Grammaire moyenne du latin

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GRAMMAIRE

MOYENNE

DU LATIN

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COURS E. GREINER et R. BILLORET

GRAMMAIRE MOYENNE DU LATIN

PAR

M. ROUSSELET Professeur au Lycée H .-Poincaré

à Nancy.

et A. BOURGEOIS Professeur au Lycée Buffon

à Paris.

CLASSIQUES HACHETTE

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Illustrations de Y. BECMEUR.

@ Librairie Hachette, 1959. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

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PRÉFACE

C'est un plaisir pour moi d'avoir à présenter et conseiller à nos maires la Grammaire moyenne du latin de Messieurs Rousselet et Bourgeois.

Ah! comme le latin résiste avec vaillance aux coups multiples qui lui sont portés! Comme les incessantes campagnes de dénigrement restent sans effet, ne réussissant point à détourner de nos sections classiques les élèves, qui le plus souvent sont les meilleurs! L'ardeur de nos maîtres s'en trouve même stimulée et les grammaires, les choix d'auteurs anciens se multiplient, apportant chaque fois des idées et des présentations neuves.

Par bonheur, nombreux sont encore dans notre pays imprégné de culture huma- niste ceux qui attribuent à l'enseignement du latin une valeur irremplaçable pour la connaissance de la langue maternelle et la formation de l'esprit. Le regret caché des « modernes » est de n'avoir pas appris le latin; le désir de tout collège « moderne » est de voir créer chez lui une section classique. Pareil au phénix, le latin renaît toujours de ses cendres, aux yeux étonnés de ses plus violents détracteurs.

Dès cette année le latin s'installera dans les Cours Complémentaires. La récente Agrégation, dite des Lettres modernes contient des épreuves bientôt obligatoires de latin. Heureuse mesure, quoi qu'en pensent certains, qui favorise l'extension d'une culture à laquelle nous devons hors de chez nous une grande part de notre prestige et qui assure l'implantation de cette langue, mère de la nôtre, dans les Écoles Normales d'instituteurs, comme dans les Écoles de Fontenay et de Saint-Cloud, qui la connais- saient déja.

En cet été 1959 le Congrès international qui vient de tenir ses assises à Lyon affirme le désir d'une foule d'esprits éminents, de grands savants connus à travers le monde, de voir le latin devenir une langue universelle. Et les efforts de la jeune et si vivante revue Vita latina ouvrent des perspectives nouvelles : oui, bientôt peut-être, les hommes de science, pour se mieux comprendre et se transmettre leurs idées ou leurs découvertes, auront recours au latin.

Aussi bien doit-on accueillir avec une extrême faveur les travaux de nos professeurs qui, à la recherche de méthodes rajeunies, veulent rendre leur enseignement toujours plus alerte et plus efficace.

Messieurs Rousselet et Bourgeois offrent aujourd'hui aux maîtres et aux élèves des classes de Quatrième à la Première une Grammaire latine dont les qualités de sobriété, de clarté et de précision, dont l'heureuse présentation font un instrument de choix. Par un travail minutieux et judicieux, qui apparaît à chaque page, ils ont trié l'essen- tiel, avec une parfaite honnêteté unie à une grande expérience, et ils l'ont formulé excel- lemment.

Ce manuel, j'en suis certain, rendra dans nos classes les plus grands services. Il permettra aux élèves de mettre au point et d'accroître leurs connaissances sans peine et sans ennui. Pour un juste dosage il renferme tout ce que doit savoir le candidat qui en Première veut triompher dans ses compositions de version latine.

Je félicite vivement les auteurs de ce livre, auquel je désire un prompt succès. J. ALLARD.

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AVANT-PROPOS L'accueil réservé à la Grammaire du Latin de Greiner et Billoret, par

les étudiants, et à la Grammaire élémentaire par nos collègues de 6e et de 5e, nous a encouragés à compléter le cours par une Grammaire moyenne, destinée aux classes qui vont de la 4e à la ire.

Le présent manuel est donc inspiré des mêmes principes que les précé- dents, notre but étant de présenter aux jeunes latinistes un instrument de travail maniable et apportant une réponse claire aux questions que pose la traduction en français d'un texte latin classique.

Sans être, en effet, systématiquement conçu pour la version, il voudrait rendre plus facile la lecture des auteurs, en comparant les habitudes propres aux deux langues, sans négliger les explications qui peuvent rendre les faits linguistiques de chacune plus compréhensibles et plus assimilables.

