Gazette de Yoshi - nov/dec 2012

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La Gazette de Yoshi Nov-Déc 2012 www.karate-leers.fr dans ce numéro Le dernier numéro de la Gazette de Yoshi vous a surtout proposé des comptes-rendus de stage pour vous inciter à sortir du club pour vous former et progresser par vous- même. Pour ce numéro de fin d’année, nous vous proposons une nouvelle thématique autour de l’enseignement. Question de forme ou question de fond ? Le choix des mots n’est pas neutre. En fonc- tion des circonstances et des situations, nous désignons l’acte d’enseigner par « ins- truire », « éduquer », « former » ou encore « enseigner ». Si les mots ont un sens (et tant que nous n’en sommes pas encore à la Novlangue de Georges Orwell), en choisir un plutôt qu’un autre ne relève pas simple- ment du dictionnaire des synonymes. Au fond du fond Les enseignants qui assurent des cours au club sont tous titulaires du Diplôme d’Ins- tructeur Fédéral. « Instructeur », pas « Edu- cateur » ni « professeur ». Ils sont formés pour « instruire », c’est-à-dire transmettre des techniques, un contenu lié à la pratique d’un sport ou d’une discipline martiale. Ils « instruisent » de façon bénévole. Celui ou celle qui souhaite enseigner contre rému- nération doit posséder un « Brevet d’Etat d’Educateur Sportif » (en cours de rem- placement par le DEJEPS). D’instructeur il devient éducateur, et au passage se trans- forme professionnel rémunéré. Mais y a-t- il un changement de fond quant à la façon d’enseigner ? Qu’est-ce qu’enseigner, instruire, éduquer etc. Cela signifie-t-il qu’éduquer relève d’un acte plus noble ou plus pointu (car profession- nel) qu’instruire ? S’agit-il « simplement » d’un changement d’époque à la manière du passage du ministère de l’instruction publique au ministère de l’éducation natio- nale ? Au-delà des mots cela change-t-il fondamentalement les méthodes d’ensei- gnement, la pédagogie ? Beaucoup de questions… que nous vous proposons de creuser à travers quelques réflexions de différents professeurs pour ce nouveau numéro de la Gazette de Yoshi ! Ce nouveau numéro est illustré avec les superbes photos d’un voyage au Japon de David Daoud, pratiquant dans le groupe « adultes » mais aussi avec de très belles prises de vue de Christophe Dillies. Les paysages sont donc de David et des photos en dojo de Christophe. Merci à eux ! Enseigner, instruire, éduquer, etc. par Fabrice Caudron et Nathalie Grenier La Gazette de Yoshi Nov-Déc 2012 Numéro 14 pages 2 - 3 Stage Nihon Tai Jitsu / Tai Jitsu pages 4 - 5 Body Karaté / Téléthon pages 6 - 7 Réflexions d’enseignants + La France Championne du Monde !

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LaGazettede Yoshi

Nov-Déc 2012

www.karate-leers.fr dans ce numéro

Le dernier numéro de la Gazette de Yoshi vous a surtout proposé des comptes-rendus de stage pour vous inciter à sortir du club pour vous former et progresser par vous-même.Pour ce numéro de fin d’année, nous vous proposons une nouvelle thématique autour de l’enseignement.

Question de forme ou question de fond ?

Le choix des mots n’est pas neutre. En fonc-tion des circonstances et des situations, nous désignons l’acte d’enseigner par « ins-truire », « éduquer », « former » ou encore « enseigner ». Si les mots ont un sens (et tant que nous n’en sommes pas encore à la Novlangue de Georges Orwell), en choisir un plutôt qu’un autre ne relève pas simple-ment du dictionnaire des synonymes.

