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Génomique végétale : partenariats public- privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale Sara Boettiger + , Vivienne Anthony ++ , Kayje Booker +++ et Carrie Starbuck +++ Abrégé Les avancées de la science génomique ont révolutionné la manière dont nous nous intéressons à l'amélioration des cultures. Ces changements ont des conséquences majeures dans le secteur commercial, mais aussi pour les cultures importantes à la sécurité alimentaire et pour les petits exploitants agricoles disposant de peu de ressources. Les organismes des secteurs privé et public non seulement adaptent leur processus de recherche et développement, mais ils s’adaptent à une nouvelle ère de partenariats public-privé. Cette orientation vers plus de partenariats public-privé s’explique par les tendances principales qui influencent l’amélioration des cultures, mentionnons : la mise au point de technologies révolutionnaires, une hausse marquée des investissements privés en recherche et développement, la complexité croissante de la gestion des droits de propriété intellectuelle, et des décennies de sous-investissement dans la capacité du secteur privé. Nous fournissons un aperçu du contexte actuel des partenariats public-privé dans le domaine des sciences génomiques, consignons les progrès en matière de séquençage génomique des cultures vivrières et fourragères dans les pays en voie de développement, et examinons les défis particuliers, les mesures incitatives, les pratiques exemplaires et les leçons apprises. Pour que la révolution génomique contribue son plein potentiel au profit des petits exploitants agricoles dans les pays en voie de développement, le programme de recherche en génomique doit commencer à mettre l’accent autant sur l’utilisation de nouveaux gènes, marqueurs moléculaires et l’amélioration des modèles de sélection prédictifs que sur la production de données de séquençage. Les partenariats public-privé peuvent réaliser les aptitudes et le savoir-faire qui permettront d’accélérer le développement de nouvelles variétés afin de répondre aux besoins en production agricole et en nutrition et ainsi améliorer la situation actuelle en matière de sécurité alimentaire. Il reste à voir si les incitatifs pour les secteurs privé et public à formuler de nouveaux partenariats dans le but d’atteindre cet objectif suffiront à surmonter les difficultés inhérentes. Mots clefs : partenariats public-privé, sécurité alimentaire, science génomique, amelioration de récolte. Introduction La nécessité de nourrir une population mondiale qui comptera plus de neuf milliards de gens d’ici 2050 constitue un formidable défi 1,2 . En effet, au cours des 50 prochaines années, nous devrons produire autant de nourriture que dans toute l'histoire de l'humanité 3 . Pour y arriver, il sera nécessaire de chercher des solutions novatrices afin de faire pousser, avec moins de ressources, plus de nourriture sur des terres plus petites. Afin de réaliser des progrès tangibles en matière de sécurité alimentaire, il faudra également accorder une attention toute particulière à la création de solutions pour les petits exploitants agricoles, puisque ceux-ci sont à la base de l’approvisionnement alimentaire mondial. À l’échelle mondiale, leur nombre s’élève à + Professeur adjoint, Économie agricole, UC, Berkeley et chef de la direction, fondation GATD. Auteure corréspondante. Addresse courriel : [email protected] ++ Conseillère principale, Syngenta Foundation for Sustainable Agriculture. +++ Fondation GATD Tous droits réservés, Fondation GADT, 2012. Commandé par le Centre de recherches pour le développement international du Canada.

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Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale

Sara Boettiger+, Vivienne Anthony++, Kayje Booker+++ et Carrie Starbuck+++

Abrégé Les avancées de la science génomique ont révolutionné la manière dont nous nous intéressons à l'amélioration des cultures. Ces changements ont des conséquences majeures dans le secteur commercial, mais aussi pour les cultures importantes à la sécurité alimentaire et pour les petits exploitants agricoles disposant de peu de ressources. Les organismes des secteurs privé et public non

seulement adaptent leur processus de recherche et développement, mais ils s’adaptent à une nouvelle ère de partenariats public-privé. Cette orientation vers plus de partenariats public-privé s’explique par les tendances principales qui influencent l’amélioration des cultures, mentionnons : la mise au point de technologies révolutionnaires, une hausse marquée des investissements privés en recherche et développement, la complexité croissante de la gestion des droits de propriété intellectuelle, et des décennies de sous-investissement dans la capacité du secteur privé. Nous fournissons un aperçu du contexte actuel des partenariats public-privé dans le domaine des sciences génomiques, consignons les progrès en matière de séquençage génomique des cultures vivrières et fourragères dans les pays en voie de développement, et examinons les défis particuliers, les mesures incitatives, les pratiques exemplaires et les leçons apprises. Pour que la révolution génomique contribue son plein potentiel au profit des petits exploitants agricoles dans les pays en voie de développement, le programme de recherche en génomique doit commencer à mettre l’accent autant sur l’utilisation de nouveaux gènes, marqueurs moléculaires et l’amélioration des modèles de sélection prédictifs que sur la production de données de séquençage. Les partenariats public-privé peuvent réaliser les aptitudes et le savoir-faire qui permettront d’accélérer le développement de nouvelles variétés afin de répondre aux besoins en production agricole et en nutrition et ainsi améliorer la situation actuelle en matière de sécurité alimentaire. Il reste à voir si les incitatifs pour les secteurs privé et public à formuler de nouveaux partenariats dans le but d’atteindre cet objectif suffiront à surmonter les difficultés inhérentes.

Mots clefs : partenariats public-privé, sécurité alimentaire, science génomique, amelioration de récolte.

Introduction

La nécessité de nourrir une population mondiale

qui comptera plus de neuf milliards de gens d’ici

2050 constitue un formidable défi1,2. En effet, au

cours des 50 prochaines années, nous devrons

produire autant de nourriture que dans toute

l'histoire de l'humanité3. Pour y arriver, il sera

nécessaire de chercher des solutions novatrices

afin de faire pousser, avec moins de ressources,

plus de nourriture sur des terres plus petites.

Afin de réaliser des progrès tangibles en matière

de sécurité alimentaire, il faudra également

accorder une attention toute particulière à la

création de solutions pour les petits exploitants

agricoles, puisque ceux-ci sont à la base de

l’approvisionnement alimentaire mondial. À

l’échelle mondiale, leur nombre s’élève à + Professeur adjoint, Économie agricole, UC, Berkeley et chef de la direction, fondation GATD. Auteure corréspondante. Addresse courriel : [email protected] ++ Conseillère principale, Syngenta Foundation for Sustainable Agriculture. +++ Fondation GATD Tous droits réservés, Fondation GADT, 2012. Commandé par le Centre de recherches pour le développement international du Canada.

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environ un demi-milliardi et ils produisent 80 %

de la nourriture consommée en Afrique

subsaharienne et en Asie4. Ces agriculteurs, qui

disposent de peu de moyens et cultivent souvent

des terres peu productives sans soutien adéquat,

portent un fardeau démesuré alors que nous nous

efforçons collectivement de répondre aux

besoins alimentaires futurs de la planète. Ces

petits exploitants ressentent fortement les effets

des changements climatiques et de l’instabilité

des prix des aliments.

Il est de plus en plus admis que les progrès en

matière de lutte contre la faim dans le monde

dépendront également de notre capacité à

obtenir la collaboration des secteurs public et

privé. Pour que des solutions soient mises au

point et proposées à grande échelle aux petits

exploitants agricoles à l’intérieur du délai

imparti, des partenariats public-privé (PPP)

devront être établis afin de mieux tirer profit des

différentes ressources des entreprises, des

organismes à but non lucratif, des universités et

des gouvernements.

Sur cette toile de fond, nous nous intéressons à

la génomique végétale et, plus particulièrement,

à l'établissement de PPP qui aideront les petits

exploitants agricoles. L’étude de la génomique

végétale se déroule dans un contexte éducatif

permettant de mieux comprendre le rôle que

peuvent jouer les PPP pour surmonter les défis

liés au système alimentaire mondial. Les

avancées de la science génomique ont

révolutionné la manière dont nous nous

intéressons à l'amélioration des cultures pour

assurer la sécurité alimentaire. Parmi les

tendances qui ont influencé l’amélioration des

cultures aux fins de la sécurité alimentaire,

mentionnons la mise au point de technologies

révolutionnaires, l’augmentation des

investissements privés en recherche et

développement (R-D), la complexité croissante

de la gestion des droits de propriété intellectuelle

(DPI) et des questions de biosécurité ainsi que

les décennies de sous-investissement dans le

secteur public. Toutes ces tendances générales

font partie de l’histoire récente de la génomique

végétale et nous permettent d'évaluer nos

capacités actuelles et futures en ce qui concerne

l'établissement de PPP pour assurer la sécurité

alimentaire mondiale.

Méthodes

Cet article commencera par s’attarder aux

récentes percées de la science génomique qui

pourraient avoir un effet bénéfique sur les petits

exploitants agricoles des pays en

développement. Il s'intéressera ensuite au rôle

des partenariats public-privé, aux défis qui s’y

rattachent et à leur importance en tant que

vecteurs de la sécurité alimentaire mondiale.

L'approche de la recherche utilisée comporte

trois volets. Tout d’abord, afin de connaître les

progrès réalisés, les enjeux critiques et les

tendances en matière de séquençage génétique

végétal utiles pour les petits exploitants

agricoles, nous avons réalisé un examen

approfondi des écrits actuels sur la génomique.

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Nous avons ensuite décrit le contexte associé

aux partenariats public-privé actuels dont les

objectifs visent à aider les petits exploitants

agricoles des pays en éé. Nous nous sommes

penchés sur la portée, l’orientation et la

composition d’un certain nombre de partenariats

axés sur la génomique. Finalement, nous avons

réalisé des entrevues avec des scientifiques et

des dirigeants de premier plan appartenant à des

organisations publiques et privées qui ont

recours à la génomique dans le cadre de

programmes d’amélioration génétique des

cultures et ayant de l’expérience en ce qui

concerne les partenariats entre les secteurs

public et privé.

Nos recherches ont principalement porté sur les

domaines suivants : (1) les réalisations

antérieures et actuelles en génomique; (2) les

progrès en matière de séquençage génomique en

ce qui concerne les aliments de base et les

cultures fourragères dans les pays en voie de

développement; (3) les caractéristiques des PPP

relatives à la génomique, y compris les défis, les

mesures incitatives, les pratiques exemplaires et

les leçons apprises; (4) la nécessité et la

possibilité d’établir de nouveaux PPP afin de

mettre à l’essai les idées provenant des écrits et

des études de contexte. Les résultats associés à

chaque secteur d’intérêt et à chaque méthode de

collecte de données ont été regroupés, puis

présentés sous la forme d’un ensemble de

conclusions visant à encourager un examen

approfondi.

