FICHE DE LECTURE Une brève histoire de l’avenir Auteur : J ...

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Master en Sciences de Gestion, mention Management, Spécialité Prospective, Stratégie et Organisation. 2006-2007 FICHE DE LECTURE Une brève histoire de l’avenir Auteur : J. ATTALI Gonzague MARTIN

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Master en Sciences de Gestion, mention Management,

Spécialité Prospective, Stratégie et Organisation.

2006-2007

FICHE DE LECTURE

Une brève histoire de l’avenir

Auteur : J. ATTALI

Gonzague MARTIN

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Une brève histoire de l'avenir

Une brève histoire de l'avenir..................................................................................................... 1

1. Biographie .............................................................................................................................. 3

2. Les hypothèses ....................................................................................................................... 5

3. Postulats ................................................................................................................................. 6

4. Résumé................................................................................................................................... 8

5. Critiques ............................................................................................................................... 19

6. Discussion ............................................................................................................................ 28

7. Conclusions .......................................................................................................................... 34

8. Bibliographie........................................................................................................................ 36

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1. Biographie En 1943 le 1er novembre , il naît avec son frère jumeau Bernard Attali à Alger en Algérie dans une famille juive sépharade algérienne. Simon Attali (son père) est un autodidacte francophile qui réussi dans le commerce de parfumerie bijouterie (enseigne « Bib et Bab ») à Alger.

En 1956 deux ans après le début de la Guerre d'Algérie (1954 à 1962), son père décide de venir s'installer rue de la Pompe dans le 16e arrondissement de Paris avec sa famille (Jacques à 14 ans), pour fuir l'indépendance Algérienne du 5 juillet 1962.

Les deux frères jumeaux Jacques et Bernard sont surdoués et suivent des études brillantes au lycée Janson De Sailly(16e arrondissement de Paris) où ils ont pour amis Jean-Louis Bianco et Laurent Fabius.

En 1963 il sort Major de Promotion de Polytechnique. (X1963).

Docteur d'État en sciences économiques, Ingénieur de l'École des mines de Paris, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (Science Po)et de l'École nationale d'administration (ÉNA)dont il sort 3eme de sa promotion en 1970(promotion Robespierre avec Philippe Séguin et Louis Schweitzer...).

En 1968, il effectue un stage d'énarque dans la Nièvre, sous la férule du futur préfet de police de Paris Pierre Verbrugghe. Il rencontre à cette occasion pour la troisième fois François Mitterrand.

Carrière politique

En 1970 âgé de 27 ans, il entre au Etat et publie ses deux premiers livres en 1972: " Analyse économique de la vie politique " et " Modèles politiques " pour lequel il obtient un prix de l'Académie des sciences.

Il est professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, à l'École Polytechnique et à l'École des Ponts et Chaussées. Il réunit autour de lui quelques jeunes chercheurs : Yves Stourdzé(inventeur du programme européen de recherche Eurêka) ou Érik Orsenna(prix Goncourten1988et conseiller spécial de Roland Dumas au Ministère des Affaires étrangères). Il développe un réseau de personnalités dans des domaines très divers (journalisme, mathématiques, show business, analyse financière) qui comme lui sont des premiers de la classe.

En 1979, il fonde l'ONG international"Action Internationale Contre la Faim".

En 1981, il propose ses services au président de la République François Mitterrand qui vient d'être élu et qui le nomme " conseiller spécial " lors de son arrivée au Palais de l'Élysée après seulement trois entrevues et l'installe dans l'ancien bureau des aides de camp qui jouxte le bureau présidentiel. J. ATTALI dispose depuis longtemps d'un solide carnet d'adresses parmi lesquels Raymond Barre, Jacques Delors, Jean- Luc Lagardère, Antoine Riboud, Michel Serres, Coluche... Il conseille au président de faire venir à l'Élysée Jean-Louis Bianco, Alain Boublil et quelques jeunes énarques prometteurs, comme le couple François Hollande/ Ségolène Royal...

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En 1982 il plaide pour la " rigueur économique ". Il rédige chaque soir des notes pour le président sur l'économie, la culture, la politique ou le dernier livre qu'il a lu ou parcouru. Le président lui confie également le rôle de sherpa (représentant personnel d'un chef d'état) pour les sommets du G7. Il organise le " bicentenaire de la révolution Française du 14 juillet 1789" et le sommet du G7 de Paris en 1982.

En 1984, il met en place le programme européen Eurêka de développement de nouvelles technologie3

En 1988, son frère Bernard Attali est nommé PDG d'Air France (jusqu'en 1993).

En 1989, il fonde un programme international d’action contre les inondations catastrophiques au Bangladesh.

Carrière financière

En 1990, lors du second septennat de François Mitterrand, J. ATTALI abandonne la politique et quitte l'Élysée. Il crée et devient le premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)à Londres dont il démissionne en 1993 (institution dont il lance l'idée en 1989 avant la chute du mur de Berlin pour aider à la reconstruction des pays de l'Europe de l'Est). Sa gestion de la BERD (notamment la construction du siège) est très contestée par certains journalistes et hommes politiques [1].

En 1994 il est président fondateur de la société internationale de conseils en stratégie spécialisée dans les nouvelles technologies A&A à Paris (A&A).

En 1998, il fonde PlaNet Finance à Paris, une association à but non lucratif de 60 employés et de 300 bénévoles dans 60 pays pour financer, conseiller et former par internet 7 000 institutions de micro finance chargée d'aider 15 à 200 millions d'humains très pauvres: " Prêter aux plus pauvres les moyens de financer leur propre travail, sans exiger d'eux d'autre garantie que leur parole ". (Planetfinance).

J. ATTALI est actuellement président de PlaNet Finance et de A&A.

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2. Les hypothèses

Ce livre est un exercice de Prospective à 2050. L'Histoire, connaît des lois et des règles, éclaire le présent et prépare l'avenir.

L'Histoire nous apprend qu'il y a un ordre dans l'évolution et un fort déterminisme .On peut prévoir assez sûrement l'avenir au regard des évènements: survenance de conditions favorables à l'épanouissement du capitalisme. Le capitalisme conduit naturellement à des dérives liées à l'individualisme, véritable danger pour la société si on n'y prend garde et qui risque d'écraser l'Homme si des esprits attentifs et vigilants ne proposent pas un modèle de société où l'économie se met au service de l'Homme (économie altruiste) et non l'inverse.

Il y a un courant historique qui est porté par le capitalisme mais qu'il convient de canaliser pour l'orienter vers une troisième voie.

L'Histoire obéit à une loi:l'homme cherche depuis toujours à élargir sa liberté individuelle .Le sens unique de l'Histoire est celui de "la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur".. Là réside tout le danger : une recherche débridée de liberté peut conduire à des excès aux issues incertaines.

On peut prévoir et orienter l'avenir.qui est prévisible car il se dégage des tendances lourdes : démographie, vieillissement, natalité, urbanisation, flux migratoires et des signaux faibles. La grande révolution due aux nouvelles technologies c'est la fin de la localisation en un seul lieu des hommes, des capitaux et des sciences.

Mondialisation et dématérialisation semblent inévitables et seuls les nomades pourront suivre ce courant d'évolution.

La prospective , outil au service de l'homme est utile car elle permet d'anticiper les dangers et donc de les éviter. L'avenir n'est pas qu'une projection. Il n'y a pas de fatalité malgré certains déterminismes et on peut influencer le cours des choses par la volonté et des projets.

La survenance probable de trois vagues imbriquées : "l'hyper-empire","l'hyper-conflit","l'hyper démocratie" vers la liberté (moteur de l'Histoire) est le scénario le plus vraisemblable mais pas le plus souhaitable et l'auteur veut nous alerter par son livre afin de nous orienter vers l'action en nous éclairant sur :comment nous en sommes arrivés là, la situation actuelle, les opportunités (..."des formidables potentialités aujourd'hui à l’œuvre") et les risques (scénarii inacceptables), les tendances lourdes , les zones de rupture possible et les points de bifurcation (élections 2007).

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3. Postulats

Dans le cas de J. ATTALI, sa biographie et sa bibliographie sont des éléments très importants pour l'approche du livre, synthèse des travaux de 30 ans de réflexion.

Jacques ATTALI est sans doute marqué par ses origines juives, son appartenance à la diaspora et à une classe de nomades, son histoire personnelle et familiale, le déracinement de l'enfance, son appartenance à la Franc- maçonnerie , sa formation, sa classe sociale , son expérience politique et de responsable d'organisme financier international, son activité de conseiller et de penseur de la politique. Ceci explique sans doute le coté systémique de l'analyse et en même temps on relève un coté dilettante du à une très grande aisance intellectuelle qui le conduisent à survoler rapidement le spectre du quotidien ("brève Histoire"). C'est pour l'auteur comme une sorte de jeu intellectuel. Il se met en scène et vise la séduction d'un public admiratif confortant ainsi son statut d'intellectuel, conseiller du parti socialiste, initiateur et héritier de la pensée mitterrandienne qu'il cherche à entretenir.

C'est un ingénieur (Polytechnicien) et donc son mode de raisonnement est technique et de synthèse contrairement à Joël de Rosnay, autre prospectiviste, qui lui est chercheur et donc plus dans l'imaginaire.

J. ATTALI est pour un principe d'action et a crée un des outils du micro crédit, ce qui montre à quel point il est convaincu de la survenance de l'économie solidaire .Il a occupé le poste de Président de la BERD et a donc une vision mondiale du système financier, de ses mécanismes, de ses effets et de ses travers .Il s'est intéressé au financement de projets et a crée Planet finance pour aider au développement par le micro-crédit, courant initié par M.YUNUS avec qui il travaille et publie afin de diffuser l’idée que pour vaincre la pauvreté , il ne suffit pas d’avoir de grands projets mais de penser à l’Homme et intervenir à tous les niveaux de la chaîne économique.

Il se fait donc ainsi le porte-parole d'une sorte de troisième voie en économie portée par la réflexion de personnalités telles que Joseph STIGLITZ et qui dénoncent les travers d'un capitalisme mondialisé, la financiarisation , le "fanatisme du marché", le dogmatisme des organisations mondiales sont préjudiciables aux peuples et aux individus. J. ATTALI rejoint STGLITZ lorsque ce dernier écrit :"Les processus démocratiques ouverts peuvent mettre des bornes à la puissance des intérêts particuliers. Nous pouvons réintroduire l'éthique en affaires. La gouvernance d'entreprise peut reconnaître les droits de ceux qui souffrent des activités des firmes, et pas seulement les droits de leurs actionnaires. Un électorat engagé et bien informé peut comprendre ce qu'il faut faire pour que la mondialisation marche, ou du moins marche mieux et exiger des dirigeants politiques qu'ils l'orientent dans ce sens là."(Un autre Monde, Paris, Fayard, 2006).

Socialiste, J. ATTALI porte naturellement le débat sur le terrain de la morale : le marché est immoral et porte en lui des tares qu'il convient de corriger. Il est conseiller du parti socialiste et il cherche à orienter son discours dans le sens de ses idées politiques.

J. ATTALI a développé tout au long de son oeuvre des thèses avant-gardistes qui se sont avérées et qui lui assurent une réputation.

