hume et le stoicisme

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    David HUME (1742)

    Essai

    sur le stocienTraduction originale de M. Philippe Folliot,

    Professeur de philosophie au Lyce Ango, Dieppe, Normandie.18 avril 2007.

    Un document produit en version numrique par Philippe Folliot, bnvole,Professeur de philosophie au Lyce Ango Dieppe en Normandie

    Courriel: [email protected] web: http://perso.wanadoo.fr/philotra/

    Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"Site web: http://classiques.uqac.ca/

    Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de l'Universit du Qubec Chicoutimi

    Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/

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    Hume, Essai sur le stoque. (1742) 2

    Un document produit en version numrique par M. Philippe Folliot, bnvole,Professeur de philosophie au Lyce Ango Dieppe en NormandieCourriel: [email protected] web: http://perso.wanadoo.fr/philotra/

    David HUME

    Essai sur le stoque.

    traduit de l'anglais par Philippe Folliot, partir de

    The Stoic. InEssays & Treatises on several subjects. In two vo-lumes Containing Essays, moral, political, and literary. A new edition.LONDON. Printed for A. Millar, in the Strand; and A. Kincaid and A.

    Donaldson, at Edinburgh. MDCCLXIV. 1re dition de cet essai:1742.

    [Autorisation formelle accorde par mon ami Philippe Foliot, philosophe ettraducteur, de diffuser cette traduction, le 18 avril 2007.]

    Courriel : [email protected]: http://perso.orange.fr/philotra/essai_epicurien.htm

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    dition numrique ralise le 18 avril 2007 Chicoutimi, Ville

    de Saguenay, province de Qubec, Canada.

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    Hume, Essai sur le stoque. (1742) 3

    Table des matires

    Essai sur le stocien. Traduction de Philippe Folliot, 18 avril 2007.

    The Stoic. by David Hume (1742)

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    Hume, Essai sur le stoque. (1742) 4

    David Hume,Essai sur le stocien 1.

    Traduction de Philippe Folliot, 18 avril 2007.

    Retour la table des matires

    Il existe une diffrence importante et vidente dans la conduite de

    la nature lgard de lhomme et des autres animaux car, ayant dot lepremier dun sublime esprit cleste et lui ayant donn une affinitavec les tres suprieurs, elle nadmet pas que des facults aussi no-bles demeurent dans la lthargie et loisivet mais elle le pousse, parncessit et en toute occasion, employer tout son artet toute son in-dustrie 2. La nature pourvoit la plupart des besoins des btes, labienveillante mre de toutes choses les ayant vtues et armes et,quand leur propre industrie est requise en certaines occasions, la na-ture, en implantant en elles des instincts, les pourvoit encore dun artet les guide vers leur bien par des prceptes infaillibles. Maislhomme, expos nu et indigent aux rudes lments, se hisse lente-ment hors de cet tat de faiblesse 3 par le soin et la vigilance de ses

    1 Ou homme daction et de vertu. (Note de Hume)2 Industry : industrie, travail, zle, soin. Dans cet essai, le mot est utilis au

    sens deffort, activit laborieuse. (NdT)3 helpless : faiblesse, dlaissement, absence de secours. Lide, qui

    senracine dans le mythe de Promthe et dEpimthe, est ici, comme dans latroisime proposition de Lide dune histoire universelle ... de Kant, quelhomme doit slever par ses propres moyens. (NdT)

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    parents et, parvenu au plus haut degr de croissance et de perfection, ilnatteint la capacit de subsister que par son propre soin et sa proprevigilance. Tout se paie de travail et dhabilet et, quand la nature

    fournit les matriaux, ils sont encore bruts et inachevs jusque ce quelindustrie, sans cesse active et intelligence, raffine cette matirebrute 4 et ladapte lusage et la commodit humaines.

    homme, reconnais donc la bienveillance de la nature car elle tadonn cette intelligence qui subvient tous tes besoins. Mais quelindolence, sous la fausse apparence de la gratitude, ne te persuadepas de te satisfaire de ses prsents. Voudrais-tu retourner lherbecrue pour toute nourriture, au ciel ouvert pour tout toit, aux pierres etau gourdin pour toute dfense contre les animaux froces du dsert 5 ?Retourne alors aussi tes murs sauvages, ta craintive superstition, ta brutale ignorance et laisse-toi tomber au-dessous des ces animauxdont tu admires la condition et que tu voudrais imiter dune faon aus-si insense.

    Ta bienveillante mre, la nature, qui ta donn ton art et ton intelli-gence, a rempli tout le globe de matriaux pour employer ces talents.

