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Deux cinémas autour de Thau : crédible ou démago ? Bouzigues Sète Étang de Thau Projet de multiplexe de Sète, 8 salles, quai du Bosc (entre les deux ponts) D 613 D 600 Balaruc le-Vieux Balaruc les-Bains x Vieux x B le- Balaruc Balaruc D 613 6 6 Bouzigues ouzig ouzig Vieux x les-Bains s Balaruc B le- D 600 D 600 Thau Thau e les deux pon tr (en de Sète, de multiple ojet Pr ) ts e les deux pon quai du Bosc , 8 salles e x de multiple 6 600 quai du Bosc D 600 Th tang de eT É Ét è Sète e e e e e te t t èt t è èt è è è è è e te e t è S S S S S S S S S Sè Sè S S S S S S S S Sè è è è è e e te Sè è è La Gazette n° 290 - Du 31 octobre au 27 novembre 2013 12 dossier Un “miniplexe” à Frontignan et désormais un multiplexe à Sète: Jacques Font, le propriétaire des petits cinémas actuels, veut miser gros sur le bassin de Thau. Et à six mois des municipales, les maires font tourner la bande-annonce. Réalistes ou électoralistes ? La Gazette passe les projets au crible. 1. Sète et Frontignan : pourquoi créer deux cinémas au lieu d’un ? Un “miniplexe” de six salles obscures à Frontignan et un multiplexe de huit salles à Sète : déjà implanté sur le bassin de Thau, Jacques Font, dirigeant de la Snes- Cinémovida, veut réaliser un doublé ga- gnant. Pourtant, une logique purement financière aurait poussé cet exploitant de cinéma à créer un seul multiplexe-cube de dix salles, loin des centres-ville. Mais il entend s’adapter aux deux iden- tités urbaines. “Sète est une ville hyper-cul- turelle, où le cinéma n’a pas été la priorité. Car le besoin ne s’en fait pas sentir, et l’offre n’est pas à la hauteur (voir “projet”).Inversement, “à Frontignan, une ville dé- favorisée, on comble une lacune. La Ville a une vision, anticipe, et nous travaillons en osmose avec elle”. Selon André Lubrano, candidat PS à Sète, “il faut créer un multiplexe d’agglomération pris en main par un grand groupe, avec des films commerciaux. Et laisser l’art et essai et les ciné-clubs aux salles de centre- ville, municipalisées”. Or l’implantation d’un multiplexe, en l’occurrence privé, ne fait pas partie du projet de territoire de Thau Agglo. “Malheureusement”, pré- cise la Ville de Sète. Président de Thau Agglo et maire de Frontignan, Pierre Bouldoire s’en félicite plutôt : “Je suis heu- reux que Sète déclenche aussi un projet, au lieu de concentrer des salles loin des centres-ville. Nous sortons des schémas ha- bituels pour nous adapter au besoin de proximité des gens.” Et éviter les déplace- ments en voiture, ce dont François Com- meinhes est tout aussi ravi . Pour Éric Bultel, conseiller cinéma à la Drac (Direction régionale des affaires cul- turelles), “presque toutes les grandes villes ont leur multiplexe de 14 salles : les “boîtes” de métal posées sur un parking, c’est fini ! Le cinéma de demain, c’est un cinéma moyen, de 5 à 8 écrans, en centre-ville, qui mêle art et essai et grand public, et favorise un sentiment d’appartenance. Depuis un an et demi, il émerge dans les villes moyennes. Ce modèle, j’y crois, c’est ren- table, et la vie sociale en a besoin”. 