front...quelques avantages substantiels et arrondir ses fins de mois par le biais de certains...

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- front - des luttes de classes édité par l'Organisation Communiste Liberto.ire MEETING VENDREDI14 JANVIERA 20 h30 A PARIS tv\UTUALITE SALLf~ B 24 rue St Victor 75005 N°60 du 10 au 24 Janvier 1 BIMENSUEL 3,00 fr

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- front -des luttes de classes

édité par l'Organisation Communiste Liberto.ire

MEETING VENDREDI14 JANVIERA 20 h30 APARIS tv\UTUALITE SALLf~ B 24 rue St Victor 75005

N°60 du 10 au 24 Janvier 1 BIMENSUEL 3,00 fr

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• hon •IIIJertalre'des k.ttes de classes

33, rue des Vignoles75020 Paris

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41 480;00

A VIS AUX ÉVENTUELS RÉDACTEURS

Si vous désirez faire passer un article, ilfaut savoir les petites choses suivantes : lenuméro de fin de mois sort le 25 de l'impri-merie. Il faut donc que les derniers textesnous parviennent le 15 au plus tard.

Le numéro de début de mois sort de l'im-primerie le 10, il faut donc que les dernierstextes nous parviennent au plus tard le l er.

Qu'on se le dise ...2

25 F51 F

GOMMUNIQUE

Le 18 janvier 1977 à Troyesaura lieu le procès de PatrickHenry. Ainsi que vous le saveztoute audience est publique.Toute personné qui souh_ite nepas laisser _ux seuls parti-sans de la peine de mort l'i-nitiative de manifester leurprésence, devront donc se ren-dre au tribunal de Troyes.

Pour clarifier l'enjeu po-litique que représente la mé-canique de la peine capital~pour le Pouvoir, et montrerla place qu"elle occuppe dansla campagne du Prince Poniasur la"sécurité des Français~les organisations et revuessoussignées organisent :UN MEETING PUBLIC le Vendredi14 janvier à 20h30 Salle del'AGECA, 177 rue de CharonnePARIS 11° ( MO A.DUMAS ).aEin de préparer collective-ment la riposte à entré~ren-dre à l'occasion du procèsde Troyes.

Ne laissons pas la tête dePatrick Henry, quelle que soitl'importance de son crime,permettre aux rnas5-médias etaux Giscard-Ponia et autresGuichard, de masquer la cri-se économique et 1_ fragili-té du régime .

Les organisations et revuessoussignées appellent à par-ticiper massivement aux diver-ses initiatives.

Le· 6 janvier 77Comité d'action des prison-

niers, Revue Champ Social, Re-vue Edukon, Comité de lutte dsdes handicapés.

Avec le soutien deLigue communiste révolution-

naire, Fédération anarchiste,premières organisations ayantpris position •••••

Toute cQrrespondance : C.A.P.15 rue des Trois Frères 75018PARIS.

30 F60 F

\ ! / \ "oW' / jPV-:vP - ,~\_9JP ~o Y ~l{Q)-- .»:J'en ai marre d'être obligé de lire

« Front Libertaire » tout seul, marred'être isolé dans une ville de cinqcent mille habitants, marre de croireque je suis seul à lire F.L. à Toulouse,marre d'être obligé de passerpar Parispour le dire. Alors, si comme je l'es-père encore, il y a des gens qui sontcomme moi, qu'ils se montrent.

Correspondant F. L.Toulouse

A PROPOSDU PARLEMENT EUROPÉEN

la tendance libertaire du SAT* commu-nique:

Dans deux ans, on dirigera « le peuple eu-ropéen )} vers les urnes pour y élire sesmaîtres. Déjà les différents partis politiquespréparent une grande campagne pour acqué-rir les suffrages. les partis de même orien-tation mais de différents pays unissent leursforces et harmonisent leurs programmes.

les congressistes de SAT de vingt paysréunis dans la tendance libertaire proposentaux groupes des divers pays d'unir leurcombat contre le joug de « l'unité euro-péenne ».

Envoyez vos remarques à :SOLIDARITEIT LlJUBA AUSGRACHT318 - AMSTERDAM Il

* SENNACIECA ASOCIO TUTMONDA qui si-gnifie Association mondiale anationale - Asso-ciation de travailleurs espérantistes.

JOURNAUX LOCAUXEXPRESSION LIBRE

(rectificatif et complément)

LA PASTILLE est édité à Mantes-la-Jolieet non à Nantes.

A Saint-Omer, ce n'est pas KANOR, maisKANAR.

A Toulon, ce n'est pas L'ESTOF AGOU,mais L'ESTOF AGAR!.

A Valence, ce n'est pas PETINGOU maisPETINCOU.

Il ne faut pas lire AVINHEM à DIRE,mais DIRE à AVIGNON.

A Saint-Chamond, ce n'est pas COURAM-MAUD, mais COURAMMIAUD.

A Sainte-Savine, ce n'est pas LA CHAIRSALIER, mais LA CHAIR SALÉE.

D'autre part, nous avons appris queLUTTES-UNITÉ de Guéret (Creuse) a étésabordé par la GOP et que donc ce journaln'existe plus. LE PETIT ROUGE DU TRÉ-GOR. à Kerbost n'existe plus lui non plus.LE- CRI DU NORD (scission du CLAMPINLIBÉRÉ) a disparu ainsi que le 12 AMER(Paris).

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-------------------------------SOn~

MIIIIELLEUN HOPITAL PSYCHIATRIQUE

A quelque 25 kilomètres au nord de Paris,dans une campagne en voie d'urbanisation, ily a un petit village : Moisselles. Sa seule « in-dustrie » qui offre des emplois, c'est l'hôpitalpsychiatrique. Il n'est donc pas étonnant d'yrencontrer des infirmiers qui sont nés à quel-ques mètres de l'H.P., qui sont ensuite passésà la crêche de l'hôpital, puis à l'école commu-nale du coin et qui maintenant y travaillentcomme leurs parents et leurs grands parents.

Mais comme dans beaucoup d'endroits, àMoisselles, les choses bougent et changent.Depuis quelques années, les jeunes de la régionrefusent d'être obligés de se payer des heuresde transport pour aller travailler à Paris, enusine ou en bureaux. Or, l'école d'infirmierspsychiatriques était une bonne filière quecertains découvrirent et que beaucoup suivi-rent. Plus de deux ans d'études-travail assurés,une paye qui tombe toutes les fins de mois,bref, « la planque», pensaient certains.

Très vite, la triste réalité du monde psy-chiatrique apparaît. L'hôpital est peuplé devieux et de vieilles abandonnés par leur fa-mille, de jeunes drogués ramassés par la police,de repris de justice qui évitent ainsi la prison,de prostituées, de tous ceux qui sont devenusdes inadaptés sociaux. Les locaux sont vieux,la plupart des soignés dorment dans de grandsdortoirs ; l'hygiène, la sécurité, la qualité dela nourriture, tout ça c'est des mots.

Alors, les élèves tentent de s'organiser. Ilscommencent par vouloir adhérer à la sectionCGT de l'hôpital. Il n'en était apparemmentpas question et on entendit même cet argu-ment : « Vous ne pouvez pas adhérer à laCGT, en ce moment il n'y a pas de cartes, fautles imprimer» ... ! Ça, c'était il y a deux ans,et depuis, les petits scandales, les bavures detoutes sortes éclatent.

Des soignés qui meurent ...

Il y a quelques mois, un médecin retireà une personne hospitalisée son carnet dechèques pour lui éviter de dépenser inconsidé-rément son argent. Le carnet est balancé dansun coin d'où il disparaît et les chèques sontutilisés. Cette personne se retrouve donc sansfric, mais le psychiatre a réussi, puisqu'ellen'a pas dépensé d'argent.

Dernièrement, une fille de 18 ans est morte.Elle était entrée à l'H.P. en placement volon-taire et avait de bons rapports avec le person-nel. A la suite d'une fugue, elle est enferméedans une cellule d'isolement (chose couranteà Moisselles). Le feu éclate, le personnell'éteindra, mais la jeune fille mourra le len-demain.

Des soignants licenciés

L'administration durcit sa position ; ellen'hésite pas à mettre sur le. dos du personneltous ces incidents. De plus, face à la montéedes luttes revendicatives et anti-institution-nelles, la direction manie la répression.

Le mois dernier, l'administration a excluun élève-infirmier à deux mois de l'examenfinal. Les prétextes étaient vagues, mais onpeut mieux comprendre cette décision quandon sait que cet élève était le secrétaire de lasection CFDT. Ce licenciement a provoquéune grève des cours et l'occupation des locauxde l'enseignement pendant deux semaines.Cette lutte ne s'est pas terminée sur une vic-toire, mais les positions syndicales se sontrévélées : fa CFTC refuse son soutien à lalutte, le bureau de la CGT se met en opposi-tion avec les élèves syndiqués CGT et seule laCFDT se solidarise avec ce mouvement. Maiscette solidarité n'est pas vraiment passée parles instances syndicales. Elle fut plutôt favori-sée par des relations personnelles entre les élè-ves des différents établissements psychia-triques du département et par différentscontacts extra-syndicaux.

...ça c'est la psy !

Quant à la lutte contre la psychiatrie ins-titutionnelle, elle se fait grâce aux mouve-ments tels que l'AERLIP ou le GIA. Les rap-ports soignants-soignés évoluent lentementmais sûrement malgré la réticence des grandspatrons de la psychiatrie.

Après Sainte-Anne, Maison-Blanche, Saint-Maurice et bien d'autres, Moisselles est unnouveau bastion qui s'effrite et qui fait par-ler de lui.

Salut.Correspondance F.L. Val d'Oise

vrrE FAITSUR LE ZINGUN POUR TOUS! TOUS POURRIS

A Aurans, le maire, M. Mérendal, se seraitservi de son titre de maire pour se procurerquelques avantages substantiels et arrondirses fins de mois par le biais de certains pro-fits fonciers dénoncés par les agriculteurs duvillage. Le fait n'est pas nouveau, maisl'escroc présumé a la malchance de porterl'étiquette socialiste, ce qui a déclenché unecampagne de presse locale, car à Salon, cheflieu du canton, la municipalité sortante(CDS, UDR et Cie) risque fort d'être balan-cée aux municipales. On ne reproche pas tel-lement au maire d'être un « escroc» toutcourt, mais surtout d'être un « escroc» so-cialiste.

On a parlé d'appuis de l'administrationlocale. Cet appui était loin d'être total, maisl'opposition au sein du conseil municipalétait littéralement baillonnée (publicationdes procès verbaux falsifiés, interdictionfaite au secrétaire par le maire de montrercertains documents aux représentants dusyndicat agricole).

A l'intérieur du PS local, deux tendancess'affrontent à ce propos: la tendance affai-riste (socialistes traditionnels) avec M. RogerCarcassonne, conseiller général, qui affirmequ'un vieux de la vieille comme M. Mérendalpeut se permettre quelques excès et qu'ondoit donc fermer les yeux. L'aile gauche duPS (socialistes autogestionnaires en majorité)rejettent et dénoncent une telle attitude.

En effet, ce n'est pas une simple affairede trafic foncier, comme il y en a toujourseu et comme il y en aura encore, mais laproximité des élections a grossi l'affaire.La majorité est heureuse d'avoir enfin trou-vé un argument de vote en sa faveur qui luipermettrait de se maintenir : « Vous avez vuqu'ils sont aussi pourris que nous, mêmes'ils le cachent». « Alors, votez pour nous,parce que tout pourris qu'on soit, on en estfiers et on le dit. Au moins, avec nous, voussavez à quoi vous attendre et vous ne serezpas déçus».

VOTEZ DURVOTEZ MOUmais VOTEZ DANS LE TROU!

