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LES OPTIONS EN MATIÈRE DE CUISSON DES ALIMENTS

DANS LES SITUATIONS LIÉES AUX RÉFUGIÉS

UN RECUEIL D’EXPÉRIENCES ACQUISESEN MATIÈRE D’ÉCONOMIE DE L’ÉNERGIE

ET DE COMBUSTIBLES ALTERNATIFS

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2 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Texte rédigé par Matthew Owen, avec la participation de David Stone, Chris Davey et Morten Petersen.

Illustrations préparées par Dorothy Migadde, Nairobi, Kenya.

Directeur de la collection : David Stone.

Arrière-plan et Images : Irene R Lengui/ L’IV Com Sàrl.

Conception et mise en page de L’IV Com Sarl, Morges, Suisse.

Imprimé par ATAR ROTO PRESSE SA, Vernier, Switzerland.

Produit par l’Unité de l’environnement, Section des services de l’environnement et de l’ingéniérie,HCR Genève, décembre 2002.

cm centimètreEESS Section des services de l’environnement et de l’ingéniérieg grammeha hectareHCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiéskg kilogrammekm kilomètreONG organisation non gouvernementalem mètreMJ méga joule

Remerciements

Sigles et symboles

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3Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Table des matières

Glossaire 4

Section 1 : Introduction 6

Section 2 : Les objectifs de ce manuel 8

Section 3 : Economiser l’énergie : travailler avec ce dont l’on dispose 103.1 Introduction 103.2 Les réchauds améliorés 10

3.2.1 Généralités 103.2.2 Les différents modèles de réchauds améliorés 113.2.3 Les conditions nécessaires à la promotion de réchauds améliorés 15

3.3 Les pratiques énergétiquement rationnelles 183.3.1 La préparation du bois de feu : ce qu’il faut savoir 183.3.2 La conduite du feu 193.3.3 L’alimentation et la préparation de la nourriture 193.3.4 La conduite de la cuisson 203.3.5 La préparation collective des repas 22

3.4 En bref 23

Section 4 : Les énergies alternatives : à la recherche d’autres possibilités 244.1 Les résidus combustibles 244.2 Les briquettes de biomasse 254.3 L’herbe 264.4 La tourbe 284.5 Le biogaz 304.6 Le pétrole lampant 324.7 L’énergie solaire 344.8 En bref 35

Section 5 : L’approvisionnement en énergie : quand et comment recourir à la distributionde combustible d’origine externe 37

5.1 Généralités 375.2 Quand procéder à un approvisionnement en combustible 375.3 Comment procéder à un approvisionnement en combustible 38

Annexe A : Liste récapitulative des sources d’énergie utilisables pour la cuisson des aliments 40

Annexe B : Valeur énergétique des différents combustibles 45

Annexe C : Pour en savoir plus … 46

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Biogaz – Un mélange de méthane et de dioxyde decarbone, produit par la fermentation de la matièreorganique en l’absence d’oxygène, qui peut êtreprélevé, transporté dans des conduits et brûlé pourassurer la cuisson des aliments ou l’éclairage. Lefumier, les résidus agricoles et l’herbe, additionnésd’eau, peuvent servir à alimenter ces installations.

Bio-latrine – Une unité de production de biogazconçue pour fonctionner essentiellement à partir dematières fécales humaines.

Bois de feu – Bois utilisé comme combustible. A nepas confondre avec « combustibles bois », quicomprennent également le charbon de bois.

Briquettes (briquettes de biomasse) – Petits blocsde combustible fabriqués à partir de matière organiquepar compression, carbonisation externe, carbonisationcomplète ou une combinaison de ces différentsprocédés (voir également « carbonisation »).

Briquettes densifiées – Blocs de combustibleréalisés par simple compression de biomasse,généralement des plantes ou des résidus végétaux,mélangée à un matériau assurant la cohésion, telque de la mélasse ou de la résine. Les résidus decanne à sucre, les coques de café et la sciureconstituent des matières premières utilisables.

Briquettes carbonisées – Blocs de combustibleréalisés par compression sans liant, la cohésionétant assurée par le durcissement de la surfaceexterne sous l’action de hautes températures. Lamatière première peut par exemple être constituéede balles de riz.

Briquettes de charbon – Blocs de combustibleplus riches en énergie, produits à partir dematériaux carbonisés avant ou après compression.Lorsque la carbonisation prend place avant lacompression, un moule est nécessaire pour donnersa cohésion à la briquette, la composantecombustible se trouvant souvent sous forme depoudre.

Caisson calorifugé – Une enceinte isolée danslaquelle un récipient contenant de la nourriturepartiellement cuite peut être introduit afin que lacuisson se poursuive sans utilisation de combustiblesupplémentaire. Il s’agit généralement d’un panier,d’une boîte ou d’une caisse dont l’isolation est assuréepar des chiffons, du papier journal ou des copeaux debois et complétée par un couvercle bien ajusté,également isolé.

Carbonisation – Processus par lequel le bois esttransformé en charbon de bois (voir également« pyrolyse »).

Charbon de bois – Le matériau solide qui subsisteaprès la transformation du bois en carbone parcombustion lente à haute température en présence detrès peu d’oxygène. Le charbon de bois contient, enpoids, jusqu’à 90 % de carbone, 5 % d’eau et de4 à 6 % de cendre.

Combustible bois – Tout type de combustible dont lematériau de base est le bois. De manière générale, ceterme recouvre le bois de feu et le charbon de bois.

Energie de biomasse – Energie dérivée de toutesource organique, dont le bois, le charbon de bois, lesrésidus agricoles et les déchets animaux. La sourced’énergie la plus fréquemment utilisée par lespopulations réfugiées.

Four solaire – Un appareil de cuisson qui transformel’énergie de la lumière du soleil en chaleur permettantde cuire des aliments.

Four solaire parabolique (ou à réflecteurcourbe) – Un four solaire qui utilise des surfacesréfléchissantes pour recueillir, diriger et concentrerles rayons solaires sous forme de chaleur vers lesaliments à cuire.

Four solaire à caisson – Un four solaire quiutilise des réflecteurs plans (tels que des miroirs)pour réfléchir les radiations à travers une plaquetransparente en verre ou en matière plastique versl’intérieur d’un caisson thermiquement isolé danslequel s’effectue la cuisson. Le caisson comporte leplus souvent des côtés réfléchissants et une base enmétal de couleur noire.

Four solaire à panneaux – Une versionintermédiaire entre le four parabolique et le four àcaisson, disposant d’un réflecteur courbe et d’unechambre de cuisson dans laquelle sont placés lesaliments. Il combine ainsi les propriétésréfléchissantes des surfaces courbes et les propriétésde rétention de chaleur d’un caisson fermé.

4 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Glossaire

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5Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Insolation – Degré d’exposition aux rayons du soleil.Paramètre important dans l’évaluation du potentield’un site donné pour la cuisson à l’énergie solaire.

Préparation collective des repas – Toute activité decuisine au cours de laquelle la nourriture de plus d’unepersonne est préparée.

Préparation familiale des repas – Le partagehabituel de nourriture et de combustible dans lecadre de la préparation des repas au sein d’unecellule familiale.

Préparation plurifamiliale des repas – La miseen commun des ressources de nourriture et decombustible par plusieurs familles mitoyennes ouau sein de groupes de cuisine (par exemple afin dedépenser moins de combustible).

Préparation institutionnalisée des repas – Lapréparation centralisée de la nourriture en quantitéimportante pour sa distribution à grande échelle, leplus souvent (dans le cadre de l’accueil depopulations réfugiées) par un personnel rémunéré.

Pyrolyse – Le processus par lequel le bois estcarbonisé afin de produire du charbon de bois.

Réchaud amélioré (ou foyer amélioré) – Toutdispositif de cuisson permettant de réduire laconsommation d’énergie. Fonctionnant le plussouvent aux combustibles bois, les réchauds sontconçus comme une amélioration du foyer ouverttraditionnel. Ils peuvent être en métal, en argile, encéramique ou en une combinaison de ces différentsmatériaux.

Réchaud en terre – Un appareil de cuisson simple,économe en énergie, fonctionnant aux combustiblesde biomasse et pouvant être construit par l’utilisateurà partir de matériaux disponibles sur place. Lesmodèles varient de la simple oblitération, avec de laterre, de deux des trois côtés d’un foyer ouvert à troispierres afin de limiter les courants d’air, jusqu’àl’élaboration d’un foyer circulaire fermé muni d’unorifice d’accès pour le combustible et de supports pourles récipients de cuisson.

Réchaud sans feu – Voir « caisson calorifugé ».

Tourbe – La matière organique qui se développe à lasuite de la décomposition incomplète de la végétationde milieux humides dans des conditions d’excédentd’eau et de déficit en oxygène. Bien séchée, elle peutêtre utilisée comme combustible.

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6 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Les populations réfugiées préfèrent généralementutiliser, pour la cuisson des aliments, le chauffage et lalumière, des sources d’énergie dont elles ont l’habitudeet qui sont faciles à se procurer sur le lieu de leurétablissement temporaire. Le plus souvent, enparticulier dans les pays en voie de développement, cessources privilégiées sont le bois et le charbon de bois.Une demande élevée de ces deux types decombustibles est susceptible d’entraîner unedégradation du milieu naturel dans les secteurs quiabritent des populations réfugiées, les stocks de boismort étant épuisés peu à peu et les arbres vivantsabattus de manière incontrôlée. L’abattage d’arbrespour le bois de feu constitue souvent l’impactécologique lié aux camps et aux peuplements deréfugiés qui est le plusvisible. Ce problèmepeut devenir un

motif de conflit avec le pays d’accueil et lescommunautés autochtones qui voient se détériorerleurs forêts et autres peuplements arborés. En outre, lesréfugiés eux-mêmes doivent parfois payer cher entemps, argent et travail les quantités de combustiblequi leur sont nécessaires pour subvenir à leurs besoins.Il arrive même quelquefois qu’ils s’exposent à desrisques physiques réels lors de ces activités.

L’utilisation de l’énergie par les réfugiés constituede ce fait un sujet d’importance capitale qui doit êtreétudié sous plusieurs angles, en prenant en compte sesaspects sociaux, économiques et sécuritaires autantqu’écologiques.

Au cours de ces dernières années, le HCR aamassé une expérience considérable en matièred’énergie domestique en recherchant les moyens lesplus efficaces de limiter les problèmesenvironnementaux et les conflits sociaux qui sontparfois liés à la couverture des besoins énergétiques desfamilles et d’assurer par là le bien être des populationsréfugiées et rapatriées. Ces efforts ont débouché sur lapublication d’un certain nombre de documentsdestinés à servir de guide aux directeurs et aux équipesde terrain confrontés aux interactions entreenvironnement et dépenses énergétiques.

Introduction

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La collecte de bois de feu est souvent une activitépénible, en particulier pour les femmes, et qui peut enoutre avoir des conséquences néfastes sur le milieunaturel.

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7Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

La première publication qui traita du problème del’énergie domestique fut celle des Principes directeursdu HCR en matière d’environnement (1996). Cedocument donne un aperçu général de la politique duHCR en matière d’environnement et comporte uncourt chapitre consacré à l’énergie domestique, parmid’autres abordant divers sujets afférents aux questionsenvironnementales. Le HCR a poursuivi avec lapublication d’une série de guides techniques dont l’un,intitulé Lignes directrices du HCR pourl’environnement : Energie domestique dans les situationsliées à la présence de réfugiés (1998), traitespécifiquement de l’énergie et suggère différentsmoyens d’équilibrer l’offre et la demande dans cedomaine.

A la suite du projet Vers des pratiques de gestiondurable de l’environnement dans les zones affectées par laprésence de réfugiés, entrepris à la fin des années 90, unesélection de pratiques rationnelles en matière d’énergiedomestique a été réunie dans une brochure intituléeRefugee Operations and Environmental Management:Selected Lessons Learned (1998, suivie d’une versionrévisée et étoffée en 2002). Cet ouvrage présente uncertain nombre de propositions pratiques dans lesecteur de l’énergie, mises au point à partir del’expérience acquise sur le terrain dans dix paysdifférents.

Outre ces différentes publications, le HCR a misen oeuvre et suivi plusieurs projets pilotes dans ledomaine de l’énergie. Ces initiatives, basées surl’emploi de combustibles alternatifs ou de modèlesexpérimentaux de réchauds, ont prolongé l’effortd’application de « technologies adaptées » aux besoinsénergétiques domestiques des populations réfugiées.

Ainsi, des projets ont-ils porté sur :

■ la promotion de briquettes de combustible élaborées à partir deballes de riz, de bambou ou de sciure (Bangladesh, Thaïlande) ;

■ la cuisson des aliments avec de l’herbe séchée (Tanzanie,Ouganda) ;

■ la tourbe de papyrus (Tanzanie) ;■ le biogaz (Afghanistan, Népal) ;■ l’énergie solaire (Ethiopie, Kenya, Pakistan).

Certains de ces projets ont fait l’objet de rapports,disponibles auprès de la Section des services del’environnement et de l’ingéniérie (EESS) du HCR.Cinq documents de ce type, consacrés à la cuisson desaliments à l’énergie solaire et aux réchauds à herbe,figurent actuellement dans la liste des publications del’EESS (Annexe C).

En dépit de l’existence d’un ensemble d’ouvragestraitant des problèmes de l’énergie domestique demanière générale ou, plus spécifiquement, dans lecadre de projets consacrés à des combustibles ou à desréchauds particuliers, le HCR ne dispose toujours pasd’un recueil dans lequel seraient brièvementrécapitulées les différentes possibilités énergétiques quis’offrent en matière de préparation des aliments dansles situations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés. Lesbailleurs de fonds, les universitaires, les organismespartenaires et les entités commerciales montrant unintérêt croissant pour la promotion d’optionsalternatives en matière de combustibles et detechnologies énergétiques domestiques dans le cadredes opérations d’aide aux réfugiés, le besoin s’est faitsentir de présenter les connaissances acquises sur leterrain sous une forme plus concise et accessible, situéeà mi-chemin entre l’aperçu général et l’étude de cas.Ce manuel constitue une source d’informationcompacte et simple d’accès sur le sujet des optionsénergétiques qui peuvent être envisagées dans lessituations d’aide aux réfugiés.

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Le présent ouvrage constitue un résumé depropositions pratiques concernant l’énergiedomestique chez les populations réfugiées - undomaine qui a sans doute sur l’environnement unimpact supérieur à tout autre. Il examine différentsmoyens, déjà reconnus ou encore expérimentaux,d’équilibrer la demande énergétique avec l’offredisponible. Reconnaissant que la préparation des repasconstitue l’activité à laquelle les réfugiés consacrent laplus grande part de leurs ressources énergétiquesdomestiques, ce manuel s’intéresse toutparticulièrement aux réchauds, aux matériauxcombustibles et aux pratiques directement associées àla cuisson des aliments.

Ce recueil est conçu pour le personnel desprogrammes et le personnel technique du HCR et deses partenaires de mise en oeuvre, à la fois sur le terrainet au siège. Fidèle aux principes qui sous-tendent lesLignes directrices du HCR pour l’environnement :Energie domestique dans les situations liées à la présencede réfugiés (1998) et prenant en compte le contenu despublications du HCR déjà parues sur le sujet del’énergie, il aborde les trois thèmes suivants.

Economiser l’énergie Travailler avec ce dont l’on dispose

La troisième section de cet ouvrage examine lesmoyens d’économiser l’énergie qui ont déjà fait leurspreuves et qui sont faciles à appliquer dans le domainede la cuisson des aliments. En se plaçant dans uncontexte qui pourrait être décrit comme « la situationtypique d’une population réfugiée dans un pays envoie de développement », où les principauxcombustibles sont le plus souvent le bois et le charbonde bois, ce chapitre décrit toute une gamme demodèles de réchauds améliorés qui ont été utilisés avecsuccès dans différents environnements. Cessuggestions en matière de réchauds sont complétéespar d’utiles « pratiques énergétiquement rationnelles »rassemblant une sélection de techniques culinaires qui,utilisées avec tout type de réchaud amélioré,permettent d’en accroître encore les performances entermes de dépense énergétique. La promotion des

réchauds et des pratiques de cuisine économes enénergie qui sont décrits dans ce chapitre, offrant desindications et des idées directement applicables,pourra constituer une première étape viable pourpratiquement tout programme énergétique dans lecadre d’opérations d’aide aux réfugiés.

Les énergies alternativesA la recherche d’autres possibilités

La section 4, plus spéculative, aborde la question descombustibles et sources d’énergie alternatifs. L’adjectif« alternatif » signifie ici autre que le bois et le charbonde bois, tels que, par exemple, les résiduscombustibles, les briquettes, l’herbe, la tourbe, lebiogaz, le pétrole lampant et l’énergie solaire - tousayant déjà été testés dans le cadre de différentsprogrammes d’aide aux réfugiés et ayant fait l’objet derapports plus ou moins détaillés de l’EESS. De natureplus exploratoire, ce chapitre décrit les différentesexpériences tentées et propose un certain nombre depossibilités, mais ne recommande pas l’adoption d’uncombustible particulier. Après évaluation desalternatives qui se présentent, il pourra s’avérerintéressant de les examiner plus en détail, ou aucontraire plus judicieux de conserver une stratégieénergétique basée sur le bois ou le charbon de bois touten mettant en pratique les améliorations exposées dansla section précédente.

L’approvisionnement en énergieQuand et comment recourir à la distributionde combustible d’origine externe

Dans certains cas, il pourra être jugé nécessaire deprocéder à un approvisionnement organisé encombustible des réfugiés ou des rapatriés à partir de

Les objectifsde ce manuel

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8 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

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9Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

sources extérieures au voisinage immédiat. La section5 considère les types de circonstances pouvant justifierla mise en place d’un tel approvisionnement etsouligne quelques principes directeurs en la matière.

Pour résumer, dans la prochaine section de cemanuel – la section 3 – des recommandations sontfaites quant aux réchauds et aux pratiques culinairesqui sont reconnus pour être efficaces dans la plupartdes situations dans lesquelles le bois et le charbon debois sont les principaux combustibles employés, et quipeuvent de ce fait être encouragés quel que soit lecontexte, avec un risque d’échec minime. La sectionsuivante – la section 4 – présente les différentespossibilités qui existent en matière de sources d’énergiealternatives au bois ou au charbon de bois ; desconseils plus mesurés y sont dispensés, et il y estengagé de ne pas tenter de réorientation dans ce

domaine avant d’avoir examiné avec attention lesimplications d’une telle mesure. En effet, ces initiativessont susceptibles de se révéler coûteuses et, avec tout lerespect dû à leurs promoteurs, ont probablement deschances moindres de réussite et de durabilité. Latroisième et dernière partie – la section 5 – détaille lesconditions susceptibles de justifier le recours à unprogramme d’approvisionnement en combustible gérépar un organisme, et traite de la manière la plusappropriée de mettre en oeuvre un programme de cetype.

Le manuel s’achève avec un certain nombred’annexes techniques, parmi lesquelles une liste dessources d’énergie possibles, un tableau récapitulant lavaleur énergétique de divers combustiblescouramment utilisés et une sélection d’ouvrages pourapprofondir le sujet.

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3.1 Introduction

Ce chapitre traite des réchauds et des pratiquesculinaires qui permettent aux réfugiés qui utilisent lebois ou le charbon de bois de dépenser moinsd’énergie. Ces ustensiles et procédés divers peuventégalement être décrits comme le matériel et lesméthodes de l’utilisation rationnelle de l’énergie.

Il est relativement fréquent, dans le cadred’opérations d’aide aux réfugiés ou aux rapatriés, devoir prôner l’emploi de réchauds ou foyers économesen énergie ; de fait, bien des réfugiés savent déjàconstruire et utiliser différents types de réchaudsaméliorés. Il est moins courant, en revanche, de voirencourager, outre l’emploi de ce matériel, l’abandonde certaines habitudes au profit de pratiques plusénergétiquement rationnelles de préparation des repas.Ces deux aspects sont pourtant complémentaires, etdoivent être préconisés conjointement.