2. Les deux cinémas seront-ils concurrents ? “Le cinéma n’est pas un objet de rivalité et les deux projets ne s’opposent pas”, assu- rent, sans se concerter, les maires Pierre Bouldoire et François Commeinhes. “Il n’y a pas de match entre Sète et Fron- tignan”, confirme l’exploitant. Les spectateurs de Frontignan, eux, crai- gnent de voir leur cinéma remis en ques- tion. Or, comme l’exploitant serait le même dans les deux villes, pas question de se faire concurrence. Au contraire : grâce aux versions numériques, les deux cinémas pourraient se partager les copies des films. Le projet ciné de Frontignan Un “miniplexe” de six salles (981 fauteuils). • Lieu: Dans les anciens chais Botta, patrimoine de la ville. Accessible en bateau et via une passerelle, depuis un parking gratuit de 308 places, sur l’ancienne “raffinerie”. • Ouverture prévue: Noël 2014, dans l’idéal. En juin dernier, ce projet a reçu l’autorisation de la CDACi (voir encadré), à l’unanimité. Après un dépôt de permis fin 2013, l’architecte nîmois Olivier Mouton dirigera huit mois de travaux. • Coût: 4,5 à 5 Md’aménagement, à charge de l’exploitant (voir encadré), en échange d’un bail emphytéotique de la Ville (1 symbolique sur 50 ans). • Motif: Le Cinémistral actuel (150 places) est à l’étroit! Saturé lors des soirées-débat et des sorties à succès. Avec ses 46000 entrées par an, il affiche un fort taux de remplissage. Et progresse chaque année, malgré l’érosion du public au niveau national. • Au programme: Des films art et essai et grand public. Dans une ambiance “pierres apparentes, charpente en bois et velours rouge, sur 2 600 m 2 : des espaces bar-restauration, rencontre et lecture, une salle consacrée aux enfants, et de nombreux événements en partenariat avec les acteurs du territoire. Pour assurer cette animation, l’équipe de quatre salariés devrait doubler. • Le ticket: Il devrait dépasser les 7 actuels, tout en proposant abonnement, carte jeune illimitée, etc. Pour en savoir plus: réunion publique le 21 novembre à 18 h aux chais Botta. Le projet ciné de S è te Un multiplexe, de huit à neuf salles. • Lieu: Dans un bâtiment neuf au bout du quai du Bosc, entre deux ponts. Accessible par une passerelle au-dessus du bd de Verdun, depuis un parking payant de 350 places, sur l’actuelle caserne des pompiers (qui déménagera en avril prochain, face à l’Espace Brassens). • Ouverture prévue: Entre avril et octobre 2015. Façon serpent de mer, l’idée d’un multiplexe traîne depuis huit ans. L’exploitant s’est manifesté au printemps, après les résultats d’une étude économique. Reste à obtenir l’autorisation de la CDACi (voir encadré)… et autres obstacles. • Coût: 6 à 7 Mpour le bâtiment neuf, aux frais de l’exploitant, sur un terrain de la Ville, contre un “bail à construire” de 50 ans (loyer modéré). • Motif: Selon l’exploitant Jacques Font, “le Comœdia et l’ex-Planet sont inadaptés, mal placés et inadaptés, même si on fait tout pour les rénover. Pour éviter que les spectateurs “fuient” à Montpellier, les Sétois ont besoin d’un cinéma d’aujourd’hui, d’au moins six salles, et beaucoup plus lisible”. • Au programme: Des films plutôt grand public toutes générations, avec une part d’art et essai. Un espace de bar-restauration-événementiel pour des concerts. Qui est l’exploitant de cinéma? C Entreprise familiale basée à Perpignan, la Snes (Société nouvelle d’entreprise de spectacle)-Cinémovida, dirigée par Jacques Font et Jean-philippe Julia, ne rivalise pas avec Pathé, Gaumont ou MK2. Mais c’est pourtant une entreprise solide, d’une centaine de salariés et 8 Mde chiffre d’affaires, dont l’histoire remonte en 1905, aux origines de l’image animée. Souvent avec l’appui d’associés, la Snes exploite 65 salles, sur dix cinémas, dont trois multiplexes (Perpignan, Cholet, Saint-Lô) et aussi l’Épée de bois à Paris, rue Mouffetard. En plus, l’entreprise mène de front cinq projets de cinémas. Pour les projets du bassin de Thau, elle s’associe avec Jean-Marie Charvet, de Saint-Raphaël, au sein de la SARL Les Cinémas de Sète. www.cine-movida.com ••• (suite page 13)

