Flore CÉSAR Université Paul-Valéry – Montpellier 3 Des ...7 Montpellier, Archives...

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux- arts de Montpellier, 1777- 1784 », Les papiers d’ACA- RES, Actes des journées d’étude, 29- 30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes , mis en ligne en juin 2019. 1 Flore CÉSAR Université Paul-Valéry – Montpellier 3 Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 « Il manquoit à la ville de Montpellier, considérable par le nombre de ses habitants, par la célébrité de ses universités et par une Société Royale des sciences, une accadémie d’arts libéraux » 1 . Cette lettre adressée au comte d’Angiviller éclaire parfaitement le contexte de création d’une Société des beaux-arts à Montpellier. La ville est considérée tout au long de l’époque moderne comme capitale scientifique dont la réputation s’est établie à l’échelle européenne. Cette situation ne semble toutefois pas favorable aux liens entre arts et sciences. La présence dans la seconde moitié du XVIII e siècle, d’une part de la Société royale des sciences au statut particulier et, d’autre part, d’une Société des beaux-arts, établie entre 1779 et 1787, laisse penser que ces deux institutions, animées l’une comme l’autre par un désir d’utilité propre à l’esprit des Lumières, ont entretenu des relations fécondes. Cependant, au regard des sources, il n’en est rien. L’analyse de la sociabilité académique des membres de la Société des beaux-arts permet de mettre au jour des liens interpersonnels entre les différentes sociétés savantes, mais permettent-ils pour autant d’esquisser une dialectique entre sciences et arts ? Peut-on alors considérer qu’émergent des figures de médiateurs entre ces deux mondes ? La science occupe-t-elle une place au sein même de la Société des beaux-arts ? Une société des arts dans une capitale savante Dans un Languedoc bicéphale, Montpellier se positionne comme capitale provinciale aux côtés de Toulouse. Elle accueille plusieurs cours souveraines à l’exemple de la Cour des comptes, des aides et des finances ou encore du bureau des finances. Ville d’autorité, Montpellier est aussi une capitale politique en tant que siège des États et par la présence des gouverneurs du Languedoc. C’est aussi une capitale commerciale où sont implantées une Bourse des marchands et une chambre de commerce 2 . En tant que capitale universitaire, Montpellier se démarque face à Toulouse. L’université de médecine, instituée depuis le Moyen-Age, permet à Montpellier d’acquérir un rayonnement européen. Depuis la bulle papale Qui Sapientia, promulguée en 1289, cette institution propose un modèle par son organisation, son rôle intellectuel et ses fonctions sociales, mais aussi par le fait qu’est alors privilégié l’enseignement de la médecine par rapport aux arts 3 , une organisation qui perdure à l’époque moderne. Par son ancienneté et la qualité de ses enseignements, l’université montpelliéraine se place comme rivale face à celle de Paris. Seuls ces deux établissements dispensent des enseignements réguliers et 1 Paris, Archives nationales, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 6, « [Lettre à d'Angiviller, 1784] », collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 31 janvier 2019, https://aca- res.nakalona.fr/items/show/437. 2 JOUANNA Arlette, « De la ville marchande à la capitale administrative », CHOLVY Gérad (dir.), Histoire de Montpellier, Toulouse, Privat, 2001, p. 127-152. 3 VERGER Jacques, « Montpellier parmi les universités », L’université de Montpellier : ses maîtres et ses étudiants depuis sept siècles, 1289-1989 », Montpellier, Fédération historique du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, 1989, p. 29.

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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Flore CÉSAR Université Paul-Valéry – Montpellier 3

Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784

« Il manquoit à la ville de Montpellier, considérable par le nombre de ses habitants,

par la célébrité de ses universités et par une Société Royale des sciences, une accadémie d’arts libéraux »1.

Cette lettre adressée au comte d’Angiviller éclaire parfaitement le contexte de création d’une Société des beaux-arts à Montpellier. La ville est considérée tout au long de l’époque moderne comme capitale scientifique dont la réputation s’est établie à l’échelle européenne. Cette situation ne semble toutefois pas favorable aux liens entre arts et sciences. La présence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, d’une part de la Société royale des sciences au statut particulier et, d’autre part, d’une Société des beaux-arts, établie entre 1779 et 1787, laisse penser que ces deux institutions, animées l’une comme l’autre par un désir d’utilité propre à l’esprit des Lumières, ont entretenu des relations fécondes. Cependant, au regard des sources, il n’en est rien. L’analyse de la sociabilité académique des membres de la Société des beaux-arts permet de mettre au jour des liens interpersonnels entre les différentes sociétés savantes, mais permettent-ils pour autant d’esquisser une dialectique entre sciences et arts ? Peut-on alors considérer qu’émergent des figures de médiateurs entre ces deux mondes ? La science occupe-t-elle une place au sein même de la Société des beaux-arts ?

Une société des arts dans une capitale savante

Dans un Languedoc bicéphale, Montpellier se positionne comme capitale provinciale aux côtés de Toulouse. Elle accueille plusieurs cours souveraines à l’exemple de la Cour des comptes, des aides et des finances ou encore du bureau des finances. Ville d’autorité, Montpellier est aussi une capitale politique en tant que siège des États et par la présence des gouverneurs du Languedoc. C’est aussi une capitale commerciale où sont implantées une Bourse des marchands et une chambre de commerce2. En tant que capitale universitaire, Montpellier se démarque face à Toulouse.

L’université de médecine, instituée depuis le Moyen-Age, permet à Montpellier d’acquérir un rayonnement européen. Depuis la bulle papale Qui Sapientia, promulguée en 1289, cette institution propose un modèle par son organisation, son rôle intellectuel et ses fonctions sociales, mais aussi par le fait qu’est alors privilégié l’enseignement de la médecine par rapport aux arts3, une organisation qui perdure à l’époque moderne. Par son ancienneté et la qualité de ses enseignements, l’université montpelliéraine se place comme rivale face à celle de Paris. Seuls ces deux établissements dispensent des enseignements réguliers et

                                                                                                                         1 Paris, Archives nationales, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 6, « [Lettre à d'Angiviller, 1784] », collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 31 janvier 2019, https://aca-res.nakalona.fr/items/show/437. 2 JOUANNA Arlette, « De la ville marchande à la capitale administrative », CHOLVY Gérad (dir.), Histoire de Montpellier, Toulouse, Privat, 2001, p. 127-152. 3 VERGER Jacques, « Montpellier parmi les universités », L’université de Montpellier : ses maîtres et ses étudiants depuis sept siècles, 1289-1989 », Montpellier, Fédération historique du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, 1989, p. 29.

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autorisent, après l’obtention des grades, la pratique de la médecine dans tout le royaume4. Elles possèdent toutes deux le plus de chaires en France mais leur fonctionnement diffèrent. Paris propose un modèle doctoral tandis que l’université montpelliéraine repose sur un modèle professoral, les chaires appartenant à leur titulaire. Cette organisation favorise la spécialisation des professeurs et facilite le développement d’enseignements des plus modernes. Sa renommée, comme ses frais d’inscription moins élevés qu’à Paris, permettent à l’université montpelliéraine d’accueillir un grand nombre d’étudiants5. Les effectifs de la faculté de médecine sont particulièrement importants : à la veille de la Révolution, 46% des médecins du royaume sont gradués à Montpellier6.

