Français 9 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014.

67
La poésie Français 9 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014

Transcript of Français 9 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014.

  • Page 1
  • Franais 9 Madame Lisette Valotaire cole du Carrefour 2014
  • Page 2
  • Au Champ d'honneur (Adaptation du pome: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation franaise du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur.
  • Page 3
  • Au Champ d'honneur (Adaptation du pome: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation franaise du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
  • Page 4
  • Au Champ d'honneur Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. In Flanders Fields In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below.
  • Page 5
  • Au Champ d'honneur Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. In Flanders Fields We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields.
  • Page 6
  • Au Champ d'honneur vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
  • Page 7
  • Au Champ d'honneur (Adaptation du pome: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation franaise du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
  • Page 8
  • Au Champ d'honneur (Adaptation du pome: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation franaise du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
  • Page 9
  • Traduction littrale Dans les champs de Flandres, les coquelicots ondulent Entre les croix alignes Qui marquent notre place; et dans le ciel Les alouettes chantent toujours bravement, volent On les entend peine au milieu des tirs en dessous Nous sommes les morts. Il y a peu de temps Nous vivions, ressentions l'aube, regardions la lueur du soleil couchant Nous aimions et nous tions aims et maintenant nous sommes allongs Dans les champs de Flandres. Reprenez notre querelle avec l'ennemi : Que nous vous envoyons de nos mains dfaillantes Il vous appartiendra de tenir la torche leve Si vous brisez la foi qui avec nous se meurt Nous ne dormirons pas, pourtant les coquelicots poussent Dans les champs de Flandres. In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
  • Page 10
  • Page 11
  • Allgorie (f.) : Figuration dune abstraction par une image, un tableau, souvent par un tre vivant. Je vis cette faucheuse. Elle tait dans son champ. Elle allait grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crpuscule. [] (Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations (1856), Livre IV, Mors )
  • Page 12
  • Allitration (f.) : Cest la rptition de sons identiques. la diffrence de lassonance, le terme allitration est rserv aux rptitions de consonnes. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos ttes ? (Racine, Andromaque, V, 5) Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine / Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit. (Rimbaud, Le Dormeur du val ) Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sches ou archisches ? (virelangue classique)
  • Page 13
  • Anaphore (f.) : Une anaphore est un procd qui consiste commencer par le mme mot les divers membres dune phrase. Je veux quun noir chagrin pas lents me consume, Quil me fasse longs traits goter son amertume ; Je veux, sans que la mort ose me secourir, Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. (Corneille, Surna (1674), I, 3)
  • Page 14
  • Un homme est mort qui navait pour dfense Que ses bras ouverts la vie Un homme est mort qui navait dautre route Que celle o lon hait les fusils Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre loubli. (Paul luard, Au rendez-vous allemand (1944), Gabriel Pri )
  • Page 15
  • Antithse (f.) : Une antithse est un procd qui consiste rapprocher deux penses, deux expressions, deux mots opposs pour mieux faire ressortir le contraste. [] un homme est l / qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; / qui souffre, ver de terre amoureux dune toile []. (Victor Hugo, Ruy Blas, acte II, scne 2)
  • Page 16
  • Assonance (f.) : Cest la rptition dune mme voyelle dans une phrase ou un vers. Ainsi, toujours pousss vers de nouveaux rivages. (Lamartine) Les vendredis sanglants et lents denterrements. (Apollinaire)
  • Page 17
  • Comparaison (f.) : Une comparaison est une mise en relation de deux termes laide dun terme comparant (comme, tel, semblable , etc.). Cet enfant est blanc comme un cachet daspirine. La terre est bleue comme une orange. Le pote est semblable un prince.
  • Page 18
  • Ellipse (f.) : Une ellipse consiste omettre volontairement certains lments logiquement ncessaires lintelligence du texte. Louise porte une robe verte, Annie une robe noire. Il m'a rvl que le plus important est d'aimer, le moins, de possder.
  • Page 19
  • Euphmisme (m.) : Leuphmisme est une figure trs connue qui consiste remplacer une expression littrale (ide dsagrable, triste) par une forme attnue, adoucie. Il a vcu. (plutt que : Il est mort.) Les personnes du troisime ge. (plutt que : les vieux) Elle nous a quitts. (plutt que : Elle est morte.)
