Goupil - ASPAS

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Association pour la protection des animaux sauvages Reconnue d’utilité publique Gou p il N°133 - Printemps 2018 l’ASPAS en action Lynx : l’espoir vient d’Allemagne Les anti-loups désinforment, l’ASPAS informe ! Le blaireau, un statut juridique « pire que nuisible »

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Association pour la protection des animaux sauvagesReconnue d’utilité publique

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l’ASPAS en action

Lynx : l’espoir vient d’Allemagne

Les anti-loups désinforment, l’ASPAS informe !

Le blaireau, un statut juridique « pire que nuisible »

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SommaireÉditorial - sommaire 3Vie de l'ASPAS 4 à 8Vos droits 9Brèves 10 à 12Dossier 13 à 21Loup 22-23Blaireau 24-25Ours 26Requins 27Chasse 28 AFB 29Collectif 30-31Réserves de Vie Sauvage® 32-33Agenda 34Juridique 35 à 37Bibli@ 38

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Sommaire

Goupil n° 133 - Printemps 2018

Goupil - ASPAS BP 505 - 26401 CREST Cedex

Tél. 04 75 25 10 00 Fax. 04 75 76 77 58

[email protected]

Éditorial - sommaire 3Vie de l'ASPAS 4 à 8Vos droits 9Brèves 10 à 12Dossier 13 à 21Loup 22-23Blaireau 24-25Ours 26Requins 27Chasse 28 AFB 29Collectif 30-31Réserves de Vie Sauvage® 32-33Agenda 34Juridique 35 à 37Bibli@ 38

Éditorial

Association reconnue d’utilité publique depuis le 11/12/2008 (JORF du 20/03/2009)

Imprimé en Ardèche sur papier100 % recyclé blanchi sans chlore par : Impressions Modernes

La chasse a du plomb dans l’aile, et nous volons plus haut

Pendant que quelques crétins s’obstinent à braconner des lynx, d’autres sont réintroduits en Allemagne (p. 13 à 21). Que ce soit pour le lynx, le loup (p. 22-23) ou l’ours (p. 26), tôt ou tard la nature gagnera.

Contre la protection de la nature le lobby de la chasse se crispe. Campé sur ses privilèges et son arrogance, il refuse d’évoluer dans un monde qui change. Il joue les coqs, mais c’est plutôt le chant du cygne : les chasseurs ne sont plus qu’1,2 millions en France, alors que l’on compte déjà deux millions de végétariens. Notre action de contre-lobbying CAP (p. 30-31) commence à être organisé et efficace puisque des parlementaires nous écoutent et se mouillent à leur tour pour la faune sauvage. Sur le terrain, des mouvements de révolte citoyenne se créent spontanément contre la chasse à courre (p. 11) ou contre d’autres pratiques, notamment avec des adhérentes courageuses (p. 4). Ça avance sur tous les fronts !

En attendant, nous continuons de protéger concrètement la nature avec nos Réserves de Vie Sauvage® (p. 33) et nous vous invitons à deux grands rendez-vous drômois. Le premier est évidemment notre Assemblée générale du 26 mai prochain, où nous vous attendons nombreux (voir le rapport annuel), le deuxième une initiative originale programmée fin septembre : FESTIWILD, le festival qui réconcilie la nature et l’Homme, parrainé par notre ami Jacques Perrin (p. 34). À découvrir dans les pages qui suivent…

Bonne lecture !

Coordination généraleC. Hernandez - R. CollangeComité de rédaction

M. Giraud - M. Reynaud - C. Hernandez A. Ambrosini - M. Fargier

M. Dupuis - A. Greff - M. Charaix Graphisme et mise en page

Rémi CollangePhotographies

P. Huguenin & A. Margand - DR. Blackbourn F. Cahez - F. Limosani - E. Balança

M. Pourny - M. Reynaud - R. CollangeB. Sanne - S. Deschamps - C. Bardot Meles - M. Dupuis - S. Montagnon

USFWS/A. Froschauer Pixabay - Wikimedia CC

Couverture : Laurent Geslinwww.laurent-geslin.com

IllustrationsA. Nouailhat - Freepik.com

Marc Giraud,Porte-parole de l'ASPAS

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Ç'ASPAS entre nous

Adhérents ASPAS : rencontrez-vous !

L’identité des adhérents de l’ASPAS et leurs coordonnées sont strictement confi-dentielles et ne sont jamais communi-quées à une tierce partie. Néanmoins, pour que vous, membres de l’association répartis sur l’ensemble du territoire, puis-siez vous rencontrer, échanger et étendre localement les actions de l’association, cette rubrique est la vôtre. Pour faire passer votre annonce dans le prochain numéro, signalez-vous auprès de :

[email protected]

CHERIsabelle DUBOIS

[email protected]

HAUTE-GARONNEDanielle HENNEBERT

06 38 19 13 [email protected]

HAUT-RHINGaëtan SCHNEIDER

06 83 28 71 [email protected]

LANDESMaryvonne GOUDE

06 48 25 99 [email protected]

MORBIHANCatherine BÉRARD

[email protected]

YVELINESClaude DAUBY06 29 25 67 54

[email protected]

TémoignagesFace aux chasseurs, elles n’ont pas peur

Créer une enclave de paix pour les animaux sur des terres où la chasse est une institution demande une bonne dose de bravoure. Et Julie L. n’en manque pas ! Au cœur de la Sologne, elle a hérité de 70 hectares qu’elle a mis en Refuge ASPAS pour y faire interdire la chasse. En réaction à un article de presse promouvant sa propr ié té (sanctuaire animalier et maison d’hôtes), des individus ont à deux reprises, jeté un cadavre de chevreuil par-dessus son grillage. Sa pugnacité, épaulée de l’expertise de notre service juridique est en marche pour engager une procédure.

Chez Jacqueline G., la véhémence des chasseurs a été bien calmée par la plainte de l’ASPAS pour des faits de chasse sur son Refuge : "Les miradors installés à proximité de mes terrains ont été détruits. La personne qui avait tué le renard sur mes terrains a de plus été radiée de l'association." Et en prime "Un couple de renards s'est à nouveau installé dans les environs et j'en suis bien heureuse, les chevreuils peuvent impunément déguster les bourgeons de sapins et une biche avec son faon à la bonne saison se partager le terrain avec les chevaux."

Vie de l'ASPAS

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GG Vie de l'ASPAS

L’actualité de l’ASPAS directement dans votre boîte... mail !

Certain(e)s d’entre vous l’ont vu passer... en mars et en avril. La lettre d’infor-mation mensuelle de l’ASPAS !

Pour recevoir la newsletter comment faire ?Il suffit de vous inscrire en ligne en page d’accueil sur aspas-nature.orgCliquez sur le bouton orange Newsletter,puis remplissez le formulaire.

(Sinon envoyer votre adresse mail à [email protected])

Nouveau : les e-reçus fiscaux

Les reçus fiscaux des dons effectués en 2017 ont été envoyés, par courrier, ou par email (rapide et économique) à ceux nous ayant confié leur adresse mail. Si vous n’avez pas reçu le vôtre, vérifiez dans vos emails indésirables/SPAMS.

Sachez aussi qu’il n'est plus nécessaire de le joindre à votre déclaration de revenus en ligne. Il suffit d’indiquer le montant global de vos dons dans la case 7UF, pour bénéficier d’une réduction d'impôt égale à 66 % des sommes versées, dans la limite de 20 % du revenu net imposable. Votre reçu est à conserver 3 ans, en cas de contrôle fiscal.

Vos dons font nos actions : merci de nous soutenir !

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GGVie de l'ASPAS

Vie du Conseil d’administration

L’assemblée générale (AG) ordinaire est un temps fort dans l’année. La prochaine aura lieu le 26 mai, et nous vous espérons nombreux (l’invita-tion a été jointe à ce Goupil pour les membres à jour de cotisation pour 2018). Au cours de celle-ci, les adhérents voteront pour les rapports d’activité, moral et financier qui auront été présentés, ou encore pour les mandats de trois membres du conseil d’administration (CA).

En 2018, se serait terminé le mandat de Jean-Philippe Alessandra, adminis-trateur depuis 1991, qui nous a tragiquement quittés le 14 décembre dernier.Fin du mandat également d’Adèle Marchal, entrée au CA en 2015 et qui est candidate au renouvellement de son mandat. Elle nous transmet ce message depuis la Thaïlande où elle est partie s’installer en 2016 et où elle séjourner-nera encore quelques mois : "Bien que je sois au bout du monde, la défense de notre vie sauvage me tient à coeur, et je fais mon possible pour me rendre utile à distance ; jusqu'au jour où je reviendrai en Europe. J’ai tout particuliè-rement plaisir à m’investir aux côtés de cette équipe dynamique, sincère et déterminée, qui m’a portée plus loin sur la voie de la défense de l’environne-ment voilà déjà plus de cinq ans."

Les statuts de l’ASPAS prévoient qu’un tiers du CA est renouvelable tous les ans. Aussi, Gilbert Cochet et Grégory Delohmme, comptant bien év idemment cont inuer le combat au sein de l’ASPAS, proposent dès cette année de remettre au vote leurs mandats qui auraient été les prochains renouvelables en 2019.

Nombreuses sont les personnes qui souhaitent s’impliquer pour l’ASPAS en intégrant son CA. Malgré les compétences indéniables de certains candidats, les statuts prévoient une cooptation par le CA, préalable à l’élection en AG. En amont, un temps d’échanges est indispensable pour faire connaissance et envisager ensemble une collaboration en fonction des attentes de chacun.

Si vous souhaitez intégrer le CA de l’ASPAS, merci d’adresser votre can-didature complète (CV, lettre de motivation, expériences, connaissances et savoir-faire, disponibilités) à [email protected].