Ce chapitre présente des dispositifs et desprocédés techniques qui se sont avérés utiles dans lecontexte d’opérations d’aide aux réfugiés. Cespropositions peuvent de ce fait être mises enapplication avec une probabilité relativement élevéed’obtenir des résultats positifs, souvent même dans unlaps de temps assez court. Les interventions de ce typesont en outre économiquement efficientes et à risquelimité.

3.2 Les réchauds améliorés3.2.1 Généralités

Bien des personnes vivant dans les pays en voie dedéveloppement, y compris des réfugiés, utilisenttraditionnellement un feu de bois ouvert pour lacuisson des aliments. Le feu est placé au centre de trois

pierres, briques ou piquets de métal sur lesquels estposé le récipient contenant les aliments. Bien quecommodes, adaptables et faciles d’emploi, les foyersouverts gaspillent du combustible dans la mesure oùles flammes ne sont qu’imparfaitement dirigées vers lefond du récipient de cuisson. Le rendement restegénéralement autour de 15 % seulement : 15 % del’énergie libérée par le combustible parvient à l’eau ouaux aliments qui se trouvent dans le récipient. Lerestant est perdu alors qu’il se dissipe dansl’atmosphère.

Les réchauds ou foyers « améliorés », dont il existeune grande variété de modèles, sont plus efficaces queles foyers ouverts dans la mesure où :

■ le flux d’air et de gaz chauds qui provient du combustible estmieux dirigé et concentré sur le récipient de cuisson ;

■ le foyer est habituellement isolé afin d’empêcher les déperditionsde chaleur par radiation.

La plupart des réchauds améliorés parviennent àassurer un rendement de 20 %, soit une économied’énergie de 25 % par rapport au foyer ouvert. Enpermettant au combustible de brûler plusefficacement, ils peuvent également contribuer àréduire les quantités de fumée dans la cuisine et, par là,les répercussions négatives qu’elle peut entraîner sur lasanté.

Economiserl’énergie —

Travailler avec cedont l’on dispose

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10 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Le foyer traditionnel à troispierres ne sert pas uniquement àla cuisson des aliments, il est éga-lement une source de chaleur etde lumière. Toutefois, il est peuéconome en énergie, et, de plus,la fumée qu’il dégage est suscep-tible de poser des problèmes desanté.

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11Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

3.2.2 Les différents modèles de réchaudsaméliorés

Un choix important de réchauds améliorés a été mis aupoint pour pouvoir s’adapter aux différentes habitudesde cuisine. Il en existe de deux types fondamentaux :

(a) les réchauds que les utilisateurs peuvent construire eux-même,souvent appelés réchauds en terre d’après le matériau le plusfréquemment utilisé ;

(b) les réchauds préfabriqués, prêts à l’emploi, construits dans desateliers spécialisés à partir de métal, de terre cuite ou d’unecombinaison de ces matériaux.

(a) Les réchauds en terre

L’expression « réchauds en terre » recouvre toute unegamme d’améliorations du foyer ouvert traditionnel àtrois pierres. Leurs utilisateurs, réfugiés ou autres,peuvent les construire sans difficulté à partir dematériaux disponibles localement. Le modèle le plussimple consiste à obstruer deux des trois côtés du foyerouvert par des murs de terre ou d’argile afin de limiterles courants d’air. Les formes les plus sophistiquéescomportent une enceinte bâtie, un foyer semi-enterré,un support pour le récipient de cuisson et un orifice enarche pour permettre l’alimentation du feu. Bien qu’ilexiste des versions pour deux ou plus récipients decuisson, les réchauds conçus pour un seul récipientsont habituellement mieux adaptés aux habitudesalimentaires des populations réfugiées. Les modèles de base peuvent permettre un gain d’énergie d’environ20 % par rapport au foyer ouvert.

Les réchauds en terre sont des installationssimples, peu techniques, dont la construction est à laportée de tout un chacun, moyennant une formationsuccincte, et qui sont prêts dès que le matériau a séchéet durci, en quelques jours. Contrairement à ce quesuggère leur appellation, ces petits fourneaux ne sontpas uniquement constitués de terre, mais, le plussouvent, d’une combinaison d’argile, de sable et depaille (ou d’herbe). S’il n’y a pas d’argile puredisponible, tout type de substrat argileux peut s’avérerutilisable. Les termitières sont des sources intéressantesde terre argileuse. L’argile est souvent additionnée desable afin d’améliorer les propriétés isolantes duréchaud et d’accroître sa résistance à la chaleur.L’adjonction de paille ou d’herbe sèche permet auréchaud de se dilater et de se contracter sans se fendrelorsqu’il s’échauffe et se refroidit.

Comme les proportions du mélange varient d’unerégion à l’autre, il est nécessaire de procéder à desessais. Si le mélange n’est pas assez malléable oumanque de liant, il est possible qu’il faille ajouter del’argile. Si les réchauds se fendent pendant le séchage,avant même la première utilisation, cela peut indiquerun manque de sable. S’ils fendent en cours

Les mortiers pour réchauds en terre�

Il n’existe pas de recette particulière pour construire desréchauds en terre. La clé du succès - maximisant durabilité etrésistance à la fissuration - réside dans l’expérimentation.

Le « jiko sanifu » (réchaud amélioré) de Mwanza, en Tanzanie,est fréquemment construit avec un mélange comportant 1 part de sable pour 2 parts d’argile, tandis que le réchaud « Kilala » de Morogoro est élaboré avec 3 parts de terreargileuse pour 1 part d’herbe pilée, auxquelles vient s’ajouterun peu de bouse de vache et de cendre.

En Ouganda, pays voisin de la Tanzanie, le modèle pour deuxrécipients de cuisson nommé « Lorena » est construit avec 3 parts de sable pour 1 part d’argile, tandis que le modèle « Hoima », pour un seul récipient, est fabriqué avec 3 parts desable pour 3 parts d’argile, 1 part de bouse de vache et 1 partde cendre.

Le réchaud en terre recommandé par « Approvecho » enAmérique Centrale utilise 2 parts d’argile ordinaire (telle quecelle utilisée pour la poterie) pour 1 part d’argile fondant à unetempérature plus élevée (afin de renforcer le mélange), 1 partde ciment et 4 parts de matière organique fine tamisée, telleque de la sciure.

Les constructeurs de réchauds ajoutent toutes sortesd’ingrédients au mortier utilisé, depuis du ciment jusqu’à desbriques concassées, dans le but de renforcer et d’améliorer la performance du produit fini. Certaines plantes, telles que la « mlenda » (en Tanzanie), les aloès et les tiges lianescentes depatates douces produisent une substance gommeuse,lorsqu’elles sont mises à tremper dans de l’eau, susceptibled’être utilisée comme liant dans la construction des réchaudsen terre.

Le modèle de base du réchaud en terre à une placeest une installation simple qui permet d’économiserdu combustible et de limiter le dégagement defumée.

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d’utilisation, l’adjonction de bouse de vache oud’herbe pourrait apporter une plus grande résistanceaux dilatations et aux contractions dues aux variationsde température. Les réfugiés devraient toujours êtreassociés à cette phase expérimentale pendant laquelledifférents matériaux et types de mélange sont testés.

Une grande variété de formes et de tailles deréchauds en terre existent, mais tous sont fabriqués à lamain par leur futur utilisateur, dans sa cuisine ou dansl’espace réservé à la préparation des repas. Il convientd’encourager vivement les expériences innovantes ence qui concerne leur conception, les utilisateurs sesentant alors plus à l’aise avec leur installation, et plusenclins à l’entretenir aux-mêmes. Il n’y a pas de limitesà l’ingéniosité des modèles de réchauds en terre, et ceserait une erreur que d’imposer une quelconquestandardisation – bien que ce soit là une tentation àlaquelle cède plus d’un conseiller technique, toutentier à ses objectifs numériques en termes deconstruction de réchauds, et qui trouve plus efficaced’utiliser un même modèle partout, voire de lesconstruire lui-même, au lieu de laisser l’utilisateur agirà sa guise.

Pour autant, un réchaud en terre ne peut s’édifiersans respecter quelques principes de base. Leparamètre physique le plus important à vérifier est ladistance du sol à la base du récipient de cuisson. Elledoit avoisiner les 20 cm, c’est-à-dire une longueur demain, du poignet au bout des doigts, afin de laisser unespace suffisant pour que le bois puisse se consumerconvenablement. La paroi du réchaud doit avoir uneépaisseur égale à la largeur d’une main, ceci permettantde parvenir au meilleur compromis entre isolation etrapidité de chauffe. Le diamètre interne du foyer doitrefléter celui du récipient de cuisson habituel de lafamille, qui doit pouvoir s’encastrer parfaitement sur ledessus du réchaud en limitant autant que possible lespertes de chaleur sur les côtés.

Tant que ces principes élémentaires concernant lahauteur, l’épaisseur des parois et le diamètre du foyersont respectés, les réfugiés qui se lancent dans lafabrication d’un réchaud en terre doivent disposerd’une certaine latitude en matière d’innovation etd’adaptation. En effet, ils sont à même de découvrird’autres matières premières utilisables, des modèlesnovateurs ou des perfectionnements inattendus.

La seule particularisation que l’organismeinitiateur se doit normalement de décourager estl’inclusion de cheminées ou d’exutoires de fumée. Cesdispositifs tendent à être des accessoires redondantsqui retardent l’adoption du réchaud et ne servent qu’àlaisser échapper la chaleur. Dans des camps pourréfugiés congolais au Rwanda, une fois parti lepersonnel de l’organisation non gouvernementale quiavait fait la promotion des réchauds, les femmes sesont mises à obturer régulièrement les exutoires de

fumée qui, à leurs yeux, laissaient entrer des courantsd’air froids dans la cuisine et semblaient n’avoiraucune utilité particulière. Un bois sec et une bonneventilation de l’espace destiné aux activités culinairessont les moyens les mieux acceptés de résoudre lesproblèmes de fumée.

Les réchauds en terre sont conçus pour brûler dubois, mais peuvent être adaptés au charbon de bois enajoutant tout simplement une grille en métal àl’intérieur du foyer. Cette grille peut se résumer à uneplaque de métal amovible percée de trous, ou prendrela forme plus élaborée de barres d’acier intégrées aucorps du réchaud durant sa construction.

Comme ces réchauds utilisent des matièrespremières disponibles localement, ne coûtent rien etlaissent aux utilisateurs une grande liberté deconception – un atout important en faveur de leurutilisation prolongée dans le temps – ils constituentune option intéressante dans le cadre d’opérationsd’aide aux réfugiés, permettant de réduire laconsommation d’énergie et d’améliorer l’habitat. C’esttout particulièrement vrai lorsque les marchés descombustibles sont limités et n’encouragent pas lesréfugiés à payer en argent pour des appareils de basseconsommation sophistiqués tels que des réchaudspréfabriqués. Les réchauds en terre sont de ce faitparticulièrement attractifs lorsque les réfugiés, bienque ne bénéficiant pas des ressources financièressuffisantes pour l’achat d’un réchaud prêt à l’emploi,cherchent néanmoins à réduire leur consommationd’énergie ou aspirent à des améliorations en matièred’équipement de cuisine.

S’il n’est pas difficile de construire unréchaud en terre, il convient toutefoisde suivre quelques principes simples. Ladistance du fond du foyer à la base durécipient de cuisson au-dessus doitcorrespondre à la longueur d’une main.L’épaisseur des parois du réchaud doitêtre approximativement de la largeurd’une main, et le diamètre intérieur dufoyer doit être adapté à la taille durécipient de cuisson le plus utilisé dansla maison.

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Il reste toutefois que lesréchauds en terre nécessitent un entretien constant carils se fendent et s’abîment sous l’effet répété de lachaleur et les chocs avec les ustensiles de cuisine. Si lesconditions y sont favorables, la promotion deréchauds fabriqués en série, plus robustes, peut serévéler un choix plus judicieux.

(b) Les réchauds prêts à l’emploi

Dans certains cas, il devient possible, et mêmeavantageux, de progresser des réchauds en terre vers unmatériel plus sophistiqué fabriqué par des artisansspécialisés issus de la population locale ou réfugiée. Entermes de rendement énergétique, ces réchauds ne sontpas toujours plus efficaces qu’un réchaud en terre bienconstruit et utilisé correctement, et permettent peut-être d’économiser 20 à 25 % d’énergie par rapport àun foyer ouvert, mais ils présentent parfois desavantages supplémentaires particulièrementintéressants dans le cadre d’un programme d’aide auxréfugiés.

Les bénéfices qui peuvent en être attenduscomprennent en particulier :

➤ La possibilité de permettre le développement decompétences techniques ou une activité rémunérée – Des individus ou des groupes d’artisans peuventêtre à même de fabriquer des réchauds pour unepopulation réfugiée dans le cadre d’une entreprise àbut lucratif, développant ainsi une nouvelle

Différents modèles de réchauds en terre : (i) réchaud à bois à foyer enterré(ii) réchaud à bois à foyer surélevé(iii) réchaud au charbon de bois avec barreaux métalliques(iv) réchaud au charbon de bois avec grille en céramique

(i)

(ii)

(iii)

(iv)

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L’innovation dans le domaine desréchauds en terre

Il existe des réchauds en terre de nombreuses formes et taillesdifférentes. Les réfugiés doivent être encouragés à faire preuved’innovation dans ce domaine.

En Ouganda, des réfugiés soudanais ont construit desréchauds dans le cadre d’un programme d’amélioration del’habitat comprenant également la réfection du sol descuisines, le recrépissage des parois intérieures des maisons etla construction de petits sièges, supports de pots, fenêtres etniches murales pour poser les appareils d’éclairage autour dufoyer, le tout à partir du même mélange d’argile, de sable et depaille. Les rivalités entre familles quant à celles qui aurontconçu les réchauds les plus novateurs et les accessoires lesplus astucieux sont devenues fréquentes.

Au Bangladesh, certains réfugiés ont construit des réchaudssemi-enterrés à orifice d’alimentation souterrain, le récipientde cuisson se trouvant au niveau du sol.

Ailleurs, les différents modèles de supports pour récipient decuisson conçus par les réfugiés sont en argile, en pierre, enmétal ou en fragments de brique et sont placés soit àl’intérieur du foyer, soit au-dessus. De même, l’ouverture parlaquelle le feu est alimenté prend des formes différentes,tantôt ouverte sur toute la hauteur de la paroi, tantôt en formed’arche. Certains réchauds en argile plus solide peuvent mêmeêtre portables.

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14 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

compétence et générant un revenu dans le mêmetemps. Toutefois, il est important qu’une formationsoit proposée localement pour contribuer à assurerla viabilité de l’opération ;

➤ Un taux d’adoption plus élevé dû au prestigeattribué à l’objet – Les réfugiés trouvent parfois lesréchauds usinés plus attractifs que les réchauds enterre, pour des raisons de prestige, et les adoptentalors plus facilement ;

➤ La valorisation de la notion d’économie d’énergie –L’achat d’un réchaud préfabriqué nécessite unedépense sous forme d’argent ou de travail.L’économie d’énergie commence de ce fait àacquérir une valeur tangible. Ces réchauds peuventcontribuer à promouvoir un esprit d’utilisationrationnelle de l’énergie au sein de la populationréfugiée.

Trois modèles de réchaud ont été proposés avecsuccès dans le cadre de programmes d’aide auxréfugiés :

(a) des réchauds en métal ;(b) des réchauds en terre cuite ;(c) des réchauds mixtes, avec un foyer en terre cuite et une enveloppe

extérieure en métal.

(a) Les réchauds en métal : Ces réchauds peuvent êtrefabriqués à partir de pièces métalliques derécupération, prélevées sur de vieux barils à pétrole ousur d’anciens bidons d’huile de cuisine. Un patron estnormalement utilisé pour guider la découpe des piècesdu réchaud, qui sont ensuite rivetées ou pincéesensemble par des artisans spécialisés. Les modèles lesplus simples fonctionnent au bois, mais peuvent êtreadaptés pour le charbon de bois par addition d’unegrille. Bien que ces types de réchauds soient faciles àfabriquer, le corps en métal tend à irradier de grandesquantités de chaleur, ce qui rend le dispositifrelativement peu efficace (rendement maximal de 25 %). De plus, sa durée de vie peut s’avérer inférieureà une année, car le métal non protégé est rapidementattaqué par la corrosion. Les réchauds confectionnés àpartir de bidons d’huile de cuisine – dont le métal estde faible épaisseur – se révèlent particulièrementéphémères.

Ainsi, bien que ces réchauds soient faciles àréaliser, permettent de recycler des déchets métalliqueset aient un coût de production faible, ils présentent unpotentiel d’économie d’énergie relativement modesteet une durée de vie brève. Pour un groupe encore peufamiliarisé avec le travail des métaux, ils peuventtoutefois constituer une introduction intéressante à lafabrication de réchauds.

(b) Les réchauds en terre cuite : Plusieurs modèles deréchauds peuvent être fabriqués en terre cuite. L’argilede la qualité nécessaire est récoltée, préparée, mise en

forme (souvent à l’aide d’un moule spécial), laissée àsécher puis cuite au four. Ces réchauds sont beaucoupplus difficiles à produire que la version métallique,même pour des potiers professionnels habitués àtravailler l’argile. En effet, la cuisson d’un réchaud àparois épaisses exige un four assez sophistiqué quipermette de contrôler les variations de températureafin de prévenir les fissurations. Les méthodestraditionnelles des potiers locaux, qui font cuire leurscruches et autres récipients à parois fines sur un foyerouvert, ne conviennent donc pas pour la plupart de cesmodèles de réchauds. En outre, les pièces qui sèchenttrop rapidement, surtout dans les régions chaudes,sont susceptibles de se fendre avant la cuisson – maisce type de problème peut généralement être prévenuen les recouvrant de toiles mouillées.

En fonction du degré d’expérience qu’ils ont déjàacquis par ailleurs en matière de poterie, un grouped’artisans issus de la population réfugiée ou locale peutnécessiter jusqu’à une année de formation etd’expérimentation dans le domaine de la productionde réchauds avant d’être capables de limiter à unniveau acceptable, de 10 % tout au plus, les pertes paréclatement en cours de séchage et de cuisson. Ilspeuvent alors être considérés prêts à progressivementcommercialiser et diffuser leur production auprès de lapopulation réfugiée. Une aide extérieure,éventuellement sous la forme d’un programme desubvention, peut s’avérer nécessaire.

Il existe une gamme importante de modèles deréchauds en terre cuite. Certains sont autoportants ettransportables, d’autres sont conçus pour venirs’insérer dans un foyer fixe dans la cuisine. Utilisés

Bien que peu efficaces et de durée de vie limitée, les réchauds en métal présentent l’avantage d’êtreportables, et peuvent souvent être confectionnés àpartir de matériaux disponibles localement.

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correctement, ils peuvent présenter un rendementjusqu’à 20 % supérieur à celui des réchaudsmétalliques, et font preuve d’une longévité beaucoupplus importante. Les réchauds Maendeleo et Upesi ensont des modèles est-africains bien connus.

(c) Les réchauds mixtes : Les versions les plus élaboréesprésentent un boisseau en argile enveloppé d’unbardage en métal, alliant la portabilité des réchaudsmétalliques à la robustesse et à l’efficacité du foyer enterre cuite. Le Thai Bucket (« seau thaïlandais ») et leKenya Ceramic Jiko en sont deux modèles bien connus.Les réchauds mixtes exigent, pour leur fabrication, descompétences doubles – dans les domaines de lamétallurgie et de la céramique – ainsi que la mise surpied d’une petite entreprise, et son marketing au stade

de la diffusion ; mieux vaut donc considérer leurmanufacture comme une extension possible de celle deréchauds en métal ou en terre cuite dont la productionet le marketing sont parvenus à un niveau suffisant.

Les principaux avantages et inconvénients desdifférents types de réchauds – en terre, en métal, en terrecuite et mixtes – sont récapitulés dans le tableau 1.

3.2.3 Les conditions nécessaires à la promotionde réchauds améliorés

En dépit des avantages qu’ils font miroiter en termesd’économie d’énergie potentielle, les réchaudsaméliorés présentent toutefois quelques inconvénientsqui font que leur succès n’est pas toujours garanti.Leur coût en est un, ainsi que leur manque deflexibilité pour des usages non strictement culinaires.Ces réchauds améliorés peuvent ne pas intéresser toutle monde, et peuvent être utilisés d’une manièreinefficace par une partie de la population.