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J. ATTALI a prévu un certain nombre de choses qui se sont avérées: le basculement du monde vers le Pacifique, l'instabilité financière du capitalisme, les bulles financières, la fragilité du communisme, les menaces du terrorisme, le surgissement du nomadisme, l'avènement du portable, de l'ordinateur personnel et d'internet, d'autres objets nomades, l'émergence du gratuit et du sur mesure, le rôle majeur de l'art…

J. ATTALI est un politique avant d'être un futurologue et son livre veut avoir une portée politique en particulier en cette période électorale.

D'un point de vu méthodologique: J.ATTALI affirme qu’il faut avoir le courage de choisir un scénario en prospective et non dresser l'ensemble des futurs possibles, ce qui est assez peu impliquant. L'Histoire a un sens et des lois.

Pour J. ATTALI le capitalisme ("Ordre marchand") précède et prépare la démocratie qui doit survenir, s'imposer au final et dominer la planète.

Il a une théorie de l'évolution du capitalisme fondée sur une élite et fait partie lui-même d'une hyper-élite de par sa formation et son cursus professionnel.La sociale-démocratie est le régime sur lequel le capitalisme débouchera, portée par l'élite, classe dominante.

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4 RESUME

C'est l'état de 30 ans de recherche sur d'où nous venons et où nous allons. Récit simple essayant de répondre à d'où vient l'humanité, qu'est ce qui est son moteur principal, où va t elle et quelles seront les principales étapes de ce qui nous attend dans les 50 prochaines années.

La première partie du livre résume ce qui précède notre histoire et essaye d'en dégager des règles et des lois, ce qui précède "l'ordre marchand" qui se divise lui en neuf étapes correspondant aux neuf "cœurs" avec comme moteur principal de cette histoire la conquête incessante par les hommes de la liberté individuelle.

Puis J. ATTALI nous fait une description du monde actuel et en déduit, à l'aide des lois du passé les étapes de l'avenir. Il propose un scénario en 5 étapes : 1 la prolongation pendant encore 20 ans de la domination de l'empire américain, grâce et autour des technologies de la surveillance, puis le retrait américain au profit de 11 puissances qui vont dominer le monde à diverses échelles au détriment des américains mais sans qu'aucune ne parvienne à prendre la tête, car les technologie permettront de travailler sans nécessite d'un nouveau "cœur", ensuite surviendra une victoire de l'empire marchand sur l'empire politique, c'est "l'hyper-empire" au détriments des Etats , dépassés, puis en raison des exigences de la transparence, les inégalités, la violence , la solitude, de l'illégalité en raison de la disparition des Etats et donc du droit, enfin et si nous échappons à "l'hyper-conflit", ce serait , et certains signes sont déjà présents la survenance de "l'hyper-démocratie" fondée sur un fonctionnement politique qui s'échelonne du local au mondial et sur l'économie de la gratuité, l'altruisme, qui est pour lui la seule solution pour éviter la survenance des drames voire la fin de l'histoire liés à l'hyper- conflit et aux excès de la liberté.

4.1 RESUME DETAILLE

Avant propos

C'est l'exposé résumé du livre et de son objectif.

Chapitre 1

J. ATTALI nous explique la survenance historique des trois pouvoirs :

Le pouvoir religieux, le pouvoir militaire, le pouvoir marchand

et les jeux de pouvoir et de domination entre eux. Leur observation détermine des lois que l'on retrouve tout le temps et qui permettent de prédire le cours de l'Histoire.

Il naît au cours du temps le sentiment religieux puis avec le chef l'ordre politique et ensuite le besoin de se défendre.

Avec la sédentarisation se produit une accumulation, un contrôle des richesses, la protection des moyens de production, et les voies de transport. Arrive ainsi la naissance des empires.

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Attali démontre à travers l'Histoire (Chapitre 2) du Capitalisme des origines et des "centres" (Bruges, Venise, Anvers, Gènes) qu'il est possible de prévoir suivant une certaine logique, au travers de conditions bien spécifiques, l'émergence d'un nouveau "centre" dominant du capitalisme: c'est l'extension progressive de l'espace marchand, de l'industrie, de la finance, et de la technologie qui conduit à une augmentation du niveau de vie et à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle classe dirigeante" créative,... dirigiste et libre, dans un port moderne, doté d'un vaste arrière pays agricole, d'une industrie navale, d'une industrie navale, d'une marine militaire et marchande, accueillant financiers, armateurs, marchands, innovateurs et aventuriers. Cette logique étend peu à peu le droit des salariés et fait disparaître le travail forcé. Elle prend le contrôle planétaire des sources de matière première et des marchés".

J. ATTALI distingue, dans l'Ordre marchand un cœur, un centre et un extérieur. Les mêmes causes de déclin produisent selon l'auteur les mêmes effets : une dérive des coûts de production, une baisse de compétitivité des navires de guerre et une baisse d'efficacité dans la protection des routes de navigation, un renchérissement du coût des matières produites, une augmentation des rémunérations des producteurs, une réduction de l'avance technologique entraînent la perte de la domination et le déclin.

De l'histoire du capitalisme, il convient de tirer des leçons :

• Les empires ne sont pas éternels.

• L'Etat autoritaire crée le marché, qui crée à son tour la démocratie.

• La faillite de la place financière dominante entérine la fin du "cœur"

• Le vainqueur de toute guerre est celui qui ne la fait pas ou pas sur son territoire.

• Le temps de diffusion d'une nouvelle technologie même utile est de l'ordre de 50 ans.

• Le lien entre technologie et sexualité, structure la dynamique de l'Ordre marchand.

• De nombreuses innovations importantes sont issues du travail de chercheurs payés sur fonds publics et qui débouchent sur autre chose que ce sur quoi ils travaillent.

• Le mouvement naturel au cours de siècles entraîne le passage du cœur de l'Ordre marchand de l'Est vers L'ouest du Monde dans un mouvement irrévesible, de la Mésopotamie à Los Angeles.

• Avec le basculement à l'Ouest du cœur on constate à chaque étape un élargissement de la population concernée .On voit bien ce qu'il en est de l'arrivée de l'informatique.

• La naissance d'objets nomades succède à celle de l'automobile et des objets ménagers.

• La domination de la Californie et ses conséquences sur la croissance mondiale donne l'impression de la stabilité de sa position pour longtemps. On voit cependant apparaître les premiers signes du déclin américain. L' Amérique doit se battre contre les risques qui la menacent.

• Il y a une croissance sans précédent des richesses dans le monde mais aussi une hausse des inégalités.

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Chapitre 3

Le futur est imprévisible a-priori et on peut se poser beaucoup de questions sur l'infini des futurs possibles. Mais il existe des tendances lourdes annonciatrices du déclin.

L'Histoire éclaire l'avenir et il faut faire confiance à la capacité des hommes à résoudre les problèmes techniques.

L'avenir pose des questions auxquelles il est inutile de vouloir répondre. Tous les devenirs sont possibles.

J. ATTALI dresse un tableau de la situation en 2025 sur la base d'un scénario de projection de tendance.

J. ATTALI imagine la fin du 9ième Cœur de l’ordre marchand (modèle californien) aux environs de 2030 et ce de façon inéluctable et suivant le schéma de la fin des 8 autres.

� Le bel avenir de la neuvième forme :

La supériorité américaine (Californienne) ne supporte et ne craindra aucune concurrence pendant au moins 20 ans.

Si la forme actuelle laisse penser à une domination durable du modèle, l’évolution de l’environnement mondial conduira à des changements tels qu’ils seront insupportables pour le système.

J. ATTALI propose un scénario d’évolution mondial se servant d’une projection et en y apportant la remarque de l’imprécision de la méthode.

Il voit une poursuite de la croissance mondiale, des transferts de fonds entre pays et le développement du micro-crédit. Une extension de l’économie de marché. La croissance entraîne inexorablement l’abondance et accompagne la démocratie.

Les effets positifs, généraux mais contrastés de la mondialisation porteuse d'une croissance longue.

L’espace européen restera, sauf volonté politique affirmée un espace économique mais incapable de devenir le centre par manque de dotation en institutions politiques, réforme de l’enseignement supérieur, capacité à innové du fait du départ des chercheurs, manque d’intégration des étrangers pour compenser le vieillissement et la baisse de la démographie.

L’Asie et en particulier la Chine domineront le monde. Etats Unis et Chine seront dans un rapport de dépendance mutuelle fort .La Chine s’approcherait du modèle démocratique.

L’Inde démocratique, devenue troisième puissance mondiale devra se réformer pour échapper aux problèmes assez similaires à ceux de la Chine.

Le Japon soumis au vieillissement et au déclin de sa natalité sera soumis à une perte relative de puissance économique et pourrait céder à un réflexe protectionniste.

J. ATTALI distingue un groupe de pays émergeants (Les Onze) avec comme tête de file la Corée. Le modèle coréen, supplantera le modèle US aux yeux de ses voisins à condition d’échapper au scénario de l’effondrement de la Corée du Nord ou à celui de sa dérive militaire.

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Le Vietnam deviendra la troisième puissance asiatique moyennant certaines réformes.

L’Indonésie qui aurait vocation à être une grande puissance restera soumise à des travers pénalisants.

La Russie émerge et devra faire de nombreuses réformes tout en étant menacée d'encerclement par les populations musulmanes.

L'Amérique latine (Mexique et Brésil) est instable et fragile

L’Afrique avec ses caractéristiques : pauvreté et population en croissance, richesses minières, forestières … ne réussira pas à émerger et quitter la pauvreté, du sida, du manque d’éducation, corruption, violence politique, fuite des cerveaux... .

Le monde Arabe freiné par les soubresauts de la politique et les contraintes religieuses, les luttes fratricides, restera à la traîne du développement. Iran et Turquie feront exception.

� Mondialisation et délocalisation, financiarisation et court termisme :

• Poursuite de la globalisation liée à l’ouverture de frontières et à la mondialisation et donc des délocalisations vers l’Asie du SE puis l’Inde des usines, centres de recherche …. L’industrialisation de l’agriculture continue de réduire le nombre d’agriculteurs. Les entreprises auront un rôle de coordination et se spécialiseront dans les services (marketing, com, sav, études…).

• Accélération de l’innovation et baisse de la durée de vie des objets.

• Allongement de la durée de la vie, moindre distinction entre vie professionnelle et vie personnelle, consommation, individualisme, outils de communication reliant les personnes en permanence au sein de réseaux, fragiliseront le lien social.

La principale caractéristique de ce monde émergent est le nomadisme qui modifiera nos comportements, nos habitudes, nos lois et nos moyens de transport et les produits, nos moyens de communiquer de notre quotidien. Naissance d'objets nomades.

L'accès à la culture, devenu un droit revendiqué par tous.

Montée de la consommation et du sentiment d'insécurité.

Rôle prédominant des sociétés d'assurance et de divertissement pour échapper au sentiment d'insécurité et au présent.

Véritable révolutions des média : personnalisation, combinaison, instantanéité, gratuité, permanence. Passage à la 3D.

Robots domestiques, RFID, domotique…

Les conséquences du vieillissement de la population lié à la baisse de la natalité:

• -baisse de population

• -problème du financement des retraites et des soins

• -changement des comportements et des mentalités

• -arrivée de nouveaux produits et services.

• -immigration et brassages de populations à l'échelle des continents .

