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DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES EXTERNES DÉPARTEMENT THÉMATIQUE DG EXPO/B/PolDep/Note/2013_272 septembre 2013 DV/1004728FR.doc PE474.372v01-00 FICHE PAYS 2013 Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent Résumé Malgré les progrès économiques et sociaux accomplis au cours de la dernière décennie, le Brésil se retrouve aujourd'hui confronté à de sérieux problèmes, exemplifiés par de grands mouvements de contestation sociale. La vie politique du pays est dominée par une question: comment répondre aux doléances des manifestants. À un an des prochaines élections présidentielles et parlementaires, qui auront lieu le 5 octobre 2014, les hypothèses vont bon train concernant les principaux candidats et les alliances potentielles entre les partis politiques. La cote de confiance de la présidente Dilma Rousseff a chuté après les manifestations, mais sa réélection est toujours probable. M me Rousseff est au pouvoir depuis près de trois ans, et son mandat a été marqué par un certain nombre d'affaires de corruption, qui ont contraint plusieurs ministres à quitter leurs fonctions. Par exemple, les condamnations prononcées dans le cadre du scandale des mensualités (mensalão) ont impliqué directement le Parti des travailleurs (PT) de la présidente. Il semble pourtant que ces scandales n'aient pas affaibli la présidente, qui a pris vigoureusement position contre la corruption. L'économie progresse à un rythme soutenu depuis le milieu des années 1990, mais la croissance a ralenti ces dernières années, notamment en raison de la conjoncture économique internationale moins favorable. On s'inquiète du fait que le Brésil est devenu trop tributaire des exportations de produits de base et que son industrie a perdu de sa compétitivité. Le dernier sommet UE-Brésil s'est tenu le 24 janvier 2013 dans le cadre du partenariat stratégique lancé en 2007. Les deux parties ont décidé de renforcer le dialogue politique et de mettre en place un dialogue de haut niveau sur la paix et la sécurité internationales.

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DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES EXTERNESDÉPARTEMENT THÉMATIQUE

DG EXPO/B/PolDep/Note/2013_272 septembre 2013

DV/1004728FR.doc PE474.372v01-00

FICHE PAYS 2013

Brésil:Après des années de progrès social et

économique, de nouveaux défis se présentent

RésuméMalgré les progrès économiques et sociaux accomplis au cours de la dernière décennie, leBrésil se retrouve aujourd'hui confronté à de sérieux problèmes, exemplifiés par de grandsmouvements de contestation sociale. La vie politique du pays est dominée par une question:comment répondre aux doléances des manifestants. À un an des prochaines électionsprésidentielles et parlementaires, qui auront lieu le 5 octobre 2014, les hypothèses vont bontrain concernant les principaux candidats et les alliances potentielles entre les partispolitiques. La cote de confiance de la présidente Dilma Rousseff a chuté après lesmanifestations, mais sa réélection est toujours probable.Mme Rousseff est au pouvoir depuis près de trois ans, et son mandat a été marqué par uncertain nombre d'affaires de corruption, qui ont contraint plusieurs ministres à quitter leursfonctions. Par exemple, les condamnations prononcées dans le cadre du scandale desmensualités (mensalão) ont impliqué directement le Parti des travailleurs (PT) de laprésidente. Il semble pourtant que ces scandales n'aient pas affaibli la présidente, qui a prisvigoureusement position contre la corruption.L'économie progresse à un rythme soutenu depuis le milieu des années 1990, mais lacroissance a ralenti ces dernières années, notamment en raison de la conjonctureéconomique internationale moins favorable. On s'inquiète du fait que le Brésil est devenutrop tributaire des exportations de produits de base et que son industrie a perdu de sacompétitivité.Le dernier sommet UE-Brésil s'est tenu le 24 janvier 2013 dans le cadre du partenariatstratégique lancé en 2007. Les deux parties ont décidé de renforcer le dialogue politique etde mettre en place un dialogue de haut niveau sur la paix et la sécurité internationales.

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EXCLUSIVEMENT DESTINÉ ÀL'USAGE INTERNE DU PARLEMENT EUROPÉEN

La présente fiche pays a été commandée par la délégation du Parlement européen pour les relations avecles pays du Mercosur.

AUTEUR: Jesper TVEVADDirection générale des politiques externes de l'UnionDépartement thématiqueWIB 06 M 05160, rue WiertzB-1047 Bruxelles

CONTACTS: Tout commentaire est le bienvenu. Prière de s'adresser à:[email protected].

Pour obtenir des exemplaires imprimés, veuillez envoyer une demande parcourriel à l'adresse suivante:[email protected].

PUBLICATION: Manuscrit en langue anglaise achevé le 27 septembre 2013.© Union européenne, 2013Imprimé en Belgique.

Cette fiche pays est disponible sur l'intranet de la direction générale despolitiques externes, sous la rubrique Pays et régions ou Domainespolitiques.

Traduction(s) en FR, PT, ES

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Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de l'auteur etne reflètent pas nécessairement la position officielle du Parlementeuropéen.

Reproduction et traduction autorisées, sauf à des fins commerciales,moyennant mention de la source, information préalable de l'éditeur ettransmission d'un exemplaire à celui-ci.

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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Table des matières

1 Problèmes et développements principaux 4

2 Principales étapes des relations entre le Parlement européen et le Brésil 6

3 La situation politique au Brésil 9

3.1 Aperçu 9

3.2 Parlement 11

3.3 Les mouvements de contestation sociale 13

3.4 Les affaires de corruption 15

3.5 Perspectives: vers les élections de 2014 16

3.6 Politique étrangère et relations internationales 18

4 Questions économiques et sociales 23

4.1 Indicateurs économiques 23

4.2 Commerce et investissement 25

4.3 Vers un nouveau modèle de croissance? 27

4.4 Questions sociales 29

5 L'UE et le Brésil 31

5.1 Les relations UE-Brésil 32

5.2 Coopération 33

5.3 Relations commerciales et investissements 34

5.4 Perspectives du Parlement européen 37

5.5 Options stratégiques 39

6 Données de base 42

7 Carte 44

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1 Problèmes et développements principaux

Le partenariat stratégique conclu en 2007 entre l'UE et le Brésil a posé les jalons d'un grandmouvement de renforcement des relations entre l'UE et le Brésil, qui s'est traduit par un nombreimportant de dialogues sectoriels et d'initiatives de coopération dans de nombreux domaines.

La position du Brésil, qui est l'acteur le plus important de la région ainsi qu'un acteur de plus en pluspuissant sur la scène internationale, fait du pays un interlocuteur privilégié pour l'UE. L'UE et le Brésilpartagent le même engagement envers la coopération internationale et le multilatéralisme effectif.L'un des principaux objectifs du partenariat stratégique est le renforcement de la coopération pourrépondre aux problèmes ayant une portée mondiale.

La coopération interparlementaire entre le PE et le congrès brésilien n'a pas encore été pleinementinstitutionnalisée. La première réunion interparlementaire entre le PE et le congrès brésilien, qui aégalement été la seule à ce jour, a eu lieu en juillet 2011. Les deux chambres du congrès brésilien ontprésenté des propositions informelles de forum de dialogue régulier avec le PE.

Le Brésil cessera de recevoir de l'aide de la Commission européenne au titre de la coopérationbilatérale au développement. La contribution du pays à l'aide mondiale au développement s'estrenforcée. Cette évolution met en lumière la pertinence de l'exploration de nouvelles formes decoopération entre l'UE et le Brésil, notamment la coopération triangulaire au développement dansd'autres régions d'Amérique latine et d'Afrique.

L'Union européenne est engagée dans des négociations de libre-échange avec le Brésil et les autrespays du Mercosur depuis 1999, dans le cadre plus large de l'accord d'association. La décision prise lorsde la réunion ministérielle entre l'UE et le Mercosur (en marge du sommet UE-CELAC en janvier 2013)dont les termes prévoient que les deux régions devraient lancer des travaux préparatoires sur le fond etsur les conditions d'un échange d'offres d'accès au marché, qui aura lieu au plus tard lors dudernier trimestre de l'année 2013, encourage les parties à espérer que les négociations bénéficierontd'une impulsion nouvelle.

Les grands mouvements de contestation sociale de juin 2013 et des mois suivants ont mis en lumièreles problèmes auxquels le Brésil se retrouve aujourd'hui confronté, malgré les progrès économiques etsociaux réalisés au cours de la décennie précédente. Ils ont révélé un vaste mécontentement vis-à-visdes services publics défaillants, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation, ainsi quede la corruption généralisée et de la tendance à fuir leurs responsabilités des représentants du systèmepolitique.

Si certaines des demandes des manifestants ont été satisfaites, la possibilité d'une réforme politiquefondamentale semble peu probable.

Il n'est pas facile de prévoir si les manifestations auront un effet durable en termes politiques. Entout cas, elles ne semblent pas avoir profité aux partis de l'opposition. À l'heure actuelle, la présidenteDilma Rousseff semble toujours en bonne position pour être réélue à l'issue des électionsd'octobre 2014.

Le renforcement du rôle du Brésil sur la scène internationale s'appuie sur des années de croissanceéconomique et de progrès sociaux, principalement dues aux exportations de produits de base. Ilexiste cependant certaines préoccupations quant au fait que le modèle de croissance économique duBrésil est à présent à bout de souffle, et que la perte de compétitivité de l'industrie menace ladurabilité à long terme de l'économie. Le gouvernement reconnaît le besoin de relancer la

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compétitivité, et a lancé plusieurs initiatives de réforme en ce sens.

Quelques-unes des mesures prises par le gouvernement brésilien sont considérées par l'UE comme desobstacles potentiels au commerce. Selon la Commission européenne, le Brésil fait partie des pays quiont, au cours des dernières années, mis en œuvre le nombre le plus important de mesurespotentiellement restrictives pour le commerce.

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2 Principales étapes des relations entre le Parlement européen et leBrésil

13 juin 2013 Dans sa résolution sur le rôle de l'Union dans la promotion d'un partenariattransatlantique élargi, le Parlement indique que l'UE et les ÉUA devraientobtenir la participation de nouvelles puissances, y compris les deuxpartenaires stratégiques de l'UE en Amérique latine que sont le Brésil et leMexique, pour façonner l'environnement international et résoudre lesconflits régionaux ainsi que les défis mondiaux.

2 février 2012 Dans sa résolution sur la politique étrangère de l'UE à l'égard des pays BRICSet autres puissances émergentes: objectifs et stratégies, le PE soulignel'importance croissante du Brésil et des autres pays BRICS dans le domaine dela politique étrangère. Le PE appelle à un renforcement de la coopérationentre l'UE et les pays BRICS pour toutes les questions de portéeinternationale, notamment avec les pays BRICS qui partagent et respectentles valeurs démocratiques et s'efforcent de mettre en place une économiesociale de marché. Cette résolution salue le plan d'action conjoint dupartenariat stratégique UE-Brésil pour 2012-2014.

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6 juillet 2011 La première réunion interparlementaire entre le PE et le congrès brésilien alieu à Strasbourg. Les débats portent sur la possibilité d'un accordd'association entre l'UE et le Mercosur et abordent également les questionsd'énergie, d'environnement, de la coopération scientifique et technologique,de la migration, de la crise économique et financière internationale, et de laréforme des institutions financières internationales. Les députés font part deleur soutien à la création d'un cadre permanent en vue d'approfondir ledialogue entre le PE et le Congrès brésilien.

15 février 2011 Le Parlement approuve la conclusion de l'accord UE-Brésil visant à exempterles titulaires d'un passeport ordinaire de l'obligation de visa pour les séjoursde courte durée. Cet accord permet aux ressortissants brésiliens de se rendredans tous les États membres de l'Union européenne sans avoir besoin de visapour les séjours de courte durée et étend l'exemption de visa brésilienne àtous les États membres (jusqu'à présent, les ressortissants de Chypre, del'Estonie, de Malte et de la Lettonie avaient besoin d'un visa pour entrer auBrésil). Le même jour, le PE approuve la conclusion d'un accord entre l'UE etle Brésil sur les services aériens.

20 janvier 2011 Le PE adopte une résolution sur la décision par le Brésil de refuserl'extradition d'un ressortissant italien condamné par défaut en Italie à laréclusion à perpétuité (coupable, entre autres, de quatre meurtres et departicipation à un groupe armé). Le Parlement observe que le partenariatavec le Brésil est fondé sur le respect de l'état de droit et des droitsfondamentaux, et ne doute pas que les autorités brésiliennes traiteront lademande du gouvernement italien de revoir leur décision initiale.

12mars 2009 Dans sa recommandation au Conseil sur le partenariat stratégique UE-Brésil,le Parlement relève que le Brésil apparaît comme un acteur mondial etrégional de plus en plus important et un interlocuteur essentiel pour l'Unioneuropéenne, qui partage avec lui une même vision du monde. Il souligne enoutre que ce partenariat devrait donner un nouvel élan à la conclusion del'accord d'association UE-Mercosur, et que son programme politique devraitprévoir la promotion du multilatéralisme effectif et des stratégies communesvisant à affronter les défis mondiaux.

28 avril 2005 Le Parlement approuve la conclusion de l'accord de coopération scientifiqueet technologique entre la CE et le Brésil.

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23mai 1996 Dans une résolution sur les violations des droits de l'homme au Brésil, le PEcondamne fermement le massacre d'Eldorado Cajás au cours duquel25 travailleurs agricoles ont été tués par la police militaire. Il fait part de savive préoccupation vis-à-vis du fait que l'absence de réforme agraire au Brésils'est traduite par des violences, et souligne le besoin d'une redistribution desterres non exploitées, encourageant le gouvernement et le congrèsbrésiliens à mener des réformes agricoles.

21mai 1996 Le Parlement approuve la conclusion d'un accord-cadre entre laCommunauté et ses États membres d'une part, et entre le Mercosur et sesÉtats membres d'autre part.

12 octobre 1995 Dans une résolution sur la situation des peuples autochtones du Brésil, leParlement prie instamment la chambre des députés du Brésil, chambre bassedu congrès brésilien, de préserver les dispositions de la Constitutionbrésilienne relatives aux droits des peuples autochtones et à l'améliorationde leur situation sociale et économique, et demande aux autoritésbrésiliennes de lutter avec énergie contre l'invasion des territoiresautochtones et les actes de violence à l'égard de leurs habitants, et depoursuivre en justice les auteurs de ces crimes.

