Fiche 213 - La Mondialisation de La Production

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I. Qu’est-ce-que la mondialisation de la production ? Introduction Distinction Internationalisation de la production - mondialisation de la production Mondialisation et internationalisation ne sont pas synonymes Au sens strict, l'internationalisation s’applique au développement des échanges commerciaux de biens et de services. Au sens large elle inclut également certains investissements réalisés à l’étranger ou venant de l’étranger (IDE) dans le cadre d’activités directement productives. On parle alors d’internationalisation de la production. La caractéristique essentielle de ces flux est l’établissement de liens d’interrelations entre ceux-ci. Il y a internationalisation des échanges lorsque les échanges extérieurs progressent plus rapidement que le PIB du pays. Le FMI définit la mondialisation comme : « l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des pays du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la variété des transactions transfrontières de biens et de services, ainsi que les flux internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et généralisée de la technologie ». La mondialisation de la production est alors une caractéristique de ce phénomène : La montée en puissance des firmes multinationales contraint les divers espaces nationaux à se plier à leurs exigences, du fait de l’extrême mobilité dont elles bénéficient. Ainsi, la globalisation (terme employé dans les pays anglo-saxons pour caractériser la mondialisation) désignerait alors le processus à travers lequel les entreprises les plus internationalisées tentent de redéfinir à leur profit les règles du jeu précédemment imposé par les Etats-nations. Souvent les tenants de la globalisation insistent sur le caractère irréversible des tendances à l’œuvre, considérant que les politiques traditionnelles des gouvernements sont devenues impuissantes face aux stratégies des grandes firmes. la mondialisation définirait alors une nouvelle configuration qui marque une rupture par rapport aux précédentes étapes de l’économie internationale : Auparavant, l’économie était internationale, car son évolution était déterminée par l’interaction de processus opérant essentiellement au niveau des Etats-Nations qui contrôlaient l’ouverture de leur économie. II- Mondialisation, finance internationale et intégration Fiche 213 – Comment expliquer la mondialisation de la production ? Science Acquis de première : gains à l'échange. Notions : commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, 2.1 Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la

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I. Qu’est-ce-que la mondialisation de la production ?

Introduction

Distinction Internationalisation de la production - mondialisation de la production

Mondialisation et internationalisation ne sont pas synonymes

Au sens strict, l'internationalisation s’applique au développement des échanges commerciaux de biens et de services. Au sens large elle inclut également certains investissements réalisés à l’étranger ou venant de l’étranger (IDE) dans le cadre d’activités directement productives. On parle alors d’internationalisation de la production. La caractéristique essentielle de ces flux est l’établissement de liens d’interrelations entre ceux-ci. Il y a internationalisation des échanges lorsque les échanges extérieurs progressent plus rapidement que le PIB du pays.

Le FMI définit la mondialisation comme : « l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des pays du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la variété des transactions transfrontières de biens et de services, ainsi que les flux internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et généralisée de la technologie ».

La mondialisation de la production est alors une caractéristique de ce phénomène : La montée en puissance des firmes multinationales contraint les divers espaces nationaux à se plier à leurs

exigences, du fait de l’extrême mobilité dont elles bénéficient. Ainsi, la globalisation (terme employé dans les pays anglo-saxons pour caractériser la mondialisation)

désignerait alors le processus à travers lequel les entreprises les plus internationalisées tentent de redéfinir à leur profit les règles du jeu précédemment imposé par les Etats-nations.

Souvent les tenants de la globalisation insistent sur le caractère irréversible des tendances à l’œuvre, considérant que les politiques traditionnelles des gouvernements sont devenues impuissantes face aux stratégies des grandes firmes.

la mondialisation définirait alors une nouvelle configuration qui marque une rupture par rapport aux précédentes étapes de l’économie internationale :

Auparavant, l’économie était internationale, car son évolution était déterminée par l’interaction de processus opérant essentiellement au niveau des Etats-Nations qui contrôlaient l’ouverture de leur économie.

