Grand Paris Développement #5

8
GRAND PARIS D DÉVELOPPEMENT &:HIKSOJ=[UZ^U\:?a@a@k@p@a" M 08496 - 5 - F: 5,90 E - RD Bertrand DELANOË « IL FAUT UNE NOUVELLE INSTANCE MÉTROPOLITAINE » ENTRETIEN #005 Hiver 2013 INVESTISSEMENT PSG Le club version « Qatar » CHANTIER ZOO DE VINCENNES Reconstruction de la nature ARCHITECTE YVES LION Le militant de la ville DÉBAT PARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉ Solution ou problème ? DOSSIER L’ESTHÉTIQUE AU CŒUR DE LA QUALITÉ URBAINE

Transcript of Grand Paris Développement #5

Page 1: Grand Paris Développement  #5

GRANDPARISDÉVELOPPEMENTDÉVELOPPEMENT

&’:HIKSOJ=[UZ^U\:?a@a@k@p@a"

M 0849

6 - 5 -

F: 5,9

0 E - R

DBertrand DELANOË

« IL FAUT UNE NOUVELLE INSTANCE MÉTROPOLITAINE »

ENTRETIEN

#005Hiver 2013

INVESTISSEMENTPSG Le club version « Qatar »

CHANTIERZOO DE VINCENNESReconstruction de la nature

ARCHITECTEYVES LIONLe militant de la ville

DÉBATPARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉSolution ou problème ?

DOSSIER

L’ESTHÉTIQUE AU CŒUR DELA QUALITÉ

URBAINE

Page 2: Grand Paris Développement  #5

39TITRE DE L’ARTICLE

DEPUIS LEUR NOMINATION, les équipes de Jacques Ferrier Archi-tectures (JFA) phosphorent. Il faut dire que leur mission combine l’exaltation et la gageure : conce-voir pour le Grand Paris Express des gares fonctionnelles et « sen-suelles ».

On peut aisément imaginer ce qui participe de l’e!cacité d’une gare, avec notamment cette inter-modalité sur laquelle chacun semble aujourd’hui s’accorder. Mais sa « sensualité » ?

Pour élaborer et étayer ce concept quasi poétique, l’archi-tecte visionnaire s’est entouré d’une équipe pluridisciplinaire :

designers, ingénieurs, sociolo-gues, urbanistes… Ensemble, ils tracent les traits archétypaux d’une nouvelle génération de gares de métro.

« AVANT-POSTE DE LA VILLE ». Pourquoi ce cabinet a-t-il été sélectionné parmi six autres ? « Il fallait d’abord concevoir des gares qui soient fonctionnelles et techniques, commente Jacques Ferrier en introduction. À par-tir de cette question très prédé-terminée, toutes nos réponses por ta ient l’a ng le d’u n u rba-nisme novateur. Un urbanisme qui prendrait enfin les sens au sérieux. C’est peut-être ce qui a fait la di"érence avec les autres projets. »

L’ex istence précéda nt les sens, l’équipe a d’abord pensé aux contextes. Car les gares sont bien les avant-postes de cette « ville sensuelle », concept dé-fendu depuis plusieurs années

GARES DU GRAND PARIS EXPRESSLES SENS ET ELLES

Sélectionnés en avril 2012 pour imaginer l’architecture et le design des futures gares du Grand Paris Express, Jacques Ferrier et ses équipes déroulent peu à peu leur concept de « gares sensuelles ». Et travaillent aux premières applications réelles. Carole Galand

silos sont formidables ! Avant, les habitants se plaignaient des trac-teurs et critiquaient sans cesse la présence de ces cathédrales laïques. Aujourd’hui, ils estiment dans toutes les concertations pu-bliques qu’ils représentent un to-tem. Roland Castro y installera des commerces, des lofts et des jardins suspendus au sommet. » En 2030, quand le projet sera achevé, la ville sera plus économique et o"rira da-vantage d’équipements et de lieux publics. Pourtant, il est di!cile de faire accepter un doublement de population. « Expliquer le problème du logement en Île-de-France, cela a été notre travail d’élus, affirme l’ancien maire. Nous ne pouvons pas toujours repasser le mistigri au voisin. Même si ce projet n’est pas le plus populaire, 75 % des personnes interrogées y sont favorables. Et il nous a déjà permis de racheter le parc de 7 ha qui appartenait à la SNCF, et sans lequel l’institut Paul Ricœur n’aurait jamais installé son établissement international. » Alors, demain encore plus qu’au-jourd’hui, habiter cet écoquartier permettra de pro#ter de la ville tout en vivant à la campagne. Et les habi-tants n’y viendront plus par hasard, mais par choix. !