Récents progrès en génomique végétale contribuant à la sécurité alimentaire

La science génomique nous donne l'occasion de

comprendre, de manière générale, les causes de

la diversité et la fonction des organismes

vivants, comme les plantes. Pour les besoins de

cet article, la génomique végétale est décrite

comme l’étude et l’amélioration des nouvelles

variétés végétales grâce à l’examen du génome

entier des espèces végétales et au séquençage

des nucléotides afin de trouver les gènes qui en

font partie. La génomique fournit des

renseignements précieux pouvant contribuer à la

découverte de nouveaux gènes qui permettront

d’accroître le rendement agricole, de

comprendre la variabilité génétique et de

déterminer les marqueurs génétiques rendant

possible l’amélioration des cultures grâce à une

sélection prédictive plus ciblée, rapide et

efficace.

Au cours des 10 dernières années, le secteur de

la génomique a évolué de manière dramatique en

raison de percées liées à la nouvelle génération

de plateformes de séquençage. Les technologies

de séquençage ont progressé à pas de géant

depuis que le génome humain a été séquencé

pour la première fois en 2001. La concurrence

féroce dans le secteur de la vente de séquenceurs

à haut rendement a permis d’accélérer le

processus et de réduire les coûts qui s'y

rattachent de manière considérableii.

Parallèlement à ces innovations techniques, des

avancées importantes ont été réalisées en bio-

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informatique, ce qui a ouvert de toutes nouvelles

perspectives en analyse génomique.

Les enquêtes principales auront lieu dans le

cadre de (1) développement courrent et

historiques en génomiques; (2) progrès dans le

séquençage du genôme de denrées alimentaires

et cultures fourragères pour pays en voie de

déveéloppement; (3) charactéristiques de PPP

qui sont axé sur les sciences génomiques, inclus

défis, motivations, bonne pratiques, et leçons à

retenir, et; (4) le besoin, échelle, et potentielle

pour encourager la création de nouveaux PPPs

dans le cadre de ce domaine.

1.1 Principaux génomes végétaux et séquençage à haut rendement

La première séquence génomique d’espèce

végétale vasculaire, celle de l’Arabidopsis

thaliana (arabette des dames), qui compte

157 millions de paires de base, a été publiée en

2000iii. Le nombre de génomes végétaux et

agricoles séquencés a depuis ce temps augmenté

de façon exponentielle (figure 1).

Figure 1 – Progression du séquençage des génomes agricoles

La séquence de la première plante vivrière en

importance, le riz, a été publiée en 2002 et

demeure probablement celle qu'on comprend le

mieux. Le riz sert aussi de modèle aux autres

espèces céréalières en raison de la très petite

taille de son génome (430 millions de paires de

base). Cette espèce est diploïde et compte deux

séries de chromosomes, mais de nombreuses

plantes, en raison de leurs multiples séries de

chromosomes, sont polyploïdes et peuvent

présenter des séquences très répétitives, ce qui

complique leur analyse et leur séquençage. Le

05

101520253035

Nom

bre

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pub

liés

Espèces végétales Cultures vivrières

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blé, par exemple, avec ses six séries de

chromosomes provenant de trois génomes

d’autres espèces de graminées, est hexaploïde.

Étant donné les 16 milliards de paires de base du

génome du bléiv (qui a donc une taille environ

cinq fois supérieure à celle du génome humain),

l’établissement, la compréhension et la gestion

de la complexité des données sur les séquences

et les gènes qui en font partie présentent des

difficultés techniques uniques, tout comme la

réalisation de la cartographie génétique et

l’identification des marqueurs essentiels à

l’accélération de la phytosélection aux fins de

sécurité alimentaire.

La figure 2 donne un aperçu de l'état actuel du

séquençage génomique des 15 principales

plantes vivrières jouant un rôle de premier plan

pour les habitants des pays à faible revenuv. La

majorité de ces génomes ont été séquencés et

sept d’entre eux ont fait l’objet d’une publication

dans des revues scientifiques à comité de lecture

(annexe 2).

Figure 2 – état actuel du séquençage des génomes de 15 plantes vivrières importantes dans les pays à faible revenu et en déficit alimentaire

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vi,vii,viii,ix,x

ENGLISH FRENCH Cereals Céréales Rice Riz Maize Maïs Sorghum Sorgho Millet Millet Wheat Blé Starch, Roots, Tubers Amidons, racines, tubercules Potato Pomme de terre Cassava Manioc Sweet Potato Patate douce Banana/Plantain Banane et plantain Yam Igname Pulses Légumineuses Pigeon Pea Pois cajan Field Bean Gourgane Dry Bean Haricot sec Cowpea Haricot à oeil noir Chickpea Pois chiche Sequence published & available Séquence publiée et disponible Draft sequence available but not fully assembled or not yet published in a journal

Séquence préliminaire disponible, mais pas entièrement séquencée ou pas encore publiée dans une revue

Sequence research in progress Séquençage en cours

Les séquences de 20 plantes vivrières ont été

publiées dans des revues à comité de lecture. Le

nombre de séquences agricoles annoncées

ailleurs que dans ce type de revue continue à

augmenter, tout comme la possibilité d'accéder à

des données sur les séquences génomiques en

ligne. Au moment de la rédaction de cet article,

la dernière séquence publiée, celle de la pomme-

poire (Pyrus bretschneideri), a été présentée par

l'International Pear Genome Consortium le

6 juin 2012xi.

Ce consortium regroupe sept universités et

établissements de recherche nationaux et

internationaux du secteur public de la Chine, des

États-Unis et du Japon et a bénéficié de la

collaboration de plus de 60 experts.

Occasionnellement, le secteur privé annonce

également le séquençage d’un génome entier,

comme l’a fait Bayer Plant Sciences en 2009

pour le canola (Brassica napus)xii. Cet

accomplissement était le résultat d’une

collaboration public-privé entre Bayer, des

chercheurs du secteur public en Australie et en

Chine et un fournisseur de services de recherche

en génomique du secteur privé des Pays-Bas.

Les progrès réalisés en matière de séquençage

des génomes de plantes vivrières témoignent des

importants investissements des secteurs public et

privé en recherche et développement.

Les technologies et méthodes de séquençage ont

changé de façon radicale depuis la première

génération de travaux pratiques. Les

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technologies et les séquenceurs de deuxièmes et

de troisièmes générations maintenant offerts sont

hautement automatisés et produisent des

données à haut rendement toujours plus précises.

Un nouveau secteur tertiaire

d’approvisionnement en données contractuelles

concurrentiel sur le plan commercial a vu le jour

et a permis la création de vastes ensembles de

données, plus rapidement et à coût nettement

moindre. La figure 3 démontre d’ailleurs cette

diminution marquée des coûts de séquençagexiii.

Ceux-ci, qui atteignaient autrefois des millions

de dollars par génome, se situent désormais

entre 1 000 et 10 000 $ US pour les génomes et

les transciptomes végétaux les plus simples,

selon la profondeur de la séquence et les

exigences d’annotation.

Figure 3 – Baisse des coûts de séquençage de l’ADN

Source : National Human Genome Research Institute, États-Unis. Mai 2012.

Date

Coût du séquençage

de l’ADN par Mb (USD)

Janv. 2005 < 1 000 $ Avril 2008 < 100 $ Juill. 2008 < 10 $ Oct. 2009 < 1 $ Oct. 2011 < 0,1 $

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ENGLISH FRENCH Cost per Raw Megabase of DNA Sequence Coût du séquençage de l’ADN par mégabase brute Moore’s Law Loi de Moore National Human Genome Research Institute National Human Genome Research Institute $10K 10 K$ $1K 1 K$ $100 100 $ $10 10 $ $1 1 $ $0.1 0,1 $ http://www.genome.gov/sequencingcosts http://www.genome.gov/sequencingcosts

Cette modification extrême des coûts, combinée à un rendement amélioré, à un taux d'erreur réduit et à la

longueur accrue des génomes décodés, a encouragé un nouveau séquençage des génomes et a fait en sorte

que le programme de recherche, qui s’attardait auparavant au séquençage d’obtentions individuelles

représentant les espèces, soit axé sur la variabilité au sein d'espèces entières et sur la phylogénie

évolutive. Le séquençage se révèle une méthode à haute résolution économique pour l’établissement du

génotype de populations, et ce, aussi bien pour le secteur public et ses recherches fondamentales que pour

le secteur privé, qui tente de comprendre la variation allélique et de créer des modèles de sélection

prédictifs.

En génomique végétale comme en génomique humaine, les ambitieux projets à grande échelle continuent

de faire avancer la science en complétant le travail accompli par les plus petits groupes. Le

1001 Genomes Project a été mis sur pied en 2008 dans le but de séquencer plus de 1 000 variantes

géographiques d’arabettes et d’établir les liens entre les variabilités génotypique et phénotypique. Les

séquences des 80 premières obtentions ont été publiéesxiv et plus de 700 autres ont été analyséesxv.

À l’heure actuelle, le plus important programme de génomique végétale, la 1000 Plant Genome Initiative,

aussi appelé 1KP ou OneKP, est l’oeuvre d’un partenariat public-privé. Ce programme lancé en

novembre 2008 vise à séquencer les transcriptomes de 1 000 espèces végétales différentes et à produire

des données séquentielles sur les gènes transcrits. Pour la sélection des espèces, on s’est intéressé à la

production de bioproduits utiles (p. ex., plantes médicinales), à l’adaptation à des conditions

environnementales extrêmes (p. ex., plantes halotolérantes), à la recherche phylogénique et aux processus

végétaux clés (p. ex., comparaison de l’amélioration du rendement associée aux cycles de photosynthèse

C4 et C3 afin d’accroître la sécurité alimentaire). Ce projet est géré par un consortium international et

multidisciplinaire dirigé par l’Université de l’Alberta, au Canada. Le séquençage est effectué en Chine par

le Beijing Genomics Institute (BGI) et le capital de risque provient de Musea Ventures. Toutes les

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données sur les séquences sont rendues publiques à l’aide de GeneBank et d’autres sites Web à libre

accès.

En raison de cette ruée vers la découverte de nouveaux transcriptomes et génomes, les groupes de

recherche ont tendance à annoncer leurs accomplissements et à accorder le libre accès à leurs résultats

avant qu’un examen par les pairs soit effectué conformément au processus de publication des revues

fiables. Certaines questions ont donc été soulevées quant aux normes régissant les données, à la manière

dont on définit les génomes entiers et préliminaires, à l’origine de la documentation et au manque de

documentation sur la qualité des données et le séquençage des génomesxvi.

