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88 e année Hebdomadaire 3325 - 26 octobre 2012 3 france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 La Mort en cendres pages 8 à 13 Mariage gay : bombe à retardement page 7 Marc, l’évangéliste qui rugit pages 16-17 Crémation Islam : Une vidéo qui a fait scandale au Vatican pages 24 à 25

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Marc, l’évangélistequi rugit pages 16-17

Crémation

Islam :Une vidéo quia fait scandaleau Vatican pages 24 à 25

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BRÈVESFRANCEPolitiquE  :  J.-L.  Borloo  a lancé  le  21  octobre  l’Union des  démocrates  et  indépen-dants  (UDI)  avec  l'ambition d’être  la  principale  force d’opposition.CoRSE  : Après  l’assassinat  le 16  octobre  de  Me  Antoine Sollacaro,  ancien  défenseur d’Yvon  Colonna,  le  Premier ministre  a  annoncé  l’orga-nisation  d’une  lutte  sévère contre le grand banditisme.iNtEmPéRiES : 50 000 foyers ont  été  privés  d’électricité  le 19 octobre en Midi-Pyrénées et  en Aquitaine en  raison de vents  atteignant 120 km/h à Toulouse. Le Gave de Pau est sorti de son  lit, entraînant  la fermeture  d’une  partie  des sanctuaires de Lourdes.DRoguE  :  Le  ministre  de l’Éducation,  Vincent  Peillon, s’est  prononcé  le  15  octobre en  faveur  d’un  débat  sur la  dépénalisation  du  cana-bis  comme  moyen  de  lutter contre  les  trafics.  Matignon s'est  immédiatement  désoli-darisé de la proposition...39  (présumés)  trafiquants d’héroïne,  qui  pratiquaient également  l’immigration clan   destine, ont été arrêtés le 16 octobre à Mulhouse.ComPétitiVité  :  L’ancien patron  d’EADS,  Louis  Gallois, doit  remettre  le  5  novembre un rapport sur la compétitivi-té  qui proposerait 30 milliards de baisse des charges sur  les entreprises. Quant au ministre du  Redressement  productif, Arnaud  Montebourg,  il  s'est fait  remarquer  en  posant pour  Le Parisien  vêtu  d'une marinière  Armor-lux,  tenant un  mixer  Moulinex  dans  les mains  et  ayant  au  poignet une  montre  Michel  Herbelin, afin  de  promouvoir  les  pro-ductions françaises...BANquES  :  La  Banque  pu-blique  d’investissement  (BPI) qui  doit  ouvrir  ses  portes  en 

janvier 2013 devra garantir le financement  des  PME  et  des entreprises innovantes.gASPillAgE  :  Six  mille  por-tions de curry végétarien ont été distribuées  le 13 octobre à  Paris  lors  d’une  opération destinée  à  dénoncer  les  mil-lions de tonnes de gaspillage alimentaire  notamment  celui provoqué  par  une  réglemen-tation abusive.méDECiNE  :  Syndicats  de médecins et assurance mala-die  n’ont  pas  réussi  à  se mettre  d’accord  sur  les dépassements  d’honoraires  ; une  ultime  séance  était  pré-vue pour le 22 octobre.Une mère a perdu son enfant le  20  octobre  en  le  mettant au monde sur l’A20 en direc-tion de la maternité de Brive ; 

des  médecins  ont  dénoncé une conséquence de la déser-tification médicale.SANté : Une enquête portant sur 25 000 personnes de plus de  18  ans  montre  que  la population française compte-rait 7 millions d’obèses. SoCiAl : La direction de la CGT a  choisi  le  16  octobre  pour succéder  à  Bernard  Thibault comme  secrétaire  général Thierry Lepaon, chef de file de la CGT au Conseil économique et ancien de Moulinex.Les  syndicats  de  la  SNCF ont  appelé  à  la  grève  le  25 

octobre pour protester contre la politique  salariale de  l’en-treprise. La CGT d’Air France a appelé à la grève le 26 contre la restructuration. AéRoPoRt  :  500 gendarmes et  CRS  ont  évacué  le  16 octobre  des maisons  squat-tées  par  des  opposants  au projet  d’aéroport  de  Notre-Dame des Landes au nord de Nantes.DiSPARitioN  :  Le  skieur Émile Allais, premier Français médaillé olympique en 1936, est  décédé  le  18  octobre  à l’âge de 100 ans. 

  moNDEEuRoPE : Un accord a été trou-vé  le  19  octobre  à  Bruxelles pour la mise en œuvre « gra-

duelle » de la supervision des 6  000  banques  européennes par la Banque centrale à par-tir de 2013. ExPloit  :  Le  parachutiste autrichien Félix Baumgartner a battu le 14 octobre le record du  monde  de  saut  en  chute libre  depuis  39  000  mètres d’altitude  et  franchi  pour  la première fois le mur du son.migRAtioNS  :  Selon  une enquête américaine révélée le 15 octobre, la moitié des 214 millions  de  migrants  dissé-minés à travers  la planète se considèrent comme chrétiens. 

NoBEl  : Le prix Nobel d’éco-nomie  a  été  décerné  le  15 octobre  à  deux  Américains pour  leurs  travaux  sur  la manière  d’équilibrer  l’offre et  la  demande  sur  les  mar-chés des dons d’organes et de l’éducation.liBAN : Un attentat à la voi-ture piégée a  fait 8 morts et 86 blessés le 19 octobre dans les  quartiers  chrétiens  de Bey routh  ;  on  compte  parmi les  victimes  le  général  sun-nite  qui  dirigeait  le  service de renseignements des forces de sécurité ; l’ancien Premier ministre Saad Hariri a accusé le  Président  syrien,  Bachar Al-Assad.RoyAumE-uNi  :  Des  milliers de personnes ont manifesté le 20 octobre à Londres, Belfast et  Glasgow  contre  la  poli-tique d’austérité. Le  Premier  ministre  bri-tannique,  David  Cameron, s’est  rendu  le  15  octobre  à Edimbourg  pour  y  sceller  un accord  sur  l’organisation  en 2014  d’un  référendum  sur l’indépendance de l’Écosse. AllEmAgNE  :  La  sortie  du nucléaire décidée en 2011 par la  chancelière  Merkel  tourne au  casse-tête  politique  en raison  du  coût  croissant  de l’électricité dû à l’abandon de l’énergie atomique.étAtS-uNiS  :  Un  homme  lié à  Al-Qaida    qui  voulait  faire exploser  une  bombe  de  450 kilos devant  la Réserve fédé-rale a été arrêté le 17 octobre à New York.    ESPAgNE : Lors des élections législatives  le 21 octobre au Pays Basque les nationalistes de  droite  (PNV)  ont  rem-porté.  35%  des  voix  et  les indépendantistes  de  gauche (EH  Bildu)  25%.  Mais  en Galice, le Parti populaire (PP) a  élargi  la  majorité  absolue qu'il  détenait.  La  Catalogne sera  en  législatives  le  25 novembre.

J.L.

2 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

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ALORS QUE LE SYNODE DES ÉVÊQUES sur la nouvelle évan-gélisation va sur sa fin, on prend de mieux en mieux conscience de l’impérieuse nécessité d’un réveil général des énergies apostoliques en Europe et particulièrement dans notre pays.

Certes, on savait, mais on n’osait pas trop dire. On s’accrochait au terrain. Tout au plus concé-dait-on parfois qu’on « gérait la pénurie », en se consolant d’une promotion d’un laïcat qui prenait en charge ce que les prêtres trop peu nombreux ne pouvaient plus assumer. L’illusion ne pouvait plus se prolonger indéfiniment. Il n’y a pas de vitalité chrétienne sans présence active du sacerdoce. Du coup, on prend la mesure de la catastrophe. Une enquête rapide sur la réalité de nombreux diocèses indique que tout s’est presque arrêté depuis les années soixante : séminaires fermés, presbytérium vieillissant, disparition des congrégations religieuses, désertification des paroisses.

Certes, on s’incline face au courage parfois héroïque de ceux qui ont maintenu et sont restés fidèles à l’encontre du processus de désagrégation. Il est vrai aussi qu’au milieu du naufrage, il y avait des signes de renouveau que le ministère de Jean-Paul II s’employait à encourager. Bien des initiatives ont été prises qui ont permis que des communautés s’affirment, qu’une jeunesse (celle des JMJ) s’engage. Mais il faut faire le constat avec le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine : « Les baptêmes diminuent, les catéchismes se vident, la confession agonise, les vocations n’éclosent pas ou meurent en vol, et pour couronner le désastre qui monte, le prêtre n’est souvent plus qu’un pion ligoté au milieu de conseils pseudo-démocratiques, et quand ainsi il n’est plus contemplé dans sa nécessité et dans sa beauté surnaturelle, – sur le terrain, le présent le crie déjà –, le ciel ne descend plus sur la terre. (1)»

Ce curé de Marseille crie pour qu’on se réveille et il montre déjà dans sa propre église que l’appel peut être entendu. Mais ce sont tous les diocèses de notre pays qui devraient être touchés par la dynamique de l’Esprit. Aucun ne pourra se dérober à la nouvelle évangélisation, sous peine de dépôt de bilan. C’est bien pourquoi l’Année de la foi qui s’est ouverte concerne l’ensemble de nos paroisses. Il n’y a plus d’alternative à la refondation géné-rale du corps eucharistique en notre pays et en Europe. ■

SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 AMÉRIQUE LATINE Guérilla éternelle

5 ASIE Norodom Sihanouk AFRIQUE Le Rwanda au Conseil de sécurité

6 EUROPE Sommet sans drame

7 MARIAGE GAY Bombe à retardement DOSSIER 8 CRÉMATION L'expulsion du défunt du monde des vivants

11 Le livre de Damien Le Guay

ESPRIT 14 LECTURES 30e semaine du temps ordinaire

16 EXÉGÈSE Marc, l'évangéliste qui rugit

18 RND Chroniques de Gérard Leclerc

19 ŒUVRE D'ORIENT Soyez fermes dans votre foi !

23 ECCLÉSIA Jacques Berthieu, apôtre de Madagascar

24 SYNODE Le chantier de la « raison » l'imam qui a compris le Pape

26 CANONISATION Sainte Kateri MAGAZINE 27 MUSIQUES « La Fille du régiment » : Cocorico !

28 LIVRES Romans

29 CINÉMA « Skyfall », « Into the abyss », « Amour », « Le jour des corneilles »

30 FESTIVALS « Nuits de Champagne »

31 THÉÂTRE « La dernière bande »

32 EXPOSITIONS Le Cercle de l'art moderne

34 LIVRES Vouloir, c'est pouvoir, aimer c'est savoir

35 TÉLÉVISION « Mademoiselle Drot », « Les hommes du président », « L'âge de glace 3 », « Mariage à la grecque »

36 TÉLÉVISION Votre début de soirée

38 BLOC-NOTES Vie associative et d'Église

COUVERTURE : © E ANDRE-ISTOCKPHOTO

La nouvelle évangélisation

n'est pas facultative

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3325 26 OCTOBRE 2012 3

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,du lundi au jeudi. (1) Michel-Marie Zanotti-Sorkine, Au diable la tiédeur,

Robert-Laffont, oct. 2012.

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

AMÉRIQUE LATINE

Cinquantenaire, le plus ancien mouve-ment de guérilla du continent sud-amé r i c a i n , l e s

FARC (Forces Armées révo-lutionnaires de Colombie) ont reculé depuis la « guerre totale » lancée contre eux depuis 2002 par le précé-dent président Alvaro Uribe, responsable de la libération d’Ingrid Betancourt en juillet 2008. Mais après dix ans, et malgré la mort de la plupart de leurs chefs historiques, les FARC ont survécu. On leur attribue encore 9 000 combattants et le contrôle du tiers des communes du pays (contre la moitié à son apogée en 2002 et 18 000 combattants annoncés). Deux questions : pourquoi cette résistance exception-nelle ? Pourquoi aujourd’hui ces négociations ?

Les FARC ont survécu à la fois parce qu’elles ont su s’adapter au monde et parce qu’elles en sont restées isolées. Taxées de commu-nistes, puis de narco-trafi-quants et de terroristes, elles sont demeurées étroitement solidaires dans la référence à un dirigeant historique quasi-mythique, leur fonda-teur (en 1966), Manuel

Marulanda, mort dans son lit à 78 ans en 2008, dans un type d’organisation en « fronts » auto-dépendants, dans une géographie impéné-trable de massifs parcellaires reliés entre eux, sans appui ni contact extérieur (même pas

avec le Venezuela bolivarien voisin), et dans une unité sans faille entre le politique, le militaire et l’économique (les zones de culture de la coca).

Cela pourrait continuer ainsi éternellement. Les FARC ne prendront jamais le pouvoir ; le gouvernement

central de Bogota ne les réduira jamais. à partir de là, on fait quoi ?

Le président élu en juin 2010, Juan Manuel Santos, a choisi de négocier. Pour celui qui fut le ministre de la Défense du président

Uribe, c’est un retourne-ment complet. Pourtant, à ce poste, il fut le premier à souffrir de la montée des milices d’auto-défense d’ex-trême droite, liées aux cartels de la drogue, qu’Uribe avait introduites au cœur de l’État. Santos veut redorer l’image

de la Colombie, l’une des économies les plus dyna-miques de l’hémisphère sud. Il bénéficie d’une conjonc-ture internationale favorable avec la présidence Obama (le président Bush avait lancé en 2000 le plan Colombie avec intervention militaire améri-caine) et l’évolution amorcée à La Havane où a été signé le 26 août l’accord en vue des négociations ouvertes à Oslo cette semaine. Le Venezuela et le Chili (aux deux extrêmes de l’échiquier politique) ont accepté de jouer les arbitres de touche.

Pour autant, la route est pavée d’embûches. Le prési-dent Santos s’est fait un ennemi mortel en la personne de son prédécesseur Uribe, toujours très populaire et qui milite contre la paix. La réforme agraire, qui est au cœur des revendications des FARC, est impensable pour l’oligarchie foncière dans un pays où les inégalités sont extrêmes. Les FARC ont, de leur côté, toujours échoué à se transformer de guérilla en mouvement politique. Leurs exactions ne les ont jamais rendues populaires même dans les zones qu’elles contrôlent. On ne voit pas dans quel genre de participa-tion politique elles pourraient se mouler à l’avenir.

Un échec, comme lors des trois tentatives précédentes (1982/1985, 1990/1992 et 1998/2002), conduirait au retour de la droite dure et de la violence terroriste. n( Une conjoncture internationale

favorable avec la présidence Obama

Le président colombien serait à coup sûr le prochain prix Nobel de la Paix si les négociations ouvertes à Oslo avec les FARC réussissaient.

Guérilla éternelle par Yves LA MARCK

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L a disparition du roi Norodom Sihanouk n'a pu que faire resur-gir dans les mémoires le destin tragique de

ce Cambodge qu'il a voulu servir de toutes ses forces. L'homme ne manquait ni d'intelligence, ni de capa-cités. Certes il était retors, machiavélien au possible, mais ses retournements, ses combinaisons, ses alliances successives ont rarement abouti au résultat escompté. Était-ce vraiment sa faute ? Le Cambodge sorti de la Seconde Guerre mondiale vivra long-temps dans une conjoncture régionale infernale. Sihanouk manœuvrera au mieux pour échapper à la contagion des guerres indochinoises. La position neutraliste lui convient alors admirablement, et d'ailleurs il sera au sommet de sa gloire internationale lors de la fameuse conférence de Bandung, où lui, le chef d'un petit pays, se mesurera avec avantage aux géants que sont le Chinois Chou Enlai, l'Indien Nehru, l'Égyptien Nasser et l'Indonésien Sukarno.

Autre moment fort : la venue du général de Gaulle à Pnom Penh en 1966. Le Général prononce un célèbre discours qui conforte Sihanouk dans sa volonté de rester en marge de la guerre qui oppose les États-Unis d'Amérique au Vietnam d'Ho Chi Minh. Mais dans les faits, cette neutralité

est chimérique. Le Vietcong est ravitaillé depuis la Chine à travers le Cambodge par une piste dite Sihanouk. Et c'est à partir de là que vont s'en-chaîner les événements qui conduiront à la catastrophe absolue. C'est-à-dire à la prise de pouvoir des Khmers rouges, dont Sihanouk a d'abord été l'allié, mais dont il sera bientôt le prisonnier. Lui aussi sera pris dans la folie meurtrière qui aboutira au génocide, avec la mise à mort d'un tiers de la population, puisqu'une grande partie de sa propre famille sera massacrée.

Qu'il se soit sorti de cette catastrophe pour reprendre la tête de son pays s'explique par ses capacités politiques, son prestige. Mais en même temps, quel gâchis ! Sihanouk n'aura jamais su donner au Cambodge le régime équili-bré et pacifique, qui aurait épargné le peuple khmer. Il aura, dans trois mois, des obsèques grandioses, consa-crant son mythe relié à la splendeur du passé d'Angkor. La symbolique ne saurait suppléer aux malheurs d'un pays toujours profondément meurtri. Pourtant, le fils qu'il a su ins taller sur le trône, avec moins de prestige et moins de pouvoirs, garde un capi-tal d'amour du peuple qui est l'essence même du principe bienfaisant de la monarchie quand elle donne le meilleur d'elle-même. n

FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 5

ASIE AFRIQUE

par Gérard LECLERC

Norodom SihanoukUn million de personnes pour accueillirle corps du roi-père ramené de Chine, là où on n'en attendait que 100 000 ! La symbolique monarchique fonctionne encore au Cambodge.

Le Rwanda au Conseil de sécurité

L’élection le 18 octobre du Rwanda comme membre non-perma-nent du Conseil de Sécurité de l’ONU nous renvoie vingt ans en arrière. C’est en effet pour la seconde fois de son histoire

que le Rwanda va siéger dans cette instance capitale : la première fois c’était en 1993/1994. Pensez que le Rwanda était membre du Conseil de sécurité pendant le génocide ! Bien sûr le représentant attitré était celui du gouvernement du président Habyarimana puis du gouvernement intérimaire, appelé à voter sur les résolutions concernant son pays ! On sait ce qu’il en advint... Si le Rwanda a été choisi cette année par le groupe Afrique et a recueilli dès le premier tour 148 voix (sur 193 que compte l’Assemblée générale), ne vous y trompez pas : c’est par la volonté du gouvernement rwandais actuel, de toute l’Afrique et ses partenaires que le Rwanda sera au Conseil en 2014 pour le vingtième anniversaire du génocide, afin que soit effacée cette tache indélébile sur l’institution.Cette pensée témoigne d’une vision longue de l’histoire et de l’Afrique en particulier. Comme telle, elle a valu au Rwanda ce spec-taculaire succès diplomatique au moment où son image extérieure était sans doute la plus mauvaise eu égard au conflit qui persiste au Nord-Kivu. Opportunément, le même jour, des fuites sur un rapport de l’Onu (mais il y a tant de maisons au sein de cette vaste institu-tion) révélaient selon les sources une implication directe de l’État rwandais dans les agissements des milices (M23) au Kivu. L’affaire est trop complexe et répétitive pour qu’on puisse ici entrer dans les détails. L’important en la matière est de ne pas confondre propo-sitions principale et subordonnée. Le président Kagame ne cesse d’avertir : le problème est celui du Congo dans son ensemble. Certes, il a ses propres vues sur le devenir de ce grand pays, mais ceci est la proposition subordonnée. La proposition principale, tirée de l’expérience du génocide au Rwanda, est celle d’un nouveau regard de la communauté internationale sur les Africains et sur l’Autre en général. Traduit en termes onusiens, c’est le regard des membres permanents sur les non-permanents : la planète est-elle régie par les cinq titulaires du pouvoir de veto ou par les quinze membres agissant de concert ? à commencer par l’Afrique. La contribution rwandaise au cours des deux prochaines années ne devrait pas être inintéressante.

Dominique DECHERFancien ambassadeur de France au Rwanda

PS : Les renouvellements des membres non permanents se font par moitié (5) chaque année, la durée du mandat étant de deux ans. Pour les années 2013-2014, avec le Rwanda ont été élus l’Argentine, l’Australie, la Corée du Sud et le Luxem-bourg. Ils remplacent des poids lourds : l’Allemagne, l’Inde, l‘Afrique du Sud ainsi que le Portugal et la Colombie. Pour les années 2012-2013, continuent de siéger l’Azerbaidjan, le Guatemala, le Maroc, le Pakistan et le Togo. La réforme de la com-position du Conseil, à l’évidence non satisfaisante, est toujours en discussion.

