hospitalitè Notre Dame de Lourdes - FR

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conception MAB.q Année 2010 Edition unique LA FINALITE DE L'AMOUR EST LE SERVICE Un voyage à travers l’histoire de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes de ses origines à aujourd’hui. Avec un regard tourné vers l’avenir

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Un voyage à travers l’histoire de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes de ses origines à aujourd’hui. Avec un regard tourné vers l’avenir conception MAB.q Edition unique Année 2010

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Pour une date importante, un instrument utile pour approfondir le rôle de

l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes

Un DVD que vous pourrez demander au siège de l’Hospitalité qui recueille les infos et les témoignages de ceux qui vivent de l’intérieur l’Hospitalité

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Année 2010

Edition unique

LA FINALITE DE L'AMOUR EST

LE SERVICEUn voyage à travers l’histoire de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes de ses origines à aujourd’hui. Avec un regard tourné vers l’avenir

€ 10

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LA FINALITE DE L’AMOUR EST

LE SERVICEEdition unique

Edité parHospitalité Notre Dame de LourdesAccueil Jean-Paul II, B.P. 19765106 Lourdes Cedex

Responsable de la publicationAntoine Tierny

Réalisé parHospitalité Notre Dame de Lourdes

Textes réalisés parPierre ChalvidanPierfrancesca GravianiDeborah Moleri

MaquetteMAB.q Rome-Milan-Paris

Mise en pageElena ColombiKaren Copetti

RédactionPierfrancesca GravianiDeborah MoleriTino Redaelli

RemerciementsPère René Point pour avoir mis à disposition son précieux témoignage, ses écrits et une grande partie des photos utilisées dans cette monographie

PhotosOsservatore RomanoLivre Père Point: “Servir les malades à Lourdes, 1885-1985; 100 ans d’Hospitalité”,NDL editions

ImpressionImprimerie Augé

s i t e w e b

L’Hospitalité Notre Dame de Lourdes a un nouveau site internet!

Le nouveau site, conçu aussi dans le cadre du renouvellement des moyens de communication de l’association, se veut comme l’outil de rapprochement et

d’interaction entre ses membres; il présente une graphique attrayante, il est de simple consultation et est disponible dans les six langues de l’Hospitalité

(français, italien, anglais, espagnol, allemand, néerlandais). Les hospitaliers peuvent ainsi s’y retrouver et les sympathisants se sentir concernés par cette grande famille.

Vous le trouvez à la même adresse www.hospitalite-lourdes.com mais riche en nouveautés. Il s’agit maintenant d’un espace web plein d’informations utiles pour

découvrir l’association, son histoire, son activité, ses services,et aussi les conseils sur comment participer aux stages et entrer dans

la grande famille de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes.

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Cette publication retrace les 125 ans de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes créée le 28 janvier 1885.Elle permettra à chacun d’entre nous et à tous ceux qui sont intéressés par

notre hospitalité de connaître son histoire et celle des hommes et des femmes qui nous ont précédés.Rendons hommage à ceux dont les écrits nous ont transmis les informations nécessaires à sa rédaction, principalement monsieur Rebsomen, les Chanoines Courtin et Branthomme, madame Touvet, le père Point et les Sanctuaires de Lourdes à travers leurs différentes publications.

Merci à tous ceux qui ont contribué à sa réalisation, en particulier à Pierre Chalvidan qui a eu la lourde tache de se projeter dans l’avenir.Deux mots transparaissent tout au long de cet ouvrage: Accueillir et Servir.Par notre exemple, et comme l’ont fait pour nous nos “anciens”, transmettons ces mots à nos successeurs pour que l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes continue de vivre dans l’esprit qui a toujours été le sien.

Antoine Tierny

INTRODUCTION DU PRESIDENT DE L’HOSPITALITE

2 - Interview exclusiveEntretien avec un temoin

6 - La naissanceLa naissance de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes entre bonne volonté et persévérance 12 - L’Hospitalité grandit, elle se développe – 1885 - 1915Des premières présidences à la Grande Guerre

18 - L’association entre les deux guerresUn chemin difficile

24 - L’Après-guerreVers le centenaire des apparitions

32 - Pèlerinage Rome 2010

34 - L’Hospitalité se rapproche de ses 100 ans – 1960 - 1985Après le centenaire des apparitions, l’Hospitalité s’apprête aussi à fetêr un siècle de vie

42 - Histoire récente – 1986 - 2008L’Hospitalité, ces vingt dernières années

48 - L’Hospitalité aujourd’huiUne solide réalité

56 - L’Avenir de l’HospitalitéAu-delà du 125ème anniversaire

60 - Lourdes et les papesUn lien profond

SOMMAIRE

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Le père René Point est l’auteur du livre Servir les malades à Lourdes 1885-1985; 100 ans d’Hospitalité édité par NDL Editions et sorti en avril 2009.

Son œuvre a été définie par monseigneur Jacques Perrier, evêque de Tarbes et Lourdes, comme plus qu’une simple étude d’un historien; mais comme «l’œuvre d’un témoin» qui a su retracer un siècle d’histoire d’une association hors du commun. En effet le père Point, né le 22 avril 1911 à Lourdes a été chapelain de Notre Dame de Lourdes de 1947 à 1955 et responsable du “Pèlerinage d’un jour” de 1967 à 1984, il a donc vécu en personne une grande partie de l’histoire de l’HNDL. Très précis il ne s’est pas contenté de raconter son vécu, il a mené des recherches et des études approfondies en se penchant sur plusieurs sources telles que les Archives de la Grotte de Lourdes, les Annales de Notre Dame de Lourdes, le Journal de la Grotte et bien d’autres…

Très méticuleux, pour raconter ces cent ans de l’association, il a également raconté l’histoire et les évolutions du Sanctuaire de Lourdes et des pèlerinages. Une tâche difficile car on ne peut faire référence à tous les événements. Il a choisi de procéder en sélectionnant les faits sur la base de quatre critères:

les événements qui font partie intégrante de l’histoire • de l’Hospitalitéles événements dans lesquels l’Hospitalité a été • impliquée directement, comme les grands pèlerinages, les grandes fêtes de Lourdes; ce qui lui a permis de faire référence aux grandes lignes de l’histoire du Sanctuaireles grands événements de l’Eglise et du diocèse, comme • l’élection d’un nouveau pape ou la nomination d’un nouvel evêqueexceptionnellement des événements liés à l’histoire de • sa famille religieuse, les Missionnaires de l’Immaculée Conception de Lourdes.

Son travail a tellement été apprécié que monseigneur Jacques Perrier lui a demandé de travailler à la suite, l’histoire de l’Hospitalité de 1985 à 2010, l’année qui vient et qui marquera un anniversaire très important pour l’association, ses 125 ans.

Entretien avec un temoinAvant de plonger dans l’histoire de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, un entretien avec le père René Point ou comment l’auteur de la nouvelle “bible” sur l’HNDL voit la plus que centenaire association

Ci-dessus l’affiche du livre du père René Point, auteur courtois et serein du livre consacré aux 100 ans de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes «Servir les malades à Lourdes, 1885-1985, 100 ans d’Hospitalité», publié aux NDL Editions

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Le Président de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, Antoine Tierny, avec le père René Point, auteur du livre sur les 100 premières années de l’HNDL: 1885-1985. Le père Point reçoit des documents sur l’association utiles pour écrire la suite (les autres 25 ans, jusqu’à 2010)

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Le père Point a accepté volontiers ce «travail assez long» même s’il est conscient qu’il ne pourra le terminer pour 2010 mais «espère que le Seigneur lui permettra de le terminer!».

En tant que témoin et désormais expert de l’HNDL nous lui avons demandé quelles sont les évolutions les plus significatives qu’il a remarquées dans l’Hospitalité et dans ses bénévoles de 1985 à aujourd’hui. «Il me semble que la date clé à prendre en considération n’est pas 1985 mais 1978, année de la signature de la Charte par monseigneur. Donze» affirme le père René Point.

En effet cette Charte, préparée dans l’esprit Vatican

Le père René Point, missionnaire de l’Imma-culée Conception, prêtre depuis 1935, qui a également été Chapelain de Notre Dame de Lourdes de 1947 à 1955, est l’auteur du livre qui retrace les Cent ans de l’Hospita-lité. A la demande d’un confrère, le père Henri Joulia, ancien aumônier général de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, le père Point a décidé de réaliser ce travail de bénédictin pour exposer l’histoire de cette Association à travers les années (1885-1985) sans cacher les difficultés que l’Hospitalité a connues durant un siècle. Demeure une particularité à cet ouvra-ge: le père Point, plus qu’un historien, se révèle la personne la mieux placée pour cette tâche puisqu’il est lui-même né à Lourdes il y aura bientôt cents ans. Ce qui fait de cet ouvrage, un témoigna-ge sur une Association qui ne cesse de «rayonner et de rajeunir en ce début de troisième millénaire» comme l’écrit Fran-çois Vayne, directeur du Pôle Editions des

Sanctuaires de Notre Dame de Lourdes, dans sa présentation. Mis à part le pre-mier chapitre qui resitue le contexte po-litique et social de la fondation de l’Hos-pitalité dans les années 1850-1875, et le dernier entièrement consacré aux dames hospitalières, fondation, organisation, fonction des Hospitalières et premières présidentes, l’ouvrage suit une narration chronologique, divisé selon les périodes des différentes présidences à commencer par celle de Monsieur Combette du Luc, du Vicomte Georges de Pouy, en passant par celle du Comte Etienne de Beau-champ pour finir avec celle de M. Fran-çois Guilbaud.

Le livre du père Point se révèle donc com-me une véritable “bible” qui pourrait non seulement servir de référence pour tous ceux qui s’intéressent de près à l’Hospita-lité de Notre Dame, mais aussi éveiller des vocations de «petits ouvriers de Marie».

“Servir les malades à Lourdes - 1885-1985; 100 ans de l’Hospitalité” est l’ouvrageque le père Point a publié à l'occasion

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II, marque plusieurs avancées dont les principales sont:Limite d’âge pour les responsables• Intégration dans l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes • de toutes les sections de la branche féminine, les infirmières de l’Hôpital Saint Frai et de l’Accueil Notre Dame, qui pourront désormais avoir un conseil et une présidente à la place de la supérieure. Une dame pourra désormais aussi être présidente généraleOuverture du Conseil aux membres des pays amis.•

«A partir de là, et sous l’impulsion du père Joulia, l’évolution a continué et a porté sur l’accueil des jeunes et leur formation, sur le souci de la formation religieuse pour tous les hospitaliers, sur la recherche d’une meilleure connaissance mutuelle et de relations plus cordiales entre l’HNDL et les hospitalités diocésaines et aussi la recherche d’une plus grande simplicité dans les rapports entre hospitaliers», détaille le père Point.

Bien sûr avec les évolutions de l’association et des volontaires va de pair l’évolution des pèlerinages… Le père René Point distingue quatre chefs d’évolution:

Les organisateurs: les paroisses, les diocèses, les • différentes familles religieuses, l’Action Catholique.La “provenance géographique”; paroisses, diocèses mais • aussi les pèlerinages des différentes nationsLes moyens de transport: cars, trains, avions et chaines • Les programmes, «on est passé des pèlerinages-• grandes cérémonies à des pèlerinages réunion».

Le père Point souligne que en dehors de ces quatre chefs d’évolution il y a «toujours un grand nombre de touristes, de pèlerins isolés qui se rendent à Lourdes chaque année. D’où la nécessité du “Pèlerinage d’un jour”, qu’il a lui-même organisé en 1967, pour faciliter une démarche spirituelle».

Dans les années à venir les pèlerinages seront «grandissants» selon le père René Point. Mais en dehors des pèlerinages organisés «il y aura de plus en plus de pèlerins isolés mais aussi de non pratiquants qui se rendront à Lourdes».

Avec l’auteur du livre sur les cent ans de l’HNDL nous

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Le père Point, né le 22 avril 1911 à Lourdes a été chapelain de Notre Dame de Lourdes de 1947 à 1955 et responsable du “Pèlerinage d’un jour” de 1967 à 1984, il a donc vécu en première personne une grande partie de l’histoire de l’HNDL

Le père Point souligne que l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes favorise les jeunes aux yeux des anciens, elle s’intéresse de près à eux… on peut le constater aussi à la création du foyer des jeunes

avons également parlé de la «magie» qu’exerce aujourd’hui encore l’association. En effet plus les années passent plus le nombre de volontaires qui s’engagent augmente. Quel est donc le secret de l’Hospitalité? «C’est une attirance qu’on constate dés la naissance de l’HNDL»: servir un malade c’est servir le Christ de sorte que faire partie de l’association est un honneur et un privilège… «Telle est la raison de l’attrait que l’Hospitalité exerce sur les chrétiens et les non chrétiens».

Qu’en est il du rapport de l’Hospitalité avec les jeunes? «C’est un rapport qui a beaucoup évolué». En effet depuis l’application de la Charte, les jeunes qui jusqu’alors étaient uniquement des brancardiers, peuvent désormais suivre une formation qui leur donne envie de s’engager dans l’HNDL. «L’association favorise les jeunes aux yeux des anciens, elle s’intéresse de près à eux… on peut le constater aussi à la création du foyer des jeunes». Les rapports plus étroits entre les hospitalités diocésaines et l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes font présager un avenir encore meilleur, «les barrières tombent et on peut penser que dans les années à venir les jeunes s’engageront plus facilement et ils se sentiront mieux accueillis».

Avant de remercier le père Point de nous avoir accordé cette interview et de nous avoir si bien présenté son travail et l’HNDL nous avons voulu voir avec lui un dernier aspect. En effet en lisant le livre sur les cent ans on remarque que depuis les premières pages, c’est-à-dire depuis la naissance de l’HNDL, jusqu’aux dernières et encore aujourd’hui, l’association est restée fidèle aux intuitions et aux objectifs qu’elle s’est fixés en 1885. C’est rare de voir une telle constance non seulement dans une association mais en général dans le monde qui nous entoure. «Pour l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes le père Sempé aurait pu penser à une simple association mais il a choisi d’en faire une confrérie pour lui donner le label et la stabilité d’une œuvre d’église. Il a voulu que les membres de cette association s’engagent de façon plus profonde pour une vie chrétienne plus authentique». Tout remonte donc à ce choix initial de faire de l’association une confrérie, ou une association pieuse et charitable qui avait, a et aura comme but principal le service des malades qui se rendent à la Grotte de Lourdes.«Les hospitaliers ne se contenteront pas de donner des soins matériels mais ils se proposent aussi et surtout le bien spirituel des âmes» (Statuts article 1). C’est avec cette volonté que toutes les générations d’hospitaliers, de 1885 à aujourd’hui, ont mené leur engagement en faisant de l’Hospitalité une association stable, qui dure dans le temps et qui a réussi à traverser même les moments les plus difficiles de l’histoire mondiale.

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La naissance de l’HospitalitéNotre Dame de Lourdes entre

bonne volonté et persévérance

C’est officiellement en janvier 1885 que

l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes que nous

connaissons aujourd’hui est née. Elle représente

l’aboutissement de l’engagement et du travail

accompli par plusieurs bénévoles. Un parcours

qui a commencé en 1864 avec le premier

pèlerinage à Lourdes…

On pourrait facilement commencer ce magazine qui retrace et célèbre les 125 ans de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes (HNDL par un classique “il était

une fois…”. D’habitude cette formule est réservée aux contes de fées. Cependant le parcours de l’association présente des évènements extraordinaires, il s’agit bien d’une histoire hors du commun.Pour bien comprendre l’environnement dans lequel l’HNDL est née, remémorons-nous brièvement la situation politique et sociale des années 1850-1885. L’une des dates clé de cette période est le 2 décembre 1851 quand, grâce à un coup d’Etat, Louis Napoléon Bonaparte passe de “simple” Prince-Président à Empereur des Français. Un coup d’Etat alors salué par les ca-tholiques qui soutenaient Napoléon III depuis avril 1850 quand il avait battu les républicains de Garibaldi et réinstallé le pape Pie IX à Rome.

Cette entente entre Empereur et Eglise ne dure toutefois qu’une dizaine d’années. En effet, en 1860 Napoléon III s’aliène les catholiques en refusant fermement que les Etats Pontificaux s’unissent au nouveau Royaume d’Italie.Dix ans après, le 4 septembre 1870, les choses changent: à l’an-nonce de la capture de Napoléon III par les Prussiens à Sedan, une foule de parisiens envahit le Palais-Bourbon, siège du Corps Législatif, qui se résout à déclarer l’Empereur déchu et à procla-mer la Troisième République.

Tandis que la France est sous le règne napoléonien, le 8 décembre 1854 au Vatican, le pape Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception après une réflexion théologique de plusieurs siècles. Quatre ans plus tard, le 11 février 1858 à Lourdes, un petit village des Pyrénées, la Vierge Marie apparait pour la première fois à Bernadette Soubirous, une jeune fille très simple et très pauvre. «C’est parce que je suis la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m’a choisie» dira plus tard Bernadette. Il s’ensuit une série d’apparitions (18 au total) qui se termine en juillet et au cours desquelles

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Place monseigneur Laurence et “monteè des Pères” vers la Basilique

Les hospitaliers et les prêtres aident les pèlerins et les malades à embarquer

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la Dame qui apparait à Bernadette lui délivre ce que l’on appellera par la suite le Message de Lourdes. Le 25 mars 1858, lors de la seizième apparition, la Dame révèle enfin son nom à Bernadette en patois: «Que soy era immaculada counceptiou» («Je suis l’Immaculée Conception») confirmant ainsi le dogme de l’Immaculée Conception.Monseigneur Bertrand-Sévère, alors évêque de Tarbes, avait été mis au courant des événements. Dès le début, il s’était imposé une entière réserve en préférant attendre les conclusions de la commission d’enquête qu’il avait formée la même année.Il faudra attendre le 18 janvier 1862 pour qu’il promulgue un mandement appuyant les conclusions de la commission qui confirment la véracité des évènements: l’Immaculée Mère de Dieu a réellement apparu à Bernadette Soubirous dans la Grotte de Massabielle.

Dans ce contexte, il est aisé de remonter aux origines de l’HN-DL. Le 4 avril 1864 la première cérémonie officielle liée aux apparitions de Lourdes est organisée avec la bénédiction de la statue placée dans la Grotte. Trois mois après, courant juillet, le premier pèlerinage local est organisé. Dès lors Lourdes commence à être connue. En 1866, la ligne de chemin de fer Bordeaux-Tarbes est prolongée jusqu’à la ville mariale en rendant ainsi plus faciles les voyages des pèlerins de la région. Des trains spéciaux commencent à circuler entre Bayonne et Lourdes avec à bord pas moins de 700 pèlerins. Le mouvement est en marche et, petit à petit, il s’étend.En 1872 l’abbé Victor Chocarne, curé de Saint-Nicolas de Beaune, œuvre pour l’organisation «d’une grande manifestation de foi et d’espérance de la France» encore meurtrie par la défaite de 1870. Avec l’aide d’une chrétienne ardente, madame de Blic, il alerte tous les diocèses, les sanctuaires mariaux et la presse. C’est ainsi qu’entre les 5 et 8 octobre 1872, 25.000 pèlerins, en provenance des quatre coins de France, se rendent dans la ville pyrénéenne. Le Sanctuaire Notre Dame de Lourdes devient alors le plus grand sanctuaire marial français.

