HIRAMRevue d’Etudes Symboliques, Initiatiques et Hermétiques

REVUE DU FORUM D’ECHANGESSUR LES RITES MAÇONNIQUES DE MEMPHIS ET MISRAÏM

TÉLÉCHARGEABLE À L’ADRESSE SUIVANTE : HTTP://RITESEGYPTIENS.FORUMACTIF.NET/

EDITORIALAmis lecteurs, cet édito du numéro deux d’Hiramvous est adressé. La revue que vous tenez entrevos mains est l’œuvre d’une poignée d’individus

qui considèrent que les Rites Maçonniques Egyptiensde Misraïm, de Memphis et de Memphis-Misraïm sontdes rites de grandes valeurs qui ont été trop souventdesservis par ceux qui prétendaient les diriger et tropsouvent critiqués par ceux qui ne les connaissaient pas.Si l’on s’intéresse à l’histoire des rites Egyptiens (bienque complexe), il est juste de dire que de tout temps, lestemples de la Maçonnerie Egyptienne ont été lesrefuges des charlatans, mais aussi ceux de véritablesadeptes (les premiers hélas plus nombreux que lesseconds). L’histoire ne fait que se répéter et elle se répè-tera encore. La Maçonnerie Egyptienne est conflictuelledans son essence, elle exacerbe la maturation de l’indi-vidu vers ce à quoi il tend. De là, pour certains, la ten-tation des Hauts Grades, des Hautes Initiations (cellesque les autres n’ont pas eues), et l’utilisation des voiesles plus détournées pour arriver à ce qu’enfin tous lesautres leur reconnaissent le titre de Sublimes Initiés ouje ne sais quoi d’autres. Les derniers se nommeront lespremiers. Je vais vous confier un secret, un vrai : il n’y arien de nouveau sous le soleil… Laissez tomber et reve-nez sur Terre. Les obédiences Egyptiennes ne sont pasdes monarchies pour roitelet sans couronne et sanstitre. C’est donc aux maçons anonymes et sincères dans leurdémarche que je m’adresse ainsi qu’aux profanes qui,peut être un jour, fouleront le sol de nos temples. Cetterevue est pour vous. Il n’y a qu’une façon d’aborder lesrites Egyptiens, c’est en les pratiquant. Tout ce que l’ona pu vous dire sur de prétendus secrets est faux. Il n’y apas d’initiation suprême qui vous transformera en un clind’œil ou un coup d’épée en Super Initié. Soyez réaliste,

cela se saurait (malgré tout) et cela se verrait. L’initiationne tient qu’à une chose : laisser tomber un bandeauaveuglant le réel. Seule compte la pratique intime de l’in-dividu face à lui-même jusqu’à ce qu’il se contempledans son intégralité. L’initiation est Une, même si les voies sont multiples.Mais alors, à quoi servent toutes les pratiques dont nousentendons parler lorsque l’on aborde le sujet de laFranc-Maçonnerie Egyptienne ? Que doit on penser dela Théurgie, de l’Alchimie ? Et alors, les ArcanaArcanorum, les Elus Cohens, l’église gnostique et tout lereste, qu’est ce que cela devient ? Dans ce domaine là,votre carte est votre territoire et nul ne peut emprunter lechemin d’un autre. L’Ange est Enjeu et en Je. Il y a desvoies directes, d’autres plus détournées et des voiessans issue. La Franc Maçonnerie se suffit à elle-mêmeà condition de l’aborder par les seuls aspects pratiqueset non par l’intellect. Nul Ordre quelconque ne détientles clés de la Maçonnerie Egyptienne. Vous trouverezdans ce numéro deux, un article d’ d’Alkimia sur leHasard (s’il existe). Puis, un article de Labarum quiévoque des aspects opératifs (quoique négligés parfois)contenus dans la Franc Maçonnerie Egyptienne. Voustrouverez enfin un important article d’Eques sur un deces ordres évoqués plus haut, la Rose-Croix d’Orient.Un petit rappel. Vous avez la possibilité d’intervenir surchacun de ces articles sur le forum. Ceci vous ouvrel’opportunité rare de pouvoir discuter et critiquer avecles auteurs des Articles et vous avez aussi la possibilité,encore plus rare, d’écrire dans cette revue en envoyantvotre article soit à Labarum, soit à moi-même.Voilà, cette revue est entre vos mains, je vous en sou-haite une agréable lecture.A tous les chercheurs humbles et sincères, ORA etLABORA…

Mercure

Numéro 2Février 2009

1

J’ai souvent entendu en loge que le hasard n’existaitpas, sans pour autant que cette affirmation ne soitétayée. Pour certains, cela revenait à dire que tout

est déjà écrit et qu’il faut savoir accepter cet état de fait.Quelle tristesse de se dire qu’il suffit d’attendre et quetout ce qui advient n’est que le résultat d’une décisionomnipotente mais surtout extérieure.Pour ma part, fervent défenseur du libre arbitre, j’ai tou-jours pensé que les évènements étaient les résultats denos actes et pensées, ou pour être plus précis que lesévènements sont les effets des causes induites par nousmême.Cette vision des choses m’a amené à chercher lescauses pour comprendre leseffets. Me voilà, sur les conseils éclairésd’un « ami » parti sur les routesde l’occulte à la recherche desclefs cachées qui m’ouvriront lesportes de la compréhension.Merveilleux monde que l’occultequi loin d’être caché offre aucherchant des éléments innom-brables, livres, Internet, rencon-tres diverses et variées avec desmembres de diverses « écoles »initiatiques offrant, moyennantfinances, de vous expliquer lepourquoi du comment. Comme le dit l’adage, « quand l’élève est prêt le maîtreapparaît »Étude du tarot, qui au travers de ses cartes m’a apprisnon pas à connaître l’interprétation livresque de chaquearcanes mais à découvrir que chacune d’entre elles fai-sait résonner en moi une réponse particulière et que le« hasard » de la disposition ou de la liaison entre diffé-rentes cartes, s’il était bien perçu, faisait apparaître uneréponse toujours « bienvenue ». De l’astro-logie dont les thèmes montés dévoilaienten filigrane une route qui -le « hasard » fai-sant bien les choses- correspondait au che-min suivi par le consultant. De l’alchimie,dont les différents Traités qu’ils soient écritsou de simples dessin nous montrent que lanature dans son exubérance bien ordonnéenous montre et nous donne tout ce dont nousavons besoin .De la cabale, tout juste effleurée mais qui nous offre l’ex-plication de la nature de l’univers et le chemin quel’Homme doit suivre. Découverte de personnages telsque Fulcannelli, Papus, Sedir, etc. etc... qui tous nous ont

ouvert les voies que chacun d’entre nous peut suivre au« hasard » de ses recherches.Au fur et à mesure, une constatation : j’accumule duSavoir mais il ne me sert pas à grand-chose car si jeconnais les mots que je lis, la plupart des concepts évo-qués restent lettres mortes et m’apportent plus de ques-tions que de réponses.Le Hasard met alors sur ma route une personne quim’oriente vers la maçonnerie égyptienne qui regroupeselon elle des personnes instruites dans les domainesqui m’occupent.Et voilà, après avoir longtemps hésité je frappe à la portedu temple.

