hebdo des socialistes n°528

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FRANCE Sécurité : l’échec de l’UMP LA F RANCE EN CRISE Les salariés de Faurecia N°528 • samedi 25 avril 2009 • 1,5€ E LECTIONS EUROPÉENNES Focus sur le Grand Est PORTRAIT Émile Bregeon Tous avec les socialistes pour un 1 er mai historique Rendez-vous à l’angle du boulevard St-Michel et de la rue Soufflot (Paris V e ) à 13h30

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FRANCE ■ Sécurité : l’échec de l’UMP ■ LA FRANCE EN CRISE ■ Les salariés de Faurecia

N°528 • samedi 25 avril 2009 • 1,5€

■ ELECTIONS EUROPÉENNES ■ Focus sur le Grand Est ■ PORTRAIT ■ Émile Bregeon

Tous avec lessocialistes

pour un 1er maihistorique

Rendez-vous à l’angle duboulevard St-Michel et de la rueSoufflot (Paris Ve)

à 13h30

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 25 AVRIL 2009

L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 243 137 exemplaires.

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aGenDa Du ParTi■ Mercredi 29 avril• Strasbourg, meeting

national pour les électionseuropéennes.

■ Lundi 4 mai• Clermont-Ferrand, meeting

national pour les électionseuropéennes.

Forum des territoires• Jean-Marc Ayrault, président du groupe SRC •Marylise Lebranchu, Jean-Louis Bianco, coprésidents du Forumdes territoires • Claudy Lebreton,Olivier Dussopt,PhilippeMartin, vice-présidents du Forum des territoires

vous invitent à une session du Forum des territoires consacrée à :« Ingénierie financière : quelles relationsentre collectivités locales et banques ? »

Lemercredi 29 avril 2009de 16h30 à 18h30 à l'Assemblée nationale

salle 6217 - 126 rue de l'Université75007 Paris

Merci de bien vouloir retourner ce coupon à l'adresse suivante :Marylise Lebranchu, 126 rue de l'Université 75007 Paris

Ou par courriel : [email protected]

Les rendez-vous ■ DU PARTI

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■ ÉDITO

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Partout dans lemonde, le 1er mai est lemoment du rassemble-ment de toutes les forces de gauche, syndicales, associatives,politiques. Partout, les femmes et les hommes de gauche pro-longent le combat collectif de leurs aînés en faveur de meil-leures conditions de travail et de vie.Du combat pour la journée des trois-huit (huit heures de tra-vail, huit de loisirs et huit de sommeil) à la revendication descongés payés, les 1er mai ont été marqués par des revendica-tions qui ont changé la vie des salariés et des travailleurs.Le 1er mai 2009,fidèles ànotre identité,nous porterons unmes-sage de résistance, d’espoir et surtout de changement.Résistance face à la politique duprésident de la République quiconstruit une société de plus en plus injuste et violente.Résistance aussi à l’occasion des élections européennes du7 juin prochain contre une Europe libérale et antisociale.Dans lemêmeélan, il faut dire Stop àNicolas Sarkozy.Stop à lapolitique libérale qu’il mène en Europe avec le PPE et laCommission Barroso. Stop à la privatisation des servicespublics. Stop au dumping social et fiscal. Stop à une Europeégoïste qui refuse d’avoir une vraie politique de co-développe-ment avec les pays du Sud.Et surtout,pour redonner espoir aux Français et auxEuropéensmalmenés par la crise,nous proposons le changementmainte-nant : changement pour jeter les bases d’un nouveau systèmeéconomique qui permette une croissance durable et verte, quiinscrive l’être humain au cœur de nos politiques. Changementpour une Europe sociale.Les élections du 7 juin prochain doivent être les élections duchangement en Europe et de la sanction de la droite au pou-voir depuis 2004. L’Europe libérale a montré qu’elle était inca-pable de répondre aux défis de la crise. Les seuls à pouvoirconstruire unemajorité alternative à celle de la droite sont lessocialistes européens, présents dans les 27 pays de l’Union etrassemblés autour d’une orientation politique commune, leManifesto.Certains pensent qu’aucunemanifestation n’a changé le coursde l’Histoire. Depuis les ouvriers de Chicago du siècle dernier,ceux de Solidarnosc dans les années 1980, jusqu’à la mobilisa-tion contre le CPE, c’est au contraire lorsque la mobilisationsociale rejoint celledesurnesque les conquêtes sociales sont aurendez-vous.À nous d’écrire cette page de l’Histoire de l’Europeet de la France.

Martine Aubry,Première secrétairedu Parti socialiste

Le 1er mai : résistance, espoiret changement

FranceSécurité : le bilan calamiteux de l’UMP p.6Une niche parlementaire pour le PS p.8La France en criseFaurecia sur un siège éjectable p.9Élections européennesFocus sur le Grand Est p.12InternationalLes 100 jours d’Obama p.16Territoires face à la criseLes régions pour la reconversion p.18La Bretagne sur le front de la crise p.20Vie du PSInterview de Laurence Rossignol p.22Histoire1969, naissance du PS p.24PortraitÉmile Bregeon p.28

■ sommaire

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Actualités ■ FRANCE

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EmploiLe chômage partielmieux indemnisé

Après un accord obtenu àl’Unedic, le 15 avril, l’indem-

nisation du chômage partielpasse à 90%du salaire net pourles bas salaires dans les entre-prises qui y recourent. Le PSsalue «une bonne nouvelle »,mais « regrette que les contre-parties en termes de formationdes salariés ne soient pas plusfortes, ce qui permettrait d’utili-ser le chômage partiel pour pré-parer la mutation de notre éco-nomie vers le nouveau modèlede l’après-crise ».

SantéUn systèmede soins malade

6000 morts liés à la vaguede froid, 20 000 suppres-

sions de postes à l’hôpital :cherchez l’erreur », dénoncentles socialistes dans un commu-niqué du 15 avril. Cet hiver, il y aeu 6000 morts de plus qu’en2007, a révélé l’Institut de veillesanitaire. La vague de froid esten cause. Mais, pour le PS, ilaurait fallu adapter notre sys-

tème de soins depuis long-temps. « Le Parti socialistedénonce une évolution qui setraduit par un manque de per-sonnel, les fermetures de ser-vices et la réduction drastiquedes moyens ».

IndustrieSursis pour Heuliez

L ’annonce de la mise enredressement judiciaire

d’Heuliez dans les Deux-Sèvresest une bouffée d’oxygène pourles 1000 salariés », estime le PS.La décision du tribunal de com-merce de Niort sur l’avenir del’entreprise automobile, le 15avril, lui donne six mois pour serelever. Dans le même temps,l’État a fait la promesse de lasoutenir à hauteur de 10millionsd’euros. Mais pour le PS, il fautaller plus loin : « L’enjeu est demaintenir une filière automobile

d’excellence et d’en faire l’un desprincipaux moteurs de la crois-sance verte. L’avènement de lavoiture propre représentera ungisement massif d’emplois àdeux conditions : que le tissuindustriel ait été préservé pen-dant la crise, et d’abord les PME-PMI de la sous-traitance ; que lamutation technologique ait étéencouragée par un effort consi-dérable en faveurde la rechercheet de l’éco-conception. »

ExclusionSDF, espérancede vie au rabais

Une équipe marseillaise deMédecins du Monde publie

une enquête qui met en évi-dence la surmortalité des per-sonnes sans-abri. Sur les 44 dos-siers retenus, constitués de 80%d’hommes et de 20% defemmes, on note que leur espé-rance de vie est nettement infé-rieure à la moyenne française :41ans pour les femmes et 56 anspour les hommes, contre uneespérance de vie nationaleautour de 80 ans. Si cette étuden’est pas exhaustive, elle sou-ligne l’urgence àmettre en placeune prise en charge adaptée,notamment un parcours desoins efficace.

Page réalisée parFanny Costes

Les dirigeants de l’équipementier automobile Trèvesont annoncé un plan de 355 départs volontaires sup-plémentaires par rapport aux 312 annoncés en novembre. Le groupe apourtant bénéficié du soutien du Fonds de modernisation des équipe-mentiers automobiles, détenu pour moitié par l’État. Cela « montre l’inef-ficacité des aides accordées aux entreprises en l’absence de véritablescontreparties effectives dans l’immédiat et mesurables dans la durée »,déplore le PS.

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Durban II : les droits de l’homme ne sont pas négociablesEn 2001, à Durban, en Afrique du sud, la conférence contre le racisme avait été lethéâtre de dérapages inadmissibles : provocations antisémites, relativisme de cer-tains droits (celui des femmes en particulier). L’enjeu de la conférence de Genève– dite Durban II – était cette fois de ne pas laisser le terrain de la diplomatie inter-nationale aux seules mains des avocats de l’obscurantisme. Le Parti socialiste ademandé que la France quitte la séance lors de la prise de parole du Président ira-nien Ahmadinejad, qui s’est une nouvelle fois illustré par des propos inadmissibles,et a appelé à une extrême vigilance quant au contenu de la déclaration finale(condamnation de l’antisémitisme et de l’holocauste, refus de toute discrimination,notamment à l’égard des femmes et des homosexuels). Désormais, la défense et ledéveloppement des droits de l’homme devra passer par le Conseil des droits del’homme de l’ONU, auquel les États-Unis ont souhaité à nouveau adhérer. Un signed’ouverture et d’espoir.

L’imaGe De La semaineSalva

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EN IMAGE ■ Actualités

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Le 21 avril, à Nice, NicolasSarkozy a dévoilé sesmesures destinées à luttercontre les « bandes organi-sées » et la délinquance.Depuis 2002, 23 textes sontvenus gonfler l’arsenalrépressif contre la délin-quance. Pourtant, les chiffressoulignent une progressiondes violences. Un bilan cala-miteux que la droite tente demasquer sous des discoursultra-sécuritaires, àl’approche des électionseuropéennes.

