I N S E E MÉTHODES Les zonages d’étude de l’Insee … · 2-1 Les zones de petite chalandise...

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I N S E E MÉTHODES N° 129 mars 2015 Coordination C. Aliaga D’après les travaux et publications de B. Baccaïni, C. Brutel, F. Clanché, E. Durieux, P. Eusebio, S. Faudon, JM. Floch, T. Le Jeannic, D. Levy, O. Rascol, F. Semecurbe Directeur de la publication Jean-Luc Tavernier Insee 2015 ISSN : 1142-3080 ISBN : 978-2-11-139233-5 Les zonages d’étude de l’Insee Une histoire des zonages supra communaux définis à des fins statistiques Document élaboré principalement à partir d’extraits et de synthèses de travaux et publications sur les zonages d’étude de l’Insee SOMMAIRE 1 - LES UNITÉS URBAINES 3 1 Définition générale 5 2 Historique 5 3 Les unités urbaines de 2010 5 4 Codification 7 5 Quelques chiffres 7 2 - LE ZONAGE EN AIRES URBAINES 11 1 Définition générale 13 2 Historique 16 2-1 Les ZPIU (zones de peuplement industriel ou urbain) 16 2-2 Le ZAU (zonage en aires urbaines) 18 2-3 Le complément rural du ZAU 20 2-4 Le ZAUER (zonage en aires urbaines et aires d’Emploi de l’espace Rural) 22 2-5 Les territoires vécus 27 3 Rénovation du zonage en aires urbaines (2010) 28 4 La méthode pour le zonage ZAU 2010 29 5 Terminologie ZAU 2010 33 6 Codification 35 7 Quelques chiffres 35 8 Correspondance entre ancien et nouveau zonage 37 9 Les espaces hors de l’influence urbaine dans le ZAU 2010 38 3 - UNE NOUVELLE APPROCHE SUR LES ESPACES À FAIBLE ET FORTE DENSITÉ 41 1 Définition générale 43 2 Les différentes approches du rural 45 3 La méthode pour la typologie européenne « Degré urbanisation » et son élargissement 46 4 Quelques chiffres 49 4 - LES ZONES D’EMPLOI 51 1 Définition générale 53 2 Historique 54 3 Rénovation du zonage en zones d’emploi (2010) 56 4 La méthode de construction des zones d’emploi 2010 57 5 Codification 64 6 Correspondance entre ancien et nouveau zonage 64 7 Zones d’emploi et aires urbaines 65

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I N S E E

MÉTHODES

N° 129

mars 2015

Coordination C. Aliaga

D’après les travaux et publications de

B. Baccaïni, C. Brutel,

F. Clanché, E. Durieux, P. Eusebio, S. Faudon, JM. Floch,

T. Le Jeannic, D. Levy,

O. Rascol, F. Semecurbe

Directeur

de la publication Jean-Luc Tavernier

Insee 2015 ISSN : 1142-3080

ISBN : 978-2-11-139233-5

Les zonages d’étude de l’Insee Une histoire des zonages supra communaux définis à des fins statistiques

Document élaboré principalement à partir d’extraits et de synthèses de travaux et publications sur les zonages d’étude de l’Insee

SOMMAIRE 1 - LES UNITÉS URBAINES 3 1 Définition générale 5 2 Historique 5 3 Les unités urbaines de 2010 5 4 Codification 7 5 Quelques chiffres 7 2 - LE ZONAGE EN AIRES URBAINES 11 1 Définition générale 13 2 Historique 16

2-1 Les ZPIU (zones de peuplement industriel ou urbain) 16 2-2 Le ZAU (zonage en aires urbaines) 18 2-3 Le complément rural du ZAU 20 2-4 Le ZAUER (zonage en aires urbaines et aires d’Emploi de l’espace Rural) 22 2-5 Les territoires vécus 27

3 Rénovation du zonage en aires urbaines (2010) 28 4 La méthode pour le zonage ZAU 2010 29 5 Terminologie ZAU 2010 33 6 Codification 35 7 Quelques chiffres 35 8 Correspondance entre ancien et nouveau zonage 37 9 Les espaces hors de l’influence urbaine dans le ZAU 2010 38 3 - UNE NOUVELLE APPROCHE SUR LES ESPACES À FAIBLE ET FORTE DENSITÉ 41 1 Définition générale 43 2 Les différentes approches du rural 45 3 La méthode pour la typologie européenne « Degré urbanisation » et son élargissement 46 4 Quelques chiffres 49 4 - LES ZONES D’EMPLOI 51 1 Définition générale 53 2 Historique 54 3 Rénovation du zonage en zones d’emploi (2010) 56 4 La méthode de construction des zones d’emploi 2010 57 5 Codification 64 6 Correspondance entre ancien et nouveau zonage 64 7 Zones d’emploi et aires urbaines 65

5 - LES BASSINS DE VIE 67 1 Définition générale 69 2 Historique 69

2-1 Les zones de petite chalandise (1994) 69 2-2 Les pôles de services intermédiaires et leur aire d’influence 70 2-3 Les Bassins de vie (2004) 71

3 Rénovation du zonage en bassins de vie (2012) 79 4 La méthode de construction des bassins de vie (2012) 79 5 Codification 82 6 Quelques chiffres 82 Annexe : L’outil de construction des zonages : ANAB EL 85 Bibliographie 97

Les zonages d’étude de l’Insee 3

CHAPITRE 1 LES UNITÉS URBAINES

Insee Méthodes n° 109 4

Les zonages d’étude de l’Insee 5

1- Définition générale

L'unité urbaine est une commune ou un ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone bâtie d'au moins 2 000 habitants où aucune habitation n'est séparée de la plus proche de plus de 200 mètres1. En outre, chaque commune concernée possède plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.

Si l'unité urbaine s'étend sur plusieurs communes, l'ensemble de ces communes forme une agglomération multicommunale ou agglomération urbaine2. L’agglomération porte généralement le nom de la commune la plus importante. Si l'unité urbaine s'étend sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée.

Les communes qui composent une agglomération multicommunale sont soit ville-centre, soit banlieue. Si une commune représente plus de 50 % de la population de l’agglomération multicommunale, elle est seule ville-centre. Sinon, toutes les communes qui ont une population supérieure à 50 % de celle de la commune la plus peuplée, ainsi que cette dernière, sont villes-centres. Les communes urbaines qui ne sont pas villes-centres constituent la banlieue de l’agglomération multicommunale. Une agglomération multicommunale peut n’être constituée que de villes-centres ; autrement dit, il y a toujours au moins une ville-centre, mais pas systématiquement de banlieue.

L'actuel zonage daté de 2010 a été établi en référence à la population connue au recensement de 2007 et sur la géographie du territoire au 1er janvier 2010.

2- Historique

Les unités urbaines sont redéfinies périodiquement. Une première délimitation des villes et agglomérations a été réalisée à l'occasion du recensement de 1954. De nouvelles unités urbaines ont ensuite été constituées lors des recensements de 1962, 1968, 1975, 1982, 1990 et 1999. Les critères permettant de définir les unités urbaines n'ont pas fondamentalement varié depuis 1962.

3- Les unités urbaines de 2010

Le zonage en unités urbaines 2010 a été établi de la façon suivante :

- l’Institut géographique national (IGN) a fourni à l’Insee les contours des zones de bâti continu (respectant la règle de l’absence de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions), grâce à l’analyse automatique de la source « BD Topo » ;

- l’Insee a ensuite calculé la population de ces zones de bâti continu et leur répartition entre communes3.

Le calcul de l'espace entre deux constructions est donc réalisé par l'analyse des bases de données sur le bâti de l'Institut Géographique National (IGN). Il tient compte des coupures du tissu urbain telles que cours d'eau en l'absence de ponts, gravières, dénivelés importants. Depuis le découpage de 2010, certains espaces publics (cimetières, stades, aérodromes, parcs de stationnement ...), terrains industriels ou commerciaux (usines, zones d'activités, centres commerciaux ...) ont été traités comme des bâtis avec la règle des 200 mètres pour relier des zones de construction habitées.

Le découpage en unités urbaines concerne toutes les communes de France métropolitaine et des départements d'outre-mer. Pour la première fois, le découpage 2010 porte également sur le territoire de Mayotte.

1 Ces seuils, 200 mètres pour la continuité du bâti et 2 000 habitants pour la population des zones bâties, sont conformes aux

recommandations adoptées au niveau international (conférence des statisticiens européens de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies).

2 Ne pas confondre avec Communauté d’agglomération (EPCI).

3 Source RFL.

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Les unités urbaines peuvent s'étendre sur plusieurs départements, voire traverser les frontières nationales (unité urbaine internationale). Une unité urbaine internationale est une unité urbaine, au sens de la définition habituelle, qui s'étend de part et d'autre d'une frontière nationale. Une partie des communes qui composent une unité urbaine internationale sont situées en France, une autre partie dans un pays étranger4. Dans les données relatives à la taille de l'unité urbaine et à sa population, ne sont prises en compte que les communes de la partie française.

Les communes qui n’entrent pas dans la constitution d’une unité urbaine constituent, par différence, le territoire rural . Sont définies comme urbaines les communes incluses dans une unité urbaine. La population urbaine est donc la population résidant dans une commune urbaine. Les communes ne relevant pas de la catégorie des communes urbaines appartiennent à la catégorie des communes rurales : les communes sans zone de bâti continu de 2 000 habitants, et celles dont moins de la moitié de la population municipale est dans une zone de bâti continu.

Exemple de construction5 :

Toute commune relève donc nécessairement d'une seule de ces quatre catégories : commune rurale, ville isolée, ville-centre et commune de banlieue.

4 Utilisation de Corin Land Cover 2006.

5 http://fr.wikipedia.org/wiki/Unit%C3%A9_urbaine_%28France%29#cite_note-2

Les zonages d’étude de l’Insee 7

4- Codification

Le code géographique de l'unité urbaine est composé de 5 caractères :

- les deux premiers sont composés du numéro du département si l'unité urbaine est complètement incluse dans un même département, et 00 pour les unités urbaines s'étendant sur plusieurs départements. Pour les DOM, le code département à 3 chiffres est remplacé par 9A (Guadeloupe), 9B (Martinique), 9C (Guyane), 9D (La Réunion) et 9F (Mayotte).

- le troisième correspond au code « taille de l’unité urbaine », il est à 0 pour les codes désignant l'espace rural :

0-Rural

1-Unités urbaines de 2 000 à 4 999 habitants

2-Unités urbaines de 5 000 à 9 999 habitants

3-Unités urbaines de 10 000 à 19 999 habitants

4-Unités urbaines de 20 000 à 49 999 habitants

5-Unités urbaines de 50 000 à 99 999 habitants

6-Unités urbaines de 100 000 à 199 999 habitants

7-Unités urbaines de 200 000 à 1 999 999 habitants

8-Agglomération de Paris

- les deux derniers correspondent à un numéro d'ordre : dans un même département et pour un même code de taille d'unité urbaine, on attribue un rang aux unités urbaines par ordre croissant de taille. Pour les unités urbaines sur plusieurs départements (code département à 00), le numéro d'ordre démarre au n°51.

Par ailleurs, les communes rurales de chaque département sont associées à un code unité urbaine "XX000", où "XX" est le numéro du département.

5- Quelques chiffres6

Selon le nouveau zonage de 2010, l'Insee a délimité 2 293 unités urbaines en France, dont 60 dans les départements d'outre-mer (en incluant Mayotte).

En 10 ans, la superficie de l’espace urbain en métropole progresse de 19 %. Les villes occupent désormais 22 % du territoire et abritent 47,9 millions d’habitants, soit 77,5 % de la population. De nouvelles petites unités urbaines sont apparues, et le périmètre de certaines grandes unités urbaines s’est agrandi. L’urbanisation progresse surtout le long des littoraux atlantique et méditerranéen, mais aussi dans les régions alpines.

C’est à la campagne que la croissance démographique est la plus importante. Elle est aussi plus forte dans les petites unités urbaines que dans les grandes.

Depuis le recensement de 1999, la part de la population vivant en ville a augmenté, passant de 75,5 % à 77,5 %. Or, la croissance démographique dans les territoires urbains de 1999, et qui le sont toujours, n’a été que de 4,3 %, contre 5,6 % pour l’ensemble du territoire. C’est donc l’absorption dans l’espace urbain d’anciennes communes rurales qui est la principale raison de sa croissance démographique.

6 Le découpage en unités urbaines de 2010 - L’espace urbain augmente de 19 % en une décennie, François Clanché et Odile Rascol, département de la Démographie, Insee Première n°1364, août 2011.

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Tableau 1 : caractéristiques statistiques sur les unités urbaines

Comme la population, la densité moyenne de population augmente : 113,6 habitants par km² en 2007 (contre 107,6 en 1999). Autour de 33 habitants par km², elle est stable dans l’espace rural depuis 1936, tandis qu’elle diminue dans l’espace urbain depuis la fin des années 1960. Carte 1 : Les Unités Urbaines de 2010 (géographie 2011 – rouge UU ; complément du rouge = rural - Insee)

Les zonages d’étude de l’Insee 9

Remarques :

- Une définition courante mais erronée retient comme urbaines les communes comptant au moins 2 000 habitants. La définition est de fait plus complexe. Une commune appartient à une unité urbaine et sera donc considérée comme urbaine si plus de la moitié de sa population réside dans une agglomération urbaine, c'est-à-dire une zone bâtie continue comptant au moins 2 000 habitants. Plus précisément, au moins la moitié de la population de la commune doit résider dans cette zone agglomérée et ce indépendamment de la population totale de la commune. En d’autres termes, une commune comptant moins de 2 000 habitants peut être urbaine, et en effet, en France métropolitaine, près de 40% des communes urbaines ont moins de 2 000 habitants7. Cette approche conduirait à sur estimer le territoire urbain et la population urbaine. Par exemple, une commune très étendue, peu dense, dont une petite partie est incluse dans la zone agglomérée (suffisamment pour atteindre 50% de la population de la commune en zone agglomérée, même si un filet de maisons seulement rattache cette commune à l’unité urbaine) est considérée comme urbaine, même si le ¾ de la commune est boisé et celle-ci faiblement peuplée.

- La délimitation des unités urbaines est basée sur la commune. Cette maille communale est insécable dans la construction des unités urbaines, c’est-à-dire que toute la commune fera ou non partie de l’unité urbaine. Mais les communes sont de tailles très différentes, en superficie, en population mais aussi en morphologie. Une idée parfois émise est que la population « urbaine » devrait ne prendre que la (les) partie « agglomérée », qu’il faudrait prendre en compte les morphologies (e.g. petites tâches urbaines et rural très étendu dans la commune – vastes espaces de forêts ou de champs). En d’autres termes, qu’il faudrait utiliser des échelles infra communales. Une autre piste parfois évoquée est d’ajouter une contrainte sur la densité du bâti ou de population.

- En 2011, une typologie européenne « degré d’urbanisation »8 a été créée, postérieure donc au découpage en UU 2010. Les critères sont différents de ceux utilisés pour caractériser les communes rurales ou urbaines sur la base des unités urbaines (agrégation de carreaux de densité d’au moins 300 habitants au km2 pour un total d’au moins 5 000 habitants pour construire des « mailles urbaines », pas de notion de continuité du bâti). Des critères de densité et de population permettent de caractériser les communes comme étant densément peuplées (ou urbaines), de densité intermédiaire ou peu denses. (cf. chapitre 3 consacré à la présentation de cette méthode).

7 UU2010, RP2009, géographie 2011.

8 Dijkstra L. et Hugo Poelman H., « A harmonised definition of cities and rural areas : the new degree of urbanisation »,

Working papers n° 01/2014, European Commission, 2014.

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Réflexions et avancées statistiques 119

CHAPITRE 2 LE ZONAGE EN AIRES URBAINES

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Le nouveau zonage en aires urbaines 2010, fondé sur l’identification de pôles d’emploi et la délimitation de leurs aires d’influence à travers les déplacements domicile-travail, permet d’apprécier l’influence des villes au-delà de leurs limites physiques définies par la continuité du bâti (cf. Chapitre 1). Il permet d’obtenir une vision des aires d’influences des villes sur le territoire.

L’intérêt du zonage en aires urbaines est d’offrir un cadre de référence approprié à tous ceux qui souhaitent considérer la ville dans son ensemble. L’apport de l’aire urbaine est de proposer un concept englobant des villes, sur la base d’éléments dynamiques, de manière à étudier et comparer leur organisation et leurs formes de développement, qui ne sont pas toutes identiques (développement du centre, ou de la périphérie …). A titre d’exemple, on peut citer Rennes pour laquelle une part importante de son développement se fait hors de l’agglomération (UU) : le pôle urbain est relativement petit, en revanche, la couronne est très étalée. Ce qui explique que l’aire urbaine de Rennes rend parfois mieux compte de son poids réel que sa seule agglomération.

1- Définition générale

Une aire urbaine ou « grande aire urbaine » est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente1 ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci (couronne2 périurbaine).

Seules les aires basées sur les grands pôles urbains (de plus de 10 000 emplois) sont qualifiés d’urbaines.

Le zonage en aires urbaines 2010 distingue également :

- les « moyennes aires », ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle (unité urbaine) de 5 000 à 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.

- les « petites aires », ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle (unité urbaine) de 1 500 à 5 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.

Le zonage est basé sur les données du recensement 2008. La liste des communes est celle donnée par le Code officiel géographique (COG) au 01/01/2011.

1 La population d'une commune comprend : la population des résidences principales ; la population des communautés de la

commune ; les personnes sans abri ou vivant dans des habitations mobiles.

2 La couronne recouvre l'ensemble des communes de l'aire à l'exclusion de son pôle.

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Nomenclature du ZAU 2010

1. Espace des grandes aires urbaines

1.1 Grandes aires urbaines

1.1.1 Grands pôles (10 000 emplois ou plus)

1.1.2 Couronne des grands pôles

1.2 Communes multipolarisées des grandes aires urbaines

2. Espace des autres aires

2.1 Moyennes aires

2.1.1 Moyens pôles (5 000 à moins de 10 000 emplois)

2.1.2 Couronne des moyens pôles

2.2 Petites aires

2.2.1 Petits pôles (de 1 500 à moins de 5 000 emplois)

2.2.2 Couronne des petits pôles

3. Autres communes multipolarisées

4. Communes isolées hors influence des pôles

On a par ailleurs :

Espace périurbain défini par 1.1.2 et 1.2

Autre Espace sous influence urbaine défini par : 2.1.2 + 2.2.2 + 3

Réflexions et avancées statistiques 159

Carte 1 : Le Zonage en Aires Urbaines de 2010

Source : Insee

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Remarques :

- Une aire urbaine peut déborder sur plusieurs départements ou régions.

- Il peut arriver qu’une aire se réduise au seul pôle.

- Des « villes-dortoirs » qui ne polarisent pas les navettes domicile-travail ne sont pas retenues comme pôle.

- L’équivalent européen de cette notion « d’aire urbaine » est la « zone urbaine étendue » (Larger Urban Zone - LUZ3). Les LUZ sont composées des villes (“cities”) et de leur couronne fonctionnelle, basée sur les déplacements domicile-travail, avec des critères et des seuils européens.

2- Historique

La périurbanisation, apparue il y a plus de 50 ans, se traduit par une augmentation de la population dans des communes situées au delà du périmètre des villes et de leur banlieue. Les personnes qui emménagent dans les zones périphériques des villes continuent le plus souvent de travailler en ville, ces zones étant ainsi sous l’influence de villes. Pour analyser ce phénomène, l’Insee a créé des zonages appropriés.

2-1- Les ZPIU (zones de peuplement industriel ou urbain )4

Les ZPIU, zones de peuplement industriel ou urbain, ont été créées en 1962 pour mesurer l’influence des unités urbaines sur les espaces ruraux qui les entourent et cerner ainsi la croissance des espaces périurbains.

Une ZPIU est composée de trois types de communes :

- de l'ensemble des communes incluses dans une unité urbaine. Toutes les unités urbaines appartiennent à une ZPIU, et chacune doit appartenir à une seule ZPIU. Toutefois, une ZPIU peut ne comprendre aucune unité urbaine, ou en comprendre une ou plusieurs.

- des communes rurales comptant un ou plusieurs établissements industriels, commerciaux ou administratifs de 20 salariés ou plus et dont l’effectif cumulé représentait 100 salariés au minimum, lesquelles constituaient des « communes industrielles ».