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ACTUALITÉ

6 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

EUROPE

No u s av ions pr is l ’ h a b i t u d e d e s « sommets de la dernière chance » dans une union

monétaire au bord de la dislocation. L’accalmie sur les marchés financiers a provo-qué un réel soulagement dans les milieux dirigeants et le sommet d’octobre n’a pas donné lieu à des polé-miques spectaculaires ni à des sauvetages in extremis. Les discussions entre diri-geants ont été d’une tech-nicité telle que les médias se sont contentés de présenter brièvement les grands sujets : mise en place du Mécanisme européen de stabilité (MES) et préparation de l’Union monétaire.

Au chapitre des désac-cords, il fallait pourtant inscrire l’union bancaire qui est conçue pour résoudre la crise des établissements de crédit par le biais d’un contrôle européen. Angela Merkel n’est pas pressée d’appliquer les décisions du sommet de juin dernier, alors que François Hollande aurait voulu que cette union soit mise sur pied à la fin de cette année. C’est la chan-celière qui a gagné : il faudra se mettre d’accord sur le

cadre législatif avant le 1er

janvier 2013 mais il n’y a pas de date pour une mise en œuvre annoncée pour l’an-née prochaine sans autres précisions.

Autre pomme de dis –corde : la marche vers le fédéralisme. Les dirigeants

allemands voudraient aller vite sur le plan de la discipline budgétaire : ils proposent la création d’un ministère européen des Finances, qui impliquerait une réforme des traités en 2013. François Hollande, qui se souvient du référendum français de 2005, plaide pour un renfor-cement de l’Eurogroupe afin

de gagner du temps. Rien n’est joué dans ce domaine…

Pour éviter que de timides avancées ne soient confon-dues avec un piétinement, François Hollande a fait des déclarations rassurantes : nous sommes « tout près » d’une sortie de crise pour la

zone euro, la situation de la Grèce sera réglée « définiti-vement » à la fin de l’année et il y aura prise en charge de l’Espagne et du Portugal. Quant à la France, « j’ai fixé l’objectif de réduction du déficit à 3 % pour 2013 et de rétablissement de l’équi-libre des comptes publics en 2017 » .

Ces déclarations incite-raient à l’optimisme si elles n’étaient pas démenties par des personnalités de premier plan et par des économistes tout à fait orthodoxes. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a déclaré que la limitation du déficit à 3 % du PIB avait un « côté absurde ». Comme il est proche de Laurent Fabius, ministre des Affaires étran-gères, il n’est pas interdit de supposer qu’il traduit l’opinion du ministre. Par ail leurs, l ’entourage du président de la République dit en privé que le pacte bud gétaire (TSCG) ratifié par le Parlement ne sera pas appliqué. De ces confidences, on retrouve l’écho dans les articles de Jean Quatremer — dans Libération — et chez les experts réunis sur le plateau de BFM Business le 12 octobre : pour eux, le TSCG est un traité symbolique et la règle des 3 % ne convient pas à tous les pays.

L’opinion française risque d’être déconcertée par le fossé qui sépare les effets d’annonce rassurants et le réalisme des milieux bien informés. Si la Grèce conti-nue de vivre dans le chaos et si les économies de la pénin-sule ibérique continuent de plonger dans la récession, la crédibilité des dirigeants français sera fortement entamée. Ceci en atten-dant le premier bilan de leur action économique, dans une dizaine de mois. n( L'accalmie sur les marchés financiers

a provoqué un réel soulagement

Affrontements feutrés au sommet européen des 18et 19 octobre, mais pas de drame. On avance à pas comptés en songeant à des accélérations foudroyantes.

Sommet sans dramepar Alice TULLE

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FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 7

MARIAGE GAY

Jean-jacques urvoas (PS), président de la commission des Lois de l'Assemblée natio-nale avait prévenu : « Il

est hors de question de consa-crer quinze jours à un texte que le gouvernement a mis cinq mois à faire. » Même si les glissements de calendrier sont courants, les commen-taires vont bon train. Est-ce une façon de reculer pour mieux sauter ?

Du côté des députés de gauche, on dit se réjouir de pouvoir auditionner large-ment, pour faire un grand et beau débat. Moyen de déjouer la posture de tous les opposants au texte gouver-nemental qui dénonçaient l’absence de concertation. Alors que la loi impose désor-mais le processus participa-tif des états généraux pour les questions de bioéthique, comment assumer la préci-pitation à faire voter cette loi ? Ne reconnaît-on pas unanimement qu’elle induit une mutation majeure de la société ?

Le rapporteur du projet, le député PS Erwan Binet, invoque un Conseil d’État « embouteillé ». Confirmation à l'AFP du porte-parole du ministère de la Justice, Pierre Rancé, qui synthétise la version officielle : « Le

Parlement ayant décalé l'exa-men du texte à la mi-janvier pour avoir un délai supplé-mentaire de travai l , le gouvernement a décidé de se donner huit jours de plus pour l'inscrire tranquillement au Conseil des ministres. »

Quelle que soit la fermeté affichée par l’exécutif qui entend faire de ce projet « sociétal » le pendant de l’abolition de la peine de mort, réforme emblématique du début de l’ère Mitterrand, le passage de l’intention à la réalisation pourrait s’avérer compliqué. Tout se passe en effet comme si l'on n’avait écouté que la revendica-tion du lobby « LGBT » (pour lesbien, gay, bisexuel et trans-sexuel) dont le porte-parole s’était permis d’annoncer lui-même la première date de présentation du texte… Le gouvernement aurait-il attendu d’être aux affaires pour découvrir les multiples implications de la promesse — juridiques, sociales… et politiques — et le nombre des personnes concernées ?

Christiane Taubira pro -pose une réforme « limitée » à l’adoption, mais nombre de socialistes, y compris au gouvernement, refusent de

remettre à plus tard l’accès à la procréation artificielle, au moins pour les femmes. Gare au choix truqué alertent les opposants : peut-on logi-quement s’arrêter au droit d’adopter des enfants ? Les premières demandes d’adop-tion seront effectuées par les compagnes de femmes ayant conçu des enfants par insé-mination artificielle, soit à l’étranger, soit « bricolées » en France. Puis des hommes dont le compagnon sera revenu de l’étranger avec un bébé obtenu d’une mère porteuse crieront à la discrimination…

C’est sans-doute la fronde des maires de France qui est observée avec le plus d’at-tention au sommet de l’État. Pour leur président, Jacques Pélissard, « il y a une position unanime de l'association pour dire : on veut être entendus, on veut une concertation ». Dans le même temps, les signa-tures affluent par milliers au mouvement des « Maires pour l’enfance ». Hostiles au projet, ils réclament par ailleurs cette clause de conscience (ou « droit de retrait ») que le gouvernement leur a par avance refusée.

Le « sujet devient explo-sif » constate F rançois

Bayrou. Rallié à François Hollande entre les deux tours de la présidentielle, il estime qu’ « il n'est pas bon, dans la période où nous sommes, qu'il y ait de tels déchaînements dans la société française » et propose l’abandon du mot « mariage ». Les promo-teurs du « mariage gay » auraient-ils autant négligé la complexité de leur projet que l’intensité de la résis-tance qu’il suscite ?

La Caisse nationale des allocations familiales a voté contre le projet… Les évêques catholiques, les représen-tants du protestantisme, et désormais le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, auteur d’un essai solide-ment argumenté et large-ment diffusé par Internet, ou encore le président du Conseil français du Culte musul-man, Mohamed Moussaoui, pourraient libérer la parole au-delà des fidèles de leurs religions.

Quoi qu’il en soit, le mi nistre de l’Intérieur a joué l’apaisement au cours d’une visite à Rome chez Mgr Dominique Mamberti, responsable de la diplomatie vaticane. Pour Manuel Valls, François Hollande estime « logique et légitime que l'Église expose pleinement son point de vue ». Le ton au rait-il changé, alors que les manifestations de rue ne commencent qu'à peine ? n

Deux fois décalée, la présentation au conseil des ministres du texte instaurant le « mariage pour tous » devrait n’intervenir que le 7 novembre, tandis que le débat parlementaire devra attendre mi-janvier. Comment interpréter ces reports ?

Bombe à retardementpar Tugdual DERVILLE

Est-ce une façon de reculer pour mieux sauter ? )

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DOSSIEREntREtIEn avEc DaMIEn LE GUaY

8 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

Damien Le Guay avait analysé, dans un essai audacieux, ce que les individus et la société avaient perdu en perdant la mort (1). Il poursuit sa réflexion dans un petit livre sur la crémation (2). Pourquoi une personne sur trois en France renonce-t-elle aujourd’hui à l’inhumation ? En France, en 2010,30 % des funérailles se sont passées au crématorium, contre seulement 1,8 % en 1983.

semble-t-il, sur la crémation elle-même. La pre-mière raison, la plus forte, à hauteur de 35 %, est de dire : « Je  ne  veux  pas  être  à  la  charge  de  mes enfants.  Je  ne  veux  pas  peser  sur  mes  enfants  et donc je préfère par avance réclamer la crémation. » La deuxième raison, qui est forte aussi, l'ensemble des deux atteint les 24 % de réponses, est de dire : « Je ne veux pas polluer par mon corps, je ne veux  pas  être  une  charge  pour  la  nature. » Donc une raison écologique.

Ces deux raisons montrent bien que quelque chose a changé quant au monde futur, le monde d'après le mort. Une question se pose, absolument centrale, qui est celle de la place que le mort aura dans le monde des vivants. Est-ce qu'il n'y a pas un arbitrage qui est fait ou qui se fait de plus en plus, entre le monde des vivants et le monde des morts ? Nous avons assisté jusqu'à présent à une cohabitation de l'un avec l'autre, à une nécessaire cohabitation. Comme quoi le monde des vivants et le monde des morts allaient ensemble, et qu'ils étaient indispensables l'un à l'autre. Et l'on peut dire que depuis 100 000 ans, date imaginaire ou réelle du premier enterrement, il y a eu cette nécessaire cohabitation. Est-on en train de sortir de ce monde-là ?

n Ce que vous évoquez me fait brusquement penser au début du livre de Philippe Muray, Le dix-neu-vième siècle à travers les âges, parce que pour lui, le grand renversement, c'est le transport des osse-ments du cimetière des Saints-Innocents vers les Catacombes de Paris.

Exactement ! Quelques années avant la Révolution française. Ce que dit Philippe Muray, c'est qu'il y a eu, là à Paris, cinq siècles de cohabi-tation avec la mort. Et ce qu'il rapporte de si belle manière, c'est qu'à un moment on a considéré,

n Comment cela a-t-il commencé et qu'est-ce qui a produit cette véritable vogue ?

Damien Le Guay : Il y a deux choses. La pre-mière c'est que cette « vogue » de la crémation est relativement récente en tant que phénomène de soc iété . On peut dater ça d'il y a dix ans. Avant, ça s'est maintenu pendant très long-temps autour de 1 %. Nous sommes aujourd'hui à 35 % en France et ce phénomène ne fait que croître et embellir. On peut penser que dans dix ans on sera à 50 % des morts qui passeront par la crémation.

Deuxième point. J'ai essayé dans mon bouquin d'interroger les raisons de ce phénomène. Et il y a un élément sur lequel j'ai particulièrement insisté qui est les intentions. Pourquoi est-ce que les Français souhaitent la crémation et donc pourquoi ils acceptent la crémation ? Il y a deux motivations principales qui en disent long, me

propos recueillis par Gérard LECLERC

L'expulsion du défu nt du monde des vivants

Damien Le Guay et Gérard Leclerc.

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pour une raison d'hygiène, qu'il fallait déplacer ces morts. On a délocalisé la place centrale, qui était le cimetière des saints-Innocents, à l'extérieur de Paris. Moi, il me semble que la crémation, c'est le point ultime de cette évolution, analysée ô com-bien de façon intelligente par Philippe Ariès. Ariès explique que la mort est devenue une étrangère, qu'elle constitue une incongruité, une porno-graphie comme dit Gorer. Quelque chose qui est inacceptable. Et il me semble que la disparition ultime du corps, ce qui est le cas de la crémation, est le point ultime.

n Pourquoi ?

Pour deux raisons. La première c'est qu'en France il y a un problème de la destination de l'urne funéraire. Ce n'est pas le cas pour les Allemands dont la législation stipule qu'elle doit obligatoirement rejoindre le cimetière. En France, depuis 1976, il y a des urnes mobiles, qui sont remises aux familles à hauteur de 70 % et celles-ci en font ce qu'elles veulent. Depuis 2008 les choses ont un tout petit peu changé, grâce au sénateur sueur, mais il n'empêche qu'il y a un

problème. Un, de disparition du corps. Deux, de déritualisation parce que la crémation donne lieu à des moments, des cérémonies des plus déritua-lisés.

n Alors ça, je n'y ai jamais assisté, j'avoue que j'ai une répulsion, personnellement, contre ce genre de choses. Mais d'après ce qu'on m'a raconté, il y a quand même un rite, une espèce de chapelle, où l'on procède à la crémation ?

Au Père-Lachaise, il y a une magnifique cha-pelle construite vers la fin du XIXe siècle, qui est un peu, disons New-Age avant l'heure, où il y a beaucoup de décorum et où effectivement peu-vent se célébrer des cérémonies dans le meilleur des cas. On met une petite musique, il y a des adieux. Il y a quelque chose qui peut se passer, mais de manière générale, dans l'ensemble il y a une ritualisation beaucoup plus faible. Il y a donc bien un lien entre la ritualité, la crémation et la disparition du corps. Et puis l'autre chose, c'est effectivement le fait que, maintenant, ces urnes sont retrouvées, qui dans les greniers, qui sur les

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La mort est devenue une

étrangère

L'expulsion du défu nt du monde des vivants

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vide-greniers, car on ne sait pas très bien quoi en faire. Donc il y a un vrai problème que les sociologues, qui s'intéressent à ces questions, ont indiqué à plusieurs reprises : quelle est la juste place ou la juste fonction des obsèques ? C'est d'une part de montrer l'affection que l'on a à l'égard de celui qui n'est plus là et deuxièmement, séparer le mort des vivants, mettre le mort du côté du monde des morts et ramener le vivant du côté des vivants. Cette séparation sur laquelle insiste particulièrement Patrick baudry est indis-pensable. La crémation, les obsèques qui font que la part de sépara-tion se fait plus diffici-lement, la confusion des espaces, avec l'urne qui peut aller ici où là, l'ab-sence de lieux publics, pose la question : où est le mort ? Et donc la dif-ficulté pour la famille et pour les amis de pouvoir aller se recueillir auprès de ce mort, introduit un flou, une difficulté, un problème, presque de frontière anthropologique, entre les vivants et les morts. Cette probléma-tique, et c'est ce que j'essaie de faire dans mon livre, il faut en prendre conscience et y réfléchir.

n Il doit y avoir un début d'explication au fait que la crémation s'emballe depuis dix ans. Les sociologues s'y sont-ils intéressés ?

Il n'y a pas grand-chose sur le sujet. Ariès, par exemple, est mort avant que cette vogue ne commence et n'a donc pas étudié cet aspect des choses, même si elle existait dans d'autre pays et même en Europe, et si d'autres pays nous ont précédés sur cette vague de la crémation. Mais je crois qu'il y a plusieurs éléments. Il y a « ce monde  de  plus  en  plus  immonde », c’est-à-dire ce monde qui accueille de moins en moins. Il y a aussi cette séparation intégrée par avance entre les vivants et les morts. troisièmement, il y a une perte, un  no  man’s  land anthropologique comme dit Jean-Pierre Le Goff, qui fait que les éléments de repères, à la fois de rituel, d'anthropologie, de la place des uns par rapport aux autres, tout cela s'est progressivement évanoui.

n Est-ce que ce n'est pas lié au phénomène urbain ?

Dans les motivations qui sont avancées, il y a effectivement le déplacement de population, l'urbanisation, l'éclatement des familles. tous ces éléments me semblent périphériques par rapport à ce phénomène et par rapport aux intentions que j'ai indiquées. Le besoin que l'on peut considérer comme ancestral, comme anthropologique, de la

succession des générations, et pour reprendre ce que dit Arendt, le monde comme ce qui reçoit le nouveau-né, ce qui accueille le nouveau-né, (l'enfant qui ne parle pas, et qui accède au monde), la prise de responsabilité de l'adulte à l'égard du monde et, la néces-saire transmission, ce besoin disparaît. Le monde, avant d'être une surface, est avant tout la conscience d'être des héritiers et des transmet-teurs. Cette conscience-là, se retrouve au moment des obsèques et de la fin de vie, de sorte que les générations nouvelles , les survivants , prennent en charge, redon-nent pour partie ce qu'ils ont

reçu à celui qui n'est plus dans une juste trans-mission des générations. Ce sens-là, il est clair qu'il a en partie disparu. Dès lors au moment de la fin on ne sait plus très bien quoi faire de ce corps encombrant. Celui qui est encore vivant et qui sait qu'il va mourir, par avance accepte sa disparition. Il y a là un enjeu très fort.

n Vous parlez de dislocation des familles, et cette dislocation concourt à cette rupture ?

Dans mon livre je ne parle pas de ça. Il me semble que le problème essentiel, c'est qu'il y a quand même une permanence de civilisation qui est bien cet enchaînement, cette passation d'une génération à l'autre et cette responsabilité. Le corps c'est bien l'expression même de la respon-sabilité. Et donc garder le corps, c'est bien garder la responsabilité que les vivants ont à l’égard du mort, donc à l'égard de leur propre mémoire, donc à l'égard de la mémoire de celui qui n'est plus. Donc à l'égard de ces intrigues d'altérité, dont parlait Ricœur, de ce lien et de cette constitution de soi-même qui s'est faite grâce à la contribution

Il s'agitd'occuper la place la plus

petite possible du côté des

morts

Le crématorium du Père-Lachaise.

D.R.

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de celui qui n'est plus. Le corps mort, la crémation comme symptôme d'une mémoire morte, quelque chose qui nous encombre et qui fait que nous sommes de plus en plus dans le présent immédiat. Il y a une vraie tyrannie de ce qu’on peut appeler le présentisme.

n Mais la volonté de crémation est d’abord du côté du défunt ?

Exactement. Ce qui déjà en soi est une révo-lution. Le schéma classique, ce sont les survi-vants qui prennent en charge et même qui payent comme pour redonner symboliquement au défunt la monnaie de sa pièce, prendre en charge ce qu’il nous a donné. Maintenant, grâce aux contrats obsèques, grâce à l'expression des volontés par-ticulières, non seulement le vivant-futur mort décide de son mode de sépulture, non seulement, lui-même paie par avance (il met de côté de l'ar-gent pour payer ses propres obsèques), mais en plus son souhait, c'est de ne pas affecter, ne pas perturber les survivants. En plus de disparaître, corps et âme, ou corps au moins, complètement et de laisser les vivants avec les vivants, il s’agit d’occuper la place la plus petite possible du côté des morts. Quand on est face à cela, comme en France, on s’aperçoit que la crémation est de nature nihiliste, qu’elle ne repose sur aucune conviction et qu’elle consiste d’abord à évacuer le défunt. Ce n’est pas forcément le cas dans d’autres pays (comme le Japon) et dans d’autres civilisations où une crémation religieuse s’accorde avec une tout autre symbolique.

n Une chose me frappe en vous écoutant, c'est que, quand je repense à Ariès et à Muray, ils expliquent que ce renversement du rapport à la mort à l'origine n'allait pas à l'encontre du rituel. Je me souviens qu'Ariès m'avait expliqué au moment de la publica-tion de son gros livre, qu’il revenait de Washington, où il avait travaillé dans une fondation américaine. Il m'avait décrit la capitale des États-Unis sous le mode d’une espèce de nécropole, toute orientée dans le sens d'une commémoration des Pères fon-dateurs. Et Muray dans son livre place le Panthéon au centre de sa démonstration. Cet édifice monu-mental est extraordinairement symbolique. Cela ne signifie-t-il pas qu’au XIXe siècle la mort était conçue en rupture avec la tradition chrétienne mais qu’elle était en même temps resymbolisée dans un espace non chrétien ? Ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui.

