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    Journal de la Socit desAmricanistes

    Recherches ethnographiques dans les bassins des RiosCaqueta Putumayo (Amazonie colombienne)Mireille Guyot

    Citer ce document Cite this document :

    Guyot Mireille. Recherches ethnographiques dans les bassins des Rios Caqueta Putumayo (Amazonie colombienne). In:

    Journal de la Socit des Amricanistes. Tome 58, 1969. pp. 267-283.

    doi : 10.3406/jsa.1969.2941

    http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941

    Document gnr le 16/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://www.persee.fr/author/auteur_jsa_771http://dx.doi.org/10.3406/jsa.1969.2941http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://dx.doi.org/10.3406/jsa.1969.2941http://www.persee.fr/author/auteur_jsa_771http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1969_num_58_1_2941http://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/
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    MISSION

    S IENTIFIQUE

    RECHERCHES ETHNOGRAPHIQUES

    DANS LES

    BASSINS DES

    RIOS

    CAQUETA

    ET

    PUTUMAYO

    (AMAZONIE

    COLOMBIENNE)

    Les Witoto.

    Il

    est

    difficile

    actuellement

    de circonscrire de

    faon prcise

    l extension

    gographique des indiens

    Witoto

    avant l arrive de

    l homme blanc. Il

    est

    nanmoins certain que

    le centre

    de leur

    habitat se

    situait dans un

    espace

    limit

    au

    Nord

    par

    le

    rio

    Caqueta,

    au

    Sud

    par

    le rio

    Putumayo,

    l Est

    et

    l Ouest

    par 72

    et

    74

    de

    longitude

    Ouest. Trois groupes dialectaux, mka-

    tno,

    buedno et mnkatno occupaient les rgions forestires

    des

    rios Cara-

    paran

    et

    Igaraparan,

    un quatrime

    groupe, npodno, tait tabli entre

    le Haut-

    Igaraparan,

    le

    Haut-Cahuinari

    et le cours

    du

    Caqueta en amont

    des

    rapides

    d Araracuara. Leurs

    voisins immdiats l Est taient les Ocaina,

    Muinan,

    Nonuya, Rosigaro,

    Andoque et

    Bora

    ; au Nord, sur

    l autre

    rive

    du Caqueta, se trouvaient les Carijona, une

    population

    caribe.

    La

    langue

    witoto n a

    pu

    tre

    classifie

    de faon

    convaincante

    dans aucune

    des grandes familles linguistiques d Amrique ;

    on a,

    par

    contre,

    russi

    tablir

    quelques

    rapprochements

    lexicaux avec la langue ocaina.

    La

    grande

    rue

    vers

    le

    caoutchouc,

    au dbut

    de

    notre

    sicle,

    a

    profondment

    atteint

    la

    population

    de

    l aire

    witoto.

    L exploiteur

    principal

    tait

    la

    Casa Arana

    (Peruvian Amazon

    Company Ltd.), compagnie

    anglaise

    administre

    sur

    les lieux par

    des

    Pruviens. Les mthodes les plus

    froces

    de

    l exploitation

    des

    indiens ont

    massivement

    rduit leur nombre ; la contrainte continue

    au travail et

    le

    dplacement

    rpt des groupes

    la

    recherche de

    nouvelles

    ressources ont interrompu la pratique

    des

    rites et la transmission

    des

    valeurs

    culturelles, perturb

    le systme des

    alliances, modifi

    la

    distribution

    rgionale des

    groupes

    et

    diminu

    leur cohsion interne.

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    SOCIT

    DES AMRICANISTES

    On constate aujourd hui

    une

    dispersion

    considrable

    des

    Witoto par

    petits

    groupes qui

    se

    rpartissent depuis l Amazone et

    le

    rio Napo au Prou, jusqu au

    Haut-Putumayo

    (rgion

    de

    Puerto

    Asis)

    et

    au

    rio

    Orteguaza,

    en

    Colombie.

    L migration vers le Prou est due aux transports massifs organiss

    par

    la

    Casa Arana

    pour

    conserver

    sa main

    d uvre indienne

    juste avant le

    conflit frontalier

    colombo-pruvien

    de

    1932

    ; vers le

    Nord,

    elle ne

    fut que

    la

    consquence

    des mthodes

    esclavagistes : les

    indiens, voulant

    se soustraire

    l emprise

    des

    caoutchoutiers,

    fuyaient vers

    les

    territoires

    lointains

    qui

    chappaient

    au

    contrle des

    Pruviens.

    Au

    cours d un voyage de reconnaissance dans l Orteguaza, je n ai plus

    trouv trace

    des

    deux

    groupes witoto chez

    lesquels K.

    Th.

    Preuss

    avait

    fait ses recherches en

    1914.

    A Puerto Solano

    (embouchure

    de l Orteguaza),

    j ai

    toutefois

    pris

    contact

    avec

    des

    Witoto

    qui

    parlent

    le dialecte

    des textes

    de

    Preuss

    (mkatno).

    Il

    tait vident

    que

    ces groupes

    priphriques,

    qui

    se

    trouvent en

    contact

    suivi avec

    les

    colons riverains et

    les marchands

    fluviaux,

    sont

    les

    plus

    sujets

    la

    dculturation

    ; deux

    voyages

    dans le Putumayo ont

    confirm cette

    impression.

    L habitat traditionnel

    des

    Witoto comporte actuellement

    trois rgions

    principales de regroupement, dont chacune

    est

    en rapport

    avec

    un

    foyer

    de

    rayonnement

    blanc

    .

    A

    la

    diffrence de

    la

    coutume ancienne, les Witoto

    vivent maintenant, quelques

    exceptions

    prs,

    au bord

    des

    grands fleuves

    qui traversent leur pays. Ces trois

    rgions

    sont : a) le

    Bas-Caraparan

    : Witoto

    parlant

    les

    dialectes mkatno et

    bueino,

    attachs

    la mission capucine

    de San

    Rafal ;

    proches

    du

    Putumayo, ils sont en rapports plus

    frquents

    que les

    autres groupes avec le

    monde-indien ; b) le Moyen- et

    Haut-Igara-

    paran

    (depuis

    le

    rio

    Mena

    e, en

    amont)

    :

    Witoto

    du

    dialecte

    mnkatno,

    appartenant

    la

    paroisse de La Chorrera

    ;

    en font galement

    partie

    les

    gens

    de

    llaroka-amena,

    qui

    habitent

    le centre de la fort,

    10

    km. de la mission,

    et

    ceux

    de la

    Isla de los

    Monos

    , sur le Caqueta, qui sont d anciens

    habitants

    du

    Haut-Igaraparan ;

    )

    Monochoa, au

    bord du

    Caqueta, 5 km. en

    amont

    des

    rapides

    d Araracuara :

    Witoto

    parlant le npodno, en relation avec

    la

    colonie pnitentiaire

    d Araracuara et le village de Santander.

    Dans chacune de ces rgions

    se

    trouve

    le sige

    d un corregidor ,

    administrateur civil

    et

    reprsentant du gouvernement.

    La

    situation des indiens Witoto de

    Vlgaraparan

    : C est

    dans

    la rgion

    de

    La Chorrera,

    qui regroupe environ 700 Witoto, que s est droule en

    deux

    tapes

    (aot

    novembre,

    et

    fvrier avril) mon enqute ethnographique.

    Cette

    rgion

    est,

    parmi

    les

    trois

    voques

    plus haut,

    la

    plus

    isole

    la

    fois

    du

    trafic commercial et

    des

    colons blancs qui

    frquentent

    les grandes

    artres

    navigables,

    le Putumayo,

    et

    dans

    une moindre

    mesure, le

    Caqueta.