• -croissance urbaine: véritable défi nécessitant une politique de la ville.

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Les tentions sur les matières premières pose la question de leur épuisement et de leur accessibilité mais l'histoire nous montre que nous avons toujours su trouver de nouvelles ressources encore abondantes .Il existe des resserves.

Pétrole et gaz sont en abondance: J. ATTALI rejoint en cela M GODET .La planète regorge de pétrole cher. Il est cependant nécessaire de se préoccuper des énergies de substitution dès à présent et plus encore de l'avenir de la forêt comme élément régulateur de la pollution et du réchauffement climatique et de sa conséquence principale sera la rareté de l'eau et une menace grave sur le milieu animal. Il convient de parier sur les nanotechnologies et les biotechnologies pour palier aux raretés et dépasser les limites technologiques actuelles et aboutir à des innovations majeures.

Page 181-182 : J. ATTALI procède à une description de la situation telle que nous l'avons décrite dans l'exposé sur management et leadership, perspectives pour les sciences de gestion dans sa partie contexte.

• Financiarisation de la société

• Court termisme

• Transparence

• Volatilité

• Compétition

• Le savoir comme garantie d'employabilité

• La formation comme nécessité face à la rapidité de l'innovation

• Le report de l'age de la retraite lié au vieillissement de la population et l'aménagement du temps de travail en fonction de l'age et de l'expérience.

• Le rôle central des consommateurs dans le cadre d'un marketing relationnel et de la co-conception des produits.

• L'augmentation de l'endettement lié à la consommation. De nouvelles formes de crédits et de garanties (hypothèques)

• Le nomadisme des travailleurs et la précarisation des contrats.

• Les tendances actuelles (individualisme, solitude, hédonisme, culte du corps, précarité des relations humaines, ...) s'accentuent

• Augmentation des distances entre les lieux de vie et lieux de travail, mobilité, confusion travail loisirs vie professionnelle et vie personnelle.

• Le transport aérien augmente.

• Avec la mondialisation naît la nécessité d'une formation dans divers pays. Les réseaux de transport et les moyens se multiplient.

• On ne parle plus du droit de propriété mais du droit à l'accès (aux données et informations, ...)

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• La mondialisation et les délocalisations permettent de commercialiser des produits et services moins coûteux et en particuliers de services (éducation, santé, sécurité) auprès de société financières(banques, assurances) privées et qui l'emporteront en puissance sur les Etats.

• L'industrie du loisir sera le deuxième pôle de consommation mondial.

• L'ubiquité nomade:

• Accessibilité généralisée au net et miniaturisation des terminaux multifonctions.

• Personnalisation des outils sur Internet.

La télévision regardée sur des objets mobiles est personnalisée, dématérialisation des journaux et spécialisation. Généralisation des blogs et confusion des médias. médias gratuits, participatifs, personnalisés.

La 3 D se généralise. Les robots-ménager équipent les foyers et participes à la surveillance en réseau.

La traçabilité s'effectue au moyen de la RFID et du GPS.

En 2030, poussé à son extrême l'Ordre marchand devient "hyper surveillant".

Le vieillissement de la population mondiale aura des conséquences en terme économique, social, financier, organisation, consommation, migratoire, urbain.

Les flux migratoires massifs modifieront de façon importante les territoires. L'amérique, habituée à l'intégration de populations originaires de diverses régions du monde renforcera son pouvoir .

Migration de travail pour les uns ou de confort pour les autres ou encore d'opportunisme (effet d'aubaine fiscale, légale, culturelle, climatique)

La croissance urbaine sera très importante et difficilement gérable.

Il y aura des mouvements migratoires massifs, de colonisation, de repeuplement sur tous les continents. L'Amérique du Nord restant une destination prisée et maintenant le dynamisme grâce aux afflux de populations immigrées légales ou non.

France et Grande Bretagne s'ouvriront assurant ainsi le financement des retraites.

� D'indépassables raretés :

Malgré l'augmentation des besoins en énergie et un doublement des prévisions démographiques entraînant un doublement des besoins de matières premières, la terre, les océans et la lune regorgent encore de matières premières.

Pétrole: les réserves sont plus limitées que pour le gaz. Mais la planète est comme le dit M.GODET, pleine de pétrole cher!

Le nucléaire est une alternative à l'épuisement des ressources alors que l'énergie solaire et les autre sources d'énergie ne peuvent prendre le relais.

L'énergie de plus en plus coûteuse devra être économisée et cela favorisera les échanges de données plus que les déplacements physiques.

L'augmentation de la population entraînera la diminution des surfaces cultivables et donc la nécessité de productions plus importantes sur des surfaces plus faibles et donc l'utilisation de plantes génétiquement modifiées. La déforestation et l'augmentation de la production de gaz rejetés dans l'atmosphère augmente le réchauffement et affecte la couche d'ozone tout en réduisant la surface glacière, en augmentant les surfaces désertiques et le niveau des océans.

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De nombreuses espèces animales sont menacées et disparaissent , l'espèce humaine étant elle-même menacée.

Pour faire face aux diverses pénuries (eau, énergie, espace...) il faudra faire des progrès grâce aux nanotechnologies et aux biotechnologies.

L'aversion au risque poussera les entreprises à privilégier les revenus de la spéculation financière à la prise de risque technologique.

� La seule vraie rareté: le temps

Le temps est la seule chose que l'on ne peut produire et tous les efforts pour contourner la question (stockage massif) ne pourront pas la résoudre. L'allongement de la durée de vie et une plus grande efficacité dans les actions quotidiennes permettront de gagner du temps.

� La fin de la neuvième forme

Si l'équilibre des relations et des rapports de force entre les USA et le reste du monde est déjà programmé, la fin du système sera du à l'indépendance des entreprises virtuelles via le poids d' internet hors USA, les délocalisations, la perte d'indépendance financière des entreprises aux mains de fonds de pension étrangers, les exigences du court termisme en matière de rentabilité des capitaux.

La perte de confiance du reste du monde dans la stabilité du système financier et le crédit américain, associé à l'entêtement des ménages et au financement externe de la dette, à la baisse des rendements des capitaux.

S'en suivra une crise du type de celles qui ont affecté les autres centres au cours de l'histoire.

Une dixième forme marchande est -elle possible ?

Il serait illusoire de croire que l'Ordre marchand dans sa neuvième forme échappera au déclin. Si l'Histoire a un sens et que les cycles se reproduisent comme par le passé, il est probable qu'une dixième forme apparaisse et sans doute une nouvelle fois aux Etats Unis grâce à sa formidable capacité de réforme. Cependant la tentation isolationniste et le protectionnisme pourrait conduire à une perte d'hégémonie des USA, inconcevable aujourd'hui en raison de l'écrasante et indiscutable domination qui pourrait laisser croire à l'irréversibilité de la situation .Un vaste tour d'horizon mondial des autres "cœurs " possibles ne laisse pas d'autre constat qu'un maintien probable en Californie ou un éclatement- dissémination favorisé par les nouveaux moyens de communication.

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Chapitre 4

La théorie de la fin de l'Histoire est fondée sur une généralisation de la démocratie dans le monde grâce à l'expansion du capitalisme.

Il apparaît assez clairement que le scénario de la diffusion du capitalisme est le plus probable conduisant à l'Ordre marchand "polycentrique" à l'horizon 20025-2035, une démocratie de marché et ensuite à un marché sans démocratie.

La démocratie l'emportera dans un premier temps dans les pays qui se seront dotés des outils propres aux autres démocraties et dans le cadre d'une assistance de ces dernières comme modèle. Puis le marché l'emportera sur la démocratie car il ne connaît pas de limites ni de frontières.

Peu à peu la sphère privée l'emportera sur la sphère publique grâce aux outils de surveillance, la miniaturisation, les objets de communication nomades, internet au détriment des plus pauvres qui verront les prix des services augmenter et les impôts diminuer.

La privatisation du contrôle et l'aversion au risque se traduira par l'édiction de normes par les assureurs. Ces normes de plus en plus contraignantes concerneront les particuliers mais aussi les entreprises. Contrôle, autocontrôle et auto surveillance seront accompagnés de systèmes d'auto réparation des objets et des personnes.

� La déconstruction des Etats :

Le secteur privé renforcé par la privatisation des services influencera les citoyens dans le sens de son renforcement et au détriment des Etats. Les individus et les entreprises apatrides et mobiles s'affranchirons des contraintes locales pour saisir les aubaines qui se présenteront. La baisse des services publiques et leur privatisation supprimera les formes de redistribution qui assurent la solidarité:conséquence baisse de pouvoir d'achat et précarisation.

Les partis politiques impuissants seront incapables de s'opposer au phénomène de privatisation et à l'avènement de "l'hyper-empire".Les USA ne seront pas épargnés.

La marchandisation absolue du temps:

L'individualisme, la compétition, la consommation domineront la vie quotidienne. La société du spectacle comblera la solitude.

� Les entreprises nomades :

Les entreprises, en forte compétition seront soit principalement des micro- entreprises multinationales éphémères soit des structures mobiles et flexibles, multiculturelles s'adaptant aux marchés par un marketing relationnel et une forte créativité. Assembleur de produits sous traités, leur savoir-faire réside dans la communication autour de leur marque.

D'abord américaines et européennes, elles deviendront nomades et organisées en réseaux d'entreprises locales, capables de créer leur propre monnaie d'échange.

Apparaîtront aussi d'une part des entreprises profitant de l'affaiblissement des Etats et mêlant activités légales et illégales et d'autre part des entreprises à but non lucratif (relationnelles) en remplacement des fonctions abandonnées par l'Etat.

Les maîtres de l'hyper-empire: les hyper nomades.

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Une population élitiste d'indépendants de haut niveau, mobile géographiquement et dans leurs liens avec les entreprises constituera la classe dominante.

Les nomades virtuels: des sports au spectacle vivant

La classe la plus importante sera la classe moyenne plus sédentaire mais contrainte par le effets du nomadisme, cible principale des l'industrie de l'assurance et du spectacle.

Les victimes de l'hyper-empire: les infra nomades

Plus de la moitié de la population vivra dans des conditions de grande pauvreté et sera maintenue dans cette situation à cause de la disparition des Etats. L'Armée fragile et désespérée est offerte à toutes les tentations.

� La gouvernance de l'hyper-empire :

L'affaiblissement de l'Etat entraînera le chaos et des entreprises de régulation (banques et assurances) édicteront et feront respecter des règles(normes) pour réguler le système au niveau mondial.

La fin de la liberté, au nom de la liberté.

En 2050 le système poussé à l'extrême butera sur des limites physiques, techniques, humaines, morales.

Chapitre 5

La disparition d'un acteur majeur de la régulation des conflits (la Russie), l'émergence de pays potentiellement en conflit avec leurs voisins pourrait conduire à des guerres entre Etats.

Pour J. ATTALI l'espoir du XXIème siècle est bien de voir les phases d'évolution de l'hyper-empire et de l'hyper-conflit se réaliser pour ensuite donner lieu à l'hyper-démocratie.

J. ATTALI met son analyse prospective au service de l'action politique et s'interroge sur la capacité de la France à survivre aux trois phases qu'il anticipe.

