Guide "Sciences en balade" de Floirac

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Sciences en balade La boucle du coteau Floirac Une hydrologie riche La côte de Monrepos abritait au XIX e siècle un « établissement de loisirs » qui pro- posait aux promeneurs les eaux de sa source ferrugineuse. La Gravette, qui coulait à cet endroit, est cachée sous la pénétrante est, alors que la Jacotte, qui marque le sud de Floirac, est sous la rocade. Elle demeure visible à certains endroits, parti- culièrement là où elle se jette dans la Garonne. Oublié pendant longtemps aussi, le Rédebech, masqué sous l’avenue François-Mitterrand, détourné par les carrières, connaîtra une nouvelle vie dans sa partie basse puisqu’il est intégré dans l’amé- nagement paysager de la ZAC des quais. Il alimente toujours un petit étang dans sa partie haute. Ces trois esteys ont créé trois vallées qui offrent à Floirac l’un des coteaux les plus fracturés de la rive droite. Plus classiquement, quelques sources affleurent en bas du coteau dont l’une, derrière le castel, alimente en partie son bassin. Tout ce réseau traverse la Souys, ancien bras mort de la Garonne jusqu’au Moyen Âge, où une grande partie du bas-Floirac est bâtie, parfois jusqu’à trois mètres sous le niveau des hautes eaux. Mais la dernière grande inondation remonte à 1937, suite à quoi les digues furent rehaussées. Garonne : deux rives distinctes, deux géologies différentes « La côte située entre Cenon et Floirac et les palus qui la bordent réunissent dans un petit espace presque toutes les richesses botaniques de l’Entre-deux- Mers. » Le botaniste bordelais Jean François Laterrade, qui herborisait dans les environs avec le marquis de Rabar au premier tiers du XIX e siècle, retrouve- rait sans doute une partie de la diversité floristique qu’il avait énumérée dans son livre Flore bordelaise et de la Gironde. Et qui a justifié en 1987 le classement en ZNIEFF des coteaux de Floirac (Zone na- turelle d’intérêt écologique faunistique et floristique). Même si pour Jean Laporte-Cru, de la Société linnéenne de Bordeaux, on a sur ces coteaux et sur le plateau « un mé- lange très équilibré », la particularité essentielle de la flore est d’être calcicole et thermophile. Poussant sur terrain cal- caire, elle est économe en eau et aime la chaleur de la réfraction du soleil sur la pierre et de l’orientation du coteau au sud, à l’abri des vents froids. Ce qui per- met à toute une variété de plantes mé- diterranéennes d’y prospérer, fait rare dans la région : corroyère, cyprès d’Italie, alaterne ou encore genêt d’Espagne. Ce particularisme s’étend tout au long des coteaux jusqu’à Langon mais la proximi- té de Bordeaux et la fragilité provoquée par l’urbanisation rendent les lieux en- core plus précieux. En herborisant à son temps perdu sur les 12 ha du parc de l’ob- servatoire entre 2000 et 2003, Michel David, chargé à l’époque de l’entretien du lieu, a dénombré plus de 500 variétés de plantes différentes, arbres inclus. Pour lui, « c’est un écosys- tème normal » mais « intéressant car il est protégé. Le parc reçoit peu de visites publiques et il ne reste plus beaucoup d’endroits protégés dans le coin. » La ver- sion numérisée de son herbier a été re- mise à l’observatoire où il est consultable sur demande. Le contraste est grand entre cette végétation et celle qui pousse dans les vallons, frais et hu- mides, où l’on retrouve une végétation plus océanique. La vallée de la Jacotte était particulièrement intéressante avant qu’elle ne soit traversée par la ro- cade. Laterrade aurait moins aimé. Flore : la Riviera girondine Le parc du castel < Ouest 1 km Est > Mérignac Bordeaux la Garonne COUPE GÉOLOGIQUE MÉRIGNAC / FLOIRAC Quaternaire récent (alluvions) Quaternaire ancien (alluvions) Miocène (sables calcaires) Oligocène moyen (“calcaire à astéries”) Oligocène inférieur (marnes) Trois questions à Laurent Londeix, maître de conféren- ces à l’université Bordeaux 1 où il enseigne la géolo- gie. Spécialisé en paléontologie, ses travaux de recherche au sein du labora- toire EPOC portent sur les reconstitutions des environnements marins et l’évolution