Un certain nombre de conditions préalablesdoivent être remplies pour que des réchauds amélioréspuissent être préconisés, sans quoi il pourrait s’avéreréconomiquement peu efficient de tenter de lesdiffuser. En particulier :

➤ Les utilisateurs doivent se trouver en position depénurie énergétique.Pour qu’un réchaud amélioré soit accepté et utiliséavec ménagement, il est important que leconsommateur de bois de feu ou de charbon debois ressente le besoin de dépenser moins d’énergie.Ceci peut paraître évident, mais le nombre deprogrammes qui tentent de promouvoir l’utilisationde réchauds au sein de populations installées en

Les réchauds mixtes en terre cuite et métal sont por-tables, durent longtemps et ont un bon rendement.

Les réchauds en terre cuite existent enversions portables et en versions fixes.

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milieu forestier – où le bois ne manque pas –montre bien que ceci n’a pas toujours été bienintégré.

Si les réfugiés ou rapatriés ont accès à des ressourcesénergétiques abondantes tout autour du camp,peuplement ou habitation, ils ne seront sans doutepas très intéressés par l’adoption d’un réchaudamélioré – à moins que ce dernier présente parailleurs des avantages désirés, comme celui deréduire les quantités de fumée dans la maison ou depermettre une cuisson plus rapide des aliments. Lesprogrammes de promotion de l’utilisation deréchauds améliorés réussissent mieux dans lesrégions où règne une pénurie énergétique.

➤ Les combustibles doivent constituer un biencommercialisable. Beaucoup de modèles de réchauds coûtent del’argent, il doit donc exister une motivationéconomique à leur achat. Le plus souvent, celasignifie que les réfugiés doivent déjà avoir àdébourser de l’argent pour une partie ou la totalitéde leur combustible, qu’ils ne peuvent aller chercherlibrement eux-mêmes. Dans la mesure où ils

achètent le combustible, l’acquisition d’un réchaudamélioré représentera pour eux un investissementdirect dans quelque chose qui leur permettrad’économiser de l’argent une fois passé un certaindélai de récupération. En revanche, si l’énergie estgratuite, l’argent dépensé pour l’achat d’un réchaudne permet d’économiser que du travail – un bienqui tend souvent à être sous-évalué, surtout s’il esteffectué par des femmes. Pour qu’un programme depromotion de réchauds réussisse, y compris dans ladurée, l’idéal serait qu’un marché soit déjà en placepour les combustibles. En l’absence de marché, lesréchauds en terre construits par leurs utilisateursconstituent une option plus viable que les réchaudsprêts à l’emploi.

➤ Les réchauds doivent présenter plusieurs avantages. Bien que les réchauds améliorés puissent s’avérerplus efficaces que les feux ouverts, ils exigent parfoisd’acquérir de nouvelles habitudes auxquelles lapopulation répugne, et peuvent d’autre parts’opposer à certaines fonctions traditionnelles dufoyer. Le bois de feu doit peut-être être séché etcoupé en petits morceaux, par exemple, afin qu’ilpuisse entrer dans un réchaud dont le rendement

Types de réchauds

Réchauds en terre

Réchauds en métal

Réchauds en terre cuite

Réchauds mixtes(terre cuite et métal)

Avantages

Faciles à fabriquerNe nécessitent que des matériaux disponibleslocalementNe coûtent rienPeuvent être adaptés à la taille des récipients decuisson de la maisonPeuvent être entretenus par le propriétairePeuvent promouvoir l’innovation individuelle etl’amélioration de l’habitatRendement jusqu’à 25 %

PortableFonctionnent au bois ou au charbon de boisLeur production permet à des artisans d’en tirer unrevenu

Durée de vie longueBon rendement (jusqu’à 30 %)Certains modèles sont portablesPossibilité pour des artisans de tirer un revenu deleur production

Durée de vie longueArticles de prestigePortablesRendement élevé pour la plupart (30 % et plus)Sans dangerFonctionnent au bois ou au charbon de boisPossibilité pour des artisans de tirer un revenu deleur fabrication

Inconvénients

Durée de vie peu importanteNécessitent un entretien régulier (enduits)

Durée de vie souvent brève à cause du recyclage de bidons d’huile decuisine de faible épaisseurLa température élevée des surfaces externes peut présenter uncertain dangerRendement maximal 20-25 %

Exigent un niveau de compétence élevé dans le domaine de lacéramiqueExigent une argile de première qualité, des moules et l’accès à un fourLa cuisson requiert du bois de feuLes réfugiés sont susceptibles de ne pas acheter ces réchauds, ce quipeut motiver le recours à des subventions

Exigent un niveau de compétence élevé dans les domaines de lacéramique et du travail des métauxNécessitent de la matière première, parfois difficile à trouver (commela vermiculite, pour solidariser le boisseau au bardage)Les réfugiés sont susceptibles de ne pas acheter ces réchauds, ce quipeut motiver le recours à des subventions

Tableau 1. Les avantages et les inconvénients de réchauds d’utilisation courante.

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est meilleur mais la taille aussi plus petite, alors queles foyers ouverts peuvent s’accommoder de bûchesde toutes longueurs et même de bois vert. Unsystème qui demande ainsi que le combustible soitpréparé à l’avance est susceptible d’imposer unecharge de travail supplémentaire. De plus, lesmodèles améliorés peuvent ne pas être capables derôtir comme un feu ouvert dans la mesure où lefoyer est plus étroit et accumule moins de braise.Les réchauds améliorés, par ailleurs, n’ont pas lamême valeur qu’un feu ouvert en tant que point decristallisation des réunions sociales. En comparantde la sorte les avantages et les inconvénients dechaque système, les réfugiés sont susceptibles dedécider que le foyer ouvert convient mieux, sommetoute, à leurs besoins qu’un dispositif plusperfectionné. Pour maximiser les chances de succès,tout nouveau modèle de réchaud doit donc êtreadapté aux préférences culturelles locales et auxfonctionnalités multiples qui sont attendues. Dansle cas idéal, le réchaud serait d’un modèle déjàacheté ou utilisé par la population autochtone de larégion d’accueil : les réfugiés seraient donc enmesure de constater que le dispositif qu’on leurpropose fonctionne correctement dans le contexterégional où ils se trouvent.

S’il advient que l’une des conditions ci-dessus nesoit pas remplie, alors la viabilité du programme depromotion de réchauds améliorés se doit d’être évaluéeavec attention. En effet, l’opération peut se révéler peuintéressante au regard des efforts à fournir, ou desajustements supplémentaires peuvent s’avérernécessaires. Les questions suivantes permettent uneexploration plus fine de ces conditions préalables :

➤ Et s’il n’y a aucune pénurie énergétique ?Il est possible de considérer des moyens de laprovoquer intentionnellement, de faire naître unsentiment de carence énergétique pour tenter defaire prendre conscience aux réfugiés de la nécessitéd’instaurer des modes de fonctionnement plusrationnels. Plusieurs options sont possibles :

■ faire en sorte que le bois de feu soit plus difficile à obtenir, parexemple en faisant appliquer les restrictions gouvernementalesconcernant la récolte de bois (en mettant en place des gardesforestiers, ou par d’autres mesures du même type) ;

■ mettre au point des règles de fonctionnement en matièred’environnement, en collaboration avec un groupe de travail issude la population réfugiée ou locale ;

■ organiser des campagnes de sensibilisation à la réglementationnationale ou locale concernant l’environnement ; et/ou

■ taxer les négociants en bois de feu et charbon de bois, ou exigerdes licences afin de réglementer leurs activités, et instaurer unniveau d’établissement des prix plus réaliste.

Dès lors que les combustibles deviennent plus

difficiles à obtenir ou plus coûteux, les réchaudsaméliorés et les pratiques d’utilisation rationnellede l’énergie deviennent plus attractifs.

D’autre part, il peut s’avérer intéressant de fairevaloir les avantages complémentaires des réchaudsaméliorés, autres que les simples économiesd’énergie réalisées, susceptibles de rendre cesappareils plus intéressants aux yeux de lapopulation visée : une cuisson plus rapide desaliments, un foyer fermé moins dangereux pour lesjeunes enfants, le prestige associé à un appareil decuisson plus moderne, ou encore la possibilité delimiter la quantité de fumée dans la cuisine. La miseen avant d’un matériel de basse consommationdevrait idéalement faire partie d’une stratégiecoordonnée d’éducation à l’environnement quiprenne en compte le fait que les économies decombustible ne constituent pas toujours lapremière priorité des réfugiés ou des rapatriés.

➤ Et s’il n’existe apparemment pas de marché pour lecombustible ? Il peut être possible de prôner des modèles quel’utilisateur soit capable de construire lui-mêmesans coût financier, par exemple des réchauds enterre plutôt que des réchauds usinés.

Il peut également être envisagé de subventionner lesréchauds, ou de les donner sans contrepartiefinancière, mais seulement sur une périoderestreinte, dans le cadre d’une premièreintroduction ou d’une opération pilote. Il convientd’avoir à l’esprit, toutefois, qu’une telle approchepeut avoir des répercussions à long terme sur laviabilité du projet et compromettre les chances desfabricants potentiels de réchauds du secteur privé.L’échange de réchauds contre une contributionquelconque non financière consentie par lapopulation bénéficiaire peut constituer uncompromis raisonnable entre la distributiongratuite et la vente. Dans certains camps de réfugiésau Kenya, ces contributions ont pris la forme departicipation active à la plantation d’arbres ou aucreusement de micro-bassins versants destinés àl’irrigation de pépinières en zone aride. Plus leréchaud proposé est sophistiqué ou prestigieux,plus la contribution demandée en échange estimportante.

➤ Et si le réchaud ne présente pas toutes lesfonctionnalités désirées ? Il existe bien sûr des limites aux ressources, auxcompétences et à l’information disponibles. Il estpossible de rechercher un nouveau modèle deréchaud plus adaptable, même si cela entraîne uncertaine perte de rendement sur le planénergétique. Les réfugiés doivent avoir la libertéd’innover et de modifier les modèles, même si, iciencore, le prix à payer est une légère baisse de

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rendement. Les réfugiés du Myanmar, dans le nord-ouest de Thaïlande, ont ainsi adapté le « ThaïBucket » traditionnel au charbon de bois pour qu’ilpuisse fonctionner au bois – leur combustiblehabituel – en aménageant une ouverture sur le côtéet en y adjoignant un rebord en forme d’étagèrepermettant l’alimentation du feu. Ce modèle ainsimodifié a pu connaître une utilisation généraliséeen tant que réchaud bois/charbon de bois au lieud’être rejeté comme un appareil convenantuniquement aux personnes ayant les moyens des’offrir du charbon de bois.

3.3 Les pratiques énergétiquementrationnelles

La promotion de réchauds à rendement élevé telsque ceux dont il a été question précédemment devraittoujours être accompagnée de recommandations enmatière de pratiques de culinaires. Il s’agit d’adaptionsnon onéreuses des méthodes de préparation desaliments ; si certaines sont peut-être déjà enapplication dans la population réfugiée ou rapatriée,d’autres pourraient y être avantageusementencouragées. Cuisiner sur des réchauds améliorés sansutiliser de procédés de cuisson rationnels revient àdilapider une partie des gains énergétiques quipourraient être réalisés. Dans les situations d’accueil deréfugiés, on observe fréquemment une focalisationexcessive sur les appareils de cuisson – les réchaudsétant des objets visibles pouvant directement servir à

mesurer le succès d’une opération – mais l’impact destechniques d’utilisation rationnelle de l’énergie peutsouvent se révéler bien supérieur à celui des réchaudseux-mêmes, même si l’adoption de ces nouvelleshabitudes est moins facile à observer.

La priorité devrait être accordée aux options dontl’impact est le plus positif sur l’état sanitaire etnutritionnel de la population et qui réduisent, plutôtqu’augmentent, la charge de travail des femmes.Différentes modifications des habitudes culinairespeuvent être introduites en fonction des alimentsconsommés, de l’environnement naturel et ducontexte culturel ; quelques exemples en sont proposésci-après.

3.3.1 La préparation du bois de feu : ce qu’il fautsavoir

➤ Couper et refendre le bois de feuLes bûches épaisses se consument lentement etsouvent incomplètement. Des morceaux plus petits,ayant une surface relative plus importante, prennentplus vite et brûlent plus complètement, avec unmeilleur rendement et sans pertes au niveau de laproduction de chaleur. Un diamètre de 3 à 5 cm esten général ce qui convient le mieux à la cuisson desaliments et, en outre, les éléments de cette taillesont faciles à manipuler.

➤ Utiliser du bois secUn bois humide ne brûle pas efficacement à causede la quantité d’énergie qui est perdue à évacuerl’eau qu’il contient (2,4 méga joules par litre d’eau).Lorsque le bois est très humide, la combustion estralentie, le feu produit moins de chaleur et le boisne se consume pas complètement – ce qui entraîneun dégagement important de fumée.

Du bois qui a été séché à l’air libre pendant deuxmois produit environ deux fois plus de chaleur quedu bois vert fraîchement coupé. Ceci signifie quedes économies de combustible de l’ordre de 20 à 25 % peuvent être réalisées en brûlant du bois secplutôt que du bois vert.

Le bois refendu sèche plus rapidement à cause de sasurface relative plus importante. Dans les situationsd’accueil de réfugiés ou de rapatriés, il peut être misà sécher au sol, sur les toits, à l’intérieur deshabitations ou sur des bûchers faits sur mesure quipeuvent faire partie de l’abri-cuisine. Il s’avèreparfois nécessaire de fournir des outils tranchantstels que des haches ou des machettes, mais ceci n’estpas toujours envisageable pour des raisons desécurité et pourrait même contribuer à accélérer lesactivités de déboisement si les contrôles sontinsuffisants.

Pour optimiser le rende-ment, le bois de feu doitêtre coupé, fendu et bienséché avant utilisation.

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3.3.2 La conduite du feu

➤ Protéger le feuDes économies de combustible de 15 à 20 %peuvent être réalisées en protégeantconvenablement le feu du vent, par exemple à l’aidede matériaux trouvés sur place tels que des pierres,de la boue ou des bûches en phase de séchage.Protéger le feu des courants d’air constitue de fait lepremier stade du progrès en matière d’économie del’énergie. L’étape suivante serait un modèleélémentaire de réchaud en terre, l’évolutionaboutissant à un foyer entièrement clos et à unvéritable réchaud amélioré.

➤ Maîtriser les entrées d’airLes feux exigent des quantités d’air différentes selonle stade de la combustion auquel ils se trouvent.Ainsi le feu doit-il être bien ventilé à l’allumage, carde grandes quantités d’oxygène sont alorsnécessaires, mais ces besoins diminuentconsidérablement dès lors que la combustionatteint son plein régime. Ainsi, après l’allumage,une combustion rapide et incomplète peut êtreévitée en contrôlant les entrées d’air. Un feu bienrégulé consomme moins de bois, brûle entièrementet produit de la chaleur de manière régulière.

➤ Faire cuire les aliments à petit feuLes aliments cuisent aussi rapidement en mijotantqu’à gros bouillons, et, en outre, la cuisson à petitfeu permet de mieux sauvegarder leur valeurnutritive. Une fois que le contenu d’un récipientrecouvert d’un couvercle est parvenu au pointd’ébullition, il n’est bien souvent pas nécessaire decontinuer à alimenter le feu, dans la mesure où lachaleur stockée par le foyer, le réchaud et lerécipient est transférée à la nourriture. Il est mêmepossible de retirer une partie du combustible dèsl’ébullition, permettant ainsi de faire des économiesd’énergie sensibles. Il peut s’avérer nécessaire d’enconvaincre les réfugiés, mais le fait est que toutetentative de chauffer l’eau au-delà de son pointd’ébullition ne parvient qu’à dilapider ducombustible et à produire plus de vapeur.

➤ Eteindre le feu rapidementUne fois la cuisson terminée, le feu peut être éteintvolontairement plutôt que laissé se consumer delui-même jusqu’à son terme. Ceci peut permettrede réaliser une économie de bois de 15 à 20 %. Lesréfugiés auront toutefois besoin d’allumettes ou detout autre moyen de rallumer le feu plus tard.

➤ Distribuer suffisamment de vêtements et decouverturesCette question est liée à la précédente ; en effet, lesfamilles sont parfois obligées de laisser le feu brûlerlongtemps simplement pour lutter contre le froid.

Dans le souci d’économiser l’énergie et de répondreà un devoir humanitaire, il est important de veillerà ce que les réfugiés aient accès à suffisamment devêtements et de couvertures pour ne pas avoir froidla nuit et être forcés d’allumer des feux chez eux.

3.3.3 L’alimentation et la préparation de lanourriture

➤ Encourager l’utilisation de produits fraisLes produits frais cultivés localement, peut-être parles réfugiés eux-mêmes, cuisent plus rapidementque les denrées sèches importées de l’extérieur. Desharicots frais ne nécessitent ainsi que de 30 à 40minutes de cuisson, alors que les haricots secs ducommerce, souvent vieux de plusieurs années,peuvent exiger jusqu’à dix heures et une quantité decombustible en proportion. L’accroissement de lapart de produits frais dans l’alimentation desréfugiés est généralement le fait d’une actionconjointe pilotée par un organisme d’aidealimentaire tel que le Programme alimentairemondial. Une telle initiative n’a pas de retombéesque dans le domaine écologique, elle est égalementsusceptible d’améliorer l’état nutritionnel de lapopulation, de contribuer à l’autosuffisance desréfugiés, d’offrir de nouvelles possibilités pour lesentreprises par la vente de ces produits et, biensouvent, de réaliser des économies en réduisantsignificativement les frais de transport des denrées.

➤ Faire tremper les aliments secs coriacesLe temps de cuisson des grains et haricots secs etdurs peut être considérablement réduit par untrempage préalable dans de l’eau pendant 5 à 8heures. Les économies en combustible réalisées dela sorte peuvent atteindre 40 %. Il s’avère parfoisdifficile d’instaurer une telle habitude, les réfugiésse plaignant souvent d’une altération du goût desaliments. Ce type de croyance tend à persister endépit des résultats non significatifs des essais àl’aveugle.

Les aliments prétrempés sont normalement moinscolorés et moins fermes, ce qui constituent desraisons supplémentaires de s’opposer à toutemodification du processus habituel. Par ailleurs, leprétrempage diluant certains éléments nutritifs parlixiviation, les denrées devraient idéalement êtred’abord lavées à grande eau, puis mises à tremperdans une eau propre – qui sera également celleutilisée pour la cuisson. En outre, le prétrempagedans une eau qui a été traitée au chlore – un casfréquent dans les camps – est à même d’altérer lavaleur nutritive des aliments. Toutefois, les pertesattribuables au prétrempage sont en partiecompensées par le temps de cuisson réduit quipréserve mieux les éléments nutritifs.

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20 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

➤ Moudre ou concasser les grains et haricots coriacesLe temps de cuisson des grains et haricots secs etdurs peut être sensiblement réduit si ces alimentssont préalablement moulus ou concassés. Lamouture est généralement centralisée et unecertaine perte d’éléments nutritifs est de ce faitprévisible. Le concassage, en revanche, tend à setrouver plus directement sous le contrôle de chaquefamille, et le gaspillage des substances nutritivespeut être limité en récupérant et utilisant la totalitédu produit pilé. Une certaine proportion desmicro-nutriments peut être perdue par mouture. Lavaleur nutritionnelle du produit est d’autantmeilleure que le taux d’extraction est plus élevé.

➤ Couper les aliments coriaces en petits morceauxLes aliments en petits morceaux cuisent plusrapidement. La viande, les pommes de terre et leslégumes devraient donc être coupés en cubes ou entranches avant la cuisson, permettant deséconomies de combustible de 20 à 30 %.

➤ Utiliser des traitements d’attendrissageLe temps de cuisson de certains aliments peut êtreréduit par l’utilisation de certains traitementstraditionnels : sel gemme ou bicarbonate de soudepour les légumes verts, jus de papaye pour laviande, ou de l’eau filtrée à travers de la cendre pourles haricots. Le recours à des traitementsd’attendrissage est fréquent dans beaucoup decultures et leur promotion peut simplement seborner à répertorier ceux qui sont déjà connus et àencourager leur adoption au sein de la populationgénérale.