Se refaire une santé enmisant sur l’insécurité.C’est le nouveau pari de

Nicolas Sarkozy qui a renouéavec son discours sécuritaire.Ce sera aussi le thème majeurde la campagne de l’UMP pourles Européennes. En déplace-ment à Nice, le 21 avril, le chefde l’État a donné le ton : popu-liste et démago. Parmi lesmesures annoncées, celle-ci :le simple fait d'appartenir àune bande sera passible detrois ans de prison. « Je ne lais-serai pas le phénomène desbandes s'installer, a expliquéNicolas Sarkozy. J'ai vu deuxreproches, ceux qui disentc'est liberticide - je ne vois pasen quoi c'est liberticide - soitc'est inefficace, il faudraitsavoir, soit c'est liberticide, soitc'est inefficace. Il avait déjàtesté ces annonces le 18 marsà Gagny (93). Quelques joursplus tôt, dans cette même

ville, une vingtaine de jeunesarmés et encagoulés avaientenvahi un lycée de la ville etblessé douze personnes.Comme à son habitude,Nicolas Sarkozy surfe surl’émotion pour prendre denouvellesmesures répressives.Depuis 2002, 23 textes législa-tifs ont ainsi vu le jour et pour-tant la délinquance n’a cesséd’augmenter. Les violencesaux personnes ont progresséde 2 à 3% en 2008. Les vols àmain armée de 17%.Le bilan del’ancien premier flic de Franceest désastreux. « Le gouverne-ment a continué à réduire les

moyens et les missions desforces de l’ordre.On n’a de plusen plus de lois et des sanctionsde plus en plus dures, maiselles ne sont pas appliquées.La valorisation de la répressionà court terme va à l’encontrede la sécurité à moyen et àlong terme, de nos conci-toyens », a dénoncé MartineAubry lors d’une conférence depresse le 14 avril.

Un fait divers, une loi

Cette politique du coup parcoup – un fait divers, une loi -se révèle contre-productive.

Sécurité : l’échec de l’UMP

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Les juristes eux-mêmes esti-ment que l’inflation législativeles pénalise. Elle peut mêmecontribuer à affaiblir la démo-cratie. « Les outils pénaux exis-tent déjà. L’inflation législativeest non seulement inefficace,mais vient aussi mettre endanger les principes de l’Étatde droit, déplore LaurentMucchielli, sociologue spécia-liste des questions de délin-quance. Car, à multiplier lessanctions à chaque fois qu’unfait de délinquance agite lesmédias, on risque de mettre àmal certaines libertés. Nousavons vu, par exemple, une

augmentation considérabledes gardes à vue, des abus ontété constatés, sans que cela nese justifie dans les résultats. »Pire, certains textes votés nesont toujours pas entrés enapplication. C’est notammentle cas de la loi « prévention dela délinquance » demars 2007.« Il faut absolument sortir dela rhétorique du Président quivoudrait nous faire croire ques’attarder sur les causes de ladélinquance, c’est être com-plice des auteurs de violence,explique Laurent Mucchielli.Nous savons pourtant quel’échec scolaire est l’une descauses majeures de la délin-quance. Mais entend-on legouvernement sur ce sujet ? Leplan banlieue de Fadela Amaran’est pas à la hauteur. »

Cagoule

Inefficace, la politique sécuri-taire du gouvernement estégalement insuffisante. « Lagauche se veut plus responsa-ble, explique Marisol Touraine,secrétaire nationale du PS à lasécurité. Il faut une meilleurearticulation entre les lois exis-tantes, donner les moyens à lapolice judiciaire et aux magis-trats de poursuivre vite etdurement les auteurs degraves violences. Enfin, il fautpenser ces sanctions et l’actiondes forces de l’ordre dans unepolitique globale de préven-tion de la délinquance. Ladélinquance ne naît pas derien. Il faut être aux côtés desassociations,des éducateurs,etdes municipalités pour mener

une vraie politique d’accompa-gnement. » C’est d’ailleurs cequ’essaient de faire les mairiessocialistes. À Aulnay-sous-Bois,Gérard Ségura, a mis en place,depuis les émeutes de 2005,une cellule de veille quiregroupe le maire, des mem-bres de la police nationale etmunicipale, la protection judi-ciaire de la jeunesse ou encoredes médiateurs. « Nousessayons d’anticiper au maxi-mum et c’est de cette façonque nous avons réussi à dés-amorcer les trois quarts de cequi aurait pu tourner enconfrontations », explique lemaire socialiste au quotidienLibération, le 15 avril. Mais lesvilles ne peuvent ni ne doiventassurer, seules, la sécurité duterritoire. Pourtant la guerredes textes, engagée par ladroite depuis 2002, a coïncidéavec une baisse des moyenspour la justice, des suppres-sions de personnels policiers etdes diminutions drastiques desubventions aux associationsprésentes dans les quartiers.Seul pas franchi par l’État, lacréation des Uteq (Unité terri-toriale de quartier), une policede proximité bis. Mais il ne lesdote pas demoyens suffisants.Et aujourd’hui, Nicolas Sarkozyannonce une nouvelle sanc-tion à l’encontre de tout mani-festant portant une cagoulelors d’undéfilé.S’il échoue radi-calement à être le président dupouvoir d’achat, il est définiti-vement le président de larégression des libertéspubliques.

Fanny Costes

FRED

DUFO

UR/A

FP

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Actualités ■ FRANCE

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Sous l’égide de Jean-MarcAyrault, les députés socia-listes comptent bien faire

valoir leurs arguments le 30avril prochain. La premièreproposition de loi vise à fairecontribuer davantage à la soli-darité les plus hauts revenuset àmettre un terme aux abusen matière de rémunérationsde certains dirigeants d’entre-prise. « Nous voulons mettreun terme aux injusticessociales créées par le bouclierfiscal et les rémunérationsexcessives de certains diri-geants d’entreprise qui perçoi-vent par ailleurs des aidespubliques sous forme de reca-pitalisation. C’est d’ailleurs cequ’Obama a fait aux Etats-Unis », explique le présidentde groupe. Ce texte n’estqu’une étape qui ouvre ledébat.Le deuxième texte présenté

par les socialistes concerne« l’augmentation des salaireset la protection des salariés etdes chômeurs », et a pourobjet non seulement d’appor-ter une réponse rapide à labaisse du pouvoir d’achat, derelancer la consommation,mais au-delà, de réorienter ladistribution des richesses ausein de l’entreprise. Il proposede soumettre le maintien desallègements de cotisations fis-cales à la conclusion effectived’accords salariaux annuels.

Triptyque républicain

« Une mesure qui prendratoute sa valeur si elle est cou-plée à une augmentation duSMIC, comme le prévoit le pre-mier article de notre texte »,souligne Jean-Marc Ayrault.L’objectif est de faire valoir quel’augmentation des salaires

est la seule véritable réponse àla situation actuelle et decondamner le dispositif d’exo-nération des heures supplé-mentaires, destructeur d’em-plois.Enfin, les socialistes propose-ront de mettre un terme au«délit de solidarité » quimenace les bénévoles et les tra-vailleurs sociaux aidant lesmigrantsàvivreouàsurvivreaujour le jour. Les exemples nemanquent pas. Ainsi, le 16février dernier, après l’arresta-tion d’un compagnon d’Em-maüs en situation irrégulière, leresponsable de la communautéest placé en garde à vue et leslocaux de l’association sont per-quisitionnés par les services depolice. «Ces citoyens ne fontpourtant que décliner le trip-tyque républicain en n’oubliantpas son dernier terme, la solida-rité », s’insurge le président dugroupe socialiste. Les passeurs,les marchands d’hommes doi-vent être sanctionnés lourde-ment.Néanmoins, il ne faut pasplacer sur le même plan,réseauxcriminelset aidehuma-nitaire. La législation françaisepermet pourtant aujourd’huicet amalgame. »Legouvernement et lamajoritéont multiplié les déclarationscondamnant les abus enmatière de retraite chapeau, degolden parachute et de stock-option. Il ne tient qu’à euxd’être au rendez-vous le 30 avrilprochain, dans l’hémicycle.

Ariane Vincent

Le 30 avril, à l’Assemblée, le groupe socialistemettra à pro-fit la « niche » parlementaire dont il dispose pour propo-ser trois textes de loi.Trois textesmajeurs pour encadrerles hauts revenus,protéger les salariés et les chômeurs etenfin pour supprimer le « délit de solidarité ».Trois textesvisant à « mettre un terme à des injustices flagrantes ».

Le « trois en un » des députés

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Après les révélations duquotidien Libération surles propos tenus parNicolas Sarkozy au sujetde leaders politiques inter-nationaux, l’arrogance duPrésident français a étédénoncée par l’ensemblede la presse internationale.Le style bling-bling et sesdérives éclatent à la facedumonde.

