourrait se substituerà la biopsie, qui consiste à prélever un fragment d’organe

pour connaître la nature d’une tumeur.

Quels sont les cancers quel’on soigne le mieux?Aujourd’hui, on soigne bienle cancer du sein et de mieuxen mieux celui de la prostate.On arrive aussi à soignercorrectement certainesformes de leucémie,notamment chez l’enfant.

On sait aussi bien prendre encharge certains cancers destesticules, du côlon, de la

En 2020, certainscancers seront opérésdans la journée Professeur Josy Reiffers,président d’Unicancer et directeur généralde l’institut Bergonié (centre de luttecontre lecancer de Bordeaux).

LA RADIOTHÉRAPIE

INTRABEAMUne seule irradiation à laplace de 30 séances deradiothérapie: c’est ce quepermet le nouvel appareil deradiothérapie Intrabeam danscertains cas de cancer du sein.Ciblée sur une zone à fortpotentiel de récidive, cetteradiothérapie se pratique aubloc opératoire, juste aprèsl’opération de la tumeur.Pour l’instant, huitétablissements français(à Paris, Brest, Bordeaux, Dijon,Lyon, Marseille, Montpellieret Nantes) sont équipésd’un Intrabeam.

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CANCER DU POUMONSentinel est la premièreapplication sur Internetcapable de signaler unerechute du cancer dupoumon. Selon une étudedévoilée par le docteur FabriceDenis, le père de cetteapplication, «elle détecte lesrechutes de cinq àsix semainesplus tôt que les scanners,programmés tous lestrois

mois ».Le principe repose surun questionnaire que le patientremplit chaque semaineconcernant la perte d’appétit,la toux, les variations de poids,les douleurs et l’essoufflement.L’algorithme apermisde détecter 100 %desrechutes. Quand l’applicationne déclenchait pas d’alerte,tous les scanners étaientnégatifs.

SCLÉROSEENPLAQUESC’est une maladieoù le corpsretourne sesdéfensesimmunitaires contre lui-même,ce qui lui fait attaquer la myéline,l’enveloppe des fibresnerveuses du cerveauet de lamoelle épinière,et peut meneràune paralysie.Des chercheursont réussi àreprogrammerle système immunitaireen injectant des antigènesde myéline.

SIDA ADULTESDépistés et traités tôt, les malades connaissentune rémission. Quatorze patients diagnostiquésdans lesdix semaines suivant l’infectionet traités durant trois ans n’ontplus eu besoinde traitement. Sept ansaprès l’arrêtde leurtraitement, le virus était toujours maîtrisé.

PARKINSONLathérapie génique, qui consiste à faire pénétrer des gènes dansdes cellules, vient au secours des personnes atteintes de la maladiede Parkinson. Celle-ci est provoquée par la dégénérescence descellulesnerveuses impliquées dans laproduction de dopamine,unneurotransmetteur qui intervient dans lecontrôle de la motricité.Quinzemalades ont reçu par injection lestroisgènes synthétisantladopamine. Cette thérapie est plus efficace et induit moinsd’effets secondaires qu’un traitement par voie orale.

RADIOLOGIEINTERVENTIONNELLELe nombre d’actesde radiologieinterventionnelle, croisemententre chirurgie et imagerie,devrait quadrupler d’ici à2020.Encancérologie, il s’agitd’accéder àune tumeur par voienaturelle (urinaireou digestive)ou par une intraveineuseet dedétruire soit parle chaud soitpar le froid soit par injection

SIDA ENFANTUn traitement par trithérapie à la naissance a permis de fairereculer les traces du virus chez une fillette née d’une mèreséropositive et elle-même infectée. Après dix-huit mois, la chargevirale était indétectable, et encore six mois plus tard, la fillette étaittoujours en rémission.

thyroïde... Et le plus important,c’est que le cancer devientune maladie chronique aveclaquelle on va pouvoir vivre.

Les modes de préventionet de dépistage changent-ils 

Le dépistage permet dedétecter des tumeurs pluspetites, notamment dans lescancers digestifs, du sein et dela prostate. Or, grâce à lagénétique, on peut voir si unetumeur, même petite, vadevenir agressive ou non.