paléoclimatique du Quaternaire. Qu’est ce qui distingue la rive droite de la rive gauche de la Garonne ? Un simple regard depuis les hauteurs de la rive droite permet de constater la différence d’altitude entre les deux rives du fleuve aux environs de Bordeaux. Ce même constat peut d’ailleurs se faire en amont de Bordeaux, jusque vers Langon, ou en aval jusqu’à Blaye voire Royan. Depuis le point de vue du Haut Floirac, on constate que jusqu’à l’horizon, la rive gauche de la Garonne est très plate, alors qu’en revanche l’Entre-deux-Mers (rive droite) est très joliment vallonné. L’explication de cette différence est géo- logique. C’est dans la nature même des terrains qui constituent le sous-sol de notre région, ainsi que dans son histoire et ses bouleversements, que se trouve la solution de l’énigme. Quels sont les phénomènes qui ont ainsi modelé le relief de notre région ? Une coupe géologique réalisée entre Floirac et Mérignac permet de visualiser l’âge des terrains et leur géométrie (voir ci-dessous). Les falaises de Floirac sont constituées de marnes (sortes d’argiles calcaires) à la base, surmontées par une épaisse formation marine appelée « cal- caire à astéries », en raison des multi- ples osselets d’étoiles de mer que l’on y retrouve. Ces terrains sont d’âge oligo- cène (environ – 40 à – 30 millions d’an- nées). Ils sont surmontés par quelques lambeaux de sables calcaires marins du miocène (environ – 20 millions d’années) eux-mêmes recouverts par des alluvions anciennes de la Garonne (argiles, sables et graviers) du quaternaire basal (envi- ron – 2 à – 1,5 millions d’années). Rive gauche, les même roches se retrouvent, mais visibles seulement en forage ou à l’occasion de travaux. A l’origine, ces terrains se sont déposés à plat et à une altitude similaire. Or, on note aujourd’hui une différence impor- tante entre leur position rive droite et rive gauche. D’où vient ce décalage ? La présence d’une faille le long de la- quelle s’écoule aujourd’hui la Garonne explique ce décalage. Ce mouvement tectonique a dû s’effectuer au cours du quaternaire, il y a environ un million d’années. Mais cette faille ne présente plus vrai- ment de danger. Le dernier séisme local ressenti dans la région date de 1759 et avait fait relativement peu de dégâts. Ces bouleversements ont rendu acces- sibles à l’homme les calcaires pour des pierres de taille utilisées notamment à Bordeaux puis du calcaire et des marnes à l’origine de l’installation de grandes cimenteries. Floirac la Jacotte Infos pratiques Distance : 3 km Durée du parcours : 2 h COMMENT ACCÉDER AU PARCOURS Départ : Côté sciences, 13 avenue Pierre-Curie, Floirac Voitures : parking au départ Bus : lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau Tramway : ligne A puis bus, lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau Vélo : accès au point de départ par la piste cyclable des quais MATÉRIEL TECHNIQUE Une paire de jumelles Une loupe De bonnes chaussures en cas de pluie E n commençant par la rude montée du « chemin de Tirecul », c’est l’un des derniers restes du Floirac rural du XIX e siècle que l’on découvre. Les Bordelais venaient alors se promener dans cette campagne proche et jouir de la vue imprenable. C’est ce calme qui décida les scientifiques de l’époque à installer ici l’observatoire qui attend le marcheur en haut du sentier ombragé. On peut apercevoir ses coupoles d’époque et ses radiotélescopes modernes. Installé sur un domaine de douze hectares ravagé par le phylloxera, il demeure une oasis de calme et de verdure malgré l’industrialisation de Floirac au XX e siècle. En contemplant ensuite le gigantesque amphithéâtre de l’ancienne carrière des Ciments français, creusée au cœur de la colline, détournant le cours d’un ruisseau désormais enterré, on mesure les effets de cette révolution sur ce qui n’était qu’un village. Il suffit de grimper à nouveau par le chemin des Plateaux et l’on a un point de vue qui embrasse la palus qui vit fleurir vignes et fruitiers, accueillit une indus- trie lourde avant de devenir une Zac (Zone d'aménage- ment concerté) couronnant le rôle d’hébergement de la commune. L'itinéraire