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Présence française en Indochine HORS-SÉRIE N° 4-2015-10 ASSOCIATION DE SOUTIEN À L’ARMÉE FRANÇAISE MÉMOIRE et VÉRITÉ Photo T.Goisque Comme le pont Paul Doumer, témoin de la présence française en Indochine, où se presse la foule vietnamienne aujourd'hui, ce numéro de Mémoire et vérité refuse l'oubli d'une épopée d'un siècle et affirme que « les mots sont plus forts que le silence ».

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  • Présence française en Indochine

    HORS-SÉRIE N° 4-2015-10 €

    ASSOCIATION DE SOUTIEN À L’ARMÉE FRANÇAISE

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    Comme le pont Paul Doumer, témoin de la présence françaiseen Indochine, où se presse la foule vietnamienne aujourd'hui, cenuméro de Mémoire et vérité refuse l'oubli d'une épopée d'unsiècle et affirme que « les mots sont plus forts que le silence ».

  • 4 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    S O M M A I R EPRÉSENCE FRANÇAISE EN INDOCHINE / HORS-SERIE 2015

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    Indochine : une passionnanteépopée françaiseHenri Pinard Legry

    Sans rancune et sans regretGilbert Robinet

    L’Indochine et la France (1858-1956)Guy Simon

    Un siècle de présence françaiseGuy Simon

    Francis Garnier : un érudit ouvertet généreux, mais d’abordun audacieux patrioteFrançois Torrès

    La pacification du haut Tonkin de1892 à 1897 à travers deux grandsdestins : Gallieni et LyauteyMichel Martin et Pierre de Veyrac

    Voyage au Laos en 1897 Paul Doumer

    Les officiers bâtisseursFrance Indochine

    L’Indochine dans la Grande GuerreMaurice Rives

    La nuit rouge de Yên Bay(9-10 février 1930) Maurice Rives

    Le 9 mars 1945, jour de naissancede la guerre d’IndochinePhilippe Grandjean

    Les supplétifs dans la guerred’Indochine Michel David

    Les formations Indochinoises deCao Bang dans la tourmente de laroute coloniale numéro 4André Hautefeuille

    La femme du sergent DonAndré Hautefeuille

    Psychanalyse de l’armée de l’Unionfrançaise Lucien Bodard

    Des chars dans la cuvetteHenri Préaud

    Des chinois sur la routeprovinciale 41 Pierre Caubel

    Merci Toubib ! Gilbert Robinet

    Signer ou mourir Yves de Sesmaisons

    L’art de la négociation Louis Maître

    France - Indochine : une histoired’amour Philippe de Maleissye

    Que reste-t-il de nos amours ?...Paul Rignac

    APPENDICES

    La plaine des Jarres

    Principales dates relatives àla présence française en Indochine

    Quelques chiffres concernant lecorps expéditionnaire français enExtrême-Orient

    Glossaire

    Liste des auteurs

    Bibliographie

  • 5INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    Comment expliquer que des hommesayant connu l’abomination des camps deprisonniers du vietminh, où le taux demortalité égalait celui des camps deconcentration de l’Allemagne nazie,soient demeurés, toute leur vie durant,amoureux du pays lieu de leurs souf-frances et du peuple auquel apparte-naient leurs geôliers ?

    S’ils vous racontent leur histoire, toujourspassionnelle et charnelle, vous y trouve-rez la splendeur des « calcaires » duHaut-Tonkin, la route coloniale numéro 4(RC4), ce chemin de pierre accroché àflanc de montagne au milieu de la jungle,la nécessité pour l’armée française de re-conquérir quotidiennement les abords dela frontière sino-tonkinoise, l’effroyableincompréhension de la Métropole et sonincapacité à faire face à un imbroglioqu’elle ne maîtrise pas.

    Leur histoire est une histoire de couleurset de parfums, de soleil et d’épices, demusiques et de danses, de sang et demort. C’est l’histoire de l’armée françaiseen Indochine ; celle d’un amour contra-rié, en quelque sorte, celle d’un divorceprémédité.

    Ce modeste ouvrage parle et s’adresse na-turellement à ces hommes-là, mais aussiaux jeunes Français d’aujourd’hui, quin’ont souvent jamais rien lu sur le sujet,en leur relatant, en 148 pages, les pé-riodes phares de l’histoire de l’armée

    française en Indochine qui est aussi cellede la rencontre de deux pays, de deuxcultures, une histoire d’amour, d’incom-préhensions et de ruptures.