3.3.4 La conduite de la cuisson

➤ Fabriquer un abri-cuisineUn abri simple peut être édifié à l’aide de perches etd’une couverture en bâches plastiques ou à based’un matériau végétal quelconque disponible surplace. Lorsqu’ils sont de taille plus importante, cesabris non seulement protègent le foyer mais encoreconstituent un élément central au sein d’unensemble de logements collectifs. Les innovationsen matière de techniques culinaires peuvent y êtretransmises, et les tâches liées à la préparation desrepas peuvent y être réalisées en commun (voir plusloin).

➤ Utiliser un récipient de cuisson appropriéLes récipients en métal chauffent rapidement maisconservent peu la chaleur, tandis qu’à l’inverse lespièces en terre cuite ont une meilleure inertiethermique sur de longues périodes. Ainsi, s’ils enont la possibilité, les réfugiés et les rapatriés aurontavantage à réserver les ustensiles en métal pour fairebouillir l’eau et préparer les aliments à cuissonrapide tel que le riz et les pommes de terre, et à

Le temps de cuisson peut être réduit par unecertaine préparation des aliments. Ici, le maïsest pilé de manière traditionnelle.

Les traitements d’attendrissage traditionnels�

Beaucoup de communautés de réfugiés onttraditionnellement recours à des substances attendrissanteslors de la préparation des aliments, une habitude qu’ellesemportent bien souvent avec elles en exil en les adaptant àleur nouvel environnement.

Les familles de réfugiés soudanais en Ouganda gardent àportée de main une petite passoire à thé remplie de cendre, àtravers laquelle ils filtrent l’eau destinée à la cuisson desharicots. Ce procédé parfume le plat et accélère la cuisson.

Dans les marchés de rue des camps de réfugiés au Kenya, il estfréquent de trouver des petits morceaux de carbonate desodium à vendre. Ils ont été apportés sur des centaines dekilomètres depuis Magadi, dans la vallée du Rift. Cettesubstance est de fait connue sous le nom de « magadi » et lesréfugiés en saupoudrent les légumes verts pour les attendrir.

Dans les camps de Tanzanie, les réfugiés du Burundiconnaissent parfaitement les propriétés attendrissantes de lapapaye et utilisent son jus en marinade pour la viande. Celle-cidevient plus tendre et cuit plus rapidement.

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utiliser des récipients en terre cuite pour le maïs etles haricots, qui requièrent d’être longuementmijotés.

➤ Utiliser un couvercle bien ajusté, maintenu par unpoidsLes aliments devraient toujours être couverts encours de cuisson, afin de réduire les pertes d’énergiepar convection et radiation. Un couvercle adaptéau récipient économise jusqu’à 20 % decombustible. Dans les situations d’accueil auxréfugiés, les récipients de cuisson ne sont pastoujours distribués avec des couvercles, et ceux-ci,lorsqu’ils existent, ne sont pas toujours de la tailleadéquate. Dans ce cas, les réfugiés peuventimproviser à l’aide d’assiettes, de plaquesmétalliques clouées ensemble, de tampons defeuilles de bananier entrelacées, ou d’autres moyenssemblables. Poser un poids sur le couvercle en placepermet de renforcer l’étanchéité du dispositif, voiremême de créer un léger effet « cocotte-minute » enfaisant monter la pression à l’intérieur.

➤ Essayer la cuisson étagée, dans des récipientssuperposésLorsqu’un récipient se trouve sur le feu, un secondpeut être placé au-dessus, faisant office de couvercletout en préchauffant de l’eau. Ce dispositif dépendbien sûr de la disponibilité en récipients dont lestailles relatives s’y prêtent. Toutefois, les réfugiésachetant souvent eux-même des ustensiles pourcompléter la batterie de cuisine qui leur a étédistribuée, ce mode de cuisson reste à la portée debeaucoup même lorsque les récipients octroyés àchacun ne peuvent être superposés ou que leurnombre est insuffisant.

L’utilisation d’un couvercle permetd’économiser de l’énergie, et lechamp des improvisations dans cedomaine est sans limites.

Deux ou trois récipients de cuisson peuventêtre superposés, formant un dispositif étagéqui permet de maximiser l’utilisation de lachaleur produite par le feu.

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➤ Ajouter l’eau petit à petit en cours de cuissonAu lieu de remplir un récipient avec de l’eau dès ledébut, au risque de constater par la suite qu’unequantité moindre aurait suffi, il est plus efficace demettre juste assez de liquide pour couvrir lesaliments et d’en rajouter en cours de cuisson si lebesoin s’en fait ressentir.

➤ Eviter de nettoyer trop à fond l’extérieur desrécipients de cuissonLa suie qui s’accumule sur le fond des récipients etdes poêles, à l’extérieur, finit par faire obstacle à leurcapacité de transmettre la chaleur. Toutefois, lacouleur noire facilite l’absorption de la chaleur parrayonnement ; il convient donc d’éliminer l’excèsde suie et de goudron tout en se gardant de polirl’extérieur de ces ustensiles.

➤ Transférer la nourriture en cours de cuisson dansun caisson calorifugéLa technique du caisson calorifugé, ou contenantthermos, est une manière à la fois très simple etefficace d’économiser l’énergie : un pot denourriture partiellement cuite peut être transférédans un conteneur thermiquement isolé danslequel la cuisson se poursuit sans autre apporténergétique. Dans les situations d’aide aux réfugiés,par exemple, le riz peut être porté à ébullition sur lefeu puis enfermé dans le caisson calorifugé, le feupouvant alors être éteint. Ainsi, au lieu d’alimenterle feu pendant encore 20 minutes pour entretenirune chaleur modérée, le riz peut cuire tout seul en30 à 35 minutes grâce à la chaleur qu’il aemmagasinée. Ce procédé permet de limiter laconsommation de combustible et élimine du mêmecoup le risque de brûler les aliments. De plus, uncaisson calorifugé est bien moins dangereux qu’unfeu allumé lorsque des enfants sont présents.

Les caissons calorifugés sont parfois aussi simplesqu’une boîte en carton doublée de tissu noir etremplie de papier journal froissé. L’isolation peutégalement être assurée par des chutes de tissu, descopeaux de bois ou même des feuilles. Un coussinou oreiller d’une taille appropriée est posé par-dessus le récipient de nourriture. Les modèles lesplus sophistiqués, utilisés par les militaires, sont derobustes caisses métalliques doublées de matièreplastique.

Il est important que la qualité d’exécution descaissons calorifugés se maintienne à un niveauélevé, afin de s’assurer que ces appareils soientrobustes et bien adaptés à la taille des récipients decuisson pour conserver la chaleur. Des groupes depersonnes issues de la population réfugiée ouautochtone pourront être formés à leur confectionpour qu’ils en comprennent le mécanisme de baseet qu’ils soient sensibilisés à l’importance demaintenir une qualité de production optimale.

L’utilisation de ce procédé requiert que les modesde cuisson traditionnels évoluent pour s’y adapter,mais, lorsque le combustible est rare, l’expériencemontre que les bénéfices qu’en retire l’utilisateurl’emportent sur les éventuels inconvénients.

3.3.5 La préparation collective des repas

Opter en faveur d’une organisation plus collective desrepas permet de réaliser des économies d’énergieconsidérables. Les économies d’échelle que permetl’utilisation de moins de réchauds pour nourrir plus depersonnes sont évidentes. Ne serait-ce qu’au niveaud’une maisonnée, une famille de quatre personnesconsomme généralement 45 % de combustible demoins par personne qu’un foyer ne comptant qu’un oudeux membres. Le système le moins efficace est celuioù la nourriture est préparée pour une ou deuxpersonnes seulement. Les économies d’énergiecumulées qui sont réalisées commencent à décroîtrerapidement à partir de groupes de sept à huitpersonnes.

La préparation plurifamiliale des repas constitueun système collectif dans lequel plusieurs famillesvoisines mettent en commun leurs ressourcesalimentaires et cuisinent ensemble. Certains typesd’agencement des camps et certaines mesuresincitatives explicitement conçus à cette fin peuventcontribuer à ce que des maisonnées installées prochesles unes des autres s’engagent dans cette approchecollective de la cuisine. La préparationinstitutionnalisée des repas, dans le cadre de laquelle lanourriture est cuisinée en grandes quantités par desorganismes puis expédiée vers des centres dedistribution, est une option qui exige desmodifications plus profondes de l’infrastructure et del’organisation sociale.

➤ La préparation plurifamiliale des repasPoussées par des pénuries énergétiques, descontraintes de temps ou d’autres facteurs incitatifs,il arrive que certaines familles de réfugiés voisinesdécident de cuisiner ensemble certains aliments etde réduire ainsi le nombre d’ustensiles utilisés. Bienque ce mode d’organisation économe en énergiemérite certainement d’être encouragé pour desraisons écologiques, la question de son adoptionn’est pas toujours du ressort des organismesextérieurs, dans la mesure où elle dépend par dessustout des traditions sociales de la population réfugiéeelle-même.

Le modèle d’agencement des camps qui prévoit desrangées d’abris disposant chacun d’un réchaud oud’un foyer est le système le moins approprié à lacréation des conditions favorisant la préparationplurifamiliale des repas. Il est possible d’introduireune organisation plus collective en regroupant lesabris autour d’un espace central dévolu à la cuisine

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et aux interactions sociales. La faisabilité de ce typed’organisation dépend souvent en grande partie deshabitudes sociales des réfugiés eux-mêmes, certainsgroupes étant plus enclins à son adoption qued’autres. La distribution de récipients de cuisson degrande taille est une autre mesure susceptible defaciliter la préparation collective des repas. Desrécipients d’une capacité de 8 à 10 litres permettentà deux ou trois maisonnées de cuisiner en commun.La taille standard des récipients généralementdistribués est de 5 et 7 litres, ce qui est plutôtinsuffisant pour cet usage.

Il serait considéré inconvenant de tenterdélibérément d’imposer le système plurifamilial, carcertains peuvent toujours préférer être en mesure demaîtriser personnellement leur combustible et leurnourriture. Toutefois, les pénuries d’énergiepoussent quelquefois les familles d’un mêmeensemble d’habitations à préparer en communcertains plats demandant un temps de cuissonparticulièrement long, comme les haricots. Habiteret cuisiner à proximité les uns des autres, parrapport à une organisation individuelle et séparéedes maisonnées, permet non seulement de réaliserdes économies immédiates de combustible, maisencore de favoriser la transmission de procédés decuisson novateurs.

Dans certains cas, les organismes peuvent appuyerun mouvement qui tend vers une utilisation plusrationnelle de l’énergie, dans le cadre d’un systèmede préparation plurifamiliale des repas, par desmesures incitant les familles à économiser plusd’énergie : par exemple en octroyant un abri-cuisine par groupe d’habitations en échange de lafabrication d’un réchaud en terre par chaquefamille du groupe.

➤ La préparation institutionnalisée des repasCe système, dans le cadre duquel le HCR ou toutautre organisation contrôle l’approvisionnementdes denrées et gère la préparation de la nourriture,ne doit normalement être envisagé qu’en dernierrecours, dans des situations exceptionnelles tellesque des pénuries extrêmes de nourriture, decombustible ou d’eau. La préparationinstitutionnalisée des repas se limite généralementaux hôpitaux, aux écoles, aux centres d’aidealimentaire, aux centres de transit et à d’autresinstitutions humanitaires où l’alimentation n’estplus du ressort des familles.

Il existe toutes sortes d’appareils de cuissonaméliorés adaptés aux institutions, la plupartfonctionnant au bois. Leur coût tendhabituellement à augmenter avec le rendement et ladurabilité, entre la simple plate-forme en briquesavec chambres de combustion noyées dans la masse(0,50 $ US par couvert) jusqu’aux cuisinières

autoportantes en acier galvanisé avec récipients decuisson et cheminées intégrés en acier inoxydable(jusqu’à 8 $ US par couvert). Par rapport ausystème du foyer ouvert, des économies d’énergiepouvant dépasser 50 % sont réalisables avec lesmodèles les plus coûteux, même maladroitementutilisés par des cuisiniers inaccoutumés à cematériel.

Les principaux obstacles à la préparationinstitutionnalisée des repas sont rarementtechniques, mais plutôt liés à des questions degestion ou à des problèmes sociaux. Ce système estdénoncé par ceux qui s’occupent des populationsréfugiées dans la mesure où il peut contribuer à unedépersonnalisation et à une perte de respect de soitout en favorisant le développement d’unementalité d’assistés. Les réfugiés eux-mêmespeuvent éprouver des craintes liées à la perte de lamaîtrise des denrées utilisées dans leuralimentation, à l’imposition d’horaires plusrigoureux pour les repas, au risque de se voirdonner des portions plus petites et même à lapossibilité d’être empoisonnés par d’autres réfugiés.

3.4 En bref

Dans cette section du recueil ont été rassemblées uncertain nombre de suggestions en matière de réchaudsaméliorés et de procédés d’économie d’énergiesusceptibles de se révéler utiles dans des situationsd’aide aux réfugiés et aux rapatriés. Bon nombre de cesappareils et de ces méthodes sont déjà bien connus,mais il y a toujours de la place pour d’autres moyensde modérer les dépenses énergétiques. L’essentiel esttoutefois de veiller à ce qu’une partie au moins despropositions suggérées ci-dessus soient introduites,appliquées et assidûment observées. Il convient des’interroger lorsque ces pratiques simples mais efficacessont abandonnées après avoir été quelque temps enusage.

Les propositions qui ont été émises ici sontpertinentes dans les cas où les combustibles de basesont le bois et le charbon de bois. Le chapitre suivantpasse en revue les autres sources d’énergie possibles,peut-être moins bien connues des réfugiés et rapatriés,telles que les résidus agricoles et autres, les briquettes,l’herbe, la tourbe, le biogaz, le pétrole lampant etl’énergie solaire.

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24 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Dans la section précédente, différentes propositionsrelatives à l’amélioration des dispositifs de cuisson etdes procédés de cuisine ont été présentées. Ces moyensmatériels et ces méthodes ont fait maintes fois leurspreuves dans des situations d’accueil de réfugiés et derapatriés dès lors que le bois et le charbon de bois sontles combustibles privilégiés.

Il peut arriver, néanmoins, que d’autres sourcesd’énergie puissent être envisagées. Ainsi, le bois de feupeut-il manquer totalement aux alentours du camp deréfugiés, ou peut-il être illégal ou dangereux d’aller enrécolter. Dans de telles conditions, dont le caractère estsusceptible de varier, il peut devenir intéressant deconsidérer les autres options énergétiques qui sontoffertes.

Dans cette section, les sources d’énergiealternatives ci-dessous seront tour à tour présentées etévaluées, autant que possible, sur la base del’expérience acquise dans les conditions du terrain :

■ Les résidus combustibles ;■ Les briquettes de biomasse ;■ L’herbe ;■ La tourbe ;■ Le biogaz ;■ Le pétrole lampant ; et■ L’énergie solaire.

4.1 Les résidus combustibles

Lorsque le bois de feu est rare, il est assez fréquent devoir les réfugiés se tourner vers les déchets et résidusqui peuvent être récupérés au sein du camp ou de lacolonie de peuplement, ou encore dans les champscultivés environnants, tels que des rafles de maïs, desballes de riz, des tiges de coton ou d’autres plantes, des

bouses de vache, des brindilles et des feuilles. Laplupart sont considérés inférieurs en qualité au bois etau charbon de bois parce qu’ils contiennent beaucoupmoins d’énergie et brûlent moins facilement. Cesmatériaux ont typiquement des valeurs énergétiquesde 10 à 13 MJ/kg, contre 16 MJ/kg pour le bois sec et30 MJ/kg pour le charbon de bois. En outre, ilspeuvent s’avérer difficiles à enflammer et produirebeaucoup de fumée. Un modèle particulier de réchaudest même parfois nécessaire pour que la ventilation soitsuffisante.

Certains de ces résidus sont par ailleurs précieuxpour améliorer les sols, permettant de préserver lastructure et de maintenir la teneur en élémentsnutritifs des terres arables. Leur utilisation commecombustible est ce fait susceptible de constituer undétournement d’éléments nutritifs essentielsnormalement destinés à réintégrer les sols.

Toutefois, ce type de combustible représente uneforme d’énergie saisonnière de secours, disponible encas de pénurie touchant les combustibles privilégiéshabituels. Dans le cas de la bouse de bovin, sacombustion lente et prolongée peut même êtreconsidérée particulièrement intéressante pour lacuisson de certains plats demandant d’êtrelonguement mijotés, en particulier dans des régions dusud de l’Asie où les vaches ont le statut d’animauxsacrés.

Il n’existe pas de cas officiellement étudiés deréfugiés ayant intensivement et continûment recours àdes résidus combustibles pour la cuisson des aliments,mais il est notoire que l’utilisation de ces matériaux esttrès répandue en temps de pénurie énergétique. Desréfugiés au Bangladesh ont été observés en train deramasser des feuilles tombées au sol dans les réservesforestières de la région en guise de combustibled’allumage lorsque le bois de feu venait à manquer. Lesmêmes utilisaient également des tiges de juteimprégnées de bouse de vache en lieu et place debûchettes de bois. En Ouganda, d’autres réfugiés ayantaccès à des terres cultivées brûlent divers types derésidus agricoles, tels que des tiges de pois d’Angole etde manioc. Toutefois, le recours à ces matériauxdevient peu courant dès lors que les réfugiés ont accèsà des réserves importantes de bois de feu – enThaïlande, au Libéria ou dans certaines régions deTanzanie, par exemple, où les camps se trouvent dansdes zones forestières ou dans leur voisinage immédiat.

En résumé, les résidus combustibles agricoles ouautres ne sont le plus souvent qu’une option desecours, utile en période de pénurie de bois de feu.Etant donné leur valeur énergétique faible et leurspropriétés peu intéressantes en termes decombustibilité, ils ne constituent pas une sourced’énergie viable comme produit de consommation demasse ou matériau de substitution à grande échelle.

Les énergiesalternatives —

A la recherched’autres possibilités

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Ce sont des combustibles susceptibles de répondre auxbesoins spontanés des familles, en fonction desimpératifs et préférences de ces dernières et desdisponibilités saisonnières.

4.2 Les briquettes de biomasse

Une manière de convertir de menus déchets végétauxen une forme plus riche en énergie et plus facile àmanipuler est de les compresser en briquettes. Lesbriquettes sont définies comme « des blocs decombustible élaborés à partir de matière organique parcompression, carbonisation externe, carbonisationcomplète ou une combinaison de ces procédés ». Cesont fondamentalement des blocs de résidus végétauxou de sciure compressés. Toutefois, comme le laisseentendre la définition, il en existe de différents types :

(a) Les briquettes densifiées. Ce sont des petits blocscombustibles produits par la simple compression debiomasse, généralement des plantes ou des déchetsvégétaux, associée à un liant tel que de la mélasse ou dela résine. La bagasse de canne à sucre, les coques decafé, les balles de riz et la sciure forment une matièrepremière adéquate. La valeur énergétique de cesbriquettes se situe autour de 16 MJ/kg, à un niveaucomparable à celui du bois sec. Il n’y a pas de casconnu d’une utilisation prolongée de briquettesdensifiées dans un programme d’accueil de réfugiés,mais des essais menés dans des contextes différentsindiquent que ce combustible tend à être difficile àenflammer et à produire des quantités excessives defumée, le tout coûtant beaucoup plus cher que le boispour une valeur énergétique équivalente. Ceci suffitsans doute à expliquer leur absence des programmesd’aide aux réfugiés.

(b) Les briquettes carbonisées. Ce sont des blocs decombustible produits par compression sans liant, à destempératures beaucoup plus élevées que les briquettesdensifiées. La chaleur et la pression déstructurent lematériau et créent une enveloppe durcie qui donne sacohésion à la briquette. Des briquettes carboniséesréalisées avec des balles de riz ont été distribuées auBangladesh à des réfugiés de Myanmar pendant lemilieu des années 1990. Elles se sont révéléesadéquates sur le plan technique mais ont fait l’objet dereventes à l’échelle locale (voir l’étude de cas enencadré).