    La mission

    des

    Capucins catalans et

    des surs

    de

    la Mre

    Laura, La

    Chorrera, doit son influence sur le milieu

    indigne son

    internat scolaire,

    son service sanitaire, son magasin de vente et

    au

    commerce

    des

    peaux

    et

    des

    planches.

    Les

    indiens satisfont leurs nouveaux

    besoins matriels

    en

    vtements cartouches, hameons,

    fil,

    aiguilles, machines coudre, savon,

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    MISSION

    SCIENTIFIQUE 269

    etc. avec l argent

    qu ils gagnent en vendant

    des

    peaux et

    des

    planches,

    ou

    de la viande

    et

    des

    produits

    de culture.

    Les

    peaux

    et les planches

    sont

    revendues

    par

    la

    mission

    Leticia, capitale

    de

    la

    Comisaria

    del

    Amazonas

    et

    sige

    de

    la Prfecture apostolique

    qui administre les missions. La

    nourriture est

    consomme par les

    membres

    de

    la mission

    et les

    enfants

    de

    l internat

    (environ

    300,

    en moyenne).

    Tous

    les enfants,

    entre

    cinq et treize ans,

    frquentent

    cet internat qui existe depuis les annes 30. Les hommes

    et,

    dans

    une moindre

    mesure,

    les

    femmes

    de

    moins

    de

    trente-cinq ans

    savent par

    consquent

    parler,

    lire et crire

    l espagnol

    ; ils ont

    des

    notions gnrales de

    la

    civilisation blanche et de

    la vie

    dans les

    villes,

    de

    la

    gographie et de

    l histoire de leur

    pays

    ; ils

    savent

    calculer.

    Certains

    ont appris

    des

    travaux de

    menuiserie.

    Une

    fois termin

    l internat,

    il n est

    pas

    rare

    que, pouss par

    le dsir

    de

    voir

    et

    de connatre,

    un

    jeune

    homme

    fasse

    pendant

    un ou

    deux

    ans

    un

    long

    voyage dans le Putumayo

    ou

    le Caqueta, travaillant

    et

    l pour

    un colon

    ou

    pour

    un

    caoutchoutier,

    dans une scierie ou dans

    la construction ;

    peu

    nombreux sont

    ceux

    qui

    s engagent

    dans

    l arme

    ou quittent dfinitivement

    la fort.

    La plupart reviennent dans leur rgion,

    se

    marient et

    retournent

    sur leurs terres pour y vivre

    une vie quotidienne

    qui, en ce qui concerne

    les

    techniques,

    a

    conserv la majorit de

    ses

    traits traditionnels.

    Le corregidor , assist de deux

    policiers,

    dtient l autorit judiciaire

    et

    l applique

    conformment

    au

    code du droit

    colombien. Par

    son

    intervention,

    deux indiens ont t

    envoys

    Leticia

    pour

    y

    tre jugs : l un tait accus

    d inceste

    avec sa

    fille, l autre

    d avoir

    fait avorter

    sa femme.

    Un sjour

    d un

    mois

    dans l enceinte

    de la mission m a permis d acqurir

    les

    premires

    connaissances

    linguistiques

    et

    de

    chercher le

    groupe

    qui

    serait

    le

    plus

    indiqu pour mon

    enqute.

    Je me suis install

    dans

    la famille

    Kuiru

    (groupe jitomagaro,

    soleil), trois heures de cano en aval de

    La

    Chorrera.

    Cette

    famille tendue groupait

    le

    couple

    des

    parents et les cinq mnages

    de

    quatre

    fils

    et d une

    fille.

    Son chef

    tait le dernier matre de la fte de la

    poutre de danse (lladiko), qui est

    la

    plus prestigieuse dans

    la

    hirarchie

    des

    ftes witoto.

    J ai

    consacr

    une grande

    partie

    de

    mon

    temps

    l tude

    de

    cette fte avec

    tous ses lments constitutifs. Le traitement

    des textes

    imposait

    une enqute

    linguistique approfondie ;

    mais

    le temps tait trop court

    pour acqurir

    des

    connaissances

    pratiques

    suffisantes

    pour mener

    l ensemble de

    l enqute en

    langue

    indigne. Malgr cet inconvnient, les conditions de

    travail

    taient

    trs

    satisfaisantes.

    Le

    chef

    de

    famille,

    Augusto

    Kuiru,

    n avait

    pas

    enseign,

    selon

    les

    normes

    de

    la

    tradition,

    ses

    connaissances

    ses

    fils, et ceux-ci taient

    ignorants de

    maint

    dtail

    du

    savoir traditionnel.

    D autre part,

    j appartenais

    moi-mme sensiblement

    au mme

    groupe d ge que ses

    fils

    et j tais, comme

    eux,

    mari ;

    nous

    formions ainsi,

    les

    fils et

    moi,

    un groupe d troite

    collaboration et,

    par rapport au

    pre,

    nous nous trouvions

    tous

    dans

    la

    situation

    d apprentis.

    Le

    pre, en me communiquant son savoir, le

    transmettait

    en

    mme temps

    ses

    fils qui,

    eux,

    m en donnaient

    les explications

    en espagnol.

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    SOCIT

    DES AMRICANISTES

    La culture

    matrielle

    :

    L horticulture

    : Les Witoto

    cultivent sur brlis.

    Le choix de l emplacement

    de la plantation est dtermin

    par

    la qualit du sol ; elle peut se trouver

    une distance

    d une demi-journe de marche et plus de l habitation.

    Actuellement,

    l homme

    et

    la femme collaborent,

    depuis

    la

    prparation de

    la

    plantation jusqu la rcolte, avec des degrs de

    participation

    diffrents selon les

    activits ;

    il

    n y a exclusivit que dans la culture

    du tabac,

    de

    la

    coca et des

    arachides, les premiers tant

    du ressort des

    hommes, les

    dernires

    de celui

    de la femme.

    Certains produits

    requirent des

    qualits

    spciales ou des

    traitements particuliers

    du sol.

    J ai tourn un film en couleur sur les techniques

    de plantation de diffrents produits horticoles et j ai

    pu

    observer

    des

    croyances

    qui,

    sans

    constituer

    un

    vritable

    rituel,

    se

    manifestent

    dans

    le

    cycle

    desactivits

    de

    jardinage.

    La

    nourriture

    de

    base est le

    manioc

    amer,

    consomm

    sous

    forme de

    galette

    (cassave) ;

    il

    en existe plusieurs varits. Le manioc doux est cultiv en deux

    espces.

    Le mas est connu mais n est gure apprci ;

    on

    le jette

    aux

    poules.

    Le riz sec a

    t propag par la mission

    et

    il est cultiv pour

    les

    besoins

    de

    l internat.

    Des

    bananes

    cuire,

    des

    piments et diffrentes

    sortes

    de tubercules,

    dont l igname,

    sont galement plants,

    et dans

    quelques familles,

    on

    trouve

    mme des oignons, des

    potirons et

    des

    tomates (introduction

    rcente).

    Parmi

    les

    arbres fruitiers,

    les

    plus

    apprcis

    sont le canangucho [Mauritia flexuosa)

    semi-cultiv le chontaduro (Gulielma Gasipaes), l umari (Poraqueiba

    paraensis

    et

    sericea), le

    caimo

    (Chrysophillum

    Caimito),

    l uva (Pourouma

    sapida),

    l avocat

    (Persea

    gratissima)

    et

    la

    banane douce.

    Dans

    le

    pass,

    de

    nombreuses plantes mdicinales et

    magiques

    ont

    t

    cultives,

    dont

    beaucoup se sont perdues au cours

    des

    dplacements

    frquents de groupes

    entiers

    pendant les annes d esclavage.

    Quelques

    plantes servant

    fabriquer

    des

    couleurs sont toujours cultives.

    Les animaux

    domestiques :

    Les

    poules et

    les

    chiens sont prsents partout.