Le livre de Damien Le Guay

La question est presque tabou. Seuls pour l’instant les roman-ciers ont osé l’aborder, Milan Kundera, ou François Taillan-dier récemment, dans un chapitre plein d’humour de son

Time to turn. Il raconte la dispersion des cendres de François Rubien par ses enfants, en catimini, dans une rue de Belleville. « Jeanne, Nicolas, Philippe, Emmanuelle et Maurice bredouillent un "Je vous salue Marie" sur le trottoir et dès le lendemain de bonne heure, une arroseuse de couleur verte descendrait lentement la rue de Belleville, ex-pédiant sur le caniveau son jet horizontal et désinfectant. » Comment en est-on arrivé là ?Damien Le Guay rappelle avec les anthropo-logues et les psychanalystes la violence faite aux vivants quand le corps aimé est basculé dans un four, quand les cendres se promè-nent dans l’urne d’un coffre de voiture à un dessus de cheminée, quand il n’y a pas de lieu pour vivre le deuil, quand il n’y a plus de tombe pour faire mémoire des disparus.Mais surtout il prend la crémation comme un indice psychologique et social. « Ce désir de cendre, ce souhait d’effacement est la conséquence ultime d’un échec social de sin-gularisation. Le corps, même s’il est en voie de décomposition, reste ce que nous avons de plus singulier. » Des obsèques bâclées, symbole de vies ratées ? Choisir la crémation serait l’indice que nous n’avons rien à transmettre, ou rien envie de transmettre aux survivants. « L’inhumation réussie suppose un échange, une trans-mission ». Le corps, éperdument sacralisé jusque dans la vieillesse, deviendrait soudain encombrant. Le corps n’est plus une identité mais le moyen de la jouissance. La mort venue, plus besoin d’un corps encombrant puisqu’il n’y a plus de plaisir physique à es-pérer. On est passé de la notion de « corps qui est moi » à celle de « corps qui est à moi » et dont j’use comme bon me semble. Quand il est fini, on le jette au feu.La mort rapetissée est le signe également de la fatigue de la vieille Europe. Car la civilisation est née le jour où les hommes ont com-mencé à enterrer les défunts. La philosophe Chantal Delsol, dans un essai important intitulé L’âge du renoncement, a montré que notre culture européenne était parvenue à un stade de résigna-tion sereine, de renoncement à tous les défis de la royauté de l’homme. Elle pense que notre civilisation est en train de revenir à l’ère préchrétienne. Ce monde païen où l’on brûlait les corps…L’ouvrage de Damien Le Guay, plein d’audace et de poésie, aborde avec délicatesse mais aussi franchise les questions que chacun doit se poser pour choisir sa mort, et se donner les moyens de préparer une belle mort.

Philippe VERDIn

Damien Le Guay, La Mort en cendres – la crémation aujourd’hui, que faut-il en penser ? Cerf, 202 p., 17 e.

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tout à fait. Pour reprendre le cas du Panthéon, il a eu deux naissances. La première avec Mirabeau au moment de la Révolution française. La deuxième, en 1885, avec l'entrée de Victor Hugo. Entre-temps, Napoléon III avait redonné le Panthéon au culte catholique. Ces deux nais-sances laissent à penser qu'il y a un culte laïque, un culte de l'histoire, un culte de la nation à l'égard de ses grands hommes. Mais parallèle-ment, avec la Première Guerre mondiale puis la seconde, un renversement s’est produit suscité par la honte, celle qui fait passer la mort du côté des coulisses ou dans l’arrière-bou-tique. Et il me semble que dans la continuité de ce que dit Ariès qui n'a pas vu ce développe-ment de la crémation, il y eut cette rupture particulière.

Il y a un moment dont je parle dans mon livre qui est essentiel. En 1976-1977, au même moment, deux liens anthropologiques ont été per-turbés. Celui du ventre de la mère au berceau, et à six mois d'intervalle, le lien constant entre le lit du mort et le cime-tière. Ces deux liens, au même moment ont été perturbés. La loi sur l'avortement et le décret, signé, lui aussi pour partie par simone Veil, qui vient donner la libre circulation des cendres et donc le fait de remettre aux familles les urnes. Au même moment il y a eu cette double perturbation anthropologique entre l'avant et l'après du devenir des hommes.

Pour aborder un autre sujet, je renvoie au livre de Piotr Kuberski qui s'appelle Le  Christianisme et  la  crémation.  L’auteur insiste sur un décret du 5 juillet 1963, publié entre deux sessions de Vatican II. l’église catholique a décidé de tolé-rer la crémation, alors qu’elle avait été interdite par Léon XIII en 1886. À la fin du XIXe siècle, les francs-maçons en avaient fait un symbole de résistance au christianisme.

n Pensez-vous que c'était une sorte de négation de la résurrection des corps ?

Ce qui était clair, d'où l'interdiction, c'était que le développement de la crémation en France et en Italie, qui s'est fait à ce moment a été promu par

ceux-là même qui étaient frontalement en oppo-sition avec l'église, en opposition avec ce qu'elle disait, son emprise… Et donc il y avait un fond idéologique très fort.

Ce texte, qui fait autorité dans l'église catho-lique depuis, introduit une rupture entre cette église et les autres monothéismes puisque les juifs et les musulmans sont contre la crémation.

n Peut-être l'Église a-t-elle été sommée de l'extérieur par une pratique qui montait en puissance et devant laquelle il fallait adopter une position. Devait-elle être de rejet, devait-elle être accommodante tout en rappelant les principes fondamentaux de l'an-thropologie chrétienne ?

Oui, je cite : « L'Église a  toujours voulu encou-rager  la  pieuse  et  constante  coutume  d'ensevelir les corps des fidèles  […] pour ne pas affaiblir  l'at-tachement des fidèles à  la tradition ecclésiastique et  pour  qu'il  apparaisse  clairement  que  l'esprit  de l'Église  est  étranger  à  la  crémation. » Donc il y a bien un esprit qui est étranger à la crémation. C’est ce qui est le plus souligné : « L'Église  n'est pas  opposée  et  ne  s'oppose  pas  à  l'incinération » et « l'incinération  du  corps  ne  touche  pas  à  l'âme et  n'empêche  pas  la  toute-puissance  de  Dieu  de rétablir  le  corps,  de  même  elle  ne  contient  pas  en soi  une  négation  objective  de  ses  dogmes. » Pour autant que le fidèle professe effectivement sa foi.

n Quelles sont les proportions de crémation du côté chrétien ?

Plus on est pratiquant et moins on recourt à la crémation. Ce qui ne veut pas dire que la cré-mation ne se fait pas du côté catholique. Mais n'y a-t-il pas une incompatibilité ?

n Pour moi si. J'ai un souvenir personnel difficile, Je me souviens d'un couple d'amis où la jeune femme s'était suicidée. Elle se débattait dans des difficultés philosophiques et, bien que venant d'un milieu chrétien, elle avait professé à un moment un athéisme agressif. Après son suicide, j'avoue que sa crémation a été dure à encaisser, parce que j'avais interprété ça comme un signe nihiliste. J'avais peut-être tort mais cela m'avait profondé-ment choqué. Et je dirais que tout ça est direc-tement contraire aux images de mon enfance. Le petit village natal de mes parents, Santes, était un village à la personnalité très forte dans un pays de

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chrétienté où les deux tiers des enfants allaient dans des écoles tenues par des religieuses et des frères. Tout le village était construit autour d'une église ancienne, église entourée par le cimetière. On allait à la messe le dimanche et naturellement après on allait sur nos tombes. J'avais une famille nombreuse, du côté de ma mère et de mon père, et on allait prier sur toutes les tombes de la famille. C'était un geste naturel qui prolongeait la liturgie dominicale. C'est pour moi une image très forte parce que c'est une image de chrétienté. C'est vraiment ce dont parle Muray : la cohabitation des morts qui sont complètement intégrés à la vie des vivants, et cette prière continue. Dans ce cimetière, les tombes sont particulièrement soignées, elles sont sans cesse fleuries. Pour moi, ce phénomène de la crémation c'est un peu un phénomène d'invo-lution. Toute cette civilisation est niée. Évidemment ça a aussi des implications métaphysiques et théo-logiques profondes, parce que ce qui est en cause, comme je l'ai dit à propos de cette amie, c'est la destinée, le corps, la conception du corps.

Justement, on est d'accord que dans le chris-tianisme comparé aux deux autres monothéismes, il y a quelque chose d'essentiel, si ce n'est de central, qui est l’incarnation, la venue corpo-relle du Christ, le corps de l'église, le corps du Christ eucharistique, le corps glorieux, la résurrec-tion des corps. Donc on peut dire que la religion chrétienne est avant tout une religion du corps. Nier le corps et le réduire d'un coup d'un seul en cendres, n'est-ce pas quelque chose qui est contraire à cette théologie du corps ô combien centrale dans le christianisme ?

n Spontanément c'est toujours ce que j'ai senti. La cérémonie des obsèques autrefois, était une liturgie grégorienne somptueuse et, au centre, il y avait ce corps exposé. On continue d’ailleurs à bénir le corps, à l'encenser, lui qui est promis à la résurrec-tion. Donc je suis d'accord avec ce que vous avez dit. Pour moi la crémation reste une sorte d'atten-tat contre le cœur du christianisme.

J'ai rencontré récemment Dalil boubaker, le recteur de la Grande mosquée de Paris, qui m'a apporté deux éléments complémentaires à la compréhension de ces problèmes. Il dit d'abord que le Dieu des musulmans a besoin d'une manière ou d'une autre de retrouver une empreinte, un signe, une trace qui puisse lui permettre de se manifester. s'il ne trouve rien il ne peut agir, et les cendres c'est bien la négation

même de toute trace. également, se référant à une discussion qu'il avait eue lui-même avec un grand rabbin, il rappelait que le corps est, pour les juifs, la somme de la vie d'un individu, ce qu'il a traversé, ses souffrances, son expression personnelle… Et donc cette violence faite au corps était considérée par le grand rabbin, et par boubaker, comme une négation, d'une certaine façon, de la somme de cette vie.

Mon intention n'est pas de condamner la crémation, mais juste de dire, qu'il faut qu'il y ait une prise de conscience dans les familles pour parler de ce sujet avant. Parce que dans l'es-sentiel des cas, les familles prennent conscience de la volonté du défunt après le décès. Et là il y a une sorte de violence supplémentaire qui se rajoute, d'incompréhension dans bien des cas et aussi de contradiction entre l'intention des familles et l'intention du mort. La première chose qui me semble nécessaire, c'est de pouvoir, préa-lablement à sa propre mort, quand une décision a été prise ou va être prise, que ceux qui veulent la prendre en parlent à leurs survivants, à leurs enfants, à leurs familles, pour que, au moins, tout le monde soit en harmonie. Il faut qu'on comprenne pourquoi les uns et les autres sou-haitent le faire, parce que l'expérience montre, et j'en rapporte pas mal dans mon livre, qu'il y a des violences successives qui sont faites : la simul-tanéité, le fait que les familles sont juste à côté des fours où le corps est brûlé, le fait que ces violences créent des malaises supplémentaires au moment même où le deuil n'est pas encore accompli. Il y a donc quelque chose de violent, ressenti comme tel par les familles et pour se prémunir contre cela, la première des choses serait que les personnes qui désirent choisir la crémation, dans le cas des contrats d’obsèques en particulier, en parlent à leur famille et puis-sent au moins avoir un dialogue avec eux sur leurs raisons et peut-être éviter que le choix de la crémation soit une option qui se fasse contre la famille. Il vaut mieux que ce soit fait en bonne intelligence et éviter ces chocs, ces surprises, ces violences ressenties qui ne sont pas de bon aloi au moment de faire son deuil. n

Dansl'essentiel des cas, les

familles prennent

conscience de la volonté du défunt après

le décès

(1) La Mort en cendres – la crémation aujourd’hui, que faut-il en penser ?, Cerf, 202 p., 17 e.

(2) Qu'avons-nous perdu en perdant la mort ?, Cerf, 167 p., 17 e.

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Le Christ, en venant parmi nous, s’est penché sur toutes sortes de maladies et de handicaps : sourds, boiteux, paralysés, perclus, hé-morroïsses, etc... qui ont été l’ob-

jet de ses soins et bénéficiaires de ses guérisons. Le spectacle de la souffrance humaine lui a arraché des larmes et il ne s’est pas résigné aux diminutions qui privent l’homme de l’une de ses facultés. Mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas seulement de gestes de bonté, chaque guérison est une parabole en acte, où le Maître révèle le projet de Dieu sur notre humanité qu’il rêvait belle et heureuse et qu’il rétablira un jour en perfection lors de la résurrection. S’il nous a donné des yeux, c’est qu’il nous veut capables de voir la splendeur de la création, les visages de nos frères, son œuvre dans le monde ; s’il nous a donné une bouche et des oreilles, c’est pour nous rendre aptes à échanger avec nos semblables une parole vraie et profonde et à entendre le chant des anges pour partager leur joie ; il a tissé avec un soin infini nos corps, dans leur beauté et leur souplesse, comme le moyen gracieux d’avancer, de danser, d’embrasser ceux que nous aimons et de leur témoigner af-fection et soutien...

Les guérisons que le Christ pratique nous redonnent le mode d’emploi de notre être. C’est particulièrement net dans le domaine sensoriel, si essentiel pour la qualité de notre vie : voir, tou-cher, entendre, ce sont autant de portes ouvertes sur le monde et sur les autres, l’occasion de louer Dieu pour les biens qu’il nous donne ; leur privation totale ou partielle nous affecte profondément.

Certes, nous pouvons mal en user : le regard peut devenir le vecteur de la convoitise, comme le remarque Jésus lui-même (Matthieu 5,28 : « Quiconque re-garde une femme avec convoitise a déjà, dans  son  cœur,  commis  l'adultère  avec elle »), l’oreille peut satisfaire la « déman-geaison d’entendre », comme le dit saint Paul (2 Timothée 4,3) ; la cécité, comme le mutisme ou la surdité, vient parfois sanctionner un usage déraisonnable de ces dons, ou châtier l’incrédulité (comme Zacharie, père de Jean Baptiste).

Si, grâce à Dieu, nous avons l’usage de nos yeux et de nos oreilles, c’est un don précieux dont il faut apprendre à user droitement. L’œil nous livre d’emblée un spectacle que nous pou-vons maîtriser, embrasser d’un regard, construire par la pensée, mais nous pou-vons nous laisser fasciner par lui, pris au piège d’un éclat passager qui, loin de nous ouvrir à l’invisible qui se laisse de-viner dans toute chose vraiment belle, nous enferme en nous-mêmes, nous ra-mène à nos envies les plus immédiates, et nous laisse ensuite déçus et blasés. Il faut une éducation du regard, savoir bien souvent fermer les yeux devant ce qu’il ne convient pas de dévisager, cher-cher la compagnie de ce qui est authen-tiquement beau et qui élève l’âme, et, là, demeurer et aller toujours plus loin, jusqu’aux frontières de l’indicible.

L’oreille travaille avec le temps : au-cune parole ne se délivre dans l’instant, c’est peu à peu, de phrase en phrase, que se dévoile le sens d’un message, et la musique n’est pas seulement une succession de sons, c’est une phrase qui

s’écrit progressivement et nous donne son secret à la fin. La parole entendue suppose l’écoute attentive, sinon tout peut être pris à contresens, elle dépend aussi de ce que l’interlocuteur est prêt à livrer de lui-même : rencontre de deux libertés, grâce toujours nouvelle de la compréhension. Je peux plus difficile-ment me boucher les oreilles que fermer les yeux, et pourtant il y a des paroles qu’il vaut mieux ne pas entendre, des paroles malheureuses, inspirées par la méchanceté, la flatterie ou la médi-sance, qu’il faut effacer de son cœur. Il est aussi des paroles qui sont de petits cadeaux du ciel, des mots vrais, pro-fonds, pleins de lumière, qu’il faut re-cevoir dans un cœur reconnaissant, et puis garder. Et parmi ceux-là, au pre-mier plan, les paroles du Seigneur, ces mots inouïs et tout simples par lesquels il nous dit, à sa façon, la tendresse et l’exigence qui sont les siennes.

Alors, Seigneur, « pas seulement  les pieds,  mais  aussi  les  mains  et  la  tête!  »  Les yeux, les oreilles et cœur, tout... n

30e dimanche ordinairePremière Lecture : Jérémie 31.7-9Psaume 126.1-6Deuxième Lecture : Hébreux 5.1-6Évangile : Marc 10.46-52.

Lectures

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30e semaine du temps ordinaire

Dimanche [28 octobre] :XXXe Dimanche du Temps Ordinaire1. Jésus qui vient lui-même au-devant des exilés, leur prépare une place sur la terre promise (lecture du livre de Jéré-mie).➤ Adorons le Bon Pasteur qui prend soin de chaque brebis.Point  spi  :  courons  au-devant  de  ceux que Dieu nous envoie.2. Jésus qui est capable de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par fai-blesse (lecture de la lettre aux Hébreux).➤ Adorons notre Grand Prêtre compa-tissant.Point spi : soyons capable de deviner les détresses qui nous entourent.

L’aveugle de Jéricho10. 46 Ils arrivent à Jéricho. Puis, comme il sort de la ville avec ses dis-ciples et bon nombre de gens, un mendiant est là assis au bord du che-min ; c’est Bartimée, le fils de Timée, et il est aveugle. [...]

dimanche 28 octobre (année b)

par le Père Michel Gitton

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L’aveugleet le boiteux

Semaine de la Toussaint.

par le Père Michel Gitton

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FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 15

30e semaine du temps ordinaire3. Jésus qui rend la vue à l’aveugle de naissance, comble et même dépasse ses at-tentes (lecture de l’évangile de saint Marc).➤ Adorons notre Rabbi (rabbouni !), qu’il fait bon suivre partout où il va.Point spi : n’ayons pas peur de crier pour attirer l’attention de Jésus.

Lundi [29 octobre] : La femme courbée - la sainteté comme redressement (Luc 13, 10-17)1. Compassion de Jésus pour la pauvre humanité courbée, incurvée, rivée à la terre, ne voyant pas plus loin que le bout de ses pieds.➤ Adorons Jésus tout droit, bel olivier dans la Maison du Père.Point  spi  :  ne  sous-estimons  pas  les contraintes  qui  pèsent  sur  nos  frères, soyons compatissants.2. Solidarité de Jésus, qui a accepté de se courber pour nous sous le poids de la Croix, qui a accepté le fardeau écrasant du mal du monde.➤ Adorons Jésus qui prend « sa » Croix et qui la porte, vraiment.Point  spi  :  Proposons  notre  aide,  et  ne saisissons pas la croix de nos proches du bout des doigts.3. Attente de Jésus de voir son église droite, retrouvant sa dignité et son as-surance.➤ Adorons Jésus fier de son épouse bien droite, et admirant son port de tête.Point  spi  :  ayons  la  fierté  de  notre  église, même si nous savons ses faiblesses, ne lais-sons pas dominer l’impression négative.

Mardi [30 octobre] : Le grain de sénevé et le levain (Luc 13, 18-21).1. Sollicitude de Jésus pour sa planta-tion, conscient du rythme de chacun, prêt à attendre le moment favorable, l’ouverture inespérée de nos libertés. ➤ Adorons Jésus dans sa patience de jardinier avisé.Point spi  : ne gâchons pas  l’œuvre en-treprise par une hâte maladroite.2. Joie de Jésus devant ce grand arbre qui a fini par pousser et où s’abritent tous les oiseaux du ciel. ➤ Adorons Jésus dans sa joie de jardi-nier comblé.Point  spi  :  ne  nous  décourageons  pas devant la répétition des mêmes efforts.3. Corps à corps de Jésus avec nos li-

bertés, comme avec une pâte rebelle qu’il s’agit d’assouplir, de rendre légère. ➤ Adorons Jésus saisissant à bras le corps notre humanité malade.Point  spi  :  ne  nous  contentons  pas  de bonnes paroles, mettons la main à la pâte !