La période contemporaine verrait au contraire l’émergence d’une économie globalisée, dans laquelle les économies nationales seraient destructurées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de processus opérant directement au niveau global. Cette définition est la plus générale et systémique ; elle entend souligner une rupture qualitative par rapport à l’ensemble des régimes internationaux qui se sont succédés depuis l’émergence du capitalisme commercial

Mais Elie cohen relativise ce processus de globalisation  : «  Que les entreprises incorporent des composants de toutes origines, que nombre d'activités soient à localisation libre, que les Etats ne soient pas tout-puissants dans l'ordre économique ne sont pas à proprement parler des découvertes. Si l'on veut donc sortir des approximations que nourrit le discours général sur la mondialisation, il importe de faire la part entre la poursuite du mouvement d'internationalisation à l'œuvre depuis 1945, et une éventuelle rupture intervenue au cours des années 80 dans l'ordre économique mondial, au détriment des Etats et au profit des forces impersonnelles du marché global. Dans le cadre de

II- Mondialisation, finance internationale et intégration européenne

Fiche 213 – Comment expliquer la mondialisation de la production ?

Science économique

Acquis de première : gains à l'échange.Notions : commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales, spécialisation.

2.1 Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production ?

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l'économie internationale, les principales entités sont les économies nationales. La croissance des échanges et des investissements contribue certes à l'intégration économique internationale, à la spécialisation et à la division du travail, mais fondamentalement ce sont les négociations entre nations et au sein des nations qui restent déterminantes, tant dans les arrangements internationaux que dans la sphère domestique. Dans ce modèle, les entreprises multinationales se développent, échangent et investissent dans le monde tout en conservant une base nationale clairement identifiable et en étant sujettes à des régulations nationales. L'économie mondialisée est un idéal type, distinct de l'économie internationale. » (source : Elie COHEN - Directeur de recherche au CNRS in Sciences Humaines, La mondialisation en débat, hors-série n°17, 1997, pp. 70-72. Extraits parus sous le titre "Que reste-t-il de la souveraineté des Etats" )

La mondialisation des économies s’accélère, elle devient une donnée incontournable mais elle n’a pas fait disparaître les Etats-Nations .

Distinction FMN – Firmes globales – FTN

On assiste depuis la fin des années 60 à un développement du phénomène de mondialisation , qui se caractériserait :

par un développement des implantations à l’étranger, sous forme d’investissements directs, par l’existence de différentes filiales entretenant des relations internes qui font que l’on peut désormais parler d’un réseau

interne propre aux FMN/FTN, qui dépasseraient ainsi le cadre des frontières .

cela génère alors un commerce intra-firme qui est un commerce entre des entreprises qui appartiennent à un même groupe, mais qui sont localisés dans des pays différents

par l’apparition d’un techno-globalisme : les entreprises ne géreraient plus leurs innovations , à partir d’une base nationale , mais implanteraient des laboratoires de recherche dans leurs filiales implantées à l’étranger , signeraient des accords de recherche en particulier dans l’industrie électronique , afin de pouvoir partager les efforts de mise au point très coûteux , d’établir des standards ou des normes communes au niveau mondial , de partager les risques d’échec .

A. Définition des agents  

Le terme le plus fréquemment retenu pour décrire une entreprise qui a implanté des filiales de production et de distribution dans différents pays est le terme firme multinationale (FMN).

Elie COHEN présente ainsi la thèse de Robert Reich : « la grande firme américaine a abandonné la production de masse au profit de la production personnalisée ; elle a cassé ses grandes usines et ses concentrations ouvrières ; elle s'est éclatée pour mieux saisir les opportunités et décentraliser les pouvoirs ; elle a multiplié les sous-traitances, partout dans le monde, pour optimiser sa production. Les organisations verticales, les vieilles pyramides hiérarchiques ont ainsi cédé la place à une organisation horizontale en réseaux dont les nœuds sont occupés par des "identificateurs de problèmes", des "résolveurs de problèmes" et des "courtiers stratèges" qui captent, gèrent et réinjectent en permanence des informations dans le réseau, contribuant ainsi à le redéfinir. R. Reich en arrive alors au point clé de son raisonnement : les entreprises-réseaux sont mondiales par constitution et par destination. Lorsqu'un bien est produit, il ne peut pas avoir de nationalité, car il est un assemblage complexe de sous-produits et de services de toutes origines, incorporés progressivement aux différents stades de production. Dans cette économie mondialisée, les économies nationales se fondent et se réarticulent au niveau mondial à travers un ensemble de processus et d'échanges. Une telle organisation économique pose d'abord la question du gouvernement : qui peut régir un  ensemble de transactions et de processus ayant un effet puissant sur les nations tout en échappant à leur autorité ? Dans ce modèle, les firmes multinationales deviennent globales au sens où elles coupent les liens qui les relient à leur base nationale, se défont de toute allégeance et ne sont plus mues que par une stricte logique d'optimisation de leur chaîne de valeur au niveau mondial. Dès lors, toute politique nationale volontaire est soit impossible, soit contreproductive. il résulte enfin d'un tel modèle que la distribution des pouvoirs entre acteurs nationaux sur la scène domestique et nations sur la scène internationale est radicalement modifiée.» (source : op cité)