Sensation étrange d’avoir étéguidé jusque-là et que cette portedevant moi masque les réponses.Initiation, symboles, voyages, etune première constatation, lesmaçons sont des Humains avecdes qualités et des défauts, et sur-tout des gens qui prônent une phi-losophie qui ne sort pas souventdu temple comme si la porte quiferme ce lieu retenait l’EspritMaçonnique. Et pourtant, que de surprise enm’apercevant que la Maçonnerieme demande de travailler sur moi-même et surtout en moi-même.

Car ce Hasard, combien de foi a-t-il tenté de me ramenervers moi ?Nouveau départ et première constatation : il me sembleque depuis des années les évènements me dirigent versles réponses que je cherche et malgré mon aveuglementet les détours que j’ai pu emprunter tout me ramène versune route qui a toujours été là.A partir de ce moment, je vais observer ce qui se passeautour de moi et essayer de percevoir ce qui se distingue

devant moi.Hasard et synchronicitéAprès quelques temps, au « hasard » d’unediscussion, au sujet d’une planche que je vaisprésenter, je me rend compte de quelquechose de très important (disons pour être plusprécis que quelqu’un m’a mis le nez dedans) :tout ce que je fais, écris ou dis reste extérieur àmoi, tous les outils que j’ai dans les mains ne me

servent qu’à façonner une pierre alors que je dois travail-ler sur moi et ce maillet que je frappe sur la pierre jedevrais me taper les doigts et la tête avec.

2 Hiram n° 2

Le hasardpar Alkemia.

Le hasard ou le mot que l’on met sur un évènement dont il nous semble qu’il n’est liéà aucun acte conscient mais cela est il vraiment le cas ?

“Quand l’élève est prêt, le maître apparaît”

Alors le Hasard n’est il qu’un outil de réalisation de soi,chacun disposant du sien propre ?C.G Jung a développé au siècle dernier la notion de syn-chronicité, comme étant le principe connectant notre psy-ché à un évènement extérieur avec lequel nous noussentons en communion avec les autres et avec l’univers.Ce concept correspond pour faire simple au phénomènedu téléphone qui sonne et nous met en communicationavec la personne à laquelle nous pensions à ce moment-là.Est-ce le hasard ou le lien qui unit toute chose qui a reliédeux personnes au moment où le mental de l’un, voiredes deux, se focalisait sur un être précis ?Ce principe, s’il était parfaitement maîtrisable, nous per-mettrait alors de « lire » comme un livre ce qui nousentoure comme étant non extérieur mais faisant partied’un tout et où la volonté dirigée permettrait non seule-ment de comprendre mais aussi de percevoir chaqueinteraction, non pas de prédire mais d’anticiper les évè-nements, de prendre les décisions les plus aptes à seréaliser et ce sans état d’âme mais avec « clairvoyance »Rassembler ce qui est épars nous dit la Maçonnerie.Non pas laisser au « Hasard » le soin de décider de lasuite des évènements mais bien de se recentrer, de seré-unir en soi et une foi l’unité retrouvée l’élargir de plusen plus afin qu’il n’y est plus que le UN, l’Unité commenous le dit un adage antique « Un est en Tout et Toutdans Un »Alors le Hasard existe-t-il ?Oui pour ceux qui préfèrent laisser les évènements lesconduire vers le bout du chemin.Peut-être pour tous ceux qui préfèrent se bander les yeuxet rester dans l’ignorance.Non pour tous ceux qui veulent vivre pleinement, enpleine lumière, et aller d’un pas alerte et les yeux brillantsvers ce que la vie va leur donner.

3 Hiram n° 2

Dans ce but, nous décrirons d’abord cette attitudepour mieux l’étudier afin d’en déterminer les effets,la pratique. Puis, je décrirai également une partie

de mon vécu de celle-ci. Jeune Apprenti, j’avais été surpris de voir l’assise queprenaient les Frères et Sœurs dansnos Loges égyptiennes, appeléeaussi l’assise pharaonique en réfé-rence aux colosses de pharaonassis, tels que l’on peut en voir aumusée du Caire. Cette position cor-porelle ne fait pas partie des signesd’ordre, pourtant elle me semble véri-tablement essentielle de par son lienavec le grand passage à l’orient éter-nel...En effet, nous nous position-nons ainsi lorsque le VénérableMaître nous dit: « Je vous demandede laisser les métaux à la porte dutemple et de faire en vous même lesilence intérieur.... ». Voyons d’abordcette position :- Le tronc est perpendiculaire auxcuisses ;- Les bras et avant-bras posés surles cuisses, coudes proches desflancs ;- Les cuisses perpendiculaires auxjambes ;- Les jambes perpendiculaires aux pieds ;Nous avons donc une triple perpendiculaire où chaquepartie du corps, correspondant à « nos cerveaux », estséparée intentionnellement, où chaque articulation denos membres est à son maximum de repos et les mus-cles afférant à leur maximum de relâchement. Le dos estparfaitement droit jusqu’à l’occiput et permet un empile-ment correct de vertèbres permettant un alignement ver-tical, effaçant ainsi notre lordose et notre cyphose (noscourbures dorsales). La rectitude correcte de notre arbrede vie, notre colonne vertébrale, soutien unique de l’en-semble du corps, est ainsi atteinte.Dans cette attitude, l’idéal est d’avoir la totale horizonta-lité du regard permettant de positionner son cou dans leprolongement de la colonne et un port de tête très précispermettant à la respiration de s’épanouir encore plus vers

