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Hebdomadaire 3 france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 LE PAPE AU MEXIQUE L’importance de la prière des enfants pages 10 à 17 3300 - 30 mars 2012 CUBA Une Église pacificatrice page 3 ÉGYPTE La mort de Chenouda III pages 8-9

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LE PAPE AU MEXIQUE

L’importancede la prièredes enfants

pages 10 à 17

n° 3300 - 30 mars 2012

CUBA

Une Églisepacifi catrice

page 3

ÉGYPTE

La mort deChenouda III

pages 8-9

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BRÈVESFRANCETERRORISME :  Le  tueur  de Toulouse et Montauban a été abattu par le RAID le 22 mars, après  une  journée  et  demie de siège de son appartement toulousain. Mohamed Merah avait  23  ans,  4  frères  et sœurs,  le  père  étant  rentré en Algérie depuis longtemps, la mère dépassée par le pas-sage  de  ce  fils  à  la  délin-quance : bagarres, vols à l'ar-raché,  conduite  sans permis, cambriolages…  Selon  des témoins  proches,  Mohamed Merah a  lu  le Coran et s'est radicalisé  lors  d'un  passage en  prison.  Il  se  serait  rendu au Pakistan en 2010 et 2011 pour  intégrer  les groupes de combattants  basés  dans  les zones  tribales  (où,  selon  la presse israélienne, plus de 80 islamistes  français  ont  reçu une formation au terrorisme). Transféré le 24 mars dans les locaux  de  la  direction  anti-terroriste  à  Paris,  son  frère aîné  Abdelkader  a  été  mis en  examen  pour  association de  malfaiteurs  et  compli-cité d’assassinat  et  placé  en détention provisoire. C'est un islamiste  de  tendance  sala-fiste, ayant reçu une forma-tion  en  Égypte.  La  mère  du tueur  et  sa  compagne  (qu'il avait épousée religieusement le 15 décembre puis répudiée sans  jamais  passer  par  la mai rie)  ainsi  que  la  femme d'Abdelkader  ont  été  mises hors de cause après  interro-gatoire.Une  bombe  a  explosé  le  21 mars  devant  l’ambassade d’Indo  nésie  dans  le  XVIe arron dissement de Paris ; elle n’a pas fait de victime, mais d’importants dégâts.SéChERESSE :  Selon  Météo France,  le  mois  de  février a  été  le  plus  sec  en  France 

métropolitaine depuis 1959.SOCIAl :  Les  inspecteurs  du permis  de  conduire  se  sont mis en grève le 19 mars pour obtenir  des  augmentations de salaires.Après  plusieurs  suicides  de salariés de La Poste,  le PDG, Jean-Paul  Bailly,  a  annoncé le  19  mars  « un  grand  dia-logue sur la vie au travail ».Des  employés  du  Sernam, ancienne  filiale  de  la  SNCF privatisée  en  2005,  ont sé questré  le  21  mars  leur directeur  et  leur  DRH  pour protester contre leur prochain licenciement.  Parallèlement, la  Commission  européenne ré clame  le  remboursement de  642 millions  d’aides  ver-sées  par  l’État  avant  la  pri-vatisation.Les  syndicats  d’Air-France ont lancé un appel à la grève pour  le  30  mars,  date  à laquelle  les  accords  sociaux doivent être renégociés dans un contexte de détérioration de la rentabilité.URBANISME :  Après  dix  ans de  travaux,  la  nouvelle  gare Saint-Lazare  à  Paris  a  été inaugurée  le  21  mars.  250 millions  d’euros  ont  été dépensés.éNERgIE :  Avec  la  flambée des  prix,  les  vols  de  car-burant  se  sont  multipliés ; stations-service,  sociétés  de transport  et  chantiers  en sont les premières victimes.MONNAIE :  La  Monnaie  de Paris  a  mis  en  vente  le  23 mars  une  pièce  en  or  de 1  000  euros  tirée  à  10 000 exemplaires ;  c’est  la  pre-mière  d’une  nouvelle  série disponible  pour  Noël  2012 et  comportant  une  pièce  de 100  euros  en  argent  et  une de 5 000 euros en or.JUSTICE :  Convoqué  le  28 mars  pour  une  possible mise  en  examen  dans  l’af-

faire du Carlton de Lille, DSK avait  provoqué de nouveaux remous à la suite d’une invi-tation pour parler de la crise le  27  mars  au  Parlement eu ro péen ; il avait finalement dû annuler sa visite.L’ancien gestionnaire de for-tune  de  Liliane  Bettencourt, Patrice de Maistre, a été pla-cé en détention provisoire le 22  mars  à  Bordeaux  après une  nouvelle  mise  en  exa-men.NATATION : La nageuse Laure Manaudou  s’est  qualifiée pour  les  J.O.  de  Londres  en devenant  championne  de France  du  100  m  dos  le  20 mars à Dunkerque. Son frère Laurent  Manaudou  s'est qualifié également sur 50 m, ainsi  que  Yannick  Agnel  et Fabien  Gilot  le  22  mars  au 100 m nage libre.

MONDEIMMIgRATION :  Avec  le retour  d’un  temps  plus  clé-ment, l’immigration clandes-tine a repris en Méditerranée vers  Lampedusa,  en  prove-nance  de  Libye,  de  Somalie et d’Érythrée.TRANSpORTS : Après la Chine et  les  États-Unis,  l’Inde  a interdit le 22 mars à ses com-pagnies aériennes de payer la taxe carbone européenne.Quelque 5 000 personnes ont défilé  le  24 mars  à  Nantes contre  le  futur  aéroport  de N-D  des  Landes ;  parmi  eux, 500  militants  anarchistes ont  provoqué  d’importants dégâts au mobilier urbain.La SNCF et la Deutsche Bahn ont inauguré le 23 mars une liaison  ferroviaire  directe Mar seille–Francfort en moins de huit heures.Le  gouvernement  portugais a  confirmé  le  21  mars  sa 

décision de suspendre le pro-jet  de  construction  du  TGV qui  devait  relier  Lisbonne  à Madrid  en  moins  de  trois heures en 2013.MExIqUE :  Les  cinq  juges  de la  Cour  suprême  n’ont  pas réussi le 21 mars à se mettre d’accord  sur  la  libération de la  Française  Florence Cassez détenue  depuis  plus  de  six ans ;  toutefois,  un  nouveau rapporteur devrait être dési-gné  en  raison  des  violations de procédure reconnues, pro-cessus  qui  pourrait  prendre encore plusieurs mois.MAlI :  Des  militaires  mutins ont  annoncé  le  21  mars  à la  télévision  nationale  avoir renversé  le  président  Touré et suspendu la Constitution.gRANDE-BRETAgNE : Le gou-vernement  Cameron  a  pré-senté le 21 mars un nouveau budget d’austérité.pAyS-BAS :  Grâce  à  une technique  employant  les rayons X, des chercheurs ont pu confirmer le 20 mars que la  Nature morte avec fleurs des champs et roses était un authentique Van Gogh.ITAlIE :  Le  gouvernement  a adopté  le 23 mars un projet de  réforme  du  code  du  tra-vail  qui  facilitera  les  licen-ciements.Un  alpiniste  italien  et  un espagnol  ont  été  tués  et deux  allemands  blessés  par une  avalanche  le  25  mars dans le nord de l’Italie.SéNégAl : Le 25 mars, le pré-sident  sortant,  Abdoulaye Wade  (85  ans),  a  été  battu au  second  tour  de  la  pré-sidentielle  par  l’ex-Premier ministre Macky Sall (50 ans) à  qui  il  a  adressé  ses  féli-citations.  Le  taux  de  parti-cipation  est  passé  de  51% au  premier  tour  à  65%  au second tour.

J.L.

2 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

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DEPUIS la visite mémorable de Jean-Paul II à Cuba en 1998, la situation du pays a singulièrement changé. Le Lider maximo a pris sa retraite en laissant la responsabilité du pouvoir à son frère Raúl qui s’est distingué par son pragmatisme,

en faisant évoluer la société et l’économie vers une forme de capitalisme dirigé, à l’exemple de la Chine communiste. En même temps, l’Église catholique est devenue l’interlo-cutrice privilégiée du régime, ce qui était cohérent avec la démarche de Fidel Castro accueillant Jean-Paul II. Il s’agissait bien d’une initiative politique, qui dépassait la question de la liberté religieuse. En choi-sissant le Pape comme interlocuteur, le dictateur s’adressait à un médiateur libre de ses jugements et même critique à l’égard des formes déréglées de libéralisme économique. L’Église était d’au-tant plus disposée à répondre favorablement à l’invitation, qu’elle était la seule à pouvoir agir efficacement au service d’une mutation progressive de Cuba, en évitant tous les périls des dérapages sanglants.

C’est ce que nous avait expliqué alors notre grand ami Georges Valls, qui, depuis son exil de Miami observait attentivement les événements. Lui-même aurait eu bien des raisons de récuser un processus de compromis avec un système qui l’avait emprisonné pendant plus de vingt ans et qui avait tenu tout un peuple en résidence surveillée. Mais le chrétien abandonnait tout ressentiment face à l’avenir qu’il fallait ouvrir obstinément : « Nous devons pardonner les erreurs, les iniquités, les crimes, en songeant à la géné-ration future. »

Benoît XVI s’est donc retrouvé en héritier de cette évo-lution difficile à négocier, car il n’est pas évident d’être médiateur sans être instrumentalisé par son interlocuteur. Il faut garder son indépendance à l’égard de tous, s’effor-cer de ne pas susciter la méfiance de l’opposition. L’Église cubaine avait besoin de cette visite, pour mieux assumer les conditions de sa mission, dans l’espoir de la renaissance de l’île et l’espérance de son propre renouveau. ■

SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 PRÉSIDENTIELLE Bayrou au zénith ?

5 MALI Les hommes bleus

6 PAYS ARABES Naissance d'un espace public

8 HOMMAGE Chenouda III, le père des chrétiens d'Égypte

DOSSIER 10 ÉVÉNEMENT Le pape au Mexique

ESPRIT 18 LECTURES Semaine sainte

20 LIVRES L'école de la prière

21 ECCLÉSIA Vidéo-message à l'Église de France

MAGAZINE 22 B.D. Le hasard n'écrit pas de messages

24 LIVRES Les utopistes à l'école

25 RND Chroniques de Gérard Leclerc

26 EUTHANASIE La bataille des images

28 EXPOSITIONS Signé Dali, la collection Sabater 30 THÉÂTRE « Faire danser les aligators sur la flûte de Pan » 31 CINÉMA « Les pirates », « Young Adult », « Hunger Games », « 2 days in New York »

32 MUSIQUE Musique et théâtre en rivalité ?

34 MUSIQUE Un Mozart bizarre 35 TÉLÉVISION « Karol : Un homme devenu pape », « Slumdog millionaire », « La marche de l'empereur », « Disneyland et ses secrets »

36 TÉLÉVISION Votre début de soirée

38 BLOC-NOTES Vie associative et d'Église

Couverture © OSSERVATORE ROMANO

Cuba : une Église pacificatrice

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3300 30 MARS 2012 3

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,du lundi au jeudi.

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

prÉsIdenTIeLLe

Bayrou au zénith ?par Alice TULLE

L e coup d'envoi de la campagne, en décembre dernier, avait été réussi. Fran­çois Bayrou avait

lan cé le mot d’ordre « Achetez Français » qui avait eu un écho dans l’opinion. Mais par la suite, ce thème a été récupéré par plusieurs candi­dats et l’homme du centre a du mal à se faire entendre. Bien entendu, il présente un programme très complet, qui a été développé lors de la grande réunion du 25 mars au Zénith.

F. Bayrou se pré sente comme « le candidat qui dit la vérité », contre Nicolas Sarkozy dont le nom serait associé à l’injustice et contre François Hollande qui présenterait un « programme abracadabrant ». Pour lutter contre le déclin du pays, le candidat centriste a rappelé que, s’il était élu, il organiserait dès juin un « réfé­rendum de moralisation » qui porterait notamment sur l’in­terdiction pendant dix ans de toute fonction élective pour les personnes condamnées pour corruption. Puis il souhaite que le nouveau gouvernement adopte « avant le 14 Juillet » une loi de finances rectifi­cative pour réduire le défi­cit budgétaire. Très vite, une politique de soutien à l’emploi

par réduction des charges sera mise en place et le Parlement préparera une loi­cadre desti­née à organiser le « Produire en France ». Plus largement, le candidat centriste souhaite développer « l ’économie sociale et solidaire », lutter

activement contre la fraude fiscale et développer un vaste projet éducatif.

Dans le domaine des mœurs, François Bayrou se déclare partisan d’une « union civile » pour les couples homo­sexuels. Celle­ci donnerait lieu aux mêmes droits fiscaux et patrimoniaux que le mariage. Mais pour lui, « il s’agit d’une union, pas d’un mariage. Un mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme ».

Tel est le projet d’un candi­dat qui rencontre une diffi­culté et deux obstacles. La difficulté concerne la mise en œuvre du projet. L’élection de François Bayrou le 6 mai ferait de lui un arbitre selon la lettre de la Constitution mais, à la

différence de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, il ne peut espérer qu’une majorité homogène se constitue autour de lui. Il devrait composer avec une majorité de droite, ou s’opposer à une majorité de gauche sans avoir la possibilité de rien faire prévaloir sur son Premier ministre.

Les obstacles sont d’ordre tactique. En 2007, François Bayrou était devenu sans trop de difficultés le « troisième

homme » de la campagne, en écartant Jean­Marie Le Pen qui faisait l’objet d’un vaste vote de rejet sur le thème : pas de nouveau 21 avril (2002). Cette année, il y a trois « troi­sièmes hommes » possibles. François Bayrou, Marine Le Pen et celui qu’on n’attendait pas : Jean­Luc Mélenchon, qui semble avoir réussi sa percée. Bien entendu, nous sommes là dans les supputations. Le candidat centriste, comme tant d’autres candidats dans les campagnes présente et passées, est victime des sondages qui donnent l’avan­tage à Marine Le Pen sur François Bayrou, ou à Jean­Luc Mélenchon sur Marine Le Pen sans que l’on sache à quoi s’en tenir : certains experts recon­naissent que les sondages ne sont pas une photographie de l’opinion mais un pronostic de sondeurs…

Cette incertitude permet à François Bayrou d’espérer qu’une partie de l’opinion se retournera en sa faveur dans les dernières semaines de la campagne et qu’il créera la surprise en parvenant au deuxième tour. Mais il est difficile pour un homme soutenu par une petite forma­tion de se battre sur tous les fronts : contre Jean­Luc Mélenchon sur sa gauche et contre Marine Le Pen sur sa droite, contre Nicolas Sarkozy qui est un candidat redoutable et fortement épaulé, contre François Hollande qui conti­nue de bénéficier d’un vote de rejet. n

Le candidat centriste a réuni ses partisans dans la salle parisienne du Zénith pour tenter de relancer une campagne plus difficile à mener que la précédente.

( Les sondages ne sont pas une photo -graphie de l'opinion, mais un pronostic

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 5

par Yves LA MARCK

Les hommes bleus

L e 22 mars, des soldats maliens, quelques officiers culminant au grade de capitaine et sous­officiers ont

mis leurs supérieurs aux arrêts, sont sortis des casernes et se sont répandus dans Bamako. On a déjà connu cela, il y a peu, en Guinée­Conakry : après quelques désordres, une reprise en mains et l’or­ganisation des élections. Le même scénario devrait se produire au Mali, plus rapi­dement qu’en Guinée voisine, parce qu’à la différence de ce dernier, le pays bénéficie depuis une vingtaine d’années d’une démocratie donnée en modèle. Cependant, une nouvelle négociation avec les Touaregs est inéluctable.

Le président Amadou Toumani Touré, désigné sous l'acronyme ATT, devait ache­ver bientôt son mandat, ne pouvant se représenter aux élections prévues le 29 avril. Le Mali possède une solide tradi­tion culturelle, de nombreuses élites, une forte ouverture à l’international, et un enracine­ment démocratique multipar­tite appuyé par les institutions financières internationales.

Cette mutinerie rappelle la faiblesse des institutions civiles africaines mais aussi les limites de la réforme de ceux que l’on appelle les « corps habillés », armée,

police, gendarmerie. Après les Français, les Américains s’étaient attelés ces dernières années à la formation des forces de sécurité maliennes, sans grand succès apparent.

Washington et Paris avouent aujourd’hui leur déception par rapport à ces armées nationales incapables d’en­rayer les progrès d’Al Qaeda au Maghreb (AQMI), de lutter contre le terrorisme et les enlèvements. Mais le plus souvent ces efforts profi­tent à des unités d‘élite et non au soldat lambda dans les casernes. La corruption est certes l’accusation la

plus répandue, néanmoins la fonction publique militaire souvent pléthorique dispose proportionnellement d’autant moins de moyens budgétaires.

ATT n’est pas né de la

dernière pluie. Déjà en 91, après avoir renversé le despote en place, il avait cherché et conclu la paix avec la rébellion touarègue qui s’était déjà réveillée au Nord (Tombouctou, Gao, Kidal). Pour lui, l’AQMI n’était pas un problème malien mais algé­rien. Ne s’agissait­il pas de cellules djihadistes issues des « émirats » de la guerre civile algérienne ? Les Touaregs,

loin d’être une menace, sont les ennemis de ces ennemis. Non arabophones, musulmans modérés, ne sont­ils donc pas nos amis ? La faiblesse dont on accuse le pouvoir à Bamako est le reflet d’une sérieuse différence d’évaluation stra­tégique de la situation.

Deux mille Touaregs, lour­dement armés, sont rentrés de Libye où ils servaient le régime de Kadhafi. Nul doute qu’ils ne portent pas les islamistes radicaux d’Al Qaeda dans leur cœur. Mais ils étaient habitués à faire rémunérer grassement leurs services. Les trafics en tous genres ne manquent pas dans la région. Ils revendiquent leur part, ce qui ne fait pas la joie des « corps habillés » maliens qui voient une manne substantielle leur échapper.

Le MNA (Mouvement Natio nal pour l’Azawad) demande l’autodétermina­tion sur leur territoire histo­rique, une zone frontalière de l’Algérie, à prés de mille cinq cents kilomètres de Bamako. Sinon il menace, en dépit de ses répulsions, de favoriser les « terroristes » de l’AQMI. En temporisant, le président ATT mettait l’intérêt natio­nal malien bien compris au­dessus de la globalisation du problème qui risquait de diviser les Maliens jusqu’à se mer dans ce pays tradi­tionnellement pacifique les graines de la guerre civile. n

mALI

Alors que le Sénégal connaît une transition parfaite ment démocratique, le Mali, sous la pression des rebelles Touaregs, connaît un pseudo-coup d'État.

Cependant, une nouvelle négociation avec les Touaregs est inéluctable )

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actualité

6 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

n Les révoltes et les révolutions qui ont éclaté en 2011 dans plusieurs pays musulmans étaient-elles prévisibles ?

Pierre-Jean Luizard : Certains cher-cheurs avaient analysé, en Irak, Algérie, Tunisie, Égypte, les mouvements sociaux depuis les années quatre-vingts, à tra-vers des syndicats et des associations et des mouvements violents. Ainsi les émeutes de la faim en Algérie en 1988, la révolte à Bahreïn en 1990, les émeutes du pain en Jordanie en 1996, l’insurrection du bassin minier de Gafsa en Tunisie en 2008. Et puis il y a eu le mouvement Kefâya (« ça suffit ! ») de 2004-2005 en Égypte, qui avait rassem-blé toutes les forces politiques du pays : nationalistes, islamistes, libéraux.