Correspondan t

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International-- _

espogne: lA ROCAAlors que la presse, la radio et la télévision bourgeoises nous donnent l'image d'une Es-

pagne politicienne à travers de longs articles et analyses sur le rapprochement négocié del'opposition et de la monarchie juancarliste, l'image du pays réel est bien différente: laclasse ouvrière et le peuple espagnols sont sûrement plus préoccupés du chômage croissant,des bas salaires, du gel de ces derniers, de l'inflation et de la répression que des subtilitéset finesses du jeu politique actuel : et ce ne sont pas les nombreuses grèves se menant ac-tuellement qui le démentiront.

Ainsi, pour la seconde fois en 1976, les travailleurs de la ROCA, usine catalane de ra-diateurs et matériel sanitaire, ont décidé la grève totale contre les bas salaires, les condi-tions de travail et la répression. Cette grève de 5.000 ouvriers de la ROCA depuis le 8 oc-tobre, par son caractère radical, sa forme d'organisation et son déroulement reflète plussûrement ce qu'est l'Espagne d'aujourd'hui, l'Espagne des travailleurs.

La ROCA est une entreprise catalane im-plantée depuis les années 30 près de Barce-lone à Gava. D'une entreprise à capital fa-milial, elle s'est formidablement développéeen une entreprise qui, aujourd'hui, monopo-lise le marché espagnol du matériel sani-taire, emploie près de 6.000 travailleursdans ses usines de Gava, Sabadell, Alcala deHenares, Alcala de Guadaira, de Viladecans.La ROCA a une envergure multinationale.

Parallèlement à son développement, laROCA a substitué au paternalisme patronal(logement des ouvriers dans des cités « LaRocca», etc.) une intransigeance sans fardface aux quelques mouvements des ouvriersexténués par les cadences et les conditionsde travail.

Le prolétariat de la ROCA s'est forméil y a trois générations par des émigrants, etjusqu'il y a peu, ils étaient un modèle dediscipline et de conscience professionnellepour le patronat local. Touchant jusque dansles années 65 des salaires relativement élevés,pris dans les filets du paternal isme patronal(faire des heures supplémentaires pour pa-yer la maison construite par les soins du pa-tron ... l. les travailleurs de la ROCA yétaient assez peu combatifs, même si à causedes conditions de travail désastreuses il yeut des époques où près de 100 ouvriers de-mandaient leur compte en même temps etoù une année 400 d'entre eux «désertèrent»ainsi l'enfer de la ROCA. La ROCA, mal-gré tout cela, restait une région qui, commele BAS-L LOB R EGAT est un véritable bas-tion communiste, un îlot de « calme», depaix sociale.

La grève de marset ses leçons

Mais avec la montée des prix, la mort deFranco et ce qui s'ensuivit, le développementdes luttes ouvrières toucha aussi la ROCA,et ce, dès mars 76 où les ouvriers firent unegrève totale de 41 jours sans succès signifi-catif. Trois constatations s'imposent aprèscet échec:- les liaisons nouées avec d'autres entre-prises pouvaient se compter sur les doigtsd'une main;- la totale inefficacité des recours légalistespar le biais du syndicat vertical (CNS) 1

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- l'émergence, lors de la lutte, d'ouvriersactifs et combatifs qui, non-responsablessyndicaux, n'en étaient pas moins la pierrede touche de la grève.

Tirant les leçons de cette expérience, lesouvriers de la ROCA élirent alors leurspropres délégués ou équipes, qu'ils soientou non responsables syndicaux. 43 délé-gués furent élus, réunis en assemblée, ilsélirent à leur tour un groupe de 15 d'entreeux chargés d'ébaucher une plate-forme re-vendicative unique à toute l'usine sur labase des discussions de chaque atel ier. Ilsélirent aussi une délégation pour négocierla convention inter-provinciale, mais sanstenir compte des critères de désignation dela CNS (choix selon les catégories et qualifi-cations), mais sur la base de la capacité delutte de chaque délégué.

T out cela fut débattu et approuvé lorsde diverses assemblées massives, et pouréviter un doublon de la part du syndicatvertical, l'assemblée exigea la démission detous les responsables syndicaux de l'usine;ceux-ci, véritable caste ouvrière, refusèrentdans un premier temps, mais dès septembre,tous étaient démissionnaires. Ainsi com-mençait un processus aboutissant à la rup-ture syndicale et au rejet de la CNS. Parune grève de 24 heures. les travailleurs dela ROCA. imposeront à la direction qu'ellereconnaisse comme « interlocuteurs va-lables » les délégués mandatés et révocablesà tout moment par l'assemblée ouvrière.

A partir de cette première victoire, l'auto-organisation se développait; le groupe de 15devenait comité coordinateur des déléguéset le nombre de ceux-ci atteignait èn oc-tobre ,60, couvrant toute l'usine.

Dès le 4 octobre, les négociations pour laConvention sont engagées. Malgré les conces-

sions des travailleurs (ramenant la plate-for-me de ces 33 points à 24), la directionrompt les négociations. Durant celles-ci, uneautre grève de 24 heures était 'déclenchée enappui aux revendications (encart n 1).

Tiré de « ROCA EN L UCHA » N 7 (Bul·letin du Comité de grève de la ROCA. Gava,le 23.17.76).

Les plans du patronat

Le processus d'auto-organisation déve!o-pé avait mis en péril tout ce qu'il ya de plussacré de la propriété et de l'exploitation ce-piteliste l'autorité et l'arbitraire patronal,les ordres despotiques du personnel d'enes-drement et d'une direction inepte, ince-pebles, tous, de dire autre chose que ce quedit le directeur, Garcia Bou, à la Commis-sion des délégués : « discipline, discipline,discipline; production, production, produc-tion », ce à quoi nous, ouvriers, avons re-pondu : « et plus, et plus de salaire » " oubien ce que dit le représentant du patronat,Purroyaux négociations de la convention« Si les travailleurs sont mécontents, qu 'ilsaillent travailler autre part 1 » Et les ou-vriers ? et nos besoins, notre sécurité, notre« silicose », nos accidents, nos familles .?

Cela ne compte pas pour ces messieurs ducapital. Mais les délégués, le Comité clesQuinze, le processus a'eu to-orqenisetiondans un projet de structures syndicales uni-taires avec possibilité pour toutes tendances,c'est cela qu'il fallait liquider à tout prix,parce que nous, les travailleurs, quand nousnous organisons nous-mêmes pour lu tterpour nos propres intérêts de classe, nousn'acceptons pas les débats, nous ne pecti-sons pas avec le patronat. Maintenir cetteposition signifie d'une part, rompre avectous les plans du gouvernement (MesuresEconomiquesl ~ qui tentent de nous fairesupporter le poids de la crise et cela, d'au-tre part, démontre qu'elle est la forme cielutte et d'organisation que nous devonsprendre, nous, la classe ouvrière.

* Sone de plan Barre à l'Espagnole

Répression patronaleet riposte ouvrière

S'appuyant sur les dernières mesures dugouvernement Suarez (gel des salai-es, déro-gation à l'article 35), la direction va engagerl'épreuve de force avec les travailleurs. Toutcommença par la mise à pied de 7 jours d'untravailleur, puis le licenciement, le 8 oc-tobre, d'un des délégués du « groupe desquinze» avec, pour motif: l'incitation auxgrèves des 27 et 28 octobre. La riposte futimmédiate et le jour même les ouvriers dela ROCA décident la grève totale en soli-

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darité avec leur délégué. La direction ré-pond par un nouveau licenciement, ce qui nepouvait que confirmer les ouvriers dans leursentiment qu'ils avaient que la direction, parces deux licenciements, se lançait dans unevéritable tentative de « nettoyage par levide », visant les 50, 100 ou 500 ouvriersles plus avancés et les plus conscients de laROCA.

le 9 octobre, après les avoir expulsés sau-vagement de l'usine, la garde civile chargeplusieurs fois les ouvriers regroupés dans larue. Ce sont les premiers affrontements et, lelendemain les travailleurs élèvent des barri-cades, ripostent par des jets de pierres etretournent à la garde civile ses lacrymo-gènes: la police ne peut que reculer. « Ul-cérés » les policiers, le soir mitraillerontabondamment plusieurs maisons de travail-leurs de la cité « la ROCA ». Dès les pre-miers jours de la grève, c'est une véritableterreur policière qui s'abat sur GAVA: avecun sadisme criminel les policiers matraquentà coups de crosse des gens sans défense, in-terpellent et tabassent des ouvriers dans lesba s, mitraillent les maisons, blessant ainsiune habitante, jettent des lacrymogènesdans un collège d'enfants, quadrillent laville, la « bouclant» pour l'isoler. De plus,des groupes fascistes attaqueront les maisonsdes délégués au coktail Molotov.

Un seul objectif à cette terreur: interdireles assemblées, c'est-à-dire le lieu et le mo-ment où se réalisait l'unité des ouvriers. Maisces assemblées continueront à se dérouler etse déroulent encore à l'heure où est écritcet article; elles ont lieu soit dans le bourg,soit dans la montagne, protégées par des bar-ricades et des piquets de protection, car dèsles premiers jours les grévistes ont décidéde prendre les devants, organiser leurs forces,étendre la lutte jusqu'au bout malgré les ar-

International«- 5.000 travailleurs dans la rue contre lelicenciement de 46 compagnons et pour lalibération de 8 emprisonnés. On veut jugerces derniers (plus 4 en liberté provisoire) de-vant les tribunaux mititeires.»

(...)«- Nous, ouvriers de la ROCA, sommes entrain de démontrer que l'effort d'auto-orga-nisation que nous avons mis en pratique:assemblées d'information, de débats et dedécisions auxquelles tous participent: délé-gués élus démocratiquement, révocables àtout moment, sont des armes pour défendrenos intérêts de classe »,«- Ces formes de lutte et d'organisationnous permettent de continuer et de mainte-nir l'unité et montrent la voie de l'authen-tique libération de la classe laborieusee.

Compagnons, construisons notre unité sur

la base de la démocratie ouvrière et luttons- pour la libération de tous les détenus,- pour la réintégration de tous les licenciéset la levée des sanctions,- contre le gel des salaires et le libre licen-ciement,- pour notre auto-organisation par des as-semblées et l'élection des délégués révoca-bles,- pour une convention juste pour tous lesmétallurgistes.

'Solidarité avec les travailleurs de la ROCA !Solidarité avec tous les détenus, licenciéset sanctionnés de la province.

PRÉPARONS LA GREVE GÉNÉRALE!Comité de grève

élu par l'assemblée destravailleurs de la ROCA

restations et la terreur policière.Quels qu'en soient les développements

ultérieurs, la grève de la ROCA marque unmoment important dans la lutte des classesen Espagne. l'issue de la grève de la ROCAdépend de la possibil ité d'expansion de telsmouvements en Espagne, mais aussi de lasolidarité active qui jouera en et hors d'Es-pagne en faveur des ouvriers de I~ ROCA.

Nous nous engageons à développer untravail d'information et de 'solidarité activeen soutien à la lutte des ouvriers de la ROCApartout où nous sommes présents. Seuls,nous ne pouvons suffire à un tel travail quiest l'affaire de tous ceux qui, en France,pensent que si une lutte des travailleurs ba-sée sur d'authentiques formes de démocratie

ouvrière est vaincue, c'est toute la classeouvrière qui est vaincue.

Il faut agir en conséquence par la solida-rité réelle aux ouvriers de la ROCA.

A l'initiative de l'OC l, un meeting/galade soutien à la ROCA aura lieu à la Mutua-lité, au Palais de la Mutualité de Paris, le14 janvier 1977 à 20 h 30, avec des délé-gués des ouvriers de la ROCA.

1. Les dernières élections des délégués de la CNSavaient été libéralisées. permettant à l'oppositionde gauche de présenter des candidats dont beau-coup furent élus. Les CO, l'UGT, l'USO avaientaccepté cette ouverture, appuyés par toute la gau-che et l'extrême-qauche mao ïste et trotskyste. Ilfaut noter qu'à Vitoria comme à ROCA. les tra-vailleurs n'ont pas fait confiance à ces déléguésverticaux, même ceux de gauche.