1.2 Bio-informatique et stockage des données

La création des séquences ne constitue plus une contrainte pour les chercheurs, qui sont désormais limités

par le traitement, la gestion et le stockage des données dans des archives où elles pourront être récupérées

dans le cadre de recherches continues et de méta-analyses. L’accessibilité des services contractuels de

séquençage et des technologies de séquençage de troisième génération, comme la Personal Genome

Machine de Ion Torrent (coût en capital inférieur à 100 000 $ US), donne aux chercheurs, même s’ils

travaillent de façon autonome, la possibilité de produire de grandes quantités de données sur les

séquencesxvii. Pour bon nombre de ces chercheurs, la difficulté est maintenant de savoir comment utiliser

des ensembles de données aussi volumineux.

Il est essentiel que les chercheurs aient accès à des outils informatiques et bio-informatiques à haut

rendement pour être en mesure d’organiser les données, d’effectuer des analyses comparatives avec la

base de données afin d’identifier de nouvelles allèles et de nouveaux gènes ainsi que d'acquérir, à partir

de la masse de données disponibles, des connaissances applicables aux programmes d’amélioration

génétique des culturesxviii. Habituellement, le développement de logiciels et d’algorithmes est en retard

sur l'évolution et les percées technologiques en matière de séquençage. Alors que les secteurs public et

privé possèdent tous les deux une vaste expertise en bio-informatique, le secteur privé conserve l'avantage

en ce qui concerne l’application de ce savoir à l’amélioration génétique des cultures.

La Fondation nationale des sciences des États-Unis investit actuellement 50 millions de dollars dans une

importante plateforme d’analyse et de bio-informatique, à savoir iPlant, qui servira de cyberinfrastructure

répondant aux besoins informatiques associés à la résolution de problèmes importants en sciences

végétales, en plus de réunir les experts des sciences biologiques et informatiques. iPlant est essentiel au

soutien des chercheurs en génomique du secteur public à l’échelle internationale, y compris dans les pays

en développementxix. Cette plateforme leur donne accès de façon durable à des outils informatiques à haut

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rendement, à des logiciels d’analyse interopérables et à de grands ensembles de données. Un accord

précis a été conclu afin qu'un soutien soit offert en ce qui concerne le Generation Challenge Programme

(GCP) du CGIARxx et sa plateforme d’amélioration génétique intégrée (Integrated Breeding Platform ou

IBP) visant la reproduction cellulaire de six plantes vivrières dans les pays en voie de développement : le

riz, le maïs, le blé, le pois chiche, le manioc et le haricot. Les directeurs du projet iPlant et du GCP ont été

interrogés dans le cadre de cette recherche (voir l’annexe 1).

La génomique et le séquençage font partie d’un ensemble beaucoup plus vaste de sciences en « omique »

qui nécessitent le recours à la bio-informatique et visent à comprendre le fonctionnement des plantes et à

utiliser la diversité génétique aux fins d’amélioration des culturesxxi. Pour utiliser à leur plein potentiel les

données génomiques, celles-ci doivent être associées à de l’information provenant de recherches

translationnelles, comme la gamme de protéines produit (protéome), interaction entre protéines

(interactome), signales de phytohormones (hormonome), et variations de métabolites (métabolome) sont

aussi nécessaire (figure 4). Le lien entre le génotype d’une plante et ses propriétés phénotypiques doit

absolument être établi pour qu'on puisse en comprendre le rendement, le stress abiotique et biotique, la

qualité, les processus nutritionnels et les autres améliorations.

Figure 4 – Profilage génotypique

Génomique et avancées en phytosélection contribuant à la sécurité alimentaire

Les stratégies d'amélioration des cultures sont en

voie de changer radicalement en raison de la

transformation du séquençage et de la possibilité

accrue de tenir compte des données et des

renseignements associés à d'autres sciences en

« omique » (comme la protéomique, la

métabolomique et la phénomique). Le

séquençage peut non seulement servir à

Génome/ Épigenome

Transcriptome

Protéome

Interactome

Métabolome

Hormonome

Phénome

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identifier de nouveaux gènes et marqueurs

moléculaires, mais aussi à diriger la sélection

génomique et à accélérer les programmes

d’amélioration génétiquexxii. La capacité à

réduire radicalement le temps d’incubation revêt

une importance toute particulière si nous devons

utiliser les variétés mondiales d’une espèce

végétale et les plantes sauvages apparentées

pour surmonter les défis que constituent les

changements climatiques pour les petits

exploitants agricoles.

Dans le cadre de la phytosélection visant à

assurer la sécurité alimentaire dans les pays en

développement, on utilise normalement

davantage de germoplasmes, de variétés et de

cultivars que pour la recherche et le

développement touchant les marchés des pays

développés. Alors que, pour la phytosélection

commerciale à grande échelle, les

investissements peuvent se limiter à des

portefeuilles de composition comparable, les

phytogénéticiens du secteur public doivent

répondre aux besoins variétaux très hétérogènes

des petits exploitants agricoles, qui cultivent

aussi bien des hybrides que des variétés à

pollinisation libre poussant dans une diversité

impressionnante de systèmes de culturexxiii. Le

recours à la génomique pour les petits

exploitants agricoles présente sans doute encore

plus de possibilités en ce qui concerne

l'accélération des programmes d’amélioration

génétique, l’étude des interactions génotype-

environnement et l’exploitation des banques de

germoplasmes pour trouver du nouveau matériel

génétique.

On estime, par exemple, que la reproduction

cellulaire pourrait réduire à seulement quatre ans

le cycle de reproduction du manioc, qui s’étend

normalement sur une période de 12 à 16 ans.

Ainsi, de nouvelles variétés pourraient être

présentées aux agriculteurs plus rapidement et

les programmes d’amélioration génétique

pourraient économiser des centaines de millions

de dollarsxxiv. En outre, les chercheurs

s’intéressant au riz prévoient que la sélection

effectuée à l’aide de marqueurs moléculaires

pourrait retrancher de trois à six ans au

processus d'amélioration génétique habituel, ce

qui entraînerait des avantages économiques de

50 à 900 millions de dollars au cours des

prochaines décenniesxxv. Morrell (2012) estime

que l’utilisation de modèles de sélection

génomique pour le maïs pourrait faire passer de

cinq ans à quatre mois le temps cumulatif entre

les cycles de sélectionxxvi. Grâce au génotypage

complet des plantes apparentées, il pourrait aussi

être possible d’effectuer la sélection à partir des

données sur les séquences génétiques plutôt

qu’en fonction de la présence ou de l'absence de

marqueurs.

En fin de compte, le fait de comprendre les

corrélations entre le génotype et le phénotype et

le rendement de la variation allélique selon

différentes conditions environnementales et

l’exposition à des facteurs biotiques entraînera

un changement en ce qui concerne l'efficacité et

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l’efficience de l’amélioration génétique. La

création de modèles de prévision fiables et

éprouvés rendra possible l’introgression ciblée

de très petits segments chromosomiques à des

endroits clés, ce qui minimisera les

rétrocroisements.

La façon dont nous évaluons les effets de ces

percées en génomique sur les terres des

agriculteurs dépend grandement de notre accès à

des ressources bio-informatiques, informatiques

et d’analyse statistique sophistiquées et de notre

capacité à replacer les données génomiques dans

le contexte des connaissances phénotypiques. En

ce qui concerne les cultures commerciales

destinées à de vastes marchés homogènes, c’est

le secteur privé qui ouvre la voie à l’utilisation

de la bio-informatique, à la phénomique végétale

et à la création de modèles de sélection

prédictifs. Le secteur public est amplement

capable d’examiner des phénotypes dans divers

pays, et ce, dans des conditions

environnementales et climatiques variées, mais

les essais phénomiques à haut rendement en

milieu contrôlé en sont à leurs balbutiements.

L’Australian Plant Phenomics Facility est un des

meilleurs exemples d’établissement à haut

rendement du secteur publicxxvii. Plusieurs

questions importantes demeurent toutefois en ce

qui concerne la distribution des outils de

recherche en phénomique à haut rendement et

leurs répercussions sur la phytosélection liée à la

sécurité alimentaire, laquelle accorde une

importance capitale à la compréhension des liens

entre les génotypes et les phénotypes dans divers

environnementsxxviii. Le recours aux

technologies utilisées en phénomique dans les

milieux commerciaux et universitaires à haut

rendement pour créer des outils entraînant une

efficacité accrue à l'extérieur des laboratoires et

sur le terrain devrait avoir des répercussions

importantes sur la phytosélection visant à

améliorer la sécurité alimentaire. Dans le secteur

public en particulier, la détermination du

phénotype demeure un volet coûteux et

chronophage de la sélection moléculaire et, pour

exploiter à son plein potentiel la génomique

végétale visant à améliorer les cultures et la

sécurité alimentaire, il faudra chercher à acquérir

des connaissances et des ressources en

établissant des partenariats avec le secteur privé.

Un autre aspect important dont il faut tenir

compte pour l’analyse des rôles des secteurs

public et privé en ce qui concerne la génomique

végétale visant l’amélioration de la sécurité

alimentaire est que les objectifs commerciaux

des chercheurs du secteur privé correspondent

assez peu aux buts des chercheurs du secteur

public, qui s’efforcent d’améliorer le rendement

des cultures pour les petits exploitants agricoles.

Certaines des plantes cultivées qui intéressent

les deux secteurs sont, entre autres, le riz, le

maïs et le blé. Les caractéristiques communes

ciblées sont notamment le rendement accru, la

résistance aux stress abiotiques comme la

sécheresse, la chaleur et les inondations,

l’utilisation plus efficace des intrants comme

12

Page 13: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

l’azote, la résistance aux stress biotiques comme

les maladies et les organismes nuisibles ainsi

que l’amélioration de la valeur nutritive des

plants. Il est important de déterminer les aspects

des investissements privés qui peuvent être

bénéfiques pour les petits exploitants agricoles,

puisqu’ils peuvent constituer un terreau propice

à l’établissement de partenariats. Inversement,

les divergences d'objectifs en matière de plantes

cultivées et de caractéristiques peuvent

influencer les choix d’investissements des

bailleurs de fonds du secteur public. On observe

déjà une collaboration entre les secteurs public

et privé pour l’étude des caractéristiques

(comme la tolérance à la sécheresse) qui ont des

effets sur les fermes commerciales à grande

échelle, mais continuent à représenter un défi

énorme pour les petits exploitants agricoles

(80 % des terres cultivées du monde ne sont pas

irriguées et tolèrent mal la sécheressexxix). Le

projet Maïs économe en eau pour l’Afrique, dont

les partenaires comprennent Monsanto, la

Fondation africaine pour les technologies

agricoles (AATF) et l’International Maize and

Wheat Improvement Centre (CIMMYT), met

notamment l’accent sur la tolérance à la

sécheresse.