Mais nous avons été surpris par le déclenchement des événements — par le moment et surtout par leur forme. C’est la première fois que des régimes auto-ritaires sont mis à bas par des sociétés civiles sans leaders, sans visages. Cette absence d’organisation n’a pas provo-qué le chaos : les mouvements se sont unifiés sur des mots d’ordre contre le népotisme, la corruption… Il y a eu prise de contrôle d’un espace public : ainsi la place Tahrir où l’on a vu jeunes, vieux, riches et pauvres, chrétiens, musulmans se réunir pour crier : « Dégage ! »

Mais les mots d’ordre n’avaient pas le même sens pour tout le monde : on réclame la liberté tout court… ou la liberté d’appliquer la charia.

n Les « réseaux sociaux » sur Internet ont-ils joué un rôle ?

C 'est très discuté : Facebook et Twitter ont séduit beaucoup d’in-ternautes arabes, notamment des Égyptiens. Ces outils ont permis de lan-cer les mots d’ordre et de désigner les lieux de rassemblement. Ils ont joué un rôle dans la montée des revendications féminines. Je pense aux Saoudiennes. Nous sommes en présence d’une situa-tion paradoxale : par le biais d’Inter-net, les jeunes Arabes et les jeunes Iraniens vivent dans un monde « globa-lisé » mais les mouvements de révolte se sont déroulés dans le cadre étatique : en Tunisie, en Égypte, les foules brandis-saient le drapeau national et on n’a pas entendu les grands discours sur le pana-rabisme et contre Israël.

Bien entendu, il y a eu des effets d’imitation. En Égypte, les Frères musul-mans ne criaient plus : « L’islam est la solution », mais : « La Tunisie est la solu-tion ». Par ailleurs, on a vu apparaître des revendications sur la démocratie participative identiques à celles des Indignés espagnols.

n En Égypte, quel rôle ont joué les coptes ?

Il y a eu émergence d’une société civile copte, qui s’est faite contre les autorités religieuses. Les jeunes coptes ont inspiré les musulmans par leur

mode de mobilisation. Après les atten-tats contre les églises, il n’y a pas eu une plainte auprès de Chenouda III pour qu’il intervienne auprès du gouverne-ment : les jeunes coptes ont dédaigné les canaux ecclésiastiques, sont sortis dans la rue et ont affronté les forces de police. Pour les jeunes musulmans, ce fut un exemple et ils ont à leur tour occupé l’espace public où tout le monde pouvait se reconnaître.

La succession de Chenouda III sera difficile : les uns veulent le rapproche-ment avec les musulmans et soulignent que le secrétaire général du Parti de la justice et de la liberté est un copte. D’autres soulignent la pression des sala-fistes, très hostiles aux coptes.

n Comment les transitions politiques se déroulent-elles en Tunisie et en Égypte ?

La rédaction des constitutions conduit à poser toutes les questions cruciales sur la place de l’islam, l’égalité entre hommes et femmes, le mariage civil, l’héritage et l’adoption.

Comme les associations ne pou-vaient pas assumer le pouvoir politique, on n’a rien trouvé de mieux que les par-tis. Il y a une inflation de partis, qui a joué dans l’abstention électorale. En Tunisie, on n’a guère confiance dans la vie partisane et le recours à la manifes-tation de rue est fréquent.

Les transitions se heurtent au fait que les sociétés civiles n’accouchent pas de solutions politiques. Ce sont les par-tis politiques les plus anciens qui obtien-nent les meilleurs résultats électoraux : de fait ce sont les islamistes. Mais n’ou-blions pas que, en Tunisie, le parti majo-ritaire est celui des abstentionnistes : les partis politiques ne représentent pas la société de manière satisfaisante.

Des régimes autoritaires sont mis à bas par des sociétés civiles sans leaders(

Pierre-Jean Luizard est historien, chercheur au CNRS (groupe Sociétés, religions, laïcités), spécialiste d’histoire contemporaine des islams dans les pays arabes du Moyen-Orient. Il reconnaît sa surprise devant les « printemps arabes ».

ENtREtiEN aVEc PiERRE-JEaN luiZaRD

Pays arabes : naissance d'un espace public

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 7

n En Égypte, pourquoi l’armée fait-elle obstacle à la transition ?

Depuis 1952, l'armée a constitué un empire économique. Beaucoup d’Égyp-tiens ont peur de voir s’effondrer ce sys-tème mameluk*. Il y a un parti de l’ordre qui n’aime pas les jeunes de Tahrir et qui s’appuie sur cet empire.

En Tunisie, l’armée n’est pas un pilier de l’État comme en Turquie et en Égypte. La preuve, c’est que pendant les manifestations de 2011, l’armée tuni-sienne a été doublée par des milices privées et par la police parce que Ben Ali n’avait pas confiance en elle. L’armée tunisienne a toujours été apolitique.

n Comment analysez-vous les événements de Lybie ?

Nous sommes entre le cas irakien et le cas tunisien. Irakien : le régime de Kadhafi ne serait pas tombé sans intervention étrangère. Il y a eu des mouvements insurrectionnels locaux. Le sentiment d’appartenance nationale est faible, le pays n’a jamais connu la démocratie et il n’a connu d’unité que sous la férule de Kadhafi. Il y a donc des conflits entre Benghazi et Tripoli, les berbérophones sont mécontents, etc. L’aide étrangère a faussé les rapports entre les différents groupes.

n Que se passe-t-il en Syrie ?

Il faut faire la différence entre deux catégories de pays : ceux où l’État est légitime, comme la Tunisie et l’Égypte ; ceux où l’État n’est pas reconnu du fait de la segmentation confessionnelle : c’est le cas du Yémen et de la Syrie. En Syrie, les aspirations à la liberté sont

générales, y compris chez les alaouites. Mais les alaouites ont peur des sun-nites et les chrétiens ont peur de tout le monde.

n Quel est le rôle des États-Unis ?

Les Américains ont des politiques au coup par coup. On les a vus s’allier avec les islamistes contre les Soviétiques. En Irak, après leur entrée à Bagdad, ils se sont alliés avec leurs ennemis chiites revenus d’Iran. Ils ont été les premiers à prendre contact avec les Frères musul-mans en Égypte, Ennahda en Tunisie. Ceci avec la volonté de damer le pion aux Français. Les Américains ne sont pas obsédés par la laïcité, alors que la France s’appuie en Tunisie sur des réseaux francophones désormais margi-nalisés. De même en Algérie, la France s’est engagée du côté du gouverne-ment lors du coup d’État contre les isla-mistes (qui avaient gagné les élections), alors que les Américains ont gardé des contacts avec le FIS.

Certains Arabes reprochent aux Américains de vouloir diviser les pays arabes en entités confessionnelles. Cela peut être vrai pour ce qui concerne les pays voisins d’Israël. C’est moins vrai pour l’Égypte, le Maroc, l’Arabie saou-dite — trois pays sur lesquels les États-Unis veulent s’appuyer. Quant à la Lybie, les États-Unis se sont fort peu engagés.

n La Turquie exerce une influence…

Le par ti islamiste au pouvoir, l’AKP, est le modèle de tous les par-tis islamistes, qui veulent rassurer les

Européens. Cela dit, le Premier ministre turc, Erdogan, continue à donner des leçons de laïcité qui, selon lui, per-mettent à l’islam politique de gagner les élections. Cela n’a pas plu aux Frères musulmans qui se sont déclarés meilleurs démocrates que les Turcs !

Enfin, il ne faut pas voir l’islamisme comme un bloc : le fait qu’une confrérie religieuse devienne un parti politique est un puissant levier de sécularisation. En Égypte, les Frères musulmans comp-tent sept ou huit partis issus de leurs rangs. En Turquie, l’AKP n’est pas un parti homogène. Il y a en Turquie des militants emprisonnés pour délits d’opi-nion et il ne faut pas se laisser abuser par la vitrine stambouliote de l’AKP.

La Turquie et les pays arabes ont un point commun : on demandait peu à l’État. L’État était chargé de préserver les biens publics, mais on ne lui deman-dait pas de réaliser la justice sociale puisqu’il y avait des organisations cari-tatives religieuses. On ne lui demandait pas non plus de préserver un espace public. Les sphères privée et semi-privée étaient prédominantes et c’est sur une base privée ou familiale que les groupes tribaux se sont emparés de l’État sans que personne ne s’en offusque.

Ce qui est nouveau, c’est que les jeunes exigent un espace public et que l’État garantisse cet espace. C’est pourquoi la place Tahrir est un forum, que tous les protagonistes veulent contrôler. De même la place Bourguiba et la place de la Casbah à Tunis ou encore la place de la Perle à Bahreïn. n

On a vu que les mots d'ordre n'avaient pas le même sens pour tout le monde )

propos recueillis par Alexandre DA SILVA

Pays arabes : naissance d'un espace publicLivres de Jean-Pierre Luizard : La question irakienne (Fayard, 2002), La formation de l'Irak contemporain (CNRS Éditions, 2002), Le choc colonial et l’Islam (sous la direction de, La Découverte, 2006), Les transformations de l'autorité religieuse (L'Harmattan, 2004, dir. avec Martine Cohen et J. Joncheray).

(*) les Mamelucks étaient des esclaves – Tcherkesses, Albanais - employés dans l’armée et qui ont pris le pouvoir en Égypte.

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actualité

8 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

le 117e successeur de saint Marc, Sa Sainteté Chenouda III , « p a p e d 'A l e x a n d r i e e t pa triarche de la Prédication de saint Marc », chef spirituel

de 13 millions de Coptes-orthodoxes qui représentent 16% de la population égyptienne (et non 6 à 10% comme le rabâchent les médias en suivant les chiffres gouvernementaux), s’est éteint le 17 mars à l’âge de 88 ans et 7 mois, après un pontificat d’une longueur exceptionnelle : 41 ans.

Ses obsèques ont été célébrées le 20 mars en la cathédrale Saint-Marc du Caire, en présence du patriarche d’Éthiopie, de tous les patriarches orien-taux et de trois délégués du Vatican. Plusieurs millions de Coptes ont conver-gé vers le patriarcat — selon la TV nationale et pas seulement les chaînes chrétiennes. Le chagrin très vif de la foule, venue de toute l’Égypte, évoque irrésistiblement pour nous les obsèques de Jean-Paul II. Les Coptes considèrent qu’ils ont perdu leur vrai père. Des gens ont fait 150 km à pied. Le Dr Adel Ghali, le célèbre médecin des chiffonniers du Caire, n’a pu entrer dans la cathé-drale que parce qu’il accompagnait un journaliste français, car elle ne peut contenir que 10 000 personnes. « J’étais debout à côté d’ambassadeurs qui n’avaient pas de place assise. L’armée a parfaitement géré ces foules énormes, avec fermeté mais gentillesse. Le corps a été transporté dans un hélicoptère

militaire au monastère d'origine du pape, Saint-Bichoï [au désert de Ouadi Natroun, à 150 km du Caire par la route d’Alexandrie], pour être inhumé dans un mausolée [qui va devenir un lieu de pèlerinage, comme c’est le cas pour la tombe de son prédécesseur Cyrille VI, vénéré comme un saint]. Malgré la demande de ne pas s’y rendre avant plusieurs jours, un demi-million de gens ont marché sur des centaines de km pour l’y attendre en pleurant, et 10 000 ont réussi à entrer dans le monastère. »

Chenouda III était né Nazir Gayed en 1923. Journaliste et officier de réserve, il entra comme moine à 31 ans à Saint-Bichoï sous le nom d’Anto-nios. Élu en 1971, il a payé un lourd tri-but à la répression islamique. En 1981, ayant protesté contre la persécution, sans précédent au XXe siècle, qu'en-duraient les Coptes, Sadate le « desti-tua » et l'assigna à résidence plus de trois ans, au secret dans son monastère, quasi emprisonné. On avait alors fait la comparaison avec les méthodes com-munistes.

Le Pr Ashraf Alexandre Sadek, égyp-tologue et coptologue franco-égyptien, connaissait bien Chenouda III — qui lui avait confié en 1997 une mission diplomatique auprès du patriarche d’Éthiopie, et l’avait encouragé pour la publication en français de la collec-tion Le Monde Copte —, il donne les grandes lignes du pontificat, alors que les médias français ne savent parler que

d’un pape politique, de sa soi-disant proximité avec Moubarak et de sa pré-tendue incompréhension de la révolu-tion de 2011 :

« Malgré la persécution, il a mon-tré son amour pour les musulmans qui l’avaient surnommé “le pape de tous les Arabes”.

Le charisme de Cyrille VI, c’était la prière, la liturgie, et les miracles car il a fait de nombreuses guérisons, dont celle du fils de Nasser. Le charisme de Chenouda III, ce fut l’enseignement (jusqu’à sa mort il a enseigné dans les séminaires ainsi qu’à l’audience géné-rale du mercredi, il a publié 150 livres et plus de mille articles), et le discerne-ment appris aux fidèles dont certains sont illettrés. Il leur a appris comment ne pas répondre à la violence islamique par la violence. Par sa prudence, il a évité à l’Égypte une guerre civile et un bain de sang par la révolte des chrétiens. Il a été l’homme de la situation, car durant ces 40 ans la persécution n’a fait que s’intensifier. Lorsqu’on a brûlé sa photo l’an dernier, il s’est rendu sans protection dans cette mosquée et leur a dit “Si je vous ai fait du tort sans le savoir, je vous demande pardon”. Ils ont été sidérés et touchés… Une ministre musulmane vient de dire à la TV “Il a été le défenseur de tous les Égyptiens et pas seulement des Coptes”.

Il s’entendait très bien avec Paul VI et souhaitait ardemment l’intercommu-nion, et même la réunion avec Rome sous certaines conditions, ils ont signé ensemble l’accord doctrinal en 1973 : les Coptes dansaient littéralement de joie à ce moment. Mais des cardinaux ont freiné, puis Paul VI est mort. Sous Jean-Paul II, l’Église copte-catholique s’est interposée, une grande occasion de réunification a été perdue. Le pape Chenouda le déplorait. »

Le charisme de Chenouda III, ce fut l'enseignement et le discernement(

Le pape-patriarche copte-orthodoxe, Chenouda III, chef spirituel des 13 millions de chrétiens d’Égypte, est mort au Caire à 88 ans. Bilan d’un très long pontificat, et perspectives pour sa succession, dans un contexte politique troublé.

HOMMaGE

chenouda iii, le père des chrétiens d’égypte

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 9

Le 21 mars, les évêques ont choi-si pour assurer l’intérim le métropolite Mgr Pakhomios. Vu la situation instable en Égypte, l’avenir plein de menaces pour les chrétiens, le patriarcat a pro-mis d’accélérer le processus d’élection du successeur (au plus tard dans deux mois). L’assemblée des évêques va se réunir et discuter des candidatures. Une liste de noms va émerger, de laquelle ils éliront trois candidats. Les trois noms seront placés sur l’autel de la cathédrale et, au cours d’une messe, un petit gar-çon de 2 ou 3 ans sera choisi au hasard dans la foule et invité, les yeux bandés, à tirer un des trois papiers, pendant que l'on chante l'hymne au Saint-Esprit.

L’an dernier, des Coptes progres-sistes ont demandé que l’on abandonne ce beau symbole et que l’on procède à une élection pure et simple. Le pape Chenouda a répondu publiquement qu’il avait été choisi par le Saint-Esprit comme Matthias dans les Actes des apôtres, et que son successeur le serait aussi. Et à cet instant, une colombe a volé dans la cathédrale et s’est posée devant lui, ce qui a frappé les esprits.

Depuis le décès, plusieurs noms étaient cités mais aucun n’emportait l’adhésion populaire : Mgr Moussa, évêque chargé de la jeunesse, est octogénaire et cardiaque ; Mgr Bichoï, secrétaire du Saint-Synode, est pieux mais trop sévère pour le goût du peuple copte qui adorait l’humour de Chenouda III. Mgr Raphaël est plus jeune et bon orateur, mais de santé fra-gile. Le secrétaire particulier du pape défunt, Mgr Youannis, est critiqué par la rumeur pour avoir trop de songes et de visions et être ambitieux. On parle aussi de Mgr Markos, porte-parole des évêques.

Un petit coup de théâtre s’est pro-duit le soir des obsèques. Celui que l’on

n’attendait pas, Mgr Bafnotios, évêque de Samalout en Moyenne-Égypte (65 ans), est maintenant donné comme pre-mier favori. Il a parlé plus d'une heure à la TV pour révéler qu'il a été appelé, seul avec le secrétaire particulier, par le pape pour vivre ses derniers moments et recueillir ses dernières paroles — alors qu’il avait, les jours précédents, reçu les évêques cinq par cinq pour leur dire adieu. Mgr Bafnotios avait été son dis-ciple au monastère quand il était novice et Chenouda moine. Trois ans après son élection, Chenouda III a nommé Bafnotios évêque en 1974 à 28 ans (ce fut le deuxième plus jeune évêque copte au XXe siècle). Mais des désaccords de détail avaient amené un refroidissement

dans leurs relations, et l’évêque avait pris ses distances avec le patriarcat.

Cet évêque est un aigle du point de vue intelligence, capacité de décision, d'organisation, de négociation, d'inno-vation, très soucieux d’élever les popula-tions pauvres, et d'un courage héroïque et intraitable (tout en étant très diplo-mate) face aux islamistes ; on peut le surnommer le « Popieluszko copte ». Les commentateurs disent à présent que Chenouda a ainsi laissé entendre que Mgr Bafnotios serait le mieux à même de diriger l'Église copte.

La charge qui attend le 118e pape-patriarche d’Alexandrie est écrasante, en cette période de tous les dangers pour les chrétiens d'Égypte. n

Le patriarcat a promis d'accélérer le processus d'élection du successeur )

par Marie-Gabrielle LEBLANC

chenouda iii, le père des chrétiens d’égyptePoster géant sur la cathédrale du Caire.

D.R.

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Environ un million de personnes avaient salué le pape Benoît XVI depuis vendredi soir, 24 mars, jusqu'au dimanche soir, estimait le directeur de la salle de presse du Saint-

Siège, le Père Federico Lombardi lors d’une rencontre avec la presse, le 25 mars, à León.

Répondant aux journalistes, le Père Lombardi a exclu une rencontre avec les candidats à la présidentielle tout comme une rencontre avec le président du Venezuela Hugo Chavez à Cuba : ce dernier se trouve en effet sur l’île pour un cycle de radiothéra-pie. « Je ne suis pas informé de cela, mais je ne crois pas qu’il y ait de possibilité concrète. J’en serais très surpris », a-t-il déclaré.

Dans les discours de Benoît XVI, il a aussi attiré l’attention sur l’appel à la « liberté reli-gieuse » : l’Église, a-t-il dit, « ne demande pas de privilèges mais de participer à la vie de la société mexicaine ».

Il a par ailleurs confirmé la rencontre qui a eu lieu, samedi, 24 mars, entre Benoît XVI et les familles de victimes du terrorisme et du trafic de drogue, mais il n’y a pas de rencontre prévue, a-t-il précisé, avec des victimes de la pédophilie.

