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  • 2 > La lettre du hérisson > N°246

    ^ Le 28 janvier, à Montreuil, après son intervention, François Hollande signe notre livred'or : « C'était un beau congrès. Le prochain président était là. Forcément ! »

    L'été arrive et, comme pour les écoliers, une page setourne. La période électorale qui s'achève aura été l'occasion d'une grande mobilisation du mouvementFrance Nature Environnement. Le 28 janvier bien sûr, lors de notre congrès, mais aussi lors de la campagne deslégislatives, grâce aux actions menées en région. Je tiensici à remercier tous ceux qui se sont impliqués pour fairevivre le débat. Nous rappellerons aux futurs députés leursengagements pris auprès de nous durant leur campagne.Les interlocuteurs changent. Un nouveau cycle commence.Nous souhaitons que des feuilles de route soient rapide-ment transmises à chacun des ministères, comme le Président de la République l'avait annoncé lors du congrèsde FNE, afin qu'ils soient individuellement et collective-ment acteurs de la transition écologique. Pour eux comme pour nous, les défis ne s'arrêtent pas à nos frontières. Le 20 juin débute la conférence interna-tionale Rio+20. Vingt ans après le Sommet de Rio, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, manquer ce rendez-vous avec notre planète. Aujourd'hui, tous les indicateurssont au rouge. Si les questions d'économie verte sont importantes, les Nations-Unies ne peuvent pas éluder les autres priorités environnementales. Autre question brûlante, la transition énergétique seraabordée dès la mi-juillet lors d'un débat avec toutes lesparties prenantes. Cette table ronde constituera un testdu dialogue environnemental avec le nouveau gouverne-ment, et ce dialogue devra se poursuivre rapidement enabordant d'autres dossiers. Nous avons plaidé pour que lesassociations régionales soient impliquées dans ce proces-sus. La rentrée s'annonce chargée. D'ici là, je vous sou-haite un bel été ! •••

    édito

    À LA UNE

    Les défis du PrésidentAvant le 6 mai, et notamment le 28 janvier, lors de notre congrès, FrançoisHollande a pris des engagements. Focus sur les premiers dossiers qui l'attendenten matière d'environnement. La transition énergétique

    Un dossier prioritaire à nos yeux. Le grand débat annoncé saura-t-il répondre aux enjeux ? Les négo-ciations sur ce sujet, qui devraient commencer en juillet, seront le « ballon d’essai » du nouveau dialogueenvironnemental. Nous y jouerons notre rôle et ferons entendre notre voix au niveau national commeau niveau régional.Le dialogue environnemental

    François Hollande mettra « le dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social », nousdisait-il le 28 janvier. Nous attendons désormais sa mise en pratique. Pour avancer, nous devons et nousvoulons tirer les leçons du Grenelle, le bon comme le mauvais.FNE a d’ores et déjà demandé que le dialogue se déroule aussi au niveau régional pour éviter l’écueil du jacobinisme. Le changement de modèle agricole

    En la matière, nous avons besoin de preuves concrètes de la volonté politique forte du nouveau gou-vernement. Nous souhaitons pour commencer l’abrogation des décrets adoptés à la fin de la dernièremandature, en particulier ceux sur l'irrigation et les algues vertes. Il faudra aussi œuvrer pour une poli-tique agricole commune européenne ambitieuse et forte. Le financement de la transition écologique

    C'est le nerf de la guerre : quels moyens seront mis en œuvre pour financer la transition écologiqueannoncée ? Pour FNE, cela passe par une réforme de la fiscalité qui mettrait en œuvre systématique-ment le principe pollueur/payeur et par la suppression des dépenses publiques inutiles et néfastes pourl’environnement et la biodiversité. L'artificialisation des terres

    C'est l'une des causes majeures de la disparition de la biodiversité. Tous les 7 ans, l'équivalent d'undépartement est artificialisé ! Quels outils seront mis en place pour l’enrayer ?Et aussi...

    Tout au long du quinquennat, nous seront attentifs au respect des engagements de François Hollande.Plus encore, nous ferons tout pour aller au-delà car certains d'entre eux ne nous semblent pas assezambitieux. •••

    MORGANE PIEDERRIÈRE, CHARGÉE DES RELATIONS INSTITUTIONNELLES

    BRUNO GENTYPRÉSIDENT DE FNE

    La Lettre du Hérisson est éditée par France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, fondée en 1968, reconnue d’utilité publique en 1976. Directeur de la publication : Bruno Genty Rédactrice en chef : Bénédicte de Badereau FNE 81-83 boulevard de Port-Royal 75 013 Paris / www.fne.asso.fr /[email protected] Conception graphique et réalisation : Cito/ Primo&Primo / www.cito.fr Impression : Imprimerie nouvelle / 93 avenue Denis Papin / 45 800 Saint-Jean-de-Braye / Routage : Dautry / Dépôt légal : juin 2012 / ISSN 1632 4315 La reproduction des articles de la Lettre du Hérisson est autorisée sous réserve d’en citer la source datée et les auteurs. La Lettre du Hérisson est imprimée sur du Cyclus Print, un papier recyclé, par un imprimeur labellisé Imprim’ Vert. Cela signifie qu’il respecte trois objectifs : la bonne gestion des déchets dangereux, la sécurisation des stockages de produits dangereux et l’exclusion des produits toxiques des ateliers.