Le principe de gare augmentée est un des concepts de « gare sensuelle » développés par Jacques Ferrier pour les nouvelles gares du Grand Paris Express.

SE

NS

UA

L C

ITY

STU

DIO

LA

ZA

RE

GA

RC

IN

Page 3: Grand Paris Développement  #5

40

fond lambda ! Mais de valoriser ou d’assourdir certains sons (bruits des trains, des signalisations, des voyageurs…) pour créer une at-mosphère sonore caractéristique, reconnaissable et confortable », développe Jacques Ferrier.

Autre traduction avec l’odo-rat. Outre la qualité de l’air et le confort de la ventilation, l’équipe d’architectes travaillera à créer des ambiances olfactives. « Au-jourd’hui, certaines lignes de métro, de RER ou de SNCF ont leur odeur caractéristique, rare-ment agréable d’ailleurs. Elles viennent du matériel roulant, des produits d’entretien utilisés… Pour le Grand Paris Express, il ne s’agit pas de créer une “odeur sympa de métro”, mais d’aboutir à une forme de neutralité agréable et familière. »

La vue sera aussi à l’honneur évidemment, notamment à tra-vers de multiples expressions culturelles et artistiques.

ET MAINTENANT ? Les pre-mières applications de ce sé-duisant concept s’appliqueront d’abord sur le tronçon Pont-de-Sèvres - Noisy-Champs de la ligne rouge.

dans le patrimoine du Grand Paris. »

MISE EN MUSIQUE ET AM-BIANCES OLFACTIVES. Au-delà du repérage contextuel et iden-titaire, l’enjeu est d’apporter au voyageur une expérience senso-rielle « mémorable », et de l’ins-crire « dans un f lux rassurant ». Un f lu x où les at mosphères contribueraient à le guider intui-tivement, à le prendre en charge.

Ordon na ncement des es-paces, choix des matériaux, types de mobilier, qualité de la lumière, ambiance acoustique, intégration des œuvres d’art… C’est tout un ensemble d’éléments très diffé-rents qu’il faut mettre en musique de façon très subtile.

« D’autres gares ont déjà fait le choix de la sensorialité – je pense à Stockholm qui a misé sur le tou-cher et Hong Kong où le visuel est f latté. Mais ce sont tous les sens sur lesquels nous allons nous pen-cher. Sur le son par exemple, pas question de créer de la cacophonie mais au contraire une forme d’har-monie. En travaillant pour chaque gare sur une bande-son personna-lisée. Attention, il ne s’agit pas de créer ex nihilo une musique de

par Jacques Ferrier et le Sensual City Studio (voir encadré).

« Les futures gares devront, sur le plan de l’identité, à la fois témoigner du fait que l’on est dans un nouveau réseau, le Grand Paris Express, mais aussi personnaliser le territoire – et ses potentialités – dans lequel elles s’inscriront », con!rme Étienne Guyot, président de la Société du Grand Paris (SGP).

« Qu’il évolue en surface, à 25 m ou à 50 m de profondeur, le voyageur se dira spontanément : “je suis dans une gare du Grand Paris Express”, illustre Jacques Ferrier. Tout en faisant en sorte que ces lieux de transit soient in-tégrés dans un contexte valorisé : le futur pôle santé à Villejuif, le grand marché de Montfermeil , les ét udes et la recherche à Noisy-Champs… »

Étienne Guyot résume : « Ins-crite pour une durée de sept ans, cette collaboration fait de JFA un garant de la qualité architectu-rale et de l’identité de l’ensemble des gares du réseau de transport public du Grand Paris. Sa mis-sion est d’inventer une image propre aux gares du Grand Paris Express et d’inscrire ce dernier

« Nous faisons le pari que l’homme, plus que jamais, aura besoin de ce partage collectif. »

JACQUES FERRIERJFA

Projet proposé par Elisabeth et Christian de Portzamparc lors de la consultation de conseil en architecture et en design des gares du Grand Paris Express, par la Société du Grand Paris.

