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Contraintes syntaxiques et contraintes pragmatiques sur les « dégroupements » des ensembles principale – subordonnée en français parlé Henri-José Deulofeu U.Aix- Marseille I TALEP (UMR 6166 LIF CNRS) http://jose.deulofeu.free.fr

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Contraintes syntaxiques et contraintes pragmatiques sur les « dégroupements »

des ensembles  principale – subordonnée en français parlé

Henri-José Deulofeu U.Aix-Marseille I

TALEP (UMR 6166 LIF CNRS)

http://jose.deulofeu.free.fr

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Regroupement et dégroupement des constructions verbales finies : quelques exemples (Blanche-benveniste 2010, chap 16)

Dégroupement - regroupement

• 1.        euh - on a une bonne entente on s'entend bien on rigole bien - on travaille pas huit heures d'affilée - on a quand même un laps de de repos moi je suis du matin ma collègue elle est du soir - euh elle a son samedi moi j'ai mon lundi (on a notre rep- nos repos – quand on les demande )(fref)

• 2. on a nos repos – quand on les demande

• 3. quand on les demande -on a nos repos

• 3a c'est quand on les demande qu'on a nos repos

• 3b quand est-ce qu'on a nos repos

• 3c comme quand on les demande on a nos repos on est très contents

• 4. (moi je suis du matin ma collègue elle est du soir) - euh (elle a son samedi moi j'ai mon lundi)

• 4a ?? comme moi je suis du matin ma collègue elle est du soir tout se passe bien

• 4b comme je suis du matin et que ma collègue est du soir tout se passe bien

Regroupement prototypique :

• Propriétés morphosyntaxiques  :

– Relation de dépendance (subordination), marqueur (quand), relation d'ordre

• Propriétés prosodiques : « intégré »

• Propriétés sémantiques : exprime une « proposition »

• Propriétés pragmatiques : exprime un acte de langage unique (pe : assertion d'une proposition)

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Regroupement et dégroupement des constructions verbales finies : quelques exemples non prototypiques

Un seul acte de langage, mais deux unités d'information....et des propriétés distributionnelles différentes :

• 1. quand on les demande < on a nos repos• 1a  ? ? (seulement / surtout) quand on les demande < on a nos repos• 1b on a nos repos (seulement / surtout) quand on les demande• 1a on a pas nos repos quand on les demande (mais à date fixe)• 1b ?? quand on les demande on a pas nos repos mais à date fixe• 1c Tu as tes repos seulement quand tu les demande ?• 1d seulement quand tu les demandes ? tu as tes repos (c'est pas automatique ?)

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Regroupement et dégroupement des constructions verbales finies : quelques exemples non prototypiquesDeux actes de langage et deux unités prosodiques qui se succèdent dans le discours :• 1. Je suis parti. Parce que j'en pouvais plus

• 1a je suis pas parti. Parce que j'en pouvais plus. Loc 2 parce que tu en pouvais plus pas vrai ?

• 1b je suis pas parti parce que j'en pouvais plus (mais parce que j'en avais pas envie)

• 1c je suis pas parti. Et seulement parce que j'en pouvais plus

• 2. tu veux visiter l'expo ? Parce que franchement on m'a dit que ça valait pas la peine (debaisieux)

• 2a ?? tu veux visiter l'expo ? Et seulement parce que on m'a dit que ça valait pas la peine

Un problème de grammaire en plus :

• 2. l'attitude des médecins est incompréhensible parce que est-ce qu'ils ne devraient pas eux-mêmes voir comment se passe cet accueil (corpaix)

• 4. Pourquoi au juste ,un américain prend l'initiative de faire ce reportage au Soudan, alors que rappelez-vous que ce même acteur a joué dans un... (web)

5. et là on lui a proposé des postes à quoi à dix douze mille francs alors que dans son école on lui avait tellement monté la tête comme quoi l'école supérieure de gestion c'était c'était /mais, des/ des des cadres en puissance quoi que bon il est arrivé il était déçu (o)

• 6. puis là il y en a que + le matin ils se lèvent ils sortent les chiens et puis + débrouille-toi + jusqu'au soir qu'ils rentrent + (o)

• 7. et c'est vrai que qui mieux qu'une femme peut savoir ce que ressent une femme (web)

• 8. tu as pas un emploi du temps avec euh tel jour tu fais ça tel jour tu fais ça (jmd)

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Les « subordonnées » dégroupées dans le champ gauche des énoncés

• Question 1 : Quels facteurs déterminent la possibilité pour les subordonnées d'apparaître dans le « champ gauche » de l'énoncé ?