    ACTUS

    © F. Poussin

    EN CHIFFRES

    84 % des Français déclarent que la criseéconomique devrait être une occasion de

    revoir nos modes de vie et de consommation.

    64 % des Français souhaitent une informa-tion sur l’impact environnemental des produits.Ethicity 2012

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  • N°246 > La lettre du hérisson > 3

    FNE DANS LES MÉDIASComment réduire les émissions de particules fines ? En dépit du plan particules lancé en 2010, les pics de pollution aux particulesfines restent fréquents. A long terme, l'amélioration de l'air passera aussi par« des changements de comportements » en réussissant à sortir de notre modèle dépendant de la voiture et en « sensibilisant toujours mieux la population aux raisons pour lesquelles on le fait » a souligné Benoît Hartmann, porte-parole de FNE. 20 Minutes, le 28 mars 2012.

    Espoir pour les abeilles"L'utilisation généralisée des insecticides en enrobage de semences représenteun danger pour la biodiversité dans son ensemble" a réagi Claudine Joly, soulignant l'importance d'interdire le pesticide Cruiser, comme l'envisage Stéphane Le Foll, nouveau ministre de l'Agriculture.AFP, le 1er juin 2012 .

    Depuis 2005, France Nature Environnement et le Crédit Coopératif mènent unpartenariat autour de la Carte bancaire et du Livret d’épargne solidaire « Agirc'est dans ma nature ». Plus de 5000 personnes ont fait le choix de la Carte et duLivret Agir au profit de FNE, merci à eux !

    PLUS D’INFOS : WWW.AGIRAVECLECREDITCOOPERATIF.COOP

    ACTUS

    Nous aider autrement L'été sera aux couleurs de FNE ! Avec le soleil, de nouveaux produits ontdébarqué dans nos rayons. Rendez-vous dans notre boutique pour découvrir nos t-shirts et nous soutenir autrement, sur planetik-fne.com.

    Retrouvez toute l’actualité de France Nature Environnement sur fne.asso.fr

    Pages réalisées par Bénédicte de Badereau avec les chargés de mission.

    VIE ASSOCIATIVE

    Réunis à Rochefort France Nature Environnement a réuni son assemblée générale à Rochefort-sur-Mer, le 31 mars. Suite aux votes des représentants des associations membres,Jérôme Partos, membre de la LPO, intègre notre Conseil d'administration etCéline Mesquida, administratrice et représentante de FNE au Conseil écono-mique, social et environnemental entre au bureau. Christophe Aubel, Jean-Claude Bévillard, Thierry Dereux, Sébastien Genest, Lylian Le Goff, BernardRousseau et Serge Urbano ont également été réélus (voir la composition complète dans l'Essentiel). Ce rassemblement a aussi été l'occasion de célébrer le centenaire de la Ligue deProtection des Oiseaux, membre de FNE depuis ses débuts et dont le siège est àRochefort, avec la projection du film Un siècle pour les oiseaux. De la création dela réserve des Sept-Iles à la protection des albatros dans les terres australes,Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, narre l'histoire d'une associationdéterminée. •••

    A VOIR SUR CENTENAIRE.LPO.FR

    VICTOIRE

    OGM : une interdictionbienvenue Le 18 mai, le Conseil d’État a donné raison à plusieurs organisations citoyennes,dont France Nature Environnement, et refusé de suspendre l’interdiction demise en culture du maïs OGM MON810 du 16 mars 2012, comme le deman-daient deux entreprises agricoles bien connues pour s’être déjà illustrées auxcôtés de Monsanto. C'est une victoire : l’urgence à protéger l’environnement,l’apiculture, et les semences biologiques, paysannes et conventionnelles, face àla menace que représente la culture de ces OGM, est reconnue. •••

    ÉVÈNEMENT

    France Nature Environnementaux Eurocks Chaque été, à Belfort, l'engagement citoyen résonne autant que les riffs de gui-tares. Comme en 2010 et 2011, France Nature Environnement, retrouvez-nouslors des Eurockéennes, l'un des plus grands festivals de musique d'Europe, du29 au 1er juillet, sous la bannière des Eurocks solidaires. Cette année sur notrestand, plein phare sur la thématique du gaspillage : nous mettons en place unecollecte de cordes de guitare et de baguettes, en collaboration avec la toute jeuneassociation Music Solidarity. Festivaliers et musiciens présents pourront faire ungeste pour l'environnement et donner une seconde vie pour les instruments…La musique est une passion qui se partage. •••

    PLUS D'INFOS : FNE.ASSO.FR ET WWW. EUROCKEENNES.FR

    © Pipich 56 – fotolia.com

    PARTENARIAT

    Le dialogue, c’est notre natureA l'approche des législatives, le jury Agir a récompensé des initiatives associa-tives qui font vivre le débat citoyen dans les territoires.Le 31 mars, à Rochefort, a eu lieu la remise des prix Agir, lors de notre Assemblée générale. Grâceaux dons issus du Livret Agir du Crédit Coopératif, sept projets associatifs ont reçu un prix allantde 250 à 3000 €. Focus sur les trois coups de cœur du jury, qui reprennent les chantiers prioritairesde l'Appel des 3000.