Il fait un bilan négatif et sévère de l'Etat de la France et se pose en concertiste de la théorie des déclinologues. Néanmoins il est encore possible de réagir.

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Chapitre 6

Troisième vague de l'avenir : l'hyper-démocratie

Face aux risques et au désordre du monde, aux chocs prévisibles des deux premières vagues , il faut envisager et préparer l'arrivée de l'hyper-démocratie.

� Le choc démocratique

S'il est possible d'envisager un monde meilleur au regard des progrès qui nous sont proposés, les mauvaises nouvelles sont un moteur du changement vers l'hyper-démocratie .Une nouvelle génération d'entrepreneurs, les transhumains à la tête d'entreprises relationnelles moins centrées sur le profit que sur le bien-être commun feront émerger de nouvelles institutions.

L' avant-garde de l'hyper-démocratie: transhumains et entreprises relationnelles.

Les trans-humains, être avant tout altruistes seront des créateurs de lien social, de services non marchands et capable de répondre aux excès du marché par la démocratie et font espérer en un "gouvernement mondial", l'hyper-démocratie.

� Les institutions de l'hyper-démocratie

De la ville jusqu'à l'échelle mondiale, la démocratie se répandra et un véritable gouvernement mondial se mettra en place.

La place du marché dans l'hyper-démocratie:

Le marché, contingenté par l'hyper-démocratie trouvera des opportunités à s'allier avec l'économie du gratuit jusqu'à arriver à un certain équilibre.

Le résultat collectif de l'hyper-démocratie: le bien commun, dont l'intelligence universelle.

L'intelligence commune aboutie, donnera naissance à l'hyper- intelligence voire à son stade ultime à l'hyper intelligence du vivant.

Le résultat individuel de l'hyper-démocratie:

les biens essentiels, dont le bon temps.

L'hyper-démocratie ne produira pas que des biens collectifs mais aussi individuels. Ces biens (éducation, santé.....) propres à une meilleure qualité de vie serviront le bien commun et chacun aura intérêt à en faire profiter le plus grand nombre.

� Le détournement de l'hyper-démocratie :

De multiples tentatives seront lancées, par des acteurs (chercheurs, gourous, politiciens,...) qui n'y trouveront pas intérêt pour faire échouer le projet de l'hyper-démocratie.

Mais, on peut espérer et croire en la réaction aux menaces des deux premières vagues pour faire réagir les hommes et provoquer l'arrivée de l'hyper-démocratie.

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Chapitre 7

Une brève histoire de l'avenir français :

Un constat, la France va mal et risque de disparaître emportée par le flot de l'avenir. Jamais la France n'a su saisir sa chance et devenir le "cœur" en raison de faiblesses dont elle ne s'est jamais séparé. Elle possède suffisamment d'atout pour aborder l'avenir avec succès.

� Le déclin français

S'il est encore relatif, le déclin français est bien réel et malgré un vieillissement moins important que dans les autres pays européens, il conduira à de nombreuses inégalités, à une baisse de la croissance, au problème du financement des retraites, un alourdissement de la dette et en conséquence une augmentation des impôts. Tout ceci aurait des conséquences sociales multiples.

� Demain, la crise

Si rien n'est fait pour enrayer le phénomène, l'environnement européen (U.E; Banque Centrale) exigera des corrections et alors s'enclenchera le cercle infernal des ajustements à la baisse: dette, investissemenrs, prestations sociales, fuite des cerveaux, crise de confiance, baisse de la productivité, de la production et des revenus, des sources de financement des infrastructures adaptatives au progrès technique et technologique...Dans 15 ou 20 ans, au pire moment, celui de la fin du 9ième coeur , la France risque de se disloquer.

L'élection présidentielle est sans doute la dernière occasion de tirer la sonnette d'alarme et de faire quelque chose autour d'un vrai projet d'avenir au-delà des partis politiques.

� Rendre au pays ce qu'on lui a pris

Le courage des politiques sera de faire et dire le bilan de la France, d'expliquer les risques et les enjeux. Ensuite, il faudra créer un consensus autour de réformes importantes trop longtemps repoussées. Il faudra rétablir à court terme les finances publiques, rendre les institutions plus efficaces et limiter les gaspillages, réorienter certains budgets, réduire les échelons de représentation intermédiaires, généraliser l'usage des nouveaux outils de communication dans l'administration, envisager les investissements imposés par l'avenir.

� Permettre au pays de tirer le meilleur de l'avenir : les réformes proposées :

• -promouvoir les technologies de l'avenir

• -creer une societe equitable

• -renforcer l'efficacite du marché

• -créer, attirer et retenir une classe creative

• -renforcer les moyens d'influence et de la souverainete

• -faire naitre l'hyper-democratie

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5. Critiques

D'un point de vue méthodologique, peut-on assimiler la démarche de J. ATTALI à celle des futurologues du type A.TOFFLER ou à celle d'un prospectiviste ?

J. ATTALI a mené une réflexion de long terme dans des ouvrages tels que "Fraternités", "La voie humaine" et bien sûr "l'Homme nomade"en 2003, qui était une grande fresque historico-scientifique de l'histoire de l'humanité depuis ses origines à nos jours. Avec "Une brève histoire de l'avenir", Il reprend tous les thèmes de "L'Homme nomade", saga historique et moderne du nomadisme sous ses formes réelles et symboliques. Il donne une perspective d'avenir et un large regard de prospectiviste.On peut, cependant, reprocher une certaine superficialité et des raccourcis faciles tout au long du livre qui laissent sur une frustration ou dans l’attente d’une suite.

En soit , ce livre n'apporte rien de nouveau sur la methode ou les informations dont on ne connaît pas la source et assenées telles des véritées invérifiables pour qui n’a pas accès à certaines sources mais sans aucun doute puisées dans le programme du Millenium project des Nations Unies et si ce n'est dans la fixation plus ou moins floue de la date de la survenance de « l'Hyper- démocratie ».L’intentionnalité ne saurait suffir à une démonstration non partisanne ou à un véritable travail de prospective.Tous les grands thèmes et concepts sont déjà présents dans "l'Homme nomade" et seul l'enchaînement clair des phases allant de "l'Hyper empire" à "l'Hyper conflit" menaçant à « l'Hyper- démocratie » nous donne une précision sur la pensée de l'auteur. La nouveauté réside dans l'idée de polycentrisme qui est évoquée comme succédant à la fin de "l'hyper-empire" grâce à internet. Ce qui est aussi nouveau c'est la formule "hyper-démocratie" qui vient préciser ce qui était ébauché dans les dernières pages de "l'Homme nomade".

J. ATTALI dresse chaque fois une grande fresque très technique et documentée. Il se sert de descriptions puisées dans l'histoire pour en tirer des tendances d'avenir et des théories par association. Il fait un détournement de sens, une métaphore pour justifier le continuum (nomadisme réel , géographique et nomadisme grâce à internet) ou mieux utilise des oxymores en évoquant le " nomadisme immobile" avec les jeux , il avait déjà consacré un chapitre sur le "Voyager en sédentaire" dans l'Homme nomade.

La critique que l'on peut faire concerne la longue énumération de faits et d'affirmations de toutes sortes mais qui sont un survol très vaste sans véritable démonstration ni approfondissement. La vision de J. ATTALI est celle d'un structuraliste rationaliste.

Critique de l'Avant propos

J. ATTALI fait un résumé de sa méthode, assez proche de celle des prospectivistes de l'Ecole Française de prospective.Il utilise les principes de G.BERGER : voir loin , large, prendre des risques et penser à l’Homme mais n’applique pas celui de voir profond . On peut donc dire que nous avons un livre qui fait le point de la situation et sert d’outil pour véhiculer une conviction et nous faire réagir face à l’avenir.

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Il adopte d'emblée une position cohérente par rapport à son œuvre littéraire en défendant l'idée qu'il existe un sens de l'Histoire. Sa position est très tranchée puisqu'il n'hésite pas à écrire que ce sens de l'Histoire est unique et que rien, pas même les soubresauts les plus graves, n'est venu troubler le destin irrémédiable de l'humanité dans sa quête de la liberté. Il se refuse à adopter une attitude de futurologue en rejetant leur méthode et en critiquant le principe plus prudent de la projection tendancielle (production de discours selon lui) qu'il adoptera malheureusement tout au long des chapitres suivants.

Il reconnaît bien volontiers toute la difficulté de l'exercice de prospective tant il y a des zones de ruptures dans l'Histoire qui en ont modifié le cours ou l'on fait bifurquer vers l'inattendu.

J. ATTALI adopte une position humaniste fondée sur une confiance dans l'Homme et sa recherche de liberté individuelle qui l'a conduit à innover pour dominer le monde et ainsi mieux maîtriser son destin. Partant, selon lui, l'humanité éclairée peut, sous la conduite d'une élite échapper à la fatalité et à l'obscurantisme du passé. Il croit dès lors en la possibilité de maîtriser ou du moins d'orienter favorablement le cours des choses dans une attitude pro-active. S'appuyant sur le passé et sur un présent porteur de futurs potentiellement inquiétants pour la liberté (envahissement de la marchandisation de toutes les sphères de la vie des individus, paupérisation, renforcement des inégalités, montée de la violence porteuse de conflits et de déstructurations...).

Du point de vue méthodologique, l'acceptation du double postulat de l'existence d'un sens unique que J. ATTALI donne à l'Histoire permet de définir un but et le chemin pour y parvenir en étant capable d'orienter les hommes à condition qu'ils soient eux-mêmes raisonnables et conscients des opportunités et des risques.

Pour étayer sa théorie, J. ATTALI balaye le champs des possibles et envisage un scénario global avec des enchaînements résistibles: deux pessimistes, vraisemblables et probables car déjà en gestation comme le répète J. ATTALI et qui débouchent sur un idéal, utopique, souhaité.

Il nous montre comment ces phases peuvent éventuellement survenir et s'enchaîner et comment faire pour éviter le danger volontairement souligné, qu'elles représentent à condition que surviennent le sursaut et le réveil des lecteurs et des peuples conduisant au scénario idéal (Hyper-démocratie). Autant il fixe une image, cible idéale à atteindre autant les voies, la stratégie reste inexistante comme dans une sorte d'aveu implicite d'impuissance.

J. ATTALI adopte une attitude prospectiviste chère aux prospectivistes, fondée sur "L'avenir raison d'être du présent" et "le rêve féconde l'avenir"(Utopie).

« Une brève histoire » se veut une suite et une évolution de sa pensée et ouvertement un manifeste politique en tant qu'il souhaite orienter l'avenir en se basant avec le présent.

L'Avant propos se suffit à lui-même pour saisir le fil de la pensée de l’auteur et résume parfaitement le livre qui est au travers des chapitres met en cohérence l'ensemble des informations pas toujours disponibles au public mais qui prend un relief plus précis avec J. ATTALI.

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La méthode utilisée qui s'attarde sur un ensemble de constats assez inquiétants sur ce qui nous menace déjà, ne nous permet pas de classer véritablement J. ATTALI dans une école spécifique de prospective même s'il pourrait relever de celle de la prospective du présent.

Chapitre 3

J. ATTALI adopte un point du vue tendanciel ce qui le conduit à considérer que l'Europe ne pourra guère évoluer. Il semble adopter du point de vue des américains qui redoutent l'arrivée d'une Europe forte politiquement. Ce mode de projection, s'il est accepté nous laisse sur notre faim et J. ATTALI lui-même prend soin de moduler les conclusions que l'on peut tirer de ce type de prospective.