Parmi les médecins célèbres formés à Montpellier, François de Lapeyronie (1648-1747), premier médecin du roi, contribue à développer l’art de la médecine à Montpellier en 1747 en léguant à la communauté des maîtres en chirurgie de la ville deux maisons et une importante somme d’argent afin de construire un amphithéâtre pour les démonstrateurs anatomiques7. La ville se dote ainsi d’infrastructures adaptées à l’exercice de la chirurgie. Par ailleurs, Montpellier apparaît comme un foyer intellectuel puissant qui rayonne à l’échelle du royaume. Les débats autour de la doctrine vitaliste sont à leur apogée dans la seconde moitié du siècle, suite à la publication de l’ouvrage Nouveaux éléments de la science de l’homme écrit par le médecin montpelliérain Paul-Joseph Barthez (1734-1806)8.

Par la présence et la réputation de ses facultés, Montpellier acquiert un statut particulier comme en témoigne la position singulière accordée à sa Société Royale des sciences. Établie par lettres patentes en 1706, celle-ci est alors considérée comme formant « une extension et une partie » de l’Académie des sciences de Paris9. Cette situation, unique en France, lui permet d’adopter des statuts similaires à ceux de l’institution parisienne, comme de bénéficier de la publication d’un de ses mémoires dans le recueil annuel édité par l’Académie des sciences. Le choix des disciplines étudiées, confirmant l’inclination purement scientifique de la société, met en évidence la modernité des paradigmes scientifiques traités par ses membres. La Société royale des sciences œuvre tout au long du XVIIIe siècle au développement des sciences à Montpellier. Annuellement, elle propose des séances publiques ouvertes à tous, et participe à la création de cours publics de sciences expérimentales dès 178010. Elle favorise l’émulation en adjugeant et en organisant des concours, soutenus soit par les États11, soit par des particuliers aisés.

En effet, l’implantation d’élites urbaines, aisées et cultivées, est favorisée par la présence de l’université comme des différentes cours souveraines, une situation qui favorise le développement de collections particulières. Au XVIIIe siècle, ce sont surtout les médecins qui

                                                                                                                         4 BROCKLISS Laurence, « La querelle entre les facultés de médecine et de Paris au XVIIe siècle », 1989, op.cit., p. 109-122. 5 BERLAN Hélène, « Les carabins dans la ville », LIAME – Bulletin du Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, juillet-décembre 1999, n°4, p.103-124. 6 JULIA Dominique, « L’université de médecine à l’époque moderne », 1989, op.cit., p. 87. 7 Montpellier, Archives départementales de l’Hérault, D33, Testament de Lapeyronie, 18 avril 1747. 8 BARTHEZ Paul-Joseph, Nouveaux éléments de la science de l’homme, Montpellier, Imp. J. Martel aîné, 1778. Voir à ce sujet la thèse en cours de KRAUS Sabine, Le vitalisme de Montpellier, génie du lieu et œuvre humaine, 18e-19e siècles, sous la direction de Maurizio GRIBAUDI, Paris, EHESS. 9 « Lettres patentes du roi données au mois de février 1706 », Histoire de la société royale des sciences établie à Montpellier avec les mémoires de mathématiques et de physique tirés des registres de cette société, Lyon, Benoît Duplain, 1766, p. 13. 10 CASTELNAU, 1858, op. cit., p. 90-91. 11 CASTELNAU Junius, Mémoire historique et biographique sur l’ancienne Société Royale des Sciences de Montpellier, Montpellier, Boehm, 1858, p. 146.

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possèdent de riches cabinets dédiés avant tout à l’histoire naturelle12. En parallèle, la place des collections artistiques reste limitée, mais connaît un développement important dans la seconde moitié du siècle, grâce à l’implantation d’un marchand d’art reconnu, Abraham Fontanel (1741-1817), qui concentre autour de lui un noyau d’amateurs locaux 13 . Ceux-ci entreprennent l’ouverture d’un établissement dédié à l’enseignement des arts en 1779 : la Société des beaux-arts de Montpellier14. Animés par un « patriotisme »15, par un goût commun pour les arts, comme par un désir d’utilité réitéré tout au long de la courte existence de cette société, ce sont d’abord trente « citoyens amateurs »16 qui forment la Société des beaux-arts de Montpellier, ville « des plus heureusement située pour la culture des beaux-arts », de par « sa position peu éloignée de l’Italie »17.

L’installation d’une telle société se devait d’être justifiée : le vicomte de Saint-Priest (1732-1794), en tant que président du comité de direction, demande à ce que soit fait « un discours sur l’utilité des beaux-arts et de l’établissement des écoles gratuites de dessein dans cette ville »18 lors d’une cérémonie de distribution des prix. En effet, un tel évènement rassemble alors les plus grands dignitaires de la province comme de la ville, autant de personnes à convaincre du bien-fondé de l’entreprise. Mais ce n’est ni un artiste ni un médecin qui est appelé à réaliser ce discours, mais un avocat, Pierre Espagne (1747-1791). Une retranscription de l’intégralité de son discours a été conservée et découverte récemment, permettant d’apprécier comment Espagne arrive judicieusement à défendre la présence de la Société des beaux-arts à Montpellier. Si pour lui, une école de dessin a une « utilité toute sentie par tous les hommes éclairés et sensibles »19, l’auteur appuie sa démonstration en confrontant arts et sciences, artistes et savants, par le biais d’anecdotes tirées des vies de grands hommes. Se plaçant dans la continuité de Cicéron (106 av. J-C - 43 av. J-C) qui considère les hommes de sciences, lettres et arts comme « héros paisibles » face aux héros de guerre, l’auteur prend soin de placer artistes et savants sur un plan d’égalité. Hommes de talents et de génie, ils sont animés par « l’amour de la gloire » leur permettant d’avoir force,