19 novembre 1992 Le Parlement approuve la conclusion et l'entrée en vigueur de l'accord-cadrede coopération entre la CEE et le Brésil. Dans une résolution sur les relationséconomiques et commerciales avec le Brésil, le Parlement observe que leBrésil a déployé des efforts considérables pour éliminer les déséquilibreséconomiques hérités de la dictature militaire. Il salue par ailleurs les résultatsdu programme de privatisation et de libéralisation du commerce extérieurdu Brésil et la conclusion d'un accord avec les banques créancières portantsur la réduction de la dette extérieure du pays. Le PE fait également part deson soutien aux efforts du gouvernement visant à éliminer les inégalités et lamarginalisation, ainsi que de sa satisfaction vis-à-vis des signes d'activitédémocratique et des mesures de lutte contre la corruption.

Le même jour, le PE adopte une résolution sur les enfants de la rue au Brésil.Appelant les autorités du pays à tout mettre en œuvre pour améliorer lasécurité de ces enfants, le Parlement leur demande de prendre des mesuresvisant à mettre fin au massacre des enfants de la rue et à traduire en justiceles responsables de ces meurtres. Il souligne la nécessité de mettre en œuvreune politique efficace d'aide aux enfants de la rue, appelant la CE et les Étatsmembres à faire en sorte que leur coopération avec le Brésil fasse figurerparmi ses priorités l'offre d'éducation, d'alimentation et de soins de santépour ces enfants.

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3 La situation politique au Brésil

3.1 Aperçu

Il reste un peu plus d'unan avant la fin du mandatde la présidente DilmaRousseff, qui aura duréquatre ans.

La présidente Rousseff etson gouvernement sontsoutenus par unecoalition large ethétéroclite de partispolitiques.

Le parti des travailleurs dela présidente (Partido dosTrabalhadores, PT) et leparti du mouvementdémocratique brésilien(Partido do MovimentoDemocrático Brasileiro,PMDB) sont les partis lesplus importants de lacoalition.

La présidente Dilma Rousseff entamera bientôt la dernière année de sonmandat présidentiel de quatre ans, qui a débuté le 1er janvier 2011,lorsqu'elle est devenue la 36e personne à assurer la présidence du Brésil et lapremière femme à ce poste. À la suite des grands mouvements decontestation sociale qui ont commencé en juin 2013 et duré plusieurs mois,la classe politique brésilienne s'efforce d'apporter des réponses auxdoléances exprimées par les manifestants. À un an des prochaines électionsprésidentielles et parlementaires, qui auront lieu le 5 octobre 2014, leshypothèses vont bon train concernant les principaux candidats et lesalliances potentielles entre les partis politiques.

Candidate du parti des travailleurs (Partido dos Trabalhadores, PT), DilmaRousseff a remporté les élections présidentielles de 2010 au second tour avec56,1 % des suffrages, contre 43,9 % pour le candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (Partido da Social Democracia Brasileira, PSDB), JoséSerra, au gouvernement entre 1995 et 2002. La désignation de DilmaRousseff – qui avait été chef de cabinet du président Luis Inácio da Silva, dit"Lula", depuis juin 2005, et ministre de l'énergie et des mines avant cela(2003-2005) – comme candidate du PT devait pour beaucoup à la confiancede l'ancien président "Lula", qui souhaitait la voir lui succéder. Pour lesélections de 2010, le PT devait désigner pour la première fois un autrecandidat que "Lula" da Silva, qui s'était présenté trois fois (1989, 1994 et1998) avant d'être élu pour la première fois en 2002 puis réélu en 2006.Pourtant, les résultats obtenus par Dilma Rousseff lors des deux tours desélections de 2010 ne furent beaucoup moins bons que ceux de "Lula" en2002 et en 2006.

La candidature de Dilma Rousseff s'est appuyée sur une très large coalitionde partis politiques appelée "Pour que le Brésil continue de changer" (Para oBrasil seguir mudando). Outre le PT, cette coalition rassemble dix autres partis,notamment le parti du mouvement démocratique brésilien (Partido doMovimento Democrático Brasileiro, PMDB), le parti de la République (Partidoda República, PR), le parti progressiste (Partido Progressista, PP), le Partisocialiste brésilien (Partido Socialista Brasileiro, PSB), le parti démocratiquetravailliste (Partido Democrático Trabalhista, PDT), le parti social-chrétien(Partido Social Cristão, PSC), le parti communiste du Brésil (Partido Comunistado Brasil, PCdoB) et le parti républicain brésilien (Partido RepublicanoBrasileiro, BRP). Le colistier de Dilma Rousseff, ex-président de la Chambredes députés et nouveau vice-président de la République, Michel Temer, est

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Le congrès brésilienadoptetraditionnellement unrôle relativementindépendant vis-à-vis dupouvoir exécutif. Associéeà un manque dediscipline des partispolitiques, cetteindépendance compliqueles relations avec lacoalitiongouvernementale.

issu du PMDB,

Le gouvernement – qui compte actuellement 39 membres1 – reflète la largecoalition de partis qui le soutient. Il est dominé par les membres du PT et deson principal allié, le PMDB. À l'heure actuelle, le PT contrôle 17 ministères ouentités du même rang, dont ceux des finances, de la défense, de la justice, dela santé, de l'éducation, du développement agricole, et le chef de cabinet dela présidente est évidemment membre du PT, tandis que les membres duPMDB se sont vu attribuer cinq ministères, dont ceux de l'agriculture, desmines et de l'énergie, de la prévoyance sociale et le secrétariat des affairesstratégiques, responsable des politiques à long terme de développementéconomique et social du Brésil. Six autres partis de la coalition présidentielleainsi que des ministres sans étiquette se partagent les portefeuilles restants.Ainsi, le cabinet de la présidente Rousseff tout comme les niveaux inférieursdu gouvernement représentent une importante variété de partis politiques(comme c'était le cas sous la présidence de "Lula" da Silva et comme c'esthabituellement le cas au Brésil). Le cabinet compte actuellement dix femmes,soit la proportion la plus importante de femmes de l'histoire desgouvernements du Brésil.

La large victoire électorale de Mme Rousseff et l'alliance assez large qui lasoutient ont mis la présidente dans une position de force dès le début de sonmandat. Cependant, les relations entre le pouvoir exécutif et le législatifn'ont pas toujours été faciles, et il n'a pas été simple de traiter avec unealliance de partis composite dans un système qui se caractérise par lemanque de discipline à l'intérieur des partis politiques. En outre, le Congrèsbrésilien joue généralement un rôle actif et indépendant du pouvoir exécutif.La présidente doit donc sans cesse faire des concessions à ses partenaires dela coalition, par exemple en maintenant leur quota d'influence au sein dugouvernement et de l'administration.

Il est arrivé que le gouvernement se brouille avec sa majorité au Congrès àcertaines occasions. L'exemple le plus clair est sans doute la longue disputeconcernant le code forestier, qui réglemente les activités forestières privées.À diverses étapes du processus législatif, le Congrès a adopté des mesuresque le gouvernement ne pouvait soutenir (et qui ont été vivement critiquéespar les défenseurs de l'environnement, affirmant qu'elles mèneraient à uneaccélération de la déforestation de l'Amazone), ce qui a conduit à une sériede vetos présidentiels et de modifications du projet de loi. Le texte dunouveau code forestier a enfin été adopté en avril 2013. Une autre disputeporte sur une loi régissant la répartition entre les États des revenus dupétrole, le Congrès ayant annulé le veto que la présidente avait opposé à unepartie du projet de loi.

deuxième tour Figures Présidente: Mme Dilma Vana Rousseff

1 24 ministres, neuf secrétaires assimilés à des ministres et les responsables de six entitésayant un statut ministériel et directement rattachées à la présidente, notamment la Banquecentrale et le bureau exécutif (Casa Civil da Presidência), dirigé par le "chef de cabinet" de laprésidente.

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clés du gouvernement Vice-président:Chef de cabinet:Ministre des relationsextérieures:Ministre des finances:Ministre de la défense:Ministre dudéveloppement, del'industrie et du commerce:Ministre del'environnement:

M. Michel Miguel Temer LuliaMme Gleisi Helena HoffmanM. Luiz Alberto Figueiredo MachadoM. Guido MantegaM. Celso Luiz Nunes Amorim

M. Fernando Damata PimentelMme Izabella Vieira Teixeira

3.2 Parlement

La coalition soutenant laprésidente Rousseffpossède une largemajorité dans les deuxChambres du Congrès, où23 partis politiques sontreprésentés.

Les partis soutenant la candidature de Mme Rousseff ont remporté une solidemajorité au Congrès lors des élections du 3 octobre 2010, avec environ deuxtiers des sièges à la Chambre des députés et au Sénat.

Le PT est le parti le mieux représenté et il a retrouvé sa place de premier partide la Chambre. Le PMDB, qui a été le parti dominant au Brésil depuis lerétablissement de la démocratie dans la première moitié des années 80, aperdu cette position à la Chambre mais il est resté le premier parti au Sénat.Le PT a accru sa représentation en passant de huit à quinze sièges, enlevantau PSDB sa place de deuxième parti du Sénat. Parallèlement à la progressiondu PT, le PR centriste, avec plus de 7 millions de suffrages, a remporté denombreux sièges à la Chambre des députés. Le PSDB est devenu le principalparti de l'opposition: il a obtenu le deuxième meilleur résultat aux électionsdu Sénat (avec près de 30 millions de suffrages) mais a perdu cinq de ses15 sièges au Sénat et a également perdu des sièges à la Chambre desdéputés.

Figure 1:Composition actuelle dela chambre des députés

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121

27

49 3945

81

26

88

PT PDTPMDB PSDPSDB PPPR DEMOthers/Independents

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Figure 2:Composition actuelle dusénat

12

5

20

2

511

4

16

6

PT PDTPMDB PSDPSDB PPPR DEMOthers/Independents

PT: Partido dos Trabalhadores (parti des travailleurs)PDT: Partido Democrático Trabalhista (parti démocratique travailliste)PMDB: Partido do Movimento Democrático Brasileiro (parti du mouvement démocratique dubrésil)PSD: Partido Social Democrático (parti social démocrate)PSDB: Partido da Social Democracia Brasileira (Parti de la social-démocratie brésilienne)PP: Partido Progressista (parti progressiste)PR: Partido da República (Parti de la république)DEM: Democratas (démocrates)

Comme de coutume,plusieurs membres duCongrès ont changé departi. L'équilibre desforces entre l'alliance aupouvoir et l'oppositiondemeure toutefoisinchangé dansl'ensemble.

À l'heure actuelle, pas moins de 23 partis politiques sont représentés auCongrès (et 15 au Sénat). À la Chambre des députés, huit partis possèdenttrois sièges ou moins, sur un total de 513 sièges. Au Sénat, six des 15 partisreprésentés possèdent un ou deux sièges (sur 81).

Depuis le début de la législature, le 1er février 2011, la composition duCongrès (en particulier de la chambre des députés) et l'influence des partispolitiques ont évolué en raison de modifications dues à des changementsd'allégeance de certains députés, même si les mesures prises ces dernièresannées, notamment un règlement adopté par la Cour suprême, ontcompliqué ces changements de partis. Le changement le plus importantconcerne l'apparition d'un nouveau parti, le Parti social démocrate (PartidoSocial Democrático, PSD), qui est à désormais devenu le quatrième parti à lachambre des députés. Le PSD, qui a été lancé le 13 avril 2011, a été créé parun groupe d'hommes politiques provenant principalement du partid'opposition démocrate (Democratas, DEM), menés par l'ancien maire de SãoPaulo, Gilberto Kassab. Parti sans idéologie clairement définie, le PSD sedéfinit comme centriste. Il soutient globalement le gouvernement, bienqu'ayant conclu des alliances avec des partis d'opposition au niveau desÉtats et à l'échelle locale.

Malgré ces changements, le soutien apporté par le Congrès augouvernement de Mme Rousseff demeure largement inchangé, la grandemajorité des députés étant membres de la coalition gouvernementale.

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3.3 Les mouvements de contestation sociale

Les grandesmanifestations qui ontcommencé en juinprotestaient à l'originecontre l'augmentation duprix des tickets d'autobuset de métro, mais ellesont rapidement pris del'ampleur pour exprimerun mécontentement pluslarge vis-à-vis des servicessociaux insuffisants, de lacorruption, et del'absence deresponsabilité dans lesystème politique.

La présidente et leCongrès ont rapidementpris des initiatives enréponse aux

Les grands mouvements de contestation sociale qui ont eu lieu en juin 2013et dans les mois suivants ont mis en évidence les problèmes auxquels leBrésil est confronté, malgré les progrès économiques et sociauxconsidérables réalisés au cours de la décennie précédente.

Ces manifestations ont été les plus importantes au Brésil depuis plus de20 ans (c'est–à-dire depuis les manifestations de 1992 demandant ladestitution du président Fernando Collor de Mello pour corruption), et ellesont eu lieu à travers tout le pays. Elles ont atteint leur intensité maximale le20 juin, quand le nombre de manifestants dans le pays a atteint, selon lescalculs, 1,5 million de personnes (dont 300 000 à Rio de Janeiro et environ100 000 dans les autres grandes villes comme São Paulo, Manaus et BeloHorizonte). Les premières manifestations ont fait l'objet d'une répressionsévère par la police, et il y avait plusieurs groupes d'ultras parmi lesmanifestants, mais la plupart des défilés ont été pacifiques. Les contestationset les manifestations ont continué après le mois de juin, mais avec moinsd'ampleur. Plus récemment, des manifestations ont eu lieu dans plusieursrégions du Brésil à l'occasion du jour de l'indépendance, le 7 septembre.

Les manifestations protestaient à l'origine contre l'augmentation du prix destickets d'autobus et de métro, demandant des transports publics moins cherset de meilleure qualité, mais elles ont rapidement évolué pour exprimer unmécontentement plus large à l'encontre des services publics et sociauxinsuffisants – notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation –,de la corruption généralisée et de l'absence de transparence et deresponsabilité dans le système politique. Selon les experts, les manifestationsexprimaient les attentes et les aspirations croissantes (et partiellementdéçues) de la classe moyenne. Elles ont eu lieu dans le contexte desimportantes dépenses publiques visant à mettre en place les infrastructuresdestinées à accueillir la coupe du monde de football en 2014 et les jeuxolympiques en 2016, alors que les services sociaux et publics peinent àaccomplir leur mission par manque de moyens.