C’est pour cette raison que l’année 1872 est qualifiée d’année du grand essor de Lourdes: en douze mois elle reçoit 119.000 pèlerins venus non seulement des rives de la Garonne, mais aussi des bassins de la Loire et du Rhône, de Paris et de la côte méditerranéenne. En juillet 1873, le père Picard, directeur du Conseil Général des Pèlerinages et un des fondateurs de l’Association Notre Dame de Salut, qui avait organisé l’année précédente un pèlerinage national à La Salette, renouvelle l’expérience à Lourdes avec un total de 492 pèlerins. A la fin de l’année, les registres de la compagnie des Chemins de Fer du Midi révèlent que Lourdes a accueilli 140.000 pèlerins au cours de l’année et que, pour la première fois, certains sont venus de l’étranger, en particulier d’Espagne et de Belgique.

En 1866, la ligne Bordeaux - Tarbes est prolongèe jusqu’à Lourdes, avec beaucoupd'avantages pour les malades et les pèlerins

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L’année 1874 est marquée par deux événements majeurs. D’une part, 14 malades pauvres sont amenés par le pèlerinage national. D’autre part, la congrégation des Filles de Notre Dame des Douleurs, fondées à Tarbes en 1866 par Marie Saint Frai et le chanoine Dominique Ribes et dont la mission est l’accueil des personnes âgées, pose la première pierre de l’hôpital de Notre Dame des Douleurs. Cet hôpital est destiné tant aux vieillards pauvres de la région qu’aux pèlerins sans ressource. Cette même congrégation ouvre provisoirement le chalet Saint Joseph à la Villa Sainte Marguerite située dans l’avenue du Paradis qui longe le Gave de Pau à Lourdes. Pendant toute cette période les malades sont accompagnés par leurs familles, ils logent dans les hôtels et sont pris en charge par leurs proches. Déjà à l’époque ils peuvent “se laver à la fontaine” car dès 1862 une cabine avait été construite près de la Grotte pour les bains des malades.

Entre 1875 et 1879 le nombre de pèlerins augmente sans cesse et avec lui le nombre de malades et de pauvres qui viennent à Lourdes pour demander à la Vierge santé et réconfort. A partir de 1879 ils sont transportés gratuitement grâce à une souscription organisée par l’Hospitalité Notre Dame de Salut. Tout cela n’est toutefois pas suffisant pour accompagner et suivre les malades. La bonne volonté et la dévotion des religieux, des étudiants et des sœurs qui s’occupent des malades et des handicapés

Les pèlerins attendentl’arrivèe du train blanc

Témoignage tiré des Annales de Notre Dame

de Lourdes sur les premiers pèlerinages de 1879

«Enfin, après deux jours de labo-rieux voyage, on débarque à Lour-des. Les wagons des malades sont visités avec anxiété. Premier et tou-chant prodige: aucun n’est mort! On en a sans doute administré en route; mais tous sont là, pleins de confiance et de joie.

Peu de temps après, les malades étaient devant la Grotte ou dans les Piscines, et la grande prière avait commencé. Jamais le monde ne vit un spectacle plus touchant et plus beau. Pendant trois jours et trois

nuits, des centaines, des milliers de chrétiens étaient là, devant la Grot-te et autour des Piscines, ordinai-rement à genoux, souvent les bras en croix, baisant tous la terre à un signal donné, disant des rosaires et des litanies, chantant des hymnes, ne cessant jamais, s’obstinant dans la prière et dans les larmes pendant que leurs frères transportaient les malades et les plongeaient dans la Piscine salutaire.

Des foules venaient de loin pour contempler ce spectacle inouï de la

prière. Les plus indifférents étaient émus; de grosses larmes montaient à leurs yeux; et, se mettant à ge-noux, ils se joignaient à cette prière qui faisait fondre le cœur.

La Vierge Immaculée était touchée de tant de foi et de tant d’amour. Ceux qui ont vu ce spectacle ne l’oublieront jamais… Déjà à 6 heu-res l’esplanade de la Grotte com-mence à se couvrir de fauteuils et de grabats… Un salut solennel du Très Saint-Sacrement fut donné à la Grotte en présence des malades».

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ne sont bientôt plus suffisantes. Petit à petit de nouveaux volontaires accompagnés de curieux, viennent prêter main forte. Mais encore une fois tout ce “personnel” et les structures consacrées à l’hospitalité sont insuffisants pour faire face au nombre toujours croissant de pèlerins. Vu les circonstances, le transport des malades fait appel à une improvisation inévitable, en utilisant des moyens de fortune. Il n’est pas rare que les brancards soient portés par des bénévoles à la main à l’aide de bretelles, de la gare à la Grotte et aux lieux d’hébergement. Parfois des voiturettes tirées à bras ou trainées par des chevaux sont utilisées. Devant la Grotte on installe des brancards, des chaises et des matelas pour les infirmes, de façon très provisoire et peu pratique.

C’est dans ce contexte que, grâce à la bonne volonté et la coordination de personnes comme le comte Etienne de Beauchamp, messieurs De L’Espinois, Combettes du Luc et le Père Vincent de Paul Bailly, les choses s’organisent autour d’un nombre croissant de bénévoles.L’HNDL prendra forme peu à peu. Le premier Comité Hospitalier est formé à Toulouse sous la présidence de monsieur de Combettes du Luc et, en août 1881, la veille du Pèlerinage National, ce Comité organise sa première réunion. Ses membres s’engagent à servir les malades à Lourdes durant toute la durée du Pèlerinage National. Quand les malades arrivent les hospitaliers sont déjà prêts, chacun à son poste. Le marquis de Laurens Castelet a formé trois équipes de brancardiers: celle de l’hôpital, celle de la Grotte et celle des Piscines. Le chef de chaque équipe est choisi dans le groupe du Comité Hospitalier et forme les jeunes volontaires. Déjà à partir de la première année les principaux services sont organisés: le transport de la gare vers

1848 FRANCE Proclamation Deuxième République

1849 ITALIE Pape Pie IX chassé de Rome

1848-1849 ITALIEPremière guerre d’indépendance

1851 FRANCECoup d’etat de Louis Bonaparte (Napoléon III)

1856 FRANCETraité de Paris, fin de la guerre de Crimée

1859-1860 ITALIESeconde guerre d’indépendance, contre l’Autriche

1860 ITALIEGaribaldi et l’expédition des Milles

1861 ITALIEProclamation du Royaume d’Italie

1864 ANGLETERREA Londres, création de la première Internationale des Travailleurs fondée sous l’initiative du philosophe Karl Marx

La cour de l’Hôpital Notre Dame des Douleurs (Saint-Frai).Les services de l’Hospitalitè Notre Dame de Lourdes sont très importants pour l’assistance des malades à Lourdes

l’assistance des malades

QUAND ET QUOI

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les lieux d’hébergement des malades, le transport quotidien de ces malades vers la Grotte et les Piscines, des infirmières sont à leur disposition, une sorte de service de sécurité est mis en place à la Grotte et aux Piscines et, pour finir, les bains dans les Piscines sont assurés par les hospitaliers pour les hommes et par des infirmières pour les femmes.Sous la présidence du comte de Combettes du Luc l’organisa-tion de l’Hospitalité de Lourdes se perfectionne. En 1882 les hospitaliers prêts à accueillir les pèlerins sont 300. Ces derniers commencent à arriver, non seulement au mois d’août avec le Pèlerinage National, mais aussi au cours de toute l’année; il faut donc que les hospitaliers s’organisent pour assurer une perma-nence à Lourdes: voilà alors que se crée le “Comité permanent de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes”.Il faudra cependant attendre 1885 pour la naissance véritable de l’HNDL. Après une période d’environ deux ans de mise en route, le 25 janvier 1885 monseigneur Billère établit canoni-quement la confrérie de Notre Dame de Lourdes dans la Crypte et signe le même jour les statuts à Tarbes. L’HNDL obtient ainsi sa reconnaissance officielle par l’Eglise.

Fondation de l’Hospitalité

Notre Dame de Lourdes «Sous la direction des Pères de l’Immaculée Conception, l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes prodigue, durant toute l’année, aux malades qui affluent à la Grotte et aux piscines, les mêmes services, les mêmes soins que l’Hospitalité Notre Dame de Salut rend aux malades durant la durée du Pèlerinage National. Monseigneur l’Evêque de Tarbes, l’a canoniquement érigée en confrérie».

Tiré du numéro de septembre desAnnales de Notre Dame de Lourdes

1866 ITALIETroisième guerre d’indépendance contre l’Autriche. Guerre de Prusse

1867 FRANCEExposition Universelle à Paris

1870 FRANCEGuerre franco-prussienne, Napoléon III est capturé. Proclamation Troisième République. Rome capitale d’Italie

1871 FRANCEInsurrection à Paris, établissement de la Commune, proclamation de l’Empire allemand

1873 EUROPELigue des Trois Empereurs entre Autriche-Hongrie, Allemagne, Russie

1878 FRANCETroisième exposition universelle au Trocadéro à Paris. Congrès de Berlin, établissement péninsule des Balkans

1882 EUROPETriple Alliance entre Italie, Allemagne et Autriche

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Les années qui précèdent la première Guerre Mondiale sont pour l’HNDL des années assez difficiles tant sur le plan historique que politique. Sans oublier bien sûr les

rapports de plus en plus compliqués avec l’Hospitalité Notre Dame de Salut, avec laquelle l’HNDL prend progressivement ses distances jusqu’à une complète autonomie. Un parcours qui aboutira à la confirmation du rôle essentiel de cette asso-ciation de bénévoles qu’est l’HNDL pour l’accueil des pèlerins à Lourdes qui chaque jour arrivent par milliers dans la ville mariale. Cette période de transition est marquée par plusieurs difficultés relatives à une définition claire et acceptée du rôle de chaque hospitalité, difficultés qui se révèleront bénéfiques car elles ne feront que confirmer la foi et la vocation qui pous-sent tous les membres de l’HNDL.

Les premiers changements commencent dès 1885, quand l’HN-DL se charge, pour la première fois, à la place du Comité d’Ac-cueil, d’assister les pèlerins et les malades qui arrivent dans la ville pyrénéenne. Il s’agit pour l’instant d’un changement nominal, étant donné que les membres et les responsables, y compris le président, appartiennent à l’Hospitalité Notre Dame de Salut. Les incompréhensions d’organisation sont surmontées grâce au travail exemplaire des hospitaliers qui montrent une attitude irréprochable et beaucoup d’autres qualités signifiées par le vicomte de Pouy, secrétaire de l’HNDL, dans son rapport annuel: abnégation, dévotion, précision et application dans le service, avec des preuves de leur sagesse, de leur modération et de leur obéissance aux dispositions prises. Les hospitaliers ont su dissiper tout malentendu. Leurs services s’étendent à de nombreux secteurs et parties de la ville, par exemple de la Grot-te aux Piscines avec une attention particulière pour la zone des femmes, surveillée par une directrice «précise et sévère, qui sait exactement comment tenir les profanes éloignés».

Malgré l’excellence du service des hospitaliers, les problèmes politiques ne manquent pas. Le rapport que le père Burosse adresse au père Sempé le 12 octobre 1885 en est un exemple. Il y critique monsieur de Combettes du Luc l’accusant de vou-loir ménager «ce corps compact, fermé, organisé des hospita-liers de Notre Dame de Salut». Ces mots seront prémonitoires à un moment très important de l’histoire de l’Hospitalité qui plus que jamais a besoin d’autonomie et de liberté d’action. Dès lors, comme le suggérait précédemment le père Burosse,

Des premières présidencesà la Grande Guerre

En ces premières années, l’Hospitalité

Notre Dame de Lourdes, est devenue un point

de repère important pour des milliers de pèlerins.

Avec la prestigieuse reconnaissance

du Vatican…

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Le break attelé de deux chevaux devant le bureau

de l’Hospitalité

La “Popote” des hospitaliers a eté crée en 1895 par l’Hospitalité pour les brancadiers, qui, retenus par leur service avec les malades et les pèlerins n’avaient pas le temps d’aller prendre un repas en ville

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les liens avec l’Hospitalité Notre Dame de Salut vont être offi-ciellement dissous, lors de la réunion du 5 octobre 1885: «A partir du 8 octobre 1885, l’établissement de la confrérie nous réduit à nos propres forces... La confrérie entrera en exercice et, à partir du Pèlerinage National, remplira toutes les fonctions de l’Hospitalité. Je ne dissimule pas les difficultés qui m’atten-dent… mais je compte sur votre pitié, charité et sur la protection de Dieu. A Lui je demande la lumière, la force, la sagesse, la fer-meté nécessaires pour mener à bien l’œuvre de Notre Dame».

Les difficultés anticipées par le père Burosse dans son discours se manifestent très vite, notamment à cause des habitudes établies et des privilèges existants. Malgré tout un climat d’optimisme est présent. A ce propos le vicomte de Pouy écrit: «Le premier noyau de l’association a terminé son service; mais les hommes qui le composent restent et gardent leur rôle, ils se montrent toujours présents à l’appel du père». La situation est alors assez compliquée, en particulier pour monsieur de Combettes du Luc qui assume désormais deux tâches complémentaires mais différenciées. Malgré sa réserve des débuts concernant la création d’une autre hospitalité, il accepte les nouvelles dispositions avec un grand respect à l’égard du père Sempé et des missionnaires. Il accepte ainsi de diriger également l’HNDL. Il ne tiendra ce rôle qu’un court moment car il décède le 8 mars 1886 à l’âge de 45 ans.

La nouvelle Hospitalité accueille le vicomte de Pouy comme second président de l’association. Personne fiable, issue d’une ancienne famille de Gascogne, le vicomte Georges de Pouy s’était engagé dans les rangs des zouaves pontificaux au service du pape Pie IX, où il avait obtenu les galons d’officier et plusieurs décorations. Voici comment il se présente, de façon simple et ironique: «Type du vieux bureaucrate, aimant jusqu’aux planches de son bureau; ne pouvait travailler que devant sa table habituelle; maniaque, grognon, assez exact au travail». Restait alors à pourvoir l’Hospitalité Notre Dame de Salut: fallait-il désigner un seul président pour les deux Hospitalités ou bien favoriser leur complète séparation en nommant deux présidents différents? Le marquis de Laurens Castelet se fait porte-parole de la première solution dans une lettre écrite au père Sempé. Cependant la seconde est adoptée mettant monsieur Fernand de Carrière à la tête de l’Hospitalité de Notre Dame de Salut.

L’année 1886 est une période probatoire car, pour la première fois, l’HNDL vole de ses propres ailes et doit faire face à l’accueil de 700 malades arrivés à Lourdes en dehors du Pèlerinage National, sans compter ceux qui arrivent de façon isolée. Grâce aux actions menées par le nouveau président, l’association compte à la fin de l’année 84 hospitaliers titulaires et plus de 50 demandes d’admission. Au cours de cette année,

la fondation des Dames et l’organisation de la première procession du Saint-Sacrement viennent ancrer l’Hospitalité dans son action. Durant l’année 1887, l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes continue de se développer: elle compte parmi les hospitaliers, 129 titulaires et 38 auxiliaires, parmi les hospitalières, 84 titulaires et 52 auxiliaires. A l’occasion du jubilé sacerdotal du Pape Léon XIII, plusieurs pèlerinages à destination de Rome sont organisés en particulier celui d’avril 1888 auquel monsieur de Pouy a la joie de participer. A la tête du groupe qui représente l’HNDL il est présenté au Pape au cours de l’audience du 19 avril. Ce dernier, voyant ses décorations pontificales témoins de son attachement profond à l’Eglise, le bénit avec une affection particulière. Le vicomte de Pouy n’a toutefois pas survécu longtemps à ces joies. Il meurt subitement le 25 août 1888 à quelques pas de la Grotte à l’âge de 54 ans.Entre 1888 et 1891 c’est le baron Dunot de Saint Maclou qui est à la tête de l’HNDL. Médecin passionné de philosophie il fonde le “bureau des constatations médicales”, afin d’examiner scrupuleusement les différents cas de guérisons. Entre temps, l’Hospitalité Notre Dame de Salut perd son président monsieur de Carrières, à qui succède le comte de l’Epinois.L’année 1889 est une étape importante pour l’association et pour la ville de Lourdes, avec l’inauguration de la basilique du

Le père Burosse, directeur de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes de 1885 à 1914

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Rosaire les 6,7 et 8 août. Ces fêtes sont l’occasion de reprendre les processions du Saint Sacrement, avec la bénédiction des malades. Toute cette joie et ferveur est entachée par le décès du père Rémi Sempé, supérieur général des Missionnaires, le 1er septembre 1889.En 1892 le baron Dunot de Saint Maclou décède et le baron de Malet est nommé président de l’HNDL. Il est membre titulaire de l’HNDL depuis le 25 août 1885 et fait partie du Conseil depuis plusieurs années. Il est tellement attaché au service de la Grotte que le futur cardinal Lécot, archevêque de Bordeaux, l’appelle “le gardien de la Grotte”. Le bilan de sa présidence est riche en initiatives et nouveautés pour l’Hospitalité: en 1895 création d’un “mess” pour les brancardiers qui, retenus par leur service n’ont pas toujours le temps d’aller prendre leurs repas en ville. Il sera surnommé par la suite de “popote”.Le 27 avril 1897, des pèlerins belges arrivent à Lourdes avec leurs malades en wagon-hôpital.Du 17 au 21 avril 1899 a lieu le 1er “Pèlerinage National des hommes de France” qui rassemble à Lourdes 40.000 participants. Il est suivi, de 3 autres pèlerinages du même type qui ont lieu à deux ans d’intervalle dont le plus important est celui d’avril 1901 avec 60.000 hommes. Du 7 au 11 août 1899 a lieu le 12ème Congrès Eucharistique international, présidé par le cardinal Langénieux, archevêque de Reims. En 1900, devant l’augmentation sensible du nombre

des malades (980 amenés par le Pèlerinage National et 3.678 amenés par les autres pèlerinages) et des membres titulaires de l’HNDL, monseigneur Schoepfer, nouvel évêque de Tarbes, crée la charge de vice-président de l’Hospitalité et nomme monsieur Emile Christophe à ce poste. Le travail des Dames Hospitalières est souvent salué et les Annales leur témoignent leur gratitude: «Non contentes de s’occuper des malades, elles veulent aussi donner leur temps et leurs soins à nos sanctuaires». Le 5, 6 et 7 octobre 1901 consécration de l’église du Rosaire et des 15 autels latéraux par le cardinal Langénieux. L’année 1904 célèbre le cinquantenaire de la promulgation par le pape Pie IX du dogme de l’Immaculée Conception. Lourdes s’est particulièrement rapprochée de Rome à l’occasion de cet anniversaire. En octobre les hospitaliers organisent leur premier pèlerinage à Rome et l’évêque de Tarbes participe en décembre au Congrès marial de Rome.