• Question 2 : Y a-t-il un lien entre position et structure interne de la subordonnée » ?

• (1) *de sorte que je ne peux sortir de chez moi j'ai perdu la clé• Parce que (Debaisieux 2001, 2004)• Parce que « causal » • (2) et parce qu'il est parti sans prévenir <je lui en voudrai toujours• (2') et parce qu'il est parti sans prévenir< j'ai dû fermer samedi les clients sont

partis bref ça été la catastrophe• (3) surtout parce qu'il est parti >je lui en veux• (3') ?? surtout parce qu'il est parti > j'ai dû fermer samedi les clients sont

partis bref ça été la catastrophe• Parce que « épistémique »• (4) c'était des arabes parce qu'ils avaient de grandes djellabas• (4'') *parce que ils avaient de grandes djellabas c'était des arabes

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Les « subordonnées » et le champ gauche des énoncés : formes non canoniques

Parce que P de forme non canonique impossibles en tête d'énoncés

(5) l'attitude des médecins est incompréhensible parce que est-ce qu'ils ne devraient pas eux-mêmes voir comment se passe cet accueil (corpaix)

(6) tu veux visiter l'expo ? Parce que franchement on m'a dit que ça valait pas la peine (nancy)

Extension à alors que, bien que, puisque etc ...

(7) Pourquoi au juste ,un américain prend l'initiative de faire ce reportage au Soudan, alors que rappelez-vous que ce même acteur a joué dans un (web)

Solution (macro)syntaxique aux deux problèmes : les « fausses subordonnées »

Debaisieux (2001, 2004), Goethals (2002), Deulofeu (1999), Verstraete (2005, 2007), et Mithum (2005)

Mais : il y a des parce que « épistémiques » antéposables• (8) alors rien que parce qu'il a déménagé dans le 9ème Pierre serait devenu de

droite (o) ----> Nécessité de prendre en compte les caractéristiques de l'interaction ?

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Solution syntaxique : rattachement grammatical et rattachement discursifs des « marqueurs » morphologiquesA. Mithum (2005)

• “in a number of languages the prosodic, morphological, and semantic cues that might characterize the sentence do not always converge. Dependent clause markers appear pervasively in what seem, on prosodic and semantic grounds, to be independent sentences. A closer look shows that these markers are being used to signal pragmatic dependency among larger elements in discourse. The markers of dependency serve several recurring functions in discourse. The Yup'ik Participial and Barbareno nominalized sentences contribute background, descriptive, subsidiary, explanatory, or evaluative information, information that does not move narrative forward. The Yup'ik Subordinative and the Hualapai switch-reference markers signal textual cohesion, marking statements that together compose a larger discourse unit “

B. L’hypothèse macrosyntaxique (Gars – Ecole de Fribourg)

C. Jean-Christophe Verstraete (2005, 2007)

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Verstraete Macro Mithun antép

Scope Speechfunction

challengeablel Régi

Coordinat.

Si bien queparce queAlors que2

Suffixecontinuation

épistémi.régulat.

Discourse pattern -- -- + + --

Subor. Modale

Alors que1 + -- -- + --

Free subord.comme

PréfixePostfixe + -- -- -- --

Bound Subord.Parce qu

Intégré noyaucausal

Dependent clause ? + -- -- +

« «  Noyau (2,3) + -- + + +

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Généralisations descriptives sur relation forme /statut Généralisation Meillet :

Les unités grammaticales (catégories lexicales et leurs rections ou plus largement constructions) peuvent être reliées au contexte soit par intégration dans une rection (1) soit par regroupement macrosyntaxique (2)

1 [ X [connecteur[Y]]: il le fait parce qu’il aime ça

2…….. [Connecteur [Y]] : c’était tous des Arabes parce qu’ils avaient de grandes djellabas

Généralisation de Thompson Mithun :

Les unités de type « connecteur » construisent (sous catégorisent) des constructions et introduisent des organisations macro (noyaux, énonciations)

-absence de contraintes de sous catégorisation = « main clause phenomena »

- contraintes pragmatiques et syntaxiques sur la relation entre le connecteur et le contexte

3 …..Connecteur …… : …. parce que est-ce que les médecins...

