Geffray C.,Editors, ,Le Nom du maître (1997) Arcanes,Paris 211.

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Notes de lecture 213 la physiologie animale au XVII~ siecle (Vesale, Fallope, Colombo, Eustache, Malpighi, Cordemoy, etc.). Nous pourrons dans cette revue nous interesser parti- culierement a Babinski, dont les remarques sur l’hysterie montrent a quel point la simulation et la mythomanie sont indiscernables, et done indissociables des manifestations hysteriques : Babinski s’est ainsi montre particulierement poin- tilleux sur le partage des signes cliniques, car pour lui <t le subjectif recouvre I’objectif )b. La deuxieme partie Porte sur la preoccupation medicale essentielle : soigner. La aussi, l’histoire des therapeutiques est interrogee sous tous ses angles par F. Dagognet : les decouragements du Dr Itard devant I’enfant de l’Aveyron, la (c cure d’air H de l’epoque romantique pour les maladies pulmonaires, surtout en Allemagne, la vaccination avec en Allemagne Klebs et Loeffler, et en France Pasteur, Roux, Yersin. La troisieme partie, celle qui souleve les plus lourdes questions pour les professionnels de la Sante, leur raison d’etre et leur engagement, n’occupe qu’une trentaine de pages. Dommage ! Leur abord est d’ailleurs d’une louable prudence : la relation patient-malade, par definition desequilibree entre celui qui sait et celui qui a besoin, les traitements inegalement rembourses, les <( conflits H de devoirs d’un medecin lie par le secret medical et soignant un assassin, bref tout ce qui lie I’acte medical a la societe, ses lois, ses modes morales. Un des textes les plus interessants reproduit, sous le titre << Prescrire >p, I’intervention de I’auteur aux journees de 1’Association francaise de psychiatric (la date manque : comme pour les autres textes, c’est la une grave erreur de l’auteur qui s’edite lui-meme). << Era- diquer les racines d’une n&rose.. ., on met alors a nu la pire des situations : non plus un fonds pathologique, mais une sorte de sterilisation, un existentiel eteint, aseptid, avec une note demissionnaire >j. Ce livre merite une lecture attentive, exhaustive et critique, car il suscite, malgre ses prudences et ses manques, un grand inter&t ; surtout, il stimule la reflexion morale toujours indispensable chez les praticiens, les hommes de terrain confront& li des choix difficiles et inevitables. D. Casalis 1 Geffray C. Le Nom du m&e. Paris : Arcanes ; 1997.211 p. Le Nom du maitre est I’ouvrage d’un anthropologue qui a travail16 sur la parent6 et la guerre civile en Afrique australe, sur les Amerindiens, la servitude pater- naliste et le grand commerce de la coca’ine en Amazonie. L’auteur propose ici d’expliquer en quoi la psychanalyse peut interesser les sociologues et les anthro- pologues. Le livre relate comment l’interprbtation des faits sociaux a requis,

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Notes de lecture 213

la physiologie animale au XVII~ siecle (Vesale, Fallope, Colombo, Eustache, Malpighi, Cordemoy, etc.). Nous pourrons dans cette revue nous interesser parti- culierement a Babinski, dont les remarques sur l’hysterie montrent a quel point la simulation et la mythomanie sont indiscernables, et done indissociables des manifestations hysteriques : Babinski s’est ainsi montre particulierement poin- tilleux sur le partage des signes cliniques, car pour lui <t le subjectif recouvre I’objectif )b.

La deuxieme partie Porte sur la preoccupation medicale essentielle : soigner. La aussi, l’histoire des therapeutiques est interrogee sous tous ses angles par F. Dagognet : les decouragements du Dr Itard devant I’enfant de l’Aveyron, la (c cure d’air H de l’epoque romantique pour les maladies pulmonaires, surtout en Allemagne, la vaccination avec en Allemagne Klebs et Loeffler, et en France Pasteur, Roux, Yersin.