le cerveau et principalement en dessous du cerveau versnotre « cerveau olfactif » que certains ont appelé « corned’Ammon » en relation directe avec l’attention et le dis-cernement (exemple : vous avez forcément été bienenrhumé un jour, et à ce moment disposiez-vous de la

pleine réactivité de discernement,d’attention de votre cerveau, de votrevolonté ?). Cette partie est aussi enrelation directe avec nos phénomènesémotionnels. Autrement dit, plus notreposition corporelle suit ces règles,plus je peux respirer en développantmon attention et maîtriser mes phéno-mènes émotionnels.Comme une pierreCette attitude posée, et aux mots duvénérable maître, nous luttons, utili-sons notre intention en un effortconscient pour faire en nous-même lesilence intérieur. Cette phrase nousapparaît d’abord comme un leurre,une contre-vérité ! Comment faire lesilence intérieur en 3 minutes aprèsune énorme journée de boulot et destress, l’esprit totalement accaparé àdes occupations profanes ! D’autantque cette maîtrise posturale de notre

appareil locomoteur, cette quasi-immobilité va susciter ennous une véritable hémorragie nerveuse. Ce que ne ditpas cet ordre c’est simplement que le silence intérieur nevient que si on prolonge cette attitude pendant la totalitéde la tenue de notre rite (tenue, tenir...). Pourquoi ?Simplement parce que le silence intérieur passe par ladétente, celle du corps en premier afin que l’esprit sedétende ensuite.Ainsi, par cette tenue du corps, nous décontractonsconsciemment et inconsciemment nos quatre membrespar segments, nous nous délestons consciemment denotre pesanteur, de notre métal corporel, nous reposonsalors sur les os du bassin sans effort et notre diaphragmepeut monter et descendre afin de masser nos organes,au fur et avec mesure, la détente arrive... Dès lors, je mesens compact, presque pétrifié pour reprendre l’expres-

4

Le silence intérieur et l’assise pharaoniquepar Labarum

Si, mes Très Cher Frères et Sœurs Apprentis, je vous pose la question de savoir d’oùvient la position assise que nous adoptons lors de nos Tenues, que me répondrez-vous ?Par imitation en voyant les autres frères et sœurs faire de même, que peut-être enpoussant plus loin vos recherches vous l’avez lu ? Oui mais où ? C’est une autre ques-tion que je vous pose... et que je pose également à nos compagnons et maîtres... Entout cas, au delà de ces questions, j’essaierai de répondre au moins à une question :Quel est donc le rapport entre cette position corporelle et le silence intérieur ?

Hiram n° 2

Pharaon assis

sion de Campanella1 ou d’Arturo Reghini2, je suiscomme une pierre, c’est comme si j’étais presque mort,le corps immobilisé et l’esprit un minimum présent. Je n’aiplus de spasmes musculaires et nerveux, une douce cha-leur envahit mes membres et je sens mon visage qui sedétend imperceptiblement, le masque s’en va, parfoismême, ma bouche change de goût et mes sécrétionssalivaires sont différentes,mon esprit est prêt, atten-tif.Avec attention et discer-nement, je peux travailleren conscience puisquec’est bien par elle que jetente de me relier audivin... C’est ici que d’au-tres cases noires se pré-sentent. Cette douce cha-leur peut favoriser monendormissement et lafatigue de la journéeaidant, je dois lutter avecforce et vigueur pour êtreattentif, être cette atten-tion même, lucide sanslassitude et précis sansrêveries, puisque je parti-cipe aussi à un rite maçonnique hermétique dont l’un desobjectifs est de générer en moi des impulsions deconscience afin de réaliser le Grand Œuvre.Rester conscientUne fois cette nouvelle victoire réussie, jedois donc faire attention au rituel ; dois-jeme laisser emporter par lui comme celam’est arrivé et m’arrivera encore, et perdreainsi le bénéfice de cette position ? Oubien y participer autrement de manièreplus active en ne sélectionnant que lesimpulsions qui parlent à mon être vrai seu-lement accessible en ces conditions decorps et de conscience ? Aussi, soyonsplus exact, et osons une image puisquenous sommes dans un rite hermétique. Ceserait celle d’un vase clos volontairementdont le génie intérieur déciderait ce quipourrait passer dans le filtre du bouchon.Ce qui passerait avec autorisation dugénie, ce sont les impulsions de notreconscience, autrement dit, ce sur quoinotre être vibre par analogie aux phrasesdu rituel, aux symboles, à l’ambiance aumilieu dans lequel on est ; or, c’est àchaque fois différent car cela dépend aussi de là où nousen sommes et de ce que nous sommes à un instantdonné. Ainsi, ces impulsions ne sont dès lors ni plus nimoins que des informations d’une nature si subtilesqu’elles ne peuvent nous atteindre que par le biais dusymbolisme vivant et de l’analogie. Je suis conscient de

tout ce qui est extérieur à moi et conscient de tout ce quiest intérieur, interne... Le rapport conscient entre cesdeux aspects de ce que je vis m’oblige à la maîtrise afinde rester conscient, du double aspect externe-interne, jedeviens aussi triple par cet acte de maîtrise. En prenantcette position, je suis rentré en moi-même, en érigeantma colonne vertébrale, j’ai pu descendre en ma terre,

mes ténèbres, moncorps et beaucoupplus... : « Visita inter-iora terrae rectificandooccultum lapidem » ;visite l’intérieur de laterre et tu trouveras lapierre cachée, vérita-ble médecine. Le butde ma réalisation estbien hermétique, elle abien lieu en mon inté-rieur, après m’êtreisolé de l’extérieur... etn’y participe pas quiveut !Alors maintenant, quelest donc le lien ténuentre cette positioncorporelle et le silence

intérieur ? Ce rapport est celui du message symboliquede notre initiation maçonnique hermétique, dans lequelnous vivons ce que nous pourrions vivre post-mortem,

