Histoire des arts – 3 - L’œuvre d’art et le pouvoir Fiche ... · Otto Dix étudie à...

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Document Histoire des arts 3° « L’œuvre d’art et le pouvoir » / Jouassin / 2010-2011 Histoire des arts – 3 ème - L’œuvre d’art et le pouvoir Fiche 1 : Otto Dix , La Guerre et Les joueurs de Skat Repère historique : Chap. I « 1914-1945 : Guerres, Démocratie, Totalitarisme » 1. La première guerre mondiale et ses conséquences Otto Dix (1891 – 1969) Otto Dix étudie à l’école des arts décoratifs de Dresde et de Düsseldorf (1910 à 1914). Lorsqu’éclate la première guerre mondiale, il s’engage volontairement en tant que soldat dans l’armée all (section artillerie de campagne). Il combattra, entre autres, sur les fronts russe et français. Il se comporte tel un reporter et dit vouloir « Tout voir de ses propres yeux pour témoigner que cela s’est passé ». Malgré les conditions atroces des tranchées, il réalise une sorte de journal de guerre sous forme de dessins (600). Ainsi, les œuvres peintes après 1914 sont-elle hantées par la mort, la guerre et ses ravages (Ex : Les joueurs de Skat ont pour sujet les mutilés de guerre et La Guerre traite des combats violents sur le front). Dans l’entre-deux guerres, il rejoint (à partir de 1925) le mouvement de la Nouvelle Objectivité (caractéristiques : figuration réaliste détaillée ; représentations de portrait, ville industrielle, mutilés, mendiants ou profiteurs de guerre ; personnages souvent sinistres ou grotesques). Tandis que le nazisme reprend vigueur en Allemagne, Otto Dix devient enseignant à l’académie d’art de Dresde (1927) et obtient une chaire à Berlin (1931). Puis, en 1933 (année où Hitler est nommé Chancelier), Dix tombe en disgrâce : il perd son poste d’enseignant. Il est taxé d’artiste « dégénéré » par les nazis (250 de ses toiles seront brûlées lors d’un autodafé). Suite à son emprisonnement, il s’exile au bord du lac de Constance où il restera jusqu’à la fin de sa vie. Thème : 1° guerre mondiale (1914-1918). Les quatre panneaux semblent relater une journée de combat : 1 er (panneau de gauche ), les soldats partent au combat, à l’aube (brume, matin d’automne ou d’hiver. Les soldats portent des bardas (sac en toile, chaussures) et le fusil à l’épaule. Au 1 er plan, la roue d’un canon = champ de bataille. A l’arrière-plan, le ciel est rempli de nuées rouges et inquiétantes (les mêmes que dans le panneau de droite). 2° (panneau du milieu) = cœur de la bataille. Un abri a été détruit et il n’en reste que les ruines et la structure (sur la gauche). Un squelette est accroché au sommet de cette structure, symbole de mort, il pointe sa main décharnée vers l’amoncellement de corps humains situés sur la droite. Ce charnier laisse voir des chairs en putréfaction, des jambes criblées de balles, des têtes décomposées et hurlantes. Le seul survivant est le soldat muni de son masque de protection contre les gazs asphyxiants. (réf. à la guerre des tranchées). 3°(panneau de droite) tourmente : couleurs chaudes (ciel orageux et incendié à l’arrière-plan) et couleurs froides (soldats au 1° plan) s’affrontent. Au 1 er plan, 2 soldats se détachent du combat (allure fantômes) L’un d’eux nous fixe avec intensité et tente de relever, un soldat blessé = c’est l’artiste lui-même. (il a été témoin et acteur des combats). Son courage évoque également les fortes amitiés qui unissaient les soldats et qui leur permettaient de garder l’espoir et le moral. 4° (prédelle) = vient clore cette journée de combats. Des soldats reposent sous une tente,, ils ressemblent à des cadavres. L’atmosphère est sombre (la nuit est tombée ou leur refuge est sous terre). Réalisée plus de dix ans après la fin des combats, cette peinture témoigne avec horreur et véracité de la violence de la guerre. Ce tableau, bien qu’antérieur à La Guerre, nous montre les conséquences de la première guerre mondiale. De retour des combats, nombreux soldats se retrouvent mutilés, blessés et/ou invalides. Ici, trois mutilés jouent aux cartes. La pièce est sombre (ampoule avec une lumière morbide –crâne dessiné– éclaire la scène. Les trois personnages sont assis autour d’une table : l’un tient ses cartes avec son pied, l’autre avec sa bouche et, le dernier avec sa prothèse. Sans rancune contre la guerre le perso le plus à droite porte la croix de guerre sur sa veste. Otto Dix ne fait preuve d’aucun respect pour les anciens combattants, ses camarades de tranchée. Il les représente tels des monstres grotesques. Loin d’exalter l’héroïsme, il dénonce au contraire la sauvagerie destructrice. Avec La Guerre et Les joueurs de Skat, l’artiste témoigne de la violence à laquelle peut mener le pouvoir, de la barbarie et des effets de la guerre sur l’homme. La Guerre, triptyque, 1929-1932. Technique mixte sur toile. Panneau de droite : 204 x 104 cm ; panneau du milieu : 204 x 204 cm ; panneau de gauche : 204 x 104 cm ; prédelle : 60 x 204 cm. Les joueurs de Skat, 1920. Huile sur toile, collages. 110 x 85 cm