La grève du port de Barcelone

Du 1er au 20 décembre 1976, les 1.858travailleurs du port de Barcelone ont menéune grève victorieuse. Cette grève s'étaitdéclenchée en solidarité avec les sept travail-leurs portuaires mis à pied par la direction.Ces sanctions traduisaient la volonté de cettedirection de casser le mouvement de refusdes heures supplémentaires de nuit et durantles week-ends et les fêtes. Ce mouvement futdécidé par les dockers comme suite à la ré-

ponse négative qu'ils avaient eue à leurs re-vendications.

Durant les 20 heures de grève, en dé-cembre, le port fut complètement bloqué,et 130 bateaux, bien que détournés sur Ter-reqone., ils ne purent être déchargés grâce àla solidarité de tous les dockers catalans. Ac-culée, la direction ne pouvait que céder enlevant les sanctions.

A noter que cette grève fut une grèved'assemblée et que son comité était en rela-tion directe avec celui de la ROCA.

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International

Dans le N° 56 de F.L. il a été publie unarticle sur la Chine qui, à mon avis, étaitattendu. Bien que je ne sois pas absolumentd'accord avec les théories et encore moinsavec les pratiques léninistes - auxquelles laChine clame bien haut son rattachementidéologique - je n'accepte pas pour autantn'importe quelles critiques. J'estime qu'ilest nécessaire de bien préparer ses argumentset de vérifier minutieusement toutes sessources d'information avant de se lancerdans une critique.

L'article précité m'a laissé sur ma faim etce, d'autant plus que les textes du groupeLI YI ZHE pourraient être une critique dedroite déguisée. Pour bien comprendre cequi se passe en Chine, il est nécessaire que jeprécise certains points. Il existe toujoursdes partisans de l'ancien régime féodal, desnostalgiques du stalinisme ou des petits chefsen mal de dictature. Officiellement, ces in-dividus ne peuvent pas propager librementleurs théories. A chaque fois, en pareil cas,ces autoritaires choisissent comme lieuxd'intervention privilégiés les endroits où ilest possible de prendre un pouvoir et oùleurs dires sont démultipliés. Pour la chine,la seule structure répondant à ces critèresest le Parti. Vu la démarche qu'a suivie larévolution culturelle, il est impossible auxopposants de s'attaquer de front au régimeet ce, même s'ils sont membres influents duparti. La seule tactique qu'ils peuvent adop-ter, c'est d'encenser le régime, glorifier legrand timonier, passer la main dans le dosdes masses, flatter les travailleurs, etc. Detrès longs discours sont faits, de très bellesthéories (du point de vue « maoïste » évi-demment) sont énoncés. Mais ce n'est paspour faire avancer la révolution, bien aucontraire.

Le groupe LI YI ZHE semble pratiquerde la même manière. Li Yi Zhé est un groupequi opérait à Changaï et se dit révolution-naire bon ton et bien rouge. Les journauxmuraux de Li Yi Zhé ont été édités enFrance. Dans ces textes, le régime chinoisest disséqué, décortiqué, regardé à la loupede tous les côtés et sous tous les angles. Çafait plaisir car les adeptes de Mao en pren-nent plein des dents. Et tout ça c'est dit àgrands coups de Président Mao par ci, etde « grand timonier » de la révolution parlà, un coup dans les gencives de la clique deLin Piao et un coup dans les valseuses auxrestaurateurs de la voie capitaliste ou dusocial-fascisme. Durant tout le bouquin, LiYi Zhe clame tout un tas de choses, et brus-

quement, à la dernière page du texte (quien compte 117), voici ce que j'ai pu lire:

« Au cours de la dernière cure" nousavons lutté contre les hauts salaires, contreles primes et récompenses élevées. Mais al-lons-nous nier absolument le rôle des pri-mes? Prenons le cas d'un ouvrier plus actif,consciencieux et responsable, qui dépasseles normes, ou peut être inventeur. Pour-quoi est-il interdit de lui attribuer des primes

convenables en plus du salaire de sa caté-gorie ? ( ... ) Le principe de la politique duvent est de récompenser la paresse et de pé-naliser l'effort. Le principe de « chacun se-lon ses capacités, à chacun selon son labeur»sous la bannière de la politique prolétariennemobilise et préserve l'initiative socialiste desmasses populaires. D'ailleurs, c'est en appli-quant à la lettre ce principe qu'on limiterale plus efficacement les privilèges.

La IVe Assemblée nationale populairedoit spécifier noir sur blanc le principe de« chacun selon ses capacités, à chacun selonson labeur ».

Voilà, c'est édifiant, non? En bref, c'estla réhabilitation des primes au rendement.Pour des gens aussi avisés que Li Yi Zhec'est bizarre quand même ! Pour qu'il n'yait pas de confusion possible, je répète queje ne suis pas d'accord avec les pro-chinois.Je suis communiste libertaire, mais ce n'estpas pour cela que j'accepte de critiquer laChine avec n'importe quels arguments etde me lier avec n'importe quels opposants.La critique sur la Chine se doit d'être révolu-tionnaire et tendant à l'autonomie ouvrièreet surtout que ce soit un dépassement dece qui existe et que ce dépassement soitdécidé par les travailleurs eux-mêmes et nonpas par un ponte du parti, comme ce fut lecas des grands mouvements chinois.

Voilà, c'est tout ce que j'avais à diresur ce point. Je le considère suffisammentimportant pour le signaler. J'espère que vousen tiendrez compte.

Saluts communistes libertaires.

if Gr6~«" ~i....o\vtl()Y\Pro\[i"a ~~~fl.e..CI..lJ'UC'~J\c.__

espoqne mogouille's flamencoLe 30 décembre, Santiago CARILLO,

secrétaire général du PCE'a été libéré! Ceci« grâce» à la riposte « de masse» du PCFentre autres qui organisait une manif le 27décembre! Non, faut pas pousser!

C'était évident que Carillo serait libérérapidement (c'est pour cela qu'il s'est laisséarrêter) ; entre gens du même bord, on nepeut pas se faire de pareilles crasses: les diri-geants du PCE en tôle, qui se chargerait demystifier les travailleurs espagnols?

Tout cela n'est qu'un coup monté : le• PCE, pour se faire reconnaître, voulait

mettre Juan Carlos and Co au pied du mur:Carillo se fait arrêter, Juan Carlos ne peutfaire autrement que de le libérer, sous peined'apparaître comme le réel successeur deFranco (qu'il est d'ailleurs) devant les « dé-mocraties avancées » (Eh quoi ! les PC sontdes partis respectables !)

Cela a permis aussi au PCF de montrerqu'il lutte pour les libertés en organisant la

manif de soutien aux « militants-commu-nistes-persécutés-en-Espagne ». Il est bienévident que le PCF en restait là : pas ques-tion de parler des autres militants politiquesemprisonnés (anarchistes, autonomistes ...),ceux-là, c'est normal de les laisser en tôle :ce sont tous des terroristes; le PC a montrésa position envers eux depuis longtemps,surtout le PCE en 1936/37 (tiens, maisCarillo, où était-il à cette époque ?). Pources militants, l'accession même du peE augouvernement ne serait que la confirmationde leurs condamnations et ils seraient mêmeassurés de retrouver rapidement dans leursgeôles leurs camarades encore en liberté.

Alors non, nous faire croire que la bour-geoisie espagnole aurait laissé son chien degarde sous les barreaux s'il n'y avait pas eula « mobilisation » internationale, c'est unpeu gros! N'empêche que les gauchos l'ontgobé, cet œuf-là ; ils y sont allés à la manifdu PCF!

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Armée---------------------------------

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ARMÉE, DEUXIEME VAGUE DERÉPRESSION:

ENGAGEONS LA RIPOSTE!

Déjà au mois de novembre avaient eu lieudes arrestations d'appelés à Melun, Lure etKalsruhe. C'est que la Sécurité militaire pré-parait son offensive de choc. Le point visé :Landau et Neustadt, la XIe Brigade FFA.Bien choisi, messieurs! En effet, les comitésde soldats de la région devaient coordonnerleurs actions sur une plate-forme de revendi-cations (parue dans les « Bœufs voientrouge» nO 14). Et elle fait peur, cette plate-forme. Elle a raison d'en avoir peur la hié-rarchie militaire : elle est populaire ... Ehoui!

Schelch, Patrick Shane, Gérard Gras, Jean-Paul Germont, Gérard Wincklemuller etChristian Vicat.

APPEL A LA SOLIDARITÉ

Lequel d'entre nous ne s'est jamais plaint des« grandes semaines» ?

Par une lettre au colonel, notre comité de sol-dats a dénoncé ce système oppressif:- garde et renfort de nuit,- piquet d'inter,- corvée de mess, de cercle,- et pendant ce temps, les corvées utilitairesconti nuent ...

Et tout ça sert à quoi?Face à nos revendications, BUCQUET n'a ma-

nifesté qu'indifférence! fférence- Enréaction à ce système odieux- En réaction à l'indifférence complice de Bucquet

Boycottons I'ordlnarra, le mercredi 10, au repasdu soir!

Nous prouverons ainsi notre mécontentementet notre solidarité dans la lutte, jusqu'à l'aboutisse-ment de nos revendications!

Nous sommes tous concernés! TOUS UNIS,NOUS VAINCRONS!

Si tu n'acceptes pas qu'on te privedetesdroitsles plus élémentaires, ..VIENS AVEC NOUS !!

Et puis ça continue: au 8e RI, au 2e RA,au 411e BCS et au 611 CI. Arrestations etinterrogatoires ... Il ne faut pas oublier lesinterrogatoires : plusieurs dizaines d'heuresd'affilée sur le passé politique et syndical,avec la collaboration de « policiers en civil»(tiens, tiens ... ).

Les soldats emprisonnés ont tout de suiteengagé la riposte, dans la mesure de leur pos-sibilité : avertir la presse, faire du bruit ;ceux du 44 RT ont commencé une grèvede la faim le 6 décembre.

Mais la riposte, elle s'est aussi engagée àl'extérieur, lentement certes, en particulieren Eure et en Provence d'où sont originairescertains appelés.

Pourquoi cette deuxième grande vague?

Et c'est au 44 RT que tout a commencé.Le 18 novembre, après une distribution detracts « anodins » demandant aux appeléset engagés à boycotter le repas de l'ordi-naire pour protester contre une mesure dis-ciplinaire, la S.M. va jouer les zorros gesta-pistes : arrestation rocambolesque de l'en-gagé Bertrand Riche (un hélicoptère est venule cueillir lors d'un retour de manœuvre),puis des appelés Jean-Pierre Thomine, Alex

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Il est vrai que presque quotidiennementdes appelés sont mis au trou pour des rai-sons plus ou moins douteuses. Or ici, nonseulement l'ampleur de la répression estexceptionnelle, mais elle a été menée avec 10-calisme et rapidité, stratégie inquiétante. Plu-sieurs points sont à examiner:- le fait qu'un engagé soit aux côtés desappelés dans la lutte menée par les comitésde soldats,- le fait que la coordination lancée était

les Boe u 15Voilà la véritable cause de l'arrestation desmilitaires : cette plate-forme de revendica-tions sur laquelle devaient se coordonnertous les comités de soldats de Landau etde Neustadt, parue dans le bulletin « Lesbœufs voient rouge» N° 14 oct.-nov., pp.1,2, .'J, 4, 5 et 6.

Nous n'avons pas la place ici de publierle cahier de revendications des soldats dansson intégralité (cela prendrait deux pages deF.L. 1), aussi nous contenterons-nous d'enrésumer l'essentiel et d'en donner des ex-traits:

Après une introduction rappelant lesluttes des soldats qui ont déjà eu lieu cesdernières années et la répression qui s'enest suivie, on trouve d'abord une liste de re-vendications « corporatistes » (en ce sensqu'elles ne concernent la condition du sol-dat qu'en tant que soldat) : suppression desbrimades officielles (ordre serré, salut) etnon officielles (injures, violence), nouveaurèglement de discipline, droit de demanderune punition contre les fautes des supérieurs,jugement public des punitions, suppressiondes « rallonges» (rab) du temps de service(aussi pour les objecteurs, les coopérants ...),une véritable formation, incorporation pro-che du domicile:

Momo, tu aurais dû !!Bubu, il va falloir ...