                                                                                                                         12 Voir à ce sujet CÉSAR Flore, « Territoire et pratique de collection. Montpellier au XVIIIe siècle », LIAME, [En ligne], 26 | 2016, mis en ligne le 07 mars 2016, consulté le 01 février 2019. URL : http://journals.openedition.org/liame/552. 13 Voir à ce sujet : ANDRÉ Pascale, Abraham Fontanel, marchand d’art et collectionneur (1741-1817), mémoire de D.E.A. dirigé par Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 2001. 14 Voir à ce sujet TRANI Elsa, « La Société des beaux-arts de Montpellier », Les papiers d’ACA-RES, Brefs historiques, mis en ligne en avril 2017. (Disponible dans la page Hypothèses d’ACA-RES : http://acares.hypotheses.org/les-papiersdaca-res/bref-historique) Voir également : TRANI Elsa, « De la Société des Beaux-Arts au musée municipal. Une histoire de la culture artistique montpelliéraine à la fin de l’Ancien Régime », HILAIRE Michel et STEPANOFF Pierre (dir.), Le musée avant le musée. La Société des beaux-arts de Montpellier, 1779-1787, Gand, Snoeck, 2017, p. 29-47. 15 Expression tirée du règlement de la Société des beaux-arts. Montpellier, Archives départementales de l’Hérault (ADH), D233, Règlement de la société des beaux-arts de Montpellier, 1777. 16ADH, L2495, Mémoire d’Abraham Fontanel concernant l’origine et l’établissement d’une école de dessin dans la ville de Montpellier, 1796, reproduit par LAREDO Dominique, La vie artistique à Montpellier pendant la Révolution, mémoire de D.E.A. sous la direction de Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1985, p. 111. 17 Paris, AN, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 10, 10 bis, « Projet de lettres patentes du Roi portant établissement d'une Société des Beaux arts à Montpellier, [s.d.], » collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 29 novembre 2018, https://aca-res.nakalona.fr/items/show/441. 18 Montpellier, Bibliothèque centrale Émile Zola (MBCEZ), Ms 247, Registre contenant les séances et délibérations de la Société des Beaux-Arts dans la ville de Montpellier. 19 Discours prononcé le 3 janvier 1782 dans la séance publique de la Société des beaux-arts pour la distribution des prix par M. Espagne avocat, Clermont-l’Hérault, Saturnin Léotard, 1887, p. 24. Il s’agit d’un document inédit, qui a été retrouvé pour le présent article.

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courage et intrépidité : « c’est donc dans tous les genres, dans toutes les professions que l’amour de la gloire peut faire des héros et l’artiste comme le savant ou le guerrier peut fournir à l’admiration des hommes des modèles des plus grandes actions »20. L’artiste peut ainsi être un homme illustre, voire un héros, au même titre que le savant s’il travaille avec ardeur, détermination et constance l’amenant à braver les dangers, la douleur et la mort. Il peut alors atteindre la perfection des arts « pour l’imitation la plus parfaite de la nature » et pour réaliser « d’étonnantes productions dont l’existence embellit et honore la patrie qui les recèle, dont la vue réjouit nos sens, captive notre admiration et relève à nos propres yeux l’excellence de la nature de l’homme »21. Favorisant l’émulation, contribuant à illustrer la ville, évitant l’oisiveté des adolescents, participant au progrès des Arts, la Société des beaux-arts se rend ainsi utile à sa ville en suivant les mêmes objectifs que ses « sœurs » sur le territoire.

Selon Espagne, tout talent ne saurait être alimenté sans protection, ce que l’auteur développe dans une seconde partie consacrée à l’éloge individuelle des associés fondateurs. Notons que l’auteur use à plusieurs reprises d’un procédé littéraire qui consiste à s’adresser directement à sa ville, renforçant ainsi son pouvoir de démonstration et à ancrer l’utilité d’une telle entreprise à Montpellier : « ô ma patrie, tu dois un tribut d'éloges aux autres citoyens d'élites qui ont ambitionné le titre de fondateurs de la Société des beaux-arts ; que cet utile établissement te soit une preuve non équivoque des lumières, de la générosité et du patriotisme de tous ceux qui y ont coopéré ; et que leurs noms soient inscrits dans tes fastes à côté de ceux qui ont le plus contribué à ton bonheur et à ta gloire »22.

Des liens interpersonnels aux figures tutélaires : la rencontre des arts et des sciences par l’intermédiaire des personnes ?

Les règlements de la Société des beaux-arts prévoient plusieurs classes de membres dont la plus importante est celle des associés fondateurs, d’abord portée au nombre de trente puis élargie à quarante membres. Dans ses rangs, la Société comptent les plus hauts dignitaires de la province, des prélats, des personnalités issues de la noblesse de robe, mais aussi de riches négociants et, paradoxalement par rapport à la configuration de la ville, peu de médecins 23 . Au sein de la Société des beaux-arts, seuls trois membres, qui entrent tardivement, représentent des institutions médicales montpelliéraines. Guillaume Amoreux (1714-1790) et André Méjan (1748-1810) obtiennent une place parmi les membres honoraires grâce aux cours d’anatomie qu’ils prodiguent dès 1782. Amoreux est alors premier médecin à l’Hôtel-Dieu Saint-Éloi, en charge de la bibliothèque d’Henri Haguenot (1687-1775) 24. André Méjan est quant à lui à la tête de la chaire d’ostéologie au collège Saint-Côme depuis 177925. En 1786, un autre médecin est nommé associé, Pierre Lafabrie (1751-1827), auteur d’un discours prononcé lors de la distribution des prix en janvier 178626.

                                                                                                                         20 Ibid., p. 16. 21 Ibid., p. 17. 22 Ibid., p. 29. 23 Montpellier, ADH, D235 à D 238, compte du trésorier, pièces justificatives des dépenses, 1779-1783. Fabien Nicolas a analysé ces pièces et a dressé une liste de sociétaires : FABIEN Nicolas, Un exemple de la vie artistique en province à la fin du XVIIIe siècle : la société des beaux-Arts de Montpellier (1779-1787), Mémoire de maîtrise dirigé par Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1998, p. 135-146. 24 AMOREUX Pierre-Joseph, Notice biographique sur Guillaume Amoreux, Montpellier, A. Ricard, 1806. 25 CLERC Pierre (dir.), Dictionnaire de biographie héraultaise, Montpellier, Pierre Clerc, 2010, 2 tomes, t. II, p. 442. 26 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°140, séance du 17 janvier 1786.

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L’analyse de la sociabilité académique des membres de la société montpelliéraine rend compte de leur multiple appartenance à d’autres sociétés savantes et en particulier à la Société royale des sciences de Montpellier. Deux hommes appartiennent au corps des membres ordinaires de la classe de physique : Guillaume Amoreux et le marquis de Montferrier père, Jean-Antoine Duvidal (1700-1786). À ce titre, ils mènent une activité savante et présentent leurs travaux à l’assemblée. Mais c’est majoritairement à la classe des associés honoraires qu’appartiennent les membres de la Société des beaux-arts, occupant une place avant tout honorifique. Parmi eux figurent les plus hauts dignitaires de la province, tels que le gouverneur général duc de Biron (1701-1788), les intendants de la province Jean Emmanuel (1714-1785) et Marie-Joseph Emmanuel Guignard de Saint Priest, le syndic général de la province marquis de Montferrier fils (1752-1829), le gouverneur général de la province Gabriel-Marie de Talleyrand (1726-1795), le syndic général de la province le baron de Puymaurin (1717-1791) ou encore le trésorier des États Philippe-Laurent de Joubert (1729-1792). Les plus hauts prélats de la province appartiennent également aux deux sociétés : Mgr Joseph-François de Malide (1730-1812) évêque de Montpellier, Arthur-Richard Dillon (1721-1806) archevêque de Narbonne, Étienne-Charles Loménie de Brienne (1727-1794), archevêque de Toulouse ou encore le vicaire général du diocèse de Montpellier l’abbé de Grainville (1745-1828). Ce tel recrutement met en avant la notabilité des membres fondateurs de la Société des beaux-arts. Cette double appartenance apporte crédit, poids, voire légitimité à la société nouvellement créée. En revanche, leur double appartenance ne semble pas favoriser l’échange ou l’émulation scientifique entre les deux sociétés au regard des sources encore conservées : à la lecture des délibérations, aucune rencontre entre les deux institutions n’est envisagée, aucun des membres n’est invité aux diverses cérémonies, la Société royale des sciences n’étant même jamais citée.

