Fruits et légumes À la chasse aux pesticides€¦ · fruits et légumes, 65% des sondés se...

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CENTRE D'ESSAIS produits testés 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 541 / OCTOBRE 2018 / 21 Fruits et légumes À la chasse aux pesticides CENTRE D'ESSAIS produits testés ISTOCK

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CENTRE D'ESSAIS

��� produits

testés

60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 541 / OCTOBRE 2018 / 21

Fruits et légumesÀ la chasse aux pesticides

CENTRE D'ESSAIS

��� produits

testés

IST

OC

K

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22 / N° 541/ OCTOBRE 2018 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS

R�pa�t�ti�n d�� pr�du�ts ��l�n l� n�m�r� d� r��idus d�t�ct��

Incités à manger plus de fruits

et légumes, les Français sont de

plus en plus nombreux à s’in-

terroger sur leur “propreté”.

En témoigne une étude menée par

l’Observatoire Cniel des habitudes

alimentaires et par le Centre de re-

cherche pour l’étude et l’observation

des conditions de vie (Crédoc) sur

les motifs d’inquiétude des Français

concernant l’alimentation. Pour les

fruits et légumes, 65�% des sondés

se disent d’abord préoccupés par

la présence de produits chimiques

(pesticides et engrais), loin devant

Mangez des fruits et les légumes, c’est bon pour la santé�!

Oui, mais encore faut-il qu’ils soient sains. Or les résultats

de nos essais sur plus de 130�aliments s’avèrent mitigés…

l’hygiène, la fraîcheur ou l’ori-

gine des produits (moins de 9�% des

personnes).

PESTICIDES : DES RISQUES MÊME À FAIBLE DOSECette préoccupation est

d’autant plus légitime que

de nombreuses études

scienti�ques con�rment

les e�ets nocifs des rési-

dus de pesticides dans les

aliments. En 2013, une expertise de

l’Institut national de la santé et de la

recherche médicale (Inserm) alertait

déjà�: «�Les expositions aux pesticides

intervenant au cours de la période pré-

natale et périnatale ainsi que pendant

la petite enfance semblent être parti-

culièrement à risque pour le développe-

ment de l’enfant.�» En janvier dernier,

un rapport de l’Inspection générale

des a�aires sociales (Igas) a reconnu

les conséquences néfastes des pro-

duits phytopharmaceutiques sur

la santé et l’environnement. Et une

récente étude de l’Institut national

de la recherche agrono-

mique (Inra) con�rme la

réalité de l’«�e�et cocktail�»�:

des souris auxquelles on a

administré six pesticides

courants (dont quatre ont

été retrouvés dans nos échantillons)

pendant un an à des doses réputées

sans risque ont montré une forte

Haricot vert

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 1,6�résidu par produit. Parmi les substances

les plus présentes�: le boscalide, un fongicide (7�références).

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

8�références contiennent au moins 1 résidu suspecté d’être

un perturbateur endocrinien (PE), notamment le carbendazime

(présent dans 7�références). Un autre perturbateur endocrinien

(l’iprodione) est également détecté dans 1�référence.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”* �:

Carrefour Bio, haricots verts très fins (surgelés). Haricots verts

sans marque bio, achetés sur un marché (frais). Jardin Bio,

haricots verts extra-fins coupés (en conserve).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

Picard, haricots verts extra-fins

(surgelés).

À SAVOIR�: parmi les

8�produits irréprochables

(aucun résidu), 6 sont bio.

Le septième produit bio

contient un seul résidu

détecté.

19 références testées, dont 7 bio

Petit pois

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 0,9�résidu par produit, mais 5�résidus dans le plus

contaminé (Marque Repère-Notre Jardin, en surgelé).

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

5�références contiennent entre 1 et 3�résidus suspectés d’être

des PE, notamment le carbendazime (présent dans les 5).

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

Bonduelle, Le Petit Pois, extra-fondant (surgelés).

Danival, petits pois très fins (en conserve). Petits pois achetés

chez un producteur (frais).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

Marque Repère-Notre jardin

(E. Leclerc), petits pois doux

extra-fins (surgelés).

À SAVOIR�: aucun résidu

détecté dans les légumes

bio testés.