Mme Dilma Rousseff et son gouvernement (ainsi que la majorité de la classepolitique du pays) ont reconnu la légitimité des contestations et fait savoirqu'ils comprenaient les demandes exprimées. De nombreuses demandes ontété rapidement satisfaites, sous la forme de multiples initiatives lancées dèsla fin des manifestations en juin:

les autorités locales ont rapidement annoncé l'annulation del'augmentation des prix des transports publics, ce qui a été facilité par ladécision de la Chambre des députés d'abolir les taxes sur les transportspublics;

la Chambre a rejeté une proposition impopulaire visant à empêcher lesprocureurs fédéraux de mener des enquêtes criminelles de leur propreinitiative (cette proposition étant largement considérée comme unobstacle aux efforts de lutte contre la corruption);

le Sénat a voté une loi affectant 75 % des revenus du pétrole à

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manifestations, entreautres l'augmentation del'enveloppe budgétaireaffectée à la santé et àl'éducation.

Cependant, la propositionde la présidente Rousseffportant sur une réformepolitique globale n'a pasdonné de résultatsconcrets. Il est peuprobable qu'une "mini-réforme" électorale avantles élections de 2014comble les attentes deceux qui souhaitent quedes changementsfondamentaux soientapportés au systèmepolitique.

l'éducation et 25 % à la santé (approuvée de manière définitive par leCongrès en août);

le Sénat a voté le classement de la corruption et des malversations dansla catégorie des crimes "odieux", ouvrant à la voie à des sanctions plussévères;

la Chambre des députés a apporté son soutien à une proposition visant àrendre publics les votes au sein des deux Chambres du Congrès. Le3 septembre, la Chambre des députés a approuvé (à l'unanimité)l'amendement constitutionnel abolissant les votes secrets du Congrès;cet amendement est actuellement débattu au Sénat. L'obligation pourles députés et les sénateurs de voter de manière publique contribuera àrendre le système politique plus transparent et plus responsable.Cependant, certains sont préoccupés de ce que cette décision pourraitempêcher les membres du congrès de voter librement contre le pouvoirexécutif.

Le 24 juin, au cours d'une réunion avec les chefs des groupes organisant lesmanifestations, les maires des capitales d'État et les gouverneurs des États, laprésidente Dilma Rousseff a promis d'augmenter le financement destransports publics d'environ 25 milliards d'USD, et d'allouer plus deressources à la santé et à l'éducation. Elle a également souligné le besoind'une réforme fiscale et d'une meilleure gestion des fonds publics. Le 9 juillet,Dilma Rousseff a promulgué un décret visant à améliorer les services desanté en formant et en employant plus de médecins, y compris originairesd'autres pays (le Brésil a annoncé en août qu'il fera appel à quelque4 000 médecins cubains, notamment pour travailler dans les zones rurales).

La présidente a également proposé d'organiser un référendum sur lacréation d'une assemblée constituante ayant pour fonction de réformer laConstitution de 1988 (cette proposition a été abandonnée par la suite enraison d'un manque de soutien du Congrès) ou un référendum sur uneréforme politique comportant des changements législatifs concernant lesélections et les partis politiques.

Une commission de la Chambre des députés prépare actuellement un projetde loi sur la réforme politique, qui sera soumis à référendum, mais il est peuprobable que le Congrès approuvera cette réforme en temps utile pourqu'elle entre en vigueur avant les élections d'octobre 2014. Le projet de loicomprend les propositions suivantes:

- l'organisation simultanée des élections à l'échelle des États et du pays(afin de ne pas avoir des élections dans le pays entier tous les deux ans,comme c'est le cas actuellement);

- le financement public des campagnes électorales;- la possibilité de recueillir des signatures pour présenter des projets de loi

d'initiative populaire sur l'internet;- l'interdiction pour le président, les gouverneurs et les maires de se

présenter pour un second mandat.

De son côté, une commission du Sénat a approuvé le 16 septembre 2013 une"mini réforme" électorale, qui entrera en vigueur avant octobre 2014. Elle ne

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porte cependant que sur des changements mineurs apportés aux règlesrégissant les élections, et il lui a été reproché de ne résoudre aucun problèmesignificatif.

3.4 Les affaires de corruption

Lors du premier mandatde Dilma Rousseff, septministres et plusieurshauts fonctionnaires ontdonné leur démission enraison de leur implicationdans des affaires decorruption.

La présidente tient unlangage ferme contre lacorruption, et la façondont elle a réagi auxaffaires lui valent unimportant soutienpopulaire et une cote deconfiance élevée.

Le scandale des mensalão("mensualités") a mené àla condamnation demembres dirigeants duparti au pouvoir sous laprésidence de "Lula" daSilva.

Le mandat de Dilma Rousseff, qui en est bientôt à sa quatrième année, a étémarqué par plusieurs scandales de corruption ayant mené à la démission desept ministres et de plusieurs hauts fonctionnaires. La démission de sonpremier chef de cabinet, Antonio Palocci, en juin 2011, a été considéréecomme la première crise de la présidence de Mme Rousseff. Cette démission aété suivie de celle de sept ministres, de différents partis politiques, tousaccusés d'être responsables de divers faits de corruption et de malversation.Plus récemment, le 10 septembre 2013, le vice-ministre du travail Paulo Pintoa donné sa démission, après que des accusations d'implication dans desprocédures frauduleuses d'appels d'offres eurent été portées contre lui.

Pourtant, ces multiples scandales ne semblent pas avoir affaibli la présidenteRousseff. Elle tient un langage ferme contre la corruption, elle a promis depoursuivre ses efforts pour assainir le gouvernement et l'administrationpublique, et elle n'a pas beaucoup bougé pour défendre ses ministresaccusés de corruption ni pour les garder au sein du gouvernement. Cela avalu à Mme Rousseff un soutien populaire considérable, et cela explique sansdoute la cote de confiance élevée dont la présidente a bénéficié pendant lamajeure partie de son mandat.

Par ailleurs, les scandales de corruption et les démissions n'ont eu que desconséquences politiques limitées, en dépit des craintes qu'ils auraient puaffaiblir la coalition gouvernementale et compromettre son soutien par leCongrès. La plupart des ministres démissionnaires ont été remplacés par unautre représentant du même parti, ce qui ne change rien à l'équilibre dupouvoir général entre les différents partis de la coalition gouvernementale.

Le scandale de corruption ayant les retombées potentielles les plus gravespour Mme Rousseff et son gouvernement a été le scandale des mensalão("mensualités"), dans lequel le parti au pouvoir, le PT, est mouillé jusqu'aucou. L'affaire remonte à 2005, lorsque le PT a été accusé pour la première foisd'avoir versé des fonds publics à des députés d'autres partis pour s'assurerqu'ils soutiendraient le gouvernement du président "Lula" da Silva. Desreprésentants du gouvernement, des députés et des responsables politiquesde premier plan appartenant au PT ont été contraints de démissionner à lasuite des révélations faisant état de leur implication.

Lors du procès qui s'est déroulé d'août à décembre 2012, des membresdirigeants du PT ont été déclarés coupables d'association illicite, deblanchiment d'argent et d'achat de voix, entre autres crimes. Parmi lesaccusés, le plus important était le chef de cabinet du président "Lula" daSilva, qui avait également été président du PT, José Dirceu; selon le procureurgénéral, il aurait été le principal responsable du "cœur politique" du systèmedes paiements illégaux. Deux autres membres importants du PT ont étécondamnés: l'ancien président du parti, José Genuino, et l'ancien trésorier,

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Ces condamnations ontété perçues comme untournant dans la luttecontre la corruption etl'impunité. Cependant, ladécision de la coursuprême d'accepter laréouverture de laprocédure à charge de12des condamnés estconsidérée par certainscomme un échec quinuira à la confianceenvers les institutions.

Delubio Soares. M. Dirceu a été condamné à dix ans et dix mois de détention,tandis que MM. Genuino et Soares ont été condamnés à des peines de prisonmoins longues.

Le procès des mensalão a été considéré comme historique et comme untournant dans la lutte contre la corruption et l'impunité au Brésil. Le fait quela majorité des juges de la cour suprême aient été désignés sous lesprésidences de "Lula" da Silva et de Dilma Rousseff a affaibli les allégationsselon lesquelles le scandale des mensalão aurait été orchestré parl'opposition et/ou par les médias hostiles au gouvernement, même sicertains représentants du PT et d'autres partis ont affirmé que lescondamnations étaient injustes et politiquement motivées.

S'il est vrai que la majorité des condamnations ont été confirmées par la Coursuprême, celle-ci a décidé le 18 septembre 2013 de recevoir les pourvois enappel qui pourraient conduire à la réouverture des procédures contre 12 descondamnés dans l'affaire du scandale des mensalão (à savoir les cas danslesquels au moins quatre juges avaient voté pour l'acquittement). Il est doncpossible que M. Dirceu et les autres membres dirigeants du PT fassent l'objetd'une nouvelle procédure judiciaire, qui pourrait durer jusqu'en 2016. Ladécision de la cour suprême de rouvrir le procès a été considérée par certainscomme un recul dans la lutte contre la corruption, et elle a immédiatementdéclenché diverses protestations.

L'ancien président "Lula" da Silva a affirmé ne pas avoir été au courant desversements et la Cour suprême a rejeté les demandes de charges à sonencontre. Toutefois, en avril 2013, les procureurs ont demandé à la policefédérale d'enquêter sur la possibilité d'une implication de "Lula" dans cetteaffaire de corruption. Le maintien des accusations contre l'ancien présidentet la condamnation de ses collaborateurs proches et d'autres dirigeants duPT pourrait ternir la réputation de "Lula" da Silva et entamer le capital depopularité dont il continue de jouir près de trois ans après avoir quitté sesfonctions.

3.5 Perspectives: vers les élections de 2014

La cote de confiance deMme Rousseff a connu uneforte baisse à la suite desgrandes manifestationsde juin 2013, rendantmoins certaine saréélection en 2014.

Pendant la plus grande partie de son mandat, la cote de confiance de laprésidente Rousseff a atteint 60 à 65 %, un meilleur résultat que sesprédécesseurs. Elle semblait donc, jusqu'à présent, bien placée pour briguerun second mandat en 2014. Cependant, après les grands mouvements decontestation de juin 2013, la cote de popularité de Mme Rousseff et de songouvernement est tombée à 40 %, rendant moins certaine la possibilitéd'une réélection.

Un élément qui pourrait affecter la stabilité de la coalition au pouvoir et leschances de réélection de Mme Rousseff est la volatilité du système des partispolitiques, soulignée par l'émergence du PSD. Ce nouveau parti sembleconçu pour attirer des groupes provenant d'autres partis centristes,principalement le PSDB et le DEM, et il pourrait devenir un acteur politiquede poids à l'avenir. Aux élections municipales d'octobre 2012, le PSD estarrivé en quatrième position en termes de nombre de municipalités

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L'émergence denouveaux partispolitiques et le fait qued'autres ont abandonné lacoalition au pouvoirréduisent également leschances de Mme Rousseffaux élections de 2014.

Cependant, certainssignes semblent indiquerque la popularité de laprésidente remonte, et leseffets politiques desmanifestations à longterme pourraient êtreréduits. À ce stade, lescénario le plus probableest que la majorité de lacoalition restera unie etsoutiendra la réélectionde Mme Rousseff.

gouvernées par le parti.

Ce qui est toutefois plus problématique pour la présidente Rousseff et le PT,c'est l'influence croissante du PSB, qui a décidé le 18 septembre 2013 dequitter le gouvernement (où siégeaient deux de ses membres) ainsi quel'alliance soutenant Mme Rousseff. Le parti ne rejoindra pas l'opposition, maisadoptera plutôt une position "indépendante", ce qui signifie que cettedécision n'aura vraisemblablement aucune conséquence politiqueimmédiate. Cependant, il semble que le chef du PSB, Eduardo Campos,gouverneur de l'État du Pernambouc, présentera sa candidature pour lesélections présidentielles de 2014. Cela pourrait réduire les chances devictoire de Mme Rousseff, du moins au premier tour. Le retrait du PSB del'alliance au pouvoir suit le succès de ce parti aux élections municipales, àl'issue desquelles le nombre des maires membres du PSB est passé à 444 (sur5 564 municipalités), certains ayant remporté des villes importantes, dontcinq capitales d'État.

Le lancement en février 2013 d'un nouveau parti écologiste, le "réseau de ladurabilité" (Rede Sustentabilidade), dirigé par Marina Silva, pourraitégalement changer le paysage politique du pays. Mme Silva, anciennemembre du PT et ministre de l'environnement de 2003 à 2008, a déjoué lesattentes en arrivant en 3e place, avec 19 % des suffrages, au premier tour desélections de 2010 comme candidate du parti vert (Partido Verde, PV).

Une alliance particulièrement importante pour le gouvernement de DilmaRousseff est celle avec le PMDB, qui est avec le PT l'un des plus grands partispolitiques du Brésil; c'est le parti le plus important au Sénat, et il possède unpouvoir considérable au niveau régional et local. La structure informelle duPMDB et son caractère non idéologique ont facilité l'alliance avec le PTdepuis que "Lula" a remporté la présidence en 2002, mais ces caractéristiquespourraient également conduire le PMDB à chercher de nouveaux partenairesde coalition. Le 15 mars 2013, un remaniement ministériel a donné au PMDBun ministère de plus, ce qui a été perçu comme une intention de laprésidente de renforcer son alliance avec ce parti à la veille des élections de2014.

Le maintien de la faible cote de popularité et la dégradation du climat social,associés à une faible croissance économique, pourraient provoquer ladissolution de la coalition au pouvoir, réduisant les chances de réélection deMme Rousseff. Si cela devait arriver, les hypothèses sur la possibilité d'unretour de l'ancien président "Lula" en tant que candidat du PT pour un3e mandat iraient sans doute bon train.

Depuis quelques semaines, cependant, certains signes semblent indiquerque les effets politiques des grandes manifestations de juin 2013 pourraientne pas durer, et que la présidente Rousseff retrouve progressivement lapopularité qu'elle avait perdue. Les manifestations ne semblent pas avoirprofité à l'opposition, puisqu'elles avaient pour objet la "classe politique" engénéral plutôt que la présidente ou le PT au pouvoir en tant que tels. En fait,Mme Rousseff pourrait se montrer capable de tourner à son avantage lebesoin de changement exprimé par la population en proposant de nouvellesréformes, de la même manière que les scandales de corruption ont aidé la

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présidente à renforcer son autorité et sa popularité personnelles.