Comité de Soldats du 44·RT

RougeVo i e nt« Nous voulons en finir avec cette armée

qui nous isole de nos parents et amis (amies),qui nous réduit à la misère sexuelle. Nousvoulons en finir avec cette armée qui nouséloigne de notre milieu de travail, de notrerégion, de nos ca'!narades en lutte, pourmieux nous utiliser ensuite à réprimer lestravailleurs. C'est depuis que 1907 quel'armée éloigne les travailleurs de leur ré-gion d'origine: cette année-là, les soldats du17e Régiment de Ligne de Montpellieravaient refusé de tirer sur les vignerons deleur région qui manifestaient. Depuis, onnous éloigne 1 Et l'armée qui dit manquerd'argent dépense des millions à nous dépor-ter 1 »

Libre choix de la date d'incorporationen tre 18 et 25 ans:

« L'armée veut nous prendre de plus enplus jel 'nes pour mieux empêcher toute vo-lonté d ~résistance ».

Plus de permissions (72 h, détentes), droitde sortie, suppression des corvées, amélio-ration des conditions sanitaires, d'hygièneet de sécurité.

Ensuite, on passe à des revendicationssur la condition des soldats en tant que tra-vailleurs : augmentation de la solde, les8 heures et les 40 heures, la récupérationdes heures supplémentaires (manœuvres),temps de conduite maximum pour les

conducteurs, liberté d'information, du cour-rier (plus d'espionnage), d'expresssion, deréunion, d'affichage, droit de pétition,liberté d'association, droit d'avoir des délé-gués, non aux commissions bidons soumisesà la hiérarchie, suppression de la justice mi-litaire (tribunaux, prisons), libération detous les emprisonnés, dissolution de la sécu-rité militaire.

Enfin, des revendications plus « poli-tiques» : non au recours à l'armée contregrèves et manifestations:

« En Mai 68, les radios étaient interditesdans les casernes, les soldats étaient consi-gnés presque en permanence ignorant cequi se passait en France: les FFA étaientprêtes à intervenir contre les ouvriers et lesétudiants sous la direction du général tor-tionnaire MASSU. »

Halte à l'armée de guerre civile, suppres-sion de la « Défense opérationnelle » (nesoyons pas prêts à intervenir contre les au-tres travailleurs) ; non aux chants fascistesou colonialistes, dissolution des régimentscomposés d'engagés (50 % d'appelés danschaque unité au minimum), retrait destroupes françaises hors de l'exeqone, retraitde la coopération avec l'OTAN, retrait desTOM-DOM, non à l'aide armée aux paysdictatoriaux ou coloniaux (Tchad, Liban àl'état de projet), arrêt des ventes d'armes etde l'aide à la répression à l'étranger.

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/l-\rrTlée!:......-- ----'-_

en liaison avec des travailleurs radica-lisésallemands,- la plate-forme de revendications elle-même,- le fait que les comités de soldats ne sontpas morts et qu'ils se multiplient su; desbases de classe,- la tactique de la répression: le localisme.

1. Les engagés n'ont jusqu'à présent quepeu (ou pas) participé aux luttes des soldats,sinon, pour une extrême minorité, en choi-sissant la voie réformiste. Or, au 44 RT, unengagé était présent aux côtés des appelésen lutte. Nous n'allons pas revenir sur lepourquoi d'un engagement dans l'armée. Unfait est certain, c'est que dans 90 % des cas,ce choix correspond à une période d'im-passe : pas de diplôme, pas de débouchés, ...L'engagé, comme l'appelé est un prolétaire,même si l'idéologie qu'il subit en fait un ins-

trument plus docile et plus facilementcontrôlable que l'appelé, et même si chezlui la prise de conscience de classe restedifficile, sinon impossible (mépris cultivédes travailleurs, etc.).

La S.M. a peur, très peur. Si les engagéscommencent à lutter aux côtés des révo-lutionnaires (Bertrand le faisait, le fait, surdes bases pacifistes), et délaissent les voiesrevendicatives corporatistes et réformistes,sur quoi donc s'appuiera la (future ?) arméede métier sur laquelle compte tant la bour-geoisie en dernier ressort? Cette arrestationa marqué un pas, et ce pas a été franchi : lescomités de soldats ne se limiteront plus auseul contingent...

2. Déjà, à plusieurs reprises, les comitésde soldats de Landau s'étaient élevés contrele rôle que leur faisait jouer la hiérarchiemilitaire parmi la population civile (cf. les

&Bi •• ., .. ,:_ ...... ~$ k r.tr A$1\AG'~ ti5;J, JiIWs cE IIWK .... üra; .....

......... f

COMMUNIQUt: DE PRESSEde la coordination des Comités de soldats

de Landau/Neustadt du 23.11.1976

Suite à une diffusion de tracts, un sous-officier et sept hommes du rang ont étéarrêtés par la sécurité mil itaire et sont actuel-lement au secret: RICH E Bertrand (sergent-chef engagé) - THOM 1 NE Jean-Marie (ca-poral-chef) - SCHELCH Alex (caporal) -SHAN EN Patrick - G RAS Gérard - GER-MONT Jean-Paul - WINCKELMULLER Gé-rard - VICAT Christian.

Peut-être y en a-t-il encore d'autres ...Le tract, diffusé la nuit dans la caserne,

au début novembre, demandait aux appelésde boycotter un repas de l'ordinaire pourprotester contre les « grandes semaines» :le système des grandes semaines oblige lesappelés à monter plusieurs gardes (12 ou24 heures) en une semaine. Les appelés doi-vent aussi être toujours prêts à interveniren cas d'incendie ou autre incident. Enmême temps, ils font les corvées et leur ser-vice de tous les jours. Le tract était signé du« Comité de soldats du 44e RT de Landau»en Allemagne.

COORDINATION DES COMITt:S DESOLDATS DE LANDAU

ET COORDINATION DES COMITt:SDE SOLDATS DE NEUSTADT

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COMMUNIQUt: DE PRESSEDES 7 APPELt:S EMPRISONNt:S

Les sept appelés du « Comité de soldats»du 44e RT de Landau (RFA) mis aux arrêtsde rigueur depuis le 18 novembre 76 ont dé-cidé de commencer une grève de la faim àpartir du 6 décembre pour protester contreleur incarcération.

Ils demandent:- que toutes les procédures engagées contreeux prennent fin,- leur mise en liberté immédiate, car leursactions au sein du comité n'ont fait qu'ex-primer l'avis de .la majorité des militaires,tant parmi les appélés que parmi les mili-taires de carrière, qui constatent un très sé-rieux malaise dans l'armée;- que soient respectés les droits les plus élé-mentaires (en particulier droit d'expression,droit d'information, droit d'association), ain-si que la dignité humaine.

Ils demandent également à ce que soitimmédiatement résilié le contrat d'engage-ment de leur camarade, pacifiste et catho-lique pratiquant, Bertrand RICHE, lui aussiemprisonné, engagé contre sa volonté àl'âge de 17 ans.

Les signataires: Germond Jean-Paul, SchelchAlex, Vicat Christian, Gras Gérard, Winken-muller Gérard, Thomine Jean-Marie, ShanenPatrick.

••• FFI:BVR N° 13). En particulier en parachutantles bidasses parmi les immigrés et les chô-meurs des faubourgs de Landau. Mais si enpremier lieu la xénophobie escomptée depart et d'autre par la hiérarchie militaire (deconcert avec la bourgeoisie allemande) futun succès (bagarres, 1 mort...), la haine dela population s'est bientôt retournée contreelle, grâce à l'action menée par les comitésde soldats aux côtés de la frange radicaliséedes travailleurs allemands. Ce sont ceux-ciqui popularisaient l'action des CdS parmila population, eux qui distribuaient lestracts aux appelés (et qui le font encorebien sùr). ceux-là mêmes aussi qui soutien-nent les emprisonnés : l'internationalismeest progressivement redécouvert sous Sri.

forme pratique: solidarité et lutte de classe.3. La plate-forme de lutte (voir extraits 1

plus loin), si elle n'est pas révolutionnairede par son contenu, ne se limite pas pour au- ~tant au seul corporatisme, et pose des re-vendications qui sont déjà des acquis de la

r JEUNES APPELÉS5ïlTERUN SUNT

fOUI

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A ,Armee---------------------------------------------------------------------------- ~« Un Comité de soutien aux emprison-nés de Landau-Neustadt s'est créé. Ilmène u ne vaste campagne de soutien :appel aux organisations démocratiques,pétitions, affiches ... Son adresse: cioCFDT, Mairie, 04200 SISTERON.

1 1 1 1

classe ouvrière. Les travailleurs sous l'uni-forme ne peuvent donc qu'opérer un largerassemblement autour de ces positions.Cette mobilisation se dessinait déjà lorsqueles arrestations se sont produites. Celles-cine font d'ailleurs que retarder l'affrontement

4. La SM ne pouvait (ne peut) que consta-ter une chose : malgré Draguignan, malgréla formidable répression de l'année passée,malgré le fichage et les arrestations quoti-diennes, les comités de soldats sont toujourslà. Les travailleurs radicalisés qui se sou-mettent à l'uniforme restent des révolution-naires. L'armée n'échappe pas à cette pé-riode de montée des luttes. De même quetoutes les institutions du système capita-liste, elle n'échappe pas à sa rem ise encause sur des bases de classe. La répressionmenée par la bourgeoisie, la démagogie desréformistes et les déviations mystificatricesdes léninistes (Armée rouge and Co) n'ypourront rien: l'armée restera un instrumentau service de la classe socio-politique dorni-

nante. Elle est à détruire. La fraction radica-lisée de la classe ouvrière s'y attache tantau sein des casernes qu'à l'extérieur.

5. De nouvelles stratégies répressives sontà l'ordre du jour. Le problème de la S.M. estqu'il faut éviter une mobilisation populaired'importance. Et aujourd'hui le soutien, s'ils'organise, n'en met pas moins longtemps àêtre effectif. C'est qu'elle devient sournoisela S.M. Elle préfère frapper localement, fort,et de plus à l'étranger. Les contacts sontdifficiles, l'information est bloquée.

C'est là-dessus que la hiérarchie militairemise pour briser le mouvement des soldats:l'absence de soutien.

Evitons l'interprétation localiste des faits.Ce n'est pas parce que le répression frappeà Landau que le soutien doit s'organiser à r------------------Landau. Ce n'est pas parce que les appeléssont originaires d'ici ou là que la ripostedoit s'effectuer ici ou là.

COMME L'ANNËE DERNIERE, LA RI-

, ~

\RKETESAU 44 l'T À, 1

~'JQIP. USE S EXPRIMERf eu PATI!O,NATYY

Communiqué de presse de l'UL-CFDTde Sisteron

SOUTIEN AUX EMPRISONNËS DE LAN-DAU ET NEUSTADT

Une quinzaine de militaires ont été arrê-tés en Allemagne, dont un Sisteronnais.

De quoi sont-ils accusés?D'avoir distribué un tract pour protester

contre « les grandes semaines», mesure dis-ciplinaire.

A cette occasion, la Sécurité militairereprend la chasse aux sorcières débutée ily a un an contre syndicalistes et appelés,d'ailleurs non encore jugés devant le vide desdossiers. Nous réaffirmons notre solidaritéaux revendications de ces travailleurs quesont les appelés:- incorporation proche du domicile- bénéfice de 4 semaines de congé pour12 mois de service- limitation de la semaine de travail à 40 h- la solde à 600 francs par mois dans l'im-médiat- récupération en semaine des heures detravail le week-end.- reconnaissance du droit d'association- retrait des troupes françaises basées horsde 1 'hexagone,- arrêt des ventes d'armes aux régimes im-périalistes et coloniaux- arrêt de toutes manœuvres communes auxforces de l'OTAN.