de la balade > VOIR PLAN DÉTAILLÉ DU PARCOURS AU DOS CÔTÉ SCIENCES CHEMIN DE TIRECUL OBSERVATOIRE ÉGLISE SAINT-VINCENT PARC DU CASTEL CHEMIN DES PLATEAUX GARE DE LA SOUYS, PISTE CYCLABLE RETOUR À CÔTÉ SCIENCES Le grand radiotéléscope de l'observatoire PLAN D'ACCÈS AU PARCOURS bd Joliot-Curie D 936 Bordeaux rive gauche rocade rive droite rue Richelieu avenue Thiers vers pont d’Aquitaine av. prés. François-Mitterrand sortie 24 sortie 23 quai de la Souys D 10 pont de Pierre pont St-Jean mairie de Floirac Côté sciences 13 avenue Pierre-Curie Floirac av. Pasteur Georges Rayet qui fonde l’établissement afin de réaliser des études de météorolo- gie, d’astronomie et de magnétisme ter- restre. Astronome reconnu, il laisse son nom à une étoile mais surtout, participe depuis ici à un projet international de car- tographie du ciel appelé Carte du ciel. Même si, en 1965 encore, l’astronome Guy Soulié y découvre un astéroïde, baptisé Floirac, la pollution des lumières urbaines fait aban- donner l’observation visuelle en 1980. Depuis les années 1970, les activités sont orientées vers la technique des ondes radioé- lectriques et des thématiques nouvelles en astrophysique et en aéronomie (étude de l’at- mosphère), particulièrement pour la mesure de l’ozone. L’observatoire accueille une soixantaine de chercheurs, dont une équipe impliquée dans des missions d’exploration de Mars et de Titan. Certains s’intéres- sent à l’origine de la vie sur Terre et à sa distribution dans l’Univers. L’observatoire organise des journées por- tes ouvertes, des visites guidées qui font découvrir la collection d’instruments des XIX e et XX e siècles ainsi que les instru- ments actuels. Contact pour les visites : 05 57 77 61 00 Email : [email protected] Site Web : www.obs.u-bordeaux1.fr/site/ visites.html L’ÉGLISE SAINT-VINCENT L’aspect néo-gothique de l’église, dont les bases remontent au XII e siècle, lui a été donné au XIX e par l’architecte borde- lais Gustave Alaux, très actif alors sur les monuments religieux du Sud-Ouest. Elle LE CHEMIN DE TIRECUL Depuis l’avenue Pasteur, le chemin de Tirecul grimpe vers le coteau. S’il est court, il est aussi l’un des plus raides de la rive droite, vrai défi aux vététistes. Ça tire dans les mollets et pas seulement, d’où le changement de son nom de côte du Piquet pour chemin de Tirecul au XIX e siècle ! A l’époque, il existait trois chemins sem- blables à la Burthe, tous effacés depuis, et un autre qui est devenu l’avenue François-Mitterrand. Tirecul est le dernier des chemins qui gravissaient le coteau. L’OBSERVATOIRE Arrivé au bout du chemin de Tirecul, on aperçoit l’observatoire sur la droite (pro- priété privée). Il abrite sept instruments d’observation du ciel : quatre lunettes astronomiques sous ses coupoles, un té- lescope optique et deux radiotélescopes que l’on voit depuis les grilles. La lunette méridienne, merveille technologique lors de la création de l’observatoire en 1878, est toujours utilisée grâce à des amé- liorations constantes. C’est le Bordelais renferme deux belles sculptures d’albâ- tre, importées d’Angleterre au XV e siècle. Surtout, le maître-autel est dû à Bernard Jabouin, marbrier-sculpteur installé à Mériadeck, qui exportait jusqu’au Chili. Il était reconnu pour la qualité de ses pro- ductions. Proche de « l’esprit Viollet-le- Duc », il s’attachait à ce que son mobilier s’harmonise avec le style du bâtiment. LE PARC DU CASTEL C’est un cadre idéal de promenade avec son étang, ses compo- sitions florales et son châ- teau. Lieu d’accueil de mani- festations culturelles, il est construit au XIX e siècle par M. Blondel de Joigny, alors maire de Floirac, puis devient propriété municipale en 1959. Remanié architecturalement à plusieurs reprises, il est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il en reste la passerelle, reliant le premier éta- ge à la colline située derrière. D’ailleurs, pour profiter de l’environnement paisible de la forêt un dédale de sentiers gravit le coteau et offre un agréable panorama. Les points forts de la balade Le chemin de Tirecul Le castel et son parc L'église Saint-Vincent Une gargouille du château