Les élections municipales des 7 et 28 octobre 2012 – avant les mouvementsde contestation sociale, mais après l'ouverture du procès des mensalão –n'ont pas révélé de signes clairs d'un affaiblissement de la position du PT.Dans la plus grande ville du Brésil, São Paulo, le candidat du PT FernandoHaddad – qui bénéficiait du soutien appuyé de "Lula" da Silva – a été élumaire avec 56 % des voix au second tour des élections, l'emportant sur lecandidat du PSDB, José Serra. C'est la première victoire électorale du PT à SãoPaulo depuis 2000. Dans l'ensemble du pays, le PT a remporté les électionsdans 635 municipalités environ, soit environ 13 % de plus que lors desprécédentes élections de 2008. Les candidats du parti ont été élus maires ouont passé le deuxième tour des élections dans 30 des principales villesbrésiliennes (le PSDB et le PMDB ont respectivement remporté les électionsdans 23 et 20 municipalités).

Mme Rousseff a également conservé une bonne avance dans les sondages parrapport à ses deux rivaux prévus en 2014, Marina Silva et Aecio Neves duPSDB. Pour autant que la popularité de la présidente continue de remonter,le scénario le plus probable est que l'alliance des partis gouvernementauxdemeurera globalement inchangée, à l'exception du PSB, et qu'ellesoutiendra la réélection de Mme Rousseff en 2014. Cependant, aucuncandidat présidentiel n'a encore été annoncé de manière officielle, et toutpronostic du résultat de l'élection serait prématuré à ce stade.

3.6 Politique étrangère et relations internationales

Le Brésil est devenu unacteur de plus en plusimportant sur la scènemondiale, soutenu parson poids économiquecroissant.

La politique étrangère duBrésil a gagné enassurance, le payscherchant à jouer un rôled'envergure mondiale etrenforçant sa présence

Le Brésil est l'économie émergente la plus forte après la Chine et l'Inde, etd'après les prévisions le pays sera la quatrième puissance économique de laplanète en 2040 (après la Chine, les ÉUA et l'Inde). Cherchant à jouer un rôleinternational à la mesure de son poids dans l'économie internationale, leBrésil est devenu un acteur de plus en plus important sur la scène mondialeau cours des 15 dernières années. Pendant le second mandat du président"Lula" da Silva, en particulier (2006-2010), la politique extérieure brésilienne apris de l'assurance en affichant clairement son ambition de renforcer laprésence du pays dans les principaux forums internationaux. Cette approches'autorisait naturellement des performances économiques remarquables duBrésil.

Le Brésil s'est activement attaché à nouer des partenariats avec les autrespuissances émergentes et les pays en développement, notamment dans legroupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et dans lecadre du groupe IBAS (Inde, Brésil, Afrique du Sud), à promouvoir et àcoordonner la coalition du G20 dans le cadre des négociations de l'OMC enmatière de commerce agricole, mais aussi à renforcer la présence brésilienneen Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

Dans le cadre d'une diplomatie présidentielle très active, "Lula" da Silva a faitentendre la voix du Brésil dans divers dossiers mondiaux, de la refonte dusystème financier international aux suites de la crise financière mondiale de2008, en passant par le changement climatique et le processus de paix au

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dans les grands forumsinternationaux etmultilatéraux comme leG20 et l'OMC.

La candidaturebrésilienne à un siège dereprésentant permanentau Conseil de sécurité desNations unies n'a toujourspas abouti.

La politique étrangèreactive du Brésil s'est

Moyen-Orient. Le président est souvent apparu comme le porte-parole dumonde émergent et en développement, critiquant notamment lessubventions agricoles des pays industrialisés, exigeant de pouvoir fabriquerdes médicaments génériques, en particulier des rétroviraux, et proposant lacréation d'un fonds mondial contre la faim financé par une taxe sur lesexportations d'armes.

Sur la scène internationale, le Brésil est un membre actif de l'ONU et participeà diverses missions de maintien de la paix; il commande notamment lestroupes de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d'Haïti(MINUSTAH). Au 31 août 2013, 1 672 soldats brésiliens (et 34 experts policierset militaires) étaient déployés dans des missions de maintien de la paix desNations unies.

La candidature du Brésil à un siège permanent au Conseil de sécurité desNations unies (CSNU), présentée pour la première fois avant le projet deréforme des Nations unies de 2005, n'a toutefois pas encore abouti. Le Brésila récemment été membre non permanent du CSNU en 2010-2011 (en 2011aux côtés de l'Inde et de l'Afrique du Sud, c'était d'ailleurs la première foisque les cinq pays BRICS siégeaient en même temps au CSNU depuis lanaissance du concept de BRIC). Dans leurs déclarations au cours des deuxderniers sommets des BRICS organisés en avril 2011 à Sanya (Chine) et enmars 2012 à New Delhi (Inde), la Chine et la Russie ont exprimé l'importancequ'elles accordaient au statut international du Brésil (ainsi qu'à celui de l'Indeet de l'Afrique du Sud) et indiqué qu'elles "comprenaient et soutenaient leuraspiration à jouer un rôle plus important au sein de l'ONU", mais n'ont pasexprimé un soutien direct à la candidature du Brésil à un siège au CSNU.

La position internationale du Brésil a également été renforcée par laconsolidation du G20 en tant que principal forum consacré à la gouvernanceet à la coopération économique internationales. De même, le Brésil pourrait(aux côtés de la Chine) être considéré comme l'un des principauxbénéficiaires de la réforme du Fonds monétaire international (FMI) en 2011,qui a augmenté les quotas, l'influence et les droits de vote de certains paysémergents majeurs.

L'élection, en mai 2013, de l'ancien ambassadeur brésilien auprès del'Organisation mondiale du commerce (OMC) Roberto Carvalho de Azevêdoau poste de directeur général de l'organisation souligne l'importanceaccordée par le Brésil à l'OMC et, de manière plus générale, les ambitionsinternationales et le prestige du pays. Il en va de même pour l'élection, enjuin 2011, de Jose Graziano da Silva au poste de directeur général del'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).M. Graziano a joué un rôle-clé dans le programme brésilien "Fome Zero"("zéro faim"), qui a donné de bons résultats.

Le Brésil a prôné un renforcement de la coordination entre le G20, le FMI, laBanque mondiale et les pays individuels afin de reprendre le chemin de lacroissance économique mondiale. Il convient de replacer cette approche"multilatérale" de la gouvernance économique internationale dans lecontexte des critiques formulées par le Brésil envers certaines politiquesmises en œuvre en Europe et aux ÉUA pour remédier à la crise économique.

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poursuivie sous laprésidence deMme Rousseff, bien que laprésence internationalede cette dernière soit plusdiscrète que celle de sonprédécesseur, "Lula" daSilva.

La tradition diplomatiquedu Brésil se caractérise parles principes de non-ingérence et de non-intervention. Ceux-ci ontparfois conduit le pays àadopter des positionsdifférentes de celles desÉUA et de l'UE.

Le scepticisme du Brésil

Par exemple, dans son discours prononcé devant l'Assemblée générale desNations unies (AGNU) en septembre 2012, Dilma Rousseff a critiqué lesmesures d'austérité, affirmant qu'elles aggravent la récession et nuisent auxpays émergents. Le Brésil a également reproché aux politiques monétairesaccommodantes de l'UE, des États-Unis et de la Chine de créer desdéséquilibres des taux de change et de pousser à la hausse les devises despays comme le Brésil, réduisant ainsi leur compétitivité.

La diversification des relations extérieures du Brésil et le renforcement desliens avec ses partenaires de l'hémisphère sud ont également conduit à uneprésence accrue du pays en Afrique et au Moyen-Orient. Le renforcement dudialogue et de la coopération entre les organismes régionaux d'Amérique duSud et ces deux régions sont dans une large mesure le résultat des initiativesdu Brésil, par exemple des trois sommets organisés à ce jour entre l'Uniondes nations sud-américaines (União de Nações Sul-americanas, UNASUR) et laLigue des États arabes, ainsi que les trois sommets Afrique-Amérique du Sud(dont le dernier s'est tenu le 22 février 2013).

Les objectifs généraux de la politique étrangère n'ont pas changé sous laprésidence de Dilma Rousseff, qui a poursuivi les efforts de consolidation etde renforcement du rôle du Brésil sur la scène mondiale et au seind'organisations internationales et multilatérales, même si le profilinternational de la présidente est plus discret que celui de son prédécesseur.

En ce qui concerne l'aspect sans doute le plus controversé de la politiqueétrangère du président "Lula" da Silva, à savoir les relations avec l'Iran, legouvernement de Mme Rousseff semble s'être quelque peu rapproché de laposition de l'Europe et des ÉUA. Bien qu'aucun signe n'indique que lesrelations entre le Brésil et l'Iran aient connu une dégradation significative,Mme Rousseff a – à l'inverse de son prédécesseur – dénoncé les violations desdroits de l'homme en Iran; en mars 2011 le Brésil a par ailleurs voté contrel'Iran au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, pour la premièrefois depuis dix ans. Lors des obsèques du président vénézuélien HugoChávez, certains ont vu dans l'absence de Mme Rousseff un souhait d'éviter leprésident iranien Mahmoud Ahmadinejad.

La position du Brésil sur la question du Moyen-Orient a souligné l'adhésiondu pays aux principes de non-ingérence et de non-intervention dans lesaffaires intérieures des autres pays, révélant des différences avec les États-Unis et le monde occidental en général. En mars 2011, le Brésil s'est abstenuau Conseil de sécurité lors du vote de la résolution 1973 (2011) autorisant lesÉtats membres à prendre toutes mesures nécessaires pour protéger lespopulations et les zones civiles menacées d'attaque en Libye, et il s'estopposé à la campagne de bombardements de l'OTAN.

Dans le même ordre d'idées, le Brésil a réclamé une solution interne à laguerre civile en Syrie qui garantisse des réformes et le respect des droits del'homme, mais s'est opposé à une ingérence extérieure et aux sanctionscontre le pays. En octobre 2011, le Brésil s'est également abstenu au CSNUsur une résolution condamnant les abus du régime syrien (à laquelle la Chine

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enversl'interventionnisme et lerecours à la force militaires'exprime avec le conceptde "protectionresponsable", présentédans le cadre des Nationsunies commecomplémentaire de la"responsabilité deprotéger".

Le Brésil joue un rôledominant dansl'intégration et lacoopération en Amériquelatine et en Amérique duSud, étant l'un desmoteurs de l'UNASUR etde loin le plus importantdes cinq États membresdu Mercosur.

L'adhésion du Venezuelaau Mercosur a longtempsfait partie des objectifs duBrésil. Cependant, ladécision prise enjuin 2012 par le Mercosurde suspendre l'affiliationdu Paraguay et d'accepter

et la Russie ont opposé leur veto). Le Brésil n'a cependant pas mâché sesmots par rapport aux autres pays BRICS pour condamner le régime syrien. Ennovembre 2011, le Brésil s'est prononcé en faveur d'une résolution de l'AGNUcondamnant les exécutions et les actes de torture perpétrés par les forces desécurité syriennes (les quatre autres pays BRICS se sont abstenus). De même,dans le contexte de la décision prise en juillet 2012 de retirer ses diplomatesde la Syrie, le Brésil a fermement condamné l'oppression violence des civilssans défense. Le Brésil ne s'est pas opposé non plus à la résolution 2085 duCSNU en décembre 2012 autorisant l'intervention militaire dans le nord duMali, même s'il a insisté pour que le CSNU surveille cette intervention de trèsprès.

Tout en faisant part de ses préoccupations concernant le recours à la forcemilitaire et à l'application sélective du droit international en vertu du principede "responsabilité de protéger" adopté par l'ONU en 2005, le Brésil a fait lapromotion de la notion complémentaire de "protection responsable". Celle-ci, proposée par la présidente Rousseff dans son discours prononcé devantl'AGNU en septembre 2011, souligne que la prévention des conflits esttoujours préférable, que tous les moyens pacifiques de protéger les civils setrouvant sous la menace de violences doivent toujours être épuisés et quel'usage de la force doit donner lieu à un minimum de violence et d'instabilitéet doit être contrôlé et évalué. La promotion de la notion de "protectionresponsable" peut être considérée comme une illustration du rôled'intermédiaire que le Brésil s'efforce de jouer entre les États-Unis et l'Europe,d'une part, et vis-à-vis des États qui, à l'instar de la Chine, de la Russie etd'autres pays émergents, rejettent systématiquement les interventions,même quand elles visent à protéger les populations civiles menacées. Ellereflète en outre l'ambition du Brésil de chercher activement à devenir plusinfluent dans le domaine de la définition des normes qui régissent lacommunauté internationale.

À la suite des révélations concernant les activités de surveillance menées parl'agence américaine pour la sécurité nationale (NSA), le Brésil a présenté uneautre initiative internationale. Dans son discours prononcé devant l'AGNU le24 septembre 2013, la présidente Rousseff a proposé la création, dans lecadre de l'ONU, d'un système de gouvernance de l'internet comprenant desmécanismes de protection contre l'interception illégale de données.

En Amérique latine, le Brésil a été à la pointe des efforts de renforcement del'intégration régionale, jouant un rôle moteur au sein du Mercosur, del'UNASUR, de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes(Comunidade de Estados Latino-americanos e Caribenhos, CELAC), etd'autres groupes régionaux. Il a été le moteur de la création de l'UNASUR endécembre 2004. Dans ce contexte, il a également fait la promotion active duConseil de défense sud-américain (Conselho de Defesa Sul-Americano), unorganisme régional de coopération sur les questions de défense et desécurité.

Le Brésil a également joué le rôle de médiateur lors de crises politiques dansplusieurs pays de la région, par exemple au Honduras (où le Brésil a joué unrôle important dans la réaction de la région au coup d'État qui a démis le

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la candidature duVenezuela commemembre à part entière aété critiquée au Brésil.

Les relations du Brésilavec les ÉUA ont étémarquées par unecertaine rivalité entre lesdeux plus grands pays ducontinent américain, ainsique par des différendscommerciaux. Leurrelation est cependantdevenue plus étroite aucours des dernièresannées.

Les allégations selonlesquelles les ÉUAauraient intercepté lescommunications de laprésidente Rousseff ontdonné lieu à de nouvellestensions entre les deuxpays et ont conduitMme Rousseff à suspendresa visite à Washington,prévue en octobre. Lesdeux pays semblenttoutefois souhaiter limiterles retombées de cesrévélations.

président Manuel Zelaya et aux conséquences de la crise qui a suivi), enBolivie, en Colombie, en Équateur et au Venezuela.

Le Brésil est de loin le plus important des cinq pays du Mercosur, puisqu'ilreprésente 71 % de la population totale de cette organisation et 75 % de sonPIB total. Le haut représentant général du Mercosur (représentant le groupedans les négociations avec les tiers et habilité à proposer des initiatives sur leprocessus d'intégration) est l'ancien vice-ministre de l'industrie et ducommerce, Ivan Ramalho2.

