H2 Transformations Sociales

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H2: L’industrialisation transforme la société. A. La condition ouvrière. Décrivez les conditions de vie des ouvriers à la fin du XIXe dans le textile (Camarades) et dans le système fordiste des années 30 (Temps Modernes) Doc. 1: extrait film "Les camarades" film de Mario Monicelli (voir en ligne sur le site) (1967) http://www.esnips.com/web/emmanuelnoussisPremiereS

Doc. 2: extrait Charlie Chaplin « Les Temps Modernes », 1936 (déjà vu en H1)

Doc. 3. Tableau statistique comparatif : un budget annuel ouvrier vers 1850, un budget ouvrier vers 1885.

Document 2. Evolution du budget ouvrier en France. RECETTES DÉPENSES 1832 Source. Baron de Morogues, De la misère des ouvriers et de la marche à suivre pour y remédier. Paris 1832. Pour une famille de 5 personnes.

Salaires du père: (300jours)460F de la mère (200jours): 180F enfants: (260jours)130 F Total: 760F

Nourriture (pain: 55%, lait viande..) 570F Logement (loyer, chauffage, éclairage, impôt)130F Vêtements 140F Imprévus 19F Total 860F

1885 Salaires. Nourriture (pain 23%, viande,

Turin (Italie du Nord début du XXe siècle. Evènement historique : 1e grande grève des ouvriers du textile. Les conditions de vie des ouvriers : insalubrité, mauvais éclairage, froid, exiguité, frugalité. Raisons évoquées : salaire hebdomadaire insuffisant. Conditions de travail dans le textile: bruit assourdissant des machines, émanations et fumés, longueur de la journée de travail : de 6h à 20h avec une pause déjeuner, dangérosité -> d’où l’accident. Regard du contremaître. Absence d’assurance sociale. Un monde ouvrier hétérogène : selon l’âge, selon le sexe. Division du travail (contremaître, surveillance des métiers à tisser, mécanicien, jeunes, couturières…) et inégalitaire -> immigré du Mezzogiorno, très pauvre…et mal organisé. Le film montre les limites de l’action ouvrière face à l’Etat et au patronnat qui refusent de négocier.

Changement de décors : l’usine fonctionne slon les méthodes du taylorisme : chaine de fabrication, gestes répétitifs, l’ouvrier ne se déplace plus, chronométrage. La machine devait libérer l’homme, elle l’a en réalité asservi (cadence). Les ouvriers peu qualifiés et interchangeables doivent contribuer à l’augmentation de la productivité. Comme dans les Raisins de la Colère, Chaplin dénonce le système capitaliste : surveillance, course à la productivité, hiérarchie, abrutissement des ouvriers assimilés à des moutons. Point de vue à confronter au fordisme qui par la production de masse et la baisse des coûts vise à améliorer le niveau de vie des ouvriers.

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Source E. Cacheux La Réforme sociale. 1885.

Du père 1200F Fils aîné 1000F 2e fils (apprenti) 150F Total: 2350F

pommes de terre, fromage, déjeuner des enfants hors de la famille…) 1800 F Blanchissage 62,40F Achat de linge,de vêtements 200F Logement (loyer, chauff. Eclair.)280F Total: 2342,60

Doc. 3 p. 40 et 5 p. 41. La journée de travail, le chômage. La revendication de la diminution du temps de travail, la dénonciation du chronométrage sont très anciennes (dès la fin du XIXe siècle) La hantise de l’ouvrier c’est le chômage puisqu’il n’y a pas de congés payés avant 1936. DOC. 3. P.40 Le travail de l’ouvrier est très pénible : - durée : 13H/j vers 1830 (+1/2 h ou 1h de pause) 52 semaines par an - l’usine, la mine : bruit, chaleur, froid, l’obscurité, les vapeurs des machines, dangers, les maladies (silicose des mineurs) -> espérance de vie faible. - travail des enfants (limite des 8 ans date de 1841) -> niveau d’éducation est faible - absence d’assurance sociale (petit à petit des caisses) - sorte de fatalité sociale par manque d’ascension sociale -> l’école obligatoire a pu améliorer la situation