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Deux cinémas autour de Thau:crédible ou démago?

Bouzigues

Sète

Étang de ThauProjet de multiplexede Sète, 8 salles, quai du Bosc(entre les deux ponts)

D 613

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La Gazette n° 290 - Du 31 octobre au 27 novembre 2013

12 dossier

Un “miniplexe” à Frontignan et désormais un multiplexe à Sète : Jacques Font, lepropriétaire des petits cinémas actuels, veut miser gros sur le bassin de Thau. Et à sixmois des municipales, les maires font tourner la bande-annonce. Réalistes ouélectoralistes ? La Gazette passe les projets au crible.1. Sète et Frontignan: pourquoi créerdeux cinémas au lieu d’un?Un “miniplexe” de six salles obscures àFrontignan et un multiplexe de huit sallesà Sète : déjà implanté sur le bassin deThau, Jacques Font, dirigeant de la Snes-Cinémovida, veut réaliser un doublé ga-gnant. Pourtant, une logique purementfinancière aurait poussé cet exploitant decinéma à créer un seul multiplexe-cubede dix salles, loin des centres-ville.Mais il entend s’adapter aux deux iden-tités urbaines. “Sète est une ville hyper-cul-turelle, où le cinéma n’a pas été la priorité.Car le besoin ne s’en fait pas sentir, et l’offren’est pas à la hauteur (voir “projet”).”Inversement, “à Frontignan, une ville dé-favorisée, on comble une lacune. La Villea une vision, anticipe, et nous travaillonsen osmose avec elle”.Selon André Lubrano, candidat PS à Sète,“il faut créer un multiplexe d’agglomérationpris en main par un grand groupe, avecdes films commerciaux. Et laisser l’art etessai et les ciné-clubs aux salles de centre-ville, municipalisées”. Or l’implantationd’un multiplexe, en l’occurrence privé,ne fait pas partie du projet de territoirede Thau Agglo. “Malheu reusement”, pré-cise la Ville de Sète. Président de ThauAgglo et maire de Frontignan, PierreBouldoire s’en félicite plutôt: “Je suis heu-reux que Sète déclenche aussi un projet,au lieu de concentrer des salles loin descentres-ville. Nous sortons des schémas ha-bituels pour nous adapter au besoin deproximité des gens.” Et éviter les déplace-ments en voiture, ce dont François Com -meinhes est tout aussi ravi .Pour Éric Bultel, conseiller cinéma à laDrac (Direction régionale des affaires cul-turelles), “presque toutes les grandes villesont leur multiplexe de 14 salles: les “boîtes”de métal posées sur un parking, c’est fini!Le cinéma de demain, c’est un cinémamoyen, de 5 à 8 écrans, en centre-ville, quimêle art et essai et grand public, et favoriseun sentiment d’appartenance. Depuis unan et demi, il émerge dans les villesmoyennes. Ce modèle, j’y crois, c’est ren-table, et la vie sociale en a besoin”.

2. Les deux cinémasseront-ils concurrents?“Le cinéma n’est pas un objet de rivalité etles deux projets ne s’opposent pas”, assu-rent, sans se concerter, les maires PierreBouldoire et François Com meinhes. “Iln’y a pas de match entre Sète et Fron -tignan”, confirme l’exploitant.Les spectateurs de Frontignan, eux, crai-gnent de voir leur cinéma remis en ques-tion. Or, comme l’exploitant serait lemême dans les deux villes, pas questionde se faire concurrence. Au contraire :grâce aux versions numériques, les deuxcinémas pourraient se partager les copiesdes films.

Le projet cinéde FrontignanUn “miniplexe” de six salles(981 fauteuils).• Lieu: Dans les anciens chais Botta,patrimoine de la ville. Accessible enbateau et via une passerelle, depuis unparking gratuit de 308 places, surl’ancienne “raffinerie”.• Ouverture prévue: Noël 2014, dansl’idéal. En juin dernier, ce projet a reçul’autorisation de la CDACi (voir encadré),à l’unanimité. Après un dépôt de permisfin 2013, l’architecte nîmois OlivierMouton dirigera huit mois de travaux.• Coût: 4,5 à 5 M€ d’aménagement, àcharge de l’exploitant (voir encadré), enéchange d’un bail emphytéotique de laVille (1€ symbolique sur 50 ans).• Motif: Le Cinémistral actuel (150places) est à l’étroit ! Saturé lors dessoirées-débat et des sorties à succès.Avec ses 46 000 entrées par an, ilaffiche un fort taux de remplissage. Etprogresse chaque année, malgrél’érosion du public au niveau national.• Au programme: Des films art et essaiet grand public. Dans une ambiance“pierres apparentes, charpente en boiset velours rouge, sur 2 600 m2 : desespaces bar-restauration, rencontre etlecture, une salle consacrée auxenfants, et de nombreux événementsen partenariat avec les acteurs duterritoire. Pour assurer cette animation,l’équipe de quatre salariés devraitdoubler.• Le ticket: Il devrait dépasser les 7€actuels, tout en proposantabonnement, carte jeune illimitée, etc.Pour en savoir plus : réunion publique le21 novembre à 18 h aux chais Botta.