Comme dans la Grammaire élémentaire et avec les mêmes paradigmes et les mêmes exemples, chaque question a été traitée dans une page qui lui est propre ou en vis à vis, dans un verso et un recto. Cette disposition, très appréciée nous dit-on, permet d'embrasser, dans son ensemble, la règle et ses exceptions, souvent nombreuses.

Nous avons séparé les deux grandes parties traditionnelles : la mor- phologie complétée ici et là par des considérations phonétiques à la portée des élèves et des développements nouveaux au chapitre des indéfinis et au chapitre des conjonctions de coordination, et la syntaxe, qui passe de 30 à 50 pages, par des notions succinctes sur la formation des mots et sur la construction de la phrase latine.

En lisant et en relisant ces dernières pages, l'élève comprendra combien elles peuvent l'aider à acquérir rapidement un large vocabulaire et à mieux pénétrer le génie de la langue.

C'est enfin dans le même souci d'efficacité qu'a été joint, sur papier teinté, un lexique-index, qui donne directement le renseignement cherché, s'il n'est pas dans la grammaire, ou renvoie au paragraphe ou à la page utiles, s'il s'y trouve développé.

Les mots très riches : cum, ut, ou prêtant à confusions : quod, quo, par exemple, y sont présentés en tableaux synoptiques qui en graveront les différents sens dans la mémoire, évitant ainsi les pertes de temps du recours au dictionnaire.

En arrivant au terme de nos efforts, nous reconnaissons avec gratitude, tout ce que nous devons aux typographes et à l'éditeur qui « vingt fois sur le métier ont remis notre ouvrage » afin de parfaire l'outil que nous proposons à nos collègues.

A une époque où on a de moins en moins de temps à perdre et qui exige par là de plus en plus ordre et clarté, notre ambition reste d'apporter le témoignage d'une longue expérience qui veut ne pas rester vaine, mais nous savons bien et nous le répétons une fois de plus que l'enthousiasme, la compétence et l'habileté du maître feront autant pour donner vie à notre travail que la foi et la peine que nous avons mises à le réaliser.

M. R. et A. B.

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HISTOIRE DU LATIN

Origines du latin Le latin n'est pas né de lui-même. Il se rattache à une vaste famille, celle des langues indo-européennes, dont

l'aire d'extension, comme son nom l'indique, a recouvert toute l'Europe et une partie de l'Asie jusqu'à l'Inde.

La parenté des langues indo-européennes éclate lorsqu'on considère leur voca- bulaire. N'en prenons pour exemple que le mot « mère » : il est clair que le sanscrit « matar » (Inde), le grec p.1¡n¡p en attique ou μάτηρ en dorien, l'allemand « Mutter », l'anglais «mother», le latin « mater» sont tous mots de même origine. Il ne s'ensuit pas qu'il ait existé une parenté de race entre les peuples qui ont parlé ces différentes langues; mais à coup sûr il y a eu une communauté linguistique entre eux. Tous ces peuples n'ont pas non plus toujours vécu là où nous les voyons implantés à l'époque historique. Il est certain qu'au cours de la préhistoire ils ont été longtemps nomades et se sont livrés à de longues migrations, impossibles à préciser.

Diffusion du latin dans le monde antique Le latin apparaît dans l'his- toire comme la langue des habi-

tants du Latium, c'est-à-dire du petit peuple installé vers le V II le siècle avant j.-C. au sud du Tibre aux alentours des Monts Albains. Les peuples voisins, Osques, Ombriens, Sabins, Samnites, parlaient des langues italiques apparentées au latin. L'Italie du sud parlait grec (Grande Grèce), et, au nord du Tibre, les Etrusques possédaient leur langue à part.

La conquête assura la suprématie et la diffusion du latin, d'abord dans toute l'Italie, puis dans tout le bassin occidental de la Méditerranée et jusqu'en Europe centrale (Roumanie); le bassin oriental de la Méditerranée, gagné au grec depuis la conquête d'Alexandre, conserva cette langue jusqu'aux invasions arabe et turque.

Triomphe du latin dans la littérature Le latin devint une langue de haute civilisation après la chute

de Tarente, qui mit Rome en contact avec l'héllénisme. Les premiers grands écrivains furent le poète Ennius et les Comiques, Plaute

et Térence. Le théâtre de Plaute nous fait connaître la langue familière et populaire dans toute sa verve et même sa verdeur. Puis la littérature latine connaît deux périodes de gloire, l'une aux derniers

temps de la République (Ier siècle avant J.-C.); la langue atteint alors avec César et Cicéron un point de perfection remarquable; la beauté et l'élégance de leur style sont restées sans égales dans le monde romain. Du même temps sont le grand poète Lucrèce et l'historien Salluste.