    Les Assises de l’agriculture FNE Midi - PyrénéesLe 12 mai, divers acteurs du monde agricole et politique et une centaine participants ont réponduprésents à l'appel lancé par FNE Midi-Pyrénées et ses associations. Les sujets en débat : l'irrigation,l'accès aux terres agricoles et la consommation locale.

    Sortir de la précarité énergétique FNE Franche-ComtéQuel avenir pour la production énergétique en Franche-Comté ? Pour répondre à cette question,FNE Franche-Comté a organisé le 16 mai une soirée-débat. Des membres d'associations spécialiséesdans les énergies renouvelables (Ajena et Cler) ainsi que plusieurs candidats aux législatives ontexposé leur vision de la transition énergétique lors de l'événement.

    Biodiversité et développement économique : un mariage impossible ? FNE Pays de la LoireLe 23 mai, lors d'un forum, des représentants du monde associatif et de l'entreprise ont échangéautour de la thématique biodiversité et économie. Les cinq principaux partis politiques ont été invi-tés à réagir et à répondre aux questions de la salle. •••

    1er rang : Laure Tocher, chargée de partenariats, Annette Lapalus, FNE Franche-Comté,Yves Lepage FNE Pays de la Loire, José Cambou, FNE Midi-Pyrénées, Michel Dubromel, vice-président FNE.2e rang : Vincent Le Scornet, directeur fédéral FNE, Eric Corradini, FNE Franche-Comté, Marc Maumy, Crédit Coopératif, Bruno Genty, président, Lise-Marie Laborde, chargée de partenariats.

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  • Vos créations reflètent vospréoccupations... Je réfléchis à la meilleure utilisation des tissuslors du dessin de mon patron, à la traçabilitédes matières. Après une collection en patch-work d'anciens bleus de travail, je travaille àpartir de chutes de tissus venant des grandesmaisons de couture. Avec les vêtementscomme avec les aliments, je ne veux pas êtredans une politique de surproduction.

    Tout savoir sur les opérations pilote :fne.asso.fr, dossier "Déchets".

    En savoir plus sur Sakina M'Sa : www.sakinamsa.com.

    Cette opération est soutenue par le Ministèrede l'Ecologie et la Fondation Macif.

    Les organismes qui ont compétence sur le mondemarin sont nombreux et peu coordonnés. En tout, près de 140 traités internationaux concernent les océans.Leurs mandats souvent limités entraînent des grandes insuffisances autant dans l’élaboration des règles quedans leur application.

    Pour protéger la biodiversité marine, nous demandons,entre autres mesures, un Protocole additionnel à laConvention sur le droit de la mer concernant la hautemer (espace maritime situé au-delà de la zone écono-mique exclusive (200 miles marins) des États) ou la création d'un réseau mondial d’aires marines protégées.Il faut aussi mettre fin à l'anarchie qui règne sur l'accèsaux ressources génétiques marines, définir un statut juridique pour la haute mer. Enfin, une gouvernance plustransparente suscitera davantage la mobilisation des citoyens.

    Sans ce cadre institutionnel précis, sans ces mécanismesde surveillance et de mise en œuvre appropriés, il seradifficile de protéger réellement le milieu marin.

    CÉLINE MESQUIDA, administratrice en charge de Rio+20 pour FNE

    Pourquoi vous êtes-vous associée à cette opération ? C'était important pour moi de m'engager sur la questiondu gaspillage alimentaire, car l'heure est grave : la criseéconomique touche le quotidien de chacun, jusqu'à notrealimentation. Or on ouvre son frigo chaque matin ! Je crois beaucoup à l'action locale et aux petits ruisseauxqui font les grandes rivières.

    Au quotidien, comment faites-vous pour éviter le gaspillage alimentaire ?Comme tout le monde, j'ai beaucoup à apprendre dansce domaine. Mais on peut imaginer des tas de chosespour l'éviter ou pour accommoder les restes. C'est une ha-bitude bien ancrée en moi : je viens d'une famille modeste,on était six enfants à table et ma mère cuisinait des metsmagiques, sans faire de dépenses outrancières. J'achèteaussi des fruits et légumes bio, en faisant attention auxquantités.

    Lors du Sommet de la Terre de 1992, le chapitre 17de l’Agenda 21 était adopté et consacré entière-ment aux océans. Première prise de conscience, ilnous alertait sur l’état préoccupant de nos océans. Prèsde vingt ans plus tard, un rapport publié par l’IPSO (In-ternational programme on the state of the oceans, juin2011) a tiré la sonnette d’alarme.

