GIORDANO BRUNO

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GIORDANO BRUNO LE SOUPER DES CENDRES Laurent Vacher REVUE DE PRESSE © Christophe Raynaud de Lage

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GIORDANO BRUNOLE SOUPER DES CENDRES

Laurent Vacher

REVUE DE PRESSE

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SOMMAIRE

Presse écrite> LE CANARD ENCHAÎNÉ, 30 décembre 2020...........................p.04> L’OURS, janvier 2021....................................................................p.05

Web> TOUTE LA CULTURE, 6 juillet 2020.........................................p.07> HOTTELLO, 15 décembre 2020...................................................p.08> LE THÉÂTRE DU BLOG, 24 décembre 2020.............................p.12> SNES-FSU, 6 janvier 2021.............................................................p.14

Entretiens> TOUTE LA CULTURE, 11 novembre 2020................................p.17> L’ASTRONOMIE, décembre 2020...............................................p.20

Annonces> SCENEWEB, 1er août 2020.........................................................p.23> I/O GAZETTE, octobre 2020.......................................................p.25> TRANSFUGE MAGAZINE, 1er novembre 2020.........................p.26> CIEL ET ESPACE, novembre 2020...............................................p.27

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« Le Canard enchaîné » – mercredi 30 décembre 2020 – 7

COMMENT BIEN DÉBATTRE À SIX

Ah, les chiffres débiles ! Pas ques-tion de seize excitants, il faut moinsde sept, sacré Castex, pour banqueterdans une fête, profiter de grossesdindes du Gard ou tirer les Rois sansavanies avec les deux reines. On adroit à quelques deux veinards, deuxtontons avides de conquêtes, une tanteaffable et rien que des bûches mornes.

.LECTEURS : « Macron a eu la Covid

après des rappeurs, et Brigitte a dû at-tendre minuit pour avoir une dî-nette. » – « Evitez les prés de Mâcon. » –« Ce gus aime les potes. » – « Ce pêcheurse tâte. » – « On s’emballe dans lescures. » – « A l’Opéra, on met les balletssous cloche. » – « Ce cocu a le Covid. » –« Ne salez pas les gâteaux ! »

.LECTEURS : « M. Castex manque

de sous. » LU : « Parme inspectée. » –« Ici, on soigne les pandores ayant lagale, les cerfs, les ovins et les coconspleins de vide. » – « Butin : prise depoisson et thon sentant l’érable. » –« Photo de Quito floue. » – « Crèche cou-verte de flotte. » – « Ici panneaux enmorse. »

LE BREXIT, C’EST RÉGLÉ

Y connaît pas Raoul !L A PHOTO noir et blanc

est saisissante. Deuxhommes, assis sur des

paniers d’osier. L’un d’eux a leregard sévère. Mains jointessur le ventre, nœud papillon àpois, engoncé dans une vesteet un gilet de laine, il a jeté unlourd manteau sur ses épaules.Ses vêtements en désordreont  le drapé des sculptures antiques.

Le second est niché contre lepremier, en confiance, la têteposée sur son épaule. Noussommes en 1947, dans un stu-dio de cinéma. Ces hommessont des acteurs. Ils portentleurs costumes de scène et sedétendent, entre deux prisesdu film « Quai des Orfèvres »,d’Henri-Georges Clouzot.

Le sévère, c’est Louis Jouvet.Qui pour imaginer quelqu’unse réfugier sur l’épaule de Jou-vet ? Personne. Mais ce gaminde 31 ans, blotti contre le coudu grand artiste, s’appelle Ber-nard Blier. Et seul BernardBlier avait le droit à un telabandon.

La première fois que Jouveta remarqué Blier, il l’a sifflé.En 1935, au théâtre de l’Athé-née, les élèves du grand acteurfont leurs gammes. Jouvet neleur fait travailler que Molière.Il se méfie des écritures nou-velles, des metteurs en scènede son temps. Pour lui aussi,seule compte la diction. « Tun’es pas Tartuffe, balance-t-ilau débutant, n’interprète pasMolière, contente-toi de dire cequ’il a écrit. »

Ce jour-là, son regard sepose sur un comédien de19 ans qu’il ne connaît pas.Jouvet le siffle. « Comment tut’appelles, toi, mon vieux gars ?– Bernard Blier, lui répondl’autre. – Tu donnes la réplique,là, ou tu passes une scène ? »Le jeune rougit. Jouer unescène ? Non. Il ne faisait querépondre au texte d’un autre.Mais il rêve de théâtre depuisqu’il a vu Pierre Fresnay sur

scène. A 15 ans, il a abîmé« Les Fourberies de Scapin » àLa Ciotat, hué par le public.Plus tard, il a interprété douzerôles dans « Spartacus ». Dé-buts difficiles. Mais voilàque Louis Jouvet l’observe,et décide de le prendre danssa classe.

C’est là, à la lumière dumaître, apprenant de Molièrele phrasé, l’humour et la gra-vité, que le jeune Blier entreen scène. Le théâtre est savie. Il fait aussi un peu de ci-néma. « Pour le pognon », dit-il. Après avoir brûlé lesplanches, il crève l’écran. Faceà Arletty dans «  Hôtel duNord » ou à Gabin dans « Lejour se lève », il comprend quel’émotion peut aussi impres-sionner la pellicule.

