Fédération des associations de protection de la nature et de l ... - herisson 242 V2 FNE · 2015....

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LA LETTRE DU HÉRISSON SÉCHERESSE Retenue sur les retenues PAGE 4 GRANDS PRÉDATEURS L'avenir de l'ours plombé dans le Béarn PAGE 5 Reconnue d’utilité publique depuis 1976 > LH N°242 > Été 2011 Les forêts, bien plus que des arbres !

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  • LALETTREDUHÉRISSON

    SÉCHERESSERetenue sur les retenues PAGE 4

    GRANDS PRÉDATEURSL'avenir de l'oursplombé dans leBéarn PAGE 5

    Reconnue d’utilité publique depuis 1976> LH N°242 > Été 2011

    Les forêts,bien plus que des arbres !

  • Le compte à rebours est lancé. Dans moins d’un an, nous élirons le Président de la République, puis nos députés. Nos votes détermineront les politiques des cinq années à venir.Le sort de notre environnement y est directement lié. Pour lesprétendants aux plus hautes fonctions de l’Etat, c’est le moment d’affiner leur programme en considérant toutes les questions d’environnement. Pour le gouvernement en place, le temps est venu de prendre des décisions importantes, qui marqueront la fin de ce quinquennat. Parmi elles, nous demandons l’effacement du barrage de Poutès sur l’Allier : la survie des saumons sauvages en dépend. L’été débute mais le temps n’est pas dégagé en matière d’environnement. Prenons le cas de « l’urbanisme de projet ».Ce chantier, sous prétexte de faciliter la création de logements,risque fort d’accélérer l’étalement urbain et de freiner les possibilités de recours pour les citoyens, à contre-sens des engagements du Grenelle. Ou bien celui des grands prédateurs :aujourd’hui, l’avenir de l’ours dans le Béarn est plombé par le refus du gouvernement de réintroduire une femelle. Qu’on ne s’y trompe pas. Depuis la création de France NatureEnvironnement, nous sommes indépendants de tout parti politique. Mais indépendance ne rime pas avec absence des débats. Au contraire, loin des soucis électoralistes, elle nousamène à discuter avec tous les partis politiques républicains,l’intérêt général toujours en tête. Afin de dessiner notre projet d’une société plus en harmonieavec la nature et de peser de tout notre poids dans les débats,France Nature Environnement propose à tous les militants du mouvement de se retrouver à Paris lors de notre congrès le samedi 28 janvier 2012. Je suis persuadé qu’en nous impli-quant tous et pleinement, l’environnement ne sera pas mis de côté lors de la campagne électorale et qu’il constituera une question-clé du prochain quinquennat. De notre côté,nous ferons tout pour cela pendant et après les élections.

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    Protéger les tortues et dugongs> Naturalistes, Environnement et

    Patrimoine de MayotteA Mayotte, les élèves de maternelle, primaire et collège ont pu découvrir l’im-portance de protéger dugongs et tortues,par le biais notamment d’un jeu concours.

    Espionner les insectes> Office Pour les Insectes et leur

    EnvironnementPrendre des photos des insectes pollinisa-teurs posés sur les fleurs : c’est un véritablejeu d’enfants qu’a proposé l’OPIE pour enri-chir les connaissances naturalistes !L’opération continue sur spipoll.fr.

    Préserver la pelouse calcicole du camp de César> Nature 18 Depuis plusieurs années, Nature 18 assuredepuis quelques années la gestion du site duCamp de César, une pelouse calcaire à laflore remarquable. A travers ses chantiers,l’association du Cher a fait découvrir à dejeunes bénévoles la rénovation et l’entretiend’un milieu naturel.

    Faire parler les lichens normands> CrepanLes lichens sont très sensibles à la pollution. LeCrepan les a utilisés pour évaluer la qualité del’air en Basse-Normandie. Le bilan de l’actionest en cours de rédaction.

    Prendre part au débat public> Franche Comté Nature Environne-mentAider les associations à se mobiliser et permettre leur meilleure participation lors desdébats publics : c’était l’objectif des rencontres« Débat public », menées par la fédérationfranc-comtoise, organisées en février 2010.

