Homélies du Père Vincent...

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Homélies du Père Vincent ILBOUDO ANNEE 2008

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Homélies du Père Vincent ILBOUDO ANNEE 2008

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Homélie de la Solennité de l’Epiphanie (Année A)

FETE DE L'EPIPHANIE

EVANGILE Matthieu 2 , 1 - 12 1 Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent de Jérusalem 2 et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » 3 En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d'Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : 5 « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : 6 Et toi, Bethléem en Judée, tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple. » 7 Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l'étoile était apparue ; 8 Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » 9 Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant.10 Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leur coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui » (Mt 2,3)

Bien chers frères et sœurs en Christ,L’Epiphanie désigne les manifestations de Dieu aux hommes, en la personne de

Jésus, et plus précisément, sa venue dans le monde en un temps historique donné. Avec l'évocation des mages venus d'Orient, cette fête nous enseigne que Dieu s’est manifesté aussi aux païens afin que tous les hommes, de toutes les nations vivent en son Fils Jésus Christ, et partage la même grâce de salut. L’Epiphanie est donc une fête de l’espérance, parce qu’elle annonce le grand rassemblement de tous les enfants de Dieu sous la bannière de son Christ. Le jour viendra où le combat de la lumière et des ténèbres, de la vérité et du mensonge, de la vie et de la mort cessera. Ce jour-là « la gloire du Seigneur brillera » sur toutes les nations qui sortiront de « l’obscurité qui recouvre la terre » et s’avanceront vers « la clarté de son aurore ».

Le Fils de Dieu est venu dans le monde pour que tous les hommes reconnaissent en lui qu’ils sont des enfants bien aimés de Dieu, et vivent tous ensemble dans l’amour, la paix, la joie… Nous venons de célébrer Noël, la fête de sa naissance. Mais, en ces derniers jours, au regard des évènements dramatiques qui se passent à travers le monde, nous nous demandons si réellement nous pouvons dire que la Naissance de Jésus apporte le rassemblement des peuples et la paix entre les hommes.

En effet, autour de la date du 25 décembre, nous avons suivi coup sur coup les

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tueries en Mauritanie, la reprise des attentats en Algérie, l’assassinat ignoble de Bhutto au Pakistan, les affrontements entre les ethnies au Kenya… Et si nous remontons aux années précédentes, nous constatons que les fêtes de la Nativité et du Nouvel An se sont souvent passées dans une ambiance funeste dans certains pays : nous avons encore en tête les images du Tsunami le 26 décembre 2004. Quelle paix vivons-nous avec la naissance du Dieu Sauveur ?

Si l’on ne considère que la coïncidence des évènements dramatiques avec la célébration de Noël, nous pouvons dire que Noël n’apporte pas la paix, mais la guerre, les tueries, les catastrophes… Mais quand nous nous plongeons dans les Ecritures mêmes, nous voyons que déjà, même à l’époque de la naissance de Jésus, il y a des tueries. Lorsque les mages sont passés à Jérusalem demander des renseignements sur le roi des Juifs qui venait de naître, cela a suscité de la jalousie chez Hérode qui n’a pas hésité à faire supprimer tous les enfants de moins de 2 ans à Bethléem. Il a fallu que Dieu intervienne pour que Joseph emporte l’enfant et sa mère en Egypte pour échapper à la fureur du roi Hérode. C’est dire que dès le début, à Bethléem, le Fils de Dieu lui-même a rencontré l’hostilité et la colère des autorités politiques et religieuses. Jamais, ils ne l’ont reconnu comme le Messie, ils l’ont traité d’imposteur... Ils l’ont même supprimé, éliminé. Et pourtant, il était bien le Messie : tous ceux qui le cherchent peuvent, comme les mages, entrer dans le salut de Dieu.

A la naissance du Fils de Dieu, les mages ont vu une étoile, non pas une étoile de malheur ou de désastre, mais l’étoile d’un roi qui apporte la Lumière et la Sagesse de Dieu. Etant des hommes qui cherchent la vérité et la sagesse avec loyauté, les mages se sont mis en route vers la lumière qu’ils ont aperçue. Ils arrivent à la crèche et se prosternent devant Celui qui est la Sagesse même. Par leur longue marche à la suite de l’étoile jusqu’à la crèche, ils réalisent la prophétie du prophète Isaïe : « D’un bout à l’autre de la terre, toutes les nations païennes verront le salut de Dieu ».

Par leur geste d’adoration et d’offrande, ils reconnaissent le Roi d’amour triomphant de toutes nos divisions, nos antagonismes, le Roi vainqueur de la haine qui fait tomber toutes nos murs de séparation, le Roi des Juifs qui rassemble tous les hommes de langues, races et nations, faisant d’eux des enfants qui vivent dans la fidélité à Dieu et dans le respect les des autres.

Après avoir accompli leur geste de soumission et d’adoration à Jésus, les mages regagnent leur pays en passant par un autre chemin. Ils ont été les seuls à apercevoir son étoile pour laquelle ils se sont mis en route. Pour beaucoup de nos contemporains qui vivent des évènements dramatiques, ils n’y aura pas d’étoile dans le ciel. Mais il y a ces hommes et ces femmes qui reconnaissent en Jésus celui qui vient apporter au monde entier le Salut et la Paix de Dieu. Nous en faisons partie. Il nous appartient de savoir être des collaborateurs du dessein bienveillant de Dieu, en gagnant l’autre chemin que les mages ont suivi. En prenant l’autre chemin, ils ont refusé de coopérer avec celui qui dans sa fureur a fait massacrer des innocents. Prendre l’autre chemin pour nous, ce sera être pour tous témoins de l’amour dans la haine, du pardon dans l’offense, de la paix dans la guerre, de l’unité dans la discorde, de la vérité dans l’erreur, de la joie dans la tristesse, de la foi dans le doute, de l’espérance dans le désespoir, et de la vie même dans la mort.

Puisse l’Etoile de David nous éclairer et nous guider pour que nous soyons des ouvriers de paix et bâtisseurs d’amour maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité du Baptême du Seigneur (Année A)

FETE DU BAPTEME DU SEIGNEUR - A

EVANGILE Matthieu 3, 13 - 17 13 Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui. 14 Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » 15 Mais Jésus lui répondit : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Alors Jean le laisse faire. 16 Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau ; voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. 17 Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Avec cette célébration du Baptême de notre Seigneur Jésus, nous terminons le

temps de Noël, qui est le temps de la révélation de la grâce du salut en Jésus-Christ. Dans la Crèche, nous avons contemplé le Verbe fait chair, à l’Épiphanie nous avons vu la lumière du Christ illuminer les nations, au jour de son baptême, l’œuvre de Dieu se révèle dans sa plénitude : le Père veut faire de nous ses enfants d’adoption, des fils dans le Fils. A chaque étape, Dieu révèle son dessein d’amour pour les hommes à la fois dans l’humilité et dans la splendeur de sa gloire.

Aux bords du jour, l’événement se passe dans l’extrême de l’obéissance et de l’humilité puisque le Sauveur du monde vient demander à Jean le baptême qui prépare les hommes à recevoir la grâce du salut. Lui qui n’a pas péché, se laisse ensevelir dans les eaux du Jourdain, dans les eaux de notre mort. Il est l’Agneau que l’on reconnaît à sa douceur, celui qui « ne criera pas, ne haussera pas le ton… lui qui ouvrira les yeux des aveugles, qui fera sortir les captifs de leur prison… ». Jésus accepte descendre nous rejoindre jusque dans nos prisons où nous sommes séparés de Dieu et des autres, jusque dans la nuit de nos souffrances… Par une telle humilité, il manifeste sa solidarité avec nous pour nous revêtir de sa lumière.

Dans cet évènement du Jourdain, c’est aussi la révélation de la gloire de Dieu. Jean-Baptiste assiste à un témoignage divin du Père et de l’Esprit : la descente d’une colombe révèle que Jésus est rempli de l’Esprit de Dieu, et la voix du Père proclame : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour ». La colombe et la voix nous expliquent que Dieu consacre son Fils dans la plénitude de l’Esprit Saint, et qu’il remet le monde entre ses mains pour qu’il le sauve. Cette manifestation trinitaire nous révèle aussi le plan d’amour de Dieu : en son Fils Jésus, tous les hommes deviennent des enfants de Dieu par adoption dans l’Esprit.

Si le Fils de Dieu est descendu jusqu’à nous, et plongé jusqu’au fond de nos finitudes, de nos faiblesses, de nos ténèbres ou zones chaotiques, c’est pour faire de nous des enfants de Dieu. Cette révélation est très riche pour riche pour nous les hommes : chaque homme avec ses peines, ses souffrances, ses misères, ses échecs, ses faiblesses, avec son état de vie, ou sa classe sociale, devient enfant de Dieu en Jésus Christ. Saint Pierre va plus loin dans cette révélation : l’Esprit de Dieu en l’envoya chez

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Corneille, un centurion de l’armée romaine, lui fait comprendre que « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste ».

Voici un enseignement qui nous donne de comprendre aussi que rien ne justifie les rejets dont certains hommes ou peuples manifestent à l’égard des autres. Tuer un homme, brûler un autre parce qu’il ne pense pas comme soi-même, ou parce qu’il est d’une autre religion, d’une race ou ethnie, n’est pas digne d’un acte humain. Rejeter une personne parce qu’elle est jugée être une menace pour ses propres intérêts, ou passer à côté d’une personne et rester indifférent à ce qu’elle vit comme angoisse, c’est manquer à notre vocation d’enfants de Dieu, notre Père à tous qui ne fait pas de différence entre les hommes.

En Jésus, nous sommes tous des enfants de Dieu et aucune barrière ne doit nous séparer les uns des autres. Personne ne devrait se sentir étranger quel que soit le lieu où elle se retrouve. Personne ne doit rejeter ou regarder l’autre avec mépris, si toutefois elle connaît en elle la crainte de Dieu, c’est-à-dire le respect de Celui qui nous a tous créés.

Accueillons en Jésus Celui qui n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu, mais s’est dépouillé lui-même pour rendre participant de la nature divine. Puisse-ti-l nous donner de savoir reconnaître en chaque homme et femme le visage de Dieu, et chercher à vivre ensemble dans la paix, la joie et l’amour des enfants de Dieu, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 2ème Dimanche du Temps ordinaire (Année A)

EVANGILE - Jn 1, 29-34

29 Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; 30 c'est de lui que j'ai dit : derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. 31 Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël. » 32 Alors Jean rendit ce témoignage : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. 33 Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint. 34 Oui, j'ai vu et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les trois textes de ce dimanche nous donnent de méditer sur le thème du salut

du monde, œuvre de Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu, et sur notre manière de participer à sa réalisation.

Dans l’Evangile, Jean-Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ? » Que peut signifier cette révélation ?

Dans le Bible, quand on parle « d’Agneau de Dieu », on peut penser à un agneau donné par Dieu, notamment lors de l’offrande d’Abraham. Quand Isaac avait posé à son père la question « mais où est donc l’agneau pour l’holocauste ? », Abraham avait répondu : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ». Et effectivement, au moment où Abraham a voulu faire le sacrifice de son fils, l’Ange de Dieu a retenu sa main ; et Abraham a vu un bélier (un agneau) qui s’était fait prendre les cornes dans un buisson ; il est allé le chercher pour l’offrir en sacrifice à la place de son fils.

Ensuite, « l’Agneau de Dieu » fait penser à l’agneau pascal : le rite de la Pâque chaque année, rappelait au peuple que Dieu l’avait libéré ; la nuit de la libération d’Egypte, Moïse avait fait pratiquer par le peuple le rite traditionnel, mais il avait insisté « désormais, chaque année, ce rite vous rappellera que Dieu est passé parmi vous pour vous libérer. Le sang de l’agneau signe votre libération ».

Finalement, quand Jean-Baptiste dit que Jésus est l’Agneau de Dieu, il le présente donc comme le libérateur de l’humanité (c’est l’agneau pascal) ; cet agneau est envoyé par Dieu, choisi par Dieu comme dans le récit d’Abraham ; mais en faisant référence à l’Agneau pascal, il laisse entendre que cette œuvre de libération de l’humanité sera accomplie par un innocent qui donne sa vie pour sauver ses frères. Mais il reste que le péché n’a pas encore disparu, que je sache ! Alors, en quoi pouvons-nous dire que Jésus est réellement l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, le libérateur de l’humanité ? La vérité, c’est que le péché n’est plus une fatalité : le Christ nous apporte la possibilité de nous libérer de son engrenage. Si nous restons greffés résolument sur lui dans toutes les circonstances de notre vie, si nous nous laissons en permanence guider par l’Esprit Saint dans lequel nous sommes plongés depuis notre baptême, nous pouvons découvrir en nous cette liberté nouvelle. Nous pouvons vivre comme lui l’amour, la gratuité, le pardon.

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En outre, quand Jean-Baptiste a désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu, il se fait le collaborateur de Dieu pour son œuvre de Salut : il est celui qui est passé en avant du Seigneur pour préparer ses chemins ; il est désigné comme le précurseur, c’est-à-dire, celui qui ouvre la voie à la venue du Seigneur. Après lui, il y a eu quelques uns de ces disciples qui ont suivi Jésus et qui en sont devenus des témoins. Eux aussi étaient chargés d’annoncer le Christ, et de faire en sorte que sa Bonne Nouvelle gagne toutes les nations, à l’exemple de Paul, apôtre du Christ Jésus, qui s’adresse aux fidèles de Corinthe dans la 2ème lecture. Il reconnaît que le Christ a fait de lui la lumière des nations, pour que le Salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. Comme tant d’autres apôtres et disciples, Paul a été collaborateurs du Christ pour apporter la Bonne Nouvelle du Christ partout dans le monde.

Aujourd’hui encore, Dieu a besoin de nous qui croyons à son Amour pour nous, pour que nous communiquions sa grâce de Salut à tous les hommes. Il existe des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants qui cherchent la vérité, l’amour, la paix, la justice, le bonheur, le salut, mais ils n’arrivent jamais à retrouver la plénitude de ce qu’ils cherchent : ils restent toujours sur leur faim, insatisfaits, déçus, découragés… Il y a beaucoup de personnes qui se retrouvent dans cette situation, parfois, pas très loin de nous : dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos lieux de travail, dans nos écoles, dans nos communautés… Notre mission, c’est de pouvoir leur redonner courage et espoir en Jésus Christ, l’Agneau de Dieu en qui se trouve la plénitude du salut et de bonheur. L’étendue de la mission ne doit décourager car ce qui nous est demandé est à notre portée. Le Seigneur demande notre collaboration, mais ce n’est pas des gestes extraordinaires : il suffit d’être tout simplement disponible à sa volonté pour qu’à travers nous, il communique ses grâces à ces personnes.

Pensons à toutes ces personnes que nous connaissons, que nous avons déjà rencontrées ou pas, prions pour elles avec un cœur généreux, pour qu’elles puissent trouver Jésus, ce Sauveur qu’elles cherchent, peut-être à tâtons, dans les difficultés et l’obscurité de leurs existences. Puisse le Seigneur nous donner d’être une présence lumineuse de la vie de l’Esprit reçu le jour de notre baptême auprès de tous ceux que nous croiserons sur notre route, qui cherchent le Christ mais qui ne l’ont pas encore rencontré, qui n’ont pas encore fait l’expérience significative de son amour et de sa miséricorde, Lui qui vit et règne dans nos vies, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 4, 12-23

12 Quand Jésus apprit l'arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée. 13 Il quitta Nazareth et vint habiter à apharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. 14 Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe : 15 Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée, toi le carrefour des païens : 16 le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l'ombre et de la mort, une lumière s'est levée. 17 A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » 18 Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'étaient des pêcheurs. 19 Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. » 20 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. 21 Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela. 22 Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent. 23 Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous nous préparons à fêter bientôt Noël. La Tradition chrétienne nous dit que c’est

la célébration de la naissance de notre Sauveur Jésus Christ. Et notre foi nous invite à voir dans cette célébration, le Fils de Dieu qui s’incarne dans nos vies pour nous soulager de nos peines, nos souffrances et nos misères, pour nous apporter la joie et renouveler le monde. Et pourtant, depuis que nous célébrons des fêtes de Noël, nous pouvons nous dire que nous ne voyons pas en quoi cela change nos vies, si ce n’est les dépenses pour les cadeaux, pour le réveillon, pour recevoir la famille et les amis. Et nous pouvons aller jusqu’à nous poser la question à savoir en quoi la célébration de venue du Sauveur change nos vies, en quoi la fête de Noël a-t-elle un sens pour nous ?

Nous pouvons trouver une réponse à notre interrogation à travers la méditation des textes de ce dimanche, surtout en partant du personnage de Jean-Baptiste. Il avait été emprisonné par Hérode dont il dénonçait le concubinage avec la femme de son frère. En prison, Jean-Baptiste ne se préoccupe pas de son sort, mais de la réalisation de ce qu’il avait annoncé : la venue du Messie Sauveur. Le comportement de Jésus qu’il avait désigné comme l’Agneau de Dieu, ne correspondait pas avec son attente prophétique. Il avait annoncé la venue imminente de Celui qui tient la pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et recueillir le blé. En d’autres termes, Jésus allait séparer les bons des mauvais et ces derniers finiront au feu comme de la paille.

Mais contre son attente, Jésus accueille tous le monde et ne rejette pas celui qui n’observe pas la volonté de Dieu. Alors Jean-Baptiste se trouve désemparé au point qu’il envoie ses disciples se renseigner auprès de Jésus. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus répond non pas par l’affirmative mais de façon imagée : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles

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voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».

Ces paroles décrivent une situation : les signes qui accompagnent la venue du Messie. Pour le comprendre, référons-nous au passage du livre d’Isaïe que Jésus avait lu au début de sa mission dans la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur... » (Lc 4, 18-19). Pour un juif, ces paroles veulent dire que c’est le temps de salut accordé par Dieu. Pour nous qui vivons d’autres temps, ces paroles nous laissent un peu rêveurs : faire voir des aveugles, attendre des sourds, ressusciter des morts… voici là des actes dignes d’un film de science fiction…

Toutefois, Jésus ne nous emporte pas dans un monde de rêve. Ce qu’il décrit, c’est des situations où le bien prend le dessus par rapport au mal. Cela signifie en d’autres termes que le salut du monde avance à chaque fois que le mal recule. Notre Sauveur Jésus Christ est à l’œuvre dans nos vies, dans notre monde à chaque que le bien est fait, à chaque fois que le mal diminue.

Et lorsque l’on ramène cette interprétation à nos situations propres, nous pouvons reconnaître et dire de même : à chaque fois que nous intervenons en faveur d’un malheureux, quel qu’il soit, aveugle, sourd ou muet, prisonnier, étranger… à chaque fois que nous faisons du bien à quelqu’un, nous réalisons une œuvre de Dieu d’amour et de miséricorde pour lui. C’est Dieu qui passe par nous pour lui faire du bien, pour le soulager, pour lui donner la joie. Et pour la période de fêtes que nous allons bientôt vivre, ça sera véritablement Noël pour nous, c’est-à-dire la venue de Jésus, Dieu parmi nous, si nos cadeaux, nous les achetons et les donner aux autres, non pas dans l’intention de faire le pharisien, de montrer nos richesses et nos capacités, mais dans le but de leur faire du bien, de susciter en eux de la joie, de soulager leur souffrance, surtout lorsque nous les tendons pas seulement à ceux qui, en retour peuvent nous faire de pareils gestes, mais aussi à ceux qui manquent du peu ou du nécessaire pour vivre.

Voilà ce que peut signifier pour nous aujourd’hui la célébration de la naissance du Sauveur : c’est la présence de Dieu avec les hommes au service de l’homme et qui transforme nos vies en profondeur. « Aux affamés, il donne le pain », le pain matériel, oui... mais il y a au cœur de chacun d’entre nous une faim plus profonde ; à ces affamés-là, Dieu donne le pain de sa parole... « Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles » ; il y a des aveuglements d’un autre ordre et beaucoup plus graves en définitive ; à ceux-là aussi, Dieu ouvre les yeux. « Le Seigneur délie les enchaînés », il y a d’autres chaînes que celles des prisons, les chaînes de la haine, de l’orgueil, de la jalousie... et nous pouvons témoigner que Dieu peu à peu, le délivre de son cœur de pierre.

Demandons au Seigneur de nous ouvrir les yeux par la lumière de son Esprit pour que nous soyons à mesure de découvrir « les mains défaillantes et les genoux qui fléchissent et ont besoin d’être affermis », les cœurs affolés qui ont besoin d’être réconfortés, les captifs des multiples aliénations de ce monde qui ont besoin d’être libérés, et leur apporter le soutien et le réconfort de sa présence, lui qui est, qui était et qui vient, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 5, 1-12a

1 Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. 2 Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire, il disait : 3 « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! 4 Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! 5 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! 6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! 7 Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! 8 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! 9 Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! 11 Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !" »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Dans l’Evangile de Matthieu, le Sermon sur la Montagne commence par les

Béatitudes qui sont un appel au bonheur. Jésus nous y invite à vivre l'expérience d'une joie que rien ni personne ne saurait enlever, et à partager l'espérance d'une impossible et invincible foi. Celui qui est en quête du bonheur peut trouver dans les béatitudes de quoi se réjouir, se consoler, se réconforter… Mais quand on les confronte aux réalités de nos vies, elles semblent illustrer le monde à l'envers.

Jésus déclare « heureux » ceux qui se trouvent dans une situation que nous redoutons - la pauvreté, le chagrin, la persécution - ceux dont l’attitude est méprisée par notre société - les doux, les miséricordieux, les cœurs purs - ou enfin ceux dont le comportement va leur attirer des ennuis - ceux qui ont faim et soif de justice, les artisans de paix. Bref : des hommes et des femmes que menacent l’une ou l’autre forme d’exclusion. Ces béatitudes heurtent de front certaines valeurs que nous avons héritées du monde.

Pour mieux comprendre le chemin de bonheur qui nous est tracé à travers les béatitudes, il nous faut les resituer dans le contexte de l’annonce du Royaume initiée par le Christ. Au début de son ministère, Jésus promulgue la loi du Royaume : « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 17). Ses auditeurs y trouvent un message essentiel: il faut changer de vie, se convertir, voir les choses d'une autre manière, car le Royaume des cieux est au milieu de nous.

Souvenons-nous également que durant sa vie publique, Jésus a passé une grande partie de son temps à consoler, guérir, encourager les hommes et les femmes qu’il rencontrait. Dans l’évangile de dimanche dernier, par exemple, Matthieu écrivait : « Jésus proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple ». Si Jésus a consacré du temps à guérir ses contemporains, cela veut dire que toute souffrance et en particulier la maladie et l’infirmité sont à combattre. Il ne faut donc certainement pas lire « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » comme si c’était une chance de pleurer ! Ceux qui, aujourd’hui pleurent de douleur ou de chagrin ne peuvent pas considérer cela comme un bonheur ! Les larmes dont il s’agit, ce sont celles du repentir.

La logique des béatitudes, c’est Dieu et son Royaume qui est là au milieu de nous ..., tout ce que notre vie comporte de douloureux et d'insupportable est enfin dévoilé, reconnu et guéri. La misère qui semble s'abattre toujours sur les mêmes, l'exclusion des

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malades et des infirmes, la pauvreté et la souffrance elles-mêmes, deviennent sources et motifs de joie.

Sous cet angle, nous pouvons comprendre que les Béatitudes comme les multiples chemins du Royaume : chacun de nous accueille le Royaume et contribue à sa construction avec ses petits moyens ; Jésus regarde la foule, il pose sur tous ces gens le regard de Dieu. « Regardez, dit-il à ses disciples : il y a ici des pauvres... des doux... des affligés... des affamés et assoiffés de justice... des compatissants... des cœurs purs... des artisans de paix... des persécutés ». Toutes situations qui ne correspondent guère à l’idée que le monde se fait du bonheur. « Mais ceux qui les vivent, dit Jésus, sont les mieux placés pour accueillir et construire le Royaume ». L’horizon de l’existence humaine c’est la venue du Royaume de Dieu : tous nos chemins d’humilité y mènent.

Ensuite, nous pouvons lire les béatitudes comme une Bonne Nouvelle. Matthieu disait « Il proclamait la bonne nouvelle du royaume ». La bonne nouvelle c’est que le regard de Dieu n’est pas celui des hommes. Les hommes recherchent le bonheur dans l’avoir, le pouvoir, le savoir. Ceux qui cherchent Dieu savent que ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher. Il se révèle aux doux, aux miséricordieux, aux pacifiques.

De cette manière, Jésus nous apprend à poser sur les autres et sur nous-mêmes un autre regard. Il nous fait regarder toutes choses avec les yeux de Dieu lui-même et il nous apprend à nous émerveiller : il nous dit la présence du Royaume là ou nous ne l’attendions pas : la pauvreté du cœur, la douceur, les larmes, la faim et la soif de justice, la persécution... Cette découverte humainement si paradoxale doit nous conduire à une immense action de grâces : notre faiblesse devient la matière première du Règne de Dieu.

Nous rejoignons ici l’affirmation même de la Sagesse de Dieu selon Saint Paul : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ». Ce que nous appelons richesse, force, puissance, connaissance, sagesse humaine, n’est rien aux yeux de Dieu. Ce qui semble raisonnable aux yeux des hommes est bien loin du projet de Dieu et, inversement, ce qui est sage aux yeux de Dieu paraît déraisonnable aux hommes. La Sagesse de Dieu est la logique de l’amour. C’est donc cette folie de l’amour de Dieu qui ouvre pour nous l’horizon du bonheur et de la joie : c’est elle qui nous procure la paix, c’est par elle que nous devenons doux, c’est elle qui nous permet de retrouver la tendresse, c’est elle qui donne d’accepter les humiliations à cause de notre foi et de notre attachement au Christ.

En somme, les béatitudes nous disent que notre vocation à être heureux, à vivre dans la joie et l’allégresse malgré le paradoxe que nous offre le monde, sont le fruit de notre relation d’amour avec Jésus. Demandons alors au Seigneur de nous donner d’être attachés solidement en lui dans la foi et l’amour afin d’apprendre de lui comment vivre toute notre vie avec joie, allégresse et bonheur, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps de Carême (Année A)

EVANGILE - Jn 4, 5-42

05i Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, 06 et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. 07 Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » 08 (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) 09 La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) 10 Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » 11 Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? 12 Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » 13 Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; 14 mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » 15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. » 16 Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » 17 La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, 18 car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. » 19 La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : 20 nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. » 21 Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. 22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23 Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. 24 Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. » 25 La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. » 26 Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. » 27 Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » 28 La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : 29 « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » 30 Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. 31 Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. » 32 Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. » 33 Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » 34 Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre. 35 Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. 36 Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. 37 Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne.' 38 Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. » 39 Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en

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Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » 40 Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. 41 Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, 42 et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Bien frères et sœurs en Christ,Le passage de l’Evangile qui nous est proposé en ce jour nous donne de méditer

sur la rencontre que Jésus fait avec une samaritaine, et sur celle qu’il fait avec chacun de nous. Jésus nous rejoint là où nous sommes pour dégager la source de ce qui l’obstrue et lui permettre d’irriguer, de féconder notre vie pour en faire le jardin de son amour.

Saint Jean précise qu’il était environ midi quand, fatigué par la route, Jésus s’est assis au bord du puits de Jacob. Il est inhabituel de venir puiser de l’eau à cette heure-là. Normalement, dans ce pays, les femmes se déplacent en groupe, au lever du soleil ou au coucher du soleil, pour faire leur provision d’eau et abreuver les bêtes, car il fait moins chaud et le village est éloigné. Pour qu’elle raison alors cette femme vient-elle à midi et toute seule ?

L’Evangile nous apprend un peu plus loin qu’elle en était à son sixième mari. Nous pouvons supposer alors qu’elle devait représenter un danger public pour les autres femmes de son village. Chacune d’elles la craignait et refusait sa fréquentation pour protéger son mari. C’est ainsi que cette femme s’est retrouvée exclue, rejetée, ne pouvant se rendre au puits sans être inquiétée ou agressée par les autres, qu’à cette heure-là.

Mais Jésus, lui, l’attendait assis sur le bord du puits comme il nous attend tous. Il la rejoint dans sa vie, dans ce qu’elle est, dans ses préoccupations quotidiennes (chercher de l’eau, dans son désarroi moral (cinq maris), dans ses questions religieuses et finalement dans son espérance. Il la rejoint dans ce qu’elle est aux yeux de Dieu et dans ce qu’elle porte d’inéluctable, d’indestructible en elle : l’image et la ressemblance de Dieu dont elle est la fille bien-aimée. Jésus témoigne ainsi qu’il est vraiment un homme au cœur sans frontière et sans barrière, profondément libre de rencontrer quiconque parce qu’en chaque être, il contemple le visage de son Père.

