GRANDMAISON Léonce de - La Compagnie de Jésus Et La Théosophie - Réponse d'Une Catholique Aux...

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France La Compagnie de Jésus et la théosophie : réponse d'une catholique aux "Études" (articles du R.P. de Grand- maison)

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theosophie

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

La Compagnie de Jésus et lathéosophie : réponse d'une

catholique aux "Études"(articles du R.P. de Grand-

maison)

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La Compagnie de Jésus et la théosophie : réponse d'unecatholique aux "Études" (articles du R.P. de Grand-maison). 1906.

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(ARTICLES DU R. P. DE GRANDMA1SON) -

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et la Thëosophie

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Compagnie de Jésus

et la Thèosophie

Réponse d'une Catholique

Aux «ÉTUDES »

(ARTICLES DU R. P. DEGRANDMAISON)

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LUCIEN BODIN, ÉDITEUR

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Réponse au R. P. de Grandmaison

Il y a quelques mois parurent dans la revue desPP. Jésuites (1) deux articles signés Léonce de Grand-maison et intitulés : Le Lotus bleu et Les merveilles dela théosophie titres insidieusement persifleurs et com-plètement inexacts, car la théosophie ne s'est jamaisappelée « le Lotus bleu » et, modeste en son langageautant qu'en ses allures, n'a promis ni monts ni mer-veilles à ses silencieux étudiants.

Ceci pose, jo me plais h reconnaître que le Père deGrandmaison s'est tenu dans les limites d'une ironiecourtoise, et qu'il m'a paru ressembler, par ses minceset élégantes attaques, à* ces jolis picadors chargésd'engager la lutte et d'agacer le taureau ; mais insuffi-samment armés pour lui porler le coup mortel.

La théosophie n'a pas de colère. Elle possède lapatience do l'éternité. Elle sait que tout ce qui est vraivient a son heure et subsiste, et ce qui ne l'est pass'évanouit en fumée avec le temps. Insensible auxpiqûres du brillant fils de Loyola, elle Ta laissé s'escri-mer sans y faire attention, et elle continue a s'occuper

(i) 5 février et 5 mars 1905. Eludes revue fondée par des PP. de laCompagnie de Jésus. Victor Hotaux Ed. 82, rue Honaparle.

1

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avec rèciïeijlêinent <jès^sujetsitrès iihies et très élevésqui l'absorbent.

Ce n'est donc pas la plume d'un théosophe qui écritces lignes, mais celle d'une catholique française, née ausein de l'Eglise, élevée dans un couvent, instruite parun jésuite et qui éprouve l'irrésistible désir de répondreaux trois questions que se pose le Père de Grandmai-son et qui sont la base de son étude :

1° Quelles raisons peut-on avoir d'adhérer à la théo-sophie ?

2° Que faut-il penser des merveilles opérées par lesinitiés du Lotus bleu ?

3° Quel jugement doit-on porter sur les théosophes ?Questions très claires, très précises qu'il a résolues à

sa façon et que nous allons résoudre à. la nôtre.

I

Il y a deux lignes de raisonnements qui orientent lesesprits méditatifs vers la théosophie ou, pour parlerfrançais et non pas grec, vers « la sagesse do Dieu »expression qui dégage nettement de la routine et desmesquineries habituelles aux religions, les aspirationset les laborieuses recherchesde l'esprit humain qui s'estrendu libre.

L'une de ces lignes part du catholicisme examinédans son état actuel, l'autre des principes théosophi-

ques eux-mêmes, étudiés parallèlement & ceux ducatholicisme.

A l'heure présente la religion romaine est un composéde contre-sens qui eilare les intelligences les plus sou-

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mises,4 et une source intarissable de déceptions pourles Âmes loyales qui croient en Dieu et sont ardemmentéprises de ses sublimes attributs : la vérité, la justice,la miséricorde et la paix, dont elles ne retrouvent plusaucun reflet dans l'Eglise d'ici-bas.

L'unité d'enseignement s'est brisée sous la forte pous-sée de la critique scientifique moderne. Les prêtresintelligents qui vivent dans les milieux où l'on travaille,où Ton écoute, où l'on pense, ont modifié à peu près dutout au tout le cathéchisme de notre enfance, toujours

en vigueur dans les paroisses et créant de plus enplus d'embarras aux cathéchistes consciencieux, et decauses de scepticisme aux catéchisés raisonneurs. Cespiètres éclairés parlant à des auditoires d'élite, écrivant

pour des intelligences affinées et dirigeant des âmessupérieures estiment sans doute qu'il y a moins d'incon-vénient à rompre avec la doctrine qu'à effaroucher lebon sens qui se fortifie chaque jour des apports de lascience et do la réflexion.

Mais la grande majorité du clergé n'en est pas la»

La foi du charbonnier issue d'une paresse intellectuelleintense, de l'horreur des livres modernes et d'un irré-ductible orgueil la porte à maintenir dans ses instruc-tions populaires le vieil enseignement qui tombe enruine, et il est facile de constater par l'indifférencereligieuse croissante dans les classes ouvrièreset moyen-nes, que cet enseignement a perdu toute autorité ettoute valeur.

11 est fort h craindre que cette grande partie duclergé, insuffisamment éclairée sur les événementspolitiques actuels, dont elle souffre sans en percevoir

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, _. 4'-les causes cachées, continue pendant assez longtempsencore ce piétinement inutile qui fait le jeu du vieilennemi séculaire de toute liberté et de tout progrès,celui que Gambetta a improprement appelé le clérica-

,

lisme, et qui est le jésuitisme.Le jésuitisme est autrement vivant et puissant que le

cléricalisme,et bien qu'il ait du plomb dans l'aile et quesa vieillesse ne lui laisse plus de longs espoirs, il s'armepour les derniers combats qui menacent d'être acharnéset sanglants.

C'est clans les sphères politiques et aristocratiques quela lutte furibonde contre le gouvernement et la librepensée déchaînée par les mains invisibles des jésuitesprend l'importance capitale d'un duel ù. mort..

La Compagnie de. Jésus est trop clairvoyante et tropavertie pour s'illusionner sur sa situation. En dépit deses succès sous le second empire, elle avait vu venirle danger, dès les premières concessions libérales'deNapoléon III. La rupture éclatante du Père Hyacinthe,la mise en suspicion de Mgr Dupanlotip, la convocationhâtive et intempestive du Concile furent dus à sesinquiétudes et à son travail souterrain. Elle essayait deserrer le frein et s'efforçait d'emprisonnerles âmes dansl'obéissanceaveugle, mais elle sentait bien que la causede l'effervescence intellectuelle et religieuse était horsde sa portée, le volcan crépitait sous ses-pas. Elle fitbelle contenance devant lu jeune république (1). Aidéepar l'année terrible qui laissa quelque temps les espritssous le coup d'une émotion trop compréhensible, elle

[i) Voir lo livro du P. du Lac.

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put espérer que les affaires de ftome passeraient ina-perçues, et que l'acceptation du dogme de l'infaillibilitécontinuerait à ne soulever que de rares et individuellesprotestations, nous y songions si peu tandis que le cas-que prussien pointait encore a l'horizon et que nouscomptions nos milliards à l'étranger !

Mais le moment d'arrêt causé par les dramatiquescirconstances de 1870 ne devait apporter qu'une impul-sion décuplée à l'évolution des intelligences et la fin duxixe siècle put enregistrer à son actif un pas gigantesquede l'humanité vers la lumière et le progrès.

En contre partie, nous vîmes alors des troupes toutesfraîches sortir des collèges et des confessionnaux desjésuites, se ranger en bataille, et nous fournir les beauxjours de l'antisémitisme, de l'affaire Dreyfus, de celle,inoins connue, mais fort instructive, de Mme Marie duSacré Coeur(1), le nalionalismc(dont ce pauvreDéroulède

se crut naïvement le père) la descente des courses où leprésident Loubct fut bousculé et injurié par un fils despreux, élève des jésuites, l'affaire des fiches, l'affaireSyveton. enfin la séparation de l'Eglise et de l'Etat,désastreuse pour le petit clergé, mais peut-être— mo-mentanément du moins—libératrice pour les jésuitesqui, avec leur habileté coutumière, sauront pêcher danscetteeau trouble le moyen démettre la main sur les parois-

(1) Madame Mario du Sacré Coeur religieuso de N.-Dniiie, sortit doson couvent après vingt ans do profession, pour réformer l'inslrucliondonnéo dan» los maisons religieuses et qu'elle jugeait d'une inférioritéhonteuse. Encouragée par un grand nombre d'évéques. elle fut cou*damnéo en cour do Home, malgré la bienveillance de Léon XIII parsuite de l'infl'jenco et des intrigues des jésuite?. Elle se soumit et mou-rut deux ans après.

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ses et, eh échangeant aux yeux du crédule vulgaire, lenom de jésuite contre celui de simple prêtre, de venirs'immiscer dans les organisations cultuelles (ô bonne etfacile république !)

Mais tout cela ne constitue qu'un effort désespéré dontl'issue, plus ou moins proche, est cependant certaine ;

c'est leur dernière cartouche que les jésuites vont tirer.Les temps sont révolus, l'esprit public est réfractaire,etla Compagnie de Jésus touche à sa fin.

À côté de ces meneurs de l'ultramontanisme àoutrance, nous voyons le clergé séculier hésitant,divisé,comprenant les fautes commises, incapable de les

enrayer, se demandant de quel côté lui viendra le

secours, tiré h hue et à dia par Rome et par Paris, parles ultra-catholiques et par les néo-catholiques, réper-cutant, en perspective les lamentables situations deï'évêque de Laval et de l'évêquc de Dijon, anathémati-sant en chaire, tendant la main en particulier, bref com-plètement désemparé et n'osant envisager l'avenir.