Les 3�références

de petits pois frais

sont également

irréprochables.

19 références testées, dont 6 bio

42�% 21�% 32�% 5�%

L’e�et cocktail démontré en laboratoire.

53�% 32�% 10�% 5�%

* Voir photo

ALIMENTATION & SANTÉ

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60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 541 / OCTOBRE 2018 / 23

Comment nous avons procédé

LES TESTS RÉALISÉS

PAR NOTRE CENTRE D’ESSAIS

COMPARATIFS

•�Nous avons sélectionné 134�fruits

et légumes répartis en huit familles�:

haricots verts, petits pois, carottes,

tomates, champignons de Paris,

framboises, ananas, abricots. Chaque

famille comporte des produits frais,

surgelés et en conserve, sauf

les framboises, pour lesquelles

le segment des conserves est quasi

inexistant. Les produits ont été

achetés en grande et moyenne surface,

sur les marchés, chez les producteurs

et dans les magasins bio.

•�La recherche de plus de 600�résidus

de pesticides a été faite sur l’ensemble

des références, par chromatographie

en phase gazeuse ou liquide, couplée

à la spectrométrie de masse.

Champignon de Paris

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 0,3�résidu par produit. Parmi les 4�références

contenant 1 ou 2�résidus figure 1�produit bio frais.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

1�seule référence contient un résidu suspecté d’être

un perturbateur endocrinien.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

Bonduelle, champignons émincés au naturel (en conserve).

Marque Repère-Notre jardin (E. Leclerc) champignons de Paris

émincés (surgelés). Thiriet bio,

champignons de Paris émincés

1

er

choix (surgelés).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

U, champignons de Paris émincés

(surgelés).

À SAVOIR�: c’est l’une des familles

les plus “propres”, avec

seulement 2�résidus pour la

moins bonne des références.

Toutes les conserves sont

exemptes de résidus.

18 références testées, dont 8 bio

Carotte

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 0,7�résidu par produit. Les 4�références bio

figurent parmi les 9�produits sans aucun résidu détecté.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

4�références contiennent 1�résidu suspecté d’être

un perturbateur endocrinien, et 4�autres, un perturbateur

endocrinien avéré, le linuron, interdit depuis juin.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

Leader Price, carottes en rondelles (surgelés).

Carottes achetées sur un marché (frais). Auchan, carottes

extra-fines (en conserve).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

Florette, baby carottes prêtes à

croquer (frais).

À SAVOIR�: le linuron,

herbicide interdit d’usage

dans l’Union européenne

et perturbateur

endocrinien avéré, est

présent dans 4�carottes

achetées au rayon frais.

19 références testées, dont 4 bio

prise de poids, une augmentation du taux de masse grasse et un diabète. C’est d’ailleurs pour préserver leur santé –�devant la protection de l’en-vironnement et le goût des produits�– que les Français consomment un nombre croissant de produits bio, notamment les fruits et légumes.

HUIT FAMILLES DE PRODUITS TESTÉES

Nous avons passé huit familles de fruits et légumes, bio ou convention-nels, frais, surgelés ou en conserve, au crible de nos tests. Résultats�: leurs qualités nutritionnelles peuvent varier selon di�érents paramètres�: traitement thermique subi, condi-tions de stockage… (voir pages 26-27).

Nous avons aussi recherché les rési-dus de pesticides dans 134�produits.

À l’heure où le glyphosate attire, avec raison, les foudres de la sphère publique et du monde médical, nous avons choisi de cibler d’autres pesti-cides pas forcément plus recomman-dables que l’herbicide de Monsanto. Parmi les 600�molécules recherchées, quatre types de résidus détectés dans une ou plusieurs familles de pro-duits de notre panel sont interdits en France et dans l’Union européenne. C’est notamment le cas du carben-dazime, un fongicide prohibé depuis une dizaine d’années et retrouvé dans 14 de nos produits, surtout les hari-cots verts (7�références) et les petits pois (5�références). Qui plus est, il est classé comme perturbateur endo-crinien potentiel par la Commission européenne. Plus ennuyeux encore, on trouve parmi ces molécules