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Document Histoire des arts 3° « L’œuvre d’art et le pouvoir » / Jouassin / 2010-2011

Histoire des arts – 3ème - L’œuvre d’art et le pouvoir Fiche 1 : Otto Dix , La Guerre et Les joueurs de Skat

Repère historique : Chap. I « 1914-1945 : Guerres, Démocratie, Totalitarisme » 1. La première guerre mondiale et ses conséquences

Otto Dix (1891 – 1969) Otto Dix étudie à l’école des arts décoratifs de Dresde et de Düsseldorf (1910 à 1914). Lorsqu’éclate la première guerre mondiale, il s’engage volontairement en tant que soldat dans l’armée all (section artillerie de campagne). Il combattra, entre autres, sur les fronts russe et français. Il se comporte tel un reporter et dit vouloir « Tout voir de ses propres yeux pour témoigner que cela s’est passé ». Malgré les conditions atroces des tranchées, il réalise une sorte de journal de guerre sous forme de dessins (600). Ainsi, les œuvres peintes après 1914 sont-elle hantées par la mort, la guerre et ses ravages (Ex : Les joueurs de Skat ont pour sujet les mutilés de guerre et La Guerre traite des combats violents sur le front). Dans l’entre-deux guerres, il rejoint (à partir de 1925) le mouvement de la Nouvelle Objectivité (caractéristiques : figuration réaliste détaillée ; représentations de portrait, ville industrielle, mutilés, mendiants ou profiteurs de guerre ; personnages souvent sinistres ou grotesques). Tandis que le nazisme reprend vigueur en Allemagne, Otto Dix devient enseignant à l’académie d’art de Dresde (1927) et obtient une chaire à Berlin (1931). Puis, en 1933 (année où Hitler est nommé Chancelier), Dix tombe en disgrâce : il perd son poste d’enseignant. Il est taxé d’artiste « dégénéré » par les nazis (250 de ses toiles seront brûlées lors d’un autodafé). Suite à son emprisonnement, il s’exile au bord du lac de Constance où il restera jusqu’à la fin de sa vie.

Thème : 1° guerre mondiale (1914-1918). Les quatre panneaux semblent relater une journée de combat : 1er (panneau de gauche), les soldats partent au combat, à l’aube (brume, matin d’automne ou d’hiver. Les soldats portent des bardas (sac en toile, chaussures) et le fusil à l’épaule. Au 1er plan, la roue d’un canon = champ de bataille. A l’arrière-plan, le ciel est rempli de nuées rouges et inquiétantes (les mêmes que dans le panneau de droite). 2° (panneau du milieu) = cœur de la bataille. Un abri a été détruit et il n’en reste que les ruines et la structure (sur la gauche). Un squelette est accroché au sommet de cette structure, symbole de mort, il pointe sa main décharnée vers l’amoncellement de corps humains situés sur la droite. Ce charnier laisse voir des chairs en putréfaction, des jambes criblées de balles, des têtes

décomposées et hurlantes. Le seul survivant est le soldat muni de son masque de protection contre les gazs asphyxiants. (réf. à la guerre des tranchées). 3°(panneau de droite) tourmente : couleurs chaudes (ciel orageux et incendié à l’arrière-plan) et couleurs froides (soldats au 1° plan) s’affrontent. Au 1er plan, 2 soldats se détachent du combat (allure fantômes) L’un d’eux nous fixe avec intensité et tente de relever, un soldat blessé = c’est l’artiste lui-même. (il a été témoin et acteur des combats). Son courage évoque également les fortes amitiés qui unissaient les soldats et qui leur permettaient de garder l’espoir et le moral. 4° (prédelle) = vient clore cette journée de combats. Des soldats reposent sous une tente,, ils ressemblent à des cadavres. L’atmosphère est sombre (la nuit est tombée ou leur refuge est sous terre).

Réalisée plus de dix ans après la fin des combats, cette peinture témoigne avec horreur et véracité de la violence de la guerre.

Ce tableau, bien qu’antérieur à La Guerre, nous montre les conséquences de la première guerre mondiale. De

retour des combats, nombreux soldats se retrouvent mutilés, blessés et/ou invalides. Ici, trois mutilés jouent aux cartes. La pièce est sombre (ampoule avec une lumière morbide –crâne dessiné– éclaire la scène. Les trois personnages sont assis autour d’une table : l’un tient ses cartes avec son pied, l’autre avec sa bouche et, le dernier avec sa prothèse. Sans rancune contre la guerre le perso le plus à droite porte la croix de guerre sur sa veste. Otto Dix ne fait preuve d’aucun respect pour les anciens combattants, ses camarades de tranchée. Il les représente tels des monstres grotesques.

Loin d’exalter l’héroïsme, il dénonce au contraire la sauvagerie destructrice. Avec La Guerre et Les joueurs de Skat, l’artiste témoigne de la violence à laquelle peut mener le pouvoir, de la barbarie et des effets de la guerre sur l’homme.

La Guerre, triptyque, 1929-1932. Technique mixte sur toile. Panneau de droite : 204 x 104 cm ; panneau du milieu : 204 x 204 cm ; panneau de gauche : 204 x 104 cm ; prédelle : 60 x 204 cm.

Les joueurs de Skat, 1920. Huile sur toile, collages. 110 x 85 cm