Frederick Wiseman

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/ 132 6 es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net Frederick Wiseman états-Unis Né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman est cinéaste. Dans ses films, il est réalisateur, scénariste, producteur, monteur, ingénieur du son, et parfois même interprète. Documentariste controversé, il s’est principalement appliqué à dresser un portrait social des grandes institutions américaines. Après son premier film Titicut Follies, il poursuit une série de documentaires aux titres évocateurs : High School et Law and Order en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court en 1973, et Welfare en 1975. Ils donnent une vision très critique des grandes institutions créées en principe à des buts d’aide et montrent la déshumanisation imposée par les systèmes bureaucratiques. Il filme aussi durant cette période ses documentaires aux images les plus fortes : Primate en 1974 et Meat en 1976, respectivement sur l’expérimentation animale et l’élevage de masse des bœufs destinés à la consommation. Dès 1970, afin de se garantir une indépendance de création, il crée sa propre société de production. Son ambition est de dresser un portrait critique des états-Unis, et, comme il le dira ensuite, le résultat est « un seul et très long film qui durerait quatre-vingts heures ». Même The Cool World, film qu’il a seulement produit, se veut dans cette lignée, sorte de semi-documentaire sur la jeunesse délinquante de Harlem. Dans une deuxième phase de son travail, il observera plus particulièrement les lieux privilégiés de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store en 1983. En 1986, il construit une trilogie traitant de l’influence des tares physiques sur l’esprit, puis repart dans ses sujets de prédilection. Il affirme dès son premier documentaire ses principes de base : ce sont l’absence d’interviews, de commentaires off, et de musiques additionnelles pour privilégier un lent apprivoisement des personnes à la caméra, jusqu’à ce qu’elles ne la remarquent plus. « Si le film marche c’est parce que le spectateur a le sentiment qu’il est présent au cours des événements. Une partie de mon travail consiste à lui donner assez de renseignements pour cela. Le montage doit laisser du temps au raisonnement. […] Je dois donner au spectateur le sentiment qu’il peut avoir confiance dans ce que je lui fournis. » Frederick Wiseman Biographie Zoom D. R. Crazy Horse (2011, 134 min.) Donner la parole aux autres Pour son 39 e film, Frederick Wiseman lève le rideau sur les coulisses de la création de Désirs, l’actuel spectacle du cabaret parisien du groupe Crazy Horse, inauguré en septembre 2009. Au cœur de l’institution parisienne, la caméra de Frederick Wiseman suit la création de la nouvelle revue du plus avant-gardiste des cabarets parisiens. De jour en jour, de semaine en semaine, il suit le récit d’une création saisissante à travers ses acteurs principaux : les danseuses mythiques telles que Zula Zazou, Nooka Karamel, Fiamma Rosa, Loa Vahina, mais aussi les régisseurs, les costumières, Philippe Decouflé - le metteur en scène - et Ali Mahdavi, le directeur artistique du spectacle. Le spectateur découvre à travers le regard de Frederick Wiseman un Crazy Horse tel qu’il ne l’a jamais encore vu : explorant son langage artistique, explorant ses codes mythiques, travaillant sur la vision de la femme d’aujourd’hui, pénétrant ses codes légendaires, et vivant tout simplement une magnifique aventure humaine. « J’ai tourné ce film pour plusieurs raisons, notamment abstraites : je suis très intéressé par les fantasmes, et ils sont variés dans le monde du Crazy : les fantasmes du public qui vient voir ça, les fantasmes des danseuses acceptant de s’exposer presque nues, les fantasmes des actionnaires qui veulent gagner de l’argent, ceux du metteur en scène qui doit montrer ce qu’est le Désir... Toutes ces questions m’intéressent. » F.W. Ressources http://www.dailymotion.com/video/xm6yg6_frederick- wiseman-entretien-sur-le-montage-de-crazy-horse_creation « Promenant sa caméra dans les coulisses du cabaret, Wiseman montre comment l’érotisme est construit de toutes pièces par les longues séances de maquillage, les faux cils, les perruques, le rouge à lèvres outrancier dont les gros plans révèlent qu’il déborde largement le dessin réel des bouches des danseuses et les jeux de lumière qui subliment les corps. Wiseman explore cet art et ce commerce de l’illusion. » Le Monde La presse