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G Vie de l'ASPAS

Le réseau des délégations s'agrandit

Romain Espeisse – Délégué ASPAS Eure-et-Loir (28)« J’ai 27 ans, je suis titulaire d’un BTSA Gestion et Protection de la Nature. J’ai travaillé plusieurs années comme animateur nature et suis actuellement animateur dans une ferme pédagogique non exploitante près de Chartres. Je participe à différentes actions de protection de la nature. C’est lors d'un ramassage de crapauds pen-dant leur migration que j’ai rencontré Marc Giraud dont j’avais vraiment apprécié le livre « Le Kama sutra des

demoiselles ». Naturaliste amateur avec une préférence pour l’entomologie, il me paraît important de contribuer à mieux connaitre notre faune tout en menant des actions fortes de préservation et de sensibilisation, l’ASPAS y répond par-faitement. Je crois en la convergence des luttes, naturalistes et militants pour la cause animale doivent agir en commun pour des résultats plus efficaces. Une prise de conscience semble émerger depuis quelques années et nous pouvons tous y contribuer. Les animaux n'ont pas la parole mais nous pouvons leur don-ner notre voix. » [email protected]

Didier Vannini - Délégué ASPAS de Meurthe-et-Moselle (54)« J’ai 49 ans et je suis cadre administratif dans le privé, naturaliste, féru de sport d’endurance et de photographie animalière. Membre de plusieurs associations de protec-tion de la nature, j’ai eu l’occasion d’initier ou de contribuer à des actions et projets très divers ces dernières années, dans ma région (en particulier pour l’ASPAS, par exemple au sein du Collectif Renard Grand Est, lors de salons ou d’actions de sensibilisation à l’école), mais aussi en Afrique. Nous vivons malheureusement à une époque où la destruction de la nature et des espèces animales atteint un niveau sans précédent, dépassant sans doute la capacité de résilience des écosystèmes. Ce simple fait peut être soit une source d’abattement profond, soit une source de motivation et d’envie d’agir, même modestement, pour dire que nous n’acceptons pas cette fatalité. Adhérents ASPAS, je suis à votre dis-position pour participer avec vous aux actions que mènera l’association dans le département, et vous informer des dossiers, manifestations, projets… en cours et à venir. » [email protected]

Si comme Romain et Didier, vous souhaitez vous investir davantage, si vous habitez en Drôme ou en Ardèche, et souhaitez devenir délégué(e) de l’ASPAS pour l’un et/ou l’autre de ces départements :envoyez votre candidature à [email protected]

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Les bleus de l'ASPAS

Emmanuel Voreppe Succédant à Bernard Bailly, parti en retraite, il a pris les manettes de l’atelier et

de l’entretien des locaux depuis octobre.

Morgane Charaix Elle a choisi l’ASPAS pour effectuer un Service

Civique de 8 mois, au sein du service Actions, où elle évolue depuis janvier.

Vie de l'ASPAS

Aurélia Greff Depuis février, elle a intégré un nouveau poste « Campagne-Collectes », en charge de la gestion opérationnelle des campagnes de levée de fonds. Cécile Pinchinot Elle a pris ses quartiers au service Secrétariat/Accueil depuis mars, où elle remplacera Mélanie Pothin-Noir qui partira prochainement pouponner. Violaine Labarre Arrivée début avril, elle effectue un stage de 6 mois au service Juridique dans le cadre de son Master 2 Droit de l’environnement de Strasbourg.

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GG Vos droits

Le coin du juristeJ’ai trouvé un collet devant l’entrée d’un terrier, est-ce légal ?

Un collet est un piège en crin ou en laiton, destiné à prendre un animal par le cou. Les collets ne peuvent être utilisés que pour le piégeage du renard s’il est classé « nuisible ». Bien qu’exclu de ce classement, le blaireau peut également être concerné. En effet, le blaireau peut être visé par une battue administra-tive¹ : opération de destruction par tir ou par piégeage (mais aussi tir de nuit au phare, depuis un véhicule, avec un silencieux, depuis la voie publique…), ordonnée par le préfet « chaque fois qu’il est nécessaire », le plus sou-vent pour des motifs de sécurité publique, de dégâts agricoles/économiques ou encore de santé publique.

La légalité de la pose de ces collets dépendra donc de l’identité de l’occupant du terrier.

S’il s’agit d’un terrier de renard, il faut vérifier :● que le renard est classé « nuisible » dans le département² ;● que le piège est homologué (sigle PHE), doté d’un arrê-toir évitant la strangulation (circonférence, quand fermé, d’au minimum 21 cm), et d’au moins un émerillon empê-chant la torsion du collet et accompagnant les mouvements de l’animal ; ● qu’il est marqué du numéro d’agrément du piégeur³ ;● que l’opération de piégeage est déclarée par ce piégeur en Mairie (cf. les panneaux d’affichage obligatoire), qu’il piège sur sa propriété ou qu’il dispose d’une délégation écrite du propriétaire³.

S’il s’agit d’un terrier de blaireau, il faut vérifier :● qu’un arrêté préfectoral a ordonné une opération de piégeage de blaireau sur la zone concernée : en consultant les panneaux d’affichage en Mairie, le recueil des actes administratifs sur le site de la préfecture, ou en contactant la Direction Départementale des Territoires ;● que les prescriptions fixées par l’arrêté (zones, modalités, périodes) sont res-pectées.

Si vous décelez une illégalité vis-à-vis de ces conditions, contactez les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage afin qu’ils constatent l’in-fraction et dressent un procès-verbal. À défaut de pouvoir les faire déplacer rapide-ment, prenez des photos, accumulez des preuves en vue de poursuites pénales. L’ASPAS pourra alors déposer une plainte sur la base de ces informations.

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1- L.427-6 C. env. 2 - Arrêté du 30 juin 2015 - NOR : DEVL1515501A.3 - L.427-8 et suivants, et R.427-6 et suivants du C. env., et arrêté du 29 janvier 2007 - NOR: DEVN0700128A.

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GActus

En bref...Vautours : équarisseurs naturels appréciés des éleveurs

« Ici, éleveurs et vautours travaillent ensemble pour une montagne propre » c’est le message qui trône devant les grilles sécurisant une aire de 100 m2 dédiée à l’équarrissage naturel, à Bilhères-en-Ossau (64). Depuis janvier, 29 éleveurs locaux y ont seuls accès pour y faire des dépôts en fonction des mortalités de leur exploitation. Les nombreux vautours fauves de la vallée d’Ossau, vautours percnoptères, gypaètes barbus s’y succèdent, organisés en fonction de leur spécialité nécrophage (les uns les matières molles, d’autres les os...). D’opportunistes milans royaux y sont aussi aperçus. Face à une réglementation sanitaire française très contraignante, cette placette n’a rien à voir avec un charnier à ciel ouvert : elle est fermée à clef pour éviter aux curieux de déranger les animaux, elle bénéficie d’un

suivi sanitaire, est située loin de cours d’eau et source, la clôture est enterrée pour éviter l’intrusion d’autres espèces animales. Une dizaine de placettes de ce type ont été ouvertes depuis 2016 dans le pays basque, d’autres sont en projet... et attendues avec enthousiasme.Source : Ouest-France

Décathlon : à fond le braconnage !Alors que l’on connaissait une intense vague de froid en février,

la photographie d’un client du Décathlon d’Aubagne, montrant des pots de glu en libre-service, a fait un tollé sur les réseaux. Le

principe ? Déposer cette colle extrêmement forte sur des branches d’arbre pour que les oiseaux s’y empêtrent, avant de les tuer. Si la chasse aux gluaux (réservée à des initiés devant détenir une autorisation spéciale) est légale, et en deçà de l’horreur de cette méthode, c’est la facilita-tion du braconnage qui a été relevée.Autre bévue, un emailing envoyé aux clients du Décathlon

de Nice, incitant à la chasse aux corvidés pour prolonger le « plaisir » (sic) de la chasse. Problème ! Il n’était pas précisé que pour pouvoir tuer ces oiseaux après la fermeture générale (le 28 février), ils doivent figurer sur la liste départementale des espèces animales classées « nuisibles » comme le stipule l’arrêté ministériel du 30 juin 2015. Or, dans de nombreux départements de France, ces oiseaux ne sont pas classés comme « nuisibles ». Interrogé par Le Canard

enchaîné, le Décathlon de Nice a préféré fermer le bec...

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G Actus

Quand le sel de Guérande a du plomb dans l’aile.

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a fait retirer de la vente des sachets et bocaux de fleur de sel et de gros sel de Guérande commercialisés par Lidl, Auchan et Carrefour, d’avril 2017 à janvier 2018. La réglementation fixe le taux de plomb autorisé à 2 mg/kg... ce sel était à 11 mg/kg ! Le problème trouverait son origine dans les décennies de parties de ball-trap (loisir qui consiste à tirer sur un disque projeté en l’air) organisées à proximité de cette saline « contaminée », à Turballe, en Loire-Atlantique. En 2002, l’ancien propriétaire avait fait constater la situation par un huissier. Les cartouches en retombant au sol s'éclataient en plusieurs billes de plomb (d'un équivalent de 32 g). Si les organisateurs du ball-trap ont éloigné de 300 mètres leur zone de tir et cessé de tirer à la grenaille de plomb depuis 2010, les anciennes cartouches sont demeurées dans la vase. En se dégradant, elles ont peu à peu pollué l’environnement en diffusant ce métal lourd extrêmement toxique, qui provoque le saturnisme. Source : Ouest-France

En France, la fin du mois de mars a sonné la fermeture de la saison de chasse à courre, un mois après celle de la chasse à tir. À cette occasion, et à l’appel de l’asso-ciation AVA, un millier de personnes se sont rassemblées pacifiquement à Compiègne le 31 mars. Une mobilisation réussie pour demander l’interdiction de cette pratique

« d’une autre époque » [NDLR - propos de Nicolas Hulot]. La chasse à courre pourrait-elle être enfin interdite en France, à l’instar de l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, l’Écosse ou encore le Pays de Galle ? Un projet de loi a été enregistré au Sénat en novembre 2017, un autre à l’Assemblée nationale, en février 2018. Alors ? Alors, l’optimisme n’est pas de mise sous ce mandat présidentiel. Espé-rant séduire un électorat rural, Emmanuel Macron multiplie les messages de soutien aux chasseurs depuis son élection. Mais cela ne décourage pas nos nombreuses associations de poursuivre la lutte : nous finirons par obtenir une abolition de la chasse à courre que 84 % des Français appellent de leurs vœux.