Au fond du fond

Les enseignants qui assurent des cours au club sont tous titulaires du Diplôme d’Ins-tructeur Fédéral. « Instructeur », pas « Edu-cateur » ni « professeur ». Ils sont formés pour « instruire », c’est-à-dire transmettre des techniques, un contenu lié à la pratique d’un sport ou d’une discipline martiale. Ils « instruisent » de façon bénévole. Celui ou celle qui souhaite enseigner contre rému-

nération doit posséder un « Brevet d’Etat d’Educateur Sportif » (en cours de rem-placement par le DEJEPS). D’instructeur il devient éducateur, et au passage se trans-forme professionnel rémunéré. Mais y a-t-il un changement de fond quant à la façon d’enseigner ?

Qu’est-ce qu’enseigner, instruire, éduquer etc.

Cela signifie-t-il qu’éduquer relève d’un acte plus noble ou plus pointu (car profession-nel) qu’instruire ? S’agit-il « simplement » d’un changement d’époque à la manière du passage du ministère de l’instruction publique au ministère de l’éducation natio-nale ? Au-delà des mots cela change-t-il fondamentalement les méthodes d’ensei-gnement, la pédagogie ?Beaucoup de questions… que nous vous proposons de creuser à travers quelques réflexions de différents professeurs pour ce nouveau numéro de la Gazette de Yoshi !

Ce nouveau numéro est illustré avec les superbes photos d’un voyage au Japon de David

Daoud, pratiquant dans le groupe « adultes » mais aussi avec de très belles prises de vue de Christophe Dillies. Les paysages sont donc de

David et des photos en dojo de Christophe. Merci à eux !

Enseigner, instruire, éduquer, etc.par Fabrice Caudron et Nathalie Grenier

La Gazette de Yoshi Nov-Déc 2012 Numéro 14

pages 2 - 3Stage Nihon Tai Jitsu / Tai Jitsu

pages 4 - 5Body Karaté / Téléthon

pages 6 - 7Réflexions d’enseignants

+ La France Championne du Monde !

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Pour la première fois depuis de début des années 1980, les deux principales branches de notre art martial se sont réunies pour proposer un stage technique aux pratiquants : le Nihon Tai Jitsu et le Tai Jitsu.

Ce stage n’était qu’une première étape vers la voie d’un rapprochement plus poussé. De nouvelles décisions dans les prochains mois sont à prévoir !

Au lieu d’un compte-rendu classique, nous vous proposons un petit portfolio de très belles prises de vue réalisées par Christophe Dillies (vous en trou-verez d’autres sur www.tai-jitsu.net).

En tout cas les Leersois ont fièrement représenté leur club, nous étions 14 !

L’événement du 1er décembre 2012PORTOLIO

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«Body quoi» ?par Fabrice Caudron

Le Body Karaté est une discipline relati-vement récente lancée par la Fédération Française de Karaté dans le but de déve-lopper la pratique sportive féminine. Cette démarche répond à un projet politique plus large dans la mesure où la pratique sportive chez les femmes est trop peu répandue en comparaison des hommes ou des enfants. C’est d’ailleurs à ce titre que le club reçoit des subventions de la part du CNDS depuis plusieurs années. La FFKDA n’est pas la seule fédération a avoir initié ce type de discipline puisqu’on a vu émerger d’autres pratiques très proches comme le Body Fi-ghting ou l’Energy Fight.

Origines

Le Body Karaté est donc une méthode lan-cée en France par Catherine Belrhiti (une championne de Karaté et fille d’un grand nom de notre art martial) en 2002. C’est en 2010 que la section a été lancée à Leers dans le but, d’abord, de proposer une pra-tique sportive ouverte à tout(e)s et notam-ment aux mamans des enfants adhérents. Depuis lors le public s’est élargi.