«On le connaissaitvantard, hyperac-tif et familier,

mais cette fois, Nicolas s’estsurpassé. En l’espace d’unrepas, Sarko rabaisse Obama,traite Angela Merkel aveccondescendance, et insulte lePremier ministre espagnol.Seul Berlusconi est épargné »,écrit le quotidien anglais TheGuardian. Une réaction cin-glante, après l’informationselon laquelle le chef de l’Étatfrançais aurait ponctué sondéjeuner de travail avec 24parlementaires, le 15 avril, depiques sur ses homologuesétrangers. Au sujet d’Obama,il aurait déclaré : « Un espritsubtil, très intelligent et trèscharismatique. Mais il est éludepuis deux mois et n’ajamais géré un ministère desa vie ». Et à propos deZapatero : « Il n’est peut-êtrepas très intelligent. J’enconnais qui étaient très intel-

ligents et qui ne sontpas allés au second tour del’élection présidentielle. »

Calamiteux

Une arrogance que lesFrançais connaissent biendésormais,mais que lemondedécouvre aujourd’hui. Avecconsternation. « Le regard dela presse internationale sur lePrésident français était déjà«assassin ». Les critiques vontparfois beaucoup plus loinque dans les médias français,analyse Jean-Laurent Poli,journaliste indépendant etauteur de Sarkozy, la cassuresociale (1). Paradoxalement, entermes de communication,

son image est cependantmeilleure à l'international quedans son propre pays.Cependant ses récents juge-ments à l'emporte-pièce depersonnages élus démocrati-quement et appréciés dansleurs pays respectifs risquentde nourrir un mépris sinonune détestation. C'est diplo-matiquement calamiteux. »Une analyse confirmée dansles colonnes des journaux dumonde entier. Le 17 avril, leNew York Times titrait : « Unrepas avec Sarkozy : bro-chettes de dirigeants aumenu. » Dans l’article, onpouvait lire ces mots : « Le

président Sarkozy est connupour son amour de l'action.Mais il aime également sevanter et se moquer de sescollègues dirigeants dumonde. » Le style Sarkozy n’aplus de secrets pour personne.Ses bassesses non plus. PourJean-Laurent Poli, « quand onregarde avec attention lespropos de Sarkozy, notam-ment ce qu'il déclare sur l'in-telligence, il semble acté pourlui qu'un imbécile puisse arri-ver au pouvoir, c'est sa gloire.Ce n'est plus « la fin justifie lesmoyens », c'est un encourage-ment pour les imbéciles : oui,ils peuvent ! » Ils peuventaussi se taire.

Fanny Costes(1) City Éditions

Flop du sarkoshowsur la scène internationale

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Actualités ■ FRANCE

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Tensions. Filiale à 70% dugroupe Peugeot, Faurecia,conçoit ses sièges auto-

mobiles à Étampes, au Sud del’Essonne. Ce 9 avril, une foulede caméras se presse devantl’entrée. Les journalistesreprennent en choeur lamêmequestion : « Pourquoi avez-vous séquestré troisdirigeants ? » La réponse fuse,ironique : « Le Comité centrald’entreprise (CCE) a été pluslong que prévu. Nous sommessouvent retenus au travail,mais n’appelons pas la policepour autant ! », font mine des’étonner Emmanuel Pioche, lesecrétaire du CCE,et le déléguésyndical Jean-Marc Judic, tousdeux de la CFDT.Direction et salariés s’oppo-sent sur la suppression,annon-cée fin 2008, de 1200 emplois,dont près de 400 cadres àÉtampes. Huit sites sont tou-chés en France. « Ces pertesd’emplois auront un impacttrès important sur le sud del’Essonne, qui reste en grandepartie rural en raison de son

éloignement de la capitale.D’autant que les plans sociauxse succèdent de manière dra-matique», dénonce Claire-LiseCampion, sénatrice socialistede l’Essonne et vice-présidenteauConseil général.Ces emploissont délocalisés, effilochantpetit à petit tout l’équilibreéconomique et social d’unenation.

Délocalisation

Sur le site d’Étampes triment500 ingénieurs et techniciens.S’y ajoutent 700 salariés admi-nistratifs. Ces dernièresannées, le site comprenait éga-lement une usine avec1200ouvriers.Celle-ci a été fer-mée après la suppression des300 derniers postes, fin 2007.« La direction nous avait pro-mis de faire d’Etampes soncentre de recherchemondial. Àla place, elle nous impose laperte d’un nouveau pan denotre patrimoine industriel carces emplois très qualifiés ne

reviendront pas », lâche Jean-Marc Judic. D’abord lesouvriers, puis les ingénieurs. Ilest à craindre que le personneladministratif soit, à terme, luiaussi délocalisé dans des payseuropéens à bas coûts.Les syndicats et les élus socia-listes de l’Essonne s’opposentau projet de Faurecia. « Larecherche du groupe sera dés-organisée, comme l’indiquel’étude du cabinet Syndex.Cette activité sera répartieentre l’Inde, la Chine, laPologne et l’Allemagne. Ce nesera pas facile de collaborerentre chercheurs et techni-ciens », analyse EmmanuelPioche. Et en cas d’erreur, il fau-dra renvoyer les sièges de siteen site. Où est l’économie ?Selon la CFDT, l’argumentationde la direction est sommaire :pour le coût d’un ingénieurfrançais, Faurecia peut enemployer trois en Pologne.«Depuis l’élargissement de2004, la concurrence prévautentre les pays européens alors

Spécialiste du siège automo-bile, le site Faurecia agonise.L’usine de production a fermél’an dernier. Aujourd’hui, cesont les services généraux etla recherche et développe-ment qui sont menacés.Touché par la crise, Faureciasièges automobiles prévoitde supprimer 1 215 postes.Reportage sur le sited’Étampes.

Les salariés de Faurecia sur d

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■11qu’en 1986 nous avions

accueilli l’Espagne, le Portugalet la Grèce avec des fondsd’aide leur permettant d’éleverleur niveau de vie, rappelleHarlem Désir, tête de liste auxEuropéennes pour l’Ile-de-France, venu soutenir les sala-riés. Pour mettre fin à ce dum-ping social, nous voulons ins-taurer un salaire minimumpartout en Europe et travaillerleur convergence. »

Réponse politique

La stratégie menée par legroupe Peugeot est en partieresponsable des pertes de safiliale. Dans les années 1990,Faurecia tenait 80% du mar-ché français du siège automo-bile.Mais « Peugeot et Renaultse sont tournés vers desconcurrents américains alorsque, parallèlement, ils nousimposaient des gains de pro-

ductivité de 3% par an, nousobligeant à délocaliser notreproduction », rappelle Em-manuel Pioche. « Il faut uneréponse politique, car nosenfants ont besoin de cetteindustrie appelée à se dévelop-per avec les nouvellescontraintes écologiques», ob-serve Jean-Marc Judic. Sinon àterme, des dizaines de milliersd’emplois seront condamnés.« Une fois la production délo-calisée, les activités derecherche suivent. Il faut met-tre en place une politiqueindustrielle à l’échelle de laFrance et de l’Europe », relèveCarlos Da Silva, premier secré-taire fédéral de l’Essonne etconseiller général en chargedes relations avec les syndicats.« Le type de comportementadopté par le groupe Peugeot -recherche de profits très éle-vés, retour sur investissementrapide, abandon de toute poli-tique industrielle - est à l’ori-gine de la crise. L’État ne doitpas laisser faire », s’insurge

Michel Berson, présidentsocialiste du conseil généralde l’Essonne, qui rappelle quele département finançait unprojet de recherche deFaurecia et s’apprêtait à amé-nager l’accès de la zone indus-trielle. De son côté, l’État aprêté 3,5 milliards d’euros augroupe Peugeot pour traverserla crise. Une partie de cettesomme va permettre d’injec-ter des fonds dans Faurecia,moyennant une montée aucapital du groupe à hauteur de90%.

L’État en faute

Malgré cela et malgré le faitqu’une voiture est produite à70% par les équipementiers,les filiales des constructeursne sont pas tenues de préser-ver les unités de production enFrance. « L’État n’a exigéaucune contrepartie, contrai-rement aux promesses télévi-sées de Nicolas Sarkozy desubordonner cette aide aumaintien de l’activité enFrance », poursuit MichelBerson. Plus étonnant encore,« un fonds européen de recon-version a été mis en place etrenforcé sur l’insistance desdéputés européens socialistes.L’État commet une faute enn’en faisant pas bénéficier lessalariés de Faurecia, enmatière de formation et deréinstallation», pointe HarlemDésir. Une faute de plus.

Olivier Vilain

LA FRANCEEN CRISE

ÉTAMPES

r des sièges éjectables

Harlem Désir, venu soutenir lessalariés de Faurecia.

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Actualités ■ ÉLECTIONS EUROPÉENNES

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À l’Est, un rAprès avoir été frappé de plein fouet par la crise du textile, celle de la sidérurgie et de lamétallurgie, la crise économique actuelle n’épargne aucun secteur de l’Est. L’annoncerécente de la fermeture du site ArcelorMittal de Florange pour plusieurs mois aumoinsvient éroder davantage les compétences d’un territoire qui entre dans la campagneeuropéenne pour défendre un autremodèle de développement.

• Arcelor-Mittal,Henkel…le bras de fer pourl’industrie de pointe

Symboles industriels duGrand Est, ce sont tour à tourAmora-Maille en Bourgogne,Henkel en Champagne-Ardenne, General Motors enAlsace, Peugeot en Franche-Comté ou encore ArcelorMittalen Lorraine qui font les frais dela crise. Des entreprises où lessalariés ont pourtant acquisdes savoir-faire incomparableset se trouvent à la pointe de larecherche-développement.« Les fermetures de l’aciérie etprochainement du laminoirsur le site de Gandrange, l’arrêttotal du travail à Florange,affaiblissent considérable-ment le tissu sidérurgique enLorraine, témoigne EdouardMartin, délégué CFDTd’ArcelorMittal à Gandrange. Iln’y a pas de vision d’ensembleà l’échelle européenne alors

que la sidérurgie lorraine estune force pour nos pays. Cesdernières années, nous avonsété à la pointe de l’innovationtechnologique en créant denouveaux aciers plus légers etbeaucoup plus résistants.L’acier est un matériau recycla-ble à l’infini.Notre industrie estporteuse d’emplois et de pres-tige. » La campagne socialistedans le Grand Estmet un pointd’honneur à défendre ces com-pétences. D’autant qu’ellesparticipent à la structurationd’un nouvel appareil productif.Les syndicats d’ArrcelorMittalont fait de nombreuses propo-sitions pour préserver lesemplois et développer un pôled’excellence sidérurgique enLorraine, avec comme pointsforts la mise en place d’outilsde formationpour les jeunes, latransmission de savoir-faire,mais aussi, par exemple, ledéveloppement du transportfluvial. À proximité du portd’Illange, le site de Gandrangeest idéalement placé. À l’Est,« les réseaux fluviaux pour-raient être développés à côtédu fret. Meilleures pour la pla-nète, ces solutions auraient enplus l’avantagededésengorgerles routes », ajoute ÉdouardMartin.