La samaritaine vient au puits parce qu’elle a besoin d’eau, mais là, elle fait la rencontre de Celui qui est la Source d’eau vive. Elle rencontre Jésus en faisant tout simplement son travail de femme et de ménagère. Elle n’était pas en prière au Temple ni en retraite dans un ermitage quand Dieu l’a saisie. Elle était au puits tout assoiffée. Jésus la rejoint dans la banalité de son quotidien. Toutes les occasions sont bonnes pour le Seigneur lorsqu’il s’agit de nous rencontrer, surtout celles qui sont les plus ordinaires.

Parfois, nous sommes tellement portés sur l’extraordinaire et le sublime, tellement aux aguets des signes de Dieu dans le ciel et des manifestations hors du commun, que nous risquons de négliger le terrain privilégié où Dieu se révèle à nous : l’ordinaire, le moment présent de nos activités : travail, rencontres, joies de l’amour, souffrances de la solitude, etc. Nous aurions tort, pour chercher Dieu, de fuir le quotidien puisque l’Evangile nous montre que c’est dans l’ordinaire de notre existence que le Seigneur nous rejoint de préférence et nous appelle à le rencontrer : au bord du lac, après une journée de pêche pour les premiers disciples, juché sur un arbre Zachée, au cours d’un repas pour la femme pécheresse, au lieu de travail, comme Matthieu derrière son comptoir, ou pendant la corvée d’eau comme pour la samaritaine.

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Cependant, cela ne veut pas dire qu’il est inutile de prier ou de faire des retraites. Non ! Mais cela nous préserve de croire que Dieu ne se rencontre qu’à l’église ou dans des moments privilégiés d’intimité avec lui dans la prière ou le retrait du monde. Tout est pour le Christ l’occasion de nous parler, de nous rencontrer et de nous révéler son amour, même dans les situations et les endroits où nous sommes à cent lieues de penser qu’il pourrait s’y trouver et nous y attendre, mendiant de notre cœur. A défaut de l’eau, nous pourrons toujours lui donner notre cruche vide. Il s’est comment la plonger dans la source et la remplir.

Jésus interpelle la femme : « Donne-moi à boire… ». Lui qui est la Source, il prend l’initiative de ce faire demandeur. Mais en fait, l’eau du puits ne l’intéresse guère. Ce dont Jésus a soif, c’est de communiquer à cette femme l’eau vive qu’elle cherche dans le savoir et dont elle porte le désir, caché au fond de son cœur, enfoui sous un amas de misères, de déceptions amoureuses, d’échecs successifs et de péchés. Mais tant qu’il ne le désir pas, il ne peut le lui offrir. Voilà pourquoi, il se fait mendiant de ce qu’il veut lui donner afin de faire monter en elle ce désir secret et presque oublié qui l’habite, cette soif de Dieu, de vérité et de vie que les aléas de la vie ont bien failli étouffer.

« Si tu savais le don de Dieu, et si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive… ». Même si elle n’a pas saisi très bien le langage de Jésus, la samaritaine se laisse séduire et n’hésite pas à demander : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau… ». Jésus n’attendait que sa demande pour la rejoindre en son cœur. Maintenant qu’elle le souhaite, il peut faire jaillir une source en son cœur desséché, mendiant d’amour, affamé de tendresse et cinq fois déçu. Il fait naître en celle qui est là devant lui la soif de Dieu.

N’est-ce pas notre rôle, à nous chrétiens, de susciter la soif de Dieu que tout homme porte en son cœur, de lui permettre de la manifester et de l’exprimer avec ses mots et gestes ? Pour cela, comme Jésus, il faut aller à la rencontre des hommes, s’attarder au bord de leur puits, et à partir de leur vie concrète, de leurs préoccupations du moment et de leur situation réelle, les éveiller à ce qu’ils portent enfoui au plus profond d’eux-mêmes, caché par l’ignorance, l’habitude, la souffrance, la désespérance, l’échec ou le péché.

Laissons-nous rejoindre par le Christ qui nous attend dans nos différents puits de la vie pour qu’il inonde nos cœurs assoiffés, meurtris, blessés… de l’eau vive que représente son amour infini, lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème Dimanche du Temps de Carême (Année A)

EVANGILE - Jn 9, 1-41

En sortant du Temple1 Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. 2 Ses disciples l'interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » 3 Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui. 4 Il nous faut réaliser l'action de celui qui m'a envoyé, pendant qu'il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. 5 Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » 6 Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, 7 et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : « Envoyé ») L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. 8 Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer - car il était mendiant - dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » 9 Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C'est bien moi. » 13 On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. 14 Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. 15 A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. » 16 Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. 17 Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. » 34 Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. 35 Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » 36 Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » 37 Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » 38 Il dit : « Je crois, Seigneur », et il se prosterna devant lui. 39 Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : Pour que ceux qui ne voient pas Puissent voir, Et que ceux qui voient Deviennent aveugles. » 40 Les Pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? » 41 Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché, mais du moment que vous dites : Nous voyons ! Votre péché demeure. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Le Christ se présente à nous comme Celui qui vient nous sortir du monde des

ténèbres pour nous introduire dans la Lumière de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu. L’épisode de la guérison de l’aveugle de naissance nous dit combien le Christ est prompt à intervenir dans nos vies, mais aussi comment nous sommes lents à nous laisser bousculer par l’intervention de Dieu dans nos vies.

A la vue de l’aveugle de naissance, pendant que ces disciples cherchaient à savoir qui avait pêché pour qu’il soit frappé d’une telle maladie : lui ou ses parents, Jésus voit en lui et en sa cécité, un lieu possible de la manifestation de Dieu qui veut tirer tout

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homme de l’aveuglement dans lequel il se retrouve plongé dès sa conception. Sans attendre que l’aveugle lui-même lui fasse la demande de guérison, Jésus accomplit le miracle en posant un geste qui semble sortir de l’ordinaire. « Avec la salive, il fait de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle ». Cela a l’air d’être un geste spectaculaire, mais en réalité, il s’agit d’un geste qu’il emprunte aux thérapeutes de son époque. Le geste paraît spectaculaire, mais c’est à première vue, il n’a rien de différent du geste banal d’un thérapeute. Puis sur la recommandation de Jésus, l’aveugle va se laver et retrouve ainsi la vue.

Jésus est le Médecin de l’âme et de corps. Il fait des interventions dans nos vies pour guérir même physiquement. Il le fait lui-même directement ou indirectement lorsqu’il permet de retrouver la santé, la paix, la consolation, le soulagement à travers les soins des médecins, des thérapeutes ou d’autres personnes qui nous apportent leurs secours. Mais, comme cet aveugle, ses voisins et les pharisiens, il nous arrive de rester dans l’illusion, dans l’ignorance ou dans l’indifférence par rapport à l’intervention de Dieu dans nos vies. Ils avaient trop d’idées bien arrêtées sur ce qu’il est bien de faire ou dire et n’était pas prêts à s’ouvrir à l’inattendu de Dieu.

Nous tombons dans l’illusion de voir, de comprendre, de suffire à soi-même : quand parfois on se trouve bien et que l’on fait de bonnes affaires, nous avons tendance à nous enorgueillir, à dire qu’il n’y a pas meilleur que nous-mêmes ; on ne pense pas que Dieu puisse en être l’Auteur. Nous plongeons dans les ténèbres de l’ignorance lorsque nos yeux ne s’ouvre pas à la grâce de Dieu et à son intervention dans nos vies, même s’il le fait à travers les médecins et les thérapeutes, même s’il agit à travers de nos frères et sœurs avec qui nous vivons et qui nous témoignent de leur amitié et de leur sympathie. Nous restons dans cet aveuglement qui conduit à l’indifférence lorsque nous ne réalisons pas que Dieu est à mesure de passer par nous pour intervenir auprès de ceux qui attendent de lui le secours et la grâce : alors, on passe à côté de l’aveugle, du malade, du souffrant, de celui qui a faim et soif sans lui adresser la mort, ni même lever le petit qui aurait permit à la grâce de Dieu de le rejoindre.

Après avoir guéri l’homme de la cécité naturelle, Jésus l’amène à faire un cheminement qui le conduit à l’ouverture de son cœur à la vraie Lumière : Jésus qui est son Seigneur devant qui il se met à genoux. L'aveugle recouvre la vue et, parallèlement, il découvre en effet qui est Jésus. Au départ, pour lui, Jésus n'est qu'un homme : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue... ». Plus tard, à la question : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? », il répond : « C'est un prophète ! ». Il a fait un pas supplémentaire ; il a compris que Jésus est un envoyé de Dieu, qu'il parle et agit en son nom. Enfin, rencontrant à nouveau Jésus, il s'exclame : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterne devant lui pour l'adorer, le reconnaissant ainsi ouvertement comme son Seigneur et son Dieu.

Voilà jusqu’où le Christ veut nous conduire à partir de nos expériences concrètes de la vie. Le Seigneur nous rejoint dans nos situations de détresse et d’échec, nos moments d’angoisse et d’épreuve, nos temps de deuil et de pleurs, nos lieux de souffrances et de maladie, comme nos espaces de joie et de consolation, nos périodes de réussite et d’épanouissement… Il nous rejoint jusqu’à ces endroits pour nous amener à le découvrir comme le Seigneur de nos vies. Lorsque nous rejoint dans nos peines comme dans nos joies, c’est pour nous faire passer de la cécité à la vue, de l’incrédulité à la foi, de l’illusion à la vérité, de indifférence à la confiance et à l’adoration. Celui qui s’enferme dans sa propre situation ou dans ses propres certitudes ne peut plus ouvrir les yeux, mais celui accepte le cheminement dans la foi peut accueillir la grâce qui s’offre à lui qu’il soit dans la peine ou la joie… Il reçoit de Jésus la véritable lumière.

Demandons la grâce de nous laisser bousculer dans nos propres certitudes

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comme nos ignorances, dans nos illusions comme nos indifférences, pour faire le chemin qui conduit à la foi véritable en Lui qui éclaire nos vies mêmes les plus sombres. Puisse-t-il ouvrir nos yeux à sa lumière pour nous permettre d’éclairer tous les aveuglements de ceux qui ne savent plus où aller ni sur qui compter pour être éclairer dans leurs expériences concrètes. Puisse-t-il nous entendre et venir au secours de nos aveuglements lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 5ème Dimanche du Temps de Carême (Année C)

EVANGILE - Jn 11, 1-45

3 Marthe et Marie, les deux soeurs de Lazare envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » 4 En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » 5 Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare. 6 Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l’endroit où il se trouvait ; 7 alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » 17 Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. 20 Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. 21 Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. 22 Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. » 23 Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » 24 Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » 25 Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; 26 et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » 27 Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » 34 Il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » 35 Alors Jésus pleura. 36 Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l’aimait ! » 37 Mais certains d’entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » 38 Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. 39 Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la soeur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu’il est là. » 40 Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » 41 On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. 42 Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours, mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » 43 Après cela il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » 44 Et le mort sortit, les pieds et les mains attachées, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » 45 Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.

Bien chers frères et sœurs en Christ,L’évènement de la mort de Lazare et son retour à la vie nous rappellent que nous

sommes tous mortels mais que par notre foi en Jésus, nous sommes tous victorieux. Si nous croyons en lui, il nous ressuscitera… Mais cette résurrection n’est pas pour le dernier jour, comme le croyait Marthe. Elle commence dès maintenant, car c’est maintenant que nous avons besoin d’être libérés du péché par notre foi en Jésus.

Tout d’abord, nous reconnaissons qu’en tout homme, en chacun de nous, il y a un germe de mort, un Lazare à faire revivre qui gît, sans vie ou mourant, dans le tombeau de notre cœur. Demandons-nous avec courage ce qui nous empêche aujourd’hui de vivre pleinement, ce qui nous plonge dans la tristesse ou le découragement : égoïsme, orgueil, rancune, jalousie, haine, envie, solitude… ? Qu’est-ce qui est mort en nous, qui ne demande qu’à revivre pleinement et qui attend la parole qui libère et fait vivre : idéal, fidélité, maîtrise de soi, intérêt pour les autres, respect d’autrui, respect de son corps et du

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corps de l’autre, sens de la vie, sens de l’amour, goût de la prière, attrait pour la Parole de Dieu… ?

Ensuite, nous nous posons la question : que faut-il à ceux qui nous entourent pour être des vivants ? Que faire pour leur permettre de retrouver la vie ? Comme Jésus l’a fait pour Lazare, et bien plus dans sa Passion-Mort-Résurrection pour chacun de nous, il nous charge de redonner à tout homme ses chances de vie en libérant en lui sa capacité d’aimer que le péché à verrouillée, en l’aidant à se défaire du mal qui l’enferme dans la mort.

Osons dire à Jésus et le reconnaître : « Celui que tu aimes est malade ». Lorsque nous manquons de vie, de dynamisme, de foi, d’amour, d’espérance, de joie, de paix, c’est qu’il y a de la mort en nous qui fait son œuvre de dégradation. Sans crainte et sûrs d’être aimés par lui, n’hésitons pas à l’appeler à notre aide avec ces mots de confiance : « Celui que tu aimes est malade ». Par ailleurs, faisons preuve de ceux qui savent voir et accueillir la détresse des autres, ceux qui vivent à nos côtés en familles, au travail, sur le quartier, et les considérer comme Jésus considérait Lazare : « Celui que tu aimes est malade ». Si nous aimons quelqu’un, nous nous sentons concernés par ce qu’il vit et ce qui le touche.

Laissons-nous rejoindre par Jésus : comme Marthe et Marie, n’ayons pas peur de crier notre détresse, de lui exprimer notre douleur, notre déception, notre révolte peut-être : « Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Mais croyons aussi que même s’il est trop tard à nos yeux, il peut faire l’impossible pour celui qu’il aime : « Maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ». En retour, mettons-nous en marche vers ceux qui souffrent, qui ne savent plus ou ne veulent plus vivre, révoltés qu’ils sont de l’injustice, trahis dans leur amour ou leur confiance, salis dans leur honneur par la calomnie, écrasé par la maladie et l’échec… Cela veut dire nous faire proches d’eux comme Jésus, jusqu’à entrer dans leur tombeau, les rejoindre dans leur détresse, leur colère et nous rendre solidaire de leur mort.

« Le Maître est là, il t’appelle ». Allons à la rencontre de Jésus, sortons de nous-mêmes pour regarder celui qui vient à notre rencontre et nous rejoint dans notre mal, pleins de confiance en son amour fidèle. Sa venue nous appelle à nous lever, à prendre notre vie en main, au lieu de rester assis par terre à pleurer nos fautes ou nos malheurs… Jésus a fait un bout de chemin vers nous, il nous demande de faire le nôtre. C’est ainsi que nous pourrons être des hommes et des femmes debout, qui peuvent aller vers les autres pour les réveiller de leur sommeil en leur apportant la Parole de vie qui les appelle à ressusciter.

Enlevons la pierre qui ferme notre tombeau : il faut jeter loin de notre cœur ce qui nous maintient dans le manque de vie, le désespoir, la honte, la peur, la mort, ce qui fait obstacle à la paix, à la joie, à la confiance. Employons-nous à enlever la pierre ne dégageant les obstacles qui empêche l’homme de se mettre debout et entravent sa marche, autant que cela dépend de nous, même si cela nous coûte… Enlevons la pierre en travaillant à la libération de tout l’homme, en faisant tomber les chaînes du mal par la mise en place de conditions de vie telle que l’homme puisse la Parole qui le mettra debout et lui permettra de marcher dans la joie et la confiance retrouvées.

« Déliez-le et laissez-le aller » : Lazare, ficelé et enveloppé par les bandelettes, ne peut que se tenir debout ; il est incapable de marcher. Il doit accepter, désirer et demander l’aide de ses sœurs pour retrouver l’usage de ses membres. Nous avons besoin de nous faire aider par les autres pour retrouver notre liberté de mouvement. Nous pourrons alors, nous aussi savoir délier et libérer celui que le mal à ligoté. Cela veut dire l’accompagner sur sa route, le soutenir et ne pas le lâcher dans l’existence comme s’il

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était capable de faire front tout seul au péché.En somme, Jésus nous a donnés la vie et il veut que nous soyons donneurs

de vie. Pour parvenir à susciter la vie, il nous faut être vivants nous-mêmes, et si nous ne le sommes pas, il faut laisser Jésus nous transmettre la vie. Vivants nous-mêmes, nous pouvons, au nom de Jésus et unis à lui, susciter la vie et collaborer activement au retour à la vie des hommes blessés et défigurés par la mal. Puisse Jésus être à nous écoute et nous transmettre le souffle de son Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 6ème Dimanche du Temps de Carême (Année A)

Dimanche des Rameaux

EVANGILE La Passion de Jésus Christ selon saint Matthieu : Mt 26, 14 – 27, 66

26

14i L. L’un des douze Apôtres de Jésus, nommé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres15 et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui proposèrent trente pièces d'argent.16 Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.17 Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »18 Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : 'Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.'»19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.20 Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze.21 Pendant le repas, il leur déclara : « Amen, je vous le dis : l'un de vous va me livrer. »22 Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, l'un après l'autre : « Serait-ce moi, Seigneur ? »23 Il leur répondit : « Celui qui vient de se servir en même temps que moi, celui-là va me livrer.24 Le Fils de l'homme s'en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré ! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! »25 Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C'est toi qui l'as dit ! » 26 Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. »27 Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, en disant :28 « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés.29 Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je boirai un vin nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. »30 Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.31 Alors Jésus leur dit : « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.32 Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »33 Pierre lui dit : « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. »34 Jésus reprit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois. »35 Pierre lui dit : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous les disciples en dirent autant. 36 Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Restez ici, pendant que je m'en vais là-bas pour prier. »

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37 Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse.38 Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. »39 Il s'écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. »40 Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ?41 Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est faible. »42 Il retourna prier une deuxième fois : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »43 Revenu près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.44 Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles.45 Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer ! La voici toute proche, l'heure où le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs !46 Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. »47 Jésus parlait encore, lorsque Judas, l'un des Douze, arriva, avec une grande foule armée d'épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres et les anciens du peuple.48 Le traître leur avait donné un signe : « Celui que j'embrasserai, c'est lui : arrêtez-le. »49 Aussitôt, s'approchant de Jésus, il lui dit : « Salut, Rabbi ! », et il l'embrassa.50 Jésus lui dit : « Mon ami, fais ta besogne. » Alors ils s'avancèrent, mirent la main sur Jésus et l'arrêtèrent.51 Un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille.52 Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée.53 Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges ?54 Mais alors, comment s'accompliraient les Écritures ? D'après elles, c'est ainsi que tout doit se passer. »55 A ce moment-là, Jésus dit aux foules : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus m'arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j'étais assis dans le Temple où j'enseignais, et vous ne m'avez pas arrêté.56 Mais tout cela est arrivé pour que s'accomplissent les écrits des prophètes. » Alors les disciples l'abandonnèrent tous et s'enfuirent.57 Ceux qui avaient arrêté Jésus l'amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s'étaient réunis les scribes et les anciens.58 Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu'au palais du grand prêtre ; il entra dans la cour et s'assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait. 59 Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort.60 Ils n'en trouvèrent pas ; pourtant beaucoup de faux témoins s'étaient présentés. Finalement il s'en présenta deux,61 qui déclarèrent : « Cet homme a dit : 'Je peux détruire le Temple de Dieu et, en trois jours, le rebâtir.' »62 Alors le grand prêtre se leva et lui dit : « Tu ne réponds rien à tous ces témoignages portés contre toi ? »63 Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu. »64 Jésus lui répond : « C'est toi qui l'as dit ; mais en tout cas, je vous le déclare :

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désormais vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. »65 Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d'entendre le blasphème !66 Quel est votre avis ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. » 67 Alors ils lui crachèrent au visage et le rouèrent de coups ; d'autres le giflèrent68 en disant : « Fais-nous le prophète, Messie ! qui est-ce qui t'a frappé ? »69 Quant à Pierre, il était assis dehors dans la cour. Une servante s'approcha de lui : « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen ! »70 Mais il nia devant tout le monde : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. »71 Comme il se retirait vers le portail, une autre le vit et dit aux gens qui étaient là : « Celui-ci était avec Jésus de Nazareth. »72 De nouveau, Pierre le nia : « Je jure que je ne connais pas cet homme. »73 Peu après, ceux qui se tenaient là s'approchèrent de Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu fais partie de ces gens-là ; d'ailleurs ton accent te trahit. »74 Alors, il se mit à protester violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme. » Aussitôt un coq chanta.75 Et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit : « Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois. » Il sortit et pleura amèrement.27

01 Le matin venu, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire condamner à mort.02 Après l'avoir ligoté, ils l'emmenèrent pour le livrer à Pilate, le gouverneur.03 Alors Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné ; il rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens.04 Il leur dit : « J'ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Qu'est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde ! »05 Jetant alors les pièces d'argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre.06 Les chefs des prêtres ramassèrent l'argent et se dirent : « Il n'est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c'est le prix du sang. »07 Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le Champ-du-Potier pour y enterrer les étrangers.08 Voilà pourquoi ce champ a été appelé jusqu'à ce jour le Champ-du-Sang.09 Alors s'est accomplie la parole transmise par le prophète Jérémie : Ils prirent les trente pièces d'argent, le prix de celui qui fut mis à prix par les enfants d'Israël,10 et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.11 On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l'interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus déclara : « C'est toi qui le dis. »12 Mais, tandis que les chefs des prêtres et les anciens l'accusaient, il ne répondit rien.13 Alors Pilate lui dit : « Tu n'entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »14 Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur était très étonné.15 Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait.16 Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas.17 La foule s'étant donc rassemblée, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus qu'on appelle le Messie ? »18 Il savait en effet que c'était par jalousie qu'on l'avait livré.19 Tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »20 Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus.21 Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils

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répondirent : « Barabbas ! »22 Il reprit : « Que ferai-je donc de Jésus, celui qu'on appelle le Messie ? » Ils répondirent tous : « Qu'on le crucifie ! »23 Il poursuivit : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu'on le crucifie ! »24 Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors il prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde ! »25 Tout le peuple répondit : « Son sang, qu'il soit sur nous et sur nos enfants ! »26 Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu'il soit crucifié.27 Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde.28 Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d'un manteau rouge.29 Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s'agenouillaient en lui disant : « Salut, roi des Juifs ! »30 Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête.31 Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.32 En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix.33 Arrivés à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire,34 ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire.35 Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ;36 et ils restaient là, assis, à le garder.37 Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »38 En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l'un à droite et l'autre à gauche. 39 Les passants l'injuriaient en hochant la tête :40 « Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! »41 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant :42 « Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C'est le roi d'Israël : qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui !43 Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant s'il l'aime ! Car il a dit : 'Je suis Fils de Dieu.' »44 Les bandits crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière.45 A partir de midi, l'obscurité se fit sur toute la terre jusqu'à trois heures.46 Vers trois heures, Jésus cria d'une voix forte : « Éli, Éli, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »47 Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »48 Aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire.49 Les autres dirent : « Attends ! nous verrons bien si Élie va venir le sauver. »50 Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l'esprit. 51 Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent.52 Les tombeaux s'ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent,

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53 et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens.54 A la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d'une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! » 55 Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance : elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir.56 Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. 57 Le soir venu, arriva un homme riche, originaire d'Arimathie, qui s'appelait Joseph, et qui était devenu lui aussi disciple de Jésus.58 Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le lui remettre.59 Prenant le corps, Joseph l'enveloppa dans un linceul neuf,60 et le déposa dans le tombeau qu'il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et s'en alla.61 Cependant Marie Madeleine et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.62 Quand la journée des préparatifs de la fête fut achevée, les chefs des prêtres et les pharisiens s'assemblèrent chez Pilate,63 en disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : 'Trois jours après, je ressusciterai.'64 Donne donc l'ordre que le tombeau soit étroitement surveillé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : 'Il est ressuscité d'entre les morts.' Cette dernière imposture serait pire que la première. »65 Pilate leur déclara : « Je vous donne une garde ; allez, organisez la surveillance comme vous l'entendez. »66 Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du tombeau en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.

La célébration du Dimanche des Rameaux nous invite à regarder et reconnaître en

Jésus, le Roi d’amour qui fait don de sa vie pour par amour pour nous et à cause de l’amour du Père pour l’homme.

Sur la, alors que ses bourreaux le croyaient anéanti, Jésus rend manifeste son amour son grand amour pour nous, pour tous les hommes, mêmes pour ceux qui se sont constitués comme s’est ennemis. « Sachant désormais que tout était achevé, pour l’Ecriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit : ‘J’ai soif’… » Conscient jusqu’au bout des actes qu’il pose, Jésus fait avant de mourir une dernière demande : « J’ai soif », faisant écho à cette autre demande adressée à la samaritaine au puits de Jacob : « Donne-moi à boire ». Même s’il est déshydraté et torturé par une soif physique dévorante (il n’a ni bu ni mangé depuis la veille et a perdu presque tout son sang), ce n’est pas une soif d’eau que Jésus exprime à la croix, pas plus qu’il ne désirait l’eau du puits en Samarie. Il s’agit surtout brûlure intérieure insoutenable, provoquée par le péché qui dessèche le cœur du pécheur et le rend dur comme pierre.

Le « J’ai soif » de Jésus exprime une souffrance intérieure immense qui le tourmente et l’habite plus que jamais : le salut de ses frères. La plus grande détresse de

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Jésus sur la croix a été celle de se rendre compte que son amour serait incompris et refusé par beaucoup et, qu’à cause de cela, certains s’excluraient de la rédemption, rendant inutile pour eux la Passion qu’il endurait. Pendant sa Passion, les soldats l’ont humilié, les passants l’injuriaient, les chefs des prêtres, les scribes et les anciens se moquaient de lui… Aujourd’hui, ces moqueurs sont encore là, soit pour tourner la foi en dérision, soit pour proposer le produit de leurs imaginations sur la vie de Jésus… Et pour d’autres, c’est soit l’indifférence ou l’opposition pour décourager ou anéantir toutes initiatives pour construire ou organiser autrement que sur des intérêts de quelques individus ou quelques minorités. Heureusement, il y a des centurions qui reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu, le Sauveur de l’humanité, celui qui vit et fait vivre par-delà la détresse. Jésus est la source de vie que le Père nous donne.

Sur la croix, Jésus fait sienne toutes les soifs qui nous détournent de Dieu et nous privent de l’unique soif qui peut faire de nous des vivants : la soif Dieu comme l’exprime le psalmiste : « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chère, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 62, 2). La soif de Jésus sur la croix est de même nature que celle qu’il éprouvait au puits de Jacob quand il demandait à la samaritaine : « Donne-moi à boire… » Que demandait-il alors, si ce n’était de pouvoir se révéler à cette femme comme le Sauveur du monde et la libérer de son péché en lui faisant le don de son amour. Comme a Samarie, Jésus a soif de ce qu’il veut donner aux hommes assoiffés : son amour. En somme, son « J’ai soif » est un cri adressé à l’homme : « Donne-moi ton cœur, donne-moi ta confiance, donne-moi à boire, que je puis répandre dans ton cœurs l’eau vive qui deviendra en toi source jaillissante en vie éternelle, qui fera de ton cœur de pierre le Cœur de Dieu pour tes frères ».

Accepterons-nous de lui donner notre cœur tel qu’il est pour qu’il le remplisse de son eau et le transforme en fontaine de vie ? Ou l’abreuverons-nous du vinaigre de notre suffisance et notre orgueil, du fiel de notre indifférence ? Accepterons-nous de laisser couler en nous cette eau vive qui nous purifie et nous guérit de toutes nous souillures ou fermerons-nous notre cœur à son immense amour ? Laissons-nous plutôt regarder jusqu’au fond de notre puits par Celui qui nous demande à boire. Offrons-lui notre cruche vide et plongeons-la avec audace et confiance dans la Source de son Cœur, puisant en lui l’eau vive qui purifie et fait renaître à l’espérance et à la vie, lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen

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Homélie du Jeudi Saint (Année A)

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 13, 1-15)

01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. 02 Au cours du repas, alors que le démon a déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l'intention de le livrer, 03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu, 04 se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu'il se noue à la ceinture ; 05 puis il verse de l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture. 06 Il arrive ainsi devant Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ! » 07 Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » 08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi. » 09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » 10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous. » 11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. » 12 Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? 13 Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et vous avez raison, car vraiment je le suis. 14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 15 C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Au cours de son dernier repas, le Seigneur pose deux gestes d’une extrême

importance : le lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie ; deux gestes qui en font un repas hautement symbolique, c’est-à-dire un repas particulièrement signifiant de l’amour qu’il a pour les siens. En accomplissant ces deux signes, Jésus indique le sens qu’il donne à sa mort et montre aux disciples comment ils auront à participer à sa mission. Il meurt comme le bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis et se fait « Agneau

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pascal » à manger pour qu’elles aient la vie en abondance.Par deux fois, après le lavement des pieds, et après s’être livré à eux dans

l’Eucharistie, Jésus invite ses disciples de faire ce qu’il a fait pour eux. Ils auront à donner leur vie en se faisant, comme lui, bons bergers et serviteurs des frères : « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi… Faites ceci en mémoire de moi ». Jésus unit ainsi, dans le même commandement, l’amour de Dieu et l’amour des frères. Il fait de l’Eucharistie le Sacrement de l’amour de Dieu pour l’homme comme il fait de l’amour fraternel le signe de l’amour de l’homme pour Dieu. Par là, l’Eucharistie se prolonge dans l’amour fraternel qui fait de nos vies une Eucharistie.