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Harro contre la chasse à courre

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GActus

Une colonie de manchots repérée grâce à ses excréments Sur les Danger Islands, ensemble d’îles au nord de la

péninsule antarctique, des chercheurs ont décou-vert une immense colonie de manchots Adélie grâce à l’analyse d’images satellite. Les ornitho-logues ont en effet été intrigués par ces clichés, montrant ces îles toutes roses, couleur d’un guano

(déjections d’oiseaux marins) d’amateurs de krills... ces petits crustacés indissociables du régime alimen-

taire du manchot Adélie. À l'aide de drones, de photographies et de comptage manuel des nids et des oiseaux, 1,5 millions d’indi-vidus ont été comptabilisés. Soit plus que dans tout le reste de la péninsule antarctique. « Scientifiquement, même si c'est un nombre énorme de "nouveaux" manchots, ils ne sont nouveaux que pour la

science » commente Tom Hart, chercheur au département de zoologie d'Oxford. Les chercheurs ont en effet utilisé des images aériennes en noir et blanc datant de 1957 prouvant ainsi que ces animaux étaient déjà présents il y a plus de 60 ans. Autre surprise, les Danger Islands semblent avoir été épargnées par la fonte des glaces.

Source : AFP

Les chauves-souris, derniers mammifères indigènes présents dans les Antilles fran-çaises, sont des espèces fragiles. Dans un arrêté du 17 janvier 2018, le ministre chargé de l’écologie a fixé les conditions de leur protection, insuffisantes. En effet, si ces textes permettent de mieux enca-drer leur protection, leur perturbation intentionnelle n’est illicite que si elle remet en cause leur cycle biologique. Et la per-turbation intentionnelle de la Tadaride du Brésil et du Molosse commun (espèces les plus susceptibles de vivre près des activités humaines et d’être dérangées) n’est pas interdite alors qu’elle devrait être encadrée en milieu anthropique et interdite en milieu naturel. L’ASPAS et l’Associa-tion pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles ont fait parve-

nir un recours gracieux à Nicolas Hulot, et envisagent de saisir le Conseil d’État s’il n’accède pas à leurs demandes. Les modifications de ces arrêtés sont d’autant plus nécessaires que cette zone géogra-phique connaît des événements météoro-logiques de grande ampleur, comme nous l’ont rappelé les ouragans de 2017.

L’ASPAS au secours des chauves-souris antillaises

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Tadaride du Brésil

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Dossier

Pendant que les lynx de France se font braconner, des opérations de réintroduc-tion ont lieu près de la frontière, dans le Palatinat allemand. Là-bas, des félins sont lâchés dans la nature avec le soutien des chasseurs et des éleveurs. L’animal est le même, pas les mentalités.

Tout d’abord, mettons les choses au point : le lynx boréal (Lynx lynx) ne représente pas de danger pour les humains, et il n’existe aucun témoignage avéré d’attaque. En Alsace, des naturalistes qui examinaient les restes d’un chevreuil tué par un lynx se sont aperçus que le félin les regardait, sans intervenir, à moins de cinq mètres d’eux ! En revanche, du côté des anti-nature, ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnaît : un chasseur qui avait abattu un lynx dans l’Ain avait osé plaider… la légitime défense. Les juges ont été bien compréhensifs : le tueur d’espèce proté-gée a été récompensé par un non-lieu, au mépris de toute véracité scientifique et de toute considération éthique. En réa-lité, les seuls accidents possibles avec un lynx pourraient survenir s’il était acculé, et n'avait pas d’autre choix que de se défendre. Mais qui aurait l’idée saugrenue d’aller tirer les moustaches du félin ?

Mini portraitSi nous décodons l’aspect physique du lynx, nous pouvons en déduire tout son style de vie. Son pelage tacheté est un camouflage dans le clair-obscur des milieux forestiers, qui sont ses habitats de prédilection. Son arrière-train placé très haut en fait un excellent chasseur en embuscade. Sa queue courte indique qu’il n’a pas besoin d’un long balancier comme les panthères et autres félins plus arbori-coles. Bien qu’il grimpe très bien, notam-ment pour fuir des loups ou des chiens, il passe peu de temps dans les arbres. L’une des caractéristiques du lynx est le pinceau de longs poils qui surplombe ses oreilles. Ces pinceaux serviraient de signaux optiques entre congénères ou d’instru-ments de perception du moindre courant d’air, on ne sait pas vraiment. Enfin, ses larges pattes répartissent son poids dans

Lynx : l’espoir vient d’Allemagne© P . Huguenin & A. Margand (Jura)

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GDossier

la neige : comme des raquettes, elles lui évitent de s’y enfoncer. La pression de ses soles plantaires est de 34 à 40 g/cm2, alors que celle d’un jeune cerf est de 144 g/cm2. Cela lui donne un net avantage sur les cervidés, qui comparés à lui semblent plutôt marcher sur des talons aiguilles.

Les griffes et la denture des lynx montrent que ce sont des chasseurs et des man-geurs de chair. Ce sont même des car-nassiers stricts, c’est-à-dire qu’ils ne se nourrissent que des proies qu’ils tuent eux-mêmes. Ils se montrent rarement charognards, à la différence des ours et des loups. Neuf proies sur dix sont des chevreuils ou des chamois, mais ils capturent aussi de jeunes cerfs, des marcassins, des renards, des lièvres ou des oiseaux, et exceptionnellement des brebis. Ils chassent de 50 à 60 ongulés de taille moyenne par an, et sur une surface immense. La petite centaine de lynx de France ne prélève donc que 6 000 cervi-dés environ, chiffre à comparer aux 15 000 chevreuils tués annuellement sur la route et les 40 000 abattus dans la même région par les chasseurs, ou encore au total de 600 000 tués pour toute la France rien que par les fusils.

Des persécutions aux réintroductions

L’histoire du lynx boréal est aussi celle de son massacre. Autrefois, son habitat s’étendait depuis les Pyrénées jusqu’au désert de Gobi, et de la Grèce à la taïga scandinave et sibérienne. Au 15ème siècle, le lynx se rencontrait encore par-tout en France, aussi bien en plaine qu’en montagne. L’expansion des armes à feu, qui ont autant éliminé les proies que les prédateurs, a changé la donne : au 19ème siècle, l’animal avait disparu de la plupart des forêts de France et de Suisse. Dans le Massif central, le dernier lynx recensé est abattu en 1875 ; dans les Pyrénées, la dernière capture authentifiée a lieu en 1917 ; dans les Alpes françaises, le der-nier spécimen connu est tué en 1928. Des rumeurs persistent sur l’existence de lynx dans les Pyrénées, mais au début du 20ème siècle, l’espèce est officiellement éradiquée de France.

En 1970, des opérations de réintroduction de lynx ont lieu dans les Alpes suisses. Parmi la vingtaine d’animaux relâchés dans ce pays une partie se reproduit, et certains colonisent naturellement le Jura français.

Lynx et sa proie, un chamois (Jura)

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L’exemple fait alors songer à des réin-troductions dans l’Hexagone. Après des années de préparation, mais peut-être pas suffisamment, les premiers lâchers dans les Vosges françaises débuteront en 1983 et totaliseront 21 félins en 10 ans. Rapi-dement, des oppositions radicales voient le jour, de la part de certaines fédérations de chasseurs qui refusent la concurrence d’un prédateur, comme si les animaux sauvages leur appartenaient. D’autres se montrent plus tolérants et reconnaissent que l’espèce fait partie de notre faune. Les chasseurs anti-lynx sont bientôt relayés par des éleveurs car des brebis sont attaquées. Des félins disparaissent de façon suspecte. Le 30 août 1988, un cadavre de lynx est déposé devant la sous-préfecture de Belley, dans l’Ain. Ce geste de colère, illégal, annonce une crise qui entraînera beaucoup de manifestations et de remous.

Des opposants affirment que le pastora-lisme est incompatible avec la présence de prédateurs, d’autres prétendent qu’on a lâché des caracals, des fauves africains… Puis les choses finissent par se calmer. Une trentaine d’années plus tard, les éleveurs sont toujours en activité dans le Jura, et ils côtoient des prédateurs, ce qui montre que la cohabitation n’a rien d’impossible, le pro-blème venant plus de quelques chasseurs indécrottables. Notons que les allégations des anti-lynx de l’époque ressemblent étrangement à celles des anti-loups et des anti-ours d’aujourd’hui.

Un avenir toujours incertain

Dans le secret des Vosges françaises, où l’on chasse depuis des miradors, il est facile de braconner. Bien que des lynx réintroduits depuis 1983 s’y soient

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Œil de lynx ?Le lynx est doté d’une vision nocturne plus performante que les humains, mais il n’a pas une meilleure vue que les autres félidés. Il distingue moins bien les couleurs que nous. L’expression « œil de lynx » vient d’une déformation de lan-gage. Tout part de la légende grecque de Lyncée, navigateur des Argonautes au regard exceptionnel supposé voir au fond de la mer ou derrière les arbres. Les deux mots s’écrivant Lynceves en latin, « avoir un œil de Lyncée » est devenu à la longue « avoir un œil de lynx ».

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reproduits, un comptage de 2014 n’en a recensé aucun, un seul l’année suivante, et aujourd’hui encore il n’y a plus de lynx dans les Vosges qu’exceptionnellement. L’État français garde un silence de plomb, et laisse plomber nos lynx sans réaction notable.

En dehors de la vingtaine de félins vivant dans les Alpes, le Jura en abrite une cen-taine, soit environ 90 % de la population française. Mais même dans le Jura, leur avenir n’est toujours pas assuré. Le centre Athenas, le seul lieu qui recueille et soigne des lynx blessés en France, tire la son-nette d’alarme : rien qu’entre septembre et décembre 2017, sept animaux ont été per-cutés dont six tués sur les routes du Jura ! En février 2018 à nouveau, un jeune lynx est trouvé mort sur le bord de la RD 1206, à hauteur du plateau de Léaz dans l’Ain. En avril, c’est un mâle adulte qui perd la vie sur la N57 à l’Hôpital du Grosbois, dans le Doubs. Selon Athenas, il y aurait déjà 3 victimes de collision sur le Massif depuis janvier 2018.

Une autre grande cause de mortalité des félins jurassiens est, une fois encore, le braconnage. Il reste sous-évalué parce qu’il est clandestin, mais il n’a jamais cessé : au 21ème siècle, on trouve encore de pauvres animaux criblés de balles ou jetés dans des poubelles ! Vincent Munier, talentueux photographe et ami de l’AS-PAS, ne décolère pas. Au cours d’une nuit magique, il a saisi des images exception-nelles d’un couple de lynx, qui l’avaient accepté dans leur intimité. Un peu plus tard, le mâle est retrouvé mort, victime de saturnisme à cause des 120 plombs de chasse qui lui rongeaient le corps et diffusaient leur poison depuis un ou deux ans, l’ayant trop affaibli pour qu’il puisse continuer de chasser. La magnifique vidéo que Vincent a réalisée avec Marie Amiguet

pour la défense de l’animal, « Le silence des bêtes » a immédiatement flambé sur les réseaux sociaux.