Extension du phénomène :

Concerne le cas de coordination (Verstraete), suffixe (Gars)

Aucun ne sait vraiment comment la nature fonctionne ... Si bien que qui - et je demande bien qui - peut affirmer, que la montée des eaux, c’est pour 2050 (web)

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Cas de puisque P « assertée »

Les instances internationales chargées de représenter les peuples ne parlent pas de génocide où si elles le font, elles ne le considèrent pas : Ni pour les enfants qui viennent de naître, ni pour les anciens (S’il en existe …) qui logiquement, ne peuvent pas comprendre non plus ; puisque est-ce que ça peut se comprendre une guerre ? La destruction des corps et des âmes … Puisque ça vous tombe dessus comme la mort … connaissons nos souffrances..helas …(web)

(En fait un “suffixe”, impossible pour comme: Cf Debaisieux 2008)

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Quels types de contraintes déterminenent la sous catégorisation non canonique pour les non régis?

Cas des conjonctions type parce que - Contraintes pragmatiques :Lakoff (84), Verstraete (2005) : « coordinate » because and

although impose rhetorical interpretations on non declarative clause types(2005 :621)

• 1. mais l’attitude des médecins est incompréhensible parce que est-ce qu’ils ne devraient pas eux-mêmes voir comment se passe cet accueil ?

• 2. On pourra se voir tu crois ? parce que où tu seras demain ? - - - - – --- Contraintes lexicales : parce que / encore que « rectificatif »

• ne le consulte pas parce que n’oublie pas qu’il est linguiste• ? Ne dis pas ça me concerne parce qu’évite toujours ce mot • Quand est toujours antéposé dans ce texte encore que regardez s’il

vous plaît l’exemple 12

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Structures hybrides :  « greffes » (Deulofeu 2010) • Forme non canonique non régie• 1) l’attitude des médecins est incompréhensible parce que est-ce

qu’ils ne devraient pas eux-mêmes voir comment se passe cet accueil ( corpaix)

• Forme non canonique régie2)  L1 tu vas m’expliquer pourquoi on ferre les chevaux ben les chevaux

ben on les ferre parce que / quand on les fait travailler comme on les fait travailler là / qu'ils restent pas au pré à manger normalement à se déplacer normalement / le sabot il s'use et (*que) comme le sabot du cheval c'est la partie la plus sensible ben il pourrait plus marcher au bout d'un moment (corpaix)

3) tu as pas un emploi du temps avec euh tel jour tu fais ça tel jour tu fais ça (jmd)

4) John is going to I think it is Chicago on Sunday (Lakoff 74 : Horn Amalgam, Van Riejdik (2004) : « Horn amalgams as grafts »

Une unité fonctionnant canoniquement comme énonciation indépendante est intégrée à une rection

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Généralisations descriptives sur l’interface macro microGénéralisation Meillet :

Les unités grammaticales (catégories lexicales et leurs rections ou plus largement constructions) peuvent être reliées au contexte soit par intégration dans une rection (1) soit par regroupement macrosyntaxique (2)

1 [ X [connecteur[Y]]: il le fait parce qu’il aime ça

2…….. [Connecteur [Y]] : c’était tous des Arabes parce qu’ils avaient de grandes djellabas

Généralisation de Thompson Mithun :

Les unités de type « connecteur » construisent (sous catégorisent) des constructions et introduisent des unités macro (énonciations)

-absence de contraintes de sous catégorisation = « main clause phenomena »

- contraintes pragmatiques et syntaxiques sur la relation entre le connecteur et le contexte

3 …..Connecteur …… : …. parce que est-ce que les médecins...

Généralisation nouvelle :

Dans les configurations [connecteur + énonciations], le connecteur peut être régi (contraintes pragmatiques)

[X[Connecteur…… il le fait parce que un jour c’est lui qui veut un jour c’est moi qui lui demande

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Récapitulation : contraintes sur la position des « subordonnées »

A) Les « subordonnées » non régies fonctionnant comme « suffixes » ne peuvent figurer dans le champ gauche de l'énoncé.