Le projet cinéde SèteUn multiplexe, de huit à neuf salles.• Lieu: Dans un bâtiment neuf au boutdu quai du Bosc, entre deux ponts.Accessible par une passerelle au-dessusdu bd de Verdun, depuis un parkingpayant de 350 places, sur l’actuellecaserne des pompiers (qui déménageraen avril prochain, face à l’EspaceBrassens).• Ouverture prévue: Entre avril etoctobre 2015. Façon serpent de mer,l’idée d’un multiplexe traîne depuis huitans. L’exploitant s’est manifesté auprintemps, après les résultats d’uneétude économique. Reste à obtenirl’autorisation de la CDACi (voirencadré)… et autres obstacles.• Coût: 6 à 7 M€ pour le bâtiment neuf,aux frais de l’exploitant, sur un terrainde la Ville, contre un “bail à construire”de 50 ans (loyer modéré).• Motif: Selon l’exploitant Jacques Font,“le Comœdia et l’ex-Planet sontinadaptés, mal placés et inadaptés,même si on fait tout pour les rénover.Pour éviter que les spectateurs “fuient” àMontpellier, les Sétois ont besoin d’uncinéma d’aujourd’hui, d’au moins sixsalles, et beaucoup plus lisible”.• Au programme: Des films plutôtgrand public toutes générations, avecune part d’art et essai. Un espace debar-restauration-événementiel pour desconcerts.

Qui est l’exploitant de cinéma?C

Entreprise familiale basée à Perpignan, la Snes (Société nouvelle d’entreprise despectacle)-Cinémovida, dirigée par Jacques Font et Jean-philippe Julia, ne rivalise pas

avec Pathé, Gaumont ou MK2. Mais c’est pourtant une entreprise solide, d’une centaine desalariés et 8 M€ de chiffre d’affaires, dont l’histoire remonte en 1905, aux origines de l’imageanimée.Souvent avec l’appui d’associés, la Snes exploite 65 salles, sur dix cinémas, dont troismultiplexes (Perpignan, Cholet, Saint-Lô) et aussi l’Épée de bois à Paris, rue Mouffetard. En plus,l’entreprise mène de front cinq projets de cinémas. Pour les projets du bassin de Thau, elles’associe avec Jean-Marie Charvet, de Saint-Raphaël, au sein de la SARL Les Cinémas de Sète.www.cine-movida.com••• (suite page 13)

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MéditerranéeComœdia, cinéma actuel,place du “kiosque”,(Aristide-Briand)

Cinémistral,cinéma actuel,une salle,rue Frédéric-Mistral

Projet de miniplexede Frontignan,six salles,quai Voltaire

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La Gazette n° 290 - Du 31 octobre au 27 novembre 2013

réalisé par Raquel Hadida /photos Guillaume Bonnefont-Raquel Hadida /

visuels Ville de Sète et Ville de Frontignan /

13!CINÉMA

“Grâce à Priscilla (la directrice, NDLR),le projet de Frontignan est très fort, c’estle plus beau que j’ai vu”, s’émeut ÉricBultel de la Drac. Chargé de traiter lesdossiers avant autorisation de la CDACI(voir encadré), il prévient: “Nous n’exa-minons jamais un dossier contre un autre,et économiquement, un cinéma de plusn’a rien de scandaleux: pas de polémique.Mais comme Frontignan a reçu l’autori-sation en premier, Sète doit désormaiss’inscrire dans le paysage cinématogra-phique remodelé. Et s’assurer d’être com-plémentaire, et non de remplacer”.Program mation, animations, publics,projets scolaires…: lors de la présenta-tion du futur projet sétois, tout sera re-passé au crible.

3. Les maires ne versent-ils pasdans la démagogie?À six mois des élections municipales, lacréation d’un cinéma sonne comme uncadeau du ciel. Mais pour Jacques Font,“au-delà des municipales, tout le mondea le même intérêt”.• À Frontignan, lancé depuis plus d’un an,le projet est déjà bien avancé. De plus,“le cinéma et la lecture sont nos deux prio-rités pour apporter la culture au plusgrand nombre, assure Pierre Bouldoire.Et au-delà du divertissement, le cinémasoulève des sujets de société importants.”Depuis onze ans, la Ville subventionnel’exploitation (80000€max.) et les ani-mations, pour l’éducation à l’image(20000€).• À Sète, l’annonce “coup de théâtre” enseptembre dernier a provoqué moultrailleries sur l’électoralisme de FrançoisCommeinhes. Le maire en appelle aubon sens: “Jacques Font vient me voir : jene vais pas lui refuser, et lui dire “non,revenez plus tard”, sous prétexte qu’onest à quelques mois des municipales! Etsi un opérateur immobilier vient me pro-poser de construire un hôtel cinq étoiles,c’est pareil !” En revanche, Jacques Fontreste prudent sur la réalisation: “La Villem’a proposé un lieu, très bien. Si ça nepeut pas se faire là, on cherchera ailleurs.”