Le choix des matériaux, le mobilier, la qualité de la lumière et de l’air permettront au voyageur de vivre l’expérience du Grand Paris Express.

AE

CD

P

SE

NS

UA

L C

ITY

STU

DIO

Page 4: Grand Paris Développement  #5

41TITRE DE L’ARTICLE

Ma is la procha i ne ét ape concrète s’annonce dès le mois de mars : JFA remettra officiel-lement à la SGP les chartes de design et d’architecture qui ser-viront de socle aux futurs amé-nagements. Quant aux équipes, elles devraient !naliser en cours d’année les premières grandes maquettes, avec des tests gran-deur nature.

« Nou s t r a v a i l lon s a v e c conviction, sans naïveté, dans un objectif de générosité et de vivre ensemble. Nous ne pensons pas qu’en 2020 tout se fera par les smartphones. Parce qu’elles !gurent parmi les grands – par-fois les seuls – espaces publics quotidiennement partagés, les futures gares devront contribuer à la qualité de cette grande mé-tropole à laquelle nous aspirons. À l’heure de l’individualisation, nous faisons le pari que l’homme, plus que jamais, aura besoin de ce partage collectif, conclut Jacques Ferrier. La technique peut parfois contribuer à créer des univers anxiogènes. Notre projet est de mettre la technique au service de l’humain et non plus l’inverse. » Et si les gares devenaient le plus bel endroit de la terre ? !

IMAGINAIRESAPRÈS LA CONSULTATIONDE 2008Cinq ans après, que reste-t-il des grands projets des architectes consultés par l’État français ? À l’heure de la crise, et alors que plusieurs volets du Grand Paris sont remis en cause, un bilan s’impose. Aurore Gorius

EN THOUSI ASM A N T, fédéra-teur… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le fruit du tra-vail des dix équipes d’architectes qui ont planché sur le Grand Paris dès le début de l’année 2008. Des équipes internationales, chapeau-tées par les plus grands architectes (Portzamparc, Grumbach, Castro, Nouvel…), composées aussi d’ur-banistes, d’économistes ou de so-ciologues ont ré"échi sur le trans-port, le logement, les espaces verts, la ville « post- Kyoto ». L’exposition qui en découla à la Cité de l’archi-tecture en 2009 a vu défiler des dizaines de milliers de visiteurs. Cinq ans après, l’Atelier interna-tional du Grand Paris (AIGP) a pris

le relais pour porter la parole des architectes. À l’heure du bilan, son directeur, Bertrand Lemoine, fait les comptes : « Le Grand Paris, c’est plus de 650 projets sur tout le ter-ritoire, des contrats de développe-ment, des zones franches, des pro-grammes de rénovation urbaine mais aussi des projets culturels et associatifs. Ça fourmille dans tous les sens. »

« RÊVER LA VILLE EN AMONT ». « C’est tout l’intérêt des grandes consultations : elles sont mobi-lisatrices, explique l’urbaniste Philippe Subra(1). Il faut rêver la ville en amont, avant de passer à la phase de négociation, moins "amboyante. Mais dans la phase opérationnelle, beaucoup de pro-jets sont abandonnés. Les premiers plans de la Défense, dessinés dans les années 1960, n’ont rien à voir avec son aspect actuel. » Dans les imaginaires des architectes du Grand Paris, la Seine occupe un

Projet pour une île habitée à Vitry-sur-Seine proposé par l’Atelier Castro Denissof lors de la consultation de 2008.