Pourtant, celui-ci est discutable. En effet : il conduit à penser que les firmes pourraient avoir plusieurs nationalités. Or, on constate que quasiment toutes les firmes conservent une nationalité de référence : celle de leur nation

d’origine.

Certains préfèrent alors parler de firme globale : La firme devient une structure mondiale en forme de réseaux dans laquelle la propriété du

capital importe moins que la capacité à mobiliser et à combiner les compétences de toutes nationalités en vue de réaliser les objectifs recherchés par la firme. Dès lors la firme se sert du pays dont elle est issue en fonction de ses besoins, mais son intérêt n’est pas complémentaire à celui du

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pays. Par exemple, par le biais des délocalisations, elle peut accroître sa compétitivité tout en augmentant le chômage dans son pays d’origine.

R.Boyer considère que «  la firme globale relève plus du projet, voire du mythe que de la pratique des grandes FTN. La trajectoire de celle-ci reste marquée par l’histoire longue de leur constitution et de leur évolution sur un espace national particulier. » : o On ne constate pas réellement d’entreprises véritablement globales, excepté les FTN issues des petites

économies ouvertes, pour lesquelles une division du travail à l’échelle internationale s’impose (Nestlé Suisse, Electrolux Suède emploient respectivement 96 et 82 % de leurs salariés hors de leur pays d’origine.

o l’incorporation de dirigeants étrangers dans la haute hiérarchie des entreprises multinationales reste tout à fait exceptionnelle

Le terme qui semble le mieux caractériser le processus aujourd’hui à l’œuvre est alors le terme FTN : car, selon R.Sandretto : « le préfixe trans est incontestablement mieux adapté à la situation

actuelle de ses firmes. Son double sens (celui de traverser et celui de dépasser) signifie que les FTN sont le prolongement extraterritorial de leur nation d’origine , qu’elles débordent ( dépassent ) tout en traversant les espaces des pays d’implantation . La firme n’est donc pas au-dessus des nations ; elle en est au contraire un principe actif Inversement, la nation ne se confond pas avec la délimitation des frontières territoriales, en particulier la nation américaine pourrait s’étendre, via ses FTN bien au-delà des limites des Etats associés aux 50 étoiles de la bannière » .

l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit une FTN comme une entreprise qui contrôle au moins une entreprise dans un pays étranger. Les FTN s’implantent à l’étranger en développant les investissements directs ( IDE )

Les moyens 1. Les Investissements Directs à l’Etranger

a. Investissement Direct à l’Etranger - Investissement de Portefeuille

un investissement est qualifié d’IDE si l’investisseur étranger possède 10% ou plus des actions ordinaires ou de droits de vote dans les entreprises. Ce critère a été retenu, car on estime qu’une telle participation est un investissement à long terme qui permet à son propriétaire d’exercer une influence sur les décisions de gestion des entreprises.

En revanche, un investissement étranger qui est inférieur à 10% du montant des droits de votes sera considéré comme un investissement de portefeuille, car il ne permet pas d’exercer une influence sur la gestion de la société. Les investissements de portefeuille sont généralement spéculatif, c’est-à-dire qu’ils visent à obtenir une plus-value dans le court terme , par l’achat et la cession de placements financiers et/ou monétaires .

b. Les modalités de l’IDE

Dans le cas d’IDE, il y a la création d’une filiale. Une société A est dite filiale d’une société B si elle possède plus de la moitié des droits de vote de ses

actionnaires, affiliée si B possède moins de 50% des droits de vote , mais exerce un pouvoir de décision effectif dans la

gestion de la société

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3 grands modes de constitution d’une filiale : accords de joint-venture , c’est-à-dire une société créée par deux entreprises ou plus et détenue à part

égale par ces dernières, qui partagent bénéfices, pertes et risques Achat d’une entreprise déjà existante (fusion-acquisition) : investissement brownfield Création d’une unité de production : investissements greenfield (ou investissements en « rase campagne

