HISTOIRE et CULTURE MUSEE DES GRAFFITI …...Sur le littoral, les graffiti de bateaux permettent de...
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HISTOIRE et CULTURE
MUSEE DES GRAFFITI
BIENVENUE
La vie des soldats racontée par les graffiti
Conférence du 9 juin 2016 à Saint-Martin-de-Ré
dans le cadre des journées d’études
organisées par la Communauté de communes de l’île de Ré
Sommaire:
-Présentation d’Histoire et Culture et du musée des graffiti
-Définition générale des graffiti et que représentent ils?
-Exemples de graffiti militaires
-Scène de combat datant du XIIème siècle à l »église de Moings
-Inscriptions de prisonniers maritimes anglais de la Porte Royale à La Rochelle
-Inscriptions datant de la dernière guerre mondiale à Marsilly
-Représentation d’armes
-Représentation de navires de guerre
Le Musée des Graffiti à Marsilly
Définition générale des graffiti
et que représentent ils?
Le terme "graffito" est d'origine italienne.
Il désigne un dessin ou une inscription gravé, sculpté ou dessiné sur toutes sortes de supports
principalement sur les pierres et plus rarement sur le bois, les tuiles, le plâtre…
Marsilly – Eglise Saint-Pierre - Signature de compagnon
La glyptographie est l’étude des pierres gravées et inclut à ce titre aussi bien les marques utilitaires que les graffiti.
Les graffiti apparaissent essentiellement comme une production
graphique rudimentaire mais peuvent parfois faire preuve d’une
technique d’exécution complexe et d’un sens artistique aigu. Il
ne faut pas les confondre avec les signes lapidaires qui sont des
marques de diverses corporations le plus souvent liées au
métier du bâtiment (compagnons tailleurs de pierres, maçons,
couvreurs, charpentiers…).
Château de Bonaguil (Lot)
Graffito naïf d'un lion
En principe le graffito est unique alors qu'une signature de gens de métier peut se retrouver plusieurs fois sur divers monuments.
Il n'a pas un caractère officiel. Il relève aussi bien du domaine civil, privé ou public, que du domaine religieux, agricole, militaire ou carcéral
Quelle définition pour "graffiti anciens" ?
Ce sont pour la plupart des tracés sommaires, incisés avec une pointe dure (silex, stylet, clou, couteau,
poinçon…), dans la pierre durant les siècles passés, par des individus qui n'avaient pas toujours d'autres
moyens d'expression.
Ils témoignent de leurs statuts, de leurs préoccupations, de leurs croyances, de leurs sentiments, de leurs
fantasmes et, plus généralement de ce qu'ils ont vu, entendu, ressenti ou encore vécu.
Les graffiti sont souvent difficiles à découvrir et à déchiffrer.
Tonnay-Charente - Eglise Saint-Etienne - Gabare
Où les trouve-t-on ?
Principalement dans les prisons, les édifices religieux,
les moulins, mais aussi…
dans les hôpitaux, sous les ponts, sur les vieux murs
des grands domaines, dans les pigeonniers, sur les
fontaines, les puits... et enfin, tout simplement, dans
les rues.
Que représentent-ils ?
Il existe 2 grandes catégories de graffiti :
Les graffiti figuratifs (dessins)
Représentations humaines (personnage, visages, mains, pieds, cœurs…), animales
(chevaux, oiseaux, poissons, moutons, vaches…) ou plus exceptionnellement
végétales (fleurs, feuilles, fruits…)
Marsilly – Moulin de la Cave – Evocation d'une danse macabre
Représentations d'édifices (moulins, bâtiments civils ou religieux…)
Brouage – Porte-Royale - Moulin à vent
Ce type de moulin est caractéristique de la
Charente-Maritime depuis le Moyen-âge : tour
cylindrique en pierre de 15 m de hauteur environ
et de 5 m de diamètre avec un chapeau en bois
pour toiture, conique et tournante, et 4 ailes
fixées sur un axe en bois.
Objets manufacturés (bonnets, chapeaux, chaussures, fers à cheval, clés, vases,
flacons…)
Outils (serpettes, marteaux, pioches, tenailles…)
Symboles ou objets religieux (croix, calvaires, étoiles, échelles, ostensoirs, calices,
crucifix, chapelets…)
Symboles héraldiques (blasons) et emblèmes royaux (fleurs de lis), impériaux (aigles
napoléoniens) ou républicains (bonnets phrygiens)
les napoléoniens) ou républicains (bonnets phrygiens)
Armes (pistolets, arbalètes, épées…)
Brouage – Porte-Royale – Epée
Grande de 68 cm avec son pommeau,ses 2 quillons recourbés et sa longue lame, cette épée, évoque une épée militaire du début du XVIIe siècle.