On sent que la gâchette démange toujours certains chasseurs. Le 25 février dans le Jura, un chien se fait attaquer par un lynx au cours d’une partie de chasse (personne n’a vu l’action). Immédiatement, ils parlent de « prolifération » et réclament ouverte-ment la « régulation »… Pas rassurant.Les conséquences de ces différentes des-tructions sont logiques : depuis cinq ans la population de lynx n’augmente plus, et sa viabilité n’est pas assurée. L’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), qui coordonne un réseau d’ob-servateurs, confirme que la situation a fait un bond de six ans en arrière au lieu de montrer une progression.

L’exemple allemand

Les lynx ont à nouveau disparu des Vosges, mais il reste toujours un espoir de recolonisation, et celui-ci vient d’ail-leurs. Dans le prolongement de la forêt vosgienne, à environ quarante kilomètres de la frontière française dans le Palatinat rhénan, ou Pfälzerwald, les Allemands ont débuté en 2016 un programme de lâchers de 20 lynx sur 5 ans, 10 venant des Car-

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Radio du thorax du lynx avec les 120 plombs(Extrait de la vidéo de V. Munier)

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pates et 10 du Jura suisse, ce qui garantit une diversité génétique. 10 animaux ont déjà été relâchés, et les premières nais-sances ont eu lieu au printemps 2017. On estime que le Parc régional Pfälzerwald/Vosges du Nord, un ensemble forestier transfrontalier de 2 500 kilomètres carrés, peut accueillir environ 45 lynx. Des pis-teurs ont à leur disposition deux « chiens à lynx » destinés à suivre les pistes et repé-rer les indices afin de recenser la popula-tion, et tous les félins relâchés sont munis d’une puce d’identification et d’un collier GPS-GSM pour être suivis.

Le porteur du projet Life Lynx Pfälzerwald est la Fondation Nature et environnement de Rhénanie-Palatinat, l’opération est financée à 50 % par l’Union européenne. Elle a reçu le soutien du ministère alle-mand de l’Écologie, de la fédération des chasseurs du Land, et de la fédération des éleveurs d’ovins et de caprins ! Ici, le nécessaire dialogue préparatoire aux réin-

troductions a payé. D’après le directeur de projet de réintroduction, lui-même chas-seur, environ 80 % des chasseurs sont favorables aux réintroductions de lynx. Même si nous n’aimons pas la chasse et les fusils, nous ne pouvons que souhaiter la même chose en France. Mais est-ce imaginable ?

Du côté français, on peut penser que les réintroductions d’il y a une trentaine d’an-nées n’ont pas été assez bien préparées. Des opérations de sensibilisation et d’ani-mations sont donc menées par le Syndi-cat de coopération pour le Parc naturel régional des Vosges du Nord (Sycoparc). Le Parc fait appel aux associatifs de Lohr les Piverts, qui depuis les années 2 000 interviennent dans les classes primaires de Vosges du Nord avec le projet « Œil de lynx ». Il existe également un « Parlement du lynx » franco-allemand, et un autre uni-quement français, qui entend faire dialo-guer naturalistes, forestiers, chasseurs,

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éleveurs, scientifiques, agents de tourisme et administration afin de garantir la coha-bitation avec le prédateur. L’Université de Strasbourg a même mené une étude sociologique pour mieux comprendre la représentation mentale du lynx par les chasseurs du Parc des Vosges, et essayer de débloquer leurs freins à la tolérance. En attendant, nous pouvons craindre que le braconnage continue, mais parions que les générations futures seront mieux infor-mées et plus intelligentes.

Des mesures pour sauver le lynx

Le problème le plus difficile à gérer est aussi le plus insaisissable : le bracon-

nage. À court terme, nous devons exiger des sanctions juridiques exemplaires pour tout acte illégal, avec des amendes dissuasives, voire de la prison ferme, et évidemment un retrait du permis de chas-ser. Une surveillance plus présente sur le terrain serait également nécessaire. Pour le suivi des animaux, les colliers munis de GPS au cou des lynx relâchés peuvent livrer des informations sur les causes de décès et contribuer à lutter contre le braconnage. Les colliers se détachent au bout de deux ans. Mais en France au moins, on peut craindre un effet pervers : la présence de naturalistes équipés pour suivre les animaux est aussi une indication de présence de lynx pour ses ennemis. C’est ainsi qu’une femelle a été localisée et tuée. Elle avait trois petits, ils ont été

Témoignage d’un Franco-allemand

La réintroduction du lynx est un projet Life européen, en grande partie financé en Allemagne par la région, mais aussi par des associations de protection de la nature (WWF-Deutschland, le Deutsche Wildtierstiftung, le Hit-Stiftung, NABU et BUND). L'or-ganisation du "Parlement du lynx" est déléguée à la réserve de biosphère forêt Palati-ne-Vosges du Nord. De plus, l’éducation à l'environnement est bien développée dans les écoles, on constate une forte acceptation : le lynx jouit d'une image positive, même parmi les chasseurs. C'est intéressant, car les habitants locaux s'étaient opposés à la création d'un Parc national dans la forêt palatine il y a quelques années - en grande partie par peur de ne plus pouvoir exploiter les ressources forestières -, une décision qu'ils regrettent en partie désormais. J'ai eu l’occasion de parler de ces processus politiques de création de parc nationaux aujourd'hui, ayant eu la chance de me rendre dans le tout jeune parc national Hunsrück-Hochwald, plus au nord. Celui-ci (100 km², la surface minimale pour un parc) est bien plus petit que la réserve de biosphère de la forêt palatine, raison pour laquelle ils ont des chats forestiers mais pas de lynx. Ici en Rhénanie-Palatinat, les responsables sont très fiers d'avoir créé un Parc national avec l'accord - et même la bénédiction - des locaux. En tout cas, les Allemands pensent que les Français pourraient se montrer plus réactifs dans la protection du lynx, notamment en ce qui concerne la connexion des biotopes entre les Vosges du Nord et les Ballons des Vosges.

Félix Girault, étudiant en écologie, anthropologie et géographie à l’université de Heidelberg en Allemagne

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condamnés : le manque de discrétion des suivis soulève donc des questions. Notons que des lynx sont aussi braconnés en Suisse et ailleurs, la stupidité est inter-nationale. À long terme, l’éducation et la sensibilisation doivent faire leur chemin, et quelle que soit la situation actuelle, il est permis d’espérer.

Autre problème capital : les collisions avec les véhicules. Les routes et les voies ferrées représentent 58 % des causes de mortalité des lynx en France, une sécurisation est donc nécessaire. Le centre Athenas envisage de faire poser une signalétique sur les routes à risque. D’autre part, l’autoroute Paris/Strasbourg (A4), qui coupe la réserve de biosphère Vosges du Nord/Pfälzerwald en traver-sant le col de Saverne, a été identifiée comme une priorité nationale et interna-tionale pour relier les massifs forestiers. La création d’un passage de grande faune au-dessus de l’A4 au col de Saverne est absolument incontournable. Les négocia-tions entre l’État et la SANEF, la société concessionnaire de l’A4, est un point cen-tral de la réussite de sa réalisation.

Pour circuler et pour trouver de nouveaux territoires, les lynx utilisent les corridors biologiques existant, tels les espaces fores-tiers continus, mais ceux-ci demandent à être développés. C’est indispensable entre autres dans la plaine industrielle qui sépare le Jura des Vosges : à notre connaissance, un seul lynx a réussi l’exploit de franchir cette zone sans accident.

Faciliter la vie des éleveurs en leur appor-tant une aide technique, entre autres avec des chiens de protection bien dressés, et une aide financière, et faire en sorte que les indemnisations soient rapidement versées. Cependant, soulignons que les attaques de lynx sont exceptionnelles, et concernent

essentiellement des troupeaux mal ou pas protégés en lisière de forêt. C’est sur ces zones qu’il faut porter le plus d’attention. Rappelons si cela était nécessaire que les chiens de protection représentent une stra-tégie très efficace contre les prédateurs, et que l’intensité des dégâts a nettement dimi-nué ces dernières années.

Rencontres avec le lynx

Il est très difficile d’observer un lynx sau-vage dans nos régions, car l’animal est extrêmement secret. Seuls, des affûts par des naturalistes expérimentés peuvent donner des résultats, et cela demande du temps et de la patience. Sa discrétion explique sans doute le fait qu’un animal aussi fascinant que lui ait laissé moins de traces que l’ours ou le loup dans l’imagi-naire collectif et dans notre culture.

Paradoxalement, il arrive à des prome-neurs ou à des automobilistes de rencon-trer par hasard un lynx en plein jour, et celui-ci se révèle étonnamment noncha-lant, se laissant admirer sans fuir : discret, mais pas farouche ! En 2003 en Suisse, un lynx nommé Turos s’est même aven-turé dans la ville de Zurich, avec une telle discrétion que peu de personnes s’aper-çurent de sa présence. En 2016, un jeune lynx de six mois était capturé à Bâle pour être ensuite relâché dans la nature.

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Merci à nos voisins

Seul grand félin sauvage de nos régions, le lynx est un peu notre panthère euro-péenne. Il pourrait être le symbole fort d’un écotourisme florissant dans les régions où il est présent. Le rôle bénéfique qu’on lui attribue sur les forêts mériterait lui aussi d’être mieux mis en avant : en obligeant les cervidés à se déplacer plus, le préda-teur protègerait la végétation de dégâts trop importants. Bref, cet animal magni-fique est un atout écologique et écono-mique régional, mais comme tous les prédateurs il est abandonné par la France.D’après l’article 22a de la directive euro-péenne Habitats, l’État français a pourtant l’obligation de réintroduire des espèces afin d’assurer leur conservation. Mais sous la pression des lobbies agricoles et cynégétiques, il traîne des pieds et regarde ailleurs, au risque de subir de fortes amendes de l’Europe qui retombe-raient sur tous les contribuables. Heureusement, les espèces vivantes ne connaissent pas les frontières, et même

si ce n’est qu’un pis-aller affligeant, nous bénéficions au moins des mesures de protection de nos voisins. Si nous avons des loups ou des bouquetins des Alpes aujourd’hui, c’est grâce aux Italiens. L’Espagne qui nous a offert des bouque-tins ibériques et des vautours pourrait bien remettre aussi des ours près de nos frontières. Nos lynx viennent de Suisse et maintenant d’Allemagne, car un mâle réin-troduit en mars 2017, Arcos, a déjà franchi la frontière. Tôt ou tard les prédateurs seront acceptés, et que l’État et les lobbies le veuillent ou non, la France se ré-ensau-vage. Et c’est une très bonne nouvelle.