»)

c. Les IDE, un phénomène ancien qui s’accélère

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un phénomène récent . W.Andreff prend comme exemple celui des USA ; il constate que le stock d’IDE rapporté au PNB américain était de 5,1% en 1897, atteint 10,8% en 1935 , tombe à 4% en 45 , remonte à 8,5% en 74 . La transnationalisation est donc un phénomène séculaire. Néanmoins ce phénomène a connu des évolutions très importantes

Source : JF Freu

Conclusion les conséquences des IDE:

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Source : JF Freu

2. L’externalisation ou outsourcing

L'externalisation est le fait pour une entreprise de confier une partie annexe de sa production ou des opérations liées à  la production (comptabilité, maintenance, etc..) à  des entreprises extérieures qui peuvent être (mais ce n’est pas systématique) implantées à l’étranger. Celles-ci deviennent le plus souvent des sous-traitants.

L'externalisation permet de se recentrer sur une ou quelques activités essentielles (le coeur de métier, comme disent les spécialistes) en transférant des tâches annexes à  la production vers d'autres entreprises qui ont sur ces domaines un avantage comparatif.

Le but est d’accroître la rentabilité en accentuant la division du travail : La qualité peut être meilleure puisque le sous-traitant est spécialisé Mais surtout les coûts de production sont réduits :

le sous-traitant peut fournir des produits ou des prestations à  un prix moindre que s'ils avaient été produits par l'entreprise elle-même car celui-ci, en se spécialisant, bénéficie d'économies d'échelle

car le sous-traitant octroie souvent des salaires moins avantageux et des avantages sociaux plus réduits que le donneur d'ordre lui-même.

II. Pourquoi Mondialiser la production ?

A. Un contexte favorable (Cf.Thèmes)

B. Que recherchent les FTN ?

Le paradigme OLI a été théorisé par John Dunning dans son ouvrage International Production and the Multinational Enterprise paru en 1981. Il part du principe que toute firme trans-nationale (FTN) est confrontée à une double interrogation :

d’un côté, il lui faut choisir de produire ou du faire produire, de sous-traiter ; de l’autre côté, elle doit décider de produire sur son territoire d’origine et ensuite exporter ou

alors de procéder à un investissement direct à l’étranger.Dunning développe donc une analyse qui s’appuie sur les 3 grands types d’avantage à la transnationalisation :

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l’avantage spécifique de la firme lié à un monopole ou à une technologie particulière ( O comme Ownorship advantages ) ceux spécifiques à la firme : capital intellectuel, technique maîtirsée, taille critique, différenciation de ses produits.

l’avantage à la localisation à l’étranger ( L) : avantage à produire à l’étranger c’est-à-dire ceux liés au lieu de la délocalisation : qualité des infrastructures, dotation en facteur de production, cadre institutionnel, potentiel du marché local, une présence physique sur les marchés étrangers est parfois nécessaire pour y être compétitif...

l’avantage à l’internalisation (I ) : avantage à exploiter les actifs à l’intérieur de la firme : ceux liés aux avantages potentiels d'une « internalisation » : coût de transaction, risque de transfert des connaissances...

Ces conditions sont inter-reliées et s'influencent mutuellement, mais elles ont une importance hiérarchisée puisque, selon Dunning, les avantages à l’internalisation sont décisifs.

1. La recherche d’une compétitivité-prix est nécessaire..

Avoir un coût de production faible peut être un déterminant de l’IDE : Il passe par un coût salarial faible (cf. Regards croisés : marché du travail et gestion de l’emploi) Une LPE peu contraignante (cf. Regards croisés : marché du travail et gestion de l’emploi) La recherche de faibles taux de prélèvements obligatoires peut aussi être un critère de localisation, notamment

pour les zones franches. L’Irlande a su attirer de nombreuses FMN du fait d’un taux d’imposition sur les sociétés de 10% quand il dépasse 25% dans les autres pays.