ATE

LIE

R C

AS

TRO

DE

NIS

SO

F

Page 5: Grand Paris Développement  #5

68 COUP DE PROJECTEUR

tenay, où passent aujourd’hui la ligne SNCF (Paris-Est - Gretz-Ar-mainvilliers), le RER A (Marne-la-Vallée - Chessy - La Défense) et le RER E (Tournan - Saint-Lazare).

Autre étape clé : l’implanta-tion d’un centre commercial Au-chan, qui, pour la première fois de son histoire, quittait son Nord-Pas-de-Calais originel et créait in extenso 500 emplois, majoritaire-ment pourvus à l’époque par des Fontenaysiens.

Des entreprises du secteur bancaire et f inancier s’instal-lèrent ensuite progressivement : BNP, Société générale, AXA… Do-minantes en nombre de salariés, elles coexistent toutefois avec d’autres acteurs économiques ou institutionnels : l’ingénierie de la RATP (notamment l’atelier de réparation de la ligne 1), l’O"ce français de protection des réfu-giés et apatrides (Ofpra) ou les laboratoires Roche.

« LE GRAND PARIS AVANCE SUR DEUX JAMBES ». « Le Val de Fontenay est l’une des locomo-tives historiques du département, con#rme Joël Gayssot, directeur général de l’Agence de dévelop-

A c c o r d e r d e s d r o i t s à construire aux entreprises repré-sentait aussi pour la ville une fa-çon d’augmenter opportunément ses ressources #nancières.

De leurs côtés, les entreprises étaient séduites. En plus d’accé-der à un foncier proche de Paris et moins cher qu’à l’ouest, elles furent attirées par l’ouverture en 1977 de la gare du Val de Fon-

UN QUARTIER D’AFFAIRES au cœur de la ville. Près des auto-routes A4 et A86 et d’une grande gare de RER, certes ; mais aussi près des commerçants, biblio-thèques, restaurants, médecins de ville, salles de sport… et de tout ce qui peut faciliter la vie quotidienne de ses 18 000 salariés. Ainsi se présente au visiteur Val de Fontenay.

Intégré au centre de Fonte-nay-sous-Bois (94), ce quartier d’affaires permet à la ville de 52 000 habitants, qui accueillait traditionnellement des entre-prises industrielles ou logistiques, de vivre une véritable mutation tertiaire.

DE LA ZUP AUX BANQUES. « Tout a commencé dans les années 1970, se souvient Jean-François Voguet, Maire PC de la ville et président de l’Association des collectivités ter-ritoriales de l’Est parisien (Actep). La zone à urbaniser en priorité (ZUP) créée dans le quartier de la Plaine en 1965 avait apporté un logement à 7 000 familles supplé-mentaires. En aménageant la zone d’activités du Val de Fontenay, l’idée était de sortir d’une logique de ville- dortoir en ajoutant une dimension économique. Objectif : apporter à la population locale des opportunités d’emplois, de stages ou de formation. Avec cette volon-té, déjà à l’époque, de rééquilibrer l’Est et l’Ouest. »

Val de FontenayLA CITY DANS LA CITÉ

q Le quartier d’affaires de Fontenay-sous-Bois est né dans les années 1970

q Il s’est imposé progressivement comme un miroir, côté est, de la Défense

q Toutes proportions gardées et avec certaines spécificités

Carole Galland

Le Val de Fontenay n’a pas fini de s’étoffer. Un prochain projet, baptisé Péripole 2, devrait voir le jour d’ici à 2016 et renforcer la présence des entreprises financières et bancaires sur le secteur. Avec en guest star la Société générale, qui renforce son implantation à l’est. Elle a récemment confié à l’architecte Anne Démians la réalisation d’un campus de 90 000 m2 de bureaux et de services. Ces « bâtiments paysages » à l’esthétique novatrice et durable pourraient à terme accueillir localement 5 000 salariés supplémentaires, multipliant ainsi par deux les effectifs de la banque au Val de Fontenay. !

CAMPUS LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DOUBLE SES EFFECTIFS

AA

D

Le futur campus Société générale de l’architecte Anne Démians.