une certaine forme de pérennité de notreâme-conscience... « Monsieur, Madame,s’initier c’est apprendre à mourir ! » Il n’estpas question ici bien sûr de faire l’apologiede la mort et de la rechercher, mais en tantqu’être humain conscient inscrit dans unedémarche spirituelle, cette question est etreste essentielle à tout cherchant. En effet,ce travail du silence intérieur par cette posi-tion corporelle, favorise la ressemblanceavec nos tous derniers instants de vie durantlesquels notre corps n’est presque plus, nousnous sentons comme « pétrifié » tel unepierre, masse inerte. Ce travail nous obligeainsi à maintenir notre conscience alerte, enéveil. Rappelez-vous votre initiation, le mes-sage de cette praxis y est sans arrêt présentet divulgué sous forme de mythe et deparoles et de bien d’autres éléments... Ainsi,nous pouvons aisément compléter la phrasede notre rituel précisant que : « Si l’âme del’homme est la terre naturelle du verbe »,alors par analogie le corps de l’homme est

la terre matricielle du silence et son esprit est la terre cul-tivée de la conscience !1 ARTURO REGHINI, Ur et Khrur, éditions Arché milano2 CAMPANELLA, La pratique de l’extase philosophiqueDE SAMBUCY, Yoga égyptien et iranien, éditions DanglesConférences de MARIO BEAUREGARD

5 Hiram n° 2

3 vues de Pharaon assis

Projection de l’arbre desséphiroth sur l’homme

L’histoire de la Rose+d’Orient, si nous la considéronsen tant qu’initiation, ou l’Ordre des Rose+Croixd’Orient si nous le considérons comme un Ordre ini-

tiatique, est assez obscure et pleine de brèves et devagues références.Robert Ambelain (1907-1997), l’une des plus grandesfigures ésotériques et occultistes du XXme siècle, qui res-taura certaines « écoles de mystères », en fut le déposi-taire. Sans lui, il est probable que nous n’aurions jamaisentendu parler de cette transmission.En guise d’introduction, suivons tout d’abord SergeCaillet dans sa postface à laréédition de 1997 de l’ou-vrage de Robert Ambelain,Le Dragon d’Or, Rites etaspects occultes de larecherche des trésors1 : « En 1945, Robert Ambelaina également reçu deGeorges Lagrèze l’initiationparticulière desRose+d’Orient, que ce com-pagnon de Papus avait lui-même reçue au Caire, vrai-semblablement des mainsde Dimitri Sémélas,quelque trente ans plus tôt.Templiers et Rose croix.Documents pour servir à L’histoire de l’Illuminisme (1955)évoque cette lignée, dont il a publié la technique, quirelève de L’Alchimie spirituelle. Technique de la voie inté-rieure (1961), et Le Sacramentaire du Rose-Croix (1962),plein de prières utiles tirées d’un manuscrit ancien. Il atta-chait d’ailleurs tant de valeurs à cette initiation, qu’il crutà tort liée à Martines de Pasqually et à Saint Martin, qu’illa communiqua seulement à quelques rares compagnonsde sentier, dont le nombre, m’écrivait-il un jour, tenait surles doigts d’une main. André Mauer était de ceux-là, quilui succéda au patriarcat de l’Eglise gnostique ».Si Robert Ambelain reçu de Georges Lagrèze cette initia-tion, il est pour le moins étrange que ni Georges Bogé deLagrèze, ni Robert Ambelain n’ont jamais mentionné lenom de Sémélas, nous savons pourtant combien RobertAmbelain attachait d’importance aux filiations…

Les originesNéanmoins tentons de suivre dans les méandres de sesécrits Robert Ambelain afin de découvrir les origines decette initiation particulière.Dans l’avertissement au lecteur de L’Alchimie spirituelle2

(1961), ouvrage dédié à Georges Bogé de Lagrèze, nouspouvons lire :« Le même organisme rosicrucien qui avait suscité DonMartinez de Pascuallis et ses Elus-Cohen dans le but detravailler à cet ultime aspect du Grand Œuvre qui a nom

la « RéintégrationUniverselle », suscita trenteannées plus tard son discipledirect, Louis-Claude deSaint-Martin, dans le but detravailler à la “RéconciliationIndividuelle”.[…] la technique de la « voieintérieure », confié à L. C. deSaint Martin et transmisedirectement par lui à sesintimes, nous avait été trans-mise avec une dernière ini-tiation. Celui qui l’avait reçueen Egypte au Caire, trenteannées auparavant, nousremit un schéma alchimique,

une brève explication orale, et l’initiation qui allait de pairavec le tout. Cette dernière n’avait pas de rapport avec leMartinisme classique d’ailleurs ».Il est pertinent de s’interroger sur l’existence de cet orga-nisme rosicrucien dont parle Robert Ambelain. Dans LeSacramentaire du Rose-Croix3 (1997, 1re édit. 1962),page 16, il écrit :« Gérard Heym, dans la revue Initiation et Science (1963,n°57), a cité (p.47) l’Ordre des Frères Asiatiques, ditencore Chevaliers de Saint-Jean l’Evangéliste, réorga-nisé vers 1750, puis vers 1780, et dont le berceau sesituait à Thessalonique. Il s’agit en fait des Frères de laRose-Croix d’Orient, Papus avait reçu, avant 1914, d’unmembre du Suprême Conseil de l’Ordre Martiniste, quilui-même l’avait reçu au Caire, la filiation desdits Rose-Croix d’Orient. Nul autre que Papus ne la posséda, pasmême Téder, son successeur, au sein du Marinismed’alors ».

6 Hiram n° 2

Étude sur la R+C d’OrientPar Eques_a_magdalena

Il est des initiations qui firent et qui font encore de nos jours couler beaucoup d’en-cre… Telles sont les “Arcana Arcanorum”, tantôt du Régime de Naples, tantôt decelui dit “de Venise”… appartenant ou non aux Rites Egyptiens. Le spectaculaire fai-sant vendre, bon nombre d’écrivains maçonniques ne cessent de nous abreuver d’ou-vrages plus ou moins sérieux. Paradoxalement il est des initiations occidentales dontpeu d’écrivains et d’historiens font état, voir très succinctement… La Rose+d’Orientest l’une d’elle.