Soldat prisonnier en 1940,évadé avec les papiers d’unmort – « évadé, c’est un grandmot. Disons que j’ai réussi à metirer » –, Blier est très « occupé »jusqu’en 1944. A l’ombred’Harry Baur ou de Jean-LouisBarrault, il incarne de solidesseconds rôles. Et retrouve Jou-vet au « Quai des Orfèvres ».

Bientôt, des films serontmontés sur le seul nom deBlier. Blier, c’est MonsieurTout-le-Monde. Le mari jaloux,le chauffeur de taxi, le truand,le brave type, le barbouze, lesalaud inquiétant. Au bal descocus, il était danseur étoile,mais tout aussi immense sousla perruque poudrée d’un petitmarquis.

Blier, c’était une voix, unegueule, un regard culte. Unautre nom pour « cinéma fran-çais ». Devenu Tonton flingueur– « Faut r’connaître, c’est dubrutal » –, il offrit à Raoul Vol-foni d’articuler chaque motcomme l’aurait fait le Scapinde sa jeunesse. En 180 films et34 pièces de théâtre, il a dy -namité, dispersé et ventiléavec la puissance de feu d’uncroiseur.

Sorj Chalandon. « Bernard Blier, façon puzzle »,

de Christophe Duchiron et Jean-Philippe Guerand, le 27/12 à 17 h 35sur France 5.

Benoît Payan

Un caïman dans le Vieux-PortLe nouveau maire socialiste de Marseille n’a pas été élu sur son nom :

il a seulement su attendre son heure.

I LS S’EMBRASSENT,belle accolade, chère Mi-chèle, cher Benoît, quel

émouvant passage de témoin.Tout l’hémicycle municipal estdebout, ce 21 décembre, on ap-plaudit. La démissionnairetente maladroitement d’accro-cher l’écharpe tricolore surl’épaule de son premier ad-joint, le socialiste BenoîtPayan, qui prend sa place.Une fois, deux fois, elle recom-mence encore. Finalement,c’est lui qui, d’un geste sûr,parvient à ceindre seull’écharpe. Merci, Michèle, c’estgentil d’avoir essayé, laissefaire les pros maintenant.

Allez, on déroule le plancom’ en béton armé. Payan,42 ans, notaire, happé trèsjeune par la politique, au PSdepuis plusieurs décennies,chef de file de l’opposition àGaudin, prend la parole. Ilparle égalité, injustices, am-pleur des défis à relever, Mar-seille appartient pour toujoursà ceux qui y vivent, c’est beaucomme l’antique.

Sa marraine en politique,la  socialiste Marie-Arlette Carlotti, secrétaire d’Etat sous Ayrault et dont tout le mondea oublié le nom, vient en ren-fort : « Quand il est arrivé auPS, il n’attendait rien, il vou-lait juste lutter contre les in-justices. » Devant les caméras,

l’édile prend de l’assurance :« Devenir maire de Marseille,ce n’est pas vraiment ce quim’anime. Ce qui m’intéresse,ce sont les gens, ma ville. Pasma carrière. Il faut sortir deces schémas, qui sont dépas-sés. » Dans tout Marseille, onrit sous cape. Gonflé, le nou-veau maire. « Payan est unbosseur, mais c’est un vrai po-liticard à l’ancienne, depuisdix-huit ans dans le systèmesocialiste marseillais, un purapparatchik, même s’il a fina-lement pris ses distances avecGuerini. Dire qu’il n’y pensaitpas jour et nuit, il fallaitoser ! » rigole un écolo.

Rubirola a fait ses adieuxsix jours plus tôt d’une voixmal assurée, comme souvent.Soulagée, meurtrie aussi. Elueen raison de ses différences,des doutes qui l’envahissentet qu’elle n’a jamais cachés, deson engagement de médecinaux côtés des plus humblesdans les quartiers nord deMarseille, Rubirola a vécu sonsacre comme un calvaire.« Elle ne pensait pas gagner,n’était pas taillée pour le rôle,elle était dépassée, sans cesse

au bord des larmes », balan-cent charitablement les socia-listes marseillais. L’histoireest-elle si simple ?

A la mi-juillet, alors qu’elleest en poste depuis trois mois,Rubirola tente de s’émanciperde la tutelle de Payan, avec le-quel elle travaille depuis 2015.Par l’entremise de Cécile Du-flot, elle dîne discrètementavec François Lamy, anciendéputé socialiste, ancien mi-nistre et ex-collaborateurd’Aubry à Lille. Le courantpasse, Lamy a de la bouteille,propose un catalogue de me-sures et une équipe de colla-borateurs expérimentés, cedont Rubirola manque cruel-lement. La ville part à vau-l’eau, la dette est colossale,l’expertise technique n’est plusqu’un lointain souvenir. Parcorrection, elle appelle Payanpour l’informer de sa décision,lequel ne moufte pas.