2. Mais est est insuffisante   : La recherche d’une compétitivité hors-prix ou structurelle

la compétitivité hors prix ou structurelle est la capacité à conquérir des parts de marché indépendamment du niveau de prix grâce à l'adaptation à la demande, à la qualité réelle ou supposée du produit, au service après vente, à l'image de marque, aux délais de livraison, etc…). Cette compétitivité est plutôt de l'ordre du long terme et elle demande du temps pour se construire. La qualité et flexibilité de la main d’œuvre, la qualité des infrastructures sont des facteurs jouant un rôle croissant dans la compétition mondiale

3. Se rapprocher des marchés

les FTN à stratégie commerciale s’implantent sur des marchés porteurs ou de grande taille ( Inde ou pays

riches ) en contournant les barrières protectionnistes mises en place par de nombreux pays (en voie de développement ( cf. le Brésil dans les années 60 ) ou développés )

les entreprises préfèrent s’implanter à l’étranger afin de mieux apprécier les choix des consommateurs. Bien que la demande se globalise, que quelques produits emblématiques se diffusent dans le monde entier (Coca-cola, Windows,...),

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cela ne signifie pas, qu’à terme les modes de vie s’homogénéisent. La majeure partie de la consommation reste conditionnée par des déterminants spécifiques à chaque société. De ce fait, les FTN, en dépit de leurs efforts, ne peuvent transformer en profondeur des comportements inscrits dans l’histoire. Elles doivent donc, plutôt que des biens destinés au marché mondial, répondre à des demandes différenciées selon les pays.

III. Quelle stratégie de mondialisation ?

A. Où s’implanter pour produire ?

1. Le choix de localisation dépend de l’attractivité du territoire

L'attractivité économique peut être définie comme la capacité à attirer les activités nouvelles et les facteurs de production mobiles– capitaux, travailleurs qualifiés – sur un territoire. Cette capacité renvoie à une gamme large de déterminants macroéconomiques. Les indicateurs clés sont la taille des marchés, le capital humain, la recherche et l’innovation, les infrastructures, l’environnement administratif et financier, le coût du capital et du travail (au sein desquels la fiscalité joue un rôle important), sans oublier la qualité de vie.

2. Et du type de bien produit : La théorie du cycle de vie du produit

A partir de l’examen des firmes américaines des années 50-60 , R.Vernon montre qu’  « une production traverse généralement une série de phases : démarrage , croissance exponentielle , ralentissement et déclin , qui correspondent à l’introduction du produit sur le marché , à sa diffusion , à la maturation et à la sénescence » . Vernon développe son analyse en 2 temps

a. Les 4 phases du cycle de vie du produit

Dans un premier temps, il se situe dans le cadre d’un pays (les USA ) et regarde comment évolue le produit au cours des différentes phases de sa vie :

Naissance du produit Produit en croissance Produit à maturité déclin du produit

Caractéristiques de production

-innovations élevées-techniques de production instables-production intensive en travailleurs qualifiés pour élaborer le produit- production à petite échelle, d’où coût unitaire de production important, prix de vente élevé

-le produit est mis au point, la technologie se stabilise , sauf quelques innovations mineures visant à le différencier-intensité en capital devient forte pour répondre à l’augmentation de la demande-production standardisée à grande échelle d’où réduction des coûts de production et baisse des prix

-banalisation de la technologie - proportion de travailleurs non qualifiés s’accroît -taille des unités de production augmente afin de bénéficier d’économies d’échelle pour réduire les prix

-l’obsolescence du produit se confirme -l’intensité en travail non qualifié augmente-pas d’investissements

Caractéristiques de la consommation

- seule une élite disposant de revenus élevés consomment le produit -l’élasticité-prix de la demande est faible car pas de produits substituables

-à mesure que le prix diminue, il touche une partie croissante de la population qui cherche à imiter les leaders d’opinion qui ont lancé le produit - les consommateurs deviennent plus exigeants sur la qualité, les performances du produit -l’élasticité-prix augmente par l’apparition de

-les leaders d’opinion se détournent du produit qui touche désormais essentiellement les populations à bas revenu- la consommation arrive à saturation -le produit se banalise, la demande est de plus en plus élastique par

-du fait de l’apparition de nouveaux produits qui commence à se généraliser, les quantités consommées diminuent

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substituts rapport au prix

Structure du marché

-monopole temporaire pour la firme innovatrice -nombre de firmes restreintes -taille des entreprises dans la branche élevée

-structure oligopolistique se met en place car de nombreuses firmes sont attirées par des perspectives de profit élevé et imitent l’innovateur - la concurrence s’effectue par la différenciation des produits, ce qui n’empêche pas une standardisation et une baisse des prix

- l’oligopole se stabilise - le produit se banalise, la concurrence se porte de plus en plus sur les prix-la taille des entreprises s’accroît donc afin de rechercher les économies d’échelle - des efforts sont tentés pour prolonger le cycle de vie (innovations mineures , publicité )