Repères chronologiques Les principales lois sociales de 1850 à 1936

1853 Prusse, interdiction du travail avant 12 ans 1864 France, reconnaissance du droit de grève (1875 en Angleterre) 1869 Prusse, journée de travail limitée à 10 heures pour les enfants âgés de 14 à 16 ans (6 heures pour les moins de 14 ans) 1871 Allemagne, reconnaissance du droit de grève 1876-1880 Angleterre, enseignement obligatoire 1881 France, lois Jules Ferry, enseignement public obligatoire, laïc et gratuit. 1883-1889 Allemagne, assurances maladie, accident du travail et retraite. 1884 France, reconnaissance du droit syndical 1890 Allemagne, syndicalisme reconnu 1892 France, journée de travail de 12 heures dans l’industrie interdiction du travail avant 12 ans. 1900 France, journée de travail de 10 heures 1907 France, loi sur le repos hebdomadaire d'un jour 1911 Angleterre, système d’assurance chômage et maladie 1919 France, premières lois sur les assurances sociales (maladie, vieillesse, famille) 1936 France, semaine de 40 heures, deux semaines de congés payés mesures prises par le Front Populaire B. La bourgeoisie et la société bourgeoise Comparer avec Carnegie Andrew p. 361 (Etats-Unis) http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/Bourgogne/DocBourg/DiapoCreusot/edcLeCreusot.htm Eugène Schneider et le Creusot (1805-1875) ...En 1836, Le Creusot fut racheté par Adolphe et Eugène Schneider, le maître de forges Boigues et le banquier Seillière. Eugène Schneider avait acquis une expérience sidérurgique en suivant les cours du Conservatoire des Arts et Métiers et en dirigeant des forges appartenant à de Neuflize dont il épousa la petite fille. Quant à Adolphe, il se maria avec la belle-fille de Boigues. Ces appuis familiaux et professionnels leur donnaient une solide assise financière lorsqu'ils reprirent le Creusot... L'entreprise allait profiter de la conjoncture heureuse pour la sidérurgie que devaient provoquer la construction des chemins de fer, des bateaux en fer, des charpentes métalliques... Sous le Second Empire, Eugène Schneider fit du Creuset une usine gigantesque, tout en étendant son pouvoir au monde des affaires, de la finance et de la politique. Vice-Président du Corps Législatif à partir de 1852, il accéda à la présidence en 1867. Il était lié avec Paulin Talabot, le maître du P.L.M.... Il était au conseil d'administration du P.L.M. et de la Société Générale; il était régent de la Banque de France. Sa prééminence était incontestée chez les maîtres de forges qu'il regroupa en 1864 en un organisme de défense des intérêts de la profession, le Comité des Forges, car le poids économique du Creusot était considérable. A la fin de l'Empire, il produisait plus de 130 000 tonnes de fonte, presque autant de fer, plus de 100 locomotives par an... Après la guerre (de 1870), sur les instances du gouvernement, Schneider se tourna vers la fabrication de canons en acier, à l'instar de Krupp... Eugène Schneider était un “ fondateur ”: issu de bonne bourgeoisie, il devint un des hommes les plus puissants de l'économie, non seulement par ses capacités, mais aussi par ses liens familiaux et par l'appui de la banque Seillière.

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Aprés sa mort en 1875, la dynastie familiale se perpétua avec son fils Henri (1841-1898), son petit-fils Eugène (1868-1942) et son arrière-petit-fils Charles (1898-1960), dernier du nom. ... Une ville a grossi rapidement à l'ombre de l'usine: 6 000 habitants en 1846, 25 000 en 1875 (pour 15 500 ouvriers, effectif jamais dépassé depuis). Eugène Schneider était non seulement le maître de l'usine, mais aussi celui de l'espace où vivaient ses ouvriers et même celui de chaque moment de leur vie. Ils habitaient en location dans les cités Schneider, puis comme propriétaires dans des maisons construites à crédit, élevaient leurs enfants dans l'école communale fondée par Schneider, se faisaient soigner gratuitement à l'hôpital Schneider, épargnaient à une Caisse d'Épargne maison, donnaient 2,5 % de leurs salaires pour une Caisse de Prévoyance dont la direction de l'usine gérait les fonds. La ville n'avait ni justice de paix, ni gendarmerie; jusqu'aux années 70, la maison Schneider assumait toutes ies fonctions. Patron de choc, Eugène Schneider réprima durement les deux grèves qui eurent lieu en 1850 et en 1870; la troupe rétablit l'ordre, les meneurs furent condamnés à des peines de prison, de nombreux grévistes furent licenciés et durent quitter le pays. in La révolution industrielle 1760-1870, Patrick Verley, M.A. Editions,1985. Le libéralisme. « L’intervention de l’État ? Très mauvaise ! Je n’admets pas un préfet dans les grèves ; c’est comme la réglementation du travail des femmes et des enfants ; on met des entraves inutiles, trop étroites, nuisibles surtout aux intéressés qu’on veut défendre, on décourage les patrons de les employer et ça porte presque toujours à côté. La journée de huit heures ? Oh ! Je veux bien ! dit M. Schneider, affectant un grand désintéressement, si tout le monde est d’accord ; je serai le premier à en profiter, car je travaille moi-même plus de 10h par jour… Seulement les salaires diminueront ou le prix des produits augmentera, c’est tout comme ! Au fond, voyez-vous, la journée de 8 heures, c’est encore un dada (…). Dans cinq ou six ans on y pensera plus, on aura inventé autre chose. Pour moi, la vérité, c’est qu’un ouvrier bien portant peut très bien faire ses 10 heures/jour et qu’on doit lu laisser libre de travailler davantage si cela lui fait plaisir.