L’Eucharistie qui nous célébrons est le mémorial de l’amour jusqu’au bout de Dieu pour l’homme. Le rite de l’agneau pascal rappelait chaque aux Israélites l’amour divin dont ils avaient été les bénéficiaires lors de la délivrance de la servitude de l’Egypte et même actualisait cet amour. En donnant aux disciples son corps à manger et son sang à boire sous le signe du pain et du vin, Jésus a transformé le rite ancien de l’agneau pascal en un autre incomparablement plus élevé : le rite eucharistique destiné non seulement à rappeler aux chrétiens l’amour rédempteur du Christ, mais encore à l’actualiser dans toute la force du terme pour qu’ils puissent s’en approprier les fruits.

Dans les sacrifices que les Israélites faisaient, le sang était réservé à Dieu parce qu’il signifie la vie. Dieu en nous donnant son Fils en nourriture, il ne se réserve plus rien, il donne tout, le corps et le sang qui signifie la vie. En donnant son corps et son sang, Jésus se donne tout entier à ses disciples, dans son humanité et dans sa divinité. Ce don total, réalisé sur la croix et actualisé dans l’Eucharistie, est l’expression parfaite de l’amour jusqu’à l’extrême. Ici, Dieu ne nous donne pas seulement quelque chose de lui, il se donne entièrement, il se livre et s’abandonne à l’homme dans le don de l’amour, encore plus totalement que ne peuvent le faire ceux qui s’aiment de l’amour le plus fort et le plus tendre.

L’Eucharistie nous est donnée pour que nous puissions accueillir la vie même de Dieu et nous unir à lui, le servir et l’aimer en aimant nos frères et sœurs. Manger le Corps du Christ et boire son sang nous engage à donner notre vie pour nos frères et sœurs comme le bon Berger l’a fait pour nous, à les aimer comme il nous a aimés en devenant leurs serviteurs. L’Eucharistie nous communique l’amour du Seigneur et nous invite sans cesse à servir, à l’exemple du Maître.

Faire mémoire du Christ dans l’Eucharistie, c’est faire mémoire de lui dans les frères, puisque l’amour qui l’a poussé à se livrer dans l’Eucharistie est le même que celui qui l’a mis à genoux devant les disciples pour leur laver les pieds. Donner sa vie comme Jésus, c’est devenir serviteurs de nos frères et sœurs, les servir par amour et non par crainte ou par intérêt, prendre la dernière place et surtout l’accepter joyeusement. Servir par amour qu’importe que le service soit grand ou petit, remarqué ou ignoré, pourvu qu’il soit fait avec amour. L’amour jusqu’au bout, à la suite de Jésus, ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à mettre dans les menus services quotidiens, souvent inaperçus, autant d’amour que si l’on donnait sa vie. Jésus aime autant ses disciples en leur lavant les pieds qu’en mourant sur la croix. Les deux sont au service de l’homme et expriment le même amour sauveur.

Il n’est guère fréquent de répandre notre sang pour les frères ou de mourir à leur place, en revanche, il est quotidien de leur donner notre vie dans les humbles services de chaque jour, qui souvent nous coûtent beaucoup. L’Eucharistie nous offre un moyen extraordinaire de faire rayonner, d’actualiser et de concrétiser l’amour de Dieu pour le monde. Grâce à elle, nous pouvons introduire le monde et sa misère au Cœur aimant de Dieu, lui apporter les peines et ses joies pour qu’il les transforme par la puissance de son Esprit.

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Puissions-nous nous laisser pénétrer par la Vie du Christ en chaque fois que nous communions à son Corps et à son Sang. Que Jésus son communique son amour et nous apprenne à partager, à faire de notre vie une eucharistie où Dieu, à travers nous, fait rayonner son amour, sa paix et sa joie. Que le Corps et le Sang du Christ nous fortifie et nous donne le courage d’oser comme lui nous lever de table, quitter notre place, déposer notre manteau pour nous mettre à genoux devant nos frères et sœurs pour leur communiquer l’amour de Dieu, qui vit et règne maintenant et pour les siècles. Amen !

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Homélie du Jour de Pâques 2008 (Année A)

EVANGILE - Jn 20, 1-9 1 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. 2 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : "On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l'a mis." 3 Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. 4 Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. 5 En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas. 6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, 7 et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. 8 C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. 9 Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts

Bien chers frères et sœursEn célébrant chaque année la Pâques, nous revivons la Résurrection du Christ

comme quelque chose qui est arrivé et qui nous arrive encore. Car chacun d’entre nous a reçu le don de cette vie nouvelle, la faculté de l’accueillir, la grâce d’en vivre. C’est un don qui change radicalement notre attitude envers toutes choses, y compris la mort.

Nous sommes confrontés chaque jour à la présence de la mort ou des signes de déchéance comme la maladie, la dépression, la souffrance, l’angoisse, la solitude, la séparation… Et parfois, cela nous amène à plonger des occupations quotidiennes qui deviennent pour nous des moyens d’échapper, un temps soit peu, à la pensée ou à l’idée de la mort ou de la déchéance. Et même si nous nous laissons absorbés par cela, notre vie ne nous est pas rendue agréable. Il reste encore de l’amertume au point que certains se posent des questions sur le sens de la vie qu’ils trouvent absurde.

Avec la Résurrection du Christ d’entre les morts, nous sommes invités à comprendre que le sens de la vie est bien par-delà la mort, la déchéance et l’absurde. Nous avons alors à faire le cheminement dans la foi comme les disciples devant le tombeau vide. Jusqu’à cette expérience du tombeau vide, les disciples ne s’attendaient pas à la Résurrection de Jésus. Ils l’avaient vu mort, tout était donc fini... et, pourtant, ils ont quand même trouvé la force de courir jusqu’au tombeau...

Devant le tombeau ouvert, les disciples ne voient que le linceul et le linge qui avaient servi à recouvrir le corps de Jésus après sa mort. Devant ces deux linges sans le corps de Jésus, les disciples ont d’abord pensé à un enlèvement, comme Marie Madeleine elle-même leur avait dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ». Ensuite, devant l’absence du corps de Jésus, Jean fait le cheminement de la foi : « Il vu et il cru ». Qu’a-t-il vu d’autre que Pierre et Marie n’ont pas vu ? Rien au niveau sensible ; mais il a contemplé les évènements d’une autre manière. Pour Saint Jean, ces linges sont des pièces à conviction : ils prouvent que Jésus est désormais libéré de la mort, qu’il a échappé aux limites de ce monde clos ; il est entré tout entier, corps et âme dans la nouveauté et la liberté de l’Esprit.

Jésus est ressuscité, il est vivant. Et tous ceux qui le cherchent du côté de la

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mort ne le trouveront pas. Il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Par sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ a triomphé des pires chaînes, celles de la mort et de la haine. Baptisés au Jésus Mort et Ressuscité, nous avons été ensevelis avec le Christ dans la mort, mais avec lui, nous sommes appelés à passer de la mort à la vie. Le Christ ressuscité veut que la mort soit vie pour nous, que nos déchéances, nos souffrances, nos échecs, nos difficultés de la vie, même nos péchés deviennent des occasions de Réveil, de Vie nouvelle. Il ne s’agit donc pas de vivre une autre vie que la vie ordinaire, mais de vivre autrement la vie ordinaire : vivre autrement c’est-à-dire vivre en lui, et avec lui et par lui nos souffrances, nos morts... car vivant par-delà la mort, il est au milieu de nous, il vit avec nous.

Et c’est avec les yeux de la foi et à la lumière de la Parole de Dieu, Bonne Nouvelle pour nous, que nous pouvons discerner l’objectivité la présence du Christ Ressuscité au milieu de nous. Ce n’est qu’à la lumière de la Pâques du Seigneur dont témoignent les Apôtres, que nous découvrons la face cachée de nos histoires : Jésus est descendu dans chacune de nos morts, afin que « morts avec lui, notre vie reste cachée avec lui en Dieu ».

Avec la foi au Christ Ressuscité, nous pouvons mieux interpréter les évènements que nous vivons et y trouver le sens de notre vie. Même si jour après jour la mort semble triompher, nous le croyons : « nous sommes ressuscités avec le Christ » puisque nous vivons de sa vie. A travers ombre et lumière, nous attendons désormais le jour glorieux où « paraîtra le Christ notre vie ; alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine gloire ».

Même si nous n’arrivons à reconnaître cette réalité pascale dans nos vies, dans le quotidien ou dans l’immédiat, il est là proche de nous, avec nous, comme il a été avec ses disciples après sa Résurrection : à Marie Madeleine qui le prend pour le gardien du jardin, aux disciples d’Emmaüs qui le prend pour un simple compagnon de route et qui finissent par le reconnaître à la fraction du pain, aux disciples même quand ils étaient enfermés dans une maison. Le Christ Ressuscité est là et transforme discrètement nos lieux de mort, de souffrance, d’épreuve… en lieux de vie. Et avec nous, il veut continuer à transformer la mort en vie, la haine en pardon, la guerre en paix. Présent en nous, le Christ veut continuer à faire triompher l’amour et la vie.

Demandons-lui de répandre encore davantage le souffle de son Esprit de vie sur nous afin de nous donner la force de lire dans nos vies et dans la vie du monde tous les signes de la Résurrection, et la grâce de savoir vivre en hommes et femmes ressuscités, renouvelés et vivifiés avec Lui qui est vivant pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 3ème Dimanche de Pâques

EVANGILE - Luc 24, 13-35 Le troisième jour après la mort de Jésus,13 deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, 14 et ils parlaient de tout ce qui s'était passé. 15 Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui même s'approcha, et il marchait avec eux. 16 Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. 17 Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors ils s'arrêtèrent, tout tristes. 18 L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul, de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. » 19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. 20 Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié. 21 Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. 22 A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, 23 et elles n'ont pas trouvé le corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. 24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. » 25 Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! 26 Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » 27 Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait. 28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin. 29 Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. 30 Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. 31 Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. 32 Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre coeur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Ecritures ? » 33 A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : 34 « C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » 35 A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes liturgiques de ce dimanche nous invitent à méditer sur notre attitude

devant le mystère que représente d’une part, notre vie humaine avec ce qu’elle comporte comme incohérences, échecs, épreuves et souffrances, et d’autre part, sur notre vie de foi avec ses temps de doute, de déception, de tiédeur et d’incompréhension. C’est là que le Christ ressuscité nous rejoint et faite route avec nous. Ressuscité, le Christ est au milieu de nous. Il est avec nous, il est en nous par la grâce qui nous est donnée.

Les disciples de Jésus qui ont assisté de près ou de loin, à son arrestation, sa

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condamnation et sa mort sur la croix, étaient tous plongés dans la déception. Ils avaient reconnu en Jésus le prophète, le Messie, l’Envoyé de Dieu. Mais au pied de la croix, tout leur espoir est tombé. Voici déjà le 3ème jour de sa mort : quelques uns des disciples ont vu le tombeau vide, laissant croire que le Christ n’est pas resté prisonnier de la mort, mais pour d’autres, il n’y a plus rien à espérer.

Cléophas et un autre des disciples devaient être de ce bord-là. Le Prophète qu’ils suivaient étant mort, il n’y a plus grand-chose à faire à Jérusalem. Il faut retourner à leur vie ordinaire et tout recommencer. Ils font les kilomètres pour rejoindre leur Emmaüs, leur village, tout en faisant une relecture des évènements passés dont ils en ressentent une profonde tristesse. Ils ont été tellement marqués par ces évènements car ils avaient mis tout leur espoir en Jésus, et ils se retrouvent alors plongés dans le désespoir, dans la tristesse de l’échec.

C’est alors que Jésus prend l’initiative de venir à les rejoindre pour leur donner la lumière sur ce qui venait de se passer et les amener à lire les faits non pas selon leur entendement, mais selon le mystère de l’amour de Dieu. « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ». Ceci pour dire que les évènements de la vie de Jésus « accomplissent les Ecritures » : sa vie tout entière est révélation en actes de l’amour de Dieu, quelles que soient les circonstances, y compris la persécution, la haine, la condamnation et la mort. Sa Résurrection viendra alors comme pour authentifier cette révélation que l’amour de Dieu est plus fort que la mort.

Le Christ ressuscité faisait route avec les disciples d’Emmaüs, mais eux ne le savaient, préoccupés qu’ils étaient de ce qui faisait leur déception. Cependant, ils ont accompli un geste amical qui finalement les a amenés à reconnaître celui qui faisait route avec eux. Quand ils ont cessé de penser à leur propre sort pour se préoccuper de celui de était leur ‘Compagnon’ de route, c’est en ce moment-là qu’ils ont été conduits à la rencontre de Ressuscité. Ils n’ont pas vu le Christ qui faisant route avec eux, mais ils l’ont reconnu dans le geste familier de l’accueil et du partage.

La route de disciples d’Emmaüs est bien l’image de celle de tous les croyants. Nous faisons nous-aussi cette expérience douloureuse de la désillusion de la foi lorsque l’espérance placée en un Dieu qui paraît terriblement absent s’étiole et disparaît au moment où l’épreuve traverse notre vie. Nous sommes parfois tentés de fuir les autres, et même notre communauté chrétienne, parce qu’ils ne comprennent pas ce que nous vivons, ou nous propose des réponses sans en donner les preuves. L’on en vient à s’éloigner de l’Eglise, et même à la quitter.

Mais le Christ ressuscité nous rejoint, chacun sur son chemin d’Emmaüs, sur nos lieux de souffrance, d’épreuve et d’échec. Il est là quand bien même nos regards sont dirigés ailleurs ; il nous rejoint même si nous le renions, même si nous restons indifférents ou insensibles à sa présence. Il nous donne la lumière sur le sens de nos vies, et nous apporte la réponse à nos interrogations. Le sens de notre vie est en Dieu qui risque sa propre vie à cause de son grand amour pour nous. Le sens de notre vie n’est pas dans ce que nous croyons et voulons vivre en réponse à notre quête de bonheur et de liberté, mais dans le risque du grand amour à la suite du Ressuscité, c’est-à-dire dans l’accueil, le partage et la communion avec les nos frères et sœurs.

Risquons l’ouverture de nos portes, même quand tout va mal pour nous, pour accueillir l’autre qui vient : il est signe de présence de Dieu dont la parole nous réchauffe le cœur. Risquons le pas avec les autres, même au cœur de leur souffrance, c’est là que nous reconnaîtrons le Christ qui partage nos vies, nos misères, mais pour nous donner de participer à sa Vie divine. Risquons notre présence dans les activités, les joies et les peines en communauté, c’est là le lieu indispensable où l’on fait l’expérience de la richesse de la foi partagée, et où l’on retrouve à la fois le réconfort dans le partage

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fraternel en Jésus-Christ et la force nécessaire pour témoigner de l’amour de Dieu.Temps de doute, lieu d’échec, de désolation… nos chemins d’Emmaüs sont

aussi route d’espérance et de foi retrouvées, route de vie nouvelle… Le Christ ressuscité nous donne un nouveau souffle de vie. Tournons-nous vers le Seigneur et prions-le en nous inspirant des paroles des disciples d’Emmaüs : « Manifeste-toi, redonne-nous de l’assurance, car la nuit du doute étend son ombre. Viens encore embraser nos cœurs lents à croire, en nous expliquant, dans toute l’Ecriture, ce qui te concerne. Ouvre nos yeux à la fraction du pain que nous puissions te reconnaître. Nous pourrons alors, nous aussi, nous lever et reprendre joyeusement notre route, vivant pendant notre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu, et annonçant à nos frères l’amour dont tu nous as aimés », Toi qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème dimanche du Temps Pascal (Année A)

EVANGILE - Jn 10, 1-10

Jésus parlait ainsi aux pharisiens : 1 « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. 2 Celui qui entre par la porte, c'est lui le pasteur, le berger des brebis. 3 Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. 4 Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent car elles connaissent sa voix. 5 Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s'enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. » 6 Jésus employa cette parabole en s'adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu'il voulait leur dire 7 C'est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis. 8 Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits : mais les brebis ne les ont pas écoutés. 9 Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. 10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous célébrons aujourd’hui, le dimanche du Bon Pasteur comme le l’Evangile nous

le décrit. A cette occasion, nous sommes invités à prier pour les vocations, pour que Dieu trouve des pasteurs selon son cœur à son troupeau que sont les membres de l’Eglise. Le Christ Jésus, reprend l’image du bon berger pour nous révéler à la fois son identité et le sens de sa mission : « Moi, je suis venu dans le monde pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance ». Maître de la vie, il a le pouvoir de donner la vie, et même donner sa vie pour que ses brebis vivent et pour les arracher du pouvoir des mauvais bergers.

Jésus, prend soin de nous ses brebis. Il nous protège car il nous nous aime. Il nous aime tellement qu’il va à la recherche de celui qui s’égare, préférant même mourir à sa place plutôt que de le laisser manger par des loups. Il nous connaît et nous appelle chacun par son nom : ce qui veut dire qu’il rentre en relation personnelle et affectueuse avec tout homme. Chaque personne est unique pour lui et vaut toutes les autres à tel point que, que pour une brebis égarée, il prend le risque de laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue. A ses yeux, chacun a autant de pris que l’humanité entière. Pour le bon Berger qu’est le Christ, chacun de nous est l’unique, le plus beau, le meilleur.

Si le Bon Pasteur peut conduire ses brebis hors de la bergerie, c’est-à-dire vers les pâturages, c’est que lui-même y est entré et sort avec elles. Le Christ peut nous conduire vers la Vie éternelle parce qu’il est « entré » lui-même en notre humanité et la divinise, lui-même, par sa Pâque et sa Résurrection. Et il n’est pas d’autre chemin que Lui pour nous joindre à son Père. Il est le Chemin, la Vérité, la Vie. Toutes les autres portes, toutes les autres possibilités sont des chemins d’égarement. Lui seul peut donner la Vie, sa Vie divine, en abondance, en surabondance infinie.

Le Christ est le seul épanouissement possible de notre vie car il est le seul à

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nous donner la plénitude de la Vie Divine. C’est Lui qui donne accès à la liberté. Il n’est pas une porte qui isole, se referme et qui enferme. Avec lui et à sa suite, chacun pourra aller et venir. Il trouvera un pâturage... Mais la question centrale est de se situer par rapport à Jésus. Sommes-nous convaincus qu’il n’y a pas d’autre guide, d’autre passage possible que le Christ ? Il n’y a qu’une vérité, c’est lui-même. Toutes les autres n’existent et n’ont de valeur que dans la mesure où elles y conduisent, dans la mesure où elles viennent de lui. Ouvrons les oreilles de nos cœurs : ils reconnaîtront la voix du vrai berger, celui qui fait entrer dans les verts pâturages où nous attend le Père.

Jésus nous dit que les brebis suivent le berger parce qu’elles connaissent sa voix : derrière cette image pastorale, on peut lire une réalité de la vie de foi ; nos contemporains ne suivront pas le Christ, ne seront pas ses disciples si nous ne faisons pas résonner la voix du Christ, si nous ne faisons pas connaître la Parole de Dieu. Voici une fois de plus un appel qui nous invite à faire entendre par tous les moyens « le son de sa voix ».

Car, il faut bien le reconnaître, l’œuvre de transformation de l’humanité tout entière n’est pas terminée ! Nous avons entendu la voix du Christ parce qu’elle nous a été communiquée depuis des générations passées jusqu’à nous jours. A notre tour, nous devons prendre sa suite pour, avec lui, continuer l’œuvre du salut de l’humanité. Et pour cette mission, personne n’est en reste. Il n’y a pas que les prêtres, diacres, religieux et religieuses, et ceux qui sont engagés dans la pastorale. Il n’y a pas que les missionnaires, il n’y a pas que les bras valides et ceux qui ont la vigueur de la jeunesse. Tout le monde est concerné et doit s’y impliquer. Il est vrai que tout le monde ne peut pas accomplir les mêmes actes, mais chacun y participe à sa manière, selon ses forces, capacités et intelligences, selon son temps et son âge.

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus voulait de tout cœur être missionnaire, mais elle ne pouvait pas sortir du cloître du carmel de Lisieux. Elle a compris qu’elle pouvait néanmoins être missionnaire en soutenant le travail des missionnaires, par la prière à leur intention, et en acceptant des sacrifices pour eux. C’est ainsi qu’elle est devenue la Patronne des missions. Même si le poids de l’âge fait que certains ne peuvent plus accomplir certaines tâches dans l’Eglise, ils peuvent toujours être missionnaires en priant chaque jour pour tous ceux qui sont engagés dans le cœur du feu de l’annonce de l’Evangile. Leurs prières ont un soutien discret mais efficace pour eux.

Nous avons plus que jamais besoin d’être témoins de l’amour de Dieu qui continue à donner sa vie aux hommes, veut mettre les hommes eux-mêmes à contribution de leur propre salut. Prions donc les uns pour les autres : pour nous qui croyons au Dieu d’amour pour que notre foi ne défaille pas malgré les épreuves de la vie ; prions pour ce qui sont découragés, ne croient pas ou ne veulent plus ou pas croire pour que l’Esprit du Seigneur leur fasse entendre la voix du Bon Berger qui les appelle à lui ; prions pour ceux qui veulent s’engager dans un état de vie, dans un des multiples services de l’Eglise, pour que Dieu leur donne force et courage dans leur engagement ; prions enfin que Dieu nous garde tous uni dans la foi en lui qui nous aime de tout son cœur, lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 5ème Dimanche du Temps Pascal (Année A)

EVANGILE - Jn 14, 1-12

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 1 "Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. 2 Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? 3 Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. 4 Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin." 5 Thomas lui dit : "Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ?" 6 Jésus lui répond : "Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. 7 Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu." 8 Philippe lui dit : "Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit." 9 Jésus lui répond : "Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père. 10 Comment peux-tu dire : "Montre-nous le Père " ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis je ne les dis pas de moi-même ; mais c'est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres. 11 Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père".

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Les textes liturgiques de ce 5ème Dimanche de Pâques nous invite à garder nos vies orientées vers le Christ, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, lui la Pierre solide de fondation sur qui nous devons nous appuyer si nous volons construire des communautés chrétiennes solides.

Les disciples qui étaient dans l’angoisse à l’idée que le Jésus allait les quitter, ont voulu savoir comment faire pour le rejoindre et être avec lui. Jésus veux alors les rassurer en les exhortant de ne pas se laisser bouleverser : « Je reviendrai vous prendre avec moi… Là ou je suis, là aussi vous serez ». Et pour les rassurer, il leur fait cette déclaration : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». A nous aussi qui cherchons nos chemins de réalisation parfois avec des sentiments et des impressions confus, comme dans les ténèbres, il nous dit : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». En effet, dès notre naissance, nous sommes mis en chemin vers la vie et vers Dieu. Les années passent très vite et le chemin de la vie tout comme celui de la vérité n’est pas toujours évident. Et pourtant, le phare pour nous éclairer est là. Il suffit de garder les yeux toujours fixés sur Jésus. Le Christ ressuscité est pour les croyants ce roc sur lequel ils peuvent s’appuyer dans les moments de doutes, d’épreuves. Il est le chemin qui nous conduit vers le Père. Il désire que chacun de nous puisse parvenir à la maison du Père, que chacun de nous le retrouve là où il nous précède, et occupe sa place dans sa famille, la famille de Dieu.

Le chemin par lequel il nous conduit, c’est celui de l’amour. Aimer Dieu et

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aimer les hommes nos frères et sœurs en Dieu, c’est là le chemin véritable. Se mettre au service les uns les autres, partagez nos moments de vie, nos peines et nos joies, c’est là le chemin du vrai bonheur. Donner sa vie pour ses amis, prendre le temps ou accepter perdre le temps pour s’occuper d’eux, c’est là le chemin de la vie véritable. Le Christ nous l’a recommandé en nous disant : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », et nous a montré le chemin en partageant notre condition humaine et en donnant sa vie pour nous sauver.

La foi au Christ mort et ressuscité est vie pour nous d’une part, en tant qu’elle nous révèle la vérité de l’Amour du Père pour le Fils et en lui pour chacun de nous et d’autre part, en tant qu’elle est chemin d’accès à cet Amour inépuisable. Il est la « Pierre Angulaire » parce qu’il est lui-même l’Amour de Père pour les hommes. Le suivre, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, c’est accepter son amour pour nous et vouloir en vivre nous aussi. C’est ainsi que nous devenons à notre tour, pierre de construction, pierre vivante de l’amour de Dieu pour nous frères et sœurs.

Cependant, nous ne pourrons être des pierres vivantes de l’Eglise que si notre être de chrétien puise à cette source intarissable de l’Amour du Père à travers notre foi en Christ mort et ressuscité, source à laquelle nous avons eu accès le jour de notre baptême. Par son incorporation au Christ le jour de son baptême, le chrétien devient une « pierre vivante » au service de la construction de l’édifice spirituel qu’est l’Eglise le Corps du Christ. Tout au long de son existence, il est amené à concrétiser cela par l’offrande de tout ce qu’il vit, particulièrement des moments douloureux et pénibles.

Beaucoup de chrétiens aujourd’hui ne se sentent plus vraiment « pierre vivante » de l’Eglise. Ils ont besoin de revenir à cet aspect essentiel de leur vocation baptismale. Ils ont besoin de redécouvrir le Christ comme la pierre angulaire de l’édifice de toute leur existence chrétienne et à travers elle de l’Eglise toute-entière. Il est important d’amener chaque baptisé à s’appuyer dans la foi sur le Christ mort et ressuscité et à travers cela à prendre conscience qu’il participe à la construction de l’Eglise si tout ce qu’il vit dans sa prière, dans ses joies, dans ses souffrances et ses peines, dans son engagement généreux au service de tous, repose sur le Christ et à travers lui s’enracine dans l’Amour du Père.

Seigneur Jésus, par toi nous avons la vie ; avec toi et dans le service des autres, nous avons le bonheur de vivre. Seigneur, aide-nous à reconnaître que tu es notre seule voie, notre seule vérité, notre seule vie. Donne-nous de savoir emprunter chaque jour le chemin de l’amour et construire avec l’apport de chacun de nous, une communauté vivante qui témoigne de sa foi en ton amour, et qui transforme nos vies les uns avec et pour les autres selon ton amour, toi qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 6ème Dimanche du Temps Pascal (Année A)

EVANGILE - Jn 14, 15-21

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 15 « Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. 16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : 17 c'est l'Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous, et qu'il est en vous. 18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. 19 D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. 20 En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. 21 Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes de ce dimanches nous rappelle ce qui doit est la raison d’être de toute

vie chrétienne. « Vous devez être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ». Si nous sommes baptisés, si nous croyons en Dieu, nous devons être à mesure de témoigner de cela.

La vie chrétienne nous a permis d’embrasser la foi en Dieu, et surtout de sentir comment Dieu nous aime, nous comble de son amour. Dans notre vie ordinaire, nous faisons l’expérience de Dieu qui se rend présent à nous et qui intervient dans nos vies. Il y a des moments de joie et de bonheur que nous vivons en famille, au service, en communauté : ces moments sont pour nous des temps de grâce que Dieu nous accorde dans son immense amour pour nous. Mais il nous arrive aussi de traverser des moments de peines, de souffrance et de détresse, quand des évènements viennent nous frapper subitement, ou pas. Ce sont des moments très sombres de la vie : temps de maladie, de deuil, de séparation, d’échec…

Toutefois, dans le Christ ressuscité qui a vécu lui aussi des moments de peine, dans son arrestation, sa condamnation et sa mise à mort, nous comprenons que la mort, la douleur, la souffrance, la détresse, n’ont jamais le dernier mot. Même quand tout semble fini, il y a toujours la vie, il y a toujours une renaissance, il y a toujours la résurrection qui transforme nos peines en grâce. Cette foi et cette espérance en Résurrection du Christ nous sont une source de réconfort, d’énergie et de dynamisme. Nous continuons notre route malgré les épreuves, malgré la souffrance, et bien plus, ces moments difficiles nous rapprochent davantage de Dieu en qui nous trouvons paix et joie.