Pour en savoir plus

La plaquette lynx de Ferus à télécharger gratuitement : www.ferus.fr/wp-content/uploads/2010/07/plaquette-lynx-bd.pdf

La plaquette du CROC (Centre de recherche et d’observation sur les carni-vores) à télécharger gratuitement : www.croc-asso.org/croc/CROC_files/LS_Lynx_brochure_BAT2_BD.pdf

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Lynx, regards croisés de Laurent GeslinLynx, regards croisés nous dévoile plus de 140 pho-tographies surprenantes du plus grand félin d’Europe prises dans son milieu naturel (première de couverture de ce numéro). Ces images sont le fruit de plusieurs années de travail, de centaines d’heures (voire jours) d’affût et également grâce à des pièges photographi-

ques sophistiqués. Les 160 pages de l’ouvrage sont ponctuées de commentai-res des plus grands spécialistes européens de l’espèce, d’opinions d’acteurs de terrain (gardes chasse, forestiers, biologistes et chasseurs) ainsi que d'ob-servations extraordinaires dont certains passionnés ont eu la chance d’être témoin… Editions Slatkine - 28 x 32 cm - Intérieur 160 pages sur papier 170 gr - 39 €Pour le commander : http://www.laurent-geslin.com/shop/

Un merci tout particulier à Audrey, Patrica, Serge et Laurent pour leurs rares et magnifiques photos de lynx, toutes réalisées à l'état sauvage.

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Nous l’annoncions dans le précédent Goupil, le Plan national d’actions (PNA) loup 2018-2022 et deux arrêtés ministériels, l’un fixant le protocole de recours aux tirs, l’autre fixant à 40 le nombre de loups pouvant être abattus en 2018, ont été soumis à l’avis du public du 8 au 29 janvier 2018.

Le résultat de la consultation a été sans appel ni surprise : sur les 5 766 contributions émises sur le PNA, 75 % étaient négatives. Sur les arrêtés, 87 % des 2 060 contributeurs se sont prononcés contre cette politique de destruction.Le CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature), collège d’experts, s’est quant à lui alarmé que ce plan s'inscrive « dans un freinage, par régula-tion, de la croissance des populations de loups, allant bien au-delà des possi-bilités réglementaires de déroger à la protection de l'espèce. »

Sans surprise non plus, il n’a été fait aucun cas de ces avis, et les trois documents ont été adoptés tels quels.L’ASPAS conteste bien sûr en justice ces deux arrêtés ministériels, tant sur le freinage de l’expansion du loup que sur la possibilité offerte aux préfets de continuer, sans limite, à autoriser les tirs de défense même si le plafond est atteint… Mais nous n’avons pas la même définition du mot plafond !Le bilan est déjà lourd : 12 loups morts

(connus), depuis janvier seulement. Pourtant seuls 4 seront décomptés du plafond, les 3 abattus par la brigade anti-loup dans le Var, et celui braconné en Savoie. Et les 8 autres, pourtant morts de façon non naturelle par collision routière ou ferroviaire, ne compteront pas.

Toujours insatisfait s, les antis-loup continuent leur désinforma-tion, l’ASPAS continue de rétablir les vérités.

Ainsi 22 députés LREM avaient estimé nécessaire de donner leur avis sur le nouveau plan loup, dans une tribune largement médiatisée. Morceau choisi : « La dimension systémique des problèmes causés par le loup est réelle : entretien et équilibre des territoires, dégradation des espaces, activités tou-ristiques menacées par la présence de Patous et des autres races de chiens

Les anti-loups désinforment, l’ASPAS informe !

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G LoupLoup

de troupeaux, prolifération de nuisibles comme le sanglier en raison de la réduction du nombre de troupeaux, attaques élargies à d’autres animaux, rapprochement du loup ou de ses hybrides des zones d’habitations etc. » Tant de contre-vérités en si peu de lignes méritaient une réaction. L’ASPAS et les associations de CAP Loup leur ont donc adressé un courrier, expliquant notamment que le loup est un prédateur du sanglier… S’il faut enfoncer des portes ouvertes, nous le ferons.

Et chacun d’y aller de son catastrophisme.

Laurent Wauquiez, qui déclarait dans une interview à France Info « Il y a une seule façon de s’en sortir. Il faut sortir de la convention de Berne. Ce qu’il y a de malheureux, c’est que ça s’arrêtera quand ? Cela s’arrêtera quand il y aura un drame avec un enfant ». Rappelons que depuis son retour voici 25 ans, jamais un incident n’a été déploré... jamais ! En revanche, les chiens sont à l’origine d’environ 500 000 morsures par an.

José Bové, lui, estime dans un entretien à France 3 région qu’il sait mieux que les scientifiques compter le nombre de loups (à peine 360 selon les chiffres officiels), qui selon lui seraient 700 ou 800 ou 1 000 ! À peu près…

Les éleveurs focalisent de leur côté sur l’hybridation qui entacherait selon eux 100 % des loups français. Dans un article de La Provence, ils dévoilent leur expertise concernant les analyses génétiques effectuées sur un loup abattu dans les Alpes. Il serait issu de « 60 % de berger allemand et 55 % de loup originaire des pays Baltes ». Soit 115 % … d’incompétence !

Nouvelle manif loups à Paris

Le 17 mars, plusieurs associations de CAP Loup, dont l’ASPAS, ont rejoint la manifestation organisée par le collectif citoyen la Voix des loups à Paris en soutien aux prédateurs. Il faisait un temps de loup, avec une neige ininterrom-pue, ce qui n’a pas empêché la bonne humeur et la présence d’environ 300 personnes. Pas de réunion au ministère et pas de conséquence sur le terrain, mais la satisfaction de s’être faits entendre, au moins dans les rues de Paris et sur les réseaux sociaux. De nombreux passants ont spontanément affiché leur soutien et manifesté leur incompréhension de tous ces tirs de loups.

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GBlaireau

Le blaireau est un mustélidé comme la fouine, la martre, la belette ou le putois. Mais contrairement à eux, il n’est pas susceptible d’être classé « nuisible ». Son statut juridique reste à part : non seulement il peut être tué par tir pendant la période d’ouverture de la chasse, mais il est aussi la seule espèce à être chassée sous terre (ou « déterrée ») dès le 15 mai. Avec seulement deux mois et demi de répit, il subit un statut quasiment pire que ses cousins dits « nuisibles » !

La chasse sous terre consiste, pour les veneurs, à repérer un terrier occupé pour y envoyer de petits chiens qui acculeront son habitant. Au bruit des aboiements, les veneurs localisent l’animal et, à coups de pelles et de pioches, creusent jusqu’à extraire l’infortuné, délogé manu militari à l’aide de pinces métalliques. Les animaux qui ne sont pas tués par l’équipage risquent de mourir de myopathie car-diaque : le cœur s’arrête suite au stress insoutenable subi par l’animal pendant de longues heures.

Cette chasse a lieu alors que les jeunes blaireautins sont encore dépendants de leur mère. Lorsqu’ils ne subissent pas les destructions directes, ils sont voués à une mort lente si leur mère a été la cible des pinces.

Comme souvent en matière de chasse, l’exception tend à devenir la règle et, si la vénerie sous terre commence en principe le 15 septembre, environ 70 dépar-tements autorisent chaque année le déterrage du blaireau avant cette date.

Déjà victime de la chasse en tant que « gibier », le blaireau peut également être la cible des « battues administratives » autorisées par le préfet pour des motifs d’intérêt général (protection de la santé publique, des activités agri-coles, etc.). Dans le cadre de ces opérations, le piégeage du blaireau au collet est souvent autorisé (cf. page 9).

Le blaireau et la tuberculose bovine

Depuis 2009, des opérations d’abattages massifs de blaireaux sont autorisées dans les départements où se trouvent des foyers de tuberculose bovine. Cette maladie peut conduire à l’abattage de l’intégralité du cheptel lorsqu’elle atteint un troupeau de bovins.

Le blaireau, un statut juridique“pire que nuisible”

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G Blaireau

Le blaireau a été identifié comme l’un des réservoirs de la maladie au sein de la faune sauvage. En 2011, un rapport de l’ANSES¹ préconisait l’abattage des blaireaux à des fins de surveillance et d’assainissement dans les zones où des foyers de tuberculose bovine étaient détectés. Au Royaume-Uni, où la densité de blaireaux est autrement plus importante qu’en France, de tels abattages avaient également été préconisés, de manière beaucoup plus intense puisque 70 % de la population de ce mustélidé devaient être abattus. Mais face à l’ampleur de la tâche, à l’opposition de l’opinion publique et à la souffrance infligée aux animaux, les pouvoir publics ont renoncé. Il s’avère en outre que ces abattages massifs n’ont pas permis d’améliorer significative-ment la situation épidémiologique du pays. Une étude du 26 septembre 2016 rapporte que les blaireaux ne sont sûrement que secondaires dans la propagation de la maladie, remettant en cause la nécessité de recourir aux abattages de blaireaux.

Fortes de ces nouvelles connaissances, l’ASPAS, la LPO, Humanité et Biodiversité et France Nature Environnement ont saisi l’ANSES et ont été reçues en février pour demander aux scientifiques de réactualiser leurs pré-conisations en confrontant la situation française à ces nouvelles données. Elles ont redemandé à l’ANSES de se positionner sur la mise en place de méthodes alternatives à l’abattage, telles que les vaccins (en cours d’étude), l’amélioration des moyens de protection des bovins, etc. Car le travail réalisé par l’agence reste la référence pour les pouvoirs publics et nous avons peu de chances d’empêcher ces massacres si sa position n’évolue pas. À suivre.

Tenez-vous informé(e) des actions de l’ASPAS en faveur du blaireau en vous inscrivant à notre newsletter (cf page 5)

Des documents d’informations sont à votre disposition : dépliant « STOP au déterrage des blaireaux ! », exposition, guide « Vive le blaireau ! ».

www.aspas-nature.org > Campagne > Protection > Blaireau1 - Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

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Alors que les lâchers d’ours bruns sont largement plébiscités par les Français, l’État a été condamné pour carence de son obligation de pro-tection de l’espèce. La récente annonce de Nicolas Hulot, de l’arrivée de deux ourses dans le Béarn pour l’automne, représente un véritable espoir pour l’avenir des plantigrades... si suivie d’actes.