    En mettant à l’ordre du jour de la Conférence Rio+20 à lafois l’économie verte et la gouvernance internationale dudéveloppement durable, les Nations Unies ont laissé laplace à tout un tas d’enjeux planétaires majeurs. Rio+20doit donc saisir cette occasion pour mobiliser la commu-nauté internationale et adopter une feuille de route am-bitieuse pour nos océans.

    Il y a urgence. Pressions humaines croissantes, dérègle-ment climatique, contamination quasi généralisée desmers par les pollutions, exploitation non soutenable desressources marines : la vie marine est menacée dans desproportions jusque-là grandement sous estimées.

    Or la gouvernance des océans, et plus particulièrementde la haute mer, est le parent pauvre des politiques environnementales internationales. 65 % de la surfacedes océans est totalement laissée à l’abandon.

    Du 20 au 22 juin se tient la conférence des Nations-Unies sur le développement soutenable auBrésil. Vingt ans après le Sommet de la Terre, pour FNE, c’est l’occasion d’avancer sur uneurgence : la gouvernance des océans.

    De mai à juillet 2012, FNE et ses associations membres mènent des opérations de "coachingfrigo" pour réduire le gaspillage alimentaire. Généreuse et souriante, Sakina M'Sa, créatricede mode parisienne, s'engage à nos côtés et nous ouvre les portes de son frigo.

    POINTS DE VUE

    Sakina M'Sa,créatrice et marraine, a accepté de faire partie des foyers-témoins de notre opération contre legaspillage alimentaire. Avec l'association Pik Pik,elle apprend à mettre en place de bonnes pratiquespour réduire ses déchets.

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    UN SCANDALE ÉTHIQUE,ÉCONOMIQUE ET ENVI-RONNEMENTAL Qu’il s’agisse de la boîte de lardonscachée au fond du frigo ou desyaourts qui ont passé leur date limite de consommation, chaqueannée nous jetons en moyenne 7 kg de produits non déballés etnon consommés par personne(Ademe).

    Frédéric Poussin

    4 > La lettre du hérisson > N°246

    RIO+20

    Sakina M'Sa, créatrice et marraine

    La vie marine est menacée dans des proportions jusque-là sous-estimées

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  • Des ourset des hommes

    GRANDS PRÉDATEURS

    Le Fonds d'intervention éco-pastoral œuvre depuis 1975 pour que le berger et l'ours vivent en harmonie dans les montagnes pyrénéennes. Gérard Caussimont, son président depuis 1987, nous explique le travail de son association pour la préservation d'une espèce en danger et le maintien du pastoralisme.

    BRÈVESUne faim de loupUne étude sur le régime alimentaire du loup a été menée dans le nord-est de l’Allemagnedepuis son retour, il y a une dizaine d'années. Des chercheurs ont ainsi pu collecter plus de3000 échantillons d'excréments et des restes de proies pour rassembler des preuves non digé-rées d'animaux comme des os, des sabots, des dents ou des poils.

    L'analyse des données ainsi récoltées montre que les proies du loup se composent pour 96 %d'ongulés sauvages (chevreuils, cerfs, sangliers). Seulement moins de 1 % des proies sont desbêtes domestiques. Cette étude confirme que le loup, animal craintif, préfère éviter l'hommeou les chiens et chasser en forêt plutôt que prés des fermes et habitations.

    11 loups pourront être tués durant l’année à venirPar arrêté ministériel, l'État vient d'autoriser la destruction de 11 loups pour la période2012/2013. Cela représente près du double de la période précédente. Malgré les données posi-tives d’accroissement de la population de loups, fournies par l’administration, les chiffresavancés ne justifient pas une telle augmentation du nombre de loups pouvant être abattus.D’autre part, ces destructions pourront avoir lieu dans 12 départements listés dans un autrearrêté, dont la Haute-Saône, le Haut-Rhin et les Vosges qui y apparaissent pour la premièrefois. Le loup n'est pas réellement installé dans ces 3 départements et n’y est présent que ponc-tuellement à l’heure actuelle. Les inclure dans cette liste consiste à y empêcher l'installation del'espèce, ce qui est incompatible avec les engagements internationaux de la France. FNE étudieavec d’autres associations la possibilité de porter recours contre ces arrêtés.

    Retrouvez-nous sur loup.fne.asso.fr

    CLÉMENCE CARRIQUIRY, chargée de mission

    Combien reste-t-il d'oursdans les Pyrénées ?Dans les Pyrénées occidentales, il y a deuxmâles, Néré, né en 1997, et Cannelito, né en2004, de l'ourse Cannelle et Néré. Dans lesPyrénées centrales, on a compté en 2011 vingtindividus. Ils sont répartis sur les deux versantsdes Pyrénées, de la vallée de Roncal en Navarreà l’ouest, jusqu’à la limite de l’Aude et del’Ariège à l’est.