Les congrégations religieuses, furieuses en principe,ravies individuellement—sauf l'exceptionde quelquesvictimes innocentes qui paient pour les coupables,telles les contemplatives et les soeurs des campagnes —forment un immense troupeau disséminé à l'aventure,muni d'argent, formé au commerce, dissimulant sous latouchante auréole du martyre des projets plus accapa-reurs qu'auparavant, servis par la liberté recouvrée.

Voilà le spectacle que présente aujourd'hui la partiedirigeante et persécutée du monde religieux catholique,en proie nu strugrjlc for life qui lui enlève tout mysti-cisme et toute paix, je dirai môme, toute dignité, et qui

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devient une menace pour la tranquillité des pays voi-sins.

Si nous quittons cette région terre à terre des intérêtspolitiques et matériels pour nous élever à des considéra-tions plus hautes, les froissements de l'Ame chrétiennesefont plus nombreux encore. Ici, l'abondance des sujet»embarrasse. C'est le livre tout entier de Léon Chaînequ'il faudrait citer (1), livre pétri de vérités prises surle vif, de rappels à la justice, d'observations pleines deregrets et de prières h ce parti catholique qui est lesien, et qu'il adjure d'ouvrir les yeux et de se réformer.Livre qui fut comme un soulagement pour-la consciencedes vrais croyants et qui obtint dans le camp des indé-pendants et des incrédules un succès inattendu d'honnê-teté et d'intelligence — deux qualités devenues hélasintrouvables chez les cléricaux — mais l'auteur nerecueillit chez ceux-ci que le silence ou le dédain, etce catholique « sage et solitaire » comme l'appela spiri-tuellement Anatole France, resta sage, et surtout soli-taire, sans susciter, jusqu'à présent, d'imitateurs parmiceux qui pensent comme lui, atrophiés que sont lesmeilleurs catholiques par l'habitude du silence, et lapeur du parti jésuite.

Dans le domaine intime de l'Ame, c'est le remarqua-ble conférencier de Sainte-Clotilde, l'abbé Mugnier,qui dénonce à son aristocratique auditoire féminin les

causes qui font perdre la foi aux jeunes gens et les diffi-cultés de la foi elle-même vue du côté catholique.

« La foi, dit-il, est une croyance qui échappe au

(1) les catholiquesfrançais et leurs difficultés actuelles,par M. LéonChaîne. Stork. Paris.

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« raisonnement. Nous ne croyons pas que deux et deux

« font quatre, nous le savons, nous ne croyons pas que« Napoléon Ier est né en Corse, nous le savons. Mais

« Dieu existe-t-il? nous le croyons, nous ne le savons« pas par le témoignage de nos sens. Il faut la foi pour« croire en Dieu et celte foi est une grâce-, et cette grâce« est le grand X, car elle est arbitraire, tout le monde

« ne la reçoit pas; pourquoi? MystèreI*.. La foi ne« vient pas de la raison, elle vient du coeur, la preuve« c'est que les femmes sont plus croyantes que les« hommes parce que les premières suivent l'impul-« sion de leur coeur et les seconds l'impulsion de leur« raison

« N'imaginez pas que ce soit la crise .des sens qui,

« dans la jeunesse de vos fils leur fasse perdre la foi.

• « Non, la vie voluptueuse éloigne de la pratique, altère« la vision spirituelle, mais elle n'atteint pas ce fond dp

« l'Ame où réside la foi. Au contraire, la lassitude, le

« dégoût intime qu'elle apporte inévitablement à une« heure ou à une autre, provoquent des éclairs de foi,

« des besoins de croire, qu'on ne rencontre pas chez les

« raisonnables. La foi se perd par l'étude,parles recher-

« ches, par les déceptions religieuses. Je songe eh ce« moment à trois grands penseurs : Jouffroy, Lamen-

« nais, Renan et à trois femmes qui les valent : George

« Sand, Daniel Stern, Mme Ackcrman, tous sont allés au« doute de la môme façon. Jamais un livre d'apolo-« gétique n'a rendu la foi a personne, encore moins un

. « livre do théologie. Les Ames qui peuvent supporter les

« déceptions religieuses sont très rares » (1).

(1) Conférences aux femmes de Praucc. Chapelle des catéchismes de

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- » < - .

Enfin, je veux clore cette courte enquête sur l'étatducatholicisme par une page magistrale d'Ed. Schiiréquiatteint l'Eglise elle-même et indique le seul moyenqu'on puisse tenter pour la sauver malgré elle : « Sup-« primer l'Eglise si cela était possible, serait la plus« néfaste des oeuvres. Des insensés ou des ignorants« peuvent seuls la rêver. Mais, avouons-le, l'Eglise« ossifiée, enténébrée, endurcie n'est plus aujourd'hui« qu'un gouvernement politique sans foi créatrice, sans« vie rayonnante. Elle domine encore les âmes timo-

« rées, elle ne règne plus sur les esprits libres. Elle ne« gouverne maintenant que les consciences qui no« savent plus réfléchir et les volontés qui ne savent« plus vouloir. D'où vient qu'elle n'en conserve pas« moins un prestige qui s'impose A tous? C'est que par« sa tradition elle est en possession des symboles de la

« plus antique sagesse. Ajoutons que cette tradition et« ces symboles interprétés et appliqués dans un sens« nouveau et vraiment universel ramènerait A* une« rénovation radicale et complète de son esprit, de son« dogme et de son organisation. Or, jamais elle ne s'y« décidera par elle-même. Son pouvoir lui suffit. Elle

« baptise, elle marie, elle enterre, elle fait de la poli-

cetique. Que lui faut-il de plus? Tant qu'un mouvement

« spiritualiste indépendant et d'une portée transcen-« dante ne traversera pas le monde laïque, l'Eglise

« n'abandonnera ni un iota de son dogme, ni un article« de son pouvoir. — Mais supposons que l'élite du« monde laïque, et A sa tête l'Université, qui est le ccr-

S&inte-Clotildo, année 1903 (Analyse personnelle, non soumise auconférencier).

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« veau pensant du monde actuel, tienne le langage sui-

« vant : « Infidèle A sa mission, l'Eglise n'a pas su« adapter les vérités du monde intérieur et du monde

« divin aux besoins de l'humanité moderne. Vous tous,« chefs et dignitaires de l'Eglise vous manquez A ce« devoir malgré les vertus admirables et les aspira-« tions généreuses d'un grand nombre de prêtres pen-ce sants, et la foi fervente de ces milliers d'Ames simples« qui attendent de vous le pain de vie. Eh bien ! ces« vérités nous les appliquerons à la science, A l'art et A

« l'organisation sociale et nous vous prouverons ainsi« par notre foi laïque que nous pouvons nous passer de

« vous ». Le jour où un groupe autorisé et influent par-ce

lera ainsi et agira en conséquence, l'Eglise épouvantéece et menacée dans son pouvoir spirituel sera forcée do

ce se transformer de fond en comble. Mais jusquc-JA,

ceelle sourira, elle dédaignera et elle gouvernera des

ce Ames inertes avec des dogmes desséchés » (1).C'est ce que la théosophio a compris, ce qu'elle désire

réaliser, et ce qui fait jeter le premier cri d'alarme auPère de Grandmaison, gardien vigilant de l'autoritépontificale aussi menacée, aussi malade que l'autocratiedu tsar de toutes les Hussies et qui vont toutes deuxs'effondrer A peu d'intervalle l'une de l'autre.

Examinons maintenant les principes théosophiques etVoyons en quoi ils doivent tenter les Ames meurtriespar les chaînes de l'Eglise.

H) les sanctuaires d'Orient, Ed. Schuré.

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'^:iiM,

On peut dire que la théosophie est basée sur ce motévangôlique : ce

Cherchez et vous trouverez ». Elle nousfait entrer dans un champ de savoir sans limite. A. l'ho-rizon nul poteau aux indications irritantes : « passageinterdit », « terrain réservé », e<

Index », etc. On vaoù l'on veut, on examine ce qui intéresse, on poursuitsa course aussi loin que la force intellectuelle humainele permet. La théosophie répond A toutes les questions,ou lorsqu'elle y est impuissante s'unit au chercheurpour trouver la solution qui lui importe. Elle ne craintpas que ce que l'on découvrira nuise A ce qu'elle atrouvé, elle est empressée A se former et A se réformersur toutes les données précises de la science, aucunintérêt d'organisation personnelle ne l'arrête, elle metla liberté la plus entière à la poursuite de la vérité et lasaisit sur tous les terrains où elle la rencontre. Elle neconnaît pas d'ennemis, ni de rivaux; ce qu'elle a, ellele donne A n'importe qui, et n'exige point qu'on lui.ensache gré ou qu'on porte son estampille. Elle dit : ce

Leschemins sont nombreux qui mènent A la perfection, lebut est un ».

A la créature que le malheur révolte, elle apprendqu'il n'y a point de malheur, que Dieu n'a pas créé lomal, qu'il n'y a que des leçons dont il faut savoir pro-fiter pour s'élever au-dessus des aperçus humains. Elleexplique le processus divin dans l'homme et on peut lecomprendre comme un théorème de géométrie, sansacte do foi aveugle, en so servant simplement du rai-sonnement. L'intelligence se sent d'aplomb, satisfaite,ouverte A de nouveaux développements qu'elle trouved'elle-même ; tout s'éclaire, tout s'explique, la sécurité

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- 1S-renaît, les angoisses du doute ont disparu. C'est laliberté après l'internement dans une sombre prison.

.Et la théosophie nous offre si évidemment la vérité

(dans la mesure où l'homme peut la concevoir) qu'a-près quelque temps de travail et d'efforts nécessairespour se débarrasser des habitudes et des croyancesobscures invétérées en nous par l'éducation religieuse.,la lumière devient si pure, la vision intellectuelle sinette, que l'on se demande commenton a jamais pu voirautrement, c'est l'évidence qui ne se démontre plus,parce qu'elle saisit.