(c) Les briquettes de charbon. Ce sont des blocs decombustible plus riches en énergie, produits à partir dematériaux qui ont été carbonisés avant ou aprèscompression. Quelle que soit la méthode employée,ces briquettes peuvent atteindre une valeurénergétique de 30 MJ/kg. Ainsi, certaines rivalisent-elles avec le charbon de bois classique quant à laqualité de la combustion obtenue. Des briquettes decharbon ont été distribuées depuis 1997 à des réfugiés

Un approvisionnement enbriquettes au Bangladesh

Le programme du Bangladesh a approvisionné encombustible, durant les années 1990, les réfugiés de Myanmarqui se trouvaient dans des camps situés dans le sud-est dupays. La région, densément peuplée, connaissait une gravepénurie de bois de feu. Les balles de riz étaient néanmoinsdisponibles en grandes quantités et plusieurs minotiersavaient déjà fabriqué des briquettes à partir de ce matériau àl’aide d’une extrudeuse à haute pression pour alimenter encombustible les briqueteries locales.

Le gouvernement du Bangladesh avait fait connaître sapréoccupation concernant les dégradations commises dans lesréserves forestières par les réfugiés en quête de bois de feupour cuisiner. Le HCR se trouvait donc à la recherche desources d’énergie alternatives. Comme l’industrie desbriquettes de balles de riz était déjà active dans la région, cetorganisme a pu s’appuyer sur les compétences et les capacitésde production existantes et a pu se procurer des briquettessans avoir à investir dans des idées innovantes ou dans dumatériel. De grandes quantités de briquettes ont donc étéachetées aux minoteries locales et distribuées aux réfugiés.

Ce programme d’approvisionnement s’est poursuivi jusqu’aurapatriement des réfugiés. Il a été considéré comme uneréussite par le HCR et a permis de répondre à la demande dugouvernement qui exigeait des mesures de lutte contre lesdéprédations forestières des réfugiés. Toutefois, jusqu’à untiers des rations de combustible distribuées étaient revendues,en particulier aux briqueteries industrielles, au quart du prixd’achat par le HCR, et la population réfugiée a continué às’alimenter en bois de feu dans les réserves forestières locales.En outre, les réfugiés ont continué à travailler pour deshommes d’affaire autochtones impliqués dans l’exploitationillicite du bois – sans doute le véritable motif des allégationsdu gouvernement selon lesquelles les réfugiés dégradaientl’environnement. Ce type d’activité suppose l’assentiment dela population locale et même l’embauchage direct de réfugiés,lesquels représentaient une main d’œuvre bon marché. Ainsi,rétrospectivement, la distribution de combustible n’était peut-être pas la réponse la plus adaptée à la situation, vu laproportion significative de briquettes revendues et laparticipation inchangée des réfugiés aux entreprisescommerciales de déforestation.

25Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Il existe différentes sortes de briquettes de biomasse.Les briquettes de charbon ressemblent à du charbonde bois classique, mais ont une forme standardisée(dans le cas présent, cylindrique).

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en Thaïlande (voir l’étude de cas en encadré). Cecombustible est un produit de première qualité, maisdont la fabrication et la distribution s’avèrent trèscoûteuses.

Les expériences menées au Bangladesh et enThaïlande suggèrent qu’une population réfugiéehabituée jusque là à cuisiner au bois est généralementdisposée à accepter des briquettes carbonisées ou desbriquettes de charbon comme combustiblesalternatifs. Les deux types de briquettes s’utilisentcomme du bois de feu et leur adoption n’exige aucunchangement d’habitude important. Les briquettes decharbon sont mêmes supérieures au bois du fait deleur valeur énergétique et de leur durée decombustion plus élevées. Dès lors qu’un financementest assuré pour plusieurs années et que desmécanismes de contrôle sont mis en place de prime

abord pour limiter la revente (ce peut être aussi simpleque de placer le camp ou la colonie de peuplementdans un site isolé), la distribution de briquettescarbonisées ou de briquettes de charbon peutconstituer une solution viable permettant de prévenirou de limiter les dégradations environnementales duesà la présence des réfugiés.

4.3 L’herbe

Lorsque les réfugiés ou rapatriés ont été installés dansune région de paysage plutôt ouvert, on constate sou-vent que les arbres se trouvent en nombre insuffisant,surtout si la pratique de l’agriculture est encouragée.Dans des situations de ce type, il peut être pertinent derechercher des sources d’énergie alternatives à base devégétaux, dont l’herbe constitue un exemple possible.

26 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Un approvisionnement en briquettes en Thaïlande�

Comme ce fut le cas au Bangladesh, le programme thaïlandais d’approvisionnement en combustible a été mis en œuvreen réponse aux préoccupations environnementales du gouvernement. Etant donné que l’essentiel de la populationréfugiée était installée à l’intérieur de réserves forestières, il y avait en outre une justification légale à rechercher descombustibles alternatifs.

L’approvisionnement en combustible a débuté à petite échelle en 1995, avec des briquettes carbonisées élaborées àpartir de sciure de bois ressemblant à celles, à base de balles de riz, utilisées au Bangladesh. Mais les réfugiés ont estiméqu’elles produisaient trop de fumée et qu’elles s’enflammaient difficilement, ce qui a conduit à leur abandon progressifen faveur de briquettes de charbon. En 2000, la distribution a dépassé les 8 500 tonnes, au coût annuel de 2,1 millionsde dollars US.

Environ 17 % de ces briquettes étaient à base de sciure de bois séchée, compressée par des extrudeuses puis carboniséedans des fours par plusieurs compagnies privées basées dans l’ouest du pays, en vertu d’un contrat avec le BurmeseBorder Consortium (BBC), un réseau d’organismes d’aide aux réfugiés. Cette méthode a permis de produire desbriquettes de charbon énergétiquement riches (29 MJ/kg) à faible teneur en cendres.

Les 83 % restant étaient élaborés à partir de matériaux déjà carbonisés avant compression. Y étaient recyclés différentstypes de déchets calcinés provenant d’opérations industrielles du centre du pays, en majorité des entreprisesvillageoises fabriquant des baguettes et des brochettes alimentaires en bambou. Le matériau pré-carbonisé était alorsbroyé, tamisé et mélangé à un liant à base de fécule de manioc, avant d’être humidifié et passé par une extrudeuse pourproduire des briquettes, qui étaient finalement séchées au four. Ces briquettes à base de bambou présentaient unevaleur énergétique de 24,5 MJ/kg et une teneur en cendres de 18 %.

De valeur énergétique bien supérieure à celle du bois, les deux types de briquettes permettaient une cuisson plusrapide et plus facile des aliments. Elles ont connu un certain succès auprès des réfugiés, qui ont adapté leurs réchaudstraditionnels pour pouvoir les utiliser en même temps que le bois qu’ils récoltaient par ailleurs.

Le combustible était acheminé vers les camps par les entreprises privées qui le produisaient, et distribué par descomités de réfugiés sous la supervision du BBC. La ration moyenne s’est établie à 6 à 7 kg par mois et par personne, cequi permettait de couvrir jusqu’à la moitié des besoins. Etant donné la situation isolée des camps, les débouchés étaientlimités pour les personnes tentées de revendre une partie de leur ration. Le programme d’approvisionnement a ainsidirectement contribué à substituer un autre combustible au bois qui aurait sans quoi été prélevé dans les réservesforestières.

Toutefois, outre son coût élevé, le programme demandait le suivi constant des fournisseurs et des prix pour veiller à lacompétitivité, à la transparence et au maintien de la qualité du produit. Il a donc été décidé d’essayer, à titreexpérimental, de substituer à ces briquettes du bois en provenance de plantations d’eucalyptus, et, à partir de 2001, cebois de feu a été introduit progressivement dans certains camps situés les plus au nord comme une alternative meilleurmarché et plus standardisée. Ce changement supplémentaire a certes rencontré une certaine résistance dans lapopulation réfugiée, mais, à plus longue échéance, ce nouveau combustible peut signifier que l’approvisionnementénergétique pourra être développé pour un coût global significativement inférieur.

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27Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Il existe deux régions abritant des réfugiés oùl’herbe est abondante, dans le nord de l’Ouganda etdans l’ouest de la Tanzanie. La rareté relative du boisde feu et la disponibilité en herbe ont motivél’introduction d’un nouveau modèle de réchaud dansle milieu des années 1990, conçu pour brûler depetites bottes d’herbe récoltée sur place.

En se fondant sur les résultats des expériencesmenées en Ouganda et en Tanzanie, il apparaît impor-tant de noter que la promotion d’un combustible nou-veau et inhabituel tel que l’herbe doit être considéréeen tout premier lieu comme une activité permettant demobiliser la communauté, plutôt que visant à faireadopter une innovation technologique. Ces projets sesont en grande partie appuyés sur le réchaud lui-même, sans qu’aient été pris suffisamment en considé-ration les problèmes sociaux et culturels complexessoulevés par la récolte, le séchage, la préparation etl’utilisation comme combustible d’une herbe prélevée

Les réchauds à herbe en Afrique�

Le tout premier modèle de réchaud à herbe était un appareil autoportant et transportable fabriqué en tôle. Un cylindreexterne assurait le soutien, la stabilité, la rétention de la chaleur et la ventilation, tandis qu’un cylindre interne perforé etamovible renfermait la charge d’herbe. Un anneau en métal était posé par dessus le cylindre interne afin de diriger lachaleur vers le centre du récipient de cuisson. L’appareil assemblé mesurait 34 cm de hauteur et 20 cm de diamètre,pour un poids de 1,5 kg. Il fut bientôt connu sous le nom de peko pe, ce qui signifie « sans problème » dans la langueacholi de l’Ouganda.

Ce réchaud était conçu pour accepter une charge combustible de 500 à 600 g de tiges d’herbe de même longueurréunies en un épais faisceau avec de la ficelle ou de l’écorce. Un chargement permettait d’amener trois litres d’eau àébullition en une quinzaine de minutes en utilisant le récipient de cuisson habituellement distribué aux réfugiés. Ladurée de combustion complète s’établissait autour de 45 minutes. Pour assurer une cuisson plus longue, le réchaudpouvait alors être rechargé en combustible et remis en route, ou un cylindre interne de rechange pouvait être préparé àl’avance pour que l’opération soit plus facile et plus rapide.

Plusieurs organisations se sont investies dans la mise au point et la promotion des réchauds à herbe ; un certain nombrede modifications au modèle de base et de procédés promotionnels ont ainsi été introduits en l’espace de trois à quatreans. En Tanzanie, par exemple, le modèle a été modifié pour en réduire le coût en substituant à l’enveloppe métalliqueexterne une construction en argile réalisable par l’utilisateur lui-même. Cette opération a permis de rabattre le prix del’appareil de moitié en l’amenant à 2,25 dollars US, dans la mesure où seuls le cylindre interne et l’anneau supérieurrestaient en métal. Toutefois, ce réchaud n’a pas rencontré le succès escompté, et sa promotion a été interrompue en1999 en Ouganda. Son utilisation s’est poursuivie en Tanzanie après 2000, à un niveau modeste, mais à l’extérieur descamps de réfugiés.

Les raisons de l’échec de ce réchaud sont nombreuses, mais essentiellement liées à la charge de travail, auxdésagréments et aux changements d’habitudes en matière de cuisine qui étaient imposés par ce nouveau dispositif. Lepeko pe était de conception efficace et permettait de produire une quantité considérable de chaleur à partir d’unchargement de combustible réduit, mais les efforts qui devaient être consentis pour récolter, sécher, stocker et préparerl’herbe se sont avérés très importants. Il était particulièrement éprouvant de devoir récolter et stocker suffisammentd’herbe durant la saison sèche pour être sûr de disposer d’assez de bottes sèches pour tenir tout au long de la saisondes pluies. Des initiatives visant à encourager les réfugiés à couper et à stocker l’herbe dans des abris collectifs pour uneutilisation ultérieure n’ont rencontré aucun succès. Un autre inconvénient était la durée limitée de combustion dechaque chargement, ce qui éliminait pratiquement tout plat nécessitant une cuisson de plus de 45 minutes – lesharicots, par exemple, pourtant un aliment de base. Ainsi, l’impact total sur la réduction de la consommation de boiss’est-il révélé minime, même lorsqu’une famille utilisait systématiquement le réchaud à herbe pour les préparationsrapides (comme le thé ou la bouillie de maïs).

En outre, contrairement à ce qui avait été supposé, l’herbe s’est avérée être une source d’énergie ni gratuite, nidisponible en quantité illimitée. La population autochtone s’en considérait propriétaire et s’est opposée, dans certainscas, à ce que les réfugiés prélèvent cette ressource de manière incontrôlée. Ailleurs, les communautés locales ont tenu àpoursuivre leur pratique traditionnelle du brûlis pour dégager des terres et améliorer la qualité du pâturage, ce quiréduisait de fait à néant la valeur qu’aurait pu présenter ce matériau comme combustible potentiel pour les réfugiés.

Un réchaud à herbe com-porte plusieurs élémentsqui doivent être assem-blés avant l’allumage.

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sur les terres de la population locale. L’appareil en soireprésentait une invention impressionnante et efficace,et les différentes adaptations qui ont abouti à la versionfinale en argile et métal, en Tanzanie, étaient des inno-vations techniquement valables, mais l’herbe reste uncombustible de qualité inférieure au bois et au char-bon de bois, avec une valeur énergétique de 20 % plusbasse à poids égal, une production plus importante defumée, une durée de combustion plus courte et unedisponibilité limitée dans le temps. Prôner l’utilisationd’un tel combustible ne sera jamais chose aisée, sauf sile bois devient excessivement difficile à obtenir et si lerecours à l’herbe est considéré plus comme une ques-tion de propriété et de gestion des ressources quecomme une activité faisant la promotion d’un com-bustible de cuisine. De façon générale, il ressort doncque l’herbe ne peut être envisagée comme un combus-tible approprié dans le cadre d’opérations d’accueil deréfugiés.

4.4 La tourbe

La tourbe une est forme de matière organique qui sedéveloppe lorsqu’il y a décomposition incomplète de lavégétation d’une zone humide, dans des conditions dedéficit en d’oxygène et d’excès d’eau. Une tourbe biendécomposée possède une valeur énergétique dépassant20 MJ/kg, supérieure à celle du bois sec. Pendant dessiècles, ce matériau a été traditionnellement utilisécomme combustible sous les hautes latitudes.

Dans les conditions plus chaudes et plus humidesdes marécages tropicaux, la tourbe se forme relative-ment plus rapidement et présente par conséquent unedensité et une valeur énergétique moins élevées. Ellepeut néanmoins servir de combustible domestique sielle est séchée correctement et brûlée dans un réchaudsuffisamment ventilé.

La tourbe n’a été expérimentée que dans le cadred’une seule opération, dans la région de Kagera, enTanzanie, entre janvier 1995 et novembre 1996. Desréfugiés rwandais des camps de Kagenyi et Rubwera yont été associés à un programme d’extraction de latourbe de marécages situés le long de la rivière Kagera.

Lorsque la tourbe est facilement accessible à piedd’un camp de réfugiés et que sa qualité estrelativement élevée (18 MJ/kg au minimum),l’expérience menée en Tanzanie suggère qu’elle estsusceptible de représenter un combustible d’appointau bois de feu intéressant. En outre, sa combustionlente en fait un matériau bien adapté à la préparationde certains types d’aliments qui demandent unecuisson prolongée.

Toute opération d’extraction de tourbe doit êtreorganisée sur la base d’un système collectif permettantde maximiser la production, car une exploitationincontrôlée par des individus isolés se traduirait par des rendements bas, une utilisation inefficace de la ressource et des atteintes plus graves à

28 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

L’extraction de la tourbe est une activité qui demande beau-coup de main d’œuvre. La tourbe doit être prélevée dans lemarais, transportée en lieu sec, étalée au soleil pour qu’ellesèche puis livrée chez les réfugiés où elle peut servir decombustible.

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29Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

l’environnement. Dès lors que ces risques sonttotalement pris en compte, l’extraction de la tourbedevrait être encouragée sans recourir aux incitationsfinancières afin d’amener les réfugiés à uneparticipation sincère et durable.

La tourbe doit être séchée avant utilisation, ce quidemande de disposer d’une surface importante deterrain ouvert à proximité immédiate des marais ainsique de périodes d’ensoleillement assuré. Par ailleurs,comme ce combustible est parfois difficile àenflammer et produit souvent de la fumée, il fautgénéralement recourir à des matériaux d’allumagepour la mise en route du feu et, pour des raisons desanté liées à la fumée, la cuisson des aliments doit

s’effectuer sur des réchauds bien ventilés, à l’extérieurde l’habitation.

Pour conclure, la tourbe est un combustible quipourrait éventuellement être proposé en appoint aubois ou au charbon de bois dans les camps ou lescolonies de peuplement installés à proximité de zoneshumides. Ce combustible convient bien à certainstypes de cuisson, avec des réchauds bien ventilés placésà l’extérieur, à condition qu’il soit dûment prêtéattention aux questions de la viabilité et desrépercussions possibles des programmes d’extractionsur l’écologie des zones humides, à la fois au niveau dusecteur exploité et en aval.

L’extraction de la tourbe en Tanzanie�

La tourbe de Kagera s’est formée lors de la décomposition du papyrus et d’autres sortes de roseaux. Sa valeur énergétiqueà l’état sec est légèrement supérieure à celle du bois (18 MJ/kg) et sa teneur moyenne en cendres est de 15 %.

Le programme d’extraction a été organisé autour d’équipes composées de 80 réfugiés. En octobre 1996, plus de 50 deces équipes étaient associées au projet et rémunérées au tarif incitatif de 0,34 dollars US par jour. Chaque réfugié devaitremplir un objectif de 160 blocs de tourbe par jour ; ces blocs étaient ensuite mis à sécher pour 4 à 5 jours sur desterrains défrichés proches du marécage, puis collectés dans des sacs et transportés aux camps pour y être utilisés dansle cadre domestique.

D’après une étude réalisée au milieu de l’année 1996, 98 % des familles avaient adopté la tourbe comme combustibled’appoint pour la cuisine. La consommation de bois de feu s’en était trouvée réduite à 0,65 kg en moyenne parpersonne et par jour, le niveau le plus bas constaté sur les 11 camps de la région de Kagera. La consommation d’appointde tourbe s’élevait en moyenne à 1,65 kg par personne et par jour.

Interrogés sur les avantages et les inconvénients de la tourbe à leurs yeux, les réfugiés soulignaient la proximitéimmédiate du champ de tourbe comme un argument fort en faveur de l’utilisation de ce combustible inhabituel, ainsique le fait qu’elle était disponible gratuitement tandis que le bois devait souvent être acheté. Ils poursuivaient enfaisant remarquer son poids relativement peu élevé et sa facilité de manutention une fois mise en sacs. Par ailleurs, ladurée importante de sa combustion en fait un bon combustible pour mijoter les aliments exigeant une cuissonprolongée, tels que les haricots et le riz. En revanche, il était signalé que la tourbe prend difficilement et produit de lafumée, surtout par temps pluvieux. La tourbe ne pouvant être enflammée directement, le feu était généralement alluméavec de l’herbe, du papyrus ou du bois secs. D’après les réfugiés, l’utilisation de la tourbe exigeait en outre que lesréchauds soient modifiés pour que le récipient de cuisson soit placé plus haut et pour renforcer la ventilation du foyer.

Un certain nombre d’interrogations sont restées sans réponses en ce qui concerne les répercussions du programmed’exploitation de la tourbe sur l’environnement, et des craintes se sont faites jour quant à la cadence d’extraction,soupçonnée de dépasser largement le seuil de viabilité. De plus, les fermiers autochtones avaient tendance à mettre enculture les terrains défrichés pour le séchage et à étendre leurs champs jusque dans la frange de la zone marécageused’où la tourbe avait été extraite. Le rythme élevé de l’extraction de tourbe et de l’expansion des activités agricolesmenaient surtout vers la conversion des zones humides en terres cultivées.