P 167 :

le discours de J. ATTALI nous laisse perplexe car il nous dresse un tableau réaliste de la suprématie actuelle des USA dont il ne voit pas de déclin possible sauf à ce que survienne les phases de "l'hyper- empire" et/ou de "l'hyper-conflit".Il ne laisse d'autre option que ce déterminisme prospectif, ce qui est gênant d'un point du vue méthodologique. En effet, les perturbations possibles qui peuvent survenir et retarder l'arrivée de l'un ou l'autre des phases envisagées, ne sont pas de nature à modifier le cours des choses, tout juste à les retarder.

Le scénario non évoqué, cher à M GODET, qui, dans un souci de rigueur prend en compte la survenance de ce à quoi on a pas pensé et qui reste probable sinon possible, ne figure malheureusement pas dans la proposition du livre renforçant son coté déterministe bien que souvent il soit fait mention de façon assez contradictoire de la survenance possible d’évènements multiples pouvant accélerer ou invalider le schéma retenu.

Il est étonnant également de constater que pour J. ATTALI seule la croissance économique engendre la démocratie. Le politique ne semble pas pouvoir agir ou sinon là où l'économique s'efface. Le jeu mécaniste des acteurs que sont le marché et la démocratie semble se produire sans autre forme d'intervention. Ceci est caricatural et assez peu vraisemblable. Il convient de noter que le rôle de régulateur de l'Etat n'entre pas en ligne de compte sauf dans une perspective de gouvernance mondiale qui ne serait qu'une émergence, un bouclier garant de la démocratie mondiale arrivée à son apogée.

Or il apparaît bien de nos jours que les Etats se servent de leurs moyens de pression pour imposer des concepts : Axe du Mal et justifient leur intervention au nom de principes (liberté: guerre du Golfe, Irak, justice: droit d'ingérence, ...) .Ils mettent à leur service la force de leurs économies pour agir et on ne voit guère de systèmes économiques produire des concepts et utiliser les Etats à leur service. Les idéologies peuvent même rejeter les principes du capitalisme libéral pour atteindre les principes de démocratie d'autres pays comme dans le cas de la lutte entre Al Quaïda et les USA. Le suicide des plus pauvres et l'usage de la terreur donnant à leur cause une valeur équivalente (à leurs yeux et à ceux qui les regardent) à celle sensée être véhiculée par "l'hyper-puissance".C'est plus alors le rejet du modèle économique, social et avant tout religieux qui est le moteur de l'affrontement.

La survivance du système américain à l'issu du choc du 11 septembre en plein cœur du système économique et financier nous montre que les sociétés sont autre chose que leur modèle économique et qu'elles véhiculent des valeurs partagées plus fortes que celles plus ou moins acceptables du modèle économique qu'elles abritent. Ceci peut expliquer le paradoxe vécu par la Chine qui est capable de se prévaloir du communisme et vivre dans certaines de ses régions un capitalisme débridé lui-même capable de lutter et de remettre en cause la puissance dominante des USA.

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Le système économique serait comme un terrain d'entente, un moyen de rapprochement entre nations idéologiquement opposées.

C'est pourquoi il est concevable que l'avenir puisse se faire avec une cohabitation de systèmes organisés autour d'idéologies différentes à condition que le flux de biens et de services entre ces systèmes soient libre de circulation et servent de bain amortisseur de frictions comme dans les systèmes mécaniques en rotation ou les systèmes organiques (cellules se déplaçant dans le liquide intercellulaire).L'évolution se ferait plus par adaptation que par chocs et disparition d'autant que les peuples savent aujourd'hui qu'ils peuvent disparaître pour de multiples raisons: guerres, pandémies, famines, terrorisme..

Le libéralisme apparaît comme un modèle aux yeux de certains mais ce ne serait que la production neutre d'un modèle social capable de s'adapter et donc de survivre car justement non porteuse d'idéologie. L'effondrement des empires serait plus du à la rigidification des pensées et des actes autour d'une idéologie politique que la prééminence du capitalisme libéral. Ainsi le système social communiste de l'URSS s'est effondré par manque d'adaptation des politiques qui sont arrivées à rejeter les principes de satisfaction de la demande en interne.

L'adhésion volontaire, le regroupement autour du drapeau, tellement significative des américains lors des évènements du 11septembre, leur attachement indéfectible aux valeurs de liberté même et au delà de la contestation de la guerre en Irak sont des signes de l'importance des valeurs partagées, autres qu'économiques et de l'erreur de cible des terroristes qui se sont attaqués à des biens matériels certes provoquants mais porteurs d'autres symboles autrement fédérateurs. Ceci explique aussi pourquoi l'économie US n'a jamais été aussi fortement en croissance alors qu'on aurait pu imaginer un choc traumatique plus long. En ce sens c'est la mobilisation consciente ou non autour des valeurs démocratiques qui a favorisé le développement du système capitaliste libéral.

J. ATTALI croit-il en une espèce de "darwinisme social" (sélection naturelle du système le mieux adapté) ou s'inscrit-il dans le courant évolutionniste?

Il semble se situer entre les deux puisqu'il nous montre la survivance au travers de l'Histoire du système capitaliste libéral alors que les autres systèmes se sont effondrés ou ont disparu par manque d'adaptation mais il est dans une perspective évolutionniste également car il nous présente une extension de la démocratie à chaque arrivée d'un nouveau "cœur".

Il part du principe que le libéralisme économique est le moteur du changement et qu'il porte en soi les valeurs démocratiques (croyance des US !!) propres à l'établissement de l'idéal social qu'il qualifié "d'hyper-démocratie".

Il nous présente une théorie du changement dans l'organisation sociale, économique, politique du Monde. L'Histoire ne serait que l'histoire du capitalisme et de l'avènement de la démocratie forme ultime et totalement aboutie de l'organisation appelée à perdurer contrairement aux autres formes ou modèles et représentations de politique et sociale. J. ATTALI adopte une théorie assez commode pour sa démonstration qui s'apparente à celle de l'écologie des populations d'organisations proposée par Hannan et Freeman.

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Sous l'effet de changements internes et externes au système des variations vont survenir dans et hors de l'organisation. Intervient ensuite une phase de sélection entre les organisations existantes et celles qui naissent des variations en question. Les organisations adaptées sont retenues.

Le modèle de l'écologie des populations d'organisations ne prétend pas que le changement social doive suivre son propre cours naturel pour le meilleur et le bien général sans aucune intervention extérieure. J. ATTALI adopte ce modèle en nous rappelant qu'au cours de l'Histoire une classe élitiste a toujours su vivre et faire évoluer en le développant, l'Ordre marchand.

Des critiques peuvent être formulées à l'encontre de la vision déterministe de l'évolution de l'Ordre marchand utilisés par J. ATTALI.

En adoptant un principe qui s'apparente à la théorie de l'écologie des populations: L'Ordre marchand se reproduit, s'apte aux variations des conditions de l'environnement qui l'a porté. Il a grandit à chaque nouvelle étape et devrait se dupliquer dans le polycentrisme par mimétisme et disparition de contraintes matérielles qui imposait un uni centrisme.

Il convient ici d'accepter que cette théorie s'applique à des organisations de taille importantes voire aux sociétés, au sens de groupe social à l'échelle d'un pays ou d'un continent : Pays, nation….

"Le changement n'est pas forcement considéré [dans la théorie de l'écologie] comme automatiquement dans le bon sens, ou positif ou équivalent à un progrès. Les variations qui accroissent les chances de survie d'une forme d'organisations seront sélectionnées positivement, retenues et reproduites à de fortes probabilités. Cela ne veut cependant pas dire que cet ordre nouveau soit meilleur que ce qui précédait et que les variations retenues soient un progrès sur l'état précédent, à moins que l'observateur n'ait pris une décision arbitraire implicite préalable sur ce qui constitue un progrès ou non. Cela sera seulement à cause de sa pré-conception implicite de ce qui est bon ou mauvais, souhaitable ou non. Enfin cela ne veut surtout pas dire que l'évolution va vers un but pré-établi, qu'il soit souhaitable ou préférable ou non. Le modèle n'admet ni objectif final, téléologique, ni <<grand maître plan>>, ni guidage externe. De même qu'une variation sélectionnée positivement ne signifie pas un progrès par rapport à l'état précédent, elle ne signifie pas non plus un pas vers un objectif final quelconque. Il s'agit simplement d'un changement. Ceci ne veut pas dire non plus que les variations soient sélectionnées positivement ou négativement totalement au hasard. Sont sélectionnées celles correspondant à une meilleure adaptation à l'environnement mais non en fonction d'un quelconque <deus ex machina>.Bien entendu, l'environnement lui- même varie dans une mesure tout aussi exempte de valeurs ou d'objectifs"(ROJO, in Théorie des organisations, 2005).

On peut admettre d'autre part, suivant en cela J. ATTALI qu'il soit envisageable de retenir l'hypothèse d'une sélection par adaptation d'une forme d'organisation en raison de son succès antérieur et partant son expansion à une plus grande échelle pour autant qu'elle trouve suffisamment de ressources pour assurer sa survie à l'échelle qu'elle atteint.

Si on peut parler avec la théorie de l'écologie, d'un modèle déterministe, à contrario, l'évolution aux adaptations aux changements internes et externes peut aussi être du au hasard en ce qui concerne l'apparition des nouvelles conditions. J. ATTALI évoque à plusieurs reprises les multiples accidents de l'Histoire et ceux qui ne manqueront pas de survenir à l'avenir mais ne doute pas de l'arrivée de la sociale démocratie voire de quelque chose d'autre comme l'Utopie évoquée dans Fraternités.

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Page 228 et suivantes:

J. ATTALI nous entraîne dans une manipulation en se servant du sens de l'Histoire et en mêlant une certitude qui est la disparition de la 9ième forme. Il donne au mot "sens de l'Histoire" une signification d'éternel recommencement (cyclicité) que rien ne permet de justifier. Dès lors, il a beau jeu de prédire l'avenir comme une forme expansée du passée conduisant par une sorte de déterminisme à plus de démocratie à chaque étape. Or rien ne prouve que le temps nous éloigne de la barbarie. Les accidents de l'Histoire et la disparition des empires sous les coups de boutoirs des conquérants serait plus a même de nous instruire sur les menaces qui pèsent sur nos modèles de société et en particulier le modèle occidental et qui plus est marchand qu'il considère comme devant s'étendre irrémédiablement dans le reste du monde.

Le flux et le reflux des civilisations antérieures au modèle démocratique devrait nous alerter sur sa fragilité.

La prétendue fin de l'Histoire a été mise à mal une première fois et le choc des attentats de 2001 a montré que le monde est régi par des forces contradictoires à un déroulement linéaire L'avenir est incertain et peut connaître des virages dangereux auxquels il convient de se préparer. La disparition d'un modèle peut ne pas être le fait que d'un lent épuisement dans la lutter contre l'entropie mais peut survenir en raison d'actions volontaires ou accidentels (accidents, terrorisme, cataclysme, épidémies, guerres, bug et attaques virales sur le net....).