• Une économie quipasse au vert

Dans leur programme de cam-pagne, les socialistes du GrandEst en font un enjeu majeurpour leur région et l’Europeentière. « Construire un nou-veau modèle passe par l’inves-tissement massif dans l’écono-mie verte ». Un modèle quitrouve un terrain favorabledans l’Est de la France. La sur-face forestière reste insuffi-samment mise en valeur.« Dans les massifs monta-gneux, dans les Vosges parexemple, nous pouvons créerdes routes forestières. D’autrepart, les différentes propriétéssont aujourd’hui très morce-lées. En fondant des associa-tions de propriétaires, il serapossible d’exploiter le bois et dele vendre à une bien plus largeéchelle », explique Anne-Marie

Chaquesemaine,l’hebdofait lepoint sur les

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n renouveauForcinal, colistière de la listesocialiste pour les Européenneset vice-présidente du conseilgénéral du territoire de Belfort.Pour le Grand Est, il s’agit nonseulement de diversifier sonactivité, mais aussi d’être créa-teur d’emplois d’avenir. Lemême effort est nécessairedans les domaines de l’énergiesolaire et photovoltaïque. Lescollectivités locales socialistesont déjà accordé les aides auxparticuliers qui privilégiaientdes installations vertes, mis enplace des formations, mais lesecteurdesénergies renouvela-bles a du mal à décoller. « Lafilière bloque car les fondsaccordés par l’Europe sont tropdispersés. Il faudrait uniformi-ser les pratiques, avoir une poli-tiquedesprix incitative sur l’en-semble de l’Europe », estimeencore Anne-Marie Forcinal.

• Protéger les victimesde la crise

Un pacte de progrès socialdevient essentiel dans uneEurope fortement touchéepar le chômage. Dans leGrand Est, ce sont plus de3 000 emplois dans lesgrandes entreprises qui ontdisparu depuis le début del’année. Après avoir revendi-qué une Europe de paix, demarché, il est temps deremettre le citoyen au cœurde l’Europe. Édouard Martinestime que la seule politique

française ne peut protéger lessalariés qui connaissentdes difficultés : « Comme laSécurité sociale en France quinous protège à égalité faceaux problèmes de santé,l’Europe doit se doter d’unsystème de sécurisation desparcours professionnels, desgaranties sociales en tempsdurs et des propositions deformation ». « Si l'UnionEuropéenne n'adopte pas unepolitique communautairecohérente autour d'objectifsciblés, nous pourrons craindrele pire avec la succession encours de mesures nationalesdispersées et jouant les unescontre les autres. Il nous fautdonc lutter contre le dumpingfiscal et social, aider le déve-loppement des pays de l'Est

récemment entrés dans l’UEpar des financements régio-naux importants, commeceux qui ont permis àl'Espagne et au Portugal des'en sortir. En échange degaranties sur leur renonce-ment à l'arme fiscale, l'Uniondoit accroître le soutien à cespays et les inciter à instaurerun salaireminimum (60 % dusalaire médian) et parfaireleur protection sociale etleurs services publics », écritsur son blog Aurélie Filippetti,candidate sur la liste GrandEst. Car il existe aujourd’huiune grande incohérence àconstruire un marché com-mun sans pouvoir en fairebénéficier les Européens eux-mêmes.

Fanny Costes

sur lesgrandsenjeuxdesEurorégions Est

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Avec 5 régions et 18 départements, l’eurorégion Est détient le triste recorddes licenciements ces six derniers mois. Catherine Trautmann, tête de liste,tient à s’emparer du volet social duManifesto, le programme commun àl’ensemble des socialistes européens, pour engager les Français vers uneautre Europe.

Comment entamez-vous cettecampagne sur le terrain ?Avec détermination ! LesFrançais ne sont pas encorebranchés sur l’échéance, etcette élection, à un tour à laproportionnelle, n’est pas for-cément évidente pour tous.La clé de la réussite estd’abord de réunir les siens. Lapremière étape de notre cam-pagne consiste donc à mobili-ser les premiers secrétairesfédéraux ainsi que des éluspour engager le dialogue.Ensemble, nous devons trans-mettre l’idée d’une Europeinstrument de confiance etde solidarité. C’est sur cepoint que la droite a échoué.Nous devons montrer quenous sommes véritablementl’alternative.

Quels sont vos axes de cam-pagnes ?La présidence française del’Union et du Conseil n’a pasrépondu à la question poséeau moment du référendum :un agenda social parmi lespriorités des travaux del’Union. Nous l’avions pour-tant proposé, avec la déléga-tion socialiste française. Maisl’administration Sarkozy l’arefusé, préférant avancer surd’autres sujets comme celuide l’immigration. La France alimité la capacité d’actionpositive de l’Union dans lesdomaines sociaux, mais aussidans ceux de la solidarité, dela santé, de l’écologie… Nousdevons imposer des disposi-tifs qui permettent d’antici-per et d’avoir une politique

positive de progrès, celle dupacte social du Manifesto etainsi assurer, par exemple, cefilet de sécurité qu’est lasécurité sociale profession-nelle, à l’échelle de l’Union.Deplus, nous devons exposerl’Europe comme un acteurglobal mais aussi local pourune Union concrète et utile,fondée sur le droit et la régu-lation. Après l’étape fonda-trice de la paix des nations,nous sommes maintenantdans le temps de la justicesociale, la justice humaine, lajustice civile.

Quelles vont être les pro-chaines étapes de votre cam-pagne ?Nous organisons,avec les fédé-rationsdes 18départementsdenotre grande région, un rallyedeproximité pour aller à la ren-contre des associations et desentreprises. Le Parlement euro-péen est aujourd’hui l’institu-tion qui suscite le plus deconfiance, et paradoxalement,on ne retrouve pas cette don-née lors de la mobilisationélectorale. À nous de jouer !

Propos recueillis parAriane Vincent

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« Une Europe, instrument deconfiance et de solidarité »

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ÉLECTIONS EUROPÉENNES ■ Actualités

P our nous, les électionseuropéennes sont cru-ciales à plus d’un titre.

D’abord parce que nous vou-lons que l’Europe qui passepour la cause de tous lesmaux,soit la source de toutes lessolutions.Mais pour y arriver, ilfaut commencer par la réorien-ter. La politique ne s’arrête pasaux portes des institutionseuropéennes. Le Parlementeuropéen procède du choixdémocratique des peuples etles autres dirigeants des insti-tutions européennes appar-tiennent tous à des partis poli-tiques. Il y a donc des explica-tions idéologiques aux déci-sions politiques, même quandelles sont européennes.Aujourd’hui, l’Europe est diri-géepar unemajorité libérale etconservatrice. L’élection euro-péenne sera le moyen d’infli-ger une double sanction carNicolas Sarkozy et Barroso font

la même politique et ils parta-gent le même bilan. Il s’agit dechanger de majorité auParlement européen pourchanger de politique.Un exemple :Onnepeut impo-ser la clause sociale revendi-quée par la Confédérationeuropéenne des syndicats aveclamajorité actuelle car elle pro-pose de garantir les droitssociaux avant lemarché qui estdéfendu par la majorité PPEsortante.

Le choix de l’efficacitéNous le dirons dans la rue le1er mai avec notre cortège.Nous le dirons à Toulouse le 24avril avec l’ensemble des têtesde listes socialistes euro-péennes. Nous le dirons sur lesmarchés et les campus, auxportes des usines et des entre-prises, dans nos quartiers etdans nos campagnes et aucours de plus d’un millier de

réunions dans toute la France.Nous associons la campagnepour la signature de la pétitionpour l’abrogation du paquetfiscal à la campagne euro-péenne. Nous militerons pourun plan de relance écono-mique européen, pour uncontrat de justice sociale etécologiste.Alors, nous sommes détermi-nés et prêts. Ce n’est pas lecas des autres. L’UMP n’aencore ni liste ni programme.Les socialistes ont leurs listes,leur programme communeuropéen – ils sont les seuls –et leur stratégie.Ce ne sera pas une campagnefacile car avec un scrutin à laproportionnelle, il n’y a qu’unseul tour et la dispersion seraune tentation pour les élec-teurs et un souci pour les par-tis. Mais nous disons aux élec-teurs qu’ils doivent faire lechoix de l’efficacité. Seul le PSest en mesure de construireavec les partis du PSE unemajorité au Parlement euro-péen. C’est l’UMP qui profiterade l’abstention et de la disper-sion. Il ne faut pas leur faire cecadeau. Dans cette campagne,l’engagement total de chaquemilitant, chaque élu est fonda-mental. Nous voulons battre lelibéralisme là-bas pour mieuxle combattre ici.

Jean-Christophe Cambadélis

Européennes 2009 :notre stratégie pour gagner

Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national à l’Europeet l’International, est le directeur de la campagne desélections européennes du 7 juin prochain. Pour l’Hebdo,il détaille la stratégie du Parti socialiste.

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Actualités ■ INTERNATIONAL

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L’élection de Barack Obama a suscité d’immenses espoirs, aux États-Uniscomme dans le reste du monde. 100 jours plus tard, qu’en est-il ?Le point avec Pierre Melandri, historien, spécialiste des États-Uniset auteur d’une Histoire des États-Unis contemporains(éditions André Versaille).