Ce n'est point que tout problème soit résolu, tant s'enfaut, aux yeux de l'étudiant, mais en travaillant avecpersistance chaque jour, il apprend qu'il ne sait rien,ce qui est déjA une base solide, puisqu'elle le délivrede la crédulité absurde ; il acquiert l'humilité résultantde cette première certitude, et cette humilité est objec-tive plutôt que subjective, elle, se juge par la relativitéet prend la place que lui attribue la justice.

La théosophie apprend qu'il existe, par delA notreinfime intelligence, des infinis de causes et d'effets quiengendrent des phénomènes que nous ne comprenonspas d'abord, et q d se révèlent A leur heure.

Je voudrais donner ici un court exposé de son système

pour répondre ai.x bénévoles critiques du Père deGrandmaison, iiinif. la dimension de celte brochure nom'en laisse pas la possibilité. On reproche A la théoso-phie d'être très compliquée, elle l'est en effet parce quechez elle tout se tient, et qu'un détail découle logique-ment d'un autre, ce qui fait qu'on n'en peut supprimer

aucun ; c'est un rouage qu'arrête la suppression d'une

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pièce. Que le Père de Grandmaison nous dise si le câthé-chisme, orgueil de sa foi et supplice de l'enfance, estsimple pour l'intelligence des petits, et même pour celledes grands ?

Si la théosophie n'est pas simple dans son exposé —pas plus que la nature — elle est du moins très clairedans ses explications, et c'est, d'un bout A l'autre, uneexquise joie pour l'intelligence que de la suivre.

J'en donnerai seulementquelques exemples sans liai-

son entre eux.Le Père de Grandmaison ne croit-il pas qu'on obtien-

drait un sentiment de légitime frayeur bien plus com-plet et bien plus tenace que celui inspiré autrefois parles prédications sur l'enfer (je dis autrefois, parce queje constate que, soit A cause d'ordres secrets, soit parl'instinct do l'incroyance générale, les prédicateurs netraitent plus ce sujet, réservé presque exclusivement, auxcathéchismes et aux retraites de première communion),si au lieu du classique feu de souffre présenté, noncomme symbole, mais comme réalité, on expliquait quel'être intelligent qui s'est par sa volonté

;etissé une Ame

de péché » selon l'expression de Platon, .« retombeaprès la mort dans les régions ténébreuses de la ma-tière », régions épaisses, gluantes, noires, douloureuses,que nul rayon heureux ne traverse, désirs bas, honteux,dégradants, qui rongent leurs victimes sans qu'ellespuissent jamais les satisfaire ?

Mais la théosophie n'admet pas l'éternité de cet état,elle ne peut croire que le souffle primitif de Dieu qui aémis l'Ame du damné soit retranché de l'évolution,loi primordiale et inéluctable des êtres ; cf, du fond

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de l'abîme de la matière, l'Ame remontera lentement,mais sûrement, A travers des luttes et des efforts inouïset instinctifs, A ce plan terrestre qui en notre étapeactuelle, c'est-A-dire le plan de conflit entre la matièreet l'esprit, le plan stationnaire où se livre le combat qui,heureusement soutenu, dégage l'esprit de la substanceet l'engage dans la voie de remontée qui aboutit A

Dieu. Ce n'est pas Dieu qui punit, c'est l'homme qui sepunit lui-môme par le rapport de la cause A l'effet. Lemal ne peut pas engendrer le bien. C'est toujours l'iné-luctable loi qui agit. Cette loi d'une compréhension sifacile, qui représente la justice de Dieu éternelle etinflexible, est autrement satisfaisante que la théorie dela grAcc refusée aux uns, accordée aux autres sans plusd'explication que la capricieuse volonté de Dieu.

Elle explique lumineusement la loi des renaissanceset ici je cite une page frappante d'une de mes soeursen théosophie : *

ceSi vous considérez A un point de vue moral cette

ceconception des vies successives de l'Aine, vous la trou-

ée verez infiniment plus rationnelle et plus juste queee

n'importe quelle théorie orthodoxe ou philosophique,

ceDans sa grandeur consolante, dans sa justice parfaite

ce comme elle laisse loin derrière elle l'affreusedoctrinece

do la prédestination qui fait un bourreau du Dieu

ced'amour I Quoi l Dieu créerait les Ames pour le vice

ceautant que pour la vertu I 11 créerait une àme pure

ce et vertueuse de tendances, il la placerait dans unce

milieu sain et la conduirait paternellement au paradis

ce après l'avoir fait cheminer par une route facile etce

unie ? Cette autre Ame 11 la créerait douée d'instincts

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• ~ '*.'.-ce

mauvais, vicieux j II la placerait dans un entouragee<

malsain, en contact avec des vices abjects ce qui con-« duirait fatalement cette Ame au crime ? Mais..., lece

criminel ne serait-il pas Dieu lui-même dans ces con-ce

ditions ? Qui peut encore admettre une doctrine aussi

c<effroyablement injuste, monstrueuse ? Doctrine qui

cefait dire A tant d'indignés : v Si c'est lA votre Dieu,je

cen'en veux point. Je préfère un ciel désert au ciel où

cerègne un bourreau » (1).Elle est la base du Karma, mot sanscrit qui signifie

action et qui joue un grand rôle dans le systèmethéosophique. Le karma d'un homme est son comptecourant au grand livre de la dette humaine. Touteaction amenant sa conséquence aussi certainement,qu'une balle envoyée par une arme A feu suit sa tra-jectoire, il en résulte que la mauvaise action produitun mal qu'il faut subir A un moment ou A un autred'une façon plus ou moins rapide selon les circonstancesqui auront pu allonger, raccourcir ou faire dévier cettetrajectoire. Telle action dont le résultat karmiquo nes'est pas produit pendant la période terrestre actuellede son auteur, viendra frapper celui-ci A une prochaineréincarnation, lui apportant un malheur (2) dont il necomprendra pas l'origine, parce que la matière céré-brale de son nouveau corps physique n'ayant pas vibrésous celte action, n'en a pas enregistré le souvenir, et ne

(1) A ceux qui souffrent, par Aimée Blecli.(S) Ou un bonheur car il vu sans dire quo le bien produit son résultat

comme le mal, l'étude comme l'ignorance, lo travail comme la paresse.Ainsi s'expliquent ces « dons naturels » dans les arts et dans les sciencesqui déroulent les psychologues et les croyants u l'hérédité intellec-tuelle.

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peut, par conséquent, lo présenter a la rnémpiro duréincarné ; mais ce n'est cju'uno interruption de cons-cience transitoire, l'Ame définitivement libérée de sesréincarnations terrestres, reprend le souvenir de sesactes et voit leurs conséquences, comme au réveil nousreprenons lo fil rompu, un instant, do nos pensées et de

nos actions précédentes.

ceLa cause fondamentale de la réincarnation, dit

ceAnnie Dosant, comme de toute manifestation est le

cedésir d'une vie active, la soif d'une existence cons-

eeciente. Une certaine essence fondamentale do la

cenature, évidente par ses activités, mais incompréhen-

« sible quant A son origine et A sa cause, so manifeste

ce comme « Loi de périodicité ». Des faits d'alternance,

e<tels que ceux du jour et de la nuit, de la vie et de la

ce mort, du sommeil et de la veille, sont si communs,«si parfaitement universels et si généreux qu'il est

ceaise de comprendre que nous y voyons une loi abso-

celûment fondamentale de l'Univers. — Partout, A

cechaque pas so manifeste le flux et le reflux qui est la

cesystole et la diastole du coeur kosmique. Mais la

ecraison de tout cela nous échappe, nous no pouvons

ce pas dire pourquoi les choses doivent être ainsi, nousec pouvons seulement constater qu'elles sont ainsi. Et

ecdans la philosophie ésotérique on reconnaît que cette

celoi s'étend jusqu'à l'émanation et A la réabsorption

c<des univers, A la nuit et au jour de Brahma, l'expiret

cet'inspir de la grande vie.Aux adversaires de la réincarnation, je dirai, expli-

quez-moi, d'après le système de l'Eglise, le commence-ment de l'Ame, et où Dieu en a pris l'essence puisque,

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_. 17-selon ce'système, ello ne sort pas dé Lui, mais qu'il lecréo A son image. Et comment celto création ininter-rompue se case-t-ello dans l'Univers, sans, A un momentdonné, le déborder? L'idée d'Ames immortelles qu'unepuissance invisible jetto par millions dans le monde A

chaque miuuto du jour et do la nuit, dérouto l'intelli-gence ; c'est lo contenant limité pour un contonu sanslimite, c'est le coquillage destiné A recevoir l'Océan.N'ost-il pas plus rationneldo concovoirle grand souffle deCelui qui

ce Est » éloignant de lui et ramenant A lui parun rythme respiratoire toujours égal les monades (1)qui sont la propro essence do son être. *.' et de répéter loprincipe théorique, rien no se perd, rien no meurt, toutso transforme. »

On dit que la théosophie est panthéiste, c'est certain ;mais son panthéisme -est logiquement d'accord avec coprincipe catholique que Dieu est partout « au ciel, surla terre et en tous lieux » comme le dit le catéchisme,qui revient A affirmer que toutes ces choses sont enlui.

Nul no peut expliquer, ni même soupçonner, loscauses do la manifestation de l'Etre inconnaissablequi est Dieu ; mais cette manifestation, dont noussommes issus, la théosophie l'admet aussi bien quel'Eglise. ^

Or, du moment où Dieu se manifeste, il'devientdouble et dès qu'il est double, il crée, parce que l'ins-tinct de la vie est de se reproduire.

(1) « Donnez-moi une copule*animéo, disait jo ne sais plus quelsavant, et jo reconstruirat^JJ^cJrsyVv

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C'est la Trinité, base do toute religion, intelligence,force et amour ou, pour être plus précis, descente dol'esprit dans la substance, produisant l'acte (ou l'amour),et dont le nombre trois est l'unité génératrice.