Fondements pédagogiques

Sur quels principes pédagogiques reposent les cours de Body Karaté ? D’abord, les mouvements qui y sont pratiqués s’ins-pirent directement des techniques de Karaté : coups de poings, coups de pieds, blocages ou positions notamment. Dans la mesure où le but n’est pas de pratiquer le Karaté, qui suppose de s’entraîner directe-ment avec un partenaire, ce sont d’abord les techniques du kihon (mouvements exécu-tés seuls, dans le vide) et des katas (combat imaginaires, dans le vide également) qui alimentent le corpus du Body Karaté pour être mis en musique et sous forme choré-graphiée.

Ensuite, si l’on part du principe que les pratiquant(e)s viennent d’abord pour la dimension sportive, il faut mettre l’accent sur l’exercice physique : le travail cardio-respiratoire (dès que vous êtes un peu es-soufflé vous rentrez dans un travail de ce type) se conjugue à la musculation douce (sans poids supplémentaire porté par un membre) pour proposer un éventail de

mouvements qui mobilise – et rééquilibre – l’ensemble du corps.

Enfin, l’enseignant ajoute sa petite touche personnelle qui fait qu’un cours de Body Karaté dans un club ne ressemble pas com-plètement à ce qui peut se faire dans un autre club. Pour ma part, j’ai évolué en diminuant les sautillements par exemple. Surtout, j’ai intégré de plus en plus des techniques de gainage (statiques) et d’étirements inspirées du Yoga notamment (dont je suis un prati-quant) ; à partir du constat que les niveaux de pratique sont très hétérogènes mais que la base doit être commune : renforcer les « muscles profonds », c’est-à-dire ceux qui « maintiennent » le squelette afin d’amélio-rer la qualité posturale des pratiquant(e)s, qualité posturale elle-même facilitée par la pratique des étirements qui préservent un corps souple. Je privilégie la recherche d’un équilibre que j’ai moi-même eu du mal à trouver..

Difficultés de la pratique

La première difficulté que rencontre tout(e) pratiquant(e) de Body Karaté est probable-ment la moins évidente et c’est pourtant celle que l’on peut rencontrer dans n’im-porte quelle pratique sportive : le risque de se faire mal en essayant de se faire du bien…

Par exemple, exécuter un simple coup de poing met en dynamique l’ensemble du corps et mobilise des chaînes musculaires dont on n’a pas conscience au début. Ainsi le risque est-il de se concentrer sur le coup lui-même alors que son exécution mobilise aussi des muscles du dos et peut ainsi vous amener à creuser le bas du dos (au lieu de garder le bassin en rétroversion) ou à pen-cher le buste. Ce n’est qu’au bout de plu-sieurs mois d’entraînements qu’on s’aper-cevra des séquelles laissées par le manque d’attention porté à la qualité de l’exécution.

www.body-karate.com

Vous trouverez to

utes les

informations sur les sta

ges et les

compétitions en Body Karaté sur

le site officiel de la discipline !

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La deuxième difficulté porte plus sur la durabilité de la pratique. En Body Kara-té, il n’existe pas de système de ceinture pour acter de la progression de tel ou tel pratiquant(e), ni de soirées de gala pour mettre en scène les apprentissages et valoriser un travail collectif devant un public. On vient s’entraîner pour s’en-traîner, pour soi, pour rencontrer des personnes avec lesquelles on s’entend plus ou moins… mais pas dans un but précis et daté. Peut être est-ce d’ailleurs mieux ainsi.

Il existe probablement d’autres difficul-tés liées à la pratique du Body Karaté mais elles me semblent plus spécifiques à chaque pratiquant. Le rapport à la douleur provoquée par l’exercice phy-sique et l’inconfort relatif qui l’accom-pagne peut en faire partie par exemple. Je me contenterai d’évoquer simplement une troisième et dernière difficulté qui constitue peut-être le premier obstacle à la pratique d’un sport de ce type : le « regard social », directement lié au re-gard que l’on porte sur son propre corps. C’est d’ailleurs ce qui rend souvent très énervante la pratique sportive dans des clubs de fitness où l’on assiste à un défilé de personnes très attachées à l’image sociale qu’elles renvoient. C’est bien plus à un défilé de marques et de vêtements « fashion » que l’on assiste qu’à l’arrivée de pratiquant(e)s venus simplement transpirer ! Pas de prise de tête là-des-sus au club mais cela concerne bien sûr directement l’image intime que l’on se fait de nous-même !