Le lendemain matin, à8 heures, on sonne à la portede son domicile. C’est Payan,matinal comme toujours, flan-qué d’Olivia Fortin, la qua-trième adjointe, et de Jean-Marc Coppola, conseillermunicipal communiste et ani-mateur du Printemps mar-seillais, ce collectif de partis et

d’associations qui l’a portée aupouvoir. Les trois font part deleur opposition catégorique àl’arrivée de Lamy. Rubirolacède, elle ne pourra pas recru-ter ses plus proches collabora-teurs, l’inféodation est ressen-tie par tous. «  Il a été trèsdifficile d’organiser un rendez-vous avec Mme Rubirola,confie un conseiller régionalLR. Il a fallu attendre no-vembre, car cela devait toujoursse tenir en présence de BenoîtPayan, mais c’est pourtant avecelle, et avec elle seule, que Re-naud Muselier voulait parler. »

Rubirola démissionnaire, iln’y avait plus que Payan. Il atout vu de la dérive des socia-listes, il s’est modérément re-bellé contre Gaudin, pourtantconsidéré comme le fossoyeurde la ville. Le jour du dernierconseil municipal de l’ancienmaire, il a rendu hommage à« un des derniers monumentsde la politique française » etsalué son « engagement ». « Bi-beronné au système mar-seillais, il pourra peut-être dis-cuter avec FO, qui cogérait lamunicipalité avec Gaudin, évi-ter la mise sous tutelle de laville, négocier avec la métro-pole, le département, la régionet gérer les multiples chapellesdu Printemps marseillais, quile soutient à fond pour l’ins-tant », espère un écolo mar-seillais. Il a du métier. En2005, il apparaît dans un petitfilm, appelant au changementd’air, souhaitant « bousculerles caciques ». Avant de sage-ment rentrer dans le rang.

Le jour de la passation despouvoirs à la mairie, des ob-servateurs avisés ont remar-qué que le nom de Michèle Ru-birola n’était toujours pasgravé sur le mur, huit moisaprès son élection, alors qu’ony voyait ceux de ses prédéces-seurs. En revanche, l’inscrip-tion « Benoît Payan » ne de-vrait guère tarder.

Anne-Sophie Mercier

VACCINATION LANCÉE EN EHPAD : DES RÉTICENCES

Un rôlesur démesure

FO et usagede FO

Répété sur tous les tonsLe Conseil d’Etat confirme la fermeture des théâtres,

les comédiens, eux, ne la ferment pas.. «  Le Souper des cen -dres ». A la Reine-Blanche, àParis, le metteur en scène Lau-rent Vacher présente, devantune poignée de professionnels,son spectacle relatant les der-niers jours de Giordano Bruno.Le prêtre italien défroqué, phi-losophe à contre-courant del’Eglise et précurseur de New-ton, a été brûlé vif à Rome le16 février 1600. Sur le plateau,aussi sobre qu’une cellule deprison, Benoît Di Marco. Il in-carne celui qui osa dire que laTerre et le Soleil ne sont pasau centre de l’univers et quecelui-ci est infini. Il s’emporte,s’énerve, persiste dans sesconvictions, refuse de se rétrac-ter. Bref, un puissant plaidoyerpour la science. Le tout ponc-tué des belles interventions ducontrebassiste Clément Lan-dais. Le spectacle, qui devaitse jouer deux mois (du 5 no-vembre au 16 janvier), est re-porté d’un an. Même lieu,mêmes dates.

. « La diversité est-elle unevariable d’ajustement pourun nouveau langage théâ-tral non genré, multiple etunitaire ? » Titre joliment pé-dantesque pour une vraie-

fausse rencontre sur la diver-sité, jouée à huis clos aux Pla-teaux sauvages, à Paris (repor-tée à mai 2021). Amine Adjina,Gustave Akakpo et Métie Na-vajo l’ont imaginée. Ils jouentleur propre rôle.

Point de départ  : un juryd’« experts de la profession » lesa désignés « parmi tous les au-teurs et autrices susceptiblesde représenter la diversité en

France  ». Ce représentant,à  nous de l’élire parmi cestrois  finalistes. Il « aura lalourde tâche de mettre en placeles outils nécessaires à une transformation radicale dupaysage culturel français ».Ambitieux programme ! S’en-suivent le discours des candi-dats, le vote et le dépouille-ment des bulletins.

Les protagonistes détour-nent les codes, s’envoient desflèches, jouent avec nos at-

tentes, parlent du rapport àleurs origines. Métie Navajoest une Française née d’unpère indien de Madagascar etd’une mère américaine. AmineAdjina, un Français aux pa-rents algériens. Gustave DoréYao Kétémépi GbohouléssouGbagbé Léonidas AdjigninouAkakpo (sic), un Togolais quivit en exil à Paris. Ils nous in-terrogent sur l’héritage, latransmission, la conquête del’égalité, la France d’aujour-d’hui. Lumineux.