Outils de justice (potences, guillotine)
Moyens de locomotion (navires, charrettes, carrosses…) et leurs attributs
(roues, colliers d'attelages…)
Ce sont les navires qui sont le plus souvent représentés.
Parmi eux :
- navires de guerre (vaisseaux, frégates…)
- navires marchands (barques, bricks, goélettes…)
- bateaux de navigation fluviale (gabares…)
- embarcations locales (traversiers, acons…)
Port d'Envaux - Goélette
Cadrans solaires
Brouage –Magasin aux vivres ou Tonnellerie
Cadran solaire archaïque
Il est situé sur une pierre d'angle au sud du bâtiment.
Le gnomon a disparu mais la cupule profonde indique
son emplacement.
Jeux (carrés magiques, marelles, triples enceintes), signes décoratifs et divers (nœuds
de Salomon, arêtes de poissons…)
La Rochelle - Porte Royale Carré magique
Echebrune - Eglise Nœud de Salomon
Les nombres sont disposés de manière à ce que leurs sommes sur chaque ligne, colonne et diagonale soient égales
Dans sa forme la plus simple, le nœud de Salomon est formé de deux anneaux. Celui-ci en a 6. Il représente la sagesse comme celle de Salomon. C'est aussi un symbole d’alliance ou d'éternité
Port d'Envaux - Goélette
Les graffiti linguistiques
Inscriptions relatives à l'état civil du scripteur (nom, prénom, date de naissance…), à sa profession ou à son statut social
Ce sont les inscriptions les plus représentées. Elles sont d'origine privée, associées ou non à des dessins.
Marsilly – Nantilly - Maison dite "Le Palais"
Inscription aujourd'hui disparue : Cette pierre a
été posée par Dame MR C de BARBALLIERES
Veuve de MRE (messire) de JOMQUIERES,
C (chevalier) de ST-Louis le 12 juin 1772.
Esnandes – Eglise Saint-Martin
Inscription "Juin D" avec date "1910"
Il s'agit probablement d'une inscription
de Dieudonné JUIN né en 1910.
Inscriptions relatives au vécu, au vu ou à l'appris
La Rochelle – Hôpital Lafond Inscription et dessin d'un soldat allemand
Témoignage d'un soldat emprisonné à la libération dans une cellule de l'hôpital Lafond qui a servi de kommandantur pendant la 2e guerre mondiale : "Camarade pense, crois en Dieu, qu'il te guide"
Textes à caractère religieux ou politique
Marsilly – Place de l'Abbé Coll
Inscription en latin au-dessus de l'entrée de l'ancien
Presbytère
Traduction : "Le seigneur sera pour moi un refuge et
cette pierre en est le signe"
Cette pierre est certainement d'origine protestante,
les catholiques n'avaient pas, à l'époque, l'habitude
de ce genre d'inscription. Le chrisme jésuite gravé au
dessus peut avoir été ajouté postérieurement.
La date de 1645 a été surchargée pour devenir 1726.
Marsilly – Pierre de la maison dite "Maison Cherbonneau"
Extrait de l'Apocalypse en latin, chapître II, verset 10 :
"Sois fidèle jusque la mort et je te donnerai la couronne de vie"
La "Maison Cherbonneau" dont la façade datait de 1563, présentait plusieurs légendes dans des
cartouches sculptées.
Textes à caractère utilitaire
Marans - fronton d'une maison
Inscription d'un commerçant en 1591
Le commerçant informe qu'il ne fait plus crédit : "Tout à vendre, rien à donner, argent comptant, rien à prêter, de peu donner je me contente car à prêter, je perds ma vente. Afin que tous soient d'accord, c'est que céans, crédit est mort
Les marques de marchands
"Sois fidèle jusque la mort et je te donnerai la couronne de vie"
La "Maison Cherbonneau" dont la façade datait de 1563, présentait plusieurs
légendes dans des cartouches sculptées.
Textes à caractère utilitaire
Marans - fronton d'une maison
Inscription d'un commerçant en 1591
Le commerçant informe qu'il ne fait plus crédit : "Tout à vendre, rien à donner, argent comptant, rien à prêter, de peu donner je me contente car à prêter, je perds ma vente. Afin que tous soient d'accord, c'est que céans, crédit est mort
Les marques de marchands
Elles sont, apposées aux marchandises colportées ou transbordées, des signes
utilitaires répondant à une logique d’identification du négociant et de ses
marchandises. On les retrouve dans les archives, émaillant les registres comptables
ou douaniers. Les raisons pour lesquelles on les rencontre parmi les graffiti gravés sur
les murs des bâtiments n’ont pas encore été établies.