Ces revendications sont exprimées dans lejournal « Les bœufs voient rouge» des coor-dinations des comités de soldats de Landauet Neustadt. Voilà les véritables raisons pourlesquelles on détient sans preuves 15 appelés:des acquis sociaux chez les travailleurs,bafoués à l'armée.

AUSSI, NOUS EXIGEONS LA LIBËRA-TION IMMËDIATE DE NOS CAMARADESSOUS L'UNIFORME!

Union locale CFDT de Sisteron

POSTE DOIT ETRE D'ENVERGURE NA-TIONALE!

Plus que jamais notre mot d'ordre reste:SOLDAT, SOUS L'UNIFORME TU RES-

TES UN TRAVAILLEUR!OCL Sisteron

DERNIERE MINUTE

Nous sommes toujours sans nouvelle del'engagé Bertrand Riche.

Quant aux appelés qui ont débuté unegrève de la faim le 6 décembre, ils ont étéisolés et transférés. Ils ont cessé progressi-vement leur mouvement. Alex Schelch s'estarrêté le 12 après avoir su bi des pressionspsychologiques (2 bidasses bouffaient régu-lièrement à ses côtés).

COMMUNI3UÉ DE PRESSEDU COMITÉ ANTI-MILITARISTE 04-05

Nouvelle vague d'arrestations dans lesrangs des soldats en lutte. L'ampleur de cetterépression prouve l'inquiétude de la hiérar-chie militaire face à la popularité toujourscroissante que rencontrent les actions descomités de soldats. La preuve en est que laS.M. et la D.S.T. ont pour la première foistravaillé ouvertement main dans la main :les appelés arrêtés ont été interrogés pendantdes dizaines d'heures par des « policiers encivil ».

C'est à nous, civils, d'exiger les droits lesplus élémentaires des travailleurs sous l'uni-forme: liberté d'expression et d'association.

C'est pourquoi nous appelons tous lesanti-militaristes révolutionnaires à participerà la création de comités de soutien aux em-prisonnés de Landau Neustadt.

Leur libération dépendra d'une large mo-bilisation et des actions entreprises.

BRISONS l'OFFENSIVE DU POUVOIR!LA LUTTE DES SOLD,.\TS VIVRA!

CAM 04-05, le 8 décembre

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A ,Arrr¤e, _

La« Le congrès de la C. G. T. affirme que la pro-pagande anti-militariste et anti-patriotiquedoit devenir toujours plus intense et toujoursplus audacieuse. Dans chaque grève, l'arméeest pour le patronat ; dans chaque confliteuropéen, dans chaque guerre entre nationsou coloniale, la classe ouvrière est dupe etsacrifiée au profit de la classe patronaleparasitaire et bourgeoise. C'est pourquoi lecongrès approuve et préconise toute actionde propagande anti-militariste et anti-patrio-tique, qui peut seule compromettre la situa-tion des arrivés et des arrivistes de toutesclasses et de toutes écoles politiques. »

C.G.T.(Congrès d'Amiens ... 13.9.1906)

AVANT-PROPOS

Cet article est la reprise d'une brochureéditée par des camarades. Le manque d'in-formations des futurs soldats étant un desmoyens de propager la peur, nous pensonsdévelopper les luttes en la publiant.

Si des camarades nous font parvenirdes exemples concrets de résistance auxfaits dénoncés dans cet articles, nous les pu-blierons volontiers !

o

Cet article est principalement destinéaux futurs bidasses. n n'est pas de notrepropos d'analyser pourquoi une armée existeen France et nous ne reprendrons pas lesthèmes développés déjà par plusieurs grou-pes sur le rôle de l'année dans les pays capi-talistes : en s'adressant à ces groupes, voiremême aux syndicats ouvriers, on peut serenseigner sur ces analyses.

Ce que nous avons voulu faire est d'in-diquer et d'analyser LA VIE QUOTIDIEN-NE A L'ARMÉE.

n nous est apparu qu'un vide total exis-te dans ce domaine et qu'on se retrouvetout con quand on débarque sur le quai dela gare le jour de l'incorporation. Or, LAHIÉRARCHIE MILITAIRE JOUE SURNOTRE IGNORANCE. Nous espérons doncapporter une petite arme contre l'embriga-dement, contre l'abrutissement de la vie decaserne. Nous ne pouvons pas, par ce biais,rendre la vie du bisadde plus gaie : nousconsidérons cette brochure COMME UNEARME DE COMBAT. Et de toute façon,elle sera ce que vous en ferez ...

Les premiers jours

Tout d'abord, il faut s'enlever une idéede la tête : L'ARMÉE CE N'EST PAS LEBORDEL ; tout est prévu. De Marseille àDunkerque, de Verdun à Brest, et depuisdes années et des années : on fait les mêmesgestes, on répète les mêmes mots. Ce n'estpas un hasard, c'est (dans la logique mili-

1C

vie 1 1 1 1

taire) EFFICACE. Il faut déjà en êtreconscient pour ne pas se laisser avoir.

On reçoit donc, un beau matin, unelettre tricolore qu'on attendait d'ailleursun peu : c'est la lettre d'incorporation.Dessus? Pas grand chose: le lieu d'incorpo-ration, la date du « rendez-vous», et quel-ques conseils sur les bagages à prendre.

Le jour du départ arrive. On va voyageravec un tas de bidasses ou de futurs bidasses,bref, on est dans le bain.

Ainsi, en une heure, on sait tout de vouset nous on ne sait rien d'eux, et on est misdans une de ces cases de leur puzzle à ren-dre idiot: la compagnie et la section.

Dès lors s'opère le premier regroupe-ment: par compagnie. Puis le second: parsections et enfin par chambrées.

Pour la chambrée, il est rare qu'on n'enchange pas, surtout si les gars s'entendentbien, discutent. La politique du « diviserpour régner » demeure une formule mili-

On arrive sur le quai, la feuille d'incor-poration à la main, et aussitôt on est pris enmain par des gradés qui nous 'indiquent uncamion militaire, sans autres précisions.C'est parti : dès cet instant, ON EST PRISEN CHARGE, L'ARMÉE PENSE POURNOUS.

L'arrivée à la caserne se fait sans qu'onnous ait expliqué quoi que ce soit et on estaccueilli soit par un café au lait, une oran-geade ou autre.

Et puis, commence l'attente des autrescamions. C'est la première fois qu'on attend,ce ne sera pas la dernière. Le temps aussicommence à nous échapper...

Tout à coup, un type avec quelquesgrades (encore inconnus) nous prend enmain, fait déposer nos sacs et nous indiqueun bâtiment, sans aucune sorte d'explica-tion : C'EST LE CIRCUIT ADMINISTRA-TIF.

Au cours de ce circuit, on nous fait rem-plir un nombre incalculable de fiches deman-dant toujours la même chose et dont, évi-demment, nous ne connaissons pas l'utili-sation. Nous passons alors devant une sériede bidasses qui jouent les anciens et qui,pour la plupart, racontent n'importe quoi,ce qui satisfait les gradés qui aiment bienqu'on entretienne l'inconnu et qu'on fassepeur à ces cons de jeunes recrues ...

. Pendant ce circuit, on reçoit deux nu-méros, sans savoir à quoi ils correspondent:ce sont les numéros de la compagnie et de lasection auxquelles, généralement par hasard,on est affecté.

taire : divisés en armées, en régiments, encompagnies, en sections, en chambrées, onest constamment opposés aux autres ...

Dans la chambre, on nous attribue leslits et les armoires : on n'est plus JosephMachin, mais SOLDAT MACHIN, XèmeSECTION, Yème COMPAGNIE.

Les prénoms disparaissent, les « mon-sieur » aussi ; on est SOLDAT et il faudras'en souvenir car on va le répéter cent foispar jour, et souvent au milieu de la cour,en gueulant, face aux autres compagnies,devant le rire du con gradé de la section.

Entre ces différentes activités et la bouf-fe, la journée est généralement terminée.Alors, on nage dans l'inconnu, on connaîtla chambre, les chiottes, un ou deux gradéset on attend. Encore ...

Le matin, on est réveillé par le douxbruit d'un sifflet à roulette ou des gueule-ments : il est à peu près 5 h 1/2. Le « sergentde semaine » pénètre en gueulant ( de préfé-rence en hiver), ouvre les fenêtres en inter-disant de les fermer. Bien souvent, c'est unappelé ; il en a bavé, il n'est pas contentd'être « de semaine », alors il se venge. Ilrentre là dans la logique militaire : CHACUNPOUR SOI. Il se croit plus malin alors qu'ilest aussi con que n'importe quel gradé. Lamachine militaire à rendre con a fait soneffet...

Après ce joyeux réveil, on fait sa toi-lette : on peut être dégueulasse et sentir lapisse, mais surtout il faut être RASÉ. Après,on défait son lit, mais pas « comme chezsoi» : en « batterie », c'est-à-dire les couver-

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A ,------------------------ __---- Arrree

I·arillall!tures pliées d'une certaine façon et les drapsroulés en croix sur les couvertures. C'est làqu'on pense que l'armée est faite pour desdébiles, mais non, ces gestes sont PRÉVUs,ÉTUDIES. Par cette façon de plier ces cou-vertures, on n'a plus un geste à soi. Personnemême le plus loufoque, ne pliera ses couver-tures comme ça chez lui. L'ARMEE NOUSACCAP ARE LES GESTES LES PLUS QUO-TIDIENS, ELLE NOUS RETIRE PETITA PETIT TOUTE PERSONNALITÉ mêmedans ce que la personnalité a de plus simple,de plus banal.

L'entreprise totalitaire poursuit sa route.Le second jour est en principe consacré

à l'habillement : ON REÇOIT SON PA-QUETAGE.

On passe encore dans une « chaîne »d'habillage où on nous remet tout ce qui serautile pour nous changer en « soldat».

Pour chaque vêtement, il y a un bidasse« responsable ». On a ainsi un aperçu des tâ-ches réservées aux bidasses ...

On entre les mains vides, et, tout douce-ment, on nous charge les bras de vestes,groles, bérets, cravates, brosses, pantalons,etc. A la fin de cette « chaîne», on a tout...ET ON NE SAIT PAS A QUOI ÇA SERT.Cc qu'on apprendra vite, c'est que la pertede ces ustensiles est passible d'une sanction:un ceinturon perdu: X jours de taule (selonl'humeur du moment) ou bien ... IL FAUTEN TROUVER UN AUTRE. Là on toucheau problème de la démerde. Les gentilsgradés moralistes poussent au vol : « tu asperdu ton béret? démerde-toi, pique celuid'un gars d'une autre section ». Alors, sion revient avec un autre béret, le gradé estcontent: IL A UN PETIT GARS DÉMER-DARD!

C'est encore la loi du « chacun poursoi ». PAS DE- SOLIDARITÉ, PAS D'AC-TIONS COLLECTIVES. Bref, tu voles tonvoisin ou tu vas en taule: c'est toi ou l'autre.C'est comme ça qu'on fait des petits Fran-cais rois de la démerde, mais SURTOUTPAS CONTESTATAIRES.

Une fois qu'on a reçu Je paquetage, ilne faut pas croire qu'on va s'habiller commeon veut : mettre un pull s'il fait droid, re-tirer sa casquette s'il fait chaud, etc. Non,c'est le chef qui décide. S'il fait froid? Onretire les pulls. S'il Fait chaud? On les met...S'il y a un type qui déconne? On met lescasques ... Le vêtement devient un moyende contrainte. D'ailleurs, on s'habille et on sedéshabille dix fois dans la journée et tou-jours en un temps record. L'emploi du tempsest étudié à cet effet: par exemple, on faitdu sport avant de manger et on n'a pas ledroit de manger en survêtement... , donc,cinq minutes pour se changer.