L’ours brun est protégé en France depuis 1981. Or le 6 mars 2018, le tribunal administratif de Toulouse a donné raison à FERUS et Pays de l’Ours-Adet en considérant que l’État français ne satisfait pas à l'obligation de conserva-tion de l'espèce, « une faute de nature à engager [s]a responsabilité ». Alors qu’en 2012 déjà, la Commission européenne avait déclenché une procédure d’infraction contre la France, les juges ont estimé que l’effectif des ursidés est « insuffisant pour garantir la viabilité de l'espèce à long terme ».

Des lâchers d'ours plébiscités par les FrançaisQuelques jours avant ce jugement, les chiffres avaient parlé. Le 1er

mars, le sondage IFOP réalisé pour 14 ONG (dont l’ASPAS) mon-trait que 84 % des Français souhaitent le maintien d'une popu-

lation d'ours (+ 8 % par rapport à 2008), et que le soutien est massif dans les Pyrénées-Atlantiques avec 76 % d’avis favorables.

Les premiers lâchers depuis 12 ans« Je ne veux pas être le ministre qui assiste à la dispa-rition de cette lignée ». Passant à l'offensive, Nicolas Hulot a annoncé le 26 mars son intention de réintroduire

à l’automne deux femelles dans les Pyrénées-Atlantiques où subsistent 2 mâles : Néré, 21 ans et son fils Cannellito,

fils aussi de Cannelle, dernière ourse de souche pyré-néenne, tuée en 2004 par un chasseur. « On est encore au

seuil de l’extinction de l’espèce dans cette partie des Pyrénées. Il s’agit donc d’une mesure d’urgence », a réagi Alain Reynes,

directeur de nos amis Pays de l’Ours-Adet, « mais la vraie bonne nou-velle, ce sera quand les ourses seront lâchées. On espère que le gouverne-ment est déterminé » face à la gronde des adversaires de l'ours, au premier rang desquels figurent des éleveurs de la région. « Je sais bien que c'est un dossier compliqué, mais je veux travailler avec eux » a indiqué Nicolas Hulot, demandant au préfet de mener un dialogue « qui doit aboutir à un accompa-gnement renforcé et une meilleure protection des troupeaux ».

La Réunion : 840 000 € pour tuer des requins et autres espèces marinesPyrénées : bientôt des lâchers d’ourses ?

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G Requins

À La Réunion, le programme de pêche, héritier de Cap Requin¹, vient de se voir octroyer une enveloppe prévisionnelle de 840 000 euros pour massacrer deux espèces de requins côtiers : les requins bouledogues (Carcharhinus leucas) et les requins tigres (Galeocerdo cuvier).

Ces prélèvements de squales sont mis en place dans le cadre de la « straté-gie réunionnaise de réduction du risque requin, pour la sécurité des usagers de la mer et l'élargissement de l'accès à l'océan par les Réunionnais » indique le Centre de ressources et d'appui sur le risque requin (CRA), qui pilo-tera les opérations jusqu’en 2021.

Entre 2014 et 2017, les chiffres officiels disponibles indiquent que 235 requins tigres et boule-dogues (et 1 grand requin blanc, espèce protégée) ont été tués. Mais aucune information n’est disponible sur les prises acces-soires générées par les engins de pêche utilisés (palangres hori-zontales de fond équipées de 25 à 50 hameçons et palangres ver-ticales munies d’un hameçon et d’un dispositif d’alerte de capture). Depuis 2012, pas moins de 12 millions d’euros dépensés en études diverses mais rien de très scientifique, à part le programme CHARC² rapidement arrêté. Sous couvert de lutte contre le risque requin le « shark business » bat son plein, et l’argent des contribuables finit dans les poches d’associations pro-pêche et autres acteurs intronisés spécialistes des requins. Pire ! Cette pêche qui nécessite d’attirer les requins, ne peut en aucun cas sécuriser le littoral réu-nionnais, car les palangres sont installées délibérément près des plages. Pour rappel, il y a eu entre 2011 et 2018 : 22 attaques dont 9 mortelles ; à titre de comparaison, entre 2000 et 2010, 25 attaques dont 11 mortelles.

Myriam Dupuis - Association TENDUA pour la sauvegarde de la biodiversité

La Réunion : 840 000 € pour tuer des requins et autres espèces marines

(1) CAP Requins : programme de 2013-2018 de sécurisation par la pêche ou "CAPturabilité des Requins côtiers ». (2) CHARC : programme scientifique de 2011-2012 qui avait pour but d’établir un état initial des Connaissances sur l’écologie et l’HAbitat des requins tigres et bouledogues.

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Requin tigre

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Une Agence qui replace la biodiversité au cœur des débat s

Chasse

Silencieux pour la chasse : l’ASPAS dégaine

Forte du soutien de plus de 82 000 personnes, l’ASPAS a fait parvenir une demande de recours gracieux à Nicolas Hulot pour l’exhorter à adopter une réglementation contraignante limitant les capacités tech-niques des silencieux autorisés pour la chasse.

Par un arrêté du 2 janvier 2018, le Ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a autorisé l’utilisation des « modérateurs de son » ou « silencieux », pour toutes les armes autorisées à la chasse, pour tous les modes de chasse, et pour toutes les espèces gibiers et dites « nuisibles ».L’ASPAS s’est immédiatement indignée contre cet arrêté. Et pour cause ! Ces dispositifs explicitement et formellement interdits depuis 32 ans, repré-sentent une porte ouverte au braconnage et à l’augmentation de l’insécurité.

Pire. Selon la note de présentation du projet d’arrêté, cette disposition aurait été adoptée pour la protection de l’audition des chasseurs... qui

« rechignent souvent au port des protections auditives » !

Un silencieux est un modérateur de son très performant. À l’heure actuelle, les modéra-teurs de son disponibles sur le marché et adaptables sur les armes légales à la chasse ne sont pas encore réellement « silencieux », ils atténuent le bruit de quelques décibels. Alors que ceux des armes de poing, armes de guerre, 22 LR rendent les tirs quasiment silencieux. Si le fait qu’actuellement les silencieux dispo-

nibles sur le marché pour la chasse ne soient pas performants et que peu de chasseurs ne les utilisent, il n’est pas garanti qu’à l’ave-

nir cette technologie ne se développe pas. Ni que le marché s’ouvrant avec cette dépénalisation, de nouveaux modèles ne soient commercialisés,

ni que les chasseurs ne changent leurs pratiques et s’en équipent.... et donc qu’à l’avenir des modérateurs de son très efficaces soient utilisés à la chasse.

Cet avis est partagé par plus de 82 000 citoyens, qui en quelques semaines, ont dit « NON aux silencieux sur les armes de chasse ! » en signant notre pétition.

L’ASPAS a donc envoyé un recours gracieux à Nicolas Hulot, en lui deman-dant d’adopter une réglementation contraignante, limitant les capacités tech-niques des silencieux autorisés pour la chasse.

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G AFB

En métropole et en outre-mer, l’Agence Française pour la Biodiversité a pour mission d’améliorer la connaissance, de protéger, de gérer, et de sensibiliser à la biodiversité terrestre, aquatique et marine.

L'histoire de l'Agence Française pour la Biodiversité (AFB) remonte au pre-mier Grenelle de l'environnement, en 2009. Elle est intégrée en 2014, au projet de loi biodiversité qui entame alors son long parcours législatif. Puis elle est définitivement créée avec la promulgation de la loi biodiversité du 8 août 2016, et devient opérationnelle par le décret publié le 27 décembre 2016 au Journal officiel entré en vigueur le 1er janvier 2017.

Établissement public, l’AFB regroupe les organismes d’État œuvrant à la protection et à la gestion des espèces et des espaces naturels : l’Agence des aires marines protégées, l’Atelier technique des espaces naturels, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques et les Parcs nationaux de France. Mais il manque encore à l’appel l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, qui n’entend pas agir collectivement…

Depuis sa création, les missions de l'AFB se sont progressivement déployées en appui des politiques publiques liées à la biodiversité et à travers une feuille de route. En 2018 un contrat d'objectif et de performance commence ! Pour se faire, le Conseil d’administration de l’AFB s’appuie sur des Comités d’orien-tation thématiques ouverts à des personnalités extérieures très impliquées et/ou emblématiques de tendances de la société civile.

C’est ainsi qu’en novembre 2017, l’ASPAS a été nommée pour y siéger, en tant que représentant des associations et fondations de protection de l’environne-ment dans le Comité d’orientation des milieux terrestres, un des quatre comités existants (mer, eaux douces, outre-mer, milieux terrestres). Ces comités ont pour vocation d’orienter, de compléter et d’appuyer les actions du conseil d’administra-tion de l’AFB et de définir les priorités du programme de travail. Le premier auquel l’ASPAS a participé, le 7 mars dernier, a permis de présenter chacun des interve-nants, ainsi que les modalités de fonctionnement de l’AFB et de ses comités.

Avec cette nouvelle fonction, nous espérons faire avancer de manière signifi-cative les dossiers qui nous tiennent à cœur.

Une Agence qui replace la biodiversité au cœur des débat s

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GCollectif

CAP : un lobbying efficace pour la cause animale

Réunissant avec l’ASPAS, une vingtaine d’associations de protection de la nature et/ou de protection animale, le champ d’action de Convergence Animaux Politique (CAP) est large et le travail à faire colossal ! Mais étape par étape nos revendications font leur chemin et commencent à être entendues.

Le 20 décembre 2017, CAP organisait sa première rencontre entre les associa-tions membres et 26 parlementaires (sénateurs et députés) invités et concernés par la protection animale. Les grands thèmes de ce premier « Networking » étaient le projet de création d’une délégation interministérielle à la condition ani-male, l’abolition de la corrida et la fin des cirques avec animaux.

Le 7 mars 2018, au cours de la deu-xième rencontre il a été question d’ani-maux d’élevage (interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses, étique-tage, vidéosurveillance dans les abattoirs, repas végétariens en restauration col-lective, interdiction des élevages à four-rure de vison) et de delphinariums. Des dossiers un peu éloignés des actions de

l’ASPAS, mais l’union fait la force ! Et comme CAP se démène pour mettre en lien le plus possible les parlementaires et les associations, il y avait cette fois-ci 35 parlementaires devant la tribune dont le tout nouveau secrétaire du groupe d’études sur la condition animale à l’Assemblée nationale.Le 16 mai prochain, seront abordés les dossiers chasse et faune sauvage, présentés par l’ASPAS ! Des sujets sensibles pour les parlementaires… Mais confiants dans le travail de CAP, nous espérons que l’auditoire sera au moins aussi nombreux pour nous écouter.