L’état de grâce est-il toujoursd’actualité ?Globalement, le premier bilande l’action de Barack Obamaest très positif. Sur le planintérieur, il a réussi à arracherdans de très brefs délais unimportant plan de relance.Sur le plan extérieur, il estparvenu à donner une nou-velle image de l’Amérique,celle d’une Amérique quiécoute plus qu’elle ne dicte.Cela se manifeste notam-ment à travers sa volonté derenouer avec le mondemusulman. Du coup, l’opinionlui est toujours très favorable(à plus de 60 %) car son lea-dership inspire confiance.

L’heure de la désillusion n’adonc pas encore sonné ?Non. Néanmoins, Obama doitgérer un héritage très lourd etsa tâche est extrêmement diffi-cile. D’autant que les élus répu-blicains qui constituent un blocidéologiquement très homo-gène, sont bien décidés à ne luiapporter aucune aide. Du faitde son approche éminemmentcentriste, le président s’exposeaux risques inhérents à toutepolitique du « juste milieu ».

D’un côté, il doit faire face auxcritiques des Républicains quivoient en lui un gauchiste radi-cal et de l’autre, il subit la pres-sion des démocrates les plus« libéraux » qui le jugent tropsensible aux problèmes deWallStreet.

Des critiques se font tout demême déjà entendre. Notam-ment celles de Paul Krugman,Prix Nobel d’économie, quiconteste le plan de relance…Sortir le pays de la crise consti-tue le plus grand défi pourBarack Obama et certains sedemandent si sa politiquen’est pas trop timide. PaulKrugman rappelle par exem-ple que le plan de relance esten deçà de ce qu’il faudraitpour combler les 2 900 mil-liards de création de richesseque les États-Unis pourraientperdre au cours des trois pro-chaines années. L’autre diffi-culté sera de concevoir un plande sauvetage du systèmefinancier qui ne provoque pasun réflexe de rejet d’unCongrès sensible à la colèrepopulaire à l’encontre d’unmonde de la finance perçucomme insensible et arrogant.

De la même manière, certainsdéfenseurs des droits del’hommemanifestent une rela-tive déception.C’est encore une retombéed’un positionnement cen-triste. En rupture avec Bush,Obama a aussitôt interdit latorture, fermé les sites clan-destins de détention de la CIAet annoncé la fermeture deGuantanamo. Mais il ne semontre pas pressé d’abroger laloi sur les écoutes ou le PatriotAct et, tout en laissant sondépartement de la Justicepublier des mémos accablantspour l’Administration anté-rieure, il s’oppose à toute pour-suite contre les agents de laCIA. La sécurité des Américainsest son absolue priorité. Et ilne veut pas prêter le flanc auxcritiques des Républicainsprompts à l’accuser de rendrele pays vulnérable. Peut-êtreaussi ne souhaite-t-il pas sepriver d’outils qui pourraientlui être utiles. Il n’a rien d’ungauchiste angélique, etbeaucoup d’un réaliste prag-matique.

Sur le plan international, saprincipale promesse était de

« Barack Obamad’une politique

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retirer les troupes d’Irak. Oùen est ce processus ?Mêmes’il enaunpeu reculé lesdélais, il tient cette promesse. Ilveut recentrer la guerre contrele terrorisme en Afghanistan.Sur ce terrain, on peut observerune certaine continuité avecBush, notamment dans l’envoide troupes supplémentaires etdans le recours aux frappes dedrones sur les zones tribales.Une politique à double tran-chant car si elle s’avère très effi-cace pour éliminer l’adversaire,elle dresse, du fait des dom-mages collatéraux, les popula-tions locales contre les États-Unis. La rupture est tout aussigrande, dans la volonté de trai-ter la zone Afghanistan –Pakistan comme un tout(Afpak), dans celle de mettrel’accent sur l’aide économiqueet dans le projet « d’afghani-ser » à terme la guerre.Plus généralement, alors que lavision du monde de Bush étaitdominéepar l’idéologie,Obamadéveloppe une vision réalistedont le premier moyen d’actionn’est pas l’outil militaire,mais ladiplomatie et le dialogue.

C’est ce qui explique notam-ment sa volonté de dialogueavec l’Iran ?Dans son discours vidéo pour leNouvel an iranien adressé auxdirigeants du pays,Obama a eneffet accepté la « République

islamique » etmis l’optionmili-taire sur la touche.Mais il resteà voir si l’Iran entend réelle-ment négocier ou seulementfaire traîner les choses, tandisqu’il progresse dans son pro-gramme nucléaire.

Et que dire de sa relation avecl’Europe ?S’il suscite une immense sym-pathie dans l’opinion du VieuxContinent, Obama inspire dessentiments plus mesurés à sesdirigeants. Ils savent qu’il aavant tout été élu pour défen-dre les intérêts américains etqu’il risque d’être soumis à defortes pressions protection-nistes de la part du Congrèsdémocrate. Eux-mêmes sontpar ailleurs plus que réticentsà répondre à ses appels à l’aideen Afghanistan.

Quelles vont être les pro-chaines étapes décisives ?En politique étrangère, il lui

faudra gérer à la fois le retraitd’Irak et la situation très alar-mante au Pakistan, dont le pirepeut sortir tout en s’efforçantde trouver un compromis sur leprogramme nucléaire iranien.Sur le plan intérieur, ses priori-tés seront de sauver un sys-tème bancaire déstabilisé,d’enrayer au moins partielle-ment la montée du chômageet surtout d’essayer de mettreà profit la crise pour promou-voir rapidement, face auxrisques de grippage du proces-sus législatif et aux pressionsdes lobbies, ses grands projetssur l’éducation, l’environne-ment et la santé.C’est un programme ambi-tieux, à la hauteur du lourdhéritage qu’il a endossé. Il aprouvé qu’il avait les qualitésnécessaires pour espérer pou-voir le faire.Seule la suite dira sielles sont suffisantes.

Propos recueillis parElisabeth Philippe

ae

s’expose au risquedu juste milieu »

AFP/

Man

delN

gan

Barack Obama, au milieu des troupes américaines,lors de sa visite en Irak, le 7 avril.

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Territoires ■ FACE À LA CRISE

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La droite promet en vain. Lagauche agit sur le terrain.Pour soutenir l’économie

locale, le pouvoir d’achat etagir vraiment contre la crise.Et, plus généralement, venir enaide aux plus démunis, dure-ment éprouvés par la réces-sion et l’injustice d’une poli-tique catégorielle menée delongue date par la droite.Parmi les grands oubliés dugouvernement, les salariés vic-times de licenciements écono-miques. C’est alors la régionqui prend le relais en mettantau point un fonds d’urgencepour assurer leur reconversion.

ReclassementEn Rhône-Alpes, ce dispositifinclut un plan de formationet un volet d’aide auxinstances représentativesdu personnel. Doté de500 000 euros annuel, ce« Pass reconversion » s’adresseprioritairement aux publicslicenciés, à faible niveau dequalification. Manière, pour lesélus, d’accélérer leur retour àl’emploi, en concertation avecles Assedic. L’exécutif socialistepropose ainsi de compléter

l’action de l’État en prolon-geant de six mois, maximum,la durée des cellules de reclas-sement, programmées initiale-ment sur un an.Le volet économique destinéaux instances représentativesdu personnel prévoit, pour sapart, le versement d’une enve-loppe d’un montant maximumde 15 000 euros, pour soutenirles principaux intéressés dansleur démarche de soutien àl’emploi. Et leur permettre ainsid’obtenir le renfort d’un avocat-conseil ou de se mettre enquête d’éventuels repreneurs.Enfin, une aide financière estprévue au cas où l’entreprise se

retrouverait dans l’incapacitéde contester le plan de licencie-ment. Et prendre en charge lesfrais d’une expertise destinée àtrouver une solution idoine.

800 postes maintenusou créés

Cet outil s’intègre pleinementdans le cadre du budget « anti-crise » adopté par Jean-JackQueyranne et son équipe pouraccompagner le tissu écono-mique local. À commencer parle Fonds régional pour l’emploien Rhône-Alpes (FRERA) qui « apermis d’anticiper la crisefinancière et de soutenir unequarantaine d’entreprises au

La municipalité de Niort (Deux-Sèvres, 58 000 habitants) a sa propre recettepour conjuguer les effets de la crise : la participation de la ville à la consti-

tution et à la vie de « l’Élan coopératif niortais » qui regroupe les anciens sala-riés de la Camif, dont le but est de favoriser l’émergence de nouveaux projets,de reprises ou de création d’activités.Véritable catalyseur, l’exécutif piloté par Geneviève Gaillard s’efforce de mettreles acteurs en réseau, par le biais de rencontres entre élus, représentants dupersonnel et la chambre régionale de l’économie sociale (CRES). Il s’emploieégalement à développer une structure associative pouvant muter en SCIC, uneSociété coopérative d'intérêt collectif, pour faire émerger des projets d’entre-prises créateurs d’emplois, portés par les salariés sous forme de coopérativesou de sociétés coopératives ouvrières de production. B.T.

À Niort, le cas Camif

Fermetures d’usines, suppressions d’emplois. Le scénario se répètechaque jour. Pour les salariés licenciés, l’heure est au reclassement ouà la reconversion. Les régions sont là pour les y aider. En Rhône-Alpes,le « Pass reconversion » s’adresse prioritairement aux licenciés àfaible niveau de qualification. Dans le Nord, la solution transite parl’hébergement et l’accueil d’entreprises, créatrices d’emplois.