Quelle nouvelle vous semblela plus porteuse d’espoir 

On a compris, ces dernièresannées, que les traitementsdevaient être basés sur la carted’identité génétique du cancer.Chaque tumeur aura uneempreinte génétiquedifférente. Et à chaqueanomalie génétiquecorrespondra un traitement.Le séquençage (technique quidétermine la structure dugénome, la carte d’identité

génétique) de la tumeur vadevenir la base de la décisionthérapeutique. Aujourd’hui, onsait séquencer le génome ducancer, malheureusement onn’a pas encore les traitementsadaptés àchaque anomalie.

Qu’est-ce qui est en trainde changer dans la priseen charge des patients 

La chimiothérapie est souventproposée en perfusion, doncadministrée à l’hôpital. Letraitement attaque la tumeur,mais aussi les globules et letube digestif, ce qui provoquede nombreux effetssecondaires. Mais nous allons

vers des traitements de plus enplus ciblés, de mieux en mieuxadaptés à chaque cancer, doncmieux tolérés et plus efficaces.Aujourd’hui, la moitié deschimiothérapies enexpérimentation se font parvoie orale. Comme la toléranceest meilleure, le médicamentpeut être pris à la maison etmême au travail  D’ici six ans,la chirurgie des cancers du seinne nécessitera qu’une seulejournée d’hospitalisation dansun cas sur deux. De même, 15 %

des cancers de la thyroïde etdes ovaires seront opérés dansla journée d’ici à 2020.

Existe-t-il d’autres méthodesinnovantes 

Oui, plusieurs. D’une part, laradiologie interventionnelle(lire nouvelle n° 16, ci-dessus)a fait de gros progrès tant pourle diagnostic que pour lathérapeutique. Côtédiagnostic, on s’est aperçuqu’une tumeur pouvaitchanger au fil du temps et qu’il

fallait la réanalyser. Pour cela, iln’est pas indispensable depasser par la chirurgie, mêmepour des cancers du foie ou dupoumon. Sous contrôleradiologique, on peut, grâce àune aiguille, aller ponctionnerla tumeur et même la détruire.D’autre part, la radiothérapiechange aussi et devient plusprécise, avec la même dose derayons répartie en seulementquelques séances.Parfois, une seule séancesuffit comme dans le casde la radiothérapie diteperopératoire (lire nouvellen°13), car elle a lieu au bloc,juste après l’opération.

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SCIENCE

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RESEARCHERS/PHANIE

sida

locale de chimiothérapiedes petites tumeurs du foieou des poumons, souscontrôleradiologique. D’ici six ans,50 %des métastases osseuseset 30 %des métastaseshépatiques et pulmonairesdevraient être ainsi traitées.

NOTREDOSSIER

SANTÉ

maladies neurologiques

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A-t-on toujours besoinde donneurs d’organes ?

En 2012, 5 000 greffesont été réaliséesen France pour environ17 000 personnes

en attente. On manqued’organes et on peut mêmeparler de pénurie pour le rein,l’organe le plus demandéavec le foie.

Quelles sont les nouvellestechniques ?

Nous développons parexemple la cœlioscopie (quipermet d’accéder à la cavitéabdominale en pratiquant unepetite incision). Leprélèvement du rein est moinsdouloureux et, sur le planesthétique, il évite cettegrande cicatrice qui balafre

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GREFFEDETISSU OVARIENUne cinquantaine d’enfants sont déjà nés grâce àceprocédé,qui concerne les femmes devant subir une ablation des ovaires,une radiothérapie ou une chimiothérapie. Pour préserver leurschances de devenir mère, on prélève les ovaires ou un fragmentdans lequel se trouvent les follicules qui donneront les ovules.Et lorsque la jeune femme est guérie, on procède à l’auto-greffe.