Une minorité des associés fondateurs de la société montpelliéraine appartiennent à d’autres sociétés artistiques. Le baron de Puymaurin, collectionneur, amateur et mécène est à la fois membre de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse et fondateur de l’académie de peinture de Toulouse. Il fait aprtie également des membres fondateurs de la Société des beaux-arts de Montpellier. Parmi eux compte aussi une figure particulièrement intéressante, à la frontière entre sciences et arts, membre correspondant de l’Académie des sciences et seule personnalité montpelliéraine à faire partie de l’illustre Académie royale de peinture et de sculpture : Philippe-Laurent de Joubert. Sa sociabilité académique, entre arts et sciences, laisse penser qu’il a pu contribuer à faire entrer les sciences au sein de la Société des beaux-arts, se plaçant alors comme médiateur.

D'un père président de la Cour des comptes, aides et finances, Philippe-Laurent de Joubert se destine à poursuivre la tradition familiale en effectuant des études de droit. Il reçoit en survivance la charge de président en 1756 et devient président effectif après la démission de son père en 176227. Profitant de relations familiales puissantes, il se démet de sa charge en 1776 pour occuper la plus haute fonction financière de la province, à savoir celle de trésorier de la Bourse des États de Languedoc. Son niveau de fortune comme sa curiosité encyclopédique dont témoignent ses travaux au sein de la Société royale des sciences de Montpellier28, l’amènent à constituer une riche bibliothèque « accessible à tous les amis de

                                                                                                                         27 VIALLES Pierre, Études historiques sur la Cour des Comptes, aides et finances de Montpellier : d’après ses archives privées, Montpellier, Firmin et Montanes, 1921, p. 163. 28 Ses travaux portent sur des sujets variés, par exemple : Mémoire sur les pépinières et les transplantations des oliviers, s.l.n.d. ; Mémoire sur les fossiles des environs de Montpellier, Montpellier, Imp. Jean Martel l’Aîné, 1778 ; Mémoire sur la pierre calaminaire des mines de Saint-Sauveur, Montpellier, Imp. Jean Martel l’Aîné, 1781 ; « Description d’un petit volcan éteint, dont le sommet est couvert par le village et le château de

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l’étude »29, et d’importantes collections. Résidant à Montpellier comme à Paris, il possède dans ces deux villes deux remarquables cabinets comprenant autant des objets d’art que des objets scientifiques ou de curiosité30.

La notoriété de la collection montpelliéraine repose sur ses tableaux, le cabinet Joubert étant considéré comme « un musée national offrant l’histoire des arts de cette ville »31. Y sont rassemblées entre autres des œuvres des artistes montpelliérains Bourdon (1616-1671), Raoux (1677-1734), Coustou (1719-1791) ou Fabre (1766-1836). Philippe-Laurent de Joubert est l’un des plus importants protecteurs des arts de Montpellier. Ce sont près d’une vingtaine d’artistes qu’il encourage en finançant leurs études et leur voyage à Rome. La plupart ont fréquenté les bancs de la Société des beaux-arts de Montpellier, parmi lesquels figurent le tout jeune François-Xavier Fabre, Jacques-André Vanderburch (1756-1803), Antoine-Laurent Castellan (1772-1838) ou encore Jacques Moulinier (1753-1828)32.

L’attachement de Joubert pour les arts, son goût affirmé et sa réputation d’amateur à Paris comme en province lui permettent certainement d’obtenir en 1786 un siège à l’Académie royale de peinture et de sculpture en tant qu’associé honoraire libre. Il est le seul Montpelliérain à occuper une telle place dans cette prestigieuse institution, se faisant ainsi officiellement reconnaître par ses pairs comme comptant parmi les plus importants amateurs de son temps à Montpellier. Cette place lui permet de jouer un rôle particulier au sein de la Société des beaux-arts. Est ainsi soumis à sa seule appréciation le recrutement du personnel enseignant suite au départ du professeur Joseph Roques (1754-1847). Deux candidats sont alors en lice : d’un côté, Bonnemaison ( ?-1827), ancien élève de Rivalz (1667-1735) à Toulouse, de l’autre, le peintre Bestieu (1754-1842). Pour les départager, le comité envoie une délégation chez Joubert afin de voir le portefeuille de ses études et de déterminer avec lui le meilleur candidat. Bestieu présente l’avantage de compter parmi les pénitents bleus, dont Joubert est grand prévôt à plusieurs reprises, et il a aussi été élève de Joseph-Marie Vien (1716-1809) à Rome, alors proche de Joubert. Fort de ses appuis et de son réseau, Bestieu est nommé directeur de la société des beaux-arts de Montpellier jusqu’à sa dissolution.

Par sa collection, qui sert de référence, par sa position de mécène protecteur des arts, qui contribue à prolonger l’action de la société, mais surtout par le statut qu’il acquiert suite à sa nomination à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Joubert incarne la figure tutélaire reconnue de l’amateur et cette position lui permet de jouer un rôle décisif au sein de la Société des beaux-arts. Autour de lui se dessine un réseau d’influence, qualifié parfois de « clan montpelliérain » 33 . Cependant, malgré sa position unique à Montpellier, son appartenance au monde de l’art comme à celui des sciences, et son solide réseau au sein de la République des Lettres, Joubert, figure emblématique de l’amateur éclectique jouissant d’une

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

Montferrier, à une lieue de Montpellier », Mémoires de l’Académie royale des sciences, Paris, Imp. royale, 1782, p. 575-583 ; Lettre sur l’agriculture en Bas-Languedoc, Nîmes, C. Belle, 1787. 29 GAULT DE SAINT GERMAIN Pierre-Marie, Annales de la calcographie générale, Paris, Vallin, 1806, p. 357. 30 Sur les collections de Joubert voir : CESAR Flore, Collectionnisme et curiosité à Montpellier de la Renaissance à l’aube de la Révolution, thèse de doctorat dirigée par Michèle-Caroline HECK, Montpellier, Université Paul-Valéry, 2013. 31 DESGENETTES René, Souvenirs de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe ou mémoires de R.D.G., Paris, Firmin-Didot frères, 1836, 2 vol., t. II, p. 86. 32 Sur la position de mécène de Joubert voir : CROUX FAVRE Brigitte, Philippe-Laurent de Joubert (1729-1792), trésorier de la bourse des États du Languedoc, mémoire de maîtrise sous la direction de Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1986. 33 PELLICER Laure, Le peintre François-Xavier Fabre (1766-1838), thèse de doctorat sous la direction de Jacques THUILLIER, Paris, Université Paris IV, 1982, 4 vol., tome II, p. 31.

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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curiosité encyclopédique, ne favorise pas les connexions, théoriques ou relationnelles, au sein de la Société des beaux-arts de Montpellier entre arts et sciences : il n’occupe pas une place d’intermédiaire favorisant les échanges savants.