Le monde étant devenu plus petit (Mondialisation, globalisation) et les pays en relations plus fréquentes avec le transport aérien, la médiatisation instantanée et internet, Il convient de se prémunir et de penser l'inacceptable ou l'impensable. Scénariser les évènements à l'échelle d'une région, d'un pays ou d'un continent peut paraître un exercice fastidieux mais néanmoins indispensable au regard des conséquences d'un attentat comme le 11 septembre, le Tsunami de 2004, l'épidémie de grippe aviaire, ou la tornade Katerina.

Il n'est pas certain que le modèle de l'Ordre Marchand soit celui qui dominera et que, se transformant à chaque étape, il conduise sereinement à la démocratie appelée de ses vœux par J. ATTALI.

Page 229

J. ATTALI utilise l'impératif:"devra être".et lui même ne semblant pas convaincu que la forme actuelle puisse disparaître, il laisse à croire que la dixième forme n'est pas une certitude ("s'il vient un jour").

Donc l'état de la société américaine avec ses avancées et ses défauts serait une fin en soi car sans concurrence. La Californie, sorte de Babylone moderne marquerait le développement ultime et incontesté, l'archétype de l'Ordre Marchand.

D'un autre coté, au regard de l'Histoire il ne fait pas de doute que la fin de la domination US surviendra à un moment plus ou moins éloigné mais les regrets exprimés par J. ATTALI sur la faiblesse de l'Union Européenne ...ne laissent pas de doute selon lui, sur la domination californienne !

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Il cède à une dérive méthodologique et évoque même une" utopie" et à des raccourcis faciles dans son balayage des "cœurs" possibles en dehors de la Californie. Il devient alors difficile de savoir où et comment se situe J. ATTALI : admiration, résignation, regret vis à vis des nouvelles formes et lieux du capitalisme.

Pour J. ATTALI le capitalisme semble être un moindre mal, un mal nécessaire dans la mesure ou il s'accompagne d'une forme toujours plus poussée de démocratie au travers d'une classe dominante et porteuse de moyens de développer la culture et les arts .Il entre dans un jeu de type haine-amour, une sorte de rapport cynique et/ou lucide avec l'idée que le capitalisme et son dynamisme aboutira à une grande démocratie planétaire.

Il se qualifie lui même d'utopique et se complet dans l'imagination à la fin de ce chapitre. On est plus du tout dans une démarche prospectiviste qui se respecte.

A compter du chapitre 4 , J. ATTALI évoque un scénario unique en 3 phases fondé sur une conviction personnelle non démontrée. Il met en avant les deux premières phases pour mieux présenter la survenance de l'hyper-démocratie comme la seule solution acceptable pour l'humanité.

Pour J. ATTALI la prédominance du secteur privé et la prise en charge des services publiques par la sphère privée conduira à privilégier les plus riches seuls capables de les payer. Il considère dans une vision partisane que les prix vont nécessairement augmenter. Or, c'est bien parce que les divers systèmes publics sont mal gérés ou inefficaces que les Etat sont amenés à les confier au privé avec comme avantage la rationalisation et la baisse des impôts.

La description de l'hyper-empire est bien plus celle de la situation actuelle du marché que celle d'un futur éventuel.

De même, les conditions de la survenance de l'hyper-conflit, et J. ATTALI le note à plusieurs reprises, sont des états de fait. Ainsi nous serions déjà entré dans une forme d'hyper-conflit.

La seule alternative acceptable selon lui est l'hyper-démocratie face au chaos apocalyptique et à la déshumanisation.

J. ATTALI reprend a son compte les explications des communistes affirmant que le socialisme a échoué à cause des dévoiements survenus dans sa mise en oeuvre politique dans divers régimes.

Il adopte une vision idéaliste de l'être humain comme étant perfectible et raisonnable.

Dans son plaidoyer pour un avenir meilleur, il procède par affirmations et incantations mais n'explique pas avec quels outils ou moyens concrets il compte infléchir les choses. On passe de la prospective à l'évocation d'une utopie fondée sur la croyance en la générosité de l'Homme dans un Monde apaisé et raisonnable.

P363

J. ATTALI se veut visionnaire mais dans une perspective unique de l'avenir qui doit nécessairement déboucher sur l'hyper-démocratie.

P 364

J. ATTALI se pose en cacique de l'avenir et du scénario au fil de l'eau. Il justifie son utopie en se référant au passé et à l'incapacité des hommes à deviner l'arrivée du système capitaliste en son temps. Cela lui permet sans frais de prédire l'exclusion du marché au profit de l'économie relationnelle.

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P 370

J. ATTALI évoque la survenance d'entreprises "relationnelles" qui s'apparentent aux grandes associations caritatives. Effectivement on comprend bien que de telles associations voient le jour pour lutter contre les maux que ne traitent pas ou que provoquent le développement des entreprises privées. Néanmoins, et ce n'est pas le moindre souci, il n'est fait nul part référence aux modes de financement de ces associations sauf à supposer un financement par l'impôt.

J. ATTALI semble croire en un déterminisme qui conduit à passer éventuellement par les phases de l'hyper-empire puis de l'hyper-conflit sortes d'expériences nécessaires de l'Histoire mais vouées naturellement à l'échec pour aboutir à sa fin de l'Histoire qui est la survenance de l'Hyper- démocratie à condition que les hommes réussissent (mais comment ?) à échapper à un funeste destin assez probable ,selon J. ATTALI , qui voit dans l'égoïsme généralisé de liberté individuelle une cause de disparition de l'humanité .

L'Hyper démocratie qui contrairement aux autres formes aura la capacité de créer les conditions de sa survie grâce aux formes d'intelligences qui la sous-tendent. J. ATTALI fait ici confiance de façon bien peu nuancée et assez naïve à l'intelligence et à la raison.

Que signifie la production du discours de J. ATTALI dans le contexte politique actuel?

L’auteur ne cache pas dès l'avant propos ses intentions de faire de ce livre un manifeste politique. On peut s'interroger sur l'objectivité d'une démarche prospective dans ce cas ou du moins s'interroger sur le déterminisme adopté et qui oriente le lecteur vers l'issue attendue et imposée par l'auteur en faveur de son choix politique.

Autant peut-on saluer un travail d'interprétation de l'Histoire et de ses lois ou principes récurrents, le travaille de recherche et de mise en cohérence des phénomènes sociaux, économiques, technologiques pour donner au lecteur une représentation du présent plus claire voire pour l'avertir de possibles dangers en gestation, pour tenter d'éclairer le futur ou mieux encore les futurs possibles, autant l'adoption d'un point de vue partisan unique décrédibilise t il la démarche qui se doit d'être la plus objective possible.

Si on adopte le point de vue idéologique de J. ATTALI on peut affirmer que la démarche prospective est complète puisque l'intention est d'inciter le lecteur à l'action politique dans la mesure où la phase d'anticipation conduit à une prise de conscience et à une appropriation des conclusions sur les risques d'une dérive de la situation actuelle dans le contexte de la mondialisation et d'une perte de repères dans un contexte électoral en France en 2007.

J. ATTALI ne manque pas de sévérité à l'égard des prétendants de gauche comme de droite aux présidentielles. Il se pose en censeur et imagine un troisième tour dans la rue. Il fustige les promesses électorales et fait appel à la raison et aux leçons qu'il tire de l'Histoire. Il oppose l'immobilisme (Sédentarité) supposé de la France à la mobilité (Nomadisme) dont elle a refusé de se donner les moyens. La France paye son manque de vision prospective.

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L'usage du mot "brève" semble étrange et inquiétant ou avoir une connotation de l'incapacité de l'auteur à mener à bien sa démarche prospectiviste au delà d'un futur proche.

L'auteur donne son explication qui vient renforcer le sentiment d'urgence à agir .Il veut donner une sorte d'avertissement sur les dangers de la survenance de" l'hyper-empire" et de "l'hyper-conflit" qui conduirait à l'impasse.

On peut écrire que la démarche de J. ATTALI est très cohérente et qu'il sert utilement son camps et sa propre position à l'intérieur et au delà de celui- ci en se positionnant au dessus des partis. Il se veut comme une sorte de sage, visionnaire qui pointe dans la direction d'un idéal au delà de la sociale démocratie à l'échelle mondiale .Appelant de ses vœux à un sursaut national, ne serait-il pas candidat à un nouveau gouvernement de rassemblement qui ferait appel à son talent ?

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6. Discussion

J. ATTALI s'inspire sans aucun doute des travaux du Millenium project et en particulier d'un des scénarii ce qui permet de le classer au rang des chercheurs en prospective .Il renonce dans son exercice de prospective à utiliser des scénarii mais s'implique dans celui qui lui semble le plus probable.

La démocratie ou le chaos semble être le thème de ce livre. Véritable plaidoyer pro domo du seul régime qui puisse raisonnablement convenir au final à J. ATTALI, ancien conseiller personnel de F.MITTERRAND, la sociale démocratie internationale.

Il se pose en penseur de la démocratie et analyse de son point de vue de politique et de banquier les évolutions, les dérives du capitalisme qui ne trouve grâce à ses yeux que par le fait qu'il ouvre nécessairement la voie à la "démocratie de marché" puis à la démocratie tout court détachée des habits mal taillés que sont la pauvreté, l'exclusion, la consommation d'objets plus ou moins futiles et virtuels qui sont autant de prisons pour les individus sensés devoir se libérer de l'aliénation et des errements conduisant à l'épuisement de l'innovation et des ressources rares par la culture, la qualité de vie et des échanges gratuits, sans frontières physiques ou morales dans un monde apaisé et convivial.

La théorie de J. ATTALI tient dans le principe de "nomadisme" qui est une forme élégante de penser l'Homme comme citoyen d'un monde à s'approprier au delà des clivages géographiques, culturels et religieux. C'est la théorie du métissage et de la citoyenneté du monde chère aux socialistes et aux Francs-maçons pour qui l'homme est perfectible et doit s'élever dans la hiérarchie des détenteurs de la Vérité.

J. ATTALI veut démontrer que comme il y a une évolution de l'homme depuis ses débuts, il y a une évolution de l'organisation économico-politique. Il fait une transposition du nomadisme et de l'évolution humaine (au sens darwinien et plus précisément de darwinisme social) au nomadisme du centre économique du monde qui s'accompagne d'une évolution de l'organisation de la vie en commun vers une forme aboutie: "l'hyperdémocratie". J. ATTALI se détache cependant de la théorie darwinienne de l'évolution car pour lui, il y a un sens à l'évolution et à la mondialisation du libéralisme économique : l'aboutissement de la démocratie qu'il porte et répend par l'accès à la consommation de biens et services qu'il qualifie de "démocratie de marché".

Le capitalisme ne serait que la chrysalide qui doit donner naissance à une forme adaptée et propice au bonheur de tous. On peut véritablement parler de "moment libéral" dans le sens que J. ATTALI suggère bien que le capitalisme n'est que le vecteur d'une forme en gestation, plus élégante et adaptée à l'être humain car plus riche de lien que l'inévitable égoïsme provoqué par l"acquisition de biens et de richesses matérielles et la recherche du profit pour le profi .