    PARTENARIAT AVEC LE CRÉDIT COOPÉRATIF

    Agir, c’est dans leur nature !édito BRUNO GENTYPRÉSIDENT DE FNE

    EVENEMENT

    Retour aux Eurocks Cette année encore, France Nature Environnement s’est associée aux Eurockéennes deBelfort les 1,2 et 3 juillet. A Belfort, sous la bannière des Eurockéennes Solidaires, FranceNature Environnement a parlé d’agriculture, prolongeant ainsi sa campagne sur lesimportations d’OGM, les algues vertes et les pesticides. Les festivaliers ont été sensibi-lisés à ces trois fléaux majeurs et aux dégâts provoqués par une agriculture intensivepeu respectueuse de notre environnement. Avec Territoire de Belfort NatureEnvironnement et Alsace Nature, la fédération a proposé aux festivaliers des anima-tions, des temps d’information et des « flash-mobs » (mobilisationsminute). Une façonludique et forte de toucher le public de l’un des plus grands festivals de musique deFrance. Pour cette 23e édition, près de 80 000 visiteurs étaient attendus.

    Plus d’infos : www.eurockeennes.fr

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    La Lettre du Hérisson est éditée par France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement, fondée en 1968, reconnue d'utilité publique en 1976. Directeur de la Publication : Bruno Genty Rédaction en chef : Bénédicte de Badereau FNE, Service communication, 81- 83 boulevard de Port-Royal, 75013 Paris / www.fne.asso.fr / [email protected] Conception graphique et réalisation : Cito / www.primoproject.com Impression : Imprimerie Nouvelle / 93, avenue Denis Papin / 45 800Saint-Jean-de-Braye Routage : Dautry Dépôt légal : Juillet 2011 / ISSN 1632 4315 La reproduction des articles de la Lettre du Hérisson est autorisée sous réserve d'en citer la source datée et les auteurs. La Lettre du Hérisson est imprimée sur du Cyclus Print, un papier recyclé, par un imprimeur labellisé Imprim'Vert. Cela signifie qu'il respecte trois objectifs : la bonne gestion des déchets dange-reux, la sécurisation des stockages de produits dangereux et l'exclusion des produits toxiques des ateliers.

    ACTUS

    C’est sous le soleil marseillais qu’a eulieu la remise des prix Agir, le 31mars, lors du 35e congrès de FNE.48 projets menés en 2010 par lesassociations liées à la fédération ontété récompensés grâce aux dons issusdu Livret Agir du Crédit Coopératif.Focus sur les cinq projets « Coupsde cœur » du Jury, qui ont reçu chacun 1800 €.

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  • FNE DANS LES MÉDIAS

    Depuis 2005, France Nature Environ-nement et le Crédit Coopératif mènentun partenariat autour de la Carte ban-caire et du Livret d’épargne solidaires « Agir c'est dans ma nature ». Plus de5000 personnes ont fait le choix de laCarte et du Livret Agir au profit deFNE, merci à eux !

    Plus d’infos : www.agiraveclecreditcooperatif.coop

    ENERGIE

    Gaz de schiste, la suiteLe Parlement n’a pas entendu les contestations des citoyens. Le 15 juin, la pro-position de loi sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère, dont font partie les gaz de schiste a été définitivement adoptée. Seule laméthode de fracturation hydraulique a été interdite. Mal ficelée, cette loi serainapplicable et inefficace et ne fait que perpétuer le recours aux énergies fos-siles. Sur le terrain comme auprès des politiques, la mobilisation de FranceNature Environnement et des associations contre les huiles et gaz non conven-tionnels est d’autant plus forte. Nous demandons toujours l’ouverture d’undébat public national sur ce sujet. .

