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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Des moines bénédictins dans la brousse guinéenne n Prière pour la Pentecôte pages 18 à 20 pages 6 à 14 84 e année - Hebdomadaire n°3118 - 9 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

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Des moines bénédictinsdans la brousse

guinéenne

n Prière pourla Pentecôte pages 18 à 20

pages 6 à 14

84e année - Hebdomadaire n°3118 - 9 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

FRANCEREtRAitES : Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a reçu les syndicats le 28 avril sur la question des retraites ; la durée de cotisation doit passer de 40 à 41 ans d’ici à 2012, mais des mesures facilitant l’emploi des « seniors » doivent être prises pour faciliter la négociation. Pour sa part, la présidente du Medef, Laurence Parisot, s’est prononcée le 30 avril en faveur d’un recul de l’âge légal de la retraite à 62 ans. Une journée d’action syndicale est prévue pour le 22 mai prochain.LogEmENt : Le décret instituant un délé-gué général pour la coordination de l’hé-bergement et de l’accès au logement des sans-abri ou mal logés a été publié le 29 avril au Journal officiel.BANLiEuES : La secrétaire d’État à la ville, Fadela Amara, a lancé le 28 avril son « contrat d’autonomie », mesure phare de son plan banlieue ; objectif : accompagner vers l’emploi d’ici à trois ans 45 000 « jeu-nes des cités » âgés de 16 à 25 ans.ÉCoLE : Le ministre Xavier Darcos a pré-senté le 29 avril les nouveaux program-mes de l’école primaire qui mettent l’ac-cent sur le français et les mathématiques. Il a demandé à ses services d’amplifier l’expérimentation du service minimum d’accueil (SMA) dans les écoles primaires à l’occa-sion de la grève du 15 mai.Un collégien de Mayzieu (Rhône) âgé de 15 ans qui avait poignardé trois de ses camarades de classe le 21 avril avait prémédité son geste : il comptait frapper 7 ou 8 élèves qu’il considérait comme ses ennemis.Un sondage publié à l’occasion du congrès des parents d’élèves des écoles publiques (PEEP) le 3 mai sou ligne l’insatisfaction générale des parents.thÉâtRE : La 22e nuit des Molières qui s’est tenue le 28 avril aux Folies bergères à Paris a été marquée par le triomphe du spectacle musical « Le Roi Lion » et le cou-ronnement de Michel Galabru pour son rôle dans « Les chaus settes – Opus 124 ».immAtRiCuLAtioNS : L’opposition à la réforme des plaques d’immatriculation s’organise, les modèles devant entrer en vigueur au 1er janvier prochain ne com-portant plus de référence aux départe-ments.RELigioN : Dénonçant les critères de représentativité adoptés, la Mosquée de

Paris a annoncé le 3 mai qu’elle ne par-ticiperait pas aux prochaines élections du Conseil français du culte musulman.

moNdESERBiE : Après des mois d’hésitation, les représentants des 27 pays membres de l’Union européenne ont signé le 29 avril avec Belgrade un accord de rapproche-ment qui préfigure l’adhésion de la Serbie à l’Union.ChiNE : Les premières condamnations officiellement prononcées le 29 avril à la suite des émeutes du Tibet de mars dernier, au nombre de 30, vont de trois ans à la perpétuité. Des émissaires du dalaï-lama se sont néanmoins rendus en Chine le 3 mai ; les discussions ont débuté le lendemain dans la ville de Shenzhen, au sud du pays.

Le ministre de la Santé a lancé le 3 mai une alerte sanitaire après la mort de 22 enfants victimes d’un virus intestinal qui semble se propager rapidement.itALiE : Le candidat de la droite à la mairie de Rome, l’ancien néo-fasciste Giovanni Alemanno, a nettement remporté le 28 avril le second tour de l’élection muni-cipale, après 15 ans de gouvernement de gauche.Cinq alpinistes français ont trouvé la mort le 1er mai dans le parc du Grand Paradis après avoir été balayés par une avalanche.AmÉRiquE LAtiNE : Le ministre Bernard Kouchner, en tournée en Amérique latine pour tenter d’obtenir la libération d’In-grid Betancourt, n’a pas réussi jusqu’ici

à trouver un terrain d’entente entre les Présidents de Colombie et du Vénézuela.tChAd : Un humanitaire français, Pascal Marlinge, a été tué le 1er mai à l’est du pays par des « coupeurs de route ».RuSSiE : Mille soldats russes supplémen-taires vont « protéger » la région sépara-tiste d’Abkhazie contre les intentions bel-liqueuses que Moscou prête à la Géorgie soutenue par l’Otan.gRANdE-BREtAgNE : Les élections muni-cipales en Angleterre et au Pays de Galles du 2 mai ont été marquées par une déroute du parti travailliste qui a perdu environ 330 sièges de conseillers muni-cipaux ; la victoire du conservateur Boris Johnson à la mairie de Londres n’est pas de bon augure pour le Premier ministre Gordon Brown.ALLEmAgNE : La Chancelière A. Merkel a reçu le 1er mai le Prix Charlemagne 2008 à Aix-la-Chapelle ; ce prix récom-

pense l’action en faveur de la cause européenne ; le Président Sarkozy a rendu un hommage appuyé à la Chancelière.ZimBABwE : Les résul-tats électoraux ont finalement confirmé la victoire électorale de l’opposition, mais faute de majorité absolue un second tour sera néces-saire. ÉtAtS-uNiS : En visite à Washington le 2 mai, le Premier ministre fran-çais, François Fillon a jugé préoccupantes les répercussions en Europe de la crise économique

américaine ; les échanges entre les États-Unis et l’Europe représentaient 40% du commerce mondial.Au moins sept personnes ont été tuées le 2 mai dans l’Arkansas où une vingtaine de tornades se sont abattues.PALEStiNE : L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a suspendu le 4 mai ses distributions d’aide alimen-taire dans la bande de Gaza faute de carburant pour ses véhicules.BiRmANiE : La tempête tropicale « Nargis » qui s’est abattue depuis le 2 mai sur la côte ouest de Birmanie a ravagé cinq régions, notamment celle de Rangoun, et fait au moins 350 victimes et des dizaines de milliers de sans–abri.

J.L.

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SOMMAIRE

ACTUALITé 4 COMMERCE Libres renards Alice Tulle

5 pROChE-ORIEnT L'exception israélienne Yves La Marck

DOSSIER 6 AfRIqUE Bénédictins de la brousse Ludovic Lécuru

que faire d'une liberté sans moyens ? Mgr Vincent Koulibaly / L.L.

ESpRIT 15 MéMOIRE DES jOURS Zimbabwe / Corée Robert Masson 16 LECTURES pentecôte Père Michel Gitton

17 TChAD L'église face à la crise Marc Fromager

18 pEnTECOTE L'Esprit commun du père et du fils Ludovic Lécuru

MAgAZInE 21 IDéES Mariage - Révolution Gérard Leclerc

23 CInéMA "Agnus Dei", "Bataille à Seattle","Les aventures d'Impy", "Iron Man"

Marie-Christine Renaud d’André

24 ExpOSITIOnS Art contemporain à Maubuisson

Pierre François

26 ThéÂTRE "Vie du grand dom quichotte..."

Pierre François

27 TéLéVISIOn "L'enfant", "Casino Royale" "Engrenages", "Le 7e juré" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

28 TéLéVISIOn Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

30 BLOC-nOTES Vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture © LudoViC LéCuRu

éDITORIAL

FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008 3

Rendons justice à notre confrère Le Monde, quand il le mérite. Nous l'avons "fustigé", lors de la Semaine Sainte pour sa provocation bête et méchante - cela avait-il été prémé-dité ? - à l'heure où les chrétiens célébraient le mystère central de leur foi. Mais, dans les mêmes pages littéraires

et philosophiques du quotidien du soir, nous avons, depuis, pu lire l'excellent Rémi Brague. Augustin et Pascal sont venus en contrepoint de Voltaire et diderot. Nous avons aussi beaucoup apprécié la série signée Jean Birnbaum sur Mai 68, à l'enseigne d'une "divine surprise". En effet, le choix d'un angle original - la contestation du point de vue de l'absolu - est venu heureusement compléter les analyses de l'événement, sous un biais généralement oublié dans le torrent de la commémoration. Regrettons simplement que le message original de Maurice Clavel n'ait pas été rappelé dans cette approche de la dimension reli-gieuse d'un mouvement dont la part de démesure ne pouvait être comprise ou résolue par l'idéologie ou par la politique.

une figure émerge de cette évocation : celle de Benny Lévy, chef charismatique de cette très étrange "Gauche prolétarienne", dont le maoïsme flamboyant s'apparente plus à un illuminisme décalé qu'à une adhésion en connaissance de cause à l'un des plus horribles systèmes de l'ère totalitaire. La méprise devait d'ailleurs être de courte durée et Benny Lévy en tirerait les conséquences en faisant retour à la Torah de ses pères ! Cela allait l'entraîner très loin, jusqu'à la Jérusalem de la plus stricte observance du judaïsme, dans une quête mystique et ascétique qui a le mérite de nous ramener au grand appel de l'Alliance… Avant de quitter Paris, le même Benny Lévy avait réussi ce tour de force de tirer Sartre de sa rhétorique existentialiste athée pour le mettre à l'école de la démarche biblique d'Emmanuel Lévinas !

L'ex-chef de la Gauche prolétarienne a entraîné dans son sillage quelques-uns de ses camarades. Mais d'autres ont choisi des chemins qui les ramenaient vers leur christianisme d'enfance. Maurice Clavel, en appelant au réveil de l'Esprit, s'était fait le conducteur de la conversion de beaucoup. un phénomène analogue s'est produit en italie autour de Communion et Libération qui a ramené à la foi beaucoup d'anciens gauchistes. L'Esprit souffle où il veut et la Pentecôte peut surgir inopi-nément là où on ne l'attend pas. Ce qui compte, c'est la disponibilité de nos cœurs et de nos intelligences à cette force qui doit transformer la face de la terre. n

écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

L'appelde L'Esprit

par Gérard LECLERC

Pensez à l'avenir deFrance Catholique quand vous

étudiez votre déclaration de revenus et les diverses déductions fiscales

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Les choses seraient plus claires si l’on cessait de cacher sous un mot passe-partout (moderni-

sation) la logique dont on s’inspire – en l’occurrence le libéralisme économique. à tort ou à raison, le prési-dent de la République et le gouvernement sont persua-dés que la baisse des prix courants permettra d’aug-menter le pouvoir d’achat, selon la pro messe faite par le candidat Sarkozy.

Présentée en Conseil des ministres le 28 avril, la « loi de modernisation de l’écono-mie » est l’expression de cette conviction. Le projet gouvernemental contient des dispositions intéres-santes pour les petites entreprises (par exemple la réduction des délais de paiement à soixante jours) et d’autres discutables (le livret A sera distribué par toutes les banques) mais ce sont les dispositions sur le commerce qui ont immédia-tement retenu l’attention.

En ce domaine straté gique, le nouveau texte prévoit deux semaines supplémentaires de soldes chaque année à des dates librement choisies par les commerçants, la libre négociation des tarifs entre les industriels et les distribu-teurs et l’aménagement de la loi Raffarin sur l'implantation

commerciale, avec un relève-ment de 300 m2 à 1000 m2 du seuil de déclenchement de la procédure d'autorisation.

Ce sont ces deux dernières dispositions qui provoquent un vif débat entre le gouver-nement et de nombreux députés de l’UMP. Pourquoi accorder la liberté d’instal-lation aux grandes surfaces (jusqu’à 1000m²) dans les villes et banlieues ? Pour diminuer le pouvoir d’at-traction des hypermarchés qui seront obligés de baisser leurs prix

face à la concurrence des nouveaux com merces. Ardent défenseur de la nouvelle loi, Michel-Edouard Leclerc promet que l’inflation sera « di visée par deux » dans ses magasins quand la loi sera adop tée et il est clair que Ni co las Sarkozy a été sensible à cet argument.

Mais est-ce si sûr ? Le relè-vement du seuil de déclen-chement de la procédure

d’autorisation des implan-tations commerciales risque de « déstabiliser l’urbanisme commercial » selon Christian Jacob, ancien ministre des PME, en d’autres termes de « tuer le petit commerce » en introduisant « le renard libre dans le poulailler libre » pour reprendre les mots et les images fréquemment utilisées par des députés de l’UMP.

La liberté de négociation des tarifs entre distributeurs et fournisseurs (« négociabi-lité ») rencontre l’opposition de l’ensemble des fournis-seurs (aussi bien de grandes firmes comme Danone que les petits agriculteurs) car tous craignent que la nouvelle loi ne vienne renforcer le pouvoir des six centrales d’achat qui règnent sur le secteur. De fait, l'Ania (Association Nationale

des Industries Alimentaires), la FNSEA (Fédération natio-nale des syndicats d'exploi-tants agricoles), la CGGPME (Confédération générale des petites et moyennes entre-prises), et plusieurs autres organisations profession-nelles ont annoncé qu’elles manifesteraient devant l’As-semblée nationale si le texte gouvernemental restait en l’état.

Auteur d’un ouvrage de référence sur la grande distri-bution (1), Chris tian Jacquiau précise pour sa part que les distributeurs peuvent baisser

leurs prix en diminuant les salaires de leurs employés, ce qui provo-quera un effet contraire à celui qui est attendu : baisse du pouvoir d’achat, donc de la consommation et de la croissance. Pour lui, c’est le soutien au pe tit commerce de proxi-mité qui peut créer les conditions d’une concur-rence saine.

Nicolas Sarkozy se fait fort de convaincre « sa » majorité parlemen-taire. Mais les député

de l'UMP ne comprennent pas pourquoi ils se coupe-raient de secteurs qui votent traditionnellement à droite pour obtenir une hypothé-tique baisse des prix. Comme pour les dispositions sur les OGM, qui avaient créé des oppositions entre ministres et entre députés de droite, la question du commerce risque d’être un nouveau facteur de dé sordre. n

Libres renards

ACTUALITÉCOMMERCE

Michel-Edouard Leclerc promet que l'inflation sera « divisée par deux »

4 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

par Alice TULLE

(

Dès sa présentation en Conseil des ministres, le projet de « loi de modernisation de l’économie » a provoqué des réactions hostiles dans les rangs de la majorité.

(1) Christian Jacquiau : Les Coulisses de la grande distribu-tion, Albin Michel, 2000.

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De p u i s 1967 , e t en core plus depuis 1973, notre regard sur l'Etat d'Israël a été inséparable du

conflit israélo-palestinien. Le monde ne sait plus voir Israël en soi. Notre perception est déformée par ce qui se passe à côté, autour. Or les Israéliens vivent encore largement dans l'ignorance – plus ou moins consciente - du problème. à titre personnel, ils se dé placent toujours aussi rarement en territoire palestinien. Pour la majorité d'entre eux, ils n'ont même jamais été dans une colonie, une implantation juive en territoire arabe, sauf dans la ceinture de Jérusalem ou de Tel Aviv. L'érection du Mur a encore plus limité toute circu-lation. Il n'y a pratiquement plus de travailleurs arabes, mais des Asiatiques.

De même, l 'État d'Is-raël disparaît souvent, pour beaucoup d'entre nous, sous le concept de Terre sainte, la terre de la vie du Christ, alors que l'Israélien moyen n'a qu'un contact épisodique et curieux avec cela, par exemple le jour de Noël à Bethléhem. L'Histoire de la Palestine est pleine de la présence des Grandes Puis sances, de Bonaparte à Balfour (1), mais cette Histoire se termine avec Exodus. L'État d'Israël créé par Ben Gourion ne sera plus désormais que l'État des Juifs. Les privilèges des Chrétiens sous l'Em pire Ottoman se perpétuent bon gré mal gré, mais comme des survivances ou des concessions

accordées par la législation d'Israël. Jusqu'à quand parlera-t-on encore de protectorat des Lieux Saints par la France ?