Cité dans J. Huret, Enquête sur la question sociale : interview d’H. Schneider, 1897. Éloge de la méthode Schneider. Un général, si habile qu'il soit, ne pourrait vaincre avec une armée indisciplinée. Le directeur du Creusot en était convaincu, mais il savait aussi qu'il n'y a qu'un moyen d'obtenir une discipline durable, c'est de la graver dans les jeunes cœurs. Aussi, dès le début, il a installé de belles écoles dans la cour même du château de la Direction et soixante-dix instituteurs ou institutrices étaient chargés, il n'y a pas longtemps d'instruire plus de trois mille enfants. […] On ne se contente pas d'élever les enfants, on donne une retraite aux parents, sans leur faire subir la moindre retenue. Après vingt-cinq ans de service un ouvrier reçoit en moyenne 500 F de rente s'il est garçon et 750 F s'il est marié; mais, à une condition pourtant, c'est qu'il soit français. Ajoutons encore que pour 6F par mois, il est logé dans une jolie petite maison, entourée d'un jardin et que, s'il est malade, il est soigné gratuitement.

Professeur Lafon, Une visite à l'usine du Creusot, 1884. a) Quelles sont les caractéristiques de la bourgeoisie d’affaires au XXe siècle ? C’est une classe sociale dominante, grâce à la révolution industrielle elle dispose de la richesse et du pouvoir politique. Elle pratique des alliances familiales avec la noblesse, des transactions financières pour agrandir son capital. Sous le Second Empire, la bourgeoisie contrôle le pouvoir politique, les finances et trouve en l’Etat impérial, puis républicain, un bon client pour ses activités industrielles (armement, textile pour les soldats…). b) Comment apparaît la bourgeoisie dans les 2 films (Raisins de la colère, Temps Modernes) ? Montrez son évolution au XXe siècle par rapport à Eugène Schneider. Aux Etats-Unis nous avons à faire à une bourgeoisie de « self made man », souvent issue de milieux populaires. Les sociétés par action, beaucoup plus nombreuses, contrastent avec le capitalisme familial français. En France émerge aussi une bourgeoisie d’ingénieurs, de hauts cadres de l’Etat (cf. Affiche de la CGT) c) L’idéologie de la bourgeoisie, moteur de la révolution industrielle : - le libéralisme : la bourgeoisie refuse l’intervention de l’Etat sur les questions sociales (sauf pour protéger ses activités de la concurrence étrangère -> protectionnisme et pour la répression des grèves (intervention de la troupe).

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- le paternalisme : la bourgeoisie se sent investie d’une mission « sociale » : encadrer les ouvriers, élever leur niveau d’éducation, de santé (hygiénisme), assurer une protection sociale. A une seule condition : la docilité. Elle est très hostile aux idées marxistes socialistes qui mettent en cause la propriété privée du capital. Document 2 p. 34 : le capital vu par un Schneider. Deux types de capitalisme apparaissent dans le texte : - un capitalisme de rentiers (investissement dans l’immobilier) - un capitalisme industriel : qui recherche plus de profits car il prend des risques. Pour l’encourager, il ne faut pas le taxer. Quelle a été leur évolution au XXe siècle ? Lire p. 32 B§3. Mais les rentiers sont ruinés par l’inflation pendant la guerre de 14-18. C. De la société rurale à la société urbaine. -> La modernisation de l’agriculture deux cas opposés : - France (photos p. 33 et 98) – Etats-Unis : film « Les raisins de la colère ». L’image du paysan chez John Ford. La mécanisation de l’agriculture (en France très tardive) provoque un exode rural massif. Le monde paysan est bouleversé avec le départ des travailleurs journaliers vers la ville. -> Les nouvelles couches sociales : D’après les films « les Raisins de la colère », « Les Temps Modernes » , l’affiche de la CGT sur les retraites des fonctionnaires Gradjouan p. 39 Photo 5 p. 37. Quels facteurs économiques expliquent l’émergence de nouvelles couches sociales ? (voir H1) La Seconde révolution industrielle favorise l’urbanisation. Le développement des activités tertiaires : bureaux, administrations, commerces en ville, enseignement, santé augmentent le nombe d’emplois tertiaires. Les grandes métropoles attirent le plus la population. D. Une société contestée : les nouvelles idéologies. -> la riposte des ouvriers et le socialisme. Doc.4 Une grève à Carmeaux. Il est neuf heures. Un brouhaha de voix monte de la place. C'est le meeting annoncé. Les mineurs y sont venus, par groupes... de tous les coins du canton où s'éparpille la population ouvrière de Carmaux... Le maintien de la grève a été voté, et tous se sont dispersés silencieux dans leurs maisonnettes...Et, comme il ne faut pas que la sainte cause du chômage soit compromise par de faux frères plus impatients d'assurer du pain à leurs petits que de résoudre la question sociale, on a de nouveau formé les patrouilles qui exploreront les routes et barreront aux "lâcheurs" les chemins des fosses... Elle (la grève) a ici comme représentants des hommes actifs et d'une intelligence suffisante...On les rencontre en plusieurs endroits : à la chambre syndicale, une salle toute petite, aménagée, à l'extremité du bourg, sous le porche d'une maison neuve, à l'auberge d'Alary, sur la grande place qui est le quartier général du parti et le rendez-vous de M.M. les députés ou bien, enfin, à la mairie. Vous savez en effet que Carmaux jouit d'une municipalité socialiste, et que ce sont les mêmes hommes qui la gouvernent et mènent la grève..."