    De jeunes animaux de

    la

    fort sont levs comme

    jouets.

    Il existe

    chez les

    Witoto un

    intrt rel pour l levage du

    porc

    et du

    btail.

    La cueillette :

    Des

    supplments alimentaires sont

    cueillis

    dans

    la

    fort,

    soit pour remdier au manque

    de

    nourriture en

    priode de

    disette, soit

    pour

    satisfaire la

    gourmandise. Dans

    la premire

    catgorie entrent de nombreuses

    espces

    de tubercules

    sauvages

    et

    les

    champignons

    ;

    dans

    la

    seconde,

    les

    fruits de palmiers

    comme

    le milpeso

    (Jessenia polycarpa) et asai

    (non

    ident.), diffrentes

    sortes

    de cocos sauvages ainsi que le miel,

    les

    fourmis,

    les vers

    palmistes

    et le menu

    fretin (pris

    la main nue

    l aide

    d un

    ver

    palmiste

    cras servant

    d appt). Sont cueillies galement toutes

    les

    fibres,

    corces, matires rsineuses et ligneuses qui servent de matires premires

    la confection d objets

    varis

    (ustensiles, instruments,

    vtements). L arbre

    qui fournit

    l corce

    pour

    la fabrication du tapa, semi-cultiv, fait exception.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    6/18

    MISSION SCIENTIFIQUE 271

    La chasse

    : Elle n est

    plus

    pratique qu individuellement ou deux, avec le

    fusil

    ou

    avec

    des

    piges.

    Les

    armes traditionnelles (sarbacane

    pour

    le

    petit

    gibier,

    lance

    et

    massue

    pour

    le

    gros

    gibier) sont

    tombes

    en

    dsutude.

    De

    mme,

    les

    grandes parties de chasse

    collective,

    au cours desquelles

    la

    bte

    tait attrape au filet, ne sont plus pratiques.

    La

    viande des

    flins

    n est

    pas consomme. Le

    boa n est tu

    que depuis

    des temps

    rcents. L iguane,

    le caman

    blanc,

    certains serpents et crapauds,

    sont considrs comme comestibles

    ou

    l ont

    t dans le pass.

    La

    pche

    : Pour pcher,

    les Witoto

    se servent traditionnellement de

    harpons,

    de barrages et de nasses et

    d au

    moins deux

    sortes

    de poisons. Le filet

    de nylon et le

    hameon

    en

    fer, acquis

    la mission,

    sont

    toutefois

    d un

    usage

    actuellement

    gnralis, ainsi que la

    technique

    consistant clairer avec

    une

    lampe

    de

    poche

    le

    fond

    des

    eaux

    et

    tuer

    le

    poisson

    surpris

    d un coup

    de machette.

    La

    lampe de poche remplace

    les

    anciens

    flambeaux

    en bois

    rsineux. Dans la communaut

    o

    j ai vcu, la plus grande partie de la ration

    en

    protines tait

    fournie par la pche.

    Des

    interdits

    alimentaires existent

    pour la femme enceinte, pour

    l homme

    en couvade et

    la femme

    relevant de couches, et

    pour

    les individus affects

    de maladies telles qu ulcre de

    la peau,

    par exemple. Autrefois, ils

    intervenaient

    galement

    pendant

    l apprentissage du jeune homme,

    successeur d un

    matre

    de fte

    ou

    d un

    sorcier.

    La

    cuisine :

    La

    galette de manioc,

    les

    bouillons et la pte

    poivre

    (casara-

    mn) sont

    la

    base de

    la

    cuisine.

    L extraction

    de l acide prussique

    du

    manioc

    amer

    ne

    se

    fait

    pas,

    comme

    chez

    les

    Bora

    et

    Andoque,

    voisins,

    ou

    chez

    les

    indiens

    des

    familles tucano et

    arawak

    au Nord de notre rgion, avec le

    fourreau de vannerie diagonale, mais l aide d un ruban de lanires d corce

    tresses diagonalement,

    dans

    lequel on enroule la masse

    de

    manioc

    cras

    ; l effet

    de pression est produit

    par

    la torsion et non

    par

    la

    traction, comme dans

    le premier cas.

    Comme boisson,

    les Witoto absorbent de

    grandes quantits d paisse

    cahuana

    , base d amidon de manioc amer et de pulpe de

    fruits

    de saison.

    D autres

    boissons

    sont

    prpares

    sans

    amidon

    : la

    chicha de

    chontaduro,

    eau douce (jus extrait

    d une

    varit de manioc doux) et

    la

    a

    chucula ,

    bouillie de

    bananes

    douces

    allonge

    d eau et servie chaude (introduction

    rcente).

    Aucune

    boisson n est

    fermente.

    La

    fermentation

    rebute

    les

    Witoto

    tel

    point

    qu ils jettent le breuvage

    ds

    qu elle se produit.

    Pour les

    conserver, viande

    et poissons sont

    fums ; la salaison

    a

    t

    introduite par les

    missionnaires

    pour

    les

    besoins de l internat. Un procd spcial

    permet de conserver la masse de pulpe du fruit du palmier

    canangucho

    pendant

    une anne pour augmenter

    la

    quantit disponible

    l occasion

    d une

    fte.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    7/18

    272

    SOCIETE

    DES

    AMERICANISTES

    La poterie

    est

    modele par

    pices

    spares, selon

    le

    procd au colombin. Un

    dcor peint

    avec

    des

    couleurs vgtales

    ou

    minrales

    est

    appliqu

    parfois

    rarement

    aprs

    la

    cuisson,

    qui a

    lieu

    l intrieur de

    la

    maloca.

    La

    vannerie connat tout

    un ventail

    de formes,

    de procds et de

    matires,

    mais

    n atteint

    pas

    la

    finesse et

    la

    richesse

    des

    vanneries dcores

    des

    Tucano

    du Uaups.

    Le coton et les

    toffes sont depuis

    toujours inconnus.

    Aujourd hui

    les Witoto

    s habillent

    de vtements

    achets

    la

    mission et confectionns

    par

    les femmes ;

    les

    jeunes filles apprennent la couture

    l internat. Elles continuent

    pourtant tordre

    les

    fibres de cumare

    [Astrocaryum

    vulgare) ; le fil sert au

    tissage

    des

    diffrents types de hamacs. Peu peu

    les

    hamacs

    de coton

    (imports) tendent

    se

    substituer

    la

    forme

    traditionnelle.

    Le

    tapa

    sert

    la

    confection

    des

    costumes

    de

    masques,

    du

    cache-sexe

    des

    hommes (tomb en

    dsutude)

    et

    des

    bandeaux

    avec

    lesquels

    la femme porte

    le petit enfant.

    La

    poterie

    et la torsion du fil de cumare sont du ressort

    des

    femmes, alors

    que

    la

    vannerie et

    la

    frabrication

    du

    tapa rentrent dans

    le

    domaine

    des

    activits

    masculines,

    sans que cette opposition soit catgorique.

    Le travail

    du bois manifeste, dans cette

    aire

    culturelle, une nette tendance

    vers

    les

    grandes dimensions : construction

    des

    malocas

    (maisons

    plurifami-

    liales)

    autrefois

    bien plus grandes

    que les

    actuelles, et

    qui exigeaient

    le

    maniement de troncs d arbres normes

    servant

    de piliers centraux (parfois

    dcors

    de motifs sculpts) ; poutre

    de

    danse

    de

    12

    m.

    de long, sculpte

    aux

    deux

    extrmits ;

    tambours

    de communication

    mle

    et femelle

    ( manguar )

    ;

    statues

    en

    pied

    des

    indiens

    Ocaina.

    L organisation sociale et crmonielle :

    L habitation : Dans l ancien temps,

    les Witoto vivaient dans

    des

    maisons

    plurifamiliales (maloca)

    qui semblent avoir atteint de trs grandes

    dimensions, telles

    qu on

    ne les voit plus de

    nos

    jours.