Pour aider les petits exploitants agricoles, les

institutions publiques doivent fournir à un

marché très complexe et hétérogène des

semences qui, dans plusieurs cas, n’ont aucun

intérêt commercial pour le secteur privé. Comme

il en a été question précédemment, en raison de

la grande variété de zones agroécologiques, de

stress biotiques et de différences locales

d'acceptabilité du marché, les germoplasmes

adaptés au milieu local doivent être enrichis de

nouvelles caractéristiques. Par conséquent, les

organisations du secteur public ne peuvent pas

profiter de toutes les mêmes économies

d’échelle que le secteur privé. En outre, les

travaux de recherche et de développement ainsi

que les canaux de diffusion associés au secteur

privé ne sont pas toujours adaptés aux marchés

desservis par le secteur public. En fin de compte,

ces différences ont une influence directe sur les

répercussions possibles de la génomique

végétale et nécessitent des solutions différentes.

Certaines de ces solutions ne s'appliqueront

qu’aux cultures visant à assurer la sécurité

alimentaire, alors que d’autres découleront des

avancées faites dans un contexte de commerce à

grande échelle.

Il est presque certain que la génomique aura, au

cours des prochaines décennies, des

répercussions majeures sur l’amélioration des

cultures visant la sécurité alimentaire. Les

preuves s’accumulent déjà à cet effet. Par

exemple, même si nous avons déjà souligné

l’importance de la tolérance à la sécheresse pour

la sécurité alimentaire, l'amélioration génétique

classique permet difficilement de garantir la

présence de cette caractéristique en raison de sa

complexité et de la grande variété de

mécanismes de résistance utilisées par les

plantes. La génomique a déjà permis de repérer

13

Page 14: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

plusieurs voies à suivre pour comprendre la

réaction d’une plante à un manque d'eau, et

d’autres suivrontxxx. De toute évidence, les

nouvelles technologies en génomique ont déjà

permis de réduire les coûts associés aux outils,

d’augmenter leur précision et de repousser les

limites de l’amélioration des cultures pour la

sécurité alimentaire. Nous devons toutefois

absolument déterminer les possibilités de

collaboration public-privé et les objectifs

d’investissement visant à adapter les

technologies du secteur privé pouvant améliorer

les cultures et la sécurité alimentaire.

Partenariats public-privé en génomique

Dans le passé, le terme « partenariats public-

privé » a souvent été utilisé pour décrire les

partenariats établis entre les gouvernements et

des entreprises pour offrir des services publics

ou réaliser des projets de grande envergure.

Dans cet article, les PPP ont une définition plus

large et décrivent tous les cas de collaboration

où au moins un acteur du secteur public et un

acteur du secteur privé joignent leurs efforts

dans le cadre d’un projet commun. Les parties

peuvent offrir leur aide à différents égards,

notamment en ce qui concerne la technologie,

les aptitudes de gestion, la logistique,

l’information, les données, l’accès à de

l’équipement, la propriété intellectuelle et le

savoir-faire. Aux fins de cet article, toutefois,

nous exclurons les liens entre les organisations

publiques et privées qui travaillent de façon plus

indépendante, y compris celles qui échangent

des services contractuels, octroient des droits de

propriété intellectuelle ou ne font que financer la

recherche et les programmes de développement.

Le terme « public » fait référence à la volonté

d’atteindre des objectifs d’intérêt public (p. ex.,

lutter contre la faim dans le monde), plutôt que

privé. Par conséquent, le terme « secteur

public » peut inclure les gouvernements, les

universités, les organismes d’aide

internationaux, les fondations philanthropiques

et la société civile. Quant au terme « secteur

privé », il correspond à un concept hétérogène

incluant une grande variété d'entreprises à but

lucratif (il peut s'agir de petites et moyennes

entreprises [PME] ou encore d'entreprises

nationales ou multinationales). Tout au long du

texte, les petits exploitants agricoles sont appelés

les bénéficiaires des biens et services offerts par

les PPP (semences de meilleure qualité, accès

aux services financiers, technologies

d’irrigation, fertilisants, accès au marché, etc.).

On propose que les familles exploitant une petite

installation agricole ne soient pas considérées

comme les bénéficiaires passifs d’organismes de

bienfaisance, mais comme des entrepreneurs du

secteur privé, puisque leur objectif est de faire

suffisamment d’argent pour envoyer leurs

enfants à l’école et, de manière générale, pour

améliorer leur revenu et leur alimentation.

Les auteurs ont relevé de nombreux projets de

recherche et de développement ayant recours à

la biotechnologie agricole pour améliorer les

cultures dans les pays en développement et

14

Page 15: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

faisant appel, d’une manière ou d’une autre, aux

secteurs public et privé. Le tableau 1 résume les

PPP actuels en recherche et développement qui

ont recours à la génomique de manière

significative et qui visent à aider les petits

exploitants agricoles des pays en

développement. Dans chaque exemple cité, une

organisation du secteur public et une

organisation du secteur privé fournissent des

ressources, un soutien et une expertise en

séquençage génétique ou en identification de

marqueurs moléculaires pour permettre la

reproduction cellulaire. Le tableau ne présente

que les partenariats pour lesquels on dispose

d’information d’ordre public. Il ne fait aucun

doute qu’il existe un plus grand nombre

d’accords contractuels entre des chercheurs du

secteur public et des entreprises privées

concernant des projets qui pourraient très bien

aider les agriculteurs des pays en

développement, mais notre objectif premier est

de soutenir la recherche dont les résultats visent

des entreprises commerciales d’agriculture à

grande échelle.

Nous vous présenterons ici certaines des

tendances observées à partir de l’échantillon de

projets étudié. La plupart de ces projets ne

correspondent pas à la définition de PPP fournie

ci-dessus (c.-à-d. qu’il n’y a pas

d’investissement commun des parties en ce qui

concerne les technologies, les compétences et les

ressources). La participation du secteur privé est

habituellement minimale, mais, dans certains

cas, soit des conseils ont été formulés par des

fournisseurs d’équipement de séquençage

génomique, soit un soutien informatique a été

offert par des fabricants de logiciel. Les

collaborations dirigées par des partenaires du

secteur public étaient souvent menées à l’échelle

internationale plutôt que locale (p. ex., Global

Musa Genomics Consortium, International

Wheat Genome Sequencing Consortium,

International Rice Genome Sequencing Project,

etc.). De manière générale, les projets relatifs à

la génomique dirigés par le secteur public

relevaient de vastes consortiums regroupant les

plus grands spécialistes de disciplines comme la

biologie moléculaire, la génétique, la bio-

informatique, les capacités informatiques et la

phytosélection. À titre d'exemple, le Centre

international d'agriculture tropicale (CIAT) et le

BGI ont récemment annoncé, en décembre 2011,

qu’ils collaboreraient pour séquencer

5 000 génotypes, variétés et espèces sauvages de

manioc afin de contribuer à l’amélioration des

culturesxxxi.

Dans ce domaine, on a observé une tendance

générale voulant que les outils technologiques

soient fournis par le secteur privé et utilisés par

les partenaires du secteur public pour atteindre

des objectifs liés à la sécurité alimentaire. Des

entreprises du secteur du négoce agricole ont

fourni un accès direct à leurs technologies grâce

à des licences sans redevance ou à des accords

de renonciation à leurs droits de propriété

intellectuelle, et ce, afin d’apporter des

15

Page 16: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

améliorations aux cultures des agriculteurs

disposant de peu de moyens. Par exemple, en

février 2012, Syngenta a donné une partie de sa

plateforme sur la diversité des allèles du maïs et

plus de 1 200 souches de maïs non transgéniques

au Generation Challenge Programme du CGIAR

afin de soutenir l’amélioration du maïs dans les

pays en développementxxxii. De manière

similaire, en 2004, des semences et des souches

de riz doré génétiquement modifiées ont été

données au Golden Rice Humanitarian Board

pour rendre possible la recherche sur

l’amélioration de la valeur nutritionnelle du riz.

Dans le passé, aussi bien Monsanto que

Syngenta ont fourni des données sur la séquence

génomique du riz aux chercheurs publics, sans

toutefois mettre sur pied de véritable PPP visant

à contribuer au décodage du génome du riz.

Monsanto continue à soutenir la recherche pour

les pays en développement en octroyant des

subventions au Danforth Centre, en contribuant

au PPP Maïs économe en eau pour l'Afrique, en

offrant des licences sans redevance pour les

technologies habilitantes et par l’intermédiaire

de l’International Cassava Consortiumxxxiii.

Syngenta et la Syngenta Foundation for

Sustainable Agriculture (SFSA) ont toutes deux

conclu des accords bilatéraux avec des

organismes de recherche publics menant des

projets sur la génomique (tableau 1).

16

Page 17: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

Tableau 1 – Partenariats public-privé en génomique

Nom et objectif Programme de recherche et développement

Portée

Secteur public Secteur privé

Durée Somme investie Consortium African Orphan Cropsxxxiv Augmenter le revenu des 600 millions d’Africains pratiquant l’agriculture

Établir la séquence génétique des génomes de 24 plantes vivrières africaines négligées importantes sur les plans de l’alimentation et du revenu. Apprendre aux phytogénéticiens africains la façon dont les renseignements sur les génomes peuvent servir à améliorer les cultures (former 250 scientifiques et 500 techniciens en phytogénétique au cours d’une période de cinq ans).