Mercredi [31 octobre] : La porte étroite et le grand festin (Luc 13, 22-30)1. Jésus qui ne nous facilite pas le travail, qui ne cherche pas à nous convaincre coûte que coûte, qui semble se résigner au départ de certains.➤ Adorons Celui qui se retire en nous di-sant : « comprenne qui pourra » (Mt 19, 12).Point  spi  :  assurons-le  tout  de  suite de nos sentiments, de notre désir de  le suivre, coûte que coûte.2. Jésus qui refuse de se laisser forcer la main par ses anciens amis, qui reste libre même à l’égard de ceux qui se croient des droits sur lui.➤ Adorons Celui qui peut nous dire : « Je ne vous connais pas ! ».Point spi : ne faisons pas valoir nos états de service.3. Jésus qui accueille avec une immense générosité ceux qui sont loin, qui ne crée aucune distance avec eux et qui, pour eux, semble oublier ses plus proches.➤ Adorons Celui qui ouvrira un jour les portes du Ciel aux boiteux et aux mal-fichus.Point spi : voyons dans l’incroyant ou le mal croyant l’interlocuteur privilégié.

Jeudi [1er novembre] : Saint Jour de la Toussaint1. Jésus qui nous fait entrevoir le bon-heur des saints pour nous donner le goût d’avancer.➤ Adorons le Roi de la Cité Sainte, l’Agneau vainqueur entouré des « brebis spirituelles » associées à son triomphe.Point spi : refusons la grisaille, la moro-sité, le pessimisme.2. Jésus qui nous explique la route à suivre : « Heureux… », qui nous parle de la joie dans les larmes, de la force du pardon, de la soif salutaire de justice.➤ Adorons le Maître qui enflamme nos cœurs du désir de la sainteté.Point  spi  :  Prenons  au  sérieux  le  rude chemin que nous tracent les Béatitudes.3. Jésus qui nous permet de laver nos âmes dans son Sang, qui nous rend peu à peu notre beauté perdue.➤ Adorons le Crucifié dont nous re-

cueillons le sang coulant de ses plaies.Point spi : ne nous habituons pas à nos souillures.

Vendredi [2 novembre] : Commémoration de tous les fidèles défunts1. Jésus qui n’a oublié aucun de nos dé-funts, tous sont gardés dans son cœur.➤ Adorons le Seigneur des vivants et des morts, celui qui n’abandonne pas nos frères défunts.Point spi : Gardons mémoire de ceux à qui nous devons la vie de l’âme et du corps.2. Jésus qui seul voit nos défunts sous leur vrai jour, qui les rectifie et les purifie.➤ Adorons le Seigneur et des morts et des vivants, celui qui, en jugeant, guérit.Point spi  : Présentons au seigneur, à la messe, nos frères défunts.3. Jésus qui nous permet d’œuvrer dans la communion des saints, qui nous unit à tous ses membres souffrants.➤ Adorons celui qui dans son Cœur, fait l’unité de son corps mystique, qui rassemble le ciel et la terre dans son offrande d’amour.Point  spi  :  offrons  des  petits  sacrifices pour nos frères défunts.

Samedi [3 novembre] : Les invités qui choisissent leur place (Luc 14, 1.7-11) 1. Jésus spectateur attristé de nos petites rivalités sur la place que nous occupons, Lui qui n’a pas jugé bon de « revendiquer son droit ».➤ Adorons le Verbe incarné, qui s’est dépouillé de tout pour nous.Point  spi  :  soyons  sensibles  au  ridicule de nos rivalités.2. Jésus, qui nous apprend à prendre, quand il le faut, la dernière place, qui nous détache ainsi de nous-mêmes avec l’audace d’un Maître très aimant.➤ Adorons l’Ami qui peut nous deman-der de le suivre jusque là dans un abais-sement volontaire.Point spi  : faisons, de temps en temps, des  exercices  d’assouplissement  pour garder notre cœur libre.3. Jésus, qui nous met à la première place de son amour, qui nous élève très haut dans son cœur.➤ Adorons l’Ami qui peut nous entraî-ner avec Lui dans les hauteurs.Point spi : rappelons-nous notre joie quand nous avons pu nous oublier vraiment. n

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esprit

16 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

si l'exégèse a pour objet de révéler le sens de la Bible, d ’of fr ir « une  interpréta-tion  cor diale,  intérieure  mais surveillée  par  la  conscience 

de  la  totalité  des  Écritures,  un  éclai-rage  de  la  relation  à  Dieu », le dernier livre de Jacques Cazeaux est un grand ouvrage d’exégèse. Son projet est ori-ginal. Il choisit de tourner le dos à la méthode qui tente d’interpréter le sens des textes bibliques à partir d’hypothé-tiques enjeux culturels, politiques ou rituels de l’époque. Il préfère confronter les textes du Nouveau Testament à la tradition de l’Ancien. Il utilise l’analyse littéraire plutôt que l’analyse histo-rique.

« Pourquoi  ne  pas  quitter  le  rail d’une  histoire  des  évangiles  fondée  sur l’histoire hypothétique des églises, pour partir  de  leur  texte,  et  non  plus  des besoins  présumés  des  communautés ? » Et de dérouler sa conception de l’exé-gèse intertextuelle : « Pour  entendre, pour  lire,  il  faut  une  méthode.  Entre la  parole  et  l’auditeur,  lequel  ajoute-ra  foi  ou  non,  il  faut  une  méthode,  un chemin.  Or,  devant  le  Livre,  devant  un texte sacré comme devant tout texte, le chemin  raisonnable  n’est  autre  qu’une recherche  littéraire,  adaptée  par  défi-nition  à  des  livres,  à  des  faits  de  litté-rature.  Dans  le  cas  de  la  Bible,  c’est  la 

connaissance  cordiale  du  "corpus",  de la  totalité,  qui  réglera  l’interprétation locale. »

L’autre originalité de cet essai, c’est qu’il propose comme hypothèse que l’Évangile de Marc ne serait pas un ouvrage primitif et un récit grossier que Matthieu et Luc auraient ensuite com-plété, adapté, amélioré. La qualité sub-tile de la composition qu’il démontre et le ton même de l’Évangile permettent de suggérer que Marc a lu les autres synoptiques et qu’il a réagi pour rééqui-librer la théologie de ses pairs.

Matthieu et Luc auraient eu ten-dance à céder trop facilement à l’adula-tion du Christ. Or Jésus au désert, dans la prière, dans le silence, s’efface pour laisser entrevoir la volonté du Père. « Marc est  indépendant,  il aura prophé-tisé  dans  le  sens  d’un  retour  à  l’épure théologale, évitant des traits plus déco-ratifs, qui pour lui prêteraient à glose, à oubli, à déviation, à mirage. (…) On peut se demander si Marc n’a pas stylisé des traditions qu’il aurait jugées plus lâches, de celles que canonisèrent, même avant lui, Luc ou Matthieu. »

Mais plus importantes sont bien sûr les descriptions originales du style de Marc qui révèle sa théologie singulière. « Le  texte  de  Marc  a  ses  traits  particu-liers, dont le plus marquant est la sobrié-té,  la  verdeur,  une  extrême  concen-tration,  le  refus  de  l’anecdote. » Et si le disciple de Pierre s’était volontaire-ment retenu, avait volontairement évité de raconter en détail les mots et les choses, avait surtout renoncé à peindre le spectacle du Christ à l’œuvre ? Si son projet était par cette rudesse de

susciter une sorte d’effroi prophétique devant l’immensité de l’événement que les anecdotes ne peuvent qu’édulcorer ? Mais alors, quel message veut-il trans-mettre à l’Église en choisissant le style rugueux d’un prophète du désert qui vit parmi les lions ?

Les premiers mots de l’Évangile de Marc introduisent la mission de « Jésus, Fils  de  Dieu ». Pour Jacques Cazeaux, le secret de Marc est là. Son évan-gile veut expliquer comment Jésus, par ses œuvres, est Fils de Dieu. Il n’est pas étonnant que le Christ interdise aux démons de proclamer son nom de « Saint  de  Dieu,  Fils  de  Dieu ». Ce n’est pas par humilité. C’est parce que les démons proclament un titre pour blas-phémer, en lui donnant un sens faussé. Ce sera aussi la tentation de Pierre. Le vrai sens de la filiation divine se révèle dans l’obéissance au Père, c’est-à-dire à la Loi, c’est-à-dire à la Torah. « Le mes-sage de Dieu est d’abord cette Torah lue, déployée  et  vécue  par  Jésus. » Le Christ vient faire entendre l’enseignement du Père. « Bientôt,  dans  l’enseignement  de Jésus,  l’oreille  n’entend  plus  que  la  voix des  Cieux. » Le style de Marc tente de traduire cette présence radicale, hié-ratique, mystérieuse du Père.  « Jésus dit  à  hauteur  d’homme  ce  que  le  Sinaï a  tonné  jadis  pour  sauver  le  peuple. » Marc montre volontiers le Christ en prière au désert. On vient l’y chercher pour exercer son pouvoir de thauma-turge, pour nourrir les foules, bref pour devenir un chef adulé. Mais Jésus s’ef-face, devant la Loi, devant son Père. Il invite les hommes à emprunter d’ur-gence le chemin des retrouvailles avec le Père. Les hommes veulent du mer-veilleux, des signes, un héros à véné-rer. C’est la vieille tentation, le péché

Les hommes veulent du merveilleux, des signes, un héros à vénérer(

Une interprétation radicalement nouvelle de l’Évangile selon saint Marc est-elle possible ?Oui, et Jacques Cazeaux en fait la preuve avec brio.

exégèse

par Philippe VERDIN

Marc, l’évangéliste qui rugit

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éternel de la volonté de puissance de l’homme. Jésus, lui, est la voix. Jacques Cazeaux propose une phénoménolo-gie du voir et de l’entendre. à chaque homme de renoncer à voir le spectacle pour voir la vérité de son cœur, de se reconnaître pécheur, tenté par l’ido-lâtrie, pleurer comme Pierre au chant du coq. Alors l’homme devient capable d’entendre la Parole de Dieu au plus profond de sa conscience. « Est-ce  un paradoxe  si  pour  le  salut,  il  est  néces-saire  de  se  reconnaître  perdu  dans  les ténèbres ? » Alors Jésus devient pour tous l’humble exemple de l’effacement et de l’obéissance. « De  Jésus  il  faut monter  à  Dieu,  et  c’est  la  transparence qui le manifeste comme Fils. »

Jacques Cazeaux propose égale-ment une compréhension plus ouverte de la Loi. Les Pharisiens et tous les ennemis de Jésus s’accrochent aux pré-ceptes rigoureux, durcissent les règles pour dominer les cœurs. Or, rappelle J. Cazeaux, « Commandement veut dire en  premier  "signal",  repère,  indication, recommandation.  Et  le  grand  mot  lui-même, la Torah, ne signifie-t-il pas plu-tôt  "enseignement"  que  "loi"  au  sens juridique,  strict,  coercitif ?  L’indication est  plus  active,  exigeante,  heureuse  et féconde dans le sens du bien, que l’ordre impératif. »

Les dernières pages de cet essai flamboyant, consacrées à la Résur-rection et à la mission de l’Église, sem-blent inspirées d’un Claudel ou d’un Bloy. Il est rare de découvrir un exé-gète irradier par sa découverte lumi-neuse au point de devenir prophète émerveillé de la vérité évidente conte-nue dans les plis du texte biblique. « Nous  percevons  le  message  de  Marc : il  ne  rédige  pas  une  nouvelle  Vie de

Jésus, moins encore que les trois autres narrations.  Plus  sèchement  qu’elles, sans épisodes annexes,  il court, et c’est pour  nous  arrêter  d’abord  à  l’Israël  des Pleurs,  puis  aux  Nations  dont  toute  la consistance  "chrétienne"  réside  dans l’adoption miraculeuse des mots de l’es-pérance  d’Israël  à  partir  du  serviteur, Fils de Dieu ; et enfin à l’Église, qui porte la  lumière  dans  la  sentine  de  l’huma-nité.  Et  cette  lumière  ne  glorifie  pas l’Église, parce qu’elle garde la teinte des lamentations  de  Pierre,  que  transfigure la  grande  voix  criée  sans  mots  triom-phants et la voix étrangère du centurion qui  a  perçu  en  elle  la  vérité  du  Fils  de Dieu. »

Reprenant un thème qui lui est cher, Jacques Cazeaux transforme l’Évan-gile en contre-épopée. Le Christ n’est pas un super-héros. Il vient dévoiler le péché du monde pour le réconcilier avec son Père. à l’exemple du Christ, les disciples et l’Église doivent renoncer à la force, à la tranquillité d’une adula-tion de star, à l’orgueil pour reconnaître dans la nuit de leur péché la venue fulgurante de la lumière. La béatitude n’est pas acquise mais offerte à celui qui désarme ses phantasmes de gran-deur et de gloire. n

Le vrai sens de la filiation divine se révèle dans l'obéissance )

Jacques Cazeaux, Marc,  le  lion du désert, Cerf, 350 p., 32 e.

Marc, l’évangéliste qui rugit

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CHRONIQUES

« Ainsi soient-ils »épisodes 1 et 2

Je m’informe à propos de la série télé « Ainsi soient-ils ». Je lis l’excellente chronique du P. Thierry-Dominique

Humbrecht dans Le Figaro. Et je m’inter-roge. Pourquoi suis-je blessé par le sujet de cette série et ce qu’on m’en décrit ? N’est-ce pas le droit d’un artiste que de se saisir de toute l’épaisseur psycholo-gique de notre humanité ? Et puis est-ce la première fois qu’on traite de la condition sacerdotale ? Il y a eu des précédents dans la littérature, au cinéma. Tout dépend du regard de celui qui veut explorer le fond des âmes.

N’est pas Bernanos qui veut. Je pense évidemment au romancier du Journal d’un curé de campagne, mais il n’y a pas que ce chef-d’œuvre à prendre en considération. Le prêtre est partout dans l’œuvre berna-nosienne, et singulièrement déjà dans le premier des romans Sous le soleil de Satan. Sous le Soleil de Satan dont Maurice Pialat a fait un film et où Gérard Depardieu est pleinement entré dans le personnage de l’abbé Donissan.

Tiens ! Depardieu me fait penser à Belmondo qui, lui aussi, avait admirable-ment joué le rôle de Léon Morin, prêtre, dans le film de Jean-Pierre Melville, d’après le bon roman de Beatrice Beck. Je me souviens d’avoir été épaté. Je n’au-rais jamais cru Bebel capable d’une telle performance. Mais voilà, nous avons affaire à une littérature et un art supé-rieurs. Où le mystère du sacerdoce est approché avec infiniment de respect et de délicatesse.

Cela ne veut pas dire que tous les prêtres présentés soient des curés d’Ars. Le Journal d’un curé de campagne se termine par la rencontre du prêtre avec un ancien confrère qui a quitté le sacer-doce. J’ai aussi en mémoire un roman de Graham Greene qui se passe au Mexique, avec un prêtre qui n’a rien d’un modèle de vitrail. Au contraire, ce serait même un anti-modèle. Et pourtant l’auteur de La Puissance et la Gloire est parvenu à nous persuader qu’en cet homme déchu rayonnait encore la grâce d’un sacerdoce qui le dépassait. Rien de semblable dans Ainsi soient-ils ? Mais oui, c’est toute la question !

Radio Notre-Dame, le 16 octobre

Une vidéo qui fait scandale

Au synode des évêques, à Rome en ce moment, la projection d’une vidéo a, semble-t-il, fait scandale. Projetée à

l’initiative du cardinal Turckson, un Africain qui s’occupe du Conseil pontifical Justice et Paix, cette vidéo est, dit-on, d’origine américaine et probablement d’inspiration évangélique. On sait que les évangéliques sont des protestants, du genre plutôt radi-cal, qui n’ont pas peur de dire les choses parfois de la façon la plus rude et qui, par ailleurs, se sont lancés à l’assaut du monde, avec une énergie que l’on compare souvent avec celle d’un certain islam. Justement, le sujet du document est l’islam, dont l’em-prise sur le continent européen est dénon-cée sans ménagement, à coup de chiffres et d’affirmations péremptoires. L’émotion a été vive chez beaucoup d’évêques surpris de cette initiative inédite.

L’esprit d’Assise, le dialogue interre-ligieux, les bonnes relations avec l’islam étaient-ils en danger ? Certains respon-sables romains des relations avec l’is-lam, l’ont trouvée caricaturale. Était-ce le cas du cardinal Tauran ? Mais on dit aussi que d’autres évêques n’étaient pas fâchés qu’on évoque enfin franchement un des plus graves problèmes auxquels sont aujourd’hui affrontés les chrétiens. Il est incontestable que nous avons affaire à un phénomène de grande ampleur qui touche la plupart des pays européens. Est-il vrai que dans la ville de Bruxelles, particuliè-rement symbolique à cause de la présence des instances européennes, 50 % des naissances sont issues de familles musul-manes ? Les statistiques avancées par la vidéo ont été contestées. Il est souhaitable qu’on parle à partir de données fiables, pour ne donner prise ni aux fantasmes ni aux propos lénifiants.

Ceux qui suivent cette chronique depuis plusieurs années savent que je me suis opposé systématiquement à tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, pourrait créer la division et attiser les querelles. Pour autant, on ne peut pratiquer la politique de l’autruche. Il faut que nous soyons pleine-ment conscients des réalités, pour réfléchir à l’avenir. Ce n’est pas une raison pour ne pas entretenir de relations fraternelles avec les musulmans, mais il faut savoir dans quelles conditions nous pouvons le faire.

Radio Notre-Dame, le 17 octobre

France-Algérie...

Il est beaucoup question des relations franco-algériennes à cause du voyage que le président de la République doit

accomplir à Alger, mais aussi à cause du retour de l’histoire. Chaque année, au moment du 17 octobre, la polémique rebondit à propos de ce qui s’est passé à Paris ce jour-là en 1961. Une manifesta-tion organisée par le Front de libération nationale algérien avait été réprimée par la police. On dispute encore du nombre des morts algériens que l’on doit attribuer aux forces de l’ordre. Les enjeux idéologiques de l’affaire empêchent un traitement vraiment serein de la mémoire et des archives. Tout ce qui touche à l’histoire commune des deux peuples est marqué par une infinie douleur. Cinquante ans après l’indépen-dance algérienne, les plaies ne sont pas refermées. Et pourtant, nous avons conti-nué à vivre ensemble. L’immigration algé-rienne est toujours aussi importante sur notre sol, et l’on se souvient d’un voyage triomphal de Jacques Chirac à Alger, où une foule de jeunes gens réclamait un plus large accès aux visas pour venir en France.

Il est possible que les questions de mémoire soient appréhendées de façons très différentes selon les générations. Il s’est passé bien des choses depuis juillet 1962 : des révolutions politiques, une formi-dable poussée démographique en faveur de la jeunesse, une épouvantable guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1991 à 2002. Que devrait peser le contentieux historique et moral de la colonisation face aux réalités nouvelles, aux aspirations des jeunes à l’heure des printemps arabes — il est vrai eux-mêmes douloureux et intermi-nables ? C’est la force du symbolique qui rend toujours présentes les revendications mémorielles. Et elles sont aussi lourdes de ce côté de la Méditerranée, avec une commu-nauté pied-noir qui transmet ses souvenirs d’une autre Algérie et une communauté harki dont on n’effacera jamais la dette contractée de la part de la nation entière. François Hollande propose à tous de « regar-der l’histoire en face ». La formule est à considérer, mais il faudra encore beaucoup de temps pour accorder ensemble les seuls historiens, alors que le présent impose ses défis aux portes même de l’Algérie, avec une probable intervention militaire au Mali.

Radio Notre-Dame, le 22 octobre

GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME

18 FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012

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Publi-PaRtenaRiat

FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 19

le 31 octobre entre 18h et 20h,

unissons-nous dans la prière !

« En ce jour du 2e anniversaire de l’attentat meurtrier contre

la cathédrale syriaque de Bagdad, prions à l’intention des chrétiens

d’Irak et de Syrie.Prions également pour leurs pasteurs,

prêtres, religieux et religieuses, qui sont artisans de paix

dans ces conflits. »

le mercredi 31 octobre entre 18h et 20h,

l’Œuvre d’Orient nous invite à nous souvenir et à prier ensemble,

à l’intention des victimes de l’attentat,

et des peuples irakien et syrien.