Eglise Saint Victor à Marseille

Une autre des plus grandes figures ésotériques et occul-tistes du XXe siècle, René Guénon, écrivit dans une lettredu 11 Octobre 1948 destinée à André Bastien :« A ce propos, j’ai à peine besoin de vous dire que lesprétendus Frères d’Héliopolis sont tout aussi imaginairesque les Frères d’Orient... »Qu’en est-il de ces « Frères d’Orient », sont-ils une inven-tion tendant à légitimer une filiation ou un OrdreInitiatique très secret et très fermé ?Aucun document historique ne permet aujourd’hui d’at-tester véritablement de leur existence, mais continuons àparcourir les ouvrages de Robert Ambelain, car il est leseul à avoir autant écrit sur eux.Bien qu’il fût, rappelons-le, homme de lettres et historien,il aimait parfois s’arranger avec l’histoire. Ceci n’entameen rien les qualités de cet homme et l’œuvre qu’il nous alégué. Dès 1946, dans Le Martinisme, Histoire etDoctrine4, il nous livre page 97, une certaine version… : « Lors d’un de ses voyages à Strasbourg, (ville qui separtagea sa vie, avec Paris et Amboise…), Saint Martinavait fait la connaissance de Rodolphe de Salzmann, tra-ducteur et commentateur du philosophemystique allemand Jacob Boehme.Or, issu des « Frères d’Orient », ordre initia-tique constitué à Constantinople, en 1090,sous le patronage de l’empereur AlexisComnès, une fraternité mystique secrètegroupait les adeptes de toute une école rosi-crucienne, du type évangélique et protes-tant. Cet ordre était celui des PhilosophesInconnus ».De même, il ajoute plus loin, page 174 :« … mais bien à la Société des PhilosophesInconnus dont le baron de Tscoudy en son «Etoile Flamboyante » (1784) donna les sta-tuts. C’est à cet Ordre ou confrérie mystique,qui compta khunrath, Gitchel, Salzmann,Boehme, parmi ses membres, que se ratta-cha Saint Martin lorsqu’il eut démissionnédes Cohens, de la S.O.T. etc…, par sa lettrede 1790 alors qu’il était à Strasbourg. C’està cet Ordre, qui rejoint les « Frères d’Orient», dont l’un des Patrons fut l’EmpereurAlexis Comnène et qui est encore plusantique, qu’appartiennent les symboles fondamentaux etuniques du Martinisme, et les lettres qui accompagnent leChrismon des points mystérieux de l’Ordre ont aussicette origine. C’est de cette fraternité que Saint Martinreçu les clés de la Voie intérieure. »Version qu’il contredira presque deux ans plus tard enmars 1948, dans Le Martinisme Contemporain et sesvéritables origines, en sa page 8 :« 3° ) Quel document nous parle des Frères d’Orient dontun des patrons d’honneur aurait été l’Empereur AlexisComnène ? Aucun. S’il en existe, l’Ordre MartinisteTraditionnel doit, de bonne foi, reconnaître qu’il ignore lelieu de leur dépôt ! Cette hypothèse fut colportée par unS I de bonne foi, du nom de Dupré, qui la tenait commeune tradition verbale d’un autre S I, d’origine grecquenommé Semelas. De qui la tenait Semelas, nous l’igno-rons, mais nous en reparlerons plus loin…quant à

l’Empereur Alexis Comnène, c’est ce souverain qui invi-tait les chevaliers des états d’Occident à participer à laCroisade, en leur offrant en échange les belles filles de laGrèce… Etrange initié en vérité que cet empereur proxé-nète, qui convoqua de lui-même deux conciles àConstantinople, au cours de l’année 1120, conciles aucours desquels; sur sa demande s’ouvrit le procès desCathares d’Orient, procès qui se termina plus tard avec lesac de Béziers, de Carcassonne, et la ruine du Midi de laFrance ».Puis deux paragraphes plus loin :« 5° ) C’est à cet Ordre ou confrérie mystique… qu’appar-tenaient les symboles fondamentaux et uniques duMartinisme, et les lettres qui accompagnent le Chrismon.Les six points mystérieux de l’Ordre ont aussi cette ori-gine, nous dit notre auteur. Possible. Mais voilà une tra-dition qu’ignorèrent Papus et Chaboseau père, lors de laconstitution du premier suprême conseil de 1891 et quinous parvient encore par le même Semelas.Or, nous n’ignorons pas que, durant la guerre 1914-1918,lorsque le Kaiser envisagea de se faire proclamer

Empereur d’Orient, le clergé orthodoxe grecdevait procéder au sacre à Constantinople,dans la basilique Sainte-Sophie, et que desFrères d’Orient devaient procéder à uneseconde consécration, dans la crypte deSainte-Sophie, le lendemain. Tout nousporte à croire que Semelas était l’agentd’une puissance politique et que les mysté-rieux Frères d’Orient furent tirés de l’oubli(ou imaginés) pour des fins très… tempo-relles ! »Robert Ambelain contredit donc ses écritsprécédents, la filiation initiatique rattachantl’ordination de la Rose+d’Orient aux Frèresde la Rose+Croix d’Orient ou Frèresd’Orient semble donc lourdement ébran-lée… Néanmoins, un nom revient sanscesse… Sémélas !Malheureusement, il ne nous est parvenuque bien peu de choses de Dimitri Sémélas.Mystique profond, il fut le fondateur del’Ordre du Lys et de l’Aigle. Il fut aussi mar-tiniste et certains avancent l’hypothèse qu’il

aurait été le, ou l’un des rédacteurs des rituels martinistesutilisés par Papus. Rien à ce jour ne permet de l’affirmer,l’histoire de cet initié reste à écrire…Quelques années plus tard, Robert Ambelain nous laissaune autre piste de réflexion historique. Dans Templiers etRose+Croix, Documents pour servir à l’Histoire del’Illuminisme5 (1955), en ses pages 63&64, il nous livrececi :« Toutefois, parallèlement à lui (Joseph de Maistre –NDLA), puisant à une source commune, que nous avonslonguement analysé (La Rose-Croix), il existait desadeptes, ayant les mêmes doctrines et les mêmes buts,et qui, eux aussi, étaient issus de la Stricte Observancetemplière. […] Le quatrième, et dernier, chapitre desFrères Rose-Croix du Grand Rosaire, fait son étude assi-due de connaissances particulières d’ontologie, de psy-chologie, de pneumatologie. En un mot, toutes les parties