    Pour les Français d’aujourd’hui, l’idée deconcilier la colonisation et cet amour estincompréhensible. Ils ne connaissent gé-néralement de la guerre d’Indochine queDiên Biên Phu et la défaite de 1954. Ilsignorent pourquoi, à partir de 1945, Parisentretint l’illusion d’une Indochine dési-reuse de la présence française, commentla peur d’une marée communiste dans cepays aveugla les politiciens et pourquoila population française de l’époque, quiémergeait de la Seconde Guerre mondiale,était plus intéressée par le fait d’obtenir dupain sans faire la queue et sans tickets derationnement que par cette contrée située à12 000 kilomètres de chez elle.

    C’est ce que ce numéro hors-série veuttenter, modestement, de leur expliquer. Ilne prétend pas être un livre d’histoire,mais offrir à ses lecteurs un certain nom-bre d’éclairages qui, ajoutés à leur honnê-teté intellectuelle, les amèneront à fairepreuve d’objectivité pour traiter du sujetsensible qui se cache derrière le mot « co-lonisation ».Laissez-vous envelopper et envoûter parce qui ressemble à une épopée roman-tique et tragique à la fois, mais qui estaussi source d’espoir et de réconciliation.

    Gilbert ROBINET

    INTRODUCTION

    Sans rancune et sans regret

  • 18 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    FRANÇIS GARNIER

    « Un moment de calme heureux succédaaux tumultes de pensées qui m’avaientbouleversé l’esprit pendant un tempsbeaucoup plus court que celui que je metsà le décrire ; j’avais peut-être vécu un anen trois minutes. Recommandant alors àmon sauvé de ne pas quitter d’une se-conde la bouée où il se tenait, je nageaivers l’autre bouée et je m’y reposai. […] La

    lune s’était cachée complète-ment ; le canot nous trouve-rait-il sur cette immense meroù deux têtes d’homme sontdeux points assez semblablesà deux têtes d’épingle ? »Ces lignes, extraites de la cor-respondance de Francis Gar-nier, font partie du récit qu’ilécrit lui-même de l’acte d’uneextraordinaire bravoure par le-quel il avait commencé sa vied’officier de Marine. Le 30 mai1860, à bord du Duperré où ileffectuait avec ses camarades

    de promotion son voyage d’application, iln’a pas hésité à se jeter à la mer en pleine

    FRANCIS GARNIER : UN ÉRUDIT OUVERTET GÉNÉREUX,

    MAIS D’ABORD UN AUDACIEUX PATRIOTE

    Qui se souvient, aujourd’hui, de ce marin français, hors normes, courageux,patriote inflexible, explorateur infatigable du Mékong et de la vallée chinoisedu Fleuve Bleu, dont la statue exubérante, qui est aussi le tombeau abritantses cendres, trône en haut du boulevard Saint-Michel entre la station de métroPort Royal et la rue d’Assas1 ? Pourtant, la vie éphémère de cet officier fran-çais, savant, découvreur de vastes territoires, tué au combat au Tonkin, à34 ans, est à elle seule un concentré de la soif de connaissance, de l’énergie etde l’élan d’expansion hors des frontières qui, au milieu du XIXe siècle, avaientsaisi une partie des Français.

    Le capitaine Borbal-Combret en 1887

    1/ Les cendres de Francis Garnier et de Doudart

    de Lagrée ont été rapatriées en France à bord de

    la Jeanne d’Arc. Celles de Francis Garnier ont

    été officiellement remises à la ville de Paris le

    23 avril 1987 pour être enchâssées dans le socle

    du monument du boulevard Saint-Michel.

  • 25INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    LA PACIFICATION

    Nul commandementne pouvait mieuxconvenir au tempéra-ment de Gallieni quiavait besoin d’êtreéloigné de l’adminis-tration militaire et dedisposer de libertéspour s’adonner à unetâche qu’il était avidede mesurer et demener selon ses aspi-rations.

    « Le monsieur solennel qui est dans sonbureau, qui ne voit pas les difficultés dumoment et, surtout, les moyens de les sur-monter, ne peut plus diriger utilement lesactions de ceux qui sont sur place, quipeuvent seuls apprécier ce qui est possibleet ce qui ne l’est pas », écrit-il alors.