CAP ne se contente pas de travailler à l’échelon national. Le 8 février dernier, elle organisait une table ronde avec le député européen Pascal Durand, pour lui présenter nos associations et lui faire part de nos principales préoccupa-tions d’envergure européenne. L’occasion pour l’ASPAS d’aborder les théma-tiques purement aspassiennes comme les grands prédateurs et l’arrivée du chacal doré (sans aucun statut en France).

Et des propositions de loi…Suite au travail de mise en lien et de sensibilisation réalisé par CAP, les asso-ciations s’impliquent et des députés et sénateurs s’engagent !

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Collectif

Chasse à courre Suite aux nombreuses altercations, incivilités et la vive polémique ravi-vée sur la pratique de la chasse à courre fin 2017, 21 associations dont l’ASPAS, ont cosigné une lettre ouverte adressée à Nicolas Hulot le 8 décembre. Sans réponse.

Pourtant, la désapprobation des citoyens se fait de plus en plus audible puisque 84 % des Français se déclarent contre la chasse à courre et souhaitent son abolition (Sondage IFOP novembre 2017 pour la Fondation Brigitte Bardot). Faisant écho à cette demande des citoyens et de nos asso-ciations, le 31 janvier, Bastien Lachaud, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis prend le dossier en main et dépose une nouvelle proposi-tion de loi relative à l’interdiction de la chasse à courre, à cor et à cri. Elle est cosignée par 19 députés en lien avec CAP, et issus de différents groupes par-lementaires, y compris de la majorité !

Ces députés regrettent le « retard » français dans cette interdiction, alors que la pratique est déjà abolie entre autres chez nos voisins anglais, allemands et belges. Ils sont déterminés à mettre fin à une pratique « minoritaire », « bar-bare », « sans aucune utilité sociale ».

Et grâce à CAP, l’ASPAS a été impliquée dans l’organisation de la conférence de presse officielle d’annonce. Le 6 février, nous étions aux côtés de 7 des signataires de cette proposition de loi, dans la salle de presse de l’Assemblée nationale.

Corrida Le 1er février, Michel Larive, député France Insoumise d’Ariège, avec qui CAP a tissé des liens, accepte de poser une question d’actualité au gouver-nement (QAG) au sujet de la corrida.

Il franchit le niveau supérieur en déclarant qu’« il faut éloigner les enfants de ces spectacles violents », et en déposant le 16 mars une proposition de loi visant à interdire l’accès aux corridas et aux écoles taurines pour les enfants âgés de moins de 14 ans.

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GRVS

La chasse oui… mais aux déchets !

Mercredi 17 janvier 2018, une journée de ramassage des déchets « sau-vages » a été organisée sur la Réserve de Vie Sauvage® (RVS) des Deux Lacs, à Châteauneuf-du-Rhône (26).

Cette RVS des Deux Lacs est essentiellement répartie en deux lacs non attenants, La Camuse et Grande Île, de respectivement 15 et 25 ha. Ces anciennes zones d’extraction de gravier devenues des lacs sont bordées de landes et de ripisylves qui constituent le reste de la propriété. Un coin de

paradis sauvage donc, où la tranquillité ne profite pas qu’à l’épanouissement de la faune et de la flore. Des déchets abandonnés par des humains

irrespectueux, y ont été repérés au cours d’une de nos patrouilles.

Il est huit heures et demi du matin, les pieds ancrés dans des chaus-sures de randonnée, mitaines aux doigts, parkas bien fermées nous sommes prêts. L’équipe est com-posée d’une part de membres de l’équipe de l’ASPAS, d’autre part de celle de la société Prussik (74), venue pour renforcer son esprit d’équipe en contribuant à une action concrète de préservation de l’environnement. Les hauts-

savoyards sont motivés à bloc, les 3 heures de route qu’ils viennent de faire n’ont égratigné ni leur enthousiasme ni leur bonne humeur. Le

temps de se saluer et de faire un peu connaissance, nous nous mettons tous au travail avec motivation et enthousiasme.

Des simples mouchoirs, en passant par des cannettes, des bouteilles, des mégots, des bidons d’huile... de toute évidence certains promeneurs peu concernés ont semblé confondre Réserve de Vie Sauvage® et déchèterie. Nous ne le rappellerons jamais assez mais sauvage signifie « libre de toutes interventions humaines ». Les promeneurs rencontrés en chemin saluent l’ini-tiative et sont curieux d’en savoir plus sur la RVS.À l’issue de cette première journée de nettoyage de l’année, ce sont plus d’une dizaine de sacs d’ordures qui ont été remplis et déposés à la déchet-terie la plus proche. Mission réussie aussi pour l’équipe de Prussik, qui est repartie plus galvanisée que jamais. D’autres opérations de nettoyage seront organisées ultérieurement et sur d’autres Réserves…

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G RVS

Et du côté du Trégor, ça bosse fort…

Depuis sa prise de fonction de délégué des Côtes-d’Armor (22) et du Finistère (29) et de référent local des sentinelles des RVS, en janvier der-nier, Jean-Philippe Bouveret anime efficacement les troupes locales.

Après une première rencontre avec des bénévoles locaux pour le salon Natur’Armor, s’est très vite programmée une journée d’action sur la Réserve de Vie Sauvage® du Trégor (Ploubezre - 22).Le 31 mars, une quinzaine de courageux bénévoles s’est retrouvée sur les bords du Léguer pour effectuer des travaux d’entretien, repanneautage, ramas-sage de déchets et sécurisation des sentiers.Et pour cause, le climat sympathique de la Bretagne a encore fait des siennes…Début 2018, comme début 2017, le vent a eu raison de nombreux arbres morts que nous laissions se décomposer sur pied ou au sol. Cette fois-ci des arbres à moitié déracinés menaçaient de tomber sur le sentier principal. Sous une pluie battante et une météo capricieuse, nos bénévoles se sont attelés au travail : faire tomber les arbres, les pousser et les installer de manière à favoriser un maximum l’accueil de la faune sauvage. Ces arbres morts servent aussi à obstruer des ten-tatives d’ouverture de sentiers que cherchent à créer des VTTistes.L’occasion de faire de la sensibilisation sur le concept de nos RVS, à des jog-geurs ou promeneurs, qui oublient régulièrement de tenir leurs chiens en laisse, et de leur indiquer que le non-respect des interdictions sera très prochainement verbalisé sur la RVS. L’occasion aussi de quelques observations naturalistes avec la présence de pics noirs, restes de repas de loutre, ponte de grenouille agile, coléoptères, laisses de renards, etc.

Pour rejoindre cette équipe :Jean-Philippe Bouveret : [email protected] - 06 67 35 55 56

Le contrat de 2 ans de Nicolas Capton, s’est terminé le 1er février dernier. Un recrutement pour le poste de salarié rattaché RVS vient d’être fait. Nous aurons le plaisir de vous présenter le nouveau coordinateur lors de l’Assem-blée générale du 26 mai prochain et dans le Goupil d’été. Un grand merci à Nicolas pour son engagement, son énergie et son implication sans faille durant cette belle collaboration.

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GAgenda

un week-end sauvage au coeur de la Drôme!1ère Édition : 28, 29 & 30 septembre 2018

Parrainé par, et en présence de JACQUES PERRIN

L’ASPAS, en partenariat avec l’Ancien Monastère de Sainte-Croix (26), proposera un week-end autour du thème fédérateur de la Nature Sauvage, en mêlant arts, spectacles, expositions, projections, ren-contres, lectures et conférences dans un cadre magnifique, une ambiance conviviale et multigénérationnelle.

Pourquoi un nouveau festival ?Érosion spectaculaire de la biodiversité, 6ème extinction, pollutions, frag-mentation des habitats naturels, surexploitation des ressources… Notre rapport à la nature est décliné sur tous les modes catastrophiques possibles. L’opposition entre le mode de vie occidental et la planète Terre est de plus en plus frontale… et invivable.

Cependant, parce que nous pensons que la dichoto-mie Homme/Nature n’est qu’un mythe toxique ; parce que tout indique que nos vies sont inextricablement entrelacées à d’innombrables autres vies humaines et non-humaines ; parce que nous pensons que le Sauvage n’est jamais loin mais au contraire tout autour de nous et même en nous ; nous voulons croire qu’il est encore possible d’envisager ces rela-tions sur un mode plus apaisé et positif.

De la vidéo au débat, du théâtre aux expositions, des sorties nature à la danse, de l'humour aux confé-rences pour les petits et les grands, FESTIWILD invi-

tera artistes, penseurs, scientifiques et naturalistes à ouvrir le débat, remettre en question les fonctionnements traditionnels, bousculer les idées reçues, repenser notre rapport au monde, redonner sa place au Sauvage parmi nous. Alors… Réservez ces dates dès maintenant !

Vendredi 28/09 : 10h à 16h journée dédiée aux scolaires19h à 01h : Ouverture et inauguration du festival

Samedi 29/09 : 10h à 01hDimanche 30/09 : 10h à 16h

Plus d’infos : www.festiwild.org et fb.me/festiwild.sauvage

Jacques Perrin avec le précédent n° du Goupil

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G

Chasse, pêche et espèces protégées

Plaintes déposées devant les tri-bunaux de grande instance de :

✔ Gap (05), contre 2 individus ver-balisés pour chasse (sanglier) de nuit avec engin prohibé (fusil à vision nocturne),

● contre 2 individus verbalisés pour chasse (chevreuil) en temps prohibé (de nuit), en réunion avec véhicule et port d’arme.

✔ Privas (07), contre X pour chasse sur le terrain d’autrui sans le consentement du détenteur du droit de chasse (adhérent en refuge ASPAS).

✔ Bergerac (24), contre des chas-seurs identifiés pour chasse sur un terrain ayant fait l’objet d’une oppo-sition en application du 5° de l’article L. 422-10 du code de l’environne-ment (adhérent en refuge ASPAS).