7 Hiram n° 2

Les fameux cierges vertsaccompagnant la proces-sion de la Vierge Noire à

Saint-Victor

des sciences que l’on nomme occultes ou secrètes,parce que au dessus de la portée des multitudes, ellessont elles étrangères au vulgaire des gens instruits, leurobjet spécial étant la Réhabilitation et la réintégration del’Homme intellectuel en son rang et ses droits primitifs. » Telle est la définition de cette branche particulière desRose-Croix dite du Rite Primitif, que le marquis deChefdebien connaissait par son père, lui-même initié,ainsi que son propre frère, à Prague :« Son père avait connu quelques maçons allemands,avec lesquels il avait toujours entretenu des relations. Ilavait fait leur connaissance autrefois,lorsqu’ayant été fait prisonnier ausiège de Prague, il leur avait étérecommandé par son frère, tué depuisau combat de Rosbach (cf. B. Fabre :un initié des société secrètes supé-rieures : l’Eques a Capite Galeato, p. 5» .Ainsi le frère était déjà en relationsavec les initiés de Prague, et c’était làun contact traditionnel en cette familledes Chefdebien d’Aigrefeuille !Cette filiation particulière a donné ceque de nos jours on nomme, en cer-tains milieux maçonniques occultistes,le Rose-Croix d’Orient (nous tenons cerenseignement du regretté GeorgesL…, alias Eques Rosae Caritatis6… Cette filiation vint d’Orient (sans douteplus simplement de Syrie etd’Arménie, par la Grèce, si nous encroyons nos propres recherches etrecoupements personnels, appuyéssur des documents que nous avons pu compulser à titreconfidentiel et qui nous furent confiés par l’un deux,Mikaël in ordine)7.Ainsi, en 1955, Robert Ambelain jugeait que cette initia-tion n’avait aucun rapport avec les Frères d’Orient,qu’elle était chrétienne et gnostique et peut-être sœur decelle des Templiers…Il laissait sous-entendre (Cf. Templiers et Rose-Croix, pp.13, 14, 15) que la filiation des Rose+d’Orient venait del’Ordre des Chevaliers Porte-Glaives fondé en 1204 pardes chevaliers issus du Temple, et qui se confondit plustard avec l’Ordre Teutonique. Néanmoins, ils étaientdemeurés indépendants à l’intérieur de l’Ordre et avaientmaintenu intacte une tradition chrétienne étrangère àl’esprit de l’Ordre Teutoniques :« C’était ce christianisme oriental, que les liturgies byzan-tines, coptes, jacobites7, nous révèlent si près du gnosti-cisme chrétien primitif ».Cette filiation serait passée de Syrie et d’Arménie, enGrèce, puis en Allemagne via des chevaliers issus duTemple et intégrés à l’Ordre Teutonique pour enfin seretrouver au sein du Rite Primitif du marquis deChefdebien et du Chapitre des Rose-Croix du GrandRosaire…Encore une fois, aucun document historique ne vient àl’appui de cette thèse, qui semble quelque peu abracada-

brante…Et ce n’est pas l’explication de Jacques–EtienneMarconis de Nègre dans le Sanctuaire de Memphis(1849) qui tente de légitimer son Rite de Memphis parune filiation desdits « Frères d’Orient, dont le fondateurétait un sage d’Egypte du nom d’Ormus… » qui donne lemoindre crédit à l’existence des Frères d’Orient.Nous devons nous rendre à l’évidence, la filiation desRose+Croix d’Orient nous échappe, faute de traces his-toriques, quant à l’identité de l’initiateur de Georges Bogéde Lagrèze, elle reste une énigme. Si Robert Ambelain

ne tenta jamais de démontrer une filiationliant Sémélas à Lagrèze, c’est sans doutequ’il était certain de ne pouvoir l’étayer.Seul l’écrivain Serge Caillet s’engageencore sur cette voie. Dans La Franc-Maçonnerie Egyptienne de Memphis-Misraïm8, page 268, il affirme : « En 1945, il (R. Ambelain) recevra par ail-leurs du même Lagrèze, qui l’avait reçueau Caire de Dimitri Sémélas, quelquetrente ans plus tôt, l’initiation dite desRose-Croix d’Orient ».Concevons que soit l’auteur - que nousrespectons - possède des documentsencore inexploités, soit la réédition de sonlivre n’a pas été corrigé. Et s’il fallaitencore vous convaincre, cher lecteur, de lanébuleuse qui gravite autour de cette ini-tiation, suivons l’écrivain Edmond Fieschi,qui fut proche d’Ambelain se contredire luiaussi. Dans son ouvrage, Initiation à laLumière d’Orient9, page 185, il exposececi :

« D’autant plus que l’on ignore la validité de la filiation deGeorges BOGE de LAGREZE en ce qui concerne uneautre parenté dite de la « Rose Croix d’Orient » ; lesmots dits de “pouvoir” : El, Emmanuel, Iahveh etIeshouah, qui entourent le mandala – un rectangle - relè-vent de la réforme kabbalistique au 19e siècle ! »Puis, page 207 :« Dès lors, les chemins divergèrent et De SAINT MARTINorienta sa démarche spirituelle vers une sorte de prosé-lytisme auprès de l’intelligentsia. Il enseigna une tech-nique ascétique qui s’apparentait à l’Hésychasme. Cesera la technique de la « Voie Intérieure » transmise parLouis Claude de SAINT MARTIN à ses intimes, selonl’initiation à la Rose+Croix astrale d’Egypte, remise auCaire dans un cercle rosicrucien, en 1912, à GeorgesBOGE de LAGREZE ; ce dernier la transmit vers 1946 àRobert AMBELAIN qui, à son tour, la remit à T. ANDREAS(alias André MAUER) le 26 janvier 1958 que, plus tardGérard ENCAUSSE (alias Papus) reprit en fondant uneorganisation initiatique qui s’intitula le Martinisme ». Ainsi le mystère demeure…Le Temple, le Rite Primitif, un Cercle rosicrucien, leMarquis de Chefdebien, Dimitri Sémélas… une filiationlégendaire se crée, mais, qu’en est-il réellement de cetteordination ?Robert Ambelain eut pour cette initiation un attachement