- des communes rurales non-industrielles, mais qui présentaient un faible taux d’actifs dans l’agriculture, une part importante d’actifs allant travailler hors de la commune vers l’unité urbaine ainsi qu’un taux d’accroissement de la population significatif entre deux recensements, lesquelles constituaient des « communes dortoirs ». Elles répondent à la condition suivante :

(% sortants) > 1,2 x (% ménages agricoles)

% sortants = pourcentage d'actifs résidents travaillant hors de la commune

% ménages agricoles = pourcentage de ménages ordinaires vivant de l'agriculture.

3 Dijkstra L. et Hugo Poelman H., « Cities in Europe, The new OECD-EC definition », Regional Focus n° 01/2012, European Commission, 2012.

4 Cette partie reprend des éléments de l’article de Thomas Le Jeannic « L'élaboration du zonage en aires urbaines (ZAU) » dans l’Insee Méthodes 76-77-78.

Réflexions et avancées statistiques 179

De cette façon, on sélectionne les communes qui ont un faible taux d'agriculteurs ou/et une forte proportion de migrants alternants. Les informations nécessaires à ce calcul n’étant disponibles que plusieurs mois après le déroulement du recensement, afin de ne pas retarder d'autant la nouvelle délimitation des ZPIU et d'avoir une définition du périmètre disponible dès la parution des premiers résultats, on évalue cette formule à l'aide de variables observées lors du recensement précédent (1954 pour les premières ZPIU dites « 1962 »,..., 1982 pour les ZPIU dites « 1990 »).

Pour pallier en partie cet inconvénient, une formule de rattrapage permet de récupérer les communes presque dortoirs, dès lors qu'elles ont un taux de croissance démographique élevé (probablement devenues communes-dortoirs depuis le dernier recensement). On décide donc de retenir les communes répondant à la condition suivante :

(% sortants) > 1,2 x (% ménages agricoles) - 1,1 x (% variation de population)

% variation population = taux de variation de la population entre les deux derniers recensements.

La mobilisation de ce découpage permet de distinguer trois grandes catégories d’espaces : les unités urbaines représentant « les villes », les communes rurales en ZPIU appelées aussi « rural périurbain » et les communes rurales hors ZPIU autrement nommées « rural profond ».

Dans les ZPIU, toute agglomération est considérée comme une ville, quel que soit sa taille en nombre d’emplois ou en population. Du fait de la constante augmentation du phénomène de périurbanisation, ce zonage est devenu peu utilisable. En effet, au recensement de 1990, les ZPIU représentaient les trois quarts du territoire métropolitain (contre un tiers en 1975 et la moitié en 1982) et 96 % de la population. Rappelons que les ZPIU 1990 sont calculées sur la base des résultats du recensement de 1982 : la prise en compte des résultats du recensement de 1990 accentuerait encore ce phénomène, laissant probablement moins de deux millions d'habitants hors ZPIU.

Tableau 1 : les zones de peuplement industriel ou urbain

Dès lors, l'appartenance à une ZPIU n'était plus un critère discriminant. Très utile pendant trente ans, cette notion avait atteint sa limite, bien que révélateur d’une réalité, celle de l’extension des aires d’influence des villes.

Deux attitudes étaient alors possibles. La première consistait à dire que l'influence de la ville n'a effectivement plus de limites, que les modes de vie urbains se sont généralisés. La deuxième, qu'il y a différents degrés de périurbanisation, et qu'en resserrer les limites permettrait de mieux comparer les villes et leur aire d'influence. C'est cette deuxième attitude qu'a prise l'Insee en définissant le zonage en aires urbaines (ZAU).

Insee Méthodes n° 109 18

Deux besoins ont été précisés par les Directions régionales de l’Insee pour ce zonage :

- Le premier portait sur la prise en compte de l'aire d'influence des centres urbains, sur leur environnement immédiat. Un moyen de mesure généralement proposé de cette influence était les flux domicile-travail, en y incluant éventuellement des informations sur les équipements provenant de l'inventaire communal.

- Le deuxième besoin, exprimé surtout par des régions à fort caractère rural, était une meilleure connaissance du monde rural, qu'il soit dynamique ou en voie de désertification.

Les critiques qui furent émises sur les ZPIU concernaient :

- l'utilisation contestable d'une variable de dynamisme démographique (% de la variation de population), variable qui pouvait ensuite être utilisée pour décrire le zonage et produire des tautologies (du style : les ZPIU, par essence dynamiques, sont dynamiques) ;

- la problématique des pôles qui n'était pas exprimée clairement. La délimitation des unités urbaines d'une part, et du reste des ZPIU d'autre part, était en effet traitée de manière relativement distincte, sans lien apparent. Les migrations alternantes étaient utilisées uniquement en niveau, sans tenir compte de leurs directions ;

- le fait d'utiliser des données de recensements précédents ;

- sans être d'une très grande complexité, la définition des ZPIU n'était pas simple. Le nouveau zonage devrait non seulement être plus pertinent, mais défini de façon suffisamment simple pour que les utilisateurs se l'approprient plus aisément.

2-2- Le ZAU (zonage en aires urbaines)5

Pour permettre d’étudier les villes et leur territoire d’influence immédiate, l’Insee a défini pour la première fois en février 1996, une nouvelle nomenclature spatiale sur la base des données du recensement de population de 1990 : le zonage en aires urbaines (ZAU).

Il s'agit d'un découpage fonctionnel ayant comme maille de base les unités urbaines et les communes rurales. Fondé sur les emplois et les déplacements domicile-travail, il permet de distinguer l’espace à dominante urbaine, et par différence l’espace à dominante rurale. Le regroupement des communes en aires urbaines s'appuie essentiellement sur les flux d’actifs entre communes de résidence voisines, mettant en exergue la complémentarité entre les territoires de l’emploi et les zones résidentielles.

Le logiciel MIRABEL6, développé à l’Insee, a constitué le principal outil de construction de ce zonage. Identifiant dans un premier temps les pôles urbains offrant plus de 5 000 emplois sur leur territoire (France métropolitaine), il associe dans une deuxième étape toutes les communes (limitrophes) dont plus de 40 % des actifs occupés résidant sur leur territoire travaillent dans le pôle urbain. Un processus itératif délimite l’aire urbaine en agrégeant toutes les communes dont plus de 40% de la population active se déplace pour travailler vers cet ensemble en cours de constitution. Les communes des aires urbaines hors pôles urbains définissent les couronnes périurbaines. Enfin, les communes multipolarisées sont des communes situées hors des aires urbaines, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un ensemble d’un seul tenant.

5 Cette partie reprend des éléments de l’article de Thomas Le Jeannic « L'élaboration du zonage en aires urbaines (ZAU) » dans l’Insee Méthodes 76-77-78.

6 Méthode Informatisée de Recherche et d’Analyse de Bassins par l’Etude des Liaisons. Cf. Annexe du document.

Réflexions et avancées statistiques 199

Carte 2 : le zonage en aires urbaines de 1990 (ZAU - RP1990)

Par rapport aux ZPIU :

- la notion de commune industrielle a été abandonnée ; - la référence à la population active agricole a été également abandonnée (devenue très minoritaire) ; - l’aspect « urbain » a été traité de façon prioritaire ; - la définition des pôles urbains précède celle de l’espace péri urbain ; - seul critère de mesure de l’attraction urbaine : les migrations alternantes ; - mise en évidence d’espaces « multi polarisés ».

Définitions adoptées et argumentaires :

- « Pôles urbains » C’est la notion de ville qu’il s’agissait d’approcher. L’unité urbaine est retenue. La question a ensuite été celle de la sélection : sur le nombre d’habitants ? d’emplois? Quel seuil ? L’inconvénient de prendre un nombre d’habitants était de prendre des villes peuplées mais qui ne remplissent qu’une fonction résidentielle (e.g. grosses banlieues urbaines). Un simple seuil de population s’avérant insuffisant, une idée a été de prendre en compte également les taux d’emploi (emplois lieu de travail/actifs résidents ayant un emploi). L’inconvénient de cette approche était la non stabilité de la situation de pôles urbains due à l’évolution des taux d’emploi. Il a été décidé de revenir à une définition plus simple : plutôt qu’un seuil de population, on a choisi un seuil d’emploi, ce qui sous-entend un certain niveau d’attractivité.

� pôle urbain : unité urbaine offrant 5 000 emplois ou plus et n’appartenant pas à la couronne péri

urbaine d’un autre pôle urbain.

Insee Méthodes n° 109 20

- « Aires urbaines – couronnes péri urbaines » L’élément déterminant dans la définition du péri urbain est l’attraction qu’exerçaient les emplois de la ville sur celui-ci. L’utilisation des migrations alternantes s’est imposée logiquement. Le logiciel Mirabel a été utilisé. Les différents tests réalisés ont déterminé le choix du seuil (40%, cf. infra).

� aire urbaine : ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain et

par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.

- « Communes multi polarisées » Cette catégorie résulte de la volonté de prendre en compte la multi polarité, le fait qu’une commune fortement attirée par des emplois urbains situés dans différents pôles était également péri urbaine. L’idée a été que les communes attirées par plusieurs pôles devaient en outre former un ensemble connexe avec eux et leur couronne péri urbaine. Pour que cet ensemble de communes soit un complément des aires urbaines, on a considéré les flux allant vers les aires urbaines (pôles et couronnes). Par souci de cohérence, le seuil est de 40%.

� communes multi polarisées : communes rurales et unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont

au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un ensemble d’un seul tenant.

L’espace à dominante urbaine était ainsi constitué par l’ensemble des aires urbaines et des communes multi polarisées. L’espace à dominante rurale était défini de manière résiduelle par rapport à l’espace à dominante urbaine, à savoir comme l’ensemble des communes rurales et unités urbaines n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine.

2-3- Le complément rural du ZAU

En collaboration avec l’Insee, l’Inra a suggéré des règles complémentaires destinées à détailler les résultats concernant la partie dite « à dominante rurale » du zonage en aires urbaines (Hilal et Schmitt, 1997 ; Inra et Insee, 1998). C’est la typologie dite du « complément rural », pour laquelle on utilise les mêmes critères à savoir les emplois et les navettes domicile-travail (ZAU-R version 1998). La version 1998 du complément rural répartissait en 4 grandes catégories les communes constitutives de l’espace à dominante rurale, en s’appuyant sur les considérations suivantes. Tout d’abord, l’image donnée de l’espace rural par l’espace à dominante rurale du ZAU est celui d’un espace rural résiduel de l’urbain et, surtout, d’un rural homogène, voire uniforme. Or, l’espace rural est, lui aussi, structuré par des pôles d’activités économiques, des pôles d’emploi, de taille certes inférieure aux pôles urbains mais dont le rôle en termes de polarisation économique et sociale ne peut être contourné. De plus, s’il est logique de vouloir distinguer parmi les zones sous influence urbaine, les communes où celle-ci est la plus forte (les « espaces périurbains »), rien ne permet de dire que l’influence des villes s’arrête brutalement au seuil de 40 % d’actifs résidents allant travailler dans les aires urbaines.

Réflexions et avancées statistiques 219

Ces éléments ont conduit à la distinction, au sein de l’espace à dominante rurale, des quatre catégories suivantes :

- les communes sous faible influence urbaine : communes ou unités urbaines dont 20 % ou plus des actifs vont travailler dans l’une quelconque des aires urbaines ;

- les pôles ruraux : communes ou unités urbaines qui regroupent 2 000 emplois ou plus et dont le nombre d’emplois est supérieur ou égal au nombre d’actifs résidents ;

- la périphérie des pôles ruraux : communes ou unités urbaines qui ne sont pas sous faible influence urbaine et dont plus de 20 % des actifs vont travailler dans l’un quelconque des pôles ruraux ;

- le rural isolé : communes ou unités urbaines n’appartenant à aucune des 3 catégories précédentes.

Figure 3 : le ZAU-R de 1990

Insee Méthodes n° 109 22

2-4- Le ZAUER (zonage en aires urbaines et aires d’Emploi de l’espace Rural)

Le ZAU a été actualisé en 2002 à partir des déplacements domicile-travail du RP99. A cette occasion, une révision des définitions du « complément rural » a été réalisée. Les principaux arguments pour cette refonte ont été qu’il fallait dans l’édition de 2002 :

- adopter une méthodologie cohérente avec celle des ZAU (seuil de 40%)7,

- privilégier la polarisation de l’emploi dans l’espace à dominante rurale (abaissement du seuil à 1 500 emplois, suppression du caractère relatif au taux d’emploi, suppression du rural sous faible influence urbaine)8.

Dans le cadre d’une coopération avec l’Inra, le ZAU a ainsi été complété par une subdivision du rural en aires d’emploi de l’espace rural, c’est le ZAUER . Dans l’espace à dominante rurale, on identifie les pôles d’emploi de l’espace rural (au moins 1 500 emplois). Ce sont en général de petites villes exerçant une forte attraction sur les communes qui les entourent, mais aussi des communes comportant un ou plusieurs grands établissements sur leur territoire. Comme pour les aires urbaines et sur les mêmes critères, l’Insee a délimité la couronne des pôles d’emploi de l’espace rural. La troisième catégorie qui découpe l’espace à dominante rurale sont les autres communes de l’espace à dominante rurale (celles qui sont hors espace à dominante urbaine et hors aires d’emploi de l’espace à dominante rurale).

Plus précisément :

- les pôles d’emploi de l’espace rural : communes ou unités urbaines qui regroupent plus de 1 500 emplois;

- les couronnes des pôles d’emploi de l’espace rural : communes ou unités urbaines dont 40 % ou plus des actifs vont travailler dans le pôle d’emploi ou dans une autre commune de la couronne. Une aire d’emploi de l’espace rural est constituée d’un pôle d’emploi de l’espace rural et de sa couronne;

- les autres communes de l’espace à dominante rurale : communes ou unités urbaines qui ne font pas partie des deux catégories précédentes.

7 Acceptable dans l’idée d’une harmonisation des définitions, il réduit considérablement le territoire directement structuré par les pôles d’emploi de l’espace rural.

8 Cette modification, associée à la suppression de toute référence au taux d’emploi, fait passer, de 335 à 585 en 1990 et de 329 à 525 en 1999, le nombre de pôles réputés structurer économiquement l’espace à dominante rurale.

Réflexions et avancées statistiques 239

Le tableau 2 résume les modifications des définitions du « complément rural » entre 1990 et 1999.

Tableau 2 : évolution des concepts entre 1990 et 1999 du « complément rural »

1990 1999

Intitulé Définition Intitulé Définition

1 Rural sous faible influence urbaine

20% ou plus des actifs vont travailler dans une aire urbaine

Suppression

2 Pôles ruraux Seuil à 2 000 emplois et Emploi au lieu de travail > Emploi au lieu de résidence

Pôles d’emploi de l’espace rural

Abaissement du seuil à 1500 emplois et suppression de la condition Emploi au lieu de travail > Emploi au lieu de résidence

3 Périphérie des pôles ruraux

20% ou plus des actifs vont travailler dans un pôle rural

Communes des pôles d’emploi de l’espace rural

Méthodologie analogue aux aires urbaines (seuil de 40% avec effet « boule de neige », ensemble d’un seul tenant et sans enclave)

4 Rural isolé Ni sous faible influence urbaine, ni pôle rural, ni périphérie des pôles ruraux

Autres communes de l’espace à dominante rurale

Ni pôles d’emploi de l’espace rural, ni communes des pôles d’emploi de l’espace rural

Critique parfois formulée sur cette modification de définition :

Extrait « Actualisation du zonage en aires urbaines et de son complément rural » 9

La suppression de la distinction entre un « rural sous faible influence urbaine » et un « rural isolé » se traduit par la création d’une vaste catégorie : « Autres communes de l’espace à dominante rurale ». Alors que le maintien de la version 1998 du découpage aurait permis de considérer qu’en 1999, près d’un quart du territoire national est concerné par une influence faible des villes et qu’un autre quart formait un rural plus à l’écart de cette influence, plus isolé, la version 2002 considère comme indifférenciée cette moitié du territoire national (source : INRA-ENESAD).

9 http://www2.dijon.inra.fr/cesaer/wp-content/uploads/2012/10/BSetal-rappCGP- text.pdf

Insee Méthodes n° 109 24

Figure 4 : le ZAU-R mis à jour en 1999

La comparaison des figures 3 et 4 permet de visualiser la forte extension des aires urbaines et du territoire concerné par la multipolarisation urbaine, autour de la plupart des pôles urbains et notamment en périphérie de l’agglomération parisienne.

Si l’espace rural sous faible influence urbaine concerne une portion faiblement décroissante du territoire national (24 à 22 % en superficie des communes concernées), le territoire couvert par ce type d’espace a été profondément renouvelé au cours de la période intercensitaire : c’est la moitié de son territoire d’origine qui a été absorbée par l’espace à dominante urbaine, territoire remplacé, quantitativement à l’identique, par l’éloignement de sa frontière externe au détriment du rural isolé (Cavailhès et Schmitt, 2002). L’extension spatiale de l’influence des villes, sous ses diverses formes, se traduit par une contraction spectaculaire du territoire que cette classification considère comme formant le « rural isolé ».

La figure 5 présente les résultats de la nouvelle définition du « complément rural » 1999. La simplification du découpage par suppression de la distinction entre un « rural sous faible influence urbaine » et un « rural isolé » y est manifeste. Les changements dans la nomenclature ont conduit à :

1) un accroissement des pôles d’emploi du rural par rapport aux pôles ruraux

Des pôles ruraux aux pôles d’emploi de l’espace rural : la définition initiale des pôles ruraux retenait deux critères : un seuil d’emplois agglomérés dans l’unité urbaine ou la commune rurale (entre 2 000 et 4 999 emplois) et un taux d’emploi (emplois locaux/actifs résidents) supérieur à 1. Ce critère avait vocation à ne retenir en pôle rural que des unités urbaines ou communes rurales susceptibles d’être attractives pour les populations actives environnantes et donc susceptibles d’avoir une périphérie. Mais cela ne semble pas introduire de modifications déterminantes, si ce n’est l’augmentation du nombre de pôles par diminution du seuil de 2 000 à 1 500 emplois.

Réflexions et avancées statistiques 259

2) un rétrécissement important de la périphérie de ces pôles, du fait de l’élévation du seuil de migrations alternantes avec le pôle

De la périphérie des pôles ruraux aux couronnes des pôles d’emploi de l’espace rural : la nouvelle définition débouche sur un nombre important de pôles d’emploi de l’espace rural n’ayant aucune périphérie. La catégorie formée par les couronnes des pôles d’emploi de l’espace rural ne comporte qu’un très faible nombre de communes et une population très peu nombreuse.

Figure 5 : le ZAU-R mis à jour en 2002

Insee Méthodes n° 109 26

3) une indifférenciation entre rural sous faible influence urbaine et rural isolé, dans la catégorie «autres communes de l’espace à dominante rurale».

De la distinction entre « rural sous faible influence urbaine » et « rural isolé » aux « Autres communes de l’espace à dominante rurale » : la disparition simultanée du rural sous faible influence urbaine et du rural isolé semble la partie la plus délicate de la révision du complément rural. En effet, cette distinction trouve sa justification dans une différenciation du fonctionnement économique et social de ces catégories. Conceptuellement, le fonctionnement du rural sous faible influence urbaine se situe à mi-chemin entre un fonctionnement de périphérie urbaine et un fonctionnement d’espace rural. De la même façon, les communes périurbaines (couronnes périurbaines et communes multipolarisées) ne peuvent être assimilées à l’urbain. Les différences morphologiques, organisationnelles, fonctionnelles entre pôles urbains et espaces périurbains sont en effet considérables comme l’attestent certains travaux (Inra et Insee, 1998 ; Cornier, 1999 ; Hilal et Sencébé, 2002). On peut ajouter que la perception qu’ont les périurbains de l’espace dans lequel ils résident les rapproche plus des « ruraux » que des « urbains » (Perrier-Cornet, 2002).

Conclusion du rapport (INRA-ENESAD) : Les changements de définitions intervenus entre les versions 1998 et 2002 du zonage en aires urbaines et de son complément rural n’altèrent que peu l’image de l’espace rural et de ses dynamiques. Cependant, l’indifférenciation entre un rural sous faible influence urbaine et un rural isolé pose un certain nombre de problèmes dans la mesure où elle peut produire une image faussement dynamique de l’espace rural « résiduel », la dynamique d’une partie, non négligeable, de cet espace pouvant être imputable à une influence même faible de la ville.