La seconde période est celle dite du « siècle d'Auguste », illustrée par les grands poètes Virgile et Horace, puis par l'historien Tite-Live. Légèrement postérieurs sont les poètes Juvénal et Lucain, l'historien Tacite et le philosophe Sénèque, puis les deux Pline, l'Ancien et le Jeune (l'oncle et le neveu). Des romanciers appa- raissent : Pétrone, Apulée.

La dernière floraison est celle de la littérature chrétienne, riche des noms de , Tertullien, de Saint Jérôme et de Saint Augustin. r

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Persistance du latin dans les temps modernes Après la subversion de l'Em- pire romain sous les invasions

barbares, la langue latine perdit son unité. Elle donna naissance aux langues « ro- manes » : italien, espagnol, catalan, portugais, roumain, français. Cependant le latin demeurait usité, et langue vivante. Durant tout le Moyen Age et jusqu'aux temps modernes, il fut la langue des Universités, donc des étudiants (d'où le nom du « Quar- tier Latin ») et des gens instruits de toute l'Europe, par suite langue internationale. Les traités se rédigeaient en latin, les savants correspondaient entre eux d'un pays à l'autre en latin, les livres de portée universelle étaient écrits en latin : ouvrages de politique étrangère (Grotius), œuvres philosophiques ou scientifiques (Descartes, Leibnitz, Spinoza, etc.)

En même temps, l'influence linguistique du latin s'étendait, par l'intermédiaire de l'anglais, sur l'Amérique du Nord et l'Australie, par l'intermédiaire de l'espagnol et du portugais, sur toute l'Amérique dite « latine », par le français, sur le Canada, les Antilles, une partie de l'Afrique et de l'Océan Indien.

Le latin à l'époque contemporaine Le latin est resté la langue de l'Eglise catholique, et par là une

langue vivante : car toutes les publications officielles actuelles du Vatican, les Encycliques en particulier, sont rédigées en latin, en un latin pur et classique, additionné de néologismes pour permettre l'expression des faits ou des idées mo- dernes. Il est ainsi usité d'abord en tant que langue sacrée, et aussi en tant que langue universelle.

Il existe aussi des revues savantes dont les articles sont écrits en latin afin d'être intelligibles pour des lecteurs de tous les pays. Enfin un Congrès de savants réunis de toutes les parties du monde a récemment émis le vœu que le latin fût remis en honneur et en usage comme langue scientifique internationale.

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La prononciation du latin.

Au temps de Cicéron (106-43 avant J.-C.), époque classique du latin, l'alphabet comprenait 21 signes, et seules existaient les lettres capitales :

ABCDEFGHIKLMNOPQRSTVX.. A partir d'Auguste (63 av. — 13 ap. J.-C.) on utilisa pour la transcription des

mots étrangers 2 signes nouveaux empruntés au grec : Y et Z. Les signes 1 et V désignant un son qui était tantôt voyelle, tantôt consonne;

les grammairiens de la fin du Moyen Age réservèrent 1 pour la voyelle et V pour la consonne, et inventèrent J comme consonne et U comme voyelle correspondantes.

La prononciation du latin au temps de Cicéron.

Certains professeurs prononcent le latin à la française, donnant aux voyelles le son et aux consonnes l'articulation qu'elles ont dans notre langue; il existe aussi une prononciation dite à l'italienne qui est celle qu'on entend dans les églises; enfin les progrès de la philologie ont permis de retrouver avec une quasi-certitude la prononciation en usage chez les Romains de la bonne époque, la seule qui puisse rendre compte de certains faits grammaticaux et de l'évolution du latin vers les langues qui en sont issues.

Les principes de cette prononciation restituée sont simples : 1° Toutes les lettres se prononcent. 2° Voyelles : A = a 0 = o E = é, emere (acheter) se prononçait éméré.