    Comment soutenez-vousles bergers ? Nous avons vite compris qu'ils n'étaient paspris en compte dans les actions de sauvegarde.Nous avons créé des indemnisations pour ledérangement lors des attaques d'ours. Pourrompre leur isolement, nous leur prêtons desradio-téléphones. Un héliportage de leur maté-riel le plus lourd est organisé. Le label PéDescaous permet de promouvoir leur fromage,produit en zone à ours. C'est indéniable : la sau-vegarde de l'ours contribue désormais au main-tien des troupeaux dans la montagne du Béarn.Sur le terrain, dans 90 % des cas, on ne rencontrepas d'animosité, au contraire de l'Ariège et desHautes-Pyrénées.

    Votre action passe aussi par la sensibilisation du public...Oui, notamment pour que les plus jeunes connaissent la montagne pyré-néenne. Depuis 1981, nous proposons des expositions et des animations surla biodiversité de notre région et sur l'ours, pour les élèves du CE1 au CM2.

    Qu'attendez-vous du nouveau gouvernement ? Nous allons tout faire pour convaincre la nouvelle équipe gouvernemen-tale qu'un renforcement de la population, avec l'introduction de femellesdans la partie occidentale du massif, est nécessaire [voir aussi LH241,ndlr]. Sur cette demande, après des mois de concertation, le précédentgouvernement avait reculé. Mais la France doit respecter la directiveeuropéenne "habitats". On ne peut pas laisser une espèce prioritaires'éteindre sur la moitié de son aire de distribution pyrénéenne.

    (1) ONCFS : Office national de la chasse et de la faune sauvage

    PROPOS RECUEILLIS PAR B. DE BADEREAU

    Le FIEP participe auréseau de suivi de lapopulation d'ours enFrance et en Espagne.Comment se déroule le travail de terrain ? Notre but, c'est de mieux connaître l'espècepour mieux la protéger, mais sans la déranger.Nous cherchons à savoir quelles sont les zoneshabitées par l'espèce. Nous cherchons desempreintes, les traces d'une activité de rut, despoils... Nous avons aussi des appareils photo àdéclenchement automatique. Ces renseigne-ments sont transmis au réseau Ours brun, dontje fais partie depuis 1983.

    A quoi vous servent ces données ?A partir de ces informations, le FIEP peut pro-poser des actions de conservation ou demanderdes zones sans battue, indispensables là oùl'ours fait sa tanière, se nourrit en automne.Nous sommes consultés à chaque projet d'amé-nagement et notre expérience de terrain nousdonne de la crédibilité auprès de nos interlocu-teurs, comme la sous-préfecture, l'ONF, etc.Nous avons ainsi évité une cinquantaine d'ac-cès routiers dans des zones sensibles en Béarn.

    © Charles Metz

    N°246 > La lettre du hérisson > 5

    En se grattant contre les arbres, l'ours brun laissedes poils. Des indices précieux pour le réseau oursbrun, qui suit sa présence au niveau national.

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  • 6 > La lettre du hérisson > N°246

    d'eau et la boue peuvent devenir des piègespour certaines espèces. L'augmentation de ladurée et de la fréquence des sécheresses peutréduire durablement la biodiversité.

    LES CONFLITS D'USAGEJAILLISSENT Du côté des humains, en situation de manqued'eau, des conflits entre les différents acteursapparaissent. Sur le terrain, les tensions entre irrigants et défenseurs de l’environnement sonttoujours fortes. En avril, Patrick Picaud, respon-sable de Nature Environnement 17, a fait l’objetd'une campagne d'affichage calomnieuse et inju-rieuse en raison de sa position sur ce sujet délicat.

    « Le partage de l’eau concerté est une nécessité. Lapriorité absolue doit être donnée à l’alimentationen eau potable des populations », rappelleBernard Rousseau, responsable du Pôle eau deFrance Nature Environnement. « Le contexted’évolution climatique réclame plus de maîtrise etmoins de laxisme. » « C'est inéluctable : les pratiques agricoles doivents’adapter pour être moins gourmandes en eau »,ajoute Jean-Claude Bévillard, responsable duréseau agriculture. « Un meilleur suivi desconsommations d'eau dans les exploitations est unpremier pas nécessaire. Mais c'est la diversificationdes cultures et la place faite aux cultures « plu-viales  », comme le tournesol, le sorgho, ou laluzerne, qui permettrait aux agriculteurs deréduire fortement leurs besoins d'irrigation. »L'eau stockée pour l'irrigation doit être affectéeà des surfaces restreintes, pour encourager ladiversification des cultures, les cultures peu

    sente 40 % des surfaces irriguées en France.L'été, cette plante tropicale qui pousse en condi-tions chaudes et humides a des besoins trèsimportants en eau. En arboriculture, implanterdes eucalyptus, très gourmands en eau, contri-bue à aggraver la sécheresse, assécher et éroderles sols. Cette culture est pourtant expérimentéeen France actuellement. Enfin, en été, l'étale-ment urbain et l'imperméabilisation des sols(voir LH245) entraînent la création d'îlots dechaleur en ville, ce qui accentue les effets de lasécheresse.

