Histoire de la sirerie de Coligny et de son seigneur Gaspard II

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1 Brève histoire de la sirerie de Coligny avec des révélations sur son illustre seigneur, Gaspard II de Coligny par Jean-Jacques TIJET Ce sont mon ignorance et mon étonnement qui m’ont poussé à écrire cet article ! Ignorance car je ne savais pas que Coligny, berceau de la célèbre famille de même nom, était un village situé dans le département de l’Ain ; je l’ai découvert en effectuant des recherches sur la principauté de Dombes. Etonnement car je me suis aperçu que le plus illustre seigneur de Coligny, Gaspard II de Coligny, nommé Amiral de France par Henri II en 1552, chef protestant assassiné 1 le 24 août 1572 au début de la tristement célèbre Saint Barthélémy, a eu un descendant roi d’Angleterre, serait un aïeul des membres actuels de la plupart des familles royales européennes et est reconnu – par certains - comme le fondateur de la ville de Rio de Janeiro au Brésil ! Ne trouvez-vous pas que cela mérite quelques éclaircissements ? Comment de petits nobles, sans fortune et sans faits d’armes glorieux – jusqu’au début du XV e siècle – issus d’une province reculée et non française, sont-ils devenus célèbres ? Coligny (à 25 km au nord-nord-est de Bourg-en-Bresse) est aujourd’hui une bourgade du Revermont, contrée assez particulière puisque elle offre 2 paysages bien différents, montagneux avec les contreforts du Jura et plat avec la plaine de Bresse qui les longe. Elle est aussi célèbre – pour les amateurs d’archéologie gallo-romaine – par sa magnifique statue de divinité de grandeur humaine et par son calendrier luni-solaire gaulois daté du début de notre ère. Retrouvés à la fin du XIX e siècle (dans un champ à proximité de la cité) sous forme de 150 fragments de bronze ils ont été reconstitués incomplètement mais le calendrier nous renseigne sur la notion que les Celtes avaient du temps et sur leur vocabulaire 2 . Ce sont des seigneurs bourguignons – vers l’an 950, lorsque cette contrée fait partie de l’éphémère royaume de Bourgogne et d’Arles - qui seraient à l’origine de cette prestigieuse 1 L’auteur du coup d’arquebuse mortel est un dénommé Charles de Louviers, seigneur de Maurevert (terre près de Montereau). L’attentat a certainement été commandité par l’entourage du roi Charles IX, sa mère Catherine de Médicis et son frère, le duc d’Anjou futur Henri III. L’assassin finira sa vie comme un paria et sera lui-même assassiné en 1583. 2 Ce serait le plus long texte connu écrit en langue gauloise ; il est exposé au musée gallo-romain de Fourvière à Lyon (comme la statue). Aux sources de la Seine on a également retrouvé une stèle avec 2 inscriptions en langue gauloise, l’une transcrite en caractères latins l’autre en caractères grecs ; elle se trouve au musée archéologique de Dijon.

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Brève histoire

de la sirerie de Coligny avec des

révélations sur son illustre seigneur,

Gaspard II de Coligny par Jean-Jacques TIJET

Ce sont mon ignorance et mon étonnement qui m’ont poussé à écrire cet article ! Ignorance car je ne savais pas que Coligny, berceau de la célèbre famille de même nom, était

un village situé dans le département de l’Ain ; je l’ai découvert en effectuant des recherches sur la principauté de Dombes.

Etonnement car je me suis aperçu que le plus illustre seigneur de Coligny, Gaspard II de Coligny, nommé Amiral de France par Henri II en 1552, chef protestant assassiné1 le 24 août 1572 au début de la tristement célèbre Saint Barthélémy,

• a eu un descendant roi d’Angleterre, • serait un aïeul des membres actuels de la plupart des familles royales européennes et • est reconnu – par certains - comme le fondateur de la ville de Rio de Janeiro au Brésil ! Ne trouvez-vous pas que cela mérite quelques éclaircissements ? Comment de petits nobles,

sans fortune et sans faits d’armes glorieux – jusqu’au début du XVe siècle – issus d’une province reculée et non française, sont-ils devenus célèbres ?

Coligny (à 25 km au nord-nord-est de Bourg-en-Bresse) est aujourd’hui une bourgade du

Revermont, contrée assez particulière puisque elle offre 2 paysages bien différents, montagneux avec les contreforts du Jura et plat avec la plaine de Bresse qui les longe. Elle est aussi célèbre – pour les amateurs d’archéologie gallo-romaine – par sa magnifique statue de divinité de grandeur humaine et par son calendrier luni-solaire gaulois daté du début de notre ère. Retrouvés à la fin du XIXe siècle (dans un champ à proximité de la cité) sous forme de 150 fragments de bronze ils ont été reconstitués incomplètement mais le calendrier nous renseigne sur la notion que les Celtes avaient du temps et sur leur vocabulaire2.