Page 6: Grand Paris Développement  #5

69VAL DE FONTENAY

« Au-delà du transport, la question du logement est es-sentielle dans le Grand Paris à construire. Le Programme local de l’habitat (PLH) avec l’État et la Région prévoit la construction d’une centaine de logements sur six ans, plus 300 sur le seul Val de Fontenay. Mais aussi des surfaces commerciales pour animer la ville et répondre aux besoins des usagers, ainsi que certains équi-pements, notamment culturels. Nous sommes d’accord avec la logique de densi!cation, à condi-tion qu’elle soit maîtrisée », pré-cise Jean-François Voguet.

D’autres projets immobiliers d’entreprises sont en cours (voir encadré) avec - une première, selon le maire - des chantiers d’insert ion intégrés dès leur conception .

Le Val de Fontenay, pendant de la Défense au sein du Grand Paris ? En quelque sorte, mais sans le gigantisme et avec cer-taines ambitions sociales. « Nous sommes ici dans un quartier d’affaires à taille humaine, où l’environnement et les espaces sont préservés, avec des archi-tectures plus douces », conclut Jean-François Voguet. !

majoritairement installé dans l’Est, traverse ou contourne sou-vent Paris pour aller travailler à la Défense, ce rapprochement domicile- travail est opportun à plus d’un titre.

« En s’installant ici, elles font aussi un pari sur l’avenir, ajoute Joël Gayssot. Elles profitent de lieux encore accessibles finan-cièrement ; sur un site qui sera stratégique dans ce Grand Paris qui o"rira une nouvelle dimen-sion territoriale à la métropole. »

TRANSPORTS ET LOGEMENTS. Aujourd’hui, avec 30 000 voya-geurs quotidiens, la gare du Val de Fontenay est la plus fréquen-tée du RER A ; elle-même la ligne la plus dense de la métropole.

Plusieurs projets devraient notamment permettre de l’al-léger : le Grand Paris Express (boucle orange), le prolongement de la ligne 1 (La Défense-Château de Vincennes), dont les études de faisabilité sont déjà enclenchées, et le tramway T1 (vers Noisy-le-Sec) attendu d’ici à 2018. La gare devrait en somme devenir un nœud multimodal, que d’aucuns nomment déjà le « Chatelet-Les Halles de l’Est ».

pement du Val-de-Marne. Nous y avons accompagné plusieurs implantations pour o"rir aux ha-bitants une diversité d’emplois et valoriser l’idée que le Grand Paris avance sur deux jambes, à l’ouest et à l’est. »

Pour les entreprises du sec-teur bancaire, c’est aussi l’occa-sion, en cette période de crise, de montrer une image plus humaine et plus proche. Car ici elles sont bel et bien dans la ville. En plus de la proximité immédiate avec les transports en commun, elles o"rent à leurs salariés l’accès à des lieux de vie et de services. Une valeur ajoutée par rapport à la Défense, que la municipa-lité cherche à valoriser : « Au-jourd’hui, le partenariat de la commune avec les entreprises s’établit à plusieurs niveaux : outre l’aide à l’installation, nous incitons et accompagnons la formation des jeunes de la ville et aidons certains salariés, via le dispositif du 1 % patronal, à accéder à un logement », précise Jean-François Voguet.

Sans oublier l’argument du-rable : la réduction des trajets. Pour les entreprises du secteur ba nca i re dont le person nel,

Avec 30 000 voyageurs quotidiens, la gare du Val de Fontenay est la plus fréquentée du RER A.

Vue aérienne du Val de Fontenay avec au premier plan la gare des RER E et RER A, ainsi que l’autoroute A86.

DE

BY

HE

DO

UX

/MA

IRIE

DE

FON

TEN

AY-S

OU

S-B

OIS

Page 7: Grand Paris Développement  #5

72

Il n’a pas seulement le regard du chat, il en a les multiples vies. Dépar tements, Ré-gions, ministères… Avec au-tant d’enjeux et de territoires dif férents : Île-de-France, Seine-et-Marne, Lyon, Poitou -Charentes, Haute-Marne, Nord-Pas-de-Calais – région à l’égard de laquelle ce Fla-mand d’origine conserve un attachement.Fil rouge de ses expériences : la construction et l’aménage-ment dans toutes ses accep-tions.Parce que cet ingénieur général des Ponts et chaus-sées a contribué à la maî-trise d’ouvrage d’hôpitaux, de routes, de zones d’acti-vité, de lignes TGV ou du Louvre Lens, ouver t en décembre dernier en plein bassin minier.