4. Le double projet est-iléconomiquement viable?En cruel manque de salles, malgré unepopulation qui augmente sur le bassinde Thau, l’équipement cinématogra-phique se remet à niveau, et ce n’est pasdu luxe. L’étude d’Hexacom, comman-dée par la Ville de Sète, identifie un po-tentiel de 372000 à 410000 entrées paran (1) contre 174000 dans les cinq sallesactuelles. La différence? Un public, no-tamment les jeunes, qui délaisse le cinéau profit des téléchargements, parmanque d’offre adaptée à ses envies etses horaires. Mais aussi une “fuite” de100000 entrées vers Mont pellier (del’Odysseum au Diagonal), mais aussiAgde et Béziers, soit 60 % d’évasion, éva-lue Jacques Font.En rattrapant les fréquentationsmoyennes nationales, le futur Ciné -mistral de Frontignan espère ainsi at-teindre 180000 entrées. Ce qui laisseun potentiel de 210000 entrées environpour le futur cinéma de Sète. Pour le clind’œil, selon les archives de Midi Libre,Sète comptait, en 1963, six cinémas:l’Athénée, le Palace, le Colisée, le Lynx,le Rio et le Trianon.

Qu’est-ce que la CDACi?C

Composée de cinq élus locaux et de troisexperts, la Commission départementale

d’aménagement cinématographique se réunitpour autoriser (ou pas) l’ouverture d’un cinémade plus de 300 places. Ses critères:- l’intérêt culturel par rapport à la diversité duterritoire (projet de programmation, accès auxœuvres…),

- l’effet du projet sur l’aménagement culturel,l’environnement et l’urbanisme du territoire(implantation, équilibre géographique,desserte, insertion paysagère).Une fois le projet déposé, la commission a deuxmois pour se prononcer. Élus et médiateur ducinéma peuvent ensuite, dans un délai d’unmois, contester la décision auprès de lacommission nationale.

5. À Sète, l’emplacement choisiest-il vraiment judicieux?• Accès au ciné. “Il faut que les gens levoient, il faut les étonner avec un endroitneuf”, assure Jacques Font. Quai du Bosc,entre les ponts? “L’’idée de Jacques Fontest vraiment géniale! C’est proche de lagare, accessible en transports en commun,et à pied du centre-ville (10 minutes)”, seravit François Commeinhes. À l’inverse,il juge le chai des Moulins, longtempsenvisagé, trop éloigné de la ville pourl’instant, et contraignant pour les hau-teurs de salles. Sans compter que“Gaffinel (le propriétaire, NDLR) ne vou-lait pas vendre”, confie-t-il.

• Quartier. Au bout du quai du Bosc, le“quartier de la Caserne” se construit ac-tivement, sans bénéficier de pôle d’at-traction (pas un seul resto…). Et sa densitéd’habitants augmente. Sur le site de l’ac-tuelle caserne, la Ville imagine de nou-veaux immeubles de bureaux, des com-merces et de la restauration. Et unparking “partagé”: les bureaux le jour,le ciné en soirée. Selon elle, la présencedu muliplexe devrait engendrer de 50 à150 créations d’emploi.

• Ponts.- Pour le cinéma et le parking eux-mêmes,les terrains appartiennent à la Ville. Maissur le “futur” parvis, une partie du bordà quai appartient à Réseau ferré deFrance (RFF), qui refuse de le vendre. Eneffet, ce dernier envisage de remplacerle pont de chemin de fer Foch, âgé de80 ans, par un nouveau pont. Décalé versle pont à voitures, ce dernier ferait passerles trains… tout droit sur le “futur” mul-tiplexe!Pour autant, légalement, rien n’empêchede construire le cinéma. Mais si le futurpont est déclaré d’utilité publique, RFFpourrait alors, d’ici 15 ou 20 ans, rache-ter le terrain du ciné… À qui on pourradire adieu. RFF prévoit donc d’ouvrir ledialogue avec la Ville. En effet, en l’ab-sence de nouvelle ligne TGV Montpellier-Perpignan, ce pont levant reste un pointultra-sensible. Sans lui, pas de jonctionParis-Barcelone!- Vétuste aussi, le pont à voitures Sadi-Carnot. Pour subir de lourds travaux(12M€) de réfection, il devra être “dé-posé” sur le quai du Bosc. Compatibleavec le multiplexe? Non, pour AndréLubrano (PS). Oui, pour la Ville, qui argueun décalage de calendrier, la Région pré-voyant les travaux fin 2015-début 2016,après ceux du cinéma.

6. Que vont devenirles cinémas actuels?- Le Comœdia à Sète: François Com -meinhes a sa petite idée de transforma-tion. Mais ce projet-là, il le garde au chaudpour sa campagne des municipales…- Le Cinémistral actuel : La MaisonMathieu demeurera un espace munici-pal, dédié à la culture et à l’animation.