Ce sont des seigneurs bourguignons – vers l’an 950, lorsque cette contrée fait partie de l’éphémère royaume de Bourgogne et d’Arles - qui seraient à l’origine de cette prestigieuse

1 L’auteur du coup d’arquebuse mortel est un dénommé Charles de Louviers, seigneur de Maurevert (terre près de

Montereau). L’attentat a certainement été commandité par l’entourage du roi Charles IX, sa mère Catherine de Médicis et son

frère, le duc d’Anjou futur Henri III. L’assassin finira sa vie comme un paria et sera lui-même assassiné en 1583. 2 Ce serait le plus long texte connu écrit en langue gauloise ; il est exposé au musée gallo-romain de Fourvière à Lyon

(comme la statue). Aux sources de la Seine on a également retrouvé une stèle avec 2 inscriptions en langue gauloise, l’une

transcrite en caractères latins l’autre en caractères grecs ; elle se trouve au musée archéologique de Dijon.

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maison de Coligny dont les aînés s’appelaient Manassès. Ils se font nommer comte ou sire de Coligny et se considèrent comme vassaux du comte de Bourgogne, lui-même vassal de l’empereur germanique. Vers l’an 1190, lorsqu’Humbert II meurt en Terre-Sainte lors de la 3e croisade, la seigneurie est démembrée : l’un de ses fils hérite des terres situées au nord de la cité (Coligny-le-Viel) fief du comte de Bourgogne, un autre des terres situées au sud (Coligny-le-Neuf) fief du comte de Savoie.

On peut supposer que ces braves sires, qu’ils soient « Bourguignons » ou « Savoyards », ont eu une existence bien monotone et certainement sans éclats car ils ont traversé les XIIIe et XIVe siècles – pourtant riches en évènements – sans qu’on les évoque. Tout change lorsque – et comme dans les meilleures histoires, ça commence par un mariage - le seigneur de Coligny-le-Viel, Guillaume III (ou II c’est selon) épouse en 1437 Catherine de Saligny qui lui apporte en dot « plusieurs belles terres dans le milieu de la France3 » en réalité situées - aujourd’hui - dans le Gâtinais, l’Allier et la Saône-et-Loire. Avec les biens qu’ils ont acquis en France ils deviennent français et vont tout naturellement se mettre au service de leur roi.

Jean III de Coligny – leur fils – est le premier à « rentrer dans l’histoire » en restant fidèle à Louis XI durant la rébellion de princes contre l’autorité royale – connue sous le nom de Ligue du Bien public - et en se distinguant lors de la bataille de Montlhéry le 16 juillet 1465. C’est lui aussi qui quitte définitivement Coligny pour se fixer à Châtillon-sur-Loing, aujourd’hui Châtillon-Coligny dans le Loiret, en modernisant le vieux château seigneurial construit – au XIIe siècle - par le comte de Sancerre, Etienne Ier de Blois-Champagne (fils et frère des puissants comtes de Champagne, Thibaud II le Grand et Henri Ier le Libéral).

La notoriété de la famille débute avec le 2e fils de Jean, Gaspard Ier de Coligny, seigneur de Châtillon (1465-1522). Conseiller et chambellan des rois Charles VIII et Louis XII il reçoit, de François Ier, le bâton de Maréchal de France en 1516 (il a dû se couvrir de gloire lors de la conquête du Milanais à l’automne 1515 suite à la victoire française de Marignan). Il s’allie par mariage à une des familles les plus anciennes et les plus prestigieuses de France, les Montmorency, en épousant en 1514 Louise, sœur du fameux duc Anne de Montmorency, connétable de France et à l’origine de la rénovation du château de Chantilly4.

Gaspard II de Coligny est leur 2e fils (l’aîné Odet, le cardinal de Châtillon, sera un des rares prélats catholiques à se convertir au calvinisme). Il intervient dans les affaires de la monarchie française – au début de la 2e partie du XVIe siècle - lorsque les principales puissances européennes essaient de se constituer un « empire » colonial après la découverte du « Nouveau monde » à la fin du siècle précédent. Dire que « leur motivation est économique » cache, en réalité, une ambition moins avouable : la découverte de mines d’or et de fabuleux trésors ! Mais en 1555 Henri II et l’Amiral de Coligny ont également un autre but : celui de combattre les puissances ibériques qui se sont partagé les « nouvelles terres à découvrir » sous l’égide du pape en juin 14945.