LARYNX ARTIFICIELActuellement testé,il pourrait éviter l’ablation

totale aux quelque2 000patients atteints du

cancer du larynxchaque annéeenFrance.Depuisquatremois,un

patientde 65 ansen

porte un et apu «retrouverune vie quasinormale »,explique MauriceBérenger,PDGde ProTipSAS,la

société développant ce larynx

artificiel «Il est rentré chezlui, il respirenormalement,la trachéotomie (l’ouverturepratiquée dans sagorge)a étébouchée, ila retrouvé unepartie de sadéglutition etil est capable de chuchoter. »«Cette année,prometMaurice Bérenger,une solutiontechnique permettra de mimerle travaildes cordes vocaleset,ainsi, redonnera l’usagede laparole aux patients.Le larynxartificiel devrait donc êtredisponible pour unecommercialisationen 2015.»

Grâce à des thérapiesinnovantes, on pourra réparerles organesEmmanuelle Prada-Bordenave, directrice généralede l’Agence de la biomédecine.

PROTHÈSE’OELLEFaitede tissubiologique(photo ci-dessus),reliéeàdesterminaisons nerveusespardes électrodes,elle est capabled’entendre desfréquencesradio au-delàde ce que l’oreille

humaine peut capter. Miseaupoint àPrinceton(Etats-Unis),cette oreille bioniquepermettra de restaurer oud’améliorer l’audition.

UN FOIERÉGÉNÉRÉPARDESCELLULESSOUCHESDes chercheurs japonais ontfait pousser des «bourgeons »de foie humain à partir decellules souches.Transplantés sur des sourisen situation d’insuffisancehépatique , ils ont permis derestaurer certains aspectsde la fonction du foie, commela sécrétion de protéines, etcontinué àcroître par la suite.Un espoir pour toutes lespersonnes malades dufoie etpourquoi pas,àterme, unealternative au don d’organe.

greffes et prothèsesCORTEXCÉRÉBRALOn devrait bientôt comprendreet soigner les anomaliesdu cortex, responsable desmaladies telles que l’épilepsie

ou les retards mentaux.Des chercheurs belges ontréussi àproduire des cellulesde cortex cérébral humain,qui est le siège du langage,

de la mémoire et de laconscience. Puisils les ontimplantées dans le cerveaud’une souris. A partir de cellulessouches, ilsont ainsiobtenu des neurones.On peut aussi imaginer,à terme, traiter des maladiesneurodégénératives ou réparerune lésion cérébrale.

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l’abdomen du donneur. En2008, cette méthode étaitpratiquée sur moins de 25 %

des donneurs. Aujourd’hui,

on l’utilise dans 80 %des cas,et nous voulons encore ladévelopper pour encouragerle don du vivant.

Peut-on imaginer substituerl’organe défaillant autrementque par la greffe classique ?

Tout à fait. Un projet derecherche mené à Lille vise àutiliser les nanotechnologiespour développer un reinartificiel miniaturisé.

Qu’est-ce que les prothèsesbioniques ?

Il s’agit de prothèsesintelligentes. On dit qu’elles

sont bioniques car elles sebranchent directement surl’organisme du patient pourrécupérer l’information

transmise par les nerfs. Cetype de prothèse est en pleineexpansion, car on comprendmieux, aujourd’hui, latransmission du signal. Onpeut faire marcher ou monterdes marches à des patients quin’avaient plus l’usage de leursjambes à cause d’une lésionde la moelle épinière.

La greffe médicament,qu’est-ce que c’est ?

La Commission européennenous encourage à faire desmédicaments non plus avecdes molécules chimiques, maisà partir de cellules ou de leursdérivés. On les utilise déjà pourcertaines maladies du sang,

mais nous avons l’intuition quece type de thérapie innovanteva se développer. Soit poursoigner une maladie nongénétique, soit pour réparer unorgane. Par exemple, un cœur

ayant fait l’objet de plusieursinfarctus est abîmé, comme sile muscle avait pris des coupsqui, au bout du compte,empêchent l’organe defonctionner normalement.On pourrait imaginer utiliserdes cellules qui s’installeraient

sur la partie abîmée de l’organe

et répareraient la lésion.

Quelles maladies peut-onespérer soigner grâceà ces thérapies innovantes ?