Entre temps, le 10 avril 1903 le père Picard, supérieur général des Augustins de l’Assomption et promoteur des “Pèlerinages Nationaux de Lourdes et de Jérusalem”, meurt à Rome. La même année, le départ de Lourdes des Missionnaires de l’Immaculée Conception, conséquence de la loi contre les Congrégations religieuses, est une situation bien douloureuse. Le père Burosse, directeur de l’Hospitalité, est particulièrement atteint par cette mesure. La même année il est nommé chanoine

1887 EUROPENobel invente la dynamite

1888 FRANCEInauguration de la Tour Eiffel

1889 EUROPECélébration de la première fête des travailleurs

1892 ITALIEDébut de l’époque de Giolitti

1895 ITALIEGuglielmo Marconi invente et brevette la radio

1896 MONDEDe Coubertin répropose les Jeux Olympiques, désormais ils auront lieu tous les quatre ans

1896 ITALIEEn Ethiopie le massacre d’Adua, qui marque la défaite de la campagne d’Afrique

1901 ANGLETERREDécès de la Reine Victoria

1904 FRANCEAdhésion à la Triple Entente avec Angleterre et Russie

1909 ITALIENaissance du Futurisme, avec le manifeste de Filippo Tommaso Marinetti

1912 MONDENaufrage du transatlantique Titanic

QUAND ET QUOI

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par l’évêque qui l’envoie comme vicaire à Auriébat, situé à 54 km de Lourdes. Il doit attendre 1905 pour revenir à Lourdes. Sa nomination d’aumônier de l’Orphelinat des Sœurs de la charité de Nevers lui facilite son rôle de directeur de l’Hospitalité, rôle qu’il tiendra jusqu’à sa mort en 1914. Depuis un certain temps déjà, la maladie paralyse le baron de Malet, président de l’HNDL. Il donne finalement sa démission en 1905. Sa présidence qui a duré 13 ans est l’une des plus longues et significatives pour l’association. Sous sa présidence, Lourdes se développe de plus en plus (le nombre par an des trains qui arrivent dans la ville mariale passe de 179 à 318). Son vice-président, monsieur Emile Christophe, qui par ailleurs était vice-consul de Belgique et adjoint au maire de Lourdes, lui succède. Il gardera la présidence jusqu’en 1922. Elle sera l’une des plus difficiles et compliquées de l’histoire de l’Hospitalité.

Durant l’année 1906 l’Hospitalité accueille 240 trains de pèlerins avec près de 6.000 malades. Le 27 octobre 1906, en application de la loi sur la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, le domaine de la Grotte a été mis sous séquestre. Monseigneur Schoepfer deman-de alors à monsieur Christophe et à monsieur de Beauchamp de bien vouloir négocier avec le Gouvernement pour obtenir que les bâtiments des Sanctuaires leur soient concédés à titre de location. Monsieur Clemenceau, président du Conseil, leur accorde. Finalement, par un décret du Journal Officiel du 9 avril 1910, les biens du Sanctuaire de Notre Dame de Lourdes sont attribués à la Ville et au Bureau de Bienfaisance de Lourdes.

Monseigneur Schoepfer nomme en août 1907 le comte Etienne de Beauchamp vice-président de l’HNDL en vue de la préparation du cinquantenaire des Apparitions. Les Annales de janvier 1908 donnent la liste des faveurs accordées par le pape Pie X pour ces fêtes jubilaires et rapportent que le cardinal Lécot, archevêque de Bordeaux, présidera l’ouverture de ces fêtes le 11 février. L’année jubilaire commence par un pèlerinage à Rome où monseigneur Schoepfer amène 135 personnes de Lourdes et de son diocèse; parmi eux, un groupe d’Hospitaliers et d’Hospitalières. L’année 1910 célèbre “les Noces d’Argent” de l’HNDL. En mars, le père Burosse publie dans les Annales un article qui raconte les origines et la formation de l’Hospitalité et qui explique son organisation et son esprit. Le 6 avril l’Hospitalité, conduite à Rome par monseigneur Schoepfer, est reçue par le pape Pie X. L’Hospitalité avait alors accueilli en 25 ans plus de 80.000 malades grâce à l’aide de 631 hospitaliers.

Notre voyage à travers les premières années de la vie de l’HNDL s’arrête à sa grande fête jubilaire du 8 septembre 1910 marquée par la bénédiction du Pape adressée aux bénévoles, malades et leurs familles. A cette occasion, plus de 420 hospitaliers

Une vision des piscines en 1891.Les piscines, situées à gauche de

la Grotte, sont un des lieux les plus importants de Lourdes

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se réunissent aux pieds de la statue de la Vierge et partent en procession vers la basilique. Les fêtes jubilaires conduisent à la création de la “Confraternité spirituelle des Hospitaliers de Notre Dame de Lourdes” qui a pour mission d’unir par une prière quotidienne commune les membres de l’HNDL et de prier au cours d’une célébration mensuelle pour les frères en hospitalité décédés. Le Sanctuaire de Lourdes étant en perpétuel mouvement afin de s’adapter aux nouvelles demandes, des travaux sont décidés parmi lesquels la construction d’un nouvel “Abri des Pèlerins” en 1913 et le transfert du siège de l’association sous la troisième arcade des rampes de la basilique du Rosaire. Notre récit se termine ici en 1914 à la veille de la Première Guerre Mondiale. Les effets de cette guerre se feront sentir jusqu’au cœur de l’HNDL avec l’apparition de difficultés et de conflits nouveaux. Une période extrêmement délicate pendant laquelle l’HNDL trouvera la force de continuer son œuvre avec des énergies toujours nouvelles.

Malades et brancadiers de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes dans la cour

de l’Hôpital Saint Frai, dans les dernierès années

du XIXème siècle, sous la présidence du baron

Dunot de Saint-Maclou

Les infirmières du pèlerinage national devant

le train blanc à la gare de Lourdes. Le Pèlerinage National est un grand évenement avec plus

de 40.000 pèlerins en 1899

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Les guerres mondiales, avec leur côté

dévastateur, n’épargnent guère l’Hospitalité

Notre Dame de Lourdes.Entre les pertes

douloureuses et les urgences à gérer,

l’espoir continue d’exister

La fin de la Belle Epoque ouvre des perspectives politi-ques et sociales nouvelles et importantes, tandis que le monde est sur le point d’être bouleversé par les atrocités

de deux conflits meurtriers et d’ampleur inédite. Un climat de changements dans lequel Lourdes devient un point névralgi-que: non seulement reconnu comme un lieu de pèlerinages, Lourdes devient un lieu d’accueil pour les réfugiés et les bles-sés. Le message de la Vierge à Bernadette se lit alors sous une lumière nouvelle, comme une prière de paix et un cri d’espoir qui touche le monde entier au-delà de toute stratégie politi-que de guerre. Dans cette période de troubles, l’HNDL réussit à poursuivre sa mission tout en s’adaptant aux circonstances historiques.

L’année 1914 débute pour l’HNDL par un décès tout à fait inattendu. Le dimanche 25 janvier, le père Norbert Burosse meurt subitement à Maubourguet, alors qu’il allait visiter son grand ami monseigneur Gardey, curé de Sainte-Clotilde et vicaire général de Paris qui était lui-même en train d’agoniser. Le père Burosse est le témoin privilégié et l’inspirateur de ce que l’HNDL est devenue: il a accompagné l’HNDL depuis sa naissance a vécu la succession des divers présidents tout en maintenant l’esprit hospitalier des origines par des allocutions régulières, des conseils et des décisions qu’il a été amené à prendre ou à inspirer.

Monseigneur Schoepfer nomme le père Balette, chapelain du Sanctuaire et rédacteur des Annales depuis 1909, directeur de l’HNDL. Le 11 février 1914, le père Balette prononce son acte de consécration lors d’une cérémonie qui a lieu dans la Grotte de Massabielle et reçoit des mains de son évêque la médaille de l’HNDL qui signifie un engagement profond au service des pèlerins. Après le chant du Magnificat, il célèbre le saint sacri-fice de la Messe, entouré d’une quinzaine d’hospitaliers et de quelques hospitalières. Le père Balette qui connaissait bien le père Burosse puisqu’ils ont été l’un et l’autre missionnaires de l’Immaculée Conception, décrit ainsi son action à l’Hospitali-té: «Par sa prudence, sa discrétion, son tact, sa courtoisie aima-ble, plus encore par sa sincère humilité qui le faisait s’effacer et s’oublier lui-même pour ne penser qu’aux autres, enfin, par

Un chemin difficile

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sa très grande bonté, il sut ménager les susceptibilités, prévenir les heurts, apai-ser les conflits et maintenir la concorde et l’harmonie. Nul n’a contribué plus que lui à faire régner, entre tous les membres de l’Hospitalité, cet esprit de franche camaraderie qui les distingue… Il les connaissait tous et savait trouver, pour cha-cun, un de ces mots aimables qui touchent le cœur».

Du 22 au 26 juillet 1914, le Congrès eucharistique international présidé par le cardinal Granito Pignatelli di Belmonte, légat du Pape, se déroule pour la deuxième fois en 15 ans à Lourdes. L’HNDL est particulièrement impliquée dans son organisation. Pour preuve, il suffit de parcourir la liste des membres «du comité local du Congrès eucharistique» qui révèle la présence d’Emile Christophe (vice-président), le comte Etienne de Beauchamp (secrétaire général), le père Balette (rédacteur des Annales et directeur de l’HNDL). On y voit également monsieur de Boysson, président de l’Hospitalité Notre Dame de Salut, et cinq autres hospitaliers dont le secrétaire général Emile Boulet. Le service d’ordre est confié à l’HNDL sous la direction de messieurs Christophe, de Beauchamp et Mérillon, chef des Brancardiers. Pour l’HNDL la tâche n’est pas aisée, surtout à cause de la foule de fidèles. La procession finale se déroule à travers les rues de la ville mariale, au milieu d’une foule de 100.000 personnes. La dernière bénédiction est donnée à partir d’un reposoir élevé au-dessus du portail du Rosaire. Malgré les difficultés, tout se déroule sans incident. Le zèle de monsieur de Beauchamp lors de la préparation et du déroulement du Congrès est reconnu par le pape Pie X qui lui confère le titre de commandeur de l’Ordre de Saint Grégoire.A tout ceci s’ajoutent d’importants soutiens pour l’œuvre des hospitaliers. Citons par exemple le cardinal Andrieu, archevêque de Bordeaux, qui les compare à l’ordre des Hospitaliers militaires qui assistent les pèlerins en Terre Sainte. Un de ses souhaits chaleureux est que «sous la protection de la Vierge, ils apprennent à prier, à se dévouer, à obéir» et «que l’Eucharistie soit l’aliment de leur charité!».

Le Congrès eucharistique s’achève avec des bruits de plus en plus persistants concernant le déclenchement d’une guerre. Les appels à la paix formulés lors de cette rencontre n’ont malheureusement aucun effet sur les grands chefs de la politique européenne et mondiale, qui s’apprêtent à déclencher une lutte sans merci entre les Etats de la Triple Alliance et de l’Entente. Les hostilités commencent le 4 août. La Première Guerre Mondiale n’épargne aucune région. La proximité des Pyrénées fait de Lourdes une cible très probable.

Le mois de septembre 1914 marque le début d’une période très douloureuse pour l’HNDL. Un grand nombre des proches de l’association tombent au

Asile Notre Dame pendant la guerre de 1914-1918 (Hôpital complémentaire 32)

Le père Balette, directeur de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes à partir de 1914 à 1943

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champ d’honneur. La première victime est le capitaine Jean de Montesquieu, beau-frère du comte de Beauchamp. La liste des hospitaliers, hommes et femmes, disparus ne cesse de s’allonger: madame Paule Goumy de Morvan, le vicomte de Roussy, monsieur Julien Davignon, madame Gamblon, l’abbé Espinois, le docteur Gustave Boissarie, monsieur Emmanuel Bailly, monsieur Emmanuel de Barbarin…

On peut donc facilement imaginer la complexité de la situation dans la ville mariale. Les voyages des pèlerins et des malades diminuent fortement. Le travail des hospitaliers et des volontaires doit s’adapter à une situation d’urgence mais ne s’arrête pas. Avec de faibles moyens matériels, ils doivent s’occuper des fidèles présents et surtout offrir une assistance aux blessés.

Monseigneur Schoepfer met à disposition des postes de secours, des structures comme l’Asile Notre Dame et l’Abri des pèlerins qui forment l’hôpital temporaire n°32 avec une capacité de 500 lits. Mille autres lits sont offerts par divers hôpitaux et maisons religieuses de Lourdes, en particulier l’Hôpital Notre Dame des Douleurs. Les soins aux malades et aux blessés sont assurés par des religieuses et des infirmières volontaires, dont la majorité est recrutée à Lourdes. L’hôpital temporaire n°32 fermera ses portes le 12 février 1919, après avoir accueilli et soigné plus de 8.000 blessés. La partie financière est confiée à monsieur Christophe assisté de messieurs de Beauchamp et Boulet. Pendant toute la durée de la guerre, des réfugiés du Nord et de l’Est de la France affluent à Lourdes et dans la région.

Ils arrivent aussi de Belgique. Le “Foyer du Soldat Belge” est même créé afin d’accueillir, pendant leurs permissions, les militaires belges qui ne peuvent pas rejoindre leurs familles à cause de la guerre et de l’envahissement de leur pays. La période de la guerre voit le mouvement des pèlerinages arrêté, faute de moyens de transport. Seuls quelques groupes de la région viennent à Lourdes. Malgré tout, les pères de l’Assomption réussissent à organiser le Pèlerinage National mais sans la participation de malades et de l’HNDL. Ce n’est qu’en 1919 que Lourdes voit à nouveau des malades arriver parmi eux une cinquantaine de soldats blessés, hospitalisés à l’Asile Notre Dame. Les hospitaliers reprennent alors leur service originel sous la direction de messieurs Christophe et de Beauchamp. En effet, le 20 août 1919 l’HNDL se réunit pour la première fois depuis le début de la guerre. Monseigneur Schoepfer tient à recevoir lui-même huit nouveaux titulaires. Il profite de l’occasion pour remercier les hospitaliers de leur dévouement dans les hôpitaux de Lourdes et leur courage face à l’ennemi. Il leur formule le souhait de recommencer à accueillir les malades. Au début du mois d’octobre, le père Luquet, dominicain, réussit à amener une centaine de malades dans le cadre du pèlerinage du Rosaire de Toulouse.

La Première Guerre Mondiale est finie après avoir semé mort et destruction dans toute l’Europe. Les pères Assomptionnistes décident d’organiser un nouveau mouvement de foi, un “Pèlerinage d’action de grâce pour les Armées de Terre et de Mer”.

«La restauration de la France exige une prise de conscience du peuple entier, une volonté morale d’efforts, le retour aux fortes disciplines de la vertu et du travail, une reprise du principe d’autorité non point imposée du dehors, mais acceptée cordialement et voulue».

Lourdes, Capitale de Paix Le 23 août 1942 l’évêque

de Lourdes, monseigneur Choquet,

lance un appel au monde en guerre

1935, Cloture du Jubilé de la Rédemption par le cardinal Pacelli, Secrétaire d’Etat et Légat Pontifical. Arrivée à Lourdes et salut au drapeau

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L’ A S S O C I AT I O N E N T R E L E S D E U X G U E R R E S

Du 11 au 13 novembre 1919, plus de 20.000 pèlerins y participent, la plupart sont des soldats rentrés de la guerre qui «viennent remercier la Vierge de les avoir rendus à leur famille et d’avoir donné la victoire à la France». A cette occasion la première pierre du “Monument de la reconnaissance nationale” est posée et bénie, à gauche de l’Esplanade, face à l’Asile Notre Dame. Ce monument sera appelé “Monument de la Paix”.

Les années 1920 et surtout 1921 voient une reprise progressive du mouvement des pèlerinages. Beaucoup de soldats avaient fait le vœu de venir en pèlerinage à Lourdes s’ils rentraient sains et saufs de la guerre. La plupart des diocèses organisent des pèlerinages votifs. En outre, l’amélioration des transports permet au Pèlerinage National d’amener 400 malades en 1920 et 600 en 1921. Bien entendu, ces malades sont accueillis par les hospitaliers qui ont repris leur service. En même temps, le Bureau Médical rouvre ses portes. Le docteur Le Bec succède au docteur Boissarie comme président du Bureau des Constatations et le docteur Marchand est nommé vice-président. L’un et l’autre connaissent parfaitement le problème des guérisons de Lourdes pour avoir travaillé avec le docteur Boissarie pendant plusieurs années.

En 1920, monsieur Christophe quitte Lourdes et s’installe à Paris avec sa fem-me, pour surveiller de plus près l’édu-cation de ses quatre enfants. Il retrouve l’HNDL au moment des grands pèlerina-ges de l’année. Mais un mal qui le mine depuis quelques temps a finalement rai-son de lui. Il décède le 9 février 1922, après avoir consacré la plus grande partie

QUAND ET QUOI1915 MONDENaufrage du transatlantique Lusitania par le sous-marin Allemagne

1917 RUSSIE Début de la révolution Bolchevique guidée par Lénine

1918 ETATS UNISCommencement de la prohibition, interdiction de fabriquer et vendre des boissons alcooliques

1921 ITALIEMussolini inaugure les vingt ans du fascisme

1921 FRANCEA Paris, sur la Tour Eiffel, on installe la première antenne pour les émissions radios régulières quotidiennes

1926 MONDEFleming découvre la pénicilline, le premier antibiotique

1927 FRANCELes pilotes Costes et Le Brix, accomplissent le premier vol transatlantique français, Paris/Buenos Aires

1929 ETATS UNISDébut de la Grande Dépression

1930 MONDEL’astronome Tornbaugh découvre la planète Pluton

1933 ALLEMAGNE Hitler conquit le pouvoir absolu dans le Pays

1939 MONDELa Deuxième Guerre Mondiale éclate

En place dans la calèche, à gauche du cardinal,

le Préfet Vié: prés de la voiture monseigneur Gerlier

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L’ A S S O C I AT I O N E N T R E L E S D E U X G U E R R E S

de sa vie au service de Notre Dame de Lourdes et des mala-des. L’Hospitalité des Dames est aussi éprouvée par la perte de deux membres qui avaient été du groupe des premières engagées dans la confrérie en 1886: la baronne de Malet, vi-ce-présidente de l’Hospitalité des Dames depuis 1903 et la vi-comtesse de Pouy, première présidente de la confrèrie. Pendant la présidence de monsieur Christophe, les dames des Piscines restent sous la houlette de madame de Werbier. Bien entendu, leurs activités avaient subi un ralentissement considérable pen-dant la Grande Guerre.

A partir de 1922 une nouvelle ère commence pour l’HNDL sous la présidence du comte Etienne de Beauchamp. Un long chemin qui ira jusqu’en 1957, et marquera l’une des plus longues présidences de l’histoire de l’HNDL. Le 13 février 1922, quelques jours à peine après le décès de monsieur Christophe, monseigneur Schoepfer nomme le nouveau président de l’HNDL: monsieur Etienne de Beauchamp. Il vient à Lourdes comme brancardier depuis 1881, devient titulaire de l’HNDL le 24 septembre 1885 et vice-président en août 1907. Ayant perdu une grande partie de sa famille, il se fixe à Lourdes en 1907. Désormais sa vie est celle de l’Hospitalité. A la même date monsieur Armand Mérillon est désigné comme vice-président. Il appartient à une famille très honorable d’Ossun. Il fait partie des habitués de Lourdes et de l’HNDL où il fait sa consécration le 23 août 1886. La collaboration avec Etienne de Beauchamp est assez brève, car il décède le 5 décembre 1923. Monsieur Georges Boutry, hospitalier depuis 1905 et membre du Conseil, le remplace.