- la structure de la branche se déstabilise -sortie des grandes entreprises, apparition des petites entreprises -le marché se trouve en surcapacité, suite à la baisse de la demande , le prix et la qualité des produits diminuent

b. Le transfert international des activités

A ces différentes phases de cycle de vie du produit vont correspondre des flux d’échange internationaux entre le pays innovateur et ses partenaires. Vernon est alors amené à distinguer 3 catégories de pays : le pays leader: les EU (années 50 ) se situe au sommet de la hiérarchie technologique ; les

principales innovations émanent de lui les pays suiveurs précoces : les pays européens (années 50 -60 ) les pays imitateurs tardifs : les PVD

Vernon va alors distinguer 3 phases :

Phase 1 Phase 2 Phase 3

Pays leader Vernon utilise le principe de la demande représentative de Linder :

-l’apparition du nouveau produit répond à une attente exprimée par les consommateurs du pays d’origine

-le marché intérieur sert de marché test afin d’améliorer le produit

- seul le pays innovateur connaît une population assez élevée pour acheter le nouveau produit

Conclusion :durant cette phase , pas d’échange international , le bien est fabriqué et consommé dans le pays d’origine de l’innovation

le produit étant stabilisé et le prix diminuant , le producteur va chercher à étendre son marché en exportant vers les marchés des pays développés dont les niveaux de revenu sont les plus proches ( cf. Linder )

-la firme innovatrice qui est concurrencée sur son marché intérieur va essayer de profiter de son avance technologique pour prolonger son monopole temporaire sur les marchés étrangers

-le pays innovateur connaît donc un excédent de sa balance commerciale sur ce produit

-le pays leader qui supporte des coûts de production élevés va alors délocaliser la production en implantant des filiales dans les pays imitateurs précoces afin de bénéficier de coûts de production plus réduits et de mieux satisfaire la demande des pays suiveurs

- la balance commerciale voit son excédent diminuer , puis se transformer en déficit sur ce produit

Pays suiveur -les consommateurs des - les filiales du pays leader qui se sont

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précoce PDEM commencent à demander le produit , tout d’abord les leaders bénéficiant d’un revenu élevé , puis une partie croissante de la population

- la balance commerciale des pays est donc de plus en plus déficitaire sur ce produit

implantées permettent de mieux répondre aux goûts des consommateurs à des prix plus bas , développent la demande

-le pays devient peu à peu exportateur , non seulement vers le pays leader mais aussi vers les PVD , dont les classes les plus aisées commencent à consommer

Pays imitateur tardif

-la balance commerciale du pays devient de plus en plus déficitaire à mesure que les classes aisées se convertissent au produit

Dans un dernier temps , les pays imitateurs rapides vont eux aussi éprouver des difficultés à écouler leur production , car le produit étant devenu banal , les consommateurs se tournent vers de nouveaux biens , plus innovants .Les pays vont alors délocaliser leur production vers des PVD qui bénéficient de coûts de main-d’œuvre plus réduits et qui vont donc pouvoir rentabiliser la production , tout en baissant le prix de vente . Dès lors , le pays innovateur et le pays imitateur précoce vont tous deux connaître un déficit de leur balance commerciale sur ce bien ,les PVD connaissant un excédent . Les entreprises qui produisent le bien dans les PVD peuvent être des filiales des grandes entreprises qui ont délocalisé leur production afin de réduire leurs coûts et/ou de se rapprocher des marchés de consommation.

La théorie du cycle de vie de Vernon démontre que l’entreprise innovatrice qui dispose au départ d’un monopole technologique voit progressivement les barrières à l’entrée (brevets , etc ) qui la protégeait tomber au fur et à mesure que le produit arrive à maturité . Elle va donc délocaliser sa production afin de réduire ses coûts et/ou adapter ses produits à la demande locale

B. Les stratégies des FTN

Introduction : la décomposition internationale des processus productifs (DIPP) :