L’étude de la sociabilité académique permet ainsi de rendre compte de l’affiliation multiple des membres de la Société des beaux-arts : ils appartiennent pour une grande part d’entre eux à différentes sociétés savantes, avant tout dédiées aux sciences. Toutefois parmi eux, une grande majorité occupe une place honorifique à la Société royale des sciences de Montpellier, obtenue grâce à leur titre plus qu’à leur activité savante. Seul Amoreux se dénote non seulement par sa qualité d’associé ordinaire, mais aussi par sa qualité de professeur à la Société des beaux-arts. Son arrivée permet d’y faire entrer définitivement l’enseignement des sciences.

La place des sciences dans l’enseignement des arts

Selon son règlement, la Société des beaux-arts de Montpellier se consacre « à la culture des arts de peinture, sculpture, architecture et autres dépendants du dessin »34. Plusieurs projets de statuts encore conservés montrent une évolution du projet pédagogique. Les règlements provisoires annoncent l’ouverture de quatre classes et ne font pas mention de cours supplémentaires35. Quelques années plus tard, le projet adressé à la direction des Bâtiments du roi stipule dès l’article 3 la présence parmi la classe d’associés artistes des professeurs de « peinture, de sculpture et d’architecture de perspective, de géométrie et d’anatomie relatives aux beaux-arts ». L’article 17 annonce cinq classes : une de principes, une d’après le dessin, une d’après les bas-reliefs ou ronde-bosse, une d’après le modèle vivant et enfin, « une cinquième classe pour l’architecture, la géométrie, la perspective, l’hidraulique [sic] et une classe d’anatomie »36. Cette cinquième classe semble, au regard des sources, se consacrer surtout à l’architecture, seulement l’enseignement y est précaire. Quant à la sixième classe annoncée comme étant dédiée à l’anatomie, elle n'est jamais véritablement ouverte : perspective et anatomie se conçoivent d’abord comme des cours supplémentaires propres à seconder l’enseignement des autres classes.

L’architecture occupe une place ambiguë au sein de la Société des beaux-arts de Montpellier. Les membres fondateurs la placent au cœur de leurs préoccupations, comme étant « un des objets les plus essentiels de cet établissement et qui pouvoit le plus concourir aux progrès des Beaux-Arts ». Elle est désignée par les membres tantôt comme « art », tantôt comme « science », mais tous s’accordent à dire que son enseignement est capital et « qu'on ne sauroit trop [le] cultiver et [l’] encourager par tous les moyens possibles »37.

L’enseignement dédié à l’architecture n’ouvre que tardivement. Parmi les six premiers professeurs nommés en 1777, aucun ne se consacre à cette branche du dessin. Ce n’est que quelques mois après l’ouverture de l’école que le comité récupère une salle pour cet enseignement. Il est fait appel à des architectes de renom pour assurer les cours : Jean-Antoine Giral (1713-1787), architecte de la province, assisté de son gendre Jacques Donnat (1742-1824). Leur présence se doit dans un premier temps d’être quotidienne, au

                                                                                                                         34 AN, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 10, 10 bis, « Projet de lettres patentes du Roi portant établissement d'une Société des Beaux arts à Montpellier, [s.d.], » collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 29 novembre 2018, https://aca-res.nakalona.fr/items/show/441. 35 Voir article 18 du règlement provisoire, MBCEZ, Ms 247, op.cit., f°9. 36 AN, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 11, « Projet de status et règlement de la Société des beaux arts de la ville de Montpellier, [s.d.], f°10 » collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 7 février 2019, https://aca-res.nakalona.fr/items/show/442. 37 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°66, séance du 17 juin 1781.

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même titre que les autres enseignants. Mais leur absence répétée oblige le comité à leur envoyer une députation en juin 1781 pour leur demander quelques explications38. La situation se reproduit l’année suivante, contraignant les sociétaires à leur rappeler la fréquence hebdomadaire du cours. Celui-ci est même totalement interrompu pendant plusieurs mois. Le comité de direction, conscient de l’importance des charges des architectes, propose alors de réduire leur venue à deux cours par semaine « afin que leurs occupations particulières ne souffrissent pas de cet enseignement »39.

En 1786, un ancien élève de la Société, lauréat en 1780, assure l’enseignement de l’architecture : Charles Durand (1762-1840). À son arrivée, il dresse un constat alarmant de cette classe : « la plupart des élèves ignoroient jusqu’à l’uzage de la règle et du compas », « copiaient machinalement les exemples que je mettais sous leurs yeux », « les uns et les autres n’avoient aucune connoissance des ordres, qu’ils ignoroient les principes et les éléments de l’architecture » 40. Une note présentant son programme d’enseignement rend compte de l’organisation globale de son cours divisé en deux parties, l’architecture civile et l’architecture des ponts et chaussées, mais aussi de son attachement à « joindre la théorie à la pratique ». Deux heures par semaine sont ainsi consacrées à des enseignements théoriques appelés « démonstrations », tandis que les deux autres heures hebdomadaires sont dédiées au dessin. Durand prévoit de les faire sortir de l’école pour observer des bâtiments et visiter des chantiers. Des cours d’histoire de l’architecture complètent son approche, mais il donne aussi quelques leçons « d’arithmétique, d’algèbre, de géométrie et de trigonométrie relatives à l’architecture ». Les sciences, à travers les mathématiques et la géométrie, sont appliquées à l’enseignement de l’architecture. Mais l’enseignement d’autres sciences apparaissent progressivement au sein même de la société.

Les règlements prévoient dès l’origine de confier à un associé ordinaire la charge

d’économe garde des plâtres, estampes et dessins appartenant à la société41. Lors des premières séances de la société42, Abraham Fontanel est nommé dans cette fonction, sa connaissance des objets étant assurée par sa qualité de marchand et de collectionneur43. Il contribue à accroître les collections à diverses occasions, comme en témoignent à plusieurs reprises les délibérations de la Société. Ces collections permettent de constituer des modèles propres à seconder l’enseignement. Près de 220 estampes collées sur carton44 servent à la classe des principes et celle des académies. L’acquisition par Fontanel d’une série, « aussi utile que précieuse »45, de 38 bustes en plâtre moulés à Rome est jugée essentielle pour la classe de ronde-bosse46, et ce, malgré son coût47. La place de garde économe permet                                                                                                                          38 Ibid. 39 Ibid, f°94, séance du 10 octobre 1782. 40 ADH, C7903, Cours d’architecture pour l’académie des Beaux-Arts de Montpellier, par Mr Durand architecte. 41 AN, O/1/1933/B, dossier 7, doc. 11, “Projet de status et règlement de la Société des beaux-arts de la ville de Montpellier, [s.d.],” collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 29 janvier 2019, https://aca-res.nakalona.fr/items/show/442. 42 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°12, séances des 18 janvier et 7 février 1779. 43 STEPANOFF Pierre, « Abraham Fontanel (1741-1817). Portrait d’un homme zélé », HILAIRE Michel et STEPANOFF Pierre (dir.), 2017, op. cit., p. 15-27. 44 ADH, C7903, Inventaire des effets cédés à la province de Languedoc, 1er février 1787. 45 ADH, C7903, Mémoire pour rendre compte à MM les commissaires des Travaux publics de l’Etat à l’Ecole de dessein, ponts-et-chaussées, 27 mars 1787. 46 L’inventaire des biens de la Société mentionne ainsi qu’il s’agit de bustes d’après l’antique « sçavoir Ajax, Minerve, Caracalla, le rémouleur, Moïse de Michel-Ange, Zénon philosophe grec, Apollon, Marc-Aurèle, Socrate, Ariane, un roi de Tyr, Laniobé [sic], Saint Paul, l’Antinous, Laocoon, Jupiter, un berger antique, César