Même si on n’en parle quasiment plus, « le calme n’est pas revenu pour autant en irak où une dizaine d’atten-tats sont perpétrés chaque semaine » confirme Mgr Casmoussa, archevêque émérite de Mossoul, « la population irakienne vit l’absence de sécurité, dans l’indifférence générale » …

et « en Syrie, on est dans une impasse : diplomatique, politique et militaire. le pays se détruit, chaque jour il y a des dizaines de morts, des centaines de blessés, des maisons détruites, des exactions... il faut ouvrir une nouvelle voie. la voie spirituelle ! » affirme Mgr Gollnisch.

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Chrétiens d'Orient, soyez fermes dans votre foi !

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Chrétiens d'Orient, soyez fermes dans votre foi !

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brèves

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AEDL'AED a rendu son apport 2012 sur la liberté religieuse dans le monde. Il veut rendre compte, à l’aide d’exemples concrets et de témoignages, de la situation de la liberté religieuse sur tous les continents. Il donne une image aussi objective que possible des différentes religions, confessions et groupes religieux, sans n’en privilégier aucun. Il apparaît néanmoins très clairement que les principales victimes de l’absence de liberté religieuse dans le monde sont des chrétiens. 75% des cas d’atteinte à la liberté religieuse dans le monde les concernent. (AED 18/10/2012)

républiquEtchèquE

Frédéric Bachstein et treize de ses frères de l’ordre des Frères mineurs, ont été proclamés bienheureux, samedi 13 octobre 2012, en la cathédrale Saint-Guy du Château de Prague, en République Tchèque. Les quatorze franciscains, venus de plusieurs pays d’Europe pour prêcher la foi catholique dans la capitale tchèque, à majorité protestante, ont en effet été assassinés en 1611 par une foule en colère qui les soupçonnait de collaboration avec les troupes occupantes de Rodolphe II de Habsbourg.

(Zenit 15/10/2012)

pAkistAn

L’église catholique de Saint François, la plus ancienne de l’Archidiocèse de Karachi, située dans la vieille ville, a été attaquée, vendredi 12 octobre, par une foule de 600 radicaux islamiques environ qui a dévasté la cour intérieure sans cependant parvenir à forcer le portail. Les radicaux, hurlant contre les chrétiens, ont fait irruption, commençant à tout dévaster : les voitures, les motocyclettes, les pots de fleur. Ils ont brisé un édicule et pris la statue de Notre-Dame. Ils ont cherché à forcer le portail de l’église, lançant des pierre contre l’église et brisant les vitraux. Les deux religieux franciscains

qui y résident, le Père Victor Mohan et le Père Albert Jamil, OFM, ainsi que les religieuses qui y prêtent service, « sont apeurés, craignent d’autres attaques mais comptent sur la Providence de Dieu » racontent-ils à Fides.

(Fides 17/10/2012)

tErrEsAintE

Dans deux ans, tous les catholiques de rite oriental et latin des diocèses de Terre Sainte adopteront le calendrier julien (celui des orthodoxes) à la place du calendrier gégorien après la rédaction du décret définitif et son approbation de la part du Saint-Siège. En attendant, les évêques des Eglises catholiques de Terre Sainte ont le choix de commencer l’expérience dès 2013. C’est le cas du Patriarcat latin de Jérusalem. (Zenit 16/10/2012)

hongkong

« Nous devons apprendre son grand amour pour le Seigneur et son esprit d’évangélisation » : c’est ainsi que le Cardinal John Tong, évêque du Diocèse de Hong Kong, a exhorté les fidèles au cours de la Messe d’action de grâce pour la Béatification du Père Gabriele Allegra, OFM, béatifié le 29 septembre à Acireale, en Italie. Plus de 800 fidèles ont participé à cette messe concélébrée par une cinquantaine de prêtres le 4 octobre. Le Diocèse et les fidèles sont dans l’attente trépidante des reliques du nouveau Bienheureux, qui arriveront à Hong Kong le 26 janvier prochain, jour de sa mémoire liturgique. Le père Allegra est le traducteur de le Bible en Chinois. Il publia également un dictionnaire biblique en Chinois. (Fides 17/10/2012)

Jacquesberthieu,apôtredeMadagascar

Dimanche 21 octobre,dimanchedesMissions,lepapeaprésidéplacesaint-pierreunecélébrationeucharistiquesolennelleaveclacanonisationde7bienheureux,remet-tantainsi l’appeluniverselà la saintetéduconcileVatican iiaucœurdu synode.

parmieux,unprêtrefrançais,Jacquesberthieu,jésuite,mortàMadagascar(1838-1896).néenFrance,àponminhac,danslesenvironsd'Aurillac,dansunefamilled'exploitants

agricoles,ilestordonnéprêtredudiocèsedesaint-Flourle21mai1864etnommévicaireàroanne-saint-Maryoùildemeureneufans.c'estàl’âgede35ans,qu'ilentreaunoviciatdelacompagniedeJésus,àpau.En1875,ilpartpourMadagascaroùilexercesonministèreapostolique.

Maislapopulationsecouelejougduprotectoratfrançaisetdesrébellionséclatent,du-rementréprimées.c'estainsiqu'en1896,alieul'insurrectiondesMenalambas,destinéenonseulementàchasserlesEuropéensmaisaussiàdétruirelareligionchrétienne.lesmilitairesobligèrentlesreligieuxàsereplieraveceux,maisilslesabandonnèrentlorsd'uneattaquedesinsurgés.lesfuyardsseréfugièrentauvillaged'Ambonhibesoandrooùlepèreberthieufutpris,battujusqu'ausangetemmenéversAmbiatibé.

ilrépondaitàceuxquil'invitaientàl'apostasie:«Jepréfèremourir».Alatombéedelanuit,tandisqu'ilpriaitpoursespersécuteurs,ilfutfusilléetsoncorpsfutjetédanslarivièreMananara.c'étaitle8juin1896.

Àunamiprêtre,ildécrivaitainsisamission,conscientdudanger:«Jesuismaintenantdepuisdix-huitmoisàunegrossejournéenorddetananarive,sanscompagnonpourlapre-mièrefoisdemavie,ayantdix-huitpostesàservirsurunetrèsvasteétendue.Mevoilàdoncmissionnairepourtoutdebonetjem'ysuisfait.Mesforcesbaissent,maisjepuisbienencoremonteràcheval.unefoislemois,àlaréuniondespères,jevaisàlacapitalepourtouteslesaffaires.Jen'ymanqueguère.Voilàenpartiemavie.pourrésumer,c'esticiqueleroyaumedeDieusouffreviolencedelapartdenombreux,méchantsetpuissantsennemis.»n

Zenit

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L'imam de Bordeaux, ancien pré-sident de l'association Imams de France, Tareq Oubrou, a salué l’effort de l’Église catho-lique qui s’est attelée « au 

chantier » de la raison : «  l’Église  ne surfe pas sur l’émotion », et en cela elle mérite d’être « écoutée ».

Il était invité à « C dans l’air », sur France 5, le 19 octobre : une émission inspirée par la vidéo [cf. la chronique de Gérard Leclerc en page 23] vision-née par les évêques réunis en synode au Vatican. N’est-ce pas le cœur du « discours  de  Ratisbonne »  et le cœur de la promotion du dialogue, non seu-lement avec les religieux mais avec les non-croyants, et les indifférents ?

La vidéo que le cardinal Turkson a voulu montrer au synode le 13 octobre pour illustrer, explique-t-il, le problème de la dénatalité occidentale ne fait plus le « buzz » à Rome mais continue de faire du « buzz » en France.

Une vidéo propre à casser la baraque de qui tisse patiemment le dialogue depuis des décennies. Il y a eu des retours de manivelle immédiats.

Une vidéo qui voudrait faire croire qu’on évangéliserait par peur de l’autre. Je croyais que c’était par amour du Christ Seigneur, qui libère de la peur. « N’ayez  pas  peur »,  disait un certain pape polonais qui ne peut pas être taxé d’ingénu.

Qui semble affirmer que l’islam lorsqu’il est au contact de l’Occident et du capitalisme libéral ne saurait être contaminé par les mêmes virus : sécu-larisation, relativisme, matérialisme, hédonisme, et même hiver démogra-phique. Une immunité démentie par les faits.

Surtout, qui semble dire que la religion progresse par la « guerre  des 

ventres »  selon l’affreuse expression par laquelle Christine Pedotti a bien résumé l’effet que la vidéo fait aux femmes. L’Église enseigne la paternité et la maternité responsables depuis trop d’années pour se laisser entraîner par le vertige de ces chiffres inventés. La fécondité en Tunisie, par exemple, est inférieure à la fécondité en France.

Et c’est un cinquième point qui étonne : peut-on fonder un élan d’évangélisation sur des chiffres, et des chiffres mensongers ?

Reste le problème de fond : et si les musulmans — convaincus, pratiquants — devenaient un jour plus nombreux en France que les catholiques ? C’est ce qui est arrivé en Égypte… et dans d’autres nations chrétiennes du Moyen-Orient, devenues arabes et musulmanes.

Et il n’est pas sûr qu’à notre époque on se soit mobilisé pour aider les chré-tiens à rester chez eux, là-bas, de l’Irak à l’Égypte, de la Palestine à la Syrie. Qu’en est-il de notre solidarité avec les chrétiens d’Orient ? Un examen de conscience est nécessaire. Avant d’ima-giner un avenir si radical, pourquoi ne pas se mobiliser aujourd’hui pour nos frères ?

Et pas seulement pour eux, mais quid des musulmans qui deviennent chrétiens ? Quel espace leur offrir, en respectant leur culture ?

Mais si une telle invasion se véri-fiait (nous sommes dans la simulation virtuelle), il faudrait demander la grâce de la fidélité, comme les ancêtres des chrétiens d’Assiout qui ont refusé les avantages fiscaux de l’envahisseur et ont affronté les menaces de mort plu-tôt que de renier Jésus, le Père et l’Es-prit Saint, « Dieu  un », comme le Pape l’a dit au Liban.

DÉBAT SYNODEDESÉvêquES

Une vidéo propre à casser la baraque de qui tisse patiemment le dialogue(

En montrant aux Pères du Synode qui se tient actuellement au Vatican, une vidéo déjà vue par un million et demi de personnes sur You-Tube, un cardinal africain a sans doute voulu créer un choc pédagogique. Il a réussi un peu trop bien et son intention n'a pas été comprise. Ce document — probablement d'origine pentecôtiste américaine — dépeint, sans nuances, le choc politique que représente une démographie musulmane triomphante sur un Occident en plein hiver démographique. Un imam nous permet de faire la part des choses…

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Lechantierdela«raison»l'imamquiacomprislePape

La vidéo sur Youtube.

D.R.

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Mais est-ce qu’on n’est pas en train de se leurrer en imaginant de tels scénarios ? Comme si, dans ce cas, notre foi allait être beaucoup plus en danger que maintenant.

Le mot « confessio », a expliqué le Pape en ouvrant les travaux du synode, le 8 octobre,  « porte  en  soi l’élément  "martyrologique",  l’élément du  témoignage  face  à  des  instances ennemies  de  la  foi :  témoigner  même dans  des  situations  de  passion  et  de danger de mort ».

Benoît XVI ne parle pas exclusi-vement pour les agriculteurs Tiv du Nigeria, ni pour les chrétiens sous les bombes à Alep, ni pour les évêques disparus des laogai.

Il parle de la condi-tion normale du chré-tien dans un monde où l’ennemi du genre humain est homicide dès le commencement et où le martyre se vit aujourd’hui au sein de nos sociétés « libres », au sein de nos familles de baptisés, dans notre cœur même. Il y a des martyrs cachés dans nos propres maisons, au nom de l’amour du Christ et de l’Évangile.

Celui qui veut coûte que coûte rester fidèle à l’Évangile de la charité et de la vérité est aujourd’hui, par-tout, acculé à l’héroïsme chrétien qui consiste à appeler le Christ au secours de notre faiblesse dans la détresse du quotidien.

Lorsqu’on a demandé au P. Lom-bardi si, malgré la situation — créée par un autre film sur Internet —, le

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Lechantierdela«raison»l'imamquiacomprislePape

Qu'en est-il de notre solidaritéavec les chrétiens d'Orient ? )

par Natalia BOTTINEAU

Pape allait partir à Beyrouth au cœur d’un Moyen-Orient en ébullition, il a rappelé que depuis longtemps cette vie était offerte. Sa seule crainte pouvait être de mettre en danger la vie des autres.

Et lorsque Benoît XVI parle de pro-fession de foi, c’est une déclaration

de guerre, au péché. L’Année de la foi n’est finalement pas autre chose. Prier chaque jour le credo c’est une déclara-tion de guerre au péché, de l’intérieur.

La vidéo américaine a failli le faire oublier, mais les Pères du synode ont remis les pendules à l’heure, sans se

laisser embarquer : pas de nouvelle évangélisation sans rencontre person-nelle de l’amour du Christ, sans expé-rience de l’amour miséricordieux, sans conversion du cœur, sans le sacrement de la pénitence et de la réconcilia-tion, à commencer par les pasteurs, car si les prêtres se confessent, alors les

fidèles se « confessent ». La confession-profes-sion de foi conduit à la confession sacramen-telle, et réciproque-ment.

Voilà le synode vite revenu au principe de réalité spirituelle. La seule guerre que le chrétien a vocation de mener c’est la guerre contre le péché.

E t u n d e c e s péchés ne serait-il pas ce mépris de la rai-son sacrifiée sur l’au-

tel de ce que Rémi Brague appelle un « débordement  de  l’affectif  qui empêche  de  raisonner  la  tête  froide » ? À la télévision, ce soir, c’est un imam qui a appelé à donner sa place à la rai-son, signalant cette voie montrée par l’Église. Merci. n

D.R.

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Le synode des évêques au Vatican.

Yves Calvi s'interrogeant à propos de l'islam et l'Occident.

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Benoît XVI a ainsi résumé sa vie en anglais : « Kateri Tekakwitha est née en 1656 dans l’actuel État de New York, d’un père mohawk et

d’une mère algonquine chré-tienne qui lui donna le sens de Dieu. Baptisée à l’âge de 20 ans, et pour échapper à la persécution, elle se réfugia à la Mission Saint-François Xavier, près de Montréal. Là, elle travailla, partageant les coutumes des siens, mais en ne renonçant jamais à ses convictions religieuses jusqu’à sa mort, à l’âge de 24 ans.

Dans une vie tout ordi-naire, Kateri resta fidèle à l’amour de Jésus, à la prière et à l’Eucharistie quoti-dienne. Son but était de connaître et de faire ce qui est agréable à Dieu », a com-menté le Pape.

Puis le Pape a confié, en français : « Kateri nous impressionne par l’action de la grâce dans sa vie en l’ab-sence de soutiens extérieurs, et par son courage dans sa vocation si particulière dans sa culture. En elle, foi et culture s’enrichissent mutuellement !

Que son exemple, a-t-il conclu, nous aide à vivre là où nous sommes, sans renier qui nous sommes, en aimant Jésus ! Sainte Kateri, protectrice du

Canada et première sainte amérin-dienne, nous te confions le renouveau de la foi dans les Premières Nations et dans toute l’Amérique du Nord ! Que Dieu bénisse les Premières Nations ! »

Le livret de la célébration résume ainsi sa biographie :

Catherine Tekakwitha est née en 1656 de parents Iroquois dans la région d’Ossernenon, aujourd’hui dans l’État de New York, où quelques années auparavant les Jésuites Jogues, Goupil, de La Lande furent marty-

risés. Devenue orpheline à l’âge de quatre ans, les semences d’éducation chrétienne plantées par sa mère, une catholique, germèrent chez elle en désir du baptême, malgré l’opposition de son oncle et tuteur.

En 1667, l’installation de trois mis-sionnaires jésuites au village d’Osser-nenon et la catéchèse prodiguée par leur Supérieur, le Père de Lamberville, assurèrent à la jeune indienne une sol ide préparation au baptême jusqu’au jour de Pâques 1676 où elle fut baptisée sous le nom de Kateri (Catherine). Dès lors, Kateri redoubla de ferveur dans sa relation personnelle au Christ crucifié.

Par fidélité au Seigneur Jésus, elle s’écarta des traditions tribales iro-quoises et refusa d’épouser l’homme que lui avaient prescrit les chefs de la tribu. Insultée, méprisée et menacée, elle décida, sur les conseils du Père de Lamberville, de gagner un village éloi- gné (proche de l’actuelle Montréal) qui comptait une forte communauté chré-tienne. Là, admirée pour son zèle et ses vertus, elle reçut l’Eucharistie vingt mois seulement après avoir été bapti-sée. Membre du village, elle vécut au quotidien durant trois ans l’adhésion au Christ, manifestée par la charité envers les plus pauvres et les malades.

Son directeur spirituel, le Père Cholenec, convaincu que la virginité accomplissait son désir de se donner totalement au Christ, lui permit de faire vœu de virginité perpétuelle à Notre Seigneur le 25 mars 1679. Ce fut la première consécration de ce type connue chez les Indiens d’Amé-rique du Nord.

Le 17 avril 1680, consumée par la fièvre, elle reçut l’Extrême-Onction et le Saint Viatique ; puis elle expira en disant : « Jésus, Je t’aime. » n

DÉBAT CANONISATION

« L'action de la grâce dans sa vie en l'absence de soutiens extérieurs »(

Place Saint-Pierre à Rome, dimanche 21 octobre 2012, Kateri Tekakwitha (1656-1680), laïque, est devenue la première sainte amérindienne.

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KateriTekakwitha

D.R.

par Anita BOURDIN © zenit.org

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Le livret d'origine raconte l'im-probable histoire d'une petite fille restée orpheline d'un père grognard de l'armée napoléo-nienne. Adoptée par la totalité

du régiment, elle a autant de « pères » que de prétendants, tous émules d'Ar-nolphe élevant Agnès de l'école des femmes de Molière dans l'espoir de faire d'elle un jour l'épouse idéale. En ces temps de débat sur « le mariage pour tous » fondé sur la seule subjectivité de l'amour et non sur l'objectivité de la différence sexuelle, l'argument n'est pas

sans surprendre par son actualité…

La mise en scène et les costumes de Laurent Pelly et les décors de Chantal Thomas offrent une version décalée et c o c a r d i è r e d e cette œuvre qui doit beaucoup au génie mélodique de Donizetti lequel

sait à l'envi, être primesautier, martial, agreste ou émouvant. Transposant le livret pour revêtir le régiment des uniformes « bleu horizon » de la Grande Guerre, les deux créateurs ont imaginé une Marie vêtue d'un marcel blanc et d'une culotte à bretelles de l'azur-passé des anciennes cartes postales évoquant

les amours platoniques des Poilus et de leurs accortes marraines de guerre ! Nathalie Dessay, ainsi affublée, campe un petit soldat garçon manqué, drôle comme un pantin dont le père ne serait pas Geppetto mais Charlie Chaplin ! Sa virtuosité vocale ne cède en rien à la vivacité de son jeu qui sait nous faire

passer du rire aux larmes. Encore une fois, Dessay ne déçoit pas ! Même quand l'accessoiriste lui met en main un vieux Calor au lieu d'un de ces vieux fers en fonte noire de nos grands-mères !

Dans l'univers montagneux d'une Autriche figurée par des cartes géantes d'état-major, l'apparition de Tonio, en culottes de peau et gilet jacquard, ne laisse pas d'ajouter au comique. Juan Diego Florez, qui endosse le rôle du jeune premier, en a toutes les carac-téristiques : grand et bel homme, c'est un ténor au talent vocal exceptionnel. Colombien d'origine, il provoque des applaudissements nourris à chacun de ses solos ! Sur ses notes himalayennes, le jeu se fige et la salle exulte ! D'autant que, pour obtenir la main de Marie qu'il a précédemment sauvée du gouffre d'un précipice, il n'hésite pas, tout « ennemi » qu'il est, à s'enrôler dans le 21e régiment ! « Il me faudrait cesser de vivre, chante-t-il à fendre l'âme, s'il me fallait cesser d'aimer ! »

Bien entendu il y a du second degré dans cette adaptation qui exalte le courage des poilus, leur esprit cocar-dier et l'amour de Marie pour la France qui lui fait préférer le régiment qui l'a adoptée au rang et aux richesses qui ont fait d'elle par sa naissance une aris-tocrate autrichienne. Mais il y a de la fierté à voir tant de talents s'unir et faire le tour du monde pour exalter une France généreuse et soudée — plutôt que solidaire —, héroïque et bien dans ses bottes ! Le rideau se lève sur une supplique à la vierge Marie et tombe sur un joyeux cocorico… À Bastille ! Elle fait réveiller, la fille du régiment ! n

musiques

FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 27

Écrit en 1840 par Gaetano Donizetti, cet opéra-comique est donné à Bastille dans la distribution qui a déjà fait son succès sur les grandes scènes internationales associées : Nathalie Dessay en jeune vivandière et le ténor Juan Diego Florez en Autrichien transi d'amour. Un opéra talentueux, poilant et poilu !