    PAS DE VIE SANS EAUQuand les eaux baissent, les zones humides etles milieux aquatiques doivent s'adapter. Lespolluants se concentrent. La températuregrimpe. Des connexions entre cours d'eau sontsupprimées. Des obstacles, naturels ou non,deviennent infranchissables. Les déplacementsdes poissons sont limités, leur cycle de vie estbloqué. Les organismes se concentrent dans cer-taines portions de cours d’eau, à l’aval d’unseuil infranchissable par exemple, augmentantainsi leur vulnérabilité face à leurs prédateurs etmanquant d’oxygène.

    Dans l'eau ou sur la terre ferme, la faune et laflore mettent en œuvre diverses stratégies delutte : métabolisme réduit, sommeil, etc. La plu-part des espèces (même les grenouilles !) sontcapables de supporter des sécheresses pério-diques ; certaines peuvent même en tirer avan-tage. Mais ces stratégies ne sont pas toujourssuffisantes ou possibles d’autant plus que lesmilieux sont fragilisés par une pollution quasi-généralisée de l’eau. Des individus peuventalors mourir de soif, de chaud ou de manqued'oxygène. En forêt, en cas de sécheresse sévère,en quelques jours, les feuilles des arbres tom-bent comme en automne. Au-delà de ces effets immédiats, les sécheressespeuvent limiter la croissance et la reproductiondes espèces : moins de nourriture, taux de ger-mination plus faible, disparition de sites dereproduction, vulnérabilité accrue aux mala-dies, etc. Sans compter que les faibles épaisseurs

    Allant de l'interdiction d'arroser auxheures les plus chaudes jusqu'à la res-triction aux usages prioritaires (eaupotable, sécurité civile et santé) depuis plu-sieurs années, les arrêtés sécheresse pleuventdès le printemps. Entre 2003 et 2006, ces arrêtéspréfectoraux ont pu concerner jusqu’à 74 dépar-tements par an. Cette année, au 28 mai, des arrê-tés sont en vigueur dans 15 départements, lesplus touchés par les restrictions étant le Gers, leTarn et la Charente-Maritime. Depuis les quarante dernières années, lespériodes de basses eaux sont de plus en plussévères et longues, en particulier dans les coursd’eau du sud et de l'ouest de la France. Les scé-narios de changement climatique s'accordentsur une augmentation de la fréquence et de l’in-tensité des sécheresses dans toute l’Europe duSud d’ici la fin du XXIe siècle. En France, d'aprèsle Plan national d'adaptation au changementclimatique, cela concernerait en particulier lepourtour méditerranéen et toute la façade ouestdu pays, avec moins de pluies et des tempéra-tures plus élevées en été. Il est donc nécessaired'adapter dès aujourd'hui nos comportementsface à la sécheresse. A l’automne 2011 et cet hiver, le déficit pluvio-métrique a été préoccupant. A l’échelle natio-nale, il était proche de 25 %, sans atteindre ledéficit historique de 1989 (29 %). Malgré unciel de mai souvent gris, les pluies printa-nières n'ont pas comblé le déficit en pluieaccumulé. Elles ont permis une simple stabi-lisation des volumes d'eau disponible. A lafin du printemps 2012, selon le BRGM (1),80 % des nappes phréatiques étaient tou-jours au-dessous de leur niveau normal.

    DES NAPPES TROPBASSESLes précipitations permettent le remplissagedes nappes phréatiques en hiver et au prin-temps. Si elles ne sont pas suffisantes, le niveaudes nappes risque d’être déficitaire. Car au-delàdu mois d’avril, les pluies sont essentiellementabsorbées par la végétation ou s’évaporent àcause de la chaleur. La sécheresse peut êtreaccentuée lorsque les températures grimpent,en été. Les sols s'assèchent et l'eau disponibles'évapore encore davantage. Le facteur météo est donc indéniable. Mais cer-taines activités humaines aggravent ce déficiten eau. Parmi elles, l’agriculture irriguée, plusgrosse consommatrice d’eau en France (49 %, etjusqu’à 80 % en été de toute l'eau prélevée enFrance). Le choix de cultiver certaines espècesn'est pas sans conséquence. Ainsi, le maïs repré-

    Le XXIe siècle s'annonce sec. Plus de 80 % des nappes phréatiques restent en déficit à l'approche de l'été, malgré un printemps pluvieux. Explications et propositions.

    SÉCHERESSEQuand l'eau fait défaut

    DOSSIER

    Au-delà de leurs effets immédiats, les sécheresses peuvent limiter la croissance et la reproduction des espèces

    En Francemétropoli-taine,

    67%des zoneshumides ontdisparu depuis ledébut dusiècle.