Interprétation pragmatique : elles sont des actions communicatives « faisant suite à une action en cours d'accomplissement »

Extension aux « conduites communicatives » :

L1 À un employé de poste peu zélé :

L1 : Parce que vous croyez que j'ai rien à faire, moi ?

B) Les subordonnées régies fonctionnant comme préfixes ont une portée large

C) Les subordonnées régies fonctionnant comme noyaux, ont une portée étroite : rend compte de 2' versus 3' . Explication par énoncés de « reprise » d'un tour précédent en « saillance dialogique » : Abeillé Godard, Sabio (2008)

(2') et parce qu'il est parti sans prévenir j'ai dû fermer samedi les clients sont partis bref ça été la catastrophe

(3') ?? surtout parce qu'il est parti sans prévenir j'ai dû fermer samedi les clients sont partis bref ça été la catastrophe

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Récapitulation : contraintes sur l'insertion de paradigmes de « types de phrase » dans non régies et greffes

1) forme grammaticale sous catégorisée

Régies : DECLARATIVE

Non régies : NON RESTREINT DEC, INT, IMP

2) Lexicales : sur le choix de l’interprétation (interprétation rhétorique/ littérale) différence parce que /encore que

3) Structure de l'interaction : importance de la notion d'énoncé de  « reprise »

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élaboration en périodes

les déclaratives peuvent être élaborées en périodes

les chevaux on les ferre parce que / quand on les fait travailler comme on les fait travailler là / qu'ils restent pas au pré à manger normalement à se déplacer normalement / le sabot il s'use et (*que) comme le sabot du cheval c'est la partie la plus sensible ben il pourrait plus marcher au bout d'un moment

-

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élaboration en périodes : contraintes

Dans les non régies : libreDans les greffes sur régies • Portée de la Négation contrainte1) ben les chevaux ben on les ferre pas parce qu’on est gentil

(mais par souci d’efficacité)2)?? les chevaux on les ferre pas parce que / quand on les fait

travailler comme on les fait travailler là / qu'ils restent pas au pré à man ger normalement à se déplacer normalement / le sabot il s'use et (*que) comme le sabot du cheval c'est la partie la plus sensible ben il pourrait plus marcher au bout d'un moment

-La négation réfute l’assertion d’une relation entre deux faits « préconstruits » et non en cours d'élaboration

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le cas de que introducteur de modifieur de nom :

Construction par « périodes » « carrées »1. il y a deux sortes d’ouvriers il y en a que tu leur parles ils comprennent

de suite et il y en a que bon il sont pas d’accord avec toi mais il faut leur expliquer ils comprennent après quand même

2 C’est un mec que un jour c’est oui un jour c’est nonPar période à accumulation3.    sinon c’est la routine je t’ai dit tu as des interventions qui marquent

plus que d’autres que tu te remémores de temps en temps en toi ou bien que tu en discutes avec ceux qui ont fait l’intervention avec toi tu te rappelles l’accident à tel endroit

- construction « en ligne » d’une propriété caractéristique

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contraintes

la négation est rare : car implique une réfutation d’une propriété construite donc déjà élaborée

?? il y en a que tu leur parles ils comprennent de suite et il y en a pas que bon il sont pas d’accord avec toi mais il faut leur expliquer ils comprennent après quand même

• Mais on peut interroger sur l’existence d’un objet répondant à une propriété particulière que l'on élabore « en ligne »

• il y a des ouvriers qui comprennent de suite et il y en aurait pas que bon il sont pas d’accord avec toi mais il faut leur expliquer ils comprennent après quand même ?