Réflexions et avancées statistiques 279

2-5- Les territoires vécus

La carte des territoires vécus édition 2002 ci-dessous présentent le ZAUER ainsi que l’organisation territoriale des services10. La superposition sur une même carte du ZAUER et de l’organisation des services montre comment les personnes vivent leur territoire, soit en allant travailler, soit en allant faire leurs courses ou d’autres activités.

Carte 6 : les territoires vécus

10 Ce deuxième aspect est décrit plus loin dans le document, dans la partie concernant les Bassins de vie.

Insee Méthodes n° 109 28

3- Rénovation du zonage en aires urbaines (2010)

En 2009, une révision du ZAUER était nécessaire, d’une part parce que les données étaient anciennes (version 2002 sur RP 1999), et d’autre part parce que les unités urbaines qui fondent ce zonage devaient elles-mêmes être révisées.

Suite au rapport Cuillier du CNIS « Statistiques et nouvelles tendances de localisation des populations et des activités sur le territoire », la commission Territoire a donné le coup d’envoi à la révision du zonage en aires urbaines en 2009, en précisant en particulier les objectifs. Le zonage en aires urbaines et aires d’emploi de l’espace rural serait reconduit comme identifiant les degrés d’influence des villes sur son environnement et non comme une partition « urbain/rural », en prenant en compte l’évolution de l’étalement urbain.

Les principales remarques des utilisateurs sur le zonage ZAU et son complément rural (2002) étaient relatives à la complexité du zonage, aux modalités de partitionnement (polarisation, seuil), à une définition du rural en «négatif» par rapport à l’urbain et à une couverture « insuffisante » du rural :

- Le principe d’agrégations successives, principe même de la construction du zonage avec l’effet « boule de neige »

- Le seuil de 40% est parfois jugé arbitraire.

- Ce zonage ne couvre pas l’ensemble du territoire.

- Le vocabulaire utilisé n’est pas toujours approprié et contribue à la confusion : aire/espace ; urbain/rural ; pôles urbains/d’emploi ; périurbain ; mono/multipolaire …

- L’utilisation d’une terminologie simplifiée, par les décideurs et parfois aussi par les statisticiens, renforce cette confusion : le périurbain devient urbain et son extension est mesuré par la superficie des communes qui deviennent périurbaines entre deux recensements … L’assimilation est telle que la périurbanisation devient synonyme d’étalement urbain et de surconsommation d’espace, alors même que les différences morphologiques, organisationnelles, fonctionnelles entre pôles urbains et espaces périurbains sont considérables. Le rural de son côté est pensé en oubliant les petites villes.

- Certaines aires urbaines sont artificiellement vastes et correspondent :

o soit à plusieurs « bassins d’emploi » pour lesquels il conviendrait de pouvoir identifier les pôles secondaires et leur aire d’influence,

o soit à une vaste aire artificielle qui provient du fait qu’on a utilisé comme amorce du processus d’agrégation une unité urbaine composée de plusieurs pôles d’emploi morphologiquement connexes mais n’ayant pas nécessairement une forte continuité économique (Paris-Melun, Marseille-Aix …). A cet égard, les périmètres des unités urbaines de 1968 semblent délimiter des cœurs urbains ayant plus de sens économique que les périmètres des unités urbaines d’aujourd’hui.

- Pour le complément rural - remarques concernant les modifications de définitions :

o la périphérie des pôles ruraux : le passage à une définition identique à celle retenue pour les couronnes périurbaines (40% des actifs occupés dans un pôle rural avec effet boule de neige) a débouché sur un nombre important de pôles ruraux sans périphérie. Cette catégorie est difficilement utilisable à des fins d’analyse statistique. Elle est souvent agrégée avec la catégorie « pôle d’emploi de l’espace rural » pour former la catégorie « aire d’emploi de l’espace rural ».

Réflexions et avancées statistiques 299

o la disparition de la catégorie « rural sous influence urbaine », pour la raison qu’on y retrouvait des communes très éloignées d’un pôle urbain, est regrettée par beaucoup d’utilisateurs. Conceptuellement, son fonctionnement se situe à mi chemin entre un fonctionnement de périurbain et un fonctionnement d’espace rural. A ce titre, de la même façon que les communes périurbaines ne peuvent être assimilées à l’urbain, les communes de cette catégorie ne peuvent pas être assimilées à celles du rural isolé.

Le zonage en aires urbaines a été révisé dans le cadre d’un groupe de travail interministériel réunissant : l’Insee ; la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité régionale (Datar) ; la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Santé ; le service de l’Observation et des Statistiques (SOeS) du ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement ; le service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire ; le département des Études et des Statistiques locales de la Direction Générale des Collectivités Locales au ministère de l’Intérieur (DGCL) ; l’agence d’urbanisme et de développement de Lille métropole ; le centre d’économie et sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux de l’institut national de la Recherche agronomique (Inra).

4- La méthode pour le zonage ZAU 2010

Principes de base

- Le nouveau zonage s’appuie sur les nouvelles unités urbaines 2010.

- Les indicateurs utilisés pour la construction du zonage sont l’emploi et les déplacements domicile-travail.

- Le nouveau zonage est construit sur la base des données du recensement de la population de 2008

(enquêtes annuelles de recensement de 2006 à 2010), les simulations ont été faites avec les données du recensement de 2006.

- Les conditions de contigüité et de connexité (aire d’un seul tenant) du zonage actuel sont conservées.

- La révision porte aussi sur les DOM.

La révision des seuils

Le ZAUER de 2002 définissait les aires urbaines sur la base de deux seuils principaux :

- le seuil permettant de définir un pôle urbain comme une unité urbaine de plus de 5 000 emplois

- le seuil d’attraction de 40 % pour définir les couronnes (monopolaires) et les communes multipolarisées.

Les premiers travaux du groupe ont consisté à réexaminer ces seuils :

Seuil d’attraction à 40 % ou à 50 %

Des simulations avec un seuil à 50 % ont été réalisées avec les données du RP 1999 et les données du RP 2006. Ces simulations ont montré une différence non négligeable avec les simulations basées sur un seuil à 40 % en termes de superficie des aires urbaines. Le groupe de travail a finalement retenu le seuil de 40 % avec les arguments suivants :

- Continuité par rapport au zonage précédent et donc comparaisons plus simples : plus précisément le « coût » du changement de seuil ne semble pas compatible avec le fait de perdre en comparaison temporelle.

Insee Méthodes n° 109 30

- La prise en compte du seuil de 50 % implique l’existence de nombreux pôles sans couronne.

- La remontée des seuils favorise la juxtaposition d’aires réduites dans des espaces denses où on s’attend à une polarisation unique.

- La mesure du phénomène de périurbanisation ne justifie pas un relèvement de seuils.

- La superposition entre les nouvelles zones d’emploi (simulées avec le RP 2006 et hors contraintes d’action publique) et aires urbaines basées sur un seuil à 40 % s’avère satisfaisante.

Seuil de définition des aires urbaines à 10 000 emplois (au lieu de 5 000 emplois)

Des tests de simulation avec un seuil à 10 000 emplois ont été réalisés.

Constat : Le passage de 5 000 à 10 000 emplois fait perdre 6 % de la population et 10 % des emplois, ce qui est peu par rapport au nombre d’aires urbaines. Le multipolarisé est fortement réduit.

Finalement le groupe de travail a décidé de relever le seuil à 10 000 emplois avec les arguments suivants :

- Meilleure cohérence avec les communautés d’agglomération (CA), les communautés urbaines (CU) mais aussi les zones d’emploi construites hors contraintes d’action publique et donc basées sur une définition «purement statistique» des bassins d’emploi.

- Mise en évidence d’aires urbaines principales.

- Le relèvement du seuil de 5 000 à 10 000 revient à déclasser les pôles ayant le moins d’emplois et leurs aires urbaines. Le groupe a décidé que ces pôles et leurs couronnes étaient cependant un élément structurant du territoire.

- Les pôles de 1 500 à 5 000 emplois qui ont également un rôle structurant du territoire ont été conservés.

Définition des pôles

Un pôle est défini comme une unité urbaine de plus de 1 500 emplois. Cette définition est conforme à celle retenue dans l’ancien zonage. Ne sont pas prises en compte les communes rurales qui ont plus de 1 500 emplois11. Les arguments sont les suivants :

- Les communes rurales de plus de 1 500 emplois avec un ou plusieurs grands établissements sont sensibles aux chocs économiques. La pérennité de ces pôles n’est donc pas assurée.

- Retenir ou non les communes rurales de plus de 1 500 emplois n’est pas indépendant de la caractérisation du rural. Or, le groupe avait conclu à une caractérisation du rural en parallèle du zonage en croisant l’approche morphologique issue des unités urbaines avec l’approche fonctionnelle (ZAU).

- Les frontières entre l’urbain et le rural sont de plus en plus complexes. Il est donc difficile de se baser sur une distinction urbain/rural pour déterminer les pôles.

- Ne retenir que les unités urbaines est conforme aux définitions du précédent zonage (aires urbaines) à l’exception des « pôles d’emploi de l’espace rural » du ZAUER.

11 A noter que dans l’ancien zonage, les aires urbaines reposaient bien sur une notion de pôle urbain basé sur l’unité urbaine

(une commune rurale de plus de 5 000 habitants ne pouvait pas être pôle urbain). En revanche, les pôles d’emploi de l’espace rural étaient des communes ou des unités urbaines de plus de 1 500 emplois, une commune rurale de plus de 1 500 emplois pouvaient être pôle d’emploi de l’espace rural : ce n’est plus le cas avec la nouvelle méthode.

Réflexions et avancées statistiques 319

Suite aux discussions, les membres du groupe ont opté pour une définition des pôles d’emploi uniquement basée sur les unités urbaines.

Remarque : ne pas retenir les communes rurales revient à laisser de coté moins d’une soixantaine de communes rurales de plus de 1 500 emplois aux profils divers : communes touristiques, communes sièges d’un grand établissement, communes sièges d’industries….

Algorithme de définition du ZAU2010

1ère étape : détermination des pôles

Les pôles d’emploi sont des unités urbaines ayant au moins 1 500 emplois et qui n’ont pas été absorbées par une grande aire urbaine lors du processus de constitution des couronnes périurbaines (cf. étape 2).

2ème étape : les couronnes périurbaines

Ensemble constitué par des communes rurales ou unités urbaines qui envoient au moins 40% de leurs actifs vers une seule aire connexe renfermant au moins un pôle urbain. Résultat obtenu par la mise en oeuvre du processus d’agrégation itératif12. Un petit pôle peut être inclus dans la couronne d’un grand 13. Certains pôles peuvent ne pas avoir de couronne périurbaine.

� Distinction des AU>10 000 et des AU<10 000 : on différencie les AU>10 000 construites autour des pôles de 10 000 emplois ou plus et les AU<10 000 construites autour des autres pôles de 1 500 à 9 999 emplois.

3ème étape : le multipolarisé des AU>10 000

Définition : AU<10 000 ou communes rurales et unités urbaines hors AU>10 000 qui envoient au moins 40% de leurs actifs vers un espace connexe renfermant au moins deux aires urbaines de la catégorie AU>10 000.

Règles : - une unité (par exemple une commune) est classée multipolarisée si elle envoie au moins 40% de ses actifs dans les AU>10 000.

- une AU<10 000 peut devenir multipolarisée. Conséquences :

- Une AU<10 000 qui devient multipolarisée perd son statut d’AU.

- Une AU>10 000 ne peut pas devenir multipolarisée.

La mise en oeuvre s’appuie sur une méthode itérative :

- On repère tous les atomes (communes rurales et unités urbaines hors AU, AU<10 000) dont au moins 40% des actifs travaillent dans l’ensemble des AU>10 000. On établit la liste des zones connexes Z1 ainsi formées par ces atomes plus les AU>10 000.

12 Cf.Annexe - Outils Mirabel-Anabel. Effet « boule de neige », sans contrainte de contiguité mais avec un test de connexité

ex-post.

13 Ainsi, parmi les pôles définis en étape 1, certains n’apparaissent plus.

Insee Méthodes n° 109 32

- Parmi l’ensemble des atomes d’une zone Z1, on repère ceux dont au moins 40% des actifs travaillent dans les AU>10 000 de cette zone. On établit une nouvelle liste de zones connexes Z2.

- On itère, les zones étant décroissantes et incluant les AU>10 000, il y a nécessairement convergence. Dans les ZAU 1990 et 1999, le processus converge en 3 étapes. Les zones connexes Z3 constituées forment les espaces urbains. Pour chaque espace urbain, on a donc au moins deux AU>10 000 et du multipolarisé constitué par des communes rurales et unités urbaines hors AU ou des AU<10 000 «absorbées».

4ème étape : le multipolarisé restant

Définition : communes rurales ou unités urbaines hors espace urbain et hors AU (c’est-à-dire qui n’appartiennent ni à une AU quelle quel soit, ni à l’espace multipolarisé précédent) et qui envoient au moins 40% de leurs actifs vers un espace connexe renfermant au moins une aire urbaine de la catégorie AU<10 000 (sauf AU<10 000 absorbées par le multipolarisé précédent - espace comprenant plusieurs AU).

5ème étape : nettoyage

Le nettoyage consiste à « reboucher les trous14 » des aires urbaines et à éliminer les zones non connexes. Le multipolarisé des grandes aires urbaines doit être connexe à au moins une aire urbaine. Le multipolarisé restant doit être connexe à une aire urbaine (quelle que soit sa taille) ou à du multipolarisé des grandes aires urbaines. En fin de chaîne sont traitées les enclaves15. Les AU

<10 000 devenues multipolarisées et qui ne sont pas connexes au

reste du multipolarisé reprennent leur statut AU<10 000

.

Pour la définition des aires urbaines des pôles frontaliers, c’est-à-dire dont une partie de l’agglomération est située à l’étranger, les flux à destination de la partie étrangère de l’unité urbaine sont comptabilisés pour déterminer les communes appartenant à la couronne périurbaine. Cependant, les données ne concernent que la partie française de ces aires urbaines transfrontalières.

Par construction du zonage, on distingue ainsi 7 « catégories » :

1. Les pôles urbains basés sur des unités urbaines de plus de 10 000 emplois

2. Les pôles basés sur des unités urbaines de 1 500 à 10 000 emplois

3. Les couronnes des pôles + 10 000

4. Les couronnes des pôles de 1 500 à 10 000

5. Les communes multipolarisées par les pôles de plus de 10 000 emplois

6. Les communes multipolarisées mixtes (pôles de plus de 10 000 et pôles de 1 500 à 10 000)

7. Les communes isolées

14 Zones non rattachées, aucun flux sortant.

15 Zone attirée par un territoire autre que celui dans lequel elle se trouve géographiquement (petits flux en général).

Réflexions et avancées statistiques 339

5- Terminologie ZAU 2010

Le tableau 3 présente la terminologie adoptée pour le ZAU de 2010.

Tableau 3 : terminologie et concept du ZAU de 2010

code intitulé Définition

Espace des grandes aires urbaines

111 Grands pôles (plus de 10000 emplois) Unités urbaines comptant au moins 10 000 emplois.

112 Couronnes des grands pôles

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs

occupés résidents travaillent hors de leur commune de

résidence, dans un grand pôle ou dans des communes de sa

couronne.

120

Communes multipolarisées des grandes

aires urbaines

Communes situées hors des grandes aires urbaines dont au

moins 40 % des actifs occupés résidents travaillent dans

plusieurs grandes aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec

une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un espace

d’un seul tenant.

Espaces des autres aires

211 Moyens pôles (5 000 à 10 000 emplois) Unités urbaines comptant de 5 000 à moins 10 000 emplois.

212 Couronnes des moyens pôles

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs

occupés résidents travaillent hors de leur commune de

résidence, dans un pôle moyen ou dans des communes de sa

couronne.

221 Petits pôles (moins de 5 000 emplois) Unités urbaines comptant de 1 500 à moins 5 000 emplois.

222 Couronnes des petits pôles

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs

occupés résidents travaillent hors de leur commune de

résidence, dans un petit pôle ou dans des communes de sa

couronne.

Insee Méthodes n° 109 34

Autres communes multipolarisées

300 Autres communes multipolarisées

Communes situées hors de l’espace des grandes aires urbaines

(111+112+120) et hors des petites (221+222) ou moyennes

aires (211+212), dont au moins 40 % des actifs occupés

résidents travaillent dans plusieurs aires sans atteindre ce seuil

avec une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un

ensemble d’un seul tenant.

Communes isolées, hors influence des pôles

400

Communes isolées hors influence des

pôles

Ensemble des communes situées hors de l’espace des grandes

aires urbaines et hors de l’espace des autres aires.

On a par ailleurs :

111 + 112 : grandes aires urbaines

211 + 212 : moyennes aires

221 + 222 : petites aires

On définit l’espace périurbain par les regroupements 112 + 120.

Cette terminologie repose sur les grands principes suivants :

- Il faut distinguer les aires urbaines basées sur des unités urbaines de plus de 10 000 emplois. En effet le seuil de 10 000 emplois assure d'un pôle important cohérent avec la représentation qu'on peut se faire de l'urbain. Sans chercher à s'approcher d'un découpage qui est le fruit d'accords de coopération entre communes, ce seuil de 10 000 emplois permet d'avoir une meilleure "cohérence" entre les grandes aires urbaines et les formes d'intercommunalité à fiscalité propre dite "urbaines", c’est-à-dire « communautés d'agglomération » ou « communautés urbaines ». En effet, pour être créée, une communauté d'agglomération doit rassembler 50 000 habitants dont au moins 15 000 dans la commune centre (pour une communauté urbaine le seuil de création est à 500 000 habitants). Avec cette définition des grandes aires urbaines, les territoires éligibles soit à la réalisation d'une communauté d'agglomération, soit à la délimitation d'un grand pôle urbain sont plus proches.

- La caractérisation par les densités de population, évolutions démographiques, prix des maisons et des terrains à bâtir des 7 catégories initiales montre que les pôles de plus de 10 000, leur couronne et leur multipolarisé constituent des territoires cohérents. De même que le « autres communes multipolarisées ». Les communes isolées hors influence des pôles ont des valeurs d’indicateurs inférieures au groupe précédent.

Des termes existants par ailleurs comme par exemple « villes moyennes » ou « bourgs » ou « villes intermédiaires » ne sont pas repris dans cette nomenclature.

Réflexions et avancées statistiques 359

6- Codification

Les aires urbaines pour la France métropolitaine sont classées par ordre décroissant de population sans double compte au recensement de 2008, de 001 à 771. C’est donc un code à trois chiffres. Pour les DOM, le code des aires urbaines est 9B1 à 9B4 pour la Martinique, 9A1 à 9A6 pour la Guadeloupe, 9C1 à 9C4 pour la Guyane, 9D1 à 9D7 pour la Réunion.

Le code «000» correspond aux communes isolées hors influence des pôles.

Le code «997» correspond aux communes multipolarisées des grandes aires.

Le code «998» correspond à « autres communes multipolarisées».

7- Quelques chiffres16

792 aires structurent le territoire français, 85 % de la population y réside. Une aire est composée d’un pôle, unité urbaine concentrant au moins 1 500 emplois, et le plus souvent d’une couronne dessinée par les déplacements domicile-travail de la population active des communes avoisinantes. D’autres communes n’entrent pas dans l’aire d’un pôle particulier mais sont sous l’influence de plusieurs pôles, ce sont les communes multipolarisées. En ajoutant les 11 000 communes concernées, ce sont 95 % de la population, soit 61 millions de personnes, qui vivent ainsi sous l’influence des villes.