Couverture du SacramentaireRose+Croix de Robert Amabelain

8 Hiram n° 2

tout particulier. Lorsqu’après la guerre il décida de restau-rer et de réformer l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix,il plaça hiérarchiquement, dans ce nouveau cénacle,cette initiation au-dessus de toutes les autres :1.S. I. initiateur (Martinisme).2.Rose-Croix de Kilwinning (Maçonnerie Ecossaise).3.Réau-Croix (Elu-Cohen).4.Rose-Croix d’Orient (Rose+d’Orient).Mais que pouvait bien conférer cette initiation ?L’alephSi l’on en croit une lettre de George Bogé de Lagrèze àRobert Ambelain : « … Nul écrit, nulle trace sur le planphysique, mais pouvoir de radiance et de transmissionréelle. La Société des Philosophes Inconnus en fut uneréalisation mystique, les Elus-Cohens une manifestationopérative. En échange rien ne te sera demandé…que lesilence. »Dans le Sacramentaire du Rose-Croix (1997, 1re édit.1962), page 17, il ajoute :« Selon un document figurant ennos archives privées et qui émanede celui qui transmit cette initiationà Papus, c’est à la Rose+Croixd’Orient que se rattacherait l’ordina-tion particulière conféré parMartinez de Pascuallis à sesRéaux+Croix, au XVIIIe siècle ».Il y aurait donc une parenté entrel’ordination de Réau+Croix et cellede la Rose+d’Orient, cette dernièreétant opératoirement orientée sur laguérison des malades et l’aide ano-nyme aux individus. Il n’y a qu’à lirele Sacramentaire du Rose-Croixpour s’en rendre compte. Cependant, pouvons-nous parlerd’équivalence de transmission ?Nous ne le pensons pas. La trans-mission de la Rose-Croix d’Orientne nécessite pas l’apparition de « laChose » comme validation de l’ordi-nation…Une somme d’interrogationsdemeure. Robert Ambelain nousexplique que tout ce qu’il reçut endépôt fut un schéma alchimique,une brève explication orale, et l’ini-tiation qui allait de paire avec letout.De quel schéma alchimique s’agit-il ? Pour beaucoup, ils’agit de la Tétractys alchimique nommée Fig.1, et figu-rant en page 34 de l’Alchimie Spirituelle (2000, premièreédition 1961) dont le tome 2 ne fut jamais terminé (et dontfeu Gérard Kloppel avait projeté la publication), pourd’autres ce schéma reste un mystère, ne l’ayant jamaisreçu !Il est à souligner, selon Robert Ambelain, que JulesBoucher reçut des mains de Fulcanelli ce même schémaalchimique…

Si Robert Ambelain n’a reçu qu’une brève explicationorale, comment a-t-il pu développer seul cette techniqueau point d’en faire un ouvrage de 150 pages ?Dans le Sacramentaire du Rose-Croix, page 18, il écrit :« L’Original de ce sacramentaire (un cahier d’écolier),était rédigé en grec ».Selon certaines sources, ce cahier aurait été écrit parDimitri Sémélas, donné à Robert Ambelain par EugèneDupré, l’un des dirigeant de l’Ordre du Lys et de l’Aigledans les années 1930, ou par une certaine MadameWeill, très proche de Dimitri Sémélas et qui codirigeal’Ordre du Lys et de l’Aigle à Paris vers 1950.Si Sémélas devait être l’auteur de ce cahier, pourquoil’aurait-il écrit en grec, lui qui écrivait parfaitement le fran-çais ? Serait-ce un document qu’il aurait reçu en dépôt,mais de qui ?Robert Ambelain, qui se servit de ce document pour rédi-ger son Sacramentaire, auquel il ajouta des psaumes,des exorcismes, et des prières provenant des Elu-Cohens, connaissait peut-être l’identité du rédacteur de

ce cahier, peut-être pas…D’autres interrogations sont légi-times : Comment découvrit-il que laVierge Noire de St Victor deMarseille était la patronne del’Ordre ?Pourquoi les rituels de la Rose-Croix d’Orient ne comportent-ilspas de cierges verts si caracté-ristiques de cette Abbaye ?Est-ce lui qui instaura qu’à lachandeleur, les Rose-Croixd’Orient se réunissent dans lacrypte, ou était-ce déjà une cou-tume ancienne ?Enfin, si nous considérons,comme le font certains milieuxoccultistes, que GeorgesLagrèze reçut seulement undegré d’Aspirant Rose-Croix(Frère d’Orient), commentRobert Ambelain développa àpartir d’une brève explicationorale un système de quatredegrés du Rose-Croix d’Orient ?A moins peut-être qu’il les aireçus d’une autre sourcejusqu’ici inconnue…

Autant de questions qui pour l’instant restent sansréponse… mais nos recherches continuent…D’ailleurs, une précision venant encore de RobertAmbelain est importante car elle nous apprend l’exis-tence du port d’un bijou. Dans Templiers et Rose+Croix(1955), p. 119, nous pouvons lire :« Et les Rose-croix d’Orient, dont nous avons abordél’existence en ces pages, ont pour symbole une petitecroix de bois (d’un bois particulier), au centre de laquelleest posée une rose de Jéricho. On sait que la particula-rité de cette rose est de reprendre sa fraîcheur lorsqu’elle