78�%

22�%

47�%

47�%

6�%

0 résidu 5 ou 6 résidus3 ou 4 résidus Plus de 6 résidus1 ou 2 résidus

ISTO

CK -

PH

OTO

S P

RO

DU

ITS

: J. C

HIS

CAN

O/«

60

�»

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24 / N° 541 / OCTOBRE 2018 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS

interdites deux perturbateurs

endocriniens classés avérés�: le linu-

ron, un herbicide présent dans quatre

échantillons de carottes pourtant

toutes “origine France”, et l’ipro-

dione, un fongicide retrouvé dans

deux échantillons de

framboises, un d’abricots

et un de haricots verts.

Fraude, contamination

accidentelle ou persis-

tance de la molécule dans

l’environnement� ? Mal-

heureusement, l’origine de cette pré-

sence est impossible à déterminer…

Cela étant, les résultats s’avèrent glo-

balement acceptables. Un peu plus

de la moitié (57�%) des échantillons

ne présente aucun résidu. Pour les

autres, nous avons retrouvé des rési-

dus de 31�molécules di�érentes, la

grande majorité d’entre elles étant

des fongicides. C’est déjà trop…

Au moins les teneurs mesurées

restent-elles toutes sous les limites

maximales de résidus (LMR) �xées

par la réglementation européenne.

Satisfecit pour les ananas,

les tomates et les champi-

gnons de Paris�: la grande

majorité des références

que nous avons analysées

sont à zéro résidu. Pour

l’expliquer, on peut suppo-

ser que les tomates, largement culti-

vées sous serre, sont moins exposées

aux pesticides ; et que la peau épaisse

des ananas les protège e�cacement

de ces substances�; quant aux cham-

pignons, les traitements par des fon-

gicides (le type de résidu le plus fré-

quent) sont limités.

En bas du classement, on trouve les

framboises, avec une moyenne de

2,8�résidus. Un mauvais score lié, a

priori, à la fragilité de ce fruit, qui

induit plus de traitements pesticides.

LE BIO S’EN SORT LE MIEUX, ET DE LOIN

Principal enseignement si l’on se

penche sur chaque famille�: quels

que soient le fruit ou le légume, les

versions bio sont bien moins polluées

que les produits conventionnels. Pre-

nons les haricots verts, où la di�é-

rence est le plus �agrante�: on compte

2,5�résidus en moyenne pour les hari-

cots conventionnels contre 0,1�résidu

pour les bio. Ce n’est guère di�érent

pour les abricots (2,4�résidus dans les

conventionnels contre 0,3 dans les

bio). Toutefois, du côté des tomates et

Tomate

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 0,3�résidu par produit. Les références bio figurent

parmi les 14�produits sans aucun résidu détecté.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

2�références contiennent un résidu suspecté d’être

un perturbateur endocrinien (PE).

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

Picard, tomates en quartiers pelées (surgelés). Naturalia,

tomates entières pelées (en conserve). Savéol, tomates cocktail

en grappes cultivées sans pesticides (frais).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

tomates en grappe sans marque

achetées sur un marché (frais).

À SAVOIR�: cette famille est

l’une des plus “propres”

de l’essai�: 14�produits sur 18

ne contiennent aucun résidu.

Les tomates les plus

contaminées,

avec 2�résidus, sont

des produits frais.

18 références testées, dont 4 bio

Framboise

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 2,8�résidus par produit, et 7�résidus pour les plus

contaminés. Le boscalide est le pesticide le plus fréquemment

retrouvé (8�références).

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

7�références contiennent 1�résidu suspecté d’être un perturbateur

endocrinien, dont 2 comportent aussi un PE avéré, l’iprodione.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

Thiriet bio, framboises entières (surgelés). Driscoll’s,

framboises (frais). Framboises sans marque achetées en grande

surface (frais).

EXEMPLE DE «�MAUVAIS ÉLÈVE�»�:

Adelie (Intermarché), framboises

entières (surgelés).

À SAVOIR�: les produits frais

sont deux fois moins

contaminés que

les surgelés. Les

framboises forment

la famille la plus

polluée de l’essai.