Téléthon, dimanche 2 décembreGRAND COURS COLLECTIF

Le club a proposé un cours collectif de Karaté et de Body Karaté à l’’occasion de l’édition 2012 du Téléthon. Celui-ci s’est dé-roulé dimanche 2 décembre de 10h à 11h30 (salle Boileau) avec, au programme : des étirements (pour les runners venus nous rejoindre après 1 heure d’entraînement), du body karaté et une initiation à l’auto-défense avec l’apprentissage de techniques de base.

De nombreux participants,une bonne ambiance,un grand merci à vous !

Nathalie, notre présidente,en a profité pour remettreun don de 200 euros au nomde notre association.

Notre intervention s’inscrivaitdans un «fils rouge»d’événements organisés parles différentes sections du Leers Omnisports.

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Professeur, Senseï etc.par Jean-Pierre Dal, 4ème dan, ancien prof du club de Sailly sur la Lyset vainqueur d’une coupe de France de Taï-Jitsu

Avant toute chose, il convient de faire un peu d’étymologie :

SENSEI (Jap.) - Définition tirée de l’Encyclopédie des Arts Mar-tiaux de l’Extrême Orient (Ed. Amphora)

Professeur. Le terme, qui n’est pas réservé aux domaines des arts martiaux, désigne un enseignant, de manière générale, et a égale-ment le sens de « celui qui est né avant » qui le rapproche du sens de Sifu en chinois. On doit le respect au Sensei, qui par son expé-rience et sa volonté pédagogique, amène l’élève (Gakusei, Deshi, Ryusha) à progresser à travers son enseignement (Oshie). Au Dojo, le Sensei (aussi Shido-in) est une référence. Les termes de O-Sensei, ou Dai_Sensei (Grand professeur, Grand maître) sont réservés aux fondateurs d’écoles comme Kano Jigoro, Funakoshi Gichin ou Ueshiba Morihei et rejoignent le sens de Soke (fonda-teur d’un style).

PROFESSEUR - Définition tirée du Petit Larousse Illustré

Personne qui enseigne une matière, une discipline précise.De ces deux définitions, ce qui ressort avant tout c’est l’enseigne-ment et de par ce terme, j’entends la transmission d’un savoir. En Occident, une fois le diplôme d’enseignant passé dès le 1er dan pour la plupart des enseignants (Diplôme d’Instructeur Fédéral ou Brevet d’Etat), on prend le terme de Senseï. En Orient, il y a différentes étapes. En effet, dans la culture japonaise, il y a le sen-pai (ou sempai) qui est l’élève avancé et le kōhai qui est, quant à lui, le jeune élève. Le senpai a un rôle de tuteur auprès du kōhai, et il a un rôle de relais de l’enseignement du senseï, le professeur. En retour, le kōhai doit le respect au senpai. Deux élèves de même ancienneté, quant à eux, sont mutuellement dohai.

Ce titre est honorifique pour celui qui peut le comprendre. Le Senseï peut s’entendre chez nous dans sa philosophie martiale (celle que j’entends) dans le sens de celui qui transmet un savoir, des connaissances techniques. On ne peut l’entendre comme celui qui sait tout et qui peut tout. D’ailleurs, tous les bons pédagogues sont-ils d’excellents techniciens ? Non, je ne le pense pas mais ils doivent pouvoir faire passer un message, la façon de faire ou d’ouvrir la voie (philosophie du karaté). Le professeur doit pouvoir amener les Kõhai au rang de Senpai puis à celui de Senseï (dans le sens occidental du terme).