2011-2014 2011-2016

7,5 millions de dollars (plus de 32 millions de dollars requis)

Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) Centre mondial d’agroforesterie, Bioversity International, Académie africaine des sciences, TransFarm Africa, Université de la Californie, Davis

Mars, IBM, Fonds mondial pour la nature, DuPont/Pioneer Hi-Bred

Améliorer le rendement du tef en Éthiopie

Séquencer le tef et en utiliser les marqueurs moléculaires

2006 à aujourd'hui

Université de Berne, Institut éthiopien de recherche agricole, BeCA

SFSA

Rouille noire du blé (Ug99) Accélérer la phytosélection de variétés de blé résistantes

Identifier et cartographier les marqueurs génétiques de la rouille noire Ug99

2009-2011 CIMMYT Syngenta Semences, SFSA

Consortium pour la résistance aux maladies du manioc Réduire les effets de la maladie de la mosaïque et le virus de la striure brune du manioc

Améliorer l’expression génétique de la résistance aux maladies

2010 Dow Agrosciences KARI (Kenya), NARO (Ouganda) Donald Danforth Centre (États-Unis)

Programmes d’échange de savoir-faire scientifique (SKEP)

Caractériser la diversité génétique du riz, utilisations de la sélection effectuée à l’aide de marqueurs moléculaires pour surmonter les contraintes liées à la productivité des cultures

2009-

Syngenta

Institut international de recherche sur le riz (IRRI)

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http://www.syngenta.com/global/corporate/SiteCollectionDocuments/pdf/media-releases/en/20090907-en-syngenta-and-irri-collaborate-to-benefit-asias-rice-farmers.pdf Augmenter le taux de croissance du rendement et augmenter la qualité et la diversité du riz hybride (partage de germoplasmes et d'installations et interaction des scientifiques) http://www.aatf-africa.org/userfiles/DuPont-IRRI-boost-rice-yield.pdf

2009-

DuPont

Consortium pour le séquençage du génome du cacao

Séquencer le génome du cacao http://www.cacaogenomedb.org/main

-2010 MARS IBM PIPRA

Clemson University Genomics Institute USDA et ARS Institut de biotechnologie HudsonAlpha National Centre for Genome Resources, Nouveau-Mexique Université de l’Indiana Washington State University

Séquence du margousier Séquencer le génome d’une plante médicinale indienne, le margousier. http://www.indiabioscience.org/node/358

2009

2011 (terminé)

Stand Genomics Private Ltd

Département d'informatique (DIT/MCIT); Institute for Bioinformatics and Applied Biotechnology

18

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Le consortium African Orphan Crops est la plus

récente initiative d’importance issue d’un PPP

s’intéressant à la génomique et ayant l’objectif

précis d’aider 600 millions d'agriculteurs en

Afrique. Cette initiative, annoncée en

septembre 2011, fera appel aux compétences et

aux ressources d’entreprises du secteur privé

(Mars, IBM et DuPont/Pioneer Hi-Bred), de

chercheurs du secteur public (Nouveau

Partenariat pour le développement de l'Afrique

ou NEPAD, Bioversity International, Centre

mondial d'agroforesterie, Académie africaine

des sciences, TransFarm Africa et Université de

la Californie – Davis) et une ONG internationale

(Fonds mondial pour la nature). Le consortium,

dirigé par Mars, mettra l’accent sur les cultures

vivrières en Afrique auxquelles l’industrie ne

s'intéresse pas particulièrement et qui n'ont pas

fait l'objet de recherches scientifiques

suffisantesxxxv.

Les scientifiques africains ont dressé la liste de

96 espèces végétales dignes d’intérêt. Ils

espèrent que, d’ici la fin de 2014, 24 d’entre

elles auront été séquencées par le BGI en Chine

et qu’on en aura tiré les marqueurs moléculaires

requis pour la reproduction cellulaire. Ils

s’intéressent, entre autres, au balanzan, puisque

ses graines sont comestibles, qu’il peut enrichir

les sols en raison de sa capacité à fixer l’azote

atmosphérique et qu’il peut contribuer à prévenir

l’érosion des sols. L’accès public continu à

l’information génétique obtenue sera assuré par

un portail Web géré par l’organisme de propriété

intellectuelle Public Intellectual Property

Resource for Agriculture (PIPRA).

Le consortium encouragera également

l’augmentation du taux d’améliorations

génétiques visant à augmenter le rendement et la

qualité nutritionnelle des plantes en créant, en

2012, une académie africaine de phytosélection

qui oeuvrera au Ghana et au Kenya ainsi que sur

les campus de l’Université de la Californie

(Davis). Cette académie compte former

250 scientifiques et 500 techniciens en

phytogénétique en cinq ans. L’équipement

utilisé aux deux emplacements provient de Life

Technologies Corporation, un fournisseur

mondial d’outils biotechnologiques.

Les PPP peuvent-ils faire en sorte

que les programmes de recherche en

génomique fournissent plus

rapidement des plants améliorés aux

agriculteurs disposant de peu de

moyens ?

Au mieux, les PPP permettent de rassembler les

ressources et les connaissances complémentaires

des organisations des secteurs privé et public

pour obtenir des résultats que ces dernières ne

pourraient pas obtenir seules. En biotechnologie

agricole (de manière plus générale qu’en

génomique), ce sont des lacunes du marché bien

précises qui expliquent que les investissements

privés, dans la plupart des cas, ne sont pas

Page 20: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

adaptés à la façon dont le secteur public met la

biotechnologie au service des plus démunis. Ces

lacunes comprennent les coûts fixes élevés de la

recherche et l'obligation qu’ont les grands

marchés de les rembourser, le sous-

développement du marché des semences dans

bon nombre de pays pauvres et les difficultés à

défendre et à faire respecter les droits de

propriété intellectuellexxxvi. Au cours des

xxxvii xxxviii xxxix

20 dernières années, la recherche en génétique

végétale a démontré que le secteur privé a,

naturellement, concentré ses efforts sur les

plantes et les caractéristiques demandées par les

gros exploitants agricoles commerciaux

oeuvrant à l’échelle internationale , , .

De plus, le secteur public, dont la mission est

d’utiliser la recherche et le développement en

génomique agricole pour aider les petits

exploitants agricoles, disposent encore de

beaucoup moins de ressources et de savoir-faire

que le secteur privé. Parmi les éléments qui

limitent sa capacité à exploiter le plein potentiel

de la génomique pour améliorer la sécurité

alimentaire, mentionnons :

Le profilage génotypique. La création de

modèles de sélection prédictifs fiables nécessite

une connaissance approfondie du profil

génétique, de la diversité des allèles et de la

provenance du germoplasme d'importantes

populations de souches parentales de plantes

clés. Cette connaissance est présente dans le

secteur privé en raison de nombreuses années

d’investissement et de l’utilisation des

technologies en « omique » pour comprendre les

germoplasmes exclusifs et les géniteurs. Elle n’a

toutefois pas la même portée dans le secteur

public.

La bio-informatique. Les organisations du

secteur public sont souvent limitées par le

manque d’outils bio-informatiques auxquels

elles ont accès (et par leur capacité à les utiliser)

et créent des logiciels et des algorithmes sur

mesure qui répondent à leurs besoins en matière

de sélection des plantes qui n’intéressent pas

particulièrement le secteur privé des pays

développés.

Le stockage et l’utilisation des données ainsi que

les normes qui s’y rattachent. De nombreuses

organisations du secteur public n'ont pas

l'expérience nécessaire pour gérer les très grands

ensembles de données issus du séquençage et du

profilage.

La puissance informatique. L'absence de la

grande puissance informatique requise pour

analyser le nouveau matériel génétique et

maximiser l'utilisation de grands ensembles de

données peut imposer certaines limites aux

travaux de génomique effectués dans le secteur

public.

La propriété intellectuelle. En biotechnologie,

de manière plus générale qu’en génomique, le

fait que les droits de propriété intellectuelle de

certaines technologies essentielles pour

l’amélioration des cultures soient répartis entre

plusieurs entreprises privées peut entraîner des

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coûts d’opération prohibitifs pour les

organisations du secteur publicxl. Même si le

secteur public possède un grand nombre de

droits de propriété intellectuelle utiles, ceux-ci

sont disséminés parmi différents établissements

et une grande partie d’entre eux ont été octroyés

en exclusivité au secteur privéxli. Le fait de

collaborer avec le secteur privé pour le

séquençage, l’analyse et la sélection génétique

peut donc permettre d'avoir accès aux

technologies privées et aux résultats des efforts

de recherche et de développement internes de

ces organisationsxlii.

La gestion. Le partage des processus de gestion

est un atout souvent ignoré, mais essentiel que

possèdent les entreprises qui collaborent à des

projets public-privé en génomique. C’est

particulièrement le cas pour les projets dont

l'objectif ultime est la création de produits

novateurs pour les petits exploitants : en effet, le

secteur privé a l’habitude de mettre l’accent sur

les produits, le consommateur (dans ce cas-ci, le

petit exploitant agricole) et le marché. La

capacité à gérer les travaux de génomique

effectués en amont pour aider les plus démunis

et les avantages d'une utilisation efficace des

ressources à financement limité peuvent avoir

une grande valeur pour le partenaire du secteur

public.

Les limites décrites ci-dessus constituent la toile

de fond de notre hypothèse, selon laquelle des

raisons importantes justifient qu’on analyse et

encourage davantage les PPP en génomique

visant à assurer la sécurité alimentaire. Ci-

dessous, nous nous intéresserons un peu plus à

la possibilité que ces contraintes motivent le

secteur public à chercher à établir des

partenariats avec le secteur privé. Nous nous

pencherons également sur ce qui peut inciter le

secteur privé à collaborer avec des organisations

du secteur public.

Motivations pour l'établissement de

partenariats

Dans le passé, un institut de recherche

s'intéressant aux plantes cultivées par les

agriculteurs ayant peu de ressources aurait pu

établir un PPP pour un projet de séquençage

génomique afin d’améliorer ses capacités et sa

vitesse de séquençage. Aujourd’hui, divers

éléments motivateurs sont à l’origine des PPP en

génomique visant à améliorer les cultures à des

fins de sécurité alimentaire. En 2009, le

partenariat mondial sur le manioc a collaboré

avec 454 Life Sciences parce qu’il souhaitait

utiliser sa plateforme FLX et ainsi améliorer la

vitesse et la qualité du séquençage du génome

du maniocxliii. À peine trois ans plus tard, la

création d’un tel PPP est improbable.

De nos jours, certains des éléments motivant

l'établissement de PPP en génomique végétale

aux fins de sécurité alimentaire sont liés à la

possibilité pour le secteur public d'utiliser des

processus, des plateformes et des savoir-faire

exclusifs. Nous avons précédemment mentionné

que l’accès à des technologies bio-informatiques

21

Page 22: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

de premier ordre et la gestion des données sont

deux des lacunes principales des programmes de

recherche du secteur public et de l’utilisation de

la génomique pour améliorer la sécurité

alimentaire. Il est nécessaire d’avoir recours à

des modèles analytiques et statistiques pour faire

une utilisation adéquate des données sur les

génomes et en tirer des connaissances, puisque

le savoir-faire du secteur privé est un des

principaux éléments incitant les organisations

publiques à former des PPP.

La deuxième tendance favorisant actuellement la

formation de PPP en génomique est liée aux

droits de propriété intellectuelle (y compris à la

propriété des germoplasmes, aux secrets

commerciaux touchant les processus et les

données, aux droits d'auteur applicables aux

codes informatiques et aux brevets). Les

organisations du secteur public possèdent

d'énormes collections de germoplasmes dans

leurs banques de semence et la diversité

génétique associée à ces collections revêt un

intérêt nouveau pour le secteur privéxliv. De

nombreuses grandes entreprises disposant de

budgets de recherche en génomique importants

étendent actuellement leurs activités dans les

économies émergentes et les pays en

développement. Les germoplasmes des zones

tempérées ne leur suffisent plus et le fait d’avoir

accès à des germoplasmes tropicaux de grande

qualité peut avoir une grande influence sur leur

stratégie commerciale. En outre, l’exploration de

la diversité génétique des banques du secteur

public pourrait permettre à ces entreprises de

découvrir des caractéristiques utiles sur le plan

commercial.