    Ecoute sa voix qui te dit si clairement que tu dois aussi tre lobjet deton industrie et que cest par lart et leffort seuls que tu peux acqurircette capacit qui tlvera jusqu ta juste place dans lunivers. Re-garde cet artisan qui transforme une pierre rude et informe en un noblemtal et qui, faonnant ce mtal de ses mains habiles, cre, commepar magie, toute arme pour sa dfense et tout ustensile pour sa com-modit. Il ne tient pas ce talent de la nature, [seuls] lusage et la prati-que lui ont appris ces choses. Si tu veux rivaliser avec son succs, tu

    dois suivre ses pas laborieux.

    Mais, alors que tu aspires avec ambition perfectionner les pou-voirs et les facults de ton corps, voudrais-tu indignementngliger ton

    4 Exactement : refines them from their brute state . (NdT)5 Ici au sens de nature inculte, sauvage. (NdT)

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    esprit et, cause dune paresse absurde, le laisser dans un tat aussigrossier et aussi inculte que sil sortait des mains de la nature. Unetelle folie et une telle ngligence sont bien loin de rvler un tre rai-

    sonnable 6. Si la nature a t conome dans ses dons et sa dotation, ilest dautant plus besoin dart pour suppler ses dfauts. Si elle a tgnreuse et librale, sache quelle attend encore de nous industrie etapplication et quelle se venge proportion de notre ngligente ingra-titude. Le gnie le plus riche, comme le sol le plus fertile, quand ilnest pas cultiv, fait germer les mauvaises herbes les plus envahis-santes et, au lieu de vins et dolives pour le plaisir et lusage delhomme, il produit pour son paresseux possesseur la plus abondantemoisson de poisons.

    La grande fin de toute activit laborieuse7 de lhomme, cestdatteindre le bonheur. Dans ce but, les arts furent invents, les scien-ces cultives, les lois ordonnes et les socits modeles par la plusprofonde sagesse des patriotes et des lgislateurs. Mme le sauvagesolitaire, expos la rigueur des lments et la fureur des btes sau-vages, noublie pas un instant ce grand objectif de son existence.Ignorant comme il lest de tout art de vivre, il garde pourtant en vue la

    fin de ces arts et cherche avidement la flicit au sein de lobscuritqui lenvironne. Mais, autant le sauvage le plus inculte est infrieur aucitoyen polic qui, sous la protection des lois, jouit de toutes les com-modits que lindustrie [humaine] a inventes, autant le citoyen lui-mme est infrieur lhomme de vertu et au vritable philosophe quigouvernent leurs apptits, matrisent leurs passions et ont appris par laraison fixer une juste valeur aux occupations 8 et aux plaisirs. Eneffet, toutes les autres fins ne demandent-elles pas un art et un appren-

    tissage ? Et nexiste-t-il pas un art de vivre, des rgles et des prceptespour nous diriger vers ce principal objectif ? Un plaisir particulier

    6 Traduction assez libre de Far be such folly and negligence from every ra-tional being. (NdT)

    7 industry . (NdT)8 Le mot utilis par Hume (pursuit) signifie aussi poursuite, recherche .

    ( NdT)

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    peut-il tre atteint sans une [certaine] habilet et lensemble peut-iltre rgl sans rflexion ou sans intelligence par la conduite aveuglede lapptit et de linstinct ? Certainement, alors, aucune erreur ne se-

    rait jamais commise dans cette affaire et tout homme, mme le plusdissolu et le plus ngligent, continuerait sa recherche du bonheur dunmouvement aussi infaillible que celui que les corps clestes observentquand, conduits par la main du Tout-Puissant, ils roulent dans lesplaines thres. Mais, si lerreur est frquente, si elle est invitable-ment commise, reprons ces erreurs, considrons leurs causes, pesonsleur importance et recherchons des remdes. Quand, partir de l,nous aurons fix toutes les rgles de conduite, nous serons philoso-

    phes et, quand nous aurons mis ces rgles en pratique, nous seronssages.

    Semblables de nombreux artisans subalternes quon emploie pourformer les diffrentes roues et les diffrents ressorts dune machinesont ceux qui excellent dans tous les arts particuliers de la vie. Est lematre duvre celui qui runit ces diffrentes parties, qui les meutselon une juste harmonie et une juste proportion et qui produit la vri-table flicit comme le rsultat de leur ordre conspirant.