Il avait été prévu de mettre fin aux rétributions financières d’encouragement à la fin de 1996, les équipes devantpoursuivre l’extraction de leur propre chef. Mais le rapatriement des réfugiés au Rwanda, intervenu plus tôt que prévu, afait en sorte que la transition vers l’autosuffisance en combustible n’a jamais pu s’opérer. De ce fait, il est difficiled’apprécier qu’elle aurait pu être la viabilité du programme d’extraction de tourbe après l’arrêt de la rémunérationincitative – un indicateur intéressant qui aurait permis d’estimer la durabilité du système mis en place et la dispositiondes réfugiés à y participer bénévolement.

Il reste que, dans le contexte de pénurie de bois de feu qui était celui de ce programme, la tourbe s’est nettementimposée comme un combustible d’appoint parfaitement acceptable. La plupart des réfugiés y avait recours pourcertaines tâches particulières et, en outre, l’injection mensuelle de jusqu’à 40 000 dollars US dans l’économie locale sousforme de rétributions financières profitaient aux réfugiés comme aux nationaux de la région.

Cependant que la question de la viabilité demeure en suspens, on peut penser que quelques réfugiés au moins auraientconsidéré rentable de continuer à exploiter la tourbe après l’abandon des incitations financières, bien que la majoritéd’entre eux, selon toute probabilité, aurait trouvé peu d’attraits à cette option.

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4.5 Le biogaz

Le biogaz est constitué d’un mélange de méthaneet de dioxyde de carbone produit au cours de ladécomposition de la matière organique en l’absenced’oxygène. Doté d’une teneur en méthane générale-ment supérieure à 60 %, il brûle avec une flammebleue de température élevée et peut être utilisé avec descuisinières à gaz et des dispositifs d’éclairage à man-chon. Sa valeur calorifique est de 21,3 MJ/m3, environl’équivalent de ce que contient 1,4 kg de bois séché àl’air libre.

Le biogaz est produit dans des digesteurs étanches.Le fumier, les débris végétaux et les matières fécaleshumaines constituent des matières premières utili-sables ; les installations qui utilisent majoritairementdes excréments humains sont appelées bio-latrines. Laproduction de biogaz demande en outre un apportd’eau suffisant, à raison d’une à trois mesures parmesure de matière première. Après 30 à 70 jours dansle digesteur, les déchets émettent un gaz qui peut êtrecapté et acheminé par des conduits vers le lieu d’utili-sation. Les boues qui subsistent après digestion consti-tuent un engrais organique de qualité.

Lorsque le système fonctionne à base de matièresfécales humaines, la production de gaz est en mesured’assurer la cuisson des aliments et l’éclairage pourenviron 10 % des personnes qui utilisent ces toilettes.Ainsi, dix familles utilisant une bio-latrine permettentde répondre aux besoins en gaz d’une seule famille.

Le HCR a déjà eu recours au biogaz dans le cadrede projets pilotes dans le sud-est du Népal et dans l’estde l’Afghanistan.

Les initiatives menées au Népal et en Afghanistann’avaient pas les mêmes motivations, ni la mêmeapproche. Le projet népalais a vu le jour suite à un pro-blème de santé public auquel a été proposée uneréponse axée sur la collectivité locale dans sonensemble. Le projet afghan a été motivé par descraintes d’ordre environnemental et son approche aconsisté à cibler certaines familles en leur accordantune unité de production de biogaz privée.

Le projet népalais a démarré avec succès dans lamesure où le caractère collectif du problèmed’assainissement qui se posait a été reconnu d’emblée.Il a bénéficié du soutien dynamique des autorités

30 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Une installationtypique de productionde biogaz est organi-sée autour d’une cuvesouterraine, le diges-teur, dans laquelle lesmatières organiques sedéversent. Les gazgénérés par leurdécomposition sontévacués par desconduits pour alimen-ter des appareils decuisson et d’éclairage,tandis que les bouesrésiduaires peuventêtre employéescomme engrais.

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31Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

villageoises et de leurs efforts conjugués pourconvaincre la population de la nécessité de participeret d’utiliser les bio-latrines. De fait, cette participations’est avérée par trop enthousiaste et a fini par excéderles spécifications du digesteur. Bien que le projet nesoit pas parvenu à produire du biogaz ou des engraisorganiques en quantités suffisantes pour pouvoir enfaire profiter plus de quelques familles, il s’est révélépositif en ce qu’il a su apporter une solution auproblème d’assainissement qui avait été relevé audépart.

Bien que la méthode suivie ait été différente, leprojet afghan a lui aussi su remplir ses objectifs,suscitant d’emblée une appropriation des unités de

production par son approche centrée sur la cellulefamiliale, y compris en ce qui concerne le mécanismede partage des frais, et veillant à ce que les droits et lesresponsabilités des utilisateurs soient parfaitementdéfinis.

Jugeant par ces deux d’expériences contrastées, ilsemblerait que le biogaz offre un moyen de remédier àune situation de déficience sanitaire ou de dégradationenvironnementale tout en produisant des engraisorganiques et un combustible de qualité pour lacuisson des aliments et l’éclairage. Il apparaît en outreque la technologie de production du biogaz en elle-même constitue rarement la pierre d’achoppementd’un projet de ce type. En effet, que l’unité de

Le biogaz au Népal�

En 1997, une unité de production de biogaz a été construite au village de Pathare, près du camp de réfugiés bhoutanaisde Sanischare. Le projet ne concernait pas directement les réfugiés, mais avait pour objectif d’améliorer les conditionsd’hygiène et de pénurie énergétique des autochtones, membres d’une population qui était durement affectée par laprésence de plus de 18 000 réfugiés à moins d’un kilomètre de distance.

Le village de Pathare était remarquable par son état sanitaire déplorable, dû à l’amoncellement de déchets végétaux lesjours de marché, à l’accumulation incontrôlée d’excréments humains autour de la place du marché et dans toutel’agglomération en général et aux 3000 porcs en liberté qui venaient dégrader encore plus avant les conditionsd’hygiène qui prévalaient autour des habitations et le long du ruisseau voisin – l’unique source d’eau et le seul lieu delessive du village.

Le bureau local du HCR a proposé la construction de toilettes publiques reliées à un digesteur. La technique des bio-latrines permet de valoriser des matières qui seraient autrement inutilisées en en tirant divers services. Le projet dePathare avait pour but d’apporter au village les installations sanitaires qui s’imposaient, de produire du gaz pour assurerla cuisson des aliments et l’éclairage, d’approvisionner les agriculteurs locaux en engrais dépourvu de pathogènes et deservir de tête de pont à des programmes d’amélioration de l’hygiène et de l’environnement publics.

Il était évident que ce projet ne pouvait être considéré comme une simple opération technologique. Il se proposait des’attaquer à une série de problèmes publics concernant l’hygiène et l’assainissement autant que les pénuries d’énergie,et nécessitait par conséquent la participation active des membres de la communauté – plus précisément, que cesderniers utilisent les bio-latrines, ainsi que le gaz et les engrais organiques produits par le digesteur. Le projet a doncdébuté par un programme de formation axé sur la communauté en son ensemble pour aborder les questions del’hygiène publique, de la gestion des déchets solides et de leurs implications sanitaires. Les différentes options degestion des ordures et de prévention des maladies ont ensuite été énumérées, en soulignant l’importance de laparticipation collective et le rôle de chacun. Reconnaissant une importance égale aux problèmes sociaux et techniquesen jeu, le programme de formation a fait appel au personnel médical local, à des experts en gestion des déchets, à dessocio-économistes et à des spécialistes en énergie issus de l’organisme de mise en œuvre du projet. Le projet biogazs’est ainsi trouvé intégré à une campagne plus générale en faveur du recyclage des déchets, d’une vigilanceenvironnementale accrue et d’une amélioration des conditions sanitaires, au sein de laquelle l’approvisionnementénergétique devenait un objectif moins prioritaire.

Les unités de production de biogaz comprenaient 10 latrines et 3 urinoirs connectés à un digesteur enterré de 15 m3.Des fosses à compost pour le mélange des déchets organiques domestiques aux boues résiduaires, un poste de garde,un système de stockage et d’alimentation en eau ainsi que deux puits d’observation pour contrôler les éventuellesrépercussions de l’installation sur les eaux du sol complétaient le dispositif.

L’approche communautaire s’est avérée pertinente dans la mesure où ces bio-latrines étaient régulièrement utiliséespar les habitants de Pathare autant que par les visiteurs s’y rendant pour les marchés. L’installation, qui avait étéinitialement conçue pour 400 utilisations par jour, a d’ailleurs rapidement dû faire face à une fréquentation deux foissupérieure. Le digesteur a fini par dégorger dans les fosses à compost et le temps de rétention des matières est devenuetrès inférieur à la durée recommandée, d’où une digestion incomplète, une production de biogaz amoindrie et ledéversement de boues potentiellement dangereuses. Bien que ces résultats semblent en apparence rapporter un échecpartiel de la technologie du biogaz, ils attestent en fait la valeur et la popularité de l’initiative.

Il reste que le projet n’a su fournir ni les engrais ni le gaz domestique qui étaient prévus. Ce peut être en partie expliquépar le trop grand succès des bio-latrines qui a fini par engorger le système et par affecter les rendements, l’interdictionsociale d’utiliser le biogaz pour la préparation des aliments et les divers désaccords entre villageois au sujet des famillesqui devaient bénéficier du gaz.

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32 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

production soit collective ou privée, les questionsdécisives ont plus à voir avec la définition initiale duproblème, le choix du groupe bénéficiaire de laproduction et la mise en place des bons mécanismespermettant une gestion correcte et une définitionclaire des droits et des responsabilités.

Les projets collectifs de bio-latrines dépendent pardéfinition d’un certain nombre d’utilisateurs. Ils nesont susceptibles de réussir que là où la communautéest solidement structurée, fait preuve d’un esprit decohésion et d’auto-perfectionnement et dispose d’unemajorité de membres prêts à contribuer au bien-êtred’une minorité (au moins en ce qui concerne lecombustible de cuisson). En revanche, le succès dessystèmes individuels est probable dès lors que le niveaude richesse est raisonnable et permet la construction etl’entretien des installations, et que les autres intrantsnécessaires, tels que l’eau et le fumier, sont disponiblesà l’échelon domestique.

4.6 Le pétrole lampant

Le pétrole lampant est un combustible de premièrequalité pour la préparation des aliments, avec unevaleur énergétique de 44 MJ/kg qui le place en tête descombustibles en termes d’énergie. La plupart desréfugiés qui utilisent le bois ou le charbon de boisseraient disposés à l’adopter s’ils en avaient les moyens,car il est d’emploi facile et souple, et bénéficie enoutre d’un crédit social plus élevé. Le plus souvent,toutefois, le pétrole lampant n’est pas financièrement àla portée des réfugiés s’ils doivent l’acheter avec leurs

ressources propres. Il ne peut leur devenir accessibleque s’il est distribué dans le cadre d’un programmed’approvisionnement organisé de combustible.

Le HCR a une expérience discontinue en matièrede promotion du pétrole lampant dans le cadred’opérations d’accueil de réfugiés. L’exemplecontemporain le plus connu est celui de l’initiativemontée au Népal (voir l’étude de cas en encadré).

Le pétrole lampant est un combustible de qualitésupérieure que la plupart des réfugiés seraient heureuxde recevoir comme alternative au bois de feu ou aucharbon de bois. Cependant, le HCR considère queson approvisionnement suscite un certain nombre derisques qui doivent être pris en considération avant lamise en œuvre de tout programme de distribution decombustible. Le risque principal est celui de la simplerevente du produit par les réfugiés pour en tirer del’argent tandis que l’utilisation et l’extraction de boisde feu se poursuivent inchangées. Ce problème peutêtre en grande mesure écarté en maintenant le prix ducombustible à un niveau modique dans le paysd’accueil, comme c’est le cas au Népal, bien que ceparamètre ne soit pas du ressort du HCR. Un autrerisque est celui d’un engagement institutionnel àfournir un financement relativement importantpendant plusieurs années. Les réchauds à pétrole ontun rendement très élevé et le combustible peut certesêtre utilisé de manière rationnelle, mais il reste que lecoût total d’un programme d’approvisionnement, destockage et de distribution est le plus souventconsidérable et doit être supporté jusqu’au départ desréfugiés.

Le biogaz en Afghanistan�

Entre 1999 et 2001, dans le cadre d’un programme plus général portant sur la gestion de l’environnement avec desrapatriés revenant du Pakistan, le HCR a donné son soutien à l’installation d’unités de production de biogaz dans l’estde l’Afghanistan. Contrairement à l’exemple népalais, la motivation initiale du projet n’a pas été un problème de santépublique mais des préoccupations environnementales. Le biogaz était destiné à devenir une alternative viable au boisde feu récolté commercialement pour la préparation des aliments et l’éclairage, et devait par là permettre d’alléger lespressions exercées sur les forêts de montagne du bas Hindou Kush.

Au cours de la première année, 110 personnes ont été formées, dans les provinces de Nangahar et de Laghman, à laconstruction d’unités de production de biogaz en briques et en ciment. Environ 45 familles, représentant un total de417 personnes, ont bénéficié d’installations subventionnées, à l’achat desquelles elles-mêmes ont participé à la hauteurde 30 %. Le projet ayant reçu un accueil favorable, il a été étendu, au cours de sa deuxième année, à 60 autres famillesdes provinces de Jalalabad et de Laghman, et, à titre expérimental, à 10 familles de la province de Kaboul afin de testerle dispositif dans les conditions climatiques nettement plus froides de cette partie du pays. Ici encore, il a été demandéaux familles de fournir environ 160 dollars US sur un coût total de 485 dollars US par unité.

Les réalisateurs du projet ont déclaré une économie de 2,5 tonnes de bois de feu par famille et par an pour les famillesayant adopté le système au biogaz pour la cuisson des aliments, ce qui impliquerait une économie totale de plus de250 tonnes. Ce projet n’a pas été soumis à une évaluation indépendante, mais les rapports de mise en œuvre laissent àpenser que cette nouvelle source d’énergie était bien acceptée et largement adoptée. Une des raisons de ce succèsapparent pourrait être recherchée dans l’approche individuelle qui a été choisie. Chaque installation, en effet, étaitclairement la propriété de la famille qui y avait contribué financièrement. La propriété et, partant, les responsabilités degestion, étaient de ce fait sans ambiguïté. Aucun doute ne planait sur les personnes chargées d’alimenter et d’entretenirchaque unité ni sur celles pouvant bénéficier du gaz produit.

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Un approvisionnement en pétrole lampant au Népal�

Quatre-vingt-dix mille réfugiés bhoutanais répartis en sept camps situés dans le sud-est du Népal bénéficient depuis1992 d’un approvisionnement en pétrole lampant.

Cette initiative a été motivée par des plaintes émanant de la population autochtone et du gouvernement au sujet dedégradations infligées aux forêts par des réfugiés en quête de bois de feu. Ce problème était de nature sociale etpolitique autant qu’environnementale, dans la mesure où des études menées postérieurement ont montré que lesdégâts commis par les réfugiés étaient en fait peu importants. La question demeurait toutefois un sujet de discordesusceptible de dégénérer en conflit.

Le pétrole lampant a été choisi comme la meilleure alternative au bois pour sa qualité, qui en fait un combustiblefacilement acceptable par les réfugiés. Avant même que le projet ne soit mis en oeuvre, une ONG a commencé àtravailler avec des groupes de femmes réfugiées pour sélectionner des modèles appropriés de réchauds à pétrole. C’esten partie grâce à l’engagement dynamique des femmes à ce stade précoce du projet que le pétrole lampant a pu par lasuite être rapidement adopté, en dépit du peu d’expérience que les réfugiés avaient de ce combustible.

L’approvisionnement a tout d’abord été maintenu à 0,5 litre par personne et par semaine, pour être ensuite relevé à unlitre pour les foyers comptant jusqu’à trois personnes, complété par 0,5 litre par personne supplémentaire. Ces quantitésse sont avérées couvrir environ 80 % de la demande énergétique, le restant étant assuré par la collecte de bois de feu.En 1998, le HCR distribuait annuellement approximativement 3,5 millions de litres de pétrole lampant, au coût de600 000 dollars US, et environ 10 000 réchauds de remplacement, au coût de 40 000 dollars US. Il est offert un réchaudneuf par famille tous les deux ans, et un atelier de réparation a été monté dans l’un des camps.

Dans chaque camp, les réfugiés ont pris en charge la réception, le stockage et la distribution du pétrole lampant,contenu dans des cuves souterraines. L’intégralité des opérations de distribution est organisée par leurs propresgroupes. Les réfugiés gèrent également la réparation des réchauds et la distribution des nouveaux appareils. Cetteapproche décentralisée s’est révélée à la fois efficace et très économique pour les organisations humanitaires.

Le pétrole lampant est importé au Népal et mis en vente au prix subventionné d’environ 0,18 dollar US par litre, ce quiest relativement bon marché par rapport à ce qui prévaut, par exemple, dans la plus grande partie de l’Afrique et dansbeaucoup d’autres pays d’Asie. Ainsi, ce qui ailleurs aurait pu pousser les réfugiés à la revente sur le marché local setrouve largement contrebalancé par les avantages et la facilité d’emploi du pétrole lampant pour la cuisine et par legain de temps et de main d’œuvre que son utilisation représente à côté des efforts consacrés à la récolte de bois de feu.

Le soutien ferme de la population locale et du gouvernement du pays d’accueil a également été un facteur qui acontribué au succès de ce programme d’approvisionnement. Plutôt que d’établir des comparaisons négatives entre sapropre situation énergétique et celle des réfugiés approvisionnés gratuitement en pétrole lampant, la population locales’est activement associée au projet, considéré comme un moyen de préserver ses ressources naturelles. La participationentière des réfugiés s’est elle aussi avérée cruciale à tous les stades de la conception ainsi que pour la mise en place etl’entretien du système de distribution du combustible et des réchauds.

Les réchauds fonctionnant aupétrole lampant utilisent desmèches en textile ou un systèmesous pression avec une pompe.

33Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

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34 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

4.7 L’énergie solaire

L’énergie du soleil peut être capturée de deux manièresdifférentes. La première par le biais de cellulesphotovoltaïques, ce qui permet de produire del’électricité ; cette technologie est bien au point maisne convient pas à la cuisine à cause de son coûtextrêmement élevé : au tarif d’environ 10 dollars USpar watt de puissance installée, l’alimentation d’uneseule plaque chauffante de 1 kilowatt peut revenir àjusqu’à 10 000 dollars US. Un autre moyen de tirerparti de l’énergie solaire est de l’utiliser directementpour la préparation des aliments à l’aide d’un foursolaire.

Un four solaire est un appareil qui transformel’énergie lumineuse du soleil en chaleur pour fairecuire les aliments. Il en existe de trois types principaux:

➤ Les fours solaires paraboliques, qui utilisent dessurfaces réfléchissantes pour recueillir, concentrer etdiriger les rayons solaires sur la nourriture à cuire.

➤ Les fours solaires à caisson, qui utilisent desréflecteurs plans (tels que des miroirs) pour réfléchirle rayonnement à travers une plaque transparenteen verre ou en matière plastique vers l’intérieur

d’une chambre de cuisson thermiquement isolée,dont les côtés sont généralement réfléchissants et lefond en métal de couleur foncée.

➤ Les fours solaires à panneaux, un modèle hybridedes deux précédents, disposant d’un réflecteurparabolique et d’une chambre de cuisson ferméecontenant la nourriture. Ce modèle combine doncles propriétés réfléchissantes des surfaces courbes etles propriétés de rétention de chaleur d’un caissonfermé.

Les fours solaires ont fait l’objet de campagnesintensives de promotion au cours des années 1990,dans le cadre de programmes d’accueil de réfugiés auPakistan, en Ethiopie et au Kenya. Au Pakistan, unfour solaire à caisson a été introduit, en bois avec vitreen verre, au prix d’environ 50 dollars US l’unité. EnEthiopie, un modèle à panneaux a été testé sous lenom de CookIt, en carton réfléchissant au centreduquel le récipient de nourriture était placé àl’intérieur d’un sac en plastique, le tout coûtant 7,50dollars US pièce. Ces deux types de fours solaires ontégalement été mis à l’essai au Kenya.