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Page 1: Guide "Sciences en balade" de Floirac

Sciences en balade

La boucle du coteau

Floirac

Une hydrologie richeLa côte de Monrepos abritait au XIXe siècle un « établissement de loisirs » qui pro-posait aux promeneurs les eaux de sa source ferrugineuse. La Gravette, qui coulait à cet endroit, est cachée sous la pénétrante est, alors que la Jacotte, qui marque le sud de Floirac, est sous la rocade. Elle demeure visible à certains endroits, parti-culièrement là où elle se jette dans la Garonne. Oublié pendant longtemps aussi, le Rédebech, masqué sous l’avenue François-Mitterrand, détourné par les carrières, connaîtra une nouvelle vie dans sa partie basse puisqu’il est intégré dans l’amé-nagement paysager de la ZAC des quais. Il alimente toujours un petit étang dans sa partie haute. Ces trois esteys ont créé trois vallées qui offrent à Floirac l’un des coteaux les plus fracturés de la rive droite. Plus classiquement, quelques sources affleurent en bas du coteau dont l’une, derrière le castel, alimente en partie son bassin. Tout ce réseau traverse la Souys, ancien bras mort de la Garonne jusqu’au Moyen Âge, où une grande partie du bas-Floirac est bâtie, parfois jusqu’à trois mètres sous le niveau des hautes eaux. Mais la dernière grande inondation remonte à 1937, suite à quoi les digues furent rehaussées.

Garonne : deux rives distinctes, deux géologies différentes« La côte située entre Cenon et Floirac

et les palus qui la bordent réunissent dans un petit espace presque toutes les richesses botaniques de l’Entre-deux-Mers. » Le botaniste bordelais Jean François Laterrade, qui herborisait dans les environs avec le marquis de Rabar au premier tiers du XIXe siècle, retrouve-rait sans doute une partie de la diversité floristique qu’il avait énumérée dans son livre Flore bordelaise et de la Gironde. Et qui a justifié en 1987 le classement en ZNIEFF des coteaux de Floirac (Zone na-turelle d’intérêt écologique faunistique et floristique).

Même si pour Jean Laporte-Cru, de la Société linnéenne de Bordeaux, on a sur ces coteaux et sur le plateau « un mé-lange très équilibré », la particularité essentielle de la flore est d’être calcicole et thermophile. Poussant sur terrain cal-caire, elle est économe en eau et aime

la chaleur de la réfraction du soleil sur la pierre et de l’orientation du coteau au sud, à l’abri des vents froids. Ce qui per-met à toute une variété de plantes mé-diterranéennes d’y prospérer, fait rare dans la région : corroyère, cyprès d’Italie, alaterne ou encore genêt d’Espagne. Ce particularisme s’étend tout au long des coteaux jusqu’à Langon mais la proximi-té de Bordeaux et la fragilité provoquée par l’urbanisation rendent les lieux en-core plus précieux. En herborisant à son temps perdu sur les 12 ha du parc de l’ob-servatoire entre 2000 et 2003, Michel David, chargé à l’époque de l’entretien du

lieu, a dénombré plus de 500 variétés de plantes différentes, arbres inclus. Pour lui, « c’est un écosys-tème normal » mais « intéressant car il est protégé. Le parc reçoit peu de visites publiques et il ne reste plus beaucoup d’endroits protégés dans le coin. » La ver-sion numérisée de son herbier a été re-mise à l’observatoire où il est consultable sur demande.Le contraste est grand entre cette végétation et celle

qui pousse dans les vallons, frais et hu-mides, où l’on retrouve une végétation plus océanique. La vallée de la Jacotte était particulièrement intéressante avant qu’elle ne soit traversée par la ro-cade. Laterrade aurait moins aimé.