Tout ceci est de plus en plus évident. On a beau parler de plus en plus de Dieu. Israël n'a, aujourd'hui, à soixante ans, plus besoin de revendiquer l'hé-ritage de la Bible ni celui de

la Shoah pour exister dans le monde des nations. Il n'a plus besoin de se justifier. Il est pour ce qu'il est. C'est bien là qu'est le problème. Car une nation privée d'idéologie ne perd elle pas sa légitimité ? Celle-ci en Israël coïncide avec sa légalité, ce qui est d'ailleurs conforme au Talmud. Régis Debray, dans une observation au hasard de la plume, relève fort justement que le Talmud tend à se subs-tituer à la Torah comme les Hadith se sura joutent de plus

en plus au Coran. (2) Cela ne date pas d'hier puisque c'était déjà l'objet de la querelle du pharisianisme. Debray pour-rait également poursuivre son observation pour les chrétiens, ce qui nous entraînerait hors du sujet de cette chronique. Au moment où l'on ressort le juriste pro-nazi Carl Schmitt

(cf. l'article de Gérard Leclerc dans FC n°3104 du 1er février 2008), il est intéressant de voir la légalité tenir debout toute seule qu'il s'agisse du droit isla-mique ou d'Israël.

Reste à attendre la transpo-sition de cette évolution au plan du droit international. Il y aurait peut-être là une piste pour une pleine reconnaissance d'Israël dans le concert des nations. Un pas dans ce sens aurait été noté de la part du Hamas qui serait en quelque sorte l'idée de

prendre acte de l'existence d'Is-raël comme un fait juridique que l'on ne peut nier même s'il ne peut y avoir reconnais-sance.

Nous sommes ici bien loin du droit international public. Nous raisonnons en juristes de la Charia face à des juristes talmudiques. La difficulté pour les Européens est que ne s'est pas développé historiquement un droit chrétien hors du droit laïc. Finalement, l'on mettrait en évidence qu'il peut y avoir une forme de laïcité au cœur des droits islamique ou judaïque.

Au lieu de chercher une banalisation introuvable, une normalité qui ne vient pas, au bout de soixante ans, il nous faudrait fonder l'exceptionna-lisme moral israélien (3) Mais alors comment éviter aussi l'ex-ceptionnalisme musulman ? Et chinois ? Et américain ? Tout dépend de la définition que l'on donne à l'exception ou à l'état d'exception, concept parfaite-ment Schmittien. La boucle est bouclée. L'ironie de l'histoire est bien que ce soit l'État d'Is-raël, dont, à ma connaissance le juriste allemand n'a jamais parlé, qui redonne de l'actua-lité à ses thèses. n

ACTUALITÉpar Yves LA MARCK

L'exception israéliennePROCHE-ORIENT

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)Une piste pour une pleine reconnaissance de l'État d'Israël dans le concert des nations

Les soixante ans d'Israël sont l'occasion de regarder l'Etat d'Israël tel qu'en lui-même.

(1) Titre du premier de deux vo lumes publiés par CNRS Édi tions, sur l'histoire de la Pa lestine de 1797 à 1917, puis de 1917 à 1948, par Dominique Trimbur et Ran Aaronsohn.(2) Régis Debray, Un Candide en Terre Sainte, Gallimard.(3) Le meilleur des mondes, spécial Israël, printemps 2008, Denoël, notamment les contri-butions de Abraham B. Yehoshua et d'Ariel Colonomos.

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Par 35° à l’ombre, en cette fin du mois d’avril. Le climat guinéen est l’un des plus rudes d’Afri-que avec celui de l’Éthiopie. À la différence près que la Guinée est un pays fertile, le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest »

comme on l’appelle ici. Limitée au nord par la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Mali, à l’est par la Côte d’Ivoire et encore le Mali, au sud par le Libéria et la Sierra-Léone et enfin à l’ouest par l’Océan atlantique, la Guinée s’étend sur 250 000 km2. Ces trente dernières années, la Guinée a fait face à de terribles tourments

économiques dont les ef-fets sont loin d’avoir dis-paru. Le prix de 25 kilos de riz est en passe d’excéder le salaire mensuel moyen.

Les commu nautés chré-tiennes sont demeurées sans prêtres tout au long du régime de Sékou Touré, l’homme qui emprisonna pendant huit ans dans ses geôles l’archevêque de Co-nakry, Mgr Robert Tchidim-bo. Il reste de cette époque une espèce de dépit am-biant, d’inquiétude face à des émeutes toujours pos-sibles comme celles qui ont agité le pays début 2007. À la suite de ces incidents meurtriers, un Premier mi-nistre a été nommé à la demande de la population. Mais il s’agit d’un poste plutôt fictif, sans légiti-mité constitutionnelle. Un

peuple usé et désabusé, où la criminalité aug-mente comme en a été victime le Frère Joseph Douet, religieux français assassiné pour des motifs crapuleux le 8 avril dernier. Bienvenue chez les Guinéens.

DOSSIER

En 2003, quatre moines de l’abbaye de Keur Moussa, au Sénégal, sont envoyés fonder le prieuré de Saint-Joseph de Séguéya, au cœur de la brousse guinéenne à l’appel de l’archevêque de Conakry. Partis de rien, ils sont maintenant sept, et bientôt neuf. La Guinée est un pays où l’Église a subi de lourdes persécutions sous la dictature marxiste de Sékou Touré, où l’inflation est galopante, où l’économie est désorganisée alors que les ressources naturelles sont pourtant abondantes. C’est là que ces moines, de la congrégation de Solesmes, veulent vivre un esprit de communion et de solidarité avec une Église éprouvée.Mgr Sarah, et maintenantMgr Koulibay, son successeur, sont convaincus que des bénédictins peuvent apporter beaucoup à un peuple entier, chrétiens et musulmans, qui a souffert indistinctement de la dictature, par leur vie de prière et par l’exemple d’une vie de travail. Une expérience différente, mais non sans rapport avec celle des moines orthodoxes en Égypte que nous vous avons présentée la semaine dernière.

6 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

FONDATION DES MONASTÈRES

Bénédictins de la brousse

Arrosage des plans de bananiers

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DOSSIERTextes et photos par

le Père Ludovic LÉCURU

C’est à 125 km au sud de Conakry, la capi-tale, que les moines de Keur Moussa ont fondé un nouveau monastère le 30 décembre 2003. À cette date, les Frères Stanislas, Maixent et Noël avaient été envoyés en précurseurs. C’est le premier qui est nommé Prieur. Aujourd’hui, la jeune communauté compte sept moines. Elle en comptera neuf en septembre prochain.

C’est à la demande de Mgr Robert Sarah, ex-archevêque de Conakry, maintenant secré-taire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples à Rome, que la communauté des moines bénédictins de Keur Moussa, elle-mê-

me fondée en 1963 par les moines de Soles-mes, se lance dans l’aventure. Dans ce pays à forte proportion musulmane (lire l’interview de Mgr Vincent Koulibaly), comme d’ailleurs dans la plupart des pays d’Afrique, « c’est parce que c’est difficile pour les chrétiens que l’Église doit y être », soutient le Père Abbé de Keur Moussa, Dom Ange-Marie Niouky. « Nous ne sommes pas partis comme des sauveurs, pré-cise-t-il, mais comme des témoins du Christ avec ceux qui sont déjà sur place depuis long-temps, les évêques, les prêtres, les religieux et les reli gieuses ». La présence musulmane y

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« C'est parce que c'est

difficile pour les chrétiens que l'Église doit y être »

Bénédictins de la brousse

Office accompagnéà la kora

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est quasi majoritaire. « L’islam est fervent mais peu bruyant, assure le Père Stanislas. Dans l’ensemble, les musulmans estiment les chré-tiens même si des tensions existent ».

La première reconnaissance de terrain avait eu lieu en 1999. Un peu comme les Hébreux partis reconnaître les terres de Canaan, le Père Jacques est revenu enthousiaste. Le lieu s’appelle Séguéya et le monastère a été placé sous la protection de saint Joseph. Le choix de Séguéya a été orienté par la pré sence, depuis 1996, des moniales bénédictines du prieuré Sainte-Croix de Friguiagbe, fondé par le mo-nastère de Maumont. « Cette fondation n’était pourtant pas une nécessité pour notre com-munauté, précise le Père Ange-Marie, mais elle est un appel à la confiance et à l’audace. Elle

nous oblige à aller jusqu’au bout. Nous avons fait un enfant, il nous faut nous en occuper. Cette fondation correspond certainement à un tournant de notre histoire et de l’histoire de la congrégation de Solesmes en Afrique ».

Les 35° degrés à l’ombre ont dégénéré en orage violent et persistant. Pour le plus grand bonheur des moines. « Et encore, c’est un petit orage », assure le Frère Nathanaël qui s’émer-veille de tout. La violence de l’eau qui ravine prouve que le monastère est bien fondé sur le roc. La brousse guinéenne est une terre fertile dans laquelle il tombe au moins 100 mm d'eau de juin à décembre, la saison d’hivernage. La communauté a fait l’acquisition d’un domaine de 86 hectares appartenant jadis à un colon avant que l’État ne se l’attribue puis finalement le vende. Un peu plus d’un hectare seulement était en état d’être cultivé à l’arrivée des moi-nes de Keur Moussa à Séguéya. Le Père Sta-nislas et ses frères en ont défriché huit autres en l’espace de deux ans. Grâce en grande par-tie au Père Maixent, le cellérier du prieuré, la brousse a fait place aux ananas, aux bananes, au maïs, au soja, aux melons, et bien sûr au riz cultivé dans les « bas-fonds », ces zones bas-ses et vite immergées les mois d’hivernage. En 2007, le prieuré a produit 53 tonnes d’ananas. Le monastère de Keur Moussa se charge pour l’instant d’écouler cette production que le frère Simon transforme en partie en « perlé d’ana-nas », boisson gazeuse qu’on n'oublie pas... Le transport des fruits se fait grâce à un camion

Un peu comme les Hébreux

partisreconnaître les terres

de Canaan

Pour aider le prieuréSi vous voulez un reçu fiscal, faites un chèque à la Fondation des Monastères 83-85, rue Dutot 75015 Paris (en précisant que votre don est destiné à la fondation Saint-Joseph de Séguéya).

Sinon, adressez-le directement à :

- C.C.P. Abbaye de Keur Moussa 36 930 00 W La Source- Monastère de Keur Moussa, 1, Place Dom Guéranger 72300 Solesmes- Monastère de Keur Moussa B.P. 721 Dakar – Sénégal- Prieuré Saint-Joseph de Séguéya, Archevêché de Conakry B.P. 2016 Conakry – Guinée

La communauté sous l'arbre à palabres

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Frère Maixent dans la rizière

Installation d'une pompe

Frère Nathanaël,bibliothécaire

Dieudonné, sous-prieur,et Maixent, cellérier

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mis à la disposition de la communauté par l’Al-liance Inter Monastères (AIM). Huit employés ont été embauchés par les moines, dont un cuisinier. Ici, on fait la cuisine au feu de bois, installations encore som-maires obligent.

Soucieux d’une rapide autonomie financière, les sept missionnaires de Sé-guéya ne ménagent pas leurs efforts et font l’ad-miration de leurs voisins. « La mise en place de ces activités économiques a été prioritaire sur la construction des locaux, sou ligne le Père Stanislas. De nombreuses person-nes nous demandent des semences de riz qu’ils remboursent après leur récolte. Nous distribuons aussi des parcelles

de terrain de notre domaine, le temps d’une culture, à des gens qui veulent travailler et qui n’ont pas de terre cultivable ». Ce qu’il y a de bien dans cette attitude, c’est qu’elle contri-bue à dissiper la méfiance que la venue de ces moines chrétiens a pu inspirer à certains ha-bitants. « Au début, ajoute le prieur, les gens nous soupçonnaient de venir prendre leurs terres. Mais peu à peu, nous nous sommes fait des amis ».

Les circonstances ont fait que les frères donnent des soins médicaux à leurs voisins de brousse. Ce sont les Frères Noël et Épiphane qui sont chargés d’accueillir des hommes, des femmes et des enfants affectés de mille bobos jamais soignés, parfois atteints de paludisme. « Ce n’est pas notre vocation, rectifie le Frère Épiphane, mais le Seigneur nous demande de le faire, alors on le fait ». Il est arrivé plu sieurs fois que les moines soient appelés en pleine nuit pour conduire à Friguiagbe, la préfecture toute proche, des femmes sur le point d’accou-cher. Signe de la gratitude de ces familles gui-néennes : elles donnent à chaque fois comme prénom à leur garçon, si c’en est un, celui du frère qui a conduit en urgence à la maternité la femme sur le point d’accoucher. La brousse compte ainsi pour l’instant au moins un petit Épiphane et un petit Noël.

Aucun des frères ne parlait le soussou, la langue locale. Alors ils s’y sont mis. Le Père Dieudonné, sous-prieur, a composé une messe en soussou. « Il y a des potentialités impor-tantes car le patrimoine culturel et musical de la Guinée est très riche. Nous faisons des recherches pour mieux connaître les chants et les instruments de musique des ethnies pré-sentes en Guinée. Pour le reste, nous suivons la

liturgie de Keur Moussa ». C’est-à-dire un ensemble étonnamment harmo-nieux et priant de wolof, de français, de latin, de khora, de tam-tam et de balafon. La vie liturgique à Séguéya est simple et appliquée. La chapelle se trouve à l’extrémité des bâtiments d’habitation. Sa bénédiction avait été annoncée à la population locale dans le simple but d’inviter les gens à prier pour la communauté. Fi-na lement, l’affluence a

beaucoup touché les moines. Une vingtaine de prêtres étaient là, une chorale de Conakry, une

Vêpres à la chapelle

Rue de Conakry

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DOSSIER

Frère Épiphane dans son dispensaire

Total des cultures

La cuisine au feu de bois

Un ami du monastère

Station avant les vêpres

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12 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

Le prieuré de Keur Guilayeest érigé en abbayeFondé en 1967 par les bénédictines de Sainte-Cécile de Solesmes, le prieuré Saint-Jean Baptiste vient d’être érigé en abbaye. Une étape importante de la congrégation de Solesmes en Afrique de l’Ouest.

Le 12 avril dernier, l’évêque de Thiès, Mgr Jacques Sarr, a présidé la bénédiction abbatiale de la Très Révérende Mère Françoise de Brantes. Celle-ci, prieure de la fondation de l’abbaye Sainte-Cécile de Solesmes, Keur Guilaye au Sénégal, depuis 1967, a été élue abbesse en raison de la promotion du prieuré au rang d’abbaye. Le prieuré Saint Jean-Baptiste de Keur-Guilaye avait été fondé à la demande de l'Archevêque de Dakar, Mgr Thiandoum, par les moniales de Solesmes pour que de jeunes sénégalaises puissent, elles aussi, mener la vie monastique bénédictine qu'elles commençaient à découvrir au monastère bénédictin tout proche de Keur-Moussa.Dans les premiers mois de 1967, quatre moniales de Sainte-Cécile de Solesmes quittent les rives de la Sarthe pour les dunes du Sahel. En septembre 1968, un terrain de 30 hectares était acquis sur le territoire du village de Keur Guilaye, à quatre kilomètres de Keur-Moussa, fondé cinq ans auparavant par les moines de Solesmes. Le 23 janvier 1969, Mgr Thiandoum posait la première pierre de l'église. Le 16 avril 1970, le monastère était solennellement béni et inauguré. Le 27 avril 1993, il était érigé en prieuré autonome et Mère Françoise de Brantes élue prieure. L’expérience se confirmant, le prieuré a cette fois été érigé en abbaye. L’ancienne prieure a été élue première abbesse le 12 janvier dernier, veille de la fête du baptême du Seigneur, prenant comme devise abbatiale : « Illo oportet crescere ». Traduisez : « Il faut que Lui grandisse », empruntant cette expression à Jean le Baptiste à propos du Christ (Jn 3, 30). « Cette évolution a été souhaitée par le Père Dupont, Président de la Congrégation de Solesmes, en accord avec Rome, en raison de notre expérience ici depuis plusieurs années ». À la question de savoir ce que cela change pour la vie de la communauté, la nouvelle Mère Abbesse répond que « cette bénédiction apporte une grâce personnelle et communautaire, sans oublier qu’elle souligne la place importante de la femme dans l’évangélisation ». Entourée le jour de sa bénédiction abbatiale des moines de Keur Moussa, de prêtres des diocèses de Dakar, de Thiès et d’ailleurs, de Mères Abbesses et de plusieurs moniales de Sainte-Cécile – le clan des céciliennes - Mère Françoise de Brantes est l’abbesse la plus récente en même temps que la supérieure majeure la plus ancienne de l’Afrique de l’Ouest.La liturgie de Keur-Guilaye est très proche de celle de Keur-Moussa tout en gardant sa note propre. Un atelier de pains d'autel fournit des hosties à une grande partie des paroisses du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée-Bissau. Les produits d'une petite exploitation agricole (potager, poules pondeuses, porcherie) sont vendus à Dakar, tandis que les fruits du verger sont en partie vendus frais, en partie transformés en confitures, sirops et pâtes de fruits dans l'atelier de confiserie.