    Alors que tu as en vue un objet aussi sduisant, si jamais cettepeine et cette attention exiges pour atteindre la fin te semblent acca-blantes et intolrables, sache que cest cet effort 9 lui-mme qui est leprincipal ingrdient de la flicit laquelle tu aspires et que toute

    jouissance devient vite insipide et dsagrable quand elle nest pasacquise par la fatigue et lindustrie 10. Regarde les hardis chasseurs selever de leur couche douillette, secouer le sommeil qui pse encore sur

    leurs lourdes paupires et se hter vers la fort avant quAurore naitrecouvert les cieux de son manteau flamboyant. Ils laissent derrire

    9 Mes traductions peine et effort renvoient au mme mot labour.(NdT)

    10 Il sagit l dun lieu commun que lon trouve par exemple chez Shaftesbury.(NdT)

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    eux, dans leur propre demeure et dans les plaines avoisinantes, desanimaux de tout genre dont la chair fournit les mets les plus dlicieuxet qui soffrent au coup fatal. Lhomme courageux 11 ddaigne une

    prise aussi facile. Il est en qute dune proie qui se drobe sa recher-che, qui senfuit son approche ou qui se dfend de sa violence.Ayant exerc la chasse toutes les passions de lesprit et tous lesmembres du corps, il trouve alors les charmes du repos et compareavec joie ses plaisirs ceux des efforts quil sest imposs avec

    joie 12.

    De vigoureux efforts 13 ne peuvent-ils pas rendre plaisante la pour-suite de la proie la plus misrable qui chappe frquemment nos fi-lets ? Les mmes efforts ne peuvent-ils pas faire de la culture de notreesprit, de la modration de nos passions et du progrs de notre raisonvers les lumires une occupation agrable, alors que nous sommeschaque jour conscients de notre progrs et que nous contemplons lestraits et les expressions de notre intriorit 14 qui sclairent sans cessede nouveaux charmes ? Commencez par vous gurir de cette lthargi-que indolence, la tche nest pas difficile. Il suffit de goter aux dou-ceurs dun honnte labeur. Apprenez la juste valeur de chaque oc-

    cupation 15, une longue tude nest pas ncessaire. Comparez, ne se-rait-ce quune fois, lesprit au corps, la vertu la fortune et la gloireau plaisir. Vous percevrez alors les avantages de leffort 16, vous serezalors conscients des objets qui conviennent cet effort.

    11 laborious : qui est prt faire des efforts, se donner de la peine. (NdT)

    12 engaging labours . Il est difficile de rendre compte de lide ici exprime :effort quon simpose mais effort nanmoins plaisant. (NdT)

    13 vigorous Industry . (NdT)14 Il sagit ici chez Hume dune image. Les termes features et counte-

    nance sappliquent ordinairement au visage. (NdT)15 Le mot utilis par Hume (pursuit) signifie aussi poursuite, recherche .

    ( NdT)16 industry . (NdT)

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    En vain attendez-vous le repos des lits de roses 17, en vain esprez-vous jouir des vins et des fruits les plus dlicieux. Votre indolenceelle-mme devient une fatigue, votre plaisir lui-mme cre le dgot.

    Lesprit, sans exercice, trouve tout dlice insipide et curant et,avant mme que le corps, plein dhumeurs malsaines, ne ressente letourment des maux qui se multiplient, la partie plus noble de votrepersonne est sensible au poison envahissant et cherche en vain sou-lager son angoisse par de nouveaux plaisirs qui aggravent encore lafatale maladie. 18

    Je nai pas besoin de vous dire que, par cette avide poursuite du

    plaisir, vous vous exposez de plus en plus la fortune et aux accidentset que vous rivez vos affections des objets extrieurs que le hasardpeut vous ravir en un instant. Je supposerai que votre bonne toilevous prte encore la jouissance de vos richesses et de vos biens. Jevous prouverai que, mme au milieu de vos luxueux plaisirs, vous tesmalheureux et que, par trop de laisser-aller, vous tes incapable de

    jouir de ce que la chance 19 vous permet encore de possder.

    Mais, assurment, linstabilit de la fortune est une considration

    quil ne faut pas oublier ou ngliger. Il nest pas possible que le bon-heur existe l o il ny a aucune scurit et la scurit ne peut avoiraucune place quand la fortune a quelque empire. Mme si cette insta-ble divinit nexerce pas sa rage contre nous, sa crainte vous tourmen-tera encore, troublera votre sommeil, hantera vos rves et jettera unfroid sur la gaiet de vos plus dlicieux banquets.

    Le temple de la sagesse sige sur un rocher, au-dessus de la fureur

    des violents lments, inaccessible toute la mchancet humaine. Le

    17 Dans lessai sur lpicurien, Hume crit : O! for ever let me spread my limbson this bed of roses. (Ndt)

    18 Tout ce passage fait penser lEnqute sur la vertu de Shaftesbury. (NdT)19 prosperous fortune . (NdT)

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    tonnerre 20 qui gronde frappe plus bas et les plus terribles instrumentsde la fureur humaine natteignent pas une hauteur si sublime. Le sage,pendant quil respire cet air serein, regarde de haut avec un plaisir m-

    l de compassion les erreurs des mortels gars qui cherchent aveu-glment le vrai chemin de la vie et poursuivent les richesses, la no-blesse et le pouvoir comme sil sagissait de la vritable flicit. Ilvoit la plupart dus par leurs dsirs nafs. Certains se lamentent qui,ayant une fois possd lobjet de leurs dsirs, ont vu le sort jaloux leleur ravir ; et tous se plaignent de ce que mme la satisfaction de leursvux ne leur donne pas le bonheur ou ne les soulage pas de langoissede leurs esprits gars.