Tableau 4 : la population dans les catégories du ZAU

Nombre de communes Effectif Pourcentage

Densité de population

(habitants/km 2) Espace des grandes aires urbaines 19 542 52 811 633 82,6 204 Grandes aires urbaines (241 aires) 15 562 49 515 981 77,4 239 Grands pôles urbains (au moins 10 000 emplois) 3 257 37 836 276 59,2 819 Couronne des grands pôles urbains 12 305 11 679 705 18,3 72 Communes multipolarisées des grandes aires urbaines 3 980 3 295 652 5,2 64

Espace des autres aires 2 710 4 804 679 7,5 66 Moyennes aires (131 aires) 1 250 2 273 713 3,6 81 Moyens pôles (de 5 000 à moins de 10 000 emplois) 447 1 924 141 3,0 117 Couronne des moyens pôles 803 349 572 0,5 30 Petites aires (420 aires) 1 460 2 530 966 4,0 57 Petits pôles (de 1 500 à moins de 5 000 emplois) 873 2 363 821 3,7 64 Couronne des petits pôles 587 167 145 0,3 22

Autres communes multipolarisées* 7 035 3 337 968 5,2 32

Communes isolées hors influence des pôles 7 412 3 007 579 4,7 15

Ensemble 36 699 63 961 859 100 101dont ensemble des aires 18 272 54 320 660 85 194

* ce sont des communes attirées par au moins deux aires hors de l'espace des grandes aires urbaines.Champ : France (hors Mayotte).Source : Insee, recensement de la population de 2008.

Population 2008

16 Le nouveau zonage en aires urbaines de 2010 - 95 % de la population vit sous l’influence des villes - Chantal Brutel, division Statistiques régionales, locales et urbaines et David Levy, pôle Analyse territoriale, Insee Insee Première n°1374, octobre 2011.

Poursuite de la périurbanisation et croissance des grandes aires urbaines - Jean-Michel Floch, département de l’Action régionale et David Levy, pôle Analyse territoriale, Insee Insee Première n°1375, octobre 2011.

Insee Méthodes n° 109 36

De 1999 à 2008, l’espace des grandes aires urbaines s’est fortement étendu (+ 39,2 %). Il représente aujourd’hui près de la moitié du territoire (46,1 %), contre un tiers dix ans auparavant ; il englobe plus de 80 % de la population et des emplois. Les grands pôles urbains, dont la surface s’est accrue de 22 %, concentrent toujours la majorité de la population (58,8 %) et des emplois (70 %). Mais la croissance est encore plus élevée aux périphéries qu’aux centres, qu’il s’agisse des couronnes ou des espaces multipolarisés des grandes aires. Les couronnes des grandes aires constituent désormais la catégorie la plus étendue du zonage (28,6 % du territoire) : leur superficie dépasse celle des communes isolées hors influence des villes.

D’une manière générale, lorsque un zonage évolue, il est judicieux d’analyser ces deux effets : extension (territoriale) et densification (croissance interne de population). Pour mesurer l’évolution des grandes aires urbaines, la méthode de zonage élaborée en 2010 est appliquée aux données des recensements de la population de 1999 et 2008. Les contours des aires ainsi obtenues à partir des données de 1999 peuvent légèrement différer de celles de l'ancien zonage.

Pour chacune des grandes aires urbaines, les évolutions de sa population sur la période 1999-2008 sont décomposées selon les effets d’extension territoriale et de densification, deux formes d’accroissement de l’emprise territoriale de la ville :

- l’effet d’extension territoriale est lié au fait que des actifs viennent travailler de plus loin dans les pôles urbains ; il est mesuré par le nombre d’habitants en 1999 dans les nouvelles communes rattachées à l’aire.

- l’effet de densification apparaît lorsque des territoires déjà sous influence urbaine gagnent en population ; il est mesuré par l’accroissement de la population entre 1999 et 2008 à périmètre constant (celui de 2010). Pour pouvoir comparer ensuite les aires entre elles, malgré leur différence de tailles, les effets calculés sont rapportés à la population en 1999 dans le périmètre initial.

Tableau 5 : décomposition et évolution de la population dans les grandes aires urbaines

Pôle Couronne Ensemble Pôle Couronne Ensemble Pôle Couronne EnsemblePopulation 24,7 21,0 45,7 22,8 31,5 54,3 47,5 52,5 100,0Emploi 59,5 10,2 69,7 13,9 16,3 30,3 73,5 26,5 100,0

Lecture : 45,7 % de l'augmentation de la population dans les grandes aires urbaines s'explique par l'effet densification (augmentation de population à périmètre constant), dont 24,7 % dans les pôles et 21,0 % dans les couronnes.Champ : grandes aires urbaines de France métropolitaine.Source : Insee, recensements de la population de 1999 et 2008.

Évolution due à la densification

Évolution dueà l'extension territoriale

Évolution totale

en %

Remarque - définitions :

- La périurbanisation désigne le phénomène d’installation des populations dans les couronnes des pôles (densification ou/et extension des couronnes).

- L’étalement urbain désigne, selon la définition de l’Agence européenne de l’Environnement, toute extension des surfaces artificialisées supérieure à celle de la population. Cette dilatation de l’espace urbain se traduit par une diminution de la densité des zones urbanisées du fait d’une extension géographique plus rapide que la croissance démographique. En d’autres termes, l’étalement urbain décrit le fait que les villes croissent en surface et que le territoire s’artificialise à un rythme beaucoup plus important que ne l’imposerait le seul facteur démographique.

Réflexions et avancées statistiques 379

8- Correspondance entre ancien et nouveau zonage

La correspondance entre ancien et nouveau zonage est rendue complexe d’une part par l’existence des communes de l’espace « autre multipolarisé » qui n’avait pas d’équivalent dans l’ancien zonage, et d’autre part par le fait que les étapes de l’algorithme de calcul sont différentes. On peut toutefois, pour donner une idée, dresser la table suivante.

Modifications par rapport au zonage précédent (ZAUER 1999) :

- On divise en 3 types d’aires selon la taille du pôle :

* les UU>10 000 (GAU – auparavant les UU> 5 000 étaient des pôles urbains)

* les UU entre 5 000 et 10 000 (moyens pôles – auparavant considérés comme des pôles urbains)

* les UU entre 1 500 à 5 000 (petits pôles – auparavant pôles d’emploi de l’espace rural – uniquement UU en 2010, on n’accepte plus les communes rurales).

L’équivalent du zonage précédent sur les pôles urbains nous amènerait à retenir comme pôles urbains (et aires urbaines) les aires des grands et moyens pôles.

� 241 GAU et 131 moyennes aires (=372 GAU + moyennes aires) contre 354 aires urbaines dans le ZAUER.

� 420 petites aires contre 525 aires d’emploi de l’espace rural dans le ZAUER (dont parmi les 525, certaines communes rurales pôles ce qui n’est plus le cas en 2010 puisqu’on ne considère plus que les UU).

- Création d’une catégorie « Autres communes multi polarisées » : La nouvelle catégorie « Autres communes multipolarisées » est une façon de renouer partiellement avec l’ancien « rural sous influence urbaine » et ainsi, de séparer l’espace résiduel en deux, le « polarisé » malgré tout donc sous influence des villes, et le « non polarisé » que l’on appelle maintenant « communes isolées hors influence des pôles ».

- Suppression de toute allusion à « urbain/rural », sauf pour les GAU. L’objectif était de clarifier que le zonage en aires urbaines n’est pas une partition urbain/rural. On supprime ainsi la distinction « dominante urbaine » / « dominante rurale ». On supprime le terme de « pôle urbain » (qui faisait référence au UU>5 000), remplacé par « pôle » et on supprime « couronne périurbaine » qui devient « couronne ». On supprime le terme « pôle d’emploi de l’espace rural » (qui devient « petit pôles » - ils sont en partie urbains au sens des UU). On utilise néanmoins le terme « urbain » pour les grandes aires (espaces de grandes aires urbaines). On parle aussi d’espace péri urbain pour désigner la couronne et le multi polarisé des grandes aires urbaines.

- On ne parle plus « d’étalement urbain », qui auparavant été parfois assimilé à l’extension du péri urbain. Le ZAU ne représente par construction ni plus ni moins que des bassins d’emploi centrés sur des villes. Il n’est pas fait pour étudier l’étalement urbain (ni l’accès de la population aux équipements).

zonage ZAUER 1999zonage ZAU-2010 pôle urbain couronne multipolarisé pôle d'emploi de

l'espace rural

couronne des

pôles ruraux

autres communes de l'espace à

dominante ruralemultipolarisé des grandes aires Xcouronne des grands pôles Xgrands pôles Xcommune shors influence des pôles Xcouronne des moyens pôles Xmoyens pôles Xautre multipolarisé X Xcouronne des petits pôles Xpetits pôles X

Insee Méthodes n° 109 38

9- Les espaces hors de l’influence urbaine dans le ZAU 2010

Le précédent zonage 2002 distinguait « l’espace à dominante urbaine » de celui « à dominante rurale ». Ce choix a fait l’objet de plusieurs critiques reprises dans le rapport Cuillier du CNIS. Il a donc été décidé de ne pas réitérer cette approche. La notion de rural n’apparaît donc pas en tant que telle dans le nouveau zonage, qui se veut avant tout une caractérisation de l’influence des villes au sens des déplacements domicile-travail.

D’un point de vue morphologique, on dispose de deux catégories issues du zonage en unités urbaines, à savoir les communes appartenant aux unités urbaines qualifiées d’urbaines et les communes hors unités urbaines qualifiées de rurales. D’un point de vue fonctionnel, on dispose des catégories du zonage en aires urbaines 2010.

Partant du constat que les frontières entre urbain et rural ne sont pas franches, il a été décidé de croiser les approches morphologiques et fonctionnelles pour mieux rendre compte des interactions entre villes et campagnes.

Plus précisément, il s’agit pour chacune des catégories du zonage en aires urbaines de comptabiliser les communes rurales ou urbaines (au sens du zonage en unités urbaines).

Cette approche a l’avantage de montrer l’imbrication du « rural » et de l’«urbain ». Elle met en évidence la présence simultanée de communes rurales et urbaines au sein des mêmes zones d’échanges entre domicile et travail. Par définition, les pôles sont constitués de communes urbaines uniquement mais dans les couronnes des pôles, plus de la moitié des communes sont rurales. Le graphique et le tableau suivants présentent ce croisement des approches. Graphique 1 : part de la population urbaine et rurale selon la catégorie du zonage en aires urbaines

Réflexions et avancées statistiques 399

Tableau 6 : croisement des catégories d’aires urbaines et caractéristiques urbain/rural des communes

Ce croisement montre d’une part que les communes rurales ne sont pas seulement présentes dans la catégorie des « communes isolées hors influence des pôles » mais également dans les couronnes des pôles. D’autre part, la catégorie « communes isolées hors influence des pôles » comprend des communes urbaines. Il s’agit de petites unités urbaines de moins de 1 500 emplois.

Remarque : A noter que sur le fond, le ZAUER proposait cette même notion d’identification d’espaces sous influence urbaine (sur des critères qui ont évolué bien sûr). Ce qui a été abandonné n’est pas tant l’approche que la sémantique autour de ce nouveau zonage ZAU2010 (on ne parle plus de rural ni d’urbain, mais d’influence urbaine – sauf pour les grandes aires urbaines, même si on observe la présence de communes rurales au sens des UU dans leurs couronnes).

Insee Méthodes n° 109 40

Carte 6 : les UU 2010 (rouge) et contour des Aires Urbaines 2010 (hors multipolarisé) – géographie 2011 (Insee)

Réflexions et avancées statistiques 41

CHAPITRE 3 UNE NOUVELLE APPROCHE SUR LES ESPACES À FAIBLE

ET FORTE DENSITÉ

Insee Méthodes n° 109 42

Réflexions et avancées statistiques 43

L’espace rural n’a pas de définition précise et de multiples notions sont utilisées dans les études ou pour la conduite des politiques publiques. Les définitions existantes ont souvent été conçues pour mesurer les phénomènes économiques et sociaux sur des territoires où la « campagne » était prédominante. En 2011, la Commission européenne a mis au point une nouvelle méthode fondée sur des critères de densité et de population selon un principe d’agrégation de carreaux de 1 kilomètre de côté. Le point de départ de cette typologie « degré d’urbanisation » est bien l’urbain. Néanmoins, dans le cadre d’une réflexion sur la notion de rural, l’Insee a élargi cette méthode afin d’identifier des espaces de moindre densité, assimilables à des espaces de ruralité.

1- Définition générale

L’Insee a utilisé la nouvelle typologie européenne « Degré d’urbanisation » qui a été conçue en 2011 par la Commission européenne. Elle est fondée sur des calculs de densité et de population selon un principe d’agrégation de carreaux de 1 kilomètre de côté.

A partir de carreaux de 1 kilomètre de côté, on forme des mailles urbaines, agrégations de carreaux contigus qui remplissent deux conditions : une densité de population au carreau d’au moins 300 habitants par km2 et un minimum de 5 000 habitants. Dans une démarche identique et pour définir l’urbain dense, on forme ensuite des mailles urbaines denses qui remplissent deux conditions : une densité de population au carreau d’au moins 1 500 habitants par km2 et un minimum de 50 000 habitants.

L’ajout d’un degré de ruralité à cette typologie européenne consiste à appliquer une méthode identique en ciblant sur les zones moins denses : on forme ainsi des mailles rurales intermédiaires qui remplissent deux conditions : une densité de population au carreau d’au moins 25 habitants par km2 et un minimum de 300 habitants.

La part de la population de chaque commune dans les mailles urbaines denses, urbaines, rurales intermédiaires et en dehors de toute maille permet de distinguer les communes en quatre catégories (cf. carte 1) :

1- Communes densément peuplées : si la part de la population dans les mailles urbaines denses est supérieure à 50% ;

2- Communes de densité intermédiaire : si la part de la population dans les mailles urbaines est supérieure à 50% (et que la commune n’a pas été classée 1- précédemment) ;

3- Communes peu denses : si la part de la population en dehors de toute maille est inférieure ou égale à 50% (et que la commune n’a pas été classée 1- ni 2- précédemment) ;

4- Communes très peu denses : si la part de la population en dehors de toute maille est supérieure à 50%.

Les carreaux de 1 kilomètre sont utilisés pour garder les seuils européens. En revanche, ce sont des carreaux de 200 m qui sont utilisés pour la 4e catégorie et pour approcher le contour des communes. Les données carroyées sont disponibles sur la France métropolitaine, ainsi que pour la Réunion et la Martinique. La typologie ne peut ainsi être construite sur les autres Dom.

Ce travail à partir de la population carroyée permet de mieux rendre compte de la dispersion spatiale de la population sur le territoire, ce que ne permet pas la densité de population. Par exemple, la commune d’Arles est la plus étendue de France métropolitaine avec une densité de 69 habitants au km², contre 105 en moyenne pour les communes de France métropolitaine. Pourtant, sa population est concentrée sur un espace limité, le long du Rhône. Avec cette nouvelle typologie, Arles est classée en densité intermédiaire.

Insee Méthodes n° 109 44

Carte 1 : La typologie européenne élargie

Réflexions et avancées statistiques 45

2- Les différentes approches du rural

Longtemps associée à une activité agro-alimentaire, la notion de ruralité fait aujourd’hui davantage référence à un mode de vie, à la nature des paysages et à leurs ressources.

À l’Insee, deux principales approches du rural ont été précédemment utilisées, l’une « morphologique » et l’autre « fonctionnelle ». Celles-ci définissent le rural de façon résiduelle par rapport à l’urbain, mais elles se différencient par la manière de caractériser les territoires, selon la forme d’urbanisation, et le lien par rapport aux pôles d’emploi.

L’approche morphologique repose sur une définition de « l’urbain » au sens des unités urbaines (UU - cf. chapitre 1), établies pour les plus récentes en 2010. Les unités urbaines sont construites sur des critères de continuité du bâti et de population : l'unité urbaine est une commune ou un ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone bâtie d'au moins 2 000 habitants où aucune habitation n'est séparée de la plus proche de plus de 200 mètres. En outre, chaque commune concernée possède plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie. Toutes les communes n’appartenant pas à une unité urbaine étaient considérées comme rurales. L'urbain ainsi défini représentait la ville, le rural la campagne. Cette approche, née dans les années 1950, est encore utilisée aujourd’hui à l’Insee. Une critique parfois formulée est qu’elle conduirait à surestimer le territoire urbain et la population urbaine1 et qu’il faudrait utiliser des échelles infra-communales ou bien ajouter des contraintes sur la densité du bâti ou de la population. Par ailleurs, une autre critique qui lui est parfois adressée est le fait d’avoir une approche binaire et de ne pas définir différents degrés d’urbanisation.

Entre 1998 et 2009, l’approche morphologique a coexisté avec une approche dite fonctionnelle, fondée sur le zonage en aires urbaines (ZAU - cf. chapitre 2). L’espace à dominante urbaine était constitué par l’ensemble des aires urbaines et des communes multi-polarisées. Dans cette approche, le rural était ainsi défini par le résidu de l’urbain. Il représentait l’ensemble des communes rurales et unités urbaines n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine. Il s’agissait donc de l’ensemble des communes qui ne sont pas sous l’influence des villes. Cependant, dans les espaces périurbains (couronnes périurbaines et communes multi-polarisées), aux densités de population plus faibles, les paysages sont parfois marqués par des activités agricoles et forestières. Le caractère rural des espaces périurbains est d’autant plus fort qu’aujourd’hui, les modes de vie urbains et ruraux sont devenus proches : le poids du paysage devient donc déterminant dans la différenciation spatiale.

Les approches morphologiques (densité, continuité du bâti, paysages, etc.) sont donc sans doute plus proches de l’idée qu’a un citoyen de vivre dans une commune rurale ou urbaine. Aussi, avec le nouveau zonage en aires urbaines (ZAU2010), le vocabulaire change : il ne vise plus à identifier les espaces à dominantes urbaine ou rurale, il délimite ce que l’on appelle « l’espace d’influence des villes », tandis que l’approche morphologique au sens des unités urbaines permet toujours de qualifier un territoire d’urbain ou de rural.

En 2011, avec le développement des données disponibles au carreau, la nouvelle typologie européenne « degré d’urbanisation » a pu être mise en œuvre par la Commission européenne2. Cette nouvelle typologie a remplacé une typologie initialement créée en 1991. Cette dernière distinguait déjà les trois catégories actuelles3 mais la méthode était différente, fondée sur des critères de densité et de population du territoire dans sa globalité. Toutefois, les territoires étant de superficies très variables, certains territoires de grande superficie pouvaient être définis comme faiblement peuplés, malgré la présence d’une grande ville. Aussi, pour éviter ces distorsions, la nouvelle méthode s’intéresse-t-elle à la distribution de la population à l’intérieur de la commune et entre les

1 Près de 40 % des communes urbaines ont moins de 2 000 habitants.

2 Dijkstra L. et Hugo Poelman H., « A harmonised definition of cities and rural areas : the new degree of urbanisation »,

Working papers n° 01/2014, European Commission, 2014.

3 1- Communes densément peuplées ; 2- Communes de densité intermédaire ; 3- Communes faiblement peuplées (cf. 3.)

Insee Méthodes n° 109 46

communes, en découpant le territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté. Elle cherche ainsi à repérer des zones agglomérées (population nombreuse et dense - notion de « ville ») à l’intérieur de la commune et entre les communes. Dans son principe, elle est relativement proche de la notion d’agglomération utilisée dans la construction des unités urbaines, bien que les critères et les seuils appliqués soient différents.

Cette nouvelle typologie européenne « degré d’urbanisation » a alimenté de nouvelles réflexions à l’Insee sur la notion de rural et des travaux d’application au cas français. L’objectif de ces travaux est de proposer une grille d’analyse simple à comprendre, la plus neutre possible, et mobilisant des critères intuitifs d’approche morphologique du territoire par la densité et la population, en cohérence avec la typologie européenne. Cette grille élémentaire pourra ensuite être croisée avec d’autres critères pour répondre à la diversité des préoccupations autour des ruralités et aller plus loin dans l’analyse des différents espaces (descriptions, typologies, etc.).

3- La méthode pour la typologie européenne « Degré urbanisation » et son élargissement

La typologie européenne et son élargissement ont été mis en œuvre au niveau communal.

Les étapes 1 à 3 ont été appliquées telles que prévues par la Commission européenne (Eurostat/DG REGIO), sur des carreaux de 1 kilomètre de côté, en utilisant les seuils européens et en réalisant les ajustements prévus. L’étape 4 correspond à l’ajout d’un degré de moindre densité à la typologie européenne. La source des données carroyées est Revenus Fiscaux Localisés (RFL 2010).