Là non plus ce n'est pas débile : c'estétudié pour montrer qu'on ne s'appartientplus, ON APPARTIENT A L'ARMÉE ETA SES CHEFS - ILS DÉCIDENT POURNOUS, POUR CELA ILS ONT CRÉÉLEUR PROPRE LOGIQUE.

Dans les trois premiers jours qui suiventl'arrivée à la caserne, on a droit à LA COU-PE DE CHEVEUX. Officiellement, c'estpour l'HYGIENE. Officiellement encore :on coupe moins court qu'avant. Chacunpourra juger sur place ...

On a un peu appris à connaître les garsde la section, mais quand ils sortent de chezle coiffeur on ne reconnaît plus personne :ON NE SE RECONNAIT PLUS. Quand onse regarde dans la glace, on est dingue : im-possible de se faire une « raie » ... pas assezde cheveux.

A partir de ce moment, c'est fini. ONN'EST PLUS SOI-MEME : on est habillécomme des clowns (en beaucoup moinsdrôle), on a une nouvelle gueule, on n'aplus nos gestes à nous, même les plus quoti-diens, on ne peut plus décider par nous-mêmes, on doit demander la permission pourtout, même pour chier.

ON EST UN ROBOT que l'armée vaessayer de garder. .. bien huilé.

Il existe cependant un petit échappa-toire : un certificat médical de soins de lapeau nécessitant le port de la barbe et de lamoustache.

Après la photo pour la carte d'identité(prise avec le numéro de matricule sur lesµCIlOUS), on n'est plus un homme mais un(.hiet sans esprit, sans vie, et dans cette ma-chine de robot on va mettre un moteur d'au-t.unatc : ce sont « LES CLASSES».

mise en garde contre la subversion et (c'està la mode), le grand désir d'instaurer un dia-logue entre les officiers et les hommes durang.

Après ça on est prêt, on va pouvoir nousmodeler.

La journée d'un bidasse se compose ain-si : 5 h 30 : réveil, toilette, lit, nettoyage deschambres. Ce nettoyage est appelé «corvée»,c'est-à-dire que la propreté est considéréecomme une corvée, voire comme une puni-tion : donc, pourquoi faire attention de nepas salir, « les gars de corvée feront toutesles chamb res ». Il s'installe vite une pagailleà ce niveau, chacun fait ce qu'il veut « iln'en a rien à foutre», d'où la naissance detire-au-flanc qui se croient plus malins queles autres alors qu'ils tombent en plein dansle « jeu» des militaires: CHACUN POURSOI. En plus, le but souhaité par la hiérar-chie est atteint : FAIRE DÉGOUTTER DELA VIE COLLECTIVE. Et généralementça marche, parce que cette vie militairen'est pas différente de la vie civile. Tout yest amplifié mais ça se ressemble : dès lors,on y entretient l'idée que le ménage est uneactivité de « gonzesses» et qu'on ne va pass'abaisser à ces trucs là. Il suffit de s'orga-niser dans la chambrée pour faire le ménagechacun son tour et, DE SUITE, ON ESTMAL VU PAR LES GRADÉS. On est malvu ... mais ce n'est pas inutile.

Les classes

Pendant les classes, on atteint le sommetde l'abrutissement. Elles 'se composent de« cours » de « rang serré », de sport, d'ins-truction sur le tir, etc.

Avant, on aura subi ce que les mili-taires appellent « une visite médicale » quin'est qu'une simple formalité. Cependant,avec un bon dossier, du savoir-faire, on peutse faire réformer, surtout si la maladie a dequoi « contaminer » les autres (individuassocial, méprisant les lois, drogué, etc.).

Ensuite on est préparé « idéologique-ment» par le chef de corps qui tient un longdiscours sur la nation, la patrie, la nécessitéd'une armée, le tout arrosé d'une bonne dosed'anti-soviétisme (que certains, par erreur,nomment encore anti-communisme), une

Après la toilette et le nettoyage où lesdifférents gradés (caporaux, sergents, adju-dants) ont fait se grouiller les types ... onattend environ une heure jusqu'au rassem-blement de 8 heures.

Au rassemblement, toute la compagnieest regroupée dans la cour et on fait unesorte d'appel pour les malades, les absentset., les punis. On apprend donc sa punitionavant tout le monde, on ne nous la for-mule pas individuellement, ce qui est « lo-gique » PUISQU'ON N'EST PLUS UN IN-DIVIDU MAIS UN NUMÉRO PERUDANS D'AUTRES NUMÉROS.

Après le rassemblement, les activitéscommencent.

Par exemple par « le rang serré». C'est-à-dire qu'on va apprendre à marcher au pas,à présenter les armes, le garde à vous, ledemi-tour, etc.

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Page 12: front...quelques avantages substantiels et arrondir ses fins de mois par le biais de certains pro-fits fonciers dénoncés par les agriculteurs du village. Le fait n'est pas nouveau,

A ,ArITee---------- __ ---- _

La lIie 1Iiiiiiidielilie à 1-arllliieDonc, encore une fois, ON VA TRANS-

FORMER TOUS NOS GESTES pendant desheures et des heures pour ne plus êtrequ'une bête obéissant au doigt et à l'œil duchef de section.

On ne marchera plus comme on en al'habitude, de même pour tourner, pours'arrêter, etc. On pissera, on crachera, onfumera pendant les temps morts, QUANDLE CHEF L'AURA DÉCIDÉ.

Pendant des heures et des heures ontourne dans la cour, en marchant au pas, lesbras montant « jusqu'au ceinturon du voi-sin », au cri de UN-DEUX, ou plus exacte-ment de INCH-OUNCH, ARCH·r~RCH, etc.Chaque gradé a son propre cri; on croiraitdes bêtes.

Quand on croit que ça va être fini, onrecommence parce que Machin a fait le con:en fait, Machin n'a rien fait du tout, mais lechef l'a dans le nez. Si Machin conteste, onrecommence un tour: alors tous ses copainslui en veulent et il est isolé: LE TOUR ESTJOUÉ, L'ARMÉE A GAGNÉ, MACHINFERMERA SA GUEULE ... C'est dans cesmoments-là qu'il faut être vigilant pour nepas tomber dans le panneau et, quitte àrecommencer un tour, ETRE SOLIDAIREAVEC LE COPAIN ; mais ce n'est pas tou-jours facile quand on est lessivé, c'est dur dese contrôler, surtout quand on se met ànous faire marcher fusil aux hanches, c'est-à-dire tenu par deux doigts (4 k 1/2) au ni-veau des hanches. A ce moment on atteintle SADISME.

Après avoir marché, présenté les armes,tourné, on est à bout, tous les nerfs sont enboule, on casserait tout. Alors on s'arrêteet on rompt les rangs EN GUEULANT LEPLUS FORT POSSIBLE et en se précipi-tant dans l'escalier en se bousculant, s'écra-sant, se cognant (les crevures disent « çagicle», un terme sexuel) et on recommencetant que tout le monde ne le fait pas. Ainsiles nerfs s'apaisent et les gradés évitent queles types craquent (et leur foutent sur lagueule, par exemple ... ).

Rapidement les automatismes sont ap-parus et il suffit qu'un copain entre dans lapiaule en gueulant « garde à vous» pourque la moitié des types obéissent... et se re-trouvent tout cons devant le copain.

Le rang serré terminé (provisoirement),on peut subir un « cours ». L'avantage estqu'on est assis. A part ça, on apprend lesgrades, les règles d'obéissance, les interditsct ... les chants (appel à la revanche, à laviolence, glorification de la guerre, et chants« phallocratiques» à virilité fascisante).

Pendant ces cours, c'est notre tête qu'ilsmalaxent en y foutant des trucs inutilesqu'il faudra savoir par cœur, sous peine depunition.

Au cours de la journée, on va à l'IST(Instruction sur le tir). En théorie c'est des-tiné à apprendre à tirer. En fait, on apprenddes phrases par cœur (une par jour) pourtirer comme un automate, sans savoir com-ment, mais en sachant contre qui : les« rouges», les Chinois, les subversifs et tousces barbares, les Arabes et les Nègres ...

Puis, un jour, on va tirer : plusieurskilomètres, sac au dos en marchant (parfois12

en courant un peu). On arrive les pieds enfeu. Certains types s'écroulent. Quelquefoison est si bien conditionné que personnen'ose allé dire au gradé qu'un type s'esttrouvé mal. Alors, il reste à terre, étendu,tout blanc. C'est vrai, quoi, si les autres sec-tions apprenaient que dans la nôtre il y a ...une « femmelette ». Surtout il faut pasoublier : dans l'armée ON DEVIENT UNHOMME ...

Alors, il reste les sorties, le soir, avecles copains (après trois semaines de classes).On va au troquet, on se saoûle, on traînevers les bordels, et LA ENCORE ON FAITLE JEU DE L'ARMÉE. Il faut picoler, mé-priser les femmes, aller voir les putes, se co-gner la gueule pour être un homme, UNVRAI (sauf pour les 7 % de pertes autori-sées ... ). Un homme comme les militairesveulent qu'on le devienne : UN TUEURCONDITIONNÉ.

Voilà ce qui t'attend, en gros, toi quivas partir. Après les classes, c'est la routine,l'ennui, les boulots cons, le temps perdu,mais toujours L'OBÉISSANCE, L'INDIVI-DUALISME VOULU ET CONTROLÉ.

Cela ne te servira à rien de gueuler « laquille bordel » tous les dix mètres, de fêter« le père cent » cent jours avant la quilleet de porter cette même quille (en forme desexe) le jour de ta libération, puisque danstous les cas, ton ennui, ton ras-le-bol est ca-nalisé dans les traditions du folklore bidasseet qu'alors ta révolte n'est qu'individuelleet ne met pas en cause l'armée elle-même.

Depuis des années et des années c'estle même système : on façonne la jeunesseen robots obéissants, en bons producteursqui ferment leur gueule. L'ARMÉE POUR-

SUIT LE TRAVAIL DE L'ECOLE: ECOU-TE, OBEIS, TAIS-TOI.

Quand on a fini son « service» on n'apas un rond, alors on prend un boulot quel-conque, même mal payé. Et puis les petitschefs qui nous faisaient tant chier avant departir semblent tout gentils à côté du ju-teux et du sergent.

En plus, pendant un an, on a lavé, ba-layé, et pourtant les gradés répétaient toutle temps: « c'est un travail de nanas». Doncmaintenant, plus question de toucher unbalai ou une aiguille: « C'est pour les nanas,les grosses, les salopes, les cageots ... ».

Ainsi, on reproduit ce que la belle so-ciété capitaliste a créé : les femmes à la cui-sine et les types à la turbine. Et sur ce pointencore l'ARMEE A BIEN JOUÉ SON ROLE.

La caserne a bien fait son boulot, ellenous a préparés à l'usine. Elle nous a prépa-rés à nous écraser pendant quarante ans,jusqu'à la retraite, puis jusqu'au cimetière ...

C'est pour ça qu'on a fait cette bro-chure : pour qu'on réfléchisse, pour chercherà comprendre ce qu'il y a derrière les gestesquotidiens dans la caserne.

Désormais tu vas certainement êtrebon pour un an. Tu as le choix entre deuxattitudes : soit marcher avec les autres engueulant tout le temps « la quille bordel»,soit réagir à l'abrutissement et à l'endoctri-nement.

Mais pour cela il ne faut pas rester isolé;l'isolement entraîne le repli sur soi-même etfacilite la répression. Toute résistance àl'armée doit être organisée et popularisée.Si l'armée se méfie des actions organisées,ce n'est pas pour rien ...

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________ ------------------ Arméeles gueules de vache

c.,••·o. &~(~ b(\t)(1b

H~ANU/ ~~,.~c1t., Soc.'~ "tt_La gauche n'a pas de politique militairepropre.