Je lo répète, je ne puis entreprendre ici l'expositiondes idées théosophiqucs,je renvoie ceux de mes lecteursqui désireraient s'y intéresser aux livres qui les concer-nent, ou au siège de la société qui fonctionne A Paris (1),

mon seul but est de relever les inexactitudes du Pèrede Grandmaison et de lui dire pourquoi j'abandonne,sinon le catholicisme primitif di. moins le jésuitisme(qui hélas est devenu l'Eglise actuelle) pour suivre lalumineuse, la forte, la généreuse, la libre théosophie,

Une contradiction plaisanto dans les deux articles desEtudes, jaillit des concessions presque gracieuses quel'auteur daigne faire aux principes théosophiqucs, voiromême aux personnes qui les synthétisent, et des ana-thèmes terribles dont, tout-A-coup, sans qu'on sache;pourquoi, il couvre les plus innocentes manifestationsde ces principes, ou de ces personnes.

Qui n'a lu —car il en est, en quelques mois, A sa35° édition

-—le charmant et mélancolique récit auto-

biographique qui s'intitule Sur la branche — et oùtout so passe, ainsi que nous le dit le Père de Grand-maison, dans le plus pur esprit d'Annie Besant, sans quele nom de théosophie soit jamais prononcé? J'ai connubon nombre de catholiques — et des meilleurs — ravis

(1) Tous les ouvrages de Mme Annie Dosant, du docteur Pascal, doM. Sinnetl, etc. En vente, au siégo de la Société Théosophique, 69-,

jiavOTtfcrdrla-flourdonnaiB,ouvert tous les jours de 3 à 6; et à. la librai-L! rio Bodin, 5, rue Christine, Paris (6*).

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-19-de la profonde et large pensée qui anime cos pagesvécues et caresse avec une douceur infinie les blessuresque chacun do nous porto au coeur. 11 y a surtout, audéclin do la vie de l'héroïne, A l'avant dernière pagedu livre, un paragraphe émouvantsur le viatique, Jo lorétablis ici dans sou intégrité, singulièrement altéréopar la citation dos Eludes, peut-être — que lo Pèredo Grandmaison me pardonne ce jugement téméraire —parce qu'il y est question d'un religieux que les Jésuitesn'aimèrent jamais A nommer.

« Lo sermon, prêche par un dominicain, fut surce

l'Eucharistie. La voix inAlo et vibrante du moine

c captiva mon oreille. Ses paroles m'empoignèrent,

ceInconsciemment, peut-être, ou par une merveilleuse

ceintuition, il exposa le dogmo d'une façon plus scienti-

c<fique que théologiquo. Il déclara que la communion

ceétait une loi do la nature. Après nous avoir démontré

ce que nous communions dans l'amour, dans l'amitié,

ee avec la lumière, avec toutes les forces de l'existence

ceil fit logiquement rassortir la possibilité, la nécessit-

éede communier avec Dieu source éternelle de la vio.

ceJo demeurai saisie : Oui, pourquoi pas? Murmurai-jo

ce A demi-voix. Ma sereine incrédulité était ébranléece pour la première fois, Quatre cents ans auparavant« un semblable sermon eût conduit le dominicain auce

bûcher. Je regardai attentivement sa figure afin de

ce ne pas l'oublier. C'était un beau masque humain,

ceénergique, intelligent, rayonnant do foi. En sortant,

ecj'allai A la sacristio demander le nom du prédicateur,

eeOn me répondit

ceLe Père Didon » (1). L'explication

(1) M. de Grandmaison supprime dans sa citation la phrase relativeau Père Didon.

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eedo ce mystère de l'Eucharistie qui, jusqu'alors no

cem'avait pas paru digne d'une discussion sérieuse, est

ce demeurée dans mon esprit. A mesuro que la science

cem'a mieux appris A regarder la nature je suis allée

e<répétant : Pourquoi pas? Mais des milliers do créa-

cc tuies humaines qui s'approchentde la table mystique,ce

combien peu doivent communier réellement ! Il mece

semble qu'il faut être capable d'uno aspiration pro-cc

fondo vers l'idéal divin, qu'il faut avoir un état d'Amo

cespécial. J'ai cru y être arrivée, VoilA pourquoi j'ai

cevoulu voir le prêtre. Il est venu. Nous avons causé,

ce non sans difficulté. Il m'a examinée d'un regardc scrutateur, puis il en a usé avec moi un peu commoce avec les hommes qui vont chercher un billet do

ceconfession la veille du mariage. Dans son' absolution

ceil a mis une emphase qui ne m'a pas échappé. Ma foi

«' en Dieu, A l'immortalité, l'a rassuré pourtant. Il m'ace apporté ce qu'il appelle « Le pain de vie » ; quelce

beau nom à l'oreille d'une mourante ! Et ce pain m'aec

donné une joie aux ondes profondes, une paix qui ace

fait en moi un silence étrange. En vérité, jo crois

ce que j'ai communié » (1).

A la citation, incomplète, de cette belle page, le Pèrede Grandmaisonajoute cette note inattendue.» On m'as-sure qu'il y a des gens assez malheureux pour trouverune saveur chrétienne au livre qui contient ces odieuxblasphèmes».

Nous voilA classés, car il n'y a pas A le nier, ces

(1) Sur la branche, par Pierre de Coulcvain.

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- 21i-ee

odieux blasphèmes » ont eu pour nous, ce une saveur »délicieuse et chrétienne.

Plus loin, il s'agit de l'un des derniers livres doMmo Desant : Le christianisme ésotérigue. Elle étudielo Christ sous un triple aspect : le Christ mythique, leChrist historiqueet le Christ mystique formant une mômepersonne Aucun point ne diffère des données cvangéli-ques sinon que Mme Dosant entre dans des détails quine sont pas consignes dans les évangiles mais qui n'in-firment en rien le récit des apôtres. Par exemple, quedo douze A dix-neuf ans Jésus fut confié A une commu-nauté Essénjennc du sud do la Judée qu'il voyageaensuite et devint un initié de la Grande logo blancheEgyptienne, etc.

Véhémente indignation du Père de Grandmaison quidéclareces détails « apocryphes, blasphémateurs, répu-gnants » et faisant litière

c<de l'histoire, du bon sens

et du goût le plus élémentaire », Qu'entend-il par c<le

goût lo plus élémentaire » en fait de documents histo-riques? c'est assez difficile A saisir, quoique je le

soupçonne, en commensal habitué du faubourg Saint-Germain, de trouver que la néo-théosophie manqued'ancêtres ; il oublio qu'elle peut so réclamer doPythagore, de Platon et de quelques autres grandsmaîtres qui no sont pas nés d'hier, sans parler de saintPaul, le plus convaincu et le plus convaincant des théo-sophes(l).

Le-Père do Grandmaison a aussi de beaux dédains,qui font sourire quand on se reporte A l'ignorance hon-

(1) 11 faut lire, et surtout comprendre, ses épi1res aux Corinthiens.C'est de la pure théosophie.

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— 22 ~touse du clorgé en général, excusable pourtant puisquel'Indox lui interdit la lecture do la plupart des livresmodernes qui pourraient l'instruirai, Il accuso la théoso-phie do puiser à toutes los sources d'hérésies dessé-chées, croit-il, par le veto suprême des Conciles, ilappelle ces doctrines « du vieux neuf » et se moque dosconceptions transformistes do Mme Besant en hommequi tient pour certain que lo monde a été créé en sixjours et doit avoir, au maximum, six mille ans d'Age. Lecatéchisme est 1A pour lo diro et les Jésuites pour l'af-firmer.

En lisant le gai persiflage des Etudes l'idéo m'estvenue de rouvrir le grand ouvrage do Sinnett Ledéveloppement de l'dme et jo mo suis arrêtée sur ceparagraphe du chapitre traitant le système'planétaireauquel nous appartenons : ce

Les grandes périodes quece nous chiffrons par millions d'années confondent abso-ce

lument l'esprit ; nous savons pourtant que la duréece

d'une grande race-mère doit so chiffrer par millionsee et que la plus courte des périodes du mondo, en rap-cc port avec le grand cours d'évolution planétaire,ce

représente ainsi plusieurs millions d'années. Jo n'oxa-

ccgère pas, en disant que si nous comparons le Man-

ec vantara (1) entier A la durée habituelle de la vie d'unce

homme, c'ost-A-dirc d'environ soixante-dix ans, lace

proportion do cette vie au Manvantara entier serac*

d'une seconde A soixante-dix années» Des exemplesce

analogues peuvent nous donner une idée de la Ion-

ce gueur du trajet évolutif déjà parcouru et nous faire

(1) Manvantara — duréo d'un monde, cycle racial, période domanifestation succédant a un pralaya ou période de repos.

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eecomprendre combien lentement l'àmo évolue lors»

cequ'elle est abandonnée A la soulo influence do ce quo

c< nous pouvons nommer lo courant évolutif. En regar-ee

dant, dans lo passé, les progrès accomplis par l'Amo

cequi n'a pas encore dépassé les conditions ordinaires

ce — commo lo peuvent faire ceux dont les facultés

cecommencentdôjA A fonctionner sur les niveaux ddva-

cckaniques — il est presquo effrayant d'observer la

celenteur de cotte évolution. Chaque vie physiquo

ceapporte un contingent si faiblo A l'individualité per-

h manento ! Remontez, si vous le pouvez, d'une dou-

cezaine do vies en arrière, vous trouverez une diffé-

cc rence si faible entre l'individualité spirituelle d'alors

ec et l'individualité correspondante d'aujourd'hui quece vous série? tenté de croire que lo temps, les luttes

ec et les efforts do toutes ces existences ont été perdus

ce cl gaspillés. Il n'en est rien cependant». Je reviens

aux critiques du Père do Grandmaison. Il reprocheencore A Mme Blavatsky do s'appuyer (une fois parhasard) sur l'opinion d'un certain métaphysicien fran-çais nommé Cahagnet qui excite son hilarité. J'avoue quoce Cahagnet m'est également inconnu, mais qu'est-ce quocela prouve, sinon que nous ignorons beaucoupde choseset la valeur de beaucoup de gens? Il est probable quesi,il y a dix ou quinze ans, on avait cite au Père les opLnions scientifiques de M. et Mme Curie, il eut haussé lesépaules et s'en fut tenu A mettre en doute les qualités dupot au feu de la vaillante travailleuse, ignorée hier,illustre aujourd'hui.