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    ACTUS

    PRESIDENTIELLES

    FNE en campagne Parce qu’il est essentiel de faire entendre lavoix des associations pendant la campagneprésidentielle, le mouvement se mobilise dès àprésent. Fruit des échanges au sein de FranceNature Environnement, un cahier de proposi-tions sera publié à l’automne 2011 et remis auxcandidats. En parallèle, notre congrès se prépare. Organisé sur une seule journée, ilsera articulé autour d’une question centralepour ces élections : « comment construire unesociété et une économie respectueuses de l’environnement ? ». Après ces débats, lesprincipaux candidats aux présidentiellesseront invités à nous présenter les actionsqu’ils envisagent pour répondre aux attentesdes quelque 3000 associations et des 850 000adhérents qui composent FNE. Réservez dès maintenant votre 28 janvier 2012 pourvenir partager ce moment fort de la vie du mouvement !

    Plus d’infos à venir sur www.fne.asso.fr

    BRÈVES Le grandhamster n’apas été assezprotégéLa France n’a pas pristoutes les mesures néces-saires pour protéger legrand hamster d’Alsace,en 2008, a estimé la Coureuropéenne de justice le 9 juin, saisie par laCommission européenne. France Nature Environnement et Alsace Natures’élèvent contre la stratégie française depuis plusieurs années. En France, l’es-pèce est uniquement présente en Alsace.

    Les ZAPA à l’épreuve Mi-mai, le gouvernement a annoncé la mise en place des ZAPA, pour "Zonesd'actions prioritaires pour l'air », des zones urbaines interdites aux véhiculesles plus polluants, expérimentées à partir de 2012. Les réseaux transports etsanté de FNE constituent d’ores et déjà un groupe de correspondants répartisdans toute la France afin de suivre la mise en place de ces zones d’expérimen-tation dans les huit agglomérations volontaires (dont Paris et Lyon). FNE seratrès attentive à la cohérence de ce dispositif, qui doit être juste socialement, età l’existence en parallèle de transports en commun fiables et compétitifs.

    Les agrocarburants en images Pas toujours simple d’expliquer l’impact sur les gaz à effets de serre du chan-gement d’affectation des sols indirect (CASI) lié à la production d’agrocarbu-rants. Mais le défi est relevé dans une vidéo proposée par plusieurs organisa-tions environnementales et humanitaires dont FNE. Ou comment Georges etIsa, en croyant lutter contre les changements climatiques, choisissent unremède pire que la cause… A découvrir sur fne.asso.fr

    EN CHIFFRES

    89% des citoyens européenspensent que l’Union européenne devrait accorder

    davantage definancementsaux activités économiques respectueuses de l’environnement (source : Eurobaromètre, mai 2011).

    1000incidents et anomalies ont été répertoriésen 2010 dans les centrales nucléaires françaises.C'est deux fois plus qu’il y a 10 ans (ASN)

    1er rang : Gilles Benest, 2e rang : Guy Janvrot (Nature Centrepour Nature 18), Michel Charpentier(Naturalistes de Mayotte), ChristopheAubel (Ligue Roc pour l’OPIE), Claudine Joly (Crepan), Stéphane Salord (Crédit coopératif), Annick Noël (Crepan). 3e rang : Michel Horn (Crepan), Jean-Marc Pautras (Crédit Coopératif),Bruno Genty (FNE), Lise-Marie Laborde(FNE), Vincent Le Scornet (FNE).

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    Le prix de la pollutionVotée le 7 juin, la révision de la directive eurovignette permet de faire payerau camions la pollution qu'ils générent. Ce qui « incitera les compagnies detransport à acheter des camions moins pollueurs ». Gérard Allard, spécialiste du transport de marchandises à FNE, dans La Croix,le 8 juin 2011.

    Les algues vertes reviennentAvec l'été, les marées vertes ont repris en Bretagne : "On n'arrivera pas[à résoudre ce problème] sans un changement de modèle agricole. L'erreur a été de concentrer la moitié du cheptel de porcs et de volailles sur une seule région, créant des rejets de nitrates qui dépassent largement la capacitéd'absorption des sols." Benoît Hartmann, porte parole de FNE, dans Le Monde, le 25 juin 2011.