La troisieme partie, celle qui souleve les plus lourdes questions pour les professionnels de la Sante, leur raison d’etre et leur engagement, n’occupe qu’une trentaine de pages. Dommage ! Leur abord est d’ailleurs d’une louable prudence : la relation patient-malade, par definition desequilibree entre celui qui sait et celui qui a besoin, les traitements inegalement rembourses, les <( conflits H de devoirs d’un medecin lie par le secret medical et soignant un assassin, bref tout ce qui lie I’acte medical a la societe, ses lois, ses modes morales. Un des textes les plus interessants reproduit, sous le titre << Prescrire >p, I’intervention de I’auteur aux journees de 1’Association francaise de psychiatric (la date manque : comme pour les autres textes, c’est la une grave erreur de l’auteur qui s’edite lui-meme). << Era- diquer les racines d’une n&rose.. ., on met alors a nu la pire des situations : non plus un fonds pathologique, mais une sorte de sterilisation, un existentiel eteint, aseptid, avec une note demissionnaire >j.

Ce livre merite une lecture attentive, exhaustive et critique, car il suscite, malgre ses prudences et ses manques, un grand inter&t ; surtout, il stimule la reflexion morale toujours indispensable chez les praticiens, les hommes de terrain confront& li des choix difficiles et inevitables.

D. Casalis

1 Geffray C. Le Nom du m&e. Paris : Arcanes ; 1997.211 p.

Le Nom du maitre est I’ouvrage d’un anthropologue qui a travail16 sur la parent6 et la guerre civile en Afrique australe, sur les Amerindiens, la servitude pater- naliste et le grand commerce de la coca’ine en Amazonie. L’auteur propose ici d’expliquer en quoi la psychanalyse peut interesser les sociologues et les anthro- pologues. Le livre relate comment l’interprbtation des faits sociaux a requis,

214 Notes de lecture

presque a l’insu de l’auteur, l’usage de categories Ctrangeres aux etudes de la vie sociale. Ayant admis que la portee des theories freudiennes de l’identification va au-dela de l’experience clinique, il s’agit d’etablir a quelles conditions peut se construire un discours scientifique sur la vie sociale qui les integre, tout en main- tenant clairement l’autonomie de son objet. Un ouvrage passionnant, a la portee de tous les curieux.

M.S.

.lJ, Guettier B, Cd. Institutions et groupes d’enfants. Ramonville- ne : l&s ; 1997.174 p.

Ce livre est compose d’un ensemble de textes Cmanant d’exposb faits lors d’un congres de psychotherapie de groupes d’enfants. 11 comprend trois parties : l’institution comme groupe therapeutique, le groupe dans l’institution et les groupes de sensibilisation. La premiere partie nous demontre qu’un groupe en soi peut Ctre therapeutique. Roger Mises vante les merites des centres d’accueil therapeutique a temps partiel (CATIT) pour les pathologies limites de l’enfance, comme prcli- minaire possible a un traitement. Mais cela fait-i1 une orientation nouvelle pour le traitement de la psychose ? Une autre intervention veut demontrer que la capacite de reverie institutionnelle est primordiale. En deuxieme partie, on trouve des temoignages d’experiences de groupes variees avec des parents, des adolescents.. . Enfin, les formateurs nous livrent leurs emois et leurs r&es qui seraient a analyser peut-etre ailleurs que dans cette jouissance groupale : tous f&es ?

A. Riabi

. Une soci& sans p&e, ni mari : les Na de Chine. Paris : Presses universitaires de France, ~011. N Ethnologie >> ; 1997. 318 p.

Cai Hua, disciple et doctorant de Claude Levi-Strauss, voit sa these publiee en France. Cette these peut apparaitre au profane comme un contre-exemple des theses freudiennes portant sur l’universalite du complexe cedipien. Ce contre- exemple, c’est entendu, ne peut etre recu de nos jours comme il le fut au temps des bouillantes et ma1 connues controverses nouees entre G. Roheim et B. Malinowski - a vrai dire, je ne sais si la mise a l’epreuve de ce genre de these captive grand monde aujourd’hui.. . 11 semblerait que referer la triangulation cedipienne a une configuration sociologique ou ethnologique precise - caracte- risee par la presence d’un homme a la maison - soit un contresens, dont une