    Mais le sage demeure-t-il toujours dans cette indiffrence philoso-phique et se contente-t-il de se lamenter sur les malheurs delhumanit sans jamais semployer les soulager ? Sadonne-t-il cons-tamment cette svre sagesse qui, prtendant llever au-dessus desaccidents humains, ne fait en ralit que durcir son cur et lui ter lesouci des intrts de lhumanit et de la socit ? Non, il sait que, danscette sombre Apathie, on ne trouve ni la vritable sagesse, ni le vraibonheur. Il ressent trop fortement le charme des affections sociales

    pour jamais aller lencontre dun penchant aussi doux, aussi naturelet aussi vertueux. Mme quand, baign de larmes, il pleure sur lesmalheurs de la race humaine, de son pays, de ses amis et que, incapa-ble de les secourir, il ne peut les soulager que par sa compassion, il serjouit pourtant de cette gnreuse disposition et prouve une satisfac-tion suprieure celle des sens les plus relchs. Les sentiments delhumanit sont si attrayants quils illuminent le visage mme du cha-grin et agissent comme le soleil qui, jetant ses rayons sur un sombre

    nuage ou une pluie tombante, les teinte des plus clatantes couleursque lon puisse trouver dans tout le cercle de la nature.

    20 La formule humienne mle le tonnerre et la foudre ( the rolling thunderbreaks below . (NdT)

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    Mais ce nest pas seulement l que les vertus sociales dploientleur nergie. A quelque ingrdient quon les mle, elles prdominenttoujours. De mme que le chagrin ne peut les vaincre, le plaisir sen-

    suel ne peut les obscurcir. Les joies de lamour, si tumultueusessoient-elles, ne bannissent pas les tendres sentiments de sympathie etdaffection. Elles tirent mme leur principale influence de cette gn-reuse passion et, quand elles se prsentent seules, elles noffrent quelassitude et dgot lesprit malheureux. Voyez ce dbauch tout

    joyeux qui professe un mpris de tout autre plaisir que ceux du vin etla fte. Sparez-le de ses compagnons comme une flammche est s-pare du feu o elle contribuait lembrasement gnral. Son alacritsteint tout coup et, mme entour de toutes les autres sources deplaisirs, il se dgote du festin et prfre mme ltude et la spcula-tion les plus abstraites, comme plus agrables et plus divertissantes.

    Mais les passions sociales noffrent jamais de plaisirs aussi exal-tants et ne crent une aussi glorieuse apparence aux yeux de DIEU etdes hommes que quand, se dbarrassant de tout mlange terrestre, el-les sassocient aux sentiments de la vertu et nous suggrent des ac-tions louables et mritantes. Ces sentiments qui ennoblissent lesprit

    humain sont comme des couleurs en harmonie qui, par lunion quiconvient, se donnent et reoivent mutuellement de lclat. Voyez letriomphe de la nature dans laffection des parents. Quelle passiongoste, quel plaisir sensuel peut rivaliser avec elle ? Comme unhomme exulte la prosprit et la vertu de ses enfants ! Comme ilvole leur secours au milieu des dangers les plus terribles et les plusmenaants !

    Purifiez encore cette passion gnreuse, vous nen admirerez quedavantage les brillants clats. Quels charmes il y a dans lharmoniedes esprits et dans une amiti fonde sur une estime et une gratituderciproques ! Quelle satisfaction que de soulager celui qui est dans ladtresse, de rconforter lafflig, de relever celui qui est tomb et destopper la marche dun sort cruel ou celle dhommes encore pluscruels qui insultent le bon et le vertueux ! Quelle suprme joie dans

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    les victoires remportes sur le vice aussi bien que sur la misre quand,par de vertueux exemples ou de sages exhortations, nos semblablesapprennent gouverner leurs passions, rformer leurs vices et

    vaincre leurs pires ennemis, ennemis qui habitent leur propre cur !