Pendant ce temps, nous avons souvent, pas très loin de nous, des frères, des amis, des connaissances, et bien d’autres personnes connues ou inconnues qui n’arrivent pas à faire face aux épreuves de la vie. Ils sont parfois écrasés par leurs situations de détresse au point que la vie perde toute sa raison d’être. A toutes ces personnes et à toutes celles qui, nous voyant vivre toujours heureux et sereins face aux évènements qui nous arrivent, se demanderont immanquablement d’où nous vient notre espérance indestructible, nous avons la mission de leur témoigner de notre foi et de notre espérance.

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Notre espérance repose sur le Christ qui a vaincu la haine, qui a détruit tout ce qui est germe de mort pour libérer les hommes, particulièrement ceux qui croient en lui. Nous croyons que, par le Christ, mort et ressuscité, la vie est plus forte que la mort : c’est cela l’espérance des chrétiens ; celle dont Pierre dit que nous devons pouvoir en rendre compte à tout moment ; le Christ avait bien dit à ses Apôtres : « Confiance, j’ai vaincu le monde ». Le témoignage que le monde attend de nous, c’est : le mal n’est pas une fatalité ; le monde attend de nous que nous ne baissions jamais les bras devant le mal, la haine, la violence.

C’est peut-être dans ce sens-là que nous pouvons comprendre la phrase de Jésus : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16). Ce témoignage n’est pas fanfaronnade : « faites-le avec douceur et respect », comme dit Pierre. Cette douceur et ce respect qui ne doivent pas nous quitter peuvent nous faire comprendre la phrase suivante : « ayez une conscience droite pour faire honte à vos adversaires ... » « Faire honte » : ce dont il s’agit ici, c’est de donner un tel témoignage de foi, d’espérance et d’amour mutuel, que d’autres soient amenés à remettre en question non seulement, leurs façons de vivre, de voir le monde, mais aussi les critiques et les attaques qui nous lancent. Peut-être alors s’ouvriront-ils à la conversion pour se joindre à nous dans la même espérance.

Jésus veut fortifier ses disciples. Il veut les aider à croire que la contagion de l’amour gagnera peu à peu, et qu’il leur est possible de transformer l’esprit du monde en esprit d’amour. En quelque sorte, la mission qu’il nous donne, c’est une évangélisation par contamination, de proche en proche. Pour ce faire, il nous garantit de l’assistance permanente de l’Esprit, notre Défenseur, notre Protecteur, note Avocat. Demandons à Dieu la grâce de nous laisser rejoindre par la force de son Esprit qui nous donne la vie, et redonne sens à nos vies. Nous pourrons alors être de véritables témoins de l’espérance et de l’amour dont Dieu aime tous les hommes, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 7ème dimanche de Pâques

EVANGILE - Jn 17, 1b-11a

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, 1 les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. 2 Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. 3 Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. 4 Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'oeuvre que tu m'avais confiée. 5 Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde. 6 J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. 7 Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, 8 car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé. 9 Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, 10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux. 11 Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Notre Seigneur Jésus s’est élevé dans la gloire auprès du Père. Ses disciples l’ont

vu s’élever dans le Ciel. Il a disparu de leurs yeux, mais il ne les abandonne pas. Il s’en va leur préparer une place, mais en attendant, il les charge de faire connaître sa Gloire dans le monde sans se laisser prendre par le monde.

Dans la prière que Jésus fait au Père, au moment d’entrée dans sa passion, il livre au Père son désir en ce qui concerne ses disciples, et ceux qui croiront à son Nom : « Père, glorifie ton Fils… Comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent ». Jésus exprime son désir de conduire ceux qui le suivent à la vie éternelle. Mais cette vie éternelle n’est pas à chercher seulement après la mort, car elle commence dès notre existence ici-bas sur la terre, avec la connaissance de Dieu. Pour ceux qui s’engagent dans la connaissance de Dieu, la vie éternelle leur est déjà accordée.

Grâce à l’Incarnation et à la vie de Jésus sur terre, les hommes ont appris à connaître Dieu, et à l’aimer. Et lorsqu’il retourne dans la Gloire du Père, Jésus donne l’assurance à ses disciples qu’il va les introduire dans la plénitude de la vie. Il prie ainsi son Père : « Père, ce que tu m’as donné, je veux qu’ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la Gloire qui est la mienne et que tu m’as donnée ». C’est ici que l’intention de Jésus apparaît avec clarté : partager sa vie divine avec les hommes, afin que tous soient avec lui.

De condition divine, il embrasse notre condition humaine pour partager notre vie avec ses peines et ses joies. En retour, il veut nous amener à partager nous aussi sa condition divine : « Je veux qu’ils soient eux aussi avec moi ». Nous avons ici un bel exemple de solidarité de Jésus avec les hommes. Nul ne peut vivre de solitude pour s’épanouir. Il doit naître de l’autre, naître par l’autre dans le même temps qu’il donne à l’autre une véritable naissance quotidienne. L’échange, le don et le partage créent la vie,

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comme elle est engendrée dans l’échange unique du Père, du Fils et de l’Esprit.Nul ne peut vivre heureux tout seul. Le plus grand bonheur, c’est de faire en

sorte ceux que je connaisse, que je côtoie, et ceux qui viennent à moi, puissent bénéficier de mon temps, de mon service, de mes connaissances, de mes qualités, de mes biens… pour être heureux et même plus heureux que moi, pour s’épanouir, et retrouver la joie de vivre. C’est là notre mission, nous qui sommes dans le monde mais pas du monde. Nous qui connaissons Dieu, nous qui avons tout le bonheur de connaître Dieu, nous avons à partager cette connaissance avec tous les hommes pour qu’ils se mettent tous sur le chemin de la vie éternelle.

Nous ne sommes pas du monde, parce que nous avons eu le privilège de connaître Dieu et de vivre déjà le ciel même dans notre condition charnelle : par nos pensées, nos désirs, nos affections, nos prières de louange et d’intercession. Nous sommes dans le monde parce que nous avons les mêmes occupations et préoccupations du monde, mais nous avons la grâce de pouvoir les vivre avec le Christ et en Dieu.

Les hommes de ce monde mènent une vie qui dépend de ce monde. Leur bonheur dépend des choses de ce monde. Ils recherchent les honneurs et les consolations de ce monde, et ils n’admettent pas qu’il puisse exister d’autres manières de voir, de vivre, de penser, d’être, de s’épanouir que celles de ce monde. Leurs projets, leurs désirs, leurs biens, et leur bonheur sont périssables. C’est avec tous ces hommes et femmes du monde, qui sont nos frères et sœurs que nous devons partager la connaissance de Dieu qui procure la vie au-delà de tout ce qui est périssable.

Demandons au Seigneur la grâce d’accueillir son Esprit Saint qui saura nous inspirer les actes qui nous rapprochent des nous frères et sœurs du monde, et partager avec eux, le bonheur de connaitre Dieu. Par son Fils Jésus, Dieu veut donner à tout le monde de partager sa Gloire. Puissions-nous travailler pour que la Gloire de Dieu se répande dans tous les cœurs et dans le monde entier, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité de la Sainte Trinité (Année A)

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT Jean 3, 16-18

16 Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. 17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. 18 Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Solennité de la Sainte Trinité nous donne l’occasion de

méditer sur le désire de Dieu pour tous les hommes : les rassembler dans leurs diversité et leurs différences pour en faire un seul peuple, une seule famille dont les membres vivent dans un véritable amour les uns avec les autres.

Dans le mystère de la Sainte Trinité, nous reconnaissons que Dieu, tout unique qu’il soit, est une famille de Trois Personnes : Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit, qui vivent dans un amour indéfectible, dans la grâce (don, gratuité) inépuisable, et dans une communion parfaite. Les Trois personnes en Dieu vivent toutes unies dans la gratuité de l’amour. Les Trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit forment une communauté d’amour. La Sainte Trinité constitue un foyer d’amour. Dieu est amour, un amour vécu en communion à Trois, un amour vécu en famille.

Toutefois, Dieu qui est tout Amour, agit par amour et partage cet amour : « Dieu a tant a aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Le projet de Dieu c'est que l'humanité tout entière soit réunie en Jésus et vive de sa vie qui est l'entrée dans la communion d'amour de la Trinité. Le désir de Dieu pour l’humanité, c’est de faire des hommes ses enfants pour qu’ils vivent de sa vie. Dieu nous a tout donné : son Fils unique et son Esprit de vérité. Il nous réserve sa gloire et veut nous donner de vivre de sa vie, la vie trinitaire : la communion dans l’amour véritable qui est gratuit.

Le jour de notre baptême, la vie divine nous a été donnée. Nous avons été introduits dans la communion des enfants de Dieu, sauvés par le Christ. Nous avons été rendus capables d’aimer comme le Christ, de vivre en frères et sœurs, en fils et filles de Dieu, cherchant à demeurer dans, l’unité, la paix, la justice et l’amour les uns avec les autres. Dieu voudrait que nous devenions ses véritables enfants qui s’aiment, vivent unis ensemble, et ne forme qu’une seule famille.

Dieu nous a révélé le mystère de sa famille, de sa vie trinitaire, en descendant vivre parmi nous, à travers l’incarnation. Vivre en enfants de Dieu, constituer la famille des enfants de Dieu demande que nous chassions aussi aller à la rencontre de l’autre, à la rencontre des autres, nos frères et sœurs, au-delà, de nos diversités, de nos différences, de nos origines, des conditions de vie, de nos milieux de vie sociale… La vie d’amour en Dieu éclaire notre condition humaine : l’homme ne peut exister que s’il est en relation avec les autres et cette relation est constituée par l’amour. C’est là le sens nouveau du commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». On ne peut ni aimer ni s’aimer si on est seul. La solitude n’engendre aucun amour et l’amour du seul soi-même n’est qu’une sorte de narcissisme. Parce qu’il naît d’échange et de don,

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l’amour est nécessairement communion intime de plusieurs personnes.Pour ce faire, nous avons à convertir notre sur l’amour et notre façon d’aimer,

car nous sommes rendus capables d’aimer comme Dieu, d’aimer de l’amour dont Dieu aime. D’un amour qui se donne sans rien retenir. D’un amour qui est l’exact contraire de la fusion, où l’un se perd dans l’autre, car il est ouverture totale de soi à l’autre. Laisser l’autre disposer de soi et demeurer en soi.. Être tous ensemble un comme Dieu est un.

C’est Jésus qui nous celui qui nous a révélé l’amour de Dieu pour nous. Tournons-nous vers lui pour que son Esprit nous inspire des comportements de frères et sœurs, de fils et filles de Dieu, et savoir traduire l’amour que nous avons reçu de lui, par des gestes attentifs d’amour à l’égard des uns les autres, en des moments de rencontre, de présence et d’échange fraternels et conviviaux. L’amitié, l’amour conjugal, l’amour parental, filial ou fraternel sont des expressions de l’amour trinitaire, leur seule source.

Puisse l’Eucharistie, signe de l’amour de Christ qui se donne à nous ses frères et sœurs, nous donner de savoir reconnaître l’amour dont nous sommes aimés afin de mieux vivre l’amour auquel nous sommes tous appelés, quotidiennement dès maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité du Très Saint Sacrement (Année A)

EVANGILE- Jean 6, 51-58

Après avoir multiplié les pains, Jésus disait à la foule : 51 « Moi, Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » 52 les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il donner sa chair à manger ? » 53 Jésus leur dit alors :« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 55 En effet, ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. 57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. 58 Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Solennité du Saint Sacrement nous donne l’occasion de raviver

en nous le Mystère de la présence de notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie que nous vivons chaque jour ou de façon particulière chaque dimanche.

Dans le livre du Deutéronome, le peuple d’Israël est invité à reconnaître, dans son expérience du désert, la présence du Seigneur qui marchait avec lui, qui l’a nourri, lui a donné de l’eau, l’a soutenu et protégé. Dieu était et est toujours à ses côtés au travers des épreuves et des souffrances de son quotidien, et il le soutient en venant à l’encontre de ses nécessités et en lui donnant un aliment spirituel (la manne qui vient du ciel) pour le fortifier et l’aider à continuer sa marche.

Et depuis la venue du Verbe de Dieu fait chair, ce n’est plus seulement un aliment spirituel que Dieu donne à ses enfants pour les soutenir sur la route de leur existence : c’est Dieu lui-même qui se donne en nourriture. En nous unissant au Fils par la foi lorsque nous communions à l’Eucharistie, nous accueillons au sein de notre mortalité, sa propre Vie divine immortelle, en vertu de laquelle nous vivons dès à présent en lui et ressusciterons au dernier jour : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ».

La fête du Corps et du Sang du Christ nous rappelle également que Jésus nous propose tout simplement d’habiter en nous. Dans chaque église, le Tabernacle et la lampe qui brille, marquent cette présence du Christ à nos côtés. Lorsque nous nous réunissons pour prier ou pour célébrer l’Eucharistie, Jésus est là au milieu de nous, et en nous. A chaque fois que nous recevons son Corps, il vient demeurer en nous au point que notre être tout entier, notre personne devient le tabernacle de Dieu. Notre chair périssable, vulnérable et mortelle, devient le lieu de sa présence éternelle. En ce Tabernacle que nous sommes, le Christ est présent avec toute sa puissance de vie et d’amour.

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La conséquence en est que le Christ demeure en nous réellement, aussi réellement qu’il était présent en Marie, au milieu de ses disciples et au cœur de la vie de chaque apôtre. Présence différente certes, mais tout aussi intense et plénière, si bien que partout où nous sommes, Dieu est présent. Tabernacle de Dieu, Temple de Dieu, nous portons Dieu en nous et nous le communiquons à ceux que nous rencontrons. Ceci implique alors que nous prenions une conscience plus vive de cette présence du Christ dans nos cœurs, dans nos vies… Partout où nous nous trouvons, nous rendons Dieu présent à ceux qui nous entourent.

Nous sommes alors invités à avoir une attention constante à cette présence divine en nous. Ne nous laissons pas encombrer par les multiples idoles du bien-être matériel, de la réussite personnelle, du travail, des loisirs, des soucis de toutes sortes qui ne visent qu’à la promotion humaine et à la satisfaction de nos égoïsmes. Il faut nous approcher pour l’accueillir et le recevoir comme source de réconfort, de soutien, de transformation et de renouvellement de nos vies.

Nous sommes précieux aux yeux de Dieu qui a choisi de demeurer en nous. En étant attentifs à sa présence au fond de nos cœurs et au cœur même de nos vies, nous grandissons dans la certitude de l’amour de Dieu pour nous et dans la conviction que tout homme est important et précieux pour Dieu, quelles que soient ses limites et ses faiblesses.

Le Sacrement du Corps et du Sang du Christ nous révèle aussi l’amour de Dieu et sa solidarité pour nous les hommes. Pour nous témoigner de son amour et nous sauver du péché, Dieu a choisi de nous rejoindre dans notre vie avec ses joies et ses peines. Il s’est fait proche de nous jusqu’à devenir un de nous.

Solidaire de l’homme, le Christ nous communique son amour et nous pousse à être signes de sa présence fidèle et aimante au monde. En communiant au Corps du Christ, nous sommes appelés à être comme lui, avec lui et lui, solidaires de Dieu et des hommes. Notre cœur devient le lieu de la rencontre avec Dieu, lieu de communion avec nos frères. En somme, l’Eucharistie nous communique l’amour du Christ, qui nous envoie vers nos frères et sœurs. Le pain de vie que nous recevons devient alors pour nous la source où nous puisons la force d’aimer et de donner notre vie.

L’Eucharistie nous offre le moyen de faire rayonner, d’actualiser et de concrétiser l’amour de Dieu pour le monde. Grâce à elle, nous pouvons introduire le monde, ses peines et ses joies à Dieu pour qu’il les transforme par la puissance de son Esprit. En participant à l’Eucharistie, nous mettons l’amour de Dieu au cœur du monde, et déposons le monde au cœur de Dieu. En communiant, nous faisons l’expérience de l’amour et nous apprenons à aimer comme Dieu nous a aimés.

L’amour pousse à la ressemblance… « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi… » (Jn 13, 15). A chaque fois que nous participons à l’Eucharistie, nous sommes conduits à nous rendre solidaires de celui qui est victime du mal quelle que soit l’origine de sa détresse : spirituelle, humaine, affective, physique, morale… afin de lui témoigner de la compassion même de Dieu, de lui porter secours et de travailler, dans la mesure de nos possibilités, à sa guérison, à son salut et à sa libération, et d’être ainsi pour lui signe de l’amour fidèle de Dieu.

Voici la mission que le Christ nous confie dans l’Eucharistie. Interrogeons-nous comment nous préparons, participons, vivons et prolongeons l’Eucharistie dans nos vies. Demandons-nous aussi si nous sommes par notre vie et notre comportement, des signes de la présence aimante de Dieu. Le Christ se donne à nous, accueillons-le pour qu’il nous unisse à lui, qu’il nous donne de vivre en lui, et d’être pour nos frères et sœurs non seulement signes de son amour, mais aussi nourriture qui leur redonne vie en

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Dieu qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 9ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Jn 14, 15-21

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne, il leur disait : 21 « Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. 22 En ce jour-là, beaucoup me diront : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? 13 Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus. Ecartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! 24 Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. 25 La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. 26 Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Quel doit être fondement de notre vie ? Sur quoi doit-elle reposer ? Qu’est-ce qui

peut donner sens à nos vies ? Comment faire pour bien vivre dans le bonheur ? Autant de questions légitimes que nous nous posons pour peu que nous osions regarder en face la réalité de notre existence.

Nous trouvons quelques éléments de réponses dans les lectures de ce dimanche, notamment dans le passage de l’Evangile où le Christ nous parle par le moyen d’une image de d’homme sensé qui construit sa maison sur le roc. Pour ceux qui sont des habitués de la construction, une maison ne peut résister aux intempéries que si elle est posée sur des fondations solides. Et même quand on construit au bord de la mer, on creuse en profondeur pour poser les fondations. On ne construit directement sur le sable.

Construire sa maison sur le sable signifie mettre son espérance, ses certitudes dans des choses instables et aléatoires qui ne résistent pas à l'épreuve du temps et au revers de fortune. Ce sont l'argent, le succès, et même la santé. Nous le voyons tous les jours : il suffit d'un rien pour que tout s'écroule.

En ces temps où nous sommes, nous avons sept jours dans la semaine, répartis en temps de vie de travail ou de vie professionnelle, temps de repos ou de vie familiale, et d’autres ajoutent, un temps de sport, de loisir, de vacances… Et dans toute cette organisation de la vie, on oublie facilement la part de Dieu, le temps de prière ou de rencontre avec Dieu… Dieu n’a plus de place … On n’a plus le temps pour Dieu, à force de consacrer beaucoup de temps pour nos propres affaires, pour le travail, pour les courses, pour le loisir… Et quand vient le temps de l’épreuve, de la souffrance, du deuil, de la maladie, on se retrouve alors sans appui, sans référence ni repère… On se retrouve dans une situation où rien ne semble plus tenir, où tout semble s’écrouler… Et parfois, la détresse est tellement profonde que nous finissons par dénoncer l’absurdité de la vie : vivre n’a plus

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de sens… Le roc que lequel nous sommes invités à construire la maison de notre vie, c’est

quelque chose sur lequel nous pouvons nous appuyer ou retrouver la force, du courage et du souffre pour continuer à vivre malgré les tempêtes et les différentes épreuves de la vie. Construire sa maison sur le roc signifie au contraire fonder sa vie et son espérance sur autre chose que le matériel, que le travail, que les loisirs, que les relations humaines… Construire sa maison sur le roc signifie tout simplement construire sur Dieu. Il est le rocher qui nous abrite contre le vent et la tempête, qui nous permet de rester debout malgré les adversités de la vie. C’est lui qui donne sens à notre vie, et à tout ce que nous faisons ou vivons ou niveau professionnel, familial et autres. Sans une référence à Dieu, notre vie n’a plus de sens, et reste matérielle c’est-à-dire, limitée dans le temps et l’espace, éphémère. Et après la vie, c’est le néant.

Et Jésus va plus loin dans son invitation à être un homme sensé : croire en Dieu, ou avoir le sentiment de Dieu ne suffit pas. Il faut chercher à vivre en accord avec Dieu, avec ce qu’il attend de nous. Faire la volonté de Dieu, c’est refuser de vouloir conduire ma vie par moi-même, selon ma façon de voir et de comprendre la vie, au gré de mes sentiments personnels et de ma convoitise, de mon travail, de mes loisirs… C’est laisser Dieu orienter et diriger mes pensées, mes paroles, mes actions, toujours et partout. C’est faire la place à Dieu dans chacune de mes occupations, à chaque instant.

En somme, la relation avec Dieu, la rencontre avec à travers la prière, l’Eucharistie et l’écoute de sa Parole doit être la priorité dans notre vie. Celui qui se met à l’écoute de la voix de Dieu qui lui parle tout au fond de son cœur, rien ne pourra le faire écarter de la voie du bonheur. En revanche, s’il ne se retrouve plus dans le cœur à cœur avec Dieu, au temps d’épreuve, il se trouvera dans la peine et la désolation, tout simplement parce qu’il n’aura pas su rester appuyer sur Celui qui fonde sa vie. Dans ce qui pour d’autres est absurdité, vide et non sens, celui qui vit dans le cœur à cœur avec Dieu, distingue une suite de circonstances heureuses dont il sait tirer profit pour qu’advienne toujours davantage ce à quoi il tient par-dessus tout : la volonté de Dieu, son Règne d’amour.

« L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là sauver son âme. Les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, pour l’aider à poursuivre la fin pour laquelle il a été créé. Il s’ensuit que l’homme doit en user dans la mesure où elles lui sont une aide pour sa fin, et s’en dégager dans la mesure où elles lui sont un obstacle ». Retenons et laissons-nous guider par ces paroles de Saint Ignace et demandons à Dieu la grâce de savoir désirer et accomplir uniquement ce qui nous rapproche et nous uni à Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 10ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 9, 9-13

9 Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d'impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L'homme se leva et le suivit. 10 Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. 11 Voyant cela, les pharisiens disaient aux disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » 12 Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. 13 Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes de ce dimanche nous donnent d’entendre ce que Dieu attend de nous

les hommes : connaître le Seigneur et le suivre sur le chemin de l’amour.Dans le livre du prophète Osée, les fils d’Israël s’invitent à la connaissance de

Dieu : « Efforçons-nous de connaître ». Et Dieu lui-même, par la bouche du prophète rappelle, sans pour éviter tout ritualisme, que c’est la connaissance de Dieu qu’il désire et non les holocaustes. Que signifie « connaître Dieu » ?

On peut supposer, selon l’évidence du terme même, qu’il s’agit de cette capacité intellectuelle qui nous permet de comprendre quelque chose, et de comprendre Dieu. Mais dans la pensée hébraïque, la connaissance de Dieu ne relève pas de quelque chose d’objectif, de réel que l’on peut saisir. Dieu est au-delà du savoir intellectuel. Quand le sage hébraïque parle par exemple de Dieu qui veut connaître son peuple, ou de l’homme qui doit connaître Dieu, il évoque le fait que l’homme désire vivre avec Dieu ou que l’homme désire être avec Dieu. Et connaître, c’est « naître avec » quelqu’un, ou vivre avec lui. C’est dans ce sen s qu’il faut comprendre l’invitation du temps du prophète Osée où le peuple vivait dans l’infidélité en délaissant le vrai Dieu pour des Idoles de bronze. Par cette invitation : « Efforçons-nous de connaître Dieu », les uns et les autres devaient se détourner des idoles pour revenir au vrai Dieu.

Revenir au Seigneur, c’est chercher à le rencontrer, et à vivre dans son amour. Et que Dieu laisse entendre : « C’est l’amour que je désire, et non le sacrifice, c’est la connaissance de Dieu, plutôt que les sacrifices », il veut dire que ce qu’il attend de l’homme, ce n’est pas de lui faire des offrandes. C’est qu’il ait un cœur qui cherche à se rapprocher de lui, à vivre avec lui. Les sacrifices offerts au Seigneur ne sont rien s’ils n’expriment le désire de Dieu et l’amour pour lui. Il n’y a rien que l’homme puisse apporter ou offrir au Créateur de toutes choses, sinon son amour. En somme, connaître Dieu, c’est dans un amour véritable pour Dieu.

En plus la connaissance de Dieu, l’amour de Dieu, nous ouvre à la connaissance de l’homme, c’est-à-dire, le désire de vivre avec l’autre, l’amour de l’autre. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à aller à la rencontre de l’homme, même de

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celui qui est mal vu et rejeté, pour les malades et les pécheurs… Il est venu pour vivre avec eux, pour les aimer. Le Seigneur Jésus porte sur chaque homme un regard d’amour. Et malgré nos faiblesses et nos péchés, il nous invite à le suivre. Le regard qu’il porte sur les autres n’a rien d’une pauvre vision humaine. Il voit au-delà des aspects extérieurs.

L’amour connaît par delà les apparences. Il vient alors à la rencontre de ceux qui ont besoin de vivre avec lui, de sa miséricorde, de son amour. Il veut donner à chacun l’occasion de recommencer une nouvelle vie avec lui. Il est donc le médecin de nos âmes, le seul qui peut donner le remède dont elles ont besoin : la miséricorde. Il est venu pour donner l’amour que le monde attend, pas seulement celui qui regarde avec bienveillance les pécheurs, mais l’amour qui rassemble autour d’une même table, dans une convivialité retrouvée, tous les enfants de Dieu.

Tant de publicains nous entourent aujourd’hui, blessés de la vie, blessés de l’amour qui attendent de nous, non pas une loi qui les rejette, mais un amour qui relève et qui fait vivre. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est l’amour qui pousse vers la connaissance de l’autre, qui ne regarde pas les aspects extérieur, qui n’exclue pas, l’amour qui fait aussi renoncer à son comptoir de publicain et pousse à rencontrer les autres dans les Seigneur qui unit les membres d’une même famille.

Demandons au Seigneur de nous donner la grâce de le connaître davantage en l’aimant de tout notre cœur et de grandir dans la vraie connaissance des autres pour leur apporter son amour, lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 11ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 9 36 - 10 8

9, 36 Jésus, voyant les foules, eut pitié d'elles parce qu'elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. 37 Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. 38 Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. » 10, 1 Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité. 2 Voici les noms des douze apôtres : le premier, Simon, appelé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; 3 Philippe et Barthélémy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d'Alphée et Thaddée ; 4 Simon le Zélote et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra. 4 Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « N'allez pas chez les païens et n'entrez dans aucune ville des Samaritains. 6 Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. 7 Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. 8 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Je retiens de l’Evangile de ce jour une invitation qui sort du cœur de Jésus : « La

moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». Si l’on essaie de mesurer l’immensité du monde, et des œuvres qui ont besoin d’être réalisées, que cela soit au niveau religieux, social, politique, économique, environnemental ou autres, on reconnaît effectivement que la moisson est abondante. Mais si l’on compte le nombre de personnes qui s’affèrent jour et nuit, qui se donnent de la peine pour réaliser des œuvres grandioses et merveilleuses, des hommes et des femmes qui dépenses leur temps, leurs énergie, leurs forces… sur tous les plans de la vie, partout dans le monde…, on n’ose pas dire que les ouvriers sont peu nombreux. Il y a plutôt beaucoup d’ouvriers.

Cependant, une question survient : pour qui travaillent tous ces ouvriers à travers le monde ? Et nous-mêmes, pour qui sommes parfois très occupés au point de ne plus avoir le temps ? A vrai dire, si l’on devrait reprendre les paroles de Jésus aujourd’hui, on dira certainement que les ouvriers sont nombreux, mais peu sont les ouvriers qui travaillent pour le Maître de la moisson. Oui, les gens travaillent chaque jour, réalisent de grandes et belles œuvres, mais peu sont ceux qui travaillent pour le Seigneur… Certainement, on travaille, on fournit de l’énergie, mais c’est pour produire d’avantage, pour faire des intérêts, pour satisfaire la clientèle, pour avoir plus de marketing ou de marché, pour faire plus de chiffres d’affaires, pour répondre à des nécessités mêmes vitales… mais est-ce vraiment du travail pour le Seigneur ?