    Elles

    abritaient

    une famille

    tendue

    ou mme toute

    une

    ligne.

    Il

    existe

    deux

    types de malocas :

    l un,

    appel

    mle , est localis dans

    la rgion du Caraparan

    ; l autre,

    dit

    femelle

    ,

    couvre la rgion de

    l Igaraparana et les territoires plus

    au

    Nord,

    jusqu au Caqueta. Le

    dernier type est

    aussi

    celui des Ocaina,

    Nonuya,

    Mui-

    nan

    et

    Bora.

    La

    maloca

    figure,

    dans

    l esprit witoto,

    une

    personne

    accroupie.

    Actuellement

    le nombre des malocas est extrmement

    rduit

    : il y en a cinq

    dans

    tout

    l Igaraparana,

    dont

    une abandonne.

    Ce n est

    d ailleurs

    plus que

    le chef de maloca et

    sa femme

    qui

    y

    vivent ; les fils,

    avant

    de se marier,

    construisent leur propre

    maison

    sur pilotis

    plus

    ou moins

    l cart

    de

    leur

    pre.

    Fig. 1. Masque

    witoto

    de

    la

    vieille (eirngo) qui apparat au

    cours

    des

    ftes

    lladiko,

    zki et menizai : maillot queue et cagoule en tapa, dessins de style bora, face noire

    de

    goudron

    vgtal. Contre

    la

    paroi de

    la maison, deux

    prsences

    blanches :

    la

    photo

    du pape et le

    filet

    papillons

    de l'anthropologue.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    8/18

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

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    /

    274 SOCIT DES AMRICANISTES

    Les clans

    :

    Les

    Witoto se groupent

    en clans

    patrilinaires et patrilocaux

    (avec

    une

    tendance actuelle

    la

    nolocalit) dont

    le nombre

    dpassait

    lacentaine,

    dans

    le

    pass.

    Les

    clans portent

    des

    noms

    qui

    ne

    sont

    pas

    toujours

    drivs de

    plantes

    ou

    d animaux. Des

    clans du mme nom existent

    dans

    diffrents

    groupes

    dialectaux, les

    membres se considrent

    alors comme

    des

    parents extrieurs , mais le

    mariage

    entre eux est

    prtendu

    possible, bien

    qu on

    n en ait

    jamais

    constat

    de

    cas. Le

    principe

    de l exogamie ne

    s attache

    pas seulement

    l unit clanique, mais galement au clan du partenaire cr-

    moniel.

    Il

    n y

    a

    pas de

    mariage

    prfrentiel avec la cousine croise. Dans le

    pass, un fils

    de

    chef devait

    pouser la

    fille d un chef.

    A

    ct du chef,

    il

    semble y avoir eu,

    d une

    part,

    des

    adjudants

    occupant

    des charges

    spcifiques (par exemple, toasteur

    de

    coca) ; d autre part,

    au bas

    de

    l chelle sociale,

    des

    sujets

    (le terme witoto

    qui les

    dsigne

    a

    galement

    le sens

    orphelin

    .)

    Le systme

    crmoniel

    : Le chef

    de

    maloca

    est le matre

    d une

    fte,

    fonction conue comme une

    carrire qui

    suit, lorsque le

    fils an succde

    son

    pre dans

    la charge de

    chef,

    une volution

    par tapes marques par

    des

    crmonies

    et

    des travaux spcifiques (construction de la

    maloca,

    fabrication

    de la

    poutre

    de danse ou du

    manguar

    , donation

    de noms aux

    enfants,

    mort). Une carrire crmonielle allie toujours

    deux

    clans,

    deux

    matres

    de

    la mme fte, dans le cas

    idal. Chacun

    est tour de rle

    l hte et l invit

    principal. Cette

    alliance

    est

    maintenue

    travers

    les

    gnrations. Dans le

    cas o le

    nombre

    des invits est

    trs important,

    le

    matre

    de la

    fte peut

    dsigner

    un

    ou

    deux

    autres invits

    principaux qui

    suivent la mme

    carrire

    crmonielle.

    A

    la

    clbration

    de toute crmonie prennent part

    quatre groupes

    de

    participants

    : le matre de fte (considr

    comme

    le

    pre

    de tous

    les

    participants) avec les membres de sa

    maloca,

    et les travailleurs qui sont les

    allis par

    mariage

    ;

    l invit

    principal (partenaire crmoniel), avec

    les gens

    de sa propre

    maloca,

    est

    le chef

    des

    danseurs ,

    c est--dire

    de l ensemble

    des invits

    habitant

    les malocas

    environnantes. Diffrents types

    de

    chants

    sont interprts par

    ces

    groupes ;

    les

    chants

    principaux

    sont

    pays

    avec

    de la pte tabac et

    des

    arachides (ou d autres produits agricoles estims).

    Le

    manguar communique toutes

    les

    maisons

    les

    diffrents

    stades

    de

    prparation de la

    fte. Quatre

    ftes

    ont

    t pratiques

    dans

    PIgaraparan,

    en

    aval

    de

    La

    Chorrera,

    ce sont

    dans l ordre

    hirarchique

    allant de la

    plus

    prestigieuse

    la moins importante

    : le lladiko,

    le

    zki, le

    menizai

    et le

    llua. Les trois

    premires donnent lieu

    des changes entre

    produits

    de

    culture et produits de chasse ; elles comportent, un moment prcis de la

    fte,

    l intervention

    de

    masques qui

    reprsentent des

    animaux (

    une exception

    prs) ; au cours du llua, par

    contre, les

    tubercules (culture souterraine) sont

    changs contre

    les

    fruits de saison, accompagns de poisson. Cette dernire

    fte semble jouir d un statut plus

    important

    dans le Caraparan

    o

    elle

    est

    associe

    la carrire

    d uik

    (fte du jeu de balle). Des fltes de trois types

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    10/18

    MISSION SCIENTIFIQUE 275

    et une sorte

    d ocarina

    (en calebasse ou en

    terre) sont

    prsentes dans

    certaines

    ftes.

    Dans

    le

    zki

    et

    le

    llua,

    les

    invits

    d aval

    se

    distinguent

    des

    invits

    d amont par

    le type

    de danse,

    le

    dialecte et

    la

    mlodie

    des

    chants

    ;

    les termes

    qui les

    dsignent

    sont les mmes qui distinguent les gens

    du Sud (Carapa-

    ran) de

    ceux

    du Nord distinction qui recouvre galement une ralit

    dialectale.

    Le droulement

    de la fte, depuis

    ses

    premiers prparatifs, est ponctu

    par

    une rcitation

    (la

    parole du pre

    )

    et quatre incantations qui sont

    caractrises par leur

    structure

    extrmement formelle. La parole

    du

    pre

    apparat sous forme de liste ou inventaire nonant, en

    onze

    chapitres,

    par

    des

    termes et leurs pithtes, les

    concepts

    fondamentaux

    du

    monde ; l ordre

    mme dans

    lequel

    ils sont voqus

    retrace le

    droulement

    des

    premires

    tapes de la cration. Aucun mythe,

    par

    contre, n est rcit l occasion des

    ftes.

    La clbration

    des ftes

    devient actuellement

    de

    plus

    en

    plus

    espace.

    Le

    besoin de biens

    matriels modernes

    fait que

    les

    membres

    d une

    famille

    prfrent

    souvent

    vendre leur rcolte

    la

    mission

    plutt

    que de l engager

    dans

    le jeu des

    prestations crmonielles.

    Le chamanisme :

    Mon

    enqute a t trs limite par manque d informateur

    suffisamment savant et parce que l interdit

    des

    missionnaires pse le plus

    lourdement

    sur

    cet

    aspect

    culturel. Trois oraisons

    magiques enregistres

    rvlent

    une

    structure

    formelle proche de

    celle

    de

    la

    rcitation et

    des

    incantations

    crmonielles.