    Retrouvez toute l’actualité de France NatureEnvironnement sur fne.asso.fr

    Pages réalisées par Bénédicte de Badereau avec Louise Mouton et Jennifer Vendôme

  • POINT DE VUE

    Sécheresse : aller vers une agriculturemoins gourmande en eau

    la monoculture intensive d’un maïs irrigué en étépour maximiser les rendements. Résultat, l’irriga-tion agricole représente chaque été 80 % de laconsommation d'eau en France et les arrêtés séche-resse se multiplient : on en dénombrait 68 en 2005,65 en 2006 et 52 en 2010. En Poitou-Charentes, unerivière sur deux est asséchée tous les ans.

    RETENUE SUR LES RETENUES Souvent évoquées comme remparts face à la sécheresse,les retenues d’eau ne sont pas sans conséquences pour lemilieu naturel. Ces réserves privent des écosystèmes fra-giles d’une eau qui leur est vitale et les multiplier neferait que conforter des pratiques agricoles gourmandesen eau et très polluantes. Sans parler de leur coût prohi-bitif : stocker 1% de l’eau de pluie pour l’irrigation enplus de ce qui est déjà stocké aujourd’hui, comme le sug-gère la FNSEA, coûterait 7,5 milliards d’euros d’investis-sement, en grande partie sur fonds publics. L’eaustockée, à 5 € le m3, serait deux fois plus chère que l’eaupotable. Dans ces conditions, l’irrigation ne serait pasrentable.

    Mi-mai, à l’occasion de la réunion du comité « sécheresse »,la ministre de l’Ecologie a annoncé un objectif de réductionde 20 % de la consommation d'eau d'ici 2020.Économiser l’eau des ménages, réduire les fuites, c’estbien. Mais pour FNE, des solutions collectives doiventsurtout être trouvées pour encourager les cultures éco-nomes en eau, pour promouvoir une agriculture à HauteValeur Environnementale, qui produit de l’alimentationen consommant moins d’intrants : eau d’irrigation, maisaussi carburant, engrais, pesticides… Faire évoluerl’agriculture en ce sens permettra de préserver lesmilieux naturels, mais également de diminuer l’exposi-tion des agriculteurs aux évènements climatiques.

    VERS LA RECONVERSIONNous demandons donc un plan gouvernemental ambitieux de reconversion des filières agricoles quiimplique l’industrie agro-alimentaire et la distributionpour réaliser des économies d’eau substantielles. Ces objectifs devront impérativement se retrouver dansla future Politique Agricole Commune de 2013 et dans lePlan National d’Adaptation au Changement Climatique(PNACC).

    GUILLAUME CORTOT,

    Coordinateur du Pôle eau & milieux aquatiques

    MARIE-CATHERINE SCHULZ,

    Coordinatrice du Réseau agriculture.

    Le printemps le plus chaud depuis 1900, un mois d’avril qui ressemble à juillet : sans conteste, 2011 connaît l’une des piressécheresses depuis de nombreuses années. Maiscette situation exceptionnelle ne doit pas faireoublier que chaque année, quelle que soit la météo,environ une quarantaine de départements font faceà des problèmes d’alimentation en eau et doiventrestreindre les consommations. Ces déficits sont aggravés par des pratiques agri-coles déconnectées de leurs territoires, avec en tête

    4 > La lettre du hérisson > N°242

    L’eau stockée, à 5€ le m3, serait deux fois plus chère que l’eau potable

    L’été commence et la France est déjà à sec. Fin mai, un département sur deux avait déjàpris des mesures de restriction d’eau. Si la situation est particulièrement préoccupante cetteannée, FNE rappelle que la sécheresse ne fait qu’accentuer un problème de fond etdemande des réponses adaptées.

  • Loup : que veut vraiment l'Etat ?

    mais identiques. Alors que pour les tirs dedéfense, les armes étaient de faible portée ettout au plus infligeaient des blessures légères,désormais, le tir de défense devient potentiel-lement un tir de prélèvement. Il s’agit là d’unedérive grave, d’autant plus que les tirs dedéfense sont autorisés dans les zones où leloup vient d’arriver.