Lorsque de telles rencontres ont eu lieu, a-t-il ajouté, les rencontres étaient « demandées par les évêques » et il y avait eu une « préparation »,

ces personnes étant insérées dans un processus de « dialogue et d’assistance » qui impliquait l’Église. Il a aussi rappelé que le pape ne ren-contre pas toujours des victimes de la pédo-philie : ce n’a pas été le cas ni en France ni au Portugal par exemple.

Certaines personnes ont demandé une ren-contre avec « une certaine agressivité et une cer-taine ambiguïté » : « on disait vouloir rencontrer le pape, mais on ne voulait pas l’écouter dans un dialogue profond, de spiritualité ».

Surtout, le P. Lombardi a déploré les accu-sations contre Benoît XVI : « Il est injuste de parler de Benoît XVI comme d’un pape qui a agi contre la vérité et contre la transparence. » Il a aussi repoussé les accusations selon lesquelles le

cardinal Joseph Ratzinger aurait été au courant des agissements du P. Marcial Maciel (+2008) dès 1998 et aurait cherché à occul-ter le scandale : il a fait valoir qu’un « grand nombre de docu-ments » démontrent le contraire. Le P. Maciel a été suspendu a divinis par une décision de la Congrégation pour la doctrine de la foi, approuvée personnellement par Benoît XVI lui-même en 2006.

Le P. Lombardi a également repoussé les accusations contre Jean-Paul II qui « n’avait pas conscience de la double vie, du côté obscur de Maciel ». Il a rappelé qu’à ce sujet « il y a eu une déclaration solennelle au cours de son procès de béatification ».

« Les deux papes ont toujours été pour la vérité et la transparence dans ce domaine », a-t-il conclu. Mais le ton des journalistes ne donne pas forcément le ton de la foule ni le sens général du voyage. Concernant ce dernier, le Pape avait déclaré, lors de son premier discours le vendredi 23 mars à 23 h 30, heure de Rome, 16 h 30, heure locale : « Je viens comme pèlerin de la foi, de l’espérance et de la charité. Je désire confirmer dans la foi les croyants dans le Christ, les fortifier en elle en les invitant à la revitaliser

ÉvÉnEmEnt

10 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

Beaucoup de nos lecteurs auront très certainement suivi le voyage du Pape au Mexique et à Cuba sur la chaîne KTO et par Internet. Nous ne donnons ici qu'un aperçu des propos tenus au Mexique, ne pouvant rendre compte de la suite du voyage que la semaine prochaine pour des raisons de délais d'impression. Parmi différents aspects de cette première partie du voyage, on retiendra surtout ici la reconnaissance toute particulière du Pape pour la foi des enfants.

« Je viens comme

pèlerin de la foi, de

l'espéranceet de

la charité »

par Anita BOURDIN © agence Zenit

24-25 mARS 2012

L'accueil du présidentFelipe Calderón.

Le Pape au mexique

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par l’écoute de la Parole de Dieu, par les sacre-ments et par la cohérence de vie ». Le pape a encouragé les catholiques latino-américains à devenir « missionnaires parmi leurs frères », « un levain dans la société » et à « contribuer à une cohabitation respectueuse et pacifique basée sur l’inégalable dignité de toute personne humaine, créée par Dieu, et qu’aucun pouvoir n’a le droit d’oublier ni de déprécier ».

Le Pape a surtout souligné l’importance du respect de la liberté religieuse : « Cette dignité s’exprime de manière éminente dans le droit fondamental à la liberté religieuse, pris dans son sens authentique et dans sa pleine intégrité. »

« Par cette brève visite, je désire serrer les mains de tous les Mexicains et embrasser les nations et les peuples latino-américains, bien représentés ici par de nombreux évêques, préci-sément en ce lieu où le majestueux monument au Christ Roi, sur le mont du Cubilete, manifeste l’enracinement de la foi catholique parmi les Mexicains qui recourent à sa constante béné-diction dans tous les événements de leur vie. » Le Mont Cubilete est en effet comme le cœur géo-graphique et spirituel du pays.

Benoît XVI a évoqué le bicentenaire de l’in-

dépendance de ces nations : « Notre Mère du Ciel a continué de veiller sur la foi de ses fils, également lors de la formation de ces nations et continue à le faire aujourd’hui, alors que de nou-veaux défis se présentent à eux. »

« Ce pays, ce continent, sont appelés à vivre l’espérance en Dieu comme une conviction pro-fonde, en la convertissant en une attitude du cœur et en un engagement concret à cheminer ensemble vers un monde meilleur », a insisté le Pape.

à propos de la charité, il a ajouté : « Avec la foi et l’espérance, le croyant dans le Christ et l’Église dans son ensemble, vivent et pratiquent la charité comme un élément essentiel de leur mission. »

Et de proposer cette définition de la mission de l’Église : « Dans son acception première, la charité est, avant tout, simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité, immédiate comme secourir ceux qui souffrent de la faim, ceux qui manquent de domicile, qui sont malades ou nécessiteux dans certains aspects de leur existence. Personne, à cause de son origine ou de sa croyance, n’est exclu de cette mission de l’Église. » n

FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 11

« Je désire serrer les 

mains de tous les Mexicains et embrasser les nations et les peuples 

latino-américains »

Photos : Osservatore

Romano

Le Pape au mexique

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12 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

vendredi matin, avant de s'envoler pour le Mexique, Benoît XVI a été salué à l'aéroport de Rome par M. Mario Monti, le président du Conseil italien. Puis, au cours du vol, il a comme d'habitude

rencontré les journalistes. Il leur a rappelé que son pèlerinage se plaçait dans le sillage de Jean-Paul II, venu cinq fois au Mexique et une fois à Cuba : « Je viens partager les joies et les peines, les espoirs et les difficultés du peuple mexicain. Je viens apprendre et confirmer dans la foi, l'es-pérance et la charité, soutenir le choix du bien et la lutte contre le mal. Puisse le Seigneur nous aider. »

Un journaliste mexicain lui a demandé com-ment l'Église pensait résoudre la question du trafic de drogue, qui a fait 50 000 morts en cinq ans : « à côté de toutes les beautés du Mexique, il y a ce terrible problème et la violence qu'il engendre. L'Église y est très sensible dans un pays à 80% catholique, et on doit tout faire pour enrayer un mal qui ronge l'humanité et la jeunesse en particulier. Son premier rôle est l'an-nonce de Dieu, qui est juge et qui nous aime, en demandant de suivre le bien et la vérité, de lutter contre le mal… L'Église a une grande responsabi-lité dans l'éducation morale, dans l'enseignement de la responsabilité. Il nous fait démasquer le mal et dénoncer l'idolâtrie de l'argent qui réduit l'homme en esclavage par de fausses promesses… L'homme a besoin d'infini et si Dieu est absent, ce

sont des apparences mensongères qui prennent sa place… L'Église a le devoir impératif de com-battre le mal et rendre présente la bonté de Dieu, son infinie vérité… Il est nécessaire de dévoiler les fausses promesses et les mensonges… car si l'homme se crée de faux paradis, le mal prend la place du bien… Or le Dieu qui nous guide nous juge. Il nous pousse vers la foi en permettant à l'Église de débusquer le mal en faisant apparaître l'infini véritable. Agissons donc tous ensemble. »

Évoquant les forts contrastes sociaux de l'Amérique latine, une journaliste mexicaine a demandé au Pape si l'Église lui semblait assez engagée sur ce front. Benoît XVI : « Nous nous posons sans cesse cette question de conscience… Que doit faire l'Église ? Que ne doit-elle pas faire ? L'Église n'étant pas un pouvoir politique, ni un parti, mais un pouvoir moral… je redis que sa première préoccupation est l'éducation des consciences afin de créer un nécessaire sens de responsabilité. On doit former les consciences à la morale personnelle et collective. Il y a en cela des carences et, ici comme ailleurs, des catholiques sont pris par une sorte de schizophrénie entre morale privée et publique… Il faut dépasser cet état… au moyen de la doctrine sociale de l'Église, qui offre à la fois une morale privée et publique rationnelle partagée par tous les fidèles. à la lumière de la foi on voit tant de choses que la rai-son ne montre pas, et la foi sert à nous libérer des faux intérêts et de l'obsurcissement des intérêts de la raison. La doctrine sociale permet la créa-tion de modèles substantiels pour la politique… mais aussi de dépasser ses divisions. »

Un autre journaliste a rappelé que Jean-Paul II avait dit sur place que Cuba devait s'ou-

Nous reprenons ci-dessous les communiqués de l'agence officielle du Vatican durant la première partie du voyage du Pape en Amérique latine.

« Si l'homme se crée de 

faux paradis, le mal prend la place du bien… »

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vrir au monde, et le monde à Cuba, signalant les récentes déclarations des défenseurs des droits de l'homme sur l'île caraïbe. Répondant que la formule était toujours d'actualité, le Saint-Père a dit que « Cuba avançait dans la voie de la collabo-ration et du dialogue, qui nécessite de la patience et qui va de l'avant. Il est évident aujourd'hui que l'idéologie marxiste telle qu'elle était conçue ne répond plus à la réalité… Pour bâtir une société nouvelle, il convient de trouver de nouvelles for-mules, avec sagesse et décision, au moyen d'un dialogue qui évite les traumatismes et porte à une société fraternelle accessible à tous. Il est clair que l'Église est toujours du côté de la liberté et qu'elle encourage les fidèles à aller de l'avant ».

La dernière question concernait la nou-velle évangélisation de l'Amérique latine après la Conférence d'Aparecida : « Le principe de la nouvelle évangélisation, a répondu Benoît XVI, découle de Vatican II et d'une forte volonté de Jean XXIII, reprise par Jean-Paul II. C'est une évidente nécessité dans un monde en plein bou-leversements. Il faut exprimer l'Évangile selon des formes nouvelles… La sécularisation est commune à l'ensemble du monde, avec une absence de Dieu et la difficulté de reconnaître en lui une réa-lité concernant les hommes. Dans un contexte de rationalité moderne, il nous faut aider à décou-vrir Dieu comme l'orientation fondamentale de la vie, de l'espérance et des valeurs utiles à la société… Je crois qu'il est capital d'annoncer que Dieu correspond à notre raison… tout en tenant compte de la réalité. Généralement en Amérique latine, il faut comprendre que le christianisme est plus souvent lié au cœur qu'à la raison… Ce lien cordial doit donc mieux dialoguer avec

l'aspect rationnel de la foi, avec sa profondeur, qui dépasse même la raison. Ne craignons pas de perdre le cœur en l'unissant à la raison… puisqu'ainsi l'homme est complet. »

ARRIVÉE DE BENOÎT XVI AU MEXIQUE

24 mars (VIS). Hier à 16 h 30 locales (23 h 30 heure de Rome) , Benoît XVI est arrivé au Mexique, accueilli à l'aéroport de León par le président Felipe de Jesús Calderón Hinojosa et Mgr José Guadalupe Martín Rábago, archevêque de León. Étaient présents, outre 3 500 fidèles, le corps diplomatique et de nombreux évêques mexicains. Le Pape a prononcé son premier dis-cours : « [...] La ferveur du peuple mexicain est proverbiale, et le Successeur de Pierre le porte toujours dans sa prière. Je le dis dans ce lieu considéré comme le centre géographique de votre pays, une région où, depuis son premier voyage, mon vénéré prédécesseur désirait venir. Ne pou-vant le faire, il avait laissé à cette occasion un message d’encouragement et de bénédiction lors du survol de son espace aérien. Je suis heureux de me faire l’écho de ses paroles sur la terre ferme et en étant parmi vous : "Je rends grâce, avait écrit Jean-Paul II, pour l’affection envers le Pape et pour la fidélité au Seigneur des fidèles de Bajió et de Guanajuato. Que Dieu les accompagne tou-jours…" [...]

La majorité des peuples latino-américains ont commémoré ou vont commémorer le bicente-naire de leur indépendance. Nombreuses ont été les cérémonies d'action de grâce à Dieu. Comme lors de la messe que j'ai célébrée en la Basilique St-Pierre pour la solennité de Notre-Dame de

« Il estcapital

de rappeler que Dieu

correspond à notreraison »

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14 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

Guadalupe, on a invoqué avec ferveur Marie, la très sainte, qui fit voir avec douceur comment le Seigneur nous aime tous et se donne pour chacun sans distinction. Notre mère du ciel a continué de veiller sur la foi de ses fils, également lors de la formation de ces nations et continue à le faire, alors que de nouveaux défis se présentent à elles.

[...] Comme pèlerin de l’espérance, je vous dis avec saint Paul, Il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres qui n’ont pas d’espé-rance. La confiance en Dieu offre la certitude de le rencontrer, de recevoir sa grâce, et sur cela se fonde l’espérance de celui qui croit. Et, le sachant, il s’efforce de transformer aussi les structures et les événements présents désagréables, qui parais-sent immuables et insurmontables, en aidant celui qui ne trouve ni sens ni avenir à sa vie. Oui, l’espérance change l’existence de chaque homme et de chaque femme de façon réelle… En outre, quand elle s’enracine dans un peuple, quand elle se partage, elle se diffuse comme la lumière qui écarte les ténèbres qui obscurcissent et blessent. Ce pays et ce continent, sont appelés à vivre l’es-pérance en Dieu comme une conviction profonde, en la convertissant en une attitude du cœur et en un engagement concret à cheminer ensemble vers un monde meilleur.

Avec la foi et l’espérance, celui qui croit dans le Christ et dans son Église vit et pratique la charité comme élément essentiel de sa mission [...] En ces jours, je demanderai au Seigneur et à la Vierge de Guadalupe que le Mexique fasse honneur à la foi reçue et à ses traditions les meilleures. Et je prierai spécialement pour ceux qui en ont le plus besoin, particulièrement ceux qui souffrent à cause de rivalités anciennes ou nouvelles, de ressentiments et de toute forme de violence. Je sais que je suis dans un pays fier de son hospitalité et désireux que personne ne se sente étranger sur sa terre. Je le sais, je le savais mais je vois maintenant ce que je ressens profondément dans mon cœur. J’espère de toute mon âme que le ressentent également tant de Mexicains qui vivent en dehors de leur patrie natale, mais qui ne l’oublient jamais, et qui dési-rent la voir croître dans la concorde et dans un authentique développement intégral.

GRAND MESSE à LEÓN

25 mars 2012 (VIS). Ce matin, Benoît XVI a gagné par hélicoptère le Parc du Bicentenaire de León, où il a célébré la messe après avoir été accueilli par le gouverneur de l'Etat de Guanajuato, en présence d'un demi million de

Le Pape et les enfants

Le 24 mars, à Guadajuato, quelque 4000 enfants avaient rendez-vous avec le Pape : une première dans les voyages du pape. à Cotonou, en novembre dernier, Benoît XVI avait rencontré quelques centaines d'en-

fants. « Vous occupez une place très importante dans le cœur du Pape. En ce moment, je voudrais que le sachent tous les enfants du Mexique, particu-lièrement ceux qui supportent le poids de la souffrance, de l’abandon, de la violence ou de la faim qui, durant ces mois, à cause de la sècheresse, s’est fait ressentir fortement dans certaines régions », a déclaré le Pape.Il a insisté à plusieurs reprises sur son affection, les appelant « mes chers petits amis », et sur le fait que chaque enfant est un « cadeau » pour le monde, enfin qu’ils ne sont «  pas seuls » : ils peuvent compter sur le Christ et sur l'Eglise.Le Pape a salué la foi des enfants et a souligné que Dieu veut leur bonheur : « Merci pour cette rencontre de foi, pour la présence festive et pour le recueille-ment que vous avez exprimé par des chants. Aujourd’hui, nous sommes pleins d’allégresse et c’est cela qui est important. Dieu veut que nous soyons toujours heureux. Il nous connaît et nous aime. Si nous laissons l’amour du Christ chan-ger notre cœur, alors nous pourrons changer le monde. C’est là le secret de la vraie joie. »Le Pape leur a tracé un programme de vie chrétienne exigeant : « Le disciple de Jésus ne répond pas au mal par le mal. Au contraire, il est toujours l’instru-ment du bien, le héraut du pardon, le porteur de la joie, le serviteur de l’uni-té  ». Il les a invité à « compter sur l’aide du Christ et de son Église pour mener un style de vie chrétien », et pour cela il recommande : la messe du dimanche, la catéchèse, un groupe d’apostolat, « des lieux de prière, de fraternité et de charité ».Mais c’est surtout sur la prière que le Pape a insisté en leur promettant la sienne : « Je vous invite également à prier continuellement, aussi à la maison  ; ainsi vous expérimenterez la joie de parler avec Dieu en famille. Priez pour tous, pour moi aussi. Je prierai pour vous, pour que le Mexique soit un lieu dans lequel tous ses enfants puissent vivre avec sérénité et dans l’harmonie. »Il leur a donné en exemple trois jeunes martyrs de Tlaxcala, les bienheureux Cristóbal, Antonio et Juan, âgés de 12 à 14 ans, morts en 1527 et 1529 et béa-tifiés par Jean-Paul II en 1990 : « Connaissant Jésus, au temps de la première évangélisation du Mexique, ils ont découvert qu’il n’existait pas de trésor plus grand que lui », et qu’« il n’y a pas d’âge pour aimer et servir ».C’est à l’amitié avec le Christ que le Pape veut amener les enfants : « Jésus désire écrire en chacune de vos vies une histoire d’amitié. Tenez-le donc comme le meilleur de vos amis. Il ne se fatiguera pas de vous dire d’aimer toujours chacun et de faire le bien. Vous l’écouterez si vous entretenez à tout moment une relation constante avec Lui qui vous aidera même dans les situa-tions les plus difficiles. »Le Pape en a appelé à la responsabilité des adultes : « Votre famille, l’Église, l’école et ceux qui portent une responsabilité dans la société doivent travailler ensemble afin que vous puissiez recevoir en héritage un monde meilleur sans envie ni divisions ». « Pour cela, a-t-il ajouté, je désire élever ma voix, pour inviter chacun à protéger les enfants et à avoir soin d’eux afin que jamais leur sourire ne s’éteigne, qu’ils puissent vivre en paix et voir l’avenir avec confiance. » « Je vous bénis de tout cœur et vous demande d’apporter l’affection et la bénédiction du Pape à vos parents et à vos frères et sœurs, ainsi qu’aux autres personnes qui vous sont chères. Que la Vierge Marie vous accompagne  !  », a conclu le Pape.

Anita BourDIn

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fidèles, de 250 cardinaux et évêques, mexicains et représentant des 22 conférences épiscopales latino-américaines et caraïbes, de plus de 3 000 prêtres. Voici les passages saillants de l'homé-lie papale : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, avons-nous dit dans le psaume responsorial. Cette exclamation… nous aide à regarder au plus profond du cœur humain, spécialement dans les moments de douleur comme d’espérance, tels ceux que traverse actuellement le peuple mexi-cain et bien d’autres peuples de l’Amérique Latine. Le désir d’un cœur pur, sincère, humble, agréable à Dieu, était déjà très ressenti par Israël, à mesure qu’il prenait conscience de la persistance du mal et du péché en son sein, comme une puissance pratiquement implacable et impossible à dépasser. Il lui resta à se confier à la miséricorde de Dieu Tout Puissant, dans l’espérance qu’il changera de l’intérieur, au fond des cœurs, une situation insupportable, obscure et sans avenir… Ceci nous rappelle que lorsqu'il s’agit de la vie personnelle et communautaire dans sa dimension la plus pro-fonde, les stratégies humaines ne suffiront pas à nous sauver. On doit avoir recours au seul qui peut donner la vie en plénitude, parce qu’il est lui-même l’essence de la vie et son auteur, et il nous a donné d’y participer par son Fils Jésus-Christ. L’Évangile du jour nous montre aussi com-ment ce désir antique de vie plénière s’est accom-pli réellement dans le Christ ». Sur la croix, le Seigneur a accompli un sacrifice d’expiation pour

tous, comme le grain de blé tombé en terre qui, en mourant, germe et porte beaucoup de fruit ».