    Jiirg

    Gasch.

    Les Bora.

    Pendant la premire

    priode de mon

    enqute

    (aot

    dcembre 1969),

    j ai

    travaill

    dans la famille bora Teteye, du groupe iePhe (canangucha, palmier^

    Mauritia flexuosa),

    qui possde

    la maloca la

    plus vaste

    subsistant

    actuellement sur

    l Igaraparana. De

    fvrier

    juin

    1970, aprs avoir

    pass un

    mois

    La

    Sabana (Haut-Cahuinari)

    o ont eu lieu plusieurs ftes qui ont permis

    des enregistrements

    intressants, j ai descendu

    le

    Cahuinari

    (affluent du

    rio

    Caqueta)

    avec

    deux

    Bora

    qui m ont aide travailler

    avec

    les

    chefs

    de deux

    malocas,

    l un bora, du groupe mmePebam

    ( branches

    tombes de chonta-

    duro

    ,

    palmier Gulielma

    Gasipaes),

    l autre

    miraa,

    du

    groupe wam

    (gua-

    camayos, nom local de l ara).

    Remontant ensuite

    le Caqueta en amont des

    rapides

    d Araracuara, j ai enfin regagn

    l Igaraparana pour

    y travailler encore

    un

    mois avec la famille

    Teteye.

    Ma

    condition

    de femme n a

    pas

    t

    un

    gros handicap et elle aurait pu l tre,

    car chez

    les Bora,

    ce

    sont les hommes qui dtiennent

    le savoir,

    qui

    rcitent

    les

    mythes,

    qui

    chantent

    et qui dansent. Les

    femmes,

    qui jouissent d un

    statut cependant trs

    important,

    surtout lorsqu elles sont vieilles,

    aident

    rciter, chanter et

    danser. Punie

    ne pas apprendre

    le

    savoir

    acquis,

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    11/18

    276 SOCIT DES

    AMRICANISTES

    dans le

    mythe,

    par

    un

    couple

    de hros culturels (frres an et cadet), leur

    mre

    est

    l origine du

    silence et de la discrtion observs

    par

    les femmes

    bora.

    tant

    la

    blanche

    ,

    j ai

    parfois

    t

    convie

    rarement

    manger

    avec

    les

    hommes,

    ce

    qui tait un honneur. Prise en charge

    par

    deux

    des

    fils

    clibataires (c est--dire plus

    libres

    de leur temps que les

    autres hommes)

    de

    la famille Teteye,

    ou plus

    tard

    par mon

    guide

    dans

    le

    Cahuinari, j ai

    pu

    travailler grce leur mdiation constante

    auprs

    des

    informateurs gs,

    hommes

    ou femmes,

    qui ne parlent que bora.

    Tous

    trois, connaissant

    l espagnol, ont t

    des

    interprtes patients, qui se sont

    prts

    de

    bonne

    grce

    mon

    apprentissage

    de

    la

    langue

    et de

    la vie

    quotidienne

    bora.

    Les

    indiens Bora (appellation

    dont l tymologie est

    inconnue,

    l auto-dno-

    mination

    de type

    totmique

    tant

    celle

    de leurs clans exogamiques) qui

    vivent aujourd hui dans la rgion de

    Igaraparan et du

    Cahuinari

    sont

    un

    peu

    plus de

    deux

    cents.

    Une cinquantaine d autres

    sont

    dissmins

    dans

    des

    lieux coloniss,

    sur le

    Caqueta

    ou le

    Putumayo.

    Girard

    3

    chiffre

    2 000

    les

    familles bora,

    witoto

    et

    ocaina

    dportes dans la rgion du rio

    Yagua-

    syacu, au Prou, la

    suite des

    tragiques vnements

    du

    rubber

    boom ,

    au dbut de ce sicle.

    Il

    signale de

    petits

    groupes bora, l heure

    actuelle

    encore

    connus, dans cette

    rgion.

    A

    part

    quelques familles revenues en

    Colombie depuis,

    les

    Bora

    actuels

    sont

    les

    rebelles qui

    ont

    fui, dans

    les annes

    20,

    les

    caoutchoutiers de la

    Casa

    Arana , se

    regroupant

    et se cachant dans le

    Cahuinari, d o certains

    allrent

    s installer sur

    Igaraparan il y

    a une

    vingtaine d annes.

    L origine gographique

    des Bora est

    incertaine ; d aprs

    eux,

    un de leurs

    lieux

    traditionnels

    serait

    le

    rio Pma, affluent

    du Cahuinari, o ils seraient

    depuis longtemps

    en

    contact avec

    des

    groupes

    distincts

    d indiens

    dits

    Miraa,

    dont

    la localisation

    correspond aux rives

    du

    Caqueta, en aval

    des

    rapides

    d Araracuara jusqu

    La

    Pedrera

    et

    la frontire brsilienne.

    Les

    Bora

    et les

    Miraa

    affirment que des familles des

    deux

    groupes

    vivent

    encore en pleine

    fort,

    dans

    la rgion du

    Pma, refusant le

    contact

    avec les blancs. Il est en

    tous cas

    certain

    que, traditionnellement,

    les

    malocas

    taient situes

    en fort,

    au

    bord

    de bras de

    rivire

    carts, l occupation

    des

    rives de fleuves

    importants tant un fait rcent.

    La

    langue :

    J.

    et

    J. Walton

    2

    signalent

    trois dialectes principaux

    du bora

    (famille linguistique isole)

    parl

    en

    Colombie

    :

    le

    bora,

    le

    miraa et

    le

    mui-

    nan.

    Le

    muinan, distinct du bora, est parl

    par un groupe actuellement

    rduit

    une centaine

    d individus, localiss

    La Sabana

    (Haut-Cahuinari).

    Le miraa ne diffre en revanche

    du

    bora proprement dit que

    par

    une

    diffrence de

    prononciation

    et

    de

    certains termes :

    Bora

    et Miraa

    se

    compren-

    1. R. Girard, Indios selvticos

    de la

    Amazonia peruana, Mexico,

    1958.

    2.

    J. et J.

    Walton, Phonemes of

    Muinane,

    Phonemic

    systems

    of

    Colombian languages,

    3,

    ILV-SIL, Mexico, 1967.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    12/18

    MISSION

    SCIENTIFIQUE

    277

    nent parfaitement, alors qu ils communiquent avec les Muinan, chacun

    parlant

    sa

    langue

    et

    apprenant

    facilement

    comprendre

    l autre,

    mais

    ne

    la

    parlant

    pas.

    Le

    bora

    est

    compltement

    diffrent

    des

    autres

    idiomes

    rgionaux

    :

    witoto,

    nonuya,

    ocaina.

    La

    culture matrielle

    :

    Les

    Bora

    vivent plus l cart

    des

    blancs que

    leurs

    voisins

    Witoto.

    La division sexuelle du travail semble chez eux plus

    tranche :

    chasseurs et

    pcheurs,

    les hommes,

    aprs avoir abattu

    les

    arbres pour

    prparer une chagra

    (jardin)

    participent rarement aux travaux

    d ensemencement

    ou

    de

    culture,

    qui sont

    dvolus aux femmes,

    exception

    faite du

    tabac et de

    la

    coca dont culture et consommation sont

    strictement

    masculines.

    La

    base

    de

    la

    nourriture

    est la

    galette de casave

    faite avec le

    manioc amer

    (Manihot

    utilissima),

    suivant

    une mthode

    distincte de

    celle

    des

    Witoto

    que

    les

    Bora

    appellent

    tkm (pourris) parce qu ils font

    pourrir le manioc

    avant

    de

    le

    traiter. Deux

    sortes

    de manioc doux sont

    courantes, l une

    consomme comme lgume,

    l autre servant

    prparer

    une

    boisson.