Qu’advient-il lorsqu’un élève lorsque ses grades sont plus élevés que ceux de son professeur ? Doit-il changer de club ou demander de prendre la place de son professeur ? Dure question. A l’heure d’aujourd’hui, mon professeur n’a pas désiré passer outre le grade de 1er dan, je suis 4ème dan mais je le considère toujours comme mon professeur, c’est celui-là qui m’appris, qui m’a ouvert la voie, cette voie que j’ai développée mais qui reste sur son chemin. Je n’ai pas souhaité devenir l’élève d’un autre professeur mais j’ai suivi et suis d’ailleurs d’autres stages dans d’autres disciplines et d’autres clubs mais mon premier professeur est dans ce sens mon Senseï.De même que la ceinture noire invulnérable mais loin d’être par-faite, le professeur (qui est lui aussi ceinture noire), a-t-il toujours

raison ? Non, il peut se tromper, c’est ce qui peut le faire progres-ser (s’il en a conscience) et progresser dans les dans. Il prend plus auprès de ses élèves que lui ne leur en apporte. Les erreurs de ses élèves sont les siennes amplifiées donc des défauts à corriger.

Le titre de senseï (professeur dans le sens maître) est différent pour moi de la conception orientale. Un senseï en Orient se donne le titre et sélectionne ses élèves. En Occident, ce titre est beaucoup plus valorisant s’il est donné par les élèves, preuve de retour du respect que le professeur leur donne. Laissons parler Nobuyoshi Tamura (8e dan d’aïkido) que l’on peut également appliquer pour un professeur à ses élèves et inversement :

« Si l’esprit de gratitude [d’un senpai] envers un kohai s’exprime par cette seule pensée « Merci, de m’avoir permis de bien travail-ler aujourd’hui », le kohai sera heureux [;] de même si [le kōhai] remercie le sempai de son enseignement, [celui-ci] sera content. […] Il est grotesque d’avoir à dire « Respectez-moi car je suis votre sempai » […]. Le respect envers le sempai ne doit pas être provo-qué, le kohai doit tout naturellement avoir envie de respecter le sempai. Le sempai, lui, prend soin du kohai car le kohai occupe la place qui est la sienne et mérite par là que l’on s’occupe de lui. »

« Avant de transmettre ce qu’il

sait, un enseignant trasmet ce

qu’il est...» Auteur inconnu

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Enseigner, chercher, progresser...par Fabrice Caudron

Il n’y a pas d’enseignement de qualité possible sans une recherche personnelle. Et il n’y a pas de recherche personnelle qui permet de progresser si on ne prend pas le temps d’enseigner ou de partager son expérience un minimum. C’est la conviction que je souhaite défendre ici.

Conditions pour enseigner

Pour enseigner en France, il faut être titulaire d’un diplôme d’en-seignement, qu’il soit fédéral (pour l’enseignement bénévole au sein d’une Fédération) ou d’Etat (dès lors qu’on souhaite en faire une activité professionnelle). Tout pratiquant titulaire d’une cein-ture noire peut passer des épreuves et se voir ainsi diplômé, c’est-à-dire apte à dispenser des cours, au regard d’exigence édictées par le Ministère des Sports.

Cette contrainte est très spécifiquement française. Dans la plupart des autres pays européens, l’enseignement des arts martiaux ne passe pas par l’obtention obligatoire de tel ou tel diplôme. C’est le cas aussi au Japon où c’est le « grade » (dan) qui permet au prati-quant de devenir instructeur. La tradition veut qu’on n’enseigne pas avant l’obtention du 4ème dan (voire 5ème dan), et encore l’enseignant doit-il se placer sous l’autorité d’un maître. En France, tout 1er dan peut enseigner s’il obtient un diplôme d’enseigne-ment. Les « traditionnalistes » trouvent cela très dommageable pour la qualité de la transmission d’un art martial.