J. ATTALI mène une action de modélisation à travers sa réflexion et une partie de son oeuvre et pour nous lecteurs, suivant en cela l'exigence de Y.PESQUEUX, il convient d'observer qu"un modèle ne nous intéresse que dans la mesure où il apporte un enrichissement en terme d'intelligibilité des choses.

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Sa validité sera donc jugée suivant:

• son fondement théorique, comme par exemple sa capacité à proposer des <<lois>>à partir des régularités observées.

• sa capacité d'interprétation.

• la validité de ses prédictions, c'est à dire la possibilité de le vérifier par l'examen des faits."(Y. Pesqueux ; Organisations: modèles et représentation).

On peut constater, au regard de l' ample description que fait J. ATTALI de la longue l'histoire de l'humanité qu'il se dégage bien une sorte de cheminement cohérent , irréversible, bien qu'entrecoupé de pauses et d'accidents vers un "attracteur étrange". Ce modèle, s'il interprète ce qui s'est passé et compte tenu des prédictions avérées de J. ATTALI, ne peut qu'être séduisant. Mais mieux, et compte tenu du parti pris idéologique de J. ATTALI, on est appelé à s'intéresser au choix des éléments à l'origine de la construction du modèle afin de s'assurer que l'auteur ne tombe pas dans "la logique de la justification" du modèle lui même et ne conforte ainsi ses croyances ou ses espérances voire ce qui tendrait ainsi "à susciter la réalité adéquate" (Pesqueux) vers une sorte "d'auto réalisation".

Or, si J. ATTALI semble rejoindre les théoriciens de l'écologie des populations d'organisations, il s'en éloigne en nous présentant l'évolution du monde sous l'aspect d'un déterminisme volontairement pessimiste visant à limiter les voies des évolutions naturelles, hasardeuses ou contingentées du monde.

L'aspect idéologique ainsi introduit, s'il ne remet pas fondamentalement le modèle en cause risque de disqualifier la phase de formulation et de choix des scénarii du futur en tant qu'entachés de partialité. J. ATTALI ne s'en cache pas lui -même dès l'avant propos.

J. ATTALI défend l'idée et démontre qu'il y a bien un sens de l'Histoire(comme dans la pensée marxiste ) qui doit aboutir à une libération des hommes sous la direction d'une élite, éclairée, cultivée, visionnaire et créative("les transhumains") appelée à faire émerger un monde meilleur. La mondialisation et la dématérialisation marquent la fin de la localisation de l'espace où se produit le libéralisme et seuls des "nomades" seront prêts à se déplacer pour s'adapter.

De par son action actuelle en faveur d'un nouveau courant de la pensée et de l'action économique qui retient l'attention des politiques dans le monde, en collaboration avec des personnages comme Muhammad Yunus, initiateur du micro-crédit, J. ATTALI prend position et justifie sa conviction d'un futur fondé avec la générosité et la solidarité comme une justification de la supériorité et du ravivement de la pensée socialiste souvent qualifiée d'irréaliste par les défenseurs du libéralisme.

Il prétend ainsi aller plus loin que les théoriciens de la fin de l'Histoire qui se contentent d'une démocratie faite d'un accès généralisé à la consommation (démocratie de marché) porteuse d'injustices, de violence, d'insatisfaction, de risque et d'épuisement humain et matériel, d'aliénation.

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J. ATTALI met la prospective au service de ses idées et de ses idéaux, de sa classe sociale, de son statut "d'hyper nomade" (citoyen du monde) pourrait-on dire .Il reste convaincu du rôle majeur de la politique ou plus exactement du Politique sur l'économique qui ne serait que le vecteur de la démocratie à achever. Il redonne ainsi une véritable dimension à l'action politique qui échapperait à la fatalité et à l'impuissance qui ne serait du qu'à un manque de vision prospective.

Il s'agit donc clairement de la formulation d'un projet politique, fondé sur un constat historique évoqué au chapitre 7.

A contrario, il est assez utile de considérer l'idée que le capitalisme peut n'être qu'un des moyens à un moment de l'évolution de l'histoire et qu'il peut être amené à disparaître pour ce qu'il est et donner naissance à d'autres formes de modèles ne débouchant pas nécessairement ni sur les formes diabolisées dans l'ouvrage ni sur un modèle plus démocratique.

En cela, et c'est sans doute la critique la plus importante, J. ATTALI nous prive du scénario "autre" qui se situerait entre les utilisations des nouvelles technologies présentées par les futurologues et son scénario idéologique.

L'hyper surveillance qui est utile pour la démocratie (contrôle des élus) entraîne de fait une soumission volontaire de tous.

Dans le terme "brève" histoire, il faut comprendre que l'humanité peut disparaître très rapidement dans le marché (l'homme exploité et cloné) et dans le conflit.

Au chap. 5 J. ATTALI abandonne presque le point de vue du prospectiviste pour nous décrire une situation marquée par beaucoup des signes de l'hyper-conflit.

J. ATTALI écrit sur la survenance de l'hyper-conflit non pour faire peur mais pour prévenir et l'éviter.

Il se lance dans une critique personnelle du capitalisme et de ce qu'il estime être des travers : P 314, 315, 316.

Or ce point de vue, ce jugement typiquement français ne semble pas partagé par les US qui sont engagés dans une dialectique autre du fait de leur position de super puissance avec le reste du monde.

J. ATTALI prend le parti des critiques du système et de ses excès et s'appuyant sur l'échec du communisme, l'impuissance de l'anarchisme, l'archaïsme des théocrates pour nous présenter sa vision utopique socialiste.

Il voit poindre au travers du progrès technique et d'une prise de conscience des dangers des excès du marché les prémices de l'hyper-démocratie qui passera par une phase d'équilibre entre le marché et la démocratie avant de devenir une démocratie planétaire promue par des gens de bon sens et éclairés ("Transhumains").

Le débat porte sur un des principes du socialisme qui ne voit le marché et le profit que comme des phases temporaires vers une forme aboutie de la vie sociale débarrassée de ces deux maux que sont l'égoïsme et l'esprit de compétition.

J. ATTALI fait preuve d'idéalisme sur les motivations et les comportements humains: l'égoïsme et l'individualisme précèdent l'altruisme. L'être humain est perfectible.

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L'esprit de compétition est nécessaire au progrès technique et le profit utile au renouvellement de l'outil productif et à la recherche et développement .Sans profit et sans spéculation, pas de financement possible de la gratuité et de l'économie relationnelle. Même le micro crédit est sous tendu par la notion de développement par l'acquisition des outils de production autrement inaccessibles.

L'économie de marché, qui doit pour fonctionner procéder à l'acquisition et la transformation efficace des matières qu'elle achète ne peut durer qu'en recherchant la maximisation du profit pour rémunérer aussi le capital et les salariés. Sinon la source de financement ne trouvera plus motif à privilégier tel ou tel investissement puisque tous auront la même espérance de rendement.

Le mécanisme du profit fonctionne car il est ce qui se rapproche le plus du fonctionnement et de la nature de l'individu et on a pas trouvé mieux, ce qui n’empèche pas de penser l’avenir autrement par ailleurs.

La disparition du profit passe nécessairement par une transformation de la nature humaine, un arrêt de la croissance et donc du désir de transformer le monde pour l'améliorer.

J. ATTALI ne nous dit pas comment il envisage cette transformation autrement que par l'illusoire confiance en une hypothétique volonté individuelle de changer en réponse à son appel à la Raison ou collective, Une brève histoire de l'avenir devenant alors un nouveau manifeste du socialisme. Mais alors se pose la lancinante question du jeu étrange de l'auteur qui s'avoue impliqué dans la campagne électorale, comme conseiller mais se refuse à être candidat.

� La gratuité :

Le débat sur la gratuité en économie et dans la pensée socialiste n'est pas nouveau. Il mérite qu'on s'y attarde néanmoins compte tenu des évolutions que peuvent apporter les nouvelles technologies qui envahissent notre vie quotidienne et créent sans aucun doute de nouvelles approches.

Il convient de préciser tout de suite que ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui économie du gratuit ne l'est sans doute pas pour tout le monde et qu'il faut immédiatement poser la question: "pour qui?".

Il n'en reste pas moins que les débats autour de la gratuité de la musique en ligne par exemple, partageable et divisible à l'infini à des coûts extrêmement faibles soulève la question de la nature des échanges portés par les TIC.Il parait difficile actuellement dans le cadre des échanges dans l'économie dite traditionnelle de s'affranchir complètement et définitivement d'une monnaie d'échange ne serait ce qu'en raison des distances et du temps qui séparent producteurs et consommateurs dans une économie mondialisée, sauf à revenir à un gigantesque fonctionnement sous forme de troc.

On peut facilement, à la suite de J. ATTALI un ensemble de micro-marchés d'échange de services dans une économie solidaire, ce qui n'est pas nouveau au regard de ce qui se passe par exemple en Irlande où un phénomène d'entraide existe de façon traditionnelle dans les villages.De là à généraliser le retour du troc dans le cadre de la sophistication de marchés tels que le marché financier rendu plus inextricable par les nouvelles technologies et la mondialisation,la permanence de la cotation et des transactions…un tel retour ne pourrait se concevoir qu’après un accident planétaire mais pas nécessairement violent (virus informatique) mais toujours probable .

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Toutefois, les échanges dans l'économie relationnelle devront trouver une valeur étalon pour se dérouler dans des conditions acceptables pour les parties prenantes et qui soit compatible avec la nécessite d'acquérir des biens dans l'économie marchande et inversement.

Mieux encore, on peut s'interroger, comme je l'ai fait auprès de l'auteur lui même quant à la valeur-support en jeu dans les échanges entre l'économie relationnelle et l'économie de marché ?

• Comment envisager le financement de la recherche et développement et les moyens matériels des ONG par exemple au delà du micro crédit ?

• Le profit peut-il disparaître complètement ?

• Peut-on et par quels moyens changer radicalement la nature humaine au point de lui faire renoncer à son égoïsme et à ses comportements, son âpreté au gain et à la volonté de captation et d'exploitation de toutes les richesses naturelles ou non ?

Pour autant et comme l'évoque J. ATTALI, il serait vain de croire à la survie en l'état, éternellement du système capitaliste qui depuis sa naissance a connu de multiples variations mais contrairement au communisme n'a pas encore fait la preuve de son échec total lors de son application. Le capitalisme a , comme le montre J. ATTALI une fantastique capacité d'adaptation de par sa mobilité géographique et de transformation , de création car il fonctionne sur le ressort humain éternel qu'est l'espoir : espoir d'une meilleure vie, d'un enrichissement, d'une croissance considérée comme toujours possible. Cet espoir dépasse la quête réductrice du profit qui n'est que la conséquence de l'investissement de qualités et de talents au travers de la propriété privée au service des consommateurs- utilisateurs.

Il n'est pas vain d'envisager d'autres modèles sociaux puisque le capitalisme n'a pas toujours existé en tant que tel et connaît des ajustements. Mais s'il a réussi à se maintenir c'est qu'il a crée les moyens de compenser les travers qu'il engendre : système d'aide sociale, associations de défense: ONG, syndicats.

On peut donc imaginer pour le capitalisme un chemin fait de tâtonnement et d'ajustements avec des guides, des visionnaires et des prospectivistes pour le piloter et maintenir les conditions de sa survie.

