Haidara Amassa CIRAD 2010

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AMASSA/Afrique Verte Mali (Association Malienne pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaires) BP : E404 - Bamako - Mali. Rue: 232 Porte: 754 Hippodrome. Tel : (223) 20 21 97 60 /(223) 20 21 57 69 Tél/Fax: (223) 20 21 34 11 E-mail : [email protected] Site: www.afriqueverte.org Les Sahéliens peuvent nourrir le Sahel ______________________________________________________________________________________ Afrique Verte : les outils de commercialisation et d’information des opérateurs céréaliers. Introduction : Depuis 1990, Afrique Verte soutient la professionnalisation des opérateurs de la filière céréalière au Mali, au Burkina Faso et au Niger, pour améliorer la sécurité alimentaire et créer des revenus complémentaires pour les producteurs. Elle soutient en particulier les organisations paysannes (OP) et les unités de transformation (UT) dans la valorisation et la commercialisation de leurs céréales. Partant du constat que les productions nationales couvrent, trois années sur quatre, les besoins nationaux mais qu’il existe de fortes disparités d’une région à l’autre, Afrique Verte cherche à améliorer la mise en marché des céréales, par une plus grande fluidité des échanges entre zones de production et de consommation : l’idée de base est le transfert de produits vivriers entre zones excédentaires et déficitaires, rurales ou urbaines. En 2005, le processus d’autonomisation d’Afrique Verte a abouti à la création de 3 associations au Mali (AMASSA), au Burkina (APROSSA) et au Niger (AcSSA) qui ont repris tous les acquis et expertises d’Afrique Verte au Sahel. 1. Les bourses céréalières : Incontestablement, les bourses aux céréales constituent l’activité phare du réseau Afrique Verte. Elles suscitent un intérêt grandissant et sont reconnues par l’ensemble des opérateurs de la filière. Différentes structures et porteurs de projets souhaitent reproduire le concept, qui a des impacts intéressants sur la commercialisation des céréales locales et sur la sécurité alimentaire. Les bourses aux céréales regroupent tous les acteurs céréaliers (OP, commerçants, UT, partenaires techniques, transporteurs..). Elles constituent pour tous ces acteurs l’occasion de prendre des contacts en favorisant par exemple l'émergence de relations commerciales entre certaines zones de production et unités de transformation. Elles constituent aussi une opportunité pour les commerçants de s’informer sur le niveau des stocks, les offres et les demandes. Les multiples avantages de cet outil de commercialisation : de 2001 à 2008, plus de 77 429 tonnes de céréales (mil, sorgho, maïs, produits transformés) ont été vendues entre opérateurs céréaliers du Mali. Le suivi des prix lors des transactions montre que lors des bourses, les prix sont toujours inférieurs à ceux pratiqués sur les marchés locaux. Les OP peuvent ainsi offrir à leurs membres des céréales à un bon prix, tout en réalisant des marges bénéficiaires.

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AMASSA/Afrique Verte Mali (Association Malienne pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaires) BP : E404 - Bamako - Mali. Rue: 232 Porte: 754 Hippodrome. Tel : (223) 20 21 97 60 /(223) 20 21 57 69 Tél/Fax: (223) 20 21 34 11 E-mail : [email protected] Site: www.afriqueverte.org

Les Sahéliens peuvent nourrir le Sahel

______________________________________________________________________________________

Afrique Verte : les outils de commercialisation et d’information des opérateurs céréaliers.

Introduction : Depuis 1990, Afrique Verte soutient la professionnalisation des opérateurs de la filière céréalière au Mali, au Burkina Faso et au Niger, pour améliorer la sécurité alimentaire et créer des revenus complémentaires pour les producteurs. Elle soutient en particulier les organisations paysannes (OP) et les unités de transformation (UT) dans la valorisation et la commercialisation de leurs céréales. Partant du constat que les productions nationales couvrent, trois années sur quatre, les besoins nationaux mais qu’il existe de fortes disparités d’une région à l’autre, Afrique Verte cherche à améliorer la mise en marché des céréales, par une plus grande fluidité des échanges entre zones de production et de consommation : l’idée de base est le transfert de produits vivriers entre zones excédentaires et déficitaires, rurales ou urbaines. En 2005, le processus d’autonomisation d’Afrique Verte a abouti à la création de 3 associations au Mali (AMASSA), au Burkina (APROSSA) et au Niger (AcSSA) qui ont repris tous les acquis et expertises d’Afrique Verte au Sahel.

1. Les bourses céréalières : Incontestablement, les bourses aux céréales constituent l’activité phare du réseau Afrique Verte. Elles suscitent un intérêt grandissant et sont reconnues par l’ensemble des opérateurs de la filière. Différentes structures et porteurs de projets souhaitent reproduire le concept, qui a des impacts intéressants sur la commercialisation des céréales locales et sur la sécurité alimentaire.