« Notre-Dame de Guadeloupe a montré son divin Fils à saint Juan Diego. Non pas comme un héros prodigieux d’une légende, mais comme le vrai Dieu, pour lequel on vit, le Créateur de tous les êtres… du ciel et de la terre. La Vierge fit alors ce dont elle avait déjà fait l’expérience lors des Noces de Cana. Devant la gêne causée par le manque de vin, elle indiqua clairement aux serviteurs que la voie à suivre était son Fils : Faites tout ce qu’il vous dira. En venant ici j’ai pu m’approcher du monument dédié au Christ Roi, sur la colline du Cubilete… Si c’est le Christ Roi qui y est représenté, les couronnes qui l’accompa-gnent, l’une de souverain et l’autre d’épines, mon-trent que sa royauté n’est pas comme beaucoup l’avaient comprise et la comprennent. Son règne ne consiste pas dans la puissance de ses armées pour soumettre les autres par la force ou la vio-lence. Il se fonde sur un pouvoir plus grand qui gagne les cœurs, le pouvoir de l’amour de Dieu qu’il a apporté au monde par son sacrifice, et la vérité dont il a témoigné. C’est cela sa seigneurie, que personne ne pourra lui enlever, et que per-sonne ne doit oublier.

Aujourd’hui aussi, depuis ce parc qui commé-more le bicentenaire de la naissance de la nation mexicaine… demandons au Christ un cœur pur, où il puisse habiter comme prince de la paix, grâce au pouvoir de Dieu, qui est pouvoir du bien,

« Le Christ-roi... sa 

royauté n'est pas comme beaucoup l'avaient

comprise et la comprennent »

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pouvoir d’amour. Mais, pour que Dieu habite en nous, il faut l’écouter, se laisser interpeller par sa Parole chaque jour, en la méditant dans son cœur, à l’exemple de Marie. Ainsi grandit notre amitié personnelle avec lui, ainsi s’apprend ce qu’il attend de nous et se reçoit le courage pour le faire connaître aux autres. à Aparecida, les évêques de l’Amérique latine et des Caraïbes ont clairement ressenti la nécessité de renforcer, de renouveler et de revitaliser la nouveauté de l’Évangile enracinée dans l’histoire de ces terres… Ici aussi, on doit dépasser la fatigue de la foi et retrouver la joie d’être chrétiens, le bonheur inté-rieur de connaître le Christ et d’appartenir à son Église. De cette joie naissent aussi les énergies pour servir le Christ dans les situations de souf-france humaine, pour se mettre à sa disposition sans se replier sur son propre bien-être. Nous le voyons très bien dans les saints, qui se sont donnés pleinement à la cause de l’Évangile… sans épargner les sacrifices, y compris celui de leur propre vie. Leur cœur a fait le choix incondition-nel du Christ, dont ils ont appris ce que signifie aimer vraiment jusqu’au bout… Demandons à la Vierge Marie de nous aider à purifier notre cœur… pour que nous puissions mieux participer au mys-tère du salut de son Fils… Demandons-lui aussi de continuer à accompagner et à protéger ses chers enfants mexicains et latino-américains, pour que le Christ règne dans leur vie et les aide à promou-voir avec audace la paix, la concorde, la justice et la solidarité. »

VÉNÉRER MARIE NOUSRAPPROCHE DE JÉSUS

25 mars 2012 (VIS). « En récitant maintenant l’angélus, nous souvenant de l’Annonciation du Seigneur, nos yeux se tournent vers la montagne de Tepeyac, le lieu où la Mère de Dieu, sous le titre de Sainte Marie de Guadalupe, est honorée avec ferveur depuis des siècles comme un signe de réconciliation et de l’infinie bonté de Dieu pour le monde, a dit le Pape avant la prière mariale. N’oubliez-pas que la véritable dévotion à Marie nous rapproche toujours de Jésus et ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphé-mère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi, qui nous conduit à reconnaître la dignité émi-nente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus. L’aimer, c’est s’engager à écouter son Fils ; vénérer la Guadalupana, c’est vivre selon les paroles du fruit béni de son sein. »

Alors que « tant de familles sont divisées ou forcées à émigrer, où que d’autres, innombrables, souffrent de la pauvreté, de la corruption, de la violence domestique, du narcotrafic, de la crise des valeurs ou de la criminalité, recourons à Marie en recherche de consolation, de force et d’es-pérance. Elle est la Mère du vrai Dieu qui invite à demeurer avec la foi et la charité sous son sombre pour dépasser ainsi tout mal et instaurer une société plus juste et solidaire. C’est avec ces sentiments que je désire de nouveau placer ce pays, toute l’Amérique latine et les Caraïbes sous le doux regard de Notre-Dame de Guadalupe. Je confie chacun de leurs fils à l’Etoile de la première et de la nouvelle évangélisation qui a animé de son amour maternel leur histoire chré-tienne, donnant une expression propre à leurs gestes patriotiques, à leurs initiatives communau-taires et sociales, à la vie familiale, à la dévotion personnelle et à la Mission continentale qui se développe aujourd'hui dans tous ces pays. En des temps d’épreuve et de douleur, elle a été invo-quée par tant de martyrs qui, au cri de Vive le Christ Roi et Marie de Guadalupe, ont offert un témoignage ferme de fidélité à l’Évangile et de don à l’Église. Je la supplie de faire en sorte que le Mexique continue d'en appeler au respect, à la défense et à la protection de la vie humaine, et à la stimulation de la fraternité, évitant la ven-geance inutile et déracinant la haine qui divise », a conclu le Saint-Père. Après l'angélus, Benoît XVI a prié quelques instants en silence devant l'image de la Vierge de Guadalupe puis béni quatre-vingt-onze reproductions de la Guadalupana pour tous les diocèses du Mexique.

SOYEZ DU COTÉ DE CEUXQUI SONT MARGINALISÉS

25 mars 2012 (VIS). A 18 h locale, le Saint-Père est arrivé à la cathédrale de León, pour célébrer les vêpres avec les évêques mexicains et de nombreux prélats représentant les conférences épiscopales d'Amérique latine et des Caraïbes. Accueilli par le chapitre et Mgr Carlos Aguiar Retes, archevêque de Tlalnepantla, président de la Conférence épiscopale mexicaine et du Conseil épiscopale latino-américain (CELAM). Au cours des vêpres il a prononcé une homélie dont voici quelques extraits :

« La Très Sainte Vierge… nous a montré Jésus et transmis les grandeurs que Dieu a réalisées et réalise avec l’humanité… La brève lecture de ces vêpres nous offre un signe décisif de ces gran-deurs. Les habitants de Jérusalem et ses chefs ne

« La nécessité de renforcer, de renouveler 

et derevitaliser la nouveauté de l'Évangile »

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reconnurent pas le Christ mais, en le condamnant à mort, ils accomplirent en réalité les paroles des prophètes. Oui, la méchanceté et l’ignorance des hommes ne sont pas capables de freiner le plan divin de salut, la rédemption. Le mal ne peut pas en faire tant… Il n’y a donc pas de motif pour succomber au despotisme du mal… J’attendais avec grande joie cette rencontre avec vous, les pasteurs de l’Église du Christ qui est en pèleri-nage au Mexique et dans les autres pays de ce grand continent, comme une occasion pour regarder ensemble le Christ… La situation de vos diocèses présente certainement des défis et des dif-ficultés de nature très différente. Mais, en sachant que le Seigneur est ressuscité, nous pouvons continuer, confiants, avec la conviction que le mal n’a pas le dernier mot de l’histoire et que Dieu est capable d’ouvrir de nouveaux espaces à une espérance qui ne déçoit pas. »

« Vu vos préoccupations à pro-pos du troupeau dont vous avez la charge, je pense aux assemblées du Synode des évêques où les partici-pants applaudissent quand intervien-nent ceux qui exercent leur ministère dans des situations particulièrement douloureuses pour la vie et la mission de l’Église. Ce geste jaillit de la foi dans le Seigneur et signifie la frater-nité dans les travaux apostoliques, tout comme la gratitude et l’admira-tion pour ceux qui sèment l’Évangile dans les épines, certaines en forme de persécu-tion, d’autres de marginalisation ou de mépris. Les préoccupations ne manquent pas également pour l’absence de moyens et de ressources humaines, ou les obstacles imposés à la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa mission…

Le Successeur de Pierre partage ces senti-ments et est reconnaissant pour votre sollicitude pastorale patiente et humble. Vous n’êtes pas seuls… Nous sommes tous unis dans les souf-frances et dans la consolation. Sachez que vous avez une place particulière dans la prière de celui qui a reçu du Christ la charge de confirmer ses frères dans la foi, qui les encourage aussi dans la mission de faire que notre Seigneur Jésus Christ soit toujours plus connu, aimé et suivi sur ces terres, sans se laisser effrayer par les contra-riétés… Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ

dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable… En ce sens, je vous exhorte à continuer d’ouvrir les trésors de l’Évangile afin qu’ils deviennent une puissance d’espérance, de liberté et de salut pour tous les hommes".

« Dans l’horizon pastoral et évangélisateur qui s’ouvre devant nous, il est particulièrement important de porter une grande attention aux

séminaristes… La proximité avec les prêtres n’en est pas moins fondamen-tale, eux qui ne doivent jamais man-quer de la compréhension et de l’en-couragement de leur évêque, et si c’est nécessaire, également de sa répro-bation paternelle pour des attitudes incorrectes… Il en va de même des différentes formes de vie consacrée dont les charismes doivent être esti-més avec gratitude et accompagnés avec responsabilité et respect du don reçu. Une attention toute particulière doit être apportée aux laïcs les plus engagés dans la catéchèse, l’animation liturgique, l’action caritative et l’enga-gement social. Leur formation à la foi est essentielle pour rendre présent et fécond l’Évangile dans la société d’au-jourd’hui.

Et ce n’est pas juste qu’ils aient l’im-pression de ne pas compter dans l’Église malgré l’enthousiasme qu’ils mettent en y travaillant selon leur propre voca-tion et le grand sacrifice que parfois

demande ce dévouement. à ce sujet, il est par-ticulièrement important pour les pasteurs que règne un esprit de communion entre les prêtres, les religieux et les laïcs, évitant les divisions stériles, les critiques et les méfiances nocives… Soyez toujours du côté de ceux qui sont margi-nalisés par la force, le pouvoir ou une richesse qui ignore ceux qui manquent de presque tout. L’Église ne peut pas séparer la louange de Dieu du service des hommes. L’unique Dieu Père et Créateur est celui qui nous a constitués frères : être homme c’est être frère et gardien du pro-chain… L’Église doit revivre et actualiser ce que fut Jésus : le Bon Samaritain qui, venant de loin, s’est inséré dans l’histoire des hommes, nous a relevés et s’est préoccupé de notre guérison. »

Après ce discours, le gouverneur a remis au Pape un dispositif lui permettant de commander à distance le nouvel éclairage du sanctuaire du Christ-Roi. n

« Ne passéparer la louange de 

Dieu duservice des hommes »

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Il reste un point non éclairci dans la démarche de Jésus le jour des Rameaux. Clairement, il a voulu l’humble triomphe que lui ont ménagé ses disciples, c’est lui

qui, en avance sur les événements, a prévu la monture qui lui serait utile à cette occasion, c’est pourquoi les propriétaires « laissent faire » quand les deux disciples viennent s’en en­quérir à sa demande. Il ne se dérobe pas à l’enthousiasme populaire, lui qui, en d’autres circonstances (après la multiplication des pains par exemple), s’était retiré, au grand dépit des foules qui voulaient l’acclamer comme roi.

Or, il ne fait pas de doute que, pour lui, ce triomphe va tourner court. C’est lui qui a annoncé par trois fois sa Passion à ses proches, lui qui a dit que le Fils de l’Homme n’était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. L’issue tragique ne fait aucun doute à ses yeux et les Apôtres qui, par la suite, reliront les événements ont bien vu que dès le début la perspective de la Croix était là. Alors pourquoi cette comédie, qui, avec le recul, paraît si tristement contraster avec ce qui va arriver ?

Nous avons besoin, pour comprendre ce qui se passe à ce moment dans le cœur de Jésus, de saisir le sens de son attachement au premier peuple de l’Alliance, ce Peuple mis à part par Dieu pour sa Gloire. Nous n’avons pas fini de peser le sens des mots qu’il a dits, quand il a enseigné à ses disciples

qu’il n’était pas venu abolir, mais accomplir, qu’il était venu pour les brebis perdues d’Israël. Cette priorité nous choque, parce qu’elle heurte notre universalisme, ou ce que nous croyons tel depuis les Lumières : il y a un Dieu au ciel pour tous les hommes, il ne se mêle pas de leurs affaires, l’essentiel est de faire le bien, tout le reste est invention humaine…

Le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus­Christ, a un projet, il s’est lié à une histoire, il a voulu réaliser une première forme de son dessein à travers ce Peuple, qui, malgré mille péripéties douloureuses, est son Peuple et le reste. Écoutons saint Paul nous dire de ses frères de race, avec qui pourtant il a bien des difficultés : Eux qui sont les Israélites, à qui appartiennent l'adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses et les pères, eux enfin de qui, selon la chair, est issu le Christ qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen (Romains 9,4).

Israël est le premier aimé. Oublie-t-on la femme de sa jeunesse ? Le Christ en venant sur terre porte la réalisation de toutes les promesses, même les plus folles, que Dieu avait faites à Israël, c’est pourquoi il l’appelle à une conversion radicale, pour accueillir le moment de sa Visite. Ah ! Si mon peuple m’écoutait ! Israël, s’il allait sur mes chemins ! Il semble que, par moment, Jésus se prend à rêver et qu’en voyant ces foules attentives qui

l’écoutent et le suivent au désert, il les considère déjà comme l’avant­garde de l’humanité venant en procession à Jérusalem, comme l’avait entrevu Isaïe.

Mais non, décidément, ce n’est pas ce qui arrive. Alors Jésus, comme Dieu lui­même, ne devance pas le refus des hommes, il continue de se donner, même quand il devient patent que ce don sera en grande partie rejeté et perdu. C’est pourquoi il a voulu cette dernière occasion où il manifestait la fidélité de Dieu à son Peuple, où il exprimait toute la volonté aimante du Père pour ces hommes, et sa compassion à cause du malheur qui, inévitablement, allait les frapper. Jérusalem, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu… Eh bien ! Elle va vous être abandonnée, votre maison. Et je vous le dis, vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vienne le temps où vous direz : "Béni soit, au nom du Seigneur, Celui qui vient !" (Luc 13,34­35).

à nous, qui avons été admis par grâce dans la place laissée vide, de ne pas nous endormir et laisser passer l’heure ! n

Dimanche 1er avrilPremière Lecture : Isaïe 50.4-7,Psaume : 22.8-9, 17-20, 23-24,Deuxième Lecture : Philippiens 2.6-10Évangile : Marc 11.1-10 (ou Jean 12.12-16) ; Marc 14.1-15.47.

lectures

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médItatIons pour la semaIne saInteLa Semaine sainte est si chargée d’évocations et de liturgies que la méditation a intérêt à se faire en plusieurs fois pour suivre Jésus en « temps réel ».Donc diverses séries sont proposéespour chaque jour.

par le Père Michel GIttOn

11. 1 Comme déjà ils arrivent à Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, et qu’ils sont proches de Jérusalem, 2 Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez jusqu’au village d’en face ; juste à l’entrée, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’est encore monté. Détachez-le et amenez-le. 3 Si quelqu’un vous dit : “Pourquoi faites-vous cela ?" vous répondrez : "le Seigneur en a besoin, et aussitôt après il le renverra.” » [...]

dImanche des rameaux (année B)

par le Père Michel GIttOn

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BILÉ

Quel but ?Dimanche des Rameaux [1er avril]1. Humble triomphe voulu par Jésus :­ les préparatifs, de longue date.­ le moment choisi (au début de la grande fête de pèlerinage).­ la monture choisie.

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médItatIons pour la semaIne saInte2. Démarche sans lendemain,mais prophétique :­ Jésus qui sait bien que ces mêmes foules se retourneront contre lui.­ Jésus qui veut aller jusqu’au bout de la mission de rassembler les enfants perdus d’Israël.­ Jésus qui préfigure l’entrée définitive du peuple messianique dans la Cité Sainte.

Lundi saint [2 avril]1 - Retour sur l’onction de Béthanie :­ Jésus qui accueille la prodigalité de l’amour, qui ne se choque pas des gestes un peu fous.­ Jésus qui se considère comme déjà mort, ne demandant rien pour lui, ne voyant que l’avancée des âmes qui l’entourent.­ Jésus qui reprend sans colère, avec une infinie patience, nos raisonnements utilitaires, faussement charitables.

2. Jésus dans la clandestinité(« il ne se montrait plus ouvertement »)entre Béthanie et Jérusalem :­ Il sait que ce coup­ci, il n’échappera pas, il ne cherche pas à fuir, tout au plus à gagner du temps, pour se présenter pleinement à son heure, célébrer la Pâque avec ses disciples.­ Il donne la quintessence de son ensei­gne ment à ses disciples. Ah ! ces derniers discours depuis le mont des Oliviers.­ Il prend du temps avec chacun, pour les préparer : « vous serez dans la peine… le monde, lui, se réjouira… mais vous me reverrez. »

Mardi saint [3 avril]1. La prière de Jésus à la veilledes événements :­ Prière nocturne et matinale, « il ne dort pas, ne sommeille pas le gardien d’Israël ».­ Prière douloureuse : son amour de Jérusalem dont il voit la beauté promise à la destruction.­ Prière solitaire : le décalage qui se creuse avec ses apôtres, qui ne comprennent pas, complotent et se taisent.

2. Le repas dans la grotte du Cédron,avant de rentrer à Béthanie :­ Surabondance de douceur, attention qui ne se dément pas, « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».

­ Gestes du partage et de la prière, graves et déjà chargés d’un sens mystérieux.­ Les dernières nourritures que Jésus absorbe avant sa Résurrection (à la Cène, il jeûne probablement), ce qu’il a pris de notre terre et transformé en lui…

Mercredi saint [4 avril]1. Les adieux à Lazare,Marthe et Marie :­ Malgré leur amitié, Jésus s’est donné à ses apôtres, c’est avec eux seuls qu’il affrontera son Heure.­ Refus d’enjamber sur l’événement : il va les placer, comme lui, dans la disponibilité à la mission reçue du Père.­ Confiance dans la connivence profonde avec eux, malgré la nuit qui vient.