    Mais ces objets sont encore trop limits pour lesprit humain qui,tant dorigine cleste, se gonfle 21 des affections les plus divines etles plus vastes et, portant son attention au-del des parents et des fa-miliers, tend ses vux bienveillants jusqu la plus lointaine postri-t. Il regarde la libert et les lois comme les sources du bonheur hu-main et se voue avec la plus extrme alacrit leur garde et leur pro-tection. Les tches pnibles, les dangers et la mort elle-mme ont leurscharmes quand nous les bravons pour le bien public et ils ennoblissentcette existence que nous sacrifions gnreusement aux intrts de no-tre pays. Heureux celui qui une fortune indulgente permet de payer la vertu ce quil doit la nature et de faire un gnreux don de ce qui,sans cela, lui est ravi par la cruelle ncessit.

    Chez le vritable sage, chez le vritable patriote, on trouve lunionde tout ce qui distingue la nature humaine ou lve le mortel jusqu

    la ressemblance avec la divinit. La plus douce bienveillance, la pluscourageuse rsolution, les plus tendres sentiments, le plus sublimeamour de la vertu, tout cela anime successivement son cur exalt.Quelle satisfaction, quand il regarde en lui, de trouver les plus turbu-lentes passions accordes en une juste harmonie et un juste concert,toute fausse note tant bannie de cette charmante musique ! Si mmela contemplation dune beaut inanime est si dlicieuse, si elle ravitles sens mme quand la belle forme nous est trangre, quels doivent

    tre les effets de la beaut morale ? Et quelle influence doit-elle avoirquand elle embellit notre propre esprit et est le rsultat de notre proprerflexion et de nos propres efforts 22.

    21 Le verbe parat peu heureux (mme dans la langue anglaise) mais il est choisipar Hume ( to swell ). (NdT)

    22 industry . (NdT)

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    Mais o est la rcompense de la vertu ? Quelle rcompense la na-

    ture a-t-elle prvue pour des sacrifices aussi importants que ceux de

    la vie et de la fortune, sacrifices que nous devons souvent lui faire .Oh, fils de la terre ! Ignorez-vous la valeur de cette matresse cleste ?Vous souciez-vous bassement de sa dot quand vous observez sescharmes authentiques ? Sachez que la nature a t indulgente pour lafaiblesse humaine et quelle na pas laiss cette enfant favorite nue etdshrite. Elle a pourvu la vertu de la plus riche dot mais, prenantgarde que les attraits de lintrt nattirent des prtendants insensibles la valeur intrinsque dune beaut aussi divine, elle a sagement pr-vu que cette dot ne pourrait avoir de charme quaux yeux de ceux quisont dj exalts par lamour de la vertu. La GLOIRE est la dot de lavertu, la douce rcompense defforts honorables, la couronne triom-phale qui ceint la tte pensive du patriote dsintress ou le front pleinde poussire 23 du guerrier victorieux. Elev par une rcompense aussisublime, lhomme de vertu regarde den haut avec mpris tous les at-traits du plaisir et toutes les menaces de danger. La mort elle-mme neparvient pas le terroriser quand il considre que son empire stendseulement sur une partie de lui-mme et que, en dpit de la mort et du

    temps, de la furie des lments et des vicissitudes des affaires humai-nes, il est assur dune renomme immortelle parmi les fils des hom-mes.

    Il y a certainement un tre 24 qui prside lunivers et qui, avec unpouvoir et une sagesse infinis, a ramen les lments discordants un

    juste ordre et une juste proportion. Que les raisonneurs spculatifsdisputent pour savoir jusquo cet tre bienveillant tend son soin 25

    et sil prolonge notre existence au-del du tombeau afin daccorder la vertu sa juste rcompense et de la rendre pleinement triomphante.

    23 Littralement, le front poussireux , expression en usage dans la posiepique (dont lorigine semble homrique). (NdT)

    24 Sans majuscule dans le texte de Hume. (NdT)25 La traduction de care par providence est tentante mais infidle. (NdT)

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    Lhomme moral, sans rien dcider dun sujet aussi douteux, se satis-fait du lot qui lui a t assign par le suprme ordonnateur de touteschoses. Il accepte avec gratitude cette rcompense venir qui a t

    prpare pour lui et, sil est du, il ne pensera pas que la vertu est unvain mot mais, estimant que cest la juste rcompense qui lui revient,il reconnatra avec gratitude la bont de son crateur qui, lappelant lexistence, lui a de cette faon offert loccasion dacqurir un bienaussi inestimable.