Les bourses aux céréales regroupent tous les acteurs céréaliers (OP, commerçants, UT, partenaires techniques, transporteurs..). Elles constituent pour tous ces acteurs l’occasion de prendre des contacts en favorisant par exemple l'émergence de relations commerciales entre certaines zones de production et unités de transformation. Elles constituent aussi une opportunité pour les commerçants de s’informer sur le niveau des stocks, les offres et les demandes. Les multiples avantages de cet outil de commercialisation : de 2001 à 2008, plus de 77 429 tonnes de céréales (mil, sorgho, maïs, produits transformés) ont été vendues entre opérateurs céréaliers du Mali. Le suivi des prix lors des transactions montre que lors des bourses, les prix sont toujours inférieurs à ceux pratiqués sur les marchés locaux. Les OP peuvent ainsi offrir à leurs membres des céréales à un bon prix, tout en réalisant des marges bénéficiaires.

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Evolution des transactions céréalières issues des bourses aux céréales au Mali de 2001 à 2008

Année Quantités en tonne

2001 5 141,45 2002 7 452,30 2003 11 100,63 2004 19 411,96 2005 9 057,50 2006 9 295,00 2007 7 371,00 2008 8 600,00 Total 77 429,84

0

5 000

10 000

15 000

20 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Evolution des volumes, en tonnes

Pour dynamiser les transactions céréalières entre opérateurs, les bourses ont développé au fil des

années des outils d’information et d’échanges d’expériences. À partir de 1999, Afrique Verte a intégré une concertation plus dynamique entre les opérateurs céréaliers et les structures techniques d’encadrement, les structures de décision et de financement de la filière.

Ainsi au cours des bourses, Afrique Verte et AMASSA invitent les structures techniques spécialisées

(services de suivi des marchés, systèmes d’alerte précoce, services des statistiques, services de réglementation et de contrôle, institutions de gestion des stocks nationaux de sécurité…) qui proposent des exposés sur la problématique céréalière, la stratégie nationale de sécurité alimentaire, la campagne agricole, les nouvelles législations, les programmes de renouvellement du stock national de sécurité et les ventes d’intervention… Ces conférences-débats permettent aux OP de s’informer (prix, stocks, disponibilités, crédits…) et de dialoguer avec les décideurs afin de mieux comprendre les décisions mais surtout de mieux se positionner pour la campagne car les prévisions d’achats et de financement sont exposées par les intervenants. De plus, les bourses permettent des échanges entre les acteurs venant de régions aux réalités différentes. Ainsi naissent et se développent des relations de partenariat.

2. La diffusion de bulletins d’information : En plus de cette démarche d‘information des opérateurs lors des bourses, Afrique Verte et AMASSA disposent de différents outils d’information des opérateurs céréaliers : La production et la diffusion de deux bulletins d’information :

Un bulletin mensuel « Point Situation Alimentaire » (PSA) produit par Afrique Verte sur la base des relevés et informations des associations sahéliennes

Un bulletin trimestriel « Le Paysan du Sahel » produit par AMASSA.

Ces deux bulletins sont structurés autour de plusieurs rubriques :

• Le suivi analysé et commenté des prix des principales céréales locales et importées, sur un ensemble de marchés de référence dans les zones de production et sur les marchés de consommation (zones rurales déficitaires et zones urbaines) ;

• L’état de la sécurité alimentaire fait le point sur la situation dans les principales régions de chaque pays, en s’attardant sur la disponibilité des céréales sur les marchés et l’accessibilité par les populations ;

• Le suivi de la campagne agricole synthétise les principales informations qui permettent de caractériser la campagne : installation des pluies et des semis, stades des cultures et état sanitaire ;

• Les actions du gouvernement, des organismes internationaux et des ONG récapitule d’une part les « actions d’urgence » conduites pour répondre aux situations de crises alimentaires et d’autre part les « actions de développement » entreprises dans le secteur céréalier ou dans le domaine plus large de la sécurité alimentaire ;

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• Les actions menées par Afrique Verte et les associations nationales détaillent les activités conduites par chacune des structures (formations, commercialisation, appuis-conseils…).

PSA n°100 spécial : Après 8 ans de collecte de prix sur les marchés, Afrique Verte a en outre produit un document de capitalisation proposant une analyse globale des tendances de prix (mil, sorgho, riz…) au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

3. L’édition de manuels d’information et de formation : Parmi ces documents destinés aux opérateurs céréaliers, on peut citer, entre autres :

o Le manuel d’information et d’orientation pour l’Importation et l’Exportation des céréales présente les procédures législatives et réglementaires à suivre pour mener en toute légalité l’activité du commerce céréalier (import/export) dans les pays de l’UEMOA.

o Le manuel d’information sur les coûts du transport des céréales renseigne sur les tarifs proposés par les transporteurs entre les principales destinations du pays.

o Les fiches techniques sur le commerce des céréales (mil, sorgho, maïs et riz) rappellent, entre autres, les normes de qualité, les stratégies de commercialisation et présentent un répertoire d’opérateurs économiques. Elles fournissent des conseils pratiques pour le développement du commerce des céréales locales.

o Les documents pédagogiques ou aide-mémoire destinés aux responsables des organisations paysannes rappellent les points clés techniques abordés lors des formations proposées par AMASSA et Afrique Verte. Les thématiques suivantes, traduites en bambara, sont abordées : procédures d’accès aux crédits, structuration coopérative, stockage, technique de commercialisation et gestion comptabilité.