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Frederick Wisemanétats-Unis

Né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman est cinéaste. Dans ses films, il est réalisateur, scénariste, producteur, monteur, ingénieur du son, et parfois même interprète. Documentariste controversé, il s’est principalement appliqué à dresser un portrait social des grandes institutions américaines. Après son premier film Titicut Follies, il poursuit une série de documentaires aux titres évocateurs : High School et Law and Order en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court en 1973, et Welfare en 1975. Ils donnent une vision très critique des grandes institutions créées en principe à des buts d’aide et montrent la déshumanisation imposée par les systèmes bureaucratiques. Il filme aussi durant cette période ses documentaires aux images les plus fortes : Primate en 1974 et Meat en 1976, respectivement sur l’expérimentation animale et l’élevage de masse des bœufs destinés à la consommation. Dès 1970, afin de se garantir une indépendance de création, il crée sa propre société de production. Son ambition est de dresser un portrait critique des états-Unis, et, comme il le dira ensuite, le résultat est « un seul et très long film qui durerait quatre-vingts heures ». Même The Cool World, film qu’il a seulement produit, se veut dans cette lignée, sorte de semi-documentaire sur la jeunesse délinquante de Harlem. Dans une deuxième phase de son travail, il observera plus particulièrement les lieux privilégiés de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store en 1983. En 1986, il construit une trilogie traitant de l’influence des tares physiques sur l’esprit, puis repart dans ses sujets de prédilection. Il affirme dès son premier documentaire ses principes de base : ce sont l’absence d’interviews, de commentaires off, et de musiques additionnelles pour privilégier un lent apprivoisement des personnes à la caméra, jusqu’à ce qu’elles ne la remarquent plus.

« Si le film marche c’est parce que le spectateur a le sentiment qu’il est présent au cours des événements. Une partie de mon travail consiste à lui donner assez de renseignements pour cela. Le montage doit laisser du temps au raisonnement. […] Je dois donner au spectateur le sentiment qu’il peut avoir confiance dans ce que je lui fournis. »

Frederick Wiseman

Biographie Zoom

D. R.

Crazy Horse (2011, 134 min.)

Donner la parole aux autres

Pour son 39e film, Frederick Wiseman lève le rideau sur les coulisses de la création de Désirs, l’actuel spectacle du cabaret parisien du groupe Crazy Horse, inauguré en septembre 2009. Au cœur de l’institution parisienne, la caméra de Frederick Wiseman suit la création de la nouvelle revue du plus avant-gardiste des cabarets parisiens. De jour en jour, de semaine en semaine, il suit le récit d’une création saisissante à travers ses acteurs principaux : les danseuses mythiques telles que Zula Zazou, Nooka Karamel, Fiamma Rosa, Loa Vahina, mais aussi les régisseurs, les costumières, Philippe Decouflé - le metteur en scène - et Ali Mahdavi, le directeur artistique du spectacle. Le spectateur découvre à travers le regard de Frederick Wiseman un Crazy Horse tel qu’il ne l’a jamais encore vu : explorant son langage artistique, explorant ses codes mythiques, travaillant sur la vision de la femme d’aujourd’hui, pénétrant ses codes légendaires, et vivant tout simplement une magnifique aventure humaine.

« J’ai tourné ce film pour plusieurs raisons, notamment abstraites : je suis très intéressé par les fantasmes, et ils sont variés dans le monde du Crazy : les fantasmes du public qui vient voir ça, les fantasmes des danseuses acceptant de s’exposer presque nues, les fantasmes des actionnaires qui veulent gagner de l’argent, ceux du metteur en scène qui doit montrer ce qu’est le Désir... Toutes ces questions m’intéressent. » F.W.

Ressources

http://www.dailymotion.com/video/xm6yg6_frederick-wiseman-entretien-sur-le-montage-de-crazy-horse_creation

« Promenant sa caméra dans les coulisses du cabaret, Wiseman montre comment l’érotisme est construit de toutes pièces par les longues séances de maquillage, les faux cils, les perruques, le rouge à lèvres outrancier dont les gros plans révèlent qu’il déborde largement le dessin réel des bouches des danseuses et les jeux de lumière qui subliment les corps. Wiseman explore cet art et ce commerce de l’illusion. »