Dans ce domaine primordial puisqu'ilconcerne le « bras armé» de la bourgeoisie,la gauche (PS en tête) montre son véritablevisage: gérer (mieux ?) le capitalisme.

On avait déjà remarqué le rôle des PS-PClors de la répression des comités de soldats:ne rien fairè qui puisse contrarier les crevuresde service ou enclencher un mouvementrevendicatif parmi les appelés. Pourtant, ilrestait leur opposition résolue à la force nu-

du P.S.

cléaire ; c'est maintenant fini. Le PS (de-puis son comité directeur du 7.11) défendla bombe ... Le PC poursuit une évolutiondans ce sens (propos d'Ellenstien et deBaillot, distension des liens avec Moscou,chantre de l'indépendance nationale ...)

De l'atlantisme et du gaullismePar cette prise de position, le PS conforte

son aile pro-atlantiste (doctrine Nixon (70) :défense du système capitaliste par régionset sans participation visible des US) et ré-

cupère des voix des nostalgiques du gaul-lisme! (qui font moins confiance aux appelsdu pied du PC).

Un projet bourgeois bureaucratiqueA partir d'une défense nucléaire conso-

lidée, création d'une armée de métier mo-derne, qui remplacera progressivement lesbidasses (diminution du service à six mois,dans un premier temps).

Mais comme le PS conserve un certainpopulisme, la D.O.T. sera renforcéeê avec unappel aux patriotes (gare à ceux qui ne se-ront pas dans la ligne !).

Tout cela est clair : renforcement de lacaste des officiers, rupture avec les envo-lées lyriques de « Changer la vie » : « Lameilleure défense d'une nation socialisteest la résolution unanime de ses citoyens ... »(p. 204), pas de mise en cause de l'armée,évidemment ...

Le problème de la transition au socialismen'est plus abordé, même en théorie (pauvreCERES ...). Le Programme commun devientun livre historique, trop marqué à gauche,sans doute, pour les classes moyennes ?Toutes les fois qu'une mesure peut créer undéséquilibre quel qu'il soit dans le système,elle est annulée: nationalisation de groupesétrangers, demande de travailleurs pour na-tionaliser leur entreprise, défense nucléaire ...Il ne s'agit pas pour nous de rappeler auxréformistes leurs maigres promesses, mais dedémontrer aux travailleurs leur démagogieet leurs limites bourgeoises ...

Développer un antimilitarisme de masseUne société nucléaire (défense et énergie)

ne peut être que centralisée, militarisée.Les travailleurs ne pourront pas diriger cetype de société, et beaucoup le savent. Il estdonc possible de développer un large courantcontre l'armement nucléaire, et sur ce qu'ilimplique, sur une base de classe. Nous de-vons en être partie prenante.PLUS QUE JAMAIS, A BAS LA BOMBE!

1. Même le CERES fait le trottoir du gaullisme ;voir les propos de Chevènement et son appel à laconstitution d'une 4ème force dans la gauche unie.2. Cf. le programme du PS, p. 205 (aucune réfé-rence n'est faire au rôle de la D.O.T. contre l'en-nemi intérieur).

LAVAL

INSOUMISIl pourrait sembler que ce soit le sort iné-

vitable de l'homme de ne pouvoir être librenulle part : partout les gouvernements mar-chent au despotisme et les peuples à la ser-vitude.

C'EST UN ÉTRANGE SPECTACLE QUECELUI DES ESCLAVES DEMANDANT ETEXIGEANT MEME LEUR PROPRE ES-CLAVAGE.

C'est par notre PASSIVITÉ que l'exploi-tation de l'homme par l'homme se perpétue.

Et c'est parce que certaines personnes enont conscience qu'elles luttent partout dansle monde (même dans les pays dits com-munistes) contre cette vie de misère.

Ainsi, des ouvriers et ouvrières se mettenten grève contre le travail à Cerisay en 1974,contre la bureaucratie du Parti à LODZ en

Pologne en 1976, etc., d'autres se battentcontre l'armée à Belfort, à Pithiviers, en Al-sace, en Espagne, aux USA, etc.

Et c'est parce que l'armée, la police, etc.sont des instruments de répression au ser-vice de la bourgeoisie que

VILAINE Jean-Paul de DIJONrefuse d'aller à l'armée.

C'est parce que le capitalisme dévore àun rythme infernal des millions d'hommesdans ses bagnes (usines, armées ...) que NOUSDEVONS DÉTRUIRE LE CAPITALISME

Comité de soutienà VILAINE J .P. et

aux autres insoumis au capital

Pour contact : L. LEHMANN, BP 15221004 Dijon Cédex.

Arrêté le vendredi 17.12.76 lors d'uncontrôle d'identité à pont de Cheruy-Phi-lippe MERLE est transféré à la caserne deSathoney-camp.

Philippe MERLE est insoumis, et le sa-medi 18.12.76 il refuse l'uniforme et se voitcondamné à 60 jours d'arrêts de rigueur.

Depuis lundi 20.12.76 PHILIPPE ESTEN GREVE DE LA FAIM.

POUR LE SOUTENIR, ÉCRIRE ACOCHARD, Directeur de la GendarmerieNationale et de la Justice Militaire, 35 rueSaint-Didier - 75016 PARIS,

AFIN D'EXIGER SA LIBÉRATIONIMMÉDIATE.

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éducastrationGuingamp

[EIILEDIX ANS APRES ...

A Gingamp (22), un deuxième lycéens'est suicidé en décembre 76. Les causes: unprofesseur de maths qui notait sec ? uneambiance du lycée A. Pavie autoritaire? desparents qui réprimandaient en cas de mau-vaises notes?

Les lycéens non organisés ont tenté uneAG (brisée par le proviseur) en tirant untract (voir encadré). Le proviseur, nouveau

A PROPOS DU SUICIDED'UN JEUNE DU LYCEE

- Dépression nerveuse- Fugues- Mystérieux départs d'élèves- Tentative de suicide- Un suicide l'autre jour

POURQUOI?

- Grand silence autour de cette histoire- Aucune information, ni dans la presse,ni au lycée.

POURQUOI?

- Une trentaine d'heures de cours par se-maine pour les externes, cinq jours et de-mi de présence au lycée pour les internes- Tout ça dans l'ennui général qui crève lesyeux de tout le monde- Est-ce aussi normal que tout le mondeveut bien le croire?

BACHOTAGE FORCÉCLIMA T DE CRAINTE ET DE COMPÉ-

TITION instauré par les prof. et l'adminis-tration

COMBIEN DE SUICIDES FAUDRA-T-ILENCORE POUR SAUVEGARDER L'OR-DRE SCOLAIRE?

Un groupe de lycéens

'.E(bis) !nommé, n'a-t-il pas déclaré: « Vous n'aviezqu'à voir les larmes de vos professeurs àl'enterrement... Si je retrouve les auteursdu tract, gare !! »

Guingamp, 18.000 habitants, municipali-té majorité présidentielle, vit la concurrenceécole confessionnelle/école État. Gingampn'offre à tous les jeunes le mercredi après-midi que 64 cafés-bistrots et discothèquespour que les jeunes se ((défoulent » ou qu'ilsfassent du sport. Guingamp devient le lieude vols, de viols, de bagarres, d'agressionscommises par des jeunes désœuvrés et inor-ganisés et (( on a renforcé les agents de villepourtant ». Guingamp a vu, le 11 novembre(( une bande de voyous dépenaillés » venirmanifester en silence avec une douzaine depancartes pacifistes contre le défilé des ap-pelés du Centre de Sélection n? 3. Guingampa trouvé un bouc émissaire à son racisme an-ti-jeunes : une maison ouverte à tous où(( on fait des activités culturelles » sans fric,dans des locaux vétustes, où on peut manger,coucher et rencontrer les jeunes chômeursroutards et des jeunes de passage rejetantcette société actuelle.

Décidément le suicide de Jean-Michelne règle pas les problèmes syndicaux de l'en-

. seignement public doté cependant d'associa-tions de parents d'élèves, ni n'améliore leclimat du lycée où la plupart des jeunes(( attendent que ça se passe ».

Guingamp reste donc un point supplé-mentaire montrant la carence, l'incompati-bilité du système éducatif (éducation phy-sique, socio-culturelle) et l'enseignement tra-ditionnel totalement inadapté aux jeunesd'aujourd'hui subissant le BACHOT-DODO-BISTROT. Toutefois, les élèves des diversesécoles de Guingamp où (( des choses cou-vent », par crainte d'une répression à deuxtêtes (famille, école), ne semblent pas ca-pables de réagir devant de tels événements.

Jean, correspondant FAGuingamp-région

POUR UNE COORDINATIONLIBERTAIRE

Dans le cadre de la coordi-nation libertaire ~tu4iante, omappelle à UAe réuaion sur Pariset la r~gi.n parisienne à Jus-sieu le 15 janvier 77 à 14h.Rea4ez-vo •• Tour Centrale.

L'ordre 4u jour est le sui-vant :

- les reminiscenees du mou-vement de l'an 4ernier

bilan du 1· trimestre- les perspectives d'action- les moyens que l'on se

donneVenez avec d'autres proposi-

tions d'ordre du jour, d'actionsetc •••

GeL auto:a_e .e Jussieu

Le same4i 22 à 14h aura lieuune réunion sur la R.P. au ni-veau 1yc~en/étudiant/enseignant1 rue Guy à. la Brosse!

SochauxEMBRO UILLES 'BLUES

(suite et rectificatif)

Une coquille a fait qu'au dernier para-graphe de l'article EMBROUILLES'BLUESon lisait : « A Sochaux, la CFDT ne cesse

'd'accuser la CGT de détournement des fondsdu CE ». Il faut lire, à la place de la CFDT,la CFT.

D'autre part, la dernière défense de laCGT, qui a de plus en plus de problèmesavec sa base, c'est d'accuser la CFDT d'avoirdétourné les fonds en question. Pas mall'unité d'action, non!

pollution

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Plus de 300 fûts de 200 litres de produitsdangereux (solvants, chlore, cyanure, ... ) ontété découverts à POSES (près de la villenouvelle du VAUDREUIL - Eure) dansune ancienne sablière appartenant à l'entre-prise MORILLON-CORVOL, à la mi-octo-bre.

Chose curieuse, personne ne revendiqueun tel cadeau.

Des responsables ? Parmi les industrielsproducteurs de ces déchets, identifiables surcertaines étiquettes (on trouve des entre-prises importantes : Renault à Billancourt,Laboratoire Rhône Poulenc Val de Marne,Organo-Synthèse à Gennevilliers).

En réalité, ces entreprises ne sont sansdoute pas responsables de cette déchargesauvage, car, pour se défaire de ces déchets,

les entreprises sus-visées traitent avec des so-ciétés qui, à leur tour, se chargent de les éli-miner avec le minimum de nuisance dansdes centres spéciaux.

Ainsi, plutôt que d'envoyer les fûts dansun centre de traitement, la société en cause apréféré s'en débarrasser de cette façon. Cequi lui évite de payer le prix de l'éliminationdes déchets.

Mais, à qui fera-t-on croire que Morillon-Corvol n'était pas au courant. On a trouvé300 fûts et, en cherchant un peu, on en trou-verait peut-être d'autres.

Aux dernières nouvelles, les fûts conte-nant les produits nocifs ont été retirés dela carrière et acheminés vers le centre de trai-tement de L1MAY(78).

Correspondant Amiens.

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Somme-Luttes ouvrières---------------

Entre le 1er juinetle 1er septembre 1976,l'inspecteur du travail de la Somme a autori-sé 52 licenciements pour motif économiquedans le département. Une trentaine d'ouvriersagricoles, une vingtaine d'ouvriers de coopé-ratives et quelques travailleurs isolés (pisci-culture). La plupart de ces licenciementsaffectent la SANTE R R E où une productionde pommes de terre de 40 à 50% plus basseque les années précédentes a entrai né unediminution importante du travail. En parti-culier, chez les exploitants agricoles qui pra-tiquent non seulement la culture de patatesmais aussi leur conditionnement. Dans larégion de CHAUNY ce sont de jeunesouvriers agricoles, employés à la mise en

sac, qui ont été licenciés. Il y a eu pratique-ment aucun remous car les licenciés perçoi-vent 90% de leur salaire. Il y a eu une ten-tative de démarrer une lutte dans une coopé-rative agricole d'Amiens: le Réveil agricole.Mais ça s'est vite calmé ...