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également au marchand d’entretenir des correspondances avec les artistes de son temps, tels que Greuze, Clodion ou David… Avant même l’établissement officiel de la société, Fontanel entre en contact avec Jean-Antoine Houdon (1741-1828) en vue de se procurer différents morceaux d’étude48, tels que des moulages d’après nature de pieds, de bras ou de mains49. Mais c’est en particulier en vue d’acquérir son modèle de Grand écorché que la société se rapproche du sculpteur, un modèle déjà acquis par différentes académies et écoles de dessin ou même par l’Académie de chirurgie50. Cette œuvre paraît essentielle pour les membres, considérant qu’elle exprimait parfaitement l’anatomie extérieure51. Elle est d’autant plus capitale pour les étudiants car, faute de professeur pendant plusieurs années, elle seule permet de les former à l’étude de l’anatomie. L’étude de « l’attachement des muscles et les saliants [sic] des os » à partir de l’observation de l’écorché permet ainsi à l’élève de rendre compte de la pose, du mouvement et des formes du sujet52. L’objet de collection semble ainsi suppléer l’enseignement pendant plusieurs années.

Après trois années d’existence de la Société des beaux-arts, l’abbé Montessus (? - ?),

en qualité de modérateur, juge que la copie servile de l’Écorché de Houdon n’est plus suffisante. Pour lui, une véritable démonstration est nécessaire à l’enseignement de l’anatomie, en particulier pour l’étude de l’ostéologie et de la myologie, comme étant l’« un des objets les plus nécessaire pour parvenir à la perfection du dessein et de la sculpture, en bien exprimer la beauté des formes et des contours, prononcer la justesse des muscles, la légèreté des émanchements et la pondération des attitudes »53. Ces propos attestent du bagage théorique de la part du modérateur, peut-être dû à l’enseignement prodigué par Jacques Gamelin (1738-1803), alors directeur de la Société54 et auteur d’un Recueil d’ostéologie et de myologie dessiné d’après nature pour l’utilité des sciences et des arts55. Son ouvrage, autant destiné aux anatomistes qu’aux artistes, s’offre comme manuel d’anatomie pour les élèves dessinateurs, composé de planches commentées représentant des écorchés dans différentes positions mais aussi des figures d’académies aux muscles prononcés « pour que l’Élève puisse mieux sentir les effets, & se fixer avec certitude sur leur situation » 56. Parfaitement instruit à l’anatomie et à ses applications dans l’art du dessin, Gamelin a pu assurer officieusement cet

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

[sic], &c, &c, les autres inconnus. » ADH, C7903, Inventaire des effets cédés à la province de Languedoc, 1er février 1787. 47 Les frais d’acquisition de cette collection s’élève à 800 livres et 200 livres de livraison. MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°85, séance du 18 juin 1782. 48 ADH, D233, correspondance avec Jean-Antoine Houdon. 49 ADH, C7903, Inventaire des effets cédés à la province de Languedoc, 1er février 1787. 50 CLAPAREDE Jean, « Houdon et la société des beaux-arts de Montpellier (1779-1784) », Études sur l’Hérault, 1993, n°9, p. 39-48, p. 40. Cet écorché se trouve aujourd’hui dans les collections du Musée Fabre : HOUDON Jean-Antoine, L’Écorché, vers 1779, plâtre, 185x80x80, Montpellier, Musée Fabre, Inv. 806.32. Voir à ce sujet : HILAIRE Michel et STEPANOFF Pierre (dir), 2017, op. cit., p. 102. 51 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°87, séance du 18 juin 1782. 52 ADH, C7903, note sur la salle des modèles vivants, s.d. 53 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°87, séance du 18 juin 1782. 54 Sur Gamelin voir : SARTRE Fabienne, « Jacques Gamelin (1738-1803) en Languedoc, ou les pérégrinations d’un peintre de batailles », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 9-10 novembre 2017, Toulouse, Maison de la recherche UT2J, mis en ligne en mai 2018. 55 GAMELIN Jacques, Nouveau recueil d’ostéologie et de myologie, dessiné d’après nature pour l’utilité des sciences et des arts, Toulouse, Imp. J.F. Desclassan, 1779. Sur le sujet consulter : Jacques Gamelin : le recueil d’ostéologie et de myologie, [catalogue d’exposition], Musée des beaux-arts de Carcassonne, octobre 2017 - janvier 2018, Musée des beaux-arts de Carcassonne, 2018. 56 Ibid., n.p., introduction de la partie intitulée « De la myologie ».

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enseignement lorsqu’il est en poste à la Société des beaux-arts de Montpellier de 1780 à 1783. Mais son absentéisme répété incite le comité de direction de la Société à trouver d’autres alternatives. Elle décide alors de réitérer sa demande auprès des médecins du collège de chirurgie. En effet, le registre des délibérations indique en séance du 18 juin 1782 que la société « avait anciennement écrit à MM. les professeurs de chirurgie » afin de « bien vouloir nommer quelqu’uns d’eux qui veulent bien venir quelques fois dans la semaine donner des secours aux élèves »57. Toutefois les chirurgiens ne daignent répondre à leur demande. Face à ce silence, les membres de la société des arts se tournent vers le milieu des collectionneurs, « assez amateurs des beaux-arts » pour offrir quelques heures de cours et comprendre la nécessité d’un tel enseignement. En septembre 1782, deux médecins répondent à l’appel contre une place d’associés honoraires : Guillaume Amoreux, dont la qualité de collectionneur est reconnue depuis la publication de la seconde édition de L’histoire naturelle de Dezallier d’Argenville58, et André Méjan.

L’enseignement de l’anatomie est assuré auprès des élèves de la classe de ronde-bosse et celle des académies gratuitement par les enseignants. Amoreux et Méjan assurent des leçons d’anatomie extérieure, d’abord « de temps en temps » 59 avant d’instituer hebdomadairement leurs cours. Une note conservée dans le fonds des États rend compte du déroulé de cet enseignement d’une heure environ. Celui-ci commence d’abord par la myologie et se termine par l’ostéologie. Le professeur récapitule dans un premier temps la leçon précédente durant laquelle le professeur vise les dessins réalisés par les élèves et les questionne sur « les noms, les usages, la situation particulière des os ou les attaches des muscles »60. Le professeur dessine à son tour le sujet avant de dicter « en abrégé aux élèves la matière de la leçon du jour et il leur en fait tout de suite après l’explication ».