En tant qu'État membre le plus important et le plus influent du Mercosur, leBrésil a joué un rôle-clé dans les décisions prises lors du sommet du Mercosuren juin 2012 visant à suspendre l'affiliation du Paraguay et à intégrer leVenezuela en tant que membre à part entière. L'adhésion du Venezuela alongtemps été considérée par le Brésil comme un objectif d'importancestratégique, compte tenu des ressources énergétiques de ce pays et desnouvelles possibilités que celles-ci pourraient ouvrir à l'industrie brésilienneen matière de commerce et d'investissement. Les deux pays ont signé diversaccords de coopération et mis en place une "association stratégique".

La décision de suspendre le Paraguay du Mercosur et d'admettre leVenezuela en tant que membre à part entière n'a cependant pas faitl'unanimité au Brésil, et elle a été critiquée par le parti d'opposition PSDB,ainsi que par certains représentants du secteur privé. Cependant, le Brésil estintervenu de manière décisive pour éviter les sanctions économiques etfinancières au Paraguay, et il a récemment aidé à éliminer les obstacles à laréintégration du Paraguay dans le Mercosur en jouant le rôle de médiateurentre ce pays et le Venezuela, notamment à l'occasion de la rencontreorganisée par la présidente Rousseff entre les présidents Horacio Cartes etNicolas Maduro en marge du sommet de l'UNASUR organisé au Suriname enseptembre 2013.

Malgré les frictions persistantes dues aux rivalités commerciales et auxdéséquilibres économiques avec l'Argentine, son principal partenaire au seindu Mercosur, cette relation bilatérale demeure stratégique pour le Brésil et lepartenariat entre ces deux pays constitue le pivot du Mercosur.

Les relations avec les États-Unis ont été marquées par des litigescommerciaux et par les critiques formulées par le Brésil contre ce qu'ilqualifie de protectionnisme américain, ainsi que par une certaine rivalitéd'influence entre les deux plus grands pays du continent américain. Le Brésiln'a pas soutenu l'intervention américaine en Iraq et a constammentmanifesté sa désapprobation vis-à-vis de la politique de Washington àl'égard de Cuba, du Venezuela, et de l'Iran. Dans le même temps, les deuxpays ont entretenu une coopération pragmatique dans un certain nombrede dossiers régionaux et internationaux, chacun reconnaissant que l'autre esttrop puissant et trop influent pour qu'il soit possible de le négliger. Les deux

2 Il a succédé à un autre Brésilien, diplomate et ancien ministre de "Lula" da Silva, SamuelPinheiro Guimarães, qui a été élu au poste de haut représentant en janvier 2011 mais adonné sa démission en juin 2012.

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pays se sont rapprochés ces dernières années, ce qui traduit lareconnaissance par les États-Unis de l'importance stratégique du Brésil sur leplan international et de son potentiel en tant que force stabilisatrice enAmérique du Sud. En leur qualité de premiers producteurs mondiauxd'éthanol, le Brésil et les ÉUA se sont également mis d'accord pourpromouvoir la production et l'utilisation de ce sous-produit agricole. Parailleurs, les deux pays ont signé en avril 2010 un accord renforçant leurcoopération bilatérale en matière de défense, une première depuis 1952.

La visite du président Obama au Brésil les 19 et 20 mars 2011 – et le faitqu'elle ait eu lieu avant que la présidente Rousseff ne se rende àWashington – a été considérée comme une démonstration de la volonté desÉtats-Unis de développer des relations fortes avec le Brésil, même si cettevisite ne semble pas avoir donné de résultat politique substantiel. Au coursdes derniers mois, les relations entre les ÉUA et le Brésil se sont détérioréesen raison d'accusations portées contre l'agence américaine pour la sécuriténationale (NSA), qui aurait intercepté les communications de la présidenteRousseff et espionné Petrobras, une entreprise énergétique brésiliennecontrôlée par l'État. Dans ces conditions, l'annonce a été faite le17 septembre 2013 que la visite officielle de la présidente Rousseff àWashington, programmée pour le 23 octobre 2013, était reportée. Legouvernement brésilien a déclaré que l'interception illégale descommunications était incompatible avec la coexistence démocratique depays amis, et qu'au vu de l'absence d'une explication satisfaisante à cettequestion, les conditions d'une visite d'État n'étaient pas remplies. Il atoutefois précisé qu'une fois cette question résolue, la visite se tiendrait dèsque possible afin de faire progresser la construction du "partenariatstratégique" entre les deux pays.

Les conséquences politiques potentielles de la démission du ministre desaffaires étrangères Antonio Patriota le 26 août 2013 restent à déterminer.M. Patriota s'est vu contraint de démissionner à la suite d'un conflitdiplomatique sur l'aide apportée par l'ambassade brésilienne à La Paz à unsénateur bolivien cherchant à fuir vers le Brésil (le sénateur s'est réfugié àl'ambassade pendant 15 mois après avoir demandé l'asile politique; legouvernement bolivien le considère comme un criminel et l'a condamnépour des faits de corruption). Le ministre démissionnaire a été remplacé parl'ambassadeur du Brésil auprès des Nations unies, Luiz Alberto Figueiredo.

4 Questions économiques et sociales

4.1 Indicateurs économiques

L'économie progresse àun rythme soutenu

L'économie brésilienne connaît une croissance soutenue depuis le milieu desannées 1990 (sauf en 1998-1999 et en 2009), mais celle-ci passe actuellementpar une importante phase de ralentissement. Après que la croissance du PIBa atteint 7,5 % en 2010, marquant une importante reprise après la criseéconomique et financière de 2008-2009, l'économie n'a progressé que de

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depuis le milieu desannées 1990, mais lacroissance a ralenti aucours des dernièresannées dans le cadre de laconjoncture économiqueinternationale moinsfavorable.

2,7 % en 2011 et de moins de 1 % en 2012. Cette année, la croissance a repris,mais de façon modérée, et l'on s'attend à ce qu'elle atteigne environ 2,5 %.

La décélération de la croissance est due en partie à une conjonctureéconomique internationale moins favorable, qui a provoqué une baisse de lademande sur les principaux marchés d'exportation du Brésil, notamment laChine et l'Argentine. La consommation nationale est restée relativementdynamique grâce à une augmentation des salaires et à la baisse du chômage,mais aussi par l'effet de la hausse de l'endettement. Le gouvernement a lancéplusieurs mesures visant à stimuler la consommation et les exportations, etdonc à relancer la croissance économique, ces mesures comprenant desréductions d'impôts, un accès plus facile au crédit et à des taux moins élevés,des mesures de réduction des charges pour les entreprises, desinvestissements publics, et des financements destinés à des projets locauxd'infrastructure.

Tableau 1:Croissance du PIB, 2004-2014 (en pourcentage)

5,7

3,24

6,1

5,2

-0,3

7,5

2,7

0,9

2,53,2

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

8

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Source: Fond monétaire international, World Economic Outlook Database [Base de donnéessur les perspectives économiques mondiales], avril/juillet 2013.

Malgré le ralentissementéconomique, l'inflationaugmente depuis 2013.Cependant, lesaugmentations de prixsemblent avoir denouveau ralenti, en raisondes augmentations destaux d'intérêt, entreautres.

Les politiques économiques visant à stimuler la croissance ont étéaccompagnées, depuis quelque temps, de baisses régulières des tauxd'intérêt. D'octobre 2012 à avril 2013, le taux d'intérêt directeur de la banquecentrale s'est maintenu à 7,25 %, soit le niveau le plus bas jamais enregistré(en septembre 2011, ce taux s'élevait à 12 %). Cependant, il a depuis étérelevé à 9 %.

Cette évolution reflète les préoccupations concernant l'augmentation del'inflation. Après s'être maintenue à environ 5 % à la mi-2012, la croissancedes prix à la consommation a repris et le taux d'inflation interannuel a atteintun point culminant de 6,7 % en juin 2013. Depuis, l'augmentation des prix àla consommation a ralenti, le taux d'inflation interannuel étant de 6,1 % enaoût 2013, son niveau le plus bas depuis le mois de janvier. Ce chiffre esttoutefois bien supérieur à l'objectif de la banque centrale du pays en matièred'inflation, soit 4,5 %.

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

25

Figure 3:Répartition du PIB parsecteur en 2001 et en2011

Source: Banque mondiale

2011

Industry, 28%

Agriculture, 6%

Services, 66%

4.2 Commerce et investissement

Les exportations ont connuune forte croissancependant plusieurs annéesen raison des prix élevésdes produits de base sur lemarché international. Maiselles ont baissé depuis2012.

L'un des moteurs de la croissance de l'économie brésilienne a été la fortecroissance des exportations. Le Brésil a profité de la hausse des prix desmatières premières et des produits agricoles de base sur les marchésinternationaux, due en grande partie à la demande croissante de la Chine.

Après la forte chute des exportations et des importations en 2009, due à lacrise mondiale, les échanges ont connu une forte reprise en 2010 et 2011.Malheureusement, la tendance à la hausse des exportations et desimportations s'est inversée en 2012, et la valeur totale des exportations abaissé de 5,3 % et celle des importations de 1,3 %3. Cette tendance s'estpoursuivie pendant les huit premiers mois de 2013, au cours desquels lavaleur totale des exportations a baissé de 4,3 % par rapport à la mêmepériode en 2012. Les importations sont quant à elles reparties à la hausse,avec une augmentation de 4 % entre janvier et août 2013.

Figure 4:Commerce demarchandises avec le Brésil(en millions d'USD)

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Imports Exports Balance of trade

Source: Banco Central do Brasil (http://www.bcb.gov.br/?indicators)

3 Chiffres de la Banque centrale du Brésil (Banco Central do Brasil):http://www.bcb.gov.br/?indicators

2001

Industry, 27%

Services, 67%Agriculture, 6%

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La baisse des exportations setraduira cette année par lepremier déficit de la balancecommerciale du Brésildepuis 2000.

Les exportations ont étéprogressivement dominéespar les matières premièreset les produits de base,tandis que les produitsindustriels dominent lesimportations.

Ces évolutions divergentes ont mené à une baisse considérable del'excédent commercial qui caractérisait traditionnellement le Brésil. Aprèsune chute brutale (près de 35 %) de cet excédent en 2012 à un peu moinsde 20 milliards de dollars – son niveau le plus bas en dix ans –, il estprobable que le Brésil enregistrera en 2013 son premier déficit commercialen 13 ans. Dans les sept premiers mois de 2013, la balance commerciale dupays a enregistré un déficit record de près de 5 milliards d'USD. En plus dudéficit accusé par le commerce des biens, le Brésil enregistre également undéficit considérable dans le commerce des services.

Les exportations ont été de plus en plus dominées par les matièrespremières et les produits de base au cours des dernières années. En 2011,les produits agricoles représentaient 34 % des exportations, le carburant etles produits miniers 30 %, et les produits manufacturés les 33 % restants.Dans l'autre sens, les produits industriels représentaient 72 % desimportations du pays (en 2011).

Les marchés d'exportation du Brésil sont relativement diversifiés. Malgré laforte croissance des exportations vers la Chine, qui est devenue en 2009 ledeuxième partenaire commercial du Brésil, l'UE conserve son statut deprincipale destination des exportations brésiliennes, tout en étant laprincipale région d'origine des importations du pays.

Tableau 3:Les cinq principauxpartenaires commerciauxdu Brésil, 2012

Origine des importations Destination des exportations Partenaires commerciaux

# OrigineMillions

dedollars

% # DestinationMillions

dedollars

% #Partenaire

Millions de

dollarsSolde

1 UE 47 662 21,4 1 UE 48 860 20,1 1 UE 96 522 + 1 198

2Chine 34 248 15,3 2 Chine 41 228 17,0 2 Chine 75 476 + 6 979

3États-Unis 32 603 14,6 3 États-Unis 26 849 11,1 3 États-Unis 59 452 - 5 754

4Argentine 16 444 7,4 4 Argentine 17 998 6,8 4 Argentine 34 442 + 1 554

5 Corée du Sud 9 098 4,1 5 Japon 7 956 3,3 5 Japon 17 054 + 221

Totalimportations:

223 149 Totalexportations:

242 580 Balancecommerciale:

19 431

Source: Banco Central do Brasil (http://www.bcb.gov.br/?indicators)

La dégradation de la balance commerciale a également conduit à un déficitde la balance des paiements courants. Après les sept premiers mois de 2013,le déficit courant s'élevait à 52,5 millions d'USD, un record historiquesupérieur au déficit enregistré pour l'année 2012 toute entière. En

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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pourcentage du PIB, le déficit de la balance des paiements courantsreprésentait 3,95 % fin juillet 2013, contre 2,24 % un an auparavant.

La baisse des revenus des exportations et la dégradation des comptesfinanciers ont conduit à une diminution des avoirs de réserves de la banquecentrale du Brésil: à la mi-septembre 2013, ceux-ci s'élevaient à 368 milliardsd'USD environ, légèrement en deçà du niveau enregistré en 2012 et lors dupremier semestre 2013. Proportionnellement à la taille de l'économie, c'estnéanmoins le Brésil qui détient les avoirs de réserves les plus importantsparmi les BRICS.

Les apportsd'investissementsétrangers directs (IED)stagnent depuis 2012.Cependant, le Brésildemeure la troisièmeprincipale destinationd'IED au monde.

Par ailleurs, les apports d'investissements étrangers directs (IED) révèlent unesituation économique moins favorable. Soutenus par une forte croissancedes exportations et de la demande intérieure, les IED ont connu uneaugmentation significative au cours de la dernière décennie, atteignant desniveaux records: 66,6 milliards d'USD en 2011, soit 37 % de plus qu'en 2010.Toutefois, cet apport constant de capitaux étrangers a également stagné en2012, pour atteindre environ 65 milliards d'USD, un niveau proche de celuienregistré l'année précédente (2 % de moins). Le Brésil conserve néanmoinssa place de troisième destination des IED de la planète (après les ÉUA et laChine), place que le pays avait décrochée en 2011. Les chiffres pour les septpremiers mois de l'année 2013 indiquent que les afflux d'IED ont été prochesde ceux enregistrés au cours de la même période en 2012. Parmi lestendances caractérisant les afflux d'IED vers le Brésil au cours des dernièresannées, on observe une proportion croissante d'investissements chinois, parexemple dans l'exploitation des gisements de fer.