Le Monde

La presse

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Filmographie

Crazy Horse (2011, 134 min.)Boxing Gym (2010, 91 min.)La Danse. Le Ballet de l’Opéra de Paris (2009,158 min.)State legislature (2007, 217 min.)The Garden (2004, 196 min.)Domestic violence 2 (2002, 196 min.)Domestic violence (2001, 196 min.)La Dernière Lettre (2001, 61 min.) Belfast, Maine (1999, 248 min.)Public housing (1997, 195 min.)La Comédie-Française ou L’amour joué (1996, 223 min.)Ballet (1995, 170 min.)High school II (1994, 220 min.)Zoo (1992, 130 min.)Aspen (1991, 146 min.)Near Death (1989, 358 min.)Central Park (1989, 176 min.)Missile (1987, 115 min.)Blind (1986, 132 min.)Deaf (1986, 164 min.)Adjustement and work (1986, 120 min.)Multi-handicapped (1986, 126 min.)Racetrack (1985, 114 min.)The Store (1983, 118 min.)Seraphita’s diary (1982, 90 min.)Model (1980, 129 min.)Manœuvre (1979, 115 min.)Sinaï field mission (1978, 127 min.)Canal zone (1977, 174 min.)Meat (1976, 113 min.)Welfare (1975, 167 min.)Primate (1974, 105 min.)Juvenile Court (1973, 144 min.)Essene (1972, 86 min.)Basic training (1971, 89 min.)Hospital (1970, 84 min.)Law and Order (1969, 81 min.)High School (1968, 75 min.)Titicut Follies (1967, 84 min.)

La Danse. Le Ballet de l’Opéra de Paris (2009,158 min.)

Paris. Un vieil et majestueux édifice. À l’intérieur, un corridor vide et une coulisse. Sur la scène, les plus grands ballets du monde. Le regard méticuleux et patient de Wiseman se tourne cette fois sur l’univers de la danse. Au-delà du simple documentaire d’art, il s’intéresse davantage aux mécanismes institutionnels régissant les rapports humains. L’œil attentif du documentariste décortique dans son brillant montage la réalité du travail derrière la représentation. Avec en plus la magie de prestations sublimes, si chèrement obtenue.

La Dernière Lettre (2001, 61 min.)

Suite à son documentaire sur La Comédie-Française, Frederick Wiseman fut invité par cette institution à monter une adaptation du chapitre 17 de Vie et Destin de Vassili Grossman. Catherine Samie, sociétaire de la Comédie-Française, déclame cette dernière lettre qu’une mère juive adresse à son fils avant d’être exécutée par les nazis.

La Comédie-Française ou L’amour joué (1996, 223 min.)

Délaissant pour la première fois l’observation de la réalité américaine, Frederick Wiseman tourne sa caméra vers la Comédie-Française et filme l’activité de cette célèbre institution dans ses aspects les plus prestigieux comme les plus terre à terre.

« Je voulais tourner sur la vie d’un théâtre et il n’y a aucune institution qui ait une telle tradition [aux états-Unis], qui ait duré si longtemps, qui ait l’appui de l’Etat et qui soit si bonne. En plus, je suis un amateur de la Comédie-Française depuis les années 50, à l’époque où je vivais à Paris. » Frederick Wiseman

High School II (1994, 220 min.)

Nouvelle observation du monde de l’éducation, cette fois-ci au sein de la Central Park East Secondary School, lycée pilote de Harlem réputé pour ses excellents résultats proposant des méthodes alternatives d’enseignements à destination d’élèves en grandes difficultés.

Blind (1986, 132 min.)

L’enseignement et la vie quotidienne des élèves, depuis le jardin d’enfants jusqu’au 12e grade, dans un institut spécialisé pour aveugles en Alabama.

Deaf (1986, 164 min.)

Deaf suit les activités pédagogiques et la vie quotidienne des élèves d’un institut spécialisé pour enfants sourds à Talladega en Alabama.

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The Store (1983, 118 min.)

« La vente » voilà ce qui, selon son directeur du marketing, unit tout le personnel de Neiman Marcus, célèbre departmental store de Dallas. Frederick Wiseman y promène sa caméra et nous montre les rites, les artifices, les mises en scène ; tout un décorum au service d’un mot d’ordre : vendre.

Model (1980, 129 min.)

Au sein de l’agence Zoli à New York, les mannequins hommes et femmes travaillent sur des publicités, des spectacles de mode et des couvertures de magazines. Un travail bien plus ardu et exténuant qu’on ne pourrait l’imaginer. Wiseman nous montre également le fonctionnement de l’agence : entrevues avec des candidats, conseils en carrière, travail sur les portfolios, discussions avec les clients, préparation des voyages... Un film fascinant sur la fabrication du glamour et les processus de standardisation de la beauté.

Meat (1976, 113 min.)

Le processus de transformation de la viande, du bœuf dans la prairie au hamburger, est filmé dans une gigantesque entreprise industrielle, la Compagnie Montfort qui possède des ranchs, des usines d’engraissement, des abattoirs. Les installations permettent de recevoir jusqu’à 500.000 têtes et d’abattre 2000 bœufs et 3000 moutons par jour. L’ordre des opérations, inamovible, commande aussi la succession des images. La genèse de cette « fabrication » conduit à une représentation de la société humaine, de son organisation et de ses buts (travail, distribution, consommation).