Étape 1 : Délimitation de « l’urbain » et du « rural »

La brique de base est une grille de carreaux de 1km2. Les carreaux dont la densité est supérieure ou égale à 300 hab/km2 sont sélectionnés comme denses. On agrège les carreaux denses contigus ; la contiguïté s’étend à la diagonale. Lorsqu’on parvient à une agrégation de carreaux denses dont la population est d’au moins 5 000 habitants, cette agrégation de carreaux est appelée « maille urbaine » (urban cluster).

Sur le territoire de chaque commune, on estime la population communale qui réside dans une maille urbaine (découpée en carreaux de 200m de côté4) :

- Si la part de cette population urbaine sur la population totale de la commune est supérieure à 50 %, la commune est considérée comme étant urbaine ou intermédiaire ;

- Si elle est inférieure ou égale à 50 %, la commune est considérée comme rurale.

Étape 2 : Séparation de l’urbain dense et de l’intermédiaire

Pour différencier l’urbain et l’intermédiaire, on définit des centres urbains selon la même méthode que celle utilisée pour construire les mailles urbaines.

La brique de base est une grille de carreaux de 1km2. Les carreaux dont la densité est supérieure ou égale à 1 500 hab/km2 sont sélectionnés comme très denses. On agrège les carreaux très denses contigus ; la contiguïté ne s’étend pas à la diagonale. Une étape supplémentaire consiste à intégrer les carreaux enclavés et à lisser les contours des zones urbaines denses ainsi constituées par agrégation. La règle est la suivante : si un carreau est entouré d’au moins 5 carreaux très denses qui appartiennent à une même zone urbaine dense, ce carreau est intégré à la zone. Cette règle est répétée jusqu’à ce qu’aucun carreau ne puisse être intégré aux zones.

4 Cette étape n’est pas prévue dans le protocole européen mais elle permet de mieux épouser les contours communaux pour

une estimation plus précise de la population des communes vivant dans les mailles/centres urbains et dans des zones rurales.

Réflexions et avancées statistiques 47

Lorsqu’on parvient à une agrégation de carreaux très denses dont la population est d’au moins 50 000 habitants, cette agrégation de carreaux est appelée « centre urbain » (high-density cluster). Les carreaux appartenant aux centres urbains sont appelés carreaux urbains denses.

Sur le territoire de chaque commune, on estime la population communale qui réside dans un centre urbain (découpé en carreaux de 200m de côté). On calcule la part de cette population « urbaine dense » sur la population totale de la commune :

- Si la part de cette population « urbaine dense » sur la population totale de la commune est supérieure à 50 %, la commune est considérée comme étant urbaine (densément peuplée) ;

- Si elle est inférieure ou égale à 50 %, la commune est considérée comme intermédiaire (de densité intermédiaire).

La méthode européenne permet ainsi de distinguer les communes en trois catégories5 :

1- communes densément peuplées (ou urbaines densément peuplées) ;

2- communes de densité intermédiaire (ou de densité intermédiaire, à dominante urbaine) ;

3- communes faiblement peuplées (ou rurales).

Étape 3 : Ajustements

Des ajustements sont prévus par la méthode. Certaines communes, classées en intermédiaire ou urbaine par l’application stricte de la méthode, peuvent néanmoins avoir été mal classées si la plupart du territoire communal est composé de carreaux ruraux. Aussi, les communes intermédiaires ou urbaines dont la population est inférieure à 5 000 habitants et dont 90 % ou plus du territoire est composé de carreaux ruraux sont reclassées en rurales. Par ailleurs, de petites communes ont pu être classées en rurales à tort. Aussi, les communes de moins de 5km2 de superficie qui ont une part de surface en dehors des carreaux ruraux supérieure à 30 % sont classées en intermédiaires ou denses.

Étape 4 : Ajout d’un degré de ruralité à la typologie européenne (non prévue par la Commission européenne)

La mise en oeuvre de la typologie européenne (étapes 1 à 3) montre que la grande majorité des communes (90 %) sont considérées comme « rurales » en France, pays où la densité est presque partout assez réduite. Aussi est-on enclin à qualifier plus finement ce vaste espace rural. L’idée a ainsi été de créer un degré supplémentaire en identifiant des zones très peu denses.

La construction de ce gradient supplémentaire a été réalisée selon une démarche identique à celle de la typologie séparant l’urbain et le rural. Les carreaux dont la densité est supérieure ou égale à 25 hab/km2 sont sélectionnés. On construit des mailles en agrégeant les carreaux dont la densité est supérieure ou égale à 25 hab/km2 contigus ; la contiguïté s’étend à la diagonale. Lorsqu’on parvient à une agrégation de carreaux dont la population est d’au moins 300 habitants, cette agrégation de carreaux est appelée « maille rurale intermédiaire ». Les seuils (25 hab/km2 au carreau et 300 habitants pour la maille rurale intermédiaire) ont été retenus après examen de l'ensemble des carreaux ruraux et des distributions. On propose ici une situation intermédiaire. Il convient de noter que ce sont des carreaux de 200 m qui ont été utilisés pour la création de cette 4e catégorie.

5 Appellations originales : Densely populated area (or alternative name : cities / large urban area) ; intermediate density area

(or alternative name : towns and suburbs / small urban area) ; thinly populated area (or alternative name : rural area)

Insee Méthodes n° 109 48

Passage à la commune : Sur le territoire de chaque commune définie comme rurale précédemment, on calcule la population communale qui réside dans les zones rurales très peu denses (hors des mailles rurales intermédiaires - constituées de carreaux ruraux très peu denses), puis la part de cette population sur la population communale :

- Si cette part est supérieure à 50 %, la commune est considérée comme très peu dense ;

- Si elle est inférieure ou égale à 50 %, la commune est considérée comme peu dense.

L’ajout d’un degré de ruralité à la typologie européenne propose ainsi de répartir les communes en quatre catégories :

1- communes densément peuplées ;

2- communes de densité intermédiaire ;

3- communes peu denses ;

4- communes très peu denses.

Remarques :

- Cette méthode utilise une approche plutôt morphologique, en termes de densité et de population, le rural correspondant aux espaces les moins densément peuplés selon des seuils choisis au niveau européen. Ces critères semblent intuitifs et correspondent plutôt bien à l’idée qu’ont les personnes d’habiter dans un espace urbain ou dans un espace rural. De plus, elle définit des degrés d’urbanisation, ce qui permet de dépasser l’approche binaire marquant une commune comme étant rurale ou urbaine. Par ailleurs, l’utilisation de données au carreau permet de cartographier à un échelon infra-communal cohérent et de repérer la présence de carreaux de différentes natures au sein d’une même commune.

- Les seuils de densité et de population pour les catégories 1 et 2 ont été fixés pour tous les pays européens de manière homogène, ce qui assure une comparabilité des situations. Ces seuils, relativement élevés, conduisent à une définition plutôt restrictive de l’urbain. Cela permet de répondre aux critiques antérieures mais il est alors possible que l’on ne puisse plus identifier certaines petites villes.

- En s’appuyant sur la construction de mailles urbaines, la méthode tend à définir l’urbain comme un espace où la population est concentrée et nombreuse. Elle cherche à repérer des zones agglomérées (notion de « ville ») à l’intérieur de la commune et entre les communes. La méthode tient ainsi compte de la répartition de la population sur le territoire communal. Ainsi, deux communes de populations identiques mais différemment réparties (« concentrée » versus « dispersée ») ne seront pas catégorisées de la même façon.

Réflexions et avancées statistiques 49

4- Quelques chiffres

La grande majorité des communes françaises (90 %) sont peu densément peuplées en France, pays où la densité est presque partout assez réduite. Ces communes ne représentent que 35 % de la population. Les plus faibles densités (communes très peu denses) concernent 36% des communes et seulement 4 % de la population (figure 1). La grande majorité des communes appartenant à des espaces très peu denses sont éloignées de l’influence des villes (carte 2).

Tableau 1 : La typologie européenne élargie

EffectifPart

(en %)Effectif

(en millions)Part (en %) Moyenne Médiane

1 - Communes densément peuplées 609 1,7 22,597 35,3 2 969 12,5 6,82 - Communes de densité intermédiaire 2 996 8,2 19,111 29,9 413 15,5 9,03 - Communes peu denses 19 968 54,5 19,655 30,7 64 15,5 11,24 - Communes très peu denses 13 056 35,6 2,617 4,1 14 14,4 10,8Ensemble 36 629 100,0 63,981 100,0 116 15,0 10,8

Source : Insee, Géographie 2012. Champ : France métropolitaine, La Réunion et Martinique.

Superficie (en km2)Nombre de communes Population 2010 Densité moyenne

(en hab/km2)

Carte 2 : La typologie européenne élargie et les zones d’influence des villes (ZAU2010)

Insee Méthodes n° 109 50

51

CHAPITRE 4 LES ZONES D’EMPLOI

52

53

Le découpage en zones d'emploi constitue une partition du territoire adaptée aux études locales sur le marché du travail. Le zonage définit aussi des territoires pertinents pour les diagnostics locaux et peut guider la délimitation de territoires pour la mise en œuvre des politiques territoriales initiées par les pouvoirs publics ou les acteurs locaux.

1- Définition générale

Une zone d'emploi (2010) est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent (et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts).

Le découpage actualisé se fonde sur les flux de déplacement domicile-travail des actifs observés lors du recensement de 2006. La liste des communes est celle donnée par le Code Officiel Géographique (COG). Ce zonage est défini à la fois pour la France métropolitaine et les DOM.

Le zonage a été défini par la Dares, Direction statistique du Ministère en charge du travail et de l'emploi, et l'Insee, avec l'appui de la Datar et en concertation avec les administrations concernées.

Carte 1 : les zones d’emploi de 2010

Source : Atlas des zones d'emploi 2010 , DARES

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Construites à partir des déplacements domicile-travail, les zones d’emploi constituent un découpage du territoire approprié pour étudier le fonctionnement réel du marché du travail local : localisation et caractéristiques de l’appareil productif, caractéristiques et localisation de l’offre et de la demande de travail, problématiques liées au développement économique, à l’emploi et à la formation.

Les zones d’emploi permettent de restituer des informations statistiques (données localisées ou production d’estimations, en particulier les taux de chômage localisés et les estimations d’emploi de l’Insee). Elles permettent aussi de concevoir des diagnostics territoriaux permettant d’élaborer et de mettre en oeuvre des politiques territorialisées1. Enfin, la notion de zones d’emploi ou de bassins d’emplois a été évoquée dans certains textes règlementaires (e.g. crédit d’impôt pour la taxe professionnelle et délimitation des zones de restructuration Défense).

Remarque : Comme les zones d’emploi forment des zones « ni trop petites, ni trop grandes », correspondent à une partition infra départementale et qu’il existe des données statistiques à cette échelle, elles sont utilisées dans de nombreux travaux, parfois sans qu’il y ait vraiment de lien avec les problématiques d’emploi.

2- Historique

Confrontée à la crise et au chômage, l'administration souhaitait disposer au début des années 80 d'un outil pour mener des études sur le fonctionnement local du marché du travail et pour décider d'interventions liées à l'emploi. L’échelle départementale était trop vaste, celle du canton trop limité. De là est née la notion de "zone d'emploi" définie initialement comme un "espace géographique à l'intérieur duquel les habitants trouvent normalement un emploi et à l'intérieur duquel les établissements trouvent la main d'œuvre nécessaire, en quantité et en qualité, pour occuper les emplois qu'ils procurent ".

En 1983, le territoire des 22 régions françaises a été découpé en 365 zones d’emploi, conjointement par l’Insee et les services statistiques du Ministère du Travail, à partir des résultats du recensement de la population de 1982. Les critères de définition ont été initialement définis dans la circulaire du Ministère du Travail du 23 septembre 1982 sur "l'organisation des sources du travail ". Cette circulaire précisait que :

• ce zonage correspond à une partition de l’espace régional, sans omission ni chevauchement ;

• une zone est constituée d’un nombre entier de communes ;

• les déplacements domicile-travail constituent la variable de base pour la détermination des zones d’emploi ;

• le logiciel Mirabel mis au point par l’Insee effectue les regroupements de communes sur la base du critère d’attraction maximale en utilisant les résultats du recensement de la population ;

• les limites départementales sont toutefois conservées dès lors que leur prise en compte n’altère que faiblement l’importance des flux en cause ;

• il est recommandé d’éviter de créer des zones réunissant moins de 25 000 actifs.

1 Par exemple, repérer des territoires susceptibles d’être concernés par une mesure - la politique territorialisée peut ensuite

être mise en oeuvre sur un territoire un peu différent selon l’objectif (plus petit, englobant tout ou partie d’une ou plusieurs zone(s) d’emploi…).

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D'après la circulaire, le but premier du découpage est de rassembler et organiser les données statistiques régionales. Il a donc comme élément atomique la commune et doit établir une partition de la région. La circulaire précise qu'il faut se fixer un objectif d'homogénéité économique pour chaque zone et tenir compte des solidarités entre activités locales.

Les déplacements domicile-travail constituaient la variable de base pour la détermination de ce zonage. Le découpage respectait nécessairement les limites régionales, et le plus souvent les limites cantonales (et donc à fortiori départementales). Il était recommandé de ne pas créer de zones d'emploi réunissant moins de 25 000 actifs. Selon les régions, d’autres variables ont été prises en compte pour que la zone ait une signification économique, notamment les migrations, la nature de l’activité économique dominante et l’accès de la population aux grands équipements.

La circulaire n'imposait que les limites régionales, mais certains préfets ont imposé le respect des limites départementales et des Conseils Régionaux voulaient le respect de l'intégrité des cantons : le choix entre les différentes options était spécifique à chaque région, et le découpage obtenu n'avait pas d'homogénéité nationale.

Ce zonage a été partiellement révisé en 1994, suite aux résultats du recensement de la population de 1990. La plupart des régions n’ont pas modifié leur zonage, à l’exception de quelques régions (Île-de-France, Haute-Normandie, Alsace, Aquitaine, Auvergne, Corse, Midi-Pyrénées). Le nombre de zones d’emploi de la France métropolitaine est passé de 365 à 348, parmi lesquelles 294 n’ont pas été modifiées.2

Le zonage n’a pas été révisé suite au recensement de la population 1999. Seule modification du zonage de 1994 : le découpage en zones d’emploi a été étendu aux départements d’outre-mer en 2007. A la suite d'un travail entrepris par les directions régionales de l'INSEE d'Antilles-Guyane et de la Réunion, sur la base des résultats du recensement de la population de 1999, des zones d'emploi ont été définies sur les quatre départements d'outre-mer, selon des principes identiques à ceux des zones métropolitaines. Dans chacun des départements concernés, ces zones ont fait l'objet d'une validation, auprès de la Préfecture et de la Direction du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle.

� Si l’avantage des zones d’emploi est d’être un zonage adapté aux études liées à l’emploi qui partitionne tout le territoire, ses inconvénients étaient d’une part que leur construction n’a pas été réalisée de manière homogène sur tout le territoire, et d’autre part l’obligation du respect des limites administratives. Fin 2009, le Cnis a préconisé une actualisation de ce découpage, conjointement à l'actualisation des autres zonages d'études. Outre la prise en compte des données les plus récentes du recensement, notamment des migrations domicile-travail, cette actualisation vise à mieux identifier les « marchés locaux du travail » 3, en s'affranchissant si nécessaire des limites administratives qui affectaient le découpage antérieur.

2 Cf. Annexe. L’algorithme de zonage Mirabel utilisé pour la construction des ZE était le suivant :

- Fij et Fji : valeurs des flux orientés entre i et j

- Mi et Mj : les masses associées respectivement aux lieux i et j

- Lien(i, j) = Fij/Mi + Fji/Mj

La première étape était la recherche du lien max, puis agrégation de I et j et calcul des nouveaux flux et masses. Le résultat donne un arbre de classification. On définit au départ des pôles auxquels vont être agrégés des « satellites ». On ajoute des contraintes de contiguité, de lien minimal … Puis validation au niveau local (DRTEFP et préfecture).

3 « Analyse des marchés locaux du travail : du chômage à l’emploi », M. Blanc et F. Hild, Économie & Statistique N° 415-416, 2008.

56

3- Rénovation du zonage en zones d’emploi (2010)

Une actualisation du zonage en zones d’emploi a ainsi été entreprise en 2010. Les zones d’emploi sont désormais fondées sur le critère unique des migrations communales alternantes domicile-travail, l’objectif étant que le nombre d’actifs occupés résidant et travaillant dans la zone rapporté au nombre de personnes résidant dans la zone et travaillant dans ou au dehors de la zone (appelé taux de stabilité), soit le plus élevé possible. Les règles retenues pour les ZE 2010 sont les suivantes :

- chaque zone d’emploi est constituée d’un ensemble de communes entières ;

- l’ensemble des zones d’emploi constitue la France (partition de la France) ;

- une commune ne peut appartenir qu’à une seule zone d’emploi ;

- les communes d’une zone d’emploi sont contiguës ;

- aucune zone ne peut comporter moins de 5 000 actifs (afin de pouvoir diffuser une information statistique fiable, en particulier sur les taux de chômage localisés et les estimations d’emploi salarié) ;

- afin de mieux respecter la réalité des marchés du travail locaux, les nouvelles zones d’emploi s’affranchissent, dans une certaine mesure, des limites administratives ;

- les zones d’emploi ne doivent pas être trop importantes en termes de population ou de surface afin de conserver leur pertinence en tant que bassins locaux d’emploi.

Par rapport au zonage précédent, trois modifications importantes ont été réalisées :

- Plus de liberté quant au non respect des limites régionales (et aucune contrainte départementale),

- Conception des zones d’emploi à partir du critère exclusif des déplacements domicile- travail, ce qui rend les nouvelles zones globalement plus homogènes dans leur construction que les précédentes4,

- Prise en compte des flux frontaliers (flux sortants – flux des travailleurs frontaliers - résidents et recensés en France et déclarant un lieu de travail à l’étranger) – Suisse, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Monaco, Andorre5.

Les zones d’emploi ont été révisées sur la base du RP 2006 et sous la responsabilité de la DARES. Un groupe de travail a été constitué réunissant DARES, DATAR, DGEFP, DGT et INSEE.

4 Pour autant, elles ne sont pas plus homogènes en termes de surface, de population ou d’actifs.

5 Principe : rattachement des principaux pôles étrangers à la commune française la plus proche en km.

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4- La méthode de construction des zones d’emploi 2010

Le principe général consiste à maximiser le taux de stables, défini par la part des actifs qui travaillent sur la zone parmi l’ensemble des actifs qui résident sur la zone. La méthode de constitution de ce zonage utilise l’application ANABEL6 (application qui a remplacé MIRABEL mais qui en garde les principes). Le principe de base est l’agrégation par étape de communes selon l’intensité de leurs échanges. A chaque étape, on cherche les flux les plus importants entre les zones agrégées précédemment et les communes non agrégées. On distingue les pôles (toute commune ou groupe de communes qui attirent des satellites) des satellites (toute commune ou groupe de communes qui est attirée par des pôles). Cette distinction signifie qu’un pôle ne peut pas attirer un autre pôle.

A chaque étape d’agrégation, on vérifie en outre la taille (en nombre d’emplois) de chaque unité (commune ou groupe de commune). Si celle-ci dépasse un seuil (appelé paramètre d’isolation), elle devient pôle. Il s’avère que ce paramètre joue un rôle très important dans la physionomie du zonage obtenu en fin de traitement. Le bon calibrage de ce paramètre est essentiel pour garantir une structuration d’ensemble du zonage. Il est difficile de donner une valeur a priori à ce paramètre sans prendre en compte la répartition spatiale des emplois.

La taille finale des zones d’emploi n’est en revanche pas paramétrée, ce qui signifie qu’il peut y avoir des petites zones qui n’ont pu être agrégées à un pôle en raison de contrainte de contiguité non respectée.

Pour illustrer l’effet du paramètre d’isolation, prenons l’exemple de la région Alsace. Le premier paramétrage définit comme pôle toute unité (commune ou agrégation) d’au moins 3 000 emplois. Le 3ème paramétrage retient la limite de 25 000 emplois ce qui conduit à constituer des ZE bien plus grandes.

Paramètre d’isolation : 3 000 emplois

8 ZE

Taux de stables moyen : 65%

Paramètre d’isolation : 15 000 emplois

6 ZE

Taux de stables moyen : 80%

Paramètre d’isolation : 25 000 emplois

4 ZE

Taux de stables moyen : 92%

En noir la limite des ZE, en bleu celle des anciennes ZE (1990) La source utilisée est le RP 2006, exploitation principale.