15 références testées, dont 2 bio

78�%

22�%

20�% 40�% 13�% 13�% 14�%

Surprise : les produits surgelés sont les plus contaminés.

R�pa�t�ti�n d�� pr�du�ts ��l�n l� n�m�r� d� r��idus d�t�ct��

* Voir photo

ALIMENTATION & SANTÉ

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60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 541 / OCTOBRE 2018 / 25

0 résidu 5 ou 6 résidus3 ou 4 résidus Plus de 6 résidus1 ou 2 résidus

des champignons, les deux versions sont aussi peu contaminées. Frais, surgelés ou en conserve, les produits peuvent contenir des pesti-cides. Nos résultats pointent cepen-dant les versions surgelées comme étant les plus “polluées”, alors que les produits frais et en conserve pré-sentent une contamination proche. L’une des hypothèses pour justi�er cette di�érence serait que les fruits et légumes sont surgelés immédiate-ment après la cueillette�: la dégrada-tion des molécules chimiques en se-rait ralentie. À l’inverse, les produits frais sont souvent stockés plusieurs jours à l’air libre et à la lumière, ce qui peut expliquer leurs teneurs moindres en pesticides.•

PATRICIA CHAIROPOULOS Ingénieur�: FARID BENSAÏD

Abricot

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 1,8�résidu par produit.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

4�références contiennent au moins 1 résidu suspecté

d’être un perturbateur endocrinien, dont le carbendazime,

et 1�référence comporte un perturbateur endocrinien avéré,

l’iprodione.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”*�:

St Mamet, abricots de Méditerranée (en

conserve). U, abricots oreillons (en conserve).

Le Verger bio de Véronique, abricots bio (frais).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

Carrefour, abricots en oreillons (surgelés).

À SAVOIR�: les surgelés sont les plus

contaminés, mais 1 référence

d’abricot frais contient

10 résidus, la plus polluée

de l’ensemble des familles.

Les bio s’en sortent

bien mieux que

les conventionnels.

13 références testées, dont 4 bio

Ananas

NOMBRE DE PESTICIDES�:

en moyenne 0,2�résidu par produit, qui concerne seulement

2�références.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS�:

1�seule référence contient un résidu suspecté d’être

un perturbateur endocrinien.

EXEMPLES DE “BON ÉLÈVE”* �:

Del Monte ananas en tranches au jus, sans sucres ajoutés

(conserve). Cora, ananas en tranches,

origine Thaïlande (en conserve). Picard,

ananas en morceaux (surgelés).

EXEMPLE DE “MAUVAIS ÉLÈVE”�:

ananas entier, sans marque, acheté

en grande surface (frais).

À SAVOIR�: les ananas sont

l’une des familles de produits

les plus “propres”.

Tous les produits en conserve

et surgelés sont exempts

de résidus, tout comme

les produits bio.

13 références testées, dont 3 bio

54�% 23�% 8�% 8�% 7�% 85�% 15�%

i Globalement, le niveau de contamination est acceptable, avec 57�% des produits

exempts de pesticides�; quant aux résidus détectés ou quantifiés, aucun ne dépasse

les limites maximales autorisées.

i Des résidus de pesticides interdits d’usage en France et dans l’Union européenne

ont été retrouvés sur plusieurs échantillons�; de plus, certains d’entre eux

sont des perturbateurs endocriniens potentiels ou avérés.

i Les surgelés se révèlent un peu plus contaminés que les autres types de produits,

notamment pour les haricots verts et les framboises.

À r�t�nir

Consultez les résultats détaillés

de nos analyses pour chacun

des 134 produits testés,

en vous rendant sur notre site web,

à l’adresse�:

6 0 m .f r/ 5 41 2 1

L�� r��ultats d� n�tr� ��sai

+ + +

Très bon 20 à 17

+ +

Bon 16,5 à 13

+

Acceptable 12,5 à 10

-

Insuffisant 9,5 à 7

- -

Très insuffisant 6,5 à 0

Les pourcentages entre parenthèses expriment

le poids de chaque critère dans la notation finale.