2. Les préparatifs du repas pascal (I),les préparatifs lointains :­ Le choix du lieu : « grand, dégagé, orné ». Il faut de la place à l’Amour.­ L’étrange rendez­vous : « un homme avec une cruche sur la tête ». Les apôtres ne savent pas tout de leur maître, il a des alliés inconnus.­ L’anticipation : les juifs fêtent la Pâque cette année­là le vendredi (cf. Jn). Jésus l’avance d’un jour, marque personnelle, signe qu’il reprend tout à neuf.

Jeudi saint [5 avril]Matin : Les préparatifs du repaspascal (II), le rôle des apôtres :­ Sa famille, ce sont ces douze hommes, lourds et peu sûrs, il n’y aura personne d’autre ce soir­là.­ Leur rôle nécessaire et bien insuffisant, ils vont « préparer » mais sans bien savoir ce qui va arriver.­ Le rituel de la Pâque, lien charnel avec le destin d’Israël, mais qui va être tellement dépassé par ce qu’il veut faire.

Le lavement des piedsGeste d’abaissement inimaginable,Geste de respect pour ceux qu’il établit comme prêtres,Geste efficace où il lave, affine.

L’institution de l’Eucharistie :Trésor pour notre terre,Lui tout entier là, dans l’acte de son sacrifice,Jusqu’à la fin du monde.

Les derniers enseignements :La charité entre les disciples,Je m’en vais… et je viens,Le Paraclet, lui, vous enseignera tout,Vous avez compris, mais vous me laisserez seul.

La prière sacerdotale Pour lui,Pour les Douze,Pour les futurs croyants.

L’Agonie à Gethsémani : Désir d’être seul et appel au secours,Le consentement au cœur de l’épreuve,Consolation qui n’en est pas une.

L’arrestation et la marche vers le palais du Grand Prêtre

La nuit d’outrages

Vendredi saint [6 avril]Le procès devant Caïphe : Son enseignement en morceaux, les faux témoins,Je le suis (moi qui te parle),Vous verrez le Fils de l’Homme.

Le procès devant Pilate :Tu ne me réponds rien ?Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité,Voici l’Homme.

La flagellation

Le chemin vers le Golgotha

La mort

Le coup de lance

La sépulture

Samedi saint [7 avril]Le grand sabbat.Le repos enfin !Laisser Dieu agir.

La descente aux enfers :Jusque­là : l’être­mort du Fils de Dieu,Solidarité avec les pauvres morts,L’espérance jusque­là.

La foi de MarieElle seule,Nouvelle Ève veillant près du Nouvel Adam endormi. n

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LIVRES

20 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

Ce qui plaît au Seigneur, c’est un cœur ouvert, le dialogue renoué, la louange confiante. Les prophètes Isaïe, Osée et Amos, puis le Christ le répè-

tent : « Ma maison est une maison de prière. » Dans son ultime encyclique, il y a déjà neuf ans, Jean-Paul II voyait comme un beau défi à relever par l’Église qu’elle devienne une école de prière, pour les fidèles comme pour les mal croyants en quête de paix inté-rieure. Un Carême n’est jamais raté s’il est le moment où le chrétien retrouve le chemin de la prière. Deux livres précieux nous encouragent et nous guident dans cet apprentissage de l’oraison.

Jean-Marc Bastière, journaliste et romancier, expose pour des contem-porains qui ignorent la joyeuse expé-rience de la prière combien l’intimité avec Dieu est le gage de la liberté. En sept chapitres, il plaide contre les objec-tions que nous avançons pour résis-ter à la rencontre intime avec Dieu. Il montre le rôle secret que joue la prière dans la vie du monde, comment elle dévoile notre être profond et l’évangé-lise, comment elle permet d’apprivoiser le silence, comment elle relie mystérieu-sement les hommes entre eux, comment elle féconde l’action. À la fois ingénu et plein de fraîcheur, ourlé de cita-tions des mystiques et des expériences pragmatiques de l’auteur, ce petit livre est le cadeau idéal pour un ami qui ne comprend pas pourquoi les chrétiens se rassemblent le dimanche, comment

vivent les moines et comment Dieu parle à ses amis. Avec lui, la prière ressemble à un bain de jouvence dans la source du Salut. « Pour croire vraiment, il faut retrouver les chemins de notre cœur profond. La prière est la voie la plus simple. Si Dieu est, c’est là que nous Le ren-contrerons. C’est là que se situe la prière. Avec la vérité de l’être. » Avec un style simple comme du Bobin pour exprimer des vérités proclamées par saint Augustin et Blaise Pascal, Jean-Marc Bastière ouvrira des cœurs et per-mettra à l’Esprit de Dieu d’y faire son œuvre.

De son côté, le frère Jean-Marie Gueullette, dominicain, offre un véri-table manuel pratique de la prière chrétienne. Comment se positionner,

où s’installer, comment respirer, quoi lire, comment gérer les distractions qui détournent de la contemplation… Rien ne manque au chrétien ou au recom-mençant qui veut oser entrer dans le dialogue profond avec le Seigneur. « Le discours chrétien sur la vie spirituelle est bien souvent un discours à propos de la prière, mais rarement un enseignement concret sur la manière de s’y prendre. » Le père Gueullette a rencontré de nom-breux fidèles qui, faute de cet enseigne-ment, se sont tournés vers les pratiques orientales de méditation. « Sans nier la richesse de l’apport de l’Orient, il est peut-être fécond de se mettre à l’écoute des maîtres spirituels chrétiens qui ont enseigné des pratiques, y compris cor-porelles et psychologiques, cohérentes

avec le message évangé l i que , e t enracinées dans la tradition occiden-tale. » Au-delà des recommandations pratiques, le père Gueul lette offre aussi, en filigrane, un traité théolo-gique sur l’image de Dieu que se forme notre intelligence.

Son exposé sur la fécondité de la prière silencieuse, ou prière du cœur, sur l’ob-jet de la contemplation, sur la discipline spirituelle sont parmi les plus franches et les plus originales qu’on ait lues. Ce petit livre bon marché est le vade mecum indispensable pour tous ceux qui veulent se tourner vers la présence de Dieu en soi. n

Deux lectures de Carême pour renouer avec l’art de la prière avant Pâques.

SpIRItuaLIté

par Philippe VERDIN

L'école de la prière

Pour tous ceux qui veulent se tourner vers la présence de Dieu en soi(

Jean-Marc Bastière, Les Sept secrets de la prière, Stock, 140 p., 15 e.Jean-Marie Gueullette, Petit Traité de la prière silencieuse, Stock, Albin Michel, 187 p., 12,20 e.

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22 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

Extrait de la nouvelle BD de Brunor, Le hasard n'écrit pas de messages.

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CHRONIQUES

FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 25

Saint Joseph

En cette fête de saint Joseph, comment ne pas méditer sur le mystère de la paternité, dont le chef de la Sainte Famille constitue en quelque sorte l’in-carnation privilégiée ? On est obligé aujourd’hui de penser à ce mystère avec une certaine gravité, tout d’abord parce que le contexte idéologique actuel conspire à dissoudre les notions les plus essentielles qui struc-turent l’organisation humaine. Pardon, mais on ne bricole pas avec ces choses-là. Pour nous chrétiens, il y a un plan visible de la Providence qui donne mission aux hommes et aux femmes pour mettre au monde des enfants et leur servir de guides, en reflet même de l’amour divin à l’ori-gine du don de la naissance. Quand on vient brouiller les repères les plus incontestables de la paternité et de la mater-nité, on opère une transgression qu’aucune autorité humaine n’a puissance pour légitimer.

Ce mystère de la paternité, évidemment lié au mystère de la maternité, puisqu’il s’agit de deux pôles interdépendants et solidaires, nous renvoie aussi en ces jours de deuil au drame vécu par ces parents belges qui ont perdu leurs enfants dans un accident de car en Suisse, qui est forcément présent dans nos cœurs. La déchirure de la sépa-ration pour des parents renvoie à ce qu’il y a de plus profond dans les liens paternels et maternels, qui n’existent eux-mêmes que par l’amour conjugal. Si nous n’avons pas vécu nous-même cette déchirure, nous avons certainement pu la comprendre et la ressentir dans nos familles et nos voisinages. Mon ami André Frossard disait que c’est ce qui restait le plus intimement enfoui dans le cœur et la chair des parents. Avec saint Paul nous pourrions affirmer combien ce mystère est grand. D’autres

penseurs, tels Gabriel Marcel, ont réfléchi à cette dimension ontologique qui retentit au plus fort de nos sensibilités.

C’est dire qu’en de pareilles circonstances nous sommes face à l’abîme d’une transcendance qui se révèle à nous. Et c’est pourquoi d’ailleurs – on le voit en Belgique – seule la symbo-lique religieuse est en capacité de rendre compte de ce qui, à la fois, nous englobe et nous dépasse infiniment.

Radio Notre-Dame le 19 mars

Les Possédés d’Al-Qaïda

L’accélération étonnante des événements, qui s’explique par l’extraordinaire diligence de nos services de police, a donc conduit à la pleine révélation de la cause des crimes de Toulouse et de Montauban. Toutes les spéculations se sont donc effacées devant la réalité d’un assassin repéré et encerclé par le RAID, et dont on sait aujourd’hui à peu près tout et notamment qu’il appartenait, d’une façon ou d’une autre, à la mouvance d’Al-Qaïda. Le spectre de l’organisa-tion terroriste s’est donc imposé, avec sa charge idéologique et son implacable détermination à faire le maximum de dégâts physiques et moraux. Bien sûr, il s’agit d’abord d’un cas singulier dont on peine à évaluer la dérive pathologique. Un personnage qui prétend « mettre la France à genou » relève d’une paranoïa particulièrement grave.

Je me permettrai de revenir un instant sur le lien étrange entre une conduite criminelle et une idéologie qui se prétend inspirée d’une vision religieuse du monde. C’est vrai qu’il est problématique d’évaluer les liens intimes de l’intéressé avec une religion, en l’espèce l’islam. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’instrumentalisation des sentiments religieux ne fait

aucun doute. Voilà longtemps qu’à propos d’Al-Qaïda, on a remarqué que la mentalité des terroristes relève carrément d’un phénomène de possession, celui que Dostoïevski avait parfai-tement compris en étudiant l’univers sombre des nihilistes de son temps. Nos amis musul-mans, aussi horrifiés que nous par les actes insupportables du tueur, sont encore plus mortifiés en raison de l’amalgame opéré entre le crime et une pseudo-motivation religieuse. De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être pleinement solidaires.

Il n’est donc pas question non plus de se laisser hypnotiser par le choc des civilisations qui n’est, en aucun cas, une fata-lité. Dans notre cadre national il nous faut cultiver la fraternité au nom de nos liens de solidarité. Deux des soldats tués étaient musulmans ! À l’échelle des rela-tions internationales, il s’agit d’enrayer toute logique funeste d’emballement terroriste. Ce n’est pas gagné d’avance, mais c’est impératif !

Radio Notre-Dame le 22 mars

Une humanité brisée

Peut-être n’est-il pas inutile de revenir sur ces jours que la France a vécus et qui l’ont forcé-ment traumatisée. Sans doute, la médiatisation absolue des événements suivis, minute par minute, par les chaînes d’infor-mation continue crée-t-elle un climat très particulier. Et on peut justement déplorer que tout soit mis en scène, y compris la façon dont un meurtrier imagine et programme sa propre mort. Mais c’est la loi du temps qu’il est vain de déplorer. Et puis il y a quand même la tragédie singulière qu’il nous faut méditer en dehors de la société du spectacle. Un pays entier, et même au-delà, a été touché parce qu’on lui a imposé les plus violentes transgres-

sions. Transgression du meurtre, transgression du meurtre des petits enfants, transgression des tables de la loi, transgression des sentiments religieux les plus profonds.

C’est peu de dire que de telles provocations ont pour objectif de nous blesser. Elles nous détruisent, elles nous anéantissent, créant de notre part à l’égard du prédateur une sorte d’étrangeté sacrée. Il y a même danger de le considérer comme un monstre dépouillé de son humanité, une bête sauvage qu’il ne s’agit plus que d’empê-cher de nuire. Ce ne fut heureu-sement pas le cas. On sait l’effort considérable accompli par les hommes du RAID pour prendre vivant Mohamed Merah, afin de le faire comparaître devant la justice des hommes, en lui accordant la pleine possibilité de se défendre avec tous les arguments rationnels dont est capable une personne à qui on veut, en dépit de ses pires forfaits, reconnaître la dignité d’être responsable.

On a beau dire, on a beau manifester au nom des plus respectables causes, contre le racisme, l’antisémitisme, ce qu’on appelle « les amalgames », il me paraît vain d’inscrire cette tragédie dans les cadres de la politique. Elle les déborde de toutes parts, elle les fait écla-ter. Ce qui s’offre à nous, c’est la dérive d’un jeune homme qui, par-delà son engagement islamiste, a brisé sa constitu-tion humaine, perverti son âme, perdu son cœur, en se livrant à un phénomène de possession qui nous terrifie et nous laisse sans voix. Ce à quoi il nous oblige, c’est à restaurer notre propre humanité, en rétablis-sant le nord magnétique de la conscience qui, pour les chré-tiens, correspond au maître inté-rieur qui éveille la lucidité et fait renaître l’amour.

Radio Notre-Dame le 26 mars

GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME

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ACTION

26 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

àmidi, 700 clowns tristes, aux visages pâles, vêtus de blanc se rassemblent sur l’espla-nade des Droits de l’Homme du Trocadéro à Paris. Étape

exceptionnelle du Tour de France de la solidarité d’Alliance VITA, qui en compte 50, dans toute la France, de mars à mai 2012.

En ce samedi 24 mars 2012, les clowns tristes ont fui le Cirque d’Hiver de Paris, qui va être investi le même jour par les promoteurs de l’euthanasie. Ces derniers veulent faire croire aux can-didats à l’élection présiden-tielle que l’injection létale ou le suicide médicalement assisté constituent une solu-tion humaine en cas de grave dépendance ou de fin de vie. Qu'un soignant puisse provo-quer délibérément, en toute légalité, la mort de celui qu'il soigne est une grave régression pour les Droits de l’Homme.

Au Trocadéro se tient le Cirque du Printemps, celui de la vie. Les clowns tristes, symboles de l’innocence, s’y sont réfugiés avec leur grand cœur, signe de la vie et de l’amour. Les voilà exécutant une chorégraphie originale : d'abord

tous recroquevillés derrière les cœurs, apeurés. Seuls leurs visages blancs émergent. On peut lire : « Soigner n’est pas tuer ». Musique ! C’est Paul McCartney qui chante Live And Let Die. Les clowns rebelles se lèvent douce-ment et tiennent les cœurs bien haut, au-dessus de leur tête. Puis ils virevol-tent et l’on peut lire leur second appel :

« Solidaires des plus fragiles ». à l’hôpi-tal, auprès des enfants ou des adultes, dans les maisons de retraite, les clowns sont souvent invités pour détendre et consoler. Ils s’engagent. Ils écoutent. Et c’est une chaîne de solidarité qui dilate soudain leur rassemblement. 700 clowns se tiennent par le cœur et dansent sur le Parvis des Droits de l’Homme. Ils ont tous les âges. Mais la chanson s’achève. Foudroyés, les clowns s’effondrent. Ils sont étendus au sol dans leurs linceuls blancs. Les cœurs continuent d’exhorter les candidats à l’élection présidentielle à ne pas basculer dans l’euthanasie : « Soigner n’est pas tuer ».

Alliance VITA, organisatrice de ce « flash-mob » rappelle sur une banderole sa conviction : « Non à l’acharnement

thérapeutique, non à l’eu-thanasie. Oui aux soins pal-liatifs ». Elle proteste contre ceux qui prétendent que notre société, au lieu de prendre soin des personnes malades ou en f in de vie jusqu’au terme de leur vie, devrait leur administrer la mort. à l’écoute, par son service www.sosfindevie.org des personnes confrontées aux épreuves de la fin de vie, elle entend les souffrances et les détresses des personnes malades, de

leurs proches et celles des soignants. Alliance VITA sait bien qu’entrou-

vrir la porte à l’euthanasie menacerait très vite la vie des plus vulnérables. Alliance VITA plaide pour accentuer le développement des soins palliatifs, l’instauration d’une véritable « culture palliative » et la solidarité vis-à-vis des personnes malades, dépendantes et âgées. Car toute personne humaine reste toujours digne : digne d’être soi-gnée, digne d’être aimée.

Au Trocadéro se tient le Cirque du Printemps, celui de la vie(

Le 24 mars, alors qu'au Cirque d'Hiver les partisans de l'euthanasie avaient convié les candidats à la présidentielle à répondre à leurs questions, 700 clowns tristes disaient, au Trocadéro, leur solidarité avec les plus fragiles...

eNjeu présIdeNTIel

euthanasie : la bataille des images

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 27

Le docteur Xavier Mirabel, prési-dent d’Alliance VITA et expert médi-cal du site SOS fin de vie, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, fondateur de SOS fin de vie et auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator, 2012), sont en ce jour les porte-voix des clowns tristes.

Le soir, au JT de TF1, Claire Chazal présente le « double reportage » sur l'euthanasie. De belles images présen-tent les partisans de la vie pour autre chose que des « intégristes » ou des « ennemis de la liberté » (puisque l'eu-thanasie est dialectiquement présentée par ses partisans comme une « ultime liberté ») . Grâce à la détermination pacifique et enjouée des militants d'Al-liance VITA, pour une fois, les tenants du discours transgressif n'auront pas eu le monopole de la parole médiati-sée. C'était le but à atteindre, puisque les grands chamboulements de société se jouent très souvent d'abord dans la rue puis dans les médias. Une bataille des symboles — qui prime malheureu-sement sur celle des arguments — et qui n'est pas gagnée d'avance. L'Agence France Presse, par exemple, avait éga-lement tourné de belles images, mais on ne les a pas beaucoup vues sur le service public audiovisuel... n

D.R.

euthanasie : la bataille des imagespar Brigitte PONDAVEN

Tugdual Derville, Ségolène du Closel, Xavier Mirabel, donnant la signification de l'événement.

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«Cette exposition… regroupe les sou-venirs d’une amitié qui a duré plus d’une décennie. De 1968 à 1981, je suis resté aux côtés de l’artiste et de son épouse, Gala. J’ai ainsi été

un témoin privilégié d’une époque unique, en accompagnant un être inoubliable et un artiste grandiose. » Ainsi s’exprime Enrique Sabater

dont la collection, une centaine de dédicaces composées de gravures, d’aquarelles, de dessins et de photographies, est présentée à l’Espace Dali, sur les hauteurs de Montmartre.

Sabater rencontre Salvador Dali au cours de l’été 1968. Il a alors 32 ans. Ancien footbal-leur, il a exercé diverses professions avant d’embrasser le journalisme. Une agence de presse lui commande

une interview de Salvador Dali ; lequel, après une longue conversation à propos de l’écrivain catalan Joseph Pla, lui lance : « Tout ce que vous me demanderez vous coûtera 15 000 $, c’est mon tarif habituel pour les interviews. » Puis, se ravisant, Dali lui demande de revenir, avec ou sans la somme en question. Sabater reviendra souvent jusqu’en 1972, date à laquelle il

devient son secrétaire, vivant dans l’intimité du couple Dali - Gala, réglant les questions maté-rielles, grandes et petites. à entendre Enrique Sabater, le Dali « intime » était à cent lieues de l’image excentrique que l’artiste mettait lui-même en scène : « Salvador Dali était deux per-sonnes dans une seule… En public et en privé, c’était le jour et la nuit. » Le peintre demandait toujours à son secrétaire de lui rappeler la visite d’une journaliste quelques minutes avant, afin de revêtir son « costume d’interview ».