Chacun sa versionde la reconversion

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EN BREF ■ nos élus

terme de la première annéede fonctionnement, se féli-cite le président du Conseilrégional. Ce qui représenteplus de 800 postes maintenusou créés. Les établissementslocaux ont pu ainsi constituerdes fonds de trésorerie et enga-ger des dépenses d’investisse-ment en toute sérénité ».Touché de longue date par lacrise, le conseil général du Nordmultiplie lui aussi les initiativesà l’adresse des entreprises endifficulté. Le départementconsacre ainsi une grande par-tie de ses efforts à l’héberge-ment de PME, plus connu sousle nom de « ruches » –,en phasede développement. Ce, en veil-lant au respect des équilibressociaux et économiques et ens’attachant à réduire les inégali-tés qui frappent ce territoire.Nul doute, dans ces conditions,que la réalisation ou la qualifi-cation de bâtiments destinés àaccueillir de jeunes entrepre-neurs contribueront tôt ou tardà maintenir ou à créer des acti-vités et des emplois dans unerégion tournée résolument versl’Europe.

Bruno Tranchant

La cantine pour une bouchéede pain

Fini le tarif unique. Pour permettre à toutes les famillesd’accéder à la restauration scolaire, Christophe

Sirugue, maire de Chalon-sur-Saône, et son adjointe encharge des affaires scolaires, Anne Bonniaud proposent,dès l’inscription au service Éducation, des conditionsdégressives tenant compte des revenus des ménages.Aussitôt élus, ils ont engagé des mesures politiques cou-rageuses visant à lutter contre les difficultés croissantesdes familles pour offrir des repas équilibrés à leursenfants. « Nous avons constaté que seule la moitié desenfants inscrits mangeait jusqu’alors à la cantinechaque midi, précise Anne Bonniaud. Avec la baisse dupouvoir d’achat et les problèmes de santé publique liés àl’alimentation, il nous a semblé essentiel de permettre ànos enfants de bénéficier de repas équilibrés. 70 % desfamilles payent ainsi moins cette année. »Jusqu’en septembre dernier, le tarif unique s’élevait à3,58 €. Et seules les familles à (très) faibles ressources(13,5 % des inscrits) pouvaient bénéficier d’une réduction,sous réserve d’entamer une démarche auprès du Centrecommunal d’action sociale (CCAS) et de déposer un dossieren bonne et due forme. Depuis, un guichet unique a été misen place auprès du service Éducation pour proposer destarifs variant de 0,63 € à 4,50 €, au gré du quotient de cha-cun. « Pour la ville, à qui la Sogeres facture 9,10 € par repas,

le coût est important,mais nous assumonsce choix politique quirépond aux attentesdes Chalonnais, pré-cise l’adjointe. Notrevolonté est de pré-server la qualité duservice public del’école et d’offrir àtous les enfants endifficulté les mêmeschances de réussiteet d’épanouisse-ment ». B. T.

La preuvepar l’exemple

Anne Bonniaud,adjointe en chargedes affaires socialesde Chalon-sur-Saône.

Christophe Sirugue, maire de Chalon-sur-Saône,en compagnie d’Anne Bonniaud.

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La fin justifie les moyens.Les élus socialistes mènentla fronde pour lutter contrela récession et la baisse desdotations de l’État. EnBretagne, Jean-Yves LeDrian et ses troupes sortentl’artillerie lourde pour tirervers le haut le tissuéconomique local.

Difficile, en ces temps decrise,de faire front contrel’effondrement de l’éco-

nomie réelle et les effets d’unerécession qui s’annonce plusdure que prévue. En Bretagne,comme partout ailleurs. « Leseuil des 100 000 demandeursd’emploi vient d’être franchi,soit une progression de 16,6 %de fin janvier 2008 à fin janvier2009, déplore Jean-Yves LeDrian, président du conseilrégional. Si l’on projette les pré-visions nationales du premiertrimestre sur le périmètre denotre région, ce sont3 000 demandeurs d’emploisupplémentaires qui vonts’ajouter tous lesmois. »

Comité de crise

L’automobile est le secteur leplus touché : PSA et l’ensembledes équipementiers. Plus géné-ralement, toute l’industriemétallurgique est en difficulté.Tout comme le bâtiment, sou-mis àune forte baisse d’activité,et l’agroalimentaire, lui aussi

mis à mal. Pas question, pourautant,de se résoudre à l’incan-tation ou à de simples mesuresconjoncturelles. En décembre,Jean-YvesLeDrianet sonéquipeont abondé le budget de 12mil-lions d’euros, « afin d’engagerdes financements supplémen-taires et immédiatement opé-rationnels dans le domaine del’enseignement supérieur, de laculture,du portuaire et du loge-ment ». L’efficacité de ce dispo-sitif est suivie régulièrementpar un comité de crise, repré-sentant toutes les sensibilitéspolitiques.

Anticiper

Le président du conseil régio-nal entend, en particulier,met-tre à profit le remboursementanticipé du fonds de compen-sation de la TVA sur lesdépenses d’investissementréalisées en 2008 (18 millions

d’euros), pour renforcer troisdispositifs-clés, en directiondes entreprises : le fonds degarantie Bretagne, les avancesremboursables et le fonds d’in-tervention. Une séance extra-ordinaire de l’Assemblée régio-nale est prévue dans ladeuxième quinzaine de maipour trouver des « adaptationsnécessaires » à la crise et adap-ter la formation aux réalités dumoment. « Elle sera aussiconsacrée à l’évolution desfilières économiques straté-giques de notre région et per-mettra d’anticiper leur évolu-tion post-crise, renchérit Jean-Yves Le Drian. L’automobile, lesTIC, l’agroalimentaire, la pêcheet la navale seront ainsi passésau peigne fin. « Notre respon-sabilité, c’est à la fois de répon-dre à l’urgence et de préparerl’avenir dans un contexte d’unegrande gravité », conclut l’élu.

Bruno Tranchant

La Bretagne batla crise en brèche

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FACE À LA CRISE � brèves

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Plan anti-crise dansles Bouches-du-RhôneLe département des Bouches-du-Rhône vient d’adopter unplan anti-crise pour un mon-tant de 320 millions d’euros.Pour s’assurer d’un retour, enéchange de l’effort consentipar le Conseil général en faveurdes banques, un dispositif desuivi des entreprises en diffi-culté a été mis en œuvre. Ils’appuie sur un comité de suividu crédit aux TPE et PME et unmédiateur du crédit. Les entre-prises soumises à des difficul-tés financières sont invitéesà se faire connaître auprèsdu trésorier payeur général :04 91 17 97 40.

Investir pours’en sortir

Selon une enquête menée parle Carrefour des communes, lespremières mesures anti-crise

engagées par les exécutifslocaux se concentrent sur l’in-vestissement (85 %), le renfor-cement des actions socialesengagées (12,5 %), l’embauche(2,5 %) et la baisse des tarifsdes services (1 %). Ce sont lescommunes de moins de1 500 habitants qui mettent leplus la main à la poche . 87 %d’entre elles font en effet del’investissement une priorité,contre 73 % pour les municipa-lités de 5 000 habitants et plus.Le ratio s’inverse concernantles politiques sociales (9 %contre 25 %).

Des taux quisonnent faux

Vive réaction de l’Associationdes maires des grandes villesde France (AMGVF) après lapublication, par le quotidienLes Échos, des chiffres del’étude sur les taux de fiscalité2009 des grandes collectivités

locales réalisée par le Forumpour la gestion des villes et descollectivités territoriales. Ils« ne reflètent aucunement laréalité, dénonce Michel Destot,président de l’AMGVF. L’étudeadditionne l’ensemble des tauxdes communes, des départe-ments, des régions… et del’État. Contrairement à ce qui aété annoncé, les taux de fisca-lité votés par les grandes villessur les impôts des ménagesn’augmenteraient pas de 5,1 %entre 2008 et 2009, mais de3,8 % », poursuit le député-maire de Grenoble. Avant depréciser que « les grandes villessont fortement sollicitées dansle cadre du plan de relance ». Etqu’« elles doivent trouver desrecettes supplémentaires pourmaintenir un haut niveau d’in-vestissement », sans pourautant être en mesure de pré-senter un budget en déficit,contrairement à l’État.

Bruno Tranchant

Les mensonges d’ArcelorMittal

Les élus PS du Conseil régional de Lorraine n’ont pasmanqué de pointer les « décisions contradictoiresde la direction d’ArcelorMittal, dictées par le jeu de la finance mondiale et les intérêts familiaux ».« Réduire les capacités de production dans toute l’Europe, et en particulier en Lorraine, après avoirannoncé (…) un investissement de 300 millionsd’euros sur le site de Florange, démontre bien lagestion à la petite semaine, suivant les cours de labourse, de cette multinationale », déplore Jean-Pierre Liouville, président du groupe socialiste etapparentés. Avant de s’interroger sur l’avenir dessalariés, « baladés de décisions en décisions ».« Que vont devenir les entreprises et les salariés dela sous-traitance ?, s’interroge-t-il. Doit-on s’atten-dre encore une fois à une véritable coupe claire ? »

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Actualités ■ VIE DU PARTI

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L’urgence écologique est entréede plain-pied dans le champpolitique. Comment le PScompte-t-il y répondre ?D’abord, en prolongeant et englobalisant les réflexions et lesinitiatives prises dans les col-lectivités territoriales enfaveur du développementdurable.Nous sommes précur-seurs et particulièrementactifs en la matière dans lesmairies, les départements etles régions. De nombreusescollectivités socialistes ontsigné ainsi un Agenda 21, éla-

boré des plans locaux d’envi-ronnement et de développe-ment durable, orienté leursaides économiques en soutienà la croissance verte. Les choixopérés en faveur des trans-ports collectifs,de l’eau,du trai-tement des déchets ou deséco-quartiers démontrent queles élus socialistes ont pris lamesure de l’urgence écolo-gique, là où ils ont le pouvoir dedécision.Paradoxalement,nous sommesplus timorés lorsqu’il s’agitd’assumer et de définir la

social-écologie, en tant queprojet de société et d’alterna-tive au capitalisme. Le mouve-ment socialiste est historique-ment productiviste. Il est lié ausalariat de l’industrie. Il s’estégalement construit dans lalutte contre l’obscurantisme eta longtemps conservé une foiinébranlable dans le progrèsscientifique et technologique.L’écologie réinterroge notreidentité.