    Jusqu’à présent, le tir de prélèvement dépen-dait de deux conditions : la mise en œuvrepréalable d’un tir de défense et d’une évalua-tion des dispositifs qui peuvent être mis enplace pour protéger le troupeau. Avec lesmodifications introduites, ce cran saute. Lepréfet peut autoriser directement un tir deprélèvement si les dommages se répètent

    d’une année à l’autre et non plus dansla même saison. Pire, les tirs de prélè-vement peuvent être déclenchés pen-dant la période hivernale, alors mêmeque les troupeaux ne sont plus enalpage. Comment alors justifier dedommages importants aux troupeauxsi ces derniers sont en bergerie ?

    UNE FRONTIÈRE EST FRANCHIECertaines de nos propositions ont étéreprises, comme le retrait du Cantal dela liste des départements où les tirspeuvent être déclenchés ou encore lemaintien du quota de loups pouvantêtre abattus à six loups au maximum.Mais finalement, le total des modifica-tions introduites risque d'aboutir à desautorisations injustifiées de tirs deloups. Le gouvernement choisit depasser progressivement des tirs dedernier recours, comme cela est prévudans les textes européens, à des tirsbanalisés, cédant ainsi à la frange laplus extrémiste des éleveurs.

    FNE et ses associations concernées parle retour du prédateur ont vivementréagi à ces nouvelles dispositions, envain. Les premiers arrêtés de tirs deprélèvement viennent d’être autorisésdans la Drôme et les Alpes Maritimes.La fédération étudie à présent leséventuelles suites juridiques à donner.

    STÉPHANIE MORELLE,

    Chargée de mission loup.

    GRANDS PRÉDATEURS

    A force d’ajouts et de modifications, le dispo-sitif autorisant le tir du loup devenait sujet àinterprétations, entraînant des disparités dansson application selon les départements. LaFrance a mis à profit un toilettage des textespour introduire de nouvelles dispositions,dont certaines se révèlent particulièrementdangereuses dans certaines situations.

    DES TIRS DE DÉFENSEPOTENTIELLEMENT MORTELSLes armes autorisées pour les tirs de défense etle tir de prélèvement (voir encadré) sont désor-

    À chaque saison d’estive, son dispositif de tir du loup. Cette année, l’État a décidé de frapper fort : autorisation d’armes létales pour le tir de défense,possibilité de tirs en hiver, tirs dans les nouvelles zones de présence duloup… Si les textes européens autorisent le tir du loup pour prévenir lesdommages importants et récurrents sur les troupeaux, la France glisse insidieusement du tir en dernier recours au tir de régulation.

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    2 CATÉGORIES DE TIRSLes tirs de défense permet-tent aux éleveurs de tirer individuellement et à proxi-mité du troupeau sur un prédateur qui viendrait menacer les animaux.

    Les tirs de prélèvementsont quant à eux organiséscollectivement sous la responsabilité de l'Office National de la Chasse et de laFaune Sauvage, avec pour butd’abattre un prédateur dansle cas où, malgré les mesuresde protection et d’effarouche-ment, les attaques persistent.

    BRÈVES

    Un lynx dans le Rhône Un lynx a été aperçu le 1er mars 2011 dans leBeaujolais où trois agneaux avaient été tuésdepuis le début de cette année. La responsabi-lité du lynx n’était pas formellement établie.Ce n'est qu'à la mi-avril, après une nouvelleattaque, que la présence du lynx a pu êtreconfirmée. Le lynx est présent dans l'Ain etl'Isère, mais n'avait pas été repéré dans leRhône.

    L’avenir de l’ours plombé dans leBéarn Le 26 juillet 2010, le ministère de l’Écologie avaitannoncé pour ce printemps le lâcher d’une ourse,une réintroduction indispensable dans le Béarnoù il ne reste plus que deux mâles (voir LH 241).

    Le 1er juin 2011, le gouvernement a fait machinearrière et renoncé à cette réintroduction, invo-quant la sécheresse qui accablerait les éleveurspyrénéens. « Rappelons que l’ours n’a tué que septovins en Béarn en 2010, souligne Gérard Caussimont,président du FIEP (fond d’intervention éco-pastorale,membre de FNE), alors que les chiens, les maladies, lesaccidents, la concurrence étrangère, le manque de maind’œuvre, les réglementations draconiennes, font devrais dégâts auprès des éleveurs ».