« On finit toujours par garder ses souvenirs du passé dans des cartons. C’est là que j’en-trepose les miens depuis des années, dans ma maison de Port Lligat », écrit Enrique Sabater

en prologue à l’exposition. Mais, lorsqu’il ouvre ses cartons, il en sort des tré-sors que l’on peut admirer au milieu de la collection permanente de l ’Espace Dali*. De la première dédi-cace, apposée en 1969 sur une monographie, à la der-nière (janvier 1981), jetée sur un bristol sur lequel est dessinée une silhouette de femme de face et de dos, le visiteur ne sait où poser le

expositionsespaCe Dali

signé Dali,la collection sabater

28 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

L’Espace Dali expose les œuvres offertes et dédicacées par le peintre à Enrique Sabater, son secrétaire particulier pendant 12 ans.

Salvador Dali et Enrique Sabater.

Hôtel Meuriceà Paris,

se préparantà assister à

la sessionextraordinairede l’Académie

des Beaux-Artsà l’École des

Beaux-Arts oùDali a été

désigné membrele 9 mai 1979.

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« Dalí, à Sabater », 1976. Dédicace apposée sur le livre The Secret life of Salvador Dalí (1961).

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« à Sabater », 1978.Paysage de l'Empordà.

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 29

regard. quelques œuvres retiendront plus par-ticulièrement l’attention : une huile sur cuivre qui dévoile le Paysage de l’Empodà ; une dédi-cace apposée sur une gravure intitulée Die Erschaffung der Eva (La Création d’ève), ou sur la lithographie Helen of Troy. Une tête de vieillard saisissante illustre le livre d’Hemin-gway Le Vieil homme et la Mer, en version alle-mande. En 1973, Dali dédicace à Sabater une belle lithographie de la série Peace in Vietnam :

Angel of Peace Covering a Calmer World. Les objets les plus divers illustrent la relation entre le peintre et son secrétaire : d’un modeste couvercle de tasse à café new-yor-kaise, transformé en palette, à l’épée céré-moniale donnée par Dali au lendemain de sa réception à l’Acadé-mie des beaux-Arts, le 9 mai 1979 à Paris. Les œuvres et les objets de la collection Sabater trouvent naturellement

leur place au milieu de la collection permanente qui comprend des bronzes comme Le Profil du Temps, La Vénus spatiale, ou le célèbre Canapé-Lèvres de Mae West. Vous avez dit : « surréa-liste » ? ■

signé Dali,la collection sabater

par Alain SoLAri

* L’Espace Dali, inauguré en 1991, présente la seule exposition perma-nente en France intégralement consacrée au maître du surréalisme, et plus particulièrement à ses sculptures et gravures. Plus de 300 œuvres y sont exposées. Parmi elles, les célèbres Montres Molles…« Signé Dali, la collection Sabater », à l'Espace Dali, 11, rue Poul-bot, 75018 Paris, jusqu’au 10 mai, tous les jours (10h-18h). Tél. : 01.42.64.40.10. www.daliparis.com

« à Sabater, Dali », 1978. Dédicace apposée sur la lithographieHelen of Troy (1976).

1973. Dédicace apposée sur la carte

de vœux de Noël des laboratoires

pharmaceutiques Hoescht Ibérica

(1969).

1975. « à Sabater,une accolade sur leQuin Elisabet » (sic)

Dédicace apposéesur le livre A study of

his Art in Jewels (1970) au coursd'une traverséeentre New Yorket l'Europe sur

le QueenElisabeth II

le 2 Mars 1975.

1971. "Pour Sabater"Dédicace apposée

sur la carte de vœuxde Noël des laboratoires

pharmaceutiques Hoescht Ibérica (1960).

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1974. L'artiste dansson atelier, travaillantsur l'œuvre Basilique Saint Pierre de rome,

Explosion de foimystique au centre d'une

cathédrale(1960-1974)

Port Lligat, Cadaquès.©

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« Faire danser les alligators sur la Flûte de Pan »

«Faire danser les alligators sur la flûte de Pan » est une pièce complètement habitée, aussi étrange que pouvait l'être le personnage incarné, Louis-Ferdinand Céline. On a beau savoir

que Denis Lavant est bourré de talents, on en reste néanmoins coi à la vue de cette perfor-mance. Et un comédien qui maîtrise si parfai-tement diction, ton et rythme qu'il les fait sans cesse varier de sorte qu'aucune impression de déjà-entendu ne vient amoindrir le plaisir de l'écoute.

L'option de mise en scène est celle du bilan de vie. Céline, lors de la brève scène d'exposi-tion, est vieux et sur sa fin, soumis à son destin. Puis, rejetant les accessoires qui le rendent tel, il reprend la main et donne sa version de sa vie. Ton et vocabulaire sont inspirés des quelques entretiens radiophoniques qu'il donna. Autant dire que le langage est cru et gouailleur, mais beaucoup plus risible que choquant. Rien du personnage n'est occulté, pas même son antisé-mitisme si primaire qu'il en est comique.

Le passage le plus drôle reste néanmoins le commentaire qu'il fait au sujet de ses confrères et des auteurs du passé, aucun ne trouvant évi-demment grâce à ses yeux. Même si c'est là un phénomène assez courant chez les auteurs, dû en partie au fait que chacun est enfermé dans son univers et en partie à une jalousie devant le suc-cès – qui ne peut être qu'immérité ! – des autres. Le mystère de sa vie, de ce qui le motivait pour écrire — il n'évoque que l'appât du gain, ce qui ne saurait suffire pour un tel métier — et de ses choix n'est qu'en partie éclairci, mais sa parole en elle-même en dit long sur lui. « Je ne suis pas un homme à idée, je ne suis pas un homme à mes-sage, je suis un homme à style ! », lâche-t-il par exemple. On sort de là éberlué et conquis… n

théâtre

Céline reste encore aujourd'hui controversé, l'homme répugnant même aux aficionados de son œuvre. « Faire danser les alligators sur la flûte de Pan » fait commenter cette dernière par celui-là.

par Pierre François

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Mais rien du tout !La pièce s'achève. On compte, machinalement, le nombre de comédiens qui saluent. Surprise. On recompte. Ils ne sont bien que sept alors qu'on avait l'impression qu'ils étaient une douzaine, tant chacun avait de présence sur le plateau ! « Platonov mais… » est le genre de pièce dont on se méfie a priori, « encore des fantasmes de metteur en scène sous couvert d'adaptation et de réécriture », se dit-on. Et on a trois fois tort ! De la réécriture, certes, il y en a, des répliques qui sont chantées-mimées à la contraction du face-à-face de Platonov avec les trois femmes qui l'aiment en une seule et même scène. Des coupes claires aussi, d'ailleurs, à commencer par le fait que n'est présente sur scène que la génération des enfants, les parents se retrouvant

portraiturés, encadrés et accrochés au mur.Il n'empêche : l'esprit de Tchekov est totalement présent ! On retrouve l'atmosphère de fin de règne et d'oisiveté qui caractérise tant de ses œuvres, la description clinique de personnages englués dans leurs contradictions et sans volonté réelle de s'en sortir.

Le choix de mise en scène qui consiste à faire parfois chanter – sur fond de guitare électrique, clavier et batterie – des dialogues tandis que les comédiens les miment a pour résultat d'entretenir un rythme soutenu. Le style du texte est direct, le jeu en parfaite adéquation avec cette donnée, les personnages tous parfaitement incarnés. Et cette pièce est excellente tant pour actualiser le contexte décrit par l'auteur – ne vivons-nous pas, nous aussi, une période de transition ? – que pour faire connaître Tchekov aux plus jeunes. n

« Platonov mais… », d'après « Platonov » de Tchekov. Adaptation, conception et mise en scène d'Alexis Armengol. Avec Stéphane Gasc, Céline Langlois, Alexandre le Nours…Jusqu'au 15 avril, du mardi au samedi (20h30), dimanche (16h) au théâtre de l'Aquarium, Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris. Tél. : 01.43.74.99.61.

« Faire danser les alligators sur la flûte de Pan », d’Émile Brami, d'après la correspondance de Louis-Ferdinand Céline. Du mardi au samedi (21h), dimanche (16h) jusqu'au 15 avril, au théâtre de l’Épée de bois, Cartoucherie, route du Champ de manœuvre, 75012 Paris, tél. : 01.48.08.39.74.

D.R.

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Par lui-même…

Céline donne sa version de sa vie

Denis Lavant.

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Une solide amitié unit ces pirates, autour de leur capitaine. Celui-ci nourrit, depuis des décennies,

l’ambition de décrocher le prix du meilleur pirate de l’année. Un jour, alors qu’il s’est lancé à l’abordage d’un bateau, il tombe sur un jeune scienti-fique du nom de Charles Darwin. Celui-ci découvre, avec stupeur, que la mascotte de l’équipage n’est pas un perroquet, mais un dodo, une espèce d’oiseau (dit aussi « dronte de l’île Maurice ») qui a disparu cent ans aupa-ravant. Il convainc le capitaine de partir pour Londres avec ce specimen.] Quel plaisir de s’embarquer sur un bateau, en compagnie de ces bras cassés de pirates. Avec la voix de Hugh Grant (en version originale), élé gante et ironique, ce Capitaine

pi rate nous entraîne dans des aven-tures loufoques, parfois décalées, et truffées de clins d’œil. Peter Lord (Wallace & Gromit, Chicken run) et les studios Aardman ont travaillé avec la technique de « stop motion », ce qui signifie qu’ils ont utilisé des person-nages de pâte à modeler, animés image par image. Le résultat est un film tout à fait réjouissant, plein de trouvailles visuelles dans les situations, avec une animation très fluide et des person-nages pittoresques et cocasses. Les dialogues sont à la hauteur.

Bien que très attachés à leur capi-taine, les membres de l’équipage vont lui tourner le dos lorsque celui-ci com mettra une faute. Dans cette œuvre destinée à toute la famille, le sens de l’amitié et de la fidélité aux vraies valeurs est exalté de la plus jolie des manières. ■

Les pirates - Bons à rien, mauvais en tout. Film d’animation américano-britannique (2011) de Peter Lord, avec les voix de Hugh Grant/Édouard Baer (Capitaine Pirate), Martin Freeman/Rémi Bichet (le pirate au fou-lard), David Tennant/Arnaud Bédouet (Charles Darwin), Imelda Staunton/Catherine Davenier (la reine Victoria) (1h29). (Adolescents) Sortie le 28 mars 2012.

Hunger GamesLa nation de Panem, bâtie sur les ruines de ce qui était autrefois l’Amérique du Nord, oblige ses douze districts à envoyer chacun un garçon et une fille — les « Tributs » — pour participer aux Hunger Games. L’adaptation cinématographique doit traduire en images le monde extraordinaire imaginé par Suzanne Collins pour ses livres, en essayant de le recréer grâce aux images de synthèse. Le résultat est specta-culaire et très prenant. Mais le film s’inté-resse aussi au drame intime de l’héroïne, parfaitement interprétée par la jeune Jennifer Lawrence. ] Si la violence est condamnée sans ambiguïté, tout comme les injustices sociales, sa représentation est faite, le plus souvent, de manière très elliptique.

Science-fiction américaine (2012) de Gary Ross, d’après Suzanne Collins, avec Jennifer Lawrence (Katniss Everdeen), Josh Hutcherson (Peeta Mellark), Woody Harrelson, Liam Hemsworth (2h22).

(Adolescents) Sortie le 21 mars 2012.

2 days in New YorkMarion vit à New York avec Mingus et les deux enfants qu’ils ont eus chacun d’une précédente union. La famille française de Marion débarque à New York. Vivant depuis vingt ans à New York, la comédienne française n’en finit pas d’explorer le choc des cultures entre Français et Américains. Après 2 days in Paris, film dans lequel son petit ami améri-cain était plongé dans une ambiance typi-quement française, l’héroïne a changé de partenaire, et c’est sa famille française qui vient à New York. La comédie est alerte, à défaut d’être profonde, et sa modestie n’est pas la moindre de ses qualités. ] Dommage qu’il y ait un contexte de licence des mœurs et un langage cru.

Comédie franco-américaine (2012) de Julie Delpy, avec Julie Delpy (Marion), Chris Rock (Mingus), Albert Delpy (Jeannot), Alexia Landeau (Rose), Alex Nahon (Manu) (1h31). (Grands adolescents) Sortie le 28 mars 2012.

CINÉMA

Cette fantaisie animée met en scène des pirates hauts en couleur.

À l’abordage !par Marie-Christine

RENAUD d’ANDRÉ

Le sens de l’amitié et de la fidélité aux vraies valeurs est exalté(

FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 31

Les pIrAtes - BoNs À rIeN, MAUvAIs eN toUt

Young adultLorsqu’elle apprend que son ancien petit ami vient d’être papa, Mavis, ancienne reine de beauté de son lycée, décide de rentrer dans sa ville natale pour le reconquérir. Charlize Theron est resplendissante, dans son rôle de reine de beauté, à qui rien ni personne ne résiste. Puis, peu à peu, elle devient très antipathique en briseuse de ménage qui ne doute de rien, avant de se révéler

touchante et pathétique en femme déboussolée, qui perd pied, en face du bonheur tran-quille de ceux qu’elle a tant méprisés. C’est tout le parcours de ce film très attachant qui parle des rêves perdus et de la nostalgie du temps passé. ] Ce film rappelle, de manière élégante et cruelle, que la beauté n’est pas tout. Le jeune couple offre le spectacle d’un bonheur paisible et sain, capable de résister à tout.Comédie dramatique américaine (2011) de Jason Reitman, avec Charlize Theron (Mavis Gary), Patton Oswalt (Matt Freehauf), Patrick Wilson (Buddy Slade), Elizabeth Reaser (Beth Slade) (1h33). (Grands adolescents) Sortie le 28 mars 2012.

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MUSIQUE

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Dans l'antiquité romaine ou grecque, le théâtre ne peut se passer de musique. Les tragédies sont non seule-ment organisées en chœur

de comédiens mais les instruments les plus variés sont indissociables de l’ex-pression lyrique, formant alors de véri-tables orchestres : syrinx, lyre, cithare, trompette et orgue. La musique s’im-pose dans les ouvertures, les inter-mèdes et accompagne les vers. Le ton est choisi en fonction des rôles, graves et aigus soulignant les dialogues. Les traditions populaires sont friandes de ce mélange musique et théâtre : en Indonésie, le théâtre de marionnettes (wayang) est une évocation musicale et dramatique des mythes indiens ; dans l’opéra chinois, danses et acrobaties s'exécutent en musique ; au Japon, les grands genres théâtraux (le Nôet et le Kabuki) représentent l’union du théâtre, de la musique et de la danse.

La musique liturgique elle-même est une forme d’alliance entre un théâtre sacré, représentation signi-fiante mais aussi action du signifié, et une musique qui est d’abord la seule façon de proclamer un texte. Les mys-tères médiévaux et les moralités qui se succèdent du XIIe au XVIe siècle en sont une extraction, qui servent autant à l’édification de l’auditoire qu’au diver-tissement. Les chansons populaires

en langue vernaculaire se mêlent aux chants processionnaires et aux danses dans un bel enchevêtrement qui accen-tue l’effet dramatique ou comique.

à partir de la Renaissance, alors que la musique devient plus savante, plus polyphonique, chaque art de la scène veut être l’unique élément d’admiration

des spectateurs. Si Shakespeare pré-cise parfois l’exécution de chants ou de danses dans ses œuvres, et si Purcell et Arne écrivent quelques musiques pour ces passages, on sent bien que l’une peut se passer de l’autre. La musique n’est qu’accompagnement dans le théâtre et le théâtre n’est qu’une scène d’expression mineure pour la musique.

L’apogée de la discorde est atteint entre Molière et Lully. Collaborant dès 1664, ils donnent naissance à trois comédies-ballets : Le mariage forcé,

L’amour médecin et Le Bourgeois gentilhomme. Mais Lully est jaloux de Molière. La musique semble être reléguée au second plan. C’est si vrai qu’au jourd’hui encore, ces comédies ne sont presque jamais données avec leur musique. Dès 1672, Lully obtient du roi la permission d’interdire la participa-tion de plus de trois musiciens dans les pièces de théâtre. Musique et théâtre suivront deux chemins parallèles… l’opéra d’un côté, le théâtre parlé de l’autre… sans jamais se rejoindre ? Charpentier, grand rival de Lully s’allie à Molière pour poursuivre ce travail des comédies-ballets. Seuls quelques fruits symboliques en naîtront avant de s’évanouir avec la mort de Molière.

La musique au théâtre reste une musique d’accompagnement. Celle-ci atteint son apogée au XIXe siècle. Les théâtres possédaient leurs orchestres et les partitions étaient commandées aux grands compositeurs. Egmont de Beethoven (1819) et Le Songe d’une Nuit d’été de Mendelssohn (1843) sont deux exemples de ces pages demeu-rées célèbres. L’une exalte les vers de Goethe, l’autre ceux de Shakespeare. Ces chefs-d’œuvre ont-ils réussi à pro-longer la grande idée de Molière et de Lully dans laquelle ces deux arts en se mariant donneraient naissance à une forme surpassant tout ? Le mariage, s’il a eu lieu, n’a pas eu l’enfant attendu. Chacun est reparti vivre sa vie propre. La partition de Mendelssohn est jouée comme une œuvre musicale d’un côté, les vers de Shakespeare de l’autre. La danse a voulu venir se greffer à l’entre-prise, mais en accédant à la scène, elle a définitivement évacué les lettres.

Le XXe siècle, pourtant enclin aux croisements et échanges pluriculturels, n’a pu constater que sa propre stérilité. Les orchestres de théâtre ont fondu

RÉFLEXION ARTISTIQUE

La musique au théâtre reste une musique d'accompagnement(

La réflexion artistique aime à s’interroger sur les interactions venant renouveler son langage. La scène, lieu de création et d’expression, est aussi celui d’une forme d’affrontement dynamique et d’une complémentarité entre la musique et le théâtre. Quel est l’enjeu pour aujourd’hui d’une telle réflexion ?

Musique et théâtre en rivalité ?

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avec l’avènement de la bande-son, sou-vent émise comme un vague à l’âme sporadique, tentant de pallier les fai-blesses d’un scénario qui ne peut avec les mots dire suffisamment de l’atmos-phère. Les mots sont en chair, mais la musique est en boîte…

Ainsi touche-t-on à la question essentielle : la musique n’est-elle qu’un élément du décor, ou peut-elle se poser comme inextricable du drame théâtral ?

Il semble que l’opéra suffise à don-ner les clés de la réponse : l’alliance est possible puisqu’elle s’exprime totale-ment dans cet art devenu majeur au fil des siècles. Des salles, des orchestres, des chœurs lui sont consacrés et des spectateurs lui sont dévoués. Et les comédiens ? Ils sont d’abord chanteurs, parfois acteurs, même si l’enseigne-ment de l’art lyrique a évolué sur ce point. Mais on ne sélectionne pas un chanteur d’opéra parce qu’il joue bien la comédie, mais parce qu’il chante comme on l’entend, même si la seule présence scénique ne suffit plus à faire passer un artiste lyrique statique pour un modèle. L’opéra n’est cependant pas du théâtre. Il est lyrique, donc musi-cal avant tout. L’opérette quant à elle, s’essaye au compromis, avec plus ou moins de bonheur, et fait du « léger » son domaine. Mais elle ne convainc pas plus celui qui cherche à savoir si les arts peuvent s’entremêler sans se perdre.