Bien que toutes les nouvelles technologies enmatière d’appareils de cuisson soient susceptibles de se

Le four solaireparabolique utilisedes surfacesréfléchissantes pourrecueillir, concentreret diriger les rayonssolaires sur lesaliments à cuire.

Le four solaire à caisson utilise des réflecteurs planspour diriger le rayonnement à travers une plaque trans-parente en verre ou en matière plastique vers l’intérieurd’une chambre de cuisson thermiquement isolée.

Le four solaire à panneaux est unmodèle hybride qui allie réflec-teur parabolique et chambre decuisson fermée.

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heurter à un certain nombre de déboires lorsqu’ellessont introduites dans un contexte d’accueil de réfugiés,les problèmes rencontrés par les fours solaires se sontrévélés particulièrement significatifs, dans la mesureoù l’idée même de cuisiner à l’aide du soleil estculturellement à mille lieues des habitudes despopulations accoutumées aux combustibles classiques.Les principales difficultés qui sont apparues au coursdes programmes pilotes menés parmi des réfugiésétaient les suivantes :

➤ La courte durée de vie des appareils : les fourssolaires conçus pour durer coûtent cher etcomportent des éléments faciles à revendre, tandisque les modèles plus économiques tels que leCookIt durent rarement plus de quelques mois, etles sacs en plastique souvent encore moins ;

➤ L’importance des changements d’habitude requis enmatière de cuisson des aliments : même lorsque lesconditions d’ensoleillement sont correctes, lacuisson à l’énergie solaire est un procédé peufamilier qui exige de profonds changementsd’habitudes :

■ la cuisson des aliments doit s’opérer en plein soleil;■ vérifier l’état de la nourriture en cours de cuisson entraîne des

pertes considérables de chaleur ;■ la nourriture doit être préparée bien avant l’heure des repas ;■ tous les travaux de cuisson se déroulent à l’extérieur, tandis qu’ils

sont parfois traditionnellement conduits dans la maison ou sousun abri.

➤ La lenteur de la cuisson : cuisiner avec le soleildemande plus de temps que les systèmestraditionnels et se trouve sévèrement contrariélorsque le temps est venteux, voilé, poussiéreux oucouvert – ce qui nécessite parfois que la cuisson soitterminée sur un feu ;

➤ L’impossibilité de réaliser certaines préparations :les fours solaires ne conviennent pas auxpréparations qui demandent à être grillées, fritesdans l’huile ou retournées régulièrement (dont lespains sans levain tels que les injeras ou les chapatis,qui constituent des aliments de base), ce qui lesrelègue au mieux au rang d’appareils d’appoint, laconsommation de combustibles classiques s’entrouvant à peine réduite ;

➤ La crainte du changement : les réfugiés, à moinsqu’ils ne soient totalement sûrs d’eux, sont à mêmed’éprouver une certaine réticence lorsqu’il s’agitd’enfermer les rations alimentaires limitées dont ilsdisposent dans un récipient hermétique pourpouvoir les faire cuire ; un programme complet desensibilisation et de formation, qui est susceptiblede se poursuivre pendant plusieurs années, est doncabsolument indispensable.

Dans l’ensemble des trois pays dans lesquels lacuisson solaire a été proposée, l’ensoleillement estimportant et le bois de feu extrêmement rare ; danscertains cas, les réfugiés s’exposent même à des risquespersonnels lorsqu’ils vont récolter du bois. Il sembledonc que les conditions aient été optimales pourl’adoption des fours solaires, et pourtant jamais aucunprogramme n’a pu dépasser le stade pilote –continuant à dépendre du soutien financier desorganismes, des subventions accordées au matériel etde programmes ininterrompus de formation et deremise à niveau.

La préparation des aliments à l’aide de l’énergiesolaire semble à première vue être une solutionévidente et logique. L’idée de tirer parti d’une énergiegratuite et illimitée pour cuisiner lorsque les sourcesd’énergie traditionnelles se font rares sembleclairement bénéfique sur le plan social, économique etenvironnemental. Cependant, le solaire s’est avérémoins intéressant dans la pratique que sur le papier.Les changements d’habitudes requis sont tels que peude réfugiés ont été disposés à adopter cettetechnologie, même comme dispositif d’appoint. Ceprocédé ne s’est donc pas révélé à la hauteur deséconomies d’énergie, des économies de main d’œuvreet des résultats environnementaux qui en étaientespérés.

4.8 En bref

Dans une situation d’accueil de réfugiés, la sourced’énergie par défaut est le bois, éventuellementcomplété par le charbon de bois. Un certain nombred’alternatives ont été abordées dans cette section,accompagnées d’une description de quelquesexpériences menées sur le terrain, en conditions réelles,et des résultats qui y ont été obtenus.

Avant de conclure au sujet de la pertinence dechacune de ces énergies alternatives, il peut s’avérerintéressant de conceptualiser l’idée de l’« échelleénergétique ». L’échelle énergétique est un classementhiérarchique pratique des différentes sources d’énergieen fonction de leur degré de sophistication et demodernité. Les combustibles placés vers le haut del’échelle tendent à être plus commodes d’emploi, maiségalement plus coûteux.

Dans cette hiérarchie, les combustibles placés au-dessus du bois comprennent en particulier lesbriquettes de charbon et le pétrole lampant. Leurutilisation est rarement refusée par les réfugiés et leuradoption se heurte généralement à peu d’obstaclesculturels. Bien souvent en effet, leur valeur énergétiqueest supérieure à celle du bois, ils sont plus efficaces etplus faciles à utiliser. La question d’une transition enfaveur de l’un ces combustibles en vient à se poser entermes de coût et de viabilité à long terme, car les

35Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

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36 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

éventuelles contraintes culturelles ou sociales sontgénéralement largement compensées par les progrèsqui peuvent être réalisés quant au rendementénergétique et au confort d’emploi. Ainsi, lesexpériences menées au Bangladesh et en Thaïlandeavec les briquettes et au Népal avec le pétrole lampant– décrites dans ce manuel – montrent-elles que de tels combustibles sont susceptibles de représenterpresque partout une option applicable dans la pratiqueet culturellement appropriée, bien qu’ils puissentrencontrer des problèmes dus à un coût récurrentimportant et aux possibilités de revente sur le marchélocal si leur prix y est suffisamment attractif.

Parmi les sources d’énergie discutées dans cemanuel qui sont le plus souvent placées au-dessous dubois sur l’échelle des énergies, on trouve l’herbe, latourbe et les résidus combustibles. Tous tendent soit àalourdir la charge de travail de l’utilisateur, soit àprésenter une efficacité moindre pour la cuisson desaliments, soit à créer plus d’embarras. Les obstaclesrencontrés sont donc plus importants pour ces sourcesd’énergie que pour celles situées plus haut dans lahiérarchie énergétique. Ils comprennent souvent unerésistance sociale de base ainsi que des problèmes definancement, plus faciles à surmonter. L’énergiesolaire, bien que ne figurant pas sur l’échelleénergétique à cause de sa nature particulière, demandedes changements d’habitudes dans la préparation desrepas qui sont d’une ampleur telle que l’on considèregénéralement cette alternative comme inférieure au

bois de feu en termes de commodité, de crédit social etd’acceptabilité. Le biogaz, de valeur énergétique trèsélevée et d’utilisation commode, est actuellement placéau-dessus du bois et du charbon de bois, mais saproduction est complexe et coûteuse, et les problèmesde maintenance des installations et de contentieuxquant aux utilisateurs finaux rendent en général cettealternative peu adaptée aux situations d’accueil deréfugiés, à l’exception possible des institutions.

Pour conclure, l’échelle énergétique, bien que nepouvant s’appliquer à l’ensemble des sources d’énergieet ne prenant pas nécessairement en considération lecoût total de l’approvisionnement, constitue unmoyen de juger des mérites comparés de différentesoptions énergétiques sur la base du confortd’utilisation pour l’utilisateur final. En dépit de cesquelques carences, toute tentative visant à promouvoirdes combustibles de cuisine autres que le boisdevraient, de façon générale, ne cibler que desalternatives situées plus haut dans cette hiérarchie. Parconséquent, les options choisies seront normalementles briquettes de charbon et le pétrole lampant, dès lorsque les appuis financiers le permettent et que lasituation économique locale n’incite pas à la revente.En ce qui concerne les autres sources d’énergie, lescontraintes qui leurs sont associées sont susceptiblesd’être importantes et les coûts de promotion et deformation très élevés, ce qui fait qu’en fin de compte lasubstitution peut se révéler une option financièrementet socialement non viable.

N.B. : L’énergie solaire ne figure pas dans ce diagramme dans la mesure où elle ne se présente pas sous la forme d’un combustible et peut difficilementêtre classée en termes de valeur énergétique.

Se reporter à l’Annexe B pour un tableau récapitulatif de la valeur énergétique de chaque combustible.

Ce diagramme ne constitue qu’une généralisation et ne se vérifiera pas en toutes circonstances. Ainsi, les coûts n’augmentent pas toujours defaçon linéaire, et certaines briquettes, par exemple, reviennent en fait plus cher par unité d’énergie que d’autres combustibles situés au-dessus.

Gaz propane liquide

Biogaz

Pétrole lampant

Briquettes de charbon

Charbon de bois

Briquettes carbonisées

Bois sec

Briquettes densifiées

Tourbe sèche

Herbe

Résidus combustibles

Bouse de vache

Valeurénergétique

croissante

Echelle énergétique des combustibles

Commodité et coûtcroissants pour

l’utilisateur final

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37Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

5.1 Généralités

Il n’est pas toujours raisonnable de laisser les réfugiéset les rapatriés rechercher eux-mêmes leur proprecombustible de cuisine. Dans certains cas, le paysd’accueil, le HCR ou un autre organisme d’aide peut juger plus approprié de procéder àl’approvisionnement organisé d’une population encombustible provenant de l’extérieur. Selon le scénariole plus fréquent, le gouvernement du pays d’accueil,alarmé par les dégradations des forêts ou d’autresespaces boisés dont se rendent coupables les réfugiés enquête de bois de feu, demande au HCR d’importer ducombustible de l’extérieur du secteur affecté.Toutefois, d’autres types d’enchaînements peuventégalement amener à ce qu’une requête similaire soitexprimée ; quelques uns sont détaillés ci-dessous.

Pour le directeur d’un bureau extérieur quiparticipe à un programme d’aide aux réfugiés, l’enjeuconsiste à équilibrer les craintes environnementales ouautres exprimées par les réfugiés, la populationautochtone ou le pays d’accueil – craintes souventlégitimes et convaincantes – d’une part, et, d’autrepart, les coûts potentiellement élevés et lesrépercussions incertaines d’un programmed’approvisionnement en combustible. La distributionde combustible n’est pas une entreprise dans laquellel’on peut s’engager à la légère, sans prendre dûment enconsidération ses implications financières et seschances réelles d’atteindre les objectifs désirés, qu’ilssoient environnementaux ou autres. Cette sectionpropose quelques conseils sur les types de situationsdans lesquelles un recours à un approvisionnement encombustible pourrait se justifier (« Quand procéder àun approvisionnement ») et sur la manière de le mettreen application de sorte à en minimiser les coûts et à en

maximiser l’effet utile et la durabilité (« Commentprocéder à un approvisionnement).

5.2 Quand procéder à unapprovisionnement encombustible

Il n’est pas rare qu’il soit demandé au HCR ou à sespartenaires de fournir du combustible à unepopulation réfugiée. La tâche du personnelopérationnel est alors de déterminer si ces demandessont justifiées, financièrement abordables et de bonnefoi.

Suivent quelques exemples de scénarios dans lecadre desquels l’approvisionnement en combustiblepeut être considéré nécessaire :

➤ Une pénurie de combustible. Les combustiblesmanquent parfois totalement dans la région où lesréfugiés ou rapatriés ont été installés.Alternativement, peut-être sous des climats trèsarides, ces ressources ont été appauvries par unprélèvement excessif à un point tel que le temps etles efforts auxquels les réfugiés doivent consentirpour se procurer simplement de quoi faire cuireleurs rations de base sont devenus inacceptables.Dans de telles circonstances, le bien-être desréfugiés peut s’avérer directement compromis, et unapprovisionnement externe pour subvenir à unepartie de leurs besoins pourrait être indiqué, peut-être en attribuant le combustible de manière cibléeaux groupes particulièrement nécessiteux.

➤ L’existence de risques liés à la recherche ducombustible. Il s’avère quelquefois dangereux pourles réfugiés de s’aventurer hors du périmètre ducamp ou de la colonie de peuplement. Ce risquepeut être lié à des situations de conflit armé ou debanditisme généralisé dans la région, ou à desattaques ciblées contre certaines catégories deréfugiés, telles que les femmes ou les personnesappartenant à un groupe ethnique particulier. Dansle cadre du mandat de protection du HCR, il peutêtre considéré approprié de distribuer ducombustible aux réfugiés afin de leur épargnerd’aller eux-mêmes en rechercher. La questioncentrale qui se pose dans ce type de contexte estjusqu’à quel point les risques encourus par lespersonnes allant ramasser le bois de feu sontspécifiquement liés à cette activité ou au contraire àune situation de danger diffus qui concerne tous lesréfugiés, qu’ils soient ou non obligés de s’éloignerde leur camp ou colonie de peuplement.L’approvisionnement en combustible ne constituepas une solution facile aux problèmes de sécuritélorsque leur cause première a des racines plusprofondes.

L’approvisionnementen énergie —

Quand et comment recourirà la distributionde combustible

d’origine externe

5

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38 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

➤ Des pressions du gouvernement du pays d’accueil. Iln’est pas rare que le pays d’accueil s’inquiète desrépercussions environnementales des prélèvementseffectués par les réfugiés à la recherche decombustible, en particulier de bois de feu. Cespréoccupations peuvent être graves et réelles,surtout lorsque d’importantes populations deréfugiés sont installées à proximité immédiate dezones d’intérêt particulier ou écologiquementsensibles. Dans d’autres cas, il arrive qu’une partiede ces allégations ne soient pas corroborées de façonavérée par les expertises écologiques ; le HCR et sespartenaires se doivent alors de répondre à ce type depression, s’ils ont le sentiment qu’elles sontexagérées, par la présentation de donnéesscientifiques valables. D’autre part, legouvernement du pays d’accueil est égalementsusceptible de s’interroger sur les éventuelsproblèmes de sécurité posés par les excursions desréfugiés hors de leur camp ou colonie depeuplement pour se procurer du combustible. Dansles deux cas, l’institution de l’asile est à même de setrouver remise en question, et il peut êtreraisonnable d’envisager l’approvisionnement desréfugiés en combustible, que ce soit pour atténuerune pression politique s’appuyant sur des motifsenvironnementaux ou pour lutter contre desproblèmes de sécurité liés aux réfugiés.

➤ Des menaces pesant sur l’environnement. Il arriveque des réfugiés soient, à travers leurs activités derecherche de combustible, directement à l’originede dommages environnementaux irréversibles dansles régions où ils sont installés. Ces dégâts peuventne pas être suivis du dépôt de plaintes formelles parla population locale ou le gouvernement, mais leHCR et ses partenaires ont néanmoins desobligations institutionnelles en ce qui concerne lesrépercussions écologiques de leurs programmesd’assistance aux réfugiés. Dans le cas du HCR, cetteobligation a été formellement inscrite dans unerésolution du Comité exécutif et est consacréecomme une orientation prioritaire del’organisation. Il s’ensuit par conséquent que si unlien direct est mis en évidence entre les activités decollecte de combustible des réfugiés et des preuvesde dégradations graves du milieu naturelenvironnant, en particulier lorsque des secteurssensibles tels que des zones humides, des bassinsd’alimentation hydrographiques, des réserves dechasse ou des parcs nationaux sont touchés, il peutêtre approprié d’envisager l’approvisionnement encombustible comme une option parmi denombreuses autres permettant de réduire cesimpacts. Dans le même temps, il convient de ne pasomettre, par exemple, de renforcer le respect desréglementations, de réaliser des reboisements ou demettre en œuvre des programmes d’économied’énergie.

Il est judicieux de conserver une approchemesurée lorsqu’il s’agit d’évaluer les bienfaits d’unapprovisionnement organisé en combustible, préférantpencher du côté de la prudence en cas de doute. Unefois lancé, un tel programme peut s’avérerextrêmement difficile à ramener à des proportions plusmodestes, et pratiquement impossible à suspendre : lesréfugiés s’opposeront au retrait des fonds de soutien, legouvernement du pays d’accueil pourra faire valoir queses inquiétudes ne sont plus prises en compte et lesentrepreneurs associés à l’approvisionnementcommercialisé du combustible seront susceptibles defaire pression par tous les moyens à leur portée pourveiller à ce que le financement du système soitmaintenu. Pour ces raisons et d’autres, la mise enapplication d’un programme d’approvisionnement encombustible devrait autant que possible être restreinteaux types de situations qui ont été décrits plus haut, etinitialement introduite à une échelle limitée, à titreexpérimental, avec un suivi adéquat des résultats auregard des objectifs fixés, avant d’être étendue àl’ensemble de la population réfugiée.

5.3 Comment procéder à unapprovisionnement encombustible

Un approvisionnement organisé en combustible neconstitue jamais une opération réellement durabledans la mesure où ces programmes dépendent del’appui substantiel et prolongé de bailleurs de fonds.Toutefois, il peut être rendu plus efficace et pluséconomiquement performant si l’on respecte quelquesprincipes de base, à savoir :

➤ Le combustible choisi doit être culturellementacceptable et d’emploi facile. Ce combustible doitoccuper une place au moins aussi élevée, surl’échelle énergétique, que celui déjà employé par lesréfugiés. Le bois de feu, les briquettes de charbonou le pétrole lampant seront vraisemblablementacceptables aux yeux de réfugiés utilisant le bois,tandis que les briquettes densifiées rencontrerontsans doute une certaine résistance. De même, desréfugiés provenant de zones urbaines, habitués aupétrole lampant ou au gaz en bouteille, auront desdifficultés à s’adapter au bois ou à tout autrecombustible solide qu’ils pourraient considérercomme inférieur.

➤ Le combustible choisi ne doit pas inciter à larevente. Tout combustible distribué est bienentendu destiné à être utilisé par les réfugiésbénéficiaires, et non pas à être revendu pour del’argent sur le marché local. Dans le cas contraire,les objectifs environnementaux, sociaux oupolitiques du programme d’approvisionnement nepourront jamais être atteints. Le principal moyen

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39Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

de limiter les reventes est de s’assurer, avant toutedistribution, que la valeur du combustible sur lemarché local soit suffisamment basse pour que laplupart des réfugiés préfèrent l’utiliser eux-mêmes.

➤ La distribution doit être ciblée. Il n’est paséconomiquement efficace de distribuer lecombustible en quantités égales à tous les réfugiéslorsque les raisons de la mise en place del’approvisionnement tendent à être associées àcertains groupes particuliers. Ainsi, lorsque lesmères de famille sans conjoint sont identifiéescomme un groupe vulnérable face au harcèlementsubi lors des excursions de collecte de bois de feu,cette catégorie de personnes doit être prise encompte dans le cadre d’un effortd’approvisionnement ciblé. Les personnes plusaisées, quant à elles, permettent peut-être à uncommerce de bois de feu florissant de se mainteniret ne nécessitent aucunement que du combustibleleur soit distribué gratuitement, surtout lorsqu’unetelle initiative menacerait un secteur d’activitéproductif.

➤ Le combustible ne doit pas, en principe, êtredistribué gratuitement. Il est important que lesressources naturelles aient une valeur, et que cettevaleur apparaisse aux yeux de tous. La distributionà titre gratuit de grandes quantités de combustiblecontredit cette notion et rend difficile lasensibilisation aux concepts d’économie et deconservation. Lorsque cela est possible, il estpréférable que les réfugiés offrent quelque chose enéchange de l’énergie qu’ils reçoivent. Dans certainsprogrammes, cette contribution a pris la forme de plantations d’arbres ou de différentes sortes de travaux d’intérêt collectif, à caractèreenvironnemental ou autre.