Y, introduit sous Auguste, se prononçait u comme dans du. Une diphtongue est la réunion de 2 voyelles prononcées d'une seule émission

de voix; à la bonne époque, les gens cultivés faisaient entendre les deux voyelles dans : AE, OE, AV, El, EV, VI. 3° Consonnes :

Se distinguaient des consonnes françaises correspondantes : C toujours K; G toujours gue H légèrement aspiré M, N sonores en toutes positions

S toujours ç comme dans soupe T fort comme dans tapis X =. Kç et QV = KW.

a Les Latins marquaient en outre la différence entre les voyelles longues, que nous marquons parfois du signe — et les voyelles brèves v , et prononçaient la syllabe accentuée sur une note plus aiguë, double élément peut-être trop étranger à notre langue pour tenter de l'obtenir des enfants.

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Le latin : jeu de terminaisons.

Tout comme en français, on distingue en latin : les mots invariables : l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'interjection; les mots variables : le nom, l'adjec- tif, le pronom et le verbe.

En français, les mots variables changent de terminaison suivant leur genre et leur nombre, genre et nombre souvent précisés devant le nom par un article :

un vieux meuble, une vieille chose — le cheval, les chevaux. Dans les verbes, la conjugaison indique la voix, le mode, le temps et la personne,

mais, sauf à l'impératif, la personne est régulièrement annoncée par un pronom : La longue latine a ses difficultés, mois travaillez et vous réussirez.

Seuls, pronoms personnels et relatifs changent de forme suivant leur fonction : Le livre qui (sujet) vous a tant plu et que (objet direct) votre camarade vous a emprunté, réclamez,

le (objet direct) lui (objet indirect) car il (sujet) a une gronde valeur. Ordinairement, en français, la fonction du mot dépend de sa place par rapport

au verbe, ou de la préposition qui la gouverne : dans la phrase César vainquit Pompée à Pharsale, c'est César qui est vainqueur, le mot César étant sujet et placé avant le ver.be. Pompée, placé après, est objet, c'est lui qui est vaincu.

En latin, la place des mots est beaucoup plus libre, et n'a pas d'influence sur leur fonction. Ajoutez qu'il n'y a pas d'article, que le verbe se conjugue sans pronom personnel (qui indique la personne et le nombre) et que la préposition n'est souvent pas nécessaire. Il en résulte qu'en latin, c'est la terminaison des mots qui, suffit pour indiquer :

a) Dans les noms, les adjectifs et les pronoms : a le genre masculin, féminin, neutre a le nombre singulier ou pluriel a la fonction sujet, attribut, complément

bonus, bon bona, bonne bonum rosa, la rose rosae, les roses rosas amamus, nous aimons les roses.

Que l'on écrive Caesar vicit Pompeium ou Pompeium vicit Caesar, César reste le vainqueur, la phrase ne change pas de sens, car Caesar est une forme sujet et Pompeium une forme objet; la terminaison -um suffit à indiquer que c'est lui qui a supporté l'action.

b) dans les verbes : M la personne, le nombre, le temps, le mode et la voix :

amo, j'aime — amamus, nous aimons — amamur, nous sommes aimés amas, tu aimes — amemus, aimons — amavimus, nous avons aimé.

Pour passer d'une langue à l'autre, il convient donc d'abord de reconnaître à leur terminaison la valeur grammaticale des mots et leur fonction. La « morphologie » est l'étude de la forme des mots, et spécialement de leurs ter-

minaisons, qui ont une telle importance.

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MORPHOLOGIE Les noms, les adjectifs et les pronoms, se déclinent : prennent des terminaisons

qui varient suivant leur genre, leur nombre et leur fonction, c'est-à-dire suivant le cas.

Cas, en latin casus chute, est un mot qui pour les gram- mairiens d'autrefois évoquait la retombée des dés hors du cornet :

Casus dicimus, écrit l'un d'eux, vocabulorum formas quia in aliam atque aliam cadunt effigiem.

On appelle cas les formes des mots, cor les mots tombent sur une face puis sur une autre.

Connaître la centaine de formes, de terminaisons, de désinences que comportent les mots latins est donc essentiel pour en comprendre le jeu, jeu dont voici les principes.

. EMPLOI DES CAS Le latin distingue : 1

L'ABLATIF, cas des compléments circonstanciels Cf. p. 102. de moyen et d'instrument introduits par de, par, avec, au moyen de, grâce à.... : de cause introduits par de, par, par suite de, par l'effet de.... : de manière introduits par, avec, de, à.... :

La terminaison suffit le plus souvent pour indiquer la fonction du mot : Avec un grand soin se traduit par : magnà curà.