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    The Stoic 26

    by David Hume

    Retour la table des matiresTHERE is this obvious and material difference in the conduct of na-

    ture, with regard to man and other animals, that, having endowed theformer with a sublime celestial spirit, and having given him an affinitywith superior beings, she allows not such noble faculties to lie lethar-gic or idle; but urges him, by necessity, to employ, on every emer-gence, his utmost artand industry. Brute-creatures have many of theirnecessities supplied by nature, being cloathed and armed by this be-neficent parent of all things: And where their own industry is requisite

    on any occasion, nature, by implanting instincts, still supplies themwith the art, and guides them to their good, by her unerring precepts.But man, exposed naked and indigent to the rude elements, risesslowly from that helpless state, by the care and vigilance of his par-ents; and having attained his utmost growth and perfection, reachesonly a capacity of subsisting, by his own care and vigilance. Everything is sold to skill and labour; and where nature furnishes the mate-rials, they are still rude and unfinished, till industry, ever active andintelligent, refines them from their brute state, and fits them for hu-

    man use and convenience.Acknowledge, therefore, O man, the beneficence of nature; for she

    has given thee that intelligence which supplies all thy necessities. Butlet not indolence, under the false appearance of gratitude, persuade

    26 Or the man of action and virtue.

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    thee to rest contented with her presents. Wouldest thou return to theraw herbage for thy food, to the open sky for thy covering, and tostones and clubs for thy defence against the ravenous animals of the

    desert? Then return also to thy savage manners, to thy timorous super-stition, to thy brutal ignorance; and sink thyself below those animals,whose condition thou admirest, and wouldest so fondly imitate.

    Thy kind parent, nature, having given thee art and intelligence, hasfilled the whole globe with materials to employ these talents: Hearkento her voice, which so plainly tells thee, that thou thyself shouldestalso be the object of thy industry, and that by art and attention alonethou canst acquire that ability, which will raise thee to thy proper sta-tion in the universe. Behold this artizan, who converts a rude and

    shapeless stone into a noble metal; and molding that metal by his cun-ning hands, creates, as it were by magic, every weapon for his de-fence, and every utensil for his convenience. He has not this skill fromnature: Use and practice have taught it him: And if thou wouldestemulate his success, thou must follow his laborious foot-steps.

    But while thou ambitiously aspirest to perfecting thy bodily powersand faculties, wouldest thou meanly neglect thy mind, and from a pre-posterous sloth, leave it still rude and uncultivated, as it came from the

    hands of nature? Far be such folly and negligence from every rationalbeing. If nature has been frugal in her gifts and endowments, there isthe more need of art to supply her defects. If she has been generousand liberal, know that she still expects industry and application on ourpart, and revenges herself in proportion to our negligent ingratitude.The richest genius, like the most fertile soil, when uncultivated, shootsup into the rankest weeds; and instead of vines and olives for thepleasure and use of man, produces, to its slothful owner, the mostabundant crop of poisons.

    The great end of all human industry, is the attainment of happiness.For this were arts invented, sciences cultivated, laws ordained, andsocieties modelled, by the most profound wisdom of patriots and leg-islators. Even the lonely savage, who lies exposed to the inclemencyof the elements, and the fury of wild beasts, forgets not, for a moment,this grand object of his being. Ignorant as he is of every art of life, hestill keeps in view the end of all those arts, and eagerly seeks for felic-

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    ity amidst that darkness with which he is environed. But as much asthe wildest savage is inferior to the polished citizen, who, under theprotection of laws, enjoys every convenience which industry has in-

    vented; so much is this citizen himself inferior to the man of virtue,and the true philosopher, who governs his appetites, subdues his pas-sions, and has learned, from reason, to set a just value on every pursuitand enjoyment. For is there an art and apprenticeship necessary forevery other attainment? And is there no art of life, no rule, no preceptsto direct us in this principal concern? Can no particular pleasure beattained without skill; and can the whole be regulated without reflec-tion or intelligence, by the blind guidance of appetite and instinct?Surely then no mistakes are ever committed in this affair; but everyman, however dissolute and negligent, proceeds in the pursuit of hap-

    piness, with as unerring a motion, as that which the celestial bodiesobserve, when, conducted by the hand of the Almighty, they roll alongthe ethereal plains. But if mistakes be often, be inevitably committed,let us register these mistakes; let us consider their causes; let us weightheir importance; let us enquire for their remedies. When from this wehave fixed all the rules of conduct, we are philosophers: When wehave reduced these rules to practice, we are sages.

    Like many subordinate artists, employed to form the several

    wheels and springs of a machine: Such are those who excel in all theparticular arts of life. He is the master workman who puts those sev-eral parts together; moves them according to just harmony and propor-tion; and produces true felicity as the result of their conspiring order.