Figure 5:Stock d'IED du Brésil(millions d'USD)

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

800000

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Inward FDI stocks Outward FDI stocks

Source: http://unctadstat.unctad.org/TableViewer/tableView.aspx

4.3 Vers un nouveau modèle de croissance?

Le revers économique relatif des dernières années a permis de se rendrecompte des faiblesses du modèle brésilien de croissance économique. Lesexportations ont été de plus en plus dominées par les produits de base et parun nombre limité de produits agricoles (soja, sucre, viande, etc.) et deproduits miniers (minerai de fer). Le Brésil a ainsi profité d'une forte haussedes prix de ces produits sur les marchés internationaux (due en premier lieu àla demande de la Chine), mais les exportations de produits manufacturés ontstagné. En 2012, les exportations de produits primaires représentaient 47 %de toutes les exportations, contre 29 % en 2005, tandis que les ventes de

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La dépendance croissantedu Brésil envers sesexportations de produits debase et la perte decompétitivité de l'industriebrésilienne inquiètent,parce qu'elles menacent ladurabilité de l'économie àlong terme.

Le gouvernement,reconnaissant le besoin defavoriser la compétitivité del'industrie, a lancédifférentes initiatives visantà stimuler l'investissementet les dépenses en matièrede recherche et dedéveloppement, ainsi qu'àmoderniser lesinfrastructures du pays.

produits manufacturés représentaient 40 % de toutes les exportations,contre 57 % en 2005. Dans le même temps, les importations de produitsmanufacturés n'ont pas cessé d'augmenter, tirées par la consommationprivée et par une augmentation de la proportion des composants importésdans la production industrielle. Par ailleurs, l'appréciation de la devisebrésilienne – alimentée par d'importants afflux de capitaux – aprogressivement rendu les exportations plus chères et les importationsmoins chères.

La possibilité que le Brésil devienne excessivement dépendant de sesexportations de produits de base (et donc trop vulnérable à la volatilité desprix internationaux), tandis que son industrie perd en compétitivité et estaffaiblie par un niveau d'investissement insuffisant préoccupe. On évoquemême le risque de désindustrialisation. La perte de compétitivité du secteurmanufacturier pourrait devenir particulièrement problématique sil'affaiblissement de la croissance de l'économie mondiale entraînait unechute permanente de la demande et une baisse des prix des matièrespremières et des produits de base.

Beaucoup s'accordent à dire que des réformes structurelles sont nécessairespour rendre l'économie brésilienne plus compétitive et plus soutenable àlong terme. Ces réformes devraient, par exemple, avoir les objectifs suivants:moderniser les infrastructures défaillantes du pays, améliorer le systèmeéducatif afin de donner la possibilité de meilleures qualifications à la main-d'œuvre du pays, simplifier les procédures administratives, rendre le systèmefiscal plus simple et plus efficace, améliorer l'accès au crédit, et démantelerles monopoles existant dans certains secteurs de l'économie.

Le gouvernement a mis en œuvre diverses mesures visant à favoriser lacompétitivité du secteur industriel, à stimuler l'investissement, à diversifierles exportations, et à développer le réseau routier et ferroviaire du Brésil, touten protégeant l'industrie sur le marché intérieur.

Un grand nombre de ces mesures figurent dans le plan baptisé "un Brésilplus grand" (Brasil Maior), lancé par la présidente Rousseff en août 2011, quicomporte des réductions d'impôts pour de nombreux employés, desmesures incitatives pour l'exportation, et des mesures de promotion del'innovation et du développement technologique. Il vise particulièrement lesindustries qui rencontrent des difficultés pour affronter la concurrence desimportations à bas prix comme le textile, les chaussures, les voitures et lestechnologies de l'information. Ce plan vise à augmenter la partie du PIBconsacrée aux investissements ainsi que la dépense privée dans la rechercheet le développement, afin de rendre l'industrie brésilienne plus économe enénergie et augmenter la part du Brésil dans le commerce international. Selonles estimations, ce plan coûtera environ 16 milliards d'USD, répartis sur unepériode de trois ans (2011-2014). En septembre 2012, la présidente Rousseffa annoncé de nouvelles mesures visant à résoudre les problèmes decompétitivité, comme la réduction des tarifs de l'énergie et des transports, etde nouvelles règles en ce qui concerne les concessions accordées auxentreprises privées.

Le gouvernement continue par ailleurs la mise en œuvre du programme

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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L'exploitation des réservespétrolières du Brésil,notamment les réservessous-marines "pré-sel" dansl'Atlantique, pourrait avoirun effet considérable surl'économie brésilienne.

d'investissement PAC (Programa de Aceleração do Crescimento, programmed'accélération de la croissance), initialement lancé en 2007. La deuxièmephase du programme, appelée PAC 2 et lancée en mars 2010, porte sur desinvestissements de montants équivalents à 414 milliards d'euros entre 2010et 2014 et à 273 milliards d'euros après 2014. Il se concentrera sur les secteursde l'énergie et des transports routier et ferroviaire, ainsi que sur lefinancement du programme national de logement.

Le développement des infrastructures du Brésil, considérées comme étant depiètre qualité et en retard sur celles des autres économies émergentes, est unenjeu important à long terme, qui doit permettre la poursuite de lacroissance et l'amélioration de la compétitivité. Afin de relever ce défi, legouvernement a lancé en août 2012 un plan visant à mobiliser desinvestissements à hauteur d'environ 65 milliards de dollars dans le but demoderniser et de renforcer la capacité des principales autoroutes du paysainsi que son réseau ferroviaire. Les investissements nécessaires devraientprovenir du secteur privé, mais il est prévu que la Banque nationale dedéveloppement (Banco Nacional do Desenvolvimento, BNDES), un organismepublic, propose des prêts garantis aux investisseurs. Le plan vise également àstimuler de manière plus immédiate l'activité économique en mettant enœuvre la moitié des investissements totaux prévus au cours des cinqpremières années. Dans le même esprit, de grands projets d'infrastructureont été lancés en perspective de la coupe du monde de football en 2014 etdes jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro. Le gouvernement encourageégalement l'investissement privé, y compris par des investisseurs étrangers,dans la gestion des ports, des routes et des aéroports en vue d'améliorerl'efficacité des infrastructures.

Le développement de la production pétrolière, notamment dans lesgisements sous-marins pré-sel de l'océan Atlantique, pourrait faire du Brésilun grand pays exportateur de pétrole et amener une augmentationconsidérable des rentrées fiscales. Ces gisements contenant environ15 milliards de barils de réserves certaines, le Brésil dispose, selon lesestimations, des réserves de pétrole les plus importantes sur le continentaméricain; les réserves certaines pourraient même atteindre 100 milliards debarils. Petrobras, la société pétrolière nationale, a annoncé qu'elle prévoyaitd'augmenter sa production intérieure en la portant à 2,5 millions de barilspar jour d'ici 2016. Un tel projet exigera toutefois des investissementsconsidérables: en juin 2012, Petrobras a publié un plan d'exploitation pour lapériode 2012-2016 qui comprenait des investissements de 237 milliardsd'USD, dont près de 20 % iront à l'exploration et à la production dans lesgisements pré-sel. La vente aux enchères des droits d'exploration débuteraavec le premier gisement en octobre 2013. Le processus a connu des retardsconsidérables, dus entre autres aux chamailleries politiques concernant lepartage des redevances entre l'État et les niveaux locaux de gouvernance.

4.4 Questions sociales

Pendant la dernière décennie, les effets conjugués de la stabilitémacroéconomique, de la création de nouveaux emplois grâce à la croissance

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Le Brésil est parvenu àfaire reculer de manièresignificative le taux depauvreté. Selon lesestimations, 30 millionsde pauvres auraientrejoint la classe moyenne.

Le gouvernement s'estdonné pour butd'éradiquer l'extrêmepauvreté à l'horizon 2014.

La réduction de lapauvreté, déjà favoriséepar la croissanceéconomique et la créationde nouveaux emplois, abénéficié de politiquessociales actives, dontplusieurs programmessociaux phares.

économique, du déclin des naissances, et de la mise en œuvre deprogrammes sociaux intégrés a permis de faire reculer le taux de pauvreté defaçon massive. Le pourcentage de la population en situation de pauvreté esttombé de 37,5 % en 2002 à 20,9 % en 2011, tandis que le taux d'indigencechutait de 13,2 % à 6,1 % sur la même période4.

On estime à environ 30 millions le nombre des personnes qui ont accédé, aucours des dix dernières années, au statut de représentant de la "classemoyenne" (avec des revenus allant de 900 à 2000 USD par mois), laquellereprésente aujourd'hui un peu plus de la moitié de la population brésilienne.Le chômage est également en baisse: le taux de chômage moyen s'établissaità 5,6 % en juillet 2013, contre 12,3 % en 2002.

L'un des objectifs fondamentaux du gouvernement de Mme Rousseff est decontinuer à lutter contre la pauvreté et de favoriser le développement desclasses moyennes, en augmentant les revenus et en créant plus d'emplois. Legouvernement s'est engagé à éradiquer l'extrême pauvreté à l'horizon 2014,et a indiqué que la classe moyenne devrait représenter 60 % de la populationen 2018.

On a également observé une augmentation constante des dépensessociales. Le Brésil est l'un des rares pays latino-américains où les dépensessociales, en pourcentage du PIB, ont progressé de façon ininterrompue aucours des deux dernières décennies, pour atteindre aujourd'hui près de 25 %du PIB. C'est le pourcentage le plus élevé dans la région (après Cuba).

L'engagement du gouvernement de maintenir des politiques sociales activesafin de lutter contre la pauvreté a été souligné par le lancement, débutjuin 2011, du programme "un Brésil sans misère" (Brasil sem Miséria), qui viseà éradiquer la pauvreté extrême par l'intermédiaire d'apports financiers, deformations professionnelles et d'assistance technique. En février 2013, laprésidente Rousseff a annoncé une extension de ce programme visant àsortir 2,5 millions de personnes de l'extrême pauvreté. Par ailleurs, plusieursprogrammes sociaux globaux lancés par le gouvernement précédent sontmaintenus:

le programme ("Faim zéro"), (Fome Zero) destiné à combattre la faim etl'extrême pauvreté;

le programme "Bourse-famille" (Bolsa Familia), qui fournit une aide auxfamilles les plus démunies à condition que leurs enfants soient scolariséset vaccinés. Environ 13 millions de familles, soit 52 millions de personnes,reçoivent des allocations de ce programme;

et le programme de logement "Ma maison, ma vie" (Minha Casa, MinhaVida), lancé en 2009, qui subventionne l'accession à la propriété. Ilrencontre un immense succès: près de neuf millions de foyersespéreraient faire l'acquisition d'un logement l'année prochaine, laplupart grâce à ce programme.

4 Chiffres de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et lesCaraïbes (CEPALC), Social Panorama of Latin America 2012.

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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Bien qu'ayant légèrementbaissé au cours de ladernière décennie, lesinégalités sociales etrégionales demeurentimportantes.

Malgré une croissance économique lente, les dépenses sociales ont continuéd'augmenter. Le budget de l'État pour 2013, adopté par le Congrès le12 mars 2013, prévoit d'importantes augmentations des dépensesconsacrées aux programmes de lutte contre la pauvreté, en plus desaugmentations de dépenses attendues pour les soins de santé (15 %) etl'éducation (33 %). De même, le salaire minimum a été augmenté d'environ8 %, suivi par les pensions et les prestations de sécurité sociale.

La lutte contre la pauvreté est entravée par des inégalités sociales etrégionales profondément ancrées. Traditionnellement, les inégalités derevenu ont toujours été plus accentuées au Brésil que dans n'importe quelautre pays d'Amérique latine, et elles demeurent beaucoup plus fortes quedans les autres économies émergentes. Les disparités régionales sontégalement énormes entre les centres économiques du Sud-Est et les zonesrurales pauvres du Nord et du Nord-Est, où le pourcentage de la populationdépendant des régimes de pensions et des programmes sociaux estbeaucoup plus important. On estime que le revenu par habitant est plus dedix fois plus élevé dans la région de São Paulo que dans les États pauvres duNordeste. Selon les chiffres officiels, environ 60 % des personnes vivant dansune extrême pauvreté vivent dans le nord-est du pays.

Cependant, la croissance économique et les réformes sociales de la dernièredécennie ont contribué à un certain resserrement des écarts de revenus etdes inégalités. Dans ce contexte, les données publiées par la prestigieuseFondation Getúlio Vargas (Fundação Getúlio Vargas) indiquent que, tandisque le revenu des 50 % les plus pauvres de la population a augmenté de68 % de 2000 à 2010, le revenu des 10 % les plus riches a augmenté de 10 %seulement. La progression d'autres indicateurs sociaux, par exemple lascolarisation, tend également à révéler une atténuation des inégalités. Lecoefficient de Gini est passé d'environ 0,60 en 2000 à un peu moins de 0,55en 2009. Dans tous les cas, la promotion d'une croissance équitabledemeurera l'un des enjeux fondamentaux des années à venir.

5 L'UE et le Brésil

Acteur important dans sarégion comme dans lemonde, le Brésil est unpartenaire de premièreimportance pour l'UE.

Eu égard à sa taille, à son poids économique et à son importance politique etdiplomatique croissante, le Brésil est un partenaire incontournable de l'UE. Lepartenariat stratégique UE-Brésil conclu en 2007 a posé les jalons d'un grandmouvement de renforcement des relations entre l'UE et le Brésil, reflété dansle nombre important de dialogues sectoriels et d'initiatives de coopérationdans de nombreux domaines. L'UE et le Brésil partagent le mêmeengagement envers la coopération internationale et le multilatéralismeeffectif; l'un des principaux objectifs du partenariat stratégique est lerenforcement de la coopération pour répondre aux défis de portéemondiale. Depuis 1992, les relations UE-Brésil se sont égalementdéveloppées dans le cadre des relations entre l'Union européenne et leMercosur.

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5.1 Les relations UE-Brésil

Le Brésil et l'UEentretiennent desrelations formelles depuis1960. En 2007 ils ontconclu un partenariatstratégique global.

Les objectifs principauxde cet accord departenariat sont lerenforcement dumultilatéralisme effectif etla coopération étroite surles défis de portéemondiale.