    Le

    mas et le riz sont connus, mais rarement

    cultivs

    et peu

    apprcis.

    L arachide, les

    bananes

    cuire, l igname,

    le piment,

    compltent

    le

    rgime

    alimentaire,

    dont

    gibier et poisson sont

    les pices

    de

    rsistance. Les produits

    de

    rcolte ou

    de cueillette sont enfin

    l objet

    de

    prdilection

    des Bora : fruits

    du

    palmier chontaduro,

    canangucha

    (cf. plus haut), milpeso (Jessenia poly-

    carpa),

    fruits de

    l umari (Poraqueiba

    paraensis et sericea) qui porte le nom

    de leur hros culturel le

    plus

    important caimos [Chrysophyllum

    Caimito),

    uvas

    (Pourouma

    sapida),

    fruits du

    palmier

    coco (Astrocaryum vulgare),

    anone

    (Anona

    squamosa),

    ananas.

    Les

    champignons d arbre

    et

    deux

    sortes

    de

    miel

    sont

    occasionnellement

    consomms.

    Les

    mojojoy

    (vers palmistes),

    trs

    priss chez

    les Witoto

    pour

    leur apport

    en lipides, le sont moins chez

    les

    Bora qui leur prfrent

    l huile de

    tapir

    ou les

    ufs

    de

    charapa

    (tortue

    d eau).

    Avec le dfrichage

    de

    la fort, la chasse

    et

    la

    pche

    sont

    les activits

    principales

    des

    hommes,

    qui partent

    souvent

    avec

    ou

    sans leur famille

    pour

    plusieurs

    semaines.

    Autrefois, les

    Bora

    ne

    tuaient

    pas le jaguar et le boa et

    ils disent

    que

    ce n est

    que depuis qu ils

    tuent le jaguar

    que

    celui-ci est devenu

    mchant. D une faon gnrale,

    la

    chasse ou la pche

    des

    gros animaux

    consomms (tapir

    et bagre, en

    particulier,

    alors que

    ni le boa, ni le jaguar

    ou

    l ocelot

    ne

    le

    sont)

    taient

    l objet

    d interdictions

    ou

    de

    rgles

    magico-

    religieuses prcises

    et

    crent

    actuellement

    des

    litiges

    entre

    la

    jeune

    et

    la

    vieille gnration,

    Les

    grandes

    chasses

    ou du moins leur frquence accrue

    sont

    probablement

    un fait

    rcent, consquence des besoins crs par

    l introduction du fusil, de la hache, de la machette,

    des

    lampes

    de poche,

    des

    hameons et des cartouches.

    La

    vente de

    gibier,

    de poisson ou de

    peaux

    de btes

    (jaguar, ocelot,

    loutres,

    caman,

    iguanes) permet d acqurir

    ces objets et

    d autres comme le tissu ou

    les

    vtements, le

    sel

    et

    les

    allumettes,

    d usage

    courant, au magasin de

    l internat

    de La Chorrera

    ou des

    lanchas

    qui

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    13/18

    278

    SOCIETE DES AMERICANISTES

    Fig. 2.

    Cuisine

    bora :

    lessivage

    de

    la

    masse de manioc amer

    pour

    en

    extraire l acide prussique et l amidon.

    remontent parfois

    l Igaraparana. Les

    Bora

    de

    la rgion du

    Cahuinari et de

    son

    embouchure

    sur le Caqueta sont

    commercialement

    hors du circuit

    ou

    doivent

    descendre jusqu La Pedrera

    pour

    s approvisionner,

    ce

    qui

    reprsente

    un

    voyage

    considrable.

    La sarbacane, tombe en

    dsutude,

    ne subsiste plus que comme un

    jeu

    d enfant.

    La

    lance avec ou

    sans pointe

    dtachable

    a

    t

    abandonne,

    le

    harpon

    est encore utilis

    pour

    la

    chasse au

    caman,

    aux iguanes

    fluviatiles

    et

    aux gros

    poissons.

    Comme

    la

    hache pour

    l abattage

    des arbres, la

    machette et

    le fusil sont devenus indispensables. La pche

    la

    ligne est une

    spcialit

    blouissante des

    Bora, mais

    la

    pche

    la machette, nocturne,

    ou au

    moyen

    de divers piges en bois ou en vannerie, de mme que

    la

    pche au poison

    (barbasco)

    en t, lui sont prfres.

    Les

    Bora

    sont de pitres leveurs :

    les

    poules se nourrissent toutes seules

    et

    l ventuel

    et rarissime cochon,

    voleur

    et destructeur

    des

    abords de

    la

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    14/18

    MISSION SCIENTIFIQUE 279

    maloca, finit par

    tre mang un jour de

    famine

    plutt que vendu

    ou

    accoupl

    en

    vue d une

    porte de porcelets.

    Les

    chiens,

    trs

    apprcis

    quand

    ils

    sont

    chasseurs,

    ne sont

    pas

    nourris

    sauf

    dans

    le

    cas

    du

    dpeage d une

    bte

    importante, par exemple

    le tapir,

    ou

    non

    consomme par l homme,

    la

    raie

    venimeuse entre autres.

    Les

    Bora

    aiment, en

    revanche, apprivoiser

    certains

    singes ou des

    oiseaux.

    La cuisine : Elle se

    caractrise par

    une

    prdilection

    pour ce

    qui est

    blanc,

    frais et fade,

    le

    bouilli primant

    absolument sur le

    rti. Le

    piment,

    la

    pte

    de tabac assaisonne de

    sel extrait

    encore

    actuellement

    de

    l corce

    ou

    des

    racines de certains

    arbres, le

    sel

    minral

    et

    le

    sucre acquis

    des

    blancs,

    le

    miel,

    sont les saveurs les plus apprcies. Le

    Bora

    avoue

    ou vante son

    peu

    de

    recherche

    en matire de cuisine :

    il

    n est intransigeant que sur la fracheur

    des

    aliments. Pas plus que

    le

    Witoto,

    il

    n aime

    ce

    qui

    est

    ferment et

    il n admet

    la

    saveur doux-acide que dans

    certains

    fruits

    sauvages

    ou

    la

    chicha

    de

    miel

    colmena . Le citron,

    cultiv, se

    consomme

    avec du sel,

    comme

    remde.

    Chez

    les

    vieux, la

    consommation

    de la

    coca

    est quotidienne et consacre ;

    chez

    les moins de trente ans, occasionnelle seulement,

    avant

    et pendant

    l'effort

    gnralement.

    Spcialit fminine, la poterie,

    rendue

    tanche

    par lissage et

    enfumage,

    parfois orne d incisions frottes de terre blanche, est fabrique suivant la

    mthode trs

    primitive du modelage.

    La

    fabrication des

    hamacs, dont

    il

    existe au moins cinq

    techniques,

    est en revanche une

    spcialit

    masculine.

    Hommes

    et femmes sont de bons vanniers. L corce battue et peinte

    des

    cache-sexes ou

    des

    chemises

    d autrefois

    a

    cd

    la

    place

    au

    pantalon,

    la

    chemise

    et la robe ; elle sert cependant encore la fabrication

    des

    masques

    et

    des

    supports

    pour

    les plumes

    des

    coiffures de fte.

    Il

    arrive

    qu on voie

    encore tisser des

    brassards ou

    des

    jambires

    en fibres

    de palmier.

    Le travail

    du bois est remarquable : construction

    des

    maisons,

    des

    canots,

    fabrication

    d armes ou d outils

    (piges, rabot,

    rpe manioc), de

    petits

    siges

    zoomorphes,

    sculpture du

    fameux kpi en

    bois

    de

    balsa

    orn de

    peintures.