    While thou hast such an alluring object in view, shall that labourand attention, requisite to the attainment of thy end, ever seem bur-densome and intolerable? Know, that this labour itself is the chief in-gredient of the felicity to which thou aspirest, and that every enjoy-ment soon becomes insipid and distasteful, when not acquired by fa-

    tigue and industry. See the hardy hunters rise from their downycouches, shake off the slumbers which still weigh down their heavyeye-lids, and, ere Aurora has yet covered the heavens with her flam-ing mantle, hasten to the forest. They leave behind, in their ownhouses, and in the neighbouring plains, animals of every kind, whoseflesh furnishes the most delicious fare, and which offer themselves tothe fatal stroke. Laborious man disdains so easy a purchase. He seeks

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    for a prey, which hides itself from his search, or flies from his pursuit,or defends itself from his violence. Having exerted in the chace everypassion of the mind, and every member of the body, he then finds the

    charms of repose, and with joy compares its pleasures to those of hisengaging labours.

    And can vigorous industry give pleasure to the pursuit even of themost worthless prey, which frequently escapes our toils? And cannotthe same industry render the cultivating of our mind, the moderatingof our passions, the enlightening of our reason, an agreeable occupa-tion; while we are every day sensible of our progress, and behold ourinward features and countenance brightening incessantly with newcharms? Begin by curing yourself of this lethargic indolence; the task

    is not difficult: You need but taste the sweets of honest labour. Pro-ceed to learn the just value of every pursuit; long study is not requi-site: Compare, though but for once, the mind to the body, virtue tofortune, and glory to pleasure. You will then perceive the advantagesof industry: You will then be sensible what are the proper objects ofyour industry.

    In vain do you seek repose from beds of roses: In vain do you hopefor enjoyment from the most delicious wines and fruits. Your indo-

    lence itself becomes a fatigue: Your pleasure itself creates disgust.The mind, unexercised, finds every delight insipid and loathsome; andere yet the body, full of noxious humours, feels the torment of its mul-tiplied diseases, your nobler part is sensible of the invading poison,and seeks in vain to relieve its anxiety by new pleasures, which stillaugment the fatal malady.

    I need not tell you, that, by this eager pursuit of pleasure, you moreand more expose yourself to fortune and accidents, and rivet your af-fections on external objects, which chance may, in a moment, ravish

    from you. I shall suppose, that your indulgent stars favour you stillwith the enjoyment of your riches and possessions. I prove to you, thateven in the midst of your luxurious pleasures, you are unhappy; andthat by too much indulgence, you are incapable of enjoying whatprosperous fortune still allows you to possess.

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    But surely the instability of fortune is a consideration not to beoverlooked or neglected. Happiness cannot possibly exist, where thereis no security; and security can have no place, where fortune has any

    dominion. Though that unstable deity should not exert her rageagainst you, the dread of it would still torment you; would disturbyour slumbers, haunt your dreams, and throw a damp on the jollity ofyour most delicious banquets.

    The temple of wisdom is seated on a rock, above the rage of thefighting elements, and inaccessible to all the malice of man. The roll-ing thunder breaks below; and those more terrible instruments of hu-man fury reach not to so sublime a height. The sage, while he breathesthat serene air, looks down with pleasure, mixed with compassion, on

    the errors of mistaken mortals, who blindly seek for the true path oflife, and pursue riches, nobility, honour, or power, for genuine felicity.The greater part he beholds disappointed of their fond wishes: Somelament, that having once possessed the object of their desires, it is rav-ished from them by envious fortune: And all complain, that even theirown vows, though granted, cannot give them happiness, or relieve theanxiety of their distracted minds.

    But does the sage always preserve himself in this philosophical in-

    difference, and rest contented with lamenting the miseries of mankind,without ever employing himself for their relief? Does he constantlyindulge this severe wisdom, which, by pretending to elevate himabove human accidents, does in reality harden his heart, and renderhim careless of the interests of mankind, and of society? No; heknows that in this sullen Apathy, neither true wisdom nor true happi-ness can be found. He feels too strongly the charm of the social affec-tions ever to counteract so sweet, so natural, so virtuous a propensity.Even when, bathed in tears, he laments the miseries of human race, ofhis country, of his friends, and unable to give succour, can only re-

    lieve them by compassion; he yet rejoices in the generous disposition,and feels a satisfaction superior to that of the most indulged sense. Soengaging are the sentiments of humanity, that they brighten up thevery face of sorrow, and operate like the sun, which, shining on adusky cloud or falling rain, paints on them the most glorious colourswhich are to be found in the whole circle of nature.

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    But it is not here alone, that the social virtues display their energy.With whatever ingredient you mix them, they are still predominant.As sorrow cannot overcome them, so neither can sensual pleasure ob-

    scure them. The joys of love, however tumultuous, banish not the ten-der sentiments of sympathy and affection. They even derive theirchief influence from that generous passion; and when presented alone,afford nothing to the unhappy mind but lassitude and disgust. Beholdthis sprightly debauchee, who professes a contempt of all other pleas-ures but those of wine and jollity: Separate him from his companions,like a spark from a fire, where before it contributed to the generalblaze: His alacrity suddenly extinguishes; and though surrounded withevery other means of delight, he lothes the sumptuous banquet, andprefers even the most abstracted study and speculation, as more

    agreeable and entertaining.