L’homme de lettre, celui qui écrit pour le théâtre, trouve en ses propres mots une musicalité qui se suffit à elle-même. Il ne souffre que diffi-cilement l’apport d’une musique qui détourne l’auditeur de ce qu’il souhaite qu’il entende. Pourtant, il est éton-nant de voir à quel point la musique est capable d’être inséparable d’un drame porté par des acteurs. Le ciné-

ma, sorte de théâtre moderne, certes art de support, a réussi cette union. Peut-on imaginer la saga Star Wars de George Lucas sans la musique de John Williams, qui s’inspire librement de Strauss ou de Stravinsky ? Ou Orange mécanique de Stanley Kubrick sans la contribution involontaire de Beethoven — Ludwig Van dans la bouche du héros ? Ou le pastiche de Corelli — musique de Michel Magne — qui accompagne tel des variations sur un thème tout le déroulement des Tontons

flingueurs de Georges Lautner et Michel Audiard ? La musique évoque l’image, l’image évoque la musique. Et ils ne peuvent de passer l'un de l'autre sans boiter…

La comédie musicale est peut-être celle qui réussit le mieux cette alliance même si cette acception nous fait aujourd’hui plus aborder la variété que le véritable esprit qui prévalait à l'heure des plus belles créations de Bernstein par exemple, comme West Side Story ou Candide. Le cinéma a finalement contribué au suc-cès de ce qui reste un Music-Hall de qualité, véritable œuvre théâtrale au sens large du terme, dotée d’une partition tout autant généreuse.

I l reste à la créat ion contemporaine à prolonger avec une nouvelle inventivité une forme d’art qui n’a pas peur de considérer la musique comme un personnage à part entière et le théâtre comme la subs-tance même d’une musique. Les limites, si elles sont sou-vent budgétaires par principe actuel, sont trop souvent celles

du spectateur qui cherche dans quelle case ranger ce qu’il voit ou entend. Mais l’art n’est-il pas fait pour dépas-ser les clivages et conduire vers un « ailleurs » ? n

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par François-Xavier LACROUXMusique et théâtre en rivalité ?

Musiques pour les comédies de Molière - Marc-Antoine Charpentier - La Simphonie du Marais - Hugo Reyne - Musiques à la Chabotterie - 65010 - 2012.

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34 FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012

MUSIQUE

Commandé à l'origine par l'Opé-ra de Prague, Don Giovanni précède de peu la Révolution française de 1789. Inspirée par le mythe du séducteur démo-

niaque, l'œuvre connaît un succès jamais démenti. On le consi-dère volontiers comme « l'opéra des opéras », tant cette œuvre de maturité porte à son zénith le talent pro-digieux de Wolfgang Amadeus Mozart. Dès lors, comment servir et transcender une œuvre jouissant d'une telle aura ?

C'est le défi relevé par Michael Haneke en 2006 et reproduit à l'identique en 2012. Né à Munich en 1942, ce metteur en scène qui aime créer la polé-mique avec des films aux sujets sulfu-reux, a triomphé à plusieurs reprises au festival de Cannes avec La Pianiste et Le Ruban blanc. Avec ses fidèles com-parses, Christoph Kanter pour les décors, Annette Beaufaÿs pour les costumes et la collaboration d'André Diot pour la création lumière, il livre un étrange Don Giovanni qui, tout en se voulant contemporain, sonne bizarrement sépia.

Le décor, très actuel, pourrait être celui d'une entreprise sise dans une

tour à La Défense ou même d'un grand hôtel à New York ! Côté cour, de vastes baies vitrées convexes supposées sur-plomber l'abîme d'un gratte-ciel et, côté jardin, une coursive s’ouvrant sur des bureaux et des ascenseurs. Verre, acier,

univers bleuâtre et froid où se mor-fond Leporello (David Bizic), le rabatteur de Don Giovanni (Peter Mattei) occupé quant à lui à circonvenir Donna Anna (Patricia Petibon), oie blanche à la veille de convoler en justes noces avec Don Ottavio (Bernard Richter et Saimir Pirgu en alternance). Le valet tue l'ennui en grignotant son casse-croûte et c'est son propre couteau qui servira à Don Giovanni pour tuer le père d'Anna venu en fâcheux demander compte de l'hon-

neur perdu de sa fille. Survient alors Donna Elvira (Véronique Gens), conquête bafouée cherchant vengeance, affublée d'un long manteau camel pas vraiment affriolant. Et quasi sur ses talons, la troupe des techniciens de surface en blouse grise et masque de Mickey, parmi lesquels Zerlina (Gaëlle Arquez ) et Masetto (Nahuel di Pierrot) promis l'un à l'autre, n'était le génie maléfique du héros s’ingéniant à user d'un droit de cuissage quelque peu suranné. En sar-

rau de méchante toile et baskets blanches, le jeune couple peine à apparaître glamour et Don Giovanni fait figure de vrai psycho-pathe pervers pour déceler le moindre sex-appeal sous cet accoutrement, tandis que le livret chanté évoque de jeunes pay-sannes accortes et fraîches dansant à la fête du village !

Le décalage est grand entre la grâce musicale qui s'élève de la fos se d ’or-

chestre, conjuguée à l’excellence des voix chantées, et l'affligeante banalité de l'univers évoqué par les choix de mise en scène. On décroche à tout moment de l'illusion théâtrale en se demandant par quels détours tortueux de la pensée unique on a pu en arriver à ce fiasco insipide. Où est « la soif de l'infini dans la volupté » que célébrait Musset ? On est tout au plus dans le fait divers poli-tico-médiatique : ce Don Giovanni, c'est DSK au Sofitel ! n

L'Opéra Bastille accueille jusqu'au 21 avril 2012 le « Don Giovanni » mis en scène par Michael Haneke en 2006. On peut s'étonner d'une reprise qui transforme le chef-d’œuvre de Mozart en une ennuyeuse trash story.

« Don GIovannI » à l'opéra BaStIllE

par Aymeric NoLLé

Un Mozart bizarre

La grâce musicale qui s'élève de la fossed'orchestre conjuguée à l'excellence des voix

Durée du spectacle : 3h40 avec un entracte. Chanté en italien.

Prix des places : de 5 e à 180 e.(

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La télévision est grosse consomma-trice de scénarios retraçant la vie des grandes figures historiques. Il

n’est pas étonnant que des produc –teurs italo-canadiens se soient intéres-sés à la vie de Karol Woj tyla, devenu Jean-Paul II. Le résultat est spectacu-laire, respectueux et animé d’un vrai souffle spirituel. En prime, c’est diffusé le Vendredi saint !

Lorsque les nazis envahissent la Polo gne, Karol Wojtyla n’a pas encore 20 ans et il veut s’engager pour défendre son pays. Les horreurs de la guerre et la mort de son père lui font comprendre que le Seigneur l’appelle. Divisée en deux parties, l’une consacrée à sa vie en Pologne, jusqu’à son élection, l’autre à sa vie au Vatican, jusqu’à sa mort, cette magnifique superproduction est passionnante. Une

nombreuse figuration, des images superbes de la Pologne et des comé-diens très convaincants (en particulier Piotr Adamczyk, dans le rôle titre) confèrent à cette œuvre ambitieuse une belle authenticité. Malgré quelques facilités liées aux exigences cinémato-graphiques, l’ensemble est d’une grande justesse historique. Profondément marqué par la guerre, l’occupation, la persécution des juifs et, enfin, la mainmise des commu-nis tes sur son malheureux pays, Karol Woj tyla est montré dans toute sa di mension humaine, intellectuelle, poli tique et spirituelle. En particulier, sa grande piété, ainsi que sa dévotion à

la Vierge Marie, sont bien soulignées. Quant à ses combats incessants, en faveur de la dignité de l’homme de sa conception jusqu’à sa mort, ils ne sont pas occultés. Mais il y a quelques images violentes inévitables. ■Karol : Un homme devenu pape. Téléfilm italo-canadien (2006) de Giacomo Battiato, avec Piotr Adamczyk (Karol Wojtyla), Malgosia Bela (Hanna Tuszynska), Ken Duken (Adam Zielinski), Hristo Shopov, Ennio Fantastichini, Violante Placido (4 x 1h30). Diffusion le vendredi 6 avril, sur Arte, à 20h35.

La marche de l’empereur

Ils se sont mis tous en marche au même mo ment, venant de différents endroits. En file in dienne, avec leur drôle de démarche, les manchots empereurs se dirigent vers un lieu précis, où ils vont passer plusieurs mois. Car c’est la saison des amours qui leur fait quitter les eaux glacées de l’Antarctique pour se rendre sur la banquise. Elle est étonnante, cette histoire des manchots ! étonnante et belle, car elle montre que la vie est toujours la plus forte, quelles que soient les conditions clima-tiques (- 40°C et des vents à plus de 150 km/h). Luc Jacquet a construit son film comme une fiction (on entend les voix de Romane Bohringer et Charles Berling parler à la place de la maman et du papa manchots, pour les rendre plus vivants). Ces images sont splendides (les manchots sont très photogéniques) et l’histoire est poignante. On n’évite pas un soupçon d’anthropo mor phisme, mais cela rend le film plus acces sible. Il reste que le comporte-ment de ces animaux force l’admiration, tant ils doivent endurer de souffrances pour assurer leur descendance. Documentaire français (2004) de Luc Jacquet, avec les voix de Romane Bohringer (la mère), Charles Berling (le père) et Jules Sitruk (l’enfant). Diffusion le dimanche 1er avril, sur TF1, à 03h00.

Disneyland et ses secretsPour fêter les vingt ans de Disneyland, Mireille Dumas nous emmène dans les coulisses de cette véritable ville, où travaillent plus de 14 500 personnes. Ce documentaire est un magnifique hommage à ces hommes et femmes de l’ombre (plus de 500 métiers différents !) qui sont toujours à la recherche de la perfection.Documentaire français (2012) de Mireille Dumas (1h55). Diffusion le lundi 2 avril, sur France 3, à 20h35.

TÉLÉVISION

Slumdog millionaireIl est né dans l’un des coins les plus misérables de la terre, un bidonville de Bombay. Mais Jamal, avec son sourire et son optimisme, est capable de survivre à tout. Ce film, véritable épopée à la Dickens, est très émouvant. À travers le parcours de ce jeune homme, c’est la vie quotidienne des slumdogs (chiens fous des taudis), qui est décrite. En adaptant un roman à succès

de Vikas Swarup, Danny Boyle décrit l’Inde d’aujourd’hui, avec ses contradictions, ses conflits, mais aussi sa vitalité, son énergie et son optimisme. Menée à un rythme soutenu, avec une esthétique très soignée, cette œuvre bénéficie d’une brillante interprétation. ] Dans ce milieu très pauvre, la violence et la prostitution sont très présentes. Mais aussi l’espoir et le courage, qualités du jeune héros, porté par sa confiance dans la vie et dans sa bonne étoile. Son amour pour Latika est émouvant de fidélité et de persévérance.Comédie dramatique américano-britannique (2007) de Danny Boyle, avec Dev Patel (Jamal), Anil Kapoor (Prem), Irrfan Khan (l’inspecteur), Madhur Mittal (Salim), Freida Pinto (Ltika), Saurabh Shukla (1h56) 2. Diffusion le jeudi 5 avril, sur M6, à 20h50.

Une superbe reconstitution de la vie de Karol Wojtyla, devenu le premier pape polonais.

Karol (1 et 2/4) par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Karol Wojtyla est montré dans toute sa dimension humaine, intellectuelle, politique et spirituelle

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TF120.50 The voice. Divertissement présenté par Nikos Aliagas, avec Jenifer, Louis Bertignac, Garou et Florent Pagny.23.15 The voice, au cœur des coulisses.23.55 Les experts, Miami. Série 4.France 220.35 Sidaction 2012 «Les stars chantent la tête dans les étoiles». Divertissement présenté par Sté-phane Bern, Julien Courbet, Virginie Guilhaume et Michel Cymès, avec Roberto Alagna, Sophia Essaïdi, Thomas Dutronc, J.-L. Aubert, Chris-tophe Willem, etc.23.05 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.35 (La) nouvelle Maud «L’été des rumeurs» (1, 2 et 3/6) GA. Télé-film avec Emma Colberti, Gérard Rinaldi, Valérie Mairesse. _] Cette nouvelle saison est très décevante, avec des épisodes lourds et caricaturaux, et une banalisation de l’homosexualité.23.45 Appassionata «Juliette Gréco à contretemps».Arte

20.45 L’aventure humaine «Tita-nic, l’ultime scénario» J. __ Une étude très intéressante des raisons du naufrage.21.35 L’aventure humaine «John Law, la banque royale et le krach de 1720». Documentaire.22.30 “Moi, je“ «Udo Kier, comé-dien». Documentaire.23.15 Tracks.M620.50 The Glades : «D’alcool et de sang», «Prise d’otages», «Un parfum de Havane», «L’étrangleur du Northside». Série avec Matt Pass-more 2.Canal +20.55 La proie GA. Policier (2011) de Éric Valette, avec Albert Dupon-tel, Alice Taglioni, Sergi Lopez, Sté-phane Debac, N. Régnier (1h41) 3. __] Spectaculaire et trépidant, mais assez invraisemblable.KTO20.15 Concert missionnaire à Notre-Dame de Paris.21.35 VIP. Invité non communiqué.22.30 Concert «Bach : La Passion selon saint Matthieu (2)».

TF120.50 Inside man «L’homme de l’intérieur» J. Thriller (2006) de Spike Lee, avec Denzel Washing-ton, Clive Owen, Jodie Foster (2h10) 2. ___ Très brillant.23.10 Les experts, Manhattan 3.03.00 La marche de l’empereur T. Documentaire (2004) de Luc Jac-quet (1h25). (voir notre analyse page 35)France 2

20.45 Camping GA. Comédie (2006) de Fabien Onteniente, avec Gérard Lanvin, Mathilde Seigner, Franck Dubosc (1h35). __] Amusant, mais gros.22.20 Faites entrer l’accusé «Jean-Luc Sebin, le forcené de Ver-sailles». Magazine 2.France 320.35 Les piliers de la Terre (7 et 8/8) A/Ø. Série d’après Ken Follett, avec Ian McShane, Donald Suther-land 3. ___]] Remarquable, malgré des scènes érotiques.23.05 Dr. Kinsey Ø. Biographie (2004) de Bill Condon, avec Liam Neeson (1h58). _]] Un film à thèse nocif et malhonnête.01.00 Les cinq sous de Lavarède. Comédie dramatique en NB (1938) de M. Cammage, avec Fernandel (1h49). __] Gros, mais drôle.Arte20.40 Ulysse J. Péplum (1954) de Mario Camerini, avec Kirk Douglas, Silvana Mangano, Anthony Quinn (1h40). __ Spectaculaire.22.20 La fabuleuse machine d’Anticythère. Documentaire.M620.50 Capital «Alimentation : Quand la tradition fait recette». 22.45 Enquête exclusive «Espagne : Le nouvel eldorado des jeunes fêtards». Magazine 3.00.15 Zemmour et Naulleau. Canal +21.00 Football «Rennes/Lyon».KTO16.30 Conférence de Carême «Solidarité : réalisme et esprit» (et à 22h15).20.40 La foi prise au mot «Père ! Entre tes mains je remets mon esprit !», avec le père Ghislain Lafont et sœur Delphine-Marie.21.45 Jean Vanier commente l’Évangile de Saint Jean (10/14).

TF120.50 Clem «La guerre des familles» GA. Téléfilm avec Lucie Lucas, Victoria Abril, Laurent Gamelon __] La licence des mœurs des ados est totale, mais l’ensemble est sympathique et pri-vilégie l’esprit de famille.22.30 Esprits criminels. Série 3.01.00 Au Field de la nuit, avec J.-C. Rufin, Clémentine Portier-Kalten-bach, Jérôme Attal, M. Doutey.

France 220.35 Cold case, affaires clas-sées : «Du sang sur la glace», «Le monde du silence», «L’héri-tier». Série avec Katryn Morris 2.23.00 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 3

20.35 Disneyland et ses secrets J. Magazine présenté par Mireille Dumas. (voir notre analyse page 35)23.05 La guerre perdue du Vati-can GA. _]] Une attaque en règle tendancieuse contre le Saint-Siège. L’auteur n’a manifestement rien compris à la religion.00.35 La case de l’oncle Doc «Peu académique : Danièle Sallenave». Arte20.35 Confidences trop intimes A. Comédie dramatique (2003) de Patrice Leconte, avec Sandrine Bonnaire, Fabrice Luchini (1h44) 2. __] Un film original et bien maîtrisé, mais les personnages manquent d’épaisseur, et certains dialogues sont très crus.22.20 Conversation secrète A/Ø. Drame (1974) de Francis Ford Cop-pola, avec Gene Hackman, John Cazale, Allen Garfield (1h48). ___]] Très brillant, mais il y a une scène érotique.M620.50 Top chef. Divertissement présenté par Stéphane Rotenberg.23.40 Un dîner presque parfait.Canal +20.55 Mafiosa (5 et 6/8) A/Ø 2. __]] C’est très prenant, mais il y a des scènes très suggestives.KTO20.40 Sainte Claire, la petite plante de saint François d’As-sise. Documentaire.21.45 Un cœur qui écoute «Thierry Malet». 22.15 Vu de Rome.22.30 L’esprit des lettres.

TF120.35 Ligue des Champions «Bayern Munich/Marseille».22.50 Dr. House : «Deux frères», «Démission...» A/Ø. Série 2. ___]] Excellent, malgré une scène érotique.France 220.35 Histoires en série «Ceux par qui le scandale est arrivé». Maga-zine présenté par B. Schönberg.22.50 Infrarouge «Sauve qui peut».

23.45 Elle s’appelle Sabine J. Documentaire (2007) de Sandrine Bonnaire (1h25). (voir notre ana-lyse ci-contre)01.35 Et Dieu créa la femme A. Comédie dramatique (1956) de R. Vadim, avec Brigitte Bardot (1h20). _ Bardot est superbe, mais le film est ennuyeux, amoral et sensuel.France 320.35 Un village français (3 et 4/12) : «Mille et une nuits», «Une évasion» J. Série avec Robin Renuc-ci, Thierry Godard. ___ La per-sécution des juifs devient affreuse, mais l’ensemble est passionnant.22.15 Un village français… Ils y étaient «Le sort des enfants juifs».22.55 Ce soir (ou jamais !). Arte20.35 Citoyen ou étranger ? J. __] Intéressant, mais inégal.22.00 Le dessous des cartes «Un tramway à Jérusalem».22.15 Khmers rouges «Une simple question de justice». Documentaire.23.55 Mein Kampf, c’était écrit GA. __ Très intéressant.M620.50 Anges et démons GA. Thril-ler (2008) de Ron Howard, d’après Dan Brown, avec Tom Hanks (2h13) 2. __] Cet assez bon thriller n’évite pas les erreurs ni les simplifications. Au moins est-il moins corrosif que le livre.23.20 Voyance… Leur dernier espoir (2/2). Documentaire.Canal +20.55 Coup d’éclat GA. Policier (2011) de José Alcala, avec Cathe-rine Frot (1h26) 2. __] Cathe-rine Frot est impressionnante dans ce film émouvant, mais inégal.KTO20.40 Les Mardis des Bernardins «Vive la poésie !».21.45 Jean Vanier commente l’Évangile de Saint Jean (11/14).22.25 VIP.