L.L.

centaine de personnes du voisinage, aussi bien chrétiennes que musulmanes.

Lorsqu’on demande au Père Stanislas si l’aventure de Saint-Joseph de Séguéya en Afri-que ne ressemble pas à celle de l’Europe évan-gélisée par les moines tout au long du Moyen Âge, le père prieur qu’il est répond : « Nous n’avons pas assez de recul pour cela. Ce n’est d’ailleurs pas notre préoccupation. On n’écrit pas un projet, on le vit. On ne spécule pas. On ne se projette pas non plus. Nous sommes là, un point c’est tout ». Étant saufs l’avis et l’hu-milité du père prieur, la ressemblance est ce-pendant là. Cette jeune communauté, née de la non moins jeune communauté de Keur Moussa, se lance dans une aventure où fidélité et créa-tivité se mêlent. En fondant l’abbaye de Keur Moussa, en 1963, les moines de Solesmes ont accompli un génial travail d’adaptation, sans doute plus facile à réaliser en Afrique que dans une Europe chrétienne davantage sur ses gar-des en raison du sécularisme et du pragmatis-me ambiants et qui, pour cette raison, est plus portée à copier qu’à créer. « Le monachisme africain est moins rigide, moins formaliste », confie le Père Ange-Marie. D’où cette fonda-tion progressive au milieu d’une population attentive à ce qui se passe autour d’elle et au cœur d’un pays instable.

Si la souplesse est à l’ordre du jour, les prin-cipes de la vie bénédictine demeurent le cap de cette fondation africaine et solesmienne pleine de promesses. « Peu à peu, nous établissons matériellement et spirituellement notre clôtu-re. Nous apprenons aux gens à respecter notre espace sans lequel notre identité monastique disparaîtrait et n’aurait plus d’intérêt pour eux ». Les frères de Séguéya veulent avant tout montrer à leurs Guinéens de voisins qu’il est possible de cultiver cette terre en s’en donnant la peine. « Nos hôtes sont séduits par notre tra-vail et le rythme de notre prière. À eux seuls, c’est un témoignage que nous aurons toujours le souci de donner ». n

Mère Françoise de Brantes

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INTERvIEw DE MgR vINcENT KOulIBAly

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DOSSIER

Quel est le visage de l’Église de Guinée ? n

Elle est constituée de trois diocèses, ceux de Conakry, de N’Zérékoré et de Kankan. L’Église de Guinée-Conakry doit son évangélisation aux Pères spiritains à partir des années 1875-1877. Le nombre de catholiques aujourd’hui s’élève à 126.000 environ pour 7,5 millions d’habitants, soit une proportion de 1,7% seulement. Sékou Touré, parvenu au pouvoir en 1958 lors de la rupture de l'union-partenariat avec la France, a expulsé tous les missionnaires français et étrangers au moment où l’Église prenait son essor après pres-que un siècle d’évangélisation. Sékou Touré a fait arrêter Mgr Tchidimbo en 1970 et l’a incarcéré au camp Boiro d’où il n’a été libéré qu’en 1979 après avoir subi de nombreux sévices.

Au milieu des années soixante, il ne restait plus que 9 prêtres pour toute la Guinée Conakry. Des catéchumènes sans prêtres sont allés à l’islam. Si les missionnaires n’avaient pas été ex pulsés, les communautés chrétiennes seraient beau-coup plus nombreuses et importantes à l’heure actuelle. C’est une situation que les autres pays décolonisés n’ont pas connue. Leurs missionnaires sont restés et ont pu passer la main à un clergé autochtone. Les évêques de la Conférence épis-

copale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) ont tenté de former des prêtres à l’extérieur de la Guinée avant de les envoyer ici.

Mais Sékou Touré a refusé cette solution. Il in-terdisait même aux prêtres de dépasser la ville de Kyndia, à 135 km de la capitale. À partir de 1984, à la chute de Sékou Touré, le régime militaire a fait preuve d’ouverture en faveur de l’Église ca-tholique. Malheureusement, à cette époque, les vocations en Europe baissaient. Nous avons de-mandé aux autres pays d’Afrique de l’Ouest de nous envoyer des prêtres fidei donum, notam-ment du Sénégal, mais leur nombre est demeuré insuffisant. Beaucoup de villes avec de grosses communautés chrétiennes n’ont toujours pas de prêtres à leur tête.

Les chrétiens subissent-ils des pressions ? n

Pas de la part des autorités en tout cas qui nous permettent de faire tout ce que nous vou-lons, mais sans moyens. En revanche, il existe une pression qui ne dit pas son nom. Dans certains endroits, les chrétiens sont expulsés, leurs loge-ments sont confisqués en raison de leur appar-tenance catholique. Certains villages ne sont pas encore parvenus à construire une chapelle, même dans des villages pourtant soutenus par le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Dé-veloppement, ndlr). J’ai tenté de sensibiliser des évêques français à ce sujet. Je demande à ce Co-mité d’ouvrir le cœur de la population musulmane guinéenne à leurs compatriotes chrétiens.

Qu’apporte à votre diocèse la présence des moines nbénédictins de Séguéya ?

Beaucoupde villes avec

de grosses communautés chrétiennes

n'ont toujours pas de prêtres

Mgr Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry depuis 2001, est devenu un conseiller incontournable du dialogue social en Guinée. Il répond à cette attente de la population avec un discernement pastoral digne des premiers pasteurs de l’Église.

Que faire d'une liberté sans moyens ?

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DOSSIERCe sont les acteurs d’une vraie ouverture. Leur

présence chrétienne au cœur d’un monde musul-man est essentielle à notre Église. Ils ne laissent pas les Guinéens indifférents. Ces derniers res-pectent cette présence en raison de l’exemple qu’ils donnent. Par leur travail agricole et leur prière, ils évangélisent la terre. Leur production et l’économie qu’ils mettent en place autour d’eux disent à la population qui les entoure : « Vous pouvez tirer de votre sol ce qu’il faut ».

On parle d’une crise guinéenne. Comment la défi- nnissez-vous ?

Elle est due depuis plusieurs années à des conflits entre différents groupes au sein de l’auto-rité politique et civile. D’abord le groupe du cer-cle présidentiel qui utilise le Président, le général Lansana Conté, qui est maintenant en mauvaise santé. Il n’a même pas pris part à la précédente campagne présidentielle. Ensuite le Premier mi-nistre. Celui-ci a été nommé l’an passé à la de-mande du peuple à la suite des émeutes qui ont agité le pays. Mais la fonction de Premier ministre n’est pas constitutionnelle, ce qui lui enlève tout pouvoir. Pour donner une efficacité à cette fonc-tion, il faudrait changer la Constitution, comme je l’ai directement indiqué au cercle présidentiel qui s’était engagé à le faire. Cet engagement n’a pas été tenu en raison de l’intimidation et du décou-ragement ambiants. Enfin, les partis politiques et les syndicats qui jouent un rôle d’opposition mais trop souvent en cherchant à déstabiliser la population.

Quelle est l’influence de l’Église catholique sur ncette situation en Guinée ?

Ces conflits entre politiciens, autorités et ac-teurs de la société viennent du fait que chacun a trop tendance à chercher son intérêt personnel au détriment du bien commun. L’opposition devient systématique. Elle provoque une cacophonie, dé-noncée par Mgr Robert Sarah, mon prédécesseur. Lui-même constatait qu’elle divisait les chrétiens qui de vaient demeurer unis dans l’intérêt du pays. S’est constitué alors un Conseil chrétien réunis-sant les catholiques, les protestants et les an-glicans afin de prendre la parole et de relever le ton lorsque la situation devenait tendue. En cas de conflit, nous adressons une parole claire aux autorités afin que soient respectés les engage-ments politiques qui ont été pris entre le cercle présidentiel, le Premier ministre et les acteurs de la société (partis politiques et syndicats), sur-tout dans un contexte d’inflation énorme. Nous constituons un « conseil de veille » auquel s’est joint le grand imam.

Quel rôle en tant qu’archevêque de Conakry jouez- nvous au sein de ce conseil de veille ?

L’Église s’efforce de jouer un rôle de conseil, de vigilance et d’arbitre. Ce rôle n’est pas facile à jouer. Nous n’avons pas la même liberté de pa-role que l’islam mais en même temps nous som-mes plus libres aussi. L’islam dispose de moyens matériels mis à sa disposition par le pays, ce qui l’empêche de prendre parfois position de manière claire en faveur du bien commun par crainte de perdre ces avantages. Ce n’est pas le cas pour nous. Je m’efforce de rappeler auprès du Prési-dent et des partis que chacun doit se ressaisir pour rechercher ensemble l’intérêt du pays, non celui d’une ethnie ou d’une région, encore moins d’un parti politique ou d’un clan. Il faut que tous les dirigeants mettent au premier plan l’intérêt de

la nation. C’est ce que je m’efforce de répéter au gouvernement en gardant les chrétiens unis dans cette recherche.

Êtes-vous optimiste ? n

Nous avons Dieu avec nous. Parce que nous sommes conscients de l’inquiétude des popula-tions et du danger qui guette notre pays du fait de l’incompréhension au sommet de l’État, ce Conseil a appelé l’ensemble des fidèles musul-mans et chrétiens de Guinée à consacrer trois journées de prière en avril dernier, du vendredi au dimanche, dans toutes les mosquées, les églises et les temples du pays. Ensemble, nous avons im-ploré le Tout-Puissant afin qu’il réconcilie les Gui-néens entre eux, en particulier les dirigeants, qu’Il inspire leur cœur et guide leurs pas pour travailler au bonheur de l’ensemble des fils et des filles de notre chère Guinée. n

Trois journées de prières,

du vendredi au dimanche, dans toutes

les mosquées, les églises et les temples

Mgr Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry,avec le Frère Dieudonné

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C'était une terre d'excep­tion. On disait d'ailleurs qu'elle était le grenier

à blé d'une Afrique qui ne connaissait guère d'opulence comparable. Des fermiers venus d'ailleurs avaient mis en valeur cette terre qu'on appelait la Rhodésie.

À l’œil, c'était comme un paradis, un jardin d'Éden ou ce qui lui ressemblait le plus. Des fermes qui avaient l'éclat de la réussite, assuraient ce pays d'une prospérité dans la durée. Le passage à l'in­dépendance avait sans doute été plus difficile qu'ailleurs, mais, malgré de longues années d'embargo interna­tional, il s'était fait sans bou­leversement de cet outil de production resté longtemps en parfait état de marche. Tout était donc réuni pour donner à cette partie de l'Afrique des jours enviables.

C'était trop espérer de la sagesse des hommes qui, pourtant, avait pour elle en la circonstance toutes les chances de réussir, avec, qui plus est, le recul nécessaire sur tant d'ex périences, ratées ou non, dans d'autres pays comparables . L'infortune prend un nom, en l'oc­currence, et c'est celui d'un

révolutionnaire qui conti­nue à croire aux félicités de l'abondance, sans se soucier des conditions qu'elles sup­posent. Au besoin par l'inti­midation, voire la terreur, s'il y avait résistance de la part des grands et moyens fer­miers qui se trouvaient lésés par une politique, mal pensée et mal appliquée, de redistri­bution des terres. Le climat social se transforma au nom de la justice de classe et de race… Les fermes se virent assiégées, leurs propriétaires obligés de monter des gardes de plus en plus dangereuses. Certes les riches fermiers blancs perdirent presque tout, mais à part quelques amis du pouvoir, les pauvres ouvriers agricoles noirs n'y gagnèrent rien.

La chimère d'une pros­périté qui assurerait à tous un avenir improbable avait fait son chemin. Le résultat ne fut pas long à s'imposer dans des pay sages en ruines. Cette nouvelle expé rience d'un marxisme appliqué tournait encore une fois au désastre. Le tiers de la popu­lation abandonnait un pays qui semblait avoir perdu la raison. L'argent manquait. C'est la politique des assi­gnats… qui vaut à ce pays de se retrouver en état de banqueroute.

Harare, la ville capitale, offre aujourd'hui un spec­tacle de désolation. Le seul à s'y retrouver, c'est Mugabe, un personnage qui a mis à sac son pays, mais n'entend point en quitter la charge, malgré des résutats élec­toraux qui constitueraient partout ailleurs un désaveu. Il s'est en effet produit un choc électoral, qui aurait ailleurs l'ampleur d'une crise

de ré gime. Ainsi en serait­il dans un pays vraiment démocratique. Le Zimbabwe hélas en est bien loin, malgré l'existence légale d'opposants vigoureux. Jusqu'au bout le régime en place tente de mettre le processus démo­cratique à son propre ser­vice, en imposant un second tour où il espère se rétablir par tous les moyens. Sa force hélas, c'est l'assentiment des autres États africains, qui savent à quoi s'en tenir mais n'en tirent aucune consé­quence. Ce sombre tyran a encore un capital de pres­tige chez ses confrères chefs d'État de la région. Et l'Onu, dont le Conseil de sécurité est di visé, n'est pas plus décidée à peser utilement en faveur de la liberté.

L'espoir, si fragile soit­il, c'est tout de même ce scru­tin, qui pourrait faire rentrer ce pays dans l'ordre des léga­lités. n

C'était il y a plus d'un demi­siècle de cela, un jour de juin 1950,

dans cet extrême Orient qui ne nous était pas tellement familier : en Corée.

Soudain, le spectre de la guerre faisait retour sur la scène de l'histoire. Le Nord envahissait le Sud.

À peine venait­on de décider d'un équilibre du monde, qui dépendait de si peu : de la force qui s'oc­troyait tous les droits. Sou­dain, des défer lantes de feu menaçaient de reprendre les proportions d'un conflit mondial. Il s'en fallut de si peu : un peu plus de trois ans, pour stopper les va­et­vient

d'armées aux prises dans une sorte de corps à corps, en arrière­plan desquels on retrouvait toutes les puis­sances d'alors. L'Amérique évidemment, mais aussi ce qu'on appelait l'URSS et déjà la Chine. Une certaine raison finit par s'imposer, mais d'une manière provisoire, la quelle, après un demi­siècle, conti­nue à imposer sa loi.

La Corée reste coupée en deux par des parallèles qui ont peu de chances de se rejoindre. On a pu voir, comme en laboratoire, ce que les deux systèmes anta­gonistes pouvaient donner chacun de son côté. Le Sud coréen ne mit pas longtemps à se rétablir malgré bien des soubresauts, et rejoignit les nations les plus performan­tes, au point de devenir une puissance comparable aux plus grandes, où le niveau de vie est le même que le nôtre.

Ce n'est pas le cas, et de loin, de la partie nord de la Corée, où tout semble figé dans une dictature alliant la militarisation générale, le culte de la personnalité et où la fa mine est érigée en sys­tème de contrôle des popu­lations, tandis qu'un chan­tage au nucléaire permet au régime de recevoir des aides même de ses pires ennemis…

Les choses, malgré tout, se sont mises à bouger. On a entrouvert les portes d'accès au Nord. Les touristes sud­coréens, passent dans d'é­troites li mites, pour retrouver les traces de leur passé. Un sentiment de tristesse l'em­porte. Quelque chose comme un étau, qui rend l'air irrespi­rable. On est loin des vraies aspirations des Coréens dont l'avenir, normalement, aurait dû rester commun. n

En mémoire des joursESPRIT

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La tristesseen partage

Zimbabwe :état de ruine

ParRobert Masson

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ESPRIT

Ce qu’il y a de bien avec le Saint-eSprit, c’est qu’il nous prend toujours comme des personnes uniques. Loin de nous considérer dans

la série, il se penche sur chacune de nos vies, dans ce qu’elle a de plus particulier et arrive à créer une harmonie avec tout cela… C’est du grand art !