Les "transhumains", êtres éclairés et supérieurs à ceux de la classe créative ("hyper nomades") et à celle des pirates (pilleurs) donneront naissance à un gouvernement mondial : "l'hyperdémocratie. Le programme est généreux et semble déjà engagé comme l'indique J. ATTALI.

Il estime que l'idéal de démocratie se produira sous les seuls hospices des institutions et des organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, ONU, Commission européenne ...)

Il est cependant évident que des instances fortes de contre pouvoir s'imposeraient au niveau requis pour éviter, comme en tout, les excès de leur domination.

Se pose en effet le problème de leur régulation, de leur contrôle et de leur sanction. Il n'est qu'à voir les erreurs, les incapacités ou inefficacités de ces organismes à enrayer les conflits, la pauvreté ou encore à traiter les problèmes de pollution.

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Si la survenance d'une telle structure peut sembler séduisante et cohérente, il n'est pas vain de se poser la question de l'efficacité des institutions dont sera doté cette hyper-démocratie au regard des travers de ce quelles sont actuellement. Privilégier un gouvernement mondial au détriment des réalités locales, lorsque l'on connaît la défiance des individus vis à vis de l'Etat Fédéral US et des oppositions au projet de Bruxelles lors du vote de la Constitution ou encore des difficultés de mobilisation et d'intervention des casques bleus lors de conflits, semble relever de l'angélisme. J. ATTALI ne décrit pas l'articulation ou les règles qui vont régir "l'empilement" d'organisations locales, nationales, continentales et mondiales" pas plus qu'il ne donne les modalités de paix entre les nations.

Si l'UE ne semble pas pouvoir devenir le nouveau "cœur du monde marchand", elle est par ses institutions et ses principes sociaux celle qui devrait voir naître l'hyper-démocratie selon J. ATTALI.

Sans doute se voit-il alors comme un membre éminent de ce gouvernement sis à Bruxelles. Doté de vertus et de pouvoirs qu'on ne lui connaissait pas, l'UE serait à même(mais comment?) de régler le conflit Israélo-palestinien. Une ambiguïté demeure dans l'interprétation chez J. ATTALI lorsqu'il évoque une Union régionale qui devra rassembler Israël et la Palestine mais également "toutes les nations" sauf à comprendre que le lieu géographique du gouvernement mondial sera situé à Jérusalem qu'il nome"Villemonde", reconnue comme la capitale oecuménique et politique d'un monde tolérant et sans haine .J. ATTALI semble accréditer un principe de supériorité d'Israël ou du peuple juif sur le reste du monde ou du moins doté d'une aptitude à créer les conditions d'une paix espérée mais toujours repoussée. Il semble ainsi, par une sorte de vision de la "citée radieuse" réconcilier politique et religions et justifier la fin de l'Histoire par la réussite de la mission rédemptrice constituée par la réconciliation des peuples de monde entier sur la Terre promise, mission dont serait investi le peuple juif dispersé et mettant ainsi un terme à la malédiction de la théorie du Juif Errant.

Lorsque J. ATTALI évoque ce qu'il appèle "l'hyper intelligence du vivant" comme issue de l'évolution il admet, quand on l'interroge, qu'elle existe avant toute vie humaine et toute création et qu'elle se révèle aux êtres humains au cours de leurs parcours nomades à travers les siècles et dans la recherche scientifique et le progrès et s'apparente à l'Etre Suprême ou au Divin dont l'incessant travail de recherche et de création des hommes vise à sa révélation.

Dans le chapitre 7, J. ATTALI se lance dans un bilan économique et social en demi-teinte et sans concessions avec d'un coté des atouts et de l'autre des points faibles signes du déclin bien réel de la France selon lui. Ce bilan qui insiste en particulier sur les conséquences du vieillissement de la population est proche de celui qu'on peut lire dans des ouvrages tels que "Le choc de 2006" de M GODET ou "Nouveau monde, vieille France" de Nicolas Baverez. Il pose la question que se posait déjà il y a quelque temps, Jean Claude BARREAU : "La France va-t- elle disparaitre?". La réponse n'est guère optimiste et l'avenir de la France passe par des réformes drastiques faisant appel à celles qu'on peut trouver dans " Le courage du bon sens" (M GODET).

Se situant au dessus des partis et des querelles, J. ATTALI se garde bien de donner autre chose que deux grands principes pour l'action qu'il croit encore possible :

Dresser le bilan et dire la vérité aux français et redonner un avenir en France. Les propositions qui sont faites relèvent plutôt d'un libéralisme social réformiste européen.

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7. Conclusions

Le monde que J. ATTALI décrit a déjà commencé.

J. ATTALI, fort d'une grande culture historique, d'une réflexion et d'une pratique de la politique et de sa connaissance des instances internationales, s'inspire sans aucun doute de sa formation scientifique, pour nous présenter à l'échelle sociale, économique, technique, politique, culturelle sous forme d'un déterminisme que l'on retrouve dans l'analyse des systèmes physiques un état sur l'urgence de la situation.

Le capitalisme a une histoire qui donne à l'Histoire une lisibilité et un sens. Il porte en lui, telle la chenille qui se transforme en papillon, un devenir en progrès à chaque étape (principe d'émergence) vers un idéal qui est la démocratie aboutie ("Hyper-démocratie").Le système est conditionné et limite le nombre de futurs possibles. La liberté s'exerce aux périodes de bifurcations que sont la disparition des "cœurs". L'observation de l'Histoire permet de dégager de grandes lois , l'observation du présent nous amène à des constats et des questionnements, la compréhension de ce qui pourrait advenir pour agir éventuellement, la prospective se prolongeant par une tentative, bien qu' orientée chez l'auteur, de production de scénarii encadrant un avenir fragile vers la démocratie, ultime phase de l'Histoire. et permet de prévoir les moments de changement, d'inflexion de tendances, de rupture qui menaceraient l'avènement de cet avenir attendu et souvent repoussé par les aléas et les accidents de l'Histoire .L'homme ou la femme politique "éclairé"peut alors exercer sa volonté pour infléchir le cours des choses et pour le maintien des conditions de survie du capitalisme indispensable pour nourrir l'Utopie.

Ainsi connaissant les deux grandes menaces que seront(que sont déjà) "l'Hyper-Empire" et " l'Hyper-conflit" , les "transhumains" peuvent exercer leur volonté pour échapper à ces risques sans pouvoir les maîtriser totalement .J. ATTALI veut croire en la perfectibilité de l'homme et en l'efficacité de l'art suprême de la politique au sein des grandes institutions mondiales pour avancer la date de la fin ultime de l'Histoire au delà de la domination de l'Ordre marchand et du choc des civilisations.

ACTUALITE DE LA QUESTION

En politique comme dans les organisations actuellement, il y a une quête de sens et c'est bien là que le livre de J. ATTALI a une vertu majeure.

Il a le mérite de nous donner une vision même très orientée, utile au politicien pour entraîner les hommes pour peu qu'il inspire confiance.

Mais cela ne suffit pas à en faire un vrai programme politique et c'est bien là qu'on retrouve la problématique de la formulation et de l'articulation de l'action au travers d'un véritable discours, traduction de la pensée qui porte loin par un leader capable d'entraîner à sa suite et de susciter l'adhésion par son charisme.

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J. ATTALI semble orphelin de celui qui par sa culture pouvait accéder à sa pensée et qui par sa connaissance de la nature humaine et du jeu politique pouvait instiller le ferment de l'action quotidienne du peuple.

J. ATTALI peut il, aujourd'hui n'être autre chose qu'un penseur qui appelle de ses vœux au sursaut de la conscience et qui lance dans ce jaillissement fulgurant de la pensée tournée non plus vers le passé mais vers l'avenir un appel pathétique et sans écho à cet improbable Grand Homme (Femme) qui nous élèverait au dessus de la médiocre mêlée politique actuelle autour d'un projet humaniste à l'échelleplanétaire.

Ce livre est un plaidoyer politique pour une réforme de la France qui pourrait devenir un modèle de démocratie à condition d'agir pour une vraie réforme.

J. ATTALI est pour une véritable société de projet et sa conviction de l'urgence d'agir le pousse à proposer une coopération dans le futur gouvernement dans le cadre de l'ouverture faite par N.Sarkosy à l'issue de l'élection présidentielle.

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6 . Bibliographie

Source : Wikipédia

• 1972 : Analyse économique de la vie politique

• 1972 : Modèles politiques. Prix de l'Académie des sciences.

• 1977 : Bruits - Essai - Editions des Presses Universitaires de France

• 1986 : Sigmund Warburg, un homme d'influence - Biographie - Editions Fayard.

• 1986 : Verbatim I - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Editions Lgf (Pastiche : Série des Aboitim 1 à 4)

• 1989 : La vie éternelle - Roman - Editions Fayard

• 1990 : L'antiéconomique - Editions PUF

• 1990 : Le premier jour après moi - Roman - Editions Fayard

• 1991 : 1492 - Historique - Editions Fayard

• 1992 : Lignes d'horizon - Editions Fayard

• 1994 : Il viendra - Roman - Editions Fayard

• 1995 : Economie de l'apocalypse - Trafic et prolifération nucléaire - Editions Fayard

• 1995 : Manuel l’enfant-rêve - Conte pour enfants

• 1996 : Chemins de sagesse - Editions Fayard

• 1996 : Au propre et au figuré - Editions Fayard

• 1997 : Au-delà de nulle part - Roman - Editions Fayard

• 1997 : Verbatim II - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Editions Lgf

• 1998 : Verbatim III - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Editions Lgf

• 1998 : Le citoyen, les pouvoirs et dieu - Editions Fayard

• 1998 : Pour un modèle européen d'enseignement supérieur - Editions Stock

• 1998 : Dictionnaire du XXIe siècle - Editions Fayard

• 1999 : Les portes du ciel - Editions Fayard

• 1999 : La femme du menteur - Editions Lgf

• 1999 : Fraternités : Une nouvelle utopie - Editions Fayard (ISBN 2253152781)

• 2000 : Blaise Pascal ou le génie français - Biographie - Editions Fayard (ISBN 2253153486)

• 2001 : Europe (s) - Editions Lgf

• 2001 : Bruit - Editions Fayard

• 2001 : Les Trois mondes - Pour une théorie de l'après crise - Editions Fayard

• 2001 : La Figure de Fraser - Essai - Editions Fayard

• 2002 : Les sept secrets de la bibliothèque d'Alexandrie - Editions du Rocher

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• 2002 : Les Juifs, le monde et l'argent - Essai - Editions Fayard (ISBN 2253155802)

• 2002 : Nouv'Elles " - Roman

• 2003 : L'Homme nomade - Essai (ISBN 2253108944)

• 2004 : La Voie humaine - Essai - Editions Fayard

• 2004 : La Confrérie des Eveillés - Roman Historique (ISBN 2213619018)

• 2004 : Raison et Foi Essai - Editions BNF

• 2005 : C'était François Mitterrand - Editions Fayard

• 2005 : Karl Marx ou l'esprit du Monde - Editions Fayard

• 2006 : Portraits de micro entrepreneurs avec Muhammad Yunus - (ISBN 2749106699)

• 2006 : Une brève histoire de l'avenir - Editions Fayard (ISBN 2213631301)

• 2007 : Dictionnaire amoureux du judaïsme - Editions Plon