    Avec ce recul, le noyau béarnais est condamné.C’est un véritable reniement de la part du gouvernement, alors même qu'il lançait la nouvelle Stratégie Nationale de la Biodiversité engrandes pompes. France Nature Environnement,comme selon de nombreux sondages la majoritédes Pyrénéens et des Français, réclame la présence viable de l’ours.

    Plus d’information sur loup.fne.asso.fr

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    Dans les massifs montagneux, où le loup est installé

    depuis plusieurs années, les attaques contre les

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  • les fonctions économiques, écologiques etsociales adapté à chaque forêt en étant décon-necté du terrain. Il est donc nécessaire de met-tre en place des démarches de concertationpermettant à tous les acteurs de s’exprimer,notamment les associations et la société civile.

    A travers son réseau forêt, la fédération parti-cipe ainsi activement aux discussions surl’avenir des forêts aux côtés des acteurs desfilières et des territoires. Alors que le contratd’objectifs entre l’Etat et l’Office National des Forêts (ONF) est en cours de révision,nous demandons la création de comités deconcertation locaux et d’une charte de laconcertation pour les forêts publiques. L’ONFdoit être exemplaire en la matière et ouvrir lavoie vers une nouvelle gouvernance fores-tière.

    «  Au lieu de chercher à nous adapter à unedemande économique internationale fluctuante,construisons plutôt des approches locales etconcertées assurant une gestion multifonctionnelledes forêts », explique François Lefèvre, membredu directoire du réseau forêt de FNE. Afin de concrétiser cette concertationforestière, les Chartes Forestières de Territoire(voir encadré) permettent d’intégrer et de formaliser les souhaits de tous les acteurs.

    Mettre sur un pied d’égalité la production de bois et la préservation de la biodiversitédans la gestion forestière est une nécessité. En 2007 déjà, FNE avait signé un protocoled’accord intitulé « Produire plus de bois touten préservant mieux la biodiversité  » avecl’Office National des Forêts, la FédérationNationale des Communes Forestières et laForêt Privée Française allant dans ce sens.

    de terrain. Elles contribuent à la qualité despaysages et au bien-être des populations dontelles améliorent le cadre de vie. Bien public etpatrimoine, les forêts sont un atout dans ledéveloppement touristique.

    Avec autant de rôles à jouer, il est évident pourFrance Nature Environnement que la gestiondes forêts doit se décider collectivement. Or on ne peut définir l’équilibre entre

    E lles produisent du bois, du gibier, deschampignons. Elles abritent une partimportante de la biodiversité. Elles luttent contre l’érosion des sols et leurpermettent de maintenir leurs propriétés physico-chimiques. Les forêts facilitent l’épu-ration des eaux des nappes phréatiques et des eaux de surface. Face au changement climatique, elles sont aussi un réservoir de carbone et permettent l’épuration des polluants atmosphériques. Elles permettentégalement de limiter les inondations, leschutes de pierre, les avalanches et glissements

    Les Nations Unies ont proclamé 2011 année internationale des forêts. Une occasion de faire le point sur les enjeux de la gestion durable etnos actions pour y contribuer.

    LES FORÊTS, bien plus qu’une réserve de bois !

    DOSSIER

    « La société civile est légitime pour contribuer aux débats sur l’avenir des forêts »

    LES FORÊTS FRANÇAISES EN CHIFFRES> 76 espèces d’arbres feuillues et

    60 espèces résineuses> 30 % du territoire national soit

    15,5 millions d'hectares> La surface forestière a augmenté

    jusqu’en 2008> 70 % de la surface forestière est

    privée> 80 % des propriétaires privés ne

    tirent aucun revenu de leur forêt> 450 000 emplois> 29 habitats forestiers sont reconnus

    d’intérêt communautaire (Natura2000) dont seulement 3 en bon étatde conservation

    > 40% des zones Natura 2000 sont des forêts

    > 500 millions de visites en forêt par an

    La sensibilisation à la protection de la forêtcommence dès l’enfance.Ici, une sortie natura-liste dans la forêt deBouconne, poumon vertde l’agglomération tou-lousaine.