Parce qu’il a également bâti des équipes et des projets pluridisciplinaires.« À la manière d’un maïeuti-cien, j’aime innover, défricher, ouvrir des voies », explique-t-il, s’excusant presque. Car l’homme est modeste. De son passage à la direction de l’École nationale des tra-vaux publics de Lyon, il dit avoir développé « l’humilité et la pédagogie ». Opportuns atouts quand il s’agit notam-ment d’accompagner le Grand Paris.

Éclairer les décisionset les débatsDepuis 2010, Jean-Claude Ruysschaert est directeur régional et interdéparte-mental de l’équipement et de l’aménagement (DRIEA) d’Île-de-France. Une entité

qui apporte assistance et évaluations critiques aux études et travaux menés par la SGP, RFF, l’État, la Région… « Nous sommes des facilita-teurs, contribuons à appor-ter une vision prospective. Notre service modélisation de trafic peut ainsi évaluer l’impact d’un transfert modal et calculer des projections de fréquentations, explique-t-il. Nous analysons comment une ligne nouvelle induit un urbanisme cohérent, comment elle reliera les pôles d’emploi. Car changer l’emplacement d’une gare de 300 m peut avoir des répercussions multiples. La gare est la partie émergée de l’iceberg. Ce doit être un facteur déclenchant qui facilite la mobilité, l’accès à l’emploi, la construction de

logements et d’équipements structurants ».Autant dire dès lors que l’ex-pertise de la DRIEA est essen-tielle au suivi et à la mise en cohérence des contrats de développement territorial en cours.

Logique transversale« D’abord économique, le pro-jet de ville-monde est devenu plus transversal, incluant les thématiques du transport, du logement ou de l’environne-ment. La technique n’est plus une fin en soi : tout projet doit dorénavant intégrer les avan-tages offerts aux usagers », se félicite l’ingénieur. Côté méthode aussi, les choses ont évolué. Peu à peu les dé-partements et la Région ont été associés aux réflexions et aux décisions. Quant à l’État,

Depuis l’émergence du Grand Paris, il a vu le projet s’enrichir, se concrétiser… et se complexifier. Si le terme de maïeutique revient souvent dans ses phrases, c’est que ce socratique est lucide : pour un heureux accouchement, le Grand Paris suppose l’implication, le dialogue et la coordination de ses multiples parents.

JEAN-CLAUDE RUYSSCHAERT

BÂTISSEUR PHILOSOPHE

JEAN DAUBIGNY (photo) a été nommé préfet d’Île-de-France en remplacement de Daniel Canepa. Ce haut fonctionnaire, âgé de 64 ans, était le directeur

de cabinet de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur.

DANIEL CANEPA perd aussi ses fonctions de

délégué interministériel au projet Euro Disney.

Côté remerciements, on notera par ailleurs le départ du responsable du projet Balard au ministère de la Défense, BRUNO VIEILLEFOSSE, démis de ses fonctions par son ministre Jean-Yves Le Drian.Enfin, comme prévu, le maire de Sceaux, PHILIPPE LAURENT, a été élu président de Paris Métropole.

COUP DE PROJECTEUR PORTRAIT

MOUVEMENTS LA DÉFENSE S’OFFRE UN COFFRET

En partenariat avec l’Epadesa, les éditions Parenthèses publient un double ouvrage sur le quartier d’affaires : un dictionnaire et un atlas qui en retracent l’histoire à travers les points de vue de quarante-trois auteurs et un récit visuel en cartes et documents iconographiques.

LIVRE

DR

WIT

T

DR

La Défense, un dictionnaire et La Défense, un atlas, sous la direction de Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefebvre, éditions Parenthèses, 44 !.