Au cours du derniersommet UE-Brésil,organisé en janvier 2013,les deux parties ontdécidé de renforcer leurdialogue politique afin depromouvoir laconvergence de vues surles questions de portéemondiale et sur lespositions adoptées dans

Le Brésil a été le premier État latino-américain à reconnaître la Communautéet à se doter d'une représentation permanente à Bruxelles, établissant desrelations diplomatiques avec la Communauté économique européenne(CEE) et Euratom dès 1960. Ce n'est pourtant qu'à partir des années 1970,avec l'intensification des relations commerciales, que la CEE est devenue l'undes principaux partenaires commerciaux du Brésil; en 1973, les deuxpartenaires ont signé un accord de coopération commerciale. Avec laconsolidation de la démocratie au Brésil, les relations bilatérales sont passéesà la vitesse supérieure pour aboutir à la signature d'un accord-cadre decoopération en 1992. Cet accord, qui portait notamment sur la coopérationcommerciale, l'investissement, la finance et la technologie, faisait profiter leBrésil du système de préférences généralisées (SPG). L'accord-cadre decoopération signé avec le Mercosur le 15 décembre 1995 a encore renforcéla coopération avec le Brésil. Enfin, en 2004, un accord de coopérationscientifique et technologique a été conclu (et récemment renouvelé pourune période de cinq ans, en août 2012).

En reconnaissance du rôle accru du Brésil en tant qu'acteur de dimensioninternationale, le partenariat stratégique UE-Brésil a été établi en 2007. Aupremier sommet UE-Brésil, qui s'est tenu à Lisbonne le 4 juillet 2007, les deuxparties ont formalisé leur partenariat stratégique global en définissantplusieurs priorités d'action, notamment:

- le renforcement du multilatéralisme effectif, avec la poursuite de laréforme du système des Nations unies;

- la promotion des droits de l'homme;- la coopération sur les grands enjeux internationaux tels que la lutte

contre la pauvreté et les inégalités, les problèmes environnementaux(changement climatique, gestion des ressources en eau, protection desforêts, préservation de la biodiversité) et l'énergie;

- la coopération dans tous les domaines d'intérêt mutuel, notamment lesquestions économiques et financières, la société de l'information,l'aviation et le transport maritime, les sciences et les technologies, lanavigation par satellite, les affaires sociales et le développementrégional;

- la consolidation de la stabilité et de la prospérité en Amérique latine,notamment par la promotion concertée de l'intégration régionale ausein du Mercosur et la conclusion d'un accord d'association UE-Mercosur.

Depuis 2007, six sommets UE-Brésil ont eu lieu. Le dernier, organisé le24 janvier 2013 à Brasília, a souligné le renforcement constant des relationsbilatérales, et les deux parties ont décidé de renforcer leur dialogue politiqueafin de promouvoir la convergence de vues sur les questions de portéemondiale et de favoriser le rapprochement des positions adoptées dans lesgrands forums internationaux.

Le sommet a également salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre duplan d'action conjoint UE-Brésil pour la période 2012-2014, adopté en 2011.

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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les grands forumsinternationaux.

Ce plan prévoit une vaste série d'initiatives et d'actions communes qui serontdéveloppées dans cinq domaines prioritaires généraux5:

- la promotion de la paix et de la sécurité globale dans le cadre d'unsystème multilatéral effectif,

- le développement du partenariat économique, social etenvironnemental en vue de promouvoir le développement durable;

- la promotion de la coopération régionale,- la promotion de la science, de la technologie et de l'innovation; ainsi que- la promotion des échanges entre les peuples.

L'importance des relations bilatérales a également été soulignée à l'occasionde plusieurs visites de haut niveau. En janvier 2011 le ministre brésilien desrelations extérieures, M. Antonio Patriota, s'est rendu à Bruxelles pour sapremière visite hors d'Amérique latine depuis sa récente entrée en fonctions.À son tour, la haute représentante/vice-présidente de la Commission,Catherine Ashton, s'est rendue au Brésil en février 2012 pour y rencontrer laprésidente Dilma Rousseff et Antonio Patriota, entre autres personnalités.

5.2 Coopération

La coopération et ledialogue menés sur labase de l'accord decoopération de 1992 etdu partenariat stratégiqueportent sur plus de30 secteurs différents.

Sur la base des accords de coopération de 1992 et de 1995 et du partenariatstratégique, l'UE et le Brésil ont mis en place une vaste série de mesures decoopération et de dialogue dans de nombreux secteurs. À l'heure actuelle,30 dialogues sont en cours entre l'UE et le Brésil dans des domaines d'intérêtmutuel, sur la base des principes de réciprocité et de complémentarité etdans le but de partager des connaissances et des expériences. Les dialoguesportent sur divers sujets, allant de la gouvernance du secteur public auxdroits de l'homme, en passant par les questions économiques et financières,les politiques sociales, l'éducation, l'environnement ou encore les politiquesd'intégration régionale.

parmi les derniers dialogues lancés, il y a ceux qui portent sur les questionsd'agriculture et de stupéfiants. pendant le sommet UE-Brésil de janvier 2013,les deux parties ont décidé de renforcer leur coopération sur les questionsinternationales et sur les situations de conflit, en mettant en place undialogue de haut niveau (c'est-à-dire entre hauts fonctionnaires) sur la paix etla sécurité internationales, y compris le maintien et la consolidation de lapaix.

La coopération entre la Commission européenne et le Brésil se concentre surdeux priorités principales:

l'approfondissement des relations bilatérales par la stimulation deséchanges et des dialogues sectoriels;

la promotion de la dimension environnementale du développement

5

http://consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/FR/foraff/124878.pdf

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34

Une nouvelle phase de lacoopération UE-Brésildébutera en 2014.

durable. Dans cette logique, l'UE a apporté un large appui au programmede conservation de la forêt tropicale brésilienne, qui vise à mettre unterme à la déforestation.

En termes quantitatifs, la coopération bilatérale de la Commission avec leBrésil est relativement modeste: 61 millions d'euros ont été octroyés à lacoopération bilatérale pour la période 2007-2013 (contre 64 millions d'eurosen 2002-2006).

Parce qu'il appartient à la tranche supérieure des pays à revenuintermédiaire, le Brésil cessera de recevoir l'aide "traditionnelle" de laCommission européenne au titre de la coopération bilatérale audéveloppement à partir de 2014-2020. La coopération future sera basée surle nouvel "instrument de partenariat" introduit dans le cadre financier pour2014-2020.

Dans le domaine des sciences et des technologies, le Brésil est le quatrièmepartenaire non européen (après les ÉUA, la Chine et la Russie) des projets derecherche européens dans le cadre du 7e programme-cadre pour larecherche et le développement technologique pour la période 2007-2013.Tous les domaines de ce programme sont ouverts aux entreprises et auxorganismes de recherche brésiliens. Dans la première partie du programme,de 2007 à 2010, le Brésil a reçu des financements à hauteur de 26 millionsd'euros pour 166 projets auxquels ont participé 235 organisationsbrésiliennes. Lors du sommet UE-Brésil de 2013, il a été décidé de renforcer lacoopération bilatérale dans les domaines des sciences, de la technologie etde l'innovation, et de lui donner une orientation plus stratégique.

Par ailleurs, le Brésil a largement bénéficié des prêts accordés par la Banqueeuropéenne d'investissement (BEI) pour soutenir les investissements dusecteur privé. Le pays s'est ainsi vu attribuer près de 1,5 milliard d'euros.

5.3 Relations commerciales et investissements

Le Brésil est le partenairecommercial de l'UE le plusimportant en Amériquelatine, et le huitième auniveau mondial. L'UEreste le principalpartenaire commercial duBrésil.

Toutefois, les exportationsde l'UE vers le Brésil ontconnu une augmentationplus importante que lesimportations au cours dela dernière décennie. En

Le Brésil est le huitième partenaire commercial de l'Union européenne àl'échelle mondiale, et le plus important en Amérique latine.

La valeur totale des échanges entre l'UE et le Brésil a progressé de 91 % entre2005 et 2012, malgré la chute brutale des importations et des exportationsen 2009, provoquée par la crise économique mondiale. La croissance ducommerce UE-Brésil se révèle toutefois très asymétrique: alors que lesexportations de l'UE vers le Brésil ont plus que doublé (passant de 16 à40 milliards d'euros), les importations en provenance du Brésil n'ontprogressé que de 54 % (de 24 à 37 milliards d'euros).

Cette évolution se reflète dans l'importance relative, pour l'Unioneuropéenne, du commerce avec le Brésil: la part du pays dans le total desexportations de l'UE est passée de 1,5 % à 2,3 % au cours de cette période,tandis que la part des importations totales a stagné (elle s'établissait à 2,1 %en 2012, contre 2,0 % en 2005).

La balance commerciale a été favorable au Brésil jusqu'en 2012, année qui avu l'UE enregistrer pour la première fois un excédent commercial dans le

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

35

2012, la balancecommerciale de l'UE avecle Brésil présentait unexcédent.

cadre de ses échanges de biens avec le Brésil. Cette tendance semble seprononcer cette année: selon des données publiées par la banque centraledu Brésil, les exportations vers l'UE ont chuté de 10 % pendant les huitpremiers mois de 2013 par rapport à la même période en 2012, tandis que lesimportations ont progressé de 6 %6.

Figure 6:Commerce de l'UE avec leBrésil (millions d'euros)

-20000

-10000

0

10000

20000

30000

40000

50000

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Imports Exports Balance of trade

Source: Commission européenne, DG Commerce

Le Brésil est le principalfournisseur de produitsagricoles de l'UE.

Ces tendances illustrent le problème plus général qui touche le commerceextérieur brésilien: forte poussée des importations de produits manufacturés,et dépendance à l'égard des exportations de produits primaires. Les ventesde l'UE au Brésil se composent essentiellement de produits comme lesmachines et les équipements de transport, les produits chimiques et lesautres produits manufacturés. Le Brésil est également un marché importantpour les services commerciaux, secteur dans lequel l'UE affiche un solideexcédent commercial.

Inversement, les produits importés du Brésil par l'UE sont principalement desproduits de base, notamment des produits agricoles. En fait, le Brésil comptepour 12 % dans le total des importations agricoles de l'UE (2012) et est à cetitre le premier fournisseur de produits agricoles de l'Union européenne. Lesproduits manufacturés représentent cependant un quart environ desproduits importés du Brésil.

Le Brésil fait partie des quelques pays d'Amérique latine dont l'UE demeure leprincipal partenaire commercial, les échanges avec l'UE représentant 21 % dela valeur totale du commerce extérieur du pays en 20127.

Tableau 3:Commerce de

Importations: Exportations:

Valeur en 2012: 37 090 millions 39 595 millions d'euros

6 http://www.bcb.gov.br/?indicators7 http://www.bcb.gov.br/?indicators

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36

marchandises de l'UE avecle Brésil

d'euros

Rang de l'UE (pour leBrésil) en 2012:

1re 1re

Rang du Brésil (pourl'UE) en 2012:

10e 8e

% du total pour leBrésil, 2012:

19,9 % 18,6 %

% du total pour l'UE,2012:

2,1 % 2,3 %

Source: DG Commerce

Au cours des dernièresannées, la Commissioneuropéenne a dénoncéplusieurs mesuresfaussant les échangescommerciaux ainsi queles restrictions desimportations mises enœuvre par le Brésil.

Les négociations surl'accord d'associationentre l'UE et le Mercosur,y compris sur lalibéralisation ducommerce, approchentune étape décisive:l'échange d'offres sur

Les relations commerciales ont parfois donné lieu à des litiges. Le plusimportant, sans doute, est né de la décision de la Commission européenne,en 2008, d'imposer des restrictions sur les importations de viande bovinebrésilienne pour prévenir tout risque de propagation de la fièvre aphteuse.Plus récemment, l'UE a dénoncé les restrictions à l'importation mises enplace par le Brésil. Le dixième rapport sur les mesures susceptibles derestreindre les échanges commerciaux de la Commission européenne,couvrant la période comprise entre mai 2012 et mai 2013, souligne que leBrésil fait partie des économies émergentes qui ont appliqué le plus grandnombre de mesures susceptibles de fausser les échanges commerciaux.Selon ce rapport, le Brésil se distingue en ce qu'il a mis en œuvre les plusimportantes augmentations de tarifs et représente plus d'un tiers desrestrictions liées au commerce dans le cadre des marchés publics. LaCommission a également fait part de ses préoccupations concernant lesmesures mises en place par le Brésil afin de favoriser les exportations,considérant qu'elles faussent la concurrence. Si l'on examine les mesuresprises depuis 2008 qui sont susceptibles de freiner les échangescommerciaux, le Brésil fait partie des quatre pays ayant adopté le plus grandnombre de telles mesures (après l'Argentine, la Russie et l'Indonésie)8.

L'Union européenne est engagée dans des négociations sur un accordd'association, comprenant un chapitre sur le libre-échange, avec le Brésil etles autres pays du Mercosur depuis 1999. Les négociations ont étésuspendues en 2004 en raison de désaccords sur le commerce des produitsagricoles et des services ainsi que sur l'ouverture des marchés publics, maiselles ont été relancées à l'occasion du sommet UE-Amérique latine-Caraïbesen mai 2010. Depuis lors, neuf séries de négociations ont eu lieu. La réunionministérielle entre l'UE et le Mercosur organisée à Santiago le 26 janvier 2013

8

http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2013/september/tradoc_151703.pdf

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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l'accès au marché, commeconvenu en janvier 2013.

Selon certaines hypothèses,le Brésil pourrait chercher àconclure un accord "à deuxvitesses" afin de surmonterles réticences d'autres paysdu Mercosur moins enclinsà libéraliser leur commerce.Cette possibilité illustre lespréoccupations du paysconcernant la perte decompétitivité et l'absenced'accords entre le Mercosuret d'autres grands acteurssur le marché mondial.

Si aucun accord n'estconclu, le Brésil perdra àpartir de 2014 l'accèsprivilégié qu'il avait aumarché de l'UE au titre duSPG.

(en marge du sommet UE-CELAC) a reconnu les progrès réalisés dans lecadre des négociations, mais a également constaté que des efforts ultérieursétaient nécessaires. Il a été décidé lors de la réunion que les deux partiesdevraient commencer les travaux préparatoires en vue d'un échange d'offressur l'accès au marché, et que cet échange devrait avoir lieu avant le derniertrimestre 2013.

Au vu des faibles progrès réalisés dans le cadre des négociations entre l'UE etle Mercosur, certains rapports indiquent que le Brésil (aux côtés de l'Uruguay)pourrait chercher à conclure un accord "à deux vitesses" afin de surmonterles réticences d'autres pays du Mercosur moins enclins à libéraliser leurcommerce (l'Argentine et le Venezuela). Toutefois, aucune propositionofficielle n'a encore été faite visant à modifier le format des négociationsentre les deux communautés.