Portrait de la Vierge Noire à Saint-Victor de Marseille

9 Hiram n° 2

est immergée. C’est une crucifère de la famille des thlas-pis, qui croît dans les sables de l’Arabie déserte.Elle est l’image de l’Ame humaine, pour nos Rose-Croixd’Orient ».Sans dévoiler cette initiation particulière, nous pouvonssouligner que la lettre Hébraïque Aleph est au cœur de lacérémonie et qu’en pratique, l’efficience du contenu duSacramentaire est réelle.En outre, le Rose+d’Orient possède un tapis opératoirecomportant des mots dits de « pouvoir » : El, Emmanuel,Iahveh et Ieshouah. L’origine de ce tapis opératoire reste aussi une énigmecar il ne semble pas qu’il fit partie de la brève explicationorale de Georges Lagrèze et comme le souligne EdmondFieschi dans son ouvrage, Initiation à la Lumière d’Orientpage 185, ces mots « relèvent de la réforme kabbalis-tique au 19e siècle ! ».Comment une initiation, dont les détenteurs souhaitentfaire remonter la filiation jusqu’en 1054 ou 1090 après J-C, peut-elle contenir des éléments du XIXème siècle ?La seule hypothèse plausible serait que Robert Ambelainajouta à posteriori des éléments au sein de ce dépôt.Lorsque l’on connaît l’habileté avec laquelle il écrivit bonnombre de rituels, cela paraît vraisemblable, à moins qu’iln’ait hérité de dépôts ultérieurs…Comme nous le mentionnons, c’est l’Aleph qui est le cen-tre de ce système opératif.Pour illustrer nos propos, suivons Edmond Fieschi danssa note 62, p.380, Initiation à la Lumière d’Orient :« Certes, le vocable JEHOVAH n’existe pas dans l’an-cienne Egypte. Nous retrouvons ce terme hébraïquedans le rectangle opératif du Rose Croix d’Orient dont,nous avons, aux quatre points cardinaux, en partant duhaut vers la droite et le bas en remontant sur la gauche,les mots EL, EMMANUEL, IAHVEH, IESHOUAH. Au cen-tre se dispose des témoins de l’opérateur, face au sud,pour le pouvoir de radiance. L’opérateur dispose un ban-deau sur le front et portant la lettre hébraïque ALEPH tra-cée à l’encre verte sur fond rose. Il s’agit d’egrégores,c’est à dire de centrales d’énergie psychique, créées detoute pièce. Ce rituel de la Rose Croix d’Orient provien-drait du Caire par le canal de Georges BOGE deLAGREZE ».En ce même ouvrage, note 75, p.383, il confirme par cespropos : « Il peut s’agir de la première lettre de l’alphabethébraïque, ALEPH, surmontée de trois points en triangle,la pointe vers le haut. On retrouve le même symbole enIndes, sous une forme différente évidemment, et il estcourant de voir un maître de sagesse pointer un doigtvers la poitrine et l’autre vers le ciel, signifiant ainsi quece qui est en haut est comme ce qui est en bas. En la cir-constance il y a, alors, confusion avec le Rose Croixd’Orient (filiation Georges BOGE de LAGREZE) qui exigele port de l’ALEPH sur le front ; mais cela n’enlève rien àl’efficacité de la chose, bien au contraire ».Nous ne lancerons pas le débat sur la création d’égré-gores. Celui de la Rose-Croix d’Orient est des plus effi-cients, il ne s’agit pas ici de le démontrer. Nous souli-

gnons simplement le fait que pour initiation dite chré-tienne et gnostique, il est pour le moins surprenant d’yvoir comme colonne vertébrale une lettre hébraïque…Néanmoins, quelle que soit l’origine de cette initiation, ilest de notre devoir de témoigner de rémission chez cer-tains individus atteints de grave maladie, de guérisons àdistance pour d’autres… le « pouvoir de radiance » estréel.Cependant, la source d’où jaillit cette initiation resteincertaine, les allégations sont nombreuses et lespreuves historiques inexistantes. Cette ordination sefonde, nous le pensons, sur une souche encore ignorée(ou qui souhaite rester secrète) que nous qualifierons derosicrucienne.Il est vraisemblable que Robert Ambelain développa cettetransmission et constitua un corpus bien plus fourni quela maigre transmission de Georges Lagrèze ou qu’il enreçut d’autres éléments par ailleurs. Il en avait les quali-tés, n’était-il pas un technicien hors pair dans la construc-tion de rituels…En guise de conclusion, nous souhaitons citer grâce àSerge Caillet, La Franc-Maçonnerie Egyptienne deMemphis-Misraïm, p. 273-74, un extrait d’une lettre du 4juin 1945 de Georges Bogé de Lagrèze à JeanChaboseau qui témoigne de l’importance qu’il accordait àcette initiation :« Vois tu Jean, c’est justement parce que j’ai reçu le don,il y a 33 ans déjà (c’était le 21 mars 1912) que je suisresté maçon. Il faut que dans les organisations initia-tiques l’esprit d’Elie Artiste demeure, et c’est nous, dépo-sitaires de ses pouvoirs, qui devons servir de support. LaCène du XVIIIème prend avec nous toute sa significationpuisque nous avons rites, gestes, intentions et pouvoirsde succession. Et de cette façon une chaîne invisiblecontinue de circuler dans les ordres que nous fréquen-tons ».Si l’histoire se perd en conjectures, la Rose-Croixd’Orient, demeure à travers le temps au service de l’hu-manité… et l’Esprit d’Elie Artiste veille sur nos sanc-tuaires endormis.NDLA : Ce texte est une étude, il ne revendique évidem-ment pas contenir la Vérite…1 ROBERTAMBELAIN, Le Dragon d’Or, Rites et aspects occultes de la recherche des trésors,Editions Dervy, 1997.2 ROBERT AMBELAIN, L’Alchimie spirituelle, Editions Bussières, 2002.3 ROBERT AMBELAIN, Sacramentaire Rose+Croix, Editions Bussières, 2007.4 ROBERT AMBELAIN, Le martinisme, histoire et doctrine, EditionsNiclaus, 1946.5 ROBERT AMBELAIN, Templiers et Rose+Croix, Documents pour servir à l’Histoire del’Illuminisme, Editions Adyar, 1955.6 La filiation des Rose-Croix d’Orient n’est nullement maçonnique, mais chrétienne etgnostique, et, (peut être…) sœur de celle des Templiers. Avant 1916, deux hommes seu-lement la possédèrent en France. Georges Lagrèze, qui la reçut au Caire, et Papus, à quiil la remit. A cette époque, Papus fut le seul qui la possédât, avec Lagrèze. Elle n’a pas derapport avec les Frères d’Orient.7 Eglise chrétienne monophysite d’Orient. Le Patriarche réside au couvent de Sophar,près de Mossoul. Il administre environ 100.000 familles. La succession apostolique partde pierre apôtre, premier évêque d’Antioche. C’est celle de l’église Gnostique Apostolique.8 SERGE CAILLET, La Franc-Maçonnerie Egyptienne de Memphis-Misraï, Editions Dervy,20039 EDMOND FIESCHI, Initiation à la lumière d’orient, Editions ACV, 2000.Robert Ambelain, in Survivances initaiques, Le martinislme contemporain et ses véritablesorigines, mars 1948, Editions Les Cahiers de Destins.

Rédacteurs en chef : Mercure et Labarum. Secrétaire de rédaction : Louis. Mise en page : Valkyrie.Ont collaboré à la rédaction d’ HIRAM n° 2, Mercure, Alkemia, Labarum et Eques_a_magdalena. Photo : Lanterne :)