Dans certains cas le latin a recours, avec l'accusatif et l'ablatif, à des prépositions comme le français. Cf. p. 82 et 83.

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NOMS ET ADJECTIFS

2 Les noms se déclinent sur des modèles que l'on regroupe d'après la termi- naison, de leur génitif singulier, en 5 déclinaisons :

Les adjectifs se déclinent : I. comme les noms de la deuxième déclinaison pour le masculin et le neutre,

comme les noms de la première déclinaison pour le féminin s'ils ont leur génitif en -i, -ae.

II. comme les noms de la troisième déclinaison pour tous les genres s'ils ont leur génitif en -is.

3 Genres et nombres.

Il y a trois genres en latin : M le masculin — Sont masculins les noms d'hommes, de métiers masculins, d'ani- maux mâles, de peuples, de fleuves, de vents, de mois. a le féminin — Sont féminins les noms de femmes, de métiers de femmes, d'ani- maux femelles, d'arbres (l'arbre est la mère des fruits), de pays et d'îles (la terre est la mère des récoltes). ■ le neutre (neuter : ni l'un ni l'autre, ni masculin ni féminin) — Sont neutres les noms de choses inanimées.

Il y a deux nombres : le singulier et le pluriel, mais le latin a conservé le duel avec ambo et duo (cf. § 34).

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Ve DÉCLINAISON : génitif en -ae.

Un seul modèle : rosa-ae, la rose, sur lequel se déclinent des noms masculins et des noms féminins, ceux-ci plus nombreux, dits pour cette raison « en -a, -ae ».

e Au singulier nominatif et vocatif, a est bref : ros a, il correspond à une J à l'ablatif, il est long : ros-a, il correspond à une J.

e On voit que le latin n'a ni article défini ni article indéfini.

Particularités. 5

g Le locatif. Il existe un 7e cas, le locatif, pour les noms singuliers de villes ou de petites îles; il indique le lieu où l'on est. Sa forme est en -ae, qui se confond pratiquement avec le génitif singulier :

Romae, à Rome Ithacae, à Ithaque. jt Dans paterfamilias et materfamilias, le père, la mère de famille, familias est un génitif archaïque.

. dea, deae, la déesse et filia, filiae, la fille ont leur datif-ablatif pluriel en -abus, quand il faut éviter la confusion avec deis et filiis, datif-ablatif pluriel de deus, le dieu et de filius, le fils :

deis et deabus, aux dieux et aux déesses filiis et filiabus, aux fils et aux filles : a Les mots d'origine grecque conservent certaines formes grecques :

Enée, se décline : Aeneas, Aenea, Aenean, Aeneae, Aeneae, Aeneâ.

Remarques valables pour toutes les déclinaisons.

10 La dernière lettre de l'accusatif singulier est : m rosam; la dernière lettre de l'accusatif pluriel est : s -> rosas.

Il en est de même dans toutes les déclinaisons des 'noms masculins et féminins. 2° Le datif et l'ablatif pluriel sont semblables à l'intérieur de chaque déclinaison.

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28 DÉCLINAISON : génitif en -i.

6 Modèles : dominus, -i, le maître, pour les noms masculins et féminins; puer, -i, l'enfant, et liber, libri, le livre, pour les noms masculins; templum, -i, le temple, pour les neutres.

0 Puer, autrefois puerus, et liber, autrefois librus, sont des mots qui ont perdu la terminaison du nominatif. Liber a développé un e au nominatif singulier.

7 Particularités.

t Locatif : Ont un locatif en -i qui se confond avec le génitif singulier : les noms de villes et de petites îles : Lugduni, à Lyon. Rhodi, à Rhodes; les mots humus -i f. : humi, d terre; vesper -eri : vesperi, le soir.

. Le vocatif des noms propres en -ius, -ii est en -i. De même, celui de fi I i us, filii, le fils, et de l'adjectif meus, mon :

Tu quoque mi fil i, Toi aussi mon fils! 0 Vergili (de Vergilius) Virgile! . Le génitif pluriel est en -um (génitif archaïque), dans :

des expressions consacrées : praefectus socium.fabrum le commandant des alliés. des ouvriers. des noms de mesures : modius, le boisseau, nummus, la pièce de monnaie, sestertius, sesterce. des noms de fonctions : duumvir, triumvir, decemvir.

tt Vulgus, la foule, les gens, et virus, le poison, sont des noms neutres qui ne se rencontrent qu'au nominatif et à l'accusatif singulier.