(1) Fréquentation théorique de la zone:450000 entrées, moins 10 à 20 % de“fuite” vers les cinémas extérieurs (Mont -pellier, Agde…). Ce potentiel de fréquenta-tion est lié à la population de la zone dechalandise (121000 hab. autour de Sète),à sa structure par âge et ses catégories so-cioprofessionnelles, selon des indices na-tionaux.

••• (suite de la page 12)

Les Chais Botta actuels, qui abritent les archivesmunicipales.

Centre-villede Frontignan

Canal du Rhône-à-Sète

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14 dossierpage réalisée par Raquel Hadida /

Photos Raquel Hadida /

Auch: le cinéma modèlede Frontignan

Un repaire cinéphile ultra-vivant,où lycéens et familles n’hésitentpas à se faire une toile. Dans le

tout récent cinéma d’Auch, dans le Gers,on retrouve à la fois l’ambiance d’unlieu associatif, une programmation artet essai et grand public, et le confortd’un multiplexe. Sauf qu’ici, le film nesert pas que de “produit d’appel” pourvendre confiseries et autres produitsdérivés. Ouvert en juin 2012, le Ciné 32comporte cinq salles, l’équivalent du fu-tur cinéma de Frontignan… dans uneville de population équivalente.“Le Ciné 32, c’est un lieu magique: exac-tement ce que je veux faire du Ciné -mistral !”, s’enthousiasme PriscillaSchnei der, la directrice du cinéma deFrontignan. Car depuis que l’idée d’un“miniplexe” dans les anciens chais est

dans les cartons, les spectateurs sontperplexes. S’ils soutiennent le projet,les aficionados de la salle unique s’ensentent, d’avance, nostalgiques.D’autres s’inquiètent de sa survie: com-ment remplir cinq salles avec une seuleaujourd’hui?Le Ciné 32 a de quoi rassurer : ens’agrandissant à 850 fauteuils (contre595 sur deux lieux auparavant), l’asso-ciation exploitante a engrangé en un anplus d’entrées que prévu : 180000,contre 125000 entrées de moyenne an-nuelle. Explications: chaque film resteà l’affiche deux à trois semaines surbien plus de séances, élargissant ainsile choix des spectateurs. Le bistrot in-vite, lui, à passer une vraie soirée convi-viale entre amis. “Avant, on y allait qua-tre fois par an pour les films américains

incontournables, témoigne Éric Michel,45 ans, vice-président de l’Associationde commerçants d’Auch. Aujourd’hui,avec un parking pratique, des salles oùon se sent à l’aise, et de quoi grignoter,tout le monde y va plus souvent, au moinsune fois par mois! Et même s’il n’y a pasd’effets spéciaux: comme le moment estagréable, on prend plus de risques.”Mais pour rester vivant, le ciné doit être“incarné”. Ce qui implique de l’humain,autrement dit des salariés ultra-polyva-lents… histoire que les courses pour lesapéros et l’animation ne reposent pasque sur la directrice. Le Ciné 32 encompte une vingtaine, dont huit affectésau cinéma et un ou deux à la buvette.Et bénéficie d’une carte maîtresse: uneflopée de bénévoles, dont 115 s’impli-quent pour le festival annuel… !

Coloré.Non, tous les fauteuils ne sont pas rouges ! Dansles petites salles, ils se teignent en violet, en jaune,ou en turquoise. Si le concept a un peu surpris leshabitants au départ, ces couleurs confèrent àchaque salle une identité propre, et créent de lasurprise…

Ciné 32Depuis qu’un cinéma de cinq salles,confortable et accueillant, s’estouvert à Auch en juin 2012, lescinéphiles y trouvent plus de choixdans les horaires, et les habitants yfont plus facilement une sortiesympa en famille ou entre amis.Une superbe réussite, avec 180 000entrées dès la première année,dans une ville de 22 000 habitants,comparable en populationà Frontignan.

À Auch, dans le Gers, l’association Ciné 32 vient de monter un splendidecinéma, comparable au projet de “miniplexe” à Frontignan. La preuve vivantequ’avec cinq salles, un bistrot et une programmation équilibrée, un cinémapeut grandir sans perdre son âme. Et devenir un vrai pôle de vie locale.

La Gazette n° 290 - Du 31 octobre au 27 novembre 2013

In situ.Au-dessus de l’entrée du cinéma, les bureaux del’équipe de Ciné 32 sont installés en coursive surune large mezzanine. Une façon de se trouver auplus près des spectateurs, pour créer un lien deproximité direct avec eux.