Le troisième ensemble d’incitatifs à

l’établissement de PPP découle du fait que les

secteurs public et privé n’ont pas les mêmes

capacités en ce qui concerne les projets de

détermination de phénotypes, qui nécessitent

beaucoup de ressources. Comme cela a été

mentionné ci-dessus, pour que la génomique ait

un effet considérable sur les activités des

agriculteurs, des outils et des modèles prédictifs

pratiques intégrant des données sur le génotype

et le phénotype doivent être créés pour les

phytogénéticiens.

Alors que les projets de séquençage génomique

en tant que tels ne nécessitent plus la

collaboration du secteur privé, plusieurs

questions importantes demeurent en ce qui

concerne les partenariats public-privé en

génomique végétale et celles-ci permettront de

déterminer notre capacité future à tirer profit des

avancées réalisées pour offrir aux petits

exploitants agricoles des semences améliorées

qui auront un effet positif sur leur vie.

Alors que certaines publications laissent

entendre que, pour être durable, un PPP doit

s’appuyer sur des objectifs communs, notre

analyse des incitatifs soutient l’hypothèse selon

laquelle un partenariat peut être solide même si

ses parties ont des objectifs et des motifs de

collaboration très différents. Il est nécessaire de

22

Page 23: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

bien comprendre ces incitatifs pour élaborer des

politiques aux échelles nationale et

internationale et pour permettre davantage

d’interactions entre les secteurs public et privé.

Il est toutefois essentiel que les acteurs

potentiels d'un partenariat évaluent leurs

motivations à l'échelle du PPP en particulier,

ainsi que les contraintes d'une collaboration

axées sur la génomique.

1.3 Motivations du secteur public

L’accès à la technologie est l’un des principaux

éléments incitant les intervenants du secteur

public à établir un PPP, en particulier dans le

secteur de la recherche et du développement. Au

cours des dernières décennies, les

investissements en recherche et en

développement agricole ont entraîné la création

d’une vaste gamme de technologies exclusives

qui pourraient contribuer à améliorer les cultures

pour assurer la sécurité alimentairexlv. Celles-ci

comprennent des technologies clés, des outils de

recherche, des gènes caractéristiques, des

plateformes bio-informatiques et même de

l’équipement de laboratoire.

Outre la possibilité d’utiliser certaines

technologies, les organisations du secteur public

ont plusieurs motifs d’établir des PPP. Pensons,

par exemple, au savoir-faire du secteur privé en

ce qui concerne le marché et les produits. Les

organisations de recherche du secteur public se

concentrent souvent, à la suite de la découverte

initiale, sur la validation de leur conceptxlvi. À

l’heure actuelle, les scientifiques gagnent

davantage de crédibilité en publiant des articles

dans des revues qu’en réussissant à créer des

produits. Quant aux organisations privées, elles

ont non seulement une meilleure connaissance

des activités « en aval », soit l'élaboration, le

marketing et la distribution commerciale du

produit, mais elles abordent les processus

scientifiques « en amont » sous l’angle du

produit à livrer. La rigueur nécessaire pour

évaluer les progrès techniques réalisés en tenant

compte des coûts, du temps de mise en marché,

des obstacles liés à la réglementation, des DPI,

de l’acceptabilité du marché et de bien d’autres

éléments peut être bénéfique pour les

scientifiques du secteur public qui travaillent à

l’amélioration des cultures pour les plus

démunisxlvii. En fait, les bailleurs de fonds

investissant dans la recherche scientifique

effectuée dans le secteur public tireront

également profit de cette efficacité accrue,

puisque leurs investissements permettront de

produire des variétés de plantes qui pourront être

utilisées avec succès par les plus démunis.

Le plus important, toutefois, est que les petits

exploitants agricoles ont plus de chances d’avoir

accès à un produit utile pour eux si l’accent est

mis sur le marché. Les PPP donnent de plus en

plus souvent l’occasion au secteur public de

mettre les investissements privés au profit des

plus démunis, en se concentrant sur les fonctions

des plantes, des caractéristiques et d’une grande

variété de technologies importantes pour les

petits exploitants agricoles des pays en

23

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développement. Dans ce contexte, les

partenariats public-privé sont parfaitement

adaptés au rôle de protecteur des intérêts publics

que jouent les institutions publiques, puisqu’ils

visent à trouver les meilleurs moyens de

s'assurer que les avancées scientifiques et

technologiques profitent aux habitants démunis

des pays en développementxlviii.

1.4 Motivations du secteur privé

Les entreprises à but lucratif risquent peu

d’entreprendre unilatéralement des projets dont

l’objectif premier est d’aider les habitants

démunis de la planète. Cependant, les PPP

peuvent constituer, pour les sociétés privées, un

moyen de justifier leur participation et leur

investissement. En négoce agricole comme dans

les autres secteurs, les entreprises s'intéressent

de moins en moins aux pays en développement à

des fins philanthropiques, mais de plus en plus

pour y poursuivre des objectifs commerciaux

futurs ou éventuels. Leurs raisons actuelles

d'établir un PPP dépassent donc grandement le

simple exercice de relations publiques qui les

motivaient autrefoisxlix. Parmi les éléments

incitant souvent le secteur privé à s’engager dans

un PPP pour la sécurité alimentaire,

mentionnons l’accès à de solides compétences

de base en recherchel; l’accès aux collections de

ressources génétiquesli, y compris la possible

utilité des germoplasmes tropicaux compte tenu

de la fluctuation des marchés et l’accès aux

données sur les génomes de différentes variétés;

les profits potentiels liés aux découvertes

technologiques résultant des projetslii; les

avantages associés à la connaissance des

conditions, de la culture et des variétés de

plantes des milieux ruraux défavorisésliii; la

conservation accrue du personnel; les effets

positifs en matière de relations publiques (RP);

les obligations liées à la responsabilité sociale de

l’entrepriseliv; et la possibilité de tirer profit des

liens avec les organisations de vulgarisation et

de la connaissance des systèmes locaux de

livraison des semenceslv.

Les raisons pour lesquelles les entreprises

s’associent dans le cadre de PPP agricoles

dépendent grandement des développements

futurs dans les économies émergentes. Ces

économies englobent un grand nombre de petits

exploitants agricoles, de même que d’énormes

possibilités commerciales. Elles sont sans doute

la clé qui permettra de comprendre les PPP de

négoce agricole des prochaines décennies. Les

économies émergentes prennent plus de place

que jamais dans l’économie mondiale. En 2010,

les entreprises des marchés émergents ont été

touchées par plus de la moitié des plus de

11 000 ententes de fusion et d’acquisition

transfrontalières annoncéeslvi. En outre, la

population de ces économies continue à croître.

À l’heure actuelle, l’Asie abrite le quart de la

classe moyenne mondiale, et cette proportion

devrait doubler d’ici 2020lvii. Les prédictions

voulant que les économies de marché

émergentes agissent comme moteurs de la

croissance au cours des prochaines décennies

24

Page 25: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

étaient communément admises avant le récent

ralentissement économique. Selon la Banque

mondiale, d’ici 2025, six économies de marché

émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Corée

du Sud et Indonésie) seront responsables de plus

de la moitié de l’ensemble de la croissance

mondialelviii. Même si les taux de croissance ont

été radicalement révisés à la baisse, le fait est

que ces économies, en raison de leur grande

taille et de leur place sur le marché mondial,

continueront à jouer un rôle important et nous

aideront à comprendre la prochaine génération

de PPP, qui s’éloignera du modèle actuel

rassemblant des multinationales des pays

développés et des organisations du secteur

public.

Défis à surmonter par les PPP dont les objectifs sont liés à la sécurité alimentaire

La plupart des travaux universitaires concernant

les PPP mettent moins l’accent sur les défis à

surmonter que sur la mesure dans laquelle les

PPP ont généré les retombées escomptées sur les

plans privés et sociauxlix. Nous avons inclus,

avant la conclusion de cet article, une courte

section sur les défis concrets que les partenaires

des secteurs public et privé doivent surmonter

lorsqu'ils concluent un PPP en agriculture. Tout

comme nous l’avons fait dans la section

précédente, nous aborderons ces défis de

manière générale, mais ceux-ci se transposent

directement dans le domaine des PPP de

génomique végétale.

Certains défis concernent l’ensemble des PPP,

sans égard à leur type ou à leur secteur. Par

exemple, les différences culturelles sont souvent

mentionnées comme étant à l’origine de frictions

et de problèmes de communication entre les

partenaires des secteurs public et privélx. La

structure de gouvernance des PPP est signalée

moins fréquemment, mais elle est d’une

importance capitale. Cette dernière est à la base

du rendement final du partenariat, puisqu’elle

donne la responsabilité et la légitimité de

satisfaire les partenaires et, plus généralement,

les intervenantslxi. La création d’une structure de

gouvernance solide qui répond aux divers

besoins des partenaires est un défi constant pour

les PPP. Les communications présentent aussi

certaines difficultés. Le succès de tous les

partenariats dépend de la qualité des

communications internes et externes, mais les

PPP ont des défis exceptionnels à surmonter à

cet égard, en raison de la collaboration

d’intervenants variés, des différences culturelles

au travail, de la distance géographique et de

l’importance de la réputation de ceux qui en font

partie.

La quatrième difficulté que nous avons observée

concerne la façon dont l'information est gérée

dans le secteur public et dans le secteur privé.

Les entreprises comptent sur la confidentialité

pour protéger leurs atouts contre la concurrence

(p. ex., leurs secrets commerciaux) et la

confidentialité stratégique est un aspect essentiel

de la capacité d'une entreprise à défendre sa

25

Page 26: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

propriété intellectuelle brevetable. À l'opposé,

les organisations du secteur public considèrent

souvent le partage des connaissances comme un

élément central de leur travail. Non seulement la

publication de l’information fait partie des

incitatifs à la recherche de nombreuses

organisations publiques, mais il s’agit aussi

souvent d’un droit protégé par leurs politiques

institutionnelles.

Finalement, il faut porter une attention toute

particulière aux droits de propriété intellectuelle

(DPI). À l’intérieur des secteurs public et privé,

les DPI entraînent des questions éthiques,

juridiques, idéologiques et économiques

complexes et les partenaires ont souvent des

points de vue très différents en la matière, qui

concernent bien plus que la façon d’utiliser ces

droits dans le cadre du partenariat. En outre, la

génomique végétale se trouve au croisement des

questions sur lesquelles les secteurs public et

privé ont des opinions différentes, notamment en

ce qui concerne les débats éthiques sur le

« brevetage du vivant », les débats judiciaires

sur la brevetabilité des gènes, les discussions sur

la création et la gérance des biens publics ainsi

que les points de vue variés sur les problèmes

« non communs » et la propriété des outils de

recherche. Idéalement, la stratégie de DPI d’un

PPP visant à améliorer la sécurité alimentaire

devrait être conçue de manière à avoir un

maximum de répercussions sur le plus grand

nombre de petits exploitants possible, tout en

tenant compte des motivations et des contraintes

associées à l’organisation dont font partie les

partenaires. En pratique, toutefois, les questions

liées aux DPI peuvent retarder ou faire dérailler

l'établissement de partenariats et mettre en

évidence les différences de cultures et de

politiques institutionnelles.