    La

    sculpture de statues en bois dans

    les

    piliers d entre de

    la

    maloca

    n est

    plus qu un

    souvenir, celle des

    tambours mle et

    femelle

    ( manguar )

    subsiste

    ; sa

    confection

    est

    une spcialit

    du chaman.

    Comme la poterie,

    les

    peintures corporelles ou

    des

    masques sont

    encore

    excutes par une

    femme du

    groupe,

    considre

    comme la spcialiste. Il

    s agit

    gnralement

    de

    la

    femme

    du

    chef

    ou

    de

    sa

    fille

    ane. Les techniques

    d assemblage de plumes (coiffes de fte, ornements de jambes ou

    d oreilles)

    sont

    encore

    connues mais rarement excutes,

    l exception du

    collage de

    duvet

    d aigle

    ou d une espce de laine provenant des

    fourmilires sur le

    corps

    des enfants

    auxquels sont transmis les noms

    du

    pre (chef de maloca)

    et de la tante

    paternelle,

    ou d anctre.

    Le

    cycle de

    vie : Les rites de

    naissance (couvade, interdits

    alimentaires,

    peinture corporelle du nouveau-n) sont encore en vigueur, alors que

    ceux

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    15/18

    280 SOCIT DES AMRICANISTES

    d initiation

    (rclusion

    de la jeune fille

    pubre

    et du jeune homme) sont

    compltement

    abandonns.

    Le

    mariage n est

    pas

    une

    crmonie

    et

    le

    choix parat

    libre, quoiqu il

    semble subsister

    un mariage

    prfrentiel avec

    les

    frres

    et

    surs du mari de la fille ane.

    Les

    Bora enterrent

    actuellement leurs

    morts

    dans

    des cimetires loigns

    de la maloca. Ils sont trs rticents pour parler de

    l ensevelissement

    traditionnel

    dans le sol de la maloca ou dans

    des

    spultures

    annexes (dans

    le cas

    des

    chefs), probablement

    du

    fait de

    la

    proximit

    des

    Capucins.

    A

    leur

    naissance, les

    enfants de

    chef

    reoivent

    un sobriquet

    ;

    l adolescence

    (12 ans environ),

    un nom vritable, classificatoire, gnralement en

    relation de type mtonymique

    avec

    celui

    du clan

    et

    du gniteur,

    ou de

    la

    tante

    paternelle

    dans

    le cas des filles. Quand ils

    ont

    des enfants, ils en

    reoivent un autre moins beau , et

    la

    vieillesse un nom laid .

    Cette

    sorte

    d accession

    par

    tapes nommes

    et

    dvalues

    jusqu

    la

    snescence

    est

    en

    train de tomber en

    dsutude,

    le nom classificatoire seul

    subsistant.

    Actuellement les naissances sont recenses sous peine d amende et les enfants,

    baptiss,

    reoivent un nom

    chrtien du

    Pre

    capucin.

    L organisation sociale et crmonielle

    : La maloca bora

    (maison

    plurifami-

    liale)

    est

    une

    structure

    quatre

    piliers

    centraux semblable

    celle des

    Witoto,

    conue dans l esprit

    des Bora

    comme une femme

    accroupie.

    Comme chez

    les Witoto, elle

    n abrite

    plus

    actuellement

    un lignage tout entier

    ou

    une famille

    tendue , mais

    seulement le chef, sa femme

    et ses

    enfants, ventuellement

    la

    sur ane du chef ou une aeule.

    Il

    reste

    deux

    malocas sur l Igaraparana,

    dont une assez vaste de 16 m.

    de

    diamtre, et trois dans

    le

    Cahuinari.

    Les

    clans

    patrilinaires

    et

    patrilocaux

    sont

    exogamiques. Les Bora

    confondent tous

    les

    cousins qu ils

    appellent

    frre ou sur et avec lesquels

    ils ne

    se

    marient pas.

    Ils nomment le

    beau-pre et

    la

    belle-mre comme

    l oncle et la tante. L absence de diffrence entre

    les

    oncles et

    les tantes

    paternels et maternels semble due

    ce

    que la transmission

    des

    noms du chef et

    de

    la sur du

    chef au fils et la

    fille ans

    ne

    se

    fait pas de

    faon exclusive,

    mais

    seulement

    prfrentielle, dans la ligne du pre.

    En

    effet, quand ce

    dernier

    est un

    chef

    qui n a pas t nomm au cours

    d une

    fte (parce qu il

    n est pas un

    an), mais

    qu il a pous

    une

    femme

    d un

    autre clan qui,

    elle,

    a t nomme comme fille ane, la transmission se fait dans la ligne

    de

    la mre,

    les

    enfants

    recevant les noms de

    la

    mre et de l oncle

    utrin.

    Le

    partenaire

    et

    la

    rciprocit crmoniels

    sont du

    mme

    type

    que

    chez

    les Witoto, mais l organisation

    et le genre des ftes

    offrent

    de nombreuses

    diffrences.

    Les

    ftes de

    baptme sont encore trs importantes, le

    chef

    de maloca

    transmettant

    son

    nom et celui de

    sa sur

    (ans) son fils et

    sa fille

    ans

    vers l ge de 12

    ans

    en

    mme

    temps que

    le

    nom

    du frre

    et de

    la sur

    puns

    un

    fils

    et

    une

    fille puns,

    ou

    des cousins

    croiss.

    Pendant

    les

    jours prcdant

    la fte,

    durant lesquels

    on

    taille

    la

    poutre de danse et on

    prpare les provisions de

    cahuana

    (boisson rituelle base d amidon de

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    16/18

    MISSION SCIENTIFIQUE 281

    manioc), de tabac et de piment, des mythes sont rcits ;

    autrefois

    se

    pratiquait

    le

    jeu

    de

    balle

    qui

    est

    actuellement

    abandonn

    (remplac par

    le

    football ). La fte proprement dite commence l heure

    o le

    soleil est

    son

    znith :

    les

    enfants

    sont

    baptiss. Le chef

    de maloca prononce chaque nom

    (ractulisant

    le

    comportement

    du

    chef mythique qui a clbr

    le premier

    baptme)

    et chaque

    membre

    de

    la famille, qui dtient

    les

    rcipients

    de jus

    de tabac

    et

    de piment en poudre, rpte le nom.

    Les changes

    rituels

    ont

    lieu

    ensuite au cours

    d une

    espce de comptition : coca

    des

    invits contre jus

    de tabac et piment pulvris de

    la famille

    de

    la maloca. Avant la

    tombe

    de

    la

    nuit, les invits vont se laver, vomir (ivres de jus de tabac) et changer

    de vtement.

    Les

    danses, accompagnes de chants qui font

    allusion

    certains

    pisodes

    des mythes,

    commencent

    avec la

    nuit et cessent

    ds que

    l aube

    pointe.

    La

    transmission de

    noms

    quatre

    enfants

    n a

    lieu

    que

    dans

    les

    malocas

    les plus importantes

    : bPha (dont

    aucune

    ne

    subsiste

    l heure actuelle)

    et

    tdigwaPha .

    Le chef d une

    maloca

    plus

    modeste

    ou

    ckomPha (signification

    inconnue)

    n a le droit de transmettre

    son

    nom et

    celui

    de

    la

    tante

    paternelle qu

    deux

    enfants

    : le fils et

    la

    fille ans.

    Un

    frre

    de chef

    peut,

    s il en a les

    capacits

    conomiques et

    le prestige

    social, clbrer une fte appele picoPpa (signification

    inconnue) au

    cours

    de laquelle le nom

    d un

    aeul (pas le

    sien)

    est transmis

    son

    fils

    an.