Les arguments du jésuite sont en général* de cette

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- 24 -forco; pour lui comme pour les siens, l'avenir n'est riens'il ne continue los errements du passé.

On ne peut so défendre d'observer avec curiosité cebizarre état d'Ame de la puissanto Compagnie de Jésus.Remarquablo A bien dos titres, elle l'est surtout par laqualité spécialo do son intelligence faito do finesse etd'erreurs, de forco morale et do préjugés enfantins,d'ôtroifesso d'esprit et do largeur incommensurabledoconscience Croit-elle vraiment ce qu'elle enseigne auxautres? Aime-t-cllc cette Eglise du Christ qu'ollo a saisiocomme une proio et qu'elle fait marcher devant elledans son étroit sentier, depuis quatre cents ans, commeune prisonnière effrayée qui n'ose tenter aucune évasionbien que des mains amies so tendent do tous côtés pourbriser ses chaînes? Ne se rond«ollo pas compte, cottesociété d'hommes instruits, graves, peu soucieux deleur individualité, et admirablement dévoués A l'idéecommune, qu'elle est en conflit irréductible avec' lotemps présent, quo l'intelligence sociale l'a dépassée,que son passé la condamne sans retour et que, capableencore de provoquer une agitation momentanée et decréer des embûches sérieuses, elle est absolument im-puissante A ramener sous sa domination la foule do pen-seurs et de travailleurs qui s'y est soustraite? No voit-ello pas qu'elle étouffe l'Eglise sous son étreinte et quecelle-ci en va mourir ?

!Ou bien le voit-elle, et dans un monstrueux et

égoïste orgueil, se dit-elle v nous périrons ensemble »?Elle a voulu le maintien du pouvoir temporel des

papes, elle a voulu, la déclaration do leur infaillibilitéspirituelle, elle a décrété l'exil, la persécution et l'ex-

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— 2Ô~*

communication des Lamennais, des Hyacinthe, desRenan, presque des Lacordaire, dos Didon, des Loisyde tous ceux enfin qui ont osé penser par eux-mêmes,chercher la vérité et réclamer la liberté. Quel succèsfinal remporte-t-ello? L'Italie regretlc-t-ellc lo gouver-nement pontifical ? Les Ames ont-elles trouvé la lumièreet la vérité dans l'infaillibilité du chef de l'Eglise ? Lesvictimos des foudres du Vatican s'en portent-elles plusmal devant leur conscionce et (lovant l'estime publique ?

0 stérilité du despotisme incapable do donner unp viepropre A aucune de ses créations! quand il est frappéA mort, tout co qui était sorti de lui meurt après lui.

Cette loi est saisissante quand on considère la vitalitédo l'Evangile A côté de celle de l'Eglise. Le Christrayonne do l'immortelle jeunesse de la vérité pure, sansalliage d'égoïsme. L'Eglise caduque, succombe sous lepoids des ambitions terrestres déçues.

Et pourtant nous aimons l'Eglise, mais son état nousoblige A l'aimer comme on aime une vieille nourricequi a bercé et charmé notre enfance avec des contesbleus auxquels nous ne croyons plus, parce que l'expé-rience nous a démontré qu'ils n'étaient pas sérieux.Notre tendresse reconnaissante ne peut prévaloir surla liberté et la dignité do notre intelligence et de notreconscience et nous maintenir A l'Age d'enfant pour luiêtre agréable. Il est toujours très douloureux aux mèresde voir leurs fils grandir et leur échapper, mais c'est-la loi. Elles ne gardent leur prestige que quand ellessavent marcher du même pas qu'eux dans révolutionintellectuelle.

En résumé, que cherchons-nousici-bas ?

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La signature do' Dieu dans la création.Le sens de la vio présente.La certitude do la vie future.C'est A quoi répond la théosophie, et c'est pourquoi

de catholique troublée, scandalisée et jugulée que jo fusdans ma jeunesso je suis devenue depuis bien desannées déjA, théosophe satisfaite et profondément heu-reuse, au milieu dos épreuves des difficultés de la vie,

II

La seconde question du Père do Grandmaison estrelative à l'occultisme.

« C'est par l'attrait de l'occultisme, écrit-il, que lathéosophie fait des adeptes »,

Alors, elle ne devrait pas les conserver longtemps,car la première chose défendue, quand on entre dans-lasociété théosophique, c'est d'y faire du spiritisme; jedirai môme que c'est la seule exclusion que je lui con-naisse. Et ce n'est point qu'elle nie la vérité des phéno-mènes spiritos, ni qu'elle repousse les croyances de sesinitiés; mais elle affirme, tout comme l'Eglise catholi-quo, que les rapports avec les esprits sont sans contrôlepossible, par conséquent sujets A l'erreur, dangereuxpar l'inconnu qui les enveloppe, plus dangereux peut-être encore par l'effet nerveux qu'ils produisent sur lestempéraments faibles et sensibles qui vibrent désordon-nément au contact de ces forces dématérialisées, et per-dent souvent la direction de leur propre intelligence.

Elle dit aussi— et tous ceux qui ont étudié lo spiri-

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-27 - ;

•;.'

« .'tismo sont do cet avis — quo les phénomènes obtenussont sans importance sérieuse et attardent les Ames

sur le chemin de l'an delA sans résultats pratiques pourelles, et oncoro moins pour les morts qu'elles retiennentdans des régions proches ot douloureuses, au lieu do lesaider A se détacher do plus en plus do la terro et àmonter plus vite vers l'infinie perfection.

Donc, aucun membro do la Société théosophique, siavancé qu'il soit dans les sciences occultes, ne consen-tira jamais A évoquer les morts et A les mettro en rela-tion avec les vivants. Ni ne so prêtera aux expériences

— d'ailleurs intéressantes — do l'hypnotisme, de la sug-gestion, do la catalepsio et autres phénomènes d'ordromédical dont olle prend acte, qui confirment ses pro-pres théories scientifiques, mais qu'elle ne considèreque comme une branche insignifiante do l'arbre gigan-tesque dont la cime so perd dans l'infini et dont elle aentrepris l'ascension.

Mais cq qui l'intéresse essentiellement, ce qu'elle pro-pose comme préciouse conquête A ses étudiants, ce sontles lois cachées de la nature, les forces métaphysiquesdont nous sommes les inconscients jouets, et aussi lesparticipants, et dont la connaissance rendrait la vie etla mort des hommes plus calmes, plus harmonieuses,et plus fécondes.

Il est certain que si on considérait la mort — cet inci-dent journalier de la vie — dépouillé du cérémoniallugubre dont le clergé l'entoure (je dis A dessein leclergé, car les prières prescrites par l'Eglise parlent aucontraire de résurrection et de vie) et des préjugés sécu-laires qui nous ont fait un atavisme d'effroi presque

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->-28--

insurmontable, mémo aux natures les mieux trempéos,nous la verrions ce qu'elle est réellement ; l'usure finaled'un vêlement de chair qui, en so désagrégeant, délivrel'âme d'un poids pénible et lui permet de s'élever versune région plus haute, plus lumineuse, plus libre oùello se reposera du travail do la vie humaine jusqu'àce qu'elle le reprenne pour achever le développementde ses capacités et arriver A la pureté qu'exigent lessphères nirvauiques qu'elle doit atteindre. Et dès lors,pourquoi cette peur de la mort, ces hantises de l'enfer?C'est le voyagour qui sait où il va et n'éprouve d'autretristesse que de so séparer momentanément de ceuxqu'il aime. C'est une opération delà nature aussi simple

que celle de la naissance : ceHomme, ne crains rien »,

dit Victor Hugo,ce La nature sait le grand secret et

sourit ». Les poètes ont l'instinct do ces choses mysté-rieuses, on peut les en croire.

Tous ceux qui ont possédé leur Ame dans la miséri-corde et la paix ont dit A la dernière heure qu'il estfacile et doux do mourir, Ce qui est troublant, ce sontles morts prématurées, causées par la peur, par la vio-lence, par les passions humaines, par les chocs angois-sants. Ici la théosophie se croit lo pouvoir d'aiderbeaucoup l'humanité en l'attirant A un état d'Ame quiéloigno ces causes de morts accidentelles. Quand elle

sera parvenue, par ses théories, A détruire la guerre, lahaine, la misère, la luxure, l'alcoolisme, la mort nedevancera plus son heure normale, elle sera « le soird'un beau jour » et ouvrira des horizons de renouveauprintanier au vieillard épuisé qui s'endormira sanscrainte dans ses bras.