Les difficultés mentionnées dans cet article

(culture, gouvernance, communications, gestion

de l’information et DPI) ne sont pas les seules

que doivent surmonter les PPP en agriculture

(référence du commentaire 12). Même si la

compréhension des motivations et des

contraintes des praticiens, des bailleurs de fonds

et des responsables des politiques en ce qui

concerne l’établissement de PPP en agriculture

revêt une grande importance, ces questions

tendent à ne pas être suffisamment étudiéeslxii.

Conclusions de la recherche

Dans le cadre de cette recherche, nous avons mis

l’accent sur les partenariats public-privé en

génomique végétale visant à améliorer la

sécurité alimentaire. Nos conclusions

témoignent d’un secteur en évolution perpétuelle

à tous les égards, dont un qui mérite une analyse

plus approfondie. En conclusion, voici donc un

résumé des conclusions de notre recherche.

1.5 Séquençage génomique

Au cours des dix dernières années, on a assisté à

une évolution plus rapide que jamais des progrès

technologiques permettant le séquençage

génomique à haut rendement de nombreuses

26

Page 27: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

plantes cultivées importantes pour la sécurité

alimentaire. Le coût du séquençage a

brusquement diminué au cours des

trois dernières années, ce qui a entraîné

l’adoption de stratégies novatrices d’études

intraspécifiques et interspécifiques. En raison de

l’envergure et de la viabilité financière de ces

stratégies, le séquençage de 1 000 espèces

végétales et populations génotypiques est

maintenant une réalité qui transforme le milieu

de la recherche. Le séquençage des génomes des

espèces végétales orphelines principales, qui

sont des aliments de base importants en Afrique,

est en cours (tableau 1).

La dynamique de collaboration est elle aussi en

cours de transformation. Lors des premières

étapes du décodage du génome du riz, la

collaboration était essentielle compte tenu des

contraintes techniques et de la portée du projet.

Aujourd’hui, toutefois, des contrats ou des

ententes bilatérales de prestation de services à

haut rendement de seconde génération avec des

établissements de génomique, par exemple avec

le BGI, vont à l’encontre de la nécessité d’établir

de vastes partenariats multilatéraux pour récolter

des données de séquençage. De plus, des

technologies de troisième génération seront

bientôt offerteslxiii moyennant des coûts en

capital qui risquent d’être abordables pour de

nombreux services de recherche, qui pourraient

ainsi produire des données de séquençage de

façon autonome. Pour les chercheurs en

génomique dont l’objectif est d’améliorer les

cultures pour les petits exploitants agricoles des

pays en développement, les difficultés à

surmonter relèvent maintenant de la bio-

informatique, de l’analyse informatique et de la

gestion des données.

Des quantités énormes de données sont

produites aussi bien par le secteur public que par

le secteur privé. De nouvelles séquences

génomiques sont publiées tous les mois. Dans la

plupart des cas, ces accomplissements résultent

de la collaboration de parties qui se permettent

d’accéder librement à leurs données, à leurs

échantillons ou à leur équipement, sans toutefois

que des données communes soient générées dans

le cadre d’un véritable partenariat public-privé.

Une de nos principales conclusions est qu'il n'est

pas nécessaire d’établir de nouveaux PPP pour le

séquençage génomique des plantes importantes

dans les pays en développement. Les

motivations à cet égard sont insuffisantes aussi

bien dans le secteur public que dans le secteur

privé.

1.6 Amélioration des capacités en génomique Pendant la révolution du séquençage génomique,

le secteur privé a systématiquement investi dans

les sciences en « omique » et dans les

technologies d’amélioration génétique afin de

répondre à des impératifs financiers axés sur les

résultats, à savoir la commercialisation de

variétés dans les principaux marchés. Ces

investissements incluaient notamment

l’évaluation et la caractérisation du meilleur

27

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germoplasme des cultures vivrières et

fourragères et des biocarburants principaux, et

ce, en établissant leurs marqueurs génétiques et

leur carte génomique et en utilisant

conjointement les meilleures méthodes de

sélection génétique conventionnelle et

moléculaire. On s’est particulièrement efforcé de

définir le processus de modulation génétique des

caractéristiques utiles complexes (comme la

tolérance à la sécheresse, le rendement et les

réactions aux stress biotiques) afin de

comprendre le rendement des allèles d’un

endroit à l’autre et les effets des interactions

environnementales.

L’objectif était d'arriver à élaborer des modèles

prédictifs d’amélioration génétique et de

sélection pour le croisement de souches

parentales qui produiraient des variétés à haut

rendement afin d'obtenir un avantage

concurrentiel grâce à une utilisation efficace des

ressources et des fonds et à des délais de mises

en marché réduits. Pour ce faire, il a fallu se

pencher sur l’expression génétique et le

phénotypage de ces souches dans divers

emplacements commerciaux importants et

s’assurer d’avoir une connaissance approfondie

de leurs géniteurs exclusifs.

Les semenciers ont aussi mis l’accent sur la

nécessité d’utiliser les méthodes les plus

efficaces non seulement pour produire de grands

ensembles de données, mais aussi pour les

stocker, les récupérer, les interpréter et s’assurer

de leur fiabilité. Ils ont donc dû se servir

d’ordinateurs puissants, créer des politiques sur

les normes de qualité et la reproductibilité des

données, optimiser les procédures d’exploitation

normalisées et utiliser des outils bio-

informatiques.

Au cours de la même période, la recherche

effectuée par le secteur public dans les pays en

développement (sauf en Inde et en Chine) sur les

cultures vivrières, en particulier sur les

« cultures orphelines », a été marquée par un

sous-investissement. Par conséquent, tous les

efforts et toute l’énergie déployés visaient à

prendre part à la révolution de la génomique et à

produire des données à l’aide des nouvelles

technologies. On a donc accordé beaucoup

moins d’attention à l’établissement de normes

relatives aux données de recherche et à

l’ensemble des activités requises pour créer une

politique scientifique de gestion des données.

Ces éléments ont été abordés de façon beaucoup

plus désordonnée, souvent en fonction de

l’expérience et de l’expertise de chaque

chercheur. En ce qui concerne la sélection

prédictive grâce à la génomique, le secteur

public y a également accordé une attention

grandement inférieure à celle que lui a accordé

le secteur privé. L’intégration d’approches de

sélection moléculaire aux méthodes

traditionnelles ainsi que l’utilisation d’autres

données génomiques ont également constitué un

défi, puisqu’elles ont obligé de nombreux

phytogénéticiens à abandonner leur rôle de

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Page 29: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

leader pour se joindre à une équipe

multifonctionnelle.

1.7 PPP et transformation des programmes de

recherche en génomique visant à aider les petits

exploitants agricoles

Pour que la génomique ait un véritable effet sur

les petits exploitants agricoles des pays en

développement, le programme de recherche ne

doit plus avoir l’objectif pur et simple de générer

des données sur les séquences, mais plutôt

d'utiliser les nouveaux gènes découverts et de

comprendre les facteurs moléculaires des

variations du génotype et du phénotype et de

s’en servir. L’identification des marqueurs

moléculaires, la sélection génomique et

l’établissement de modèles prédictifs pour les

cultures principales permettront aux

programmes de sélection moléculaire d’obtenir

des résultats plus rapidement. Une étude

approfondie est requise pour déterminer si le

secteur public et le secteur privé disposent de

suffisamment d'éléments motivateurs pour

conclure des partenariats à cette fin. Les motifs

d'une possible collaboration comprennent la

possibilité, pour le secteur public, d’avoir accès

à de nouvelles technologies aussi bien qu’à

l’expérience et à l’expertise du secteur privé en

matière de gestion de données, d'établissement

de politiques et d'application de normes sur les

données, de connaissance de l'origine de la

documentation et des données, d'annotation et de

validation des génomes, d’approches bio-

informatiques, de génotypage à haut rendement

et d’intégration de données phénotypiques dans

des modèles de sélection prédictifs. Quant aux

motivations possibles du secteur privé,

mentionnons l’accès à une grande diversité de

possibilités en matière de climat et de stress

abiotiques pour l'analyse des génotypes sur le

terrain ainsi qu’à des données climatiques et

environnementaleslxiv. Les chercheurs pourraient

ainsi améliorer et éprouver davantage leurs

modèles de sélection prédictifs et leurs

processus de sélection de souches parentales

pour des zones écoclimatiques précises,

notamment dans les secteurs d’activité actuels,

et ce, tout particulièrement en raison des

changements climatiques prévus pour les

dix prochaines années. Il pourrait aussi en

découler des occasions de croissance pour de

nouvelles entreprises.

Ces éléments motivateurs doivent être présents

pour que les éventuels nouveaux PPP en

génomique atteignent leurs objectifs de sécurité

alimentaire et viennent en aide aux petits

exploitants agricoles et pour que des partenariats

soient créés entre des parties des secteurs public

et privé. Mais, pour que les PPP en agriculture

aient finalement un effet sur la sécurité

alimentaire et permettent aux plus démunis

d’accéder plus facilement à des plants améliorés,

nous avons encore beaucoup à apprendre en ce

qui concerne les processus de gestion et de

gouvernance des partenariats, la gestion des

normes culturelleslxv, les moyens de

communication, les exigences de confidentialité

29

Page 30: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

et les conditions relatives à la propriété des

inventions et aux droits de propriété

intellectuelle. L'ensemble de ces informations

sont des éléments d’apprentissage essentiels à la

réussite de tout nouveau PPP en génomique.

Remerciements Le Centre de recherches pour le développement

international (CRDI) a fait appel à GADT pour

la rédaction de ce rapport de recherche. Nous

tenons aussi à remercier les scientifiques

spécialisés et les directeurs de recherche qui ont

pris part au processus d'entrevue et à la Syngenta

Foundation for Sustainable Agriculture pour ses

connaissances scientifiques et ses conseils.