Déclinaisons spéciales.

Le mot deus n'a pas de vocatif singulier : on invoquait un dieu par son nom.

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Les adjectifs de la Ie classe à génitifs en -i, -ae, -i.

La plupart des noms en -us et tous les noms en -er sont masculins, la plupart des noms en -a sont féminins et tous les mots en -um neutres; aussi un premier groupe d'adjectifs a-t-il pris les terminaisons :

8

-us ou -er pour le masculin -a pour le féminin -um pour le neutre,

sur puer, rosa, templum : 9

sur liber, rosa, templum : 10

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38 DÉCLINAISON : génitif singulier en -is. Si on s'en tient aux apparences, on peut distinguer, dans cette déclinaison :

LES MOTS IMPARISYLLABIQUES qui n'ont pas le même nombre de syllabes

au nominatif singulier : consul et au génitif singulier : consul is 1

Leur génitif pluriel est en -um et leur nominatif pluriel neutre en -a

LES MOTS PARISYLLABIQUES qui ont le même nombre de syllabes

au nominatif singulier : civis et au génitif singulier : civis

Leur génitif pluriel est en -ium et leur nominatif pluriel neutre en -ia

En fait, les terminaisons du génitif pluriel et du nominatif pluriel neutre sont les mêmes dans tous les mots de la 3e déclinaison, mais -ium et -ia comprennent, outre les terminaisons -um et -a, la voyelle i, finale des mots à radical vocalique.

Il est donc plus exact de distinguer les mots à radical :

terminé par une consonne ou consonantique terminé par une voyelle ou vocalique

avec les modèles, pour les noms masculins et féminins : consul et pater civis et mens

pour les noms neutres : corpus mare et animal

11 Mots à radical consonantique :

a Locatif. La 3e déclinaison a un locatif : ruri (de rus, ruris n, campagne), à la campagne, à la ferme — mais quand il est accompagné d'un adjectif, on emploie une préposition : in rure amœno, dans une campagne agréable.

12 Se déclinent comme pater : mater, matris f, la mère, frater, fratris m, le frère. Trois autres mots ont un radical consonantique bien que leur nominatif

soit en -is :

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Les mots à radical terminé par une consonne présentent une double difficulté : 13

la consonne finale :

Dans les modèles consul et pater, et les mots terminés comme eux par 1, r ou par n, le nominatif - vocatif singulier est le radical, sans terminaison.

Il suffit donc, pour les décliner, d'ajouter à ce radical, à partir de l'accusatif, la terminaison propre à chaque cas.

Corpus, comme consul, est le radical même du mot, mais ce radical devient corpor, dès qu'il est suivi d'une voyelle. De même flos (m), la fleur, devient au génitif floris (au lieu de flosis), vulnus (n), la blessure, devient vulneris, crus (n), la jambe, cruris, etc... par l'effet d'une loi phonétique ancienne (ive siècle av. J.-C.) qui veut que la lettre s placée entre deux voyelles se change en r, loi que vous retrouvez dans les verbes; comparez : es tu es, eram j'étais.

Dans les mots terminés par une s au nominatif, cette s est une désinence du cas sujet qui disparaît à partir du génitif. La difficulté est donc de retrouver ce radical que l's a parfois transformé.

Exemple : Au nominatif pes correspond un génitif pedis parce que le d a été, au nominatif, assimilé par la terminaison — s : peds -» pess -> pes.

La connaissance de quelques lois très simples permettra vite de reconstituer les mots et de les décliner correctement :

la voyelle du radical :

D'autre part, en comparant le nominatif et le génitif : miles, militis — princeps, principis, on constate que parfois la voyelle du radical change ou disparaît (Cf. p. 87) aux cas autres que le nominatif. Les alternances sont les suivantes :

e disparaît : pater patris le père I o-i : homo-inis l'homme ! u-i : caput-itis la tête e devient i : nomen nominis le nom | u-e : onus-eris la charge J u-o : corpus-oris le corps.

m Enfin, dans certains mots, la racine est compliquée d'un suffixe. Exemple : sen (racine) + ec (suffixe) + s (terminaison), donne au nominatif

senex, le vieillard. Aux autres cas, le suffixe tombe : Ac. senem, Gn. senis, et pluriel : senes, senum, etc...

Les dictionnaires et lexiques, en donnant le nominatif et le génitif de chaque mot, permettent de reconnaître ce jeu des formes de la 3e déclinaison.

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Imprimé en France

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