Opéra BastiLLe

« Il me faudrait cesser de vivre,s'il me fallait cesser d'aimer »

)

par Aymeric Nollé

Opéra Bastille, Place de la Bastille (130, rue de Lyon), 75012 Paris,

tél. : 08. 92.89.90.90 (0,34 e la minute) [ou au +33.1.71.25.24.23 depuis

l’étranger], du lundi au vendredi (9h-18h, et samedi jusqu’à 13h, les caisses sont

ouvertes de 14h30 à 18h30).

« La Fille du régiment » : Cocorico !

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livres■ LesermonsurLachutederome JérômeFerrari ActesSud,202pages,19e

LesermonsurlachutedeRome révèle combien est utopique la cité parfaite. Même le plus simple projet est menacé par la faiblesse de l’homme. La nature amorale de celui-ci peut détruire en un instant ce qu’il a mis tant de temps à construire.

Dès le début, le lecteur est emporté par une écriture magnifique qui va se métamorphoser avec le temps. À de longues phrases poétiques pouvant remplir plus d’une page, succèdent des dialogues qui tombent au cœur de la débauche, avant de rejoindre un discours inspiré par saint Augustin, plein de lucidité sur la condition humaine.

L’histoire est simple, c’est celle de Libéro et Matthieu, étudiants en philosophie à Paris qui retournent dans leur village natal corse où ils déci-dent de rester. Selon eux ils seront bien plus utiles à la société en prenant la gérance d’un bar et en développant le tourisme plutôt qu’en manipulant des concepts. Tout semble réussir jusqu’à ce que l’alcool et les femmes dégradent l’atmosphère et que la violence chasse le bonheur. Mais pourquoi pleurer ? La cité céleste est seule éternelle, Dieu n’a jamais promis le bonheur ici-bas, et le vieux Marcel l’a compris : depuis sa tendre enfance il garde cette photo de famille sur laquelle s’ouvre le roman, unique rempart terrestre contre l’oubli et le temps. Livre où l’auteur parvient à faire de son style le reflet de sa pensée.

■ L'hiverdeshommes LionelDuroy Julliard,358pages,20e

En 2010, Marc, un écrivain français, fils d'un pétainiste et militant de l'OAS, décide de partir à Belgrade pour rencontrer la génération d'après-guerre, celle des fils de criminels de guerre. Il veut enquêter sur la mort mystérieuse de la fille du général Mladic. Il s'enfonce dans ce pays de ruines, de froid et de misère, rencontre maints officiers, écoute maints témoignages où l’horreur est à son paroxysme.

Non seulement la Yougoslavie a éclaté en plusieurs États, mais une même communauté s'est vidée de son sang pour préserver son identité. Alors peut-on parler de victoire quand, pour reconstruire une nation, il faut pratiquer de tels crimes ? La division n'apporte aucun bonheur et le divorce de Marc est semblable à cette désunion. L'homme se détruit sans savoir pourquoi. Fils de Caïn, il porte le mal en lui, et ne peut trouver la paix sans une vie harmonieuse où l'acceptation de l'autre dans toute sa différence est seule source de vie.

■ etiLdit ErriDeLuca Gallimard,103pages,11€

On ne demande pas à un poète pourquoi il écrit de la poésie, de même il semble inopportun de demander à Erri De Luca pourquoi il retranscrit LeDécalogue à sa façon. Sans doute un besoin de faire sien ce testament divin inscrit en lettres de feu sur les hauteurs du mont Sinaï, lui l’amoureux des sommets comme il l’a magnifiquement prouvé dans Lepoidsdupapillon. Sans doute aussi pour incarner des préceptes moraux qu’il juge indispensables en ce XXIe siècle. Mais surtout pour tirer vers le haut toute sa famille qu’est l’humanité afin qu’elle ressente, non pas le vertige du vide, mais la présence du divin et qu’elle sache «oùfinitlemondeetoùcommenceletemps».

L’esclavage du Pharaon une fois fini, la voix du Sinaï se devait d’être transmise aux générations à venir par l’intermédiaire de l’amour. Ainsi il semble vrai, une fois encore, qu'«aucommencementétaitleVerbeetleVerbes’estfaitchair».

■ Lecouvre-feud’octobre LancelotHamelin L'Arpenteur,386pages,21,5€

Les horreurs de la guerre résonnent ici comme un leitmotiv obsessionnel. En même temps qu’une histoire d’amour impossible, Lancelot Hamelin relate, à l’appui de divers discours politiques et d’événe-ments réels, les conséquences désastreuses de la guerre d’Algérie. Et cela à partir d’un journal intime adressé à l’être aimé, celui d’Octavio, jeune Français d'Oran, étudiant à Paris à partir de 1955. Celui-ci a du mal à se situer entre ses camarades communistes, ses amis du FLN et son frère gardien de la paix à Paris qui fait partie de l’OAS. Octavio a toujours aimé Judith, la femme de ce frère, jamais nommé mais omniprésent. C’est pourquoi il attend d’avoir besoin de leur aide avant d’aller frapper chez eux. Et l’aide est urgente.

Octavio, qui a refusé de partir sous les drapeaux, vit dans l’immonde bidonville de Nanterre réservé aux Algériens où il assiste à des scènes insoutenables, tandis qu’il prend de plus en plus de risques pour le FLN. Mais, de guerre lasse, il ne remplit pas ses engagements et préfère jeter à la Seine des docu-ments secrets pour qu’une fois au moins dans sa vie il prenne une décision qui lui appartienne. Car tout l’assaille : la maladie, la trahison, le corps de Judith, le souvenir de son vieux père, la violence du FLN lors de la « nuit rouge »… Ainsi l'auteur parvient à rendre cet esprit de l’époque où l’anticolonialisme et la révolution se rejoignent, de même que la violence et le martyre, la justice et la vengeance, jusqu’au jour où la faiblesse trahit, l’amour devient maladie et la haine folie. ■

sÉLection

RomansBrigitte CLAVEL

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Les fans vont se battre pour savoir quelle adaptation des romans de Ian Fleming est la meilleure.

Après l’échec de la dernière mission de James Bond, plusieurs agents infil-trés à travers le monde se retrouvent très exposés, et le MI6 est menacé. Passée la scène d’ouverture, im pressionnante poursuite à la conclu-sion stupéfian te, le spectateur réa lise que ce James Bond est une réussite éclatante. Le générique du début, œuvre d’art à part entière depuis l’ap-parition du personnage au cinéma, est supérieur à ceux qui l’ont précédé. 007 revêt cette fois le costume du survi-vant. Plus puissant, plus élégant, plus détendu aussi, Bond parvient à trouver une crédibilité sous les traits de Daniel Craig. Si Bérénice Marlohe, la James

Bond girl (française !) ne fait que passer, le méchant, incarné par un Javier Bardem survolté, électrise les scènes dans lesquelles il apparaît. Ambigu, joueur, drôle, séduisant et détraqué, l’ennemi de Bond est ouver-tement diabolique. L’humour est omni-présent sans jamais être envahissant et est souvent utilisé sous un angle plus subtil qu’à l’accoutumée.

Fort d’un scénario conscient de son héritage vieux d’un demi-siècle, ce 23e James Bond effectue un retour aux sources inattendu en dévoilant tout un pan du passé de l’agent secret. Original, sur prenant et visuellement superbe, ce film est une grande réussite. S’il est un James Bond qu’il ne faut surtout pas manquer au cinéma, c’est bien Skyfall.

] Quelques violences inhérentes au dur métier de l’agent 007, qui reste pourtant toujours et avant tout un avatar chevaleresque moderne. ■

Aventures américaines (2012) de Sam Mendes, avec Daniel Craig (James Bond), Judi Dench (M), Javier Bardem (Silva), Ralph Fiennes (Gareth Mallory), Naomie Harris (Eve) (2h23). (Grands adolescents) Sortie le 26 octobre 2012.

AmourProfesseurs de musique à la retraite, Georges et Anne vivent un amour fort et durable. Mais le jour où Anne est frappée par une attaque, Georges va devoir affron-ter la déchéance de l’être aimé. Il s’agit d’abord d’une magnifique histoire d’amour, d’un amour qui a duré toute une vie, mais sera malmené par la maladie et la déchéance. Mais c’est aussi une sorte de brillant plaidoyer en faveur de l’euthanasie. Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva prêtent leur immense talent à cette œuvre forte et bouleversante, filmée comme une véritable tragédie. Quant à la mise en scène de Michael Haneke, elle est tout simplement superbe.]] Cette œuvre magnifie l’amour conjugal, jusqu’à le confronter à une situa-tion intenable. Le réalisateur répond à ce naufrage de l’être aimé par la scène finale, particulièrement pénible, de l’euthanasie, qui appelle d’expresses réserves et vient ternir une œuvre bouleversante. M.-C. R.d’A.

Drame franco-germano-autri-chien (2012) de Michael Hane-ke, avec Jean-Louis Trinti gnant (Georges), Emmanuelle Riva (Anne), Isabelle Huppert (Éva) (2h07). (Adultes) Sortie le 24 octobre 2012.

Le jour des corneillesLe père et le fils Courage vivent isolés dans la forêt, le père ayant interdit à son fils de se rendre dans le village voisin. Avec son premier film, Jean-Christophe Dessaint a réussi un coup de maître, témoignant de l’extraordinaire vita-lité de l’animation française. Les dessins sont superbes et font parfois penser à Miyazaki, et l’histoire est charmante. Ce joli conte initiatique à l’envers (c’est le fils qui initie son père à l’amour) ravira les petits. M.-C. R.d’A.

Film d’animation français (2012) de Jean-Christophe Dessaint, d’après Jean-François Bauchemin, avec les voix de Lorànt Deutsch (le fils Courage), Jean Reno (le père Courage), Isabelle Carré, Chantal Neuwirth (1h36). (Tous) Sortie le 24 octobre 2012.

CINÉMA

Pour les 50 ans de James Bond au cinéma, Sam Mendes offre une version très brillante

Un superbe 007par Alexandre

LAngLAde

Un scénario conscient de son héritage vieux d’un demi-siècle(

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SkyfALL

Into the abyssAu Texas, en 2001, Jason Burkett et Michael Perry ont abattu de sang-froid trois personnes. Arrêtés, Jason Burkett est condamné à la prison, tandis que Michael Perry est condamné à mort. Il sera exécuté en 2010. En interrogeant les criminels, mais aussi les personnes touchées par ces meurtres, et en se rendant sur les lieux du crime, Werner Herzog signe un film magnifique, qui plonge dans les abysses de l’âme

humaine. C’est dur, mais pétri d’une belle humanité. Plaidoyer contre la peine de mort, le film de Werner Herzog est bien plus que cela. Car, à travers ce tragique fait divers, le cinéaste parle de la vie et de la mort, du crime et de l’innocence. Et son œuvre est imprégnée d’allusions métaphysiques, car il n’oublie jamais que même le pire des criminels est un être humain digne de pitié !

Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉDocumentaire américain (2011) de Werner Herzog (1h45). (Grands adolescents) Sortie le 24 octobre 2012.

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Nuits de ChampagNe

troyes est la ville qui héberge « mille ans de l'histoire du livre », des auteurs du XVIe siècle aux incunables de l'abbaye de Clairvaux en passant par la biblio-thèque bleue ou la collection de la lit-

térature des comtes de Champagnes. Bref, cinq ans plus tard, le jeune festival décidait d'inviter des écrivains de la chanson — autrement dit des auteurs-compositeurs — à chacune de ses éditions.

Les « Nuits de Champagne » fêtent leur 25e anniversaire en chantant, du 28 octobre au 3 novembre, Maxime Le Forestier.

Comme d'habitude, c'est une vingtaine de titres qui seront harmonisés pour la polyphonie en présence de l'artiste, l'effectif de cette année se montant à 1550 choristes, si on additionne les enfants et les adultes.

« L'Aube à l'unisson » inaugurera cette semaine musicale troyenne – le 28 octobre – avec l'interprétation des titres emblème du chanteur.

Durant la semaine, les chœurs d'adultes répéteront pour aboutir aux trois grands chorals de clôture, qui auront lieu les 2 et 3 novembre.

Il est à noter que ce grand choral fête quant à lui son 20e anniversaire et que Maxime Le Forestier a été le premier auteur-compositeur interprète francophone – cette quadruple qua-lité étant requise pour être l'artiste invité d'une des éditions – à rejoindre l'aventure des Nuits de Champagne, en 1994.

Une programmation éclectique envahira plusieurs lieux de la ville. D'abord dans les six bars de la ville qui accueillent dans la pro-grammation « off off off », on pourra entendre de tout jeunes groupes comme « Overhead », « Piano chat » Ces concerts sont gratuits.

Les amateurs de rock pourront assister à la finale du Tremplin rock régional où se produi-ront des groupes comme « La Villa Ginette » ou « Trojan busters » avant de céder la place à la révélation de l'année : « Stuck in the sound ».

Plus reconnus encore puisqu'ayant une influence régionale quand elle n'est pas natio-nale, on pourra écouter « Studio paradise », « 77 Bombay street »... au « Millésime », petite salle de concert de l'Espace Argence.

Mais il ne faut pas négliger non plus les têtes d'affiches comme Voulzy, Shaka Ponk, Charlie Winston, Thiéfaine, Juliette, Souchon, Orelsan, Camille ou Brigitte qui occuperont des lieux plus reconnus… n

festivals

Il y a 25 ans commençait l'aventuredes « Nuits de Champagne » autourde l'univers de la chanson.

par Pierre François

toutes les voix

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Nuits de Champagne,Centre culturel

La maison du boulanger,42, rue Paillot de Montabert,

10000 Troyes,tél. : 03.25.40.02.03,

www.nuitsdechampagne.com

Succès continusCertaines pièces se poursuivent au-delà de leur création, mentionnons « Femme à son miroir » qui après s'être donné au Petit Montparnasse est désormais arrivée au théâtre Michel. Le magnifique « Joyeux deuil », qui avait commencé sa carrière à l'Aktéon en mai dernier, y est revenu depuis septembre. C'est le genre de spectacle dont on se souvient, sans doute parce qu'il tape juste.Dans un autre genre, les « Têtes de chien », quintet a cappella contemporain pour chansons traditionnelles soutenu par les éditions Frémeaux (voir leur catalogue vocal époustouflant qui démontre qu'il est encore possible d'accéder à une vraie culture : www.fremeaux.com), reviennent au Lucernaire jusqu'au 27 janvier dans une mise en scène renouvelée.Enfin, spectacle encore musical mais familial et de fin d'année, « Peter Pan » reprend à Bobino jusqu’à fin décembre. n

Théâtre Michel, 38, rue des Mathurins, 75008 Paris, tél. : 01 42 65 41 30Aktéon, 11, rue du général Blaise, 75011 Paris, tél. : 01 43 38 74 63Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-champs, 75006 Paris, tél. : 01 45 44 57 34Bobino, 20, rue de la Gaîté, 75014 Paris, tél. : 08 2000 9000 (0,09 € ttc/min)

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samuel BeCkett

venu du ThéâTre de la Madeleine, Frédéric Franck succède à Gérard Maro à la tête du Théâtre de l’Oeuvre (Pierre Franck, son père, en avait été co-directeur avec Georges Herbert,

de 1960 à 1973). Pour sa première saison, il a choisi de réunir le comédien Serge Merlin et le metteur en scène Alain Françon dans La dernière bande, une pièce de Samuel Becket. Créée à Londres en 1958, la pièce a été reprise pour la première fois à Paris en 1960, au Théâtre Récamier.

Un long, très long silence. Un rai de lumière blafarde tombe sur une table à l’avant-scène. Tout autour, une pièce que l’on devine sinistre, plon-gée dans une nuit noire. Assis à la table, un vieil homme avachi : Krapp. Devant lui, un magnétophone et un micro. Apparemment insensé – est-il fou ? – le personnage halluciné émet des onomatopées, des borborygmes en réponse au magnéto qu’il manipule fiévreusement. Il pro-nonce des mots, plus que des phrases, qui ne prennent pas sens ; relance la bande qui tourne sur le magnéto, revient en arrière… Tantôt muet, tantôt colérique, il s’agite, échevelé, comme un damné.

à ce rythme, il faut du temps pour entrer dans la pièce. On ne vient pas voir du Beckett comme on va rire à une pièce de boulevard. Dans la salle, les rires – car il y en a – sont ner-veux. La dernière bande est une pièce à deux

personnages, Krapp et le magnéto, qui n’en font qu’un. Peu à peu, au fil des retours en arrière, de la bande qui est relancée, le spectateur com-prend que le vieil aigri, replié sur lui-même, écoute les pensées qu’il avait pris l’habitude d’enregistrer à chacun de ses anniversaires. Dans ce face-à-face avec lui-même, une « his-toire » émerge-t-elle ? Non, ou si peu et cela n’a pas d’importance. Tout est dans l’atmosphère qui s’en dégage.

La dernière bande est un exercice hautement périlleux, presque un exercice de style, tout en noirceur. Dans la mise en scène extrêmement

dépouillée – pouvait-il en être autrement ? – d’Alain Françon, il fallait un acteur particu-lier et talentueux comme Serge Merlin pour donner de la chair à cette non-histoire dont il ne ressort que le pur désespoir. La voix de Merlin perce la nuit. Muet, il distille l’angoisse. Ses mains parlent d’elles-mêmes, comme celles d’un mime. Merlin ne joue pas à l’enchanteur, mais au sor-cier. Du grand art, mais Dieu que Beckett est noir ! Sur la dernière bande, Krapp souffle : « Peut-être que mes meilleures années sont passées. Quand il y avait encore une chance de

bonheur… ». Une belle performance d’acteur, mais Beckett ne nous laisse aucune chance d’espérer… n

théâtre

Le théâtre de l’Œuvre reprend une pièce de Samuel Becket d’une noirceur désespérante, heureusement serviepar un acteur hors du commun.

par alain soLari

la dernière bande

La dernière bande, de Samuel Beckett, au Théâtre de l’Œuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris. jusqu'au 25 novembre, les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, same-di (21h) et dimanche (16h). Tél. : 01. 44.53.88.80.

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© DUNNARA MEAS

Un exercice de style, tout en noirceur

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En janvier 1906, quelques mois après le scandale des « Fauves » au Salon d’automne 1905, un groupe d’artistes et d’intellectuels fonde au Havre une association d’un genre nouveau. Le

Cercle de l’art moderne veut promouvoir les avant-gardes en matière artistique et attirer d’éventuels mécènes. Le musée du Luxembourg nous conte cette aventure passionnante en quelque 80 tableaux signés d’une trentaine de peintres parmi les plus grands. L’exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux en collaboration avec le MuMa, Musée d’Art moderne André Malraux du Havre. Quatre sections se partagent les toiles : la modernité du port du Havre, la collection Senn, le Cercle de l’art moderne, l’émulation entre collectionneurs. Le visiteur reste étourdi devant le nombre et la qua-lité des œuvres, passant de Boudin à Corot, de Monet à Pissarro, de Renoir à Sisley… La scénographie a été conçue pour mettre en évidence les rapprochements et les influences réciproques entre, d’une part, l’his-toire des collections et, d’autre part, l’histoire de l’art.