Généralement ces marques
comportent un trait vertical
au sommet duquel figure
un quatre. Viennent ensuite
des barres transversales,
des chevrons tantôt
parallèles, tantôt croisés,
des initiales, des cercles et
parfois la représentation
d'un objet ou d'un
instrument en rapport avec
la profession.
Tonnay-Charente - Eglise Saint-Etienne
Marques de marchands
Datation des graffiti
Les graffiti sont difficiles à dater. On en retrouve à toutes les époques de l'Histoire.
Les graffiti sont très nombreux dans l'Antiquité grecque et romaine. Les inscriptions
retrouvées à Pompéi en témoignent ainsi que les dessins de gladiateurs du IIe siècle retrouvés
dans une maison de Lyon mise à jour en 1955 à l'externat Sainte-Marie, sur la pente qui
descend de Fourvière vers la Saône.
Dessin du gladiateur
Lyon – Musée de la Civilisation Gallo-Romaine
Fresque très altérée représentant un gladiateur
provenant d'une maison romaine
La maison dans laquelle a été retrouvée cette fresque
comportait 2 pièces séparées par une grande cour dont
l'une était un caldarium.
L'autre pièce contenait des panneaux dont 4 étaient
couverts de graffiti parmi lesquels figuraient 4 gravures
de personnages portant l'équipement habituel du
gladiateur : un pagne, un ceinturon, torse nu, la tête
protégée par un casque enveloppant.
En France peu de graffiti datent du Moyen-âge. La Charente-Maritime en compte quelques-
uns.
En Saintonge, ceux de l'Eglise Saint-Martin de Moings, petite commune située au Nord-est de
Jonzac, datent du XIIe siècle.
Des cavaliers avec lances et boucliers semblables à ceux
figurés sur les tapisseries de Bayeux, des paons, des
écussons, des fleurs de lys sont gravés sur les murs
intérieurs Nord et Sud de l'Eglise. Une scène de guerre
entre 2 constructions fortifiées occupe le mur sud sur une
longueur de 4,27 m et une largeur de 1,3.
Le mur Nord semble avoir servi de "brouillon" pour la réalisation de cette scène car les
dessins sont éparpillés sur ce mur et ne décrivent pas une scène de guerre comme pour le
mur Sud.
La Charente-Maritime est une région dont l'histoire s'articule autour d'un axe principal : la vie
maritime. Sur le littoral, les graffiti de bateaux permettent de suivre l'évolution de
l'architecture navale du XIVe au XXe siècle.
Les bateaux sont de toutes sortes : à rames, à voiles ou encore avec une roue à aubes.
Certains, très élaborés, ont été tracés par des gens ayant une bonne connaissance des diverses
pièces d'un navire. Les dessins tels les planches des albums de Colbert et de Jean Jouve en
facilitent la datation.
En Aunis, un graffiti plus difficile à dater est situé sur un mur du pigeonnier de Nieul sur Mer.
Ce navire pourrait évoquer une nef médiévale, par exemple
une cogue comme celle représentée sur le sceau de la ville
de Lubeck, mais ses formes arrondies et ses 3 mâts
l'apparentent plutôt à un bateau de pêche de caractère
local de type fluvial : flibot, traversier ou barque à sel à
poupe ronde avec une datation plus tardive. De tels
bateaux avec "aviron de queue" ou godille sont
représentés sur les plans des villes de la Charente de
Claude Masse (fin XVIIe-début XVIIIe s.).
La plupart des graffiti retrouvés en France sont des XVIIe et XVIIIe siècles.
Beaucoup de dates gravées sur les murs confirment ce fait. Cela s'explique parce qu'au cours
de cette période, le pourcentage de personnes sachant lire et écrire a augmenté.
Ce sont les dates isolées qui prédominent mais parfois elles sont accompagnées de dessins ou
d'une inscription relatant un événement.
Les dates isolées inscrites sur les maisons sont
courantes.
On en retrouve plusieurs à Marsilly
"1612" rue des Ecoles
"1767" rue de l'Eglise
Les prisonniers témoignent souvent de leur captivité et la date. Au début du XIXe siècle, le
château de Foix et ses tours furent entièrement transformés en prison.
Joseph PEIKAL y fut emprisonné en 1804 et a laissé
sur les murs de la Tour ronde un graffiti
Traduction : Joseph PEIKAL juste condamné pour d(é)lis à 2 a(n)s : l'an 1804.
Exemples de graffiti militaires
Scène de combat datant du XIIéme siécle gravée dans
l’église Saint-Martin-de-Moings
Eglise romane datant de la fin XIème siècle, situé à 7kms au nord est de JONZAC(17)
Les graffiti datent probablement de 1130-1140, au moment ou l’église primitive fut
agrandie, et ont été découverts en 1953 lors d’une restauration, l’intérieur de l’église étant
rempli de terre.
• Ils paraissent être l’œuvre d’un seul graveur qui les aurait exécuté juste avant la pose d’un enduit décoratif peint au 12 ème siècle.
• On trouve un grand nombre de graffiti à l’intérieur de l’église, sur les parois nord et sud, la paroi nord présentant des graffiti disparates, sans ordonnancement (on y reconnaît des paons, des cercles, des étoiles, des écussons, des fleurs de Lys et une file de cavaliers).
• Ils semblent être des essais, avant d’exécuter les graffiti sur la paroi sud.
• Sur la paroi sud, c’est une scène de guerre médiévale qui est représentée. Affrontement de deux groupes de cavaliers qui sortent de leurs forteresses, sorte de tapisserie de Bayeux gravée dans la pierre.
• On peut y voir un sonneur au sommet d’une tour qui proclame la charge au son d’un cor, tandis qu’un autre alerte les occupants du château
• La représentation de l’habillement des guerriers ou de leurs armes correspond à ceux de l’époque de Guillaume le Conquérant (heaume conique, bouclier oblong, en amande, la lance avec un gonfanon à trois fanons)
• On distingue nettement une architecture militaire d’une forteresse à gauche avec ses pierres de taille représentées
• (Sources : Les graffiti de l’église de Moings par Glénisson Jean et Seguin Marc)
Tapisserie de Bayeux
Inscriptions de prisonniers de la Porte Royale à La Rochelle
• Moins de 20 ans après son achèvement (1726), la grande Porte Royale de La Rochelle a accueilli des prisonniers de guerre marins, irlandais et anglais, capturés pendant la guerre de succession d’Autriche, de 1744 à 1748.
• Ils sont placés pour la plupart dans l’ancien corps de garde des officiers et dans un magasin attenant.
• Les marins proviennent de bâtiments arraisonnés comme le Great Mary (prise en 1744), les corsaires Hussar (1745), Darmouth Galley (1745), Fox (1746) et LAMB (1747).
• Textes et dessins sont contemporains de ceux de la Tour de la Lanterne.
• Les graffiti de William Carpenter à la Porte Royale sont exceptionnels par leur graphisme ou l’on peut voir des motifs végétaux, ce qui est très peu fréquent sur des graffiti. Il a gravé dans la pierre sa date de naissance et le lieu (né en 1720 à Cullompton dans le Devonshire) et les circonstances de son arraisonnement, le 24 août 1746, en fait le 4 septembre 1746, les anglais n’ayant pas encore adopté le calendrier Grégorien (adopté en France en décembre 1582 et en Angleterre en septembre 1752 seulement, avec un retard de 11 jours en Angleterre à rattraper) .
Porte royale-La Rochelle
Il a représenté le Fox, corsaire de Bristol, intercepté par la
frégate du roi l’Etoile et amariné par le vaisseau du roi
l’Invincible, par le travers du cap Ortegal (côte de Gallice-
Espagne). Navire de 150 tonneaux commandé par le
capitaine Mathew Combes, avec un armement de 16 canons
et 10 pierriers et un équipage de 100 hommes
Le 15 septembre 1746 les marins étaient détenus à La
Rochelle, dont au moins 7 à la Porte Royale dont on
retrouve les noms gravés sur les graffiti. Ce sont : Thomas
Barell, Robert Blekey, William Carpenter, Samuel Cornish,
Lewis Léonard, Richard Mills et James Smart
Ils bénéficiaires d’un cartel d’échange et s’embarquèrent sur
le paquebot parlementaire Bedford Galley, le 20 mars 1747,
soit 7 mois d’emprisonnement
Inscriptions datant de la dernière guerre mondiale à Marsilly
Graffito allemand au sommet du
clocher porche de Marsilly
Représentation d’armes
• Epée à Saint-Martin-de-Ré (ancienne poudrière)
Arc avec flèche inversée
Moulin de Réaux, proche de Jonzac(1944-1945)
Revolver
Moulin de Réaux, proche de Jonzac(1944-1945)
Représentation de navires armés• Vaisseau armé du 1er quart du XVIIe siècle, citadelle de
Brouage, porte royale
Petit gallion, fin XVIe siècle, église de Saint-Just-de-Luzac
Vaisseau armé du 1er quart du XVIIe siècle, citadelle de
Brouage, porte royale
Petit vaisseau ou frégate, fin XVIIe, début XVIIIe siècle,
ctadelle de Brouage, courtine nord de la mer(latrines)