La connaissance de cette science est jugée comme indispensable pour « parvenir à un degré de perfection dans le modèle vivant »61, et en particulier pour les élèves de la ronde bosse et du modèle vivant, sans pour autant qu’ils aient à s’y livrer à « une étude sérieuse […] mais ils doivent se borner aux parties qui peuvent leur être utiles et qui s’allient avec leur art »62. En ce sens, l’approche d’Amoreux et Méjean rejoint celle donnée par les traités de théorie de l’art des XVIIe et XVIIIe siècles où l’anatomie, appliquée à l’étude des muscles et des os et donc à « l’apparence visible »63, est considérée comme une connaissance essentielle à l’artiste et à l’art du dessin64. La démonstration, entendue comme leçon durant laquelle les professeurs « font voir la chose même qu’ils expliquent »65 s’avère également essentielle à la

                                                                                                                         57 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°86, séance du 18 juin 1782. 58 DEZALLIER D’ARGENVILLE Antoine-Joseph, L’histoire naturelle éclaircie dans une de ses deux parties principales : la Conchyliologie, Paris, De Bure, 1757, p. 142. 59 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°94, 10 octobre 1782. 60 ADH, C7903, [note sans titre sur le cours d’anatomie], s.d. 61 ADH, C7903, Mémoire pour rendre compte à MM les commissaires des travaux publics de l’état de l’école de dessein, Ponts et chaussées, 27 mars 1787, f°5. 62 Ibid. 63 WATELET Claude-Henri et LEVESQUE, Dictionnaire des arts de peinture, 1792, vol. 1, p. 74, article « anatomie ». 64 Voir par exemple DE PILES Roger, Cours de peinture par principes, Paris, Jacques Etienne, 1708, « du dessein, de l’anatomie », p. 153-154 : « L'Anatomie est une connoissance des parties du corps humain, mais celle dont les Peintres ont besoin, ne regarde à la rigueur que les os, & les principaux muscles qui les couvrent ; & la démonstration de ces deux choses se peut faire avec facilité. […] c'est de l'office des muscles que dépendent la forme & la justesse des contours. Il est d'une necessité indispensable de bien connoître la forme, & la jonction des os, d'autant qu'ils alterent souvent les mesures dans le mouvement, comme il est necessaire de bien savoir la situation & l'office des muscles ; puisqu'en cela consiste la verité la plus sensible du Dessein. » 65 « Démonstration », Dictionnaire de l’académie française, Paris, brunet, 1762, t. 1, p. 497.

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formation du dessinateur. En ce sens, l’instauration en 1782 d’un cours démontré de perspective, assuré par Jean-Hippolyte Danyzy (1748-1828), professeur de mathématiques à la faculté de droit66, est tout aussi important. Les enseignements de l’anatomie comme de la perspective sont ainsi soumis aux besoins propres de l’art de la représentation.

Conclusion

Durant la courte existence de la Société des beaux-arts de Montpellier s’opère une certaine distanciation vis-à-vis des autres sociétés savantes notamment à caractère scientifique. Cette situation est surprenante. L’implication au sein de la Société d’Amoreux et de Méjean est notable : ils sont à eux seuls les représentants des institutions médicales de la ville au sein de la Société. Les sources nous laissent ainsi penser que cohabitent deux mondes, deux groupes sociaux distincts entre d’une part le monde des médecins, et de l’autre celui des amateurs. Ces groupes semblent peu perméables malgré les connexions interpersonnelles et malgré le caractère fédérateur que peut revêtir la pratique du dessin pour le monde des arts, du génie civil, ou dans l’apprentissage et la pratique des sciences médicales ou de la botanique. La distance est d’autant plus marquée quand, en 1783, le collège de chirurgie met en place un cours public de dessin et d’architecture civile à l’école de chirurgie67.

L’entrée des sciences au sein même de la Société s’opère d’abord par le biais de l’architecture, discipline à la frontière entre art et science et pour laquelle sont données des leçons de mathématiques. L’enseignement de la Société se perfectionne par l’arrivée de médecins parmi ses membres : une place de choix est alors accordée aux sciences appliquées à l’art de la représentation, à travers les démonstrations d’anatomie et de perspective. Mais ceux-ci ne suffisent pas aux yeux du syndic général de la province, Jean-Baptiste de Rome (1748-1795), chargé d’inspecter l’enseignement prodigué par la Société : les cours techniques et scientifiques sont jugés insuffisants pour former des élèves « dont la direction des travaux de la province et des diocezes a un pressant besoin »68. Sur ordre des États, la Société des beaux-arts est dissoute au profit d’un nouvel établissement : l’école des ponts-et-chaussées. Les règlements de la nouvelle école prévoient alors cinq professeurs pour les cours des principes, des académies, d’anatomie, d’architecture et de mathématiques. Les arts de dessin placés à l’origine au cœur de l’enseignement de la Société des beaux-arts laissent ainsi place aux sciences, les professeurs devant même en défendre l’intérêt auprès des États : « Les élèves de l’école des Ponts-et-Chaussées doivent tirer le plus grand avantage de la réunion de cet établissement à l’École de dessein, l’étude de cet art ne doit pas être négligé, elle fait de celles qui sont une dépendance de l’architecture : ce n’est que par le dessein qu’on peut apprendre à varier les ornements avec goût, ce qui ajoute toujours au mérite de l’ouvrage et distingue l’artiste éclairé »69.

Sources Paris, Archives nationales (AN)

AN, O/1/1933/B, dossier 7, Académies provinciales, Montpellier, 1739, 1779-1784.

                                                                                                                         66 MBCEZ, Ms 247, op. cit., f°97, séance du 14 novembre 1782. 67 HUGON Anne, L’enseignement artistique à Montpellier de 1779 à 1837, mémoire de D.E.A. dirigé par Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1992, p. 44. Cité par FABIEN Nicolas, 1998, p. 17. 68 ADH, C7903, lettre de [?], 11 février 1787. 69 ADH, C7903, Mémoire pour rendre compte à MM les commissaires des Travaux publics de l’Etat à l’Ecole de dessein, ponts-et-chaussées, 27 mars 1787, f°6.

Page 12: Flore CÉSAR Université Paul-Valéry – Montpellier 3 Des ...7 Montpellier, Archives départementales de l’Hérault, D33, Testament de Lapeyronie, 18 avril 1747. 8 BARTHEZ Paul-Joseph,

Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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Montpellier, Archives départementales de l’Hérault (ADH)

C7903, pièces diverses concernant les échanges entre la Société des beaux-arts et les États. D233 à D238, Pièces comptables de la Société des beaux-arts de Montpellier, 1778-1783. L2495, Mémoire d’Abraham Fontanel concernant l’origine et l’établissement d’une école de dessin dans la ville de Montpellier, 1796.