Ainsi ils confient au vice-amiral de Bretagne et chevalier de Malte, Nicolas Durand de Villegagnon, 2 navires… qui arrivent, le 10 novembre 1555, dans la baie de Guanabara (de Rio de Janeiro aujourd’hui) – que les Portugais avaient délaissée, ils occupaient un territoire plus au nord - dans le but d’installer une petite colonie nécessaire pour intensifier le commerce avec la France6 et de créer un point d’ancrage sécurisé pour des expéditions futures vers les Indes. Les marins et les colons (environ 600 personnes ?) débarquent sur un îlot de la baie dénommée aujourd’hui « Île Villegagnon7 » à proximité du fameux Pain de Sucre surnommé par les marins normands le « Pot au Beurre » et édifient un fort qu’ils appellent « Fort-Coligny » ! Par la suite - fin 1556 – ils

3 D’après l’abbé Gacon dans son Histoire de Bresse et du Bugey…

4 … à l’entrée duquel sa statue équestre accueille le visiteur !

5 Le pape Alexandre VI avait contraint les Espagnols et les Portugais à signer le traité de Tordesillas (près de Valladolid) qui

devait partager « le Nouveau monde » : tout ce qui serait découvert à l'ouest d’un méridien situé à 370 lieues (2050 km) des îles

du Cap-Vert appartiendrait à l’Espagne et à l'est, au Portugal. A cette époque on ne connaissait pas l’existence de l’Amérique du

Sud. En réalité, comme la France, l’Angleterre et les Pays-Bas en étaient exclus, il ne sera jamais appliqué ! (voir Sources) 6 D’après Gilles Havard et Cécile Vidal dans leur Histoire de l’Amérique française, depuis le début du XVI

e siècle des navires

normands allaient commercer au Brésil et les relations franco-indiennes étaient bonnes. 7 C’est la petite île qui se situe à proximité de l’aéroport Santos Dumont

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s’installent sur le continent et construisent une ville, Henriville (en honneur du roi de France Henri II)… que des historiens reconnaissent comme le fondement de la ville de Rio de Janeiro. Certains attribuent même le mérite de la création de cette nouvelle cité à l’Amiral de Coligny qui a été l’organisateur de cette expédition… alors qu’il n’a jamais mis les pieds sur un bateau ! L’ensemble de ces établissements a été appelé – bien pompeusement il me semble - « la France antarctique » car situé sous l’Equateur… mais elle n’allait pas durer bien longtemps !

Peu à peu les difficultés s’amoncellent, ce sont d’ailleurs celles de toutes implantations de colons dans un pays difficile et loin de leur base : disette, maladie, promiscuité, tentative de soulèvement, nature hostile (sauf les plages…), manque de relations sexuelles accentué par Villegagnon qui, très autoritaire, interdit à ses hommes de se marier avec les femmes offertes par les chefs indiens et les rapports – excellents au début - qui s’enveniment peu à peu avec les autochtones. Et puis il y a le problème – bien français – de la religion. Le protestant Villegagnon revient au fil du temps au catholicisme et se heurte aux calvinistes qui avaient rejoint la communauté en 1557. Ces derniers comparent les papistes – qui « mangent » le corps du Christ à chaque messe lors du sacrement de l’Eucharistie – aux Indiens qui les entourent qui, eux, sont réellement cannibales (ils mangeaient leurs ennemis) !

En mars 1560 une petite armada portugaise conquiert le fort et le rase mais des colons restent sur le continent et continueront de commercer… jusqu’en 1567, année au cours de laquelle tous les Français seront définitivement expulsés du « Pays des perroquets »8. Ainsi prit fin « la France antarctique » : indéniablement c’est un échec de l’Amiral, le premier...