6 Cf. Annexe pour plus de précisions.

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Contrairement à l’exercice précédent, il n’y avait pas de limite départementale ou cantonale imposée. La discussion restait ouverte sur la limite régionale. Le groupe a examiné la constitution d’une zone d’emploi sur deux régions (voire trois). Celle-ci ne devait pas être écartée si sa délimitation sur une seule région apparaissait comme aberrante (le taux de stabilité sous contrainte régionale est dans ce cas, très inférieur à la situation sans contrainte régionale). Dans les faits, il s’avère que la contrainte était pénalisante pour une dizaine de ZE. Aussi, après plusieurs simulations, le principe retenu a été le suivant :

a) Constitution des zones d’emploi dans chaque région en appliquant l’algorithme de calcul sur la base des navettes domicile-travail,

b) Mesure de l’impact de la contrainte régionale en confrontant ce premier zonage avec celui obtenu sans contrainte régionale.

L’application de l’algorithme de constitution des zonages sur tous les flux France entière permet de s’affranchir des contraintes régionales. Il ressort de cette simulation une cinquantaine de ZE qui débordent sur une - voire deux - région. Cependant, dans la grande majorité des cas, ces débordements ne concernent que des petites communes si bien que forcer la ZE à la limite régionale ne détériore pas le taux de stables. Au final, seules 10 ZE sont affectées par la contrainte régionale.

Spécificité pour l’Île-de-France

L’Île-de-France se caractérise par une polarisation très forte de l’emploi et de nombreux flux d’échanges entre les communes ou pôle de la région. Les méthodes de définition des zonages sur la base des données bi localisées mettent en balance les limites inférieures de taille de pôle et les taux de stables par zone créée : plus la limite est importante et plus le taux de stable est fort. Dans le cas de l’Île-de-France, compte tenu des nombreux échanges et de la polarisation importante, la prise en compte de ces paramètres conduit à n’avoir qu’une zone d’emploi (équivalente à l’aire urbaine).

Des travaux plus approfondis sur les flux domicile-travail font ressortir un premier espace composé de Paris et de sa couronne, qui polarise la plus grande partie de ces flux. Il a été décidé d’enlever ce sous-ensemble (plus exactement les flux sortant de ce sous-ensemble) pour analyser les autres polarisations de l’emploi et construire ainsi des ZE.

Pour limiter l’effet distance (de nombreux flux parcourent de grandes distances), le paramètre de distance maximale a été fixé à 60 kilomètres.

Au final, on a sur la région un ensemble de ZE qui semblent cohérentes au regard des taux de stabilité (certes moins importants que pour les autres régions) et dont certaines débordent sur d’autres régions, essentiellement au nord.

� Paramètres pour l’Île-de-France : sans contrainte régionale, seuil d’isolation à 10 000 emplois et limite distance à 60 kilomètres.

59

Description de l’algorithme

Le programme nécessite une base de flux :

Commune de résidence Commune de travail flux Distance (en km ou minutes)

Contigüité (1 si contigüité et 0 sinon)

13055 13055 4512 0 1

13055 13001 154 15 0

13055 … … … …

La base est une fusion de la base de navettes domicile-travail issue du recensement de la population, d’une base de contigüité obtenue à partir du fichier géographique IGN des communes et du distancier de l’INRA (ODOMATRIX, réalisé par Mohammed Hilal).

Le programme des zones d’emploi est une transposition sous SAS de l’algorithme Mirabel. En entrée, trois paramètres :

- Lien minimum : ce lien minimum est le seuil qui interdit à une zone de devenir satellite d’une autre zone si son lien lui est inférieur. A noter que les liens sont calculés de la manière suivante (différents des calculs pour les zonages précédents) :

- Paramètre d’isolation : toute zone ayant une population active au lieu de résidence supérieur à ce seuil devient automatiquement pôle et ne pourra ainsi pas devenir satellite d’une autre zone.

- Distance maximum : interdit l’agrégation d’une zone satellite à une zone pôle si la distance moyenne des flux entre les deux zones est supérieure à ce seuil. (On peut choisir entre une distance kilométrique ou une distance temps en heures pleines).

A partir de la base de flux, on calcule l’ensemble des liens pour identifier le couple de flux domicile-travail qui a le lien le plus élevé et qui respecte les contraintes sur les 3 paramètres supra. Si ce couple existe, on agrège les zones dans les bases et on recalcule les liens etc.

Contraintes de calcul :

- Le paramètre de lien minimum dans la pratique est toujours très petit (inférieur à 1%). Sinon on se retrouve avec un grand nombre de communes rurales isolées, car peu peuplées et induisant peu de flux vers l’extérieur de la commune.

- En revanche le paramètre d’isolation a un rôle prépondérant dans la forme finale des zones d’emploi. Un paramètre trop grand induit des zones très grandes alors qu’un paramètre trop petit conduit à l’apparition de nombreuses zones d’emploi de faible dimension. Les tests ont démontré l’impossibilité d’avoir un paramètre unique commun pour toutes les régions.

60

� Le tableau en page suivante précise les paramètres retenus pour les régions.

Début 2011, le contour de 322 zones d'emploi françaises DOM (18 - dont Mayotte) compris, a été définitivement validé, après une phase d'expertise technique nationale début 2010, puis une phase de concertation en région, menée sous la responsabilité des Préfets de région (ou par délégation, des Direccte) auprès des acteurs locaux concernés.

Le nouveau découpage s’affranchit ainsi, dans une certaine mesure, de la contrainte des limites administratives, départementales dans la quasi-totalité des régions, mais aussi régionales lorsque le degré de perméabilité de ces limites le justifie. Pour autant, le nombre de zones d’emploi interrégionales reste limité : on n’en compte que 11 sur les 304 zones d’emploi de France métropolitaine.

Réflexions et avancées statistiques 61

Région Modèle principal Modèle complémentaire Contr ainte régionale Flux frontaliers Grandes agglomérations

Zones enclavées

Alsace 15 000 emplois Oui Oui Strasbourg : suppression des flux entrants

non

Aquitaine 10 000 emplois Non (ZE 40192 - Mont-de-Marsan)

Sans objet Bordeaux : suppression des flux entrants + déplacements domicile travail de moins de 30 kms

Non

Auvergne 10 000 emplois 5 000 emplois :

63003 : Ambert

43157 : Le Puy-en-Velay

43040 : Brioude

15187 : Saint-Flour

15014 : Aurillac

Non (ZE 42218 - Saint-Étienne)

Sans objet

Basse-Normandie

10 000 emplois Non (ze28280 - Nogent-le-Rotrou et ZE 61001 - Alençon)

Sans objet

Bourgogne 10 000 emplois Non (ZE 71270 - Mâcon er ZE 58086 - Cosne-Cours-sur-Loire)

Sans objet

Bretagne 15 000 emplois 10 000 emplois (ZE 29024 : Carhaix et 35236 : Redon)

Non (parie PdlL de la ZE Redon trop petite, moins de 3 000 actifs)

Sans objet

Centre 10 000 emplois et contrainte 30 km

Non (28280 : Nogent-le-Rotrou et 58086 : Cosne-Cours-sur-Loire)

Sans objet Oui

3 500 emplois ( 41194 :

Insee Méthodes n° 109 62

Romorantin-Lanthenay)

Champagne-Ardenne

15 000 emplois

Corse 3 500 emplois

Franche-Comté 15 000 emplois Oui

Haute-Normandie

10 000 emplois et contrainte 30 km

Non (ZE 76255 : Eu)

Île-de-France 10 000 emplois et 60 km

Regroupement des zones selon les flux dominants

Non (ZE 78517 et ZE 95527)

Paris : suppression des flux entrants

Languedoc-roussillon

15 000 emplois 5 000 (Ze 11206 : Limoux et ZE 11076 : Castelnaudary regroupée avec Toulouse)

Non (ZE 84007 : Avignon et ZE 31555 : Toulouse)

Limousin 10 000 emplois Non (ZE 19031 : Brive-la-Gaillarde)

Lorraine 15 000 emplois 10 000 :

ZE 88516 : Neufchâteau

ZE 88413 : Saint-Dié-des-Vosges

ZE 88160 : Épinal

ZE 54329 : Lunéville

Oui

Midi-Pyrénées 15 000 emplois Non (ZE 19031 : Brive-la-Gaillarde et ZE 40192 : Mont-de-Marsan)

Non Oui, seuil 5 000 : ZE 09261 : Saint-Girons

Nord-Pas-De- 15 000 emplois Lille : suppression des

Réflexions et avancées statistiques 63

Calais flux entrants

PACA 15 000 emplois Regroupement de nombreuses zones

Non (ZE 84007 : Avignon) Oui

Pays-de-la-Loire 10 000 emplois (Contiguïté « forcée » des communes séparées par le pont de Nantes)

15 000 emplois

Non (ZE 61001 : Alençon)

Picardie 15 000 emplois Non (ZE 95527 et ZE 76255)

Non Oui, seuil 3 000

Poitou-Charentes

15 000 emplois 5 000 emplois Oui

Rhône-Alpes 15 000 emplois ZE Lyon découpée Non (ZE 71270 et ZE 42218)

Oui Lyon : suppression des flux entrants

Insee Méthodes n° 109 64

5- Codification

Le code d'une zone d'emploi contient 4 chiffres. Si toutes les communes de la zone d'emploi appartiennent à la même région, les deux premiers sont ceux du code de la région. Si la zone d'emploi est à cheval sur plusieurs régions, les deux premiers chiffres sont 00.

6- Correspondance entre ancien et nouveau zonage

Carte 2 : Zones d’emploi 2010 et zones d’emploi 1994

Réflexions et avancées statistiques 65

7- Zones d’emploi et aires urbaines

L’un des outils qui ont servi à expertiser les propositions de nouveau découpage est le zonage en aires urbaines. De façon logique compte tenu de leur construction, les zones d’emploi sont toutes plus ou moins centrées sur une aire urbaine. En revanche, leurs contours sont plus ou moins proches de ceux de l’aire urbaine selon son étendue. Les grandes aires urbaines occupent une grande partie de la surface des zones d’emploi qui les contiennent, voire en dépassent les limites, comme celle de Paris, ou celle de Bordeaux. Dans les territoires moins denses, les zones d’emploi regroupent les aires d’influence de plusieurs pôles, comme celles de Chaumont-Langres et Vitry-le-François/Saint-Dizier en Champagne-Ardenne.

Carte 3 : Les zones d’emploi 2010 et aires urbaines 2010

Insee Méthodes n° 109 66

Réflexions et avancées statistiques 67

CHAPITRE 5 LES BASSINS DE VIE

Insee Méthodes n° 109 68

Réflexions et avancées statistiques 69

1- Définition générale

Le bassin de vie (2012) constitue le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants.

On délimite ses contours en plusieurs étapes. On définit tout d’abord un pôle de services comme une commune ou unité urbaine disposant d’au moins 16 des 31 équipements intermédiaires. Les zones d’influence de chaque pôle de services sont ensuite délimitées en regroupant les communes les plus proches, la proximité se mesurant en temps de trajet, par la route à heure creuse. Ainsi, pour chaque commune et pour chaque équipement non présent sur la commune, on détermine la commune la plus proche proposant cet équipement. Les équipements intermédiaires mais aussi les équipements de proximité sont pris en compte.

La méthode ANABEL permet enfin d’agréger par itérations successives les communes et de dessiner le périmètre des bassins de vie comme le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. Par rapport au zonage en aires urbaines qui mesure l’influence des villes sur la base des déplacements entre domicile et travail, le zonage en bassins de vie apporte un complément à travers l’analyse de la répartition des équipements et de leur accès.

Son principal intérêt est de décrire les espaces non fortement peuplés, c’est-à-dire les bassins de vie construits sur des unités urbaines de moins de 50 000 habitants.

La liste des communes est celle donnée par le Code officiel géographique (COG) au 1er janvier 2011.

2- Historique

2-1- Les zones de petite chalandise (1994)

A partir des données de l’inventaire communal de 1988, l’Insee a défini en 1994 des zones de petite chalandise. Ces zones sont des espaces où les habitants trouvent et fréquentent effectivement l’essentiel des commerces et services dont ils ont besoin.

Sous des appellations diverses (bassin de vie, bassin d’habitat, bassin de proximité) et avec des nuances de définition, de nombreuses tentatives avaient été faites auparavant pour délimiter, le plus souvent sur le territoire d’une seule région, un découpage comparable à celui des zones de petite chalandise. A la demande de la DARES et de la DATAR, l’Insee a défini un découpage du territoire métropolitain en 2 198 zones de petite chalandise. Celles-ci devaient préfigurer les "bassins de vie", les définissant comme des "territoires présentant des solidarités en matière d’emploi et d’équipements publics et privés".

L’inventaire communal, réalisé en 1988 auprès de chacune des communes de France, permet de savoir où les habitants vont chercher les services absents de leur commune. On dispose de cette information pour 75 équipements (commerces ou services, publics ou privés), parmi lesquels 62 ont été retenus car ils correspondaient bien à la notion de « vie quotidienne ». Cela a permis de construire une matrice symétrique des liens existant entre deux communes. Le lien entre les communes A et B est obtenu en additionnant les sorties de A vers B (population de A * nombre de services que les habitants de A ne trouvent pas sur place) et les sorties de B vers A. L’utilisation sur cette matrice du logiciel ZONAGE1 a permis de déterminer les zones de petite chalandise. Toute commune appartient à une seule zone mais leur découpage ne respecte pas nécessairement les limites administratives.

1 Pour en savoir plus sur ce logiciel, cf. « Les zonages : enjeux et méthodes » Insee-Méthodes n°83, décembre 1998.

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Remarques :

- Le choix de réaliser des zones de « petite » chalandise fait que les flux utilisés sont ceux engendrés par des déplacements de proximité pour des services d’usage courant. S’il avait été retenu des services au caractère urbain plus marqué (lycée, hypermarché …), on aurait obtenu un zonage aux mailles plus larges (zones de grande chalandise ou bassin d’équipement).

- D’autres travaux de Directions régionales (e.g. Insee Rhône Alpes, Auvergne) ont utilisé d’autres concepts et un autre logiciel, MIRABEL, logiciel qui sera utilisé pour la construction des bassins de vie 2004.

2-2- Les pôles de services intermédiaires et leur aire d’influence

La réalisation d’un nouvel inventaire communal en 1998 a été l’occasion de définir deux nouveaux zonages se substituant aux zones de petite chalandise : les aires d’influence des pôles de services de proximité et les aires d’influence des pôles de services intermédiaires. Le zonage en aires urbaines et en aires d'emploi de l'espace rural (ZAUER) est fondé essentiellement sur les déplacements liés au travail (données issues du recensement de la population). L’organisation du territoire par l’emploi y est décrite mais elle ne rend pas compte de l’accès de la population aux équipements.

En 2002, la carte dite des « Territoires vécus », intitulée « Organisation territoriale de l’emploi et des services » superpose les deux informations : le ZAUER et, sous forme d’oursins, les pôles de services intermédiaires (4 054 PSI) et l’attraction qu’ils exercent sur les communes environnantes (fondé sur l’inventaire communal 1998).

Pôle de services intermédiaires :

- Commune exerçant, par les équipements de sa gamme intermédiaire2, une attraction sur les habitants d'au moins une autre commune.

- Ou commune bien équipée : commune disposant d’au moins neuf services parmi les 16 de la gamme intermédiaire.

Une fois les pôles déterminés, les flux issus de l'Inventaire Communal ont servi à définir les aires d’influence autour de chaque PSI.

Aire d'influence des pôles de services intermédiaires : Zone composée d'un pôle de services intermédiaires (commune attirante) et de communes attirées par ce pôle. On affecte chaque commune non équipée à l’aire d’influence du pôle qui l’attire pour le plus grand nombre d’équipements de la gamme intermédiaire.

2 supermarché, droguerie, librairie, magasin de chaussures, magasin de meubles, magasin d’électroménager, magasin de

vêtements, centre de secours, collège, gendarmerie ou police, perception, dentiste, kinésithérapeute, vétérinaire, banque, notaire.

Réflexions et avancées statistiques 71

2-3- Les Bassins de vie (2004)

Pour mieux qualifier l’espace à dominante rurale et faciliter la compréhension de la structuration du territoire de la France métropolitaine3, le zonage en « bassins de vie » a été créé en 2004.

La notion de bassins de vie figure dans le rapport de l'Insee pour la Datar (Juillet 2003) « Structuration de l'espace rural : une approche par les bassins de vie ». Ce rapport fait suite à une étude commanditée par le CIADT et conduite par un groupe de travail pluridisciplinaire réunissant l’Institut national de recherche agronomique (Inra), le ministère de l’Agriculture (SCEES), l’Institut français de l’environnement (Ifen), la Datar et l’Insee. Ce groupe devait identifier et caractériser les pôles qui animent l’espace rural et identifier et caractériser les dynamiques à l’œuvre. Il s’est inspiré de travaux antérieurs et a construit des outils nouveaux, dont les bassins de vie. La construction des bassins de vie est détaillée dans l'article d'Économie & Statistique n°402 (2007) « La France en 1 916 bassins de vie » (P. Julien - cette partie du document en reprend des extraits).

En partant de l’hypothèse que l’espace est structuré par les villes, elles-mêmes organisées hiérarchiquement, et que l’influence d’une ville dépend de sa taille et du type d’équipements ou services qu’elle fournit, le groupe a proposé de décrire l’organisation de l’espace rural métropolitain en introduisant la notion de bassins de vie. L’idée était de déterminer des zones relativement « autonomes » quant à l’emploi et l’accès de la population aux équipements et services.

Issu du regroupement de bassins de services intermédiaires (BSI), le bassin de vie constitue le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès à la fois aux équipements courants (ou services) et à l’emploi. C’est une partition de la France métropolitaine en territoires proches où la population peut accomplir la majorité des actes de la vie courante. Un rôle principal du bassin de vie est de caractériser de façon pertinente l'espace rural, pour dresser un état des lieux quantitatif de l'état d'équipement de l'espace rural tant en services qu'en offres d'emploi. On considère alors en effet que deux questions essentielles se posent aux habitants de l'espace rural :

- le territoire habité est-il suffisamment équipé et offre-t-il assez d'emplois ?

- le cas échéant, quel est le coût de l'accessibilité à l'équipement et à l'emploi ?

Des pôles de services intermédiaires aux bassins de services intermédiaires (BSI)

Pour délimiter les bassins de vie, l’Insee est parti des « aires d’influence des pôles de services intermédiaires » (cf. 2-2-) regroupant toutes les communes attirées par chacun des pôles (l’attraction est matérialisée par un oursin dont le contour délimite l’aire d’influence).

Les pôles de services intermédiaires appartenant à une même unité urbaine ont été d’abord regroupés (unités urbaines indissociables4), puis les bassins (aire d’influence + pôles) ont été rendus connexes au cas par cas en utilisant les liens fournis par l’inventaire communal, puis tous les bassins offrant moins de 7 équipements parmi les 16 de la gamme intermédiaire ont été supprimés (et rattachés au bassin le plus attractif). Cela a conduit à une partition du territoire métropolitain en 2 812 « Bassin de services intermédiaires » (BSI).

3 La carte des « Territoires vécus » ne fait pas la synthèse entre l’accès à l’emploi et aux équipements.

4 En effet, dans la réalité, des équipements importants sont parfois situés hors de la ville-centre, dans une commune voisine pour des questions foncières ou dans un souci de gestion raisonnée du territoire : dans ce cas, c’est bien la globalité des équipements de l’unité urbaine qui a du sens et non les seuls équipements de la ville-centre.

Insee Méthodes n° 109 72

Carte 1 : des pôles de services au bassins de services

Deux référentiels ont été définis pour l’espace rural :

• Le référentiel rural restreint comprend les 2 641 BSI appuyés sur une commune ou une unité urbaine de moins de 30 000 habitants en 1999.

• Le référentiel rural élargi qui ajoute au référentiel rural restreint la périphérie des 171 autres BSI, qui sont ainsi privés de leur pôle urbain de plus de 30 000 habitants.