Les grandes maladieschroniques, comme le diabète,l’hypertension, l’insuffisance

cardiaque et rénale et biend’autres encore. Des essaissont menés pour traiter ladégénérescence maculaireliée à l’âge (DMLA), qui rend lesmalades aveugles, avec descellules souches (lire nouvellen° 28).Si, aujourd’hui, lesessais sont menés sur despersonnes chez qui la maladieest très avancée, l’objectif

serait, à terme, de réagir dèsles premiers symptômes,pour éviter au patientde devenir aveugle.

* L’Agence de la biomédecine, crééeen 2004, intervient dans quatredomaines :l’assistance médicale à laprocréation, le diagnostic prénatal etgénétique, larecherche surl’embryonet lescellules souchesembryonnairesainsi que le prélèvement et la greffed’organes,de tissuset de cellules.

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PROTHÈSEDE JAMBEDeschercheurs de Chicagoontréussi à faire marcherunpatient amputé auniveaudugenou et équipé d’une

prothèsede jambe. Certainsnerfsont été reconfigurés auniveaude la cuisseet, grâce àdescapteurs installés sur laprothèse, lesmouvements sontdécodés et interprétés endirect.Lepatient peut descendre desescaliers,marcher surdu platourepositionner sa jambelorsqu’ilest assis.

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PROTHÈSEDEBRASDes personnes amputéesdes bras ont pu, grâce àunsystème d’électrodes reliéesaux nerfs et aux musclesexistants, faire bouger leurprothèse àla force de lapensée, comme les personnesvalides, et récupérer unemotricité qui mime lasensation du toucher. Mêmeavec lesyeux fermés, elles ontpu saisir desobjets (photoci-dessus). C’est le Darpa, uneagence américaine chargéedes projets de recherche pourla Défense, qui aconçucette prothèse intelligentepour lessoldats victimesd’amputation. Elle fera l’objetd’essais jusqu’en 2016.

ŒILBIONIQUEHomologuée en 2013auxEtats-Uniset en Europe,la prothèse rétinienne Argus IIpermet àdes personnessouffrant de cécité deretrouver une certaine formede vision. Elles’assortitd’unepaire de lunettes équipéed’une caméra miniature(photo ci-contre). Lavidéo esttransformée en signauxrenvoyésàla prothèse, qui émetdes impulsions électriquesjusqu’aucerveau, redonnant aupatient laperception desformeslumineuses. Une révolution pourles 20 000Françaistouchés parla rétinite pigmentaire, maladiegénétique pour laquelle aucuntraitement n’existe.

REPORTAGE

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©BRUNO

FERT

PHOTOS

©FRANCK

WOJCIECHOWSKI/SP,

SP,DARPA/SP,

PATRICE

LATRON

/LOOKATSCIENCES

GREFFEDETRACHÉELa première femme ayantreçu une greffe de trachéeen partie réalisée àpartir deses cellules souches seportebien. Ellen’a jamaiseu besoinde médicaments anti-rejet et,selon une étude publiéedans The Lancet (une revuescientifique britannique),elle a récupéré une fonctionpulmonaire et une toux réflexe

normales. Cette Colombiennede 30 ans avait étégreffée en2008 avec un procédé toutàfait novateur :la trachée d’un

donneur avait été prélevéeet nettoyée pour ensuite êtrerecolonisée par des cellulessouches adultes (capablesde serenouveler mais pasde sespécialiser) issues de lapatiente elle-même.

NOTREDOSSIER

SANTÉ

VISIONEnpartant de cellules souchesembryonnaires (qui peuventserépliquer indéfinimentet sedifférencier en plus de200  typesde tissus),desBritanniques ont recréé uneperception visuelle chez dessouris aveugles.Ils ontobtenudes cellules de larétine qui, unefoisgreffées, ont pu reconstituerdes liens jusqu’aunerf optique.Unespoir pour lesquelque 8 %de Françaistouchés parladégénérescence maculaire liéeà l’âge (DMLA)ainsique pour lespersonnes atteintes de rétinitepigmentaire.

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Date : 31/01/2014Pays : FRANCEEdition : MagazinePage(s) : 50,51,52,54,56Rubrique : grand angle ImédecinePériodicité : QuotidienSurface : 493 %

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