Flore : la Riviera girondine

Le parc du castel

< Ouest

1 km

Est >

Mérignac

Bordeaux

la Garonne

Coupe géologique mérignaC / FloiraC

● Quaternaire récent (alluvions)

● Quaternaire ancien (alluvions)

● Miocène (sables calcaires)

● Oligocène moyen (“calcaire à astéries”)

● Oligocène inférieur (marnes)

Trois questions à Laurent Londeix, maître de conféren-ces à l’université Bordeaux 1 où il enseigne la géolo-gie. Spécialisé en paléontologie, ses

travaux de recherche au sein du labora-toire EPOC portent sur les reconstitutions des environnements marins et l’évolution paléoclimatique du Quaternaire.

Qu’est ce qui distingue la rive droite de la rive gauche de la Garonne ?Un simple regard depuis les hauteurs de la rive droite permet de constater la différence d’altitude entre les deux rives du fleuve aux environs de Bordeaux. Ce même constat peut d’ailleurs se faire en amont de Bordeaux, jusque vers Langon, ou en aval jusqu’à Blaye voire Royan.Depuis le point de vue du Haut Floirac, on constate que jusqu’à l’horizon, la rive gauche de la Garonne est très plate, alors qu’en revanche l’Entre-deux-Mers (rive droite) est très joliment vallonné.L’explication de cette différence est géo-

logique. C’est dans la nature même des terrains qui constituent le sous-sol de notre région, ainsi que dans son histoire et ses bouleversements, que se trouve la solution de l’énigme.Quels sont les phénomènes qui ont ainsi modelé le relief de notre région ?Une coupe géologique réalisée entre Floirac et Mérignac permet de visualiser l’âge des terrains et leur géométrie (voir ci-dessous). Les falaises de Floirac sont constituées de marnes (sortes d’argiles calcaires) à la base, surmontées par une épaisse formation marine appelée « cal-caire à astéries », en raison des multi-ples osselets d’étoiles de mer que l’on y retrouve. Ces terrains sont d’âge oligo-cène (environ – 40 à – 30 millions d’an-nées). Ils sont surmontés par quelques lambeaux de sables calcaires marins du miocène (environ – 20 millions d’années) eux-mêmes recouverts par des alluvions anciennes de la Garonne (argiles, sables et graviers) du quaternaire basal (envi-ron – 2 à – 1,5 millions d’années). Rive gauche, les même roches se retrouvent, mais visibles seulement en forage ou à l’occasion de travaux.

A l’origine, ces terrains se sont déposés à plat et à une altitude similaire. Or, on note aujourd’hui une différence impor-tante entre leur position rive droite et rive gauche.D’où vient ce décalage ?La présence d’une faille le long de la-quelle s’écoule aujourd’hui la Garonne explique ce décalage. Ce mouvement tectonique a dû s’effectuer au cours du quaternaire, il y a environ un million d’années.Mais cette faille ne présente plus vrai-ment de danger. Le dernier séisme local

ressenti dans la région date de 1759 et avait fait relativement peu de dégâts.Ces bouleversements ont rendu acces-sibles à l’homme les calcaires pour des pierres de taille utilisées notamment à Bordeaux puis du calcaire et des marnes à l’origine de l’installation de grandes cimenteries.

Floirac

la J

acot

te

Infos pratiques● Distance : 3 km● Durée du parcours : 2 h

Comment aCCéder au parCours● Départ : Côté sciences, 13 avenue Pierre-Curie, Floirac● Voitures : parking au départ● Bus : lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau● Tramway : ligne A puis bus, lignes 6 ou 8, arrêt Rousseau● Vélo : accès au point de départ par la piste cyclable des quais

matériel teChnique● Une paire de jumelles● Une loupe● De bonnes chaussures en cas de pluie

En commençant par la rude montée du « chemin de Tirecul », c’est l’un des derniers restes du Floirac rural du XIXe siècle que l’on découvre. Les

Bordelais venaient alors se promener dans cette campagne proche et jouir de la vue imprenable. C’est ce calme qui décida les scientifiques de l’époque à installer ici l’observatoire qui attend le marcheur en haut du sentier ombragé. On peut apercevoir ses coupoles d’époque et ses radiotélescopes modernes. Installé sur un domaine de douze hectares ravagé par le phylloxera, il demeure une oasis de calme et de verdure malgré l’industrialisation de Floirac au XXe siècle. En contemplant ensuite le gigantesque amphithéâtre de l’ancienne carrière des Ciments français, creusée au cœur de la colline, détournant le cours d’un ruisseau désormais enterré, on mesure les effets de cette révolution sur ce qui n’était qu’un village. Il suffit de grimper à nouveau par le chemin des Plateaux et l’on a un point de vue qui embrasse la palus qui vit fleurir vignes et fruitiers, accueillit une indus-trie lourde avant de devenir une Zac (Zone d'aménage-ment concerté) couronnant le rôle d’hébergement de la commune.