Chercher pour enseigner

Pourquoi la « tradition » se « contente-t-elle » d’exiger de l’ensei-gnant un niveau technique sans lui imposerde se former à des méthodes d’enseignement ?

Exiger que l’enseignement d’un art martial soit assuré par un 4ème dan au minimum garantit en théorie un niveau technique quand le porteur d’un 1er dan n’en est qu’au stade d’une ceinture noire débutante. Mais le niveau technique ne suffit pas à expliquer ce choix de la tradition. Il existe de très bons techniciens porteurs du 1er ou 2ème dan.

Au-delà de la technique, l’enseignant (au sens de la tradition) ar-rivé à un certain degré d’apprentissage doit aussi s’autonomiser. C’est-à-dire interpréter la tradition à la lueur de son expérience personnelle. Après avoir passé de nombreuses années à repro-duire ce que les « anciens » lui ont légué, il arrive un moment où le pratiquant comprend le pourquoi de ce qu’il a appris (du moins en partie). C’est ainsi qu’après s’être soumis longuement à un corpus technique rigide, il peut progressivement s’en émanciper. Et c’est cette démarche d’émancipation qui lui donne le droit d’enseigner: il connaît le pourquoi de la rigidité de la tradition, le pourquoi de ce qui doit être transmis et peut porter un regard personnel… qui lui permet de se réapproprier la tradition pour la transformer, pour la rendre vivante. En d’autres termes, il connaît désormais le « pourquoi » de son enseignement et peut ainsi rendre plus vivante une pratique qui serait désincarnée s’il n’était qu’un répétiteur.

Tout cela est un peu théorique et correspond à un idéal-type. D’où l’obligation de chercher par soi-même pour comprendre. S’ouvrir à d’autres perspectives, d’autres disciplines, d’autres pratiques, et se mettre en danger en acceptant de remettre en cause son propre savoir. C’est là une démarche bien plus difficile qu’il n’y paraît.

Enseigner pour progresser.

S’offre donc au pratiquant la possibilité d’enseigner. Cet enseigne-ment peut prendre plusieurs formes : remplacement d’un profes-seur principal, ouverture d’un dojo, travail individualisé avec un nombre restreint de pratiquants, échanges avec des alter-ego, etc. La forme importe peu, c’est la démarche qui compte et ce que l’on y est près à investir de personnel.

Le premier niveau de l’enseignement est assez simple (du moins en apparence) : la transmission d’une forme par sa reproduction. Dès ce niveau l’enseignant se trouve confronté à son propre savoir: comment le transmettre de façon compréhensible ? Toutes les interrogations et les difficultés des élèves renvoient dès lors l’ensei-gnant à ses propres limites : techniques inadaptées, incohérences pédagogiques ou simple difficulté de compréhension. C’est une démarche extrêmement déstabilisante pour celui/celle qui conçoit son enseignement comme une simple transmission de forme. C’est un défi remarquable pour celui/celle qui est prêt à se mettre en question/danger pour progresser.

Les difficultés que nous renvoient les élèves peuvent aider à entrer dans une autre dimension de l’enseignement. Celle où l’on peut enseigner un ensemble cohérent (du moins pour l’enseignant) tout en évoluant dans une incertitude profonde quant à la progression personnelle.

Car la principale difficulté à enseigner dès lors que l’on souhaite aussi progresser c’est de transmettre à ses élèves la forme qui doit être transmise et… tous les défaut inhérents aux doutes, aux ques-tionnements et aux tests qui émergent d’une recherche person-nelle. C’est ici que les élèves doivent jouer leur rôle envers leur enseignant.