La possibilité de négociations distinctes ou d'un accord distinct fait écho auxpréoccupations existant dans les secteurs brésiliens de l'industrie et desexportations concernant la perte de compétitivité du pays, la possibilitéd'une dépendance envers les exportations vers la Chine, et l'absenced'accords commerciaux entre le Mercosur et d'autres grands acteurs sur lemarché mondial. La fédération industrielle de São Paulo (Federação dasIndústrias do Estado de São Paulo, FIESP), très influente, a récemment déclaréqu'un accord avec l'UE était nécessaire pour rompre avec la traditiond'"isolation commerciale" du Brésil, et que les négociations ne devraient pasêtre bloquées par les réticences de deux pays.

D'autres facteurs expliquant l'intérêt pour le Brésil de conclure un accord delibre-échange avec l'UE sont le lancement des négociations sur le partenariattransatlantique de commerce et d'investissement entre l'UE et les ÉUA, etl'expiration en 2014 des privilèges accordés aux exportations brésiliennesvers l'UE au titre du SPG.

Le Brésil est une destination naturelle pour les investissements européens, aupoint que l'UE est le principal investisseur dans le pays. En 2011, le stockd'investissements étrangers directs de l'UE au Brésil atteignait 239 milliardsd'euros, soit près de 39 milliards d'euros de plus que l'année précédente. Onnotera que les relations d'investissement entre l'UE et le Brésil sont marquéespar une grande réciprocité: en 2011, le stock d'IED brésiliens dans l'UEtournait autour de 78 milliards d'euros, soit environ un tiers du total des IEDeuropéens au Brésil. Certaines années, les flux d'investissements brésiliensdans l'UE ont même été plus importants que les flux inverses.

5.4 Perspectives du Parlement européen

Au fil des années, leParlement européen s'estprincipalement concentré

Le Parlement européen s'est toujours montré attentif à la situation politiqueet sociale au Brésil. Il s'est prononcé sur de nombreux sujets tels que lesenfants des rues, les brutalités policières, la corruption et l'impunité desforces de police, les menaces contre l'environnement, la violation des droitsde l'homme et les principes de l'état de droit.

L'importance de la relation avec le Brésil en tant que partenaire stratégique

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sur les problèmes sociaux,la corruption, la violationdes droits de l'homme etles menaces contrel'environnement au Brésil.

Le Parlement européen asouligné le rôle du Brésilen tant qu'acteuressentiel dans sa région etsur la scèneinternationale, et en tantque partenairestratégique de l'UE.

de l'UE a été soulignée dans la recommandation du Parlement européen auConseil sur le partenariat stratégique UE-Brésil, adoptée le 12 mars 2009, quisouligne le rôle du Brésil en tant qu'acteur important dans sa région et sur lascène internationale et en tant qu'interlocuteur privilégié de l'UE. LeParlement européen préconise que les mécanismes du dialogue politiquedécoulant du partenariat stratégique servent de tremplin aux relations avecles différents processus d'intégration régionale et entre ceux-ci, en vue derenforcer le multilatéralisme.

Dans sa résolution sur la politique étrangère de l'UE à l'égard des pays BRICSet des autres puissances émergentes (objectifs et stratégies), adoptée le2 février 2012, le PE souligne l'importance croissante du Brésil dans ledomaine de la politique étrangère (du Brésil et des autres pays BRICS),appelant à un renforcement de la coopération pour toutes les questions deportée internationale, notamment avec les pays BRICS qui partagent etrespectent les valeurs démocratiques et s'efforcent de mettre en place uneéconomie sociale de marché. Cette résolution salue le plan d'action conjoint2012-2014 pour un partenariat stratégique UE-Brésil, et les engagementsmutuels pris dans les domaines de la promotion de la démocratie et desréformes du système multilatéral de gouvernance. Il invite les deux parties àcontribuer à la réforme de l'architecture financière mondiale et rappellel'offre de la présidente Rousseff concernant le soutien visant à aider l'UE àsurmonter sa crise de la dette.

Les contacts et les échanges parlementaires avec le Brésil ont eu lieudirectement avec le Congrès brésilien, avec les membres brésiliens duparlement du Mercosur (Parlasur), et dans le cadre d'Eurolat.

L'accord de partenariat stratégique UE-Brésil comprend une disposition surles relations interparlementaires visant à renforcer les liens entre le PE et leCongrès brésilien. La coopération interparlementaire n'a cependant pasencore été institutionnalisée, même si elle a été renforcée au cours desdernières années.

Le PE déclare dans sa résolution de 2009 sur le partenariat stratégique quecelui-ci devrait instaurer un dialogue structuré régulier entre les membres duCongrès national brésilien et ceux du Parlement européen. Il ajoute qu'ilconviendrait que les institutions de l'Union européenne et le gouvernementdu Brésil puissent procurer au Parlement européen et à Eurolat desinformations régulières et détaillées sur l'état d'avancement du partenariatstratégique.

Dans le même esprit, le sommet UE-Brésil de juillet 2010 a salué leresserrement des relations entre le congrès national brésilien et le Parlementeuropéen. De même, le sommet d'octobre 2011 a décidé, d'une part, depromouvoir la collaboration entre le parlement du Mercosur et le Parlementeuropéen, et d'autre part, de soutenir les contacts réguliers entre lesmembres du congrès national brésilien et ceux du Parlement européen surtoutes les questions d'intérêt commun, ainsi que sur l'instauration d'undialogue structuré régulier entre les deux parlements. Le plan d'actionconjoint UE-Brésil 2012-2014 renouvelle l'engagement d'appuyer lapoursuite des contacts réguliers ainsi que des initiatives axées sur

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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La dernière visite du PE auBrésil a eu lieu enavril 2013 (délégation dela commission AFET).

l'instauration d'un dialogue interparlementaire structuré et régulier.

La première réunion interparlementaire entre le PE et le Congrès brésilien aeu lieu le 6 juillet 2011 à Strasbourg. À cette occasion, le débat a porté sur lesperspectives d'un accord d'association UE-Mercosur. Les députés ontexprimé leur soutien à la création d'un cadre permanent en vued'approfondir le dialogue entre le PE et le Congrès brésilien.

Les deux Chambres du Congrès brésilien ont à ce titre présenté despropositions informelles relatives à un forum de dialogue régulier avec le PE.Selon ces propositions, un forum de ce type pourrait se réunir une ou deuxfois par an pour évoquer les questions d'intérêt commun, assurer le suiviparlementaire de la mise en œuvre du plan d'action conjoint UE-Brésil, etaborder les recommandations adressées aux sommets UE-Brésil. Le forumfacilitera en outre l'échange des meilleures méthodes de travailparlementaires et, dans ce contexte, permettrait de former les agents desdeux parlements grâce au détachement temporaire réciproque dupersonnel.

La dernière visite au Brésil de la délégation pour les relations avec les pays duMercosur a eu lieu du 29 octobre au 1er novembre 2012. La délégation s'estentretenue avec diverses autorités brésiliennes (y compris les ministres desaffaires étrangères et de l'agriculture, les membres des commissions desaffaires étrangères et de la défense nationale de la chambre des députés, ladélégation du Brésil au parlement du Mercosur, etc.). Les réunions ont eupour thèmes principaux les négociations relatives à l'accord d'association UE-Mercosur, la situation du Mercosur après la suspension du Paraguay etl'adhésion du Venezuela, et le partenariat stratégique UE-Brésil. Les autressujets abordés ont été notamment les relations du Brésil avec la Chine et lesautres pays BRICS, ainsi que la situation au Moyen-Orient, notamment enSyrie.

Depuis 2010, des groupes de travail de trois commissions du PE se sontrendus au Brésil (INTA en avril 2010, DEVE en février 2011 et AFET enmars 2013).

5.5 Options stratégiques

Le dialogue concernanttoutes les questions liéesau partenariat stratégiqueUE-Brésil – y compris la

En sa qualité d'acteur le plus important dans la région et d'acteur de plus enplus puissant sur la scène internationale, le Brésil est un partenaire privilégiépour l'UE. Partageant avec l'UE des liens historiques, culturels et humainsétroits, des valeurs démocratiques, le respect des droits de l'homme et del'état de droit et l'engagement envers la coopération internationale, le Brésila plus en commun avec l'Europe qu'avec tout autre pays BRICS. Lacoopération et le dialogue avec le Brésil ont réalisé des progrèsconsidérables et portent sur un grand nombre de questions. Sur la base desintérêts communs des deux partenaires, il existe cependant une possibilitéde renforcer le partenariat dans divers domaines (sécurité et prévention desconflits, gouvernance économique internationale, énergie, environnementet changement climatique, coopération au développement, éducation,

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gouvernance mondiale etla paix et la sécuritéinternationales – doit êtremaintenu avec lesinterlocuteurs brésiliensdu Parlement européen.

Les négociations relativesà l'accord d'associationUE-Mercosur sont à uneétape décisive,immédiatement avantl'échange d'offres prévusur l'accès au marché.

Les attentes du Brésil àcet égard et les avis sur lavoie à suivre pour la suitedu processus denégociation seront lessujets principaux desdiscussions qui setiendront lors de la visite.

science, technologie et innovation, relations commerciales, etc.).

Le Parlement européen s'est toujours employé à renforcer les liens entrele Brésil et l'UE. Il devrait continuer de jouer son rôle dans le cadre dupartenariat stratégique, renforçant le dialogue avec les autoritésbrésiliennes et les représentants de la société, et travaillant en particulierau renforcement de la coopération et du dialogue avec le Congrèsbrésilien.

Un des objectifs fondamentaux du partenariat stratégique est lerenforcement de la coopération pour répondre aux défis de portéemondiale. S'il est vrai que l'UE et le Brésil partagent des valeurs et desprincipes fondamentaux en matière de coopération internationale etmultilatérale et qu'ils ont des positions proches sur de nombreusesquestions de portée internationale, des différences existent entre lesdeux partenaires, liées à l'adhésion du Brésil aux principes de non-ingérence et de non-intervention. La décision, prise en janvier 2013 lorsdu sommet UE-Brésil, d'instaurer un dialogue de haut niveau sur la paixet la sécurité internationales et sur le maintien et la consolidation de lapaix, donnera l'occasion d'approfondir le dialogue et la compréhensionmutuelle sur ces questions, qui devraient également être intégrées audialogue interparlementaire.

Un sujet qui pourrait être abordé est la lutte contre le trafic desstupéfiants (et la criminalité organisée en général), qui pourraitégalement faire l'objet d'une coopération, compte tenu de la positionstratégique du Brésil dans l'Atlantique sud.

Les autres sujets et points de vue concernant la gouvernance mondiale –y compris la récente proposition d'œuvrer à une réglementationmultilatérale de l'internet dans le cadre de l'UE – devraient être abordéslors de discussions avec les autorités et les parlementaires du Brésil.

La Commission européenne cessera d'envoyer l'aide "traditionnelle" auBrésil au titre de la coopération bilatérale au développement, et lacontribution du Brésil au développement mondial s'est égalementdéveloppée. Cette évolution met en lumière la pertinence del'exploration de nouvelles formes de coopération entre l'UE et le Brésil,notamment la coopération triangulaire au développement dans d'autresrégions d'Amérique latine et en Afrique.

La visite au Brésil intervient à une étape cruciale des négociationsrelatives à l'accord d'association UE-Mercosur, c'est-à-direimmédiatement avant l'échange d'offres prévu sur l'accès au marché. Ilconvient également d'aborder la question de la préparation de l'échanged'offres organisé au Brésil, et les interlocuteurs brésiliens doiventexpliquer quelles attentes existent de leur côté concernant le processusde négociation qui suivra. L'un des objectifs des discussions pourrait êtrede déterminer si le Brésil pourrait, à un certain stade de la poursuite desnégociations, être favorable à l'établissement de différences entre lespays du Mercosur.

Malgré l'objectif affiché par le Parlement européen de mettre en place un

Brésil: Après des années de progrès social et économique, de nouveaux défis se présentent

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dialogue structuré régulier entre les membres du Congrès nationalbrésilien et le PE – cet objectif figurant également dans le plan d'actionconjoint UE-Brésil pour la période 2012-2014 –, la coopérationinterparlementaire entre le PE et le Congrès brésilien n'a pas encore étépleinement institutionnalisée. La question de savoir comment mieuxrenforcer et développer un dialogue plus structuré entre le PE et leCongrès brésilien pourrait donc être remise sur la table, dans le but deparvenir à un accord sur les dispositions pratiques permettant deprésenter le suivi de la réunion interparlementaire de juillet 2011. Ilconvient à cet égard de souligner le besoin pour les deux Chambres duCongrès brésilien de coordonner leur position sur les mécanismes derenforcement et de développement d'un dialogue plus structuré avec lePE.

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6 Données de base

Population etgéographie

Source:

Population 201 032 714212 077 375

2013 (estimations)2020 (prévision)

Instituto Brasileiro deGeografía e Estatística (IBGE)

Capitale Brasília 3 703 312

Autres grandes villes São Paulo 19 611 862

(régions métropolitaines) Rio de Janeiro 11 793 174

Belo Horizonte 5 392 938

Porto Alegre 3 934 434

Superficie totale 8 514 877 km2

Pauvreté 20,9 % de la population en situation depauvreté (2011)6,1 % de la population en situationd'indigence (2011)

CEPALC: Social Panorama ofLatin America 2012

Espérance de vie à lanaissance

78 ans (femmes)71 ans (hommes)

Organisation mondiale de lasanté

Taux d'alphabétisation(population adulte)

90.4 % (2010)UNESCO

Économie 2013 2014

PIB (en milliards d'USD;prix courants) 2 465 663 2 623 866

FMI, base de données desPerspectives de l'économiemondiale, avril 2013

Croissance du PIB 2.5 % 3.2 %

PIB par habitant (dollars,prix courants)

12 340 12 995

Inflation 5.5 % 4.5 %

Chômage 5,6 % (juillet 2013) Instituto Brasileiro deGeografía e Estatística (IBGE)

ClassementsNom de l'indice Ordre de classement Explication et source

Indice de développementhumain

"Élevé"85e / 187; 10e / 20 (ALC)

Programme des Nations unies pour ledéveloppement, 2013.

Indice de perception de lacorruption

69 / 176; 5e / 20 (ALC) Transparency International – Indice de perception dela corruption 2012

Liberté de la presse 91e / 197 7e / 20 (ALC) Freedom House – Indice de la liberté de lapresse 2013

Compétitivité 56e / 148 5e / 19 (ALC) Forum économique mondial: rapport sur lacompétitivité mondiale 2013-2014

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"Facilité de faire desaffaires"

126e /148 14e /20 (ALC) International Finance Corporation / Banquemondiale – Indice de la facilité des transactionscommerciales

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7 Carte

Source: http://www.nationsonline.org/oneworld/america.htm