L'itinéraire de la balade> Voir plan détaillé du parCours au dos

❶ Côté sCienCes

❷ Chemin de tireCul

❸ obserVatoire

❹ église saint-VinCent

❺ parC du Castel

❻ Chemin des plateaux

❼ gare de la souys, piste CyClable

❽ retour à Côté sCienCesLe grand radiotéléscope de l'observatoire

plan d'aCCès au parCours

bd Joliot-Curie

D 936

Bordeaux rive gaucherocade rive droite

rue Richelieu

avenue Thiers

vers

pon

t d’A

quita

ine

av. prés. François-Mitterrand

sortie 24

sortie 23

quai

de la

Souy

s

D 10

pont de

Pierre

pont St-Jean

mairie de Floirac

Côté sciences 13 avenue Pierre-Curie Floirac

av. P

aste

ur

Georges Rayet qui fonde l’établissement afin de réaliser des études de météorolo-gie, d’astronomie et de magnétisme ter-restre. Astronome reconnu, il laisse son nom à une étoile mais surtout, participe depuis ici à un projet international de car-tographie du ciel appelé Carte du ciel.Même si, en 1965 encore, l’astronome Guy Soulié y découvre un astéroïde,

baptisé Floirac, la pollution des lumières urbaines fait aban-donner l’observation visuelle en 1980. Depuis les années 1970, les activités sont orientées vers la technique des ondes radioé-lectriques et des thématiques nouvelles en astrophysique et en aéronomie (étude de l’at-mosphère), particulièrement pour la mesure de l’ozone. L’observatoire accueille une soixantaine de chercheurs, dont une équipe impliquée dans des missions d’exploration de Mars et de Titan. Certains s’intéres-

sent à l’origine de la vie sur Terre et à sa distribution dans l’Univers. L’observatoire organise des journées por-tes ouvertes, des visites guidées qui font découvrir la collection d’instruments des XIX

e et XX

e siècles ainsi que les instru-

ments actuels.Contact pour les visites : 05 57 77 61 00email : [email protected] Web : www.obs.u-bordeaux1.fr/site/visites.html

❹ l’église saint-VinCentL’aspect néo-gothique de l’église, dont les bases remontent au XII

e siècle, lui a

été donné au XIXe par l’architecte borde-

lais Gustave Alaux, très actif alors sur les monuments religieux du Sud-Ouest. Elle

❷ le Chemin de tireCulDepuis l’avenue Pasteur, le chemin de Tirecul grimpe vers le coteau. S’il est court, il est aussi l’un des plus raides de la rive droite, vrai défi aux vététistes. Ça tire dans les mollets et pas seulement, d’où le changement de son nom de côte du Piquet pour chemin de Tirecul au XIX

e siècle !

A l’époque, il existait trois chemins sem-blables à la Burthe, tous effacés depuis, et un autre qui est devenu l’avenue François-Mitterrand. Tirecul est le dernier des chemins qui gravissaient le coteau.

❸ l’obserVatoireArrivé au bout du chemin de Tirecul, on aperçoit l’observatoire sur la droite (pro-priété privée). Il abrite sept instruments d’observation du ciel : quatre lunettes astronomiques sous ses coupoles, un té-lescope optique et deux radiotélescopes que l’on voit depuis les grilles. La lunette méridienne, merveille technologique lors de la création de l’observatoire en 1878, est toujours utilisée grâce à des amé-liorations constantes. C’est le Bordelais

renferme deux belles sculptures d’albâ-tre, importées d’Angleterre au XV

e siècle.

Surtout, le maître-autel est dû à Bernard Jabouin, marbrier-sculpteur installé à Mériadeck, qui exportait jusqu’au Chili. Il était reconnu pour la qualité de ses pro-ductions. Proche de « l’esprit Viollet-le-Duc », il s’attachait à ce que son mobilier s’harmonise avec le style du bâtiment.