Au XXe siècle, il y a eu des régimes qui prétendaient soulever tout un peuple dans un élan d’enthousiasme, qui se tournait souvent en haine et en violence. Il y a comme cela des « esprits » qui soulèvent les hommes et leur donnent le sentiment de se transcender dans un grand mouvement de générosité, mais le plus souvent dans une fureur collective. L’individu est entraîné comme un fétu de paille dans un courant aux mille bouches, qui acclament, vocifèrent, une foule qui brandit le poing et les armes. Pour un temps, on ne redoute plus rien, on se jette dans le danger sans y penser. La barrière des devoirs les plus élémentaires est franchie, sans qu’on s’en aperçoive. On tue, on humilie, tout est bon pour la cause !

Rien de tel avec le Saint-Esprit. Saint Paul nous dit que ses fruits sont : « justice, paix et joie » (Rm 14,17). Si l’Esprit Saint nous fait faire l’expérience d’un dépassement de notre moi égoïste, d’une sortie de nous-même, ce n’est pas pour nous instrumentaliser et nous entraîner dans un courant impersonnel. Avec lui, une communauté est faite de visages tous différents, avec leur histoire personnelle, leur force et leur

fragilité, la rencontre unique qu’ils ont faite du Seigneur.

Tout cela est merveilleusement rendu par le miracle de la Pentecôte. L’unité de l’Église est le fruit de l’Esprit. C’est l’Esprit - l’Esprit Saint qui flamboie au cœur de la Sainte Trinité entre le Père et le Fils - qui réunit les croyants, bien plus efficacement

qu’un programme ou qu’un texte, fût-il sacré. Jésus a parlé et agi, c’est vrai, mais il n’a rien laissé derrière lui que ce petit groupe composé de ses douze compagnons, de quelques femmes autour de Marie et sans doute de quelques autres. C’est peu, et, à vue humaine, il ne peut rien en sortir. Mais le Don d’en haut est présent au rendez-vous. C’est lui qui rappelle tout ce que Jésus a dit et fait, il fait revenir à la mémoire aimante des siens l’événement qu’ils ont vécu,

le manifestant comme tellement surabondant qu’il ne cesse de porter du fruit. Surtout, c’est lui qui assure cette fécondité, qui fait jaillir à nouveau la source, aussi fraîche et pure qu’au premier jour, qui multiplie entre les mains des apôtres les signes que Jésus est là, au milieu des siens, les nourrissant, les purifiant, les gué-

rissant de leurs maux.C’est le dynamisme de l’Es-

prit qui rassemble ces hommes déjà si différents, qui leur fait faire l’expérience d’être réunis par quelque chose qui les dé-passe : un don si prévenant, si délicat qu’aucun d’eux n’en est

le maître. Ils y ont tous leur place, et les nouveaux venus comme les autres, sans que rien ne menace ce bien si fort et si complet qu’ils ont reçu. Et l’Esprit leur permet de se donner à leur tour, humblement, progressivement, et d’ouvrir leurs mains, de partager leur avoir, de risquer leur vie. Tout cela dans la joie, avec la certitude que l’avenir est ouvert, que le vieux monde ne pourra plus avoir raison de leur espérance, que Jésus est devant eux et pas derrière.

Vous ne voulez pas essayer ? n

Dimanche 11 mai - PentecôteMesse de la veillePremière Lecture : Genèse (11.1 – 9) ou Exode (19.3 – 8, 16 – 20) ou Ézéquiel (37.1 – 14) ou Joël (3.1 – 5) - Psaume (104.1 – 2, 35, 24, 27 – 30) - Deuxième Lecture : Romains 8.22 – 27 - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (7.37 – 39)Messe du jourPremière Lecture : Actes des Apôtres (2.1 – 11) - Psaume (104.1, 24, 29 – 31, 34) - Deuxième Lecture : 1-Corinthiens (12.3 – 13) - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20.19 – 23).

Des langues de feuqui se posaient

sur chacun d’entre euxpar le Père

Michel GITTON

PEnTEcôTE

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvez le Père Gittonchaque semaine sur Radio Espérance

Tél. 04.77.49.59.69

L'Esprit Saint qui flamboie au cœur dela Sainte Trinité entre le Père et le Fils(

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ÉGLISE

Arche de zoé, opérations mili- taires de grande envergure provenant de son voisin orien-tal, le Soudan, le Tchad est à nouveau au cœur de l’actualité.

Pays enclavé et en grande partie déser-tique, il cumule plusieurs handicaps : espérance de vie en-dessous de 50 ans, mortalité infantile élevée, accès aux servi-ces sociaux de base limité et alimentation très pauvre. À cela s’ajoute un voisinage menaçant : Darfour à l’est et Centrafrique au sud, avec dans les deux cas, énormé-ment de réfugiés : 240 000 du Soudan et 46 000 de la République centrafricaine.

Producteur et exportateur de pétrole, le Tchad n’en reste pas moins l'un des pays les plus pauvres du monde, où les perspectives prometteuses de l’or noir ont fait place à de grandes désillusions. 85 % des recettes du pétrole devaient être affectées à des activités prioritaires de réduction de la pauvreté. Or on assiste à une flambée des prix des denrées de première nécessité et des loyers.

Comme si cela n’était pas suffisant, les différentes ethnies se disputent le contrôle des ressources naturelles et des conflits sanglants parsèment les régions fronta-lières. En plus des réfugiés déjà cités, il faut ajouter 180 000 Tchadiens réfugiés dans leur propre pays, fuyant une insé-curité sous toutes ses formes. Massacres des populations entre elles, climat social de plus en plus malsain, corruption géné-ralisée, forces de sécurité agissant sans foi

ni loi et en toute impunité au détriment de la population, crise morale et civique sans précédent, le pays ne va pas bien !

Sur les huit millions d’habitants que compte le Tchad, 33 % sont chrétiens, 44 % musulmans et 23 % animistes. À travers son engagement dans le déve-loppement et son travail en matière d’éducation et de santé, l'Église prend à bras-le-corps le problème de la pauvreté. Elle prend une part active dans le soutien des réfugiés, si nombreux dans le pays, en pourvoyant tant que possible aux besoins alimentaires de ces populations.

Seule, elle s’est dressée pour ré soudre la question des enfants cyniquement

dénommés « enfants bouviers », qui sont achetés par les éleveurs, forcés à accepter l’islam comme religion, traités dans des conditions inhumaines et déportés loin de leur famille comme du bétail.

L’Église s’oppose également ferme-ment à l’excision, encore pratiquée couramment. « La pratique de l’excision est interdite par l'Église parce qu’elle

est un attentat contre l’intégrité de la personne humaine comme Dieu l’a créée », répètent les évêques.

Pour l’éducation, l'archevêque de N'Djamena, Mgr Mathias Ngarteri, précise : « Notre travail consiste en parti-culier à organiser l'enseignement primaire et secondaire, et à mettre sur pied des projets sociaux : aide aux personnes les plus vulnérables, jeunes et personnes âgées ; programmes d'éducation à la paix et à la réconciliation. Malheureusement, on prévoit que les réfugiés devront rester pour une longue période dans les camps de réfugiés, dans des conditions dif ficiles. »

D'après des estimations de l'UNHCR,

50 000 enfants d'âge scolaire ne fré- quentent pas l'école à cause du manque de moyens, parmi lesquels le manque d'enseignants et de matériel scolaire. Très peu de gens se soucient en réalité de l'avenir de la jeunesse. L'Église s'attelle à la formation et à l'éducation des jeunes afin que demain, ils puissent construire leur pays et trouver leur place. ■

Comme une malédiction, l’apparition du pétrole a plongé le pays dans la crise : dégradation des conditions socio-politiques, tensions croissantes avec les pays voisins. Avec peu de moyens, l’Église s’efforce de contri-buer à réduire la pauvreté.

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Les réfugiés devront rester pour une longue période dans les camps

(Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

par Marc FROMAGER

TCHAD

FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008 17

L'Église face à la crise

Groupe de catéchisme

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PENTECÔTE

par Dom Ludovic LÉCURU *

ESPRIT

Dans l'ancien tes ta- ment, les Juges comme Samson (Jg 13, 5), les Pro- phètes comme

Samuel (1 S 1, 11) ou les Rois comme David (1 S 16, 13), étaient investis de la force de l’Esprit pour une mission particulière et temporaire. Cette force divine les rendait capables d’actions exceptionnelles pour rappeler au peuple élu sa vocation à participer à la sainteté de Dieu. Dans le cas de Jésus, « qui a été conçu du Saint-Esprit », il s’agit de la force de Dieu révélée en la personne même du Fils. Durant son ministère, Jésus manifeste la puissance de l’Esprit. Dans l’Esprit, il affronte le diable (Mt 4, 1) et guérit les possé-dés (12, 28). Dans l’Esprit, il apporte aux pauvres la bonne nouvelle du salut (Lc 4, 18). Dans l’Esprit, Jésus tressaille de joie et bénit le Père : « En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et

de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi » (Lc 10, 21). Dans chacune de ces situations, Jésus ne vit pas de l’Esprit comme d’une force extérieure qui l’enva-hirait du dehors. Si c’était le cas, son mystère de Fils de Dieu ne serait plus l’ob-jet de notre foi en sa divi-nité. Le Christ ne serait qu’un homme hors du commun, doté certes d’une grande envergure morale et philanthropique, mais il ne serait pas « de même nature que le Père ».

Une création nouvelle

« L’Esprit Saint viendra sur toi », annonce Gabriel à Marie (Lc 1, 35). Cette parole de l’Ange renvoie aux ori gines de la création, lors-que « l’esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1, 1). Dans l’Ancien Testament, le fait qu’un juge, un prophète ou un roi soit doté d’une personnalité nouvelle en vue d’une mission parti-culière, se fonde sur le fait

que de l’Esprit vient toute transformation. C’est lui qui change le chaos en cosmos. C’est lui qui du néant tire l’être. Que l’Esprit Saint vienne sur Marie indique qu’une création nouvelle est à l’œuvre, un nouveau commencement, celui d’une humanité sauvée, définiti-vement établie dans l’al-liance divine. Le « oui » de Marie est la réponse faite en notre nom à tous. Le salut n’est pas le résultat de nos forces. Par Marie, l’humanité accepte ce salut comme un don gratuit mais qui ne peut être reçu sans la foi ni l’obéis-sance. Le fait que Jésus soit « né de la Vierge Marie » exprime à la fois la gratuité de l’amour de Dieu et le consentement des hommes à cette gratuité. En Jésus, Dieu apporte à l’humanité un commencement nouveau qui ne provient pas de la somme des efforts humains mais d’un don d’en haut. Ce que le Fils a de plus intime avec le Père, il nous le donne en assumant notre huma-nité du sein virginal d’une femme. Il est essentiel que notre foi repose sur la puis-

sance de l’Esprit agissant au milieu de nous comme il a agi avec puissance dans le sein de Marie.

Esprit dela promesse

Au moment de passer de ce monde à son Père, Jésus promet l’Esprit Saint à ses apôtres. Il l’appelle le Paraclet, mot que l'on traduit par « avocat », « soutien ». Ici-bas, l’Esprit Saint rend témoignage à Jésus (cf. Jn 15, 26). Il est son « Défenseur » et actua-lise sa présence. Durant sa mission sur terre, les paro-les et les miracles de Jésus ne se distinguent guère de la mission de l’Esprit Saint. Aussi, pour que ce dernier soit répandu et reconnu par les croyants, il faut que Jésus s’en aille : « Si je ne pars pas, le Paraclet ne vien-dra pas vers vous » (Jn 16, 7). Cette remarque de Jésus ne signifie pas qu’il existe une concurrence entre lui et l’Esprit. Simplement, Jésus laisse entendre qu’après la Pentecôte, la communauté des croyants reconnaîtra la

L'Esprit commundu Père

et du Fils

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ESPRIT

20 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

mission particulière de l’Es-prit dans l’histoire du salut. Si le don de l’Esprit Saint est manifesté à la Pentecôte, c inquante jours après Pâques, il a déjà été donné sur la Croix : « Jésus remit l’esprit » (Jn 19, 30). Lorsque meurt un homme, si célèbre qu’il ait été, la puissance de son esprit s’arrête avec lui. Ses œuvres font désormais partie du passé. De nouvelles générations en hériteront ou les rejetteront. En tout cas, cet homme ne peut plus rien sur elles. Jésus, en remet-tant l’esprit, en fait le don à l’Église et la fonde. En elle, l’Esprit agit et est présent dans les sacrements qu’elle a mission de donner au nom du Fils. « L'Esprit Saint prépare l'Église à rencontrer son Seigneur ; il rappelle et manifeste le Christ à la foi de l'assemblée ; il rend présent et actualise le mystère du Christ par sa puissance trans-formante ; enfin, l'Esprit de communion unit l'Église à la vie et à la mission du Christ » (CEC 1092). Tel est l’accomplissement de la promesse de Jésus à propos de la venue de l’Esprit Saint : « Il vous enseignera tout » (Jn 16, 13). Peut-être aurions-nous préféré en tendre : « Vous le sentirez ». Mais rien de cela. L’Esprit offre mieux que des sensa-tions fortes à ses disciples : il révèle le sens des gestes et des paroles de Jésus dont il est inséparable. Il leur donne d’af-fronter l’esprit du monde et d’être témoins de l’Évangile. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’Esprit Saint donne au disci-ple de comprendre la Parole de Dieu (§ 111). Il le dispose à l’accueillir dans la foi (§§ 91, 93, 108) et à grandir en elle (§§ 94, 158). Par le baptême, les disci-ples de toutes les généra-tions reçoivent l’Esprit de

Jésus et demeurent unis dans la foi autour de lui pour évangéliser en son Nom.

« L’Esprit de Dieu habite en vous » (1 Co 3, 16)

Le baptisé n’est pas essentiellement un être d’activité, mais d’intériorité. Il est temple avant d’être porte-parole. La mission est donc une intériorisation progressive, une découverte grandissante de la présence de l’Esprit en nous. Le Veni Sancte Spiritus chanté le jour de la Pentecôte nomme le Saint-Esprit « Hôte très doux de notre âme ». C’est dire qu’il est présent au plus intime de notre être, ce que l’Écriture appelle le « cœur ». C’est là qu’il agit. Voilà pourquoi parler de l’Esprit Saint dans la vie de Jésus engage à un appren-tissage de la prière. Ce point est d’autant plus important que celui qui a mission de transmettre la foi est souvent tenté de négliger l’importance de se poser lui-même devant Dieu. Or, il lui est indispensable de savoir tout laisser un instant pour se mettre en sa présence afin d’être éclairé par sa lumière. Dans le domaine de la transmission de la foi, seul l’Esprit Saint peut éclairer le disciple et susciter les fruits inattendus. n

Prière pourle jour de la Pentecôte

« Voici ce que produit l’Esprit : charité, joie, paix, patience, bonté, longanimité, service, confiance

dans les autres, humilité, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22)

Saint-Esprit, avec le Père et le Fils, Tu reçois même adoration et même gloire.Tu es Seigneur et Tu donnes la vie.En ce jour de la Pentecôte, accorde à notre famille de porter les fruits du Saint-Esprit.Fruit de charité, en rendant nos regards émerveillés de la valeur de chacun.Fruit de joie, qui permet de savourer ta présence au-delà des contrariétés et des échecs que nous traversons.Fruit de paix, qui domine les tensions secrètes et conduit à l’abandon complet en la Providence.Fruit de patience, sans laquelle nous sommes la proie des agacements, des paroles dures.Fruit de bonté, par un regard qui porte attention aux joies et aux détresses des autres.Esprit de longanimité pour répondre à ceux qui nous offensent par plus de sympathie.Esprit de service qui nous aide à penser aux autres avant de penser à soi.Fruit de confiance dans les autres en nous révélant le travail de ta grâce en eux.Fruit d’humilité qui renverse l’amour-propre.Fruit de douceur, pour repousser loin de nous la dureté de cœur.Fruit de maîtrise de soi, qui refuse le mal pour que la justice ait toujours le dernier mot.