Ne conviendrait-il pas, prioritai-rement, de renouer le lien aveclemonde associatif et les ONG ?C’est indispensable, en effet.Nous avons commencé àreconstruire à leurs côtésun cadre de dialogue etd’échanges. Nous avons besoinde leur expertise ; ils ont besoind’une gauche forte et active.

La destruction des écosys-tèmes est génératrice d’inéga-lités sociales. Comment luttercontre cela ?C’est tout l’enjeu pour lagauche. Dans les pays dévelop-pés, ce sont les plus fragiles quis’exposent leplusauxdésastresde la crise environnementale.

« L’écologie interrogel’identité du PS »

L’écologie occupe désormais une fonction centrale dans notre économie.Au point de redéfinir le clivage entre riches et pauvres,dominants et dominés, exploiteurs et exploités. L’analyse de LaurenceRossignol, secrétaire nationale en charge de l’Environnement et dudéveloppement durable.

– Restaurer les liens avec le monde associatif et les ONG.– Élaborer un corpus de pensée et définir le principe de « social-écologie », enliant développement durable et lutte contre les inégalités.

– Arbitrer les sujets pendants et différés : énergie et fiscalité écologique.– Sélectionner les thématiques de croissance verte, d’environnement et desanté, d’environnement et de nouvelles technologies, de risques industriels.

– Affirmer la réflexion autour du nouveau modèle de développement écono-mique, social et écologique.

– Mise en place d’un groupe d’experts chargé du suivi et de la préparation dusommet de Copenhague.

– Multiplier les rencontres avec les groupes parlementaires, à l’Assemblée etau Sénat.

– Diffusion, au sein du Parti, d’une newsletter mensuelle, sous la forme d’un« bulletin de liaison ».

Quelques pistes vertes

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Les liens entre santé et alimen-tation sont très nets et denou-velles fractures apparaissent,par exemple, entre ceux quiont lesmoyens de consommerdes légumes bio et ceux qui nefréquentent que les « hard dis-counts ». Dans ces conditions,le risque n’est pas mince devoir se creuser encore davan-tage les inégalités sanitaires.Demême, il nous faut aborderla fiscalité écologique selonnos principes socialistes, sansjamais perdrede vueque la fis-calité doit toujours être juste,progressive et redistributive,cequi n’est pas la première vertude la fiscalité indirecte ! C’estdans cet esprit que nous avonsproposé, dans notre contre-plan de relance, une modula-tion des tarifs pour les biensessentiels – eau, gaz, électri-cité… –qui garantisse à chacundes prix bas pour ses besoinsquotidiens et surfacture lesconsommations de gaspillage.Les inégalités nord/sud s’ac-

croissent avec la crise écolo-gique : sur la planète, les vic-times des dérèglements cli-matiques, de la rareté de l’eauou de la crise alimentairesont toujours les plus pau-vres. Les profits réalisés dansles pays où la main-d’œuvreest moins chère sont démul-tipliés par l’absence denormes environnementales.Le juste échange, c’est depénaliser ceux qui surexploi-tent les salariés comme lesressources naturelles.

Dans une note présentée auBureau national, vous appeleztrès clairement à réfléchir à unnouveau modèle de dévelop-pement économique, social etécologique. Ces trois élémentssont-ils indissociables ?Le diagnostic est sans appel :nous consommons les res-sources naturelles plus vitequ’elles ne se reproduisent etrejetons davantage de gaz àeffet de serre que la nature

ne peut en absorber. À moinsde choisir l’option « suicidecollectif », il va bien falloirdécarboniser drastiquementnos économies. La mise aurégime aura lieu. Soit nousl’organisons, soit nous lasubissons. Soit elle est démo-cratiquement décidée etéquitablement organisée,soit elle s’imposera dans laviolence et des formes nou-velles de confiscation de larichesse et du pouvoir. Etcomme il existe une corréla-tion absolue entre le niveaude développement et l’accèsà l’énergie, nous voilà aucœur du défi : un nouveaumodèle de développementfondé sur d’autres valeurs etqui ne fasse pas de laconsommation de biensmatériels, d’ailleurs toujoursinassouvie, l’horizon du bon-heur et de l’épanouissementdes individus.

Propos recueillis parBruno Tranchant

VIE DU PARTI ■ actualités

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En 1969, la SFIO cède la place au« NPS ». Guy Mollet se retire.Assiste-t-on à la fin d’un cycle ?De 1968 à mai 1969, la gauchenon communiste, réunifiéedepuis 1965, sous l’égide deFrançois Mitterrand, se dés-agrège. Les Radicaux s’éloi-gnent. Seules la SFIO et laConvention envisagent alors lafusion au sein d’un nouveauparti, ainsi que deux clubs affi-liés à la Fédérationde la gauchedémocrate et socialiste (FGDS),l’Uniondes clubspour le renou-veau de la gauche (UCRG) -Alain Savary, Robert Verdier,Pierre Bérégovoy - et l’Uniondes groupes et clubs socialistes(UGCS) - Jean Poperen, ColetteAudry -, regroupant d’anciensmembres du PSU. Les positionsdivergent sur la constitution duparti, avec d’un côté la SFIO etl’UCRG ; de l’autre, laConvention des institutionsrépublicaines (CIR) et l’UGCS.L’élection présidentielle qui suitle départ de De Gaulle, bous-cule le calendrier.Guy Mollet envisage un candi-dat pour la forme et le désiste-ment, au second tour, au profit

du centriste Alain Poher, seulcapable, à ses yeux, de battrePompidou. La CIR et l’UGCSsouhaitent, pour leur part, ladésignation d’un candidatunique, François Mitterrand,par l’ensemble des partis degauche, que refuse la SFIO. Legroupe socialiste présente lacandidature de son président,Gaston Defferre. L’UCRGdéfend celle d’Alain Savary. Lecongrès constitutif a lieu àAlfortville, le 4 mai, sans la CIRni l’UGCS, et sans que lescongrèsdépartementauxaientpu se tenir. Gaston Defferrel’emporte finalement, auterme de débats confus ethouleux : un nouveau vote estorganisé, certains déléguésavouant n’avoir pas compris lesens du premier.

Defferre n’obtient que 5 % desvoix. Les grosses fédérations etl’appareilmollétiste ont appeléà voter Poher dès le premiertour. De nombreux électeurssocialistes unitaires votentRocard (PSU) ou Duclos (PCF,vétéran du Front Populaire).

Concrètement, quand le renou-vellement du PS prend-ilforme ?La seconde session du congrèsconstitutif a lieu du 11 au 13 juil-let, à Issy-les-Moulineaux, avecla SFIO, l’UCRG, quelquesconventionnels (André Labar-rère, Michel Dreyfus-Schmidt)et la majorité de l’UGCS (l’an-cien député Guy Desson etl’écrivain Georges Conchon,notamment, démissionnentdu Bureau national). AlainSavary est élu Premier secré-taire à une voix près, soutenupar Guy Mollet contre Pierre

Histoire � NAISSANCE DU PS

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Vote des militants à mainlevée, à Alfortville, en 1969.

69, année historiqueLe Parti socialiste existeofficiellement depuis 1969.Au congrès d'Alfortville, lesamis d'Alain Savary, quiavaient fait scission en1958,ont rejoint la SFIO,rebaptisée NouveauParti socialiste (NPS).Entretien avec l’historienJean-Marcel Bichat.

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Mauroy, longtemps son dau-phin, avant de s’émanciper. Leparti change de nom, maisl’homme de confiance de GuyMollet, Ernest Cazelle, garde lecontrôle de l’appareil.Jean Poperen et Pierre Guidoniracontent en détail l’histoirecomplexe et parfois mêmeconfuse du « NPS » qui prendfin lors du congrès d’Épinayavec la victoire de l’allianceconclue entre Mitterrand,Mauroy, Defferre et Chevè-nement contre lamajorité sor-tante. Pour Pierre Guidoni, Issya été un congrès de dupes.Savary prend en main la direc-tion du Parti sans en avoir lesmoyens et « seul, grandi par saretraite volontaire, maître dujeu par personnes interposées,inaltérable gardien de la doc-trine et des principes, GuyMollet triomphe, modeste-ment. » Pour Poperen, « unenouvelle étape de la restructu-ration de la gauche socialistes’est achevée, mais nul n’aper-çoit le bout de la route (…). Le

véritable bouleversement dupersonnel dirigeant du Partiaura lieu à Épinay. »

Le changement est donc long àse dessiner…Et ce, même si de nouveauxadhérents, surtout en pro-vince, sont devenus membresà part entière du Parti. Déjà enplace dans les instances de laFGDS, des conventionnelsentrent au « NPS » et y défen-dent un nouvel état d’esprit. LeCERES conquiert la fédérationde Paris, invente le Poing à laRose et défend le thème duprogramme commun de gou-vernement, s’attirant les fou-dres de la direction du partiqui s’en tient à un prudent« dialogue idéologique ».Invité lors du Conseil nationalde juin 1970, Mitterrand estreçu par un congrès en liessequi scande « unité » sans pré-voir ce qui se passeradans moins d’un an danscette même salle dugymnase d’Epinay…

Propos recueillispar Bruno Tranchant

� Février-mars 1969 : mise enplace des collectifs provisoiresd’organisation du NPS au niveaudes sections, des départementset à l’échelle nationale.