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  • N°246 > La lettre du hérisson > 7

    ❒ Oui, je me sens concerné-e par la protection de la nature et de l’environnement et désire continuer à soutenir les actions de France Nature Environnement.

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    gourmandes en eau et la sécurité fourragère desélevages les moins impactants sur le plan de laqualité de l’eau et ainsi favoriser l'émergenced'une agriculture durable. Dans de rares cas,des retenues de substitution qui, par oppositionaux barrages, sont déconnectées du milieunaturel et alimentées en périodes de hauteseaux, peuvent être autorisées, et ce en dernierrecours. Car elles ont des impacts sur le cycle del'eau et confortent les pratiques d'irrigationactuelles. A contre-courant de nos revendications, plu-sieurs mesures, lancées par l'ancien gouverne-ment et toujours en vigueur, nous inquiètent. Le« Plan d’adaptation de la gestion de l’eau, soutiensà la création de retenues d’eau et à l’adaptation descultures » publié en octobre 2011, accorde beau-coup plus de soutien financier à la création deretenues de stockage de l’eau pour l’irrigation,qu’à la modification des pratiques agricoles. Enavril 2012, FNE a réagi à un projet de décret -non publié début juin - qui prévoyait de releverle seuil d’autorisation pour les retenues d’eau,passant de 3 à 5 ha sans étude d’impact nienquête publique. En plus de leurs impacts surle cycle de l’eau, ces retenues confortent les pra-tiques d’irrigation actuelles et coûtent cher auxcontribuables : les pouvoirs publics financentjusqu’à 80 % de ces investissements. Ces rete-nues doivent être cofinancées par les irrigants.Dans un contexte de changement climatique,chacun se doit d'être plus responsable.

    (1) Bureau de recherches géologiques etminières

    DOSSIER PRÉPARÉ PAR BRIGITTE RUAUX, coordinatrice du réseau eau,

    MARIE-CATHERINE SCHULZ-VANNAXAY, coordinatrice du réseau agriculture

    ET B. DE BADEREAU

    PRESSIONS SUR LE MARAISRégulièrement, le Marais poitevin est touchépar la sécheresse. François-Marie Pellerin, président de la Coordination pour la défensedu Marais poitevin, administrateur de Poitou-Charentes Nature et représentant de FNE à la « commission de suivi hydrologique » du Comité National de l'Eau, témoigne.

    « Début 2011, la situation météorologique était critique. Même si la plupart des canaux du Maraisétaient encore en eau, les débits des cours d'eauétaient extrêmement faibles ; la plupart des sourcesalimentant le marais étaient asséchées, ou présen-taient des débits fort réduits. Les arrêtés de restric-tion des prélèvements pour l'irrigation agricole sesont rapidement enchaînés autour du Marais poitevin,comme ailleurs en Vendée et Poitou-Charentes.Globalement, fin mai 2011, le marais présentait la physionomie qu'il devait avoir à la fin de l'été avant

    que l'irrigation intensive ne s'installe sur la plaine.L'été pluvieux a soulagé le système et l'irrigation s'estarrêtée.

    Cette année, après un début de printemps sec, les pluies intenses de la dernière moitié d'avril ontpartiellement rechargé les nappes superficielles quialimentent le marais. Ce n'est qu'un répit : elles serevident très vite, puisque l'irrigation a repris.

    Faute d'une gestion intégrée, alors que les arrêtéssécheresse devraient être exceptionnels, l'administra-tion préfectorale doit les utiliser pour faire face à unesituation de surexploitation chronique. En effet, lapression des représentants de l'agriculture intensive et la complaisance de certains élus ont abouti à desautorisations de prélèvements trop importants parrapport aux possibilités des milieux aquatiques. Deplus, ces arrêtés sont trop permissifs et ne répondentpas à une situation critique. »

    EN CHIFFRES> La France reçoit chaque année

    environ 400 milliards de mètrescube d’eau de pluie, dont les 2/3s’évaporent : les 175 milliards demètres cube restant alimentent leseaux de surface et souterraines.

    > 34 milliards de mètres cube d’eausont prélevés chaque année enFrance métropolitaine pour satisfaire les besoins liés à la production d’eau potable, à l’indus-trie, à l’irrigation et à la productiond’électricité. Sur ce volume, 6 milliards de mètres cube d'eau ne retournent pas au milieu naturel.

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    < Photographie de Pierre Borderon,participant au concours photo 2011.Organisée avec le soutien del'Agence de l'eau Loire-Bretagne,l'édition de cette année avait pourthème la sécheresse. Une initiativequi permet de mobiliser tous les usagers et acteurs de l'eau.