La tentative de créer des établissements français en Floride9 – à l’initiative aussi de l’Amiral –

est, dès l’origine - en 1562 - différente de la précédente. Le contexte politique a évolué et le conflit religieux s’est intensifié. Charles IX est roi de France après le décès accidentel de son père lors d’un tournoi et le court règne de son frère aîné, François II. Mais il a 12 ans et la régence a été confiée à sa mère Catherine de Médicis qui gouverne avec les conseils – entre autres – de Gaspard de Coligny… qui s’est converti à la religion réformée (en 1559 ?). La France est en paix avec l’Espagne depuis le traité de Cateau-Cambrésis signé juste avant la disparition d’Henri II, mais l’Amiral, en accord avec la Régente, décide de fonder une colonie française en Floride, terre revendiquée par les Espagnols. Pour quelles raisons ? Elles se retrouvent dans les chimères du XVIe siècle : refus du traité de Tordesillas, espoir de trouver des trésors fabuleux et établissement d’un point d’appui sur la route mythique des Indes. Je soupçonne cependant l’Amiral d’avoir eu un objectif secret : celui de créer une colonie huguenote en Amérique !

Il confie la réalisation de son projet à Jean Ribault, un marin protestant dieppois expérimenté, plus ou moins corsaire qui débarque – au printemps 1562 – en Caroline (aujourd’hui près de Skull Creek entre Savannah – en Georgie - et Charleston), fait élever une « habitation et forteresse » (sur l’île Parris actuelle dans la rade de Port Royal près de Beaufort) qu’il baptise Charlesfort, laisse une garnison de 30 hommes et repart - le 11 juin 1562 - en France (pour aller chercher des colons) mais la trouve en pleine guerre civile ! Les protestants se sont révoltés après le massacre de Wassy10 le 1er mars 1562. Quelques princes sont à leur tête dont Gaspard de Coligny. Tout rentre dans l’ordre – provisoirement - à la suite du traité d’Amboise signé en mars 1563 et… Coligny revient « aux affaires » !

Pendant ce temps les soldats de Charlesfort se sont mutinés (cupidité, absence de vivres ?), tués leur capitaine et, à bord d’une embarcation de fortune, ont essayé de regagner la France

8 Ils seront « vengés », d’une certaine manière, par René Duguay-Trouin qui, en septembre-octobre 1711, à la tête d’une

escadre de 7 vaisseaux de ligne et de 4 frégates impose une capitulation au gouverneur portugais de la colonie de Rio de Janeiro

et l’oblige à verser une forte rançon. Il a agi sous les ordres de Louis XIV dans le cadre de la guerre dite de Succession d’Espagne. 9 La Floride, à cette époque, inclut non seulement la péninsule floridienne mais également le territoire côtier de la Géorgie

et de la Caroline méridionale d’aujourd’hui. 10

500 protestants qui assistent à leur culte sont malmenés puis attaqués par une troupe de soldats commandés par le duc

François de Guise provoquant des morts et près de 200 blessés (voir mon texte Wassy le 1er

mars 1562).

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mais sont recueillis par un navire anglais. Exit Charlesfort qui est complètement rasé par les Espagnols - en provenance de Cuba - début 156411.

Ribault étant « retenu » en Angleterre12, Coligny confie à René de Laudonnière (il faisait partie de la première traversée) la direction d’une nouvelle expédition comprenant 3 navires et 300 hommes. Il débarque le 25 juin 1564, plus au sud (voir la carte à la fin du document), en rade de la rivière de May (aujourd’hui St.John’s river en Floride) et construit un nouveau fort qu’il baptise Fort Caroline (dans l’agglomération actuelle de Jacksonville). Mais rapidement l’ambiance de la petite colonie se détériore, les relations sont difficiles avec les Indiens, la famine menace, quelques soldats se révoltent, s’emparent d’un bateau et s’enfuient vers Cuba… et c’est ainsi que les Espagnols apprennent le retour des Français en Floride !

Fin août 1565, l’espoir renaît avec l’arrivée providentielle de Ribault – enfin libéré – à la tête de 7 navires remplis de vivres et de munitions et accompagné de 600 colons presque tous de religion « réformée ». Mais peu de temps après c’est une escadre espagnole de 10 navires qui s’approche de Fort Caroline. Elle a été envoyée par Philippe II, indigné de la présence de protestants sur le sol américain. Son capitaine s’empare de Fort Caroline le 20 septembre et ses troupes tuent sauvagement 145 de ses occupants laissant la vie sauve aux catholiques. La flotte de Ribault, à la suite d’une tempête, s’est échouée. Fin septembre, les 200 survivants – dont Ribault – seront, soit passés au fil de l’épée soit poignardés près d’une crique appelée depuis « Matanzas Inlet », la crique aux massacres. Selon la légende le « valeureux » capitaine espagnol aurait fait écrire sur un écriteau « je ne fay cecy comme à François mais comme à Luthériens ». L’épopée coloniale des huguenots de Floride se termine… avec ce prélude américain d’une Saint Barthélémy !