En décembre 1926 un événement douloureux atteint l’Hospitalité: la condamnation de l’Action Française par le pape Pie XI, promulguée par une ordonnance des cardinaux et Archevêques de France du 7 mars 1928, qui spécifie que ceux qui refusent de se soumettre seront «exclus de toutes les Associations pieuses et œuvres catholiques». Voilà un véritable drame pour certaines familles et aussi pour l’Hospitalité. En esprit de soumission au pape, le Conseil de l’HNDL fait paraître courageusement la note suivante, datée du 14 mai 1928 et signée du président: «Le Conseil de l’HNDL, entièrement soumis au Souverain Pontife et à ses directives concernant l’Action Française, prie les Hospitaliers, les Dames Hospitalières, les Auxiliaires et les Volontaires qui ne partageraient pas ces sentiments de vouloir bien s’abstenir de venir faire du service à l’Hospitalité».

L’année suivante, le 24 août, monseigneur Scheopfer meurt à Lourdes après avoir dirigé pendant 27 ans le diocèse et contribué au développement du culte marial à Lourdes. Il est immédiatement remplacé par son coadjuteur, monseigneur Alexandre Poirier. Malgré la courte durée de son épiscopat

(monseigneur Poirier décède en 1928), il accomplit un acte très important pour le développement de l’HNDL. Sur sa demande, le pape Pie XI élève le 20 mars 1928 la confrérie de L’HNDL au rang d’archiconfrérie. Loin d’être un simple titre honorifique, l’HNDL peut avoir maintenant des filiales qui se sentent liées à l’œuvre de Lourdes. Sont concernées essentiellement des hospitalités de plusieurs diocèses de France mais aussi de Belgique, d’Espagne, d’Italie, d’Angleterre et de Suisse.En outre, l’intégration des infirmières de l’Hôpital Notre Dame des Douleurs et de l’Asile Notre Dame à l’HNDL est rendu possible. Dans les faits, cette intégration sera très lente et ne sera complète avec la charte du 8 septembre 1978.

Le 14 mai 1929, monseigneur Gerlier devient évêque de Tarbes et Lourdes. Pendant les huit années de son épiscopat, il profite de toutes les occasions pour organiser dans le Sanctuaire des cérémonies de grande ampleur qui attirent des foules considérables. L’HNDL est systématiquement impliquée dans l’organisation de chacune d’elles. La première est le Congrès marial du 24 au 27 juillet 1930, présidée par le cardinal Verdier, archevêque de Paris et légat du Pape, sur le thème de l’Immaculée Conception. Environ 40.000 congressistes y participent. Monsieur de Beauchamp est désigné vice-président du comité local d’organisation et est chargé de la préparation de ce Congrès.

L’année 1933 est marquée par le 75ème anniversaire des apparitions. Attendu par de nombreux fidèles, ce 8 décembre, Bernadette est canonisée à la basilique de Saint Pierre de Rome lors de la fête de l’Immaculée Conception, en présence de monsieur de Beauchamp et de quelques membres de l’Hospitalité. L’année suivante, trois jours de fête sont organisés les 14, 15 et 16 juillet 1934. Ils sont couronnés par la Messe chantée à quatre voix dédiée à la nouvelle Sainte.

Le Légat pendant son discours

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L’ A S S O C I AT I O N E N T R E L E S D E U X G U E R R E S

Les célébrations du Jubilé se terminent. A cette occasion, le cardinal Pacelli est nommé légat du Pontife et la présence du Secrétaire d’Etat du Pape confère une solennité et une ampleur encore plus grande à ces cérémonies, avec la présence de 5 cardinaux, 12 archevêques, 50 évêques, 3.000 prêtres et religieux et 250.000 pèlerins, une foule sans précédents.

En 1935, l’HNDL fête ses 50 ans. Ce jubilé d’or est solennisé le 25 août par une messe que monseigneur Gerlier célèbre à la Grotte suivie d’un déjeuner présidé par le cardinal Liénard et qui réunit 250 hospitaliers. Durant cette année il y a un grand nombre d’hospitaliers qui viennent servir à Lourdes: 835 titulaires, 450 auxiliaires et 5.570 brancardiers volontaires.

En août 1937 monseigneur Gerlier est appelé à l’archevêché de Lyon. Un mois après madame de Werbier donne sa démission après 50 ans d’Hospitalité et 34 ans de présidence. La baronne Berthemy, déjà membre du Conseil lui succède.En octobre une inondation du Gave cause de grands dégâts à la Grotte, aux bureaux de l’Hospitalité, aux bureaux des piscines et à l’Asile. Le matériel est détérioré et une partie des archives des Piscines est perdue. A ces problèmes s’ajoute, en 1939, la Deuxième Guerre Mondiale. Pour Lourdes une nouvelle phase de grande difficulté se profile à l’horizon. Les pèlerinages laissent la place à nouveau à une situation d’urgence, tandis qu’au même moment le cardinal Pacelli est élu Pape sous le nom de Pie XII. Comme lors de la Première Guerre Mondiale, les structures d’accueil des pèlerins sont transformées en hôpitaux pour soigner les blessés, surtout les militaires français, allemands et marocains.

Les pèlerinages à Lourdes s’arrêtent à nouveau jusqu’à 1945. Mais l’HNDL ne reste pas inactive en cette période, surtout grâce à l’œuvre de monsieur de Beauchamp. Sa première préoccupation

est de soutenir le moral de tous les membres de l’association, et tous les mois il envoie à tous ceux qui ont la possibilité de les recevoir, des messages de réconfort et d’encouragement. Il organise aussi un comité d’accueil pour les réfugiés de Belgique, du nord et de l’est de la France. Il s’occupe de la nourriture, des vêtements et de la distribution d’argent. Il se consacre aussi aux enfants avec l’aide de la Croix Rouge.

En ces années difficiles Lourdes devient un centre mondial de prière pour la paix, où le nouvel évêque, monseigneur Choquet, travaille à transformer la ville en «montagne sacrée de notre Pays, où Dieu se révèle et nous montre son précieux message».Notre voyage dans la période de l’entre les deux guerres arrive à sa fin. Un parcours toujours rempli d’imprévus parfois difficiles à appréhender mais toujours surmontés. La période de la Deuxième Guerre Mondiale voit la disparition de figures importantes de l’HNDL: Emile Boulet en 1939, monseigneur Da Costa en 1941, madame de Werbier et le père Balette. Monsieur de Beauchamp rend un hommage à ce dernier en prononçant ces quelques mots: «Il était très bon, avait un jugement très sûr et a grandement contribué au développement des Hospitalités diocésaines que j’avais crées avec lui».Dans ces mille et une difficultés rencontrées et surmontées lors de toutes ces années, l’HNDL a montré sa capacité à traverser un demi-siècle d’histoire sans perdre son unité, tout en adaptant sa mission aux évolutions du monde et en conservant sa fidélité au message de Marie transmis par Bernadette.Une expérience humaine et spirituelle porteuse de nombreux espoirs à révéler à la conscience du monde.

Le légat au trône pontifical

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L’ A P R E S - G U E R R E

Pour l’Hospitalité la période de l’après-guerre est marquée par une forte

reprise. Le nombre de malades qui arrivent à

Lourdes augmente et on travaille pour améliorer les structures d’accueil. On se prépare aussi au Jubilé des apparitions.

L’association et ses membres retrouvent ainsi

un rythme de croisière

La première moitié du XXème siècle a été particulièrement dure pour l’association, à cause surtout des conflits mon-diaux. Il faudra attendre 1946 pour voir l’Hospitalité No-

tre Dame de Lourdes reprendre ses tâches habituelles. Son pré-sident, le comte Etienne de Beauchamp, fait réparer et remettre en fonction l’ensemble du matériel nécessaire pour le service aux malades et à la fin de l’année il sollicite, via une lettre, tous les hospitaliers en soulignant qu’en 1946 pas moins d’un million de pèlerins est arrivé à Lourdes et que pour 1947 on en attend encore plus. Il termine sa lettre avec ces mots: «Il ne faut pas oublier que nous sommes les serviteurs privilégiés de Notre Dame de Lourdes, ce qui nous oblige à donner l’exemple dans notre vie privée comme dans notre vie publique».

En février 1947 monseigneur Pierre Marie Théas devient évêque de Tarbes et Lourdes et il se fait immédiatement remarquer par sa décision courageuse, prise en novembre de la même année, de garder la responsabilité du Sanctuaire de Lourdes et continuer à confier aux pères du diocèse l’administration financière et l’organisation des pèlerinages. Monseigneur Théas rappelle en même temps à Lourdes les Missionnaires de l’Immaculée Conception - qui avaient du laisser le Sanctuaire en 1903 - et il leur confie la responsabilité spirituelle et pastorale des pèlerinages. L’année 1947 est aussi marquée par deux jubilés qui concernent l’Hospitalité: le 27 septembre le comte de Beauchamp fête ses 60 ans en tant qu’hospitalier de Notre Dame de Lourdes et ses 25 ans en tant que président. Le 26 décembre la supérieure de Saint Frai, mère Saint Etienne fête ses 90 ans de vie et ses 40 ans en tant que supérieure, c’est-à-dire une vie de dévouement passée au service des malades et de l’Hospitalité.

L’année 1948, normale d’un point de vue des pèlerinages, est toutefois très importante pour les innovations qu’elle voit se

Vers le centenaire

des apparitions

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L’ A P R E S - G U E R R E

Procession du Saint Sacrement avec le célébrant sous le dais

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L’ A P R E S - G U E R R E

réaliser; à commencer par l’inauguration de l’aéroport d’Ossun qui ouvre la voie à l’arrivée en avion des pèlerins et des malades. Une ligne régulière se crée alors entre Lourdes et Bruxelles-Amsterdam (dans cette première année uniquement les pèlerins et les malades qui arrivent à Lourdes par les airs ne sont pas moins de 1.441). Ce sera ensuite la Chambre de Commerce de Tarbes, responsable de l’aéroport, qui fera de grands travaux d’amélioration des pistes, en permettant ainsi aux avions plus grands de pouvoir venir à Lourdes.

L’Hospitalité prend immédiatement en charge ce nouveau service. Une autre journée très importante de cette année est le 8 juillet, quand, pour la toute première fois, une étape du Tour de France part de la Grotte de Massabielle. Le 24 juillet voit arriver à Lourdes le premier pèlerinage organisé américain: 550 personnes venues de Boston par la mer.En préparation du centenaire des apparitions, monseigneur Théas prévoit de déplacer les Piscines pour augmenter leur nombre et faciliter l’accès à la Grotte. Il faut donc commencer des travaux jamais faits auparavant. C’est ainsi qu’en effectuant des fouilles et des dégagements à deux mètres au-dessous du niveau de la Grotte, on trouve la source, le point d’où l’eau jaillit et ensuite, à travers la roche, arrive aux Piscines. On construit alors un bassin pour recueillir l’eau et acheminer cette “eau sainte”. Grâce à une plaque de verre qui protège la source, les pèlerins qui passent dans la Grotte peuvent voir couler l’eau découverte par Bernadette en 1858. Les travaux de restauration de la Grotte et des Piscines se terminent à la fin de l’année mais la zone sera inaugurée le 3 février 1949.

Les années cinquante s’ouvrent, pour l’Hospitalité, avec l’inauguration de l’Abri Saint Michel, une structure avec une capacité de 100 lits et 140 couverts, destiné surtout aux jeunes de l’Hospitalité sans grandes disponibilités économiques. Le 1er novembre 1950 est un grand jour à la gloire de la Vierge Marie: le pape Pie XII définit le dogme de l’Assomption sur la place Saint Pierre à Rome. Tandis que le 21 novembre 1951 le comte de Beauchamp est fait chevalier de la Légion d’Honneur au titre de “Président général de l’Hospitalité de Lourdes”.

La motivation qui accompagne cette nomination cite les «66 années de services civils et militaires», étant donné que l’engagement du comte en tant que membre de la confrérie remonte à 1885, date de la fondation de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes. Il s’agit donc d’un hommage à l’association en même temps qu’une reconnaissance des services rendus par son président pendant les deux guerres, pour les blessés soignés à l’Asile et pour les permissionnaires accueillis au Foyer de la rue du Bourg. La cérémonie a lieu le 6 mai 1952: le général Lafon, en tenue militaire, épingle la Croix de la Légion d’Honneur sur la poitrine du président qui arbore fièrement la médaille d’argent de l’Hospitalité et la plaque de Grand Croix de Saint Grégoire le Grand.

L’année 1952 est marquée par une importante décision: la construction de deux ponts sur le Gave. Ainsi la prairie en face de la Grotte pourra être utilisée par les pèlerins et par les malades pour diverses activités et cérémonies. Quelques années après seront construits l’Accueil Sainte Bernadette ainsi que l’église

1945 ALLEMAGNELibération camp Auschwitz, Suicide Hitler, Capitulation Allemagne

1945 ITALIE Exécution Mussolini

1945 FRANCEDe Gaulle chef de gouvernement

1945 ASIEBombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki

1946 FRANCEDébats et votes constitutionnels créant la IVème République

1953 URSSMort de Staline, fin de la terreur stalinienne

1957 EUROPERaité de Rome: les Six organisent la Cee et la Cea ou Euratom organisation douanière pour parvenir au Marché Commun (24/03)

QUAND ET QUOI

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L’ A P R E S - G U E R R E

consacrée à la voyante de Massabielle et, en 1977, le nouvel Accueil Notre Dame. Le 9 septembre le comte de Beauchamp remet la Croix de la Légion d’Honneur à mère Marie Antoinette Gueydier, supérieure de l’Asile Notre Dame, qui servira pendant plus de 40 ans. Tant mère Marie Antoinette que le comte de Beauchamp, grâce à leur autorité, exercée avec beaucoup de tact et d’intelligence, ont su maintenir vif l’esprit des fondateurs en chaque hospitalier, un esprit de rigueur dans le service, dans la tenue et dans la charité souriante aux malades.

L’année 1954 est une “Année Mariale” étant donné qu’elle conduit au centenaire de la définition dogmatique de l’Immaculée Conception. Le pape Pie XII, le 8 décembre 1953, l’annonce par une encyclique qui souligne le lien privilégié entre Rome, où le dogme a été défini, et Lourdes, où Marie, dans ses apparitions, l’a confirmé. A partir du 8 décembre 1953, fête de l’Immaculée et ouverture de l’Année Mariale, les festivités à Marie sont célébrées à Lourdes avec un esprit bien particulier. La fête du 11 février 1954 est présidée par le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse. Le soir, une procession aux flambeaux de l’église paroissiale au Sanctuaire, voit la participation du maire, Antoine Béguère, et de plusieurs conseillers municipaux. Le 25 mars le cardinal Feltin, archevêque de Paris, célèbre une messe chantée par les moines bénédictins de Tourny. Le pèlerinage de la Ligue Féminine de l’Action Catholique donne une cloche qui porte l’inscription: «Pour toutes les femmes de France». L’An-née Mariale se termine avec la fête de l’Im-maculée Conception, célébrée sous la pré-sidence du cardinal Léger, archevêque de Montréal et légat pontifical.L’année 1955 est l’année des 70 ans de l’Hospitalité, fêtés le 28 janvier. On célèbre toutefois aussi la consécration des premiers sept hospitaliers le 19 août et la médaille d’argent du comte de Beauchamp le 24 septembre. Le temps passe très vite également pour le président historique de l’Hospitalité qui se rapproche de ses 100

Les nouvelles Piscines

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L’ A P R E S - G U E R R E

ans… Tous autour de lui espèrent pouvoir les fêter en 1958 en même temps que les apparitions, mais malheureusement, après une très courte maladie, le comte Etienne de Beauchamp s’éteint le 21 août 1957. Un moment difficile et particulièrement douloureux pour la grande famille de l’Hospitalité et ses nombreux amis. Monsieur de Beauchamp avait suscité de l’admiration, de l’estime mais aussi beaucoup d’affection chez tous ceux qui s’étaient rendus à Lourdes en ces années. Les obsèques sont célébrées dans la basilique du Rosaire. Monseigneur Théas célèbre la messe et il est entouré de cinq archevêques et évêques, de nombreux représentants du diocèse, des Sanctuaires de Lourdes et des diverses Hospitalités, du préfet des Hautes Pyrénées, du maire de Lourdes et d’une délégation du Conseil Municipal. A la fin de la messe, monseigneur Théas prononce l’éloge du défunt: «Le premier chevalier de Notre Dame de Lourdes, le prince des brancardiers, la figure la plus représentative de notre sanctuaire et son bienfaiteur insigne, le témoin privilégié d’un long passé lourdais, président de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, Grand Croix de l’Ordre de Saint Grégoire, chevalier de la Légion d’Honneur, chevalier de l’Ordre de Léopold, officier de la Couronne de Belgique».Durant les 35 ans de sa présidence, le comte a été l’animateur infatigable de l’association. Il y était lié à tel point qu’il s’identifiait à elle. Témoin et garant de la tradition, prestigieux serviteur de Notre Dame il a défendu le domaine et porté bien haut la bannière même pendant les années difficiles des conflits. Lors de la Deuxième Guerre Mondiale il a accueilli les réfugiés et logé les permissionnaires. Une vie passée à “Servir”, avec intelligence, dévotion et convictions chrétiennes.

A la fin de l’allocution prononcée lors

des funérailles du comte de Beauchamp, monseigneur Théas annonce le nom du successeur: il s’agit de Goslen de la Poëze, né en 1892, il a fait la guerre de 1914 - 1918 où sa conduite lui a valu la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Son premier engagement à l’Hospitalité remonte à 1927, sa consécration à 1929. La tâche qui lui est confiée est loin d’être simple. Il s’agit de prendre les rênes de l’association en plein milieu de la saison des pèlerinages et la veille du centenaire des apparitions. Mais monsieur de la Poëze connaît parfaitement le fonctionnement et l’esprit de l’Hospitalité et il est donc bien préparé pour poursuivre l’œuvre du comte.

Pour monseigneur Théas, 1958, le centenaire des apparitions, devait être une

«Pentecôte mariale et une surabondante effusion de l’Esprit Saint», mais aussi, grâce au nombre de pèlerins et à la vivacité des cérémonies, l’un des sommets de l’histoire du Sanctuaire de Lourdes. Le pape Pie XII donne une grande importance à ce jubilé, non seulement pour les pèlerins qui se rendront à Lourdes, mais pour l’Eglise Catholique en général. Il profite donc de l’occasion pour inciter les fidèles à la conversion intérieure, grâce majeure du pèlerinage. Au cours de toute l’année, Pie XII montrera son union avec les pèlerins de Lourdes à travers six lettres et plusieurs messages radiophoniques. Mais, comme on peut bien s’en douter, les préparatifs pour le centenaire ont commencé bien avant… Depuis trois ans Lourdes est au travail pour réaliser des changements à la Grotte qui,

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6 mai 1952 - Légion d’Honneur du comte de Beauchamp, avec à sa droite le général Lafon

Légion d’Honneur de monsieur de Beauchamp. Discours

de monseigneur Théas:à sa gauche cardinal Liénard

et monseigneur Méricq

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L’ A P R E S - G U E R R E

rendue à son état primitif, devient praticable pour un plus grand nombre de pèlerins. On commence aussi les travaux pour ce qui sera la basilique Saint Pie X, et aussi la création d’un Camp Scouts et de la Cité Secours. Le Quartier Gènèral des Scouts de France s’intéresse en effet de près à Lourdes et, peu à peu, l’un des commissaires réussit à faire évoluer la troupe des foulards blancs vers le clan des hospitaliers de Notre Dame. C’est ainsi que ces jeunes seront ensuite admis à tous les services de l’association et donneront régulièrement un coup de main pour servir les malades qui arrivent à Lourdes.La Cité Saint Pierre, Cité Secours, est un centre d’accueil destiné à ceux qui désirent entreprendre un pèlerinage à Lourdes mais ne disposent pas d’assez de moyens économiques pour loger dans les hôtels de la ville. La Cité est ouverte à tous, indépendamment de la nationalité, de l’âge, des origines, professions et convictions religieuses. Il suffit de penser qu’elle héberge chaque année 10.000 pèlerins environ en provenance de 20 pays.

L’année jubilaire s’ouvre par un triduum de préparation. Le 11 février restera dans les mémoires grâce à la cérémonie présidée par le cardinal Gerlier, à laquelle Pie XII participera par un message radio. Suivent une série de grandes célébrations, comme le 25 mars, fête de l’Annonciation ou le 16 juillet, anniversaire de la dernière apparition. Et encore la fête de l’Assomption, le Congrès mariologique du 10 au 13 septembre suivi d’un autre congrès marial du 13 au 17 et, pour finir, la fête de l’Immaculée Conception le 8 décembre. A la fin de l’année on essaye de faire une estimation du nombre de personnes qui sont venues à Lourdes dans ces derniers 12 mois et on arrive à la conclusion que les pèlerins ont été plus de 5 millions. Après l’année du centenaire le Sanctuaire reprend son rythme de croisière. C’est monsieur de la Poëze qui le fait remarquer dans une circulaire de

janvier 1960. Dans celle-ci, en plus d’exprimer ses meilleurs vœux aux membres de l’Hospitalité, il met en avant le fait que 1959 a enregistré un grand nombre de pèlerins qui, même s’il reste inférieur à celui du Jubilé, est encore plus grand que le total de pèlerins qui sont venus à Lourdes en 1957. Ce qui veut dire que l’affluence est en augmentation constante et qu’il faut développer les moyens d’accueil de l’Hospitalité mais aussi des hospitaliers et des brancardiers; on pourra ainsi réduire au minimum leurs dépenses de séjour qui restent, pour les jeunes en particulier, un sérieux problème.

C’est alors que le président décide de développer l’Abri Saint Michel, qui avait été aménagé par son prédécesseur, pour accueillir une centaine de personnes en plus. Les nouveaux travaux créent ainsi dans l’Abri, quatre dortoirs avec 225 lits et un grand réfectoire qui peut accueillir jusqu’à 300 personnes.

Groupe d’hospitaliers autour de monsieur de Beauchamp et de monsieur de la Poëze. A la gauche de ce dernier, monsieur de Montecler. A droite de monsieur de Beauchamp, monsieur Georges Boutry et monsieur Janson (conseil 1957)

Procession du Saint Sacrement. Chant du “Parce Domine” les bras en croix

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L’association change de visage. Ce sont des

années intenses aucours desquellesse succèdent les

présidents et se met en place un nouveau

schema d’organisation.Deux mots définissent

et réunissent ces processus: renouveau

et réconciliation

Après le centenaire des apparitions, l’Hospitalité s’apprête

à fêter un siècle de vie

Pour l’Hospitalité, les années soixante du siècle dernier commencent (le 12 août 1961) avec l’inauguration historique et la bénédiction des nouveaux locaux de

l’Abri Saint Michel. C’est le premier événement d’une longue série qui, en dix ans, changera profondément et modernisera les lieux, l’organisation et les fonctions de l’association. L’année 1962 est marquée par le centenaire de la lettre pastorale de monseigneur Laurence qui confirmait solennement l’authenticité des apparitions de Lourdes. Le 3 juin 1963, le pape Jean XXIII meurt, lui succède alors le cardinal Montini, archevêque de Milan, qui a une grande dévotion pour la Vierge de Lourdes et qui est venu plusieurs fois déjà en pèlerinage dans la ville mariale: il prend le nom de Paul VI. A Lourdes, on se souvient également du 23 août et du premier Pèlerinage Anglican conduit par monseigneur Westall qui rassemble une soixantaine de fidèles et une dizaine de pasteurs. Ces années-là, avec l’affluence toujours croissante des pèlerins, le trafic aérien augmente aussi de manière exponentielle, à tel point que les passagers atteignent le nombre de 98.111 en un an. C’est pour cette raison que l’on rallonge la piste qui mesure désormais 2.400 mètres, en prévision de travaux ultérieurs d’agrandissement et de modernisation de tout l’aéroport. La Chambre de Commerce de Tarbes, en effet, annonce pour la fin de 1964, la mise en chantier d’un terminal pour les malades, où seront installés 30 lits et où sera présent un service spécial d’accueil et de transport avec des équipes spécifiques de brancardiers et d’infirmiers.

C’est encore en 1964 que le Journal de la Grotte publie le compte-rendu d’une enquête intitulée “Compréhension et respect des malades”, menée auprès d’un grand nombre de malades participant aux pèlerinages. Il en ressort quelques réflexions destinées aux prêtres et aux hospitaliers: l’indélicatesse des prêcheurs qui sacralisent la souffrance, les cérémonies et les prières trop longues, le ton sec de certains brancardiers

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qui semblent donner des ordres et ne pas se rendre compte qu’ils parlent à des personnes qui souffrent, le désir d’une vie plus communautaire entre les malades et les personnes en bonne santé participant au même pèlerinage, le comportement de ceux qui entourent les malades qui, par leur indélicatesse, rendent souvent, la souffrance plus grande encore.

«Chers frères et sœurs de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes,

Vous fêtez le centenaire de votre Confrérie en venant à Rome

auprès du tombeau de Pierre. Votre démarche est un signe de

communion ecclésiale que je suis heureux de souligner en vous

accueillant aujourd’hui, avec votre président et monseigneur

Henri Donze, evêque de Tarbes et Lourdes, que je remercie de

ses paroles. (…) La présence des malades a suscité autour des

Sanctuaires et dans les pèlerinages un mouvement intense de

fraternité et d’entraide pour les accompagner. Beaucoup de ceux

qui les ont servis se sont attachés à cette tâche et l’ont poursuivie

d’année en année. Et ils ont pris en charge beaucoup d’aspects

de l’animation des pèlerinages, tant sur le plan spirituel que sur

le plan pratique. Ainsi naissait votre confrérie à Lourdes, bientôt

associée aux innombrables confréries liées aux pèlerinages

organisés régulièrement à partir des pays d’Europe et d’autres

parties du monde. Lorsque je considère ce que représente

l’Hospitalité de Lourdes, je suis frappé par le sens évangélique

de ce qu’elle accomplit. On croirait découvrir une longue suite

de réponses à la parole de la Mère de Jésus: “Faites ce qu’il vous

dira”. Servir les malades, c’est faire ce que le Seigneur attend de

nous. Et quand on a fait, au cours d’un pèlerinage, l’expérience

de l’imitation du Seigneur sous les traits du Bon Samaritain où

il se dépeint lui-même dans l’Evangile, on sent bien qu’il ne

peut s’agir d’une expérience isolée d’un jour. Les hospitaliers

reviennent d’année en année. Plus encore, au long des années

ils prolongent leur action dans les communautés de leur vie

quotidienne. (…) A Lourdes comme partout ailleurs, l’hospitalier

sait bien que le secours fraternel apporté à ceux qui endurent

tant de souffrances diverses comporte en même temps une aide

d’ordre spirituel, une expérience de communauté ecclésiale (…).

Je voulais simplement souligner la richesse de votre engagement.

Lorsque les membres de l’Hospitalité prononcent leur acte de

consécration, ils prient la Vierge Immaculée, dans la docilité

à l’Esprit Saint et dans la ferveur de la foi; ils lui demandent la

grâce de travailler avec elle “au réconfort de ceux qui souffrent,

à la réconciliation des hommes, à l’unité de l’Eglise et à la

paix du monde”. (…) Avec vous, je voudrais rendre grâce pour

tout ce qui a été réalisé dans cet esprit au cours d’un siècle

de la vie de votre confrérie, rayonnant en tant de lieux; et je

voudrais avec vous prier la Mère du Seigneur pour qu’elle vous

aide à poursuivre toujours plus intensément votre action et, en

particulier, pour qu’elle aide beaucoup de jeunes à entendre

l’appel évangélique de la charité dans toutes ses dimensions.

Ce témoignage doit contribuer à donner un nouveau visage

de l’Eglise et vous faire ouvrir vous-mêmes, aux divers soucis

pastoraux de l’Eglise. (…) Et du fond du cœur je prie Dieu de

vous bénir, ainsi que l’ensemble des membres de l’Hospitalité

de Lourdes et tous ceux que vous servez au nom du Seigneur».

La parole d’accueil de Jean Paul II pour le centenaire

de l’Hospitalité - audience du 18 mars 1985

De droite à gauche, monseigneur Henri Donze, monsieur Tronchet et le père Joseph Bordes, recteur des Sanctuaires

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C’est ainsi que les travaux de rénovation de l’Hospitalité ne concernent plus seulement les structures et l’organisation, mais aussi la façon de faire. Et c’est donc au cours de ces années que l’association poursuit et exécute un travail en son propre sein. En 1965, 75 chambres pour les hospitaliers sont construites au dessus de la salle Bernadette pour remplacer celles qui étaient au dessus de l’Abri des pèlerins et qui seront, dès lors, destinées à être des salles de conférences, de plus en plus demandées par les directeurs des pèlerinages. On construit également deux ponts sur le Gave afin que le pré devant la Grotte soit plus fonctionnel et accessible. Le 25 mars 1966, jour de l’inauguration de ces deux ponts, les lieux de pèlerinage acquièrent finalement espace et praticabilité. Juste à temps, si l’on peut dire, pour accueillir la marée humaine qui arrive à Lourdes du 10 au 12 Septembre 1966. Il s’agit du pèlerinage des ex-déportés et prisonniers qui rassemble environ 100.000 personnes venues du monde entier. L’année 1966 s’achève avec

un important pèlerinage à Rome au cours duquel le président, le vice-président, les membres du Conseil et plusieurs hospitaliers de l’Abri Notre Dame sont reçus en audience par le pape Paul VI, avec certains membres de l’Unitalsi dans la salle du “Petit Trône”. Le Saint Père leur adresse un message spécial et, avant de les bénir, rend hommage à l’Hospitalité en ces termes: «Cette institution bienfaisante qui a prodigué, au fil des ans, des trésors de ferveur et de générosité, a aidé profondément les milliers de malades qui ont croisé son chemin».

Dès 1965, les hospitaliers mais aussi les pèlerins qui arrivent à Lourdes sont de plus en plus jeunes. Il suffit de rappeler qu’en 1967, le Pèlerinage National Français célèbre les jeunes hospitaliers de Notre Dame du Salut, une équipe de jeunes qui ont entre 14 et 18 ans. C’est toujours en 1967, au mois de juillet, que naît un nouveau service, “le pèlerinage d’un jour” qui vise à regrouper les touristes et les pèlerins isolés et à les aider dans

Autour de monseigneur Viscaro, recteur des Sanctuaires et directeur de l’Hospitalité, à droite messieurs de Valicourt, Janson, Imbert; à gauche messieurs de la Poëze, Lanfry, de Bellisal

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leur cheminement spirituel. De même, au mois de décembre on inaugure le foyer des “Bernadettes”, totalement rénové après un incendie qui l’avait presque entièrement détruit. En 1969, l’Hospitalité vit un deuil inattendu: celui de Georges Lanfry, membre du Conseil et ex président des Cadets Normands de 1913 à 1935 (vous trouverez dans le box à page 41 l’excellente description qu’il fit de l’hospitalier). Après les deuils de l’année, l’Hospitalité peut finalement fêter un joyeux événement: les 40 ans de médaille d’argent ainsi que les 13 ans de présidence du comte de la Poëze.

L’année 1970 commence avec un changement important pour l’Hospitalité et pour Lourdes: la démission de monseigneur Théas de la charge d’évêque de Tarbes et de Lourdes. Il est remplacé par l’évêque de Tulle, monseigneur Henri Donze. Le nom de Pierre Marie Théas restera cependant gravé et lié au Sanctuaire de Lourdes, non seulement pour sa ténacité et sa

foi qui ont rendu possible, malgré de nombreux obstacles, la construction de la basilique Saint Pie X, mais aussi pour son rôle d’infatigable apôtre de Marie. En outre, en mai, on inaugure, à la gare de Lourdes, les nouvelles installations destinées à faciliter l’arrivée et le départ des malades: deux nouveaux quais qui peuvent recevoir dix-neuf wagons, et un hall d’accueil rénové. De même, au cours de ces mois, l’Asile Notre Dame est restructuré et on profite de ces modifications pour en changer le nom en “Accueil Notre Dame”. Une autre nouveauté facilitera le transport des malades jusqu’à la basilique Saint Pie X: la création d’un passage direct entre l’Accueil et la basilique, traversant ainsi toute la partie de l’Esplanade.Ainsi, une partie des problèmes soulevés par le compte-rendu de l’enquête du Journal de la Grotte en 1964 a été résolue, mais il reste encore quelques questions en suspend: celles des horaires, pas toujours respectés, de la participation active des malades aux pèlerinages, de leurs besoins matériels et spirituels,

1961 MONDELe 21 avril se déclenche une crise internationale de grande ampleur qui concerne Cuba, l’Urss et les Etats Unis, elle risque d’engendrer un nouveau conflit mondial

1961 ALLEMAGNEA Berlin on construit le Mur qui sépare l'ouest de la ville, contrôlé par les Alliés, et la partie orientale sous contrôle de l’Union Soviétique. C’est à ce moment que commence la Guerre Froide entre les Usa et l’Urss

1963 MONDELe 3 juin décède le pape Jean XIII, quelques mois après avoir publié l’encyclique “Pacem in Terris”. Le 21 juin son successeur est élu, il s’agit de Jean Baptiste Montini, le pape Paul VI

1963 ETATS UNISLe 22 novembre à Dallas au Texas, John Fitzgerald Kennedy, président des Etats Unis, est assassiné

1969 MONDETrois astronautes de la Nasa, dirigés par Neil Amstrong, à bord de la navette Apollo 11, font les premiers pas sur la Lune. Un événement suivi par le monde entier en direct télévisé

1978 ITALIELe 16 mars les Brigades Rouges kidnappent Aldo Moro, président de la Démocratie Chrétienne, qui sera tué le 9 mai

1979 MONDELe pape Paul VI décède, il est remplacé par le pape Luciani sous le nom de Jean Paul I, qui mourra trente trois jours après son élection. Son successeur est Karol Wojtyla, le premier souverain pontife polonais dans l’histoire de l’Eglise et le premier étranger depuis 455 ans

1981 MONDELe pape Jean-Paul II est gravement blessé lors d’un attentat à la place Saint Pierre. L’attentat est perpétré par le turc Ali Agca

QUAND ET QUOI

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de leur contact avec les hospitaliers. Il faut également résoudre les problèmes déontologiques liés à l’eau de la Grotte et des piscines. A la suite du Conseil Pastoral, l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes invite ses associés à redécouvrir l’esprit des fondateurs et à ne pas se tromper dans leur approche du malade. On insiste en particulier sur la direction à prendre pour améliorer la formation des brancardiers et des infirmiers et faciliter la participation des malades aux pèlerinages. On décide alors de

mettre à disposition des animateurs, prêtres ou laïcs, un guide de prière et de publier un rapport sur l’Onction des Malades. Une approche de la foi personnelle et libre sera dès lors possible même si la préparation du pèlerinage prendra encore un grand espace, tant dans les diocèses qu’à Lourdes. C’est précisément dans ce but que l’Hospitalité et le Sanctuaire créent de nouveaux instruments pour favoriser un échange d’informations pour tous ceux qui se rendent à Lourdes. A commencer par un bureau de presse dans le Sanctuaire, confié au père Ramond, ex-directeur de la revue Sanctuaire et Pèlerinages. En outre, on donne à la presse un bulletin sous forme de supplément à la publication Recherches de Lourdes qui, en pratique, sert de lien avec l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes. La rédaction de ce bulletin est confiée au père Henri Joulia, aumônier de l’Hospitalité. Dans le premier numéro, le président de la Poëze explique que ce supplément est une façon de rapprocher les hospitaliers, mais constitue également un soutien et un réconfort spirituel. Cette publication est extrêmement bien accueillie dans la mesure où elle illustre la volonté d’unification de l’Hospitalité, l’ouverture aux problèmes des jeunes, le désir de se renouveler de l’association. Les 16 et 17 mars 1974, le Congrès des Responsables des Hospitalités diocésaines et nationales se réunit à Lourdes. La première journée est animée par le père Turquet, délégué à la pastorale de la santé pour la région parisienne, sur le thème “Comment aider le malade à créer un lien entre sa foi et sa vie?”. La seconde journée, c’est monseigneur Fauchet, évêque de Troyes, qui intervient sur le thème “De quelle manière vivons-nous ce lien entre foi et vie?”. Le Congrès réunit 470 personnes dont au moins 410 sont des représentants des différentes Hospitalités. On se souviendra toujours de ces deux journées comme étant le moment au cours duquel se définit une nouvelle mission des hospitaliers au sein de l’Église: la découverte d’un charisme vrai, grâce auquel on veut faire partager au malade sa propre vie.

L’année 1974 reste importante pour l’Hospitalité, d’autant que c’est à la fin de cette même année que son président de la Poëze présente sa démission. Cette nouvelle inattendue engendre un sentiment de gêne et d’inquiétude au sein de l’Hospitalité. Le comte de la Poëze, successeur du tant aimé comte de Beauchamp, s’est imposé par sa grande connaissance de chaque service de l’Hospitalité, il a su conquérir chacun grâce à son humilité, sa disponibilité, son sens du service, il a donné l’exemple de l’attachement à l’Église et au Saint Siège, de la dévotion à la Sainte Vierge. Sous sa présidence, le nombre des hospitaliers a considérablement augmenté, à tel point qu’il a fallu mettre en place et créer de nouveaux locaux pour héberger tous les volontaires. Monseigneur Donze annonce cette démission en janvier 1975 et, après avoir nommé monsieur de la Poëze président honoraire, il désigne comme successeur Edouard Imbert, président de l’Hospitalité de Marseille et membre du Conseil.

Extrait d’une lettre de monseigneur Donze sur la Mission

des Hospitaliers, on retrouve ici quel doit être l’esprit de

l’Hospitalité et dans quelle perspective doivent vivre les

malades à Lourdes:

«Que ce soit avant, pendant ou après le pèlerinage, vous êtes

par le service de vos frères malades au service du Christ lui-

même. L’Evangile sur ce point est catégorique: “Seigneur,

quand nous est-il arrivé de te voir malade et de te visiter?...

En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à

l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous

l’avez fait” (cf. Mt 25 39-40). Ce service suppose de votre

part discrétion et oubli de soi, d’autant plus qu’aujourd’hui

plus que jamais, le malade veut être considéré comme une

personne à part entière et ne plus être traité comme un

assisté, simple objet de bienfaisance. Celui qui va vers l’autre

risque toujours d’y aller les mains pleines, avec l’illusion de

la supériorité, revêtu de privilèges, la tête haute. Ce que

les malades attendent de vous, c’est une présence cordiale,

gratuite, une amitié d’égal à égal qui fait oublier toute

frontière. Voyant le Christ dans les malades, vous aurez plus

à cœur de faciliter leur participation active au pèlerinage.

Votre mission est de les servir pour les aider, non seulement

à se déplacer mais à se rassembler sous le regard de la Vierge

afin d’écouter son Message et d’en éclairer leur vie. (…) Des

travaux sont en projet pour faciliter à Lourdes votre tâche de

charité. Que Notre Dame nous aide à les conduire à bonne

fin, et qu’Elle bénisse votre prochain pèlerinage!».

Lettre tiree du n° 69

du bulletin de

l’Hospitalite de Nancy

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Au cours de ces dix années précédant le centenaire de l’Hospitalité, se succèdent jusqu’à quatre présidents: Edouard Imbert qui renouvelle l’association, «servant dans l’humilité», jusqu’en 1978; Jean Marie Landouzy qui offre une collaboration efficace, jusqu’en 1982, Jean Toso qui lui succède pour un an seulement, et enfin celui qui portera l’Hospitalité jusqu’au centenaire et bien au-delà encore, François Guilbaud.

La présidence d’Edouard Imbert est marquée par les renouvellements et les réconciliations. Il décide de redéfinir et ce, dès le début de son mandat, six points fondamentaux: l’hospitalier est avant tout un serviteur; commander signifie en premier lieu servir; l’humilité et la disponibilité sont deux qualités essentielles pour l’hospitalier; la médaille n’est pas une récompense et enfin, l’hospitalier ne doit pas se reconnaître aux bretelles mais à son rosaire. Pour le président Imbert, il faut s’identifier à l’esprit de l’évangile et du concile pour retrouver l’image d’une charité souriante et authentique. En 1974, le père Joulia, offrant ses vœux aux membres de l’Hospitalité, souligne deux mot qui devraient avoir un sens particulier pour l’association et pour ses membres: réconciliation et renouveau. Il faudra cependant attendre cinq ans avant d’arriver à la rédaction d’une charte de l’Hospitalité (promulguée le 8 septembre 1978) qui établisse de nouvelles règles: les présidents ne seront plus nommés à vie, le Conseil de l’Hospitalité ne sera plus composé uniquement de français mais s’ouvrira aux volontaires d’autres nations, tous les nouveaux hospitaliers feront des stages de formation de façon à connaître tous les services et à être en mesure de passer de l’un à l’autre. En 1979, Jean Marie Landouzy, avocat au Conseil d’État et à la Cour de Cassation, devient président de l’association; c’est

Atelier de réparation des voitures de malade

à la fin de la Seconde Guerre Mondiale qu’il avait promis de se mettre au service de Notre Dame de Lourdes. Le président Landouzy a été choisi pour mener à bien le travail des années précédentes, en particulier l’effort fait pour que chaque hospitalier ait une vie spirituelle plus intense et plus communautaire et qu’il participe davantage à la recherche de l’activité pastorale de l’Église. Après le bref passage de Jean Toso à la tête de l’Hospitalité, François Guilbaud devient président: il conduira l’HNDL à son centenaire. Outre la préparation de cet

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événement très important, le nouveau président a pour mission d’améliorer l’organisation administrative de l’association ainsi que la formation des jeunes volontaires.

Cette période débute avec un autre événement extrêmement important: le pèlerinage du Pape à Lourdes le 15 août 1983. Jean Paul II se rend, en effet, à Lourdes pour célébrer le Jubilé de la Rédemption. Arrivé à l’aéroport d’Ossun, il est accueilli par le président de la République Française, François Mitterand (pour de plus amples informations sur les visites des papes à

Lourdes, nous vous renvoyons à la fiche qui s’y rapporte). C’est ainsi que l’on arrive à l’année du centenaire: 1985. Le moment le plus fort est sans aucun doute le pèlerinage à Rome, suivi de l’exposition consacrée à l’Hospitalité, voulue par le père Joulia et par François Guilbaud: elle est inaugurée le 24 avril par monseigneur Donze et visitée par 40.000 personnes.

Pour revenir au pèlerinage à Rome du 15 au 22 mars, environ un millier de membres de l’Hospitalité vivent un des moments les plus forts de l’histoire de l’association. A Rome, les hospitaliers

peuvent, entre autres, visiter les catacombes, participer à la messe à Sainte Marie Majeure, à Saint Pierre, à Saint Jean

Au centre, Jeanine Dabadie; à sa gauche, mademoiselle de Radzisky, Docteur Da badie et monsieur Gil; à sa droite, au deuxième plan, Père Joseph Bordes, Recteur, madame Guilbaud et le Père Huchet

Autour du Chanoine Etienne Lalaque, à gauche monsieur Gil, Docteur Da badie, madame Da badie; à droite, Sœur Anne-Marie et monsieur Lanfry

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de Latran, à Saint Paul hors les murs et, privilège absolu, à l’audience avec le pape Jean Paul II. Dans le même temps, à Lourdes, on célèbre le centenaire par une messe internationale à laquelle participent les cardinaux Etchegaray et Willebrand.Evidemment, l’année de festivités n’interrompt pas la “quotidienneté” de l’association. Au contraire, le nombre de pèlerinages à Lourdes augmente, tout comme l’activité liée aux congrès, aux colloques et aux journées de formation. L’année 1985 est une année fondamentale pour tous les hospitaliers, même pour les plus jeunes, ayant rejoint l’association depuis peu. Le pèlerinage à Rome a marqué les esprits, voilà pourquoi, pour les 125 ans, l’actuel président Antoine Tierny, a décidé d’organiser un voyage dans la ville symbole du christianisme.

Hospitaliers,

Hospitalier le beau nom, qu’il sonne bien,

Est il vieux, est il jeune? Il est de tous les temps.

Il enferme tout le passé charitable et

Demeure plein de promesses.

Hospitalier celui qui tient sa

demeure comme son cœur,

Ouverte à toutes les misères et à toutes les peines

Pour les secourir et les soulager.

Hospitalier celui qui se penche sur

les souffrances de l’âme

Comme sur les blessures du corps pour les

Panser et les guérir.

Hospitalier celui qui se fait le bon

Samaritain du voyageur,

Le cyrénéen des chemins de croix trop durs,

Le Christophe des petits et des pauvres.

Hospitalier celui qui porte ou

guide vers la source de vie

Les malheureux qui défaillent et qui crient

Au secours.

Hospitalier pas seulement sur le chemin de Lourdes,

A l’accueil ou près de la grotte, sous le regard

De la vierge, c’est trop facile!

Hospitalier maintenant et toujours chez nous.

Dans nos œuvres, au bureau, au travail.

Pour tous nos frères et chacun des jours

De notre vie.

D’après Georges Lanfry

Description de l’hospitalier

Selon Georges Lanfry

Ambulance moderne (fourgon)

Débarquement de malades, aéroport d’Ossun (vers 1970)

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Après le centenaire, l’association se réorganise

et atteint le nombrede 10.000 volontaires

L’Hospitalité, ces vingt dernières années

Même après le centenaire, l’Hospitalité continue sa mission et ses efforts pour se renouveler, vivre avec son temps et être toujours plus efficace, tant avec

les volontaires qu’avec les pèlerins qui arrivent à Lourdes. Dès les premiers jours de l’association, les responsables avaient toujours eu à cœur le développement de la vie chrétienne de ses membres et de la dévotion mariale. Le Rosaire reste, en effet, pour les hospitaliers, la prière de toute la journée, prière qu’ils récitent avec les malades, prière à travers laquelle ils donnent l’exemple. Acquérant plus d’expérience avec le temps, l’association a ressenti la nécessité de s’organiser en services pour accompagner les malades dans chaque étape de leur pèlerinage. Le dévouement et l’engagement de l’Hospitalité ont besoin d’un nombre de volontaires toujours plus important, dont certains décident même de s’établir à Lourdes.

Entre 1986 et 2008, cette conscience est de plus en plus forte et est associée à la nécessité d’autres améliorations: renouveaux et changements voulus par ses présidents qui ont fait de l’Hospitalité ce qu’elle est aujourd’hui.Jusqu’en 1994, l’association reste sous la direction du même président qui l’avait accompagnée vers le Jubilé, François Guilbaud. De 1994 à 2008, l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes voit se succéder seulement trois présidents: Etienne de Roaldès, qui remplace François Guilbaud en 1994 et qui reste jusqu’en 1999, Gabriel Barbry qui guide la confraternité vers le changement de siècle et enfin Antoine Tierny qui, depuis 2004, maintient l’association en accord avec son temps et la conduit vers un autre événement très important: ses 125 ans.

Pendant cette période, on rend aussi hommage à quelques grands hospitaliers, disparus au cours de ces années, qui se sont distingués pour leur dévotion, leur humilité, leur calme et leurs initiatives. En 1972, ont disparu monsieur Frotier de

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la Messelière, titulaire depuis 1949, responsable du service général, très actif au sein de l’association et Elie Longuet, chef du service des Piscines qui a passé trente ans à Lourdes au service des malades. Parmi les femmes, un nom émerge: Eugénie Bourbon de Solar, responsable de la lingerie des Piscines, qui accomplit son service avec une grande efficacité et une grande discrétion. Elle avait été nommée par monseigneur Théas, en 1958, présidente de l’Hospitalité des Piscines. Un rôle tenu pendant dix-sept ans et couronné par la construction de deux pavillons destinés à accueillir les hospitaliers des Piscines.

L’Hospitalité féminine, née elle aussi aux alentours de 1880 grâce à monsieur de Combettes, alors président de l’Hospitalité Notre Dame de Salut, et grâce aux Pères de la Grotte, évolue au fil du temps, au même rythme que l’archiconfrérie, à laquelle elle appartient depuis 1978. Elle aussi s’appuie sur les mêmes organes décisionnels (président, conseil, etc.) que la confraternité masculine. Des présidentes sont à la tête de la section des Piscines; des mères supérieures qui gèrent

25 mars 1988 - Monseigneur Donze passe ses pouvoirs à monseigneur Sahuquet

L’entrée de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes

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l’hôpital Notre Dame des Douleurs qui a pris désormais le nom d’Accueil Marie Saint Frai, et l’Asile Notre Dame devenu Accueil Notre Dame.De l’année du centenaire à 2008, l’Hospitalité a voulu faire plusieurs pas vers l’avant. C’est pour cela qu’elle a dépoussiéré de vieilles archives où se trouvaient des lettres de plaintes des malades qui dénonçaient la maladresse et, souvent l’indélicatesse, de certains volontaires, la trace de conflits opposant les membres des hospitalités diocésaines et les hospitaliers Notre Dame de Lourdes, ou de controverses entre les infirmières de Saint Frai, l’Asile et les hospitaliers des Piscines. Une fois pris acte de cette situation, les présidents ont mis de l’ordre au sein des différents services.

Au niveau de l’accueil par exemple, depuis toujours les malades des pèlerinages étaient hébergés dans trois accueils différents: Saint Frai, Notre Dame et Sainte Bernadette. En 1997, il est décidé que seuls le grand Accueil Notre Dame et, l’année suivante, en 1998, l’Accueil Saint Frai complètement rénové, recevront les malades. Aéroport: embarquement

d’une malade

Les pèlerins se mouillent avec l'eau bénite devant les Piscines

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1986 MONDEExplosion d’un réacteur dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Union Soviétique. Un nuage radioactif se propage sur une grande partie de l’Europe déclenchant une alarme écologique sur tout le continent

1986 MONDETournant historique entre l’Eglise et la communauté juive. Le pape Jean Paul II et le rabbin Toaff, chef de la communauté romaine, prient ensemble à la synagogue de Rome. C’est la première fois dans l’histoire des papes qu’un tel événement a lieu

1988 MONDEPremiers changements dans l’organisation mondiale, encore marquée par la Guerre Froide, grâce à l’ère Gorbatchev, premier ministre soviétique. En Pologne, se développe le syndicat catholique Solidarnosc de Lech Walesa

1989 CHINELe gouvernement de Pékin réprime dans le sang la révolte étudiante du mois de juin, au cours de la tragique manifestation de la place Tien an Men

1989 MONDE La chute du mur de Berlin marque la fin de la Guerre Froide Usa-Urss, tandis que continue le déclin de l’ère communiste

1990 MOYEN ORIENTLa Première Guerre du Golfe éclate à la suite de l’invasion du Koweït par les troupes irakiennes de Saddam Hussein

1995 ISRAELLe premier ministre israélien, prix Nobel de la Paix, Yithzak Rabin est assassiné lors d’un attentat à Tel Aviv, c’est le début d’une époque difficile dans les rapports avec le peuple palestinien

1997 MONDERétrocession de Hong Kong à la Chine après 99 ans de domination britannique

1997 MONDELe 5 septembre, mort de Mère Térésa de Calcutta qui sera béatifiée par le pape Jean Paul II en 2003

2001 MONDELe 11 septembre, un groupe de terroristes islamiques, appartenant à l’organisation internationale Al Qaeda détourne deux avions civils contre les tours jumelles du World Trade Center de New York, provoquant leur effondrement. Un autre avion est dirigé contre le Pentagone et un quatrième, qui visait la Maison Blanche, grâce à une révolte des passagers, ne réussit pas à atteindre l’objectif et s’écrase dans un champ en Pennsylvanie. Le nombre de morts est de 3.000 personnes. L’Amérique et l’Occident tout entier sont sous le choc

2004 MONDELa sonde spatiale Spirit envoie sur la Terre les premières images en couleurs de la planète Mars

2005 MONDELe 2 avril, mort du pape Jean Paul II après 27 ans de pontificat. Le 19 avril est élu son successeur, le cardinal allemand Joseph Ratzinger qui prend le nom de Benoit XVI

2008 ÉTATS UNISBarack Obama remporte les élections américaines. C’est le premier président de couleur de l’histoire des États Unis qui sera, en outre, nommé Prix Nobel de la Paix l’année suivante

QUAND ET QUOI

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On met aussi de l’ordre au niveau de l’organisation: les hospitalités diocésaines s’occuperont des chambres des malades et des réfectoires tandis que les hospitaliers de Lourdes seront chargés des services plus généraux.Le matériel lui-même se modernise: les fauteuils et les brancards deviennent plus confortables et plus maniables; à la gare, on construit des quais supplémentaires et on met en place des points de restauration avec lavabos et toilettes. En 1999 a lieu un changement encore plus significatif pour l’association: les statuts sont modifiés, et l’on crée une seule Hospitalité subdivisée en quatre services (le Service Saint Jean Baptiste qui s’occupe des Piscines, le Service Notre Dame, le nouveau Service Marie Saint Frai et enfin, le Service Saint Joseph).Cette nouvelle organisation fonctionne bien mais l’association a aussi besoin d’un

Les pèlerinsen procession mariale

Sur l’esplanade, distribution de l’eau aux malades

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service susceptible de former les futurs hospitaliers et d’un service qui s’occupe de la logistique: vérifier que tout le matériel fonctionne, que les structures d’hébergements soient en bon état et que les services de restauration répondent aux besoins des pèlerins. Et c’est ainsi que sont créés, en 2000, deux nouveaux services: le Service Sainte Bernadette et le Service Saint Michel.

A partir de 2005, on décide de rénover de nouveau les moyens de transport internes qui assurent la navette entre la gare, l’aéroport et la Grotte. On achètera donc de nouveaux autobus, brancards, chaises roulantes plus sûres et plus confortables. Dans le même temps, on remet à neuf les services et le matériel, mais aussi les bâtiments. En 1993, on construit le foyer qui prend le nom de “Benoît Labre”. En 2000, les bureaux de l’HNDL sont déplacés dans l’Accueil Jean Paul II, en 2007, on décide de vendre la Villa Marie Joseph et en 2008, on construit le foyer “Notre Dame du Oui”.

Les bougies, symbole d'espoir et de prière

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L’ H O S P I TA L I T E A U J O U R D ’ H U I

A la veille de ses 125 années de vie, l’Hospitalité Notre

Dame de Lourdes est aujourd’hui l’une des plus

importantes associations à l’échelle mondiale.

Il y a, à la base de son activité, des règles

précises et un esprit d’accueil qui est resté

inchangé avec le temps

Une solide réalité

«Pour le réconfort de ceux qui souffrent, pour la réconciliation des hommes, pour l’unité de l’Eglise et pour la paix du monde». Etre brancadier

implique d’adopter un authentique projet de vie, un esprit de service à l’égard des plus faibles qui se traduit dans chaque geste de la vie quotidienne, à Lourdes comme dans n’importe quel autre endroit de la planète. C’est précisément pour cela que l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes est différente de tant d’autres associations opérant dans le même secteur, aussi importantes et dignes, soient-elles. Il y a une multitude de raisons qui rendent vraiment singulière l’association née en 1885 dans la petite ville des Pyrénées, choisie peu d’années auparavant par la Vierge pour proclamer au monde son message de foi. A commencer par le contexte particulier que représente Lourdes qui, de petite bourgade de campagne, est devenue le centre du culte marial au niveau mondial: entre ses montagnes, on respire une atmosphère unique, inchangée, une sensation qui devient encore plus intense lors de la prière dans la Grotte de Massabielle, où la jeune Bernadette reçut la visite de la “dame vêtue de blanc”.

Ces lieux suggestifs, la profonde dévotion des pèlerins et des nombreux malades qui affrontent souvent de longs et fatigants voyages créent une ambiance unique, où le mot ”accueil” prend un sens particulier. Message parfaitement compris par l’Hospitalité et par tous ceux qui, jeunes ou adultes, décident d’entreprendre le chemin qui les conduira comme membres de l’association. Et cela, malgré les années, malgré des époques si différentes, malgré une perte générale de valeurs et d’intérêt de la part des nouvelles générations. De 1885 à nos jours, à la veille de sa 125ème année, l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes a su grandir, évoluer, accueillir de jour en jour un nombre toujours plus grand de personnes prêtes à tenter une nouvelle et importante expérience de vie. Au cours de son histoire, les problèmes, les obstacles, les difficultés n’ont pas manqué, sans

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oublier deux conflits mondiaux qui ont mis en péril la ville même de Lourdes. A cela s’ajoute le difficile chemin de l’association, au cours du siècle dernier, voulant rester en accord avec son temps sans pour autant dénaturer son projet originel. Mission dont on peut dire, arrivé à cet anniversaire, qu’elle a été parfaitement accomplie. L’Hospitalité, forte de cette histoire aussi riche et précieuse, a su transformer

les problèmes en opportunités de perfectionnement et de croissance spirituelle; avec le temps elle s’est transformée et développée en lien avec les exigences croissantes et le nombre toujours plus grand de pèlerins et de malades en voyage pour Lourdes; elle a su gérer au mieux ses propres ressources dans le but d’offrir le service le meilleur et le plus authentique possible.