Samedi 31 mars Dimanche 1er avril Lundi 2 avril Mardi 3 avril

Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h15 Le jour du Seigneur (et à 11h30) - 10h45 Messe, en l’église de la Madeleine, à Paris.

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sur France 2Mardi 3 avril à 23h45Elle s’appelle Sabine JIl y a cinq ans, Sabine, la sœur cadette de Sandrine Bonnaire a été diagnostiquée autiste.___ Il faut s’habituer au ryth-me lent de ce bouleversant docu-mentaire. Le regard de la comé-dienne est plein de tendres se, car il prend le temps de s’attarder sur le visage, parfois souffrant, de sa sœur. Mais l’on a le cœur serré en regardant cette juxtaposition des images de la jeune fille lumi-neuse et de l’adul te qu’elle est devenue, massacrée par une thé-rapeutique inadaptée.

TF120.50 Les experts : «Nuit d’ivres-se», «Pari perdant», «Moi, moi, moi». Série avec Marg Helgenberger 2.23.15 New York, section crimi-nelle. Série avec Vincent D’Onofrio.France 220.35 Mourir d’aimer GA. Téléfilm de Josée Dayan, avec Muriel Robin, Sàndor Funtek, Annie Grégorio (1h35). _] On a du mal à s’inté-resser à cette histoire d’amour très peu crédible (un gamin de 15 ans fou amoureux de Muriel Robin !) et qui prend fait et cause pour ce pro-fesseur dénué de sens moral.22.10 Dans les yeux d’Olivier «Les disparitions». Magazine.France 320.35 Le grand tour. Documen-taire de Patrick de Carolis et Jean-Luc Orabona, avec Philippe Jaroussky, Patrick Barbier, Frédéric Lenoir, Patrick Blanc, Nolwenn Leroy, Woopie Goldberg, Barbara Schulz, etc. Un voyage culturel autour du monde.23.15 L’ombre d’un doute «Le nau-frage du Titanic : Destins brisés». Arte20.35 All or nothing GA. Comédie dramatique (2002) de Mike Leigh, avec Timothy Spall, Lesley Manville (2h03). __] Malgré un côté misérabiliste, cette œuvre opti-miste est bouleversante.22.40 The Black Power mixtape «La société afro-américaine de 1967 à 1972». Documentaire.23.40 Hunger A. Drame en VO (2008) de Steve McQueen, avec Michael Fassbender (1h31). ___] Ce film magistral, qui retrace la tragique grève de la faim des terroristes de l’IRA en 1981, est un coup de poing à l’estomac, avec des débats théologiques de haute tenue. Mais c’est très dur.M620.50 Victoire Bonnot «Un enfant sur les bras» A. Téléfilm avec Valé-rie Damidot (1h40). _] Cette œuvre caricaturale aborde le pro-blème de la maternité précoce de la pire façon qui soit.22.30 16 ans… et bientôt maman. Documentaire.Canal +20.45 Ligue des Champions «Chel-sea/Benfica ou Real Madrid/APOEL».KTO20.40 L’empreinte de l’Homme. Documentaire sur le linceul de Turin. 21.45 Églises du monde «Cuba». 22.15 La foi prise au mot «Père ! Entre tes mains je remets mon esprit !».

TF120.50 Koh-Lanta, la revanche des héros. Divertissement présen-té par Denis Brogniart.22.55 Vendredi, tout est permis avec Arthur. Divertissement pré-senté par Arthur, avec Michaël Youn, Stéphane Rousseau et Franck Dubosc.France 220.35 Antigone 34 (5 et 6/6) GA. Série avec Anne Le Nen, Claire Borotra, Bruno Todeschini, Xavier Robic. __] Assez prenant, mal-gré une fin décevante.22.25 Flashpoint (13 et 14/18). Série avec Hugh Dillon 2.23.50 Taratata. Divertissement présenté par Nagui.France 320.35 Thalassa. Magazine présen-té par G. Pernoud, L. Bignolas et Sabine Quindou, en direct de Sète.23.25 Des femmes dans la dépendance «Comment sortir d’une addiction ?» J. __ C’est émouvant et positif.Arte20.35 Karol (1 et 2/4) «Un homme devenu pape» J. Téléfilm de Giaco-mo Battiato, avec Piotr Adamczyk, Malgorzata Bela, Raoul Bova (3h). (voir notre analyse page 35)23.45 Monty Python, toute la vérité ou presque (1 et 2/6) GA. __ La vie des célèbres comiques racontée par eux n’est pas toujours très amusante. Dommage !M620.50 NCIS : «Le programme Anax», «Le fugitif», «Recherche mari désespérément», «L’imposteur». Série avec Mark Harmon 2.Canal +

20.55 La fille du puisatier J. Comé die dramatique (2011) de Daniel Auteuil, d’après Marcel Pagnol, avec Daniel Auteuil, Kad Merad, Astrid Bergès-Frisbey (1h45). __ Une bonne adaptation de Pagnol, mais un peu appliquée.KTO17.00 Célébration de la Passion du Seigneur, en direct de Rome.20.30 Jean Vanier commente l’Évangile de Saint Jean (13/14).22.15 Chemin de croix, en direct du Colisée.23.00 La foi prise au mot «Père ! Entre tes mains je remets mon esprit !».

TF120.50 Profilage : «D’entre les morts», «Le prix de la liberté», «Retour à la terre» GA. Série avec Odile Vuilemin, Philippe Bas 2.23.40 New York, unité spéciale 2.France 220.35 Envoyé spécial : «Assureurs, assurés, mauvais payeurs ?», «Une corne à prix d’or». Magazine.22.05 Complément d’enquête «Ouvriers : Les courtisés de la cam-pagne». Magazine présenté par Benoît Duquesne.23.20 Avant-premières. Magazine.France 3

20.35 L’armée du crime GA. Drame (2009) de R. Guédiguian, avec Simon Abkarian, Robinson Stévenin (2h14) 3. ___ L’his-toire du réseau Manouchian est superbement retracée.23.35 U-571 GA. Film de guerre (2000) de J. Mostow, avec Mat-thew McConaughey, Bill Paxton (1h52) 2. __ Cet excellent film alterne action et conflits humains.Arte20.35 Les enquêtes du commis-saire Winter (5 et 6/8) «Presque mort» A. Série avec Magnus Krep-per, Amanda Ooms. __] Ces épisodes très prenants, avec une excellente atmosphère, n’évitent ni la banalisation de l’homosexualité ni les scènes suggestives (viol).22.35 Le mystère des éléphants géants. Documentaire.M620.50 Slumdog millionaire GA. Comédie dramatique (2007) de Danny Boyle, avec Dev Patel (1h56) 2. (voir notre analyse page 35)22.50 La belle et ses princes presque charmants.Canal +20.55 Dexter (11 et 12/12) GA. Série avec Michael C. Hall 3. __] Excellent, mais sinistre, avec un bon coup de théâtre final.22.40 Damages (10/10) GA. Série avec Glenn Close 2. __ Fin d’une excellente série.KTO17.30 Messe de la Cène du Sei-gneur, en direct de Rome.20.40 Face aux chrétiens. Forum politique des médias chrétiens.21.45 À la source. Magazine.22.25 Concert «Bach : La Passion selon saint Matthieu (2)».

Mercredi 4 avril Jeudi 5 avril vendredi 6 avril

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

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FRANCECatholique n°3300 30 mars 2012 37

RaDioSRadio Notre-DameSamedi 31 mars 6h54 et 8h50 et dimanche 1er avril 9h et 11h56 : « Le billet de Tugdual Derville ».Lundi 2 au jeudi 5 avril7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc.Dimanche 1er avril16h30 Conférence de Carême don-née à Notre-Dame de Paris, «Solida-rité : réalisme et esprit», avec Andrea Riccardi (Communauté de Sant’Egidio)21h à 21h45 : conférence en différé. 21h45 à 22h30 : débat.Mardi 3 avril22h écoute dans la nuit, «à la suite du Christ, entrons dans la Semaine sainte... semaine de notre salut !», avec Mgr Jacques Périer (Administra-teur apostolique de Tarbes et Lourdes). Jeudi 5 avril22h écoute dans la nuit, «La béné-diction : deviens ce que tu reçois !», avec le Père André-Marie (bénédic-tin, potier, poète). Vendredi 6 avril16h Agenda Musical, «Vendredi Saint», présenté par le musicologue Gilles Cantagrel, les «Passions selon Saint Matthieu»: Bach, Schutz...22h écoute dans la nuit «Le Mystère du Serviteur souffrant», avec le Père Christian Mahéas (vicaire à Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e...). RCFDimanche 1er avril18h15 Conférence de Carême à Notre-Dame de Paris, en différé.France CultureDimanche 1er avril10h Messe «Dimanche   des Rameaux», depuis la chapelle de l’Institut Sainte-Croix de Neuilly, 30 av. du Roule, 92200 Neuilly-sur-Seine. Chœurs : les Petits Chan-teurs de Sainte-Croix de Neuilly. Prédicateur : Mgr Bernard Podvin.

Marie BIZIEN

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Paris✔ à l'occasion de lancement de la «chaire de recherche Karol Wojtyla», des conférences sont organisées par l'IPC, Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, 70, av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris : le 10 avril (20h30) «Karol Wojtyla, un philosophe de la personne et de l'amour», par Thibaud Collin et Jean-Marie Meyer (agrégés, enseignants en classes préparatoires et à l'IPC) ; le 10 mai (20h) «La pensée de Karol Wojtyla, quelle fécondité pour notre temps ?», par le Cardinal Carlo Caffarra (archevêque de Bologne). Rens. : ✆ 01.43.35.38.50, fax 01.43.35. 59.80 / [email protected]✔ Le groupe scolaire Notre-Dame de France, 63 rue de la Santé, 75013 Paris, organise une rencontre du livre chrétien, le 31

mars. Des auteurs viendront à la rencontre du public pour témoi-gner de la vitalité des Lettres Chrétiennes.✔ La Paroisse Notre-Dame des Victoires, Place des Petits-Pères, 75002 Paris, ✆ 01.42.60. 90.47, fax 01.49.27.03.20, accueille les reliques de Sainte Thérèse du 5 au 13 mai. Le 5 mai (11h) messe avec Mgr Bernard Lagoutte (Lisieux), (14h30) catéchèse «De la souffrance à la vie spirituelle», (15h) chapelet. Ouverture de la neuvaine pour les malades avec le Père Gilles Annequin (Vicaire épiscopal pour la pastorale de la santé) [chaque soir (18h-20h), (17h-19h30 les samedis, dimanche et jours fériés]. Le 6 mai (11h) messe par Mgr Jacques Habert (Séez), (16h) conférence de Jean Vanier (fondateur de l'Arche) «Avec sainte Thérèse, la faiblesse source de vie», avec le Père Hervé Soubias. Le 7 mai (12h15) messe, avec Mgr Michel Santier (Créteil). Le 8 mai (12h15) messe, avec Mgr Jérôme Beau (Paris). Le 9 mai

(12h15) messe, avec Mgr André Léonard (Malines-Bruxelles). Le 10 mai (14h45) messe à l'inten-tion de tous les malades, prési-dée par le Père Jean-Christophe Vinot (aumônier de l'hôpital Georges Pompidou), avec Mgr Jean-Yves Riocreux (Pontoise). Le 11 mai (12h15) messe, avec Mgr Guy Thomazeau (Montpellier). Le 12 mai (11h) messe, avec le Père Hervé Soubias [la messe sera suivie de la bénédiction des malades], avec Mgr Renauld de Dinechin (Paris). Le 13 mai «Jour de la guérison de Sainte Thérèse», (11h) messe solennel le en action de grâce pour la guérison de sainte Thérèse, avec le Père Soubias, (15h) chapelet. Clôture de la neuvaine avec Mgr Albert-Marie de Monléon (Meaux), (17h) vêpres et messe de clôture.Cher✔ Des sessions d'iconographie seront animées par élisabeth Ozoline (Atelier Saint Serge à Paris), du 9 (10h) au 14 juillet (16h) et du 16 (10h) au 21 juillet (16h),

au Monastère de l'Annonciade, 115, route de Vouzeron, 18230 Saint-Doulchard. Rens. : ✆ 02. 48.65.57.65 / annonciade@ diocese-bourges.orgLot-et-Garonne✔ Au Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53.66. 86.05, fax 05.53.66.10.02, des activités sont proposées : du 2 au 8 avril (14h), avec le Père Bostyn Dominique «L’amour rend tout possible» (Marthe Robin), Semaine Sainte avec Saint Jean et Marthe Robin. Du 20 au 22 avril, avec Christine Pellistrandi (école Cathédrale, Paris) «L’Apocalypse : quel message d’Espérance ?», à partir du texte et de l’art. égale-ment, du 1er au 12 mai, avec le Père Dominique Bostyn, un pèle-rinage-retraite en Terre Sainte : Sinaï, en égypte et Israël. Saône-et-Loire✔ Les Sanctuaires de Paray-le-Monial, place Cardinal Perraud, 71600 Paray-le-Monial, ✆ 03.85. 81.62.22, fax 03.85.81.51.67 /

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[email protected] tua i re s -pa ray.com organisent les «Fêtes de la Miséricorde» du 13 (18h) au 15 avril (18h), avec Hélène Dumont (mariée, quatre enfants, auteur de trois livres sur l'enseignement du Christ à Sainte Faustine "à l’écoute du Christ Miséricordieux", "Sur les pas de la Miséricorde Divine avec Marie" et "La Miséricorde Divine, une grâce pour notre temps"...), animées par les Chapelains et la Communauté de l’Emmanuel. Cette grande fête de l’église est comme un écho au message de Paray-le-Monial. Le Christ ne cesse de montrer au monde son cœur. à Marguerite-Marie il révèle son Amour et sa soif d’être aimé. à Sainte Faustine il montre l’éten-due de sa Miséricorde (du latin misereri : avoir pitié et cor : cœur). Ces fêtes sont l’occasion de faire l’expérience concrète et toujours renouvelée de la tendresse et la Miséricorde de Dieu pour chacun.Belgique✔ Une retraite de Pâques, animée par Astride Hild, sur le thème «Chemin de Résurrection», en peignant l'icône de "L'Apparition de Jésus à Marie-Madeleine", est prévue du 10 (7h) au 15 avril (fin d'après-midi), à l'abbaye de Brialmont, 4130 Tilff, près de Liège. Rens./insc. ✆ 04.97. 35.99.24/ [email protected] / www.atelier-icones.bePèlerinages✔ Un pèlerinage en Terre Sainte aura lieu du 2 au 14 août 2012. Nazareth - Mont des Béatitudes - Tabgha - Capharnaüm - Mont Thabor - Jéricho - Aïn Karem - Bethléem - Jérusalem. Découvrir ou redécouvrir les sources de la foi chrétienne, suivre Jésus sur la terre qu’Il a choisie, notre «lieu de naissance», guidés par les

prêtres de la communauté Aïn Karem, autour du Père Michel Gitton . Revivre des grands moments de l’année liturgique sur les lieux mêmes où Dieu s’est manifesté à l’homme depuis l’An-cien Testament et sur les lieux qui ont connu le Christ dans son humanité. Suivre pas à pas le Sauveur en méditant sa parole et en célébrant la liturgie. Rens./insc. : [email protected], ou Michèle Gabarrou, 31 rue de la Tour, 77171 Léchelle.✔ Pour les 16/30 ans, "Le pélé pour les nuls" : un pélerinage pour tous ceux qui passent un examen ou un concours dans l'année ou qui se posent la ques-tion de l'orientation de leur vie. à vivre seul ou entre amis... les 8 et 9 avril. «Que tu sois déjà venu à Rocamadour, ou pas, que tu sois un champion de la vie spirituelle ou bien un nul de la Foi, que tu sois une fille ou un garçon, que tu sois en terminale, études supé-rieures ou jeune professionnel, si tu sais que Dieu t’aime ou si on ne te l’a encore jamais dit, n’hésite pas... viens !». Rens. : Jean-Thomas Ndione : secreta-riat. [email protected], www.ppln.rocamadour.eu. ou l'Abbé Guillaume Soury-Lavergne, ✆ 06.31.87.41.80.✔ Un pèlerinage culturel est proposé par Marie-Gabrielle Leblanc (historienne d'art et jour-naliste), en Égypte, avec le pro-fesseur Ashraf Alexandre Sadek (égyptologue et coptologue), du 9 au 18 mai, «L'égypte des pharaons et des coptes, sur les pas de la sainte famille et des pères du désert». Rens. ✆ 01.48.07.05.84, mariegabrielle @wanadoo.fr

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Président : Hervé catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric aimard (✆ 06. 77.90.36.20) - éditorialiste : Gérard Le clerc - Rédaction : tugdual Derville - Grégoire coustenoble - Secrétaire de rédaction : brigitte Pondaven.

Imprimé par ippac-imprimerie de champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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Les éditions Jade présentent le CD « La Divine Liturgie » Chœur des Sœurs du monastère Sainte Élisabeth de MinskCe monastère dédié à la Sainte martyre la Grande Duchesse Élisabeth, a été créé en 1999 dans la banlieue de Minsk : une centaine de jeunes sœurs orthodoxes se dévouent au service d’enfants et de malades d’un hôpital psychiatrique. Ce monastère a par ailleurs un grand rayonnement artistique grâce aux liturgies que les sœurs ont enregistrées mais aussi à leurs différentes activités d’iconographie et de broderie d’art

religieux. Ces sœurs témoignent d’un souffle nouveau et puissant dans les ex-pays communistes.Cet enregistrement présente les fragments de la Divine Liturgie, à l’occasion de la consécration de l’Église dédiée à l’icône de Notre-Dame souveraine «Derjavnaia» célébrée par son Éminence Philarète, patriarche de Biélorussie.

Liturgie des catéchumènes : 1. Grande Litanie de la paix, chant byzantin. 2. Première antienne, ton 5, chant znamenny. 3. Deuxième antienne, ton 5, chant znamenny. 4. « Fils unique... », chant znamenny. 5. « Dans ton Royaume... » chant znamenny. 6. « Venez adorons... » chant bulgare. 7. Tropaires et kondakions. 8. Trisagion. 9. Prokimenon, chant znamenny. 10. Alléluia, chant bulgare. 11. Litanie pour les défunts, chant znamenny. Liturgie des fidèles : 12. Hymne des Chérubins, chant znamenny. 13. Litanies de supplication, chant znamenny. 14. « L’Offrande de paix », chant znamenny. 15. « Il est digne en vérité… ». 16. « Un Seul est Saint, un seul est Seigneur… », chant znamenny. 17. « Nous avons vu la Lumière véritable », chant znamenny. 18. « Que nos lèvres s'emplissent de Ta louange, Seigneur », chant znamenny. 19. « Seigneur, garde pour de nombreuses années… », chant znamenny. 20. Première et deuxième antiennes, ton 1. 21. Hymne des Chérubins. 22. L'offrande de paix, de sacrifice, de louange, chant znamenny.

Durée totale : 55 min.

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