Quelques années plus tard, un gentilhomme gascon, Dominique de Gourgues, agissant à titre privé et soucieux de relever l’honneur français, effectuera un raid vengeur en Floride. Accompagné de 180 hommes et aidés par les Indiens il s’emparera de 3 forts espagnols et pendra tous les hommes valides... « je ne fay cecy comme à Espagnols ou marranes13 mais comme à traistres, voleurs et meurtriers » tel a été son mot de la fin !

Coligny a dû être satisfait d’apprendre le succès de cette vendetta. Il n’empêche que son rêve et son idéal d’installer une colonie protestante en Amérique ne se sont pas réalisés « …sous les coups conjugués de la famine, des Indiens, de la maladie, des cyclones et de la volonté implacable des Espagnols »… c’est son deuxième et dernier échec.

Marié à Charlotte de Laval en 154714 c’est par leur fille, Louise de Châtillon-Coligny, que la

maison de Coligny aura une descendance prestigieuse. Elle sera la 4e femme de Guillaume Ier d’Orange-Nassau (dit le Taciturne…) et la mère de Frédéric-Henri

dont la fille Louise-Henriette en épousant Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg dit le Grand Electeur est l’ancêtre des futurs rois de Prusse et empereurs allemands et

dont le petit-fils Guillaume sera roi d’Angleterre de 1689 à 1702 - sous le nom de Guillaume III - conjointement avec sa femme Marie-Henriette Stuart.

Pas mal pour une famille de nobliaux jurassiens ! Il semble que, comme le souligne le pasteur Alfred Wittemeyer, c’est par son caractère qu’il fut

grand. Malgré sa bienveillance et son respect d’autrui Gaspard de Coligny avait de nombreux ennemis dans l’entourage de Catherine de Médicis, jaloux de sa puissance et de son influence et furieux de sa conversion à la religion réformée ! Il est assez curieux de constater que l’on attribue à son gendre, le prince d’Orange-Nassau, la vérité (pour nous aujourd’hui) suivante :

« Je ne peux pas admettre que les souverains veuillent régner sur la conscience de leurs sujets et qu'ils leur enlèvent la liberté de croyance et de religion »… ce qui prouve que l’intolérance n’était pas, à cette époque, une fatalité !

11

Des vestiges du fort ont été découverts au début du XXe siècle

12 Il s’est exilé en Angleterre après son arrivée à Dieppe. Venant chercher de l’aide auprès d’une nation « non catholique » il

sera en définitive emprisonné ! 13

Juifs de la péninsule Ibérique convertis (plus ou moins) au catholicisme 14

Elle meurt en 1568 et l’Amiral se remarie en 1571 avec Jacqueline de Montbel héritière du comté de Montbel en Savoie

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Jules Michelet - qui raconte l’Histoire piètrement mais l’explique fort bien et qui a des jugements perspicaces sur les personnages « qui ont fait l’Histoire » - a eu, semble t-il, une haute opinion de l’Amiral puisqu’il a écrit :

« Je ne prodigue pas mes héros dans mes livres; mais celui-ci est le héros du devoir et de la conscience. J'ai beau l'examiner, le sonder, le discuter; il résiste et grandit toujours. Au rebours de tant d'autres, exagérés follement, celui-ci, qui n'est point le héros du succès, défie l'épreuve et humilie le regard ».

Sources

Histoire de Bresse et de Bugey…. par l’abbé Gacon édité en 1825 Histoire de l’Amérique française par Gilles Havard et Cécile Vidal Les expéditions françaises en Floride (1562-1568) thèse soutenue en 2000 par Hélène Lhoumeau L’appréciation sur Coligny par Jules Michelet figure dans le texte d’un sermon fait par Alfred Wittemeyer

à New York en 1925 Pour comprendre le fameux traité de Tordesillas j’ai lu beaucoup… et même diverses sottises ! Ce qui

est – à peu près – sûr : • le Brésil a été « découvert » par le navigateur Pedro Alvares Cabral en 1500 donc après le traité, • personne ne s’explique le pourquoi de la mesure de 370 lieues… qui doivent être des lieues

marines et non pas des lieues terrestres d’où les 2050 km, • cependant on s’aperçoit aujourd’hui que celles-ci incluent une large frange de la côte brésilienne.

(d’après l’énorme livre Histoire du monde au XVe siècle sous la direction de Daniel Boucheron).

Cette carte a été récupérée dans une présentation d’André Lapierre de l’Université d’Ottawa

faite lors d’une conférence à Jacksonville (Council of Geographics Names Authorities)