Amen

À dire par les petits :

Esprit Saint, remplis-moi de ta présencepour que mon cœur porte des fruits de saintetétous les jours de ma vie.

Notre Père…

* Ce texte est extrait du livre Le Credo (pages 63-69), que le Père Ludovic Lécuru a publié aux éditions de l’Emmanuel, 2008 , 149 pages, 14 e.

La prière ci-contreest extraite du livre 100 prières en famille (page 30), du Père Ludovic Lécuru, aux éditions Salvator, 2007, 126 pages, 12 e.

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IDÉESLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

18 fÉvrier

Parmi les clichés soixante-huitard les mieux établis, et donc les plus bien-pensants, celui de la libération des moeurs. Il traîne partout comme une évidence im-posée ironiquement à ceux qui persistent à la refuser et qui sont renvoyés aux ou-bliettes de l'histoire. On échappe rarement à l'anecdote de tante Yvonne refusant de recevoir les couples de divorcés à l'Élysée comme l'archétype même de ce que 68 à fait définitivement exploser. Il n'est pas niable que les sixties - et non mai 68 à lui seul - déterminent un changement massif des attitudes devant la vie. J'ai dû citer des dizaines de fois cette formule qui ap-partient à Pierre Chaunu et qui me paraît incomparablement supérieure à la simple ré volution sexuelle célébrée de façon très adolescente et sans aucun recul par rap-port à la signification réelle de l'évolution des mœurs. La façon de désigner unilaté-ralement le conservatisme, le catholicisme, voire le puritanisme comme responsables des attitudes anciennes, repoussées par les générations nouvelles, me semble éga-lement symptomatique d'une remarquable indigence intellectuelle.

J'ai eu l'occasion de m'en expliquer autour de la rédaction de L'amour en mor-ceaux ?, en me fondant sur les travaux de Michel Rouche. j'attendais de cet historien éminent un livre-somme qui aurait réalisé la synthèse de ses recherches considérables sur le mariage à travers tous les stades de son développement. Ayant dirigé, avec son épouse, la revue Alliance, il avait eu l'occa-sion de distiller à ses lecteurs les résultats de ses recherches. Mais la synthèse n'est pas venue. Heureusement, mon collègue Benoît de Sagazan a pris l'initiative de l'in-terroger pour lui faire livrer son savoir im-mense sur la question. Déjà, il y a cinq ans, cela nous avait valu un premier ouvrage, intitulé Sexualité, intimité et société sous le regard de l'histoire. Et voilà un second volume (CLD éditions) qui complète et en-richit le premier, en abattant, comme le dit une lectrice sagace, « un cliché convenu par page ». Si seulement nos péremptoires « progres sistes » daignait s’intéresser à ses pages denses, nourries d’une information de première main, ils pourraient se mettre à réfléchir sérieusement sur des sujets qu’ils abordent avec la plus grande légèreté.

Il y aurait énormément à dire. Je me contenterai ici de deux remarques. La pre-

mière concerne la persistance de l’héritage chrétien en ce qui concerne l’amour conju-gal moderne. Ceux qui croient sincèrement que mai 68 a tout largué et que c’en est fini définitivement de cette héritage insuppor-table fondé sur la répression, la contrainte et le puritanisme sont très loin du compte. Car que font-ils des interdits qui concer-nent l’inceste, le cannibalisme, le viol, la pédophilie ? « Il faut même y ajouter une notion récemment éclose, la parenté in-dissoluble pour les divorcés, sorte d’avatar reçu de l’indissolubilité du mariage chrétien qui dura douze siècles. Enfin l’aspiration à la monogamie, le mono-partenariat comme disent les sociologues, reste fondamentale et générale. » Michel Rouche ajoute encore l’égale gravité des adultères masculins et féminins qui n’étaient pas entrés, eux, dans les mœurs du dix-neuvième siècle.

Au cours des conférences que j’ai pu faire sur le sujet, j’ai parfois surpris mon auditoire en expliquant que les difficultés actuelles du mariage relevaient largement de la responsabilité de la conception chré-tienne de l’amour. En effet, en faisant du mariage un sacrement qui exigeait le libre consentement des époux et donc la pri-mauté de l’amour, l’Église avait arraché la nuptialité à la tradition universelle fondée sur le mariage négocié par les familles ou le clan. Ainsi la liberté totale exigée par mai 68 constitue une sorte de suite malheureu-se à l’émancipation chrétienne de l’amour.

L’émancipation de la liberté et de l’amour a été payée d’un prix élevé : « il est criminel de violer la liberté du mariage » déclare le concile de Trente, qui apparaît très rigoureux quant aux conditions d’as-surer l’autonomie des consentements : « le saint concile ordonne à tous, de quelques degré, dignité et condition, qu’ils soient, sous peine d’anathématisme encouru ipso jure, qu’en aucune manière, directement ou indirectement, il n’empêche leurs sujets ou quelque autre que ce soit de contracter li-brement un mariage. »

Seconde remarque : Michel Rouche montre aussi l’incroyable énergie dépensée par le christianisme pour arracher le maria-ge à toute proximité incestueuse. Je crains que la défiance à l’égard de l’Église ne ca-che une fantastique régression. On croit avoir abattu les préjugés et les conventions.

Mais on risque de courir à grand pas aux pires confusions inces tueuses des sociétés archaïques. La méprise soixante-huitarde à propos de l’amour est radicale.

21 fÉvrier

Le livre noir de la Révolution française (Cerf) est parfois accueilli par des mouve-ments d’humeur qui semblent en contes-ter la légitimité-même. Et pourtant, nous avons largement dépassé l’âge d’une histo-riographie dite classique qui imposait une sorte de révérence canonique à l’égard de la décennie révolutionnaire. Précisément, n’est-ce pas l’école de François Furet - ou du moins certains de ses représentants - qui conteste le bien fondé du livre noir ? Cer-tes, ils le font avec des arguments métho-dologiques, dénonçant le côté désordonné d’un recueil disparate. De ce point de vue, on leur accordera que l’ouvrage n’est pas un travail d’école, qu’il ne résulte pas d’une longue élaboration commune et qu’il n’a même pas été ordonné sous la férule d’un chef d’orchestre qui aurait rigoureusement maîtrisé la matière et la disposition. Mais si c’était précisément le charme du livre ? Son intérêt ne vient-il pas de la grande liberté des auteurs qui cultivent chacun pour soi un champ de recherche favori ? Et, au gré des interventions, l’attention est attirée par des objets fort divers, qui ont tout de même ce point commun de traiter de ce qui est souvent laissé de côté, ignoré ou dédaigné.

C’est vrai qu’on peut concevoir un re-gret à l’égard de ce non systématisme qui empêche une démarche unifié au terme de laquelle une orientation historiographique commune pourrait se dessiner. Peut-être présumait-on l’équivalent du dictionnaire dirigé par Furet et Mona Ozouf et qui aurait problématisé la Révolution dans d’autres cadres que ceux déterminés par la posté-rité de Tocqueville. Je ne sais pas si c’est possible ou même souhaitable. Quand je relis ce dictionnaire je suis émerveillé par la perfection de ce qui a été réalisé et doute fortement qu’on puisse mieux faire. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rien écrire sur le sujet. Mais il faudrait redéfinir pour cela d’autres problématiques bien ciblées. Il y a bien sûr la tradition contre-révolu-tionnaire, celle de Maistre et de Bonald.

La tradition universelle du mariage arrangé par les familles ou clans

Mariage - Révolution

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Mais justement elle était prise en compte par l’école Furet-Ozouf, qui en montrait à la fois l’intérêt et les limites. On peut toujours imaginer une renaissance de ce courant qui a toujours des disciples et des sympa-thisants. Mais, qu’on le veuille ou non, ils ne possèdent pas la capacité historiogra-phique nécessaire pour maîtriser vraiment la complexité du phénomène de la Révolu-tion française. Je note d’ailleurs que le Livre noir comporte des études qui se rapporte à la ligne du dictionnaire. C’est le cas de Jean-Christian Petitfils, avec son article sur Louis XVI et la Révolution de la Sou-veraineté. Ce n’est pas celui d’autres inter-ventions qui se veulent - disons - provoca-trice. Je pense à l’étude-charge de Frédéric Rouvillois intitulée Saint-Just fasciste ? Je ne suis pas sûr pourtant que François Fu-ret l’aurait désavouée. Sa conclusion à elle seule ne rejoint-elle pas la certitude in-time de l’auteur de L’avenir d'une illusion ? « il y a certes des enfants qui n’ont aucun trait commun avec leur parent, de même que certaines per sonnes se res semblent comme des frères sans avoir le moindre degré de parenté. Mais il n’en va pas de même dans l’histoire des idées, où des si-militudes marquées et répétées signifient toujours quelque chose. » Comment nier sérieusement qu’il existe avec la révolu-tion jacobine et son héros emblématique le modèle « d’une utopie totalitaire, prête à tout pour établir l’homme nouveau dans la République intégrale. Autrement dit, celle d’une prémonition des plus tragiques expé-riences du vingtième siècle ». Les bolche-viques n’avaient aucun doute là dessus, qui n’ont cessé de se réclamer de la trajectoire jacobine. L’article de Stéphane Courtois, spécialiste réputé de l’historiographie du communisme, ne laisse aucun doute à ce propos. On dira que l’affaire est plus dé-licate lorsqu’on établit des filiations avec le fascisme ou le nazisme. Mais il s’agit bien du même creuset totalitaire. Et puis le portrait de Saint-Just dressé par Frédé-ric Rouvillois est plus que troublant par les anticipations qu’il projette. Malraux n’en aurait pas été surpris. J’admets que ça peut être dur à avaler, mais il y a déjà un certain temps que n’est plus tabou la question de la matrice des totalitarismes.

Un autre thème fait mal à beaucoup. C’est celui abordé par Michaël Bar Zvi : l’ambivalence de la Révolution à l’égard des juifs. J’entends des protestations indignées. Il faut reconnaître qu’elles se justifient par le mérite unanimement reconnu aux ré-volutionnaires de l’émancipation des juifs. Mais on laisse ainsi de côté le problème de

la difficulté d’exister avec ses traditions re-ligieuses. Et le mot même d’émancipation contient l’idée rationaliste d’un universel éradiquant les différences. Bien sûr, on op-posera à la revendication d’une autonomie sociale le danger des communautarismes. L’individualisme ré vo lutionnaire en dissol-vant les appartenances communautaires met la tradition d’Israël en danger. Je ne suis pas étonné par l’argumentaire de Mi-chaël Bar Zvi, juif pieux, qui ne craint pas de faire entendre la plainte d’un possi-ble effacement de l’existence juive dans le creuset d’une certaine modernité. Son plaidoyer n’est sûrement pas démagogique dans le climat intellectuel présent. Mais je m’indignerais si on lui refusait de faire entendre sa voix singulière et si essentielle dans notre histoire profonde. Là où certains protestent, je vois une raison de plus pour défendre le bien-fondé de ce Livre noir qui oblige à penser hors des chemins balisés. D’ailleurs, il existe un précédent rappelé opportunément par Fabrice Hadjadj. Dans son article sur Hannah Arendt : « L’éman-cipation fut le prélude de l’extermination ». Son effet, constate Arendt, fut seulement de rendre le Juif plus « voyant » et de re-doubler son statut de paria : pas entière-ment assimilé à la nation française, et dé-sormais étranger à ses propres traditions, il se trouve dans cette posture contradictoire d’avoir à « être et ne pas être un juif ». Com-ment ne deviendrait-il pas la figure de l’hy-pocrisie ? Comment sa visibilité neuve ne le changerait-elle pas en cible de la traque au complot ? L’avenir a prouvé la mortelle ambiguïté du mot lancé par Clermont-Ton-nerre en 1789 : « Rien au juif en tant que nation, tout au juif en tant qu’individu. »

Il ne faut pas sous-estimer la redou-table complexité de cette alternative for-cée : communautarisme ou citoyenneté individuelle. Sans compter que les com-munautés aujourd’hui ne peuvent plus se concevoir sur les modèles d’Ancien Régime et qu’on ne peut plus contester le bien fondé d’un droit commun pour tous les in-dividus. N’en reste pas moins qu’il y a dan-ger d’éradication des différences dans le sens d’un désenchantement des traditions religieuses. Sur ce point, on doit prendre au sérieux les avertissements d’un Jean-Claude Milner, qui, lui aussi, a mis l’accent sur le danger moderne d’éradication de la spécificité juive.

à force d’avancer dans le Livre noir j’ai pris conscience de sa véritable originalité, qui ne vise pas à concurrencer le travail de l’école Furet, mais à étendre l’horizon de la réflexion en rappelant l’apport considé-

rable de tout un univers culturel et litté-raire. Un seul exemple : le bel article que Pierre-Emmanuel Prouvot d’Agostino a consacré à Baudelaire et qui m’a rappelé ce que Philippe Muray avait déjà écrit sur l’auteur des Fleurs du Mal. La sévérité bau-delairienne à l’égard de Victor Hugo est bien autre chose qu’une affaire d’humeur. C’est un différend anthropologique, moral, théologique, qui montre que Hugo est du côté du blas phème, de la vaine prétention, de la captation gnostique du christianisme, et que Baudelaire s’oppose à lui pour cela et en vertu de sa fidélité réelle, indéracina-ble à la foi catholique. C’est peut-être dur à avaler pour beaucoup qui n’ont en tête que l’image du poète maudit. Mais se fixer sur ce cliché de la bien pensance c’est se refuser tout accès au secret d’un de nos plus grand poète. Bien le comprendre c’est s’exposer à entrevoir le maléfice de Hugo dont l’humanitarisme démocratique fait pardonner toutes les turpitudes. Philippe Muray avait déjà cité son odieuse lettre à Michelet pour se faire pardonner, après la mort de Léopoldine, d’avoir été chercher du réconfort du côté de la religion : « Celui dont j’ai voulu parler, ce n’est pas le Dieu de Jésus-Christ, dont se servent les prêtres qui assomment l’intelligence et broient les cervelles, en se servant du crucifix comme d’une massue. C’est Jésus Christ l’homme et le révolutionnaire de Gallilé, qui fut lui-même condamné au supplice par les prê-tres de son temps. […] et plus que jamais, je répète avec vous : l’ennemi c’est l’Infâme qu’il faut continuer à écraser. »

De Voltaire à Hugo, la haine s’est propa-gée, après avoir traversé la Révolution, en inspirant sa déprêtrisation et l’éradication de tout signe chrétien. On oublie trop ce grand trou noir où s’origine le maléfice mo-derne de l’anti-christianisme. Mais il n’avait pas échappé à Baudelaire, qui, en dépit de son étrangeté, avait subit les tourments de ce déni du vrai christianisme. Il faut lire tout l’article de Prouvot d’Agostino : il nous introduit au secret de ce désespéré qui sue son encre « comme on sue du sang, comme on suinte la sueur d’angoisse de tout les Lama Sabact’ani. La vérité ne l’intéresse que désespérée, ou terrible : bien moins en-visageable, avec son regard étourdissant et pétrifiant de Méduse, que la pâle et chlo-rotique déesse au sourire triste rêvé par Renan dans un de ses trop rares moment d’inquiétude. » Rien que pour cela, il faut recommander ce Livre noir de la révolution française, car, avec bien d’autres contribu-tions, il casse l’écorce lisse de l’humanisme contemporain pour nous faire entrevoir que le salut de l’humanité c’est autre chose qu’une soi-disant révolution rédemptrice, c’est le drame total dans lequel le Dieu de Jésus-Christ a voulu lui-même se livrer. n

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Ce grand trou noir où s'originele maléfice de l'antichristianisme

IDÉES

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CINéMA

L’Argentine est encore loin d'avoir pansé toutes les blessures de son histoire, en particulier la page

som bre des années de dictature, à la fin des années 70. Le cinéma, à travers le biais de la fiction, sert d'exutoire et constitue un moyen privilégié d'évo-quer ces drames familiaux qui mar- quèrent plusieurs générations. C'est d'ail leurs une jeune réalisatrice, Lucia Ce dron, qui a choisi d'aborder ce sujet encore sensible et dou loureux.