Dans le milieu agricole picard une nouvel-le grève a marqué la rentré. Il s'agit d'unegrève dans une sucrerie. Dans ce secteur, oùil y a un important taux de syndicalisation,les salaires sont révisés chaque année en com-mission paritaire. Cette année les patrons,invoquant la sécheresse et la perte économi-que que cela constitue, ont voulu diminuerle capital variable investi et n'ont accordéque 3% d'augmentation des salaires. Aussi-tôt, la grève s'est enclanchée dans toutes les

sucreries (qui sont très nombreuses en Picar-die - région de betteraves). Les grèves ontduré de 3 jours à 3 semaines selon les entre-prises. Le travail a repris sans qu'aucunavantage n'ait été accordé ... La peur duchômage a certainement joué, (la Picardiea le plus fort taux de chômage de France etle secteur sucrier emploie beaucoup de sai-sonniers).

Pourtant les patrons n'ont aucune raison(si ce n'est l'augmentation de la plus value)de limiter l'augmentation des salaires (oud'augmenter le prix du sucre) car malgréune production de betteraves en baisse auniveau quantitatif, la teneur de sucre estexceptionnelle.

Correspondant Amiens.

ArchivesINFORMATION DU GROUPECOMMUNISTE LIBERTAIRE

D'INTER-ARCHIVES

PovRÇ)UOI! f'O\J1t9lloiet'-A 6( PRO~"I'f-·11...

PRtJ$ 1'O'S lES 'i'l.~iC:Ars~

A la suite de la dernière Commission dusyndicat CFDT de Paris Télécom., qui por-tait (entre autres) sur les problèmes de dé-mocratie syndicale, un affrontement a eulieu sur le problème de l'UL 8/ge. Ce « dé-bat » a permis de mettre en évidence deuxchoses:

1. Le secrétariat du syndicat nous a faitclairement comprendre que les derniers nu-méros de « L'Aller-r'tour » 1 entraîneraientdes conséquences sans préciser lesquelles.

2 .•On a pu assister à un « front unique»bureaucrates-Pâ-Oû'I? - anarcho-syndicaliste -contre les basistes et notamment contre lescommunistes libertaires. Cette situation apermis d'autre part de rejeter la militante del'OCT (présente à Inter-Archives) parmi lesdroitiers de la section; cette réaction venantde la partie la plus radicalisée de Paris Inter-Archives (participant à « L'Interdit »)3.D'autre part, cela nous a permis de distri-buer plusieurs « Aller-t'tour » lors de cetteCommission exécutive à des gens qui étaientintéressés par ce qui pouvait avoir entraînéla colère des bureaucrates. Affaire à suivre ...

1. Bulletin distribué par les communistes liber-taires d'Inter-Archives.2. Fusion de la GOP et de l'OCR (décidément, yperdent pas de temps pour se démasquer !)3. Journal d'expression libre impulsé après lazrève de 74.

Vi lIeurbo nneCharles Hernu est désigné par la Fédéra-

tion du Rhone du Parti Socialiste commetête de liste pour les prochaines municipales.Prétextant que de tous temps la mairie deVilleurbanne appartenait aux socialistes(comprendre qu'ils étaient majoritaires auxélections municipales) alors que le maireactuel M. Gagnaire a été exclus du partisocialiste depuis belle lurette. Le PartiCommuniste a vivement protesté pensantque la tête lui appartenait depuis que Ga-gnaire a rejoint le rang des députés non ins-crits.

Gagnaire que l'on ne voit pas souvent àl'Assemblée Nationale et qui y prend telle-ment peu la parole a réussi à faire de la mu-nicipalité une ville dortoir, culturellementamorphe et où toute tentative populaire estaussitôt contrée.

Villeurbanne et les municipalités environ-nantes sont bien tentantes pour les partisde gauche. Poniatowski n'est-il pas domiciliéà Lyon depuis trois ans attendant le déclinde Pradel maire de Lyon. Lyon va faire l'en-jeu des prochaines municipales.

S'il est certain que les partis vont faireleur magouille au niveau électoral, la des-truction des quartiers populaires elle conti-nue son chemin (voir la Croix Rousse, le 3earrdt Saxe Paul Bert, le Tonkin complète-ment rasé à Villeurbanne, etc ... ) et la cons-truction de grands immeubles à la placeoffre ses logements inhabités à louer.

Enfin si les libertaires et les anti-autoritai-res ne se présentent pas aux élections muni-cipales ils peuvent bien se rassembler pourproposer une alternative aux enjeux munici-paux.

Correspondant Villeurbanne.

LIVRESON A LU:

CAHIER ROUGE N° 7: CRONSTADT

Cronstadt, vu par la LCR, c'est évidem-ment le point de vue de Lénine et de Trotski.Il est assez connu pour qu'on n'y reviennepas : « une nécessité tragique ... », nécessitéagrémentée d'arguments mensongers; ainsile fameux « Tout le pouvoir aux Soviets etnon aux partis», est transformé pour lacause (la bonne ?) en « le pouvoir aux So-viets sans bolcheviks» ...

Par contre, il est intéressant de connaîtreles raisons de cette publication ; celles deFranck (auteur de l'introduction) valentleur pesant de mépris : les pro-Cronstadtiensrelativisent les crimes de Staline (!), ils orien-tent les milieux communistes vers le réfor-misme (1) ou le libéralisme petit bour-geois (!) en les détournant du bolchévismevéritable que perpétuent la IV internationa-le ... (Franck a bien appris son cathéchisrne).

Cette brochure devait donner des argu-ments aux militants des groupes taupes con-frontés à des militants révolutionnaires,ceux que Franck appelle dédaigneusementles ultra-gauches et spontanéistes, dans lesentreprises. On ne leur apprendra rien, car,évidemment, aucun texte des insurgés n'estpublié par la LCR ...

Dans le même ternp, E. Mandel (un théo-ricien de la IVe) raconte des choses inté-ressantes sur l'année 1921 en Russie : « laplus mauvaise du point de vue de l'élabora-tion théorique dans l'histoire des bolche-vicks » et sur la démocratie dans les soviets.Mais c'est dans la revue « Critique Commu-niste» (no 8-9), réservée aux intellectuels,et puis il y a des limites: Ernest n'a sansdoute jamais entendu parler de Cronstadt, entout cas, il n'en souffle pas un mot.

Allez Ernest, viens dcnc aux Vignolles ;pour 6 balles, t'auras une belle brochure surcette histoire, et tu paraîtras instruit dans taprochaine réunion de cellule.

LAVAL5

Page 16: front...quelques avantages substantiels et arrondir ses fins de mois par le biais de certains pro-fits fonciers dénoncés par les agriculteurs du village. Le fait n'est pas nouveau,

QUEL MILITANTISME,POUR QUELLE VIE SOCIALE?

Nota : Cette question peut être dépassée, nous pen-sons qu'il n'en est rien. Elle sous-tend une réalitédu présent et de l'avenir qu'il convient, à notresens, de rappeler. C'est pourquoi ce texte a prisforme.

L'engagement militant d'un individupeut avoir des sources diverses, mais l'im-portant est la réalité de cet engagement,dans son temps présent et au futur. Le mi-litantisme n'est pas un choix, au sens réel duterme, il est la concrétisation d'une néces-sité ressentie comme telle par l'individuconcerné. Nécessité en ce qui nous concernede lutter radicalement à chaque instant denotre vie contre le système d'exploitationde l'homme par l'homme qui règne à l'éche-lon du globe, sous des formes différenciées.

L'engagement militant n'est pas seule-ment le fait, par divers biais, de diffuser oude propager des idées, des analyses, des pro-positions ... c'est aussi le fait de tendre leplus possible à fléchir le décalage qui existeentre le discours idéologique tenu, et la réa-lité quotidienne vécue. C'est dans cette op-tique que l'on peut parler de militantismerévolutionnaire. (II est évident que ce flé-chissement ne peut être total maintenant,car le systèmé nous exploite, aliène et condi-tionne partout et fortement ; mais cet étatde fait ne doit en aucun cas déboucher surune quelconque démission). Le militant ré-volutionnaire, ce n'est en aucun cas un pro-fessionnel ou un spécialiste. Il est un indivi-du qui, ayant remis en cause la structuremême du système capitaliste, avec ses résul-tantes, met à disposition toute sa personne

MlllTANTIHIIet tous les moyens nécessaires à sa luttequotidienne. La révolution (au sens de chan-gement radical) se vit dès aujourd'hui; ellen'est pas un phantasme, mais un vécu réel.Comment pourrait-on prôner la liberté sansla faire vivre (avec les limites du système)dans sa vie quotidienne? Comment pourrait-on se présenter comme militant révolution-naire et vivre en despote, en maître, en phal-locrate complet, en sectaire total, etc. ?Car cela est bien souvent ; et c'est bien làque nous voyons que le problème est tou-jours vivant ... Vouloir la révolution, c'esttout mettre en œuvre pour changer fonda-mentalement les structures du système pré-sent (infrastructure économique et super-structure de type étatique, institutionnel. ..),mais c'est aussi changer la vie dans le présent(de la manière dont on vit, dont on mange,dont on intervient, dont on aime, dont onfait l'amour, dont on côtoie d'autres indivi-dus, etc ... ) ; c'est le facteur d'une réellepratique révolutionnaire et d'un changementde mentalité.

Pour nous, militants révolutionnairesanarchistes communistes, c'est un tout ra-tionnel et indivisible. Conscients de notresituation au sein du système d'exploitationde l'homme par l'homme, ayant ressentila nécessité d'un engagement total de cha-

que instant, ainsi que la nécessité d'un re-groupement au sein d'une organisation cor-respondant à cette optique et à nos idéeset projets, nous sommes au sein de la so-ciété des engagés à long terme.

A cela s'ajoute de fait la liaison dialec-tique avec le projet politique, économiqueet sociai dont' nous' sommes porteurs. Loinde nous ériger en une quelconque. avant-garde du prolétariat ( fût-elle éclairée! ),schéma type de l'élitisme, qui procurerait« la bonne conscience révolutionnaire »(celle des chapelles aux relents d'idéalisme)de l'extérieur .de la classe exécutante; noussommes partie intégrante de la classe exécu-tante et sommes en son sein des élémentsradicalisés qui faisons en sorte que cette ra-dicalisation soit la plus massive possible ;et ce sur des bases d'autonomie réelle ettotale de la classe exécutante. (Mais oui« messieurs les léninistes», les travailleurssont « capables » de s'auto-organiser ; ilsl'ont prouvé et vous le prouveront ; quelstrict verdict pour votre soif de dirigisme etde pouvoir !)

Cette nouvelle vie sociale que nous vou-Ions est une vie où chacun serz réellementresponsable de son vécu et de son devenir,une vie où la liberté et le bien-être règneront,une vie où l'exploitation, le salariat, l'auto-ritarisme, le pouvoir, les classes et l'État...n'existeront plus; elle est liée à notre moded'engagement politique actuel. C'est ainsique nous sommes anarchistes communistes.

Un « couple» anarchiste-communiste(O.C.L./Lille)

NB - Nous employons dans le texte l'expres-sion ou le terme: le militant ou le militantrévolutionnaire. Il s'agit (loin d'en fairel'apanage des msîtres du phallus) de faciliterla lecture et de moins alourdir la phrase. Ilfaut bien sûr en tendre par ce terme : /9 aJ~mm~t~mm~~m~~~~&.minorités sexuelles.

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