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  • Très impliquée au niveau local, elle découvredésormais les rapports de force « plus feutrés »au niveau national. Elle s'investit en 2011contre la réforme « urbanisme de projet », quis'annonçait désastreuse. Avec d'autres organi-sations environnementales, FNE parvient à en faire retirer les mesures les plus nuisiblespour l'environnement. Depuis 2010, Florence Denier-Pasquier siège au Conseil économique,social et environnemental, au sein du groupeenvironnement et nature. Une « reconnaissanceimportante de l’expertise associative » pour cettemère de trois enfants, âgés de 7 à 17 ans, quijongle, comme tant d'autres femmes, entre savie familiale, son activité professionnelle etl'engagement militant. Elle vit cette nouvelleétape avec enthousiasme. « On retrouve au sein de la fédération des personnes aux parcours trèsdifférents. On s'engage pour des motifs variés. Maisnous sommes réunis autour de certaines valeurs,comme l'indépendance vis-à vis du pouvoir politiqueet la liberté. C'est très puissant ! »

    B. DE BADEREAU

    « Sur des dossiers ouverts il y a douze ans, on a faitévoluer les perceptions. Au début des années 2000,on parlait seulement de trafic automobile. Désor-mais, le prix du pétrole, le climat ou la dimensionsociale des déplacements urbains entrent dans ledébat. » Aujourd'hui, elle savoure l’annoncepar les élus de l’abandon du projet de liaisonsud d'Angers, fruit d'une longue mobilisationassociative, qui a demandé de l'énergie, de lapatience et de la méthode.

    Si Florence Denier-Pasquier connaît le droitsur le bout des doigts, elle emploie l'actioncontentieuse à bon escient. « Agir en justice,c'est un des outils pour créer un rapport de forces.Il permet de faire entendre les alternatives portéespar les associations. » Elle croit avant tout àl'évolution des mentalités. Une philosophiequ'elle applique aussi dans son activité profes-sionnelle. Son expertise lui permet de formerceux qui mettent en œuvre les politiques pu-bliques environnementales, dans des écolesd'ingénieurs ou des collectivités territoriales,abordant par exemple avec des techniciens derivières la restauration écologique des coursd’eau. En parallèle, cette spécialiste du droit de l'eau participe à des publications techniques sur les méandres de cette matièrecomplexe pour un éditeur juridique.

    Assise au soleil, dans son jardin desbords de Loire, Florence Denier-Pas-quier a le sourire. Elle revient toutjuste d'un week-end du réseau juridique. « Ona discuté jusqu'au milieu de la nuit. C'était un moment fort en amitié. » Une ou deux fois paran, la soixantaine de bénévoles, des avocats,des juristes professionnels, se retrouve pourdeux jours. Florence Denier-Pasquier lesconnaît depuis 2000. A 42 ans, elle fait partiedes « anciennes » du réseau juridique. A son tour, elle transmet son expérience. « Ons'entraide, on se conseille sur les affaires encours. »

    Ses premiers pas dans le mouvement FNE remontent à 1998. Elle frappe à la porte de laSauvegarde de l'Anjou, à Angers, et fait laconnaissance Jacques Zeimert, alors présidentde l'association. « Il m'a formée. Ça a été une ren-contre très importante. C'est la culture associative,on noue des relations humaines de qualité. » Elle n'est pas là par hasard : Florence Denier-Pasquier est convaincue que nous pouvonsconvertir nos modes de vie et vivre davantageen harmonie avec la nature. Ce nouvel enga-gement associatif résonne d'ailleurs avec unengagement spirituel plus ancien, « sur les pasde François d’Assise, saint patron des écologistes,pour qui la nature est compagne d’humanité. »

    Dans la douce cité angevine, les décideurs locaux vont découvrir sa pugnacité. À son arrivée dans l'association, dont elle est au-jourd'hui vice-présidente, la jeune femme seplonge dans l'épais dossier d'implantationd'une usine de traitement d'eau potable enzone inondable, dans le lit de la Loire. La ju-riste est bien armée : diplôme de Sciences PoGrenoble, DESS en droit de l'environnementet trois années de thèse sur le droit de l'eau.Première victoire : Dominique Voynet, alorsministre de l'écologie, demande au préfet derevoir son arbitrage.

    Pendant dix ans, cette femme combative portela voix de son association dans de nombreusescommissions locales, comme le Conseil del'environnement et des risques sanitaires ettechnologiques ou le Conseil de développe-ment de l'agglomération d'Angers. Sa persé-vérance paie.

    Cette experte du droit de l'eau met ses compétences au service de la nature depuis près de quinze ans, dans sa région comme au niveau national. Et fait rimer épanouissement et engagement.

    Indépendance politique,liberté de parole : au sein

    de FNE, ces valeurs nous rassemblent

    FLORENCE DENIER-PASQUIER Au bonheur de militer

    PORTRAIT

    FLORENCE DENIER-PASQUIER EN 5 DATES 20 février 1970Naissance à Nantes

    1998 Bénévole à LaSauvegarde de l'Anjou,fédération FNE du Maine-et-Loire

    Depuis 1999 Formatrice indépendanteen politiques publiquesenvironnementales

    2007 Membre du direc-toire du réseau juridiquede FNE

    2010 Représentante au Conseil économique,social et environnemental

    © Xavier Fouquet

    8 > La lettre du hérisson > N°246

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