4. Les CIAF (Centre d’Information, d’Animation et de Formation) :

Toutes les antennes de AMASSA et d’Afrique Verte au Mali (Kayes, Bamako, Koutiala, Ségou, Mopti, Gao et Tombouctou) sont dotées d’un bureau comprenant une salle de formation équipée. Ainsi, chaque bureau sur le terrain constitue un CIAF qui permet d’informer rapidement les opérateurs céréaliers sur les prix des céréales, les offres et les demandes, les avis d’appels d’offre et toutes les données pertinentes sur la commercialisation et la transformation des céréales.

Ce dispositif d’information complète, prolonge et valorise les activités réalisées par les SIM nationaux et participe ainsi à améliorer la transparence des marchés par la mise à disposition des opérateurs et des producteurs d’une information commerciale facile à utiliser et permettant de réaliser des transactions commerciales avisées. Fonctionnement du SIM, La collecte est assurée par :

- un réseau de 10 animateurs permanents basés auprès des organisations paysannes dans les zones de Kayes (2), Bamako (1), Ségou (1), Koutiala (1), Mopti (3), Gao (1) et Tombouctou (1).

- Et un réseau d'agents marché (généralement constitués de commerçants et de responsables d’OP) partenaires de AMASSA bénéficiant de carte de recharge pour le téléphone portable et d'une prime de motivation mensuelle (une dizaine également)

L’Information collectée :

Elle est relative a l'information commerciale : prix (gros et détail) et offres (achat ou vente), disponibilités, mouvements, perspectives etc. portant principales sur les céréales (mil, sorgho, maïs, et riz) et plus récemment sur les oignons/échalote et la filière bétail/viande.

La diffusion : - Elle est faite a travers la production d'un bulletin PSA (Point Situation Alimentaire) qui est

ventilé par courriel à une liste de diffusion, imprimer et distribuer sur support papier, consulter sur place au niveau des antennes, et mise en ligne sur www.afriqueverte.org et www.esoko.com

- Dans le cadre du partenariat avec ATP/ESOKO des infirmations son également collectées et mises en ligne sur esoko ventilée par SMS téléphone portable

- Elle est enfin faite au niveau de radios FM de proximité.

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A qui est destinée l'information, Les organisations de producteurs (excédentaires ou déficitaires)

- Les consommateurs et transformateurs, - Les operateurs privés, - Les ONG, Organismes nationaux et internationaux - Les décideurs - Nos partenaires financiers. - Toutes autres structures intervenant dans des questions de commerce et de sécurité

alimentaire et intéressée pour ces questions. Articulations et complémentarités avec les autres SIM nationaux - OMA au Mali, SONAGEES au BF, SIMA/Niger,

Complémentarité et analyse croisée avec les SIM nationaux et partage d'informations et de concertations réciproques. Pourquoi Afrique Verte a-t-elle initié ses propres SIM ? Début 2001, le Sahel était confronté à une crise alimentaire (Cf PSA 100). Dans cette dynamique Afrique Verte a reçu de nombreux coups de fil à Paris en provenance de plusieurs sympathisants et partenaires techniques pour demander des précisions et pour savoir s'il fallait envoyer de l'aide. A l’époque il n y avais pas d'information précise pour répondre à toutes ces sollicitations. C'est pourquoi Afrique Verte a demandé à ses 3 antennes sahéliennes (Mali, Niger et Burkina) en mai 2001, de faire des relevés de prix, tant dans les zones agricoles que dans les zones déficitaires. A cette époque, les SIM nationaux ne mettaient pas de bulletin en ligne et lorsqu'ils les mettaient, c'était souvent quelques semaines de retard. Ce qui ne pouvait nous permettre de réagir rapidement à une situation donnée Aujourd'hui, malgré les remarquables progrès réalisés par les SIM nationaux qui donnent de très nombreuses informations et souvent très rapidement, nous poursuivons notre collecte de prix afin de pouvoir étudier des séries comparables dans les zones sur lesquelles nous avons des actions. En effet, les SIM donnent des informations parfois sur différentes zones, voire différents pays et différents produits, sans indiquer obligatoirement (dans les bulletins accessibles au public) quels sont les prix des céréales dans les zones où nous sommes. C’est pourquoi nous poursuivons la collecte des prix dans nos principales zones d’intervention afin de mieux guider les opérateurs céréaliers partenaires dans leur prise de décision. Mohamed HAÏDARA

Coordinateur AMASSA / Afrique Verte Mali