    L’autorité dont il va disposer au Tonkinva lui permettre de fixer des méthodes decolonisation et d’en éprouver, à l’expé-rience, des résultats rapidement et soli-dement acquis.L’action militaire dans le Ier territoire mi-litaire se réduit à trois expéditions contre

    les centres de pirateriede Lung-Lat, de Ba-Kyet enfin du vieil ad-versaire de la France,le Dê Tham1. Elles suf-fisent à mettre fin aubrigandage dans leHaut Tonkin et à im-poser au gouverne-ment chinois, tropsouvent complice, lerespect de notre sou-

    veraineté sur cette frontière. Mais, à côtéde l’entreprise guerrière, réduite aux seulesnécessités, quelle œuvre grandiose !En effet, Gallieni ne conçoit pas que laconquête du pays puisse être séparée de samise en valeur. Après avoir brisé l’hosti-lité de ses habitants, il entreprend aussitôtsa reconstruction. La meilleure définition

    LA PACIFICATION DU HAUT TONKIN DE 1892À 1897 À TRAVERS DEUX GRANDS DESTINS :

    GALLIENI ET LYAUTEY

    Affecté au Tonkin, en 1892, le colonel Gallieni prend le commandement, nou-vellement créé, du Ier territoire militaire à Lang Son. Dans cette zone frontièrede la Chine, il s’agit de pacifier le Haut Tonkin en mettant fin à la pirateriedes « Pavillons Noirs ».

    Légionnaires au Tonkin au XIXe siècle

    1/ Hoàng Hoa Thám, de son vrai nom Giai

    Thiêm, né en 1858 et mort en 1913, plus connu

    sous le surnom du Dê Thám (traduisible par le

    « maréchal Thám »), également surnommé « le

    tigre du Yên Thê », est un nationaliste vietna-

    mien qui fut l'un des chefs de l'insurrection

    contre la colonisation française, dans les pre-

    mières années de l'Indochine française.

  • 35INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    LES OFFICIERS BÂTISSEURS

    Lorsque Jean Dupuis1 arrive au Tonkin,Haïphong n’existe que par deux paillottes,sortes de cases en torchis couvertes defeuilles de latanier, édifiées sur unepresqu’île formée par deux défluents duCua Cam2. En janvier 1874, Philastre3 etle commandant Testard du Cosquer4

    choisissent ce site comme point d’occu-pation. En vertu du traité du 15 mars1874, l’empire d’Annam accorde à laFrance, sur cet emplacement, une conces-sion dans laquelle s’installent en 1875 le

    LES OFFICIERS BÂTISSEURSEn 1888, une ville sort de la vase : Haïphong

    L’action colonisatrice de la France en Indochine comme en Afrique, s’est tra-duite, en particulier, par la construction de nombreuses villes. Dans la plupartdes cas, les « bâtisseurs » étaient des militaires : officiers de Marine ou officiersdu Génie. C’est le cas de Haïphong, au Tonkin.

    Haïphong vers 1900

    1/ Jean Dupuis (1829-1912), explorateur du

    Fleuve Rouge au Tonkin entre 1871 et 1873.

    2/ Bras formés par la division du Cua Cam,

    branche septentrionale du delta du Fleuve

    Rouge.

    3/ Paul-Louis-Félix Philastre (1837 1902), offi-

    cier de Marine, diplomate et spécialiste de l'Ex-

    trême-Orient. Il effectua de nombreuses

    missions en Cochinchine et au Tonkin.

    4/ Eugène Testard du Cosquer (1826-1876), of-

    ficier de Marine, capitaine de frégate comman-

    dant le croiseur Decrès en 1867.

  • 44 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    LA PREMIÈRE ALERTE

    Une paisible garnisonYên Bay, chef-lieu de province édifié surles bords du Fleuve Rouge, a été occupépar les Français en février 1886. Situéesur la ligne de chemin de fer du Yunnan,c’est une ville qui ressemble plutôt à un

    gros village, économiquement pauvre,peuplée de Tonkinois et de minorités eth-niques et reliée par une route de 147 ki-lomètres à la capitale du Tonkin. Sièged’une administration provinciale, la villeabrite environ 10 000 habitants se répar-

    Au début de 1930, la France manifeste un regain d’intérêt pour son Empire.Elle se prépare à célébrer avec faste le centenaire de la conquête de l’Algériepuis, l’année suivante, à organiser une exposition coloniale qu’elle veut gran-diose. C’est alors que le 11 février parvient « comme un coup de tonnerredans le firmament de rêves bleus », comme l’écrit un colonel de l’état-majorde Hanoï, la nouvelle de la mutinerie de la garnison de Yên Bay. Stupéfait, cetofficier ajoute : « Les tirailleurs tonkinois ont osé se révolter avec la popu-lation civile. »

    LA NUIT ROUGE DE YÊN BAY (9-10 FÉVRIER 1930)

    Situation de Yên Bay

    Yên Bay

  • 86 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    DIÊN BIÊN PHU

    DES CHARS DANS LA CUVETTE

    Opposant 15 000 combattants côté français assiégés par 50 000 Viêt-Minh puis-samment équipés, armés et soutenus par la Chine, la bataille de Diên Biên Phuest le combat le plus intense mené par l’armée française depuis la fin de la se-conde guerre mondiale.