Au début du XXe siècle, Le Havre n’a pas encore connu les bombardements de la Seconde Guerre mondiale qui l’ont détruite à 80%. Son aspect est bien différent de celui qu’Auguste Perret lui a donné lors de sa reconstruction. La ville, fondée par François Ier en 1517, va pro-gressivement développer sa vocation commer-çante au détriment de sa vocation militaire ini-tiale. En 1847, l’arrivée du chemin de fer, avec l’ouverture de la ligne Paris-Le Havre, pousse

la ville à développer une vie culturelle propre. Créée en 1839, la Société des amis des arts fait rapidement se croiser artistes et collection-neurs enrichis par le négoce. En 1845, le musée, ancêtre de l’actuel Muma, est ouvert. Avant les peintres, les photographes comme les frères Macaire ou Gustave Le Gray, qui expérimen-tent de nouveaux procédés, se sont intéressés au Havre. La ville compte un nombre crois-sant d’artistes. Eugène Boudin est en contact avec les peintres de passage : Millet, Courbet… Il entraîne le jeune Monet à travailler sur le

motif. En 1874, ce dernier peint la fameuse toile Impression, soleil levant qui marque les débuts de l’Impressionnisme, et dont le titre originel était : Vue de l’avant-port du Havre. à la fin du XIXe siècle, apparaît au Havre une nouvelle génération de collectionneurs, parfois venus d’autres contrées comme la Suisse ou les Pays-Bas. Leurs goûts les portent vers l’art moderne, les Impressionnistes, les Fauves. Dans la cité, l’art fait bon ménage avec le commerce. Boudin aura cette formule révélatrice : « Pas de coton, pas de tableaux ». C’est dans ce contexte qu’est créé le Cercle de l’art moderne qui affiche d’emblée son caractère « dissident ». Il est fondé par une trentaine de négociants et d’artistes, peintres ou

musiciens. Parmi les premiers, on compte Olivier Senn, Charles-Auguste Marande, Pieter Van der Velde ou Franz Edouard Lüthy. Parmi les seconds, Georges Braque, Raoul Dufy et émile Othon Friesz. L’association organise expositions, concerts et conférences. Les artistes d’avant-garde seront présentés au Havre jusqu’en 1910, date de disparition de la société.

L’exposition, qui réunit des œuvres disper-sées au fil du temps, invite à pénétrer dans l’univers des collectionneurs en admirant leurs plus belles toiles. L’ancienne collection Senn y

Expositions

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MUsÉE DU LUxEMBoURG

Kees Van DongenLa Parisienne

de MontmartreVers 1907–1908huile sur toile,64 x 53,2 cm.

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Le Cerclede l’art moderneUne page d’histoire de l’art trop peu connue a été écrite au Havre au début du XXe siècle. Attention ! chefs-d’œuvre…

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tient une place de choix. Olivier Senn appar-tient à une famille protestante suisse installée au Havre dans les années 1860. Il épouse la fille d’Ernest Siegfried, membre d’une dynas-tie qui travaille dans l’importation du coton. une collection de plus de 200 pièces, enrichie jusque dans les années 1930, sera léguée par sa petite-fille, Hélène Senn-Fould, au musée d’art moderne André-Malraux.

Parmi les chefs-d’œuvre présents au Luxembourg, se trouvent notamment Le portrait de Nini Lopez de Renoir, La Valse de Vallotton ou La Plage de la Vignasse d’Henri-Edmond Cross… Dans le monde des négociants et col-lectionneurs qui se connaissent et fréquentent galeries et salles de ventes parisiennes, naît une émulation. Cette « concurrence » se lit sur les cimaises du Luxembourg. Au Sisley de la col-lection Senn, Le Loing à Saint-Mammès, répond celui de la collection Van der Velde, La Seine au Point du jour. Le Monet acquis par Charles-Auguste Marande, Soleil d’Hiver, a pour voi-sin celui de Seen, La Seine à Vétheuil. Le Soleil levant à Eragny, un Pissarro acheté par le même Olivier Senn, est confronté aux Pommes et peupliers au soleil couchant, du même peintre, entré dans la collection Marande. Dans les demeures de ces amateurs éclairés, pouvaient être accrochés aussi bien un Dufy, Le Yacht pavoisé au Havre, qu’un Van Dongen comme la superbe Parisienne de Montmartre.

Au Havre, ces collectionneurs, en avance sur le goût de leur époque, ont fait preuve d’une sûreté de choix qui laisse aujourd’hui le visiteur ébahi. Le Cercle de l’art moderne est à l’origine, avant la lettre, d’un étonnant phénomène de décentralisation de la vie culturelle en France. n

par Alain SoLArI

« Le Cercle de l’art moderne, collectionneurs d’avant-garde au Havre », au Musée du Luxem-bourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Jusqu’au 6 janvier 2013, tous les jours (10h-19h30), nocturne le vendredi et le lundi (jusqu’à 22h). Fermeture le 25 décembre. Tél. : 01.40.13.62.00. www.museeduluxembourg.fr

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Le Cerclede l’art moderne

Camille Pissarro (1830-1903)L'Anse des Pilotes et le brise-lame est, Le Havre, après-midi, temps ensoleillé, 1903,

huile sur toile, 53 x 64 cm.

Alfred Sisley (1839-1899), La Seine au Point du jour, 1877,huile sur toile, 38,2 x 46,2 cm.

Pierre Bonnard (1867-1947)Intérieur au Balcon,

1919,huile sur toile, 52 x 77 cm.

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livres

Albert Salon, cet ancien ambassadeur et érudit que les milieux de la défense de notre langue connaissent b ien , a

publié un livre remarquable(1). Qu'on en juge : rédigé selon la méthode de l'abécédaire autour du thème gaullien d'une « certaine idée de la France » qui résiste (ici, contre les multinationales apa-trides qui veulent imposer aux nations leurs choix stratégiques, dont celui de ne s'exprimer qu'en anglais), il parvient à ne se répéter que très rarement !

L'écueil est pourtant bien réel, tant à cause de la présentation choisie (un article peut traiter de sujets identiques à ceux que l'on va trouver dans un autre : « patrie », « nation », « dra-peau », « intégration », par exemple) que de la lon-gueur de l'ouvrage (283 pages, y compris, c'est vrai, une introduction par Claude Hagège, professeur au Collège de France) qui multipliait ce risque ! Mais l'auteur est, comme on l'a souligné d'emblée, un éru-dit dont les cultures his-toriques et politiques sont

plus qu'impressionnantes (il pra-tique au moins cinq langues). De sorte que les fédéralistes euro-péens qui ne connaissent pas les dessous des cartes en ces matières risquent bien de se faire retour-ner tant chaque article donne lieu à des déve-loppements originaux et pertinents qui vont tous dans le sens des quelques idées-force qui animent l'auteur. En une phrase, que le citoyen est une réali-té concrète qui vit et a besoin de vivre dans des frontières, une culture, des racines et un projet de société, et non l'ectoplasme virtuel et déra-ciné que les économistes maté-rialistes appellent de leurs vœux. À partir de là son souverainisme et son désir de choix politiques se situant au-dessus des entités éco-nomiques les plus puissantes, s'ex-

plique et trouve une pleine justi-fication. Combat d'arrière-garde ? Ce n'est pas si sûr quand on voit le succès de la manifestation du 18 juin 2012 devant le Panthéon, le désir de culture française qui

anime encore bien des pays (autres que les anciennes colonies) ou même celui de certains Wallons que leur pro-vince soit rattachée à la France si la Belgique explosait.

On retiendra en particulier les articles « intégration », « assi-mi lat ion » , « chré-t i en s » , « i s l am » , « commu nautarisme »,

« fraternité, solidarité », qui font preuve d'une alliance de fermeté et de sens de la nuance devenue trop rare aujourd'hui. Entre autres… n

Trois publications, si elles ne sont pas d'hier, méritent d'être signalées, tant elles se situentdans un sens positif.

« Une volonté frAnçAise »

par Pierre François

(1) Albert Salon, Une volonté fran­çaise, éditions Glyphe, préface de Claude Hagège, 284 pages, 20 €.

vouloir, c'est pouvoir,aimer c'est savoir

Par ailleurs, et dans un genre plus philosophique que politique, Claude-Henri Roquet a publié deux livres, l'un sur Lanza del Vasto, l'autre confrontant Don Juan et Blaise Pascal. Autant celui sur l'apôtre de la non-violence est marqué par une déférence qui le rend d'autant moins accessible qu'il est également en partie une compilation de conférences, autant le dialogue entre le croyant et l'athée est pas-sionnant tant il est rédigé dans un style délié qui touche sans en avoir l'air aux grandes questions – le bien, le mal, l'infini… – qui animent toute âme, sans impo-ser aucune réponse. Ce qui est le moyen le plus sûr pour que le lecteur y donne la

bonne et, surtout, se l'approprie. Enfin, ce qui ne gâte rien, l'ouvrage est court et illustré, ce qui permet de le mettre dans de jeunes mains. n

Claude-Henri Roquet, Lanza del Vasto, serviteur de la paix, 112 pages, 16 €, juin 2011,aux éditions de l'Œuvre, 33, rue Linné, 75005 Paris, www.oeuvre-editions.frVisite d'un jeune libertin à Blaise Pascal, de Claude-Henri Roquet et Sylvestre Bouquet(pour les illustrations xylographiques), 63 pages, septembre 2011, Les petits Platons, Paris.

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P arce qu’elle a eu un enfant sans être ma riée, Bénédicte, une jeune aristocrate, a été chassée par sa

famille, obligée de confier son bébé à une institution religieuse et contrainte de se placer comme domestique chez de riches juifs. Nous sommes en 1938, et ses patrons sont tout ce que la jeune fille déteste. Cette adaptation magnifi que d’Hélène Mille rand brosse le portrait d’une jeune femme qui va pas ser de la haine et de la colère à l’amour. Deux comédiennes de grand talent don nent corps à leurs personnages. Louise Monot, toute de raideur et de souf-france contenue, et Mélanie Bernier, fine et rieuse.

La mise en scène est sobre, les dé cors et costumes sont très réussis, et

les dialogues, peu abondants, sont très justes. Avec finesse, Christian Faure a misé davantage sur les silences que sur les mots pour décrire la lente et belle évolution de son héroïne. Cette histoire est une sorte de parabole sur l’attitude de certains Français pendant la Seconde Guerre mondiale, qui, bien qu’antisé-mites (le plus souvent par tra dition familiale), ont été révoltés par le sort tragique qui fut réservé aux juifs.

] L’héroïne, marquée par un dra me, est dans l’incapacité d’aimer son en fant. Mais elle saura, peu à peu, donner tout cet amour refoulé à cette femme qui représente tout ce qu’elle déteste, mais qu’elle apprendra à connaître. Le beau personnage de la religieuse qui dirige l’orphelinat et ne manque ni de bon sens ni de charité chrétienne, apporte une belle note spiri-tuelle à cette histoire bouleversante. ■

Les hommes du président

Lorsque des policiers surprennent cinq hommes en train de cambrioler le quartier général du parti démocrate, à Watergate, ils ignorent qu’ils viennent de déclencher l’un des plus grands scandales de l’époque. Cet excellent suspense, adaptation du livre de Bernstein et Woodward, est brillamment mis en scène et interprété. L’affaire est re constituée dans ses moindres dé tails, et l’ensemble est passionnant. Cette dénonciation de la corruption électorale est des plus salutaires. Comédie dramatique américaine (1976) de Alan J. Pakula, d’après le livre de Carl Bernstein et Bob Woodward, avec Dustin Hoffman (Carl Bernstein), Robert Redford (Bob Woodward), Jack Warden (Harry Rosenfeld), Martin Balsam (Howard Simons) (2h05). Diffusion le lundi 29 octobre, sur Arte, à 20h50.

Mariage à la grecqueToula, 30 ans, est toujours célibataire. Mais le destin de la femme grecque, même établie en Amérique, est de se marier. Ce film a connu un immense succès aux USA. Cela tient d’abord à un excellent scénario, écrit par Nia Vardalos, qui joue le rôle de Toula et qui raconte une expérience personnelle. Les effets comiques naissent, encore une fois, du choc des cultures et d’une multitude de gags hila-rants, fruits d’une observation attentive des comportements. Son succès vient non seule-ment de la drôlerie, mais également de la façon positive de présenter les situations et les personnages. Et même la critique que l’histoire renferme passe, sans blesser personne, dans une parfaite euphorie.] L’expérience prématrimoniale des deux héros évite toute image gênante. Pour le reste, le film rend hommage à l’amour et à la famille.Comédie américano-canadienne en VO (2002) de Joel Awick, avec Nia Vardalos (Toula), John Corbett (Ian), Michael Cons-tantine (Gus), Lainie Kazan (Maria), Andrea Martin (Tante Voula), Joey Fantone (Angelo), Ian Gomez (Mike) (1h35). Diffusion le dimanche 28 octobre, sur Arte, à 20h45.

TÉLÉVISION

L’âge de glace 3 «Le temps des dinosaures»Tandis que les mam mouths attendent la naissance de leur premier enfant, Sid, le paresseux, rêve de connaître les joies de la paternité. Aussi est-il ravi lorsqu’il découvre trois œufs dans une grotte. Ce troisième opus, mené tambour battant, est d’une drôlerie irrésistible. Les auteurs ont fait preuve d’une imagination débordante, tant dans les

situations et les dialogues que dans les personnages. Cette intrusion dans le monde des créatures dis parues permet toutes les audaces vi suelles, ce dont ne se sont pas privés les auteurs, inventant des animaux extraordinaires. Magique ! Ils sont toujours aussi sympathi ques, les personnages de ce film d’animation, avec leurs crises de nerfs, mais aussi leur sens de la solidarité. Ce film hilarant rend un bel hommage à l’amour maternel. Mais les dinosaures risquent d’effrayer les tout-petits.Film d’animation en 3D américain (2009) de C. Saldanha et M. Thurmeier, avec les voix de Gérard Lanvin (Manny), Alexis Tomas sian (Eddie), Élie Semoun (Sid), Armelle Gallaud, Vincent Cassel (1h37). Diffusion le dimanche 28 octobre, sur TF1, à 20h50.

Cette histoire édifiante montre qu’un être humain est toujours capable de changer.

Mademoiselle Drotpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Le beau personnage de la religieuse ne manque ni de bon sens ni de charité chrétienne

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Téléfilm français (2010) de Chris tian Faure, d’après Hélène Millerand, avec Louise Monot (Made moi selle Drot), Mélanie Bernier (Antoinette Trei ves), Michaël Cohen (Ernest Treives), Lionel Abelanski, Anémone, Bernard Yer-les. Diffusion le mardi 30 octobre, sur France 3, à 20h45.

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TF120.50 Danse avec les stars. Divertissement présenté par S. Quétier et V. Cerutti, avec Marie-Claude Pietragalla, Chris Marquès, Jean-Marc Généreux et Shy’m, et avec Chimène Badi, Amel Bent, Laura Flessel, Estelle Lefébure, Lorie, Taïg Khris, E. Moire, Gérard Vivès et Bastian Baker.23.55 Les experts. Série 3.France 220.45 Les années bonheur. Divertissement de P. Sébastien, avec Garou, Guy Marchand, Michèle Torr, Marcel Amont, Herbert Léonard, Petula Clark, Dany Brillant, Chico et les Gypsies, Nana Mouskouri, Christelle Chollet, Didier Bénureau, etc.23.00 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.45 Un crime oublié GA. Télé-film avec Corin ne Touzet, Guil-laume Cramoisan 2. __] Assez prenant, mais prévisible et pénible.22.15 Tempêtes J. Téléfilm avec Philippe Torreton, Alexia Barlier. _ Assez lourd et artificiel.00.15 Appassionata «Promenades musicales à Budapest».Arte

20.45 L’aventure humaine «Le crépuscule des civilisations : “La fin de l’âge des pyramides“, “Angkor, la civilisation engloutie“» J. (voir notre analyse ci-contre)22.35 Fashion ! (3/3). M620.50 Terra Nova (1, 2 et 3/13) GA. Série avec Jason O’Mara, Shelley Conn 2. __] Cette série de science-fiction, produite par Spiel-berg, plonge les héros 85 millions d’années avant J.-C. C’est prenant, mais un peu lent à démarrer.Canal +20.55 Les Lyonnais GA. Policier (2011) de Olivier Marchal, avec Gérard Lanvin, Tcheky Karyo (1h38) 3. __] Pas mal fait, mais très classique et violent.KTO20.45 VIP «Marie-Christine Bar-rault». Magazine.21.45 Q.C.M. «Quiz du chrétien en marche». Divertissement.22.15 Concert «Salieri : Messe en ré majeur».

TF120.50 L’âge de glace 3 «Le temps des dinosaures» T. Animation (2009) de Carlos Saldanha et Michael Thurmeier (1h31). (voir notre analyse page 35)22.40 Les experts, Manhattan 3.03.10 Les noces funèbres GA. Animation (2005) de Tim Burton et Mike Johnson (1h15). ___] Très brillant, mais morbide.France 2

20.45 Deux jours à tuer GA. Dra-me (2007) de J. Becker, avec Al bert Dupontel, Marie-Josée Cro ze (1h22). __ Une œuvre poignante.22.10 Faites entrer l’accusé «Jean-Michel Bissonnet, le bour-geois, le jardinier et le vicomte» 2.France 320.45 Les enquêtes de Murdoch : «Menace terroriste», «Meurtre à l’Opéra», «Murdoch.com». Série avec Yannick Bisson, Helene Joy.23.30 Strip-tease. Magazine.00.25 The star witness. Drame en NB (1931) de William A. Wellman, avec Walter Huston (1h15).Arte

20.45 Mariage à la grecque GA. Comédie en VO (2003) de Joël Zwick, avec Nia Vardalos (1h35). (voir notre analyse page 35)22.20 Mon joli canari. M620.50 Capital «Maison : Rien n’est trop beau pour ma cuisine !». Magazine présenté par T. Sotto.22.45 Enquête exclusive «Chauf-fards, voleurs et trafiquants : Auto-routes à haut risque». Magazine.00.15 Zemmour et Naulleau. Canal +21.00 Football «Marseille/Lyon».KTO09.30 Messe de clôture du synode des évêques, en direct.20.40 La foi prise au mot «Église», avec le père Joseph Fameré et le père Bruno le Pivain.21.35 Père Laval, un paradoxe mangarévien.22.40 Les Mardis des Bernardins «Vatican II, quel impact pour l’Église aujourd’hui ?».

TF120.50 Merlin. Téléfilm avec Gérard Jugnot, Marilou Berry, Joséphine de Meaux, Michel Vuillermoz.22.40 New York, unité spéciale. Série avec Mariska Hargitay 3.01.05 Au Field de la nuit, avec Henri Guaino, S. Greggio, J.-L. Four-nier, Grand Corps Malade, Zabou.France 220.45 Castle : «Course contre la mort», «Abracadabra», «Une rose

pour l’éternité» GA. Série avec Nathan Fillion 2. _ Très réussi, même si le second épisode est moyen.22.55 Mots croisés. Maga-zine présenté par Yves Calvi.

00.40 Carmen. Opéra de Bizet, avec Anna Caterina Antonacci.France 320.45 Des chansons en héritage. Magazine présenté par Mireille Dumas, avec Julien Dassin, Claude François junior, Cécile, Fanny et Théa Nougaro, Laurent Rossi, Orlando, Fanfan Bachelet, etc.23.05 Ce qu’ils savaient «Les Alliés face à la Shoah» GA 2. __ Intéressant, mais pas très nouveau.Arte20.50 Les hommes du président GA. Comédie dramatique en VO (1976) de Alan J. Pakula, avec Dus-tin Hoffman, Robert Redford, Jack Warden, Martin Balsam, Jason Robards (2h05). (voir notre analyse page 35)22.55 Canadian bacon J. Comédie en VO (1995) de Michael Moore, avec Alan Alda, John Candy (1h31). __ Un excellent divertissement.M6

20.50 Nanny McPhee T. Comédie (2005) de Kirk Jones, avec Emma Thompson, Colin Firth, Kelly Mac-Donald, Angela Lansbury (1h32). __ Un conte charmant et très amusant, avec du rythme et une jolie ambiance familiale.22.35 Devenir papa à tout prix Documentaire.Canal +20.55 XIII.2 (6 et 7/13). Série avec Stuart Towsend, R. Mesquida 3.KTO20.40 Maggy, la paix est mon seul combat. Documentaire.21.45 Un cœur qui écoute «Valérie Régnier». 22.40 Vu de Rome.