IST

OC

K

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ALIMENTATION & SANTÉ

26 / N° 541 / OCTOBRE 2018 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS

Vitamines, fibres… Les fruits et les légumes ne présentent pas forcément le même

intérêt nutritionnel selon qu’on les achète frais, surgelés ou en conserve. Le résultat

de nos analyses peut surprendre : ce sont les surgelés qui s'en sortent le mieux.

Essai

Frais, surgelés, en conserve

Et côté nutrition,

ça donne quoi ?

Pour les cinq fruits et légumes

que l’on nous encourage

régulièrement de manger

au quotidien, doit-on privi-

légier les produits frais, ou les surge-

lés et les conserves font-ils tout aussi

bien l’a�aire�? Pour y voir plus clair,

nous avons analysé la qualité nutri-

tionnelle de huit familles en compa-

rant ces trois modes de conservation.

Nos tests montrent que les surgelés

sont, en général, les plus riches en

vitamines. Les fruits et légumes sont

surgelés très peu de temps après la ré-

colte, ce qui permet de bien conserver

ces apports nutritifs.

LE FRAIS N'A PAS QUE DES AVANTAGES

Les produits frais, en revanche,

ont des teneurs en vitamines plus

variables, ce qui s’explique par la

durée du stockage, pendant laquelle

certaines d’entre elles se dégradent

sous l’e�et de la lumière, de l’oxygène

et de la chaleur.

Fruits et légumes frais peuvent aussi

être moins riches en vitamines s’ils

sont récoltés avant maturation, à la

di�érence des fruits et légumes sur-

gelés ou en conserve, récoltés mûrs.

Notons que 10�% des fruits et légumes

frais consommés par les Français

viennent de leur jardin et sont riches

en vitamines car cueillis à maturité

et mangés dès la récolte. Les champi-

T�n�ur� �n ��tamin��, ��r��, ��l �t �ucr��

Haricots verts, petits pois, carottes, tomates, champignons de Paris, framboises, ananas, abricots : nous avons comparé

quelque 90 références de fruits et de légumes en équilibrant le frais, les surgelés et les conserves. Nous avons quantifié,

en laboratoire, les principaux nutriments.

IST

OC

K

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60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 541 / OCTOBRE 2018 / 27

les minéraux dans l’eau de cuisson.

La teneur en �bres n’est pas signi�-

cativement modi�ée par le mode de

conservation.

LES CONSERVES PLUS RICHES EN SEL

P réc isons cepend a nt que les

variétés destinées au frais ou aux

conserves et surgelés ne sont pas les

mêmes. Par exemple, les tomates en

conserve sont des petites tomates

dures jamais vendues sur les étals

de légumes frais, explique Catherine

Renard. Par ailleurs, les conserves

sont plus riches en sel en raison de

l’eau salée utilisée dans les bocaux

et les boîtes.

En�n, il n’y a pas de di�érences signi-

�catives entre produits bio et pro-

duits conventionnels sur les critères

nutritionnels, ce qui n’est pas le cas

pour les aspects sanitaires, comme le

montrent nos analyses sur les pesti-

cides (voir page 22). Quoi qu’il en soit,

comme le rappelle Catherine Renard,

« d’un point de vue nutritionnel, il est

important de manger des fruits et des

légumes, quel que soit le mode de conser-

vation. »• MAGALI REINERTIngénieur�: FARID BENSAÏD

gnons de Paris frais restent riches en

vitamines B3 et B5, car celles-ci s’al-

tèrent moins pendant le stockage que

les autres vitamines ou provitamines

recherchées (C, B9 et bêtacarotène).

LA STÉRILISATION DÉTRUIT LES VITAMINES

Toutes ces vitamines sont impliquées

dans de nombreuses fonctions biolo-

giques. La vitamine�B joue un rôle

clé dans le renouvellement de toutes

les cellules et la vitamine�C renforce

notre système immunitaire.

Quant aux conserves, la stérilisation

détruit les vitamines sensibles à la

chaleur. L’eau salée ajoutée dans les

bocaux et boîtes leur en fait perdre

aussi, explique Catherine Renard,

chercheuse à l’Institut national de la

recherche agronomique, qui rappelle

que, «�quand on fait cuire des légumes

frais, il faut le faire dans peu d’eau�»

pour ne pas perdre les vitamines et