. « The One Dollar Story ».A l’annonce du confinement,le metteur en scène RolandAuzet et le Théâtre Prosperon’ont pas voulu remettre à2022 la préparation du spec-tacle qui devait se jouer en jan-vier. En décembre, l’équipe atravaillé « à la table » avec lacomédienne Sophie Desma-rais. Laquelle porte un mono-logue écrit par Fabrice Mel-quiot. L’histoire, dans lesannées 60-70, d’une jeunefemme dont le père adoptif dé-voile un secret sur ses parentsbiologiques. Et qui part à la re-cherche de ceux qui les ontconnus… Paris, 22 décembre,16 heures. Tel un réalisateur

de télé, Auzet est installé à sonbureau, les trois caméras s’af-fichent sur son ordi. Son microest allumé. Celui des sept tech-niciens et de l’actrice, aussi. Etc’est parti pour trois heures derépétition. « Attention, ils par-lent québécois ! » rigole Auzet.

Sur le plateau, un décor debrasserie abandonnée, avecchaises dans un coin et frigoau fond. La séance porte surl’utilisation de la vidéo dansdeux séquences. Dans la pre-mière, l’héroïne se remémoreune scène de sexe avec un an-cien amant. L’actrice se filmeavec un smartphone. Imagesen gros sur les murs. Très at-tentif, Auzet intervient peu, lalaisse essayer plusieurs anglesde vue. Le visage entier, justela bouche.

Dans la seconde séquence,un long extrait de film expéri-mental est projeté sur toute lasurface des murs. Une vidéoquasi abstraite passant du noirau blanc. Vu sur un ordi, c’esttrès beau. A Montréal, tous seplaignent. L’intensité lumi-neuse des images leur est in-supportable. « Et encore, ilsn’ont pas la musique  !  » semarre Auzet.

Mathieu Perez

VACCINATION : LES FRANÇAIS RÉTICENTS

. À CANAL PLUS, Vincent « Su-percatho » Bolloré, bien peu mi-séricordieux, licencie le 24 dé-cembre. Stéphane Guy, unvétéran du service des sports,vient d’en faire l’expérience,quinze jours après son camaradeSébastien Thoen. Pour mémoire,Thoen avait été viré, lui, pour uncrime de lèse-majesté : une pa-rodie de Pascal Praud. Mais lachaîne, gênée aux entournures,avait invoqué un autre motifbidon : Thoen avait osé « s’affi-cher », à cette occasion, avec Ju-lien Cazarre, humoriste qui cri-tiquerait régulièrement Canal(c’est arrivé une fois). Dans lecas de Stéphane Guy, le limo-geage est encore plus ubuesque :il lui est reproché d’avoir « sou-tenu » à l’antenne… le viré Sé-bastien Thoen. Vous suivez tou-jours ?

Moralité, on attend le prochainlicenciement épatant de Canal :celui qui ose dire bonjour à celuiqui a soutenu celui qui s’est af-fiché avec Julien Cazarre… a degros soucis à se faire !

. DANS UN TRACT intitulé« Christian Estrosi, photographede “Nice-Matin” » (26/12), leSyndicat des journalistes (SNJ)du quotidien pousse une gueu-lante. Motif : sur une doublepage de photos sur la grêle etla neige tombées à Noël, les lec-teurs ont eu droit à trois clichésprovenant de la page Facebookd’Estrosi. « N’est-ce pas symp-tomatique d’un mauvais mé-lange des genres de plus en plusvisible dans nos pages ? Quelleindépendance afficher aprèsça ? » s’étrangle le SNJ.

Vu les pages de pub de la villeet de la métropole qu’Estrosiachète dans « Nice-Matin », laquestion de l’indépendance étaitdéjà un peu réglée…

. LA DÉPUTÉE CENTRISTE (ex-LRM) Frédérique Dumas avaitquestionné Roselyne Bachelot à l’Assemblée sur les volumesanormaux de programmes com-mandés par France Télés augroupe Banijay de StéphaneCourbit (dont le fameux contrat2017-2020 à 100 millions d’eu-ros signé en loucedé avec la fi-liale Air Productions, dirigée parNagui). Le 6 novembre, des tré-molos dans la voix, Bachelotavait lancé à Frédérique Dumas :« Je m’engage devant la repré-sentation nationale à vous don-ner tous les éléments néces-saires. » Près de deux mois plustard, l’engagée Bachelot s’estendormie sur le dossier, si bienque Dumas a saisi BrunoLe Maire. Dans un courrier du17 décembre, la députée de-mande au ministre de l’Economiede diligenter une enquête del’Inspection générale des fi-nances sur les liaisons amou-reuses entre Banijay etFrance Télés, s’étonnant que lecontrôleur général de Bercy, quisiège au conseil d’administrationdu groupe public, n’ait « jamaisalerté sa hiérarchie ».

Il devait, comme souvent, êtretrop occupé à applaudir sa sainegestion !

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FRANCE MÉTROPOLITAINE1 AN

POUR LES AUTRES PAYS

Ecran total

Salut les poteaux !Dans «  L’Indépendant  »(19/12) :

« La faune extraordinaire[rappelle] qu’à l’autre but dela planète c’est bien elle quirègne en maître. »

Les écolos marquent unpoint : « On tient le bon bout ! »

Ne vous emmêlez pas !Dans « L’Est républicain »(17/12) :

« A y regarder de plus près,ce site à taille humaine [est]sans promise cuité. »

Un rappel qui n’est pas vin :la promiscuité, c’est tassé pénible !