Le regard que portent les élèves/partenaires sur un enseignement sont de nature à fixer un cadre fort utile, en répondant à quelques questions de base : ce que j’enseigne est-il utile d’une quelconque manière ? Quelqu’un comprend-il ce que je suis en train d’expli-quer ? La voie choisie est-elle au moins comprise a minima par quelques élèves ? L’élève/partenaire doit alors assumer un rôle ma-jeur pour la progression même de l’enseignant : c’est lui qui, sans le savoir, fixe un cadre à la progression de son prof devenu partenaire et lui permet de sentir si le chemin choisi mène à une impasse… Et par un retour des choses assez surprenant, c’est en imposant à un enseignant de travailler à sa progression que l’élève se donne aussi une chance de progresser lui-même pour suivre enfin son « propre » chemin où le « propre » désigne l’environnement qu’aura su construire l’enseignant pour que la progression s’impose à lui. Voilà une perspective qui ouvre bien des pistes de travail !

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Les organisateurs des Championnats du Monde de Karaté 2012 tiennent à remercier tous les participants qui ont contribué à la réussite de cet évé-nement historique pour le karaté :

- les athlètes de l’Equipe de France, qui avec leurs 13 médailles dont 7 en or ont créé les conditions nécessaires au succès de l’événement, grâce aux résultats obtenus, mais aussi à la ma-nière avec laquelle ils sont allés cher-cher leurs médailles,

- les 45 000 spectateurs, qui en véritables supporters ont soutenu les athlètes français, mais ont aussi applaudi les athlètes étrangers pour leurs prestations exceptionnelles. L’engouement du public et leur sou-tien inconditionnel a permis aux athlètes de se surpasser tout au long de la compétition,

- les 4 600 clubs affiliés à la FFKDA qui, présents ou non à Bercy, ont relayé les informations, organisé des déplacements ou des retransmis-

sions de l’événement pour leurs li-cenciés, et ont soutenu l’organisation depuis le lancement du projet jusqu’à sa conclusion le 25 novembre,

- les 250 bénévoles, qui ont assuré leur mission avec enthousiasme et ont permis que cet événement dé-passe les attentes des instances na-tionales et internationales quant à la qualité de l’événement,

- les 3 diffuseurs, France O, Sport+ et Kombat Sport, pour les retrans-missions des combats en direct à la télévision, qui ont permis à tous ceux qui n’étaient pas présents à Bercy de suivre l’événement, ...

- les partenaires institutionnels, fi-nanciers et fournisseurs, pour leur soutien tout au long de ce projet,

Tous ces acteurs réunis ont permis de créer un événement qui restera pendant longtemps comme l’un des meilleurs championnats du monde de karaté organisés à ce jour.

La France Championne du Monde !EXTRAIT SITE INTERNET FFDKA

La Gazette de Yoshi Karaté Taï-Jitsu LeersEspace Motte Bossut – Av. de Verdun59115 – Leers

Directrice de la publication :Nathalie GrenierRédacteur en chef :Fabrice Caudron

www.karate-leers.fr

Dans le numéro précédent, nous vous avons lancé plusieurs « énigmes », voici les réponses !Les profs :Le deuxième professeur « officiel » dans l’histoire du club était… une femme, elle s’entraîne encore au club… et il s’agit de Virginie Legrand (Baert pour ceux qui l’ont connu « jeune fille »).Les président(e)s :Question : vous connaissez Nathalie, notre présidente actuelle, mais saviez vous que deux pratiquants actuels l’avaient aussi été quelques années ? Lesquel(les) ?Réponse : Philippe Bonte a été Prési-dent pendant une année.Virginie Legrand également pendant 2 ans à l’arrivée de Fabrice au club.

Petit rappel sur le mode de fonction-nement des associations : la fonction de Président(e) n’a rien à voir avec la fonction de directeur(trice), la pre-mière est obligatoirement bénévole, la seconde rémunérée. Les gestion-naires du club sont tous, sans excep-tion, des bénévoles. Et c’est pour ça que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !

Un bus complet (63 personnes), une journée de beau temps, c’était le 28 octobre au Parc Astérix, un beau souvenir pour tous les participants !

Un peu d’histoire

EN SUPPLEMENT : PORFOLIO DU GRAND STAGE

DE NOEL !