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  • d’utiliser du bois, mais cela ne peut pas passerpar une intensification de la production, qui remettrait en cause toutes les autres fonctions des forêts.

    France Nature Environnement se bat doncpour améliorer l’intégration de la biodiversitéet des enjeux environnementaux dans les poli-tiques forestières, au niveau local comme au niveau national et international (voir enca-dré). L’élaboration d’une vision communereste la clé pour intégrer les enjeux environne-mentaux dans la gestion des forêts.

    B. DE BADEREAU

    PRIVILÉGIER UNE GESTION LOCALE DES FORÊTS TROPICALESA travers sa plateforme internationale, France Nature Environnement s’implique pour que les politiques forestières internationales favorisent les approches locales de la gestion durable des forêts. Plusieurs associations nationales correspondantes de FNE, comme le Centre pour la Défense del’Environnement (au Congo Kinshasa), se battent également pour faire reconnaître dans les systèmes decertification forestière les forêts communautaires, ces forêts dont la gestion est confiée officiellementaux communautés rurales vivant à proximité. FNE milite avec elles pour que les fonds de REDD+ soient également attribués aux communautés pour la conservation de leur forêt. En effet, en milieu tropical et particulièrement dans le Bassin du Congo, l’exploitation industrielle des forêts a longtemps été considérée comme l’unique modèle de développement économique en milieu forestier. Mais la situation évolue. Depuis 1994, le code forestier du Cameroun prévoitl’attribution officielle de forêt aux communautés. Ce qui leur permet d’exploiter d’autres produits que le bois, par exemple les fruits, et d’en tirer immédiatement des bénéfices. Suivant le modèle du Ca-meroun, la République Démocratique du Congo(RDC) révise aujourd’hui sa loi pour permettre aux communautés d’obtenir officiellement une forêt. Ensoutenant ces démarches,FNE valorise au plus hautniveau des approches locales de la gestion des forêts.

    EGLANTINE GOUX,

    Chargée de mission forêt à l’international

    « LA CHARTE FORESTIÈRE, UN OUTIL POUR NOUER DES LIENS ENTRE ACTEURS LOCAUX »3 questions à Jérôme Calas, président de Nature Midi-Pyrénées. Son association a contribué à la Charte Forestière de Territoire dumassif forestier de Bouconne, un document cosigné par près de 50 signataires, dont les collectivités territoriales, les organisations

    forestières du territoires et les associations locales.

    Quelles sont les particularités de la forêt de Bouconne ? Poumon vert de Toulouse, cette forêt accueille près d’un million de visites par an. La fréquentation croissante doit être conciliée avec l’importante biodiversité qu’elle abrite, dont des espèces protégées comme le circaète Jean-le-Blanc, ou une flore originale pour la région.

    Que prévoit la Charte ?Elle prévoit entre autres, une meilleure prise en compte du patrimoine naturel,comme la création de zones de tranquillité afin de faciliter la reproduction d’espèces sensibles au dérangement telles que les grands rapaces forestiers, ou encore la création d’un observatoire de la forêt. Il permettra de centraliser,mettre à disposition et diffuser des données naturalistes ou scientifiques actuellement dispersées afin d’adapter la gestion forestière et les autres activités humaines aux espèces présentes.

    Quels sont les autres bénéfices de cette Charte ? Avec l’Office National des Forêts, nous n’avions que des contacts très ponctuels. L’élaboration de la Charte nous permet de mieux nous connaître. Nous mettons actuellement en place une convention qui permettra l'émergence de projets communs.

    Propos recueillis par JULIETTE FATUS, Coordinatrice du réseau forêt

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    Le long du fleuveCongo s’étend une forêttropicale humide, objetde convoitise pour sonbois précieux.

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    SORTIR DE LA LOGIQUED’UNE PRODUCTