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Module 02 Page 1 AMOUR SINCERE * UNITE * PAIX ASSOCIATION LOUZOLO « AMOUR « O.P.H ( Association de Bienfaisance à caractère Spirituel ) Lois de 1901Récépissé N° 884/83/M.INT/SGAT/DEC/SAG Siège Social : KIBOSSI Gare Tél. 6 République du Congo PRESIDENT FONDATEUR Guy Emile LOUFOUA CETIKOUABO GRAND MAITRE DE L’O.P.H. BUREAU COORDONNATEUR DES SECTIONS DE POINTE NOIRE ET DU KOUILOU * BUCOPN/BUCODEK SECTION DE POINTE NOIRE DEPARTEMENT ADMINISTRATION DOCUMENTATION & ARCHIVES COMMISSION PRESSE INTERNET ASLA-OPH P/Noire République du Congo HISTOIRE DU CONGO BRAZZAVILLE MODULLE 02 ADMINISTRATION INTRODUCTION Pour mieux comprendre l’histoire du Congo, il nous faut avant tout remettre le Congo dans son contexte historique c'est-à-dire survoler la migration des Bantous, connaître les étapes qui ont permis la formation des premiers royaumes, tout en regardant la succession des chefs de familles, l’arrivée des blancs avec l’esclavage,... Notre champ d’étude couvre à cheval sur le Congo, l’aire culturelle koongo comprise grosso-modo entre le kwilu Niari au nord (Sud de la République du Congo) et le fleuve Ambriz au sud (Nord de la République d’Angola). Le Kwango et le Bas-Congo à l’est (République Démocratique du Congo). Les communautés culturelles qui peuplent cet espace parlent des langues que les linguistes rassemblent dans une même famille linguistique : Le kikoongo. Nos recherches sur l’armée et son rôle dans cet espace ethnolinguistique sont essentiellement fondées sur les sources orales croisées avec quelques sources écrites de la période européenne : fin 15è-19è siècle.

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AMOUR SINCERE * UNITE * PAIX ASSOCIATION LOUZOLO « AMOUR « O.P.H ( Association de Bienfaisance à caractère Spirituel ) Lois de 1901–Récépissé N° 884/83/M.INT/SGAT/DEC/SAG

Siège Social : KIBOSSI – Gare Tél. 6 République du Congo

PRESIDENT FONDATEUR Guy Emile LOUFOUA CETIKOUABO GRAND MAITRE DE L’O.P.H.

BUREAU COORDONNATEUR DES SECTIONS DE POINTE NOIRE ET DU KOUILOU * BUCOPN/BUCODEK SECTION DE POINTE NOIRE DEPARTEMENT ADMINISTRATION DOCUMENTATION & ARCHIVES COMMISSION PRESSE INTERNET ASLA-OPH

P/Noire République du Congo

HISTOIRE DU CONGO

BRAZZAVILLE MODULLE 02 ADMINISTRATION

INTRODUCTION

Pour mieux comprendre l’histoire du Congo, il nous faut avant tout remettre le Congo dans son contexte historique c'est-à-dire survoler la migration des

Bantous, connaître les étapes qui ont permis la formation des premiers royaumes, tout en regardant la succession des chefs de familles, l’arrivée des blancs avec l’esclavage,...

Notre champ d’étude couvre à cheval sur le Congo, l’aire culturelle koongo comprise grosso-modo entre le kwilu Niari au nord (Sud de la République du Congo) et le fleuve Ambriz au sud (Nord de la République d’Angola).

Le Kwango et le Bas-Congo à l’est (République Démocratique du Congo). Les communautés culturelles qui peuplent cet espace parlent des langues que les

linguistes rassemblent dans une même famille linguistique : Le kikoongo. Nos recherches sur l’armée et son rôle dans cet espace ethnolinguistique sont

essentiellement fondées sur les sources orales croisées avec quelques sources écrites de la période européenne : fin 15è-19è siècle.

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LES SOURCES ORALES

Elles sont rares et fragmentaires : l’espace koongo n’ayant pas comme ailleurs en Afrique de griots institutionnalisés chargés de la transmission des hauts faits

de l’histoire du groupe. Cependant par le recoupement des sources écrites avec ces fragments des sources orales, on se fait une idée assez exacte de ce que pouvait être l’organisation de la défense au niveau des lignages puis de l’Etat.

Les griots en Afrique de l’Ouest sont les détenteurs de la tradition et de l’histoire ancestrales juste après la fondation du royaume et son organisation centralisée.

Tâche ardue et complexe du fait que : ces traditions véhiculent souvent des

informations qui une fois prise à la lettre paraissent à l’observateur des évidences. Or, il ne suffit pas seulement de saisir le sens de ces traditions, mais il faut à partir de leur analyse critique, entrer dans l’esprit de ces traditions

souvent l’objet de manipulations idéologiques. Ces traditions où les chronologies se télescopent et, où un certain nombre de faits se contredisent sont d’un

traitement délicat. L’étude de l’armée du roi de kongo, est étroitement liée à l’histoire de l’Etat kongo dont elle garantissait l’existence. Or, nous savons que l’histoire des

Koongo ne commence pas au royaume du Kongo-dia-Ntotila, mais au Kongo-dia-Ntuku . Pour une moins mauvaise connaissance de l’évolution de

l’organisation des forces armées dans l’espace socio-culturel que nous avons décrite, il nous faut donc, remonter aux tout premiers temps de la fondation du royaume de Kongo-dia-Ntété : le foyer primitif d’où sont issus les Koongo et,

partant de là, reconstituer l’histoire du royaume dont l’éclat du dernier cycle de l’organisation a souvent caché les commencements laborieux.

LES SOURCES ECRITES

L’Europe n’a connu l’existence des Koongo qu’en 1483, l’année où un matin, ces derniers reçurent les Portugais de Diégo-Cao. A cette époque, les Koongo vivaient « Au croisement des Koongo nord occidentaux : les Minkengué de la

bouenza » (Publibook, Paris, 2003, p 96. Tradition orale Koongo) sous le règne de « Nzinga-A-Nkuwu » qui reçut le baptême en 1491 et prit le nom chrétien de

« D. Joao Ier » (mort en 1506). Ce dernier fut, selon la tradition orale, le 5ème roi depuis la fondation du royaume par « Nimi-ALukéni » ou « Ntinu-Wené ». Mais, il est vraisemblable

que la tradition orale recueillie par les Portugais de Diégo-Cao n’est retenue que les derniers rois. Le royaume de Kongo en effet, est vraisemblablement plus

ancien que ne le dit la tradition orale. Le royaume sur lequel tombe les Portugais de Diégo-Cao à la fin du 15ème siècle montre en effet, un tel niveau d’organisation qu’en tout hypothèse, il apparaît alors le moment d’un long

processus de sa formation. Il est difficile d’admettre qu’en un siècle que suppose les 4 rois de la tradition, l’organisation politique tout à fait rudimentaire du

royaume que fonde « Nimi-A-Lukéni » arrive au degré de maturité qui étonna les Portugais de Diégo-Cao. Depuis, siècle après siècle, du 15ème au 19ème, grâce à la présence des

Occidentaux, de nombreux écrits furent consacrés au royaume de « Nimi-A-Lukéni ». ces écrits sont devenus les principales sources de l’histoire du

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royaume de Kongo. Croisées avec la tradition orale, elles nous permettent d’avoir du royaume de Kongo une connaissance historique satisfaisante. De ces sources, nous donnons ici les principales : La collection du P. Brasio,

Monumenta Missionaria Africana (Afrique occidental), Lisbonne, 1952 dont 13 volumes, couvrant la période 4 L’auteur anonyme de l’Historia do reino do Congo

qui écrit vers 1624, dit que l’avènement de Lukéni eut lieu environ 350 ans auparavant (Bontinck, P, pp 84-85). C’est à dire vers 1274.

Toujours selon cet auteur, à partir de cette date jusqu’en 1504 soit en l’espace de 230 ans, huit règnes se seraient écoulés (celui de Lukéni, deux de ses frères

ou cousins parallèles, son fils (tradition orale), de trois inconnus, puis celui de Muzinga-A-Nkuwu (Bontinck, F, p 88 cité par : Ndaywel 1472-1650), ont été

publiés jusqu’à présent. Pour la période postérieure à cette date, il a été fait appel à la vieille et modeste collection de Paiva Manso, Historia do Congo (Documentos) Lisbonne, 1877,

couvrant la période de 1492-1722. Les Monumenta renferment la remarquable correspondance du roi D. Afonso I

(1506-1543) avec les rois de Portugal celle aussi du roi D.Garcia II (1641-1661), de nombreux textes descriptifs dus à des missionnaires et, ce qui n’intéresse pas moins l’historien de l’Afrique, une vaste correspondance administrative de mis-

sionnaires et d’ecclésiastiques. Dans le premier volume on trouve des extraits des chroniqueurs du XVIè siècle, Rui de Pina, Garcia de Resende, Joao de Barros,

relatant les tout premiers contacts entre portugais et Koongo. Mais le choix arbitraire de ces extraits, obligent à se reporter aux textes intégraux des chroniques : celle de Rui de Pina dans l’édition d’Alberto Martins de

Carvalho, Coïmbre, 1950, celle de Jaoa de Barros dans l’édition de la première Década par Antonio Baiao, Coïmbre, 1932. Les passages sur le Congo dans la

chronique de Garcia de Resende n’étant que des reprises du texte de Rui de Pina, leur intérêt nous paraît assez mince. Aucune de ces chroniques n’a été traduite en français. Parallèlement aux

Monumenta, mais de moindre envergure, le volume de documents missionnaires de J. Cuvelier et L. Jadin, L’Ancien Congo d’après les archives romaines.

Surtout constitué de pièces intéressant la missiologie, sa valeur réside en deux importants textes descriptifs :« Histoire du Congo », ms. Vat. Lat. 1516 (fin du XVIè siècle), pp. 108-160 et « De la situation du royaume du Congo » (1595),

pp. 194-207. A ces deux textes descriptifs, il faut ajouter un plus important, que le P. Brasio

n’a pas cru devoir inclure dans ses Monumenta. Il s’agit de l’« Historia do Reino » (d’un anonyme) (s.l.n.d., ms. 8080 de la B.N.L.), dont A. A. Felner a publié des extraits. Il en situe la date de rédaction vers 1620, alors que Brasio la croit plus

proche de 1655. La consultation d’un microfilm du manuscrit prouve en effet que les extraits donnés par Felner en constituent l’intérêt essentiel.

Parmi d’autres sources imprimées d’intérêt tout aussi capitale pour la connais-sance du XVè siècle, « Description du Royaume de Congo et des contrées envi-

ronnantes » de Pigafetta (1587). Pour le XVIIè siècle, l’ouvrage de Jean François de Rome : « Brève relation de la ondation de la Mission des Frères Mineurs Capucins du séraphique Frère françois

au royaume de Congo et des particularités et coutumes et façons de vivre des habitants de ce royaume, écrite et dédiée aux Eminentissimes Seigneurs

Cardinaux de la Congrégation de la Propagation de la Foi par le Père Frère J. François de Rome… » (1648).

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L’ouvrage de Cavazzi (1654) : « Relation historique de l’Ethiopie Occidentale.

Contenant la description des royaumes de Congo, Angolle et Matamba Traduite de l’italien par le R.P.J.B. Labat » et de O. Dapper (1668) : « Description de

l’Afrique ». Les dates entre parenthèse sont celles de la rédaction. Seuls, les livres de Pigafetta et de Jean François de Rome ont fait l’objet de traduction

françaises en forme d’éditions critiques. Les traductions françaises de Cavazzi par Labat (1732), et de Dapper (1686), doivent être utilisées avec prudence.

Deux manuscrits portugais inédits, l’un du XVIIè, l’autre du XVIIIè siècle, ont eu des éditions modernes, mais ils intéressent moins le Congo que l’Angola. Il s’agit

de l’Historia geral das Guerras angolanas (1680-1681) d’Antonio de Oliveira de Cardornega, publication et notes de José Matias Delgado et Manuel Alves da Cunha, Lisbonne, (3 volumes, 1940-1942, et de l’Historia de Angola (1792)

d’Elias Alexandre da Silva Corrêa éditée par Manuel Murias, Lisbonne, 2 volumes, 1937. La valeur de ces deux textes est grandement limitée par l’optique mépri-

sante des auteurs pour tout ce qui est africain, et par l’emphase exaspérante de leur style. On trouve d’utiles renseignements dans de nombreuses revues portugaises : Annaes do Consello Ultramarino, Annaes Maritimos e Coloniaes et

le Boletim da Sociedade de Geografia de Lisboa. Et cependant, malgré l’abondance de ces sources, l’histoire de Koongo et de

l’armée reste fragmentaire et confuse. Parmi tous les documents écrits que nous avons consultés à la Bibliothèque Nationale de Paris et à Tervuren en Belgique, aucune source du moins rarement en dehors de Cavazzi ne traite expressément

de cette question. Ce constat ne concerne que les sources éditées en langue française consultées

en France et en Belgique. Il nous a donc fallu solliciter constamment la tradition orale, très peu bavarde d’ailleurs faut-il le dire. Cependant, le peu qu’elle nous en dit est d’une importance capitale. Il nous a souvent aidé dans l’interprétation

des sources écrites.

DU KONGO DIA NTOTILA AU ROYAUME DU CONGO Selon Jean Marie NKOUKA MENGA dans ‘’ CHRONIQUE POLITIQUE

CONGOLAISE’’, l’origine du Royaume du KONGO est pratiquement impossible à situer. On date sa fondation au XIIème siècle de notre ère.

Dans les années 1.200 avant Jésus Christ, on note de grandes migrations bantou et l’essor de royaumes côtiers dans la région où va s’ériger celui du KONGO. Par contre, l’histoire devient vérifiable à partir du moment où DIEGO CAO

découvre l’embouchure du fleuve Congo, c’est à dire dès le XVème siècle. Les Portugais, à leur grand étonnement découvre en effet un Etat très bien

structuré. En 1482, NZINGA NKUWU règne sur le KONGO quand le portugais DIEGO CAO

découvre l’embouchure du fleuve et y plante des piliers de pierres.

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PISTE DES CARAVANES DE LOANGO 1491. Baptême du Roi NZINGA NKUWU et premières missions catholiques.

1510. La traite s’accélère, ‘’ de véritables razzias sont organisées à travers le KONGO. Parallèlement , les missionnaires, intermédiaires actifs dans la traite escla-

vagiste, intensifient l’évangélisation au rythme de 2.000 baptêmes par jour’’.

CULTURE KONGO

La religion Kongo considère le monde comme multidimensionnel. Le monde matériel et le monde spirituel sont deux espaces qui se croisent en certains points de l'univers. Les humains sont cantonnés en dimensions inférieures (3) ou

avancées (hauts prêtres, etc. : 4 et plus). Les esprits évoluent dans une sous-partie de cet univers d'au-moins 8 dimensions. Dans le monde des esprits se

trouve la cité des ancêtres, Mpemba. Au-delà de ces mondes, se trouve Kalunga Nzambi ya Mpungu Tulendu. Les ancêtres font office d'intermédiaires entre le divin et l'homme.

Le divin est perçu comme la Cause primaire de toute chose, l'essence vitale de

toute chose ainsi que la destination finale de toute chose. C'est ainsi que Kalunga est à la fois le lieu où se dirigent les esprits, dont ils sont issus et Dieu Lui-même (Nzambi), source de ces esprits. Kalunga est aussi la mer primitive dont tout est

sorti, l'auto-créé, le Ka qui règne sur toute chose (ka : essence vitale ; lunga : accomplir, concrétiser et régner).

La spiritualité est aussi à la base de l'organisation politique et sociale. L'intersection entre les deux mondes a une forme de croix, d'où l'importance de

ce symbole dans la pensée Kongo. De plus, le personnage de Ne-Kongo (dont vient le nom Kongo) est supposé être cette intersection de Kalunga avec le

monde humain, donc un être divin sous forme humaine, symbolisé aussi par la croix. Ce sont ces similitudes avec le christianisme qui en ont facilité l'adoption.

La descendance est matrilinéaire, et l'ensemble du peuple Kongo est regroupé autour de 12 clans (kânda en Kongo), que l'on retrouve aussi dans les dénominations de nombreux peuples d'Afrique noire ; ainsi les Mbenza chez les

Sérères, Wolofs, les Muyabis, descendants de Nzinga, chez les Duala, Mossi, etc.

Statue de pierre (région de Boma) Céramique et teinture végétale

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Sculpture yombé Objet funéraire Poignée de chasse mouches en ivoire

AGRICULTURE CHEZ LES KONGOS

Les Kongo cultivent le manioc, la banane, le maïs, la patate douce, l'arachide, les fèves et le taro. Les sources de revenu sont le café, le cacao, la banane et l'huile de palme. La pêche et la chasse sont toujours pratiquées dans certaines

campagnes, mais beaucoup de Kongo vivent, travaillent et commercent dans les villes.

LES BANTOUS

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Répartition des langues bantoues (en brun) au sein des langues «Niger Congo»

On nomme Bantous (« humains » en kongo) les locuteurs d'un ensemble de langues dites bantoues qui regroupe environ quatre cent cinquante langues sur

le continent africain. Ils sont répartis du Cameroun aux Comores et du Soudan à l’Afrique du Sud.

Les groupes bantous ont des structures sociales et politiques différentes, leur seule caractéristique commune est linguistique avec l'utilisation d'un système de

classes et non de genres.

Selon Joseph Greenberg, les locuteurs de ces langues auraient entrepris une expansion vers le sud et l'ouest du continent il y a 4 000 ans, à partir des hauts plateaux du Cameroun (grassfields). En agglomérant d'autres groupes

linguistiques, ils ont parfois absorbé certains de leurs phonèmes.

L’HISTOIRE MIGRATOIRE DES PEUPLES BANTOUS PENDANT L’ANTIQUITE

Avant l’ère chrétienne,

Les Noirs vivent essentiellement dans la partie nord et nord-est du continent

africain: l’Égypte, le Soudan actuel, le nord du Tchad, l’ouest soudanais (le Darfour), le sud algérien (le Tassili, jadis verdoyant), le Zimbabwe, l’Éthiopie.

L’intérieur, ouest, centre et sud sont principalement occupés par les Khoisans (jadis appelés bushmen) et les pygmées. Suite à plusieurs bouleversements sociaux, notamment le développement des

européens qui à partir de 700 av. JC engagent une politique expansionniste et impérialiste, d’abord par Athènes puis Rome; la chute de l’Égypte, plus grande

nation du monde durant 3000 ans et peuplée majoritairement de Noirs, qui tombe aux mains des perses en 525; la désertification de leur zone d’habitation; le réveil culturel des arabes etc.… les Noirs vont enfin aller coloniser l’intérieur du

continent. Les groupes d’immigrants se dirigent massivement vers l’ouest du continent. Le

sud est une immense forêt équatoriale, très inhospitalière pour ces peuples agriculteurs et éleveurs. A l’ouest, autour du fleuve Niger, ils trouvent une terre fertile, des eaux poissonneuses, des forêts giboyeuses et pénétrables. Ils

s’installent. Un groupe les quitte et poursuit sa migration vers le sud, en longeant la côte.

Arrivé à l’orée nord-ouest de la forêt équatoriale, ce grand obstacle, et il s’installe un temps entre le sud-est du Nigeria et la région de Douala près du fleuve Vouri. Selon nombre de spécialistes, c’est là que naissent les bantous. En

tant que langue, culture et phénotype physique. Nous sommes vers 350 ou 400 après JC.

A partir de 350 après JC. La phase d’influence du Kongo est la n°2 Un groupe reprend la migration à partir de ce point de chute camerounais et part

vers l’est du continent, en contournant la forêt par son nord, tentant des infiltrations peu profondes dans celle-ci. Il rejoindra à l’est du continent, de petites communautés qui n’avaient jamais migré, étant restées autour de

Khardofan. D’où le nom que certains chercheurs confèrent à cette population bantoue du centre-est africain, les « Bantous khardofaniens ».

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Le groupe le plus important se détachera de ce foyer camerounais (à cause de la surpopulation?), pour longer la forêt en son ouest, bordant l’océan Atlantique,

jusqu’à s’installer sur les premières terres non envahies par cette forêt primaire: le sud du Mayombe,

atteint vers 600 ou 700 après J.C. Il s’y installera, et s’organisera plus tard en État, le Kongo.

Des peuples en moindre nombre continueront à migrer de façon disparate peu à peu du Kongo (avant ou après sa création effective) vers toutes les directions, sauf le sud, barré par le désert du Kalahari. Des

liaisons entre l’est et l’ouest du continent sont attestées. Ils s’adaptent progressivement dans les zones forestières, surtout grâce à l’introduction de la

banane plantain (XVe siècle). Ils formeront les peuples Tyo (dit plus tard téké et anziques), bobangi, Mongo, Ngombe, Ngwaka et autres tels que nous les connaissons. D’autres migrations, souvent

démarrées au nom du royaume du Kongo, vont aller si loin, qu’elles se couperont de la source et

créeront leurs propres États. C’est le cas des Lulua, des Kuba, en RDC. D’autres encore tels que les Kabindé, Ngoyo, Loango etc.… vont créer des États autonomes, tout en restant vassaux volontaires ou

contraints du centre névralgique Kongo. D’ailleurs, Jean Pierre Kalonji analyse le départ des luba du groupe Loango comme étant la scission

entre ceux qui désiraient radicalement se séparer des Kongos en migrant très loin vers les terres nouvelles au sud-est de la forêt équatoriale, et ceux qui préféraient rester dans la fédération du Ntotila (autre nom du Kongo). La

linguistique et surtout la glottochronologie nous permet de déterminer aussi que les Échiras (punu, mbéti, fang) sont certainement les peuples qui se sont infiltrés

dans les forêts durant la grande descente du Vouri vers le sud et l’est. Ils n’ont donc jamais fait parti du Kongo. Ces migrations vont se poursuivre bien après l’édification du Kongo, effritant

sans cesse le royaume central, jusqu’à être totalement anéanti par la pression de l’esclavagisme. Les Bembés postés aux frontières du

royaume iront jusqu’au Zimbabwe. Les zoulous, armées d’élite (sans doute au sein des bembés) ne se détacheront pour aller conquérir le sud du continent que vers le XVII et

(surtout) le XVIIIème siècle. Jusqu’aux XIXè siècles, des peuples cette fois ci fuyant l’esclavage, continuent à se disséminer vers

toute l’Afrique ou d’autres lieux vers les endroits les plus difficiles d’accès. La plus grande majorité des kongo du Congo actuel, migrent dans la seconde partie du XIXème siècle tout juste, en s’installant dans les terres déjà kongo (la

province de Nsundi qui correspond une ligne Boko Songho Mpangala Est partie intégrante de l’État Kongo) ou occupées par d’autres peuples. Autant que des

Ngala du nord de l’actuel République Démocratique du Congo qui s’enfonceront vers le cœur de la cuvette centrale, rejoignant une

autre migration venu du nord de l’Oubangui, en République Centrafricaine, toujours pour fuir les esclavagistes arabes et européens. Ils trouveront sur les terres des actuelles Likouala, Cuvettes et Sangha

occidentale d’autres peuples d’eaux d’installation plus ancienne de quelques deux ou trois siècles.

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*Nota: Nous pouvons en conclure que tous les congolais sont donc une seule famille,

née au Cameroun, grandie au Kongo, séparée un temps par les migrations ou les évolutions politiques, puis retrouvée au sein d’un

Congo moderne. Ils sont attachés à l’ensemble des

peuples des pays modernes qui leurs sont voisins, et au delà à l’Afrique toute entière. Leur histoire humaine se retrace à partir du premier homme né dans la corne de l’Afrique, et sa continuité en tant que peuple

et en tant civilisation depuis des millénaires est attestée. Bantou: vocable d’origine kongo qui signifie « les hommes (« muntu » au

singulier) introduit en 1862 par Guillaume Henri Bleck, linguiste allemand, pour désigner les groupes de populations noires dont la langue ou le dialecte utilise le Radical « Ba » en guise de

pluriel. Ils habitaient la zone au sud du parallèle joignant Douala à la rivière Tana située au Kenya. Au delà de la langue des caractéristiques anthropologiques,

anthropomorphismes et culturelles s’y sont ajoutées. Par extension, on a désigné par Proto-bantou, le peuple noir d’où sont issus les bantous, et qui a sa source dans la vallée du Nil.

Voir Joseph KiZerbo: ‘Histoire de l’Afrique noire’ édition Hâtier, Paris 197

TABLEAU SUR LA MIGRATION DES PEUPLES BANTOUS

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UNE HYPOTHESE DES MIGRATIONS DES LANGUES BANTOUES

L'histoire des locuteurs des langues bantoues a fait l'objet de nombreuses théories. À la fin du XIXe siècle, Johnston évoque des migrations parties des grands lacs avec un foyer originel vers le Cameroun. Dans les années 1950, le

linguiste Greenberg et l’anthropologue Murdock intègrent les langues bantoues dans l’ensemble dit Niger-Congo et fixent leur foyer dans la région du Tchad-

Bénoué (Cameroun). Dans les années 1960, l'archéologie de la métallurgie du fer tend à lier la dispersion des langues bantoues et celle de cette technologie. Cette proposition est diffusée en particulier par l'historien Roland Oliver, qui évoque

une première diffusion depuis le Tchad-Benoué, puis un deuxième foyer vers le Katanga (République démocratique du Congo). L'utilisation de la métallurgie est

ensuite détachée de la première dispersion1.

Aujourd'hui, on parle plutôt de « micro-migrations », qui n'empêchent pas les continuités culturelles en particulier dans la culture matérielle. Pour Jan Vansina en 19952, il faut moins se représenter des remplacements de populations que

des mélanges progressifs, des acculturations qui ont pris des siècles

Selon l'hypothèse de Greenberg, à partir de leur foyer d'origine, situé aux confins du Cameroun et du Nigeria3,4, les locuteurs de langues bantoues ont occupé progressivement leurs territoires actuels selon un processus qui a duré environ

quatre mille ans. Ils commencent à étendre leur territoire vers la forêt équatoriale d'Afrique centrale entre 2000 et 1000 ans av. J.-C5. Entre 1000 et 500 av. J.-C., a lieu une deuxième phase d'expansion plus rapide vers l'est et

enfin une troisième phase, entre 0 et 500 ap. J.-C., vers le sud de l'Afrique. À l'occasion de cette expansion, les locuteurs bantous se mêlent aux groupes

autochtones et constituent de nouvelles sociétés. L'expansion bantoue s’est poursuivie jusqu'au XIXe siècle, interrompue par la colonisation européenne.

CARACTERISTIQUES

Les langues, qui présentent de nombreuses similitudes, constituent l'élément

culturel commun de ces peuples6.

ORGANISATION SOCIALE ET POLITIQUE

Les peuples de langues bantoues des territoires de la savane, comme les Kongos7, les Yakas, les Pendes, les Leles et les Kubas8, s'appuient sur une

filiation matrilinéaire et leurs familles sont matrilocales ; d’autres sont patrilinéaires7,8. Les sociétés utilisant l’agriculture itinérante ont tendance à être

à filiation matrilinéaire9.

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LE ROYAUME DE KONGO

1390 – 1914

Le royaume de Kongo était un empire de l'Afrique du sud-ouest, situé dans des territoires du nord de l'Angola, de Cabinda, de la République du Congo, l'extrémité occidentale de la République démocratique du Congo et d'une partie

du Gabon. À son apogée, il s'étendait de l'océan Atlantique jusqu'à l'ouest de la rivière Kwango à l'est, et du fleuve Congo jusqu'à la rivière Loje au sud.

TERRITOIRE ET ORGANISATION

* Toute la partie nord et nord-est de l'actuel Angola était des territoires du

royaume Kongo dont les frontières s'étendaient sur tout le long du littoral de l'océan Atlantique de tous ces trois actuels pays Angola, République démocratique du Congo et République du Congo (soit des ex provinces du

royaume Kongo : Soyo, Mbata, Pumbu, et des ex territoires vassaux : Loango, Vili etc. Cette partie dans l'actuel Angola fut détachée de l'autorité du roi Kongo

par un groupe d'aventuriers portugais chassés de Mbanza Kongo (Capitale du royaume Kongo) à cause de leurs activités de commerce d'esclaves que n'approuvait plus le peuple Kongo. En se réfugiant dans cette partie du royaume

Kongo, les aventuriers portugais firent assassiner Dongo le gouverneur nommé par le roi, avant de procéder à la sécession. Quelques années plus tard, un des

fils de l'ancien gouverneur Dongo dénommé Ngola fit organiser une contre-attaque contre les Portugais qui se réfugièrent dans les terres de Sâo Tomé. Ainsi Ngola était devenu le chef de cette partie du royaume Kongo de qui vient

l’appellation originale de ce pays Ngola que les Portugais appelaient Angola. Par contre jusqu'à ce jour dans les dialectes des peuples Kongo le Kikongo (dialecte

qui se prononce avec différents accents selon les ethnies) le pays nommé actuellement Angola n'a pas de prononciation, le A n'étant pas de la dialectique

Kongo, ce pays s'appelle toujours Ngola en Kikongo.

Dans la partie Ouest de l'actuelle République démocratique du Congo pays qui tire son nom par la substitution du K par le C, Kongo = Congo, le royaume Kongo s'étendait du littoral de l'océan Atlantique jusqu'à la

rivière Kwango, soit toute l'actuelle province du Bas-Congo et une partie de l'actuelle province de Bandundu jusqu'aux rives du fleuve Kwango. Le

Bandundu actuel est une entité purement politique créée par Mobutu vers les années 60, elle n'existait pas autrefois. L'actuelle ville de Kinshasa était bel et bien un territoire à part entière du royaume Kongo qui s'appelait

Pumbu et dont les chefs des terres étaient les clans : Lukeni, Lukunga et Teke, les Humbu n'étant devenu un clan chef des terres que bien après.

Tous les peuples de l'actuel territoire de Kwango dans l'actuelle province de Bandundu, les Yaka, les Lonzo, les Mbata, les Suku etc. sont des Bakongo et n'ont rien en commun avec les autres ethnies du Bandundu

actuel. L'empire Yaka fondé vers le XVIIe siècle était une fabrication des Portugais qui voulaient éloigner les guerriers Yaka du royaume Kongo afin

de l'affaiblir militairement.

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Dans l'actuelle République du Congo, en dehors de la partie nord tous le reste du pays était un territoire du royaume Kongo.

Au Gabon il faut intégrer à cette estimation de l'étendue de l'ancien royaume Kongo, tous les territoires frontaliers avec la République du Congo et ceux du littoral de l'océan Atlantique. Car le pouvoir Kongo avait

pour ambition le contrôle du littoral de l'océan Atlantique pour l'exploitation du sel marin et des coquillages "N'kodia" qui étaient sa

monnaie (symbole repris sous forme d'escargot par l'alliance de Bakongo « Abako » fondée par Nzeza Nlandu en 1957, d'où est venu le premier président du Congo « Kasa Vubu » et qui fut aussi à l'origine de

l'indépendance du Congo en 1960.

Le pays appelé Kongo était le plus organisé de l'Afrique subsaharienne, car organisé géographiquement en entités administratives, dirigées par des chefs

des clans et des terres validées par un pouvoir central basé à Mbanza Kongo la capitale du pays. C'était un ensemble d'entités fédérées qui se soumettaient à l'autorité d'un pouvoir central. En l'occurrence, selon Raphaël Batsîkama, cette

fédération rassemblait quatre entités politiques au XVIe siècle : Zita-Dya-Nza, Kongo-Dya-Mpangala, Kongo-Dya-Mulaza et Kongo-Dya-Mpanza1. C'est à la suite

de cette organisation que le premier explorateur Européen (un Portugais), avait appelé ce pays « royaume Kongo » en référence au royaume du Portugal.

GEOGRAPHIE

De L'Empire Kongo

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Selon certains chroniqueurs européens, à l'époque du premier contact avec les Portugais, le Royaume Kongo devait avoir une étendue de plus de 300 000 km². Une grande partie du sud-ouest de la République démocratique du Congo, du

nord de l'Angola, du sud de la République du Congo et une partie du Gabon composaient cet État.

Toutefois, les chroniqueurs européens ont fait beaucoup de confusions dans leurs estimations du territoire d'un pays dont ils ignoraient l'organisation

administrative.

C'est ainsi que certaines provinces qu'ils rencontrèrent loin de la capitale Mbanza Kongo devinrent des « royaumes » à part entière sous leur plume. Il s'agit généralement des localités traversées par les voyageurs européens, depuis les

ports de la côte atlantique, d'où ils débarquaient, jusqu'à la ville de résidence du Mwene Kongo située à 150 milles dans l'hinterland.

« Ainsi, pour tout le département, on comptait sept districts. Ce sont ces districts que les Européens ont pris, tantôt pour des royaumes, comme le Ngôyo, le

Kakongo du Kôngo-dya-Mpânzu, tantôt pour des provinces, comme le Nsûndi, le Mbâmba et le Mpêmba du Zyta-Dya-Nza2. »

Généralement, les chroniqueurs européens réduisent le territoire de Kongo aux seules dimensions de sa province capitale, Zita-Dya-Nza (le « nœud du

monde »), dont le chef-lieu était précisément Mbanza Kongo, où le Mwene recevait les ambassades étrangères. D'ailleurs, l'on sait désormais que l'Angola

faisait partie de la fédération Kongo-Dyna-Nza, jusqu'à ce que Paul Diaz y arrive en 1574 et y organise une sécession.

« Bref, en nous fondant sur ces renseignements fournis par Duarte Lopez via Felippo Pigafetta, renseignements que semblent confirmer la Tradition, nous

pouvons avancer que le Royaume du Congo s'étendait entre la latitude 1 1/2° Nord et la latitude 22° Sud, du 24° de longitude Est à l'océan Atlantique. Il

atteindrait une superficie dépassant les 2 500 000 km² »

MYTHE DES ORIGINES

Selon l’une des versions mythologiques de leur origine, rapportée par Raphaël Batsîkama, l’ancêtre primordial (Nkâka ya kisina) des baKongo serait une dame nommée Nzinga, fille de Nkuwu et épouse de Nimi. La société traditionnelle Kongo étant matriarcale, à l’instar de tant de sociétés africaines anciennes, on

conçoit que son aïeul primitif fût nécessairement une femme, sinon réellement, au moins symboliquement.

Nzinga aurait eu trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille, respectivement N'vita Nimi, Mpânzu a Nimi et Lukeni Lwa Nimi. Les quatre noms primordiaux de

l’ancêtre et de ses enfants tiennent lieu également d’appellations pour les quatre luvila initiaux ; c’est-à-dire les lignages ancestraux des ba-Kongo.

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Les frères et autres collatéraux de Nzinga à Nkuwu ont reçu la fonction de maître des terres ; c'est-à-dire qu'ils se sont spécialisés dans la manipulation des énergies telluriques, notamment en vue d'exécuter les

opérations rituelles présidant aux implantations coloniales successives dans le bassin du fleuve Nzadi.

Vit’a Nimi était l’aîné des enfants Nzinga, on l’appelle également Ma-samba, ou encore Nsaku. Ses descendants sont les ki-Nsaku. À eux sont

dévolues les fonctions de médiation aussi bien spirituelle que politique. D'ailleurs, selon Alain Anselin, « Samba signifie palabrer, argumenter en lingala4 ». D'où ma samba pour dire "maître de la palabre" : héraut,

négociateur, diplomate, voire intercesseur auprès des ancêtres.

Mpânzu-a-Nimi était réputé intrépide, habile de ses mains et excellent agriculteur. C’était également un Ndamb’a Ngolo, c’est-à-dire un excellent mineur.

Lukeni se distinguait surtout par sa beauté et sa fécondité qui lui donna une nombreuse progéniture, dont elle aurait excellé dans l’éducation. D'où

son surnom Mungoyo’a Ntende, c’est-à-dire « la belle aux mille chances ». Elle hérita aussi du nom de sa mère, Nzinga.

Les tuvila primitifs auraient occupé d’abord le territoire de Kongo-Dya-Mpangala sous l’autorité spirituelle et politique de Vit’a Nimi. Ils investirent

progressivement cette région, une vaste plaine très ensoleillée et riche en minerais, traversée par le fleuve Kwânza (ou Nzadi = Zaïre). Ils y fondèrent

diverses agglomérations, notamment Mpangala, Mazinga, Ngoyo, Mpemba, Lwangu, Nsundi, Mbinda, Mbembe, Mbamba, Mpangu.

FONDATION

Le royaume Kongo en 1711.

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Le royaume Kongo se développa après plusieurs migrations bantoues du VIIe au XVe siècle dans une zone peuplée de pygmées Baka. Ces groupes indépendants ont été unifiés sous la direction de l'un d'eux et organisés en royaume. Le

pouvoir du roi kongo, le Manikongo, est d'abord de nature spirituelle, cette autorité lui étant assurée par des pouvoirs surnaturels et divinatoires lui donnant accès aux ancêtres5. En principe, les rois étaient élus par les anciens parmi les

membres éligibles des 12 clans Kongo.

Selon une source portugaise de 1624, Historia do reino do Congo, le royaume aurait été fondé au XIIIe siècle6.

L'Empire Kongo était un État très développé, avec un large réseau commercial. À part les ressources naturelles et l'ivoire, le pays fondait et commerçait le cuivre, l'or, les vêtements de raphia et la poterie, disposait d'une monnaie et de finances

publiques.

Mais surtout, il pratiquait l'agriculture, la chasse et l'élevage. Il était comme beaucoup d'autres peuples d'Afrique noire organisé en castes, mais avec une structure relativement souple. On pouvait par exemple apprendre un métier de

son choix en intégrant l'une des grandes écoles du pays. Les plus connues sont les quatre plus prestigieuses, à savoir Kimpasi, Kinkimba, Buelo et Lemba. Ces

écoles, toujours d'actualité formaient l'élite Kongo. Si leur accès était relativement libre, toujours est-il qu'il s'agissait d'une longue initiation aux critères de sélection très stricts. Des « explorateurs » comme Bittremieux en

conclurent à tort qu'il s'agissait de cultes secrets ou ésotériques.

L'ÉTAT DU KONGO À LA FIN DU XVE SIÈCLE

Refrence1 : ADMINISTRATION

Les fondateurs de Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont :

Secteur 0 : la façade atlantique à l'ouest

Secteur 1 : Kongo-Dya-Mpangala au sud

Secteur 2 : Kongo-Dya-Mulaza à l'est

Secteur 3 : Kongo-Dya-Mpanza au nord

À part la mer, ces secteurs consistent en entités administratives qui sont

respectivement ka-Mbamba (secteur 1), ki-Mpemba (secteur 2) et ka-Mbangu (secteur 3). Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée

également Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais renommèrent Sao Salvador. Littéralement, Mbânza (ou Ngânda)

signifie chef-lieu ou capitale. En sorte que Mbanza Kongo se traduit par "capitale de Kongo", tout comme Mbanza Nsundi signifie chef-lieu du Nsundi.

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Kambamba, Kimpemba, Kabangu et Mbanza-Kongo formaient une fédération politique nommée Kongo-Dyna-Nza, ou encore Kongo-Dia-Ntotila. Chacune de ces quatre entités comportait sept ki-Nkosi (subdivisions). Chaque Kinkosi

comportait plusieurs ki-Mbuku, qui se composaient chacun de nombreux ki-Kayi, lesquels étaient constitués à leur tour de plusieurs ki-Fuku. La capitale de Kongo-

Dya-Mpangala se nomme Mbânza Mbamba, celle de Kongo-Dya-Mulaza est Mbânza Mpemba et celle de Kongo-Dya-Mpenza s'appelle Mbânza Mbangu.

Ce modèle d’aménagement territorial va se multiplier au fil des siècles, de manière rhizomique, jusqu’à reproduire quasiment à l’identique sa toponymie

dans les autres régions ultérieurement unifiées au foyer initial. Ce processus d’expansion territoriale du foyer Kongo aura une structure fondamentalement ternaire, à l’instar des trépieds d’un foyer :

« Les entités politico-administratives du Royaume du Congo iront de triade en triade. Dans chaque triade, disposée toujours en position d’un homme couché dont la tête se trouve au Nord, les descendants de Nzinga occuperont toujours le

Sud, ceux de Nsaku le centre, et enfin ceux de Mpanzu le Nord. […] Ces régions ou territoires, selon qu’ils appartiennent aux Nzinga, aux Nsaku ou aux Mpanzu,

portent une des dénominations suivantes :

a) Nzinga : Mbâmba, Ngôyo, Mazînga, Kinânga, Mbînda, (Kabînda), Mpângala (Kikyângala), etc. (Sud).

b) Nsaku : Mpêmba, Kakôngo, Mbata, Nsânda, Zômbo, Lêmba, Kiyaka, etc. (Centre)

c) Mpanzu : Mpangu, Nsundi, Vûngu, Lwângu, Nsôngo, Nsuku, Mpûmbu, Ndôngo, Dôndo, Yômbe, Kibângu, etc. (Nord)7. »

Cette originalité et cette complexité structurale de l'organisation du territoire du Kongo surprendront l'intelligence de nombreux étrangers européens, ce qui

explique beaucoup d'imprécisions ou erreurs d'appréciation dans les chroniques d'époque, notamment celle de Filippo Pigafetta. Le pays avait une superficie d'environ 2 500 000 km² au XVIe siècle, soit la moitié de la superficie de toute

l'Europe occidentale. On comprend que sa structure confédérale favorisa son dépeçage par les Européens après d'innombrables intrigues sécessionnistes au

cours des siècles suivants. Ainsi naquit à partir du XVIIe siècle de cette vaste construction politico-administrative une myriade d'État-nations autonomes sous l'effet des bouleversements engendrés par l'économie négrière atlantique.

Reference2 : ADMINISTRATION DU KONGO

Le royaume du Kongo était composé d’un grand nombre de provinces, variant selon les époques de 6 à 15 pour les principales, ayant des tailles très variées. Il y’avait également de plus petites localités qui avaient des statuts assez divers.

Lors de l’européanisation des titres, la plupart furent appelées « marquisat ». C’est le cas de Mpemba, ou Kiuvo. Nkusu, petite cité regroupant quelques 4

milliers d’âme non loin de la capitale avait le statut de « Pays ». Le statut du chef de province était en principe accordé par le roi pour des durées variables mais

limitées dans le temps.

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Mais il arrivait qu’un seul individu puisse diriger une province durant toute sa vie,

voir rendre sa charge héréditaire. Généralement cela survenait à cause de la situation politique complexe qui

empêchait de modifier son statut. Il fallait mieux contenir un duc rival en laissant sa « maison » gouverner une province plutôt que ne rien lui laisser et risquer de

le voir arriver à la capitale avec des troupes. Ces provinces devenaient des monarchies par la forme du gouvernement mais demeuraient tout de même soumises à l’obligation de fournir ses fils pour

soutenir un effort de guerre, à l’impôt provincial, à l’impôt individuel, et l’impôt commercial. Un visiteur hollandais nous rapporte que cet impôt avait atteint pour

le trésor royal en 1640 la somme de 20 millions de nzimbu, la monnaie locale. Sachant qu’une vache coutait 80 à 100 nzimbu et 2 à 5 nzimbu pour un poulet. Le royaume avait aussi des taxes directes, prélevées sur les différents produits

commerciaux échangés à travers la sous région. Il s’agissait du cuivre, des métaux ferreux, du raphia, des textiles (du Kongo dia Nlaza notamment), de

l’ivoire, du cuir, ou encore du sel. Duarte Lopes lors de son voyage à la fin du XVIe siècle identifia 6 provinces importantes. C’est sa liste qui est le plus souvent répétée dans les manuels

d’histoire. Il s’agit du N’sundi dans le nord, Mpangu au centre, Mbata au sud, Soyo dans le sud-ouest, Mpemba au centre est et Mbamba au sud-est qui est la

plus grande de toutes les provinces avec 6 sous provinces. Mpemba était petit et ne connaissait aucune subdivision. Mais au vu de son rôle historique, il avait un statut à part. La capitale était sous la direction directe du

roi. Elle comptait 500.000 habitants en 1600. *Nota: Kongo dia Nlaza, ou Mumboadi (7) Nom donné par les Koongo à la partie

orientale du pays, qui regroupait 7 Etats, provinces et royaumes vassaux. Particulièrement réputés pour leur grande production de textile avant l’arrivée des portugais et encore pendant, jusqu’au XIXe siècle.

SAO TOME L’Ile offrant une position exceptionnelle aux navires portugais, fut la première

implantation véritablement souveraine du Portugal. Proche du kongo, mais aussi inaccessible par les moyens de navigation de ce pays, ce comptoir reçu dès 1499

un titre officiel comme territoire portugais, son gouvernement dirigé Fernand de Mello se vu accorder par le roi Manuel du Portugal le droit à la succession héréditaire. Pour le Portugal, les affaires du Kongo dépendaient directement de

Sao Tomé. Mais très vite les abus du gouverneur furent de très haute ampleur. Il pouvait ponctionner jusqu’à la moitié de la cargaison d’un bateau en provenance

du Kongo ou du Portugal vers le Kongo, au titre de taxes et douanes, pour revendre les mêmes biens au Kongo. Si bien que le commerce extérieur du

royaume s’en trouvait sérieusement affecté. En 1512 alors que commençait le trafic des esclaves, les rois Manuel du Portugal et Afonso du Kongo se mirent d’accord que le gouvernement de Sao Tome entravait leurs deux nations. Manuel

décida d’envoyer une ambassade permanente à Mbanza Kongo, pour négocier directement.

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Le convoi fut intercepté par le gouverneur de Sao Tome qui s’opposa

catégoriquement à cette entreprise, arguant qu’Afonso désirait acquérir un bateau de haute mer battant pavillon Kongo. Ce qui était vrai: Afonso Nzinga

Mbemba avait même chargé son neveu Rodrigo de négocier l’achat d’un navire au Portugal! Ainsi, s’échapper du contrôle de Sao Tome, aurait permis au Kongo

développer ses relations commerciales avec d’autres nations africaines et Européennes. Le roi du Portugal adhéra à l’argument de Fernand de Mello, et renonça de lui

retirer le droit de contrôle sur le passage des navires. Le successeur du roi Manuel, Joao III, lui retira l’hérédité de sa charge de gouverneur en 1522,

nommant et relevant lui même les gouverneurs.

SOYO

La province de Soyo bien que périphérique et sans aucune importance avant l’arrivée des colons, deviendra capitale par la suite. En effet, englobant l’embouchure du fleuve, cet estuaire permettait un accostage facile des grands

navires de haute mer. C’est d’ailleurs au même endroit, jadis appelé Mpinza, que la RDC est entrain de construire son nouveau port en eau profonde, Banana. En

1491 lors du premier retour des colons portugais, le chef de Soyo, petite province est le premier à recevoir le baptême. Avant le roi. Il profitera de cette position de primauté dans le commerce extérieur devenu capital pour l’État

Kongo, pour revendiquer de plus en plus de pouvoir et de droit, voir une autonomie.

MBANZA KONGO

La capitale du royaume a beaucoup souffert des conséquences de la bataille de Mbuila et ne s’en est jamais vraiment relevée. Les différents rois qui se

disputaient la couronne avaient désigné leurs fiefs respectifs comme capitale de leurs prétentions. A cause de l’insécurité et des pillages, les habitants ordinaires, avaient également désertés la ville, tombée en ruine en 1678. Ses manufactures,

ses 12 Églises et son palais furent pillés pierre par pierre. C’est Kimpa Vita qui aida à la repeupler à partir de 1705, avant que Pierre IV, réinstauré roi, n’en

refasse la capitale en 1709. Durant l’époque coloniale, qui intègre le Kongo à l’Angola, le territoire qui recouvrait Mbanza Kongo est introduit dans la province appelée Zaïre (de « nzadi« , signifiant fleuve), alors que la partie

angolaise du royaume en général, est découpée en une dizaine de circonscriptions administratives. La conscience d’appartenir à un même groupe

étant si forte au sein du peuple Kongo, que les rébellions, ou les refus d’obéir au nouvel ordre étaient monnaie courante, autant que les répressions coloniales qui

s’ensuivirent. Si bien que la ville a peut profiter de la modernisation coloniale de l’Angola et ses habitants ont souvent préféré l’exil, ou le marronage (vie de fugitif caché dans la

forêt) plutôt que l’assimilation coloniale. Mbanza Kongo compte aujourd’hui 25.000 habitants.

http://www.angolaacontece.com/pictures/3045.jpg Jeunes filles de Mbanza Kongo, de nos jours.

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ORGANISATION POLITIQUE

La capitale du Kongo, São Salvador.

L'autorité politique suprême du Kongo-Dyna-Nza pouvait être nommée de diverses manières :

Ntinu : chef militaire ;

Le roi du Kongo, qui est aussi appelé Ntinu (de « refuge » celui qui met le peuple en sécurité), dirigeait le royaume depuis la capitale, laquelle changea au cours

du temps : Mfoa, Loango, etc. À l'éclatement du royaume du Kongo dia Loango, succèdent cinq provinces, dont celle de Ne-Vungu d'où est issu Ne-Lukeni, réunificateur du royaume. C'est lui qui rétablira la capitale à Mbanza-Kongo. Le

roi était élu par les bambuta (incorrectement traduit par « anciens », mais signifiant « responsables » des catégories socio -professionnelles, choisis pour

leurs compétences locales, régionales, provinciales et nationales).

Le Ntinu dia Kongo désignait les gouverneurs des six provinces de l'empire (Mani ou Makoko signifiant « gouverneur »). Les finances publiques étaient gérées depuis Banza kongo (capitale financière), l'administration et l'ordre public étaient

la responsabilité du Ntinu a Kongo (Makoko), tandis que les finances l'étaient par les responsables financiers et la législation par le Mani Vunda (celui qui gère les âmes ; en d'autres termes, les autorités spirituelles, dont le clan Nsaku était et

demeure consacré par tradition). Le royaume fut progressivement soumis au christianisme par la force des armées, par les assassinats des plus hauts

responsables spirituels du royaume et par le contrôle des commerçants portugais. La souveraineté des Manikongo sur leurs territoires disparut peu à peu au XVIIe siècle sous l'influence de la traite négrière, qui dépeupla et affaiblit le

royaume

Mwene : celui qui pourvoit aux besoins du peuple ;

Mfumu : désigne quant à lui la notion de responsable au sens administratif comme au sens social.

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À noter que « Mani » est l'expression la plus répandue dans la littérature occidentale mais ce ne serait qu'une traduction portugaise approximative de Mwene et non une quelconque autre titulature.

La fonction de Mwene est élective mais tout citoyen ne peut pas y prétendre car elle est aussi censitaire. On tient généralement le régime politique de Mwene

pour une monarchie constitutionnelle. Toutefois, cette fonction n'est pas seulement politique. Elle est également sacerdotale ; comme un cas particulier

du modèle africain dit de la « royauté sacrée », ou encore la « royauté divine ».

En principe, la succession à la tête du Kongo est matrilinéaire. En sorte qu'originellement, seuls les descendants de Lukeni Lwa Nzinga, la fille de l'ancêtre-mère primordiale, pouvaient prétendre au poste de Mwene. Les

descendants de Vit'a Nimi ayant pour fonction de veiller au respect, entre autres, de cette loi de succession. Par conséquent, après avoir été élu par le Conseil des Sages, un Mwene ne peut être consacré que s'il subit une cérémonie rituelle

organisée et présidée par le gardien des principes spirituels et politiques désigné nécessairement parmi la lignée des Nsaku.

C'est ainsi que le premier Mwene Kongo attesté dans les annales traditionnelles s'appelle Nimi'a Lukeni Lwa Nzinga, c'est-à-dire Nimi (du nom de son grand-

père) fils de Lukeni et petit-fils de l'ancêtre-mère Nzinga Nkuwu. On voit que les fonctions de Reine-Mère ou d'Épouse-Royale sont particulièrement cruciales dans

les sociétés matriarcales ; elles ne sont guère honorifiques comme cela peut être le cas ailleurs.

Le cabinet du Mwene comporte divers fonctionnaires, notamment :

Ma N'Kata, le préposé aux affaires militaires et à la guerre ;

"Né Tuma, le préposé aux armes et à la défense du Kongo ;

Mbênza Kongo, le préposé aux affaires de la Justice ;

Ne Mpûngi, chef de la musique du palais ;

Wavadidi Ntinu, le sculpteur attitré du Ntinu, c'est-à-dire du Mwene.

Cette configuration hiérarchique est reproduite aux échelons inférieurs de telle sorte que chacune des quatre grandes circonscriptions politiques possède ses

préposés à la Défense, Justice, etc. tout comme les vingt-huit kinkosi comportent les leurs.

De façon générale, les préfixes Mâ, Mwê ou Nâ, Ne introduisent la notion d'autorité politique et/ou administrative ; c'est-à-dire celle de « chef », « roi »,

« maître », etc. Ainsi le :

Ne-Nkosi est le « roi » d'un ki-Nkosi ;

Mwê-Mbuku est l'autorité qui administre un ki-Mbuku ;

Nâ-Kayi est le « chef » d'un ki-Kayi ;

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Mâ-Fuku (ou « Mafouc » dans les chroniques européennes) dirige un ki-Fuku, c'est-à-dire le plus bas échelon administratif de la Fédération Kongo-Dia-Ntotila.

En outre, la personne exerçant l'autorité d'une entité politico-administrative est souvent désignée par le lieu-dit de sa fonction, plutôt que par son propre patronyme. Ainsi le Mâ-Nkosi du Nsundi peut être appelé Ma-Nsundi par ses administrés (ou Mâ-Mbamba pour le Mbamba, Ma-Lwangu pour le Lwangu). De

même qu'on appelle l'autorité suprême Mwene Kongo (« Mani Kongo » des chroniques européennes) au lieu d'indiquer son nom propre ; par exemple,

Mvemba a Nzinga.

LE MANI-KONGO

Le Manikongo.

(Mwene Kongo en kikongo) est un titre de chef politique (« gérant » ou

« premier responsable » du peuple et de son bien-être) chez les peuples Kongo, un État dont le territoire s'étendait dans l'ouest de ce qui est actuellement la République démocratique du Congo et l'Angola.

Les Rois (ou Empereurs) du Kongo (« Mintinu mia Kongo » en kikongo) portent

le titre de Mwene Kongo. Manikongo est une déformation portugaise de Mwene ya Kongo. « Mwene » est aussi le titre porté par le responsable administratif

d’une province du Royaume du Kongo. On peut ainsi parler de Mwene ya Kongo, Mwene ya Soyo, Mwene ya Loango, etc. Dans le nord (au Kakongo, Nsundi et Yomba) on dit Mane. D’ou le mani des portugais.

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Les loango prendront les deux appellations, en avalant les dernières syllabes

comme l’exige leur langue: Ma’ pour désigner la fonction, le titre (exemple: Ma’ Loango, Ma’ Kaya) et Mwe pour désigner l’individu titré du Ma’ (exemple: Mwe

Poaty, Moé Mbatchi). Le titre de Mwene existe aussi chez les mbochis du nord Congo. Le roi porte le même titre que le gouverneur de région. Preuve qu’à

l’origine il s’agit de vassaux qui ont perdu définitivement leurs pouvoirs. Mais en gardant ainsi les titres, symboliquement le roi est diminué car il n’est qu’un administrateur comme les autres, sauf que lui, son champ de pouvoir englobe

celui des autres « mwene ». « Ntotila » est le titre que lui donnent ses vassaux et qui signifie celui fait l’unité, qui ramasse des désœuvrés pour les réunir autour

de sa protection. Car le terme kongo rendu par vassal peut se traduire par « protégé ». C’est pourquoi « Kongo dia Ntotila » sous-entend l’ensemble des peuples Kongos, jusqu’aux extrémités de son influence. Plus tard, l’absolutisme

du pouvoir durant les guerres de dynasties fait apparaitre le titre de N’tinu qui signifie roi au sens de celui que l’on doit craindre. Le détenteur de l’autorité

étatique. Depuis 1512, puis 1535 les rois du Kongo ont gravé dans le marbre les titres qu’ils portaient intégrant les vassaux. Ainsi, Afonso Ier était Roi du Kongo, de

Mbundu et du Kongo dia Nlaza; Seigneur de Kakongo, de Vundu et de Ngoyo. Sachant que chacun de ses royaumes avait ses propres vassaux non cités dans

le titre royal, mais sous-entendu sous le principe voulant que « le vassal de mon vassal est mon vassal ». Le royaume Mbundu de 1512 incluait les royaumes de Ndongo, de Kissama et de Matamba. Toutefois, il semble que certains titres

étaient des prétentions non avérées. Surtout dans le sud, après 1600. Le Kongo avait une influence beaucoup plus forte au nord et à l’est, qu’il ne l’avait au sud.

Ces zones commerciales et historiques s’y trouvaient. Ce qui facilita d’ailleurs l’implantation des Portugais à Luanda (sud du pays, hors du Kongo) en faisant immédiatement une colonie.

LES FORCES ARMÉES Guerrier kongo, de l’époque de Nzinga Nkuvu

Elle était composée de 30.000 soldats permanents, et pouvait recruter en plus jusqu’à 50.000 hommes en âge de combattre pour une campagne ponctuelle. Du

temps de Nzinga Nkuvu, près de 5.000 soldats stationnaient dans la capitale, le reste autour des points sensibles, des frontières et sur les routes commerciales. A partir du XVIIème siècle, les guerres civiles étant devenues plus importantes

que les guerres contre les nations étrangères, autant que les invasions barbares s’atténuaient, Mbanza Kongo hébergeait pas moins de 20.000 soldats consacrés

à la défense du coeur du royaume. Quoique certaines sources prétendent qu’Antonio Ier réunit 70.000 soldats à Ambuila (sérieusement contredites par d’autres de la même époque), il était difficile de réunir une armée de plus de

10.000 soldats pour une longue campagne, à cause des difficultés logistiques. Les archers étaient majoritaires. Ils étaient renforcés par des fantassins armés

de lances, d’épées et de boucliers. Vers 1580, elle se compléta de mousquetaires, essentiellement recrutés parmi les métis. Il en servit 360 dans la bataille de Mbuila.

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Les techniques de combats étaient propres à la culture Congo. Si peu de témoignages du combat à main armée nous sont parvenus, celui à main nu

enseigné s’appelait la force de la panthère (animal totémique privilégié des Kongo), ou « ngolo ».

Figures de Ngolo.

La capuera brésilienne s’en est largement inspiré. Ce qui témoignage d’ailleurs que comme pour le latin, la périphérie culturelle a souvent mieux conservé les souvenirs culturels que le centre.

(Batsikama: L’ancien Royaume de Congo et les BakongoL’HARMATTAN – 1999 / Le geste Kongo MUSEE DAPPER – 2003)

LE KONGO ET LE DEVELOPPEMENT

Le Kongo a nourri très vite des appétits de développement, autant que le Portugal a nourri ceux de tirer le plus profit des terres kongolaises. Dès 1510 il

y’a en moyenne 5 bateaux par an qui accostent à Mpinda le port national. 10 ans plus tard il y’en a 3 fois plus. Depuis Afonso 1er Mbemba, les demandes en

ouvriers (maçons, charpentiers, forgerons) étaient les plus insistante de la part des rois du Kongo. Ainsi, Alvare II insistait pour qu’à chaque homme d’église envoyé, corresponde un ouvrier dans la même cargaison. Mieux, il demanda que

des familles entières quittent le Portugal définitivement pour s’installer en son royaume, avec des jeunes filles pouvant se marier avec ses sujets. Dans les

conseils du gouverneur portugais de Sao Tome ou de celui d’Angola auprès du roi du Portugal on peut lire: « On ne doit pas lui envoyer des ouvriers; il ne convient pas qu’il ait dans son royaume des gens sachant faire le travail de la pierre, de la

chaux ou du fer parce que ce serait pourlui l’occasion de désobéir à Votre Altesse (…) Il serait préjudiciable à votre Altesse que ce roi ait dessujets blancs, parce

que grâce à eux, il sera si puissant qu’il se passera de vous. » La cupidité portugaise était telle que les hommes d’église s’intéressaient plus aux affaires qu’à tout autre chose.

Sous prétexte que le roi le payait en Nzimbu, une monnaie non utile au Portugal, il l’échangeait immédiatement en achetant des biens et des services sur place.

Ainsi, le clergé portugais possédait sur place des terres ou se cultivait le tabac, les céréales, des légumes et des fruits, il avait des élevages opulents, des manufactures de tissus, et des travailleurs quasi esclaves qui y travaillait. On

parle d’un d’entre eux, le père Ribeiro, qui vendit des objets liturgiques, pour s’acheter des esclaves! D’où la difficile implantation du christianisme à cette

époque.

DIVISION DU TEMPS.

Le calendrier basé sur la « semaine » de quatre jours était en vigueur; trois jours ouvrables et un jour pour le marché:

« Semaine » = 4 jours Mois = 7 « semaines »

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Année = 13 mois + 1 jour de fête à la fin. Outre celui du marché, il y a un calendrier agricole Kongo qui comporte six saisons :

Kintombo (octobre décembre) = saison des premières pluies, celle des sémailles ( ntombo ). On

la nomme également masanza , « nourriture ». Kyanza (janvier février)

= deuxième saison des pluies, celle de la récolte du vin de palme. On l’appelle aussi mwanga

Ndolo (mars à mimai) = dernière saison des pluies.

Siwu ou Kisihu (mai-août) = première saison sèche, marquée par les vents froids. Mbangala (mi-août

à mi-octobre) = seconde saison sèche, caractérisée par de fortes chaleurs.

Mini mia mbangala expression courante signifiant « coups de soleil intenses ». Période des brûlis, mpyaza

Avec la venue du christianisme, le calendrier chrétien a pris de plus en plus la place de ce calendrier.[8]

MONNAIE

Les coquillages Olivancillaria nana appelés nzimbu, étaient utilisés comme monnaie[9]. Leur production venait d'une pêcherie féminine de l'île de Luanda

dont la maison du Manikongo avait l'exclusivité. Les nzimbu étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs, le funda soit mille unités les plus petites, le lukufu valant mille fundas, l'imbonde valant mille lukufus[10]. Le

cours du funda était donc de 13,33 francs. Les zimpos ont été peu à peu supplantés par les cauries[11] importés du Zanguebar.

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L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS

ET LA CONVERSION AU CHRISTIANISME

Armes personnelles d'Alphonse Ier. Commémorant sa victoire remportée en 1506

ou 1507 sur son beau-frère Mpanzu a Kitima grâce à l'apparition miraculeuse de cinq chevaliers célestes.

Au cours de ses voyages le long de la côte africaine dans les années 1480, le navigateur portugais Diogo Cão fut le premier Européen à évoquer un grand empire qui contrôlait le commerce dans la région. Cao remonta le fleuve Nzadi ou Zaïre qui était selon lui la voie d’accès vers le royaume du prêtre Jean. En

1483, il rendit visite à Ntinu Nzinga NKUWU dans sa capitale, Mbanza-Congo. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la production d’ignames et

d’échange de houes et d’armes contre de l’ivoire avec les populations de l’intérieur de l’Angola. Le premier contact fut pacifique et certains dignitaires furent emmenés (ou capturés par surprise selon les sources) au Portugal5. Des

échanges diplomatiques et commerciaux croissants s'ensuivirent. Grâce à l'aide des arquebusiers portugais, Nzinga NKUWU put vaincre les Tékés et s'emparer

de leurs gisements de cuivre.

Des missionnaires catholiques arrivèrent dans la région en 1490, l'année suivante, Nzinga NKUWU fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu (prononciation kongo de Dom João), imité par la famille royale et les proches du

pouvoir. À sa mort, les anciens désignèrent un de ses enfants non chrétien, Mpanzu, pour lui succéder mais son fils aîné, Mvemba-a-Nzinga, baptisé Alfonso ou Ndo Funsu vers 1491, le renversa en 1509 12 et devint « par la Grâce de

Dieu » le septième « roi du Congo, de Loango, de Kakongo et de Ngoyo, sur et sous le Zaïre, Seigneur d'Ambundo et d'Aquisima, de Musunu, de Matamba, de

Mulili, de Musuku et des Anziques, de la Conquête, de Pangu Alumbu, etc. »13. Il reçut à cette occasion du roi du Portugal des armes et une bannière d'argent à la croix de Saint André de gueules alésée.

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Voyant dans le christianisme un moyen de moderniser son pays, il encouragea les baptêmes et l'éducation et accueillit des jésuites qui ouvrirent une école pour 600 élèves. Il envoya son fils Lukeni Lua Nzinga au Portugal qui devint plus tard

le premier évêque africain de l'histoire de l'Église catholique moderne sous le nom de Henrique. La capitale du pays fut reconstruite en pierre et renommée São Salvador (Saint-Sauveur). L'alliance et la présence portugaise se

renforcèrent jusqu'à devenir domination.

LE COMMERCE ESCLAVAGISTE ET LE DECLIN DU MANI-KONGO

Avec la découverte et l'exploitation du Brésil, les Portugais se tournent vers la très lucrative traite des Noirs. La traite affaiblit le royaume, les marchands

portugais traitaient directement avec les vassaux du roi et sapaient ainsi le pouvoir central. En 1526, le Manikongo écrivit au roi Jean III de Portugal, lui

demandant de mettre fin à cette pratique. Sa requête reçut une réponse cynique et les relations entre les deux pays s'envenimèrent. À sa mort, en 1548, Ndo Nzuawu était déconsidéré. Le royaume s'affaiblit de plus en plus jusqu'à se

disloquer et attirer les convoitises de ses voisins.

La traite négrière et les conflits qu'elle entraîna dépeuplèrent toute la région et les densités de population de l'époque, qui étaient de 35 hab. /km² chutèrent dramatiquement à 5 hab. /km² au début du XIXe siècle.

LA DOMINATION PORTUGUAISE ET LA FIN DU ROYAUME

Reproduction de 1754 d'une carte de 1708.

Au XVIIIe siècle, plusieurs des territoires revendiqués en 1535 par le Manikongo Alphonse Ier sont devenus indépendants. Article connexe : Histoire du Congo précolonial (RDC).

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En 1568, le Kongo fut envahi par les Yakas et sa capitale Mbanza-Congo détruite14. Le roi Alvaro Ier dut demander de l'aide à Sébastien Ier de Portugal qui le rétablit en 1571, la suprématie portugaise devenant alors totale.

En 1665, les colons portugais d'Angola montèrent une expédition contre le royaume pour s'emparer de ses mines. Signe d'un brassage de deux siècles, des

Portugais servirent le Manikongo Antonio Ier du Kongo et des Kongo furent alliés aux colons5. Les Portugais furent victorieux, le Manikongo décapité et sa tête

enterrée dans une chapelle située sur la baie de Luanda au cours d'une cérémonie religieuse, tandis que la couronne et le sceptre du Kongo étaient envoyés à Lisbonne comme trophée. Le métis Manuel Roboredo, auteur et prêtre

capucin métis qui avait essayé d'empêcher cette dernière bataille trouva également la mort.

Cependant, le royaume Kongo continua d'exister comme un État fantoche durant deux siècles. Des luttes persistèrent jusqu'aux indépendances, comme celle de la

reine Ana Nzinga qui tint en échec les coalitions portugaise, néerlandaise et britannique de 1626 à 1648 et freina l'expansion du commerce des esclaves. Ces

sursauts nationalistes prirent parfois une forme religieuse comme lors de la croisade de la prophétesse Dona Kimpa Vita à qui saint Antoine de Padoue aurait ordonné d'unifier et libérer les Kongo. Elle fut condamnée au bûcher en 1706 par

le Manikongo à la demande des Portugais15.

À la conférence de Berlin en 1884-1885, les puissances européennes se partagèrent l'Afrique ; le Portugal, s'appuyant sur des traités antérieurs signés avec l'Empire Kongo, revendiqua une souveraineté sur ses territoires. Léopold II

de Belgique reçut, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui sont devenus l'État indépendant du Congo. Au nord-ouest de l'État ainsi

formé, 500 000 km² revinrent à la France (il s'agit du Congo-Brazzaville). En 1914, après une révolte, le Portugal abolit le titre de roi du Kongo.

ARTS

Le royaume kongo a connu des formes originales d'art sacré, se traduisant notamment par la production de crucifix (et d'autres figures religieuses) en laiton.

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ESCLAVAGE ET COLONISATION

« La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-

dessus de la niaiserie.» Emmanuel Kant (1724 1804), star internationale de la philosophie des Lumières!