    But the social passions never afford such transporting pleasures, ormake so glorious an appearance in the eyes both of GOD and man, aswhen, shaking off every earthly mixture, they associate themselveswith the sentiments of virtue, and prompt us to laudable and worthyactions. As harmonious colours mutually give and receive a lustre bytheir friendly union; so do these ennobling sentiments of the humanmind. See the triumph of nature in parental affection! What selfish

    passion; what sensual delight is a match for it! Whether a man exultsin the prosperity and virtue of his offspring, or flies to their succour,through the most threatening and tremendous dangers?

    Proceed still in purifying the generous passion, you will still themore admire its shining glories. What charms are there in the harmonyof minds, and in a friendship founded on mutual esteem and gratitude!What satisfaction in relieving the distressed, in comforting the af-flicted, in raising the fallen, and in stopping the career of cruel for-tune, or of more cruel man, in their insults over the good and virtuous!

    But what supreme joy in the victories over vice as well as misery,when, by virtuous example or wise exhortation, our fellow-creaturesare taught to govern their passions, reform their vices, and subduetheir worst enemies, which inhabit within their own bosoms?

    But these objects are still too limited for the human mind, which,being of celestial origin, swells with the divinest and most enlarged

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    affections, and carrying its attention beyond kindred and acquaint-ance, extends its benevolent wishes to the most distant posterity. Itviews liberty and laws as the source of human happiness, and devotes

    itself, with the utmost alacrity, to their guardianship and protection.Toils, dangers, death itself carry their charms, when we brave themfor the public good, and ennoble that being, which we generously sac-rifice for the interests of our country. Happy the man, whom indulgentfortune allows to pay to virtue what he owes to nature, and to make agenerous gift of what must otherwise be ravished from him by cruelnecessity!

    In the true sage and patriot are united whatever can distinguishhuman nature, or elevate mortal man to a resemblance with the divin-

    ity. The softest benevolence, the most undaunted resolution, the ten-derest sentiments, the most sublime love of virtue, all these animatesuccessively his transported bosom. What satisfaction, when he lookswithin, to find the most turbulent passions tuned to just harmony andconcord, and every jarring sound banished from this enchanting mu-sic! If the contemplation, even of inanimate beauty, is so delightful; ifit ravishes the senses, even when the fair form is foreign to us: Whatmust be the effects of moral beauty? And what influence must it have,when it embellishes our own mind, and is the result of our own reflec-

    tion and industry?But where is the reward of virtue? And what recompence has na-

    ture provided for such important sacrifices, as those of life and for-

    tune, which we must often make to it? Oh, sons of earth! Are ye igno-rant of the value of this celestial mistress? And do ye meanly enquirefor her portion, when ye observe her genuine charms? But know, thatnature has been indulgent to human weakness, and has not left thisfavourite child, naked and unendowed. She has provided virtue withthe richest dowry; but being careful, lest the allurements of interest

    should engage such suitors, as were insensible of the native worth ofso divine a beauty, she has wisely provided, that this dowry can haveno charms but in the eyes of those who are already transported withthe love of virtue. GLORY is the portion of virtue, the sweet reward ofhonourable toils, the triumphant crown, which covers the thoughtfulhead of the disinterested patriot, or the dusty brow of the victoriouswarrior. Elevated by so sublime a prize, the man of virtue looks down

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    with contempt on all the allurements of pleasure, and all the menacesof danger. Death itself loses its terrors, when he considers, that itsdominion extends only over a part of him, and that, in spite of death

    and time, the rage of the elements, and the endless vicissitude of hu-man affairs, he is assured of an immortal fame among all the sons ofmen.

    There surely is a being who presides over the universe; and who,with infinite wisdom and power, has reduced the jarring elements into

    just order and proportion. Let speculative reasoners dispute, how farthis beneficent being extends his care, and whether he prolongs ourexistence beyond the grave, in order to bestow on virtue its just re-ward, and render it fully triumphant. The man of morals, without de-

    ciding any thing on so dubious a subject, is satisfied with the portion,marked out to him by the supreme disposer of all things. Gratefully heaccepts of that farther reward prepared for him; but if disappointed, hethinks not virtue an empty name; but justly esteeming it its own re-ward, he gratefully acknowledges the bounty of his creator, who, bycalling him into existence, has thereby afforded him an opportunity ofonce acquiring so invaluable a possession.

    Traduction termine Dieppe le 18 avril 2007par Philippe Folliot.