La révolution de ces cinquante dernières années est venue de l'abaissement des droits de douane et de l'abaissement considérable des frais de transport. Ce qui prime désormais c'est la possibilité de décomposer la fabrication des produits. Plus le produit est complexe et plus il comporte de composants et de sous-ensembles qui peuvent être fabriqués de façon autonome les uns des autres. Une voiture, par exemple, comporte plus de 5000 pièces. Ces composants sont progressivement réunis en sous-ensembles qui sont associés lors de l'assemblage final. Cette décomposition du produit autorise alors la fabrication des diverses pièces dans des pays différents en fonction de leurs avantages comparatifs. La production sera décomposée internationalement d'où le nom de « décomposition internationale du processus productif ».Ce phénomène a donné naissance à un commerce international de pièces et de composants et à des réexportations de produits finis après montage. Ces échanges se réalisent entre filiales de firmes multinationales ou dans le cadre de sous-traitance ou d'accords inter-firmes. Ce type de commerce est parfois tellement important que certains pays, dont les États-Unis, ont créé une nomenclature statistique spéciale pour l'évaluer.

Cette DIPP se traduit par une segmentation de la chaîne de valeur définie ainsi par P Arthus : « La « segmentation de la chaîne de valeur » consiste à séparer les processus de production des biens et services entre plusieurs lieux de production, en particulier entre plusieurs pays. Les composants des produits sont fabriqués de manière géographiquement dispersés par les entreprises, puis assemblés.

Le modèle récent de la mondialisation est la segmentation de la chaîne de valeur : les processus de production des biens et services sont découpés et repartis entre différents sites de production, entre différents pays. Les composants des produits sont fabriqués en des lieux (pays) différents, puis assemblés. Ceci se voit par exemple à la hausse du poids des importations de biens intermédiaires . Il s’agit donc d’une mondialisation très particulière : il ne s’agit pas de délocalisations globales de la production ou de l’apparition de nouveaux concurrents étrangers, mais de l’éclatement de la production entre les pays

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Les conséquences de ce modèle de spécialisation productif, de mondialisation sont importantes: bien sûr des liens commerciaux et économiques importants entre les pays qui contribuent à la

fabrication des mêmes biens ; l’impossibilité du protectionnisme ; le passage à une situation où, dans beaucoup de pays, une dépréciation du change est défavorable ; le rôle majeur des choix stratégiques des multinationales pour expliquer la localisation de la

production et les échanges commerciaux ; le fait que les gagnants ou les perdants ne sont pas des secteurs économiques (et les salariés de ces

secteurs) mais des segments des secteurs économiques, selon qu’ils sont délocalisés (délocalisables) ou non »

Pour l’I Phone 3 cela donnait :

Deux stratégies ont été mises en œuvre successivement selon M Porter :

1. D’une stratégie horizontale

M.Porter met en évidence une première stratégie : la stratégie horizontale pratiquée par les firmes multinationales dans les années 60 consistait à produire sur plusieurs marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché. La production des firmes n’était donc pas spécialisée, chaque filiale était un centre de profit qui entretenait des relations avec la maison mère et non avec les autres filiales.

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2. A une stratégie verticale

La seconde est une stratégie globale qui vise à unifier la gamme des produits au niveau mondial et donc à faire de chaque filiale une unité spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du produit fini en fonction des avantages comparatifs de chacun.

Selon certains, cette stratégie ne ferait que reprendre, en l’adaptant au nouveau contexte, la logique ricardienne : chaque pays se spécialise dans la production pour laquelle il a un avantage comparatif ; les FMN, en s’implantant dans les PVD, détruisent certes des emplois peu qualifiés dans les PDEM, mais vont contribuer à leur développement et donc à fournir des débouchés aux industries de haute technologie des PDEM.

L’internationalisation de la production répond alors à une stratégie productive : dans ce cas, la conquête du marché local d’implantation n’est plus la raison essentielle de l’implantation de la filiale . En effet, la production de la filiale atelier qui est spécialisée dans la fabrication d’une partie du produit sera exportée vers le pays qui prendra en charge le montage final .

On assiste alors à une véritable Décomposition Internationale des Processus Productifs (DIPP). La firme transnationale va implanter ses filiales dans les pays en fonction de la capacité de chaque pays à effectuer au moindre coût la pièce ou le sous-ensemble qui lui a été confié. Ceci conduit à une véritable internalisation de la production, les relations entre les filiales et la maison-mère donnant lieu à un véritable commerce intra-firme.