Chapon bas !Dans « Le Maine  libre  »(23/12), à propos du chaponde Noël :

« C’est un plat apprécié poursa chaire tendre. »

Ceux qui ne mangent pas dechair choisiront une tranchede sermon.

On s’en cogne pasDans « L’Yonne républi-caine » (21/12) :

« Un individu a été trouvé enpossession d’une batte de base-ball, d’un point américain. »

Transmis à l’académie mi-litaire de West Poing !

Festival Freestyle 2.0(Version Battle)

LE HIP-HOP étant surtoutfondé sur l’improvisation, lesorganisateurs d’un des fes -tivals majeurs consacrés àcette autre approche de ladanse ont improvisé, en fil-mant dans les conditions dudirect, des battles étonnantes :non pas des batailles, mais desjoutes étourdissantes où deuxéquipes de danseurs et dan-seuses de freestyle (qui laisseau danseur toute liberté demouvement) se défient et fontassaut d’agilité au rythme de

la house music. Adoptant avechumour des noms de circons-tance (les garçons de « Gelafro-alcoolique » face aux fillesde « Chloroquine », « TeamMask » contre « Couvre-Feu »,« Confinement » versus « HoldUp »), ces danseurs démon-trent que le freestyle a désor-mais toute sa place dans ladanse contemporaine. Hip-hophip hourra ! A. A.

. Revoir la vidéo sur le site in-ternet de La Villette.

Ramassé dans «  La Dé-pêche du Midi » (21/12) :

« Canon pointé vers le sol, ila chargé le sanglier dès qu’ill’a aperçu. »

Réaction du sanglier, trèssurpris : « Espèce d’ongulé ! »

Pan sur le bec�!Dans «  Le  Canard  » du

16  décembre, le Palmipèdecancanait sur l’interdiction sa-nitaire de donner à ses prochesune bise – pardon, une « baise »en belge. Fidèle abonné, Renéle Ch’ti, frontalier du royaumebelge, l’assure : « Le baiser localne se prononce pas “baize” mais“baisse”, en éludant le “e”(“eune baiss”, en chti). »

Aimé, de Namur, précise,quant à lui, que nos amisbelges ne vont pas « mordreleur chique » mais « mordre surleur chique », c’est-à-dire serrerles dents, garder courage. Lacoupable paiera sa tournée deMort subite dans un caber-douche (cabaret) bruxellois !

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11 novembre 2020

J’aimerais, pour commencer, savoir comment, sur le plan psychologique, vous vivez ce confinement ?

C’est un peu plus compliqué que le premier, parce qu’on sait ce que c’est qu’un confinement maintenant (rires) et puis ce confinement est un peu brouillé par le fait qu’une partie de l’activité demeure et que nous, qui sommes des gens en contact avec le public, nous retrouvons plus confinés que les autres.

Est-ce que vous parvenez tout de même à travailler, sous forme de répétition ou de résidence ?

Il y a deux choses : j’avais une première le 5 novembre, donc j’étais en répétition jusque-là. On est censé reprendre début décembre, mais tout cela est très hypothétique. Après, il y a l’annulation d’une création qui devait avoir lieu en février. C’est une création participative [Le Bal du bal], où je mélange professionnels et amateurs, qui n’aura pas lieu. Et là, je repars en résidence, parce qu’un théâtre me propose de venir faire un temps de travail sur une prochaine création. En même temps, la création a lieu dans un an, donc c’est vraiment plus un premier temps de travail qu’un temps de répétition.

De quoi s’agit-il exactement ?

Ça s’appelle Soudain, chutes et envols. C’est une création que j’ai commandée à Marie Dilasser, très librement inspirée des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, avec trois jeunes actrices. C’était un très beau texte, très poétique et en même temps très pertinent. C’est un texte qui s’adresse plus particulièrement aux collégiens et aux lycéens : c’est un peu une initiation à la philosophie de l’art d’aimer.

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C’est-à-dire que vous avez l’idée de travailler, soit sous forme d’ateliers, soit sous forme de programmation dans des établissements scolaires, avec l’Éducation natio-nale ?

Oui, il y a des actions de prévues avec des collégiens sur cette question : qu’est-ce que l’amour ? On devait aussi travailler avec des personnes âgées dans des EHPAD, donc on va voir comment faire ça par internet, avec Skype ou autre. Le spectacle lui-même est prévu pour pouvoir être joué dans des établissements scolaires ou des endroits qui ne soient pas des théâtres. En même temps, la création a lieu dans un an et, d’ici là, il peut se passer beaucoup de choses.

Et votre création participative a été annulée parce que vous ne pouvez pas répéter à la fois avec des professionnels et des amateurs ou pour d’autres raisons ?