Bistrot.Tartines, salades et bière locale : la buvette ducinéma crée une ambiance conviviale, et permet deprolonger la projection autour d’un verre. ÀFrontignan, Priscilla imagine un ciné-brunch ledimanche matin ou des plats épicés autour d’unfilm indien. Sans oublier l’espace jeune public, avecpoufs colorés, petits livres autour du ciné et de quoidessiner…

Salles tout confort.Un grand écran, du bon son et des siègesconfortables : les salles de ciné ont tout pour bienmettre en valeur les films. Le must ? Les “lovers”,plusieurs banquettes doubles pour profiter du filmen se lovant avec son chéri(e)… comme à lamaison, ou presque. La plus grande salle (photo)peut accueillir 300 spectateurs. Les autres :respectivement 220, 140, 100 et 80 personnes.

Cinés de quartier.Les lycéens se sont véritablement approprié cecinéma, pourtant loin du multiplexe. Le Ciné 32 amême été conçu pour identifier les salles commeautant de cinémas de quartier juxtaposés.

Toilettes.Les “petits coins” sont tapissés d’affiches de film,regroupées par dominante de couleur danschaque box. Cette déco, Priscilla en rêve pour lefutur ciné de Frontignan !

Invités.Plus facile de faire venir des réalisateurs, desacteurs, voire des distributeurs de films, dans uncinéma de taille conséquente. De quoi attiser lacuriosité et l’intérêt des spectateurs… Ici, FannyArdant dialogue avec Alain Bouffartigue, lecréateur du Ciné 32, devant des fans.

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“Dans les festivals de cinéma, il y a Cannes et Auch”, as-sure Priscilla Schneider, la directrice du Cinémistralà Frontignan. Auch? Une petite bourgade, chef-lieu

du Gers, qui depuis 16 ans organise en octobre Indépendanceset créations, un festival de films d’auteur de haute volée. Sansfiles d’attente ni paillettes, à la bonne franquette. Et si Priscillay emmenait le collectif de spectateurs (1) qu’elle a créé en no-vembre dernier? Chiche! Première cette année: sept Sétoiseset Frontignanaises cinéphiles sont du voyage. Objectif: y puiserl’inspiration pour les prochaines soirées thématiques organiséespar le Colspec. Mais aussi élargir l’éventail des films visionnés,pour la programmation de sa salle de 150 places. Notammentsur les séances de films “pointus”: le dimanche à 18h30, lelundi soir, les jeudi et vendredi après-midi…

18 films en 4 joursSur les cinquante films en avant-première, à sortir dans lessix prochains mois, difficile d’assister à plus de 18 projections,en quatre jours, aller-retour compris! Pour Priscilla, quatrefilms par jour, ça va, cinq, c’est trop. Les sept apprenties-festivalières, elles, doivent encore tester leur résistance.“Magique”, “génial !” : c’est de joie que trépignent ces cin-quante-soixantenaires en goguette. Les bagages à l’Ibis budget,leur bracelet vert au poignet, reste à cocher la grille du festivalau soleil froid, autour d’un verre de rouge. Célibataire, Nicolepenche pour des histoires d’enfants plus que de couples, ense ménageant pauses et balades. Militante anti-homophobie,Martine s’enflamme sur les vies de femme comme Gloriaet les passions sensuelles, voire destructrices, de Borgman…mais pas avant 11h du mat’. Psychologue, Ève se laisse tou-cher par les relations subtiles, mais s’émousse devant l’ul-tra-violence. De leur côté, Jeanne la calme, Mireille l’agitée,et Marie-Jo à fleur de peau, nouent leur trio en optant pourles mêmes films. Alors que la solaire Sylvie joue à l’électronlibre, posée et analytique. Priscilla, elle, a déjà repéré les in-contournables de sa programmation: Un château en Italiede Valéria Bruni-Tedeschi, Quai d’Orsay de BertrandTavernier, avec Thierry Lhermitte (sortie 13 nov.), Henri deYolande Moreau (4 déc.), Suzanne, tourné autour d’Alès,dont deux scènes à Sète (1er déc.), et Lulu femme nue avecKarine Viard, de Solveig Anspach (22 janv.). Pour le reste,elle se laisse aussi tenter, dans cette parenthèse hors de son