Jésus envoie en mission ses douze apôtres, mais symboliquement, c’est chacun de nous qu’il envoie sur le champ du monde, du travail professionnel, de la vie familiale, sociale, politique, et spirituel, sur le champ du développement de l’homme et de l’humanité, sur le terrain de paix, de justice, de l’amour… Mais comment pouvons être des ouvriers qui ont à cœur de ne pas chercher seulement à faire des chiffres d’affaires,

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mais à œuvrer pour le Seigneur ?Jésus nous en donne une attitude et un principe : il a eu pitié des foules

fatiguées et abattues, puis il nous exhorte à la gratuité. Quand Jésus a vu les foules, il a eu pitié d'elles : cela le poussa à choisir les douze et à les envoyer prêcher, guérir, libérer... Cela veut dire que chaque ouvrier, qui qu’il soit, n’existe pas pour lui-même. Il existe pour les autres, ses frères et sœurs qui ont besoin de lui, de ses mains, des paroles, des gestes de miséricorde, de soutien, de réconfort, de générosité et d’amour pour guérir, pour s’épanouir…

Et particulièrement, l’Eglise n’existe pas pour elle-même, pour sa propre utilité ou son salut ; elle existe pour les autres, pour le monde, pour les gens, surtout pour ceux qui sont fatigués et abattus. La raison d’être de l’Eglise, donc de chaque baptisé, c’est pour le monde. C’est ainsi que le Concile Vatican II nous enseigne que : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur ». En conséquence, tous nos projets, toutes nos activités, toutes nos réalisations au niveau familial, professionnel, scientifique, social, politique, religieux devraient être menés dans ce sentiment-là. Sinon, nous manquerons d’être des ouvriers du Maître de la moisson.

Le principe qui doit nous guider dans tout ce que nous faisons tient de cette ultime instruction que Jésus a donné à ses apôtres au moment de les envoyer en mission : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». C’est tout le programme de toute vie humaine, en occurrence la vie de foi, qui est dit là.

Premièrement, cela veut dire que ce que nous avons, ce que nous sommes, nous n’avons rien fait pour le mériter. Tout cela est un don de Dieu. C’est ainsi que nous devons accueillir tout ce qui nous arrive, tout ce que nous recevrons ou découvrons comme biens, qualités, forces, joies, réussites… Acceptons tout cela comme un don de Dieu totalement gratuit, et évitons de chercher à faire des comptabilités dans notre relation avec lui : Dieu nous donne tout gratuitement sans attendre que nous accumulions des mérites ! Accueillons tout de Dieu et sachons lui en rendre grâce.

Deuxièmement, puisque nous avons tout reçu gratuitement, apprenons à vivre dans la gratuité. Apprenons à agir comme Dieu l’a fait pour nous. Cela veut dire plusieurs choses : tout d’abord comme Dieu, n’attendons rien en retour, ne recherchons ni la considération ni la gloire ; que tout soit désintéressé car c’est comme cela que Dieu agit.

Ensuite, n’attendons pas non plus l’amour en retour : « Si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ?... Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes ».

Enfin, pour aimer nos frères et sœurs, n’attendons pas non plus qu’ils le méritent. Cela revient à dire qu’on n’entende jamais dans notre part que ces gens-là ne sont pas intéressants, et d’autres ne le sont pas... Nous avons été sauvés, pardonnés, guéris gratuitement, à notre tour, sachons pardonner, aider, relever sans conditions.

Bien chers frères et sœurs, Jésus nous demande de prier pour que le Maître envoie des ouvriers à sa moisson. Nous sommes les ouvriers. Prions pour nous-mêmes et pour tous les ouvriers à travers le monde, pour que le Seigneur nous façonne un cœur qui participe de son amour et de sa compassion pour le monde, et un cœur qui s’est de dépenser avec générosité pour le bien de tous et pour la gloire de Dieu qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 12ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE – Mt 10, 26-33

Jésus disait aux douze apôtres : 26 « Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. 27 Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits. 28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la Géhenne l'âme aussi bien que le corps. 29 Est-ce qu'on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. 30 Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. 31 Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde. 32 Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. 33 Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,La Parole de Dieu de ce jour nous invite à adopter à la fois une double attitude dans

notre vie de foi : rester fermes et persévérants, et ne pas être dans la crainte. A l’exemple de la vie du prophète Jérémie, nous devons tenir ferme dans

l’adversité et ne pas nous laisser découragés. Au temps de ce prophète, les fils d’Israël avaient oublié Dieu ; ils avaient renié leur foi et mis leur confiance dans des fausses croyances. Alors Jérémie élève la voix pour dénoncer leur égarement, leur mauvais comportement vis-à-vis de Dieu. Il proclame qu’ils courent tous le risque de périr si toutefois ils ne reviennent pas au Seigneur. Mais à cause du fait qu’il a dénoncé les errances de ses compatriotes, ces derniers s’en prennent à lui et cherchent à le faire périr.

Cette expérience du prophète Jérémie nous révèle que lorsque nous nous engageons pour Dieu, pour annoncer sa Parole et témoigner de son amour, nous pouvons rencontrer des contradictions, des oppositions venant non seulement de ceux qui refusent de connaître Dieu, mais aussi de ceux qui sont nos frères comme nos amis, tous pour que notre vie de foi ou notre témoignage dérange. Alors, devant ces adversités, nous pouvons nous laisser gagner par le découragement qui peut aussi nous amener à reculer et ne plus oser affirmer notre foi.

Comme Jérémie a su le faire dans la prière, nous ne devons pas nous décourager quel que soit ce qui nous arrive. Nous avons plutôt à nous remettre à Dieu dans la prière et lui demander de prendre sa revanche. Dans ce contexte, prendre sa revanche, ne veut pas dire rendre le mal pour le mal. Cela signifie que nous laissons le soin à Dieu de couvrir de confusion ceux qui nous attaquent, qui se moquent de nous et nous rejettent, pour qu’ils se rendent compte de leurs erreurs, et reviennent sur le droit chemin.

Quand à Jésus, lui aussi nous exhorte à ne pas le renier quoi qu’il arrive, à ne pas vivre dans la tiédeur, et à demeurer confiants en lui. Nous sommes sans cesse dans la main de Dieu qui prend soin de nous et nous protège : « Pas un d’entre eux ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés » nous rassure-t-il. Et il continue : « Celui qui se prononcera pour moi devant les

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hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux ». Il s’agit de se déclarer publiquement et en actes, solidaires du Christ ; ne faire qu’un avec lui. Il s’agit pour nous de vivre dans une relation d’amour avec lui : par notre baptême, nous avons été greffés sur Jésus-Christ, nous sommes inséparables de Lui. C’est lui qui nous fait vivre et grandir spirituellement ; c’est en lui que nous retrouvons le bonheur.

Ensuite, Jésus nous demande de ne pas être dans la crainte quoi qu’il nous arrive. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps ». Nous ne devons ni craindre les hommes ni avoir peur d'eux. La peur est une manifestation de notre instinct fondamental de conservation. C'est une réaction à une menace contre notre vie, la réponse à un danger réel ou présumé : du danger le plus grand qui est celui de la mort aux dangers particuliers qui menacent notre tranquillité, notre sécurité physique ou notre monde affectif.

Lorsque nous faisons confiance en Dieu, sa Parole nous aide à nous libérer de toutes ces peurs en révélant le caractère relatif et non absolu des dangers qui les provoquent. Il y a une partie de nous que rien ni personne au monde ne peut vraiment nous ôter ou abîmer : pour les croyants c'est l'âme immortelle, pour tous, le témoignage de notre propre conscience

En revanche, nous devons craindre Dieu mais nous ne devons pas avoir peur de lui. La crainte de Dieu est très différente de la peur. C'est une composante de la foi : elle naît du fait de savoir qui est Dieu. C'est le sentiment qui nous saisit devant la grandeur de l’amour de Dieu pour nous, et qui nous pousse à avoir une attitude de respect à son égard. C'est la peur de déplaire à la personne aimée que l'on retrouve chez toute personne réellement amoureuse, même dans l'expérience humaine. C’est encore cette crainte qui nous met dans la confiance en Dieu et qui nous fait opter pour lui.

Puissions-nous demeurer dans une relation confiante avec le Christ, Lui qui nous libère de toute peur et témoigner dans la joie de son amour pour nous et pour tous nos frères et sœurs, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 13ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

Fête de Saint Pierre et Paul

EVANGILE – Mt 16, 13-19 13 Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ? » 14 Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean-Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes. » 15 Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » 16 Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » 17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. 18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. 19 Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

Bien chers frères et sœursA la suite de confession de foi de Pierre, Jésus lui confie la responsabilité de

L’Eglise, et les clés du Royaume des cieux : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ». Dans l’Evangile de Saint Jean, ce pouvoir de lier et délier est confié à tous les apôtres par Jésus, le soir de sa Résurrection : « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » (Jn 20, 23).

Il s’agit bien là d’une mission particulière que Jésus confie à Pierre et ses compagnons, ainsi qu’à leurs successeurs les évêques et les prêtres. Ils ont reçu la charge de réconcilier les hommes avec Dieu, et les hommes entre eux, en brisant les liens du péché qui est source de rupture. Aujourd’hui, les Evêques et les prêtres continuent d’exercer ce pouvoir à travers le Sacrement de réconciliation, moyen par lequel ils œuvrent contre le péché qui défigure, brise et détruit l’homme afin de le restaurer dans son intégrité et sa dignité. Par ce sacrement, ils prêchent la miséricorde par laquelle Dieu répare les dégâts que le péché a provoqués en l’homme en abîmant sa ressemblance à Dieu, et par le pardon des péchés, ils rétablissent l’homme dans l’amour de Dieu.

« Lier et délier » signifient aussi « défendre et permettre ». Dans ce sens, nous reconnaissons qu’au nom de notre Baptême, nous avons reçu du Christ cette force qui nous donne de lier et de délier, de défendre et de permettre. Nous avons été rendus capables de lier le mal, c’est-à-dire, dénoncer tout ce qui est source de destruction de l’homme, comme la souffrance, la douleur, les peines, les angoisses, les détresses… Et délier, c’est pour nous, libérer les hommes de ce qui les détruit, les désunis. C’est libérer également ceux qui se sont enfermés dans leurs péchés, ceux qui ont consenti à des choix qui sont en contradiction avec leur baptême, leur vie en Dieu, leurs engagements vis-à-vis de Dieu ou des autres, et qui en sont comme des victimes. Défendre et permettre, n’est-ce pas en définitive, faire tomber les chaînes injustes, briser les jougs ? N’est-ce pas partager son pain avec celui qui a faim, couvrir celui que tu verras

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sans vêtement, ne pas te dérober à son semblable ? (cf. Is, 58, 6-8).Lier et délier, défendre et permettre, c’est là la mission que Dieu nous confie afin

que nous poursuivions son œuvre de restauration complète de l’humanité. Il s’agit là d’un acte de confiance que Dieu nous fait, en nous donnant cette possibilité de faire en sorte que nos activités portent des effets bénéfiques pour les hommes non seulement dans le temps qui leur appartient, mais aussi dans le temps de Dieu : « ce que tu auras lié sur terre sera lié dans les cieux ». C’est dire alors qu’en défendant et en libérant les hommes de tout ce qui les accable, nous leur ouvrons le chemin du Ciel ; et mieux, nous permettons à la terre de se rapprocher du ciel ; et encore plus, nous donnons aux hommes l’occasion d’être déjà en communion avec Dieu, de vivre déjà le ciel dès ici-bas.

Et quelles sont nos armes ?La première arme efficace, c’est la prière : prier pour ceux qui souffrent, et les

confier à la miséricorde de Dieu. Dans la première lecture, la prière fervente de la communauté chrétienne a permis à Pierre d’être libérer par l’ange du Seigneur et d’échapper au mauvais sort dont il était menacé. La prière fait tomber les chaînes et les montagnes, de même qu’elle fait arrêter des éboulements.

La deuxième arme, c’est nos mains, nos pieds et nos cœurs. Dieu a besoin de notre collaboration active, de nos mains, de nos pieds et de nos cœurs. Nos pieds pour rejoindre tous ceux qui sont dans la détresse, nos mains pour les aider avec douceur et patience, nos cœurs pour les aimer comme le Christ nous aime et voudrait les aimer à travers nous. Et comme il l’a fait pour nous, le Christ nos charge de redonner à tout homme ses chances de vie en libérant en lui sa capacité d’aimer que le péché à verrouillée, à l’aidant à se défaire du mal qui l’enferme dans la mort de tout ce qui est en lui germe et poison de mort.

Puisse le Seigneur nous remplir chaque jour de sa force pour nous puissions poursuivre son œuvre d’amour pour que les hommes, libérés du péché et de tout mal, reconnaissent le Dieu véritable pour vivre de sa vie, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 14ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 11, 25-30

25 En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. 26 Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté. 27 Tout m'a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. 28 Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. 29 Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. 30 Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous empruntons les paroles de Jésus pour exprimer notre action de grâce et notre

louange à Dieu qui s’est révélé à nous comme le Père, plein d’amour et de miséricorde. Dieu nous a donné de le reconnaître comme notre Père et de chercher à le suivre. Dieu se donne à nous sans aucun mérite de notre part. Il nous aime gratuitement, parce qu’il a un cœur généreux et débordant d’amour. Ni la richesse, ni la puissance, ni le pouvoir, ni l'estime, ni la culture, ni même la perfection morale font de nous des privilégiés de Dieu.

Jésus, en bénissant le Père nous met en garde contre nos sagesses humaines qui, souvent, nous détournent les yeux des merveilles de Dieu. Les gens incultes, pauvres, petits, n’ayant pas grande connaissance du monde, ce sont eux qui reçoivent la connaissance de Dieu, tandis que ceux qui sont plein de connaissance du monde, trop pleins et trop fiers de leurs propres sagesses, leurs propres manières de vivre, ceux qui ont la folie des grandeur, c’est finalement eux qui passe loin de Dieu.

Saint Paul nous le rappelle bien : « Frères, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit ». Pour lui, il faut choisir entre deux modes de vie ; ou pour le dire autrement, il faut choisir nos maîtres, ou notre ligne de conduite, si vous préférez. Vivre « selon la chair », pour Saint Paul, c’est vivre sans Dieu, vivre de nos seules forces, enfermé dans les limites de l’intelligence et des forces humaines ; évidemment, cela ne va pas loin ! Ou plutôt si, cela peut aller très loin, mais dans le mauvais sens. Car vivre sans Dieu finit toujours par vouloir dire vivre loin de Dieu, et d’un éloignement qui ne peut que s’aggraver. C’est ce que Paul a décrit dans les premiers chapitres de cette lettre aux Romains.

Pour reprendre les images de la Genèse, vivre selon la chair, c’est vivre comme Adam : il veut devenir comme Dieu, mais sans l’aide de Dieu : il se trompe. Nous aussi, à nos heures, qui cherchons notre bonheur tout seuls, sans lui, ou même contre lui, sans nous apercevoir que c’est le meilleur moyen de faire notre malheur.

En revanche, vivre « selon l’Esprit », c’est nous laisser guider par lui, et donc vivre de la force de Dieu : cela change tout ! Paul insiste sur notre liberté : « vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair » signifie que nous ne sommes plus esclaves des forces du mal, que nous avons désormais la force de faire triompher les vraies valeurs : l’amour, la paix, la vérité, la justice.

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Lorsque nous optons pour le Christ, nous devenons des hommes libres. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à nous exhorter : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger ».

« Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau », Les croyants que nous sommes ne sont pas épargnés de la souffrance physique, morale et spirituelle de façon magique et artificielle. La souffrance est pour eux comme pour tout homme. Mais en l’unissant à la croix du Christ, nous la transfigurons, nous la rendons plus significative d’un chemin d’amour et de gloire qui nous unit à la résurrection du Christ.

« Prenez sur vous mon joug », au sens figuré, « Prendre le joug » suggère donc que l’on s’attache à quelqu’un pour marcher du même pas, attelés à la même tâche. S’engager à suivre la Loi de Dieu, c’est s’atteler à Dieu, en quelque sorte ; étant entendu que toute la force de « l’attelage » ainsi composé vient de Dieu lui-même !

« Devenez mes disciples ; apprenez que je suis doux et humble de cœur ». Devenir disciple de Jésus, c’est vivre selon l’Esprit de Dieu, non pas seulement notre propre sagesse ; c’est aimer et servir nos frères et sœurs.

Puisse l’Esprit du Seigneur qui habite en nos cœurs nous donner de lui être dociles afin qu’il nous enseigne chaque jour, à vivre selon le cœur doux et humble de Jésus.

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Homélie du 15ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE – Mt 13, 1-23

01 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord du lac. 02 Une foule immense se rassembla auprès de lui, si bien qu'il monta dans une barque où il s'assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. 03 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur est sorti pour semer. 04 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. 05 D'autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt parce que la terre était peu profonde. 06 Le soleil s'étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. 07 D'autres grains sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. 08 D'autres sont tombés sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. 09 Celui qui a des oreilles, qu'il entende ! » 10 Les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » 11 Il leur répondit : « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n'est pas donné. 12 Celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance ; mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. 13 Si je leur parle en paraboles, c'est parce qu'ils regardent sans regarder, qu'ils écoutent sans écouter et sans comprendre. 14 Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. 15 Le coeur de ce peuple s'est alourdi : ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouché les yeux, pour que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n'entendent pas, que leur coeur ne comprenne pas, et qu'ils ne se convertissent pas. Sinon, je les aurais guéris ! 16 Mais vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent ! 17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. 18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur. 19 Quand l'homme entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s'empare de ce qui est semé dans son coeur : cet homme, c'est le terrain ensemencé au bord du chemin. 20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c'est l'homme qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; 21 mais il n'a pas de racines en lui, il est l'homme d'un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt. 22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c'est l'homme qui entend la Parole ; mais les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit. 23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est l'homme qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce dimanche nous donnent de méditer sur l’efficacité de la Parole de Dieu en nous et dans l’histoire des hommes, et sur notre nécessaire collaboration pour que cette Parole Divine puisse porter un fruit qui demeure.

Le prophète Isaïe nous invite à avoir confiance en l’efficacité de la Parole de Dieu : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir

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fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission ». La Parole de Dieu est efficace parce qu’elle est toute puissante, mais elle ne s’impose pas. Elle demande à être accueilli librement et pour que sa semence grandisse en nous, elle doit trouver un cœur bien disposé. Comment je dispose mon cœur à accueillir la Parole de Dieu ? Comment je me mets à l’écoute de la Parole de Dieu ? Prendre le temps de prière. Oui, mais pas seulement la prière où c’est moi qui parle tout le temps. Il y a la prière rempli de silence autant extérieur qu’intérieur.

Nous sommes dans un monde envahi par le bruit venant de toute part : Musique, Radio, la télévision, le téléphone, l’ordinateur. Nous fuyons beaucoup le silence qui est un vide qui nous fait peur. Nous passons le temps à papoter de tout et de rien, à parler des autres en bien comme en mal. Je ne voudrais pas vous inviter tous à entrer dans le grand silence des chartreux, mais je tiens à attirer votre attention sur ce qui nous envahit, et sur ce que nous faisons sortir de notre bouche.

Ce que nous entendons doit être cette parole qui nous construit, qui nous nourrit… Et ce que nous disons doit être cette parole constructive selon l’invitation de St Paul. Je ne dis pas non plus d’abandonner radio, télé, téléphone, et autres, mais de laisser ce que nous, entendons, écoutons et regardons nous amener à rejoindre Dieu, nous inspirer des actes, des gestes et des paroles qui nous viennent de Dieu. La télé comme la radio sont des moyens par lesquelles Dieu peut nous parler et toucher notre cœur, pour nous inviter à une attitude, à une action de générosité, d’amour, de compassion, de sympathie, de consolation, d’amitié…

La Parole de Dieu est efficace et puissante parce qu’elle fait porter du fruit à raison de cent pour un. Une vie chrétienne plus authentique et plus engagée, fondée sur l'efficacité de la Parole de Dieu mais en même temps sur la responsabilité des dons reçus et de la nécessité de porter du fruit. Si nous écoutons le message de Jésus, exprimé dans les Ecritures et si nous apprécions la grandeur de ce don, nous devons montrer notre gratitude par la manière dont nous vivons.

Nous devons être le bon sol qui porte des fruits à raison de cent pour un. Cela signifie non seulement grandir dans notre propre foi et vivre en cohérence avec elle, mais multiplier ce don en le partageant avec d’autres. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’être bons et de ne pas pécher ; afin d’être de bons chrétiens, nous devons répandre le message de toutes les manières possibles et selon notre état de vie. Demandons-nous chaque jour : Qu’ai-je fait aujourd’hui pour répandre les graines de l’évangile ? Les graines de l’Evangile : c’est ce qui produit l’amitié, la paix, l’entente, la joie, le pardon, la générosité…

Nous avons aussi à nous demander : qu’ai-je fait aujourd’hui pour semer la bonne parole ? La bonne parole est celle qui sait saisir le côté positif d'une action et d'une personne et, même quand elle corrige, elle ne blesse pas ; la bonne parole est celle qui donne de l'espérance. La mauvaise parole est chaque parole prononcée sans amour, pour blesser et humilier son prochain.

Demandons à Dieu la grâce de savoir examiner nos vies et discerner comment nous pourrons mieux l’écouter et mieux partager les dons de Dieu avec d’autres personnes. Puisse le Christ, Verbe de Dieu que nous venons d’écouter, nourriture pour notre âme que nous allons recevoir tout à l’heure, entrer dans nos vies et nous transformer pour que nous portions des fruits, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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Homélie du 17ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 13, 44 - 52

Jésus disait à la foule ces paraboles : 44 « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ. 45 Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. 46 Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle. 47 Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. 48 Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. 49 Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes 50 et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 51 Avez-vous compris tout cela ? - oui, lui répondirent-ils. » 52 Jésus ajouta : « C'est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Dans l’Evangile, Jésus s’adresse à son auditoire en parabole : deux personnages

ont fait une découverte. Pour le premier, c'est totalement inopiné ; la charrue qu'il pousse dans le champ du propriétaire qui l'a embauché bute sur quelque chose qui a été caché là et probablement oublié depuis longtemps : un trésor, quelle aubaine, cela va changer sa vie ! Pour le second, au contraire, c'est au bout de longues recherches qu'il découvre enfin la perle de sa vie. L'évangéliste nous fait remarquer la différence de caractère des deux personnages : le premier exulte de joie devant sa découverte : « Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ », le second ne manifeste rien, il va faire tranquillement son opération financière : « il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle ». Mais les deux hommes devant la valeur de leur trouvaille n'ont pas hésité à vendre tous leurs biens pour en faire l'acquisition.

Que voulait dire Jésus avec les deux paraboles du trésor caché et de la perle précieuse ? La leçon est claire : le royaume de Dieu est apparu sur la terre ! Concrètement, il s'agit de lui, de sa venue sur la terre. Le trésor caché, la perle précieuse n'est autre que Jésus lui-même. C'est comme si Jésus, à travers ces paraboles, voulait dire : le salut est venu jusqu'à vous gratuitement, selon une initiative de Dieu. Prenez la décision, serrez-la de toutes vos forces, ne la laissez pas s'échapper. Ne pas profiter de la chance inouïe qui se présente, ne pas faire tout le nécessaire pour recevoir le don de Dieu, serait faire preuve de sottise.

Dans chacune de ces deux paraboles il y a, en réalité, deux acteurs : un acteur que l'on voit, qui va, vend, achète, et un acteur caché, sous-entendu. L'acteur sous-entendu est l'ancien propriétaire qui ne se rend pas compte qu'il y a un trésor dans son champ et le vend au premier venu ; c'est l'homme ou la femme qui possédait la perle précieuse sans avoir conscience de sa valeur, et qui la cède au premier acheteur de passage, peut-être en échange d'une collection de fausses pierres.

Ces paraboles de Jésus nous interpellent, nous qui sommes chrétiens, et qui,

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parfois, ne réalisons pas que nous dormons sur un trésor inestimable et inépuisable. Pris par le tourbillon d’un monde sécularisé, nous sommes en train de perdre ce beau trésor de la foi et de la vie chrétienne, long héritage qui date de près de 2000 ans. Elles nous rappellent aussi que nous n’avons aucun intérêt à vouloir construire le monde, ou organiser nos vies, rien que sur du matériel, des trésors terrestres. Il est clair qu'ainsi Jésus souhaite nous faire bien comprendre que nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous contenter de notre existence terrestre. Elle est fragile, menacée, éphémère quand elle se réduit à vivre cet humain sans Dieu. Elle devient toute autre si cet humain se greffe sur une éternité divine.

Il est vrai que l’argent nous procure un confort de vie, et nous permet de mieux nous prendre en charge, d’obtenir nous que nous voulons sans trop de peine, mais le bonheur de l’homme ne se trouve pas seulement dans le trésor du monde. Il y a un autre Trésor, caché, qui n’est pas donné à voir de façon ordinaire, mais qui ne relève pas du virtuel. St Paul dit que « Notre regard ne s'attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas. Ce qui se voit est provisoire. Ce qui ne se voit pas est éternel ». Il existe une autre réalité, un autre trésor que relève de la réalité immédiate. Elle existe, même si elle est difficile à saisir, à comprendre, à cerner. Et chercher ce Trésor, choisir le Royaume des cieux, suivre le Christ, n'aboutit pas à une soustraction, mais à un "plus". Le Trésor qui est en Dieu ne chasse pas celui qui est dans l'humain, ni dans le monde. Il le dynamise, le transfigure de l'intérieur. Le surnaturel n'exclut pas le naturel, il l'amplifie.

Toutefois, il faut avoir trouvé le trésor pour avoir la force et la joie de tout vendre. Il faut avoir d'abord rencontré Jésus, l'avoir rencontré de manière personnelle, convaincue. L'avoir découvert comme un ami et un sauveur. Après, ce sera facile de tout vendre. Celui qui a découvert le véritable enjeu de cette vie, s’en va tout joyeux vendre tout ce qu’il possède pour acquérir ce champ précieux et en extraire son trésor spirituel. Se joignant au Psalmiste il peut alors chanter : « Mon partage, Seigneur, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent ! » (Ps 118).

Telle est la véritable sagesse, celle qui ne s’arrête pas aux choses qui nous entourent, mais discerne la présence cachée de celui qui nous fait signe à travers elles. Nous découvrons ainsi que la liberté ne consiste pas à user - voire abuser - de ce monde selon notre bon plaisir, mais à pouvoir nous servir des dons de Dieu pour devenir ses collaborateurs, et gouverner avec lui la création qu’il nous a confiée. C’est ce que l’Esprit avait fait comprendre au jeune Salomon, lui inspirant de demander « non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de ses ennemis, mais le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner » sa vie selon le dessein de Dieu.

La sagesse est le bien le plus précieux du monde, la perle la plus précieuse, le trésor inépuisable, et c’est Dieu seul qui détient les clés de la vraie sagesse, c’est lui qui est la Sagesse même. C’est lui notre Trésor. Le Christ nous dit : « Là où est ton trésor, là aussi se trouve ton cœur ». Puissions-nous tourner et orienter nos cœurs vers Dieu, notre unique Trésor dès maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 18ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 14, 13-21

13 Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les foules l'apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. 14 En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes. 15 Le soir venu, les disciples s'approchèrent et lui dirent : « L'endroit est désert et il se fait tard. Renvoie donc la foule : qu'ils aillent dans les villages s'acheter à manger ! » 16 Mais Jésus leur dit : « Ils n'ont pas besoin de s'en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » 17 Alors ils lui disent : « Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons. » 18 Jésus leur dit : « Apportez-les moi ici. » 19 Puis, ordonnant à la foule de s'asseoir sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction : il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. 20 Tous mangèrent à leur faim et, des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants. Celles et ceux qui ont suivi et qui suivent Jésus Christ.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Lorsque nous sommes broyés par la soif et la faim, nous faisons parfois

l’expérience du bonheur à travers le geste de verre d’eau ou de morceau de pain que quelqu’un nous tend en signe de charité ou d’amitié. Mais quand nous avons à manger comme nous voulons, et ce que nous voulons, nous pouvons nous demander si c’est encore possible de faire l’expérience du bonheur. Au regard des situations de ceux qui sont démunis comme de ceux qui sont nantis, nous pouvons répondre par l’affirmative. Oui, il est possible de faire encore l’expérience du bonheur, car même rassasié de nourriture, l’homme est toujours en proie à des situations de détresse. La grande détresse de l’homme n’est pas d’avoir un creux à l’estomac, mais un creux au cœur, c’est-à-dire, n’avoir ni but ni sens à sa vie.

La détresse de l’homme bouleverse et remue les entrailles de Jésus. Parti en barque pour un endroit désert à l'écart, Jésus voulait certainement retrouver un peu de tranquillité et prier son Père. Mais à la vue de la foule de gens qui l’avaient même devancé, il oublie sa quête de tranquillité en se laissant prendre de pitié par la détresse de ces hommes et de ces femmes qui semblaient harassés, prostrés, fatigués, comme des brebis sans berger. Ils cherchaient un berger qui pourrait les accueillir, les comprendre, les guider, les accompagner, les libérer et les faire vivre… En Jésus, ils ont reconnu Celui qui pouvait les réconforter. Dans son élan d’amour pour eux, Jésus vient au secours de leurs détresses physiques et spirituelles.