D'après "L'lllustration" 2587 du 21septembre 1892. Doc.5 La Charte d’Amiens p. 39./Carte du syndicalisme en Europe p. 47/Serge Berstein et le socialisme réformiste p. 44. L’augmentation du nombre d’ouvriers (appelés « prolétaires » par Marx) et leurs conditions de vie provoquent des révoltes. Certaines, comme des ouvriers turinois du textile dans le film Les Camarades, sont spontanées, d’autres comme à Carmaux sont mieux organisées grâce aux partis politiques et aux syndicats ouvriers. En 1892, éclate la grande grève des mines de Carmaux. Le maire élu, Calvignac, syndicaliste et socialiste, ouvrier mineur, est licencié par le marquis de Solages pour s'être absenté à plusieurs reprises afin de remplir ses obligations d'élu municipal. Les ouvriers se mettent en grève pour défendre ce maire dont ils sont fiers. La République envoie l'armée, 1500 soldats, au nom de la « liberté

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du travail ». La République semble prendre le parti du patronat monarchiste contre la légitime défense du suffrage universel du peuple carmausin. En France, on est en plein scandale de Panama. Jaurès ne supporte plus cette République qui semble montrer son vrai visage, de députés et ministres capitalistes pour qui la finance et l'industrie priment sur le respect du droit républicain. Il s'engage auprès des mineurs de Carmaux. Là, il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, il sort de la grève de Carmaux apôtre du socialisme. Sous la pression de Jaurès, le gouvernement arbitre le différent Solages-Calvignac au profit de Calvignac. Solages démissionne de son poste de député. Jaurès est tout naturellement désigné par les ouvriers du bassin pour les représenter à la Chambre. Il est élu malgré les votes ruraux de la circonscription qui ne veulent pas des « partageux ». Désormais Jaurès va se lancer dans l'incessante et résolue défense des ouvriers en lutte.

. Doc.5 La Charte d’Amiens p. 39. Carte du syndicalisme et du socialisme en Europe p. 47 Serge Berstein et le socialisme réformiste p. 44. Ces documents montrent les deux voies que suivra le socialisme tout au long du XXe siècle : - révolutionnaire et anarcho-syndicaliste : France (cas particulier), Italie, Europe du Sud, Russie. - réformiste dans le respect de la démocratie libérale ou du système politique : Allemagne, Angleterre, Suède. -> les critiques viennent aussi de l’extrême droite -Affiche antisémite p. 150 : Quel lien peut-on faire entre capitalisme et antisémitisme ? Pour l’extrême-droite nationaliste et traditionaliste, le capitalisme est synonyme de cosmopolitisme, de perte d’identité (le capital ne connaît pas les frontières), d’invasion. « Le juif », « apatride » est assimilé comme au Moyen Age au prédateur des richesses nationales. Les scandales financiers et la corruption politique sont attribués aux hommes d’affaires « Juifs ». La République leur a en plus donné la citoyenneté. L’extrême gauche anarchiste a aussi parfois confondu antisémitisme et anti-capitalisme. -> la crise économique des années 30 aggrave les problèmes sociaux et la contestation - Photos p. 35 - Le New Deal (p. 223) ou le totalitarisme ? Les réponses aux limites du système capitaliste. Face à la « grand dépression » économique des années 30, après le krach boursier, les Etats-Unis de Roosevelt appliquent une politique « keynésienne ». Le résultat économique est modeste mais le pays ne sombre pas dans le fascisme comme en Europe.