    Les

    enfants

    ainsi

    nomms

    sont

    les

    Bora

    qui

    possdent

    le statut

    social

    le plus important.

    quivalent bora du lladiko witoto, la fte de tdzigwa ou de drigwa 2

    semble participer

    d un

    systme

    hirarchique,

    social

    et

    architectural,

    dans

    lequel le

    fils

    et la fille ans hritent du statut, des droits et des devoirs du

    pre et de la tante paternelle.

    11 s agit d un

    hritage qui est de droit (quasi

    divin,

    car tout

    chef nomm

    s appelle

    aussi

    nmPe (umari),

    nom

    du hros

    culturel le

    plus

    lev), acquis l adolescence et non l issue

    d une

    carrire

    crmonielle comme dans

    le

    cas witoto.

    D autres ftes

    comme les fameuses

    bPha (quivalant

    au

    zki

    witoto),

    tPmaci (chants

    de sang, fte d exocannibalisme), tri

    (fte

    de la

    charapa ),

    iPciba

    (de

    l aigrette blanche), typiquement bora, ne sont plus clbres, mais

    leurs

    chants

    sont encore

    excuts.

    La fte de

    chontaduro ou

    mmeba

    (chicha

    de chontaduro) n a pas d quivalent chez les

    Witoto

    mais

    semble

    offrir des

    traits

    comparables avec

    la

    fte

    de

    chontaduro

    des

    Yukuna

    du

    Miriti-Paran.

    La fte apko, quivalent du llua

    witoto,

    est

    celle

    qui entrane le moins

    de

    prestations conomiques : elle

    est

    clbre couramment, l occasion de

    tra-

    1.

    ha :

    maison

    ;

    gwa

    : superficie plane, poutre ;

    tdzi

    : asai ,

    sorte

    de palmier, non

    ident.) ; litt.

    maison

    de

    la

    poutre

    asai , allusion

    la

    poutre de

    danse

    percute par

    les pieds des danseurs.

    2. Syn. de tdzigwa,

    mais

    clbre

    pour

    inaugurer une maloca plus

    importante

    que

    la

    tdzigwapha, avec

    une poutre de

    danse taille

    dans un

    bois plus

    dur.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    17/18

    282

    SOCIT

    DES

    AMRICANISTES

    vaux en commun, et les

    Bora y

    chantent les travaux

    des

    champs (dfrichage,

    rcoltes,

    semailles),

    les

    fruits,

    les

    animaux qui

    participent,

    en

    bien

    ou

    enmal,

    aux

    cultures

    ou

    qui

    partagent

    le

    got

    des

    hommes

    pour

    leur

    produit.

    Le

    chamanisme :

    II

    est encore vivant

    et les

    Bora en

    parlent

    avec

    rticence.

    La rcitation de mythes est considre comme une pratique chamanistique

    et

    tout

    chef de

    maloca est

    donc

    tenu

    de

    devenir

    plus ou

    moins

    chaman,

    en

    dehors

    du fait

    qu il

    existe des

    spcialistes

    (parmi

    lesquels on

    cite le

    nom

    d une

    femme).

    L un d entre eux

    vit

    encore dans

    la

    rgion de

    l Igaraparana,

    un autre

    est mort il y

    a deux

    ans

    dans

    celle du

    Cahuinari. Une

    cure,

    pratique

    rcemment,

    comportait une

    transe

    conscutive

    l absorption de jus

    de tabac

    sal,

    au cours de laquelle le chaman tombe comme mort. Les

    assistants (famille du malade) conversent avec

    ses voix

    :

    l une,

    la

    bonne, celle

    qui

    sait

    indiquer

    le

    remde, parle bora

    ;

    l autre,

    la

    mauvaise,

    qui

    refuse ou

    ne connat pas le remde, parle

    ocaina

    1. Malgr

    la

    dculturation entrane

    par l enseignement

    des enfants

    l internat

    et

    la non-transmission des

    savoirs,

    le chaman est toujours redout.

    Son savoir

    et

    ses

    pratiques semblent

    tre

    intimement

    associs

    aux

    rgles

    de

    chasse, de pche, de

    la cueillette, des

    luttes intertribales et

    des

    rites

    d exocannibalisme.

    Un

    des

    buts

    principaux

    d une enqute

    complmentaire

    sera

    d approfondir l information

    au

    sujet du

    chamanisme.

    Mireille Guyot.

    De

    juin 1969

    juillet 1970, Mireille Guyot et Jurg Gasch ont accompli

    une

    mission

    ethnographique

    en

    Amazonie

    colombienne, dans

    la

    rgion

    comprise

    entre

    deux grands affluents septentrionaux de l Amazone,

    le rio

    Putumayo et

    le rio

    Caqueta. La mission tait finance par des

    crdits

    du Fonds National Suisse

    pour

    la Recherche

    Scientifique et par

    la

    Werner

    Reimers-Stiftung

    fur anthropogene-

    tische Forschung , Bad Homburg (RFA), ainsi que par

    des subsides

    accords

    par le

    Centre

    National

    de la

    Recherche

    Scientifique franais et

    par

    la

    Smithsonian

    Institution

    ,

    Washington

    (

    Committee

    on

    urgent anthropology ).

    M.

    Guyot et

    J.

    Gasch

    ont

    travaill en Colombie sous

    les

    auspices de

    Instituto

    colombiano

    de Antropologia

    ; ils

    en

    remercient le directeur, M.

    Manuel J.

    Casas Manrique

    et le sous-directeur, M.

    Francisco Marquez

    Yez,

    pour

    le soutien efficace

    dont

    ils

    les

    ont fait bnficier.

    Leurs

    remerciements

    s adressent galement la

    Mission des

    Capucins catalans

    et des surs

    de la Mre

    Laura

    de la

    Comisaria del Amazonas et

    de

    La

    Chorrera

    en

    particulier,

    qui les

    ont

    aids

    par

    leurs

    moyens

    de

    communication

    et

    dont

    l hospitalit a t

    des plus gnreuses ; au Summer Institute of

    Linguistics

    dont

    le

    service de transports ariens leur

    a

    permis

    d conomiser un

    temps prcieux pour

    leur

    travail ; la

    Fuerza

    Naval del Sur

    et

    plus prcisment

    au commandant

    de la base de

    Puerto

    Leguizamo,

    le

    Capitaine de Frgate Jorge E. Vera Pineda,

    1.

    Les Ocaina, teints l'heure actuelle

    l'exception

    de

    quelques

    individus, ont t les

    ennemis traditionnels des

    Bora.

  • 7/23/2019 Guyot - Relatrio de Pesquisa

    18/18

    MISSION SCIENTIFIQUE

    283

    dont

    l assistance a

    seule permis de sortir de la

    fort

    du matriel comprenant une

    collection ethnographique importante.

    Leur reconnaissance

    va

    enfin

    aux

    firmes

    suisses

    Ciba,

    Flawa,

    Geigy,

    Hoffmann

    La-

    Roche, Sandoz, Wander,

    leurs

    filiales

    colombiennes,

    ainsi

    qu

    Bayer de

    Colombie

    dont

    les cadeaux

    en

    mdicaments et matriel

    de pansement

    leur ont permis

    de remdier leurs propres maux comme ceux

    des

    indiens qu ils ont

    frquents

    ;

    Nestl-Cicolac qui leur

    a fourni

    des ressources

    alimentaires.

    Les Professeurs G.

    Reichel-Dolmatof et Alicia

    Dussan

    de Reichel n ont pas

    cess

    de

    montrer intrt et sympathie

    pour

    leur mission,

    ds

    ses tout

    premiers

    prparatifs. Qu ils

    en

    soient remercis ici, eux

    aussi.

    Au cours

    de cette

    mission M.

    Guyot

    s est

    consacre

    l tude

    des

    indiens

    Bora,

    J. Gasch celle des Witoto.

    Fig. 3. Sarclage d'une chagra chez les Muinan.

    A

    l'arrire-plan,

    les

    boutures de manioc frachement plantes.