En 2002. Arturo, 77 ans, est enlevé à Buenos Aires. Les ravisseurs contactent sa petite-fille, Guillermina, et exigent une forte som me d'argent. Dé sorientée, la jeune fil le fait appel à sa mère, Teresa, la fille d'Arturo. Celle-ci ressent encore de la colère contre son père, car elle est persuadée qu'il n'est pas étranger à l'as-sassinat de son mari sous la dictature.

Ce drame nous touche par la force de son sujet, mais aussi par la dé licatesse et la pudeur avec les quel les il est traité. Le récit est habilement entrecoupé de flash-back, qui nous ramènent à la fin des années 70 et qui viennent subtilement éclairer les blessures et les silences du présent. Les pers onnages ont été dessinés avec beau coup d'attention, la réalisatrice nous invitant à comprendre chacun de leur cheminement personnel. Les sou bre sauts de l'histoire sont venus se mêler au dest in d 'une famil le bru talement rat trapée par son passé. L'interprétation, toute en sensibilité et en sobriété, est remarquable.

Cette œuvre illustre bien la tension qui habite ces personnages confrontés à des cas de conscience délicats. Elle nous dépeint avec beaucoup de grâce un long che mi - nement vers le pardon. ■Agnus dei. Drame argentin (2007) de Lucia Cedron, avec Mercedes Moran (Teresa en 2002), Jorge Marrale (Arturo), Leonora Balarce (Guillermina en 2002), Malena Solda (Teresa en 1978), Juan Minujinn (Paco), Ariana Morini (Guillermina en 1978). (1h30) (Adolescents). Sortie le 7 mai 2008.

Bataille à SeattleEn novembre 1999, Seattle accueille le sommet de l'Organisation mondiale du commerce. Des journalistes du monde entier couvrent l'événement. Des militants altermondialistes comptent bien perturber le sommet de l'OMC pour protester contre les dégradations sociales et environnementales de notre planète dont profitent les multinationales. L'acteur et scénariste irlandais Stuart Townsend retrace avec un indéniable brio et une véritable efficacité ces cinq jours qui ébranlèrent Seattle. Son montage alerte traduit bien la tension qui y régnait, et le choix d'un récit polyphonique permet de mettre en scène différents enjeux drama- tiques. On déplore tout de même des facilités scénaristiques, comme le comporte- ment peu crédible de la journaliste. Malgré un souci de la nuance, le réalisateur, qui ne cache pas sa sympathie pour les militants, aurait pu traiter avec plus de profondeur les enjeux de ce sommet et la complexité de la situation. M.-L. R.

Drame américain (2007) de Stuart Townsend, avec Andre Benjamin (Django), Woody Harrelson (Dale), Martin Henderson (Jay),Ray Liotta (le maire Jim Tobin), (1h38). (Grands adolescents). Sortie le 7 mai 2008.

Les aventuresd’Impy le dinosaureL'œuf congelé d'un dinosaure échoue sur une petite île volcanique... Cette adaptation du roman allemand «Plodoc, diplodocus de choc» de Max Kruse se révèle charmante et pleine d'humour. Elle met en scène des personnages très attachants. Le graphisme, avec ses formes arrondies et ses couleurs chatoyantes, est des plus agréables. Les bons sentiments sont au rendez-vous. M.-L. R.

Film d’animation allemand (2008) de Reinhard Klooss et Holger Tappe, avec les voix françaises de Roger Carel, Valentin Maupin, Pierre-François Pistario, Laura Blanc (1h22). (Tous).Sortie le 7 mai 2008.

Iron ManTony Stark, un inventeur de génie spécialisé dans l'armement, est enlevé par des insurgés afghans... Ce superhéros des bandes dessinées « Marvel » connaît pour la première fois l'honneur du grand écran. Il est brillamment interprété par Robert Downey Jr., qui lui

apporte une légèreté et une fragilité bienvenues. Ce film d'action très rythmé nous offre de nombreuses scènes spectaculaires et de réjouissantes notes d'humour. Tony Stark connaîtra un cheminement intérieur très intéressant avant de décider de mettre son talent au service du bien. Une brève scène sensuelle et quelques violences.

Marie-Lorraine RousseLFilm d’action américain (2008) de Jon Favreau, avec Robert Downey Jr. (l’ingénieur et industriel Tony Stark/ Iron Man), Terrence Howard (le lieutenant-colonel « Rhodey » Rodhes), Jeff Bridges (Obadiah Stane), Shaun Toub (Yinsen), Gwyneth Paltrow (Pepper Potts, l’assistante). (2h05). (Adolescents). Sortie le 30 avril 2008.

Cette œuvre n'est pas sans rappeler « L'Histoire officielle », qui abordait le passé avecla même délicatesse.

Le chemin du pardonAgNuS deI par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Les scènes familiales sont croquées avec beaucoup de justesse et de sensibilité

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L’abbaye de Maubuisson est fondée par Blanche de Castille en 1241, après celle de Royaumont en 1228, puis rattaché à l’ordre cistercien en 1244. Le pro-jet naît dès 1236 lorsqu’elle ajoute à

son domaine Pontoise et Saint-Ouen-l’Aumône, choisissant un lieu arrosé par un cours d’eau : la Liesse. Au départ pensionnat pour jeune filles nobles, résidence et nécropole royale, elle sert à l’occasion de lieu de réunion politique (Philippe le Bel y prépare l’arrestation des Templiers). Bien dotée et gérée, elle traverse la guerre de Cent ans. Agrandie au XVIe siècle, elle compte alors cent-vingt moniales. Mais elle est pillée lors des guerres de religion. En 1597 Angélique d’Estrée, sœur de Gabrielle d’Estrée, en devient mère-ab-besse. C’est Angélique Arnauld, en 1618, qui est chargée de quitter Port-Royal et d’aller y réfor-mer les mœurs, à la demande du vi caire général de l’ordre. Il faut l’intervention du Parlement de Paris et que le prévôt de l’Île s’empare des récal-citrants pour qu’elle l’emporte sur Angélique

d’Estrée et ses amants. Saint François de Sales vient parfois y rendre visite à Angélique Arnauld. Sa remplaçante, Madame de Soisson n’est pas réputée suivre avec autant de soin la règle monastique. Mais elle meurt en 1627 et, sur proposition de Mère Angélique Arnauld, c’est sœur Marie des Anges qui lui succède et y affronte alors une tentative de conversion au molinisme.(1) Les chroniques sont nombreu-ses sur toute cette histoire. Au cours du XVIIIe siècle, l’abbaye meurt, faute de recrutement. Elle est fermée en 1786. Hôpital militaire en 1793, puis carrière de pierres, filature et enfin ferme, elle est classée monument historique en 1947 et rachetée par le Conseil général du Val-d’Oise en 1977. Après dix ans de fouilles et de restauration, les bâtiments rouvrent leurs portes en 1987. C’est en 2001 et 2002 que le Conseil Général valide un projet de program-mation exclusivement dédiée aux arts visuels et plastiques contemporains.

L’esprit de la création contemporaine à Maubuisson est non pas de demander à l’artiste de s’inspirer du lieu pour créer mais d’utiliser le lieu pour y accueillir un acte de création issu de son propre univers, qui s’y expose ensuite.

Jusqu’en septembre, on peut y voir les œuvres de François Daireaux(2), artiste sans autre curriculum vitæ que l’énoncé de ses expo-sitions passées. Difficile de se faire une idée de son moyen d’expression de prédilection ou le détail de sa démarche dans la mesure où, comme certains chanteurs qui se retranchent derrière leurs musiques quand on leur demande ce qui les anime, il explique avec constance qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur ses œuvres et qu’il en dit déjà trop en disant cela.

Il livre quand même que sa démarche est d’humili-

té, de se questionner et de questionner autrui

sur la place de l’ar-tiste. Dans cette

logique il a déjà fa it fouler

une œuvre p a r l e p u b l i c

L’art contemporain nécessite de renoncer aux modes traditionnels de réception de l’œuvre présentée, sinon il vaut mieux opter pour une visite historique des lieux. À cette condition, il devient plus facile d’entrer dans la démarche de l’artiste et d’entrer en communion avec son questionnement, lorsqu’il n’est pas centré sur lui-même.

L’abbaye de Maubuisson

expositions

Jusqu’en septembre, on peut y voir les œuvres de François Daireaux

art contemporaindans un lieu chargé d’Histoire

24 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

François Daireaux,Welcome, 2008.

Installation mousse florale et silicone.

COuRTESy ABBAyE DE MAuBuISSOn. © FRAnçOIS DAIREAuX

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à l’Artothèque de Caen et il récidive ici en offrant en lieu et place du paillasson d’en trée une de ses sculp-tures en silicone aléatoi-rement scu lpté à l ’a i r com primé et dont la couleur va changer, histoire de sou-ligner le caractère éphémère de la vie.

Il est clair que quand on a dans la tête la définition de l’œuvre d’art comme étant « 1 % d’inspiration et 99 % de transpiration » longuement préméditée, on est quelque peu étonné de le voir exposer aux yeux du spectateur 28 œuvres d’autrui en face desquelles il offre comme participation person-nelle, censée entrer en dia logue avec ces der-nières, une vidéo du modèle commun à tous ces bustes, qui pourrait aisément être remplacée par une photo d’identité agrandie tant elle est statique. Autant dire que pour apprécier cette exposition, il faut impérativement être prêt à sortir des cadres traditionnels de la compréhen-sion de l’art.

À ce prix, on peut goûter la saveur d’une démarche qui, lorsqu’elle ne s’interroge pas sur elle-même, s’offre comme coup de projecteur pointé vers des merveilles qui n’ont pas besoin d’être retravaillées ou transformées pour être belles. Car il est un fait certain que François Daigneaux a un œil sûr. On s’en aperçoit dans les 79 clips vidéos de 20 minutes qui tour-nent ensemble dans la (fraîche) grange aux Dîmes. Il avait déjà entamé cette démarche à yvetot en 2004 – 2006 et expliquait alors : « J'entreprends des voyages dans différentes cultures pour y rencontrer l'activité humaine la plus traditionnellement méprisée qui contient l'humanité de l'homme. Je cadre serré les gestes répétitifs de travailleurs manuels. Je gagne "la" vie en accumulant les gestes et en traçant une suite en ligne de fuite. C'est un voyage aléatoire commencé dans mon atelier, à partir de ma propre activité, sans fin ». Aujourd’hui, il en registre à la fois son et image sans pré-venir, sans demander de poser, sans repentir

ni montage. Le résultat est la mise en valeur des mains travailleuses (il enregistre des artisans ou cultivateurs, mais se refuse à enregistrer la répétition des ges-tes en usine). Faisant cela, il fait devenir le spectateur aussi observateur que lui, et s’en émerveiller. Sa démarche est la même lorsqu’il expose des photos, qui sont l’enregistrement de beautés naturelles ou de fait. On regrette simplement une fois encore que cette option aboutisse à masquer sa propre personnalité artistique au nom de la mise en valeur de ce qu’il voit lors de ses périples. ■

FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008 25

expositions

« Je cadre serré les gestes répétitifs de travailleurs manuels »

(1) À l’origine d’un des plus grands débats théologique de tous les temps, la doc-trine du jésuite espagnol Molina (1535–1600) avance, pour concilier la liberté de l’homme avec la grâce de Dieu, que « l’homme se détermine librement à ses actes, bons ou mauvais, la grâce de Dieu inclinant le libre arbitre sans le contraindre ; et Dieu concourt à la réalisation des actes dont il sait, dans sa science moyenne, qu’ils seront librement choisis par la volonté de l’homme. L’action de Dieu atteint tout ce qu’il y a de bon dans l’acte de l’homme, mais non ce qu’il peut y avoir de mauvais, et qui n’est qu’une privation d’être » (Dictionnaire de la foi chrétienne, Les mots, p. 483).

(2) « Goodbye », exposition de François Daireaux à l’abbaye de Maubuisson, rue Richard de Tour, 95310 Saint-Ouen-l’Aumône, tél. 01.34.64.36.10, jusqu’au 1er septembre. Ouvert tous les jours (13h-18h), sauf mardi, et samedi et dimanche (14h-18h). Entrée gratuite pour les moins de 25 ans et titulaires du « Passe Culture », adultes : 3,80 e, plus de 60 ans : 3 e/[email protected]

art contemporaindans un lieu chargé d’Histoire

par Pierre François

François Daireaux, 78 suite, 2004-2008.

Work in progress. Installation vidéo.

10 films 6 à 7 min en boucle.

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Dans la salle imposante de la Comédie-Française, tant par ses ors et ses cra-moisis que par les ressources de sa machinerie, entre au répertoire une parodie de Cervantès : Vie du grand

dom Quichotte et du gros Sancho Pança. Elle a été écrite en 1733 par António da Silva, auteur brésilio-portugais d'origine juive que l'Inquisi-tion, apprenons-nous, persécutera avant de le faire décapiter et brûler en 1739…

Un décor en Delft vieilli, pour ne pas écrire décrépi, accueille le public. Il se divise entre un portique qui prend la place du rideau et un fond assez proche de l’avant-scène, dont la profondeur est encore réduite par la présence d’une fosse longeant le rebord. Sur ces carreaux géants se décollant d’un mur figure le chevalier errant sur son destrier, immobilisé et hiératique. À jardin, deux marionnettes de taille humaine voisinent avec un siège surélevé qui évoque on ne sait quel instrument de torture.

Tandis que le public finit d’entrer se font entendre des bruits de basse-cour. Enfin une fenêtre invisible s’ouvre dans le décor. Un pre-mier dialogue. Rapidement, un ami de dom Quichotte explique qu’il va le laisser croire à ses folies, pour mieux l’en guérir. Et la pièce part sur

son rythme binaire – un repos, une accélération – de folie.

De cavalcades en stratagèmes, d’illusions en équivoques, d’effets spéciaux en réparties per-cutantes, on se laisse enchanter par ce spectacle dans lequel rien n’est réel au point que person-nages et marionnettes agissent et sont traités de la même manière (ainsi, dans la première scène, c’est un comédien qui donne au barbier le blai-reau et une marionnette qui le récupère après usage). On admire le talent des comédiens qui passent si rapidement, sans faiblesse ni erreur, de leur voix à celle de la marionnette avec laquelle ils s’entretiennent. On est sous le charme du style du texte, qui passe sans transition du voca-bulaire baroque au trivial, créant à chaque fois un effet comique sans lourdeur. On se délecte du genre décalé et parodique de la pièce.

Les personnages ne sont aucunement outrés. Au contraire, ils nous sont presque familiers avec les emportements de dom Quichotte et les ambi-tions plus concrètes de Sancho Pança. Plusieurs parties chantées émaillent la pièce d’une res-piration inattendue. On est clairement sous le charme, tant du talent que de l’inventivité. n

théâtre

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(1) « Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança », d’António da Silva, trad. Marie-Hélène Piwnik. Mise en scène, mise en marionnettes et costumes d’Émilie Valantin. Avec Véronique Vella, Michel Favory, Isabelle Gardien, Sylvia Bergé, Christian Blanc, Alain Lenglet, Nicolas Lormeau, Léonie Simaga, Grégory Gadebois. À la Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette, 75001 Paris, tél. 0.825. 10.16.80 (0,15 cts la min.). Places de 5 à 37 e.

Cette parodie inventive et réjouissante de l’œuvre de Cervantès restera dans les annales pour avoir su faire jouer acteurs et marionnettes sur un incroyable pied d'égalité…

XVIIIe SIèCLe

Des marionnettes

Lesemportementsde dom Quichotte etles ambitions plus concrètesde Sancho Pançanous sontpresquefamiliers

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par Pierre FrançoiSà la Comédie française

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Robert bresson disait : « Sois sûr d'a- voir épuisé tout ce qui se com mu-nique par l'immobilité et le si-

len ce ». Ce pourrait être la devise des frè res Dardenne. Le cinéma des réalisa-teurs belges est dans la filiation évidente de Bresson : même exigence, même parti pris stylistique dans le refus de tout arti-fice, de toute théâtralité, de toute mu- sique, dans le choix de la sobriété et du dépouillement.

Sonia, 18 ans, et Bruno, 20 ans, s'aiment. Ils viennent d'avoir un petit garçon. Sans travail tous les deux, ils arri-vent à joindre les deux bouts grâce aux allocations et aux trafics de Bruno. Un jour, ce dernier apprend par un de ses contacts qu'il peut vendre son enfant.

C'est ce qu'il va faire sans mesurer la portée de son acte. Lorsqu'il révèle à Sonia ce qu'il a fait, celle-ci, choquée, s'éva-nouit. Bruno, décontenancé, lui promet de ramener l'enfant. De film en film, les frères Dardenne plongent dans cette petite ville belge monocorde et nous font découvrir des personnages ordinaires, tentant de survivre dans un monde où les actes les plus répré-hensibles prennent parfois le visage de la normalité. Si l'univers des frères Dardenne apparaît souvent dur, l'humanité qui jaillit de ses personnages vient craqueler cette

surface froide et peu attirante. La prouesse de leur cinéma est d'atteindre une telle profondeur en restant continuellement dans le registre de la sobriété. La mutation intérieure de Bruno, silencieuse, nous parle plus que n'importe quel discours. ■

L’enfant. Drame belge (2005) de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Jérémie Rénier (Bruno), Déborah François (Sonia), Fabrizio Rongione (le jeune bandit), Olivier Gourmet (le policier en civil), Stéphane Bissot (la receleuse) (1h35). Diffusion le lundi 12 mai, sur Arte, à 21h00.

Casino Royale

James Bond vient d'accéder au statut très rare d'agent double zéro. Sa première mission se révèle délicate. Il lui faut affronter le Chiffre, un puissant banquier lié au terrorisme international. Pour ébranler son pouvoir et sa fortune, James Bond doit le battre lors d'une partie de poker au casino Royale. Cette adaptation du roman « Casino Royale » (il en existait une version pa rodique, mais qui n'était pas fidèle au livre) est une vraie réussite. Le cinéaste a choisi de délaisser quelque peu tous les gadgets ultrasophistiqués pour une approche plus réaliste de l'intrigue, et, du même coup, plus captivante. Le ton est moins cynique, et les personnages ont davantage de relief. Le récit n'est pas pour autant dénué de scènes spec taculaires situées aux quatre coins du monde. Ce nouveau volet comporte une dimension humaine plus approfondie. Mais également quelques touches de sensualité et des scènes très violentes.Film d'aventures américain (2006) de Martin Campbell, avec Daniel Craig (James Bond), Eva Green (Vesper Lynd), Mads Mikkelsen (Le Chiffre), Judi Dench (M), Jeffrey Wright (Felix Letter), Giancarlo Giannini (Mathis), Katerina Murino, Simon Abkarian (2h18). (Grands adolescents). Diffusion le vendredi 16 mai, sur Canal +, à 20h50.

Engrenages (1 et 2/8)Dans une banlieue sensible, un homme a été brûlé vif dans sa voiture. La première saison ayant eu du succès, Canal + en a produit une seconde. On retrouve ici les mêmes qualités d’écriture, de mise en scène nerveuse et d’interprétation sensationnelle. C’est une vision réaliste du travail des magistrats et de la police qui est montrée. Ce réalisme signifie que la violence est bien présente et que les personnages ne sont guère recommandables, sauf les héros, bien entendu.Série française (2008) de Gilles Bannier (saison 2), avec Philippe Duclos (le juge François Roban), Grégory Fitoussi (Pierre Clément), Caroline Proust (Laure Berthaud), Thierry Godard (Gilou) (0h52 x 2) Diffusion le lundi 12 mai, sur Canal +, à 20h50.

TÉLÉVISION

Le 7e juréLa guerre d’Algérie vient tout juste de se terminer, et le racisme antiarabe est de plus en plus vivace. Grégoire Duval, un honnête pharmacien, assassine une jeune fille sur un coup de tête. Mais c’est Kader, l’amant de la victime, qui est accusé du meurtre, et Grégoire Duval est nommé juré à son procès. Déjà porté à l’écran par Georges Lautner (avec

Bernard Blier dans le rôle titre), le livre de Francis Didelot est un suspense très original, dans la mesure où l’on connaît, dès le début, l’identité de l’assassin. Didier Le Pêcheur, auteur du scénario, a fait un excellent travail, même s’il a pris quelques libertés avec le livre. La reconstitution de l’époque est très soignée, la mise en scène brillante, et l’interprétation sensationnelle. Mais la fin est scanda leu se. Ce téléfilm et Jean-Pierre Darroussin ont obtenu chacun un Fipa d’or au festival de Biarritz. Cet assassin qui veut à tout prix apporter la preuve de l’innocence de l’accusé est finalement touchant dans son désir de faire jaillir la vérité. Mais le personnage de son épouse est des plus déplaisants, et la scène du crime pénible.Téléfilm français (2007) de Édouard Niermans, avec Jean-Pierre Darroussin (Grégoire Duval), Isabelle Habiague (Geneviève Duval), Pascal Elso (le commissaire Valard), Éric Naggar (le juge Hoppenot), Lahcen Razzougui (Kader Boualam) (1h28). Diffusion le vendredi 16 mai, sur France 2, à 20h55.

Les frères Dardenne privilégient le langage corporel etles silences sur la parole.

L’enfant par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La sobriété de cetteœuvre bouleversantea été récompenséepar une palme d'or

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TF120.50 Les experts Manhattan : «Expert et témoin», «Terminus», «Jusqu’à ce que la mort nous sépare». Série avec Gary Sinise, Melina Kanakaredes 3.23.20 New York, section crimi-nelle. Série avec Vincent D’Onofrio, Kathryn Erbe 2.01.05 New York, police judi-ciaire. Série avec J. L Martin 3.France 220.50 Le plus grand cabaret du monde. Divertissement pré-senté par Patrick Sébastien, avec Liane Foly, Laurent Baffie, Richard Bohringer, Claire Keim, Luis Fernandez, Plastic Bertrand, Bernard Montiel, Jean Amadou, etc.23.05 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.50 Famille d’accueil «Née sous X» J. Téléfilm avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant. Une histoire souvent émouvante et parfois drôle, mais quelques maladresses et une allusion à l’avortement.23.00 Passé sous silence «Le destin d’un capitaine». Documentaire.00.25 La case de l’oncle Doc «Le train de Neuvic». Arte

21.00 L’aventure humaine «Le crépuscule des Celtes» J. Intéressant et mystérieux.21.50 L’aventure humaine «Allianoi : La Pompéi thermale à nouveau submergée ?» J. Un superbe documentaire.22.45 Tamanrasset GA. Téléfilm avec Denis Lavant (1h28). Bien filmé, mais truffé de longueurs et avec une fin décevante.M620.50 Kyle XY : «Quelqu’un d’or-dinaire», «La routine». Série avec Matt Dallas.22.25 Supernatural. Série avec Jensen Ackles, J. Padalecki 3.Canal +20.45 Football «Championnat de France».KTO20.00 VIP «Jean-François Zygel», un musicien pédagogue.21.00 Vigile de Pentecôte, en direct de Notre-Dame de Paris.23.15 Joseph Haydn «Les saisons». Concert.

télévision

28 FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008

TF1

20.50 Pearl Harbor GA. Film de guerre (2001) de Michael Bay, avec Ben Affleck, Kate Beckin-sale (2h58) 2. (Voir ci-contre)00.05 Esprits criminels. Série avec Mandy Patinkin 3.France 2

20.55 Hitch, expert en séduc-tion J. Comédie (2005) de Andy Tennant, avec Will Smith, Eva Mendes (1h54). Charmant.23.20 Daredevil J. Aventures (2003) de Mark Steven Johnson, avec Ben Affleck (1h39) 3. Assez médiocre.France 320.55 Inspecteur Barnaby «Le flash de la mort» GA. Téléfilm. Original et prenant.23.10 Les disparus de Mourmelon. Documentaire 2.00.05 Les damnés Ø. Drame (1969) de Luchino Visconti, avec Dirk Bogarde (2h30) 3. Très brillant, mais atroce et sordide (inceste).ArteSahara, la passion du désert20.45 Le patient anglais A/Ø. Drame (1997) de Anthony Minghella, avec Ralph Fiennes (2h40). Un beau film romanesque. Mais c'est long et complaisant dans les images.23.25 Sahara, le désert du patient anglais J. Superbe.M620.50 Capital «Loisirs, spectacle, humour : Enquête sur les nou-veaux rois du divertissement». 22.50 Israël-Palestine, 60 ans de violence. Documentaire.Canal +20.50 Goal ! La naissance d’un prodige J. Comédie dramatique (2005) de D. Cannon, avec Kuno Becker (2h00). Conven-tionnel, mais prenant.KTO20.50 La foi prise au mot «Esprit-Saint», avec Simone Pacot et le père Thierry Avalle. 22.00 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.30 Les missions du père Zambe.

TF113.55 Titanic A. Drame (197) de J. Cameron, avec L. DiCaprio (3h15). Un film magnifique et une très belle histoire d'amour. Des images suggestives.20.50 Qui veut gagner des millions ? Divertissement avec Alain Chabat et A. Astier, Michel Boujenah et D. Farrugia, P. Candeloro et N. Monfort, N. Leroy et Lambert Wilson.22.45 Grey’s anatomy GA. Série. Excellent.00.30 Vol de nuit, avec S. Tesson,

J.-M. de Mont rémy, I. Autissier, Yves Coppens, Olivier Roellinger, Hubert Védrine, Patrick Barois.France 216.05 King Kong GA.

Aventures (2005) de P. Jackson, avec Naomi Watts (2h08). Bien fait, mais violent.20.50 FBI portés disparus. Série avec A. LaPaglia.23.10 Complément d’enquête «On est fichus, on mange trop ! Le grand désordre alimentaire». France 314.55 Exodus GA. Drame (1960) de O. Preminger, avec P. New-man (3h20). Superbe.20.50 Le rire au cinéma GA. Documentaire. Pas mal, mais un peu vulgaire.23.25 Poulet au vinaigre A. Policier (1985) de C. Chabrol, avec Jean Poiret (1h45). Plein d'humour, mais suggestif.Arte21.00 L’enfant J. Drame (2005) de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Jérémie Renier (1h31). (Voir notre analyse page 27)Musica22.30 Cosi fan tutte. Opéra de Mozart, avec le Mahler Chamberr Orchestra (3h).M620.50 Indiana Jones et la der-nière croisade GA. Aventures (1989) de S. Spielberg, avec Harrison Ford, Sean Connery (2h01). Bien ficelé et bourré d'humour, mais violent.23.05 Rocky III «L’œil du tigre» GA. Aventures (1982) de et avec Sylvester Stallone (1h45). Bien fait, mais violent.Canal +20.50 Engrenages (1 et 2/8) GA. Série avec Grégory Fitoussi 3. (Voir notre analyse page 27)KTO20.55 Montagnards oubliés. Que sont devenus les enfants vietna-miens envoyés dans des familles française, il y a trente ans ?22.25 Un jour, une foi «Chemins de vie».

TF120.50 Les experts Miami : «Au rythme des balles», «Retour sur le passé», «Fin de partie». Série avec David Caruso 3.23.20 Le droit de savoir «Scoops, scandales et papa-razzi : Enquête sur le business du people». Magazine.France 220.50 Les vacances de Clémence A/Ø. Téléfilm avec Laëtitia Spigarelli, Guillaume Verdier (1h32). Un film féministe bêtement militant et une scène érotique.22.30 Faites entrer l’accusé «La tuerie d’Auriol». Magazine présenté par Christophe Hondelatte 3.France 320.50 Ridicule A. Drame (1995) de Patrice Leconte, avec Charles Berling, Jean Rochefort (1h37). Très brillant et raffiné, mais un contexte de totale licence des mœurs.22.40 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série 2.ArteLe sport version high-tech21.00 La marge ultime J. Pas mal.21.55 Doctor Ice «Tout schuss, tout flamme» J. Impressionnant.23.00 Grand format «Le club du cimetière». Documentaire.M620.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.21.50 66 minutes, l’enquête. Magazine.22.30 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel.Canal +

20.50 Ô Jérusalem GA. Drame (2005) de Elie Chouraqui, avec J. J Feild, Saïd Taghmaoui (2h08). Ce beau plai-doyer pour la paix, adaptation du célèbre livre de Lapierre et Collins, a été tourné à la ma nière d’un reportage, avec toute l’objectivité possible.KTO20.55 Apparition à Fatima. 22.30 Un jour, une foi «Église du monde».23.00 La foi prise au mot «Esprit-Saint».

samedi 10 mai Dimanche 11 mai lundi 12 mai Mardi 13 mai

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Orthodoxie», «Présence protestante : Culte» - 11h00 Messe en l'église du Sacré-Cœur, à Bruxelles.

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télévision

FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008 29

sur TF1Dimanche 11 mai, à 20h50Pearl Harbor GAEn 1941, la vie dans l’île paradi-siaque d’Hawaii est des plus agréables pour les soldats améri-cains. Pourtant, en ce matin du 7 décembre 1941, le paradis va se transformer brutalement en enfer. Les scènes de l’attaque japonaise sont extraordinaires et elles montrent bien la totale désorganisation de l’armée améri-caine. Mais le début est trop long et l’histoire sentimentale inutile. Il y a quelques belles figures d’hommes (et de femmes) courageux, mais aussi (et c’est inévitable) des violences.

TF120.50 Dr. House : «Le mauvais œil», «Une mère à charge», «L’erreur est humaine». Série avec Hugh Laurie. 23.20 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 2.France 220.55 Louis Page «La vraie vie» GA. Téléfilm avec Frédéric Van Den Driessche, Tom Novembre (1h30). Un épisode lourd et décevant.22.35 Ça se discute «Stars de notre enfance : Que sont-elles devenues ?». Magazine présenté par Jean-Luc Delarue.France 320.50 Droit d’inventaire «Israël, quand le rêve fait l’histoire». Magazine présenté par Marie Drucker, en compagnie de Max Gallo.22.55 Ce soir ou jamais (et à 23h35). Magazine présenté par Frédéric Taddéi.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz 2.Arte

21.00 Les mercredis de l’his-toire «De Yalta à Postdam» J. Un remarquable docu-mentaire qui éclaire d’un jour nouveau cette période charnière de l’histoire.22.45 Bataille dans le ciel A/Ø. Drame en VO (2005) de C. Rey-ga das, avec Marco Hernandez (1h10). Un film brillant, mais sordide et très cru.M620.50 Football «Finale de la coupe de l’UEFA : Saint-Pétersbourg/Glasgow».22.45 Secrets d’actualité «L’affaire Alessandri : Qui a tué le mari ?». Magazine.Canal +20.50 Les fous du roi GA. Drame (2006) de Steven Zaillan, avec Sean Penn, Jude Law (2h04) 2. Une réflexion intéressante sur le pouvoir, mais des violences.KTO20.55 L’abbé Glasberg. Portrait d’un prêtre hors norme, fondateur de «France terre d’asile».22.30 Un autre chemin vers la paix.23.30 Un jour, une foi «La famille en questions».

TF120.50 Les enfants de la télé. Divertissement présenté par Arthur et Virginie de Clausade, avec Jean-Claude Van Damme, Florence Foresti, Eric & Ramzy, Pascal Elbé, Liane Foly, etc.23.25 Sans aucun doute. Magazine présenté par Julien Courbet.France 220.55 Le 7e juré GA. Téléfilm avec Jean-Pierre Darroussin, Isabelle Habiague, Pascal Elso, Igor Mendjisky, Éric Naggar, Lahcen Razzougui (1h28) 2. (Voir notre analyse page 27)22.35 Musique au cœur 5 étoiles «La voix dans tous ses états». Magazine présenté par Ève Ruggieri.France 320.50 Thalassa «A la poursuite des voyous des mers». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.25 Eden Roc, le paradis des stars. Documentaire.Arte

21.00 Double jeu «Les meilleurs amis» GA. Téléfilm de Uwe Friebner, avec Senta Berger, Rudolf Krause, Gerd Anthoff, Aleksandar Jovanovich (1h28). L’histoire policière est assez compliquée, mais l’en-semble est prenant.22.35 Tracks. Magazine.M620.50 Bones : «Chasse au tré-sor», «Face au désert», «La secte rouge». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 3.23.15 Californication. Série avec David Duchovny, Natascha McElhone 3.Canal +20.50 Casino Royale GA. Espionnage (2006) de Martin Campbell, avec Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench (2h18) 2. (Voir notre analyse page 27)KTO21.00 KTO magazine «Mai 68 : Sous les pavés, la foi».21.55 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.25 Regards de philosophes, avec Luc Ferry et Éric de Rosny.23.20 La foi prise au mot «Bernard de Clairvaux».

TF1

20.50 Diane, femme flic «Seul au monde» GA. Téléfilm avec Isabel Otero, Laurent Gamelon, Joël Zaffarano. Une his-toire assez sombre, mais bien ficelée.22.55 La méthode Cauet. Divertissement.France 220.55 À vous de juger «Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Magazine présenté par Arlette Chabot.22.35 Infrarouge : «Paradis fis-caux, la grande évasion», «Les années de sang : Israël-Palestine, l’aveuglement 2». Documentaires.France 320.55 Complot d’amateurs J. Téléfilm avec Jean-François Stévenin, Raphael Charlier, Élise Otzemberger. Une œu vrette médiocre et faisant rarement rire.22.30 Ce soir ou jamais (et à 23h35). Magazine présenté par Frédéric Taddéi.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Exils A/Ø. Comédie dra-matique (2004) de Tony Gatlif, avec Romain Duris (1h39). Sans grand intérêt et très cru.22.40 Le documentaire cultu-rel «Un écran nommé désir» GA. Un documentaire pas-sionnant sur les liens entre cinéma et psycha-nalyse. Certaines images peu-vent heurter la sensibilité.23.30 Paris-Berlin, le débat «Tous en solo, la société des ego ?».M620.50 Nouvelle star «Septième prime time en direct du Pavillon Baltard». Divertissement.23.15 Genesis «L’origine du cri-me». Série avec Pep Munné 4.Canal +20.50 Cold case : «Cow-boys solitaires», «Fight club». Série avec Kathryn Morris 3.KTO21.00 Thierry Escaich au miroir de J.-S. Bach. Rencontre avec le célèbre organiste compositeur.21.55 Art et culture.22.25 Haydn «Les saisons».

Mercredi 14 mai Jeudi 15 mai vendredi 16 mai

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 10 mai18h15 Table-ronde, en direct de Grenoble, à l'occasion de la Rencontre nationale du CCFD, du 10 au 12 mai. Dimanche 11 mai14h Au fil des pages "Femmes d'hier et d'aujourd'hui", avec Janine Boissard (auteur de "Un amour de déraison". Éd. du Rocher) et Jean-Guy Soumy (auteur de "La chair des étoiles". Ed. R. Laffont)21h Grand angle "Mai 68 et l'Église", avec Chantal Delsol (philosophe), Nathalie Sarthou (rédactrice en chef à Études) et Jean-Luc Pouthier (journaliste)Lundi 12 mai10h A votre service "Partir en tourisme autour des volcans", avec Guy de St-Cyr (fondateur de l'agence "Aventures et volcans") (Vos appels au 04.72.38.20.23)12h30 Magazine, en Direct, de Grenoble, à l'occasion de la Rencontre nationale du CCFD, du 10 au 12 mai.14h Musiphonie "Le centenaire d'Olivier Messiaen" (1/5, tous les jours de la semaine à 14h)14h30 Halte spirituelle "Prendre soin du monde", avec Claire-Anne Baudin (théologienne). (1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45)18h45 Musique sacrée "La Pente-côte ou le souffle ineffable de la vérité"Vendredi 16 mai9h Grand angle "Donner des ailes aux jeunes"21h Médiagora "Spécial Festival de Cannes (14-25 mai) : Hommage à Clint Eastwood", avec Michaël-Henri Wilson (cinéaste).France CultureDimanche 11 mai10h Messe, depuis l'église de Milhaud, place de l'Évêché, 30540 Milhaud, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Maurice Archer.

Marie Bizien

DR

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Paris✔ Les reliques de sainte Thérèse de Lisieux peuvent être véné-rées chaque jour jusqu'au 13

mai inclu à la basilique Notre-Dame des Vic-to i res , p lace des Petits-Pères, 75002 Paris.✔ La paroisse Notre-Dame du

Bon Conseil propose un Récital de chants à la Vierge Marie, interprété par Marie Navarro accompagnée de Luccio Mara-dan à la guitare, le 18 mai (15h30), dans l'église, 140 rue de Clignancourt, 75018 Paris. Chants traditionnels et contem-porains.✔ A l'espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26. 65.25, dans le cadre du "Lundi de la Foi", une conférence est prévue le 26 mai (12h45), sur le thème "Mai 68 et la crise de l’Église", par Gérard Leclerc. Et le 27 mai (18h), à l'occasion de l'Année Bernanos, une ren-contre est proposée "Ecrits de Combat, des «Enfants humiliés» à «Français si vous saviez…»",

avec Claire Daudin et Gérard Leclerc.Également à l'espace Georges Bernanos, église Saint-Louis d'Antin, l'association Visages et Cultures des Coptes vous invite à leur première exposition "L'Art copte contemporain", du 10 au 31 mai.✔ Avec la Fondation pour l'in-novation politique, dans le cadre du cycle des conférences "L'héritage de mai 68", autour de Dominique Lecourt (philo-sophe), les prochaines auront lieu au 137 rue de l'Université, 75007 Paris (accès par le 12-14, rue Jean Nicot) (18h30-20h) : le 14 mai "Mai 68 et les Eglises", avec Jean-Robert Armogathe (prêtre du diocèse de Paris, recteur de l'Institut Bossuet, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études), Jean Baubérot (Président d'hon-neur de l'Ecole pratique des hautes études, titulaire de la chaire "Histoire et sociologie de la laïcité") et Denis Pelletier (Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études [Sciences sociales des religions]). Le 21 mai "Mai 68 et la littérature", avec Marc Fumaroli (membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France) et Jean-Loup

Rivière (professeur à l'Ecole nor-male supérieure (LSH), ancien secrétaire général de la Comédie-Française). Entrée libre sur réser-vation, ✆ 01.47.53.67.00, fax 0 1 . 4 4 . 1 8 . 3 7 . 6 5 / c o n t a c t @ fondapol.org/www.fondapol.orgCalvados✔ Réouverture des lieux d'ac-cueil du carmel, au sanctuaire Sainte Thérèse de Lisieux. A partir du 10 mai, la Chapelle du Carmel sera ouverte (7h15-18h30) tous les jours. Les Offices qui y seront célébrés : Office des Laudes à 7h15 (dimanche 8h), Eucharistie à 8h, 9h et 11h15 (dimanche 9h et 11h15), Office des Vêpres à 18h. La Librairie du Carmel sera ouverte tous les jours (9h30-12h30 et 13h30-18h30).✔ A l'abbaye Saint-Martin de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye, un atelier d'écriture d'icônes se réunit régulièrement, enseigne-ments techniques, mais aussi spirituels. Les prochains auront lieu les 17 mai, 14 juin… Il est proposé aussi des sessions lon-gues, la prochaine est prévue du 7 au 11 juillet. Rens./inscriptions : ✆ 02.31.92.53.51 / [email protected]

Gironde✔ Lourdes 2008 - 150e anniver-saire des apparitions. 24e retraite itinérante de Bordeaux (abbaye Notre-Dame du Rivet, du 1er au 15 août) ou de Mugron (abbaye Notre-Dame de Maylis, du 6 au 15 août) sur le thème "Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ?" (parole de Marie Immaculée à Sainte-Bernadette le 18 février 1858).Marche (25km/jour), silence, prière (offices, Eucharistie et ado-ration) enseignements (par des frères dominicains et carmes). Vous avez plus de 18 ans, soif de prendre un temps avec le Seigneur par Marie Immaculée, dans l'Esprit des Pèlerins d'Em-maüs, contactez : Association des Pèlerins de l'Immaculée, 19 av. Toulouse-Lautrec, 33740 Ares. Bordeaux : ✆ 05.57.70. 46.16, Toulouse : ✆ 05.61.20.19. 90, Maylis : ✆ 05.58.79.40.30.Moselle✔ A la Maison Saint-André de Peltre, 2 rue Saint-André, 57245 Peltre, ✆ 03.87.76.00.09, une retraite est prévue du 26 mai (17h) au 1er juin (13h) "Répondre à l'appel à la sainteté à l'Ecole de sainte Thérèse de

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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hebdomadaire

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l'Enfant Jésus", animée par le père Descouvemont (diocèse de Cambrai).Nièvre✔ A l'Espace Bernadette, 34 rue Saint-Gildard, 58000 Nevers, ✆ 03.86.71.99.50, une session biblique est prévue du 10 (9h) au 12 mai (17h) (Pentecôte) "La joie et le pâtir selon saint Paul et saint Jean", par le père Jean-Marie Martin (professeur à l'Institut catho-lique de Paris). Courriel : [email protected]’Oise✔ A la maison d’accueil Massa-bielle, 1 rue Auguste-Rey, 95390 Saint-Prix, ✆ 01.34.16.09.10, une retraite est prévue du 24 (9h) au 25 mai (17h) "Prière inté-rieure, prière conjugale, prière familiale", avec le Père Pierre Descouvemont . Egalement une session famille aura lieu du 26 juillet (16h) au 1er août (14h). Rens. Se crétariat des équipes Notre-Dame, 49, rue de la Gla cière, 75013 Paris, ✆ 01.43.36.08.20.Sessions de formation artistique✔ Deux sessions sont prévues : "L'art de la photo", du 22 au 27 juillet, avec Dominique Lefèvre (photographe professionnel, Commu- nauté des Béatitudes) ; et "L'enlu-minure au cœur de la prière", du 5 au 10 août, avec Marie-Thérèse Puiseux (peintre). Tech-niques médiévales d'un art sacré. Initiation et perfectionne-ment. Prix 250 e. Rens. Centre Pascal, 1 rue du Petit Montauban, 85100 Les Sables-d'Olonne, ✆ 02.51.95.19.26.Amis de Madeleine Delbrêl✔ L'Assemblée Générale des Amis de Madeleine Delbrêl - Jacques Loew aura lieu le 16 mai (18h15), 146 bd de Sta-lingrad, 94200 Ivry-sur-Seine à l'église Saint Jean-Baptiste où démarra l'aventure missionnaire de Madeleine Delbrêl et de ses compagnes, il y a 75 ans. A l'oc-casion du centenaire de la nais-sance de Jacques Loew, les rela-tions de celui-ci avec Madeleine Delbrêl seront évoquées par le Père Bernard Pitaud. Rens. ✆ 01.47.22.16.33.Aquero✔ En concert, "Aquero" un cock-tail musical surprenant ! Jazz, pop rock, soul, zestes de blues, airs latinos… le 16 mai (20h30), salle Henri Guybet, place du Docteur Ogier, 38290 La Verpillière. Entrée : adulte 18 €, - de 18 ans, étudiant 12 € ; le 22 mai à Lourdes, le 23 mai (20h30), sous la halle, 31325 Castanet Tolosan. Entrée libre. Infos : auprès de l'association Caldeira ✆ 0870.

440.283 (coup d'un appel local), ✆ 06.10.32.29.21.Association Saint Jean Révélateur✔ L’associat ion Saint - Jean Révélateur organise plusieurs activités pour les jeunes cet été 2008 : "Mission Arménie" pour des étudiants, du 7 au 28 juillet ; Camp 15-20 ans "Comédie Musicale", du 4 au 28 juillet sur le thème de la vie du Pr Jérôme Lejeune : Richemont, Royan, Murat ; Camp 15-20 ans Louanges "Hosanna" du 6 au 27 août : Ile de Ré, festival st jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Cinéma "Saint & Teaser" du 9 au 27 août : festival st jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Sport "Canoë & Escalade" du 12 au 27 août : Campus Révélateur à Murat ; Ras semblement de jeunes "Campus Révélateur d’été" les lundi 25, mardi 26, mercredi 27 août, à Murat (Cantal) ; Enfin découvrez la nouvelle webtv pour les jeunes cathos francophones sur www.revelaTeur.tv Rens. : Père Jean-Marie Luc, Prieuré Claire de Castelbajac, 16370 Richemont, ✆ 05.45.36.45.30 / [email protected] de Chrétienté✔ Les 10, 11 et 12 mai : 26e pèle-rinage Paris-Chartres, qui sera le 1er pèlerinage de Chrétienté après la promulgation du Motu Proprio. Pendant ce pèlerinage, seront abor-dées les quatre vertus cardi nales (force, justice, prudence et tem-pérance) tout en se mettant sous la protection de la Sainte Vierge pour qu’Elle règne davantage sur les cœurs, sur les familles et sur les nations. Le thème est "Chez nous soyez Reine !". Rens. : Association Notre-Dame de Chrétienté, 49 av. de Paris, 78000 Versailles, ✆ 01. 39.07.27.00, fax 01.39.07.27.01/www.nd-chretiente.com✔ Organisé par la Communauté Aïn Karem et le Mouvement Ré surrection, du 31 mai au 1er juin, un pèlerinage Vézelay 2008, sur le thème "Dieu Père ; comment Dieu est-il Père ?" est prévu, en présence de Mgr Guillaume. Différentes routes avec niveaux de marche adapté à chacun. Tarifs : de 36 à 65 e. Rens. ✆ 01.49.55. 85.62/[email protected] Inscriptions ✆ 06.07.03.20.71 ou 03.23.71.46.75/adeline.jeanmougin @orange.fr/A. Jeanmougin, 33 av. Général de Gaulle, 02400 Chierry. Site : http://ak.resurrection.free.fr/

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FRANCECatholique n°3118 9 mai 2008 31

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X

édité par la Société de Presse France Catholique,s.a. au capital de 427.392 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z

Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆-06. 08.77.55.08) - Conseiller-de la direction : Robert Masson - Editorialiste- : Gérard Le clerc - Rédaction : Anne Kurian - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Devenir éducateur ? Découvrir les métiers de l’éducation ? Découvrez, pendant un an (septembre à juin), ces métiers avec des profes-

sionnels : éducateur spécialisé, moniteur éducateur, animateur, éducateur de jeunes enfants. Profitez d’un enseignement qui vous prépare aux concours des éco-les du travail social. Dans un des 4 centres en France, vous ferez une expérience de vie chrétienne en com-munauté, vous alternerez stages sur le terrain et forma-tion intellectuelle et humaine. Cette année de forma-tion au sein de la Fondation d’Auteuil est proposée à des jeunes de 18 à 25 ans. Elle est sanctionnée par un diplôme de propédeutique aux métiers de l’éducation en partenariat avec la faculté d’Éducation de l’Institut Catholique de Paris (Établissement privé d’enseigne-ment supérieur). Une fois admis dans une école de tra-vail social, la Fondation d’Auteuil peut vous accueillir comme apprenti. Participation aux frais pédagogiques (logement et nourriture inclus) : 900 e pour l’année. Informations sur le site www.fondation-auteuil.org, ou par mail à [email protected]

➥ Produits naturels du Cantal. Du producteur au consommateur : foie gras, pâtés, confits sans produits chimiques. Tél. 04.71.47.46.99 ou GAEC Malroux, tél. 04.71.46.75.29, code "D.C".

SERVICE ABONNEMENTSDésormais, pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,

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En revanche, pour un abonnement par carte bleue,le téléphone reste : 01.46.30.37.38.

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