L'entrée de l'Hospitalité Notre Dame de Lourdes

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L’Hospitalité Notre Dame de Lourdes est désormais une organisation d’importance mondiale comptant à ce jour plus de 20.000 volontaires. Une croissance exponentielle, surtout si l’on pense au nombre d’hospitaliers en 1885, comme le rappelle en ces termes l’actuel président Antoine Tierny: «L’Hospitalité est l’unique structure à Lourdes s’occupant de l’accueil des malades et des handicapés. Nous allons les chercher à la gare, à l’aéroport, nous les accompagnons aux célébrations liturgiques du Sanctuaire et aux Piscines, lieu de dévotion qui a connu une augmentation des visites de 23% par rapport aux années précédentes. Les activités de l’Hospitalité commencèrent en 1885 avec seulement trois volontaires tandis que nous avons atteint aujourd’hui le nombre de 20.000». Les hospitaliers à l’œuvre au sein de l’association proviennent de plus de 60 pays des 5 continents, et pour effectuer leur service avec les pèlerins malades, ils acceptent de venir dans la ville mariale à leurs frais. La tendance positive de ces dernières années est à nouveau illustrée par les propos du président Tierny: «En 2008, année pendant laquelle nous avons célébré le 150ème anniversaire des apparitions mariales, nous avons pu disposer de 8.535 volontaires (4.047 hospitaliers, 3.747 stagiaires et 741 auxiliaires), un millier en plus par rapport aux années précédentes». Un autre élément caractérise les membres de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes: ils sont internationaux. Beaucoup sont italiens (au total 3.036, entre hospitaliers, stagiaires et auxiliaires), suivis des français (2.739), des américains (471), anglais (429), irlandais (311), allemands (252), belges (72). Le nombre de volontaires provenant des pays orientaux augmente aussi d’année en année, 221 hospitaliers, stagiaires et auxiliaires confondus.

Pour gérer au mieux les activités quotidiennes et le nombre croissant de pèlerins (jusqu’à six millions) qui affluent tous les ans à Lourdes, l’Hospitalité s’est dotée au fil du temps d’une organisation complexe afin de ne négliger aucun aspect du service et de l’accueil, offrant ainsi un service le plus complet possible. Depuis sa fondation, le 28 janvier 1885, l’association est sous l’autorité de l’evêque de Tarbes et Lourdes, guide et prêtre des associations de chrétiens engagés au service de l’Eglise catholique dans son propre diocèse. Tout cela confirmant un projet remarquable qui au cours du siècle dernier a acquis l’estime, la reconnaissance et le respect, comme l’ont largement prouvé les visites papales à Lourdes. L’Hospitalité Notre Dame de Lourdes est actuellement présidée par Antoine Tierny, récemment reconfirmé pour la deuxième fois au poste de président, c’est le couronnement de plus de trente sept ans d’engagement et de service en tant qu’hospitalier. A ses côtés travaillent aussi le secrétaire général Alain Bregeon et Alain Marchio, le trésorier. Le rôle d’aumônier général a été confié

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au père Michel Riquet, successeur du père Horatio Brito, nouveau recteur du Sanctuaire de Lourdes.

Le président, le secrétaire général et le trésorier de l’Hospitalité ne sont pas directement liés à un service particulier. Leur devoir est d’assurer le bon fonctionnement général, en coordonnant les différentes sections et en favorisant leur interaction réciproque. Le président est en outre, chargé d’entretenir les rapports avec les Sanctuaires Notre Dame de Lourdes et avec les autres associations présentes sur le territoire. L’aumônier général effectue la mission pastorale que lui a confiée l’évêque de Tarbes et de Lourdes, en célébrant les sacrements et en assurant un soutien spirituel aux nombreux hospitaliers dans leur chemin de pèlerinage et de service. Depuis le 5 décembre 1999, les activités de l’Hospitalité ont été officiellement divisées en six différents services, chacun d’entre eux étant présidé par un responsable qui a aussi la charge de vice-président aux cotés du président Tierny:

Le Service Sainte Bernadette (responsable Michel Gomis): s’occupe de l’accueil des futurs membres de l’Hospitalité, leur assurant une préparation adaptée à la mission qui les attend, pendant les quatre années de stage nécessaires pour devenir

hospitalier. Pour eux, on a mis en place un programme de formation spécifique en six langues (français, italien, espagnol, anglais, allemand, néerlandais), en fonction des diverses nationalités des stagiaires, géré par un conseiller et les “formateurs” du Service. D’habitude, les travaux sont organisés sur une base hebdomadaire: le lundi est réservé aux stagiaires de première année, le mardi, le mercredi et le jeudi sont réservés respectivement à la deuxième, la troisième et la quatrième année, tandis que le vendredi est dédié à un bilan général de la semaine durant lequel les stagiaires font le point sur ce qu’ils ont vécu. Un tel programme est obligatoire pour les quatre premières années de service, et est ouvert à tous les hospitaliers qui en font la demande et désirent vivre un temps de formation spirituelle. Le Service est également responsable du bureau d’accueil à l’entrée des locaux de l’Accueil Jean Paul II où se situe le siège de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes.

Le Service Saint Jean Baptiste (responsable Marisette Goisneau): ce service est chargé de l’accompagnement aux Piscines des pèlerins, en particulier des malades ou handicapés. Le parcours du Bain, au cours duquel on est plongé dans une vasque

Deux bénévoles donnent des informations aux

pèlerins sur l'esplanade

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remplie d’eau de la source, est un chemin de foi rappelant le sacrement du Baptême et les paroles que la Vierge adressa à Bernadette: «Allez à la source, pour boire et vous laver». Accomplir ce parcours constitue une expérience humaine particulièrement forte et importante, un message de foi et d’humilité en mesure de changer la vie de beaucoup de personnes. Pour cette raison, l’action de l’Hospitalité y a une importance tout à fait particulière: les hospitaliers doivent, en effet, accueillir et aider les pèlerins avec dévouement et respect, même face à certaines situations pratiques peu évidentes. Déshabiller et rhabiller les personnes malades, les accompagnant dans un geste, à savoir le bain aux Piscines, d’un si grand impact, demande un authentique esprit de fraternité, de générosité et d’amour envers son prochain. A la différence des autres Services généralement actifs de mars à octobre, en concomitance avec la saison de majeure affluence des pèlerinages, le Service des Piscines, étant donné son importance particulière, dure toute l’année avec des variations d’horaires entre les saisons estivale et hivernale.

Le Service Notre Dame (responsable Noëlle Gizard): coordonne l’activité dans le centre d’accueil des pèlerins malades portant le même nom et ayant une capacité totale de plus

de 900 personnes. Les hospitalières y opèrent en lien étroit avec la congrégation des Sœurs de Nevers, responsables de la structure, et avec le personnel des Sanctuaires. Les tâches à accomplir sont innombrables, et même si elles ne concernent pas directement l’accompagnement des malades, elles sont tout aussi importantes pour garantir le meilleur accueil possible: le service des tables (aide en cuisine et pour la distribution des repas); entretien des espaces communs; service dans les sacristies; couture et broderie; assistance (pour les médecins et les infirmières) aux différents points de secours; accueil à l’entrée des locaux de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes; présence aux “objets trouvés”; aide à la réalisation des compostions florales pour les lieux de culte. En fonction de leur disponibilité, les stagiaires peuvent également rejoindre les équipes des autres Services de l’Hospitalité, en particulier

Aide pratique et soutien moral: l'oeuvre des hospitaliers est aussi donner un sourire

Un groupe de malades en pèlerinage à Lourdes

aux Piscines, à la gare, à la Grotte ou sur l’Esplanade lors des grandes célébrations, ou encore dans la basilique Saint Pie X. De la même façon, les hospitaliers sont souvent invités à s’unir aux sœurs lors des temps de réflexion et de prières.

Le Service Marie Saint Frai (responsable Sophie Joubert): le service est lié à l’“Accueil Marie Saint Frai”, structure située à proximité des Sanctuaires, gérée par

la congrégation des soeurs de Saint Frai capable d’accueillir jusqu’à 400 pèlerins malades. Les hospitalières du Service sont

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La vitrine de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdesa l’entrée des Sanctuaires. Porte Saint Michel

en lien étroit avec les sœurs de Saint Frai et, en fonction de leur disponibilité, offrent leur collaboration aussi dans d’autres services.

Le Service Saint Michel (responsable Louis Monsegu): gère et coordonne tout ce qui concerne l’hébergement et la restauration pour les membres de l’association

présents à Lourdes pour accueillir les malades. Le service est chargé en outre du “Foyer de l’Hospitalité” et de l’“Atelier”, où des hospitaliers entretiennent le matériel préposé à l’assistance aux pèlerins malades, en particulier les voitures, les brancards. Les hospitaliers de ce service effectuent toutes sortes de travaux dans les différents édifices de l’Hospitalité tels que plomberie, menuiserie, électricité, etc.

Le Service Saint Joseph (responsable Jean François Schmidt): ce service accomplit une multitude de tâches: accueil des pèlerins à

Pour pouvoir participer à la première année de stage à l’Hospitalité, il est nécessaire d’être majeur et ne pas avoir plus de 70 ans. Si l’on répond à ces conditions, il faut faire la demande à l’association en remplissant le formulaire prévu à cet effet que l’on peut trouver sur www.hospitalite-lourdes.com et en le renvoyant à: [email protected] ou par poste à l’adresse suivante: Hospitalité Notre Dame de Lourdes, BP 197, 65016 - Lourdes Cedex (France).

Il est nécessaire de joindre au formulaire, une photo d’identité et une recomandation écrite du prêtre de sa paroisse ou d’un membre de l’Hospitalité. La durée d’un stage est comprise entre un minimum de 6 jours et un maximum de 15 jours. La présence à Lourdes est totalement bénévole et les frais de voyages, logement et les repas ne sont pas pris en charge. Il est préférable d’arriver le samedi ou le dimanche dans la mesure ou la formation commence le lundi matin. Le prix de la “cotisation” (cotisation associative) est de 8 euros pour les stagiaires et de 15 euros pour les hospitaliers.

Pour devenir hospitalier, il faut participer aux stages pendant quatre ans, à la suite desquels, après la cérémonie de l’engagement, il est possible d’entrer dans l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes en tant que membre effectif.

Comment devenir

hospitalier

Quelques

informations pour

faire un stage ou

pour faire partie de

l’Hospitalité Notre

Dame de Lourdes

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la gare de Lourdes et à l’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées à leur arrivée et leur départ, et transport de ces mêmes pèlerins dans les bus de l’Hospitalité vers les Accueils; accueil à la Grotte, aux Piscines; support à l’organisation de toutes les célébrations quotidiennes en étroite collaboration avec les Sanctuaires; gestion des arrivées et des départs de pèlerinages dans les Accueils Marie Saint Frai et Notre Dame.

L’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, forte de l’affection maternelle de l’Eglise, et de l’expérience acquise au cours de ces années de service, depuis les premières activités, pionnières en ce domaine, s’est dotée d’une organisation solide et efficace, parvenant ainsi à devenir une des réalités les plus solides et reconnues dans le monde du volontariat catholique. Tout cela sans perdre de vue, en aucun cas, sa vocation originelle, fondement indissociable du choix de vie de chaque membre.C’est pour cela que devenir hospitalier demande un engagement tout à fait spécial et une

préparation laborieuse, afin de conserver pur et intact cet esprit sur lequel, depuis ses débuts, l’association a basé ses activités et son existence même. Un engagement reconnu et apprécié par le pape Jean Paul II même qui, écrivit une prière adressée à une délégation d’hospitaliers réunie à l’audience au Vatican: «Lorsqu’a été entendu à la Grotte de Massabielle l’appel de la Vierge à la prière et à la pénitence, lorsque les signes de la miséricorde ont été reconnus, les malades sont venus prier, offrir leurs souffrances, demander le soulagement, implorer les dons de l’espérance et de la paix du cœur. Ces hommes et ces femmes, jeunes ou âgés, sont vite apparus comme les privilégiés de l’amour sauveur du Christ et les bien-aimés de sa Mère infiniment compatissante. La présence des malades a suscité autour des sanctuaires et dans les pèlerinages un mouvement intense de fraternité et d’entraide pour les accompagner. Beaucoup de ceux qui les ont servis se sont attachés à cette

tâche et l’ont poursuivie d’année en année. Et ils ont pris en charge beaucoup d’aspects de l’animation des pèlerinages, tant sur le plan spirituel que sur le plan pratique. Ainsi naissait votre confrérie à Lourdes, bientôt associée aux innombrables confréries liées aux pèlerinages organisés régulièrement à partir des pays d’Europe et d’autres parties du monde». L’hommage pontifical poursuit en énonçant les caractéristiques de chacun des hospitaliers, dans une description qui en fait un portrait exemplaire: «Lorsque je considère ce que représente l’Hospitalité de Lourdes, je suis frappé par le sens évangélique de ce qu’elle accomplit. On croirait découvrir une longue suite de réponses à la parole de la Mère de Jésus: “Faites ce qu’il vous dira”. Servir

les malades, c’est faire ce que le Seigneur attend de nous. Et quand on a fait, au cours d’un pèlerinage,

l’expérience de l’imitation du Seigneur sous les traits du Bon Samaritain où il se

dépeint lui-même dans l’Evangile, on sent bien qu’il ne peut s’agir d’une

expérience isolée d’un jour. Les hospitaliers reviennent d’année

en année. Plus encore, au long des années, ils prolongent leur action dans les communautés de leur vie quotidienne. A la suite du Seigneur, à Lourdes comme partout ailleurs, l’hospitalier sait bien que le secours fraternel apporté

à ceux qui endurent tant de souffrances diverses comporte

en même temps une aide d’ordre matériel, un témoignage

d’ordre spirituel, une expérience de communauté ecclésiale».

Les paroles du pape Jean Paul II ne pourraient présenter la complexité du

parcours qui porte à devenir hospitalier de manière plus précise: il ne s’agit pas d’un choix improvisé mais de

l’accomplissement d’une mission, un “signe” imprimé de façon indélébile à travers la prière: «Je ne développerai pas tous ces aspects aujourd’hui, je voulais simplement souligner la richesse de votre engagement. Lorsque les membres de l’Hospitalité prononcent leur acte de consécration, ils prient la Vierge Immaculée, dans la docilité à l’Esprit Saint et dans la ferveur de la foi; ils lui demandent la grâce de travailler avec elle “au réconfort de ceux qui souffrent, à la réconciliation des hommes, à l’unité de l’Eglise et à la paix du monde”. Par cette prière, vous vous tracez un admirable programme. Avec vous, je voudrais

La médaille remise au moment de la consécration à Jésus par Marie

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Mais comment devenir hospitalier? Il faut savoir qu’avant de recevoir ce titre tant désiré, il est nécessaire de suivre quatre années de préparation en participant à différents séjours en tant que stagiaire et en suivant un parcours spécial de formation, pratique et spirituelle, mise en place par le Service Sainte Bernadette. «Dans l’ensemble, nos chiffres sont en croissance perpétuelle, - dit le président Tierny -. En 2008 par exemple, nous avons relevé une augmentation de 10% d’hospitaliers, de 15% de stagiaires et de 31% d’auxiliaires par rapport aux années précédentes. Il suffit de rappeler que chaque année, nous formons environ 400 nouveaux stagiaires».

Le seul regret du président Tierny reste le manque manifeste du nombre de jeunes, qui pour beaucoup suivent les stages de préparation mais ne portent pas à terme leur parcours. Mais l’intérêt croissant pour l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes, en particulier aujourd’hui alors qu’elle célèbre ses 125 ans, accompagné du “réveil” des nouvelles générations par rapport à la solidarité et à l’engagement dans le monde du volontariat, catholique aussi, sont les premiers signes d’un changement de cap qui pose d’excellentes bases pour le futur.

rendre grâce pour tout ce qui a été réalisé dans cet esprit au cours d’un siècle de la vie de votre confrérie, rayonnant en tant de lieux; et je voudrais avec vous prier la Mère du Seigneur pour qu’elle vous aide à poursuivre toujours plus intensément votre action et, en particulier, pour qu’elle aide beaucoup de jeunes à entendre l’appel évangélique de la charité dans toutes ses dimensions. Ce témoignage doit contribuer à donner un nouveau visage de l’Eglise et vous faire ouvrir vous-même aux divers soucis pastoraux de l’Eglise». Et encore: «Puissiez-vous contribuer à cet aspect majeur de la mission de l’Eglise: accueillir et visiter les plus pauvres, les plus souffrants d’entre nous, les accompagner avec la discrétion qu’appellent la souffrance de l’autre et le mystère de son cheminement intérieur; vous les aidez ainsi à recevoir la grâce salvifique du Rédempteur pour que, réconfortés par l’aide de leurs frères, ils soient illuminés dans la foi par la force de l’espérance et de l’amour. Cette expérience intense vous conduit à participer toujours davantage aux multiples efforts pastoraux de l’Eglise en d’autres domaines également». Une tâche donc qui n’est pas aisée, qui demande de l’engagement, de la détermination, une foi profonde, la capacité à affronter des situations parfois problématiques.

En 125 ans d'activité fondée sur le service et la prière, l'Hospitalité Notre Dame de Lourdes est devenue une association des plus importantes du monde catholique

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L’ A V E N I R D E L’ H O S P I TA L I T E

L’avenir ne nous appartient pas…

C’est ce que dit un des plus beaux textes que

nous chantons à Lourdes: «La première en chemin, Marie tu nous entraîne à

risquer notre “oui” aux imprévus de Dieu…»

Au-delà du 125ème anniversaire

Ce qui nous appartient peut-être, en revanche et qui constitue la justification même de cette brochure, c’est - à l’image de Marie, toujours - de bien méditer ces

choses dans notre coeur (Lc 2.19) pour que tout ce passé, ici ressaisi, se transforme en mémoire vive, porteuse d’avenir. On a coutume de dire que lorsqu’on ne sait pas où on va, il faut regarder d’où on vient… L’Hospitalité sait “où” elle doit aller: un service toujours plus grand de nos frères pèlerins, malades et handicapés, mais la relecture de son histoire peut certainement l’aider à discerner “comment” mieux y aller.

Deux constats au moins semblent, en effet, se dégager de ces pages de souvenirs.

Le premier, positif, est celui de l’étonnante capacité de cette institution qu’est l’Hospitalité à rebondir et à s’adapter en fonction des évènements et des époques grâce, en particulier, à des responsables d’envergure et à la mobilisation et la disponibilité des bénévoles.

Le second constat, plus négatif, est que, hormis en cas de graves catastrophes - les guerres notamment - le monde extérieur pénètre peu à Lourdes. Une expérience que nous faisons tous d’ailleurs, individuellement, celle de la “bulle lourdaise”: quand nous sommes à Lourdes, nous avons tendance à oublier que le monde existe…

Peut-être pourrions nous faire fond sur ces deux constats pour préparer l’avenir: en consolidant le premier et en corrigeant le second.