    À 300 kilomètres de notre ter-ritoire contrôlé (le delta duTonkin), s’y déroulent, pen-dant 57 jours et 57 nuits, descombats acharnés sous le feupermanent, précis et redouta-ble d’une artillerie ennemie in-visible et donc invulnérable(aucundes 24 canons de 105mmviets ne sera détruit par laconjonction des B-26, de lachasse ou de la contre batteriede nos canons de 105 et155mm …)

    L’Arme blindée cavalerie al’honneur de participer à cettebataille avec un petit escadronde marche aux ordres du capi-taine Hervouët. Cet escadroncomprend un peloton du régi-ment d’infanterie coloniale duMaroc (RICM) commandé par l’adjudant-chef Carette et deux pelotons venant du3e escadron du 1er chasseurs (1er RCC),commandés par le lieutenant HenryPréaud et le maréchal des logis-chefGuntz. De décembre 1953 à la mi-janvier1954, dix chars M24 neufs furent trans-portés démontés par voie aérienne et re-montés sur place.Le capitaine Hervouët et les deux pelo-

    tons Carette et Guntz s’installent à la po-sition centrale, tandis que le pelotonPréaud, seul à être commandé par un of-ficier (jeune lieutenant de 3 mois degrade !) est détaché au centre de résis-tance « Isabelle » situé à 5 kilomètres ausud, aux ordres directs du lieutenant-co-lonel Lalande. L’une des raisons de cechoix est l’importance capitale que revêtla position de ce point d’appui (PA) « Isa-

    Position des unités vietminh à Diên Biên Phu

    xxDivision

    IIIRégiment

  • 98 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    MERCI TOUBIB !

    MERCI TOUBIB !1

    Lorsque Diên Biên Phu tombe, le 7 mai 1954, la garnison française compte5 000 blessés (près d’un homme sur deux !), dont 3 500 grièvement atteints.Les antennes chirurgicales et les infirmeries de bataillon, envahies par la boue,abritent des centaines d’amputés, de blessés du ventre, de la tête ou du thorax,de victimes de fractures multiples. Certains croupissent depuis près de deuxmois dans d’étroits boyaux à l’odeur pestilentielle. Faute de place, il a fallurenvoyer des unijambistes et des manchots ! Ces hommes ont été soignés avecune abnégation sans limite par une poignée de jeunes médecins2.

    Les polyblessés ou les polytraumatisés re-présentent 60 % des blessés de Diên BiênPhu. Leurs lésions sont principalementengendrées par les munitions d’artillerie(canons et mortiers), par les mines et lesgrenades. Les blessés par balles représen-tent 20 % des pertes, et ceux par projec-tiles d’artillerie, 65 %. Ces statistiquesrappellent celles notées au cours de lacampagne de France en 1944-45. De nom-breux combattants sont soignés, voireopérés, deux ou plusieurs fois. Enfin, par-fois, des blessés légers décèdent au coursde leur prise en charge, du fait de leurépuisement extrême causé par le manquede sommeil, les carences alimentaires etl’intensité des combats.

    L’activité du chirurgien d’antenne se di-vise en trois phases : trier, réanimer, éva-cuer. L’acte opératoire doit resterexceptionnel et est réservé aux urgencesabsolues. Le triage détermine l’état despatients, les gestes de réanimation à en-treprendre, et les patients nécessitant ungeste salvateur. À Diên Biên Phu, le typetrès particulier de combat a entraîné de

    profondes modifications dans le fonc-tionnement des antennes chirurgicales,les blessés arrivant par vagues entières etengorgeant les abris de l’antenne centrale,puis ceux des antennes chirurgicales pa-rachutistes (ACP). L’afflux massif de poly-blessés, de choqués, la volonté de traiterle plus grand nombre et l’absence demoyens d’évacuation ont amené chirur-giens et médecins à prendre des décisionsdouloureuses.

    Pendant leur première nuit sur Eliane 1,les deux compagnies du 2/1er RCP3

    comptent neuf tués et quatre disparus. Le11 avril, au lever du jour, les blessés sontbrancardés et, arrivé à l’antenne du doc-teur Grauwin4, Boullier reçoit « la plus

    1/ Titre emprunté au livre des docteurs Thuriès,

    Hantz et Aulong paru aux éditions Italiques en

    2004.

    2/ Ibid. : quatrième de couverture.