quotidien…En ville, les rues se réveillent doucement, maisle cinéma se remplit déjà. Ses tickets en accordéon, la fineéquipe enchaîne les projections dans ce beau ciné de boiset de béton. De 9 h à minuit, parfois d’une salle à l’autresans transition. Ou avec une demi-heure pour avaler un mor-ceau et échanger ses impressions. Avant de repartir dansl’obscurité, pour se recroiser entre deux séances décalées.Devant un café, une salade, un mini-cassoulet ou des fritonsde canard — Gers oblige —, elle parle humour, rythme, es-thétique. Justesse ou puissance des sentiments, du jeu d’ac-teur. Érotisme, alchimie, énergie, sincérité, et beauté despersonnages. Elle décrypte les partis pris et la patte du réa-lisateur. Fade dans Tonnerre ou magistrale dans La Vénus àla fourrure de Polanski (ci-contre). Fabriquée ou subtile.Empathique à la Yolande Moreau, hystérique façon ValériaBruni-Tedeschi, autobiographique chez Catherine Breillat.Voire franchement narcissique chez Fanny Ardant, en stardu festival.Les cinéphiles se laissent embarquer dans les émotions, sansse perdre en discours techniques autour des plans-séquencesou des cadrages. Ni s’obliger au consensus. D’autant plusqu’apparaît Jonathan, un Frontignanais de 27 ans, désormaisdirecteur des sept salles du Castillet à Perpignan (2), dans lamême entreprise Snes-Cinémovida. Et sa vision masculinechange parfois de perspective…Dès les sorties de salle, les femmes militent pour leurs coupsde cœur: “Ce film-là, il mérite d’être projeté au Cinémistral, avecun débat. Vraiment.” Le Sens de l’humour les ennuie ferme,La Cour de Babel (ci-contre) leur arrache des larmes de ten-dresse. Elles voient s’épanouir des acteurs récurrents, commeVincent Macaigne en anti-héros et Sara Forestier, frêle et puis-sante à la fois. Elles découvrent du cinéma chilien, néerlandais,roumain, ou indien. Le marathon s’achève, chargé d’émotions.Le brainstorming, lui, se poursuit à Frontignan. Désormaisnourri, le Colspec peut gagner en autonomie. Et nous promettrede belles soirées, sur grand écran. !

(1) Le collectif de spectateurs Colspec compte une vingtaine depersonnes.Pour le rejoindre, 0467484537, [email protected](2) Qui appartient à la même entreprise que le Cinémistral(Snes-Cinémovida). Voir pp. précédentes.

Sept spectatrices du Cinémistral de Frontignan s’embarquent pourl’aventure d’un festival de cinéma indépendant. Leur mission: visionnerun maximum d’ avant-premières, pour participer à la programmation.Et partager leur passion, après chaque projection.

Cinémistral :quand les spectatrices

choisissent les films

Sur le parvis du cinémad’Auch, les spectatrices duCinémistral de Frontignanchoisissent leurs films, pourquatre jours de festival ultra-intensifs. De gauche àdroite : Jeanne, Marie-Josée,Mireille, Martine, Nicole,Priscilla Schneider (ladirectrice du Cinémistral),puis Ève (cachée) et Caroline,la maman de Priscilla.

réalisé par Raquel Hadida /Photo Raquel Hadida - KMBO - Mars distribution - Les Films du poisson /

Le Best Of du festivalCes films ont emporté l’enthousiasme, entreautres, du collectif de spectateurs duCinémistral.Retrouvez-les sur l’écran de Frontignan, etd’ailleurs, dans les mois à venir.(Entre parenthèses, la date de sortie nationale.)La Cour de Babel

De Julie Bertuccelli (5 fév.). Ce documentairesuit une classe d’accueil de collège, où desados serbes, chinois, égyptiens ou sénégalaisapprennent le français. Et confrontent leursespoirs, leur innocence et leur courage…La Vénus à la fourrure

De Roman Polanski (13 nov.). Un huis clos dansun théâtre parisien avec Emmanuelle Seigneret Mathieu Amalric. Drôle et sulfureux.Projection le 2 nov. à 20h30 au Corum, enclôture de Cinemed.Mes séances de lutte

De Jacques Doillon (6 nov.). Juste aprèsl’enterrement de son père, une jeune femme(Sara Forestier) retrouve un voisin charmant(James Thierrée). Ils rejouent leur début derapport amoureux avorté. Se débattent,s’empoignent, se frottent. Joutes verbales,luttes corps à corps : ces séances de catharsisdeviennent ultra-sensuelles. Projection auCinémistral le 14 novembre, après la remisedes prix pour une nouvelle autour du cinéma à20h (voir agenda).

Et aussi :• Les garçons et Guillaume, à table ! : une perle,de Guillaume Gallienne (20 nov.).• Suzanne, avec Sara Forestier, tourné autourd’Alès, dont deux scènes à Sète (1er déc.).• 2 automnes 3 hivers : des anti-hérostrentenaires s’adressent au spectateur(25 déc.).• Lulu femme nue avec Karine Viard, de SolveigAnspach (22 janv.).

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