TF120.50 Mentalist : «La preuve par la plume», «Plus rien à perdre», «Sang pour sang» GA. Série avec Simon Baker, Robin Tunney, Tim Kang 2. __ Des épisodes astucieux.23.15 Baby boom «Le jour d’après». Série documentaire.France 220.45 Rire ensemble contre le racisme. Divertissement présenté par Virginie Guilhaume, avec Michel Boujenah, Willy Rovelli, Le comte de Bouderbala, Titoff, Che-vallier & Laspales, Anthony Kava-nagh, Michael Gregorio, Rachid Badouri, Constance, Olivier de Benoist, Patrick Bosso, etc.22.55 Infrarouge : «21 jours inou-bliables», «Écologie : Ces catas-trophes qui changèrent le monde».

01.30 Le dernier combat A. Fan-tastique en NB (1983) de Luc Bes-son, avec Pierre Jolivet, Fritz Wep-per, Jean Bouise (1h29). __] Brillant et très original, mais les violences sont terribles.France 320.45 Mademoiselle Drot GA. Téléfilm de Christian Faure, d’après Hélène Millerand, avec Louise Monot, Mélanie Bernier. (voir notre analyse page 35)22.45 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddeï.ArteQuel président pour l’Amérique ?20.50 Le duel 2012. Documentaire.22.40 Au cœur du Tea Party. 23.40 Les hommes qui ont fait l’Amérique «Andrew J. Jackson, un fils du peuple à la Maison-Blanche». Documentaire.M620.50 La France a un incroyable talent. Divertissement avec Sophie Edelstein, Gilbert Rozon et Dave.22.40 La France a un incroyable talent, ça continue.Canal +20.55 Planète dinosaures. Docu-mentaire.

KTO20.40 Les Mardis des Bernardins «Vatican II, quel impact pour l’Église aujourd’hui ? (1)», avec le père Bernard Minvielle, Denis Pelletier, Lucienne Salle. 21.45 Les Clarisses.22.15 VIP «Marie-Christine Barrault».

Samedi 27 octobre Dimanche 28 octobre Lundi 29 octobre Mardi 30 octobre

08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 11h40 Le jour du Seigneur «La foi, une affaire de famille» - 10h45 Messe en la cathédrale Sainte-Marie, à Toulon.

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sur ArteSamedi 27 octobre à 20h45L’aventure humaine «Le crépuscule des civilisations» JPourquoi des civilisations brillantes, telles celle de l’Égypte ou celle de l’Empire khmer, ont-elles disparu ? C’est la question que se posent des archéologues dans ces documentaires.__ De facture classique, ces deux documentaires nous entraînent dans des décors de toute beauté, en particulier ceux d’Angkor, sur les traces de ces chercheurs, pour la plupart français, qui nous font partager leur passion. Superbe !

TF120.50 Esprits criminels : «Le rouge et le noir», «Crimes passionnels», «Hansel et Gretel 3». Série avec Joe Mantegna 2.23.15 Dexter (5 et 6/12). Série 3.France 220.45 Fort Boyard «Spécial Hal-loween». Divertissement présenté par Olivier Minne, avec Christophe Baugrand, Delphine Wespiser, Lau-ry Thilleman, Corinne Coman, Lae-titia Bléger, Sylvie Tellier.22.50 La parenthèse inattendue. Magazine présenté par Frédéric Lopez, avec Adriana Karembeu, Garou et François-Xavier Demaison.France 320.45 Football «Coupe de la Ligue : PSG/Marseille».23.55 L’ombre d’un doute «Nos-tradamus : La vérité sur ses pro-phéties». Magazine présenté par Franck Ferrand, avec Clémentine Portier-Kaltenbach, Christophe Bourseiller et Stéphanie Coudurier.Arte

20.45 État second GA. Drame en VO (1993) de Peter Weir, avec Jeff Bridges, Isabella Rossellini (1h57). __] Le sujet est original et pre-nant, mais il est traité sans génie.22.50 Sir Georg Solti «Ma vie a été un combat». Documentaire.23.40 C’est ici que je vis. Drame en VO (2008) de Marc Recha, avec Marc Soto, Eulalia Ramon (1h28).M620.50 Desperate housewives (14 et 15/23) GA. Série avec Teri Hat-cher, Marcia Cross. __ Les intri-gues évoluent, mais demeurent très prenantes et émouvantes.22.30 Nouveau look pour une nouvelle vie.Canal +20.55 50/50 GA. Drame (2011) de Jonathan Levine, avec Joseph Gor-don-Levitt, Seth Rogen, Anna Ken-drick (1h37) 2. __] Ce film émouvant fait alterner scènes dra-matiques et comiques. Mais, face à la mort, il manque une dimension spirituelle.KTO20.40 Le commun des mortels. Documentaire sur les expériences de mort imminente.21.45 Églises du monde «Grande Bretagne». 22.15 Audience générale.

TF120.50 Koh-Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.23.10 Qui veut épouser mon fils ? Divertissement présenté par Elsa Fayer.France 2

20.45 Deux flics sur les docks «Sur la mauvaise pente» GA. Télé-film avec Jean-Marc Barr, Bruno Solo, Mata Gabin, Liza Manili, , Agathe Dronne, Emmanuel Salin-ger (1h29) 2. __] C’est assez prenant, malgré des longueurs, mais l’histoire est affreuse et l’eu-thanasie est banalisée.22.20 Vous trouvez ça normal ?! Magazine présenté par Bruce Tous-saint, avec Pierre Lescure, Clémen-tine Autain, Guy Birenbaum, Phi-lippe Tesson, Luc Ferry, etc.00.05 Mon Taratata à moi. Diver-tissement présenté par Nagui.France 320.45 Thalassa «La mer dans tous ses états : Le partage de la mer». Magazine de Georges Pernoud.Arte20.50 Beau monstre A. Téléfilm en VO avec Stephen Tompkinson, Charlotte Riley, Andrea Lowe, Sian Breckin (1h30). __] Un policier très bien fait, mais pénible et affreux. Une très belle fin.22.20 Breaking bad (1, 2 et 3/13) GA. Série avec Bryan Cranston, Aaron Paul. __ Cette nouvelle saison s’annonce palpitante.M620.50 NCIS, enquêtes spéciales : «Les superhéros de la vie réelle», «Le tueur de port en port», «La mort aux deux visages», «Affaire non classée». Série avec Mark Harmon 2.Canal +20.55 Un monstre à Paris J. Ani-mation (2011) de Éric Bergeron, avec les voix de Vanessa Paradis, Mathieu Chédid, Gad Elmaleh, François Cluzet (1h27). ___] Une œuvre aux couleurs cha-toyantes, aux jolis dessins et à l’ex-cellente musique de Mathieu Ché-did. Mais le début est un peu long.KTO20.40 Le vitrail, art de lumière. Documentaire.21.45 La vie des diocèses «Mgr J.-P. Ricard - Bordeaux et Bazas».22.15 Maggy, la paix est mon seul combat.

TF120.50 Masterchef. Divertissement avec Yves Camdeborde, Frédéric Anton, Sébastien Demorand et Alexandre Gauthier.23.15 Masterchef se met à table. France 220.45 Envoyé spécial : «Diplômés et surendettés», «La folie vampire». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.22.15 Complément d’enquête «Chauffards : Comment en finir». Magazine de Benoît Duquesne.23.15 Grand public. Magazine pré-senté par Aïda Touihri.01.05 Les faussaires GA. Drame (2006) de Stefan Ruzowitzky, avec Karl Markowics, August Diehl, David Striesow (1h35) 2. __ Un film passionnant sur une histoire authentique.France 3Soirée spéciale Robert De Niro20.45 Mon beau-père et moi GA. Comédie (2000) de Jay Roach, avec Robert De Niro, Ben Stiller, Teri Polo (1h47). __ Sympathique et amusant.23.10 Casino A. Drame (1995) de Martin Scorsese, avec Robert De Niro, Sharon Stone, Joe Pesci (2h58) 3. ___] Remarquable, mais d’une violence atroce.Arte20.50 Ainsi soient-ils (7 et 8/8) GA. Série avec Jean-Luc Bideau. _ La série devient outrancière et peu crédible, mais il y a une belle fin sur la prière.22.25 La magie du cosmos (3/5) «Le saut quantique». 23.20 Alma, une enfant de la vio-lence. Documentaire.M620.50 Bones : «La guerre Mobley-Babcock», «La fuite en avant», «Au service de Sa Majesté», «Les femmes de sa vie». Série 2.Canal +

20.55 Prime suspect (1, 2 et 3/13) GA. Série avec Maria Bello, Aidan Quinn 3. __] Une série poli-cière prenante et bien menée, mais les histoires sont affreuses.KTO20.40 Face aux chrétiens. Le forum des médias chrétiens.21.45 À la source.22.25 Concert : «Salieri : Messe en ré majeur».

Mercredi 31 octobre Jeudi 1er novembre vendredi 2 novembre

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

FRANCECatholique n°3325 26 octobre 2012 37

RaDioSRadio Notre-DameLundi 29 oct. au jeudi 1er novembre6h03, 7h03, 8h03, 17h57 et 21h : Écou-tez la chronique de Gérard Leclerc.Lundi 29 octobre10h30 Ecclesia Magazine «Des techniques pour parler aux morts à la communion des saints : quels liens avoir avec nos défunts ?», avec le père Joseph-Marie Verlinde, (moine de la Famille Saint-Joseph, phi-losophe et théologien).Mardi 30 octobre 10h30 Ecclesia Magazine «Que devient mon âme après la mort ?»Mercredi 31 octobre7h45 à l’école de la prière «Prier pour les morts, d’après Le Purgatoire de Dante», avec Mireille Beaup.10h30 Ecclesia Magazine «Enfer, paradis, purgatoire : regard sur les fausses représentations du Jugement dernier et décryptage des expériences aux frontières de la mort (NDE)».Jeudi 1er novembre11h Aux rendez-vous de l’histoire Actualité des livres d’histoire reli-gieuse : Sainte Anne, Histoire et représentations», François Boesflug et Françoise Bayle (Louvre Editions, 2012) ; John Bradburne, Le vaga-bond de Dieu, Didier Rance (Salva-tor, 2012) ; La vie et les miracles de la Bienheureuse Isabelle de France, Agnès d’Harcourt (Perrin, 2012) ; Des missionnaires plongés dans la Grande Guerre : Lettres des Mis-sions Etrangères de Paris, Paul Christophe (Perrin, 2012).France CultureDimanche 28 octobre10h Messe «30e dimanche du temps ordinaire», depuis l’église Saint-Sauveur, Place de la Raison, 46100 Figeac. Prédicateur : P. Luc Denjean.

Marie BIZIEN

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Paris✔ Les 11e Salon de la Carte géographique ancienne & du livre de voyage «Paris Map-Fair & Travel Books» est prévu

le samedi 10 novembre (11h-18h), à l'Hôtel

Ambassador, 16 bd Haussmann,

75009 Paris, avec des exposants de France,

d'Allemagne, de Grande Bretagne, d'Italie, d'Es-pagne, de Belgique, des

Pays-Bas, de Grèce et des états-Unis. Une immersion dans le monde de la cartogra-phie ancienne grâce à une pro-fusion de cartes géographiques, plans, vues, atlas et globes. Entrée libre. Rens. : ✆ 01.44.24. 85.80 / [email protected]

✔ Le Cercle Culturel de l'Oasis organise à l'Espace Babylone, 91 rue de Sèvres, 75006 Paris, une conférence le 15 novembre (19h30-21h30) «Vatican II, Souvenirs d'un cardinal», avec le Cardinal Paul Poupard (président émérite du Conseil pontifical de la culture et du Conseil pontifical pour le dialogue religieux).✔ La Chapelle Notre-Dame du Lys, 7, rue Blomet, 75015 Paris vous invite à ses «Journées d’Amitié» qui auront lieu les 16 (14h30-19h), 17 (11h-18h) et 18 novembre (11h-18h), avec divers stands : antiquités, brocante, bijoux (Breloques en famille), braderie de vêtements, livres neufs ou d’occasion, décoration, cadeaux (Villa d’Elba), jouets, produits du terroir. Grand Buffet avec possibilité de déjeuner sur place. Kermesse le dimanche après-midi avec tirage au sort de la tombola. Château gonflable : samedi et dimanche. Rens. : ✆ 01.45.67.91.73 / www.notredamedulys.fr

✔ Les Franciscaines répara-trices de Jésus-Hostie, 127 av. de Villiers, 75017 Paris, ✆ 01.43.80. 38.12, vous invitent à leurs "Journées d’amitié", du jeudi 22 au lundi 26 novembre (chaque jour à partir de 10h), avec comptoirs variés : services brodés, art religieux, papeterie, parfumerie, confiserie, articles de Noël, jouets, linge de maison, tricots, épicerie fine et grands choix de vins fins… Grande tom-bola… S’inscrire pour les repas [déjeuner en 2 services 11h45 et 13h30, dîner 1 service à partir de 19h] (pas de repas le lundi 26).Côte-d'Armor✔ Le Foyer de Charité de Tres-saint, BP 54145, 22104 Dinan Cedex, ✆ 02.96.85.86.00, fax : 02.96.85.03.56, organise des activités : du 4 au 10 novembre, une retraite pour prêtres, diacres et religieux «L'Esprit vient au secours de notre faiblesse», avec le Père Raniero Cantalamessa ; le 13 novembre, pour tous, une «Journée pour Dieu» ; du 17 au

18 novembre, une session pour les 12-15 ans, avec la commu-nauté du Foyer ; du 17 au 18 novembre, une session pour les 16-18 ans, avec la communauté du Foyer ; du 23 au 25 novembre, pour les couples «Simplicité, gra-tuité, fécondités», avec Benoit et Isabelle Gosselin ; du 30 no vembre au 2 décembre, pour tous, un week end de l'Avent, « Avance au large !... Sur ta Parole, je vais jeter les filets », avec Mgr Denis Moutel.www.tressaint.comHaute-Garonne✔ Un Colloque «Anthropologie et Bioéthique» (en par tena-riat avec les Associations Familiales Catholiques de la Haute-Garonne), sur le thème : «Tout change, tout évolue... Et le mariage ?» aura lieu le samedi 8 décembre (9h - Messe du jour à la Chapelle des Sœurs - 17h30) à Notre-Dame de la Paix, 19, cours des Ravelins, 31860 Lagardelle-sur-Lèze, avec des conférences : «Regards sur la profondeur du corps humain.

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DoM uniquement - (**) pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. cnil n° 678405 - loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Une approche philosophique et théologique», avec éric de Rus (professeur agrégé de philosophie au Centre pédagogique Madeleine-Daniélou de Rueil-Malmaison, spé-cialiste d’édith Stein) ; «Mariage, filiation et altérité sexuelle : ques-tions anthropologiques, réponses juridiques», avec Jean-René Binet (professeur de droit privé, directeur du Centre de recherches juridiques de l'Université de Franche-Comté) ; «L’homosexualité en vérité», avec Philippe Ariño (professeur d’es-pagnol, comédien, écrivain, auteur de L’homosexualité en vérité. Frais : 8 e/pers., 14 e/couples, 5 e/étu-diants. Garderie pour les enfants. Déjeuner : 13 e/pers., 8 e/étu-diants (possibilité de prévoir son pique-nique). Préinscription obli-gatoire. Rens./insc. : ✆ 05.61.56. 99.93 / [email protected]✔ Au Foyer de Charité, 4 Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52. 80.80 / [email protected], des retraites sont proposées : du 12 (17h (messe à 18h45) au 18 novembre (15h) «"Pour toi, qui suis-je ?" dit Jésus», avec le Père André Manaranche ; du 24 (10h) au 26 novembre (16h30), «à tout âge, être plein d’Espérance ?», avec le Père François-Jérôme Leroy. Possibilité de participer à la Journée Bible - prière - messe le vendredi.Sarthe✔ Des sessions de chant litur-gique auront lieu au Centre Spirituel Notre-Dame du Chêne, sanctuaire marial, 2 rue des Bleuets, 72300 Vion. Découvrir et t ravail ler des pièces de musique sacrée et des chants polyphoniques pour la beauté de la Liturgie... Jean-Christophe Candau, d i rec teur de Vox Cantoris, permet d'explorer le trésor multiséculaire du chant de l'église et d'en préparer ce qui convient pour la messe domi-nicale qui clôt la session. Dates prévues : du 23 au 25 novembre "Christ Roi", du 15 au 17 février "1er dimanche du Carême", du 31 mai au 2 juin "Fête-Dieu", (du vendredi 20h au dimanche 12h30). Rens./insc. : ✆ 02.43.95. 48.01 / [email protected]✔ Au Foyer de Charité, 10 Rue Sommeville, 77380 Combs-la-Ville, ✆ 01.60.60.20.62, une récollection pour les couples et les fiancés est prévue les 24 et 25 novembre «L'Alliance : toute une

histoire», avec en contrepoint "La Boutique de l'Orfèvre", pièce de Karol Wojtyla. également du 28 novembre (18h30, accueil à partir de 17h) au 2 décembre (14h) une retraite d'entrée en Avent «Croire, aimer, espérer», animée par le P. Alain Bandelier. "Pourquoi et comment être disciple et apôtre de Jésus Christ ?" Un chemin à travers l'évangile. Elle veut faire écho à une conviction de notre Pape Benoît XVI : "à l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision de principe ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive."✔ Des sessions sont organisées au Foyer de Charité, La Part-Dieu, 108, rue de Villiers, 78300 Poissy, ✆ 01.39.65.12.00, fax 01.30.74. 71.65 / [email protected] : du 27 au 28 octobre «Ces Anges qui chantent la gloire de Dieu», avec le Père Rouel ; du 28 octobre au 3 novembre «La communion des saints et la prière pour les défunts : signes de notre espérance en la Résurrection, mystère fondateur de notre foi», avec le Père Charnin ; Une école de prière pour les 7 à 12 ans, du 2 (15h) au 5 novembre (14h) «Apprendre à prier à partir de l’évangile. Découvrir la présence de Jésus dans la vie quotidienne, à travers les sacrements, des temps d’ateliers, d’enseignement, de détente...».Calendrier romain✔ Les éditions St Jude, 1 rue des Amandiers, 66330 Cabestany, ✆ 06.89.31.65.83, fax 02.22. 44.64.95 / [email protected], pro-posent le Calendrier Romain Mural (déc. 2012 à nov. 2013). Liturgique : dédicace des mois, grandes fêtes religieuses, sanc-toral, temporal et couleurs litur-giques des dimanches pour les

deux formes [ o r d i n a i r e e t ex t raor-d i n a i r e ] ; Fa m i l i a l : v a c a n c e s

scolaires et jours fériés, fêtes civiles, dates des changements d’heure, de changement de sai-son et phases de la lune. Pratique, il s’affiche au mur, 21x29,7 cm, cartonné, 1,5 e.

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➥ Femme cherche poste aide maternelle, enfants han-dicapés ou non, dans une école, un mi-temps ou plein-temps, sur Paris. Meunier Aude, 14 rue Beaugrenelle, 75015 Paris. Tél : 01.45.77.00.45 (répondeur).➥ Propose à jardinier bien équipé, arrachage de ronces, deux fois par mois, à Lanester (Morbihan). Tél. : 02.97.76.10.47, Mme Martinie.➥ Dame égyptienne chrétienne, réfugiée politique (papiers en règle), bonne pratique du français, cherche travail dans famille pour s'occuper d'une personne âgée ou handicapée à mi-temps ou 3/4 de temps (ne peut passer les nuits, ayant un mari et des enfants), à Paris ou banlieue ouest par RER A, région Poissy, Le Vésinet, St-Germain. Expérience en France, excellentes références, douce, efficace, sérieuse. Mme Mariam Hanna. Tél. : 06.36.55.81.17.➥ Maison d'accueil "L'étang Notre-Dame", dans les Alpes, 1000 m d'altitude, 2 gîtes à louer, 2 à 7 per-sonnes, dans un village, "climat" chrétien, vue cîmes, parc clos, cadre magnifique, prix modérés, paix, accès handicapés, tél. : 04.76.08.61.00.

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