D’évidence en effet, la capacité d’adaptation et de mobilisation devra être préservée et développée, tout simplement parce que les circonstances locales l’exigent. L’environnement immédiat

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L’ A V E N I R D E L’ H O S P I TA L I T E

Un jeune malade de l’Afrique en pèlerinage à Lourdes

Sur la gauche une image de Notre Dame de Lourdes, sur la droite le pape Benoît XVI

signe sa dernière encyclique

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L’ A V E N I R D E L’ H O S P I TA L I T E

de la mission hospitalière évolue rapidement dans des termes que nous avons tous présents à l’esprit: le pèlerin et le malade d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier, leur démarche n’est plus forcement la même, leurs conditions de transport et de séjour non plus, ainsi que leurs attentes… La pastorale des Sanctuaires doit donc s’adapter, à charge pour l’Hospitalité de toujours mieux être à son service en acceptant elle-même les renouvellements nécessaires. Ce qu’elle a largement entrepris ces dernières années depuis le changement des statuts jusqu’à… l’abandon des bretelles en passant par la restructuration des services, l’adaptation des procédures, la mixité, la rénovation de la tenue et des hébergements, la modernisation des moyens de transport, etc… Demain, il faudra poursuivre avec “l’opération Siloë”, la flexibilité des affectations dans les services, la formation continue et tous les réaménagements qui se révèleront indispensables. Dans un contexte de plus en plus marqué par le changement, la fluidité, l’individualisation des comportements, le souci de l’institution, de sa solidité et de son adaptabilité devient vital. Bref, l’avenir est bien présent en germe, déjà, dans notre vie hospitalière à Lourdes. Et c’est un avenir exigeant.

Il l’est encore plus, sûrement, du point de vue de “l’hospitalier dans le monde”, et c’est sur ce second registre que nous serons vraisemblablement provoqués, demain, à de plus grands efforts. Nous entrerons de plus en plus, en effet, dans l’ère de la mondialisation, de la communication, des échanges, de l’internationalisation… La “bulle” n’y résistera pas et encore moins les aspects encore un peu “franco-français” de l’Hospitalité. Il faudra sans doute encore mieux découvrir que le mot “hospitalité” vient de deux mots latins hospes et hostis qui signifient tous deux “l’étranger”, et que l’hospitalité biblique fondée sur un rite d’accueil lié au nomadisme, se voulait mise à l’épreuve de la charité et récompense divine (cf. La Croix 19.10.2009). Autrement dit, l’hospitalité entendue comme ouverture au monde et accueil de ce monde va devenir une dimension de plus en plus essentielle de la doctrine et de la pratique sociales de l’Eglise. Benoît XVI y revient fréquemment.

Et cette présence du monde et au monde sollicitera d’autant plus notre vigilance que l’évolution actuelle

Un groupe de jeunes français en pèlerinage à Lourdes

Les conditions météo n’arrêtent pas les milliers de pèlerins qui prient devant la Grotte chaque année

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L’ A V E N I R D E L’ H O S P I TA L I T E

est porteuse, à côté de nombreuses richesses, de risques et même de catastrophes virtuelles, qui, pour être moins spectaculaires que celles d’antan, atteignent le cœur même de notre “métier” hospitalier: l’accueil du plus faible, qu’il soit malade, handicapé, enfant ou immigré. Devant les menaces d’un nouveau totalitarisme techno-économique, nous ne serons pas de trop avec nos têtes, nos cœurs et nos bras, pour élaborer cette nouvelle “synthèse humaniste” que le Saint Père dans sa dernière encyclique, appelle de ses vœux. Nul doute donc que sur tous ces terrains, à Lourdes et hors de Lourdes, il nous appartienne de toujours mieux pétrir, tisser ensemble, ce monde et l’autre monde. C’est ce à quoi nous devrons plus que jamais nous “engager” et nous “consacrer”.

En ce sens il est bon que la nouvelle page de l’histoire de l’Hospitalité qui s’ouvre avec ce 125ème anniversaire soit marquée par un renouvellement de nos rituels d’engagement et de consécration pour mieux distinguer, et unir, ce qui relève du “faire” à Lourdes et de “l’être” dans l’Eglise et dans le monde.

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Le contexte suggestif entre monts et paysages de roches. L’humilité simple d’une jeune, choisie pour être la protagoniste et dépositaire d’un prodige qui marquera l’histoire de la chrétienté. La belle “Dame”, vêtue de blanc et enveloppée d’une lumière mystérieuse. Il existe beaucoup de raisons qui rendent unique l’atmosphère de Lourdes et qui ont transformé ce petit village à côté des Pyrénées en nœud mondialement reconnu de la dévotion mariale. Mais ce qui frappe le plus, mis à part les guérisons miraculeuses qui se sont succédées au fil des années, c’est le lien sincère et profond qui lie les millions de pèlerins à ces lieux, peut-être plus que toute autre localité de culte. Les infirmes, les malades, les personnes de toute provenance et

de toute culture qui s’adressent à la Vierge à la recherche d’un confort physique et spirituel, d’une intercession en faveur d’un proche, d’une simple prière. Et tout ceci avec une foi et une force qui apparaissent même dans les regards, les gestes, dans le silence des foules rassemblées devant la Grotte ou l’Esplanade du Rosaire. Il suffit de se rendre une seule fois à Lourdes pour cueillir cette atmosphère unique et en tirer un souvenir inoubliable. Un grand nombre de souverains pontifes, déjà à partir des premières années après les apparitions, ont compris l’importance et ont confirmé ce lien indissoluble. Chaque voyage pontifical marque une nouvelle, fondamentale, étape dans l’histoire de l’Eglise, il devient l’occasion pour des

Un lien profondPlusieurs papes, déjà à la suite des apparitions, sont venus à Lourdes pour connaître la réalité unique de ces lieux. De Pie XII à Benoît XVI, l’histoire d’une rencontre spéciale

15 aout 1983, Pèlerinage de Jean Paul II à Lourdes:à l’aéroportd’Ossun avec monsieur Francois Mitterrand

proclamations importantes, il laisse des souvenirs poignants. Comme ça a été le cas pour le pape Jean Paul II, qui a choisi la ville française comme étape de son dernier voyage apostolique, les 14 et 15 août 2004, avant sa mort, en avril 2005. Désormais prostré dans la maladie, visiblement souffrant, il a prié pendant de longues et silencieuses minutes devant

la Grotte de Massabielle, en confiant son discours au cardinal Etchegaray. Des mots affectueux et compréhensifs, en particulier envers les malades, avec lequels il a partagé la profonde souffrance physique des dernières années: «Je suis avec vous, chers frères et sœurs, tel un pèlerin auprès de la Vierge, je fais miennes vos prières et vos espoirs, je partage avec vous un

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temps de l’existence marqué par la douleur du corps mais pas pour cette raison moins fécond dans le dessein admirable de Dieu. Avec vous je prie pour ceux qui se sont remis à notre prière». Et encore: «J’ai toujours eu une grande foi, pour mon ministère apostolique, dans l’offrande, dans la prière et dans le sacrifice de ceux qui sont dans la souffrance. Je vous demande de vous unir à moi pendant ce pèlerinage, pour présenter à

A l’arrivée à Lourdes avec le Maire monsieur Francois Abadie

Jean Paul II à l’arrivée dans les Sanctuaires dans la papamobile, près de la Vierge Couronnée

Dieu, à travers la Vierge Marie, toutes les intentions de l’Eglise et du monde». Pour conclure cet émouvant discours, le pape Wojtyla s’est adressé encore une fois aux malades avec des paroles de profonde affection: «Chers frères et sœurs malades, je voudrais vous serrer dans mes bras avec affection, l’un après l’autre, et vous dire à quel point je suis proche et solidaire avec vous. Je le fais spirituellement en vous remettant à l’amour maternel de la Mère du Seigneur, et en me demandant d’obtenir pour vous les bénédictions et les consolations de son Fils Jésus».

Le voyage de Jean Paul II s’est déroulé lors du 150ème anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, et il a souligné ainsi le lien profond avec l’Assomption de la Vierge: «En m’agenouillant isi, devant la Grotte de Massabielle, je

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ressens avec émotion d’avoir atteint la destination de mon pèlerinage. Cette grotte, où Marie est apparue, est le cœur de Lourdes. Elle fait penser à la caverne du mont Oreb, où Elie a rencontré le Seigneur, qui lui a parlé dans le “murmure d’un vent léger”». Nous voulons apprendre de l’humble servante du Seigneur la docile disponibilité à l’écoute et l’engagement généreux dans l’accueil de l’enseignement du Christ dans notre vie. «Je suis l’Immaculée Conception». Les mots que Marie a dits à Bernadette le 25 mars 1858 résonnent avec intensité cette année dans laquelle l’Eglise célèbre le 150ème anniversaire de la définition solennelle du dogme, prononcé par le Bienheureux Pie IX avec la Constitution apostolique Ineffabilis Deus. «Aujourd’hui en particulier l’Eglise célèbre la glorieuse Assomption au Ciel de Marie en corps et âme. Les deux dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption sont intimement liés entre eux. Ils proclament la gloire du Christ et la sainteté de Marie, dont le destin humain est d’ores et déjà parfaitement et définitivement réalisé en Dieu». Le discours du pape Wojtyla n’oublie pas une pensée envers les malades et les hospitaliers qui les accompagnent avec dévotion: «Je salue tout spécialement les jeunes, qui à Lourdes sont chez eux, et qui utilisent généreusement leurs forces pour le service des frères malades, en tant qu’hospitaliers. Je me souviens avec grande émotion des rencontres que j’ai eues en France avec les jeunes: la première à Paris, ensuite à Lyon, à Strasbourg et pour finir à nouveau à Paris pour la Journée Mondiale de la Jeunesse. Ces rencontres m’ont donné un grand espoir, que je veux aujourd’hui partager avec vous, chers jeunes amis. Participez à l’école de Marie et vous porterez dans le monde un vent d’espoir!». Ses prédécesseurs ont aussi célébré Lourdes et sa grandeur, souvent pour des anniversaires solennels, comme le pape Pie XII qui a écrit une encyclique expressément pour le centenaire

Priere aux malades

Tu es le sourire de Dieu, le reflet de la lumiè-re du Christ, la demeure du Saint Esprit,

Tu as choisi Bernadette dans sa misère, tu es l’étoile du matin,

La porte du ciel et la première créature res-suscitée,

Notre Dame de Lourdes, avec nos frères et nos sœurs dont les cœurs et les corps sont souffrants, nous te prions!

La prière de Karol Wojtyla à la Grotte avec monseigneur

Donze15 septembre 2008 Pèlerinage du pape Benoit XVI. Messe des malades

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des Apparitions de la Vierge Marie: «Le pèlerinage à Lourdes, que nous avons eu la joie de faire en nous rendant présider au nom de Notre prédécesseur Pie XI, les solennités eucharistiques et mariales pour la clôture du Jubilé de la Rédemption, a laissé dans notre âme des profonds et doux souvenirs. Avec vous nous voulons remercier Dieu pour les faveurs faites à votre patrie et pour les nombreuses grâces obtenues au cours d’un siècle sur les pèlerins. Nous souhaitons inviter tous Nos fils à renouveler leur dévotion généreuse envers celle qui, selon la parole de Saint Pie X, a décidé d’établir à Lourdes «le siège de son immense bonté». Elle vient à Bernadette, elle en fait sa confidente, sa collaboratrice, l’instrument de sa tendresse maternelle pour restaurer le monde en Christ à travers une nouvelle vague de rédemption». Pie XII a parlé du lien profond avec ses prédécesseurs: «Ces cent ans de culte marial ont lié entre le siège de Pierre et le sanctuaire des Pyrénées des liens forts que nous aimons rappeler. N’est-ce pas la Vierge qui a voulu ces réactions? Ce n’est donc pas surprenant que nos prédécesseurs aient voulu multiplier les privilèges au Sanctuaire». En1869, Pie IX a manifesté sa satisfaction que les «Obstacles suscités contre Lourdes aient permis de manifester avec plus de force et évidence la clarté de l’événement».

En 1882 Léon XIII concède la messe de la fête In apparitione beatae Mariae Virginis Immaculatae: «Dans sa puissance que la Vierge Maire soit encore aujourd’hui l’instrument et la gardienne de notre salut, qu’elle donne la tranquillité de la paix aux esprits angoissés, et qu’elle presse dans la vie privée

Le président Antoine Tierny pousse le fauteuil du pape Jean Paul II

comme en la vie publique, le retour à Jésus Christ».Pie X a son tour se fait promoteur d’un autre geste important, en créant le titre épiscopal de Lourdes avec celui de Tarbes, en élevant Bernadette à l’honneur des autels avec le début de la cause de béatification. Le pape Pacelli a poursuivi en citant deux autres grands prédécesseurs: Benoît XV, qui a voulu «enrichir le sanctuaire de nouvelles et précieuses indulgences et honorer la ville mariale en accordant à son évêque le privilège du pallium dans le siège des apparitions»; Pie XI, déjà pèlerin à Lourdes, «poursuit l’œuvre et a la joie d’élever aux autels la favorite de la Vierge, devenue sœur Marie Bernadette dans la Congrégation de la Charité et de l’instruction chrétienne», en disant enfin que «ce sanctuaire passe aujourd’hui à juste titre pour l’un des principaux sanctuaires mariaux au monde».

Lourdes a vécu la présence d’un autre pape très apprécié, Jean XXIII, qui a eu l’occasion de visiter la localité à plusieurs reprises, en tant que jeune prêtre avec son évêque Giacomo Maria Radini Tedeschi, et

comme légat pontifical, avant son élection. Le cardinal Roncalli a consacré en mars 1958 le temple souterrain de Saint Pie X, après avoir été Représentant Pontifical en terre française pour environ neuf ans, de 1944 à 1953. Sans oublier les travaux de restauration du Sanctuaire de 1961, avec la démolition des deux rampes d’escaliers latéraux qui ont amené a l’actuel aménagement centré sur l’autel et sur la petite statue de l’Immaculée. Après les voyages de Jean Paul II, le dernier marqué par le douloureux chemin de la maladie, le pape Benoît XVI a voulu rendre hommage aux 150 ans des apparitions de la Vierge à Bernadette avec

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Le président Tierny pousse le fauteuil roulant du Pape Jean Paul II lors de son dernier voyage apostolique à Lourdes

une visite officielle du 12 au 15 septembre 2008. Une expérience chargée de valeurs, spirituelles et politiques, comme le témoigne la rencontre à Paris avec le président Nicolas Sarkozy. Une occasion très importante en une période de l’histoire marquée par les conflits, les incompréhensions, la pauvreté et les problématiques sociales, dans laquelle Benoît XVI a voulu souligner avec vigueur l’unité de l’Eglise et le besoin d’unir les forces en une époque si difficile. Devant plus de 200.000 personnes réunies sur l’esplanade du Rosaire pour la Sainte Messe, le Pape a parlé d’une force nouvelle qui de ce lieu peut amener une nouvelle sève de vie et de renouveau spirituel à toute la communauté chrétienne.

De Lourdes la mission de l’Eglise «reçoit un souffle nouveau», un nouvel «esprit missionnaire» sur la lancée des «grands évangélisateurs de France». Le message de la Vierge, selon Joseph Ratzinger, est dans sa présentation «en une dépendance totale de Dieu, qui exprime en réalité une attitude de pleine liberté, fondée sur le complet respect de sa dignité. Vous êtes venus en grand nombre accomplir ce pèlerinage jubilaire avec moi et confier vos familles et proches et toutes vos intentions à Notre Dame. Jésus a pris sur soi le poids de toutes les souffrances et les injustices de notre humanité, en portant les humiliations et les discriminations, les tortures subies dans le monde entier par nos frères et sœurs pour l’amour du Christ». Lui non plus n’pas oublié les malades, au cours de la Sainte Messe du lundi 15 septembre il a dit: «Marie aime chacun de ses fils, et surtout ceux qui, comme son Fils même dans l’heure de la Passion, sont proies de la souffrance, elle les aime simplement car c’est ses fils, selon la volonté du Christ

sur la Croix. Dans le sourire on trouve une dignité qui n’abandonne jamais le malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu, est la source de l’espoir. Je voudrais humblement dire à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et à ceux qui sont tentés de tourner le dos à la vie: adressez-vous à Marie! Dans le sourire de la Vierge on trouve la force de poursuivre le combat contre la maladie. Auprès d’elle ont trouvé aussi la grâce d’accepter sans peur l’au revoir à ce monde, à l’heure voulue par Dieu».

UN SOUVENIR S P E C I A L

Les mots du pape Jean Paul II aux jeunes hospitaliers lors de son dernier voyage apostolique

«Je salue tout spécialement les jeunes, qui à Lourdes sont chez eux, et qui proposent généreusement leurs forces au service des frères malades comme hospitaliers. Je me souviens avec émotion des rencontres que j’ai eues en France avec les jeunes: la première à Paris, ensuite à Lyon, à Strasbourg et pour finir nouvellement à Paris pour la Journée Mondiale de la Jeunesse. Ces rencontres m’ont donné un grand espoir, qu’aujourd’hui je veux partager avec vous, chers jeunes amis. Suivez l’école de Marie et vous amènerez ainsi un vent d’espoir dans le monde!»

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LA FINALITE DE L’AMOUR EST

LE SERVICEEdition unique

Edité parHospitalité Notre Dame de LourdesAccueil Jean-Paul II, B.P. 19765106 Lourdes Cedex

Responsable de la publicationAntoine Tierny

Réalisé parHospitalité Notre Dame de Lourdes

Textes réalisés parPierre ChalvidanPierfrancesca GravianiDeborah Moleri

MaquetteMAB.q Rome-Milan-Paris

Mise en pageElena ColombiKaren Copetti

RédactionPierfrancesca GravianiDeborah MoleriTino Redaelli

RemerciementsPère René Point pour avoir mis à disposition son précieux témoignage, ses écrits et une grande partie des photos utilisées dans cette monographie

PhotosOsservatore RomanoLivre Père Point: “Servir les malades à Lourdes, 1885-1985; 100 ans d’Hospitalité”,NDL editions

ImpressionImprimerie Augé

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L’Hospitalité Notre Dame de Lourdes a un nouveau site internet!

Le nouveau site, conçu aussi dans le cadre du renouvellement des moyens de communication de l’association, se veut comme l’outil de rapprochement et

d’interaction entre ses membres; il présente une graphique attrayante, il est de simple consultation et est disponible dans les six langues de l’Hospitalité

(français, italien, anglais, espagnol, allemand, néerlandais). Les hospitaliers peuvent ainsi s’y retrouver et les sympathisants se sentir concernés par cette grande famille.

Vous le trouvez à la même adresse www.hospitalite-lourdes.com mais riche en nouveautés. Il s’agit maintenant d’un espace web plein d’informations utiles pour

découvrir l’association, son histoire, son activité, ses services,et aussi les conseils sur comment participer aux stages et entrer dans

la grande famille de l’Hospitalité Notre Dame de Lourdes.

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Pour une date importante, un instrument utile pour approfondir le rôle de

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Un DVD que vous pourrez demander au siège de l’Hospitalité qui recueille les infos et les témoignages de ceux qui vivent de l’intérieur l’Hospitalité

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