    3/ 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs pa-

    rachutistes.

    4/ Paul Grauwin, médecin commandant, chef

    de l’antenne chirurgicale mobile numéro 29.

  • 104 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    SIGNER OU MOURIR

    SIGNER OU MOURIRLes camps de prisonniers du Viêt-Minh

    Le lieutenant Yves de Sesmaisons, après trois blessures, est capturé par le Viet-Minh lors de la bataille de Vinh Yen, le 17 janvier 1951. Il est soigné dans unhôpital, puis est conduit de camp en camp où il partage le quotidien effroya-ble des soldats et des sous-officiers prisonniers. Dans un livre intitulé Prisonsde bambous1, il a décrit sans complaisance le traitement odieux et inhumaininfligé à ces captifs. Ce livre est un véritable document qui relate ce qu’a été leparoxysme de la perversité à travers un système destiné à déshumaniser ceuxqu’il broyait. Le texte ci-après est un condensé du livre repris par son auteursous la forme d’une étude synthétique de ce système.

    Implantation et natureLes camps sont implantésdans les zones difficiles d’ac-cès, la plupart du temps insa-lubres, là où les possibilitésd’incursion des forces fran-çaises étaient faibles en rai-son de l’éloignement. On en adécompté cent trente environ.Les plus importants se trou-vent au Tonkin, non loin de lafrontière chinoise, dans lebassin de la Rivière Claire(Song Lô). Certains reçoiventle nom d’« hôpital », d’autressont des installations vo-lantes. Ces camps regroupentdes prisonniers de guerre detoutes races et nationalitésayant appartenu aux arméesfrançaises, des otages civilsenlevés au cours du conflit (hommes, femmes et enfants) et parfois aussi des dé-

    serteurs.Certains prisonniers sont incarcérés pro-visoirement dans des prisons civiles ré-

    En quatre mois, les centurions ont maigri

    1/ Yves de Sesmaisons, Prisons de bambous,

    Editions Economica, 2011.

  • UNE HISTOIRE D’AMOUR

    128 INDOCHINE / SPÉCIAL 2015

    Onpourra toujours retournerle problème dans tous lessens, le « mal jaune » colle àla peau. Mal étrange où l’onse complait, que l’on rejetteparfois, exaspéré, où l’on re-tombe toujours avec volupté,surtout quand on pense s’enêtre débarrassé. N’allez pascroire que ce fléau ne toucheque les anciens colons, lesanciens militaires, les an-ciens missionnaires. Non. Ilratisse large, très large. Pouravoir seulement lu dans letexte Erwan Bergot, Jean Lar-téguy ou Lucien Bodard, lesplus jeunes peuvent en être frappés, desgens qui n’étaient pas nés à la chute de Saï-gon, en 1975. C’est parmi eux que l’ontrouve des passionnés, des experts même,qui connaissent aujourd’hui la RC4 cailloupar caillou, mieux encore que ceux qui s’ysont battus autrefois jusqu’aux jours tra-giques d’octobre 1950.

    Dans l’étrange cohorte sans cesse renouve-lée des victimes du mal jaune, on trouveexactement de tout :- Les très anciens d’avant 1940, nonagé-naires toujours sur la brèche pour témoi-gner de l’épopée qu’ils ont vécue.

    - Les anciens combattants de la guerre d’In-dochine, toujours volontaires pour remet-tre l’Histoire à l’endroit après l’avoir écriteavec leur propre sang.- Des gens de tous horizons qui vécurent auSud-Vietnam libre, au Cambodge et auLaos avant que ne tombe le rideau de bam-bou en 1975.- Et puis, aujourd’hui, depuis la résurrec-tion du Cambodge, depuis la timide « DoïMoï » (ouverture) des années 90, au Viet-nam comme au Laos, des coopérants, des« expats » de toutes sortes, des volontaireshumanitaires, de simples touristes aussi,beaucoup de monde en somme…

    « QUE RESTE-T-IL DE NOS AMOURS ?... »Les lignes qui suivent n’ont pas la prétention d’être exhaustives ou d’embrasser latotalité du sujet de l’actuelle présence française dans les pays de l’ex-Indochine.Elles se veulent seulement un témoignage de ce que l’auteur a lui-même perçu,ressenti, éprouvé, en vingt années d’expérience de terrain. Ni plus, ni moins.

    Hanoï, la Citadelle. Sous un porche, graffitis de soldatsfrançais de la conquête coloniale.

  • Ph

    oto

    T.G

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    (Texte d’Hélie de Saint Marcextraits de l’album :Indochine, notre guerre orpheline)