Aux disciples qui voulaient renvoyer les foules assoiffées et affamées, à leur propre sort, Jésus leur adresse cette invitation : « Donnez-leur vous-même à manger… ». Il s’agit là d’un appel à lutter contre la faim matérielle des hommes. Nous sommes invités au partage dans un monde où tant d'hommes vivent au seuil de la pauvreté et de la faim. Même si nous n’avons pas des affamés qui croupissent devant nos portes, nous ne pouvons pas rester sans un geste manifesté à l’égard de ceux qui, de près ou de loin manquent du nécessaire pour vivre. A nous de voir par quelle manière nous pouvons

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nous rendre proches d’eux… Et disons-nous aussi, il n’y a pas que ceux qui meurent de faim. Il y a tout près ou

autour de nous, et même parmi nous, des hommes et des femmes qui sont rassasiés de biens matériels, mais qui manquent de ces biens plus essentiels que sont ceux du cœur et de l'esprit, de l'amour et des raisons de vivre. Beaucoup de gens sont aujourd’hui dans la détresse au point de se donner la mort parce que tout en ayant les moyens de vivre, elles n’en ont pas ou plus les raisons. Nous avons à partager avec eux aussi le pain de l'amour.

Le pain de l’amour, c’est bien sûr le Christ, Parole de vie qui console et fait revivre. Mais c’est aussi nos vies, nos paroles, nos gestes d’amitié, de sympathie, de générosité, notre présence… Donner le pain d’amour, c’est oublier à la suite de Jésus, nos propres situations, ne pas considérer nos faiblesses, nos indigences… C’est oser porter secours même quand on est dans la souffrance…

L’amour s’oublie : il ne se décharge pas sur les autres pour servir ; il se met en peine, même lorsque la tâche semble impossible, dans la certitude que Dieu fera sa part. Le don, même dérisoire de nos pauvres humanités marquées par le péché, a de l’importance aux yeux de Dieu ; si dans la foi nous les « apportons à Jésus » pour qu’il en dispose selon son bon plaisir, il en fera un pain rompu pour la vie du monde.

Jésus nous confie la mission de combler les affamés et les assoiffés au plan physique et spirituel. Il ne nous demande pas de faire l’impossible, mais juste ce qui est de notre possible. Lui, s’engage à faire le reste. Quand l’homme, au nom de Jésus, fait ce qui est en son pouvoir, le Seigneur transforme son eau en vin et sa maigre provision de route devient la nourriture d’une foule impressionnante.

Baptisés au Nom du Christ Sauveur, il est de notre mission de susciter la soif de Dieu que tout homme porte en son cœur, de lui permettre de la manifester et de l’exprimer avec ses mots et ses gestes. Pour cela, il nous faut aller à la rencontre des hommes qui se sentent perdus ou que nous voyons en souffrance, à partir de leur vie concrète, de leurs occupations du moment et de leur situation réelle, les éveiller à ce qu’ils portent enfoui au plus profond d’eux-mêmes, cachés par l’ignorance, l’habitude, la souffrance, la désespérance, l’échec ou le péché.

Puisse le Seigneur nous donner l’audace et la force de pouvoir annoncer à tous : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau ! Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer ». Puisse-t-il aussi nous aider à sortir de nos réserves, de nos indifférences ou de nos méfiances retrouver la joie de vivre ensemble dans l’amour qui se donne sans compter pour le bonheur de tous et la gloire de Dieu qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 19ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 14, 22-33

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, 22 Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.23 En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C'est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris. 24 Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! » 25 Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. » 26 Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque, et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. 27 Mais voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi! » Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 28 Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. 29 Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »Celles et ceux qui ont suivi et qui suivent Jésus Christ.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Quand les épreuves surviennent dans nos vies, elles peuvent nous éloigner

de Dieu, mais lorsque nous essayons de les vivre dans la confiance en Dieu, elles deviennent un moyen pour progresser en Dieu. Dans les textes de ce dimanche, l’exemple de deux personnages nous aide à faire le chemin de la foi. Il s’agit du prophète Elie et de l’apôtre Pierre.

Le prophète Elie avait dénoncé les prophètes de Baal (les faux prophètes), protégés par la reine Jézabel, et il les avait tous faits massacrer. Mais la reine avait promis de les venger. Alors, Elie, pris de peur, entame une fuite dans le désert jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. Et dans sa fuite, Élie est envahi de doute sur l’efficacité de sa mission de prophète, et en vient même à désirer la mort : « Je n'en peux plus ! Maintenant, Seigneur, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères » (1 R 19, 4).

En fait, Elie a pris la fuite parce qu’il voulait sauver sa vie. Sa vie sera sauvée mais par Dieu qui se révèlera à lui dans « le murmure d’une brise légère ». Caché dans la caverne de l’Horeb, Elie va faire l’expérience de Dieu qui le rejoint mais pas dans la toute puissance du l’ouragan, du tremblement de terre et du feu. Il fait plutôt bénéficier de la manifestation simple et discrète d’un Dieu qui vient rejoindre un homme démuni,

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pauvre et fragile. Elie découvre que la puissance de Dieu n’est pas celle qu’il croyait. Parce qu’il a reconnu sa fragilité, parce qu’il a fait l’expérience de son besoin d’être sauvé, il est maintenant fort dans la foi et il peut reprendre sa mission au service du Seigneur.

L’Evangile nous présente les apôtres et tout particulièrement saint Pierre paralysés par leurs peurs devant la tempête qui les a surpris au cœur de la nuit et devant ce qu’il croit être un fantôme qui s’avance vers eux. Mais à leurs oreilles résonnent ces paroles de Jésus : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! ». Jésus les invitait ainsi à la foi qui se fonde sur la sécurité de ces propres paroles : « C’est moi… Je suis là avec vous… ». Pour s’en rassurer, Pierre demande à Jésus de lui permettre de venir vers lui. Ce qu’il désire plus que tout c’est Jésus, et non pas de marcher sur la mer. Et précisément, il commence à couler lorsqu’il se met à prêter plus d’attention au vent qu’à la personne du Seigneur.

Des tempêtes susceptibles de mettre en péril notre foi et donc notre relation au Seigneur ne manquent pas dans une vie. Chacun de nous voit parfois son horizon s'assombrir : échecs, maladies, deuils, difficultés de toutes sortes ... « dans la nuit, battus par les vagues, dans le vent contraire ». Nous sommes nous-mêmes portés à penser que Jésus est absent quand viennent les épreuves. Et parfois, les signes que Dieu nous fait lorsque nous sommes dans les épreuves, nous ne sommes pas à mesure de les reconnaître. Jésus venait vers les disciples au milieu de la nuit, et eux, le prenaient pour un fantôme. Dans la détresse, comme dans la souffrance, la tentation est forte de ne plus penser à Dieu, de ne pas le chercher, ou de le rejeter. Il arrive que certains, à la suite d’un deuil, d’un échec, ou d’une trahison s’en prennent à Dieu, et finissent par « perdre la foi », par ne plus avoir confiance en Dieu.

Toutefois, notre vie est un véritable chemin de foi qui s’approfondit au fur et à mesure que nous dépouillons de nous-mêmes. C’est comme si nous faisons un exode où comme pour Elie, le Seigneur nous fait quitter nos fausses sécurités pour nous attacher à lui seul. Etre fragile n’est pas un obstacle sur cet itinéraire de conversion mais refuser de se reconnaître tel et de demander l’aide de Dieu pourrait bien en être un.

Pour être forts et nous libérer de tous les doutes qui nous assaillent, notre foi doit reposer sur Dieu seul et naître de ce cri du cœur : « Seigneur sauve-moi ». Autrement dit, notre foi ne nous conduit à une rencontre en vérité avec le Seigneur que lorsque nous avons fait l’expérience de notre propre fragilité à vouloir faire sa volonté, que lorsque nous nous sommes purifiés de toutes prétentions à pouvoir nous avancer vers lui en comptant sur nous-mêmes.

Seigneur, chaque fois que je me trouverai dans la tempête, dans les moments de doute, de souffrance, de solitude, de lassitude dans ma foi, donne-moi de réentendre ta voix qui me dit : « Confiance, c’est moi, n’aie pas peur ». Accorde-moi ne serait-ce que la dernière énergie qui me fait crier vers toi en dépit de mes doutes : « Seigneur sauve-moi ». C’est dans cet appel au secours que je pourrai reconnaître et saisir la main que tu ne cesses de me tendre sous une présence discrète mais réelle dans ma vie. Je te le demande, toi qui est mon Sauveur qui vit et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 22ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - 16, 21 - 27

Pierre avait dit à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » 21 A partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. 22 Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t'en garde, Seigneur ! cela ne t'arrivera pas. » 23 Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » 24 Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. 25 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. 26 Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ? 27 Car le Fils de l'Homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Dans l'Evangile de ce jour, Jésus nous dit : « Si quelqu'un veut marcher derrière

moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera ». Pendant que nous pensons qu’il est légitime de chercher à réussir sa vie, à s’épanouir, à être heureux, ces propos de Jésus viennent comme pour nous en détourner et nous dire que cela ne sert à rien. Cherchons à comprendre ce que veut dire marcher à la suite de Jésus, perdre sa vie, prendre sa croix…

Perdre sa vie, bien entendu ne veut pas dire que notre vie ne sert à rien, encore moins de mourir pour mourir. Il s’agit plutôt de perdre sa vie à cause de Jésus, de risquer sa vie sur la personne même du Christ dans un acte d’humilité qui nous fait accepter que nous tenons notre vie d’un Autre. Perdre sa vie, c’est une manière de penser et d’agir qui nous fait nous déposséder de nous-mêmes pour nous recevoir de Dieu seul. C’est donc refuser toute volonté à vouloir se conduire selon son propre désir, sa propre pensé, son propre point de vue. Finalement, cela nous amène à reconnaître que ce que nous désignons comme moyen d’épanouissement ou de bonheur, ce que nous traçons comme chemin de réalisation n’est pas forcément le mieux qui convient… Et bien plus, le Salut de Dieu ne se résume en nous pensées humaines, à nos projets de réalisation...

Jésus disait à Pierre, « Tu es pour moi occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». Quand il nous demande de le suivre, le Christ nous propose une logique autre que celle des hommes, une logique basée sur le calcul d’intérêt, le jeu de pouvoir et de domination, une logique centrée sur soi-même, ou sur quelques personnes… Jésus, lui, nous propose la logique de l’amour. Et il n’y a pas d’amour vrai, durable, profond, sans renoncement à soi-même pour le bonheur de l’autre. Jésus nous demande avant tout d’aimer jusqu’au bout pour le suivre, gagner, réussir notre vie. Cela exige sans doute que nous acceptions chaque jour de « nous transformer en renouvelant notre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la

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volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait ».Ensuite, Jésus nous recommande de porter chacun sa croix pour le suivre.

Porter sa croix, voilà une œuvre qui nous fait d’embler penser à la souffrance, à la douloureuse épreuve du sang versé, au drame de la mort… Mais la croix de Jésus n’est pas à comprendre seulement selon le sens de la souffrance et de la perte de vie. La croix de Jésus, c’est l’œuvre de son grand amour pour les hommes qui lui fait voir que sa vie ne vaut pas devant la leur. Autrement dit, c’est cet élan du cœur qui lui donne d’accepter que sa vie ne vaut que quand elle est donnée aux autres, quand elle sert pour salut des hommes. Ainsi donc, porter sa croix à la suite de Jésus, c’est accepter reconnaître que ma vie ne prend tout son sens, toute sa valeur quand dans la mesure où je m’efforce de faire en sorte que toute personne que je rencontre puisse en bénéficier, puisse y trouver un réconfort et un soutien, et y puiser une force de vie.

C’est dans ce sens qu’il nous comprenons l’exhortation de l’Apôtre Paul qui nous recommande d’offrir nos vies en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ; nous offrir à Dieu pour qu’il accomplisse en nous son œuvre. Chacun, en fonction de ses dons et qualités, est invité à tenir sa place dans la mission de l’Eglise qui est le service de tous les hommes. La vie de chacun doit être une participation active à la volonté de Dieu : cette volonté que tous les hommes soient sauvés, et qu’ils vivent dans l’amour…, car le salut des hommes, c’est leur conversion totale et définitive à l’amour et au pardon, à la fraternité et à la paix, au partage et à la justice.

Finalement, accepter porter sa croix, c’est entrer dans la dynamique de l’amour et du don de soi qui nous pousse à nous donner jusqu’au bout pour le bien et le salut des autres, sans rien attendre en retour, gratuitement comme Jésus l’a fait pour nous. Consentir à la croix, c’est consentir à l’amour. Consentir à l’amour c’est consentir à ne plus vivre pour soi mais pour l’autre. Et si cet autre est un ennemi, tant mieux, parce qu’il me permet d’aller jusqu’au bout de l’amour qui consiste non pas à aimer pour être aimé, ni à aimer pour aimer mais à aimer. Voilà bien la vocation merveilleuse à laquelle tout chrétien est appelé.

Père, dans la force de l’Esprit Saint, donne-nous la grâce de consentir à ton dessein de salut tel qu’il se manifeste dans la vie de Jésus, ton Fils bien-aimé. Donne la grâce de ne pas réduire ton salut à nos vues humaines et de rendre vaine la croix de ton Fils.Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de répondre à notre vocation en nous dépossédant toujours plus de nous-mêmes pour nous recevoir de toi seul. Que les épreuves et les souffrances ne nourrissent en nous aucune révolte mais nous conduisent à nous unir toujours plus à toi dans un don toujours plus grand de nous-mêmes, toi qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 23ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 18, 15-20

Jésus disait à ses disciples : 15 « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. 16 S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. 17 S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Eglise ; s'il refuse encore d'écouter l'Eglise, considère-le comme un païen et un publicain.18 Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. 19 Encore une fois, je vous le dis : si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. 20 Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous recommençons une année pastorale après les vacances d’été. Il est légitime

de nous demander comment faire pour réussir l’année, surtout, en communauté ; comment faire pour grandir ensemble dans la pratique de la foi, dans le vivre ensemble, dans la construction d’une communauté locale solidaire et fervente.

Vivre ensemble suppose que chaque membre de la communauté ne cherche pas à cheminer tout seul, mais qu’il fasse route avec les autres. Cela suppose également que chacun reconnaisse et assume ses responsabilités vis-à-vis de la communauté, se sentant alors soutenu, aidé et réconforté par les autres.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous donne des éléments qui peuvent orienter notre année et nous aider à mieux construire notre communauté. Nous pouvons nous appuyer sur deux piliers.

Le 1er pilier, c’est celui de l’amour.Tout d’abord, Saint Paul nous recommande de n’avoir aucune dette envers

personne sauf la dette de l’amour mutuel. « Ne gardez aucune dette » veut dire « soyez en règle avec tous », « ne faites du tord à personne », « ne vous faites pas du mal les autres aux autres ». Pour mieux vivre ensemble, il faut rechercher l’harmonie, la paix et l’entente avec tous, et tout faire pour ne pas commettre du tord à quelqu’un. Mais pour Paul, il ne faut pas s’en tenir à ça seulement. Chercher à être en bons termes avec tout le monde, c’est bien, mais il faut aller encore plus loin, en aimant tous le monde.

Et c’est Jésus qui nous donne la lumière sur comment aimer véritablement. Il nous suggère la correction fraternelle : « Si ton frère comment un péché, va lui parler seul à seul, et montre-lui sa faute ». Quand on aime quelqu’un, on s’intéresse à lui quand tout va bien, et surtout, on ne l’abandonne pas quand pas quand il s’égare, quand il est dans l’erreur. Quand on aime quelqu’un, on ne le laisse pas faire n’importe quoi. Jésus nous recommande d’aller parler à la personne, seul à seul. Il s’agit pour nous de chercher à respecter la dignité, et sauvegarder la réputation de notre frère qui en erreur. Il faut éviter la correction publique qui prendre la forme d’un procès : corriger un homme devant sa femme, une épouse devant son mari, un maître devant ses élèves, un enfant devant ses

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amis, cela passe difficilement : l’orgueil de l’homme ne souffre.Le seul à seul peut donner l’occasion à la personne la possibilité d’expliquer son

action, non pas pour se justifier à tout prix, mais pour se faire comprendre. Souvent, ce qui apparaît comme une faute ne l’est pas dans les intentions de celui l’a commise. Une explication franche dissipe les malentendus.

Toutefois, il arrive qu’il ne soit pas possible de corriger fraternellement son prochain, seul à seul, parce que ce dernier ne souhaite pas que quelqu’un mette le nez dans ses affaires. Même dans ce cas, il faut éviter de divulguer inutilement sa faute en parlant mal de lui, ne le calomniant. Saint Paul nous recommande de ne dire que des paroles constructives, car l’amour ne fait rien de mal au prochain.

Le 2ème pilier, le rassemblement au Nom de Jésus.Nous nous retrouvons chaque dimanche pour célébrer l’Eucharistie qui est pour

nous un temps de prière et de communion fraternelle, une occasion pour témoigner de notre foi au Christ Sauveur. Et quand nous nous réunissons ainsi, le Seigneur est là avec nous. Toutefois, si le rassemblement dominical est déjà bien pour nous, nous pouvons encore faire quelque chose d’autre car la vie communautaire ne doit pas se résumer seulement à la participation à la messe le dimanche. Nous avons besoin de trouver un autre moment pour nous rencontrer, pour vivre un temps fraternel et convivial.

Certes, nous avons les temps de catéchèses intergénérations auxquels nous participons déjà, mais il peut encore avoir un autre moment pour nous rassembler au Nom de Jésus : un après-midi ou un soir dans la semaine, pour prier, lire et méditer un passage biblique, pour discuter entre nous sur divers sujets, pour rentre visite à nos malades ou aux personnes isolées, pour entreprendre et réaliser un projet. Ce sont des occasions qui peuvent nous permettre de mieux nous connaître, de nous encourager les uns les autres, de gagner l’un ou l’autre frère, de toucher d’autres personnes et les aider à faire la rencontre avec Dieu… Ce sont c’est moment qui contribuent à donner une âme chrétienne à notre communauté locale…

Puisse la Parole de Dieu qui nous est donnée en ce jour nous éduquer à la correction fraternelle, et nous donner l’audace, la force et le courage de quitter nos maisons pour nous rencontrer et donner un témoignage de foi assez convainquant… Et que le Christ qui vient à nos rencontres soit la Source de notre union, de notre entente et de notre vie fraternelle, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 24ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

Solennité de la Croix Glorieuse

EVANGILE - Matthieu 3, 13-17 13 Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. 14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, 15 afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. 17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La célébration de la Croix Glorieuse nous donne de méditer sur deux manières de

regarder la croix du Christ.La première manière concerne le regard porté sur les causes de la croix. En

effet, la croix du Christ vient de la haine, de la cruauté et de l’injustice de l’homme, qui parfois, sous prétexte de faire le bien, cherche à détruire les autres par ses actes… Cela se traduit par les guerres et les fratricides, les oppressions et les barbaries, la souffrance physique et morale que les hommes endurent chaque jour. La croix du Christ laisse voir également la souffrance, douleur, la mort et l’anéantissement de l’homme dans toute sa fragilité humaine. C’est le spectacle auquel il essaie d’échapper par tous les moyens et parfois sans y parvenir.

Vue comme telle, la croix est quelque chose de laid et de répugnant. Personne ne souhaite la vivre… Mais si le Christ l’a acceptée, c’est qu’il a voulu que cette épreuve soit l’expression de son grand amour pour nous. La croix du Christ est donc le lieu de la manifestation de l’amour de Dieu pour nous : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique… » C’est de là que nous pouvons jeter un autre regard sur la croix de notre Seigneur Jésus Christ.

La deuxième manière de contempler la croix porte sur ce qu’elle produit. La croix est certes la preuve de la haine des hommes, mais elle est bien au-delà de cela l’expression de la douceur et du pardon du Christ. Elle est le lieu de la victoire de la tendresse, de la douceur, du pardon, de l’humilité et de l’amour de Dieu sur la méchanceté, la haine, l’injustice et le péché.

La croix est aussi le lieu de la transfiguration de nos existences marquées par le péché, la souffrance et la mort : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle… ». Croire au Christ signifie alors croire que l’amour de Dieu est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme et le monde sont plongés.

Et quand bien même la croix s’imposera à nous dans nos moments de deuil, de maladie, de malheur et de chagrin, nous n’aurons pas à nous plaindre ou à nous révolter contre Dieu, mais nous devrons nous unir au Christ dans son amour qui nous transforme, nous transfigure et nous ouvre à la vie par-delà la mort.

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De même, quand le Christ nous invite à prendre nos croix pour marcher à sa suite, il ne nous impose pas l’épreuve da la souffrance. Il veut plutôt que nous nous mettions à l’école de l’amour qui se donne et qui prend cause pour les autres. L’amour pousse à rechercher le bonheur de ceux qu’on aime. Prendre la croix à la suite du Christ sera pour nous, prendre sur nous la cause des autres, et faire l’effort de trouver, créer et aménager des voies et des moyens de réalisation de paix, de joie, de soulagement, de soutien, de vie nouvelle pour tout homme. L’épreuve de la croix sera donc le produit de nos efforts pour sauver, réparer, donner un sens à ce qui semble à la vue humaine insensé. Enfin, la Croix glorieuse pour chacun de nous sera cet effort consenti pour illuminer et transfigurer la vie d’un frère ou d’une sœur, à la suite du Christ dont le grand amour l’a porté à accepter l’épreuve de la croix pour que nous ayons la vie en abondance.

Puissions-nous être renouvelés chaque jour et toutes les fois que nous portons nos regards sur le Croix du Christ. Puissent nos efforts consentis pour le bien des autres contribuer à convertir, transformer et illuminer leurs vies de la vie même du Christ mort sur le croix, mais vivant pour les siècles et des siècles ! Amen !

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Homélie du 25ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE Matthieu 20, 1 - 16a

Jésus disait cette parabole :1 « Le Royaume des cieux est comparable au maître d'un domaine qui sortit au petit jour afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne. 2 Il se mit d'accord avec eux sur un salaire d'une pièce d'argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne. 3 Sorti vers neuf heures, il en vit d'autres qui étaient là, sur la place, sans travail. 4 Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. 5 Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. 6 Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d'autres qui étaient là et leur dit : Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée sans rien faire ? 7 Ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a embauchés. Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne. 8 Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers. 9 Ceux qui n'avaient commencé qu'à cinq heures s'avancèrent et reçurent chacun une pièce d'argent. 10 Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d'argent. 11 En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : 12 Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur ! 13 Mais le maître répondit à l'un d'entre eux : Mon ami, je ne te fais aucun tort. N'as-tu pas été d'accord avec moi pour une pièce d'argent ? 14 Prends ce qui te revient, et va-t-en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi : 15 n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que moi, je suis bon ? 16 Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,En écoutant la parabole des ouvriers de la dernière heure, je ne peux pas

m’empêcher de relever que si ce patron était de notre ère, il aurait à affronter l’appel à la grève des syndicats pour une injustice faite dans la répartition des salaires de ses ouvriers. Aujourd’hui, nous sommes à l’heure du mot d’ordre « travailler plus pour gagner plus ». Loin de moi l’idée de faire la propagande pour qui que ce soit, je voudrais tout juste vous amener à reconnaître que ce patron, comme le Christ nous y invite, la manière d’agir de Dieu à l’égard des hommes.

Dieu n’applique pas le principe du « travailler plus pour gagner plus ». Avec lui, on n’est pas rétribué en fonction des nombres d’heures de travail ou d’heures supplémentaires enregistrées dans la journée ou dans la semaine. La logique de Dieu ne donne pas la peine de comptabiliser les efforts fournis, les énergies dépensées et le temps consacré dans la réalisation d’une activité. Dieu n’est pas un comptable qui, en fonction du nombre de nos mérites, nous donnerait plus ou moins de richesses, de grâces ou de biens spirituels.

De même, la justice de Dieu ne s’applique pas à la manière de la justice que nous connaissons : « à chacun selon ses droits ». Dieu n’épouse pas non plus l’idéologie marxiste « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Un sens naturel de la justice nous porterait à penser que les ouvriers qui ont supporté le poids de toute la journée devraient recevoir plus que ceux qui ont travaillé seulement quelques heures.

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Mais si nous considérons les choses de plus prêt nous voyons qu’il n’y a aucune injustice dans l’attitude du maître. Celui qui a travaillé toute la journée a reçu ce qui lui avait été promis : « une pièce d’argent ». Du coup, donner le même salaire tant à celui qui a travaillé une heure qu’à celui qui a travaillé onze heures n’est pas injustice mais pure générosité.

Cette logique de Dieu révèle la gratuité de son Amour qui surpasse de loin les mérites humains. Cet amour a comme finalité la vie de celui à qui il est destiné. En effet, une pièce d’argent était, à l’époque, le minimum qui permettait à une famille de vivre. En donnant cette somme à chacun, le maître manifeste qu’il se montre plus inquiet de la vie de ses ouvriers que de l’application d’une stricte justice distributive. Et cela, il le fait sans condition parce qu’il est pure gratuité, pur don infini qui dépasse tout calcul et toute imagination.

Cette bonté et cette générosité se révèlent aussi dans une patience infatigable qui prend le temps de nous inviter sans cesse à l’accueillir et ce jusqu’à la dernière seconde de notre vie. Mais la délicatesse de Dieu ne s’arrête pas là. Il souhaite notre participation à la construction de son projet de salut. Il ne veut pas que nous soyons des spectateurs passifs sur la place, que nous demeurions sans rien faire. Il désire que nous soyons des collaborateurs actifs, ouvriers de sa vigne.

Chacun de nous répond à cette invitation de Dieu de diverses façons, notamment dans la vie familiale, dans sa vie professionnelle ou dans la vie associative… Dans les activités humaines que nous réalisons, nous sommes comme mandatés par le Seigneur pour travailler à sa vigne : « Allez, vous aussi, à ma vigne ». Dans chaque projet que nous élaborons et que nous réalisons, nous participons à son œuvre de création et de transformation de l’humanité. Et ce qu’il attend de nous, c’est que nous adoptions les mêmes mœurs, que nous ayons le même regard et les mêmes pensées que lui vis-à-vis de nos frères en humanité. Que personne ne soit négligée, abandonnée à son sort, rejetée… Que les services que nous nous rendons les uns aux autres ne soient pas basés sur le calcul des mérites des uns au détriment des autres, mais sur la générosité et l’amour.

Demandons pour chacun la grâce de cette logique de l’amour de Dieu dans la réalisation de nos activités, en famille, au service et dans la commune, afin que tous nous bénéficions des bienfaits des merveilles que Dieu nous accorde, en attendant d’en jouir pleinement le jour où il nous accueillera dans son Royaume, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 26ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE Matthieu 21, 28 – 32

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : 28 « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne. » 29 Il répondit : « Je ne veux pas. » Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla. 30 Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : « Oui, Seigneur ! » et il n'y alla pas.31 Lequel des deux a fait la volonté du Père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. 32 Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes de ce dimanche nous révèlent que l’homme peut obtenir la vie en

Dieu et le bonheur véritable à partir de son existence terrestre. Ils nous enseignent surtout qu’il n’y a pas de vie mauvaise en soi qui ne puisse obtenir la plénitude du bonheur en Dieu, mais à une double condition.

Tout d’abord, dans la gestion de sa vie terrestre, l’homme doit chercher à un constamment en accord avec le Seigneur afin de trouver en lui la lumière et la sagesse qui peuvent l’aider à mieux se conduire dans la droiture et la justice. Pour se faire, l’homme doit accepter abandonner ses propres pensées et projets, se détacher de sa façon d'être et d'agir, et se libérer même de ses certitudes. C’est dans la mesure où l’homme accepte de ne pas vivre que par lui-même, mais autant que faire se peut, dans la conformité au vouloir de Dieu qu’il obtient d’être un homme vivant de la vie même de Dieu.

Ensuite, de l’enseignement de Saint Paul, il ressort que l’homme ne peut obtenir le bonheur que dans la mesure où il prend à cœur de construire le bonheur des autres. Il semble dire qu’il n’y a pas de bonheur pour chacun sans celui de tous. C’est pourquoi, il nous dit que chacun ne soit préoccupé de lui-même, mais des autres, tout en essayant de construire avec eux une communauté où règnent l’attente et l’harmonie, l’estime et le respect, l’amour et unité.