➤ Les réfugiés doivent se charger eux-mêmes de ladistribution. Il existe de nombreuses raisons pourlesquelles les réfugiés devraient gérer eux-mêmes ladistribution du combustible. Du point de vue dubailleur de fonds, l’efficience économique constitueun facteur de première importance, et il estgénéralement moins coûteux de laisser les réfugiésmanipuler et distribuer le combustible livré aucamp que de confier cette tâche aux salariés d’uneONG. En outre, la prise en charge de ladistribution permet de développer des compétencesd’organisation chez ceux qui y sont associés, desusciter le sens des responsabilités en matièred’indépendance financière et peut-être deminimiser les risques d’accusation de favoritismesusceptibles de survenir si cette partie du processusest directement assurée par une agence.

➤ L’impact de l’approvisionnement en combustibledoit être suivi attentivement. Si l’approvisionne-ment en combustible a été instauré prudemment,avec des objectifs clairs en vue, il devrait être pos-sible (et il est même essentiel) de vérifier si le pro-gramme se révèle effectivement utile pour atteindreces objectifs. Que les motivations initiales aient étéliées à des questions de bien-être, de protection, depolitique ou d’environnement, il est important dedéterminer si des progrès sont réalisés ou non quantà l’amélioration de la situation, et d’évaluer la partde ce progrès qui est effectivement attribuable auprogramme d’approvisionnement en énergie.

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40 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Une liste récapitulative constitue un moyen simple defaciliter la prise de décision et de veiller à ce qu’aucuneoption importante ne puisse être laissée de côté. Cellequi suit a pour vocation d’aider à évaluer les différentespossibilités qui se présentent en matière decombustibles de cuisson dans le cadre d’opérationsd’accueil de réfugiés, à sélectionner les formesd’énergie, les types de réchauds et les procédés de

cuisson les plus appropriés, et, enfin, à déterminer ledegré de pertinence d’un approvisionnement organiséen combustible. Cette liste n’est sans doute pasexhaustive, mais couvre les sources d’énergie et lessituations les plus fréquemment rencontrées dans lecadre des opérations d’accueil de populations réfugiéesou rapatriées.

Liste récapitulative des sources d’énergieutilisables pour la cuisson des aliments

A

Objet

Considérationsrelatives aux phasesd’urgence

Choix du combustiblede cuisine

Les mesures à prendre

Promouvoir une organisation spatiale enhabitations groupées favorisant la préparationplurifamiliale des repasDistribuer des récipients de cuisson d’une conte-nance de 8 à 10 litres, dotés de couvercles, afin defaciliter la préparation plurifamiliale des repasVeiller à ce que vêtements et de couverturessoient distribus en nombre suffisant pour qu’il yait moins de raisons de garder des feux alluméspendant la nuitMettre en place des panneaux explicatifs etd’autres mesures pour faire connaître lesrestrictions environnementales

Dresser l’inventaire des combustibles que lesréfugiés utilisaient chez eux et déterminer si unbasculement vers une autre forme d’énergie estjustifié

Les questions qui se posent

Existe-t-il des raisons culturelles s’opposant au regroupe-ment des habitations, ou ce type d’organisation doit-il êtreappliqué sous une forme adaptée ?

Existe-t-il sur place un organisme compétent en matièred’environnement pouvant se charger de prendre desmesures d’urgence dans ce domaine ?

Y a-t-il une raison importante, dans les conditions actuelles,s’opposant à ce que les réfugiés continuent à employer lescombustibles auxquels ils sont habitués ?S’il existe une raison écologique qui justifierait unchangement de combustible, le problème environnementalpeut-il être résolu autrement ? (Par exemple en renforçantl’application de la Loi par une meilleure démarcation deszones protégées, la formation et le renforcement descompétences ; par la gestion des prélèvements decombustible par secteurs et par périodes ; par lasensibilisation et l’éducation ; par des campagnes visant àaugmenter le rendement des combustibles.) S’il existe une raison économique qui justifierait unchangement de combustible, le coût du combustibletraditionnellement utilisé peut-il être réduit pour qu’il resteabordable ? (Par exemple par des subventions ou unapprovisionnement de l’extérieur.) S’il existe une raison politique qui justifierait unchangement de combustible, dispose-t-on d’une marge demanoeuvre suffisante pour un règlement négocié quipourrait permettre de poursuivre l’utilisation descombustibles traditionnels ? (Par exemple, présentation dedonnées convaincantes ; accès sous conditions à certainssecteurs pour le prélèvement du combustible, avec contrôlesdans les autres secteurs ; renforcement des capacités desinstitutions du gouvernement du pays d’accueil.)

Annexe

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41Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Objet

Utilisation de l’énergie

Interventions possibles

Les mesures à prendre

Déterminer les habitudes et les implications en cequi concerne la consommation d’énergie

Repérer la nécessité d’une intervention et mettreen place une stratégie diversifiée

Réchauds améliorés

Réchauds en terre

Réchauds prêts à l’emploi

Les questions qui se posent

Les habitudes de consommation d’énergie ont-t-elle étédécrites et caractérisées ? (Enquêtes destinées à évaluer laconsommation de combustible et les habitudes des familles,des institutions, des petites entreprises et des organismesen matière de préparation des aliments, y compris lesquantités totales utilisées, les habitudes de collecte, leszones de collecte, les réchauds et les modes de cuisineutilisés.)L’impact environnemental de la demande énergétique a-t-ilété évalué ? (Etude portant sur l’identification des zones decollecte du combustible, la croissance annuelle des arbresdans la région et/ou la valeur économique des ressourcesqui sont affectées.)

Des interventions sont-elles nécessaires pour économiser lecombustible ? (Les interventions sont susceptibles de ne pasêtre économiquement performantes si les sources d’énergiesont abondantes et le nombre de réfugiés peu important.)Dans le cas où une intervention s’impose, une stratégiediversifiée d’économie d’énergie peut-elle être mise enplace ? (Par exemple : les réchauds améliorés et les procédésd’utilisation rationnelle de l’énergie ; la promotiond’aliments frais et de pratiques culinaires moins gourmandesen énergie ; la gestion de la collecte/acquisition ducombustible ; la transformation du combustible enmarchandise par taxation et réglementation ; l’éducation etla sensibilisation ; des forums sur l’environnement etl’énergie à l’échelle de la collectivité.) Les priorités des réfugiés sont-elles connues en matière demodèles de réchauds ? (Economies de combustible, cuissonplus rapide, diminution de la fumée, sécurité renforcée,amélioration de l’hygiène et de l’impact sur la santé, statutplus élevé dans la société) Existe-t-il à leurs yeux des raisonsvalables pouvant justifier l’abandon des systèmes en place ?Quels sont les modèles de réchauds basse consommation quidoivent être testés ? Ont-il été déterminés en étroitecollaboration avec les réfugiés ? Ces modèles sont-ils bienconnus des réfugiés, ou peuvent-ils être adaptés à leurshabitudes ? Les femmes ont-elles été pleinement associéesaux processus de mise au point et d’essai ? Plusgénéralement, ces réchauds s’inscrivent-ils dans unecampagne plus vaste d’économie de l’énergie ou desensibilisation à l’environnement ? La populationautochtone emploie-t-elle un matériel qui pourrait êtreadapté à la situation que connaît la population réfugiée ?Ces options ont-elles été épuisées avant que des moyensmoins familiers aient été mis à l’essai ?A-t-on accès localement à une terre adéquate ? Dispose-t-onde matériaux permettant de prévenir les fêlures, tels que dela cendre, de la bouse de vache ou de la paille ? Les réfugiéssont-ils disposés à fabriquer des réchauds en terre ?Peut-on justifier l’instauration d’un programme de réchaudsprêts à l’emploi ? (Par exemple : pas de terre pour laconstruction de réchauds en terre, existence d’une demandepour d’autres types de réchauds, possibilité d’activitésgénératrices de revenu) La fabrication des réchauds peut-elle être assurée sur place ? Existe-t-il un programme deformation en matière de fabrication de réchauds ? Lesmodèles ont-ils été mis au point en collaboration étroiteavec les réfugiés ?

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42 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Objet Les mesures à prendre

Diffusion des réchauds

Pratiques énergétiquement rationnelles

Préparation du combustible

Conduite du feu

Pré-traitement des aliments

Conduite de la cuisson

Approvisionnement alimentaire

Caissons calorifugés

Préparation plurifamiliale des repas

Les questions qui se posent

Différents moyens de diffusion ont-ils été établis ? Existe-t-il des groupes pour lesquels l’octroi de matériel à titregratuit sera bénéfique ? De quelle façon ces groupes seront-ils identifiés, et en quoi la distribution gratuite de réchaudsleur sera bénéfique ? Est-il possible d’essayer des systèmesd’échange ou de troc ? (Par exemple, des réchauds contre dutravail, contre des arbres ou contre de l’argent.)Quelles sont les procédés d’économie d’énergie qui doiventêtre essayés ? Ces nouvelles pratiques peuvent-elles êtreadoptées sans trop bouleverser les habitudes en vigueur (aumoins au début) ? Sont-elles réellement à la portée desréfugiés, étant donné leurs possibilités modestes en termesd’ustensiles de cuisine, de nourriture et de combustible ?Le bois de feu est-il coupé et refendu ? Tous les combustiblesde biomasse sont-ils correctement séchés avant utilisation ?Les feux sont-ils protégés des courants d’air ? Les systèmesutilisés permettent-ils un contrôle correct de la ventilationdu foyer ? La nourriture est-elle doucement mijotée plutôtque bouillie à gros bouillons ? Les feux sont-ils rapidementéteints dès que les aliments sont prêts ?Les aliments coriaces sont-ils pré-trempés ? Cette pratiquea-t-elle été consciencieusement discutée et essayée avec lesréfugiés ? Les aliments coriaces sont-ils coupés en morceauxavant cuisson ? Utilise-t-on des traitements d’attendrissagepour certains plats ? Cuisine-t-on sous abri ? La construction d’abri-cuisines peut-elle être encouragée d’une manière ou d’une autre ? lesrécipients de cuisson sont-ils robustes, munis de couverclesadaptés et régulièrement décroûtés pour en ôter l’excès desuie ? A-t-on recours à la cuisson étagée pour préchauffer lanourriture ou l’eau ?Toutes les options disponibles en matière d’usinage desgrains ont-elles été examinées ? (Par exemple, la moutureou le concassage industriels sur les lieux du fractionnement,au niveau local par des entreprises privées installées sur lecamp, à l’échelon familial à l’aide de matériel en béton ouen pierre) Le volume des achats de denrées d’origine localese rapproche-t-il des niveaux fixés comme objectifs ? Lesdenrées distribuées dans le cadre de l’aide alimentairecomprennent-elles des aliments dont la préparation estgourmande en énergie et qui peuvent être remplacés pard’autres ? Comprennent-elles des produits dont la fonctionest de nature à dépenser de l’énergie pour rien, par exempledu sorgho pour confectionner de la bière ? Permettent-ils de réaliser des économies de combustiblesignificatives lorsqu’ils sont utilisés par les réfugiés ? Sont-ils commodes d’emploi ? Dispose-t-on de matériauxadéquats, tels que des paniers ou des caisses isolées avec dutissu, des fibres de bananier, du papier journal, les copeauxde bois, etc… ? Ces ustensiles pourront-ils rester attractifsaux côtés des autres technologies proposées dans lesprogrammes de diffusion ? Peuvent-ils être confectionnéssur place dans le cadre d’une activité génératrice derevenu ?Quelles mesures incitatives pourraient être introduites pourpromouvoir une préparation plus collective des repas chezles réfugiés ? (Par exemple, un abri-cuisine collectif offertcontre la construction de réchauds en terre) Est-il possibled’intégrer au programme d’éducation à la santé un coursportant sur les risques de transmission des maladies et lesmoyens de les combattre ?

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43Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Objet

Les combustiblesalternatifs

Les mesures à prendre

Si un changement est justifié, répertorier lescombustibles alternatifs les plus appropriés

Bois/charbon de bois

Résidus combustibles

Briquettes densifiées

Briquettes de charbon

Tourbe

Biogaz

Les questions qui se posent

Si la substitution est inévitable, est-il possible de l’opérer« vers le haut de l’échelle » plutôt qu’en sens inverse ? (Parexemple, passer du charbon de bois au pétrole lampant, oudu bois aux briquettes de charbon.) Des zones boisées existent-elles qui soient renouvelables etqui puissent être exploitées et gérées de manièrecontrôlée ? Les aspects financiers et logistiques del’approvisionnement ont-ils été pleinement considérés ? Lesréfugiés ont-ils accès à des réchauds adaptés ? Lecombustible peut-il être séché et stocké au sec ? Dans le casdu charbon de bois, est-il possible d’utiliser des techniquesefficaces de carbonisation en fours ouverts ? Une source de résidus végétaux ou d’excréments animauxexiste-t-elle localement ? Les quantités disponibles sont-elles suffisantes tout au long de l’année ? Le prix de cesrésidus est-il susceptible de fluctuer ? Ces résidus sont-ilsdéjà utilisés d’une manière ou d’une autre dans le systèmelocal d’exploitation des terres ? Les réchauds ou foyers desréfugiés disposent-ils d’une ventilation suffisante pourpouvoir fonctionner avec ces combustibles ? Les réfugiéssont-ils prêts à utiliser des excréments animaux commecombustible ? La contribution de ces combustibles à ladiversification énergétique peut-elle être significative ? Lefait d’utiliser ces résidus comme combustible est-ilsusceptible d’avoir des répercussions négatives sur lafertilité des sols ? Les coûts du matériel et de la fabrication ont-ils étéévalués ? Existe-t-il des sources locales de matièrespremières ? Les quantités disponibles sont-elles suffisantesen toutes saisons ? Le prix de la ressource est-il susceptiblede fluctuer ? Les matières premières sont-elles utilisées parailleurs dans les systèmes locaux d’exploitation des terres ?De quelle façon les réfugiés se procureront-ils les réchaudsnécessaires ? Les coûts du matériel et de la fabrication ont-ils été évaluésen ce qui concerne la carbonisation, l’adjonction de liant etla compression ? Dispose-t-on de sources locales de matièrespremières ? Le prix de la ressource est-il susceptible defluctuer ? Les matières premières sont-elles utilisées parailleurs dans les systèmes locaux d’exploitation des terres ?Sur quelles distances les briquettes devront-elles êtretransportées, et à quel prix ? Quels types de réchauds sontnécessaires et de quelle façon les réfugiés pourront-ils se lesprocurer ? Existe-t-il des zones à exploiter non encore utilisées ? Latourbe y est-elle suffisamment décomposée (taux de cendrepeu élevé, valeur énergétique importante) ? Des systèmesd’extraction et de séchage ont-ils été mis au point ? Quellessont les répercussions de l’extraction sur l’environnement ?Les réfugiés sont-ils disposés à accepter ce combustible ?Une formation à l’utilisation de la tourbe est-ellenécessaire ? De quelle façon les émissions de fumée seront-elles contrôlées ?Dispose-t-on d’une source d’eau suffisante ? Lestempératures moyennes mensuelles sont-elles supérieuresà 15°C ? Comment seront utilisées les boues résiduaires ? Dequelle manière seront-elles allouées ? De quelle natureseront les matières premières ? Si des matières fécaleshumaines seront utilisées, quelles autres matièrespremières y seront jointes ? L’approvisionnement enmatières premières pourra-t-il se poursuivre de manièrecontinue ? Les réfugiés sont-ils prêts à utiliser les bio-latrines ? Où le gaz produit sera-t-il utilisé ? Le gaz produitest-il acceptable pour assurer la cuisson des aliments, pourl’éclairage ? Est-il possible de se procurer dans la région desunités de production robustes exigeant un entretienminimum ?

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44 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Objet

Approvisionnementorganisé en énergie

Les mesures à prendre

Pétrole lampant

Energie solaire

Repérer la nécessité de procéder à un approvi-sionnement organisé en énergie, identifier lecombustible le plus approprié et déterminer lesmodalités de mise en oeuvre

Les questions qui se posent

Les réfugiés ont-ils déjà utilisé ce combustible ? Uneformation préalable est-elle nécessaire ? Quels sont lesmodèles de réchauds qui s’imposent, et de quelle manièreseront-ils diffusés ? Quelles mesures sont déjà en place pourlutter contre la revente du combustible et des réchauds ? Cecombustible peut-il être testé quel que soit le contextecommunautaire ou institutionnel ? Les implicationsfinancières et logistiques de l’importation, du transport, dustockage et de la distribution ont-elles été bien pesées ?Quelles mesures seront prises pour limiter les risquesd’incendie ? De quelle façon seront compensés les effetsnégatifs associés au fardeau imposés par les opérations dechange ?Les niveaux d’ensoleillement sont-ils élevés, réguliers etprévisibles ? Connaît-on une pénurie des autres sourcesd’énergie au point que l’acceptation d’alternativesinnovantes s’en trouve facilitée ?

Existe-t-il des arguments forts en faveur d’une forme ouune autre d’approvisionnement organisé ? (Par exemple,absence totale de toute source d’énergie dans la région,problèmes d’insécurité directement associés à la recherchedu combustible, pressions politiques insurmontables, dégâtsirréversibles infligés à des biens environnementaux devaleur significative.)Dans le cas où il est procédé à un approvisionnement encombustible, les principes de base sont-ils scrupuleusementrespectés ? (Par exemple, le combustible choisi doit êtreculturellement acceptable, d’emploi facile et de revente peuattractive ; la distribution devrait être ciblée en faveur deceux qui en ont le plus besoin ; le combustible ne devraitpas, si possible, être distribué gratuitement ; les réfugiésdevraient avoir la maîtrise du processus de distribution ; lesrésultats devraient être attentivement suivis et évalués auregard des objectifs fixés.)Les besoins logistiques et financiers ont-ils été évalués ?(Par exemple, pour le bois : sélection du site, marquage desarbres, abattage, débitage, empilement, chargement,transport, séchage et distribution.)Des mesures complémentaires sont elles en place pourcontrôler l’accès aux ressources naturelles locales à des finsénergétiques ?

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45Un manuel HCR – Recueil d’expériences acquises en matière d’économie de l’énergie et de combustibles alternatifs

Valeur énergétique des différentscombustibles

B

Pouvoir calorifiqueCombustibles (MJ/kg)

Bois vert (teneur en eau de 60 %) 8

Bouse de vache 10

Déchets de ligneux (brindilles, feuilles, etc…) 13

Déchets agricoles (paille, tiges de coton, etc…) 13

Bois séché à l’air libre (teneur en eau de 20 %) 15

Briquettes densifiées (paille de blé, balles de riz, bagasse, etc…) 16

Bois séché au four (teneur en eau de 10 %) 20

Tourbe 21

Charbon de bois 28

Briquettes de charbon 30

Pétrole lampant 44

Biogaz 45

Gaz propane liquide 46

N.B. : Pouvoir calorifique = Valeur énergétique = Chaleur de combustion

Annexe

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46 Les options en matière de cuisson des aliments dans les situations liées aux réfugiés

Pour en savoir plus …

C

Les réchauds en terre

Intermediate Technology Development Group. 1997. Appropriate Mud Stoves in East Africa. 1 TDG, Kenya.

L’herbe

HCR. 1998. Evaluation of Energy-Saving Options for Refugees : Grass Burning Stove, Uganda. HCR.

HCR. 1998. Evaluation of Energy-Saving Options for Refugees : Grass Burning Stove, Tanzania. HCR.

La tourbe

HCR. 1996. Energy Consumption in Refugee-Hosting Areas of Kagera Region, Tanzania. HCR, Genève.

HCR. 1998. Lignes directrices du HCR pour l’environnement : Energie domestique dans les situations liées à laprésence de réfugiés. HCR, Genève.

Le biogaz

HCR. 1998. Lignes directrices du HCR pour l’environnement : Energie domestique dans les situations liées à laprésence de réfugiés. HCR, Genève.

Le pétrole lampant

HCR. 1998. Country Report for Kenya and Nepal. HCR, Genève.

L’énergie solaire

HCR. 1998. Experience of UNHCR and its Partners with Solar Cookers in Refugee Camps. HCR, Genève.

Annexe

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French-COVERS 190x245 8/12/03 8:01 am Page 4