  • Page 20
  • Hyperbole (f.) : Elle consiste mettre en relief une ide au moyen dune expression exagre. Lhyperbole est donc une exagration exprime par laccumulation, par lemploi dintensifs ou par lemploi de mots excessifs. Dire je meurs de faim pour exprimer sa grande faim. Dire un gant pour dsigner un homme de trs grande taille. Dire cest mourir de rire pour dire que quelque chose est vraiment trs drle.
  • Page 21
  • Ironie (f.) : Elle consiste dire le contraire de ce qu'on pense, pour souligner combien l'ide ou le fait exprim est absurde ou contraire la ralit. Souvent, pour ironiser, on utilisera un trait positif afin d'exprimer une opinion ngative. Entrer dans la cage du lion, quelle bonne ide! Il vit dans un chteau sans lectricit ni eau courante.
  • Page 22
  • Litote (f.) : Une litote consiste dire moins pour suggrer davantage. La litote soppose leuphmisme. Dire Il nest pas laid. pour dire Il est beau. Dire Elle nest pas mauvaise, cette tarte! pour dire Elle est trs bonne.
  • Page 23
  • Mtaphore (f.) : Elle consiste tablir une comparaison entre deux ralits, comparaison qui est fonde sur une analogie que lon instaure entre les deux rfrents. Elle ne comporte aucun lment grammatical, par exemple comme, ainsi que, tel, semblable . L'il d'un homme est une fentre. Cet homme daffaires est un requin.
  • Page 24
  • Mtonymie (f.) : La mtonymie est une figure de style qui consiste dsigner un objet ou une ide par un autre terme que celui qui convient (par glissement de sens). On parle de mtonymie quand le mme mot dsigne : le tout et la partie : une bonne plume pour un bon crivain ; lobjet et sa matire : un verre pour un rcipient en verre ; le contenu et le contenant : boire un verre pour dire boire le contenu dun verre ; le lieu et lactivit : un thtre, une cuisine ; lactivit et linstrument, lobjet : faire du piano, jouer aux cartes ; la cause et leffet : boire la mort pour boire le poison ; lcrivain et son uvre : lire un Flaubert.
  • Page 25
  • Oxymore (m.) : Loxymore est une figure dopposition qui consiste runir deux termes de sens contraires. Cette obscure clart qui tombe des toiles [] (Corneille, Le Cid, acte IV, scne 3)
  • Page 26
  • Personnification (f.) : La personnification attribue une chose abstraite les proprits dun tre anim (homme, animal). Le cactus dressait ses pines et attendait patiemment le lzard qui tenterait de lui voler sa fleur. La musique habitait cette maison depuis trois gnrations.
  • Page 27
  • Page 28
  • A) Le haku Le haku, terme popularis par Shiki (1867-1902), est une forme classique de la posie japonaise dont la paternit est attribue Bash (1644-1694). Le haku est une forme japonaise de posie permettant de noter les motions, le moment qui passe et qui merveille ou qui tonne. Le haku est un pome de trois lignes, gnralement avec 17 syllabes (5 dans la premire ligne, 7 dans la deuxime et 5 dans la troisime.
  • Page 29
  • Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau. (Bash)
  • Page 30
  • furuike ya ( ) (fu/ru/i/ke ya): 5 kawazu tobikomu ( ) (ka/wa/zu to/bi/ko/mu): 7 mizu no oto ( ) (mi/zu no o/to): 5 vieil/ancien tang(s) ah grenouille(s) tomber/plonger bruit(s) de l'eau Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau.
  • Page 31
  • ce bleu au centre de l'il tang qui attire les oies en partance (Micheline Beaudry)
  • Page 32
  • Cohue du mtro - sur ce manteau bleu marine un cheveu blanc (Henri Chevignard)
  • Page 33
  • Dvor par un chat - Lpouse du criquet Crie son deuil. (Takarai Kikaku)
  • Page 34
  • parc viennois sifflant un air de Mozart gamin sur patins (Janick Belleau)
  • Page 35
  • algue flottante dans bain bouillonnant ta chevelure (Janick Belleau)
  • Page 36
  • clair de lune son corps au seuil de la mort plus blanche la neige (Janick Belleau)
  • Page 37
  • B) Le calligramme Un calligramme est un pome dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, gnralement en rapport avec le sujet du texte. Le calligramme stimule l'imaginaire autant par son aspect visuel que par ses mots.
  • Page 38
  • Page 39
  • Page 40
  • Page 41
  • C) Lacrostiche Lacrostiche est un texte potique dont les premires lettres de chaque vers forment un mot lorsquon les lit la verticale. Ce mot peut tre le sujet du pome, le nom de lauteur ou encore de la personne laquelle il est destin. Lacrostiche peut aussi tre utilis si lon veut cacher un message dans un pome.
  • Page 42
  • Page 43
  • Page 44
  • D) La fable Une fable est une histoire imaginaire gnralement en vers dont le but est dillustrer une morale. Hrite de lAntiquit, la fable a souvent pour hros des animaux, chargs alors de reprsenter les hommes (Fables de La Fontaine, par exemple).
  • Page 45
  • La cigale et les fourmis (sope) Ctait en hiver ; leur grain tant mouill, les fourmis le faisaient scher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent : Pourquoi, pendant lt, namassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? Je nen avais pas le temps, rpondit la cigale : je chantais mlodieusement. Les fourmis lui rirent au nez : Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en t, danse en hiver. Cette fable montre quen toute affaire il faut se garder de la ngligence, si lon veut viter le chagrin et le danger.
  • Page 46
  • Le corbeau et le renard - Jean de la Fontaine (1621-1695) Matre Corbeau, sur un arbre perch, Tenait en son bec un fromage. Matre Renard, par l'odeur allch, Lui tint peu prs ce langage : Et bonjour, Monsieur du Corbeau, Que vous tes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte votre plumage, Vous tes le Phnix des htes de ces bois. ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dpens de celui qui l'coute. Cette leon vaut bien un fromage sans doute. Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
  • Page 47
  • LE CORBEAU ET LE RENARD (version traduite dsope) Un corbeau, ayant vol un morceau de viande, stait perch sur un arbre. Un renard laperut, et, voulant se rendre matre de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions lgantes et sa beaut, ajoutant que nul ntait mieux fait que lui pour tre le roi des oiseaux, et quil le serait devenu srement, sil avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se prcipita et, saisissant le morceau, dit : corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. Cette fable est une leon pour les sots.
  • Page 48
  • La cigale et la fourmi Jean de la Fontaine (1621-1695) La Cigale, ayant chant Tout l't, Se trouva fort dpourvu Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prter Quelque grain pour subsister Jusqu' la saison nouvelle. Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'aot, foi d'animal, Intrt et principal. La Fourmi n'est pas prteuse ; C'est l son moindre dfaut. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle cette emprunteuse. Nuit et jour tout venant Je chantais, ne vous dplaise. Vous chantiez ? j'en suis fort aise : Eh bien ! dansez maintenant.
  • Page 49
  • E) Le pome lyrique La posie lyrique aborde gnralement des motions et des sentiments lis lexistence : les thmes rcurrents sont lamour, la mort, la nature, etc. Le pote voque alors ce quil ressent, mais aussi ce que peuvent ressentir tous les hommes. Le lyrisme exprime toujours une motion, un bouleversement de la sensibilit. Les marques du registre lyrique : lemploi de la premire personne du singulier ; le vocabulaire des motions et des sentiments ; une ponctuation expressive (points dexclamation, points dinterrogation) ; la prsence dadverbes dintensit ; lemploi de figures de style (comparaisons, mtaphores, )
  • Page 50
  • Ple toile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Ple toile du soir, messagre lointaine, Dont le front sort brillant des voiles du couchant, De ton palais d'azur, au sein du firmament, Que regardes-tu dans la plaine? La tempte s'loigne et les vents sont calms. La fort, qui frmit, pleure sur la bruyre; Le phalne dor, dans sa course lgre, Traverse les prs embaums.
  • Page 51
  • Ple toile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Que cherches-tu sur la terre endormie? Mais dj, vers les monts, je te vois t'abaisser; Tu fuis, en souriant, mlancolique amie, Et ton tremblant regard est prs de s'effacer. toile qui descends vers la verte colline, Triste larme d'argent du manteau de la Nuit, Toi que regarde au loin le ptre qui chemine, Tandis que pas pas son long troupeau le suit,
  • Page 52
  • Ple toile du soir Alfred de Musset (1810-1857) toile, o t'en vas-tu, dans cette nuit immense? Cherches-tu, sur la rive, un lit dans les roseaux? Ou t'en vas-tu, si belle, l'heure du silence, Tomber comme une perle au sein profond des eaux? Ah! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tte Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux, Avant de nous quitter, un seul instant arrte; --- toile de l'amour, ne descends pas des cieux !
  • Page 53
  • F) La prose Le pome en prose est n au XIX e sicle avec le recueil de pomes Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand. Le pome en prose reprsente pour l'crivain une grande libert d'expression et se distingue des autres pomes habituels principalement en raison du fait qu'il contient des procds issus de la faon usuelle de parler (vers ingaux, pas de rimes, pas de strophes). En d'autres mots, le pome crit en prose ressemble premire vue un texte courant, mais renferme une langue potique qui cherche, entre autres, surprendre et mouvoir.
  • Page 54
  • Guerre Enfant, certains ciels ont affin mon optique : tous les caractres nuancrent ma physionomie. Les Phnomnes s'murent. - prsent, l'inflexion ternelle des moments et l'infini des mathmatiques me chassent par ce monde o je subis tous les succs civils, respect de l'enfance trange et des affections normes. - Je songe une Guerre, de droit ou de force, de logique bien imprvue. C'est aussi simple qu'une phrase musicale. - Arthur Rimbaud
  • Page 55
  • Vous brlerez Au pays de pierre fendre, l'anne commence par une infinit de matins couchs en rond de chien sous les poles, sourds ce qui monte dehors, mme l'appel cass des vieilles corneilles. Les heures sont figes au fond des bols. Un diamant trace et trace sur les vitres une flore impossible et superbe. Dans cette maison-l vous pensez souvent la solitude et la sant des territoires. En ce moment, immobile la fentre, vous vous demandez. Plus tard, vers les quatre heures, les lointains s'enflammeront, la plaine frisera de vent, un fleuve de farine dferlera dans les plis de la neige durcie. Vous deviendrez peu peu la force de l'horizon, glisserez hors de vous, filerez sur le totalement neuf, contre l'cume qui veille. Vous brlerez. - Pierre Morency
  • Page 56
  • G) Les vers libres Un pome en vers libres est un pome qui ne prsente aucune structure formelle rgulire : ni vers mesurs, ni rimes, ni strophes. Cependant, et l se trouve sa principale diffrence avec le pome en prose, le pome en vers libres respecte certaines rgles de disposition : une mise en page dgage laissant plusieurs zones blanches, la prsence (habituellement) de majuscules en dbut de ligne, des chos sonores (qui ne sont pas uniquement des finales rimes), des longueurs mtriques variables, des squences de vers dimension variable spares par un saut de ligne (simili-strophes), etc.
  • Page 57
  • Chanson d'automne Paul Verlaine (1844-1896) Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blme, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte De, del, Pareil la Feuille morte.
  • Page 58
  • Marine Arthur Rimbaud (1854-1891) Les chars d'argent et de cuivre - Les proues d'acier et d'argent - Battent l'cume, - Soulvent les souches des ronces. Les courants de la lande, Et les ornires immenses du reflux Filent circulairement vers l'est, Vers les piliers de la fort, - Vers les fts de la jete, Dont l'angle est heurt par des tourbillons de lumire.
  • Page 59
  • L'homme et la mer Charles Baudelaire (1821- 1867) Homme libre, toujours tu chriras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton me Dans le droulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous tes tous les deux tnbreux et discrets; Homme, nul n'a sond le fond de tes abmes; O mer, nul ne connat tes richesses intimes, Tant vous tes jaloux de garder vos secrets! Et cependant voil des sicles innombrables Que vous vous combattez sans piti ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs ternels, O frres implacables!
  • Page 60
  • Une alle du Luxembourg Grard de Nerval (1808-1855) Elle a pass, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau : A la main une fleur qui brille A la bouche un refrain nouveau C'est peut-tre la seule au monde Dont le cur au mien rpondrait Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'claircirait !... Mais non ! Ma jeunesse est finie... Adieu, doux rayon qui m'as luit, Parfum, jeune fille, harmonie... Le bonheur passait, - Il a fui !
  • Page 61
  • Automne Guillaume Apollinaire (1880-1918) Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s'en allant l-bas le paysan chantonne Une chanson d'amour et d'infidlit Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise Oh! l'automne l'automne a fait mourir l't Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
  • Page 62
  • L'Albatros Charles Baudelaire (1821- 1867) Souvent, pour s'amuser, les hommes d'quipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils dposs sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traner cot d'eux. Ce voyageur ail, comme il est gauche et veule! Lui, nagure si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Pote est semblable au prince des nues Qui hante la tempte et se rit de l'archer; Exil sur le sol au milieu des hues, Ses ailes de gant l'empchent de marcher.
  • Page 63
  • H) Le sonnet Le sonnet est l'une des formes potiques et classiques les plus strictes de la posie. Le sonnet doit respecter plusieurs rgles strictes : Il doit tre compos de 14 vers. Il doit contenir deux quatrains (strophe de quatre vers) suivis de deux tercets (strophe de trois vers), entirement forms d'alexandrins (vers de douze syllabes). La disposition des rimes composant la finale de chacun des vers doit pouser la structure suivante : ABBA ABBA CCD EDE. Les rimes masculines et les rimes fminines doivent alterner et ne devraient pas se rpter. Aucun mot ne doit apparatre plus d'une fois (sauf les pronoms, les prpositions, les conjonctions et les interjections); la richesse du vocabulaire est primordiale. Chaque strophe doit tre cohrente et constituer une unit de sens complte; une ide ne peut tre complte dans la strophe suivante, c'est--dire que les quatrains et les tercets doivent reprsenter deux blocs distincts, non seulement dans la forme, mais aussi dans le contenu. Le dernier vers doit tre constitu d'une chute (vers final) qui clt le pome de manire marquer fortement le lecteur. Il faut que le sonnet soit cohrent et ait une signification.
  • Page 64
  • Le dormeur du val Arthur Rimbaud (1854-1891) C'est un trou de verdure o chante une rivire, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; o le soleil, de la montagne fire, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tte nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est tendu dans l'herbe, sous la nue, Ple dans son lit vert o la lumire pleut. Les pieds dans les glaeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit
  • Page 65
  • I) La ballade La ballade est une espce de rondeau compos de trois couplets et dun envoi, en vers gaux, avec un refrain, cest- -dire avec le retour du mme vers la fin des couplets, ainsi qu la fin de lenvoi. Les trois couplets sont symtriquement gaux, soit pour le nombre des vers, soit pour lenlacement des rimes. Le couplet est une stance de huit, de dix ou de douze vers, divise en deux parties gales, cest--dire qui prsente un sens complet au milieu. Lenvoi, qui rpond ordinairement la seconde partie de la stance, nest quun demi-couplet, de sorte que la pice entire se compose de 28, 35 ou 42 vers.
  • Page 66
  • Paul Verlaine (1844-1896) propos de deux ormeaux qu'il avait Lon Vanier Mon jardin fut doux et lger Tant qu'il fut mon humble richesse : Mi-potager et mi-verger, Avec quelque fleur qui se dresse Couleur d'amour et d'allgresse, Et des oiseaux sur des rameaux, Et du gazon pour la paresse. Mais rien ne valut mes ormeaux. De ma claire salle manger O du vin fit quelque prouesse, Je les voyais tous deux bouger Doucement au vent qui les presse L'un vers l'autre en une caresse, Et leurs feuilles fltaient des mots. Le clos tait plein de tendresse. Mais rien ne valut mes ormeaux.
  • Page 67
  • Hlas ! quand il fallut changer De cieux et quitter ma liesse, Le verger et le potager Se partagrent ma tristesse, Et la fleur couleur charmeresse, Et l'herbe, oreiller de mes maux, Et l'oiseau, surent ma dtresse. Mais rien ne valut mes ormeaux. ENVOI Prince, j'ai got la simplesse De vivre heureux dans vos hameaux : Gat, sant que rien ne blesse. Mais rien ne valut mes ormeaux.