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Annexe 1 – Liste des spécialistes interrogés

Nom Entrevue Poste ou rôle Organisation

Lawrence Kent 9 décembre 2011 Développement agricole, Administrateur de programme principal

Fondation Bill et Melinda Gates

Claude Fauquet

26 septembre 2011 Coprésident, partenariat mondial sur le manioc Directeur, International Laboratory for Tropical Agricultural Biotechnology (ILTAB)

Donald Danforth Plant Science Centre

Kevin Pixley

14 novembre 2011 Directeur, programme sur les ressources génétiques Responsable du maïs, programme Harvest Plus

CIMMYT, Mexique

Alan B. Bennett 15 novembre 2012 Directeur général Professeur, Université de la Californie, Davis

PIPRA

Homer Caton 27 avril 2012 Responsable, programme sur la génétique et la sélection moléculaire du maïs

Syngenta, SBI, Caroline du Nord

Jean-Marcel Ribaut 23 avril 2012 Directeur général Generation Challenge Programme, Mexique

Erik Legg 8 mai 2012 Chef de groupe, Omics/génomique fonctionnelle

Syngenta, Slater, Iowa

Stephen Goff 15 mai 2012 Chef de projet et chercheur principal – iPlant

Université de l’Arizona

Mathew Reynolds 13 juillet 2012 Responsable de la physiologie du blé

CIMMYT, Mexique

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Annexe 2 – Liste des génomes végétaux publiés dans les revues scientifiques à comité de lecture

Nom de la plante

Nom latin Type de culture Revue Année Date Source en ligne

Arabette Arabidopsis thaliana Modèle Nature 2000 14 décembre http://dx.doi.org/10.1038/35048692 Riz Oryza sativa L. ssp. japonica Vivrière Science 2002 5 avril http://dx.doi.org/10.1126/science.1

068275 Riz Oryza sativa L. ssp. indica Vivrière Science 2002 5 avril http://dx.doi.org/10.1126/science.1

068037 Peuplier Populus trichocarpa Industrielle Science 2006 15 septembre http://dx.doi.org/10.1126/science.1

128691 Raisin Vitis vinifera Vivrière Nature 2007 27 septembre http://dx.doi.org/10.1038/nature061

48 Mousse Physcomitrella patens Thallophyte ancienne à petit génome Science 2008 4 janvier http://dx.doi.org/10.1126/science.1

150646 Papaye Carica papaya Vivrière Nature 2008 24 avril http://dx.doi.org/10.1038/nature068

56 Lotus Lotus japonicus Modèle de fixation de l’azote DNA Research 2008 28 mai http://dx.doi.org/10.1093/dnares/ds

n008 Sorgho Sorghum bicolor Vivrière

Fourragère Nature 2009 28 janvier http://dx.doi.org/10.1038/nature077

23

Concombre Cucumis sativus Vivrière Nature Genetics 2009 1er novembre http://dx.doi.org/10.1038/ng.475 Maïs Zea mays Vivrière

Fourragère

Science 2009 20 novembre http://dx.doi.org/10.1126/science.1178534

Soya Glycine max Vivrière Nature 2010 14 janvier DOI : 10.1038/nature08670 Brachy Brachypodium distachyon Graminée monocotylédone modèle Nature 2010 11 février http://dx.doi.org/10.1038/nature087

47 Pomme Malus domestica Vivrière Nature Genetics 2010 3 août http://dx.doi.org/10.1038/ng.654 Ricin Ricinus communis Vivrière, industrielle Nature

Biotechnology 2010 22 août http://dx.doi.org/10.1038/nbt.1674

Jatropha Jatropha curcas Oléagineuse DNA Research 2010 13 décembre 10.1093/dnares/dsq030 Fraise Fragaria vesca Vivrière Nature Genetics 2010 26 décembre http://dx.doi.org/10.1038/ng.740 Cacao (chocolat)

Theobroma cacao Vivrière Nature Genetics 2010 26 décembre http://dx.doi.org/10.1038/ng.736

Arabidopsis lyrata

Arabidopsis lyrata Modèle Nature Genetics 2011 10 avril http://dx.doi.org/10.1038/ng.807

Dattier Phoenix dactylifera Vivrière, oléagineuse Nature 2011 29 mai http://dx.doi.org/10.1038/nbt.1860

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Biotechnology Sélaginelle Selaginella moellendorffii Thallophyte ancienne à petit génome Science 2011 20 mai http://dx.doi.org/10.1126/science.1

203810 Pomme de terre

Solanum tuberosum Vivrière, industrielle Nature 2011 14 juillet http://dx.doi.org/10.1038/nature10158

Thellungiella parvula

Thellungiella parvula Plante modèle tolérant les stress abiotiques, comme le sel et le froid

Nature Genetics 2011 7 août http://dx.doi.org/10.1038/ng.889

Divers Brassica rapa Vivrière, oléagineuse Nature Genetics 2011 28 août http://dx.doi.org/10.1038/ng.919 Cannabis Cannabis sativa Textile, médicinale Genome Biology 2011 20 octobre http://dx.doi.org/10.1186/gb-2011-

12-10-r102 Pois cajan Cajanus cajan Vivrière Nature

Biotechnology 2011 6 novembre http://dx.doi.org/10.1038/nbt.2022

Luzerne Medicago truncatula Légume modèle Formation de nodules et fixation de l’azote

Nature 2011 22 décembre DOI : 10.1038/nature10625

Gourgane Pois

Vicia faba Pisum sativum

Vivrière et fourragère BMC Genomics 2012 20 mars DOI : 10.1186/1471-2164-13-104 www.biomedcentral.com/1471-2164/13/104

Millet des oiseaux

Setaria italica Vivrière Nature Biotechnology

2012 13 mai http://dx.doi.org/10.1038/nbt.2196

Tomate Solanum lycopersicum

Solanum pimpinellifolium Nature 2012 30 mai http://www.nature.com/nature/jour

nal/v485/n7400/full/nature11119.html.

33

Page 34: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

i Nwanze, Kanayo F. (2011). Président du Fonds international de développement agricole, "Viewpoint: Smallholders can Feed the World”.

ii Mardis, Elaine R. (2011). “A decade’s perspective on DNA sequencing technology”, Nature, 470, 198-203 (10 février 2011). DOI : 10.1038/nature09796.

Publié en ligne le 9 février 2011.

iii The Arabidopsis Genome Initiative (2000). “Analysis of the genome sequence of the flowering plant Arabidopsis thaliana”, Nature, 408 (6814), 796-815. DOI : 10.1038/35048692.

iv Kumar, S., C.K. Singh et R. Bandopadhyay (2011). “Wheat genome sequence: challenges and success”, Current science, 100, 455- 457.

v Cinq principales cultures en 2010, tonnage produit (FAOSTAT, 2012).

vi http://www.plantbiology.ucr.edu/faculty/close.html

vii Il existe plusieurs espèces de millet. L’espèce indiquée est le millet des oiseaux (Setaria italica).

x Sukhjiwan, K., L.W. Pembleton, N.O. Cogan , K.W. Savin , T. Leonforte, J. Paull, M. Materne et J.W. Forster (2012). “Transcriptome sequencing of field pea and faba bean for discovery and

validation of SSR genetic markers”, BMC Genomics, 13, 104.

xi http://peargenome.njau.edu.cn:8004/default.asp?d=7&m=1

xiihttp://www.bayercropscience.com/bcsweb/cropprotection.nsf/id/8AAD8BA3537C1DDBC125764A002DE77C

xiii National Human Genome Research Institute. www.genome.gov/sequencingcosts

xiv J. Cao et coll. (2011). “Whole-genome sequencing of multiple Arabidopsis thaliana populations.” Nature Genetics, 43 (10), 956-965.

xv http://1001genomes.org/accessions.html

xvi Hamilton, J.P. et C.R. Buell (2012). “Advances in plant genome sequencing”. The Plant Journal. 70, 177-90.

xvii Cochrane, G., C.E. Cook et E. Birney (2012). “The future of DNA sequence archiving”, GigaScience Journal Preview. www.ebi.ac.uk/ena/sites/ebi.ac.uk.ena/files/documents/cochrane_140212.pdf

xviii Edwards, D. et J. Batley (2009). “Plant genome sequencing: application for crop improvement”, Plant Biotechnology Journal, 8, 2- 9.

xix http://www.iplantcollaborative.org/challenge

xx www.generationcp.org/ibp, www.generationcp.org/UserFiles2/File/Comms-docs/PA/GCP-iPlant_press-release.pdf

34

Page 35: Génomique végétale : partenariats public- EN/Genomics_fi… · Génomique végétale : partenariats public-privé visant à assurer la sécurité alimentaire mondiale . Sara +Boettiger,

xxi Mochida, K. et K. Shinozaki (2011). “Advances in omics and bioinformatics tools for systems analysis of plant functions”, Plant Cell Physiology, 52 (12), 2017-2038.

xxii Morrell, P.L., E.S. Buckler et J. Ross-Ibarra (2012). “Crop genomics: advances and applications”, Nature Reviews Genetics, 13, 85-96.

xxiii Xu, Yunbi and Jonathan H. Crouch (2008). “Genomics of Tropical Maize, a Staple Food and Feed across the World”, dans Moore, P.H. et R. Ming (dir.), Genomics of Tropical Crop Plants, Springer. xxiv Rudi, N., G.W. Norton, J. Alwang et G. Asumugha (2010). “Economic impact analysis of marker assisted breeding for resistance to pests and post-harvest deterioration in Cassava”, African Journal

of Agricultural Resource Economics, 4, 110-122.

xxv Alpuerto, V.E.B. et coll. (2009). “Economic impact analysis of marker-assisted breeding for tolerance to salinity and phosphorous deficiency in rice”, Journal of Applied Economic Perspectives and

Policy, 31 (4), 779-792.

xxvi Morrell, P.L., E.S. Buckler et J. Ross-Ibarra (2012). “Crop genomics: advances and applications”, Nature Reviews Genetics, 13, 85-96.

xxvii www.plantphenomics.org.au

xxviii Entrevue individuelle, Mathew Reynolds, 13 juillet 2012. xxix Mongi, H. et coll. (2010). “Vulnerability and adaptation of rain fed agriculture to climate change and variability in semi-arid Tanzania”, African Journal of Environmental Science and Technolog,

4(6), 371-381.

xxx Deikman, J., M. Petracek et J.E. Heard (2012). “Drought tolerance through biotechnology: improving translation from the laboratory to farmers fields”, Current Opinion in Biotechnology, 23(2), 243-

250.

xxxi http://consortium.cgiar.org/cassava-genome-sequencing/, http://www.eurekalert.org/pub_releases/2011-12/bs-bac120511.php

xxxii http://www.generationcp.org/pr_new_genomic_resources_maize. [consulté le 29 février 2012]

xxxiii www.monsanto.co.uk/news/technology_cooperation/crop.html

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lvi Idem.

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lxiv Discussion dans le cadre de l’entrevue avec Steve Goff, directeur, iPlant.

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