Des BSI aux bassins de vie 2004

Les bassins de vie ont été construits à partir des BSI. Des scores ont été établis pour chaque bassin, pour quantifier la présence de services et d’emplois dans les BSI du référentiel rural restreint. Certains BSI étaient de trop petite taille et n’avaient pas suffisamment d’équipements ; ils ne correspondaient ainsi pas à des bassins « autonomes » en terme d’accès de la population aux services et aux emplois. D’où la nécessité de faire des regroupements. A noter que les grandes villes ont été exclues de l’analyse, soit 171 agglomérations de plus de 30 000 habitants.

L’Insee a cherché à mesurer le degré d’autonomie de chaque bassin. Pour cela, les équipements ont été classés en quatre catégories, l’approche économique est également prise en compte au travers de l’emploi. Les commerces et services retenus étaient les suivants :

- Services concurrentiels : vétérinaire, hyper ou supermarché, banque, magasin de chaussure, droguerie, magasin d’électroménager, librairie papeterie, magasin de meuble, magasin de vêtement, grande surface non spécialisée, marché de détail.

- Services non concurrentiels (services publics ou assimilés) : gendarmerie, perception, notaire, bureau de poste, installation sportive couverte, école de musique, maison de retraite, crèche, cinéma, piscine couverte, agence ANPE.

Réflexions et avancées statistiques 73

- Services ou équipements de santé : ambulance, médecin, dentiste, masseur kinésithérapeute, infirmier, pharmacie, établissement hospitalier de court séjour dont maternité et service d’urgence, établissement hospitalier de moyen ou long séjour.

- Services d’éducation : lycée général, lycée professionnel, collège.

- Emplois.

Pour chacune des cinq catégories, un score partiel a été calculé, entre 0 et 4 :

Les équipements retenus pour calculer les scores des bassins sont au nombre de 35. Le principe de calcul d’un score partiel de bassin pour les cinq catégories d’équipements consiste le plus souvent à tenir compte de deux éléments :

- un niveau absolu d’équipement, qui dépend du niveau d’équipement de chaque commune qui constitue le bassin,

- et un différentiel, par rapport au niveau attendu en fonction de la population vivant dans le bassin. Le niveau attendu résulte d’un ajustement linéaire entre le logarithme du niveau d’équipements et le logarithme de la population du bassin. L’ajustement est effectué sur le référentiel constitué des 2 641 BSI non urbains (c’est-à-dire qui ne s’appuient pas sur une des 171 unités urbaines de plus de 30 000 habitants).

Le niveau de chaque bassin b pour une catégorie d’équipements est la somme des niveaux pour cette catégorie d’équipements de chaque commune c du bassin b :

Le niveau d’un équipement dans une commune résulte donc d’un calcul à pondération dégressive Péquipement,i . Le 1er équipement compte pour 1, le 2ème pour 0,8, le 3ème pour 0,6, le 4ème pour 0,4, le 5ème pour 0,2 et les suivants pour zéro. Cette pondération vise à prendre en compte le fait que, par exemple, les besoins en équipements, notamment les équipements concurrentiels et non concurrentiels, d’un bassin de 15 000 habitants sont naturellement inférieurs à 10 fois ceux d’un bassin de 1 500 habitants.

Le calcul du niveau d’une catégorie d’équipement se fait en pondérant les équipements de façon inversement proportionnelle à l’intensité de leur présence sur le référentiel rural restreint (féquipement) : un équipement rare est ainsi davantage pondéré qu’un équipement fréquent.

Insee Méthodes n° 109 74

Le modèle retenu pour estimer le niveau attendu d’une catégorie d’équipement est log linéaire. Exemple pour les services concurrentiels :

- Pour les 3 catégories - concurrentiel, non concurrentiel et santé - interviennent :

* Le niveau absolu d’équipement présent dans le BSI

* Un niveau attendu en fonction de la population résidente

Exemple des équipements concurrentiels :

Lecture : un BSI ayant un niveau d’équipements important (3ème tiers de la distribution) mais un différentiel de niveau faible (1er tiers de la distribution : niveau observé très inférieur au niveau attendu) aura un score de 2.

Le calcul du score d’équipements non concurrentiels s’effectue sur le même principe.

Pour le score d’équipements de santé, il s’agit du même principe sauf que le différentiel est calculé sur les seuls équipements de soins de premier recours pour ne pas « désavantager » outre-mesure les bassins ne disposant pas d’établissement hospitalier. Le calcul des niveaux absolus intègre maternité, urgences, établissements de court séjour, établissements de moyen et long séjour (la redondance entre maternité, urgence et court séjour est volontairement acceptée).

- Pour l’éducation et l’emploi, les scores partiels font intervenir :

* Le niveau des équipements d’éducation et le nombre d’emplois

* Un indicateur d’attraction

Le score d’offre d’emploi dépend à la fois du nombre d’emplois offerts (avantage à la taille) et du taux d’emploi (100*emplois offerts /actifs ayant un emploi), considéré comme indicateur d’attraction.

Réflexions et avancées statistiques 75

Exemple de l’emploi :

Lecture : un BSI ayant un nombre d’emplois important (3ème tiers de la distribution) mais un faible taux d’emploi (1er tiers de la distribution : moins de 42,6 emplois pour 100 actifs occupés résidents ) aura un score de 1.

Pour le score d’équipements d’éducation, du fait du peu d’établissements au sein d’un bassin rural et de la carte scolaire, le niveau d’équipements varie par sauts importants entre des paliers correspondant à une combinaison linéaire d’établissements. Le calcul d’un niveau attendu et donc d’un différentiel n’ayant guère d’intérêt, on a préféré le remplacer par un indicateur d’attraction scolaire pour les 7-18 ans, qui désigne le rapport du nombre d’enfants de 7 à 18 ans scolarisés dans le bassin à celui des enfants de 7 à 18 ans scolarisés et résidant dans le bassin.

Le score global des BSI

Un score sur 20 est ensuite attribué à chaque BSI en fonction de l’offre de commerces, de services et d’emplois sur son territoire. Une pondération de 3 pour chacun des 4 types d’équipements est accordée. Pour l’emploi, la pondération est de 85. Le score global du BSI (sur 20) est ainsi la somme d’un score d’équipements (sur 12) et d’un score d’offre d’emplois (sur 8). Ces scores ont été calculés pour les 2 641 BSI « non urbains ».

Une fois ces scores globaux calculés, l’objectif était de déterminer les BSI « dépendants », devant être rattachés à d’autres bassins.

5 Pondérations discutées au sein du groupe, étant donnée l’inexistence de théorie conduisant à un système de pondération

incontestable.

Insee Méthodes n° 109 76

Parmi les 2 812 BSI6, 896 ont été considérés comme « dépendants » car :

- ils comptaient moins de 5 000 habitants

et

- leur score global était strictement inférieur à 8 (mal équipés ou comportent peu d’emplois). Chacun d’eux a été rattaché au bassin contigu avec lequel il a le plus de liens. Ce rattachement s’est effectué au moyen des données bilocalisées disponibles sur les cinq catégories composant le score7.

Au final, le territoire métropolitain a été partiti onné en 1 916 bassins de vie.

On distingue :

- les 1 745 bassins de vie centrés sur une commune ou une unité urbaine de moins de 30 000 habitants sont qualifiés de « bassins de vie des bourgs et petites villes ». Ils sont considérés comme le « référentiel rural restreint » (issus des 2 641 BSI dont le pôle a moins de 30 000 habitants).

- les 171 bassins de vie centrés sur une unité urbaine de plus de 30 000 habitants (« bassins de vie des grandes agglomérations »).

6 Les 171 BSI « urbains » n’ont naturellement pas fait l’objet de calcul de scores (qui auraient été maximaux) car ce ne sont pas des « services intermédiaires » qui peuvent les caractériser. Mais à ces 171 BSI urbains se sont rattachés 275 BSI «ruraux».

7 Source : inventaire communal, sauf hôpitaux (communes rattachées à l’hôpital le plus proche par la route). Pour l’éducation, le lien est fourni par la destination des enfants scolarisés de 12 à 18 ans (jugé préférable à celle des 7 à 18 ans pour cibler sur les équipements les plus discriminants pour les rattachements. Pour l’emploi, le lien utilisé repose sur la destination des actifs sortant du bassin. Pour chaque commune d’un bassin de services intermédiaires, on dispose ainsi de liens vers les autres bassins. Pour une catégorie d’équipements, le lien, unissant un bassin à un autre, résulte des liens précédents, pondérés par la population en 1999 de chaque commune. Des liens globaux entre bassins sont calculés en pondérant les cinq liens précédents en retenant le même système de pondération que pour le calcul des scores, soit 3/20 pour les équipements concurrentiels, non concurrentiels, de santé et d’éducation et 8/20 pour l’emploi.

Réflexions et avancées statistiques 77

Carte 2 : les 1916 bassins de vie de 2004

Source : Insee, DATAR, INRA

On comptait ainsi 1 916 BV au sens élargi, incluant les couronnes des zones exclues dans la définition restreinte.

La partie extérieure des bassins de vie centrés sur des unités urbaines de plus de 30 000 habitants est qualifiée de « référentiel rural complémentaire » car il s’agit d’espaces périurbains (en rouge).

Les grandes villes de plus de 30 000 habitants constituent un ensemble « hors référentiels ruraux ».

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Carte 3 : Référentiel rural restreint et référentiel rural élargi

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3- Rénovation du zonage en bassins de vie (2012)

La rénovation du zonage en bassins de vie fait suite à la rénovation des autres zonages (unités urbaines, zones d’emploi 2010 et aires urbaines 2010) dans le cadre des recommandations du rapport du CNIS « Statistiques et nouvelles tendances de localisation des populations et des activités sur le territoire » de septembre 2009.

Le zonage en bassins de vie a été révisé dans le cadre d’un groupe de travail interministériel réunissant l’Insee ; la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar) ; la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales et de la santé ; le service de la Statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire ; le département des Études et des statistiques locales de la direction générale des Collectivités locales au ministère de l’Intérieur (DGCL) ; et le centre d’économie et sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Le nouveau zonage couvre l’ensemble de la France (hors Mayotte).

4- La méthode de construction des bassins de vie (2012)

Les sources utilisées pour la rénovation du zonage en bassins de vie sont les suivantes :

La BPE

L'absence d'Inventaire Communal depuis 1998 a imposé une révision de la méthode de calcul des bassins de vie. La source à privilégier dorénavant concernant la présence des équipements est la Base Permanente des Équipements (BPE)8.

Tous les ans, avec la nouvelle version de la BPE, sont calculés 3 gammes d'équipements (proximité, intermédiaire, supérieure) par une méthode de nuées dynamiques en fonction de la coprésence de ces équipements sur un même territoire communal.

Le fichier fournit également une localisation géographique en XY des équipements sur les communes de 10.000 habitants ou plus. Le millésime 2010 de la BPE, le plus récent au moment de la définition des bassins de vie, a été utilisé.

8 Pour plus d’information http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=sources/ope-adm-bpe.htm Un équipement est défini comme un lieu d’achat de produits ou de consommation de services. Les sept grands domaines d’équipements (services aux particuliers ; commerce ; enseignement ; santé, médico-social et social ; transports ; sports, loisirs et culture ; tourisme) se répartissent en trois gammes :

- la gamme de proximité comporte 29 types d’équipements : poste, banque-caisse d’épargne, épicerie-supérette, boulangerie, boucherie, école ou regroupement pédagogique intercommunal, médecin omnipraticien, pharmacie, taxi … ;

- la gamme intermédiaire comporte 31 types d’équipements : police-gendarmerie, supermarché, librairie, collège, laboratoire d’analyses médicales, ambulance, bassin de natation … ; - la gamme supérieure comporte 35 types d’équipements : pôle emploi, hypermarché, lycée, urgences, maternité, médecins spécialistes, cinéma ...

Insee Méthodes n° 109 80

Les flux d'accessibilité

Sans inventaire communal, il n’existe pas de flux de fréquentation des différents équipements. Seule une base de stocks d'équipements localisés (la BPE) est à notre disposition, ce qui n'est pas suffisant pour réaliser une base de flux d'accès aux équipements. Dans ce contexte, un travail a été réalisé pour déterminer une base de flux théoriques d'accessibilité aux équipements.

On détermine pour chaque équipement non présent dans une commune, la commune équipée la plus proche. Ce travail, réalisé pour la France (hors Mayotte), permet de construire une base de flux aux équipements, en supposant que tous les habitants d'une commune s'équipent dans la commune la plus proche. De plus, pour quantifier ces flux, il a été choisi d'y affecter l'ensemble de la population de la commune. Le travail étant réalisé pour chaque équipement de la gamme intermédiaire manquant dans une commune donnée, celle-ci peut être affectée à plusieurs communes (liée à une commune A pour des équipements x et y) et à une commune B pour un équipement z). La commune de fréquentation retenue sera la commune qui est majoritairement « fréquentée » pour l’ensemble des équipements manquants (commune A dans notre exemple). En cas d'égalité, le choix de la commune est fait aléatoirement.

La notion de proximité retenue est celle de la distance en temps de trajet (heures creuses par la route) pour les bassins métropolitains, sinon au plus près en terme de kilomètres.

Construction des bassins de vie 2012

a/ Quelques principes

La BPE couvrant les DOM (hors Mayotte), les bassins de vie 2012 couvrent donc les territoires d'outre-mer contrairement à la version précédente.

Le choix a été fait de construire les bassins de vie 2012 selon une méthode se rapprochant le plus possible de celle utilisée pour la détermination des bassins de services (BSI) actuels malgré des sources différentes.

Une différence notable concernant les bassins de vie 2012 par rapport aux bassins de vie actuels est la disparition totale de toute notion d'emploi dans leur construction. Seule la notion d'accessibilité aux équipements est prise en compte.

En effet, le choix est de ne pas faire une méthode spécifique pour les actifs occupés en supposant que les fréquentations de service se font sur le lieu de travail (ce qui n’est pas vrai de tous les services). La prise en compte des déplacements domicile-travail aurait pu se justifier si on disposait pour les actifs occupés de véritable fréquentation, ce qui n’est pas le cas.

De plus, prendre en compte les déplacements domicile-travail reviendrait à construire des partitions de zones d’emplois.

Globalement, la méthode retenue consiste en la détermination de pôles de services, leur bassin de vie associé représentant leur zone d'influence.

b/ Choix de la maille

Comme précédemment, il a été choisi de conserver les unités urbaines insécables. En effet, on peut considérer que l'unité urbaine forme une entité territoriale pouvant proposer un ensemble d'équipements à la population.

La plus petite maille du territoire est l'unité urbaine pour les communes urbaines et la commune pour celles hors UU.

Réflexions et avancées statistiques 81

c/ Détermination des pôles

Pour la détermination des pôles, la méthode se rapproche de celle choisie pour les pôles des anciens bassins de services intermédiaires à quelques nuances près :

- Le panier d'équipements choisi est celui de la gamme intermédiaire 2010. Celle-ci contient 31 équipements différents.

Prendre les équipements de proximité aurait conduit à avoir quasiment autant de pôles que de communes et au contraire prendre en compte les équipements supérieurs auraient conduit à des bassins de vie bien trop étendus.

- Pour être pôle, une unité urbaine ou commune devra posséder au moins 50% des équipements de la gamme, soit 16 parmi les 31. Le seuil de 50 % a été repris à l’identique de l’ancienne méthode.

Cela aboutit à 1 666 pôles de services (et donc bassins) France entière, dont 22 dans les DOM.

d/ Construction des bassins

Concernant les équipements retenus pour constituer cette base de flux, l'option choisie est de conserver la gamme intermédiaire (comme pour les pôles) à laquelle vient s'ajouter la gamme de proximité afin de ne pas scinder les bassins de proximité à travers plusieurs bassins de vie.

Nous avons donc une base de flux et un ensemble de pôles. La méthode ANABEL permet de construire le zonage.

e/ Zoom sur les grandes UU

Les anciens bassins de vie s'arrêtent à une partition du territoire métropolitain hors UU de plus de 30.000 habitants ; celles-ci n’étaient en effet pas concernées par l’inventaire communal. Les bassins de vie 2012 partitionnent l'ensemble du territoire.

f/ La validation en direction régionale

Les bassins de vie tels qu’obtenus dans une première version avec la méthode décrite précédemment ont été transmis aux directions régionales pour validation. Suite à cette validation, quelques corrections ont été apportées afin d’être plus cohérent avec les réalités de terrain :

- création de nouveaux pôles : il s’agit de certaines unités urbaines ou de communes rurales qui comportent 15 ou 16 équipements intermédiaires, au lieu des 17 nécessaires et qui sont vécus sur le terrain comme un pôle de service.

- réaffectations de communes d’un bassin de vie à un autre pour tenir compte de l’enclavement comme par exemple en zone montagneuse.

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Facteurs d'explication des différences entre anciens et nouveaux bassins de vie

Les bassins de vie 2004 comportaient 1 745 bassins de vie des bourgs et petites villes et 171 bassins de vie des grandes agglomérations. Le zonage bassins de vie 2012 est composé de 1 666 bassins de vie.

Les différences s'expliquent en grande partie par la redistribution des pôles sur le territoire, sous l'empreinte des phénomènes possibles suivants :

- Centralisation des services : certaines communes (ou UU) ont vu disparaître des équipements de leur territoire et ont donc perdu leur statut de pôle.

- Méthode : certaines communes (ou UU) ne sont plus pôle du fait des changements intervenus dans leur détermination comme un panier d'équipements différent.

- Redécoupage des UU : Le nouveau découpage en unités urbaines influe sur la détermination des pôles de service. En effet, la fusion de certaines UU entre-elles réduit de fait le nombre potentiel de pôle de services (de 2 UU anciennement pôles, nous n'obtenons plus qu'une unique UU pôle du fait de l'insécabilité des UU).

- Contour des bassins : L'utilisation d'une base de flux d'accessibilité au plus proche du domicile peut changer le contour des bassins de vie par rapport à la base de l'ICO98. Les flux utilisés sont au plus proche et non plus déclaratifs.

5- Codification

L’identifiant correspond au code de la commune la plus peuplée du bassin de vie (en 5 caractères).

6- Quelques chiffres9

En 2012, 1 666 bassins de vie structurent le territoire national, dont 1 287 sont qualifiés de ruraux au sens des critères adoptés par la Commission européenne. Les bassins de vie ruraux sont naturellement plus étendus et moins densément peuplés que les bassins de vie urbains ; les équipements y sont moins variés. La qualification d’un bassin de vie en rural se base sur des critères européens. En 2011, la Direction «Régio» de la commission européenne et Eurostat ont conçu une typologie « degré d’urbanisation » qui repose sur des concentrations de carreaux contiguës ayant une densité de population supérieure ou égale à 300 habitants au km2 et une population supérieure ou égale à 5 000 habitants10. Ces zones sont appelées zones intermédiaires. On distingue parmi ces zones intermédiaires les zones urbaines (densité de population supérieure à 1 500 habitants au km2 et comptant plus de 50 000 habitants).

9 « Le nouveau zonage en bassins de vie de 2012 - Trois quarts des bassins de vie sont ruraux », C. BRUTEL et D. LEVY,

Insee Première n°1425, décembre 2012.

10 Dijkstra L. et Hugo Poelman H., « A harmonised definition of cities and rural areas : the new degree of urbanisation »,

Working papers n° 01/2014, European Commission, 2014.

Réflexions et avancées statistiques 83

On dispose pour chaque commune de la part de la population rurale, intermédiaire et urbaine. L’agrégation de ces données par bassin de vie permet de calculer la part de la population de chaque bassin de vie en zone rurale. Un bassin de vie sera qualifié de rural si la part de sa population en zone rurale est supérieure ou égale à 50 %.