AVANT PROPOS

Parler de colonisation sans parler d’esclavage est une escroquerie mémorielle car ceci est la conséquence de cela. Nous avons choisi d’aborder les deux questions non pas par une histoire évènementielle ou factuel, mais d’un angle conceptuel.

Il s’agit d’aborde la philosophie qui les mets en place, l’état d’esprit qui les guides, et enfin d’analyser leurs conséquences socio structurelles. En outre,

l’histoire de l’esclavage intéresse plus particulièrement le Congo car ce sont des côtes d’Afrique centrale, du Gabon, Loango, Kakongo, Ngoyo, Kongo et Luanda, que sont partis le plus grand nombre d’esclaves, soit 44,18%, contrairement à

une idée reçue qui situe le gros du trafic en Afrique de l’Ouest.

L’ESCLAVAGE: Une philosophie profondément indoeuropéenne et sémitique.

Depuis l’antiquité la plus ancienne, des hommes ayant moins de droits cohabitent avec d’autres qui ont en plus. Si la définition de l’esclavage

commence ici, on peut dire qu’au XXIe siècle subsistent nombreux esclavages. En effet, les prisonniers, les immigrés en Europe ou encore les militaires, ont souvent moins de droits que la plupart des individus. En revanche les élus et

officiels politiques qui bénéficient de privilèges conséquents ne peuvent être pris pour esclavagistes. Il est donc important de définir et de circonscrire ce qu’en

entend par l’esclavage. L’esclavage est la position et la condition de l’homme qui est la propriété d’un autre homme. Mais cela ne suffit pas non plus puisque les enfants sont dans les faits, propriété de leurs parents. Un travailleur sous contrat

est propriété de son employeur selon les termes contractuels reconnus et approuvés par toutes les parties.

L’esclavage est la suppression totale de la liberté personnelle contre l’avis du concerné qui devient une chose appelée à servir un homme comme un instrument, un animal domestique de son maître pour qui, il constitue une valeur

marchande en tant que producteur et en tant qu’objet de valeur. Cette forme d’individus n’existe que dans l’univers culturel indoeuropéen, arabe et juif. Les

hommes s’y accaparent pour propriété un autre homme vaincu, enlevé ou acquis. En Europe et dans le monde Sémite, l’esclavage n’est pas à la base lié à

la race, mais tient d’une mentalité culturelle de la hiérarchie des classes, de la surproduction, voir du droit divin instituant l’inégalité naturelle entre les des hommes. La bible judéo-chrétienne comme le coran n’interdit pas ce fait, mais

invite juste le maître à ne pas trop maltraiter son esclave. Dans l’antiquité gréco-latine, en Europe donc, les esclaves étaient toujours des Blancs. À l’apogée de

l’empire, Rome comptait environ 400 000 esclaves. A Athènes à l’époque classique les trois quarts de la population étaient esclaves. Il faut se méfier de ces films sur l’antiquité gréco-romaine qui établissent que tout noir présent en

Europe à l’époque est esclave.

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C’est absolument faux. Le philosophe Platon fut lui-même vendu comme esclave après une mésaventure politique, avant d’être racheté et affranchi quelques mois

plus tard par un ami qui le reconnut par hasard. Au Moyen âge les slaves sont vendus en grande quantité dans le monde arabe. Le « Quai des esclaves » à

Venise est d’ailleurs l’un des vestiges de cette période, qui nous a laissé aussi le mot « esclave » tiré de « slave » pour désigner ce fait. En 1350 on recense plus de 20.000 esclaves français à Alger. En Afrique, il existe historiquement des

citoyens réduits à avoir moins de droits que d’autres. Cette mesure sociale a même autrefois eu un rôle humanitaire, car elle permettait de ne pas achever

systématiquement l’ennemi après une bataille. Les vaincus étaient intégrés à la société des vainqueurs. Ces hommes dépouillés de droits civiques sont sous la tutelle de la communauté entière plutôt que d’un individu. Ils participent aux

travaux collectifs, à la pêche, la chasse, l’agriculture, les travaux d’irrigation, de défrichage, aux campagnes militaires… au même titre que les citoyens de pleins

droits, quoi qu’ils ne peuvent assumer le commandement. Socialement, ils sont considérés comme des mineurs leur droits (au mariage, au choix du lieu de résidence) doivent donc être confirmé par le chef de la communauté. Ils

finissaient par s’émanciper de leur condition par le mariage ou le rachat, puis ils intégraient définitivement leur nouvelle communauté, ne pouvons plus

rejoindre celle d’origine qu’ils ont déshonoré à jamais. Il existait aussi en Afrique, qu’une décision de justice puisse réduire un homme asocial en « sous citoyen » dans sa propre contrée. Les bandits et les criminels

jugés perdaient leurs droits civiques. Mais comme il est difficile de garder un criminel aux côtés de ses victimes dans

une contrée qu’il connait bien et où il a des relais et des complices, dans cette société qui n’avait pas inventé la prison, il n’était pas rare que ce dernier soit échangé contre des biens ou contre un autre condamné dans un État voisin.

C’était le recyclage et la réinsertion des asociaux et ennemis de guerre que cette société avait inventé et qui semblait marcher mieux que la prison. Le rythme et

le nombre d’individus tombant dans ce statuts étant régulé naturellement, il n’y a jamais eu d’industrie, ni de surexploitation, d’autant que ces société dont il est question ne pratiquaient pas d’économie d’accumulation. Les sans droits étaient

toujours bien traités, mieux que les prisonniers du XXIè siècle. Le concept d’esclavage apliqué à l’Afrique est un raccourci inexact qu’ont adopté

les langues Européennes pour définir les castes et le servage africain. Une équipe de spécialistes congolais dirigée par le juriste Alexis Gabou nous rapporte (in « Congo: ethnicité et démocratie« ) que dans le cas des coutumes des pays

héritiers de l’ancien royaume du Kongo « on reconnaît les personnes esclaves du fait qu’elles ne peuvent pas justifier des 4 références du clan. Il convient de

souligner que le statut d’esclave est gardé strictement secret dans la vie quotidienne au sein du clan et de ses lignages, mais aussi et surtout à l’égard du

monde extérieur au clan concerné». Nous sommes visiblement loin de ce qui se définit et et s’entend proprement par « esclavage ». Des exemples de la sorte dans la littérature coloniale pullulent. Ainsi, Savorgnan de Brazza

s’inquiétait que les esclavages qu’il libérait « retournaient auprès de leurs maîtres » quelques semaines plus tard: il désocialisait des gens sans s’en rendre

compte. Sur l’esclavage au Gabon dans l’ethnie Kama, un de ses compagnons, L.Guiral

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écrit : « Les esclaves, qu’ils travaillent dans les plantations ou aident les piroguiers sont bien traités et, dans les villages de l’Ogooué, j’en ai vu souvent qui avait été autrefois rachetés par monsieur de Brazza et qui, dégoûtés sans

doute de la liberté, s’étaient assez volontiers laissés remettre en esclavage. » Il est courant de nos jours d’entendre un nègre africain se féliciter d’être d’une

lignée qui a possédé des « esclaves », sous sa définition erronée, se croyant ainsi l’égal du blanc, ou d’origine supérieur. C’est une erreur historique et un

mélange des concepts.

LE DEROULEMENT DE LA TRAITE

Caravane d’esclaves au Congo Suite à l’exploitation de l’Amérique par les européens, le besoin d’une

gigantesque main d’oeuvre se fera sentir pour assouvir des ambitions à la démesure d’une civilisation prétentieuse, se croyant au dessus de toute autre

espèce. Ce sont d’abord les amérindiens qui vont servir de bête de somme. Mais, réduire en esclavage des hommes sur leurs propres terres n’est pas aisé: les évasions et les révoltes seront faciles et multiples. La répression qui les

accompagnera ne fera pas dans la dentelle non plus. Cette rare férocité appliquée par le colonisateur, s’ajoutant à un travail harassant

et des mauvais traitements, finira par décimer la plus grande partie de cette population autochtone des Amériques. Sur 80 millions d’individus que comptait le continent américain, seuls 10 millions

survécurent. Sur l’île de saint Domingue (Haïti et République dominicaine), les 1,3 millions d’indiens trouvés, ne seront plus que 60.000 survivants, 15 ans plus

tard, soit une extermination de 99,5%. La maladie est un faux prétexte. Tout le monde se souvient de ces palpitants westerns américains dans lesquels le héros est le blanc qui tue les méchants indiens comme une invasion de bêtes

sauvages. C’est cette manière de redonner bonne conscience au morale des descendants des conquérants de ces pays, qui a pour revers (voulu ou subi),

l’accroissement du racisme. Les esclavagistes européens ont également essayé de faire travailler les bagnards blancs, mais ils s’avérèrent trop insuffisants. Comme étaient insuffisants les sous citoyens en Afrique, tel que la nature les

régulait, c’est à dire par des décisions de justice, ou des guerres politiques ordinaires. Les européens ont donc décidé de produire des guerres, de soutenir,

d’impulser et surtout d’armer toutes sortes de conflits pour produire de façons industriels des prisonniers que les États vainqueurs auraient cédés en esclavage. Ils en importeront en quantité génocidaires. Sachant que pour chaque esclave

arrivé à bon port, outre Atlantique, 3ou 4 autres étaient morts dans les guerres, razzias, chasses à l’homme et conditions difficiles de transports.

Les Européens et surtout les arabes ne s’interdiront pas de pratiquer eux mêmes des rapts sur les populations isolées dans les territoires de leurs propres alliés.

Ces cas prennent une ampleur telle, que Afonso Ier roi du Kongo s’en insurge à plusieurs reprises auprès du roi du Portugal. Il y parle notamment des enfants du Kongo libres enlevés jusque dans les rues de la capitale Mbanza Kongo et même

parmi les fils de la noblesse; il insiste sur le fait que les citoyens sans droits sont règlementés dans son pays par des procédures strictes et demande au roi du

Portugal ses sujets à les respecter.

Module 02 Page 31

Il lui signifie les noms des deux seuls juges du royaume Dom Pedro Manipanza et Dom Manuel Manissaba, ayant droits de déclarer un homme comme sous

citoyens et donc cessible à un étranger. Et enfin, s’indigne de la corruption emmené par les portugais et leurs produits

qui trouve ainsi des relais locaux à leur sale besogne. En vert, les royaumes européens où s’armaient les navires négriers. En rouge, la

zone d’origine des esclaves. En bleu, la zone de destination des esclaves. L’Afrique s’est ainsi retrouvé esclave et prisonnière de l’esclavage, dont les européens accroissaient les conditions de dépendance. Les États nègres n’avaient

pas les moyens de mettre fin à ce trafic puisque les mêmes portugais armaient aussi leurs ennemis. Si cessait de guerroyer s’estimant assez puissant pour être

craint, c’est tout son peuple qui se retrouvait décimé et réduit en esclavage par les rivaux, sous les armes des mêmes européens qui lui avaient autrefois donné les siennes. L’Europe a donc mis les conditions de dépendance à l’esclavage, et

les a maintenu durant 4siècles, faisant et défaisant les royaumes. Selon le belge Oscar Libotte, président de l’Urome Rien qu’à partir des côtes du

Kongo et de ses Vassaux du nord en quatre cents ans, plus de quinze millions de Congolais avaient été déportés; dix millions d’entre eux, à la suite des mauvais traitements, étaient morts en cours de route. En 1877, on trouvait encore

échoués sur les côtes devant Boma ou Loango des esclaves morts noyés, mains liées, carcan au cou, le nom du trafiquant gravé dans les chaînes. Sans doute

des malheureux jetés à mer vivant, parce qu’ils étaient en surnombre, ou par qu’un navire militaire de patrouille souvent Anglais (ce pays ayant entretemps aboli ce commerce), risquait de les découvrir.