Page 8: Grand Paris Développement  #5

73

il s’est engagé dans une dé-marche de contractualisation a laquelle la DRIEA apporte ses compétences.« Aujourd’hui, le scepticisme n’est plus de mise. Le Grand Paris va de soi. Nous travail-lons ensemble avec un en-thousiasme partagé. Certes des freins subsistent : la mul-tiplicité des intervenants et la question cruciale des finan-cements. Tout sera fait, mais il s’agit de savoir où et quand nous commençons. Ce sont des choix politiques à faire, au noble sens du terme », conclut Jean-Claude Ruysschaert. ! Carole Galland

DANS NOTRE DERNIER NUMÉRO, nous faisions état d’un classement établi par le cabinet de conseil !e Eco-nomist Intelligence Unit plaçant la ville australienne comme la ville la plus agréable à vivre au monde. Pour le cabinet Mercer, il ne serait pas nécessaire d’aller si loin puisque c’est Vienne qui, selon lui, décroche le titre. La ville autrichienne se classe première sur les 221 villes étudiées à partir de critères tels que l’environnement politique et social, les services publics, l’environnement naturel, etc. Paris n’est que 29e, mais se place devant Londres, 38e. Bagdad se classe dernière. !

Classement Finalement, ce n’est pas Melbourne« Faute de gouvernance satisfaisante,

les communes franciliennes les plus reculées risquent de demeurer enclavées durant de longues années »

Christian de Portzamparc, architecte, au magazine Capital.

1992-1995 : Directeur adjoint de l’École nationale des travaux publics de l’État de Lyon

1995-1997 : Chargé de mission au Commissariat à la réforme de l’État auprès du Premier ministre

2004-2008 : Directeur régional de Poitou-Charentes puis du Nord-Pas-de-Calais

2008-2009 : Directeur général du personnel et de l’administration du ministère de l’Environnement

2009-2010 : Préfet, directeur régional de l’équipement d’Île-de-France

Depuis 2010 : Directeur régional et interdépartemental de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France

COUP DE PROJECTEUR | EN BREF

L E 7 DÉCE M BR E , la ville du Plessis-Robin-son recevait le Grand Prix Européen de l’ur-banisme 2012 pour sa nouvel le cité-jardins i n aug u ré e en 2 0 0 8 . Conçue comme tel le dans les années 1930, elle avait été dénaturée dans sa réalisation pour se muer en une triste cité -dortoir. Démolie au début des années 1990, el le est reconst r u ite autou r d’u ne r iv ière artificielle de 1 km de

long, alimentée par les eaux pluviales recueillies sur les toitures des bâtiments. Maisons et immeubles se partagent un parc et une vingtaine de jardins familiaux ont été ajoutés aux 200 existant dans la ville. La cité-jardins s’inscrit dans le projet global du Plessis, qui souhaite retrouver les allures d’un village traditionnel d’Île-de-France et rééquilibrer sa ville dans plusieurs dimensions : équilibre logement social-privé, équilibre propriétaires-locataires, équilibre nature-bâti, équilibre logement-activité, équilibre grandes surfaces-commerces de proximité. !

UrbanismeLe Plessis primé

L’APPROCHE DES MUNICIPALES fait bouger les élus franciliens, avec le Grand Paris comme repère. Candidate déclarée à la mairie de Paris, Anne Hidalgo en a fait l’axe de son projet. Son concurrent socialiste, Jean-Marie Le Guen, a lancé son site Internet, « Le Grand Paris des citoyens », avant un livre à la rentrée 2013 où il veut « racon-ter la bataille du Grand Paris ». En"n, le sénateur UMP des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, a créé un think tank a"n de préserver « la cohérence glo-bale » du projet d’aménagement tel que pensé à sa genèse par Nicolas Sarkozy. !

Municipales Le Grand Paris, enjeu des élections

NIC

OL

AS

BO

RE

L

MA

RIO

N C

HA

LOP

IN

HE

NR

I GA

RAT

Anne Hidalgo lors d’un débat public sur le Grand Paris à la mairie du 4e.

La cité-jardins au Plessis-Robinson.