� 27 avril : referendum sur la régio-nalisation et la réforme du Sénat.Le « non » obtient 53,18 %des voix.

� 28 avril : De Gaulle quitte le pou-voir. Alain Poher, président duSénat, devient président de laRépublique par intérim. la CIRappelle les formations de gaucheà se concerter pour définir unepolitique et désigner un candidatunique. La SFIO propose d’avan-cer le congrès constitutif au4 mai pour désigner le candidatdu Parti et adopter la déclarationde principes.

� 29 avril : la SFIO rejette les pro-positions de la CIR, ainsi quel’idée de programme commundéfendue par le PCF.

� 30 avril : la CIR, dont les proposi-tions ont été acceptées par lePCF, le PSU, l’UGCS et Objectif 72(Robert Buron), refuse la procé-dure de la SFIO et organise,le 4 mai, une réunion àSaint-Gratien.

� 4 mai : réunions parallèles duCongrès d’Alfortville (SFIO, UCRG)et de l’Assemblée de Saint-Gratien. Gaston Defferre désignécandidat à Alfortville.

� 1er juin (1er tour) : GastonDefferre obtient 5,01 % des voix,la gauche absente dusecond tour

� 11 au 13 juillet : Congrès d’Issy-les-Moulineaux. Alain SavaryPremier secrétaire du NPS.

Chronologie

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Alain Savary, lors du congrès dela SFIO, à Alfortville, en 1969.

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Culture � À VOIR, À LIRE

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De la bombe

De la rue au musée, le tag s’expose au Grand Palais. Dès lesannées 60, ce mode d’expression s’inscrit dans l’histoire

de l’art. Révolte sociale, poésie urbaine, art sauvage… les graf-fitis sont deplus en plustravaillés etrecherchés .Couleurs, gra-phismes, abs-trait et figura-tif, il y en apour tous lesgoûts. Cettecollection estune premièrem o n d i a l e .300 toiles de

même format et sur le même thème – nom d’artiste et amour- ont été réalisées pour former le plus important témoignagede cet art éphémère sur plus de trois générations.

C.C.

T.A.G, au Grand Palais, avenueWinston-Churchill 75008 Paris,jusqu’au26 avril 2009, 5 euros

EXPO

L’ombre de la guerrefroide

Deux blocs. L’un à l’Est tenupar l’Union soviétique,

l’autre à l’Ouest par les États-Unis. C’était la guerre froide,dont on date la fin entre 1989et 1991 avec l’effondrementde l’URSS. Mais les peurs etles idéologies de cettepériode n’ont pas disparu.Restent la course à l’arme-

FILMLes deux soldats et l’enfant

En avril 2003, dans la zone kurde irakienne,on fête la chute de Saddam

Hussein. Sans anticiper lapériode de chaos et de guerrecivile qui a suivi l’interventiondes États-Unis en Irak, deuxcombattants kurdes partentcontents et courageux dans uncamion chargé de nourriturepour ravitailler les troupes quiluttent contre les forces de l’an-cien dictateur. Mais le conflitperdure. Les luttes armées nesont jamais mises en avant toutau long du film, mais lorsque lesdeux protagonistes trouvent sur

leur route un jeune garçon arabe de 5 ans ettentent par philanthropie de le ramener chezlui, ils sont inéluctablement rattrapés par la

guerre. Le conflit perd sadimension historique et collec-tive, pour être ressenti singu-lièrement, à l’échelle de vies etde parcours individuels.À travers la poussière, en dépitde ses faibles moyens est unfilm personnel et touchant quifait découvrir une histoireaussi réaliste qu’empreinted’humanisme. J.P.À travers la poussière, un film deShawkat Amin Korki, France,Kurdistan 2006, 1h 16. Sortie :15 avril

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DVD

À VOIR, À LIRE � Culture

ment nucléaire, l’impérialismeaméricain, l’autoritarismerusse et le terrorisme. Unconstat amer dressé par lesauteurs des Dossiers de laguerre froide, Mathilde Aycardet Pierre Vallaud. Un ouvragede rappel très pédagogique,nourri de documents d’époque.

F.C.Les dossiers de la guerre froide, lachute du mur, 1969-2009, deMathilde Aycard et Pierre Vallaud,Editions Acropole, 2009, 19,90 e.

Le trotskysmedécrypté

Àqui profite la crise ? Peut-être aux thèses de l’ex-

trême gauche. Voici donc unouvrage qui tombe à pic pourmieux comprendre la genèse

du trotskysmefrançais au traversde ses principalescomposantes. Fruitd’un travail collec-tif, il montre com-bien la compréhen-sion de l’histoiredoit conduire ànous interroger sur

le sens d’un mouvement com-plexe qui puise ses racinesdans les enseignements dumarxisme et du communisme.Et saisir, dans son principe, l’in-fluence d’un discours quidépasse la sphère de ses seulssympathisants. B.T.Sous la direction de Jean-GuillaumeLanuque et Georges Ubbiali,Trotskysmes en France, éditions LeBord de l’Eau, avril 2009, 223 pages,20 e

LIVRES

L’épopée de Marco

Après un très bon accueil au cinéma, le film de Karim Dridi,Khamsa, sort en DVD. On retrouve donc le jeune Marco, son

camp gitan et sa dérive dans ladélinquance. En bonus, la classiqueinterview du cinéaste qui racontesa rencontre avec la communautégitane, et plus rares, quatre ateliersmenés avec les acteurs amateurs,de la lecture du scénario au résultatfinal en passant par les répétitions.F.C.Khamsa, de Karim Dridi, avec MarcoCortes, Raymond Adam,MagalieContreras, 1h48, France TélévisionsDistribution, 19,99 e.

Pages réalisées par Chloé Costes, Fanny Costes, Julia Pasquel, Bruno Tranchant et Olivier Vilain

Napoléon III,le retour

Ce livre de Victor Hugo étaitdevenu introuvable. Deux

historiens,Sylvie Aprile et Jean-Claude Caron, en ont assuré laréédition pour le compte del’Association 1851 pour lamémoire des résistances répu-blicaines. L’auteur desMisérables y relate le coupd’État du 2 décembre 1851entrepris par « Napoléon-le-petit ». Au terme d’unesemaine de résistance dans leCentre et le Midi, l’ordre impé-rial règne et la machine judi-ciaire prend le relais de l’armée.L’immense écrivain devientl’opposant le plus célèbre del’Empire, rejetant du mêmecoup dans l’oubli son passéroyaliste sous la Restauration,orléaniste sous la monarchiede Juillet et conservateur pen-

dant la Seconde République.Paul Cresp, secrétaire del’Association 1851, justifie cetteréédition : « Ne parle-t-on pasaujourd’hui de “bonapar-tisme’’, voire de “monarchieélective’’ ? » À méditer à l’om-bre du grand Hugo. O.V.Victor Hugo,Histoire d’un crime,Editions Abeille & Castor,Angoulême, 2009 (1877), 506 p.,18,50 e.

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Portrait ■ ÉMILE BREGEON

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D epuis plus de 20 ans, ÉmileBregeon se rend tous les matinsau boulot. Chez Heuliez, sous-

traitant automobile dans les Deux-Sèvres. Mais depuis quelques mois, laroutine se grippe. « Noussommes à la fin d’un cycle. Lesconstructeurs nous ont presséscomme des citrons et, mainte-nant, ils envoient nos produc-tions dans d’autres pays »,explique-t-il. Alors, avec ses col-lègues, il tente de sortir de cettecrise par le haut, en réorientantla production vers la voitureélectrique. L’entreprise ne seraitplus sous-traitante, mais bien un constructeurindépendant, produisant de A à Z la voitureécolo.Émile porte avec ferveur ce projet. Car il saitbien quelles seraient les difficultés de reclasse-ment des 1000 salariés d’Heuliez. Depuis tou-jours, il a conscience de l’intérêt de l’action col-lective et revendique pleinement son apparte-nance à la CFDT dont il est délégué. Un syndi-calisme hérité de son père, lui aussi fortementengagé à la confédération. L’homme, ouvrier,répétait à son fils : « Les choses ne tombent pasdu ciel ». Pour mieux lui faire comprendre lanécessité de se rassembler et de combattreensemble. Emile a bien intégré. Il milite aussiau PS depuis quatre ans.« Cela fait 17 ans que je suis syndiqué. À partir

du moment où il y a une direction, ilfaut des personnes enmesure de repré-senter les salariés, formées au dialoguesocial et à la négociation », estime celuiqui transmet à son tour à ses enfants

de 11 et 14 ans, les valeurs de lalutte collective.Mais ce spécialiste de la tôleriene s’investirait peut-être pasautant dans ce combat s’iln’était pas aussi un vrai pas-sionné d’automobile. Ilconcède passer le plus clair deses loisirs à assembler desmaquettes et de vieilles carros-series.L’auto est au cœur de sa

vie. Et à l’heure du Grenelle de l’environne-ment, du barnum gouvernemental autour dela voiture propre, il ne comprend pas l’indiffé-rence de l’État à l’égard du projet de voitureverte d’Heuliez. « C’est un pas en avant, puis unpas en arrière, une timidité peu compréhensi-ble quand on sait que le projet tient la route etqu’il est porteur dans un avenir proche », réa-git-il avec énervement.Pour l’heure, le tribunal de commerce de Niorta laissé six mois à l'entreprise pour trouverd'autres partenaires et les 45 millions néces-saires à son sauvetage. «Ces six mois nousdonneront le temps de boucler le tour de tableet de construire notre projet », commenteÉmile Bregeon. Aller de l’avant, toujours.

Ariane Vincent

Le combatpour moteur

Les constructeursnous ont presséscomme des citronset, maintenant,ils envoient nosproductions dansd’autres pays

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