Welfare (1975, 167 min.)

Wiseman filme un bureau d’aide sociale à New York et lève le voile sur l’Amérique des marginaux.

« Welfare commence par des gens en train de se faire faire des photos d’identité obligatoires pour avoir une carte d’aide sociale. Tout de suite on a un échantillon du « melting-pot » […] Voilà ce qu’est devenu le paradis de « l’Amérique les bras ouverts ». » Frederick Wiseman

Primate (1974, 105 min.)

Au centre de recherche zoologique sur les primates de Yerkes à Atlanta, les scientifiques observent les singes. Wiseman observe les scientifiques. Description du comportement sexuel et psychomoteur des animaux, expériences sur leurs réactions en situation d’apesanteur et autres opérations chirurgicales sont passées en revue. « En un sens, Primate, c’est High School car c’est de la même discipline qu’il s’agit, celle du contrôle du comportement sexuel et de l’agressivité », dit Wiseman. Un film extrêmement troublant et rarement vu.

Juvenile Court (1973, 144 min.)

Dans les locaux du tribunal pour mineurs de Memphis, au Tennessee, Wiseman filme le quotidien de la justice américaine. L’équipe du juge Turner y travaille avec compétence et dévouement sur des dossiers difficiles, parfois tragiques. Parents irresponsables, familles monoparentales dépassées, vols, violences domestiques, agressions sexuelles réelles ou supposées, agressions à main armée, trafic et usage de drogue, adolescents fugueurs... Le juge observe, interroge, écoute les témoignages, consulte les travailleurs sociaux, réunit des commissions, en essayant de ne pas pénaliser inutilement les jeunes délinquants.

Hospital (1970, 84 min.)

Frederick Wiseman investit un grand hôpital municipal (public et gratuit) de New York et, par delà les plaies et pathologies des patients, y observe les symptômes d’une société malade.

« Dans le film, vous voyez des cas de maladie et des urgences classiques, mais surtout beaucoup qui sont les épiphénomènes médicaux de la société extérieure : drogue, criminalité, analphabétisme, chômage, logements insalubres, alcoolisme, etc. » Frederick Wiseman

Law and Order (1969, 81 min.)

Law and Order suit le travail quotidien d’une brigade de police dans un quartier défavorisé de Kansas City. Le film contient certaines des scènes les plus marquantes de toute l’oeuvre de Wiseman, dignes des séries policières les plus haletantes. Arrestation violente d’une prostituée, sauvetage d’une petite fille abandonnée, intervention risquée dans un magasin, dispute tragicomique dans un taxi... Un discours de Nixon sur le respect de la loi et l’ordre donne un éclairage historique particulièrement intéressant au film.

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High School (1968, 75 min.)

Après son premier film coup-de-poing, Titicut Follies, sur les prisons psychiatriques, Wiseman tourne à la North East High School de Philadelphie, établissement fréquenté par les enfants de la middle class. «High School, commente le cinéaste, c’est l’apprentissage de la normalité, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas Titicut Follies. Quand on pense éducation, on pense mathématiques, physique… Or la fonction sociale de l’école, c’est d’apprendre un certain type de discours. (…) Ce qui se passe dans les lycées est directement en relation avec ce qui se passe dans la société. C’est le cas de toutes les institutions mais c’est peut-être encore plus vrai des lycées. » Au travers de rencontres avec le personnel du lycée, les enseignants, les élèves et les parents, Wiseman démonte les valeurs du système scolaire américain et sa fonction de conditionnement social. Dans la dernière séquence, on voit le proviseur lire en public une lettre d’un ancien élève combattant au Vietnam. Sans commentaire ni interviews aux questions dirigées, sans soutien d’une musique de fond dramatique ni effet spéciaux, Wiseman va à l’essentiel, par un simple mais efficace jeu de montage. Magistral.

Titicut Follies (1967, 84 min.)

Interdit par la censure américaine de 1967 à 1991, Titicut Follies, le premier film de Frederick Wiseman et aujourd’hui encore son plus légendaire, montre sans détours l’effroyable quotidien des détenus de l’hôpital psychiatrique de Bridgewater, dans le Massachusetts. La caméra se fond au milieu de cette jungle isolée du reste de la société, accompagnant au plus près la dérive de ces prisonniers « fous », écrasés par un système pénitentiaire d’un autre âge. Un film choc, que le temps a heureusement légitimé.