Montpellier, bibliothèque centrale Émile Zola (MBCEZ) Ms 247, Registre contenant les séances et délibérations de la Société des Beaux-Arts dans la ville de Montpellier, 1778-1783. Discours prononcé le 3 janvier 1782 dans la séance publique de la Société des beaux-arts pour la distribution des prix par M. Espagne avocat, Clermont-l’Hérault, Saturnin Léotard, 1887 Brève bibliographie CLAPAREDE Jean, « Houdon et la société des beaux-arts de Montpellier (1779-1784) », Études sur l’Hérault, 1993, n°9, p. 39-48. CLERC Pierre, Dictionnaire de biographie héraultaise des origines à nos jours, Montpellier, librairie Pierre Clerc, Nouvelles Presses du Languedoc, 2006, 2 vol. FABIEN Nicolas, Un exemple de la vie artistique en province à la fin du XVIIIe siècle : la société des beaux-Arts de Montpellier (1779-1787), Mémoire de maîtrise dirigé par Laure Pellicer, Montpellier, Université Paul Valéry, 1998. FABIEN Nicolas, « La Société des beaux-arts de Montpellier (1779-1781) », LIAME, Bulletin du centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, 1999, n°4, p. 21-33. HILAIRE Michel et STEPANOFF Pierre (dir.), Le musée avant le musée. La Société des beaux-arts de Montpellier (1779-1787), Gand, Editions Snoeck, 2017. HUGON Anne, L’enseignement artistique à Montpellier de 1779 à 1837, mémoire de D.E.A. dirigé par Laure PELLICER, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1992. STEIN Henri, « La Société des beaux-arts de Montpellier, 1779-1787 », Archives de l’art français, 1913, t. VII, p. 5-43.

Liste des individus mentionnés - Guillaume AMOREUX (Beaucaire, 1714 – Montpellier, 1790) Directeur de la Société royale des sciences entre 1769 et 1790 Médecin survivancier à l’hôtel-Dieu Saint-Éloi Conservateur de la bibliothèque d’Henri Haguenot Professeur d’anatomie à la Société des beaux-arts - Jean-Jacques BESTIEU (Montpellier, 1754 – id., 1842), peintre Élève puis professeur de dessin à la Société des beaux-arts en 1786 et 1787

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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- Ferréol BONNEMAISON ( ? – Paris, 1827), peintre Professeur de dessin à la Société des beaux-arts entre 1786 et 1787 - Antoine-Laurent CASTELLAN (Montpellier, 1772 – Paris, 1838), peintre élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1815 (VIe section, théoriciens et historiens de l’art) - Guillaume-Balthazar COUSIN DE GRAINVILLE (Le Havre, 1745 – Cahors, 1828) Chanoine de la cathédrale de Montpellier Vicaire général du diocèse - Jean-Hippolyte DANYZY (Montpellier, 1748 – Privas, 1828) Professeur de mathématiques à la faculté de droit de 1783 à 1792 puis à l’École des Ponts-et-chaussées et à l’École centrale (jusqu’en 1804) - Arthur-Richard DILLON (Saint-Germain-en-Laye, 1721 – LONDRE, 1806) Archevêque de Narbonne Président né des États du Languedoc - Jacques DONNAT (Montpellier, 1742- id., 1824), architecte Architecte de la ville de Montpellier Directeur des travaux publics d’Alès - Charles DURAND (Montpellier, 1762 – Nîmes, 1840), architecte Élève puis professeur d’architecture à la Société des beaux-arts - Jean-Antoine DUVIDAL (Montpellier, 1700 – id., 1786) Syndic général en 1733 Marquis de Montferrier - Jean-Jacques-Philippe-Marie DUVIDAL (Montpellier, 1752 – Paris, 1829) Syndic général en 1767 Marquis de Montferrier et de Baillarguet - Pierre ESPAGNE (Montpellier, 1747 – id., 1791), avocat - Abraham FONTANEL (Mende, 1741 – Montpellier, 1817), marchand d’art, libraire « Garde des plâtres, dessins et Modèles » puis secrétaire de la Société des beaux-arts de Montpellier et à l’École des Arts et des Pont-et-Chaussées Premier conservateur du premier muséum dit l’Athénée - Jacques GAMELIN (Carcassonne, 1738 – id., 1803), peintre Directeur de la Société des Beaux-Arts de Montpellier entre 1780 et 1783 - Jean-Antoine GIRAL (Montpellier, 1713 – id., 1787), architecte

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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- Louis Antoine de GONTAUT ( ?, 1701 – Paris, 1788) Premier baron de Périgord, comte de Cabrères, marquis de Roussillon et de Montferrand Maréchal duc de Biron Gouverneur général du Languedoc en 1775 - Jean-Emmanuel de GUIGNARD DE SAINT PRIEST (Paris, 1714 – Montpellier, 1785) Intendant de la province en 1751 - Marie-Joseph Emmanuel de GUIGNARD DE SAINT PRIEST (Grenoble, 1732 – Paris, 1794) Intendant de la province adjoint à son père en 1764 - Philippe-Laurent de JOUBERT ( ?, 1729 – Paris, 1792) Baron de Sommières et de Montredon Président de la chambre des comptes et des finances de Montpellier en 1762 Trésorier des Etats de Languedoc en 1777 - Pierre LAFABRIE (Montpellier, 1751 – id., 1827), médecin - Étienne-Charles LOMENIE DE BRIENNE (Paris, 1727 – Sens, 1794) Archevêque de Toulouse, 1763-1788 Président de l’assemblée des notables en 1787 Archevêque de Sens en 1787 Cardinal en 1788 - Joseph-François MALIDE (Paris, 1730 – Londres, 1812) Évêque de Montpellier de 1774 à 1792 Chancelier de l’université de Montpellier - André MEJEAN (Montpellier, 1748 – id., 1810) Professeur d’anatomie à la Société des beaux-arts Chaire d’ostéologie et de la maladie des os au Collège Saint-Côme en 1779 - Charles-Lazare de BERNARD de MONTESSUS ( ? – ?) Chanoine de la cathédrale de Montpellier Vicaire général du diocèse de Montauban - Jacques MOULINIER (Montpellier, 1753 – id., 1828), peintre Élève de la Société des beaux-arts Professeur à l’École gratuite de dessin en 1824 - Nicolas Joseph de MARCASSUS de PUYMAURIN (Toulouse, 1717 – id., 1791) À la tête de la Manufacture de draps de Toulouse Syndic général des Etats de Languedoc - Paul (dit Joseph) ROQUES (Toulouse, 1754 – id., 1847), peintre Directeur de la Société des beaux-arts entre 1783 et 1785

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Référence électronique CÉSAR Flore, « Des arts dans une ville de sciences, des sciences dans une école d’art : la Société des beaux-arts de Montpellier, 1777-1784 », Les papiers d’ACA-RES, Actes des journées d’étude, 29-30 novembre 2018, Rouen, Hôtel des Sociétés Savantes, mis en ligne en juin 2019.  

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- Pierre-Antoine-Jean-Baptiste de ROME (Montpellier, 1748 – id., 1795) Syndic général des États depuis 1771 - Gabriel-Marie de TALLEYRAND (Paris, 1726 – id., 1795) 1770 : gouverneur de Picardie Commandement général du Languedoc Comte de Périgord - Jacques-André-Edouard VAN DER BURCH (Montpellier, 1756 – Paris, 1803), peintre