Tableau 1 : les bassins de vie selon leur type urbain ou rural

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Réflexions et avancées statistiques 85

ANNEXE L’outil de construction des zonages : ANABEL1

1 Extraits des manuels d’utilisation des logiciels Mirabel et Anabel.

Insee Méthodes n° 109 86

Réflexions et avancées statistiques 87

La construction des principaux zonages d’études, notamment le zonage en aires urbaines, les zones d’emploi et les bassins de vie, consiste à rassembler des territoires sur la base des flux échangés. Des méthodes de zonage basées sur l’analyse des flux ont été développées à l’Insee. Il n’y a pas qu’une seule méthode pour définir des « bassins », des « aires d’influence » ou des « espaces de mobilité ». Le point de départ commun à la plupart d’entre elles est la matrice donnant, pour chaque paire de communes, le flux correspondant. A partir de cette matrice, plusieurs algorithmes permettent de passer aux « bassins ». De même qu’avec une même méthode, le choix du lien peut créer des zonages différents. Historiquement, la première méthode conçue a été le logiciel ZONAGE2 (Loeiz Laurent), avec le principe d’obtenir un zonage optimisé par application d’un certain nombre de règles. Puis les logiciels MIRABEL/ANABEL ont été développés. Plus récemment, d’autres méthodes ont été explorées, notamment des méthodes issues de la théorie des graphes et de l’analyse de réseaux. L’objectif ici est de présenter la méthode utilisée dans nos zonages actuels ZAU2010, ZE2010 et BV2012, à savoir les outils MIRABEL/ANABEL. Le logiciel MIRABEL 3 a été élaboré au début des années 80 (Christophe Terrier, Bernard Sinou). Cette méthode a été beaucoup utilisée dans la construction des zonages d’étude de l’Insee. A l’origine, cet outil a été conçu pour étudier les déplacements entre le lieu de domicile et le lieu de travail afin d’effectuer un zonage du territoire en bassins d’emploi. En principe, deux points du territoire sont d’autant plus liés que les échanges entre eux sont nombreux. Telle est l’idée de départ de Mirabel. Pour mesurer cette liaison, plusieurs types de liens étaient disponibles. Mirabel permettait d’obtenir, par agrégation, un zonage. Par extension, Mirabel a pu traiter tous types de données bilocalisées. Cet outil a été rénové en 2010 sous le nom d’ANABEL 4. Les zonages d’études les plus récents ont été construits avec cette méthode. Il reprend l'algorithme mis au point pour MIRABEL, dont l'applicatif n'était plus opérationnel. ANABEL est développé sous R (logiciel libre d'analyse statistique). Le principe est identique à celui de Mirabel, les différences étant principalement au niveau des choix pour les liens, des possibilités et des sorties proposées.

Principe de la méthode

La méthode utilisée est un procédé d’agrégation qui fonctionne par itération.

On dispose d'un ensemble d'observations. On sait calculer le "lien" caractérisant deux observations quelconques. En règle générale, les observations correspondent aux communes à regrouper, et les "liens" sont calculés à partir des flux observés entre les observations. Dès que le nombre d'observations dépasse la vingtaine, il devient très vite difficile d’analyser cette matrice. L’idée consiste donc à résumer l'information contenue dans cette matrice sous la forme d'un arbre. Les racines de cet arbre, qui représentent chacune des observations à classer, s'assemblent progressivement, par ordre de "liens" décroissants, regroupant un nombre de plus en plus grand d'observations pour aboutir finalement à un sommet unique (figure 1).

2 Pour en savoir plus sur ce logiciel, cf. « Les zonages : enjeux et méthodes » Insee-Méthodes n°83, décembre 1998.

3 Méthode Informatisée de Recherche et d’Analyse de Bassins par l’Etude de Liaisons

4 ANAlyse Bilocalisée pour les Etudes Locales

Insee Méthodes n° 109 88

Figure 1 - L'arbre de classification

a b c d e f

k

j

ih

g

0

1

lien

Plus le lien entre deux communes est élevé, plus ces communes seront ‘proches’. Dans la figure 1, c et d sont les observations les plus proches : elles s'agrègent pour former le "noeud" g. Puis e vient s'agréger pour former le noeud h, etc.

Mise en œuvre de la méthode

Pour faciliter la compréhension du processus d’agrégation, l’exemple de la figure 2 illustre son déroulement.

Chaque commune est identifiée par une lettre. On trouve :

- en ligne la commune de résidence X ;

- en colonne la commune de travail Y ;

- à droite du tableau la population active de la commune de résidence.

Chaque case (X,Y) du tableau contient deux valeurs :

- en haut le nombre de personnes habitant en X et travaillant en Y ;

- en bas le lien défini comme précédemment

)(

),( = B)lien(A,

APopAct

BAFlux

Flux (A, B) = flux de A vers B (sorties de A vers B)

PopAct(A) = population active de A

Flux (A, A) = stables de A (personnes qui résident et travaillent dans A)

La somme des effectifs en ligne est égale à la population totale, sauf si la commune envoie des actifs en dehors du champ de l'étude (ce qui est le cas ici).

Réflexions et avancées statistiques 89

Figure 2 - Exemple de flux entre communes

Lieu de travail A B C F G I J K M Autres Destinations

Population active

Lieu de résidence

A 20 10 5 35

ARRENTES 57.1 28.6 14.3

B 130 10 35 5 65 245

AUMONTZEY 53.1 4.1 14.3 2.0 26.5

C 15 50 10 75

BARBEY-SEROUX 20.0 66.6 13.3

F 55 25 50 55 185

LA FORGE 29.7 13.5 27.0 29.7

G 5 3585 15 15 235 3855

GERARDMER 0.1 92.9 0.4 0.4 6.1

I 20 65 970 5 70 1130

GRANGES/VOLOGNE 1.8 5.8 85.8 0.4 6.2

J 5 5 15 85 15 125

JUSSARUPT 4.0 4.0 12.0 68.0 12

K 50 40 10 100

LIEZEY 50.0 40.0 10

M 110 415 60 585

LE THOLY 18.8 70.9 10.3

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Processus :

- On cherche les deux communes les plus liées et on les agrège5.

Dans l’exemple, il s'agit de C et de I, C envoyant 50 personnes sur 75 soit 66.6% de ses actifs vers I. Il faut donc agréger C à I pour former une nouvelle unité géographique ou classe. En pratique, on appellera I cette nouvelle classe du nom de la commune attirante. Dorénavant les communes C et I n'existeront plus mais seront représentées toutes les deux par la classe I. On dira aussi que I est le pôle6 de la classe et C le premier élément de cette classe.

- Il convient alors d’additionner les effectifs de la ligne Y à ceux de la ligne X, y compris les populations totales (suppression de la ligne Y), et d’additionner les effectifs de la colonne Y à ceux de la colonne X (suppression la colonne Y).

- On recalcule le lien entre la classe ainsi créée et chacune des autres communes ou classes déjà constituées.

- On recherche les deux communes ou classes les plus liées, compte tenu des liens nouvellement calculés.

- On recommence le processus : les classes prennent de l'importance puis s'agrègent entre elles jusqu'à former un seul ensemble représentant la région.

Une nouvelle lecture montre que K et G sont maintenant les plus liées, puis A et I. Après l'agrégation de K à G puis de A à I, on obtient le tableau suivant, les pôles étant en majuscules et les satellites en minuscules :

5 On exclut de cette recherche la diagonale de la matrice qui donne la population stable de la commune ainsi que le taux de

stabilité correspondant. On rappelle que le taux de stabilité pour une zone donnée est le rapport du nombre d'actifs résidant et travaillant dans cette zone à sa population active totale.

6 Lorsque le lien est symétrique, le pôle sera par convention la commune la plus peuplée.

Réflexions et avancées statistiques 91

Figure 3 - La figure 2 après trois agrégations

Lieu de travail B F G, k I, c, a J M Autres destinations

POP

Lieu de résidence

B 130 10 35 5 65 245

AUMONTZEY 53.1 4.1 14.3 2.0 26.5

F 55 25 50 55 185

LA FORGE 29.7 13.5 27.0 29.7

G, k 5 3675 15 15 245 3955

GERARDMER 0.1 92.9 0.4 0.4 6.2

I, c, a 20 65 1065 5 85 1240

GRANGES/VOLOGNE 1.6 5.2 85.9 0.4 6.9

J 5 5 15 85 15 125

JUSSARUPT 4.0 4.0 12.0 68.0 12

M 110 415 60 585

LE THOLY 18.8 70.9 10.3

Le lecteur est invité à continuer jusqu'à la fin et il découvrira que G demeure pôle de la classe qui regroupe les 8 autres communes. Ce travail, possible manuellement pour 9 communes, nécessite obligatoirement l'emploi de l'ordinateur lorsqu'il s'agit d'en étudier plusieurs milliers.

Insee Méthodes n° 109 92

Résultats

Les résultats peuvent se résumer sous la forme d'une liste, les communes sont en minuscules et les classes désignées par le nom de leur pôle en majuscules :

Figure 4 - Le détail des agrégations successives

Etape 1 : c s'agrège à i au taux de 66.6 %. i devient pôle de la zone I tandis que c est appelé satellite.

Etape 2 : k s'agrège à g au taux de 50.0 %. g devient pôle de la zone G et k son satellite. Etape 3 : a s'agrège à I au taux de 28.6 %. a s'agrège à la zone I et en devient satellite. Etape 4 : f s'agrège à m au taux de 27.0 %. m devient pôle de la zone M et f son satellite. Etape 5 : M s'agrège à G au taux de 17.5 %. M devient sous-pôle7 de la zone G. La classe (M, f) devient une sous-classe de G et ces 2 communes deviennent deux satellites de G. Etape 6 : b s'agrège à I au taux de 14.3 %. b devient satellite de I. Etape 7 : j s'agrège à I au taux de 16.0 %. j devient satellite de I : Phénomène de rebond (voir ci-dessous).

Etape 8 : I s'agrège à G au taux de 5.2 %.

Les 9 communes sont finalement regroupées au sein d'une seule classe dont le pôle est G. Cette classe contient deux sous classes (I, c, a, b, j) et (M, f). La hiérarchie de la classe finale est donc (G, k, (M, f), (I, c, a, b, j)).

Remarque :

Si une classe Y s'agrège à une classe X pour former la classe résultante Z = X+Y alors :

- les liens des autres communes vers la classe Z sont plus élevés que pour X ou Y. C'est cette propriété qui explique le "rebond". En effet, si T est une commune quelconque différente de X et Y

lien(T→Z) = lien(T→X) + lien(T→Y)

- de plus si lien(X→T) ≥ lien(Y→T), lien(X→T) ≥lien(Z→T) ≥ lien(Y→T)

7 Sous-pôle : on appellera sous-pôle ou pôle rattaché, une commune qui, s'étant en premier lieu comportée comme un pôle,

s'est rattachée avec l'ensemble de sa zone à une autre classe.

Réflexions et avancées statistiques 93

Puisque le processus consiste à toujours traiter le lien le plus fort, on pourrait s'attendre à ce que les liens soient toujours décroissants dans la liste des résultats. Ce n’est pas toujours le cas. Ainsi à l'étape 7, le lien de j à I (16%) est plus fort que le lien de b à I (14.3%) qui a pourtant été traité le premier. C’est ce que l’on appelle le phénomène de "rebond".

L'explication en est simple. Après l'étape 6, la classe I composée des communes I, c et a attire la commune b à 14% et la commune j à 12%. C'est donc b qui s'agrège à I à l'étape 10. La commune j était en outre attirée par b à 4%. Après l'étape 6, j est donc liée à 12+4 soit 16% à la classe I, formée maintenant des communes I, c, a et b. Ce lien, établi avec une classe plus grande, et par l'intermédiaire de B, relate une "polarisation" moins forte. Les résultats peuvent être représentés de différentes façons. Sous la forme d’une liste relatant le détail des agrégations comme ci-dessus. Cette retranscription est insuffisante pour rendre compte de toute la richesse de l’information. La représentation graphique sous forme d’arbre est au contraire bien adaptée pour saisir la hiérarchie des rattachements. Enfin la représentation cartographique est également utile pour finaliser le zonage. Figure 5 - Représentation schématique des agrégations8

1- Au départ, chaque commune constitue sa propre zone.

a

b

c

f

g

i

j

k

m

3- Etape 5 : F est devenu sous-pôle (ou satellite) de la zone G.

a

b

c

F

G

I

j

k

m

2- Trois étapes plus loin : c s'est agrégé à I, k à G et a à I.

a

b

c

f

G

I

j

k

m

4- Fin du processus : l'ensemble des communes ne forme plus qu'une seule zone dont le pôle est G.

a

b

c

F

G

I

j

k

m

8 Les pôles des zones sont en majuscules (sauf les communes isolées qui sont en minuscule).

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Les critères d'arrêt

Comme le démontre le principe explicité précédemment, sans critère d'arrêt le résultat final de l'agrégation correspondra à notre région étudiée dans son ensemble. Il faut donc déterminer quand stopper le processus.

Pour cela 3 paramètres sont possibles, et peuvent être combinés :

a) Lien minimal

Il est possible de fixer une valeur du lien en-deçà de laquelle aucune agrégation n'est possible. C'est-à-dire que si L est le lien maximal entre entités trouvé, et que L<Lmin, alors on stoppe le processus d'agrégation.

b) Isolation partielle

Il est possible de déterminer une valeur de PopAct(A) au-delà de laquelle une entité ne peut plus être déclarée sous-pôle (ou satellite) d'une autre entité.

Ainsi, si on reprend la Figure 5, lors de l'étape 5 (dessin 3) nous avions l'entité F (formée de f & m) qui devenait satellite de G. Or si PopAct(F)>Seuil_Isolation_Partielle alors F ne pourra être déclaré satellite et donc l'agrégation ne pourra se faire. En revanche rien n'empêche une autre entité de venir s'agréger avec F, devenant ainsi son satellite et F le pôle.

Classe partiellement isolée : si elle se comporte comme un pôle, ne peut plus s’agréger à une autre classe mais d’autres classes pourront s’y agréger.

c) Isolation totale

Ce paramètre correspond à un seuil de PopAct(A) au-delà duquel la zone constituée ne peut plus évoluer. Elle ne pourra donc plus être ni satellite d'une autre zone, ni accueillir par agrégation une quelconque autre entité.

Ainsi, si on reprend la Figure 5, lors de l'étape 5 (dessin 3) nous avions l'entité F (formée de f & m) qui devenait satellite de G. Or si PopAct(G)>Seuil_Isolation_Totale alors la zone G ne pourra plus évoluer et donc l'agrégation ne pourra se faire.

Classe totalement isolée : lorsqu’elle ne pourra plus s’agréger à une autre et qu’aucune classe ne pourra s’y agréger.

L'algorithme prend fin lorsqu'aucune agrégation n'est possible en fonction des critères définis.

Quelques définitions :

- Classe : ensemble d’unités géographiques agrégées lors du processus d’agrégation.

- Pôle : lors d’une agrégation, on parle de pôle pour désigner l’unité géographique attirante.

- Pôle rattaché : pôle dont la zone a été agrégée dans la suite du processus à un autre pôle. On parle aussi de sous-pôle.

- Rebond : une unité géographique peut se trouver attirée à un pôle avec un taux plus fort que l’unité géographique précédemment agrégée à ce pôle, tout simplement parce qu’elle se trouve attirée à la fois par le pôle et à la fois par cette unité déjà agrégée. Le rebond n’intervient que lors du recalcul de la table de données.

- Satellite : lorsque le lien ne fait intervenir qu’un flux orienté, on dira qu’une unité géographique devient satellite si c’est elle qui est attirée. La commune attirante est la commune pôle.

Réflexions et avancées statistiques 95

Les paramètres

L'application permet de fixer un ensemble de paramètres, comme les critères d'arrêt (cf. supra), mais aussi d'autres critères permettant d'affiner l'étude par rapport au zonage attendu : Type de liaison

ANABEL propose 2 types de fonctions de liaison :

Attractivité (AA ) :

)(

),( = B)lien(A,

APopAct

BAFlux

Echange (EN) :

+)(

),(),( = B)lien(A,

APopAct

ABFluxBAFlux

Le choix entre ces 2 fonctions de lien se fera selon les flux étudiés :

- Ainsi pour des flux du type polarisés (par ex. navettes domicile/travail), la fonction à utiliser sera plutôt la AA.

- Pour les flux sans polarisation apparente (par ex. migration résidentielles), la fonction à utiliser sera plutôt la EN.

Le lien AA prend une valeur comprise entre 0 et 1 et correspond à la part des individus de A se rendant dans B.

Le lien EE est quasi-symétrique. Il prend en compte les flux dans les 2 sens (A�B et B�A). Il prend des valeurs minorées par 0 mais pas majorées.

ANABEL ne reprend pas l'ensemble des fonctions de lien proposées par Mirabel, mais uniquement celle utilisées régulièrement.

Remarques :

- En attraction, le calcul ne fait intervenir qu’un flux orienté de A vers B. En échange, le calcul fait intervenir les flux dans les deux sens, A vers B et B vers A. En échange, les liens sont dits symétriques lorsque les deux unités géographiques élémentaires sont prises en compte de manière égalitaire.

- Les liens en attraction sont conseillés lorsqu’on cherche à délimiter l’aire d’attraction d’une commune ou d’une zone. Les liens en échange privilégient la réciprocité des flux et donnent souvent plus de poids à la commune la plus peuplée. Par exemple, une zone industrielle implantée en périphérie d’une ville pourra être considérée comme pôle en attraction dans la mesure où elle attire les habitants des communes voisines qui viennent y travailler. Mais en échange, cette zone ne s’individualisera probablement pas et sera comprise dans la zone d’échange de la ville avec laquelle elle fonctionne.

Contiguïté

Il est possible d'ajouter une contrainte de contiguïté, afin de ne rendre possible l'agrégation entre entités que si elles sont contigües l'une à l'autre.

Prise en compte des stables

Ce paramètre permet de ne pas prendre en compte les individus ayant des flux stables (i.e. A�A).

En effet, si ces flux ne sont pas pris en compte dans le calcul du lien maximal (une entité ne sera jamais agrégée avec elle-même), ils interfèrent dans le calcul de PopAct(A) dans la fonction de lien. Ne pas prendre en compte les stables focalise donc les calculs uniquement sur les individus mobiles.

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Pôles a priori

Il est possible de fixer au départ un ensemble de communes qui joueront le rôle de pôles a priori. C'est-à-dire que les agrégations ne se feront qu'autour de ces pôles, les pôles ne pouvant être satellites d'autres pôles.

Le résultat final sera donc une partition contenant autant de zones que de pôles a priori, avec un pôle par zone.

L’effet « boule de neige »

Dans le cas d’une ville par exemple, les communes de la périphérie vont être fortement attirées. De fil en aiguille, des communes de plus en plus éloignées vont s’agréger à cette zone car elles sont elles-mêmes attirées par cette zone en constitution, plus faiblement certes, mais l’agrégation sera tout de même effective. C’est ce que l’on appelle l’effet « boule de neige ». Cet effet rend plus difficile l’émergence de petites zones à la périphérie de gros pôles d’emploi. C’est également ce processus qui peut expliquer qu’au final, une commune peut se trouver plus fortement attirée par une autre zone que la sienne (à la limite de deux grosses zones par exemple). En effet, après son agrégation, Anabel continue à faire grossir toutes les zones, aussi bien la sienne que ses voisines. L’une de celle-ci peut très bien, en atteignant une configuration plus avancée, devenir la plus attirante.

Comme on l’a vu, il peut arriver qu’une commune affectée à une zone se trouve plus attirée au final par une autre zone. Ce cas est a priori rare mais il résulte du fait que l’outil affecte une fois pour toute une commune à une zone, et que l’ordre d’agrégation n’est pas anodin.

Réflexions et avancées statistiques 97

BIBLIOGRAPHIE

Insee Méthodes n° 109 98

Réflexions et avancées statistiques 99

Cette courte bibliographie présente les principales publications utilisées pour la conception de ce document (extraits et synthèses). Les publications sur les zonages d’étude de l’Insee et les travaux universitaires menés sur ces thèmes sont très nombreux.

Documents sur les différents zonages d’étude sur le site de l’Insee : www.Insee.fr

Insee-Méthodes n°76-77-78, juillet 1998.

« Les zonages : enjeux et méthodes » Insee-Méthodes n°83, décembre 1998.

« Un zonage pour quoi faire ? Des territoires à vivre », C. TERRIER, 1999.

« Zonages fonctionnels pour le développement local », Démographie et aménagement du territoire, JP. LE GLEAU, mai 1996.

« Actualisation du zonage en aires urbaines et de son complément rural », INRA-ENESAD, Octobre 2002.

« Structuration de l'espace rural : une approche par les bassins de vie », Juillet 2003.

Julien P. et Pougnard J. (2004), « Les bassins de vie, au cœur de la vie des bourgs et petites villes », Insee Première n°953.

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Insee Méthodes n° 109 100