• Que… ou parce que…prend toute forme compatible avec l’expression de la fonction pragmatique du constituant( explication, caractérisation…)

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Extension de l'explication par énoncé de reprise(8) alors rien que parce qu'il a déménagé dans le 9ème Pierre serait devenu de droite

(9) c'est pas parce que tu es noir que ça te donne tous les droits (web)

(9') *c'est parce que tu es noir que ça te donne tous les droits

(10) c'est pas parce que c'est l'été qu'il faut pour autant se promener tout nu (web)

(10')* c'est parce que c'est l'été qu'il faut pour autant se promener tout nu

(11) c'est pas parce que on cherche à minimiser l'importance des résultats... il n'empêche il Y a un problème politique de l'abstention (web)

= qu'il n'y a pas de pb politique

Ces constructions ne sont possibles que dans une interaction polémique avec contestation d'arguments de l'interlocuteur

Si parce que P n'est pas une réfutation par reprise d'un argument de l'interlocuteur, mais une justification d'une assertion du locuteur, il est impossible d'antéposer :

(8) Bon vos réponses sont vraiment marrantes parce que est ce que j'ai traité cette fille de conne ? De idiote ou autre ? Nan pas du tout nan (web).

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une différence d'emploi entre alors que et bien que(Extraits du master II de Fanny Lafontaine )

1. je comprends pas qu'on dise que Gutenberg a inventé l'imprimerie alors qu'il travaillait dans une imprimerie [CRFP]

1 ' alors Gutemberg aurait inventé l'imprimerie alors qu'il travaillait dans une imprimerie

1 '' ? alors Gutemberg a inventé l'imprimerie alors qu'il travaillait dans une imprimerie

La dimension dialogale, qui comprend l’analyse des tours de parole, paraît tout aussi essentielle que les dimensions microsyntaxiques, voire textuelles. Cette prise en compte permet d'expliquer que si un locuteur peut introduire un énoncé par bien que pour atténuer / rectifier ses propres dires :

2. « il écrit de très bons articles // bien que parfois il se répète un peu »

Cet effet ne peut pas être rendu par alors que , pourtant très proche sémantiquement, mais supposant pour cet emploi un contexte dialogal :

3. ? il écrit de très bons articles // alors que parfois il se répète un peu

Justification indépendante de l'explication par structure de l'interaction

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Conclusions

- Un ensemble complexe de contraintes grammaticales, lexicales et pragmatiques gouverne les possibilités de « dégroupement », notamment dans le champ gauche, des « subordonnées » à verbe fini

- Parmi les contraintes pragmatiques, la notion d'énoncé exprimant une réfutation par reprise d'un énoncé précédent rend compte de certaines impossibilités

- Le repère pour définir le « dégroupement » : la construction verbale ou le « noyau » macrosyntaxique ?

-Il faudrait disposer d'un corpus échantillonné pour juger de la représentativité des exemples non canoniques.

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références

ABEILLE, A, GODARD, D & SABIO, F, 2008, « Deux constructions à SN antéposé en français »

Actes du Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris

BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 2010, Le français. Usages de la langue parlée. Séries: Les langues du monde: 3, Peeters: Louvain

DEBAISIEUX, Jeanne-Marie, 2001, « Le fonctionnement de parce que en français parlé : études quantitatives sur corpus », in Klaus, Pusch (ed) , Actes de la première rencontre de linguistique dur corpus appliquée aux langues romanes, Tübingen, Niemeyer

2004, « Les conjonctions de subordination : mots de grammaire ou mots du discours ? Le cas de parce que. » Revue de Sémantique et de Pragmatique n°15/16. pp. 51-67

2008, « la distinction entre dépendance grammaticale et dépendance macrosyntaxique comme moyen de résoudre les paradoxes de la subordination », Faits de langue n° 28

DEULOFEU José, 2010, « La greffe d’un énoncé sur une construction : une combinaison originale de parataxe et de rection », in Beguelin M-J &Corminbeuf G La Parataxe, Peter Lang

GOETHALS, Patrick, 2002, Las conjunciones causales explicativas espanolas. Leuven, Peters

MITUM Marianne, 2005, “On the assumption of the sentence as the basic unit of syntactic structure” in Linguistic diversity and language theories. Zygmund Frayzingier, Adam Hodges and David S. Rood (eds.), 169–183.(Studies in language, Companion series.) Amsterdam, John Benjamins.

THOMPSON Sandra A., 2002, « Objects complements and conversation : towards a realistic account », Studies in Language 26, 1, 125-164

VERSTRAETE Jean-Christophe, 2005, « Two types of coordinations in clause combining”, Lingua, 115.

VERSTRAETE Jean-Christophe, 2007, Rethinking the coordinate subordinate dichotomy, Berlin, Mouton