Mais comment parvenir à construire une communauté unie et fraternelle quand l’un où l’autre membre reste ou se met à l’écart ? Pour construire notre communauté, nous devons nous mettre à l’œuvre, chacun doit contribuer. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester tranquille dans son coin, chacun cherchant à vivre sa foi ou à s’occuper de son bonheur seulement. Il ne peut avoir de bonheur pour chacun individuellement, sans le bonheur de tous : « Que chacun de vous ne soit préoccupé de lui-même, mais aussi des autres ». Au lieu de rester là chercher son bonheur personnel, chacun de nous est invité à s’ouvrir vers les autres, à s’intéresser à eux, à leurs préoccupations et aux questions qu’ils se posent…

En plus, dans le Christ, nous retrouvons le socle pour construire notre bonheur. Il

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est celui qui nous remplit de sa joie. Et celui qui reste constamment en accord avec lui trouve la lumière pour mieux s’orienter dans la vie. Pour communiquer cette joie du Christ à nos frères, nous devons laisser éclater notre joie de vivre en lui. Un chrétien triste ne peut donner l’envie de venir avec lui. Mais, plus il essaie de vivre dans la bonne humeur, plus il rayonne de la joie du Christ et la communique aux autres.

Enfin, pour réussir à construire une communauté fraternelle, nous avons besoin de sortir de nous-mêmes, c’est-à-dire, mourir en nos passions qui nous divisent les uns des autres, et nous éloignent de Dieu. Le chemin de la vie fraternelle passe par celui de la conversion de vie. Rester figés dans nos convictions et nos acquis comme les chefs des prêtres et les anciens de l’Evangile, ne fait que nous rentre distants des autres et de Dieu. Pour Jésus, les publicains et les pharisiens les précèdent dans le royaume de Dieu, simplement parce qu’ils ont reconnus leurs égarements, et ils ont accepté entreprendre un changement de vie et de conduite, en réponse à l’appel à la conversion de Jean-Baptiste. Par le fait qu’ils ont accepté faire l’effort de tourner leurs cœurs vers le Dieu véritable, ils sont rentrés dans sa grâce. Plus nous faisons l’effort de nous débarrasser d’un de nos défauts et corriger notre conduite, plus nous nous rapprochons de Dieu, et plus nos cœurs s’ouvre vers nos frères.

Puisse le Christ qui nous a rejoint dans nos faiblesses nous donner la force mourir avec lui et de nous détourner des nos mauvaises habitudes, afin de laisser émerger l’être nouveau, libre pour aimer comme lui, et construire tous ensemble dans une communauté fraternelle vivante et fervente, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 27ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 21, 33-43

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : 33 « Ecoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. 34 Quand arriva le moment de la vendange il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. 35 Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième. 36 De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon. 37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. 38 Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l'héritage ! 39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » 41 On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu ». 42 Jésus leur dit : « N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'oeuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ! 43 Aussi, je vous le dis : Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. » Récit allégorique servant à présenter un enseignement et à en faciliter la compréhension. Chrétien qui a reçu le sacrement de l'Ordre.

Bien chers frères et sœurs en Christ,« Frères, ne soyez inquiets de rien… », cette invitation de l’Apôtre Paul nous

rejoint à une période où la barque de nos vie semble être ballotée par des vents contraires. Saint Paul reprend celle que Jésus avait adressée à ses disciples au moment où ils étaient troublés. En voyant Jésus venir vers eux en marchant sur la mer, les disciples ont cru que c’était un fantôme et ils ont eu peur au point de pousser des cris. Et Jésus s’est adressé à eux en ces termes : « Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur » (Mc 6, 50). Que pouvons-nous faire pour rester sereins, et ne pas être inquiets, ni avoir peur quoi qu’il nous arrive ?

Quand Saint Paul dit : « Ne soyez inquiets de rien », il ne nous demande pas d’adopter l’attitude de l’autruche qui, lorsqu’il voit venir le danger, ferme les yeux et enfonce sa tête dans le sol. Il ne s’agit pas non plus de tomber dans l’insouciance.

Ne s’inquiéter de rien veut signifie qu’il faut savoir d’abord diagnostiquer nos lieux de crainte et tout ce qui génère en nous la tristesse, l’angoisse, la chagrin et la souffrance. Repérer ainsi ce qui est l’objet de nos peurs et de nos souffrances, nous amène à ne pas le nier, mais à le reconnaître pour ce qu’il est réellement. Les disciples ont eu peur lorsqu’ils étaient dans la barque parce qu’ils avaient pris Jésus qui venait vers eux pour un fantôme. Parfois, nos craintes, bien que justifiées, surgissent parce que nos regards nous amènent à voir certains faits comme des montagnes difficilement franchissables, alors que, vus sous un autre angle, ils ne sont pas aussi écrasants que nous le pensons. Et même si ce qui nous affecte nous reste trop lourd à porter, nous pouvons les présenter

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à Dieu dans une prière fervente et confiante. Ensuite, ne s’inquiéter de rien veut dire qu’il faut accueillir, en toute sérénité, les

évènements qui surviennent dans le cours de nos vies, et ne pas chercher à les vivre comme si tout ne dépendait que de nous. L’une des sources de nos peurs, ce n’est pas tant les difficultés de la vie en elles-mêmes, que le fait de ne pas pouvoir les résoudre par nous-mêmes. Nous aimons bien avoir la maîtrise sur les évènements. Nous investissons volontiers nos ressources, nos énergies, nos biens pour réussir nos projets, pour avoir les meilleures performances. Il n’y a rien de mal à chercher à être les meilleurs, mais le drame c’est que nous redoutons le fait de consacrer tous nos efforts sans y parvenir. Bien souvent, l’idée même d’un éventuel échec est source d’angoisse. Et lorsque, pour l’une ou l’autre raison, nous manquons de maîtrise sur les évènements et que nos projets se révèlent difficiles à réaliser, nous finissons par « craquer », laissant libre cour à la dépression. Ne s’inquiéter de rien, c’est alors savoir lâchez prise, en laissant à Dieu le soin d’intervenir selon son heure et à sa manière.

Enfin, nos angoisses viennent souvent du fait que nous nous laissons envahir par le sentiment d’être en danger : soit c’est nous-mêmes qui ne nous sentons pas en sécurité devant l’autre qui est en face de nous, soit c’est nous qui voyons que l’autre constitue une menace pour nos intérêts propres. C’est ce qui amène chacun à essayer de monter des stratégies de défense. De tels sentiments ne peuvent qu’engendrer la violence sous toutes ses formes, en nous-mêmes, dans la vie personnelle, dans la vie sociale avec nos frères, nos collègues de service et même entre conjoint et conjointe, ainsi que dans les relations internationales… Nous en faisons l’expérience chaque jour. Ne s’inquiétez de rien, c’est alors accepter que le monde ne se construit pas seulement selon les règles et les normes de chaque individu. C’est chercher à vivre dans la simplicité, en prenant à son compte « tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout qui s’appelle vertu et mérite des éloges… »

Finalement, nous prenons à notre compte ces recommandations de Christ : « Ne nous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de ce que vous vêtirez… Ne vous inquiétez pas en disant : ‘ Qu’allons-nous manger ? Qu’allons-nous boire. De quoi allons-nous nous vêtir ?... Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît… » (Cf. Mt 6, 25-35).

Puissions-nous, en accueillant le Christ qui se donne à nous comme nourriture, obtenir sa paix qui nous fera nous abandonner à Dieu, en toute chose, dans la confiance et la sérénité, maintenant et pour les siècles. Amen !

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Homélie du 28ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Mt 22, 1-14

1 Jésus disait en paraboles : 2 « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. 3 Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. 4 Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : Voilà : mon repas est prêt, mes boeufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce. 5 Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce : 6 Les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. 7 Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. 8 Alors il dit à ses serviteurs : Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes. 9 Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce. 10 Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. 11 Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, 12 et lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? L'autre garda le silence. 13 Alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 14 Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,L’Evangile de dimanche dernier et celui de ce dimanche développe un thème

commun, celui de la bienveillance divine à notre égard : Dieu nous fait bénéficier de ses richesses, de ses dons et de ses grâces. Il nous invite à les partager avec lui, comme il nous les confie pour que nous les fassions porter du fruit. Toutefois, face à cette bonté et générosité du Cœur de Dieu, l’homme se laisse prendre dans les filets de l’avidité en cherchant à s’approprier des dons de Dieu de façon égoïste.

Dans la parabole des vignerons homicides, nous notons que Dieu confie les biens aux hommes comme le récit de la création nous le décrit : « Dieu plaça l’homme dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder » (Gn 2, 15), il lui donna la charge de remplir la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 28). Au regard du développement et du progrès, scientifique, technique, médicale, économique que la terre ne cesse d’accuser au fil des siècles et tous les jours que Dieu fait, nous pouvons dire que l’homme réussit bien sa mission.

Mais l’attitude des convives de la parabole des invités au festin du roi nous décrit l’homme qui se laisse prendre par le vertige des ses affaires, de ses réussites et de ses découvertes au point d’oublier celui par qui il doit tout ce qu’il fait. D’une part, l’homme essaie de s’ériger en maître de la terre et de la création à la place même du Créateur, s’appropriant le droit de vie et de mort : je veux parler par exemple des embryons humains qu’il fabrique et qu’il détruit au gré de ses recherches, de ses expérimentations, de ses passions jamais assouvies. Et d’autre part, l’homme se donne tellement d’occupations, d’activités et d’affaires à régler au point qu’il n’a plus le temps de penser à Dieu, et de lui consacrer ne serait-ce qu’une heure de temps le week-

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end. « Ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce », nous dit la parabole des invités au festin. Aujourd’hui, ils continuent de s’en aller qui à son sport ou à ses courses le dimanche, qui à la ballade ou à d’autres occupations.

Lorsque nous refusons l’invitation de Dieu, nous manquons à ce qui est essentiel dans notre vie. Dieu nous invite à venir faire la fête. Ce qu’il recherche en réalité, c’est que tous les peuples puissent se réunir pour faire la fête. Dieu veut établir un royaume où tous les hommes, unis dans la paix et la joie, pourront s’asseoir à la même table et partager le même repas : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés ». Ce royaume, nous le vivons déjà, à chaque fois que nous nous rassemblons pour célébrer l’Eucharistie. C’est le lieu du vrai bonheur.

Mais l’invitation de Dieu requiert la réponse sans hésitation de l’homme, elle ne nous dispense pas de notre responsabilité personnelle. J’entends souvent des hommes et des femmes avouer qu’ils n’ont pu participer à la messe dominicale parce qu’ils devaient s’occuper de leur conjoint ou conjointe. A ce propos, je ne manquerai pas de dire que je suis dans l’admiration devant les efforts et les sacrifices que beaucoup de personnes font chaque jour pour prendre en charge leurs conjoints(es), ou de leurs parents affaiblis par l’âge ou la maladie. Ces personnes vivent chaque jour ce que l’on pourra appeler, le « sacrement du frère ». Elles consacrent tout leur temps, et leur vie pour leurs frères ou sœurs, leurs conjoints (es), ou leurs parents, devenant pour eux leurs mains, leurs pieds, leurs yeux, et même leur espoir de vie : sans elles, ils ne pourront pas vivre tout seul. A travers les multiples services ainsi rendus, ces hommes et ces femmes vivent le sacrement du frère par lequel ils sont signe de l’amour et de la vie de Dieu pour les autres, et partagent avec eux les richesses de Dieu. Cela rejoint le Sacrement de l’Eucharistie qui nous donne d’accueillir le Christ qui se donne à nous et de nous le partager les uns avec les autres, dans l’amour, la paix et la joie.

En somme, l’occupation à laquelle nous devons nous adonner, c’est celle qui nous permet de rencontrer, d’accueillir et de partager Dieu avec les autres et dans les autres : l’Eucharistie et le service de nos frères. Puissions-nous nous laisser pénétrer par la grâce de Dieu à chaque fois que nous nous réunissons pour célébrer l’Eucharistie afin de transmettre à nos frères et sœurs la paix, la joie et l’amour de Celui qui vit et qui règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 29ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE Matthieu 22, 15 - 21

15 Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler. 16 Ils lui envoient des partisans d'Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. 17 Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ? » 18 Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? 19 Montrez-moi la monnaie de l'impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d'argent. 20 Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? De l'empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Bien chers Bien chers et frères en Christ,L’Evangélisation est une œuvre de l’Eglise par laquelle elle annonce et propose

l’Evangile du Christ aux hommes, et les invite à nourrir leur vie des richesses de la Parole de Dieu. La mission d’évangélisation dont nous partageons tous la responsabilité, part de la conviction que la Parole de Dieu que nous avons entendue ne peut être tue. Elle doit plutôt être proclamée, célébrée, partagée, car il s’agit d’une Parole de vie.

Cette année, nous sommes invités à contempler la figure de Saint Paul, et à nous inspirer de son enseignement afin de prendre chacun sa part dans l’annonce de la Bonne nouvelle de salut chez nous, autour de nous comme dans tous les continents. Saint Paul nous encourage à vivre une charité qui se donne de la peine de l’œuvre d’évangélisation. Il s’agit d’être, à sa suite, des hommes et des femmes qui ne ménagent aucun effort pour prêcher à temps et à contre temps la Parole de Dieu, en interpellant, en expliquant, et en nous soutenant mutuellement.

Reconnaissons-le, l'annonce de la Bonne Nouvelle se retrouve toujours face de multiples obstacles. Il y a entre autres, les difficultés de communication et d’accès à la Parole de Dieu dans certains pays, dans d’autres, c’est la culture et l’environnement qui sont sécularisés au point que la religion n’a plus le droit d’être citée ; pour d’autres encore, c’est ceux à qui la Parole est transmise qui manifestent une résistance ou une indifférence au point qu’il est difficile de parler de leur parler de Dieu.

Il est en effet difficile de parler de Dieu à une époque qui pense ne pas en avoir besoin. Dieu n’a pas sa place. Et pourquoi l’aurait-il d’ailleurs ? A quoi sert Dieu quand je parviens à obtenir une situation, une bonne santé et une belle famille. Il ne m’apporte rien de concret, je me débrouille très bien sans lui. Les seules valeurs qui définissent les objectifs sont le succès social et financier… Il n’y a pas de place pour le spirituel. C’est ainsi que certaines personnes ne cherchent qu’à bâtir leur vie sur les choses visibles, tangibles, sur le succès, sur la carrière, sur l'argent. Telles sont apparemment les vraies réalités.

Mais tout cela, un jour, disparaîtra. Nous le voyons aujourd'hui dans la faillite des grandes banques: cet argent disparaît, il n'est rien. Aussi toutes ces choses, qui semblent être la véritable réalité sur laquelle compter, ne sont qu'une réalité de deuxième ordre.

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Celui qui bâtit sa vie sur ces réalités, sur la matière, sur le succès, sur tout ce qui apparaît, bâtit sur du sable. Seule la Parole de Dieu est le fondement de toute la réalité, elle est aussi stable que le ciel, plus stable que le ciel, elle est la réalité.

Pour nous chrétiens, notre mission, c’est d’annoncer au monde qu’il existe bien un trésor caché au cœur de l’Evangile. La Bonne Nouvelle du Christ est en effet un trésor d’amour, de réconciliation, de justice et de paix, que nous portons dans nos mains fragiles et malgré notre faiblesse et nos limites, mais qui n’en reste pas moins un trésor, comme le rappelle saint Paul. La personne réaliste est celle qui reconnaît dans la Parole de Dieu, dans cette réalité apparemment si faible, le fondement de tout. La personne réaliste est celle qui bâtit sa vie sur ce fondement qui reste en permanence.

Parler de mission d’évangélisation, c’est affirmer, sans réserve et sans complexe, que le message du Christ est aujourd’hui un ferment de liberté et de développement équilibré à tous les niveaux de notre société. Ce message nous fait entrer réellement dans l'univers divin. Nous sortons de l'étroitesse de nos expériences et de nos limites, et entrons dans la réalité qui est vraiment universelle. Nous sortons vers le large, dans la vraie largeur de l'unique vérité, la grande vérité de Dieu.

Comment pouvons continuer à transmettre cette Bonne Nouvelle qui libère, qui nous relie tous, nous unit tous, nous fait tous frères ? Rappelons-nous que Jésus lui-même, Evangile de Dieu, a été le tout premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout, jusqu’à la perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre. Il est donc le missionnaire parfait, le modèle à suivre pour devenir à notre tour missionnaire et répondre ainsi à son appel d’aller et d’annoncer la Bonne Nouvelle à toute la terre.

Quand Dieu veut nous sauver du péché, il se fait homme. Il se fait proche de nous en devenant l’un de nous. Toute évangélisation comporte, d’une manière ou d’une autre, ce mouvement pour se rapprocher de l’autre. C’est à cette rencontre de l’autre que Saint Paul nous invite lorsque qu’il nous demande d’avoir une charité qui se donne de la Peine. La mission d’évangélisation est don qui se donne de la peine de se dépasser, de s’engager, de se donner, de rencontrer l’autre dans sa vie, dans sa culture, dans ses joies et ses peines, dans ses espoirs et ses tristesses… et partager avec lui les trésors impérissable de l’Evangile du Christ, Parole de Vie pour tous les hommes, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 30ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)

EVANGILE - Matthieu 22, 34-40

34 Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, 35 et l'un d'eux, un docteur de la Loi, lui posa une question pour le mettre à l'épreuve : 36 « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » 37 Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. 38 Voilà le grand, le premier commandement. 39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40 Tout ce qu'il y a dans l'Ecriture, - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Les textes bibliques de ce dimanche nous rappellent que le plus grand des

commandements, c’est l’amour : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même. Ils nous indiquent ainsi qu’il y a un lien intime entre l’amour vrai que nous avons pour nous-mêmes et l’amour que nous avons pour Dieu et les autres. Si nous ne nous aimons pas, tous nos liens relationnels en souffrent.

Une personne qui ne s’aime pas est souvent une personne qui a peur. Elle est souvent agressive et colérique parce qu’elle a peur d’aimer ou d’être aimée. Les causes les plus fréquentes de la colère est la peur, surtout la peur d’être rejeté. Une personne qui ne s’aime pas et qui ne se sent pas aimée est également possessive, arrogante, voire même dépendante. Nos fausses attentes prédisposent à la colère intérieure ou à l’agressivité extérieure.

Une personne qui ne s’aime pas ne fait pas confiance aux autres parce qu’elle se méfie d’elle-même. Elle suppose toujours d’avance que les autres sont hypocrites et qu’elle ne sera pas acceptée réellement. Méfiante, sur ses gardes, elle est très sensible aux déclarations négatives, réelles ou imaginaires. Elle se prépare à attaquer l’autre parce qu’elle croit que l’autre va nécessaire l’attaquer.

Une personne qui ne s’aime pas n’attend pas d’amitié ou d’amour des autres. Doutant de sa propre valeur, elle se sent menacée par les autres et devient compétitives. Quand les autres sont trop appréciés, elle se sent menacée. La vision négative qu’elle a d’elle-même constitue une énorme barrière qui l’empêche d’approcher les autres de façon positive et de les aimer.

Pour aimer les autres, il faut s’aimer et pour réellement s’aimer, il faut avoir été aimé inconditionnellement. Dieu est la réponse à ce besoin d’amour, mais Dieu veut aussi passer par les hommes et les femmes qui nous entourent pour nous donner son amour. Voilà pourquoi, Dieu a créé l’homme et la femme, voilà pourquoi, il a leur demandé de construire des foyers, des familles, des communautés. Si nous habitons dans une maison, un même appartement, un même immeuble, un même quartier, une même commune… ce n’est pas seulement parce que nous nous avons cherché et trouver un toi, mais c’est pour apprendre à son aimer, à aimer les autres, et à nous laisser aimer.

Aimer, c’est encore s’accepter soi-même, et s’accepter soi-même, c’est comprendre qu’on est humain comme les autres. L’acceptation de soi-même est le

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premier signe d’une charité paisible et bien ordonnée envers soi-même. Le fait de s’accepter est à la racine de tout. Il me faut consentir à être qui je suis. Consentir à avoir les qualités que j’ai. Consentir à vivre à l’intérieur des limites auxquelles je me heurte.

Aimer vraiment comme Jésus nous aime : « Aimez-vous comme je vous ai aimés… ». Aimer comme Jésus, c’est accepter d’être humble. Etre humble, c’est dire aux autres comme Jésus à la Samaritaine : « Donne-moi à boire… ». C’est en fait accepter d’avoir besoin des autres, et leur demander de l’aide. Nous avons ainsi besoin de nous laisser aimer des autres. Nous ne pouvons pas nous aimer nous-mêmes si nous refusons de nous laisser aimer. Personne n’est une île perdue dans l’océan. Aimer c’est donc l’ouverture de tout être à l’existence des autres, la capacité de les deviner, de les comprendre. Aimer, c’est donc essentiellement se donner aux autres.

C'est cet amour donné et reçu qui est source de la joie. L'amour donné au prochain nous apprend le sens profond de notre propre bonheur, comme l'amour que Dieu nous porte, nous apprend le sens profond de propre bonheur.

Aimer Dieu de tout son cœur, dans la prière, la louange, l’adoration et l’Eucharistie… et aimer son prochain comme soi-même en ouvrant mon cœur pour le recevoir et lui permettre de me recevoir, c’est là le chemin du vrai bonheur. Puissions-nous en vivre tous les jours, en famille, à l’école, en communauté, et dans nos lieux de service pour que le feu de l’amour de Dieu embrasse tous les cœurs et nous donne de vivre tous ensemble dans la paix, la joie et le bonheur maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de la Solennité de la Toussaint (Année A)

EVANGILE - Matthieu 5, 1-12

01i Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. 02 Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : 03 « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! 04 Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! 05 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! 06 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! 07 Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! 08 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! 09 Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! 11 Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous célébrons aujourd’hui la fête de tous les saints et celle du saint possible

que chacun de nous porte en lui. Cette fête nous rappelle que nous sommes tous appelés à une vie de sainteté, à l’image de Dieu qui veut que nous soyons saints comme il est saint. Quand nous parlons de sainteté, nous invoquons à la fois la recherche d’une vie à l’image de Dieu et la vie en sa présence, car être saint, c’est vivre avec Dieu, voir Dieu et contempler sa face. Saint Jean, dans sa vision, nous parle d’une foule immense de toutes nations, races, peuples et langues qui se tient debout devant le Trône et de l’Agneau, des palmes à la main et qui proclament : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ».

Quand nous parlons aussi de sainteté, nous ne faisons pas seulement référence à cet état de vie à venir : la vie après la mort, mais nous laissons entendre qu’elle commence surtout dès cette vie présente. Et pour vivre dans la sainteté, plusieurs chemins sont possibles : nous pouvons même dire qu’il y a autant de chemins de sainteté que de saints reconnus, connus ou inconnus. Toutefois, nous pouvons les classer sur deux grandes voies.

La première grande voie de sainteté est celle de la recherche de l’union à Dieu : être uni à Dieu, pas seulement dans une vie mystique, mais dans la quête permanente de la connaissance, l’acceptation et la réalisation de sa volonté ; être uni à Dieu dans la prière comme dans l’action de façon à ce que la volonté de Dieu soit faite sur terre comme au ciel, en nous, à travers nous, autour de nous…

La deuxième grande voie de sainteté est celle d’une vie offerte pour les hommes : c’est l’engagement au quotidien pour être auprès des plus pauvres, des démunis, des souffrants… et leur apporter le réconfort, le soutien et le soulagement ; c’est prendre la cause des plus faibles pour qu’il y est plus de justice, plus de paix, plus de solidarité et de fraternité tout autour de nous ; en somme, c’est l’engagement de ceux qui donnent à manger aux affamés, à boire aux assoiffés, qui donnent des vêtement à ceux qui n’en ont pas, des logements à ceux qui sont sans logis, qui accueillent les étrangers,

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qui prennent soin des malades, qui rendent visite personnes qui sont seules ou en prison, et qui font cela n’ont pas seulement pour un but humanitaire, mais par amour pour l’homme et pour Dieu.

Finalement, ces deux grandes voies ont quelque chose de commun, c’est le choix de vivre en Dieu, avec lui et pour lui dans la prière, dans le service auprès des autres. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a réussi à réunir ces deux grandes voies dans sa petite voie de sainteté. Elle s’est efforcée d’offrir à Dieu les gestes et les activités quotidiennes, aussi banales, ignorées, simples ou pénibles soient-elles ; elle a également fait l’effort de supporter les autres religieuses du Carmel, surtout quand elles l’offensaient même de façon inconsciente ou quand elles étaient dures avec elle ; et par sa douceur à travers sa disponibilité à leur rendre service, elle a conduit certaines d’entre elles à changer de cœur et à être plus aimables.

De nombreux et innombrables saints ont pu vivre chacun à sa manière ces voies de sainteté quand ils étaient sur terre. Ils nous ont laissé des exemples d’union de vie en Dieu et d’engagement dans l’amour pour les autres. A travers leurs exemples de vie, et dans la simplicité de leur vie, dans les moindres choses comme dans les plus grandes, ils nous disent que la sainteté est possible et que chacun y est appelé, selon les grâces qu’il reçoit de Dieu, selon son charisme propre, selon son état de vie, et selon sa profession ou ses engagements.

Sur terre, nous pouvons tracer chacun son chemin de sainteté en nous engageant, au quotidien, à libérer l’homme du péché par la miséricorde, de l’offense par le pardon, de la haine par l’amour, de la violence par la douceur, de la méfiance par la confiance, de la misère par l’espérance qui fait vivre et qui donne des raisons de vivre en Dieu. Chaque jour nous est donné par Dieu, avec sa grâce, pour grandir dans une vie de plus en plus parfaite. Notre vie, comme notre passage sur terre, est unique et chaque jour nous est offert comme une chance supplémentaire de nous améliorer et de progresser dans l’amour et la sainteté de vie.

Puisse le Seigneur, dans son amour pour nous, accueillir les activités, les efforts ainsi que les simples gestes que nous faisons chaque jour pour être plus aimables, plus généreux, plus solidaires, plus fraternels ; puisse-t-il rendre en nous, toujours plus dynamique, cette force qui nous pousse à grandir jour après jour dans la perfection et dans l’expression de son image et de sa ressemblance, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 31ème Dimanche du Temps Ordinaire (Année A)Commémoration des fidèles défunts

EVANGILE - Luc 12, 35-38. 40

Jésus disait à ses disciples : 35 « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. 36 Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. 37 Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. 38 S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! 40 Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le fils de l'homme viendra. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,Nous avons célébré hier la fête de ceux qui sont contemple la gloire de Dieu.

Aujourd’hui, nous faisons la commémoration de tous les fidèles défunts comme la fête de la rencontre de chacun d’eux avec. Nous célébrons la fête de tous saints et nous nous souvenons des fidèles défunts, parce que nous croyons à une vie après la mort, sinon il serait vain de nous rendre au cimetière, de prendre soin des tombes de nos défunts… A qui irions-nous rendre visite et pourquoi allumer une bougie ou apporter des fleurs ?

Cette célébration vient comme une réponse à l’éternelle question de l’homme : « Qu’y a-t-il après la mort ? » Après la mort, au-delà de la mort, dans la mort même il y a la vie. C’est ce qu’il fonde notre espérance. Que les choses se passent d’une manière ou d’une autre, cela ne surprend pas : après la nuit vient le jour, après l’été l’hiver… Et quand l’homme naît, il grandit, et un jour vient le moment pour lui de quitter cette vie terrestre.

Cependant, la mort n'est pas la fin de tout ; après la mort, il y a la vie ; au-delà de cette vie, Dieu accueille ses fidèles auprès de lui, car il ne nous les abandonne pas à un triste sort après la mort. Dieu les accueille dans sa demeure où jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif, où il n’y aura plus de pleur, de cri et de peine… La sagesse biblique nous rassure que : « La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n'a de prise sur eux. Celui qui ne réfléchit pas s'est imaginé qu'ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu'ils sont dans la paix... ».

C’est pour nous inviter à une telle espérance que Jésus nous donne cette recommandation : « Vous aussi tenez-vous prêts » c'est-à-dire : « Vivez toute votre vie dans la perspective de cette grande et ultime rencontre avec Dieu ». Cela veut dire que, tout comme le fils de l'homme et à sa suite, nous sommes invités à notre tour à nous mettre en tenue de service pour travailler dans ce monde à la croissance du Royaume.

« Restez en tenue de service ». L'attente ne peut être une attente angoissée ou fiévreuse. Pour en saisir toute la richesse, il nous faut apprendre à maîtriser nos impressions qui sont faites de crainte vis-à-vis de la mort. La question de la mort ou de la fin de notre vie terrestre ne doit pas générer en nous l’idée d’une catastrophe finale au seuil de la vie éternelle qui nous est offerte. Il ne s’agit pas de nier son caractère douloureux, mais de l’intégrer plus consciemment comme un évènement grand et

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inéluctable, de notre aventure humaine. Cette perspective devient source de notre joie et nous invite à une toute autre attitude, au travers de notre situation de faiblesse et d’impuissance de la mort quand elle vient nous prendre ou prendre nos proches, de façon foudroyante, à une heure où nous ne nous attendons peut-être pas.

« Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ». Ce serviteur qui aura vécu au quotidien ce que le maître attendait de lui car celui-ci prendra la tenue de service, le fera passer à table pour lui donner de partager sa joie. Pour nous préparer à accueillir cette joie de la rencontre avec le Seigneur quand viendra l’heure dernière, nous avons à vivre simplement et pleinement la vocation qui est la nôtre non dans l’insouciance, mais dans la paix et la sérénité, parce que c'est cela que Dieu attend de nous.

Nous vivons déjà en lui, par lui et avec lui les activités quotidiennes de notre vie humaine et spirituelle. Ce service quotidien n’implique donc pas la peur puisqu’il est fait d’une fidélité à notre vocation, telle que Dieu nous demande de la réaliser. La vigilance, c’est de prendre en compte ce que nous sommes et d’en assumer les responsabilités. On ne prépare le ciel qu’en étant attentif à ce que nous avons à vivre sur la terre.

Puissent nos prières et nos différentes célébrations eucharistiques à l’intention de nos fidèles défunts, nous obtenir de vivre déjà dans la communion de tous ceux qui sont entrés dans la Lumière de Résurrection du Christ, lui qui est vivant, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 2ème Dimanche du Temps de l’Avent (Année B)

EVANGILE - Marc 1, 1-8

1 Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. 2 Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j'envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route. 3 A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. 4 Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. 5 Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. 6 Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, 7 Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint. »

Bien chers frères et sœurs en Christ,En ce deuxième dimanche du Temps de l’Avent où nous préparons nos cœurs pour

accueillir le Seigneur Jésus qui va de nouveau se manifester à nous à Noël, nous sommes invités à reconnaître dans le Christ, le Verbe de Dieu, la Bonne Nouvelle qui transforme nos vies.

Dans la naissance et à travers la vie de Jésus, le Fils de Dieu, la Bonne Nouvelle est venue jusqu’à nous. Elle est un message de bonheur, de délivrance et de salut. A Nazareth où il a grandi, Jésus présentait sa mission en ces termes : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a consacré pour donner aux pauvres une bonne nouvelle. Il m’a envoyé annoncer la libération aux captifs, la lumière aux aveugles… et proclamer une année de grâce de la part du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Ce propos nous dit qu’avec la venue du Christ au monde, c’est une ère nouvelle qui est inaugurée, un nouveau monde qui commence.

L’Apôtre Pierre proclame que ce que nous attendons c’est « un ciel nouveau et une terre nouvelle où résident la justice », la vérité, la paix, la solidarité et l’amour (Cf. 2 P 3, 13). Et pour lui, l’instauration de cette terre nouvelle, de temps de bonheur et de grâce sera certes une œuvre du Seigneur lui-même quand il se manifestera de nouveau aux hommes, mais sa réalisation dépend aussi de l’action de tous. D’une part, nous avons la mission d’annoncer cette bonne nouvelle de paix, de bonheur et de salut comme le proclame le Prophète Isaïe : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Elève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem… ». Et d’autre part, nous avons la charge d’œuvrer chaque jour pour transformer l’aspect du monde dans lequel nous vivons. Il nous appartient d’annoncer la Bonne Nouvelle, mais aussi d’être pour toute personne bonne nouvelle, message de bonheur, de paix, de joie…

Nous annonçons la Bonne Nouvelle à nos frères et sœurs lorsque nous leur permettons d’entendre une parole de réconfort dans leur détresse, d’encouragement dans leur échec, d’espérance dans leur déception, de consolation dans leur désarroi. Nous sommes Bonne Nouvelle pour eux lorsque, par notre amitié, notre sympathie, notre

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générosité, nous leur communiquer des rayons de lumière, et ouvrons pour eux des chemins pour se reconstruire, pour retrouver la paix et la joie de vivre…

Dans l’attente de sa naissance à Noël comme de son retour glorieux, Jésus nous demande de préparer son chemin, de combler les ravins, de rentre droits les passages tortueux… Il nous associe à son œuvre de restauration du monde pour que nous rejoignons nos frères et sœurs pour leur annoncer la Bonne Nouvelle qui réconcilie Dieu avec les hommes, et chacun avec son prochain, qui libère de la mort, de la peur, de l’angoisse, du non-sens de la vie. Nous avons la mission d’allumer au cœur des hommes l’espérance de la vie et les faire renaître à l’amour.

Mais souvent, la souffrance qui atteint l’homme est si intense, le mal qui l’agresse et si violent et injuste que nous sommes dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit pour y remédier. Comme Marie au pied de la croix, nous ne pouvons ni changer, ni modifier es évènements douloureux qui font vaciller les hommes dans leur espérance ou dans leur goût de vivre. Mais sa présence à tout changé. Elle a transformé ce drame de la haine en offrande d’amour.

Ainsi, même si nous ne pouvons pas éviter le mal qui détruit l’homme, même si nous ne pouvons pas arrêter la souffrance qu’il engendre, il nous est toujours possible de nous faire proches de celui qui souffre, de soulager sa détresse et, par notre présence fraternelle et affectueuse, de l’aider à ne pas sombrer dans le désespoir ou la révolte qui tue l’espérance et conduisent à la mort. Quand on ne peut pas faire grand-chose pour faire vivre l’homme, et transformer ses peines en joie, on peut encore être à ses côtés, lui offrir un sourire, risquer un geste de tendresse qui réchauffe le cœur, rentre une visite ou lancer un coup de fil qui fait renaître à l’espérance, ressuscite le courage et redonne envie de vivre.

Puissions-nous ouvrir nos cœurs à la présence de Celui qui vient afin qu’il nous communique la force de son Esprit qui nous fera transformer nos vies et celles de nos frères et sœurs selon sa Bonne Nouvelle d’amour, de paix, de joie, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps de l’Avent (Année B)

EVANGILE - Jean 1, 6-8 19-28

6 Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. 7 Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. 8 Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. 19 Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » 20 Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. » 21 Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Elie ? » Il répondit : « Non. Alors, es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n'est pas moi. » 22 Alors ils lui dirent : Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » 23 Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » 24 Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. 25 Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n'es ni le Messie, ni Elie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » 26 Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. » 27 Tout cela s'est passé à Béthanie de Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait)

Bien chers frères et sœurs en Christ,« Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu » (cf. Is 61).

Cette déclaration de joie a été reprise par la Vierge Marie quand elle est allée à la rencontre de sa cousine Elisabeth qui était enceinte, pour partager sa joie. Marie exprimait ainsi sa reconnaissance à Dieu pour œuvre de salut pour l’humanité à travers sa petite personne. Le magnificat de Marie est relayé par l’exhortation de Saint Paul qui invite les fidèles chrétiens de Thessalonique à être toujours dans la joie : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez-grâce en toute circonstance ».

Aujourd’hui, cette invitation à la joie nous rejoint. Mais, nous nous posons bien la question : « est-il possible d’être joyeux aujourd’hui ? ». D’emblée, nous sommes tentés de dire qu’il y a presque un peu d'audace à oser proclamer « soyez dans la joie » alors que tant de guerres meurtrières endeuillent tous les jours notre planète, que le terrorisme fleurit ici ou là, que les problèmes économiques condamnent tant de nos contemporains sous toutes les latitudes à une vie misérable. Trop souvent, notre monde souffre de tristesse et de morosité. La peur de l'avenir et le mal de vivre marquent nos contemporains, jeunes ou plus âgés s'interrogent sur le sens de leur vie, nombre d'adultes souffrent de solitude... Etre dans la joie semble tenir de l’irréel dans une société où l'on nous parle surtout de « ce qui ne va pas » : la télévision et les journaux nous en font la litanie chaque jour.

Soyons clairs, la situation mondiale n'était pas plus glorieuse du temps de Paul. Son exhortation s’adressait à des chrétiens qui avaient aussi quelques raisons de s’inquiéter, puisqu’ils venaient de subir les premières persécutions et que la mort de certains d’entre eux les avait profondément troublés. Quand Paul parle de joie, il ne s'agit donc pas d'une gaité inconsciente, d'un optimisme béat. Il s'agit plutôt d’une joie

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profonde du peuple d'Israël libéré de l'esclavage, de Marie à l'Annonciation, de disciples de Jésus lorsqu’il leur apparaît après sa Résurrection.

La vraie joie, c’est la certitude de la présence de Dieu à nos côtés. La joie chrétienne repose principalement sur notre foi en notre Dieu qui nous aime et qui nous sauve à chaque instant. La joie chrétienne, c'est de savoir que Dieu habite au plus profond de notre cœur et que nous pouvons lui parler où nous voulons, quand nous le souhaitons, de ce que nous désirons… ; la joie chrétienne, c'est de découvrir Jésus en chaque personne, même la pire… : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas », disait Jean Baptiste.

En fait, en tant que croyant, il nous est ordonné de nous réjouir. Se réjouir ouvre la porte à la victoire dans votre vie. Quand vous vous réjouissez et que vous louez le Seigneur, vous déclarez que votre Dieu est plus grand que vos problèmes ! La source de la joie véritable se trouve dans cette certitude que le Mal a été vaincu, que le plus petit geste d’entraide ou de partage vaut plus que tous les égoïsmes, que, tôt ou tard, la paix l’emportera sur la violence, le pardon sur l’offense, la réconciliation sur la haine ? Seule cette espérance, reçue dans la foi, peut être la source d’une joie qui empêche de sombrer dans le désespoir, mais qui rend les détresses de nos frères humains encore plus scandaleuses. S’il est vrai que tant qu’il y aura des pauvres le bonheur des hommes ne sera jamais vraiment possible, il est tout aussi vrai que l’accueil de l’Amour de Dieu et de sa puissance libératrice ouvre à l’humanité le chemin de la joie véritable.

L’invitation à la joie en temps de l’Avent est pour nous est appel à accueillir la venue du Seigneur comme une source perpétuelle de joie, de calme et de paix dans la foi. Mais cette joie n’est seulement pas réservée à ceux qui croient au Christ. En tant que chrétiens, nous sommes messagers de la joie destinée à l’humanité tout entière, en particulier aux plus pauvres, dans ce cas aux plus pauvres de joie !

Pensons à nos frères et sœurs qui, spécialement au Moyen-Orient, dans certaines régions d’Afrique et dans d’autres parties du monde vivent le drame de la guerre : quelle joie peuvent-ils vivre ? Pensons aux nombreux malades et personnes seules qui, en plus d’être éprouvés dans leur corps, le sont également dans leur âme, car il n’est pas rare qu’ils se sentent abandonnés : comment partager la joie avec eux, sans manquer de respect pour leur souffrance ? Mais pensons également à ceux - spécialement les jeunes - qui ont perdu le sens de la vraie joie, et la cherchent en vain là où il est impossible de la trouver : dans la course désespérée vers l’affirmation de soi et le succès, dans les faux divertissements, dans la société de consommation, dans les moments d’ébriété, dans les paradis artificiels de la drogue et de toute forme d’aliénation.

Puisse l’Esprit du Seigneur qui habite nos cœurs nous donner le courage et l’audace d’oser dire notre joie de la présence, aujourd'hui, du Christ parmi les hommes, par des mots tout à notre entourage. Soyons dans la joie car le Seigneur est là au milieu de nous, lui qui est vivant maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie du 4ème Dimanche de l’Avent (Année B)

EVANGILE - Luc 1, 26-38

26 L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, 27 à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. 28 L'Ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 29 A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 30 L'Ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. 32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33 il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » 34 Marie dit à l'Ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » 35 L'Ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. 36 Et voici qu'Elisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait « la femme stérile ». 37 Car rien n'est impossible à Dieu. » 38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l'Ange la quitta.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Ce mystère de la Nativité que nous allons fêtée dans quelques jours, nous révèle

que Dieu veut habiter parmi nous, faire en nous sa demeure éternelle : tel est « le mystère qui est maintenant révélé : il était resté dans le silence depuis toujours, mais aujourd’hui il est manifesté ». Dieu choisit d’habiter de nous rejoindre dans notre détresse, de se faire proche de nous, de partager notre vie jusqu’à devenir l’un de nous par l’Incarnation de son Fils.

Pour nous témoigner de son amour, Dieu a choisi de nous rejoindre dans notre humanité marquée par le mal, la faiblesse, la souffrance, la détresse… Dieu se fait solidaire des hommes pour amour pour nous. Il se fait solidaires des hommes jusqu’à vouloir demeurer parmi nous. Par l’Incarnation de son Fils en Marie débute l’inhabitation, c’est-à-dire la descente de Dieu qui vient établir sa demeure parmi les hommes.

Avec Jésus, Dieu vient à la rencontre de l’homme. « Le Seigneur est avec toi… comblée de grâces », déclare l’Ange à Marie. En Jésus, Dieu est avec nous. Mais ce n’est pas seulement Dieu avec nous, nous tout autant, Dieu en nous et nous en Dieu. En Jésus, Dieu vient demeurer en nous pour nous donner de connaître la joie et le bonheur de demeurer en lui. En chacun de nous, Dieu est présent avec toute sa puissance de vie et d’amour. Il s’est fait proche de nous pour que nous soyons proches de lui, solidaires de sa vie et son amour pour le montrer et le communiquer au monde.

En Jésus et Marie, Dieu s’est proche de nous, et nous en tirons quelques conséquences :

- Notre être tout entier, notre personne devient demeure de Dieu parmi les hommes, signe visible de la présence de Dieu qui est tout amour et plein de miséricorde.

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- Nous devenons davantage proche de Dieu à chaque que, à la suite de Jésus, nous manifestons la tendresse du Père. Notre vie et notre comportement sont appelés à être des signes de la présence de Dieu aux autres. Partout où nous sommes, nous rendons Dieu présent à ceux qui nous entourent.

- Nous sommes précieux aux yeux de Dieu parce qu’il a choisi de demeurer en nous. Cela nous rappelle que tout homme est digne d’être aimé parce qu’il vient de Dieu et que Dieu l’aime comme il nous aime, chacun personnellement, indépendamment de ses qualités et mérites, ou de ses faiblesses et limites.

- Dieu en nous nous invite à être lui aussi solidaire en accueillant chaque personne humaine telle qu’elle est, reconnaissant en elle un frère ou une sœur, nous rendant proche d’elle jusqu’à la rejoindre dans sa détresse. Etre solidaire de Dieu, c’est avoir l’audace de rejoindre l’homme dans ses souffrances, prendre parti des pauvres et des petits, de tous les cœurs blessés et désemparés… Etre solidaire de Dieu, c’est accueillir l’homme – conjoint ou proche, collègue ou étranger – comme Dieu nous accueille nous-mêmes ; l’accueillir tel qu’il est et non tel que l’on voudrait qu’il soit ; se comporter vis-à-vis de lui et lui témoignage de notre amour à la manière du Seigneur. En somme l’Incarnation du Fils de Dieu nous donne la possibilité de partager

la vie même de Dieu, de nous rentre solidaires de celui qui est victime du mal quelle que soit l’origine de sa détresse : spirituelle, humaine, affective, physique, morale, etc., afin de lui témoigner la compassion même de Dieu, de lui porter secours et de travailler, dans la mesure de nos possibilités, à sa guérison, à sa son salut et à sa libération.

Mais comment cela est-il possible alors que de notre côté, nous traversons des situations difficiles à résoudre ? « Rien n’est impossible à Dieu ». Nous pensons souvent pouvoir tout réaliser par nous-mêmes, et parfois, nous croyons parvenir à accomplir les œuvres de Dieu pour Dieu ou à la place de Dieu. Nous inversons les rôles. Ce n’est pas nous, mais Dieu lui-même qui est le Maître d’ouvrage : « Non, tu ne me bâtiras pas une maison, c'est moi, Dieu, qui te bâtirai une maison ». Ce n’est pas nous qui devons mener nos vies comme nous le voulons. Ce n’est pas nous qui devons construire le monde tel que nous le voulons. Mais c’est Dieu qui doit mener nos vies pour nous. C’est lui qui doit nous montrer comment construire un monde de paix, de justice et d’amour.

En revanche, ce que Dieu attend de notre part, ce n’est pas trop l’accomplissement des œuvres que la libre disponibilité à son projet : « Je suis la servante du Seigneur… » Qu’il nous fait selon la présence du Seigneur en nous, et que la présence du Seigneur en nous transforme nos vies et nous donne de concevoir sa vie et de la donner au monde, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Homélie de Noël 2008 (Année B)Messe de Minuit

EVANGILE - Luc 2, 1-14

01 En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre 02 ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. 03 Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine. 04 Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. 05 Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. 06 Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. 07 Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune. 08 Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. 09 L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, 10 mais l'ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : 11 Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. 12 Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » 13 Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : 14 « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. »

Bien chers frères et sœurs en Christ, la Bonté divine est venue sur terre !En célébrant cette nuit la naissance de Notre Sauveur Jésus Christ, nous affirmons

avec foi que Dieu nous aime au point de s’incarner pour tout connaître de notre existence, tout partager de nos joies et de nos peines… Avec Jésus, la Bonté divine s’est manifestée à nous les hommes, car Dieu qui est plein d’amour et compassion pour nous ne peut supporter de nous voir dans la misère sans y porter remède. « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte. Je l’ai entendu crier sous les coups… Oui, je connais ses souffrances et je suis descendu pour le délivrer… », avait-il déclaré lors de sa manifestation à Moïse et au peuple d’Israël. Dieu se laisse bouleverser par ce qu’il voit et entend. Il répond aux cris des hommes en descendant au milieu d’eux par l’Incarnation du son Fils.

En Jésus Christ, Dieu a manifesté aux hommes sa bonté. Au début de son ministère public, Jésus annonce une parole d'espérance en ces termes : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles la vue, aux opprimés la liberté, et proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Et au milieu des siens, ses mains se posent à maintes reprises sur les personnes malades ou infectées, ses paroles proclament la justice, donnent courage aux malheureux, et accordent le pardon aux pécheurs. La vie et les actes de Jésus Christ, ses paroles et ses gestes, sont l’expression même de la Bonté de Dieu.

Fils de Dieu, il nous apprend à être enfants de Dieu par l’accueil et le témoigne de sa bonté. En nous, la Bonté divine est cette vive émotion qui nous ressentons au plus profond de notre âme lorsque nous nous trouvons face à des gens dans des situations difficiles, et qui nous pousse à leur tendre la main, les secourir, matériellement,

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moralement et surtout spirituellement. Les gens pleins de bonté sont sensibles aux personnes qui ont des

difficultés, devant leur souffrance, leur douleur, et se prêtent disponibles pour être à leur écoute, les aider les soutenir : cela fait du bien pour ceux qui sont dans la détresse de savoir que d’autres personnes ont soucis de leurs situations et sont à leurs côtés. Les gens pleins de bonté cherchent des occasions d’aider, d’encourager ceux qui peuvent avoir besoin de soutien, pour leur donner la force de ne pas baisser les bras. Les gens pleins de bonté disent la vérité. Nous pouvons nous trouver avec d’une personne, et voir ses défauts ou un mauvais comportement dont elle n’est pas consciente. La bonté pour nous consiste à chercher comment l’éclairer, avec des paroles d’amour, de douceur, et de miséricorde sans porter atteinte à son honneur et à sa dignité.

Dans nos propres maisons, au sein de nos familles, nos enfants, nos petits-enfants, ou nos parents peuvent avoir des problèmes. Soyons attentifs pour être à leur écoute, et pour manifester de la bonté à leur égard. En tant qu’enfants de Dieu et en Jésus Christ, nous avons reçu en nous la Bonté divine. Elle doit s’incarner en nous et se manifester dans une vie de simplicité, faite de partage, de soutien mutuel, de solidarité, d’accueil, de pardon au cœur des relations. Manifester la bonté de Dieu est pour nous un appel à réveiller la bonté dans notre propre vie, à devenir sensibles aux injustices, au mal, à la souffrance des innocents, et à prendre à notre tour le risque de la bonté.

Ce qui change le monde ce ne sont pas tellement les actions spectaculaires, mais bien la persévérance quotidienne dans le pardon et dans la bonté humaine. Prions le Père, qu’il mette dans nos cœurs l’amour pour les autres et que son Esprit produise en nous la bonté du Christ que nous accueillons dans la joie en cette nuit de Noël. Puisse-t-il nous changer en nos cœurs en des cœurs compatissants, pleins de douceur et de bonté, semblable à son Cœur, lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen ! Bon Noël à tous !

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Homélie de Noël 2008 (Année B)Messe du Jour

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 1, 1-18)

01 Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. 02 Il était au commencement auprès de Dieu. 03 Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. 04 En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; 05 la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. 06 Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. 07 Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. 08 Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. 09 Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. 10 Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu. 12 Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. 13 Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu. 14 Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. 15 Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j'ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. » 16 Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce : 17 après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. 18 Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître.

Bien chers frères et sœurs en Christ,La Parole divine, efficace, créatrice et salvatrice est à l'origine de l'être et de

l'histoire, de la création et de la rédemption. Cette Parole éternelle et divine est entrée dans l'espace et dans le temps, elle a pris un visage humain et a assumé notre identité humaine en la personne de Jésus Christ. En lui, le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. Par lui, Dieu se communique aux hommes et se donne à entendre. En Jésus, la Parole de Dieu résonne dans nos cœurs pour nous remplir de la présence divine et changer nos vies. « Elle est tout près de toi, la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14)

Durant son ministère sur terre, Jésus, nous rappelle, dans la parabole du semeur, qu'il y a des terrains arides, rocheux, étouffés par les épines (cf. Mt 13, 3-7). Celui qui s'aventure sur les routes du monde découvre également les bas-fonds, foyers de souffrances et de pauvretés, d'humiliations et d'oppressions, d'exclusions et de misères, de maladies physiques, psychiques et de solitudes. Souvent les pierres des chemins sont ensanglantées par les guerres et les violences, et dans les palais du pouvoir, la corruption le dispute à l'injustice. S'élève le cri des persécutés à cause de leur fidélité à leur conscience et à leur foi. Il y a celui qui est saisi d'une crise existentielle, ou dont l'âme est privée d'un sens qui donne signification et valeur à sa vie même. Semblables à « des ombres qui passent, à un souffle qui perd haleine » (Ps 39, 7), beaucoup ressentent même le silence de Dieu peser sur eux, son apparente absence et son indifférence.

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Toutefois, au début de ce même ministère, Jésus proclame une parole d’espérance en ces termes : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles la vue, aux opprimés la liberté, et proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Ses mains se posent à maintes reprises sur les chairs malades ou infectées, ses paroles proclament la justice, donnent courage aux malheureux, et accordent le pardon aux pécheurs.

Le chrétien a, alors, la mission d'annoncer cette Parole divine d'espérance par son partage avec les pauvres et les souffrants, par le témoignage de sa foi dans le Royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de justice, d'amour et de paix, par sa proximité amoureuse qui ne juge ni ne condamne mais qui soutient, illumine, conforte et pardonne, dans le sillage des paroles du Christ : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai ».

Nous avons vocation d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, Parole d'espérance dans une culture de la mobilité et de la désespérance. La Bonne Nouvelle donne le goût de vivre en fils du Père dans un univers souvent insipide de consommation et de production industrielle. Nous avons la mission de faire entendre la Bonne Nouvelle de la fidélité en amour en des heures où l'on vante le plaisir éphémère, sans durée et sans engagement ; la Bonne Nouvelle du service et de la gratuité dans une économie de la rentabilité, là où tout se paie d'une façon ou d'une autre ; la Bonne Nouvelle de la liberté quand le principe de précaution tue la générosité et l'initiative solidaire.

Demandons au Verbe fait chair de nous nourrir de sa Bonne Nouvelle, et de nous donner d’être dans nos familles, dans nos multiples lieux de vie, des hommes et des femmes dont les paroles, les gestes et les actes éclairent la vie des autres, et leur redonnent de renaître à l’espérance et à la vie de Celui qui demeure vivant, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

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Solennité de la Sainte Famille de Nazareth (Année B)

EVANGILE - Luc 2, 22-40

22 Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, 23 selon ce qui est écrit dans la loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. 24 Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. 25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. 26 L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. 27 Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. 28 Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : 29 « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. 30 Car mes yeux ont vu ton salut, 31 que tu as préparé à la face de tous les peuples : 32 lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. » 33 Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. 34 Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là, provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division 35 - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » 36 Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. 37 Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. 38 S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. 39 Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. 40 L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce était sur lui.

Bien chers frères et sœurs en Christ,Par sa naissance, le Fils de Dieu a voulu communiquer aux hommes la vie divine.

En choisissant de naître et d’être accueilli dans une famille, il nous montre la vocation de toute famille humaine : être le lieu où d’une part, les conjoints se sanctifient en vivant dans l’amour de Dieu, et d’autre part, où la vie est donnée, accueillie, protégée sous le regard de Dieu.

Dans le plan de Salut de Dieu, la rencontre de l’homme et de la femme, du moins, leur projet de vivre ensemble ne relève pas seulement d’une initiative entre les deux amoureux. Leur choix mutuel vient se greffer à l’intention divine qui a présidé à la l’œuvre de la création de l’humanité. Selon la Sagesse biblique, Dieu a voulu créer la nature humaine à sa son image et à ressemblance, et il les créa homme et femme. Et dès que les conjoints promettent de former ensemble une communauté de vie, on ne peut plus parler de contrat de vie ou de mariage à l’essai. On parle plutôt de leur commune disponibilité à réaliser ce qui ne relève pas seulement de leur simple désir d’être ensemble et de bénéficier de l’apport d’une telle vie commune, donc de leur commune disponibilité à réaliser ce pour quoi Dieu les a créés homme et femme, c’est-à-dire,

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l’image et la ressemblance de Dieu. Ils se rendent donc disponibles pour être à l’image de Dieu un foyer ou une communauté d’amour. C’est ainsi que les conjoints se sanctifient dans une vie d’amour l’un pour l’autre.

Cette quête de la sanctification des époux par une vie d’amour demande de leur part une adhésion à Dieu, c’est-à-dire, leur foi en Dieu qui est le phare dans l’océan de leur union. Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit de travailler à éliminer autant que possible ce qui n’est pas de Dieu, et qui relève de leurs propres jeux de calcul ou d’intérêts. La figure d’Abraham illustre bien ce travail sur soi pour une adhésion à Dieu : Abraham est vieux, sa femme également ; impossible pour eux d’avoir un enfant, et donc difficile de voir se réaliser la promesse de Dieu. Ils se proposent alors une solution toute humaine : s’il est impossible pour Sara d’avoir un enfant, la servante peut en être la solution. Dieu intervient pour préciser que ce n’est pas le fils de la servante qui sera l’héritier mais bien celui qui sera issu de Sara. Après leur égarement, Abraham et Sara revienne à la promesse selon les termes même de Dieu. Les conjoints se sanctifient dans le mariage à ayant à cœur de réaliser la Volonté de Dieu, même si c’est d’une part, à travers de leurs faiblesses, de leurs déceptions, leurs moments d’égarement, et d’autre part, sous le poids des épreuves de la vie conjugale, professionnelle, sociale…

Dans la figure de Marie et Joseph, la joie de donner naissance à l’Enfant de la Promesse est succédée par la douleur de l’épée. Quelques jours après la naissance de Jésus, Marie et Joseph sont habités par l’angoisse du massacre des saints innocents. Ils vont devoir fuir la colère de celui qui voulait attenter à la vie de l’enfant. Ce qui est admirable chez les parents de Jésus, c’est non seulement leur disponibilité à coopérer avec Dieu, mais aussi leur engagement à prendre soin de Jésus, le protéger et l’éduquer, malgré le fait qu’ils ne comprenaient pas toujours ce qui leur arrivait. Et la douleur de l’épée n’a pas empêché Marie de suivre son Fils jusqu’aux pieds de la croix. Dans la joie de la naissance comme dans la douleur de la croix, Marie et Joseph n’ont fait que laisser le soin à Dieu d’accomplir ce qu’il a promis au sujet de leur enfant. Jésus lui-même dira : « Père n’ont pas ma volonté, mais la tienne ».

La figure de la Sainte Famille de Nazareth nous invite à vérifier notre conception de la famille dans la perspective chrétienne : une Eglise domestique, gravissant ensemble la montagne de Dieu, dans la stabilité de l’amour fidèle, en s’appuyant jour après jour sur le Seigneur présent au milieu d’elle. La force de la Sainte Famille, c’est sa pauvreté devant un dessein qui la dépasse. Mais tel est en vérité le cas de chacun de nos itinéraires ; la différence réside seulement dans le fait que nous pouvons avoir davantage que Marie et Joseph, l’illusion d’être capables de maîtriser les choses et de conduire nous-mêmes notre barque.

Demandons au Seigneur d’envoyer en ce jour son Esprit sur toutes les familles chrétiennes, afin qu’elles soient renouvelées dans la force de leur sacrement, et découvrent à la lumière de Nazareth, “ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable”. Puissions-nous retrouver dans nos familles respectives, la joie, la paix, l’harmonie, et le soutien dont nous avons besoins pour mieux être aux affaires du Père, lui qui nous sanctifie chaque et pour les siècles des siècles. Amen !