Ajouté à cela, la cruauté du traitement dans les plantations, tout cela donne à la traite négrière (Européenne et arabe) un caractère éminemment épouvantable.

Certains Noirs antillais ou américains ont tort d’accuser les africains du continent de les avoir vendus, comme certains s’y laissent tenter. Ceux qui ont été vendu furent pour beaucoup, eux-mêmes, de sacrés razzieurs, tueurs et vendeurs

d’esclaves. Jusqu’au jour où ils furent pris à leur tour, soit parce que la guerre a joué en leur défaveur, soit parce que leur allié, celui qui leur fournissait des

armes, a changé de camp. Car il serait impossible qu’il y’ait eu un camp de vendeurs et un autre de potentiels vendus: les seconds seraient trop faibles pour supporter les voyages, et inadaptés à ce qui les attendait en Amérique. En

somme, plus vous êtes forts, plus vous intéresserez l’esclavagiste. D’où les premières victimes de cette longue guerres sont en Afrique, car les africains

d’aujourd’hui sont des survivants, qui ont traversé un très long enfer. Gravure de William Blake représentant métaphoriquement l’Europe soutenue par l’Afrique et l’Amérique. 1796.

LES CONSÉQUENCES DE L’ESCLAVAGE

Les conséquences de la Traite Négrière sont incommensurables pour l’Afrique

toute entière et pour tous les Nègres qui paient encore aujourd’hui au prix fort la rançon de leur couleur. Elles pèsent sur tous les domaines de la société, en économie, en politique, en démographie, en culture, sur la psychologie

individuelle et collective des Noirs et du monde.

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La Traite Négrière, outre qu’elle fut une saignée humaine qui vida littéralement

l’Afrique de son capital humain le plus sain et le plus porteur fut aussi une explosion de guerres, razzias et rapts, de chasses à l’homme permanente,

d’insécurité et de précarité qui vont provoquer l’arrêt puis la destruction de nombreuses activités productives qui fascinaient les voyageurs prétraites.

Elle provoqua la désorganisation complète des repères millénaires du continent, l’arrêt de sa marche pacifique et intelligente dans le progrès, la fin de son Moyen âge, pour l’orienter vers le chaos. Elle provoqua la perte de la mémoire de

civilisation. La Traite est un véritable climat de guerre permanent dont les premières victimes sont en Afrique, puisqu’elle infligea aux africains sur 4 siècles

l’adaptation à la vie isolée, dans des forêts denses, des montagnes arides… de longues générations durent vivre dans des grottes et des trous durant des siècles et des siècles. Incapable de cumuler les savoirs des générations sur un même

lieu pour progresser. Il fallait se déplacer, parer au plus presser, se cacher des autres. L’occupation de la forêt équatoriale hostile et marécageuse par les

bantous, est selon toutes vraisemblances, une façon de se cacher de l’esclavage. Il en a résulté la différenciation des moeurs et coutumes, entraînant l’émergence de nouvelles langues, et « ethnies » ; la perte de la mémoire collective, l’encrage

de l’esprit de division, la déliquescence sociale etc. L’esclavage Est responsable du tribalisme qui a engendré la difficulté de création des États modernes en

Afrique. Ce sont ces réflexes hérités de cet état de guerre qui justifient que les gouvernenants n’ont d’intérêt et de confiance qu’en leurs ethnies respectives. C’est aussi et toujours une conséquence de l’esclavage si les africains même

parmi les plus érudits perçoivent systématiquement – à tort ou à raison – leurs responsables politiques comme des pions de connivence avec la méchante

puissance occidentale avec qui ils entendent sacrifier le pays. Un souvenir vivant de l’époque des rois négriers avec les marchands de chair humaine. Les conflits ethniques multiples sur le continent et la guerre au Rwanda en sont les

conséquences directes. L’animosité et la méfiance entre les communautés antillaises et africaines en France, en Angleterre ou ailleurs en résultent

également, le tout appuyé par l’éducation esclavagiste (dénigrante et opposante) reçue dans les plantations ainsi que l’éducation coloniale dispensée en Afrique. L’esclavage est à l’origine du racisme anti noir (ou anti kamitisme), de la sous-

estimation des Noirs dans le monde entier. Les européens des siècles esclavagistes ont inventé le racisme et la négation de l’humanité de l’homme

noir, pour justifier face à leur propre opinion cet esclavage. Les africains sont devenus des sous-hommes parce que les Européens avaient besoin de s’en convaincre pour les exploiter. C’est ainsi que Voltaire, Montesquieu, Kant et bien

d’autres ont développé des théories extraordinaires sur l’infériorité des Noirs.

1. LES COUPABLES : ce ne sont pas les blancs, ni individuellement ni dans leur ensemble qui sont responsables. Ce sont des individus aujourd’hui décédés, des

compagnies financières dont beaucoup sont toujours en activité*, des organismes politiques jamais éteint et des intelligences religieuses actives qui en portent l’entière responsabilité. Même si la société occidentale a fini dans son

ensemble par profiter de la richesse produite par ce travail gratuit de nos ancêtres.

La colonisation tout court a mis fin à cette économie en pratiquant la traite négrière.

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Une nouvelle forme de déstabilisation a été organisée et se perpétue sous des

formes sophistiquées : les africains acceptent cette situation parce que le statut de sous-développement est devenu confortable, vendre les matières premières

est plus facile que les transformerLa colonisation tout court a mis fin à cette économie en pratiquant la traite négrière. Une nouvelle forme de déstabilisation

a été organisée et se perpétue sous des formes sophistiquées : les africains acceptent cette situation parce que le statut de sous-développement est devenu confortable, vendre les matières premières est plus facile que de les transformer.

Ceux qu’il faut tenir pour responsables aujourd’hui en plus de ses sociétés

morales, ce sont les négationnistes qui, en tentant de justifier leur bon droit à l’esclavage ou d’amoindrir ce crime voir d’essayer de rendre les victimes en coupable, en deviennent comptables et complices. Il y’en a beaucoup dans les

milieux littéraires et intellectuels. Au temps ou se déroulait l’esclavage, Beaucoup d’Européens se sont révoltés contre cette exploitation et leurs noms doivent

figurer dans la mémoire collective africaine, aux côtés de ceux des héros nègres qui ont lutté et souvent payé de leur vie, leur amour inaltérable de la liberté. Outre atlantique, des noms d’esclaves rebelles se revendiquant du Kongo nous

sont parvenus: Ajax, Mahonge ou Mulâtresse Solitude sont de ceux là. Brazzaville possède une place Victor Schœlcher, en face de l’immeuble ex UAPT.

Ce qui est bien. Mais le Congo n’a jamais rendu hommage à aucun à nos propres héros qui ont lutté contre l’esclave, en Afrique ou en terre de déportation. Ce serait une injustice si ça venait de l’étranger. Ne serait ce pas là de l’inconscience

à réparer? *La banque MORGAN CHASE (une branche de l’empire Rothschild) a présenté ses

excuses en 2005 pour avoir collaboré à l’esclavage dans le sud des États-Unis au XIXe siècle. En effet ses deux ancêtres, CITIZEN BANK et CANAL BANK avaient accepté entre 1831 et 1865 de prendre quelque 13.000 esclaves comme

garanties sur des prêts et pris possession de 1.250 d’entre eux quand les propriétaires de plantations n’avaient pu honorer leurs remboursements

d’emprunts. La banque a décidé de créer un programme de bourses universitaires destinées à la communauté noire des États-Unis. 2. L’Égypte pharaonique comme le reste de l’Afrique n’a jamais pratiqué

l’esclavage. Les juifs n’y ont jamais été esclaves contrairement à ce que prétend la bible. Leur présence dans ce pays n’est d’ailleurs signalées que vers le IIIe

siècle av. JC, soit plus de 1000 ans après l’époque prétendue par la Bible. Joseph qui les y aurait conduits n’est signalé dans aucun texte contemporain, égyptien ou non.

Pas de trace non plus de Moïse qui aurait grandit dans le palais pharaonique et aurait ensuite fait sortir ses semblables : 600.000 familles (chiffre avancé par la

bible) ne pouvaient pas être esclaves sans que ça ne laisse des traces, puis ne pouvaient pas sortir quelques siècles après, d’un pays d’1,5millions d’individus

sans laisser de traces pas même au Sinaï ou ils auraient vécu 40ans et reçu les commandements sans provoquer un séisme économique, sans qu’une ligne n’en soit écrite ni par les Égyptiens ni par les nombreux voyages qui ont écrits sur ce

pays et dont on retrouve des textes à travers le monde civilisé d’alors. Pas de trace non plus des 10 plaies qui auraient frappé l’Égypte par punition divine pour

libéré son peuple. Ramsès II est mort vieux (72 ans), riche et célèbre pour

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l’éternité. Les pyramides ont été construites par des ouvriers très qualifiés et bien payés à une époque où les hébreux n’existaient même pas. Bref, sur les 500.000 papyrus égyptiens existant, il n’y a aucune trace d’esclavage.

LA COLONISATION FRANCAISE

Premières explorations

L'explorateur français Savorgnan de Brazza (photo de Nadar).

La colonisation française débute en 1875, date de la première expédition de Savorgnan de Brazza dans ce territoire. De 1875 à 1878, celui-ci remonte l'Ogooué, puis la Mpassa. En 1880, lors d'un nouveau voyage, il rencontre le

Makoko de Mbé, Iloo, un chef exerçant son autorité sur des chefs de terres autour de l'Alima et du fleuve Congo. Savorgnan de Brazza obtient par traité

l'autorisation d'installer une station française à l'endroit où se trouve l'actuelle Brazzaville. En octobre 1880 le premier établissement français est donc créé, sur le site de Mfoa sur les rives du fleuve Congo. Au fur et à mesure de l'expansion

coloniale, la France dépêche des émissaires, qui obtiennent des traités similaires avec les autres chefs de terre du territoire. Les premiers missionnaires

s'installent dans la région en 1883, à Linzolo (environ 30 kilomètres au sud de Brazzaville) et Loango (au nord de l'actuelle Pointe-Noire. Un vicariat apostolique du Congo français est créé en 1886, avec à sa tête Mgr Carrie. En 1903, le

Congo Français devient territoire du Moyen-Congo.

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Le Congo français (ou Moyen-Congo à partir de 1903 était une colonie composée de l'actuel Gabon et de la République du Congo de 1882 à 1906, puis

uniquement de l'actuelle République du Congo. La capitale était Libreville jusqu'en 1904, puis Brazzaville.

Quand arrive la colonisation, ce sont des zombies en cache-sexe à peine conscients de l’univers qui sortent des cachettes.

L’histoire et l’organisation sociale dont se souviennent les africains contemporains ne commencent hélas qu’à partir de la sortie de ce chaos, cette

ère du cache-sexe, trop encore considérée par la majorité des africains comme étant l’état originel et millénaire du continent

FAITS DIVERS COLONIAUX

En 1921, Jean Victor AUGAGNEUR, le gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, dirige la construction d’un chemin de fer de Brazzaville à Pointe-Noire.

Le journaliste Albert Londres décrit, dans son livre Terre d’ébène, comment l’armée coloniale française recruta de force des travailleurs, devant même parfois les attraper au lasso. On n’estime que la construction de ce chemin de fer a

coûté la vie à près de 20 000 Congolais, « un homme par traverse ». Le chemin de fer est inauguré en 1934.