❺ le parC du CastelC’est un cadre idéal de promenade avec son étang, ses compo-sitions florales et son châ-teau. Lieu d’accueil de mani-festations culturelles, il est construit au XIX

e siècle par

M. Blondel de Joigny, alors maire de Floirac, puis devient propriété municipale en 1959. Remanié architecturalement à plusieurs reprises, il est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il en reste la passerelle, reliant le premier éta-ge à la colline située derrière. D’ailleurs, pour profiter de l’environnement paisible de la forêt un dédale de sentiers gravit le coteau et offre un agréable panorama.

Les points forts de la balade

Le chemin de Tirecul

Le castel et son parc

L'église Saint-Vincent

Une gargouille du château

La tête du verso est alignée sur ce bord

Le pied du verso est aligné sur ce bord

La tête du verso est alignée sur ce bord

Le pied du verso est aligné sur ce bord

Page 2: Guide "Sciences en balade" de Floirac

L'itinéraire de la balade ❶ Côté sCienCes❷ Chemin de tireCuL❸ ObservatOire❹ égLise saint-vinCent❺ parC du CasteL❻ Chemin des pLateaux❼ gare de La sOuys, piste CyCLabLe❽ retOur à Côté sCienCes

Le pOint de vue du Chemin des pLateauxLe chemin des Plateaux s’élève en lacets vers les hauteurs de Floirac, un peu comme une route de montagne. En étant pru-dent, on y a une vue sur la partie de Floirac qui borde la Garonne. L’ancienne carrière des Ciments français s’y déployait et, sur ces 40 ha achetés par la municipalité en 1998, s’étend désormais la Zac des Quais. Cette palus porte une triste histoire : c’est ici que se déclara, en 1869, le premier cas de phylloxera qui devait ravager le vignoble bordelais.

Le fragOnOn la prend pour du houx, elle n’est pas rare sur les coteaux cal-caires de la rive droite, mais le fragon est une drôle de plante. Ce qui ressemble à des feuilles piquantes sont des branches modi-fiées, appelées « cladodes ». Elles qui portent les minuscules fleurs vertes et mauves qui deviennent ensuite des baies rouges, de l’automne au printemps. Ses feuilles sont réduites à la taille d’écailles microscopiques. Les jeunes pousses sont comestibles car le fragon est cousin de l’asperge mais les baies sont toxiques.

L’ObservatOire Le premier observatoire était situé aux allées de Tourny, mais au XIXe siècle, les exigences de précision obligent à chercher un site rural. Ce sera le domaine viticole de Montfraguey, 12 ha de vigne en friche, car il est « éloigné des fumées de cheminées et du roule-ment des voitures qui causent des trépidations ». Le site est idéal : à 73 m de hauteur, il culmine au-delà des brouillards de la Garonne qui l’atteignent rarement, à l’extrémité d’un plateau créé par la val-lée de Monrepos et celle du Rédébech.

La CarrièreLa première carrière exploitée dès 1901 par les Ciments fran-çais est un immense amphi-théâtre face au rond-point qui dessert le chemin des Plateaux. Ce gigantisme inquiéta la com-mune, soucieuse de voir la structure du coteau ébranlée. L’entreprise ouvrit donc avant la guerre un autre site, 200 mètres plus loin, rasant deux châteaux au passage, avant de l’abandon-ner au milieu des années 1950. La cimenterie puis l’ensachage perdurèrent jusqu’à la fermeture en 1979. La friabilité du calcaire local le rend moins apte à la taille mais idéal pour le ciment, d’autant que l’argile nécessaire à la composition du produit est

abondante.

Sciences en balade

La boucle du coteau

Floirac

13, avenue Pierre-Curie – 33270 FloiracTél. et fax : 05 56 86 18 82

[email protected]

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Réalisation Cap sciences. Directeur de publication : Bernard Alaux. Responsable éditorial : Alexandre Marsat. Coordinatrice du projet : Alexia Sonnois. Rédaction : Jean-Luc Eluard. Photographies : Pierre Baudier. Graphisme : José Rodrigues. Impression : Imprimerie Pujol, Le Bouscat

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