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.— 29 — ;

L'étude des plans astral, causal, mental d'après losystème théosophiquo, est d'un intérêt qui suffit A expli-

quer Tardento curiosité que signale avec inquiétudo loPère de Grandmaison. C'est ici surtout où son articlepèche par l'absence de bonne foi dans la critique, car ilsait bien qu'il présente la question sous un jour com-plètement faux pour pouvoir la teinter d'enfantillage,do ridiculo ou de spiritisme

Ce que l'on entend par le mot ceoccultisme », dans

le langago théosophiquo, c'est la faculté, en dévelop-pement chez les théosophes avancés, d'abandonner leurcorps physique momentanément, pour chercher sur leplan astral les manifestations qui offrent do l'intérêt A

leurs éludes, ou pour aider les Ames désincarnées qui,par suite d'une existence trop matérielle ou trop frivole,s'éveillent avec peine du sommeil de la mort et cher-chent anxieusement A so ressaisir et A se rendre comptede l'état nouveau dans lequel elles se trouvent. Consi-déré sous ce dernier point de vue, le plan astral corres-pond très exactement au purgatoire catholique.

eeLe plan astral, dif lo glossaire, forme un ordre do

cematière plus élevé que celui que nos sens actuels per-

ceçoivent, et voisin de lui, de sorte que ses vibrations

cen'affectent pas nos sens. Cependant les sens plus raf-

eefines qui attendent le moment de se développer en

cechacun de nous, peuvent, comme dans la clair-

ce voyance, apercevoir la matière astrale. Le mot astralce se dit de toute matière trop subtile pour être perçuece par nos organes actuels. Quant au corps astral, il estce

la contre-partie du corps physiquo, son double, forméce

de matière astrale. Il est lié au corps physiquo pon-ce

dant la vio et se désagrège de lui A la mort ».

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Çettrmatière astrale double toutes les choses créées,elle environne les mondes aussi bien que les individus.Elle ne survit pas longtemps au corps physique, c'estelle qui, reproduisant sa configuration — comme l'om-bre — est parfois visible A l'oeil humain dans certainesconditions de lumière, de température, de tranquillitémorale et atmosphérique, et donne l'illusion des appa-ritions surnaturelles. Il faut bien comprendre que le

corps astral ou eedouble éthérique » n'est qu'un second

vêtement do l'Ame moins matériel que le corps physi-

que, mais également transitoire,et qu'il ne constitue pasdu tout l'Ame elle-même. Il faut que l'Ame soit aussidégagée de son corps astral que de son corps physique

pour pénétrer dans la région purement spirituelle duDcvakan, ou Ciel, et ceci n'appartient ici-bas qu'auxAmes d'une pureté surhumaine.

Saint Paul, parlant de lui, dit, dans sa deuxièmeépltrc aux Corenthiens : ,

ceJe sais un homme en Jésus-Christ, qui, il y a qua-

torze ans, fut ravi (si ce fut dans son corps ou hors de

son corps, je ne sais, Dieu le sait) jusqu'au troisièmeciel. Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corpsou hors de son corps, je ne sais, Dieu le sait) fut ravidans le paradis et entendit des paroles mystérieusesqu'il n'est pas permis A un homme de dire » (1).

Il n'y a pas d'autre voie pour arriver A ce ravisse-ment qu'une indiscutable sainteté. La théosophie n'en-seigne aucun autre moyen, et chacun sait que celui-làn'est ni rapide, ni facile, ni du goût do la multitude.

(1)K|>. aux Corinthiens, II, Chup. XII.

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L'adorable Maître Jésus a dit : « Si vous voulez être par-fait, renoncez-vous, vous-même, portez votre croix etsuivez-moi «.C'est toujours la même méthode. SaintJeanà Pathmos, saint François d'Assise, sainte Thérèse, sainteCatherine de Sienne, l'ont suivie et ont été initiés auxmêmes visionsbéatifiques ; des marabouts mahométants,des Brahminesde l'Inde,des saints de toutes les religionsont participé A ce résultat de la pure spiritualité, car iln'y a point 1A de questions d'Eglises ou de doctrines, il

y a un fait de métaphysique obtenu par les Ames déma-térialisées A un degré suffisant. Tout comme un bloc deglace passe de l'état solide A l'état liquide, gazeux etéthérique par des degrés successifs de chaleur. C'est

une loi qui ne connaît pas d'exception, ni de cultes, carle Dieu de la nature se rit des prétentions orgueilleusesdes sectes.

Au-dessous de ce phénomène de haute spiritualité, il

y a des investigation^ pleines d'intérêt sur le planastral; on y peut lire, dans sa lumière, tous les faitshumains enregistrés par l'essence même du principephotographique, facile A admettre, ^sinon A contrôler,et qui explique les prophéties de l'avenir et les révéla-tions d'anciens faits inconnus, si contestés par les igno-rants. Pour ces investigationssupra-teirestres, la saintetén'est pas de rigueur, mais encore faut-il l'entraînementde la Raja-Yoga, c'cst-A-dire la possibilité de dominerla matière par l'esprit ce qui ne s'acquiert que par lorégime physique des ascètes d'Occident ou des Yoguid'Orient.

Sans plus de développement sur un sujet qui ne peuttenir en quelques lignes, j'en viens aux phénomènes do

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.troisième ordre dont on se fait une arme tranchantecontre madame Blavatsky; la fondatrice de la SociétéThéosophiquo moderne.

Lu vision astrale est plus ou moins favorisée par letempérament physique de l'étudiant théosophe. Beau-coup — et des plus appréciés — y sont complètementréfractaires, d'autres la saisissent du premier coup, oumôme, la possèdent déjA avant de venir en régulariserles effets sous le contrôle théosophiquo. Mme Blavatskyétait par nature un remarquable médium. Elle ne son-geait guère A se faire de ce don — plutôt gênant — untitre de sainteté, mais il intervenait A tort et A traversdans les moindres incidents de sa vie, et ses ennemisdont elle ne sut jamais se méfier,-s'en servirent habi-lement contre elle.Naturellement,le Père dp Grandmai-son no s'en fait pas faute, et sans tenir compte desexplications si claires, si loyales de M. Sinnett témoindes faits incriminés et auteur du livre Le Monde occulte

,cité par le jésuite lui-même, il préfère donner créanceaux racontars, cent fois réduits A néant, de deux con-currents évincés. Et voyez l'esprit de contradiction durévérend : il reproche A Mme Blavatsky, dont l'origina-lité native et la gaminerie maligne avaient persisté sousles cheveux blancs, d'avoir fait des tours de médium, etA Mme Bcsant dont l'impcccabilité en matière de juge-ment et do tact est soulignée par M. de Grandmaisonlui-même, de n'en pas faire l Qu'est-ce qu'il faut pourlo contenter? C'est opposer le curé d'Ars au Père Lacor-daire, ou Notre-Dame de Lourdes A Notre-Dame deParis. Qui est l'un ne peut être l'autre, et l'un et l'autreusent de leurs moyens respectifs.

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Au fqnd, ce débat n'a pas la moindre importance,puisqu'il s'attaque aux personnes, et prouve seulementle dépit que l'on ressent de la force des doctrines théo-sophiques et de leurs succès.

III

Et maintenant « quel jugement doit-on porter sur lesthéosophes? » demande M. de Grandmaison.

Le sien n'est pas douteux. Il les juge dangereux, etaux beaux jouis des lettres de cachet, sous le vertueuxLouis XV, il les aurait envoyés A la Bastille faire leursexpériences astrales, et communiquer avec les Maîtrescomme les apôtres communiquaient avec le Christ res-suscité dans la clôture du Cénacle.

Mais dans l'ère de liberté où nous vivons il faut lessupporter, et c'est dur pour les collaborateurs duSyllabus.

Le théosophe est l'adversaire inconscient du jésuite,comme le jour est l'adversaire de la nuit, et la véritéde l'erreur. Le jésuite est ce que l'on appelle enthéosophio

e< un frère de l'ombre » car l'esprit de cha-rité fraternelle y est si complet et ramène tellementtous les hommes A l'unité, qu'il n'y a point d'êtres dansla nature depuis ceux qui sont arrivés au sommet de laperfection jusqu'à ceux qui rampent aux plus bas éche-lons, qu'on ne doive aimer et aider, fussent-ils nosadversaires les plus tenaces,

Le théosophe cherche Dieu tel qu7/ est, il ne crée pasuu Dieu selon ses idées personnelles, et son intérêt

3

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humain. Il cherche de toutes ses forces intelligentes A

hausser son esprit jusqu'au lointain et fragile pressenti-ment de ce que doit être Celui qui a créé les mondes, etsachant bien son impuissancemisérable, il s'attache avecardeur, avec un dévouement absolu, aux granu^ Êtresintermédiaires entre l'infini et lui, ver de t^rre. LesMaîtres, c'est-A-dire les instructeurs de l'humanité, lescréatures qu'un travail gigantesque dans des incarna-tions sublimes, ont amené A être les phares de l'huma-nité, et A la diriger dans sa marche hésitante et obscurevers ce centre de vie infuse qui est Dieu, les Maîtres :

Krishna, Osiris, Vishnou, Moïse, Platon, Mahomet,

v

Jésus, brillent dans la brume des temps, dans l'éloigne-ment des contrées, comme des figures lumineuses quise penchent avec tendresse sur la pauvre humanitéerrante et souffrante pour l'aider, la consoler et l'en-traîner. Vrais fils de Dieu par la lumière qui les inonde,vrais frères des hommes par les douleurs qu'ils ont

.subies, ils attirent nos coeurs par d'indicibles sympa-thies. Les connaître, c'est les aimer, les aimer c'est lessuivre.

Ils sont unis entre eux comme les rayons d'un mêmefoyer. Les uns rayonnent au nord, les autres au midi,les uns A l'est, les autres A l'ouest. Décrier l'un pourexalter l'autre est insensé, et le cas le plus évidentd'ineptie religieuse. Tous enseignent l'adoration del'Être Un, la fraternité des créatures, la recherche de lavie éternelîo et ils enseignent la vérité selon le dévelop-pement moral des races dont ils sont respectivementchargés, et dont leur forme humaine, transitoire et char-nelle, fut la plus pure sélection.

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Pour"nous, chrétiens, Jésus, est le Maître divin, notre1voie, notre vérité, notre vie (1). Il est le Christ, c'est-A-dire YOint, le choisi, le type que nous devons reproduireen nous. Saint Paul l'explique tout au long avec unoclarté merveilleuse dans ses Epltres, et surtout avec unelargeur d'esprit que l'Eglise a complètementoubliée.