✔ Nîmes (30), contre 2 individus verbalisés pour détention, capture et utilisation (appelants vivants) d’espèce protégée (chardonnerets), chasse à l’aide d’engin prohibé (glu),

● contre 2 individus verbalisés pour détention, capture d’espèce proté-gée (chardonnerets), chasse à l’aide d’engin prohibé (glu),

● contre un individu verbalisé pour chasse en temps prohibé (chevreuil après la fermeture).

✔ Rennes (35), contre un individu récidiviste verbalisé pour détention, capture d’espèce protégée (3 char-donnerets et un tarin des Aulnes), chasse à l’aide d’engin prohibé (pièges à trébuchet).

✔ Lons-le-Saunier (39), contre X pour pollution de cours d’eau (1 300 m3 de lisier déversés dans un ruis-seau).

✔ Blois (41), contre plusieurs indi-vidus verbalisés pour infraction au plan de chasse du chevreuil (brace-let falsifié).

✔ Agen (47), contre X pour destruc-tion d’espèce protégée (au moins 6 hérons garde-bœufs).

Juridique

Abus de la pêche, piégeage interdit, atteintes aux espèces protégées...

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GJuridique

✔ Nancy (54), contre un individu identifié, pour destruction de nids d’espèces animales protégées (cigognes blanches).

✔ Metz (57), contre un individu ver-balisé pour détention et élevage illé-gal d’espèces protégées sans certi-ficat de capacité. 56 oiseaux de 20 espèces différentes détenus dans une grange : martin-pêcheur nain, colibri, bulbul, guêpier, pic, merle, toucanet, mésanges, tourterelles, chouette chevêchette, hiboux grand-duc. 17 oiseaux retrouvés morts.

✔ Saint Omer (62), contre X pour destruct ion d’espèce protégée (phoque veau marin).

✔ Tarbes (65), contre M. Julien M. (et son complice) verbalisés pour des-truction d’espèce protégée (vautour fauve), chasse avec engin prohibé (tir 22 LR) et utilisation d’un véhicule.

✔ Vezoul (70), contre un individu ver-balisé pour infraction à la réglementa-tion de la pêche des grenouilles (300 grenouilles rousses), capture, déten-tion et commerce d’espèce protégée.

✔ Albertville (73), contre un individu verbalisé pour chasse de nuit, infrac-tion au plan de chasse du cerf, utili-sation d’un véhicule.

✔ Paris (75), contre 14 individus interpellés pour détention, transport et mise en vente d’oiseaux d’espèces protégées. Au total, 21 oiseaux (majoritairement des chardonnerets) ont été saisis.

✔ Amiens (80), contre un chasseur verbalisé pour destruction d’espèce protégée (épervier d’Europe).

✔ Toulon (83), contre un individu ver-balisé pour destruction d’espèce pro-tégée (cygne abattu).

✔ Les Sables d’Olonne (85), contre 3 individus verbalisés pour chasse de nuit avec un véhicule (chevreuil) avec engin prohibé (source lumi-neuse, lunette de visée et silencieux).

Résultat s✔ Le tribunal correctionnel de Bourg en Bresse (01), déclare le 10 novembre 2017 M. Silvio Carizzoni coupable d’utilisation d’espèce proté-gée (buse) et chasse avec un moyen prohibé (fosse piège) avec utilisation d’un véhicule. Il le condamne à 3 000 € d'amende et à la suspension de son permis de chasser pour un an. M Silvio Carizzoni est en outre condamné à payer à l’ASPAS 700 € de dommages et intérêts.

✔ Le tribunal correctionnel d’Amiens (80), déclare le 5 octobre 2017 M.

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G Juridique

André Dehaine coupable de détention, achat, vente, mise en vente, transport d’espèces non domestiques proté-gées (3 chardonnerets élégants). Il le condamne à 500 € d’amende et à payer à l’ASPAS 1 € de dommages et intérêts.

Loups✔ L’ASPAS a déposé un recours en annulation devant le Conseil d’État à l’encontre de l’arrêté du ministre de la transition écologique du 19 février 2018 fixant le nombre maximum de spécimens de loups dont la destruction pourra être autorisée chaque année.

✔ L’ASPAS a déposé un recours en annulation devant le Conseil d’État à l’encontre de l’arrêté du ministre de la transition écologique du 19 février 2018 fixant les conditions et limites dans lesquelles des déroga-tions aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les pré-fets concernant le loup.

Chasse✔ L’ASPAS a adressé un recours gracieux à M. Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire, lui demandant d’adopter une réglemen-tation contraignante limitant les capa-cités techniques des silencieux auto-risés pour la chasse (cf p28).

Captivité✔ L’ASPAS et Charente Nature ont adressé un recours hiérarchique M.

Hulot, Ministre de la Transition éco-logique et solidaire, lui demandant d’abroger la décision du préfet de la Charente du 12 décembre 2017 accordant un certificat de capacité complémentaire pour l’entretien des espèces Serval, Ocelot, Hyènes, Loups, Cercopithèques, Macaques, Cynocéphales, Sapajous, Capucins, Saïmiris et Raton laveur.

Chauve-souris

✔ L’ASPAS et l’ASFA ont adressé un recours gracieux M. Hulot, Ministre de la Transition écologique et soli-daire, lui demandant de modifier les arrêtés du 17 janvier 2018 fixant les listes et modalités de protec-tion des mammifères terrestres des départements de la Guadeloupe et de la Martinique et de la collectivité d’outre-mer de Saint Martin afin de renforcer la protection des chirop-tères en appliquant une protection stricte à l’ensemble des espèces dans leur milieu naturel et en enca-drant davantage les perturbations intentionnelles (cf p12).

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Cercopithèque

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À lire et relire...Titres non disponibles à la boutique ASPAS

Haut-Gévaudan - Sa vraie natureDes paysages au patrimoine naturel Michel QuiotPorté par le pôle édition de l’Association Lozérienne pour l’Étude et la Protection de l’Environnement (ALEPE), cet ouvrage de valorisation du territoire du Haut-Gévaudan est une première pour un territoire peu ou mal connu. Plus qu’un riche inventaire, il s’agit d’un véritable plaidoyer pour que la préservation du patrimoine naturel reste un enjeu incontournable. Servi par près de 400 photos et une quarantaine de schémas explicatifs, cet ouvrage représente éga-lement un riche outil pédagogique pour des ensei-gnants et des animateurs. Ils trouveront là toutes les notions nécessaires à la construction des paysages : géologie, pédologie, hydrologie, climatologie, écologie biodiversité, et l’histoire naturelle pour les espèces caractéristiques et patrimoniales.Un ouvrage de référence pour tous les amoureux des territoires de la Margeride et de l’Aubrac... et de la nature !

ALEPE • 21 x 29,7 cm • 280 pages • 35 € • www.alepe48.fr/publications

Let t res des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtesAllain Bougrain-DubourgSi des initiatives positives ont adouci la vie de certains, le rapport le plus souvent violent des humains aux animaux n'en reste pas moins inacceptable. Flirtant juste comme il le faut avec l’anthropomorphisme, Allain troque sa place de défenseur des animaux pour leur donner la parole. Ils sont 16 (tortue luth, vautour fauve, levier, requin, ortolan, taureau, lapin...) à se faire entendre par sa plume. Le cochon nous raconte son périple jusqu'à notre assiette, le blaireau l’atrocité du déterrage... Chacun, sous forme d’une lettre, nous narre les souffrances qu’ils éprouvent pour satisfaire le bon plaisir des humains. À noter, un

répertoire très utile des principales associations, en fin d’ouvrage. Ce plai-doyer à la forme originale, est une véritable invitation à considérer avec res-pect nos voisins de planète et à mieux vivre ensemble.

Les Échappés • 12 x 21 cm • 144 pages • 19,90 € • www.lesechappes.com

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SERPENTS : APPRENDS À EN DIRE LONG À CEUX QUI ONT LES IDÉES COURTES !

(REGARD DU VIVANT)Ce livret pédagogique à destination des enfants aborde en première partie les mythes et les légendes (vrai ou faux), l’histoire, l’évolution, les spécificités, les prédateurs et les dangers autour des ser-pents. En seconde partie, tous les serpents de France sont présentés sous forme de fiches. Une dernière partie propose des activités et des jeux. Tous les ingrédients sont réunis dans ce livret pour animer et occuper les enfants ! 19 x 26 cm • 32 pages • 10 €

La boutique ASPAS

HEUREUX DE NATURE - VIVRE DE SA PASSION (F. DUPIRE)L’auteur nous emmène dans une balade naturaliste et pho-tographique à travers 8 régions françaises, à la rencontre de 15 personnes dont le métier est en lien avec la Nature. Il nous décrit le chemin parcouru par ces passionnés, et leur rôle au quotidien pour prendre soin de leur environnement. L’auteur nous dresse également le portrait de 8 animaux dont la pré-sence enrichit les territoires traversés.27 x 27 cm • 200 pages • 30 €

SUR LA PISTE ANIMALE (B. MORIZOT)

Depuis les forêts de Yellowstone aux canyons du Haut-Var, des steppes du Kirghizstan à la ter-rasse de son appartement mar-seillais, Baptiste Morizot nous invite à découvrir une autre façon d’ar-penter la nature : le “pistage phi-losophique”. Il s’agit de se faire détective d’un genre particu-lier et de partir sur les traces des grands prédateurs (ours, loups, panthères des neiges) comme des herbes folles qui se faufilent dans nos villes ou les vers de terre qui peuplent le lombricompost. 11,5 x 21,7cm • 208 pages • 21 €

RÉ-ENSAUVAGEONS LA FRANCE

(G. COCHET & S. DURAND)Écrit par deux administrateurs de l’ASPAS, ce titre résolu-ment optimiste fait le point sur l’ensemble des solutions per-mettant de favoriser le retour des animaux sauvages dans notre pays ainsi qu’un meilleur fonctionnement des écosys-tèmes. Passant en revue les grands milieux, montagnes, forêts, rivières, régions médi-terranéennes, côtes et mers, il explique que notre richesse naturelle est renouvelable et non délocalisable. 11,5 x 21,7 cm • 144 pages • 20 €

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« Nous choisissons de ne recevoir aucune subvention publique pour garantir notre liberté de ton et d’action. C’est uniquement grâce à votre soutien et à votre générosité que nous agissons efficacement pour préserver la nature et protéger les animaux sauvages. Merci de tout cœur de votre engagement à nos côtés. »

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Madline ReynaudDirectrice de l’ASPAS

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Page 44: Goupil - ASPAS

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