Oui, c’est ça. C’est un projet qui a déjà été reporté parce que, au départ, il devait être créé en mai dernier. Les amateurs sont des gens qui se mettent totalement en confiance par rapport à nous. Or, aujourd’hui, il y a quand même une espèce de défiance autour de la question de la maladie. Le reporter encore une fois, je trouvais que ça accélérait encore ce phénomène de crainte et de méfiance. Du coup, avec le théâtre partenaire, La Machinerie – Homécourt, on a préféré l’annuler et on s’est dit qu’on repartirait totalement à zéro sur ce projet en 2023. C’est loin mais, en même temps, on se dit que, comme ça, il y a des chances pour qu’on soit sorti complètement de cette histoire de virus.

Le prétexte, c’était de raconter une histoire de l’accordéon. Je suis en Lorraine, où l’accordéon a une présence très très forte du fait des bals. Et donc, j’imaginais ce que serait un bal aujourd’hui, en sachant que les bals, à une certaine époque, c’était aussi un lieu de parole : on parlait de la façon dont ça se passait d’une usine à l’autre, éventuellement de sexualité ou d’avortement à une époque où c’était interdit. La question, c’est de quoi parlerait-on aujourd’hui dans un bal ? Quelles seraient les problématiques de notre société ? Donc, j’écrivais beaucoup en parlant avec les gens autour d’un orchestre d’accordéons. Mais, pour tout ça, j’avais besoin d’une grande confiance, d’autant plus que les gens s’attrapaient, s’enlaçaient… Avec les distances, aujourd’hui, ça devenait compliqué et puis, après un premier report, il fallait annuler.

Pour en revenir à Giordano Bruno, Le Souper des cendres qui devait être créé le 5 novembre ; avez-vous des perspectives ?

On joue à Lille [au Théâtre universitaire] en février. Après, on avait des perspectives pour reprendre le spectacle l’année prochaine. On comptait beaucoup sur cette exploitation à la Reine blanche pour pouvoir montrer ce spectacle et pour le diffuser par la suite. Et puis, on ne sait pas encore très bien comment les directeurs de théâtre vont pouvoir jongler avec tous les reports.

Avez-vous l’hypothèse d’une reprogrammation à la Reine blanche ?

Oui, on devait jouer jusqu’en janvier. Donc, si la vie reprenait normalement, on reprendrait de toute façon ce qui était prévu. Si on ne peut faire aucune représentation cette année, on reporterait l’opération l’année prochaine, ce qui est très bien de la part de la Reine blanche. Après, je sais que aussi ils sont dans un véritable casse-tête de spectacles qu’ils avaient déjà reportés, donc je ne sais pas trop comment ils vont organiser tout ça, mais ils nous ont écrit formellement que ce qui ne serait pas fait cette année serait organisé l’année prochaine

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Pour en revenir à ce texte, pouvez-vous nous parler de votre intérêt pour Giordano Bruno ?

C’est la deuxième fois que je fais une programmation sur ce philosophe. J’avais fait en 2002 une création qui s’appelait Giordano Bruno Des Signes des temps, qui racontait plus l’errance européenne de Giordano Bruno puisqu’il a dû très vite fuir l’Italie parcourir l’Europe en se faisant à chaque fois persécuté par tout le monde, pour revenir finalement en Italie où il a eu un procès face à l’Inquisition qui le condamnera à mort en février 1600. Le théâtre de la Reine blanche avait voulu que je retravaille sur ce spectacle-là et, moi, je leur ai proposé d’en faire un autre, à partir de ce livre absolument incroyable que Bruno a écrit qui s’appelle Le Souper des cendres. C’est sa première affirmation selon laquelle on vit dans un système infini. Alors, aujourd’hui, ça paraît facile à comprendre, mais en se replaçant dans son dans le contexte de son époque, ça paraît beaucoup plus complexe. Ce qui m’avait fasciné, c’est que, lors de son procès, à plusieurs moments, les juges lui ont proposé d’abjurer ; Bruno va refuser et, ne voulant rien lâcher, il comprend petit à petit qu’il sera condamné à mort. C’est cette espèce d’esprit de résistance que certaines personnes peuvent avoir qui m’a fasciné, comme Mandela ou des résistants. C’était un procès violent : à l’époque, il était tout à fait commun et normal de torturer les gens. J’ai repris des traces de son procès et j’ai surtout fait un gros travail d’adaptation du Souper des cendres et un gros travail aussi sur la musique. J’ai demandé une composition à deux contrebassistes. Je trouvais que, avec le son bas, grave et en même temps très délicat qu’a la contrebasse, on pouvait facilement imaginer une musique des astres.

Pouvez-vous à présent évoquer le travail de mise en scène à proprement parler ?

J’ai voulu un travail extrêmement dépouillé au niveau du plateau, c’est-à-dire que je ne cherche pas à faire une reconstitution historique, mais que, ce qui m’intéresse dans le discours de Bruno, c’est sa modernité. Quand il affirme la multiplicité des mondes, il est exactement là où on en est dans la recherche astronomique aujourd’hui. Ce que je voulais faire, c’était de ne laisser à l’acteur quasiment rien sur scène, pas d’objet, pas d’accessoire (il a juste un billot où il peut venir s’asseoir) et qu’on soit vraiment dans une pensée. On raconte comment une pensée se construit.

Et à propos de la création prochaine sur Barthes qu’est-ce qui vous a intéressé dans les Fragments d’un discours amoureux ?

Je trouve ces Fragments très drôles. Quand on s’est lancé dans le processus d’adaptation du texte on a transformé les Fragments en question en allant voir des enfants, des adolescents ou des personnes âgées. On les a questionnés sur ce qu’est l’amour et c’est suite à tout ce travail-là que Marie Dilasser a écrit le texte. Et puis, dans l’argumentaire de Barthes, il est beaucoup question de Werther, mais on n’entend jamais l’avis de Charlotte. Alors, avec Marie, on s’est dit qu’il serait intéressant d’avoir un point de vue un peu plus féminin. C’est pour ça qu’on a choisi trois actrices, pour imaginer ce que pourrait répondre Charlotte !

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CULTURE | Patrick BARADEAU

Laurent Vacher, l’auteur et metteuren scène du spectacle, présente lesprincipales idées de GiordanoBruno que ce dernier a exposéesdans Le Banquet des cendres, livre

composé de cinq grands dialogues philo-sophiques dans lequel il développe sesconceptions cosmologiques du monde.

C’est une pensée révolutionnaire pourl’époque. S’inspirant des travaux de Nico-las Copernic (1473-1543), GiordanoBruno va plus loin et développe la théoriede l'héliocentrisme tout en déduisant demanière purement philosophique l’exis-tence d'unUnivers infini, sans centre nilimites, en perpétuelle évolution et com-

posé d'une quantité innombrable d'objetset d’astres semblables à notre monde.

Giordano Bruno rompt ainsi définitive-ment avec le dogme des Églises de sontemps qui défendent, y compris par la vio-lence, les thèses géocentriques d'Aristoteet de Ptolémée : pour elles, la Terre est im-mobile, elle est le centre du monde. Ex-communié par l'Église catholique maisaussi par les calvinistes et les luthériens, ilest finalement déclaré hérétique impéni-tent au vu d'au moins quatorze chefs d'ac-cusation, parmi lesquels figurent sesconceptions cosmologiques. Bruno refuse,après huit ans de procès, de se soumettreaux dogmes et au fanatisme religieux. Ilsera finalement condamné et brûlé vif àRome sur le bûcher de l'Inquisition le17février 1600 au Campo de’ Fiori.

Par la véritable révolution philoso-phique qu’il opère dans la pensée occi-dentale, Giordano Bruno aura ouvert lavoie aux découvertes de Galilée (1564-1642). Il est le lien vers une penséescientifique moderne inaugurée par cedernier. Face à l’intolérance de l’Église età ses persécutions, il prône la liberté depensée de l’individu face aux confor-mismes et à l’autorité religieuse.

Avec Giordano Bruno, le spectacle quenous offre Laurent Vacher est non seule-ment une leçon de vie et un exempled’une pensée libre et éclairée, mais éga-lement un plaidoyer contre l’intolérancereligieuse et l’obscurantisme, deux su-jets d’une actualité malheureusementbrûlante. �

1. Programmé initialement prévu du 5 novembre2020 au 16 janvier 2021. Avec Benoît Di Marcoet Philippe Thibault en alternance avec ClémentLandais (contrebasse). Théâtre de la ReineBlanche, 2bis passage Ruelle, Paris 18e. Il serabon de se renseigner au préalable des dates ethoraires auprès du théâtre en fonction desdirectives sanitaires gouvernementales.

vol.134 | 144 | 6464 L’ASTRONOMIE – Décembre 2020

GIORDANO BRUNO,LE SOUPER DES CENDRESUn plaidoyer contre l’intolérance et l’obscurantisme

À Paris, le théâtre de la Reine Blanche va présenter unnouveau spectacle1 : Giordano Bruno, le Souper des cendres, deLaurent Vacher. Une occasion de faire découvrir ou redécouvrirau public la vie et la pensée de Giordano Bruno (1548-1600),victime de l’intolérance religieuse pour les conceptionsphilosophiques et scientifiques iconoclastes qu’il émet à la findu seizième siècle, en pleines guerres de Religion.

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l’Astronomie: Vous êtes fasciné parGiordano Bruno depuis le début desannées 2000. Pourquoi?L. Vacher : L'aventure du premierspectacle sur Giordano Buno acommencé en 2000 par ma rencontreavec Paul Felenbok, astrophysicien quiprenait sa retraite. (Il se trouve que c’estle père de mon administratrice à laCompagnie du Bredin!) Il me fait alorsvisiter l'observatoire de Nice [OCA-observatoire de la Côte d’Azur] et ilsouhaite, avec le directeur de l’époque,organiser des animations auprès dupublic au pavillon qui abrite laméridienne et à la grande coupole, quiétaient un peu endormis. Il me parlealors de Giordano Bruno comme étantincontournable dans l’histoire del’astronomie. C’est incroyable que parune géniale intuition, dès la fin duseizième siècle, il affirme qu’« unnombre infini de soleils existent, unnombre infini de terres tournent autourde ces soleils… » Et son œuvre venaitjustement d'être retraduite et éditée parLes Belles Lettres. Nous sommes alorsà la date anniversaire de sacondamnation à mort en 1600.