Nous naissons A la vie spirituelle dans l'ignorance,la faiblesse, l'impuissance, comme lo Christ dans sacrèche :

« Aussi, dit saint Paul aux premiers chrétiens, je n'aice pu vous parler comme A des hommes spirituels, mais

ce comme A des hommes charnels, comme A de petits

ceenfants en Jésus-Christ.

« Jo vous ai abreuvés de lait, mais je ne vous ai point

cedonné a manger parce que vous no le pouviez pas

«encore, et A présent môme, vous ne le pouvez point

c parce que vous êtes encore charnels.

(1) Quo poul-on trouver do plus théosophiquo que ces paroles duMaître Jésus au pharisien Nicodème :

« Il {Nicodômc)vint & lui pondant la nuit :< — Rabbi, lui dit-il, nous savons quo vous êtes venu de Dieu pour« nous instruire comme un Maître, car nul no pourrait faire les pro*c diges quo vous opérez si Dieu n'était avec vous.« Jésus lui répondit :

« En vérité, en vérité, jo to le déclaré : personne no peut voir lev royaume do Uieti à moins d'être né de nouveau.« — Comment donc un hommo pout-il naître lorsqu'il ost vieux ?« demanda Nicodème, peut-il retourner dans lo sein de sa mère et« naître une seconde fois ?« — En vérité, en vérité, je to lo dis, reprit Jésus, à moins de rcnal-« tro de l'eau et de l'esprit porsonne ne peut entrer dans lo royaume« do Dieu. Ce qui est né do la chair est chair. Ce qui est né do l'esprit« est esprit. No sois donc pas surpris quo je t'aio dit :

t II faut quo Vous naissiez de nouveau. Lovent soufllo où il veut.« Tu entends sa voix, mais lu ne sais d'où 11 vient ni où il va Ainsi enf est-il do tout homme qui est né de l'osprit.

• (St Jean, III).

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ceCar, puisqu'il y a parmi vous jalousie et esprit de

cecontention, n'êtes-vous pas charnels ? ne marchez

ec vous pas selon l'homme !

ceEn effet puisque l'un dit : Moi je suis A Paul ; et

ce un autre dit : Moi A Apollo. N'êtes-vous pas desce

hommes ? Qu'est donc Apollo ? Qu'est donc Paul ?

eeDes ministres de celui en qui vous avez cru, et chacun

cel'est selon le don que Dieu lui a départi. Moi, j'ai

ceplanté, Apollo a arrosé, mais Dieu a donné la crois-

ée sancece

Que personne doue ne se glorifie dans les hommes

ce car tout est A vous : soit Paul, soit Apollo, soitCéphas,ce

soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses

cefutures, oui tout est A vous ; mois vous au Christ, et

cele Christ A Dieu.

ce...Jusqu'A ce que nous parvenions tous A l'unité de

cela foi et de la connaissance du fils de Dieu, à l'état

ced'un homme parfait, A la mesure de l'Age de la pléni-

« tude du Christ.

ceAfin que nous ne soyons plus comme de petits

ceenfants qui flottent, ni emportés çA et 1A A tout vent

cede doctrine, par lu méchanceté des hommes, par

cel'asluce qui entraîne dans le piège de l'erreur.

ceMais que pratiquant la vérité dans la charité, nous

eecroissions eu toutes choses dans celui qui est le chef :

cele Christ ».Mme Bcsant dit aux théosophes, ses frères :

ce...Avant de passer par lo portail, l'homme doit

avoir retrouvé l'innocence qu'il a perdue et il doit soséparer de tout ce qu'il possède avant .d'entrer dans la

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.,'.. —37 -• * .

large vie commune et d'atteindre la connaissance quiseule est la vie éternelle.

ce...Il reste beaucoup A faire, beaucoup de fatigues

A surmonter, de souffrances A endurer, beaucoup decombats A livrer avant que le Christ, né avec la fai-blesse d'un enfant, puisse s'élever A la majesté du Christtriomphant. Il faut auparavant que l'Amo passe par sajeunesse et sa virilité; il y a la vie de travail parmi sesfrères, l'agonie solitaire do la passion, la croix surlaquelle il doit être cloué et les ténèbres de la mortdans laquelle il doit descendre. Tels sont les stades mar-qués sur le sentier que doit fouler l'Ame après avoirfranchi le premier portail.

« ...L'Ame doit apprendre la loi de la vio qui n'estplus attachée A la forme, car la loi de la croissance de lavie n'est pas do garder, mais de donner, elle n'est pasde retenir, mais de répandre, elle n'est pas de s'enfer-mer, mais de s'élargir de façon A embrasser ce qui esthors d'elle-même.

ce...Il lui semble au- premier abord que toute sa vie

va la quitter, que ses mains vont rester vides aprèsavoir fait ce don ; mais c'est seulement quand cette viode la forme s'est abandonnée sans réserve, quand cettevie inférieure s'est définitivement offerte et perdue, quela vie qui fait vivre éternellement est trouvée, et ce quiparait être la mort suprême de l'Etre est son renouvelle-ment sans fin » (1).

Et dans cette intense vie intérieure qui du Christdéborde incessamment dans les Ames qui se sont iden-

(t) Conférence d'Annie Uesanl, Londres : Le Christ.

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tifîées à lui, où trouver la place énorme réclamée, nonseulement pour les lois de l'Eglise, mais pour toutesles pratiques et préjugés dévots qui s'entassent sièclepar siècle dans l'Ame du malheureux catholique quin'est pas assez fort pour s'en libérer?

Le Maître Jésus disparaît derrière l'Eglise qui acca-pare tout. Il est impossible au lecteur assidu de l'Evan-gile et des Epltres de saint Paul de comprendre com-ment on a pu faire sortir des paroles du Maître et del'Apôtre la création de ce pouvoir législatif, adminis-tratif et clérical qu'est l'Eglise, alors qu'il n'y a pasdans le livre divin un mot qui, en principe, ne le con-damne. Toute l'histoire de l'Eglise est en opposition fla-grante avec les paroles du Christ et plus encore avecson esprit. Autant le Maître était libéral et démocrate,autant l'Eglise s'est montrée A toutes les époques autori-taire et aristocrate. Autant, dans son libéralisme éclairé,le Maître se montrait tacitement soumis A l'Etat et indif-férent aux événements politiques, autant l'Eglise a été,par son clergé en querelle avec tous les pouvoirs pourtous les genres d'intérêts humains. Les anathèmescontre l'exagération des richesses, contre l'ambition,contre les grandeurs retentissent d'un bout A l'autre del'Evangile.

L'Eglise ne s'est alimentée que de richesses tempo-relles, d'ambitions terrestres, de pompes somptueuses.Jamais les" papes n'ont été accessibles aux petits et auxpauvres. Lo Popo — qu'il lo veuille ou non — estune sorte d'idole qu'on montre de loin aux foules, maisdont elles n'approchent pas.

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Relisons cette scène ravissante de l'Evangile d'aprèssaint Luc, ch. V.

ceOr, il arriva que lorsque la foule se précipitait sur

celui (Jésus) pour entendre la parole de Dieu II se

cetenait lui-même auprès du lac de Genésareth.ce

II vit deux barques qui étaient sur le bord duce

lac et les pêcheurs étaient descendus et lavaient leursce

filets.

ceMontant dans-une de ces barques qui étaient A

ceSimon, il le pria de s'éloigner un peu de la terre; or,

« s'étant assis il enseignait le peuple de dessus lace

barque.

ceLorsqu'il eut fini, il dit A Simon : Avance en mer

ce et jetez vos filets pour pêcher.ce

Mais Simon, répondant, lui dit : Maître, nous avonsce

travaillé toute la nuit, sans rien prendre, mais surce votre parole je jetterai le filet ».

ceEt quand ils l'eurent fait, il prirent une si grande

cequantité de poissons que leurs filets se rompaient.

ceEt ils firent signe A leurs compagnons qui étaient

cedans l'autre barque'dc venir les aider.ce

Ils vinrent donc, et ils remplirent les deux barquesce au point qu'elles étaient près de couler A fond.

ceCe que voyant, Simon tomba aux pieds de Jésus, lui

cedisant : Retirez-vous de moi, Seigneur, parce que jo

cesuis un homme pécheur.ce

Car il était plongé dans la stupeur et pareillement

ceJacques et Jean, fils de Zôbédéo qui étaient compa*

ce gnons de Simon.

ceEt Jésus dit A Simon : No crains rien, désormais ce

ce seront des hommes que tu prendras.

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ceEt les barques ramenées A terre, ils laissèrent tout

ceet le suivirent ».Voilà la vision idéale de l'Eglise dans la pensée du

Christ, en tant que ce nom qui ne sortit jamais de seslèvres et qui signifie simplement

ceAssemblée des

fidèles » prit une forme tangible pour lui, ce qui est con-testable.

Le Maître appelle Simon le chef futur de l'humblesociété chrétienne et lui fait une première recomman-dation celle de

ces'éloigner un peu de la terre

»>.Hélas I

fut-elle suivie dans la chaîne des siècles ?Et il parla A la foule, le Maître, et il répandit dans

ces Ames avides de vérité, la joie exquise de l'avoirentrevue en l'écoutant, et ce bonheur de ceux qui rece-vaient la lumière, se communiquant A Celui qui la don-nait, Jésus éprouva le besoin de manifesterjoyeusementpar un symbole matériel, ce qui venait de se passer mys-tiquement dans les Ames ; alors il dit A Simon

cejette tes

filets » et les filets se remplirent jusqu'à se rompre.Ainsi les porteurs de la

eebonne parole » devaient-

ils attirer les Ames A l'exemple du Maître. Mais : ens*éloignant un peu de la terre et en enseignant au peu-ple la parole de vérité et il n'y avait point que la barquede Simon pour recueillir la pêche, les autres y étaientégalement conviées. C'est cela qu'ils oublièrent, etl'humanité, toujours disposé A suivre ce qui rend un sonjuste A son oreille, ne se dirige plus vers eux, elle vavers la science.