Cette DIPP et le développement du commerce intra-firme qui en résultent permettent de réduire les risques et les coûts générés par les marchés :

Réduction des défauts dans la qualité du produit Baisse du coût du produit Réduction de l’incertitude : elle permet d’assurer un approvisionnement extérieur

(Michelin possède des plantations d’hevea en Malaisie pour se fournir en caoutchouc) assurer la continuité internationale de son processus de fabrication tout en défendant sa

technologie

Selon K.Ohmae, la globalisation définirait donc une forme de gestion totalement intégrée à l’échelle mondiale de la grande firme multinationale à l’ensemble de la chaîne de la création de la valeur (RD, ingénierie, production, marchandisation, services et finances). Désormais, les firmes appartenant à un même groupe conduiraient leur RD, financeraient leurs investissements et recruteraient leur personnel à l’échelle mondiale.

Cette DIPP et le développement du marché interne permette en outre d’optimiser la fiscalité en développant des centres de profit qui vont artificiellement être créés dans les pays ou zone dont la fiscalité est la plus faible :

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Relativisation   : Selon P. Arthus la crise de 2008 et la problématique du développement durable conduit à une remise en cause de ces stratégies on assisterait à des stratégies de relocalisation :

« Des années 1990 à la crise de 2008, la tendance était la « segmentation de la chaine de valeur » : les processus de production étaient découpés dans leurs devises composantes, et chaque composante réalisée dans un pays différent en fonction de ses coûts de production, de ses avantages comparatifs. On avait alors la dispersion de la production industrielle dans un grand nombre de localisations.

Mais la tendance est aujourd’hui complètement différente, puisqu’il y a « désegmentation de la chaine de valeur ». Ceci vient :

• de la hausse forte des coûts de production dans les pays émergents qui décourage la délocalisation dans ces pays ; on assiste à un recul des exportations liées aux activités d’assemblage (processed exports) en Chine ;

• de la baisse du poids de l’industrie dans l’économie mondiale , ce qui rend inutile de disposer d’une multiplicité de centres de production ;

• de l’anticipation d’une hausse des coûts de transports, lorsque le prix du Co2 sera enfin fixé à un niveau convenable, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui »

Conclusion

Un schéma   :

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une carte mentale de synthèse

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Source : https://scienceseconomiquesetsocialesterminale.wordpress.com/2015/01/12/carte-mentale-sur-les-firmes-multinationales-fmn/

Des ressources complémentaires

Exercices de remédiation

Sur le net, articles et vidéos

De base ApprofondissementI. Qu’est-ce-que l’internationalisation de la production ?

Un QCM sur les IDE

QCM sur les IDE

Les firmes transnationales – Une vidéo d’ECODICO

Le Dessous Des Cartes  Délocalisation   -

Un article du Monde : le rapport de la CNUCED sur les IDE en

France

Multinationales: trop riches? Trop puissantes? - rts.ch - émissions -

Une vidéo de Seko éco – L’internationalisation de la

production1

Cours Audio - SES Terminale ES - Quels sont les fondements de

Xerfi Canal : Benoît Mafféi Les multinationales émergentes

Jean-Hervé Lorenzi, La France et ses   multinationales   –   les multinationales ont-elles une nationalité ?

Un article du Monde :Les biais des statistiques sur les IDE de la

CNUCED

Une vidéo de Canal U : l’économie à l’ère des flux

Page 15: Fiche 213 - La Mondialisation de La Production

l’internationalisation de la production

II. Pourquoi internationaliser la production ?

Le sujet corrigé de la dissertation du bac 2013 : quels sont les déterminants de la transnationalisation des entreprises ?

Le CHOIX DE Toyota pour Valenciennes

Une vidéo Les délocalisations : menace ou opportunité ? - HEC

Lausanne

Un article Les déterminants de la transnationalisation

Un autre article sur les déterminants de la transnationalisation

III - Quelle stratégie d’internationalisation ?

Un QCM sur les stratégies internationales des FTN

QCM sur les stratégies des FTN

Epreuve  composée - Implantations des FMN (2012-2013).pdf  Dissertation - Firmes transnationales et mondialisation (2011-2012).pdf Dissertation - Stratégie des Etats et compétitivité (2011-2012).pdf

Un sujet corrigé : les effets de la multinationalisation sur l’emploi des pays riches

Une vidéo de Seko éco-L’internationalisation de la

production 2

E.M Mouhoud, La France et ses   multinationales   -   Stratégie   gl obale et intérêt : une vidéo Xerfi

Canal

Mondialisation et commerce international » , N° 325 (PDF) -

La ...La nouvelle division

internationale du travail - SES - ENS de Lyon

les nouvelles logiques de décomposition internationale ... 

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