À la lecture de ces écrits magnifiques,je suis très vite passionné par cepersonnage. Je découvre sa vieincroyable, son errance, ses luttes et sespassions. Sa belle écriture est à la foispoétique, truculente et forte. Sa penséeest plus celle d'un philosophe que d’unscientifique et il pose des questionsfondamentales qui sont celles de notreplace et de celle de Dieu dans l’Univers.Étudiant formé chez les Dominicains, ilfait un travail de révolution sur lui-même et c’est cela qui me passionne, lechemin de la pensée de cet homme qui,jusqu’à sa mort, reste fidèle à sesconvictions alors qu’elles remettent encause les dogmes de l’époque.C’est donc en 2002 que je crée « Dessignes des temps », un spectacle dedéambulation pour ces lieuxmagnifiques de l’observatoire de Niceet qui m’était inspiré par ladéambulation de Bruno à traversl’Europe. On va le jouer par la suite plusde deux cents fois en France,notamment à l’Observatoire de Paris.

Pourquoi un nouveauspectacle en 2020?À la suite du succès du premierspectacle, j'ai continué à lire sur la viede Giordano Bruno et je suis entré plusavant dans ses textes et sa pensée. LeThéâtre de la Reine Blanche qui avaitentendu parler du premier spectaclem’a contacté et nous avons décidé detravailler sur un nouveau spectacle.Cette fois-ci, j’ai voulu raconter l’histoirede Bruno par la fin, comme son ultimecombat, dans sa cellule à la veille de sonexécution par l’Inquisition. J’ai établi letexte de ma pièce à partir du Banquetdes cendres et des minutes de sonprocès.

Quel est le thème principaldu Souper des cendres ?En mettant en jeu les dernières heuresde son procès, j’ai voulu que l’acteur

incarne, non pas la personne deGiordano Bruno, mais qu’il soitl’archéologue de sa pensée. Malgréhuit ans de procès, une vie passée aucachot, les tortures et l’Inquisition, ilrefuse d’abjurer.Jusqu’à la fin, il ne transige pas etcontinue à porter sa pensée, qui est saraison de vivre. Il choisit de la faire vivrequitte à en mourir. C’est cette penséequi est toujours en mouvement qui metouche le plus. Bruno disait : « Moi, jecherche le chemin de la vérité. » Sontalent poétique nous entraîne à sa suitedans l'imaginaire qui repousse toutesles limites. Dont celles de l’Univers.

Qu’avez-vous voulu montrer?

Dans le spectacle, Bruno prépare sonultime discours sur l'infini qu’il exposedans toute la puissance de sonraisonnement devant le tribunal del’Inquisition. Il sait que son choix de serebeller contre l'institution religieuse etsa résistance vont lui valoir lacondamnation à mort pour hérésie. Maissa vérité est pour lui essentielle et il netransige pas. J’ai voulu montrercombien Giordano Bruno est trèsmoderne. C'est un philosophe rebellequi se heurte aux croyances établies. Ilest érudit, mais son langage estpoétique et philosophique. Il nousemporte et nous concerne tous.

Vous présentez votre spectaclecomme un « plaidoyer contrel’intolérance et l’obscurantisme ».N’est-il pas d’une extrême actualité?Ses œuvres peuvent être drôles,émouvantes et elles sont toujourspassionnantes. Il vit au moment desguerres de Religion dans un monde oùla religion est d'une violence dogmatiqueextrême, mais il lui échappe et refuse derentrer dans le rang. Je veux par cespectacle que sa pensée inspire nosrêves de révolte et d’insoumission. Ceque je veux traduire ici, c'est le momentde sa pensée philosophique, poétique,qui ne renonce jamais devant l’autoritéreligieuse. Ce qui fera dire à des gensqui ont vu ce premier spectacle : « Cetype est génial, c'est une rockstar! »

Propos recueillispar Patrick Baradeau

Décembre 2020 – L’ASTRONOMIE 65vol.134 | 144 | 65

La statue de Giordano Bruno par Ettore Ferrari, éri-gée en1889 sur le Campo de’ Fiori, à Rome sur le lieuoù il fut brûlé vif par l’Inquisition, le 1er février 1600.

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Entretien avec Laurent Vacherauteur et metteur en scène

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Giordano met le feu aux planchesAu théâtre de la Reine blanche, le metteur en scène Laurent Vacher vous plonge dans la vie de Giordano Bruno, frère dominicain et philosophe italien du XVIème siècle. En pleine crise du égocentrisme impulsée par Copernic en 1543, Giordano Bruno est accusé d’athéisme et d’hérésie tandis qu’il adhère à l’héliocentrique, ainsi qu’à l’idée d’une infinité de soleils autour desquels tourne une infinité de Terre. Un spectacle intitulé « Giordano Bruno, le souper des cendres » réalisé à partir des textes de Bruno et des minutes du procès qui l’amènera… au bûcher.

Paris 18ème (75) - du 5 novembre 2020 au 16 janvier 2021

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