Il est intéressant d'observer que le mouvement siaccentué, actuellement, vers la liberté de conscience,coïncide avec la reprise de la lecture de l'Evangile par

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les simples fidèles. On peut dire que jusqu'à il y a unedizaine d'années, l'Evangile était oublié, on l'avaitremisé par petites tranches entre l'Epitre et le Credo,dans l'office du dimanche, où l'on était censé devoir lelire, et personne ne s'y arrêtait ; les prédicateurs par-laient d'une foule de dogmes, d'une quantité de vertus,d'un grand nombre de pratiques de dévotion, mais del'Evangile, jamais. Pas un conférencier, illustre ou in-connu, ne s'avisa de le présenter aux auditoires doN.-Dame, ou de toute autre grande chaire française.Les jésuites recommandaient avec instance la lecture duce

Combat spirituel » ou due<

Pensez-y bien » et si l'oncherchait A s'élever au-dessus de ces vulgarités dévotes,ils vous saturaient des

ceExercices spirituels » de l'Ignace

qui amenaient une courbature générale de toutes lesfacultés et vous soumettait, brisé, A la volonté d'un di-.recteur plus ou moins éclairé. Lorsque quelques prêtreshardis commencèrentdans les églises de Paris, A com-menter l'Evangile dans leurs prônes du dimanche, ons'étonna, on allait s'enthousiasmer quand, bien vite, resprédicateurs s'aperçurent qu'ils se heurtaient A ladoctrine de l'Eglise. On se trouve actuellement danscette impasse, on voudrait bien refermer le livre, maisle public y a pris goût et il semble d'humeur A le com-menter lui-même pensant avec Tolstoï que si Dieu avoulu parler aux hommes, c'est bien le moins qu'il l'aitfait d'une manière compréhensible et qui tombe sousle sens de chacun d'eux.

Les théosophes sont de cet avis, c'est pourquoi ilsexhortent les Ames A étudier et A penser, A développerleur conscience individuelle et A se diriger enfin avec le

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— 42 --mot qu'un être mystérieux répéta, dit-on, trois fois A

saint Augustin sans autre explication : cePrenez et

lisez ».Le théosophe en s'élevant au-dessus de la loi pour

jouir de la liberté des enfants de Dieu, échappe auclergé et voilA pourquoi il devra se passer éternellementdo l'approbation des jésuites. Que lui importe qu'onferme les Eglises ? son sanctuaire est en lui, que luiimporte qu'on retranche Dieu de l'instruction obliga-toire donnée A ses enfants, c'est lui-même qui se chargejalousement d'éveiller dans leur Ame la première idéedivine, il n'en laisse le soin A personne. Le culte exté-rieur ne le touche que comme une manifestationpuérile de sa foi, tel un bouquet représente l'affectiondo celui qui l'offre ; il n'y aurait pas de bouquet quel'affection n'en serait ni plus ni moins vivo. Il reconnaîtla-nécessité des religions pour la masse de l'humanitéqui, privée d'elles, perdrait lo sens de la direction

\

éternelle dans la houle des intérêts de ce monde ;mais il déplore que les instructeurs catholiques aientfaussé toute la doctrine du Maître au point de n'êtreplus rcconnaissablc. La charité même qui fut de touttemps la fleur la mieux épanouie du catholicisme, lacharité s'en est allée expirer dans les oeuvres politiques.Les partisans des jésuites leur donnent de telles som-mes qu'il ne leur on reste plus pour empêcher cesnavrants suicides des pauvres honteux (1) qu'on voit soproduire tous les jours de plus en plus nombreux.

(I) Je ne puis m'empôcher de citer ici comme cxomple de la puis-sance monétaire des jésuites (en dehors do leur fortune particulière),

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Le p\ir et puissant mysticisme du Christ a fait placeà un alliage

ce répugnant » (cette fois le mot du Père deGrandmaison me parait A sa place) de superstitionignardc et de rosserie savante qui caractérise le partireligieux au xxe siècle. Pour tirer sur le gouvernementsans^trop risquer son propre intérêt, on fait revivre lacasuistique d'Escobar, tout moyen est bon aux cléri-caux quand il s'agit de viser l'autorité rivale et desauver le bien mal acquis. On les voit, la main gauchoplongée dans tous les tripotages politiques et financiersprésenter de la droite, le drapeau du Sacré-Coeurauxfidèles hypnotisés par des phrases sonores et patrioti-ques*

Les vertus, comme les individus et les nations,ont leur période de croissance,-d'activité et de déclin,elles ne s'adaptent pas indistinctement A tous les temps.

ce petit fait, très anodin en apparence, qui s'est passé sous mes yeux :à une époque dont je ne me souviens plus exactement, une vieilleamie à moi très pieuse, me dit : « Faites-moi le plaisir de vous inscriresur une liste quo m'envoie lo P. Couhé pour uno manifestation enl'honneur de Jeanne d'Arc,' c'est très peu de chose : 1 fr. par per-sonne. > Les oeuvres du P. Coubé, pas plus que ^ps violentes prédica-tions, no me sont sympathiques, mais on no refuso pas son nom et1 fr. à une amie qui vous les demandent. Un an après, au inoins, unoenveloppe contenant 1 fr, en timbros-poslo, so trouva dans moncourrier avec la carlo do la marquise de X... et cos mots : « LoP. Coubé ayant dû renoncera son oeuvre, jo vous renvoio votre sous-cription. » C'était honnête et je le constate hautement, mais menta-lement je fis lo calcul do ce qu'aurait pu produire le dixième desFrançais répondant comme moi à la demande du Jésuite : plus de3 millions. C'est-à-dire do quoi envoyer 30 îi 40 députés nationalistes ala Chambre, sans, je lo répète, toucher aux deniers do la Compagnieuniquement sur lo simple appel d'un do ses membres s'adressant a desfemmes. Et nous assistons impuissants à des drames comme celui docet ingénieur tuant sa femme, ses trois enfants et lui-même parce qu'ilno pouvait plus les nourrir III

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— 44 ^.La pauvreté, la chasteté, l'obéissance ont fait la gloiredes saints du moyen Age bien qu'il en fut assez peuquestion, en sommo, dans l'Evangile; car lo maîtren'avait exigé de ses apôtres ni le voeu d'obéissance, nile voeu do pauvreté, ni lo voeu de chasteté. Il s'étaitcontenté de les choisir dans la classe sociale où l'on nepossèdo point do richesses, mais aucun d'oux n'étaitpauvro dans le sens strict du mot, et tous, sauf Jean,étaient mariés, quant A leur obéissance, elle ne fut quele lien d'enthousiasme et de foi qui les attachait volon-tairement A Jésus.

Ce n'est donc pas dans l'Evangile — ce code aussihumain que divin — que l'Eglise a trouvé le célibat desprêtres et les voeux de pauvreté et d'obéissance. On saitassez quel parti elle a tire de ces deux derniers. Pourle célibat des prêtres, il n'est plus A l'heure actuellequ'une douloureuse concession faite aux préjugés desdévotes, A leur esprit jaloux et A leur ardent besoin deconfessions amoureuses. Lorsqu'on sera délivré desjésuites, ces confesseurs A outrance, on arrivera peu A

peu A faire comprendre aux femmes raisonnables quele célibat d'un homme n'a jamais influé sur sa dis-crétion professionnelle, qu'un médecin, un notaire,Un avocat garde aussi bien un secret, et peut-êtremieux, quand il est marié que quand il ne l'est pas, etqu'au point de vue féministe, qui intéresse celles d'entrenous obligées de se pousser seules dans la vie, on n'ob-tiendra jamais d'un gouvernement quelconque le droitélectoral des femmes tant qu'elles seront les esclavesdociles d'un confesseur.

Il y a cinquante ans Proudhon avait dit avec un peu

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d'emphase, mais avec un sens prophétique très sûr :

e<Bientôt se lèvera pour no se coucher qu'aveo le der-

nier hommo le soleil de la libortô ». Co temps est arrivé,La vertu qui va grandir dans le sièclo nouvellement né,c'est la noble et fière liberté produite par la consciencedéveloppée individuellement, cette liberté pleine desève et d'initiative qui brise lo moule, et marche droitA son but. L'obéissance peut êtro la force des armées,mais les armées sont destinées A disparaître quand lapaix universelle les aura rendues inutiles sans froisseraucun intérêt social.

eeRentre ton épêe dans le fourreau » dit Jésus A )

Pierre, c'est une condamnation évangélique formelledont les jésuites n'ont jamais eu nul souci.

Enfin pour me résumer et porter sur les théosophes lejugement que réclame M. de Grandmaison, je diraiqu'ils réalisent les quatre conditions exigées en Chine

pour devenir d'abord philosophe : pas d'amour-propre,pas de préjugés, pas d'obstination et pas d'égoïsme ; etqu'ils ajoutent A cet état d'esprit la haute déclarationde saint Paul ; ,

e«Nous repoussons de nous les passions honteuses

« qui se cachent, ne marchant point dans l'artifice, etce

n'altérant point la parole de Dieu, mais nous recom-ce

mandant par la manifestation de la vérité A toute

e<conscience d'homme devant Dieu que si notre évan-

cegile aussi est voilé, c'est pour ceux qui périssent, pour

« les infidèles dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l'es-,

ceprit, afin que ne brille pas pour eux la lumière de

cel'évangile qui est l'image de Dieu.

cePour nous, nous no considérons point les choses

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LAYAL. — IMNMMSRK L. BAJIWÉOUD BT C1*.

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iultsDtius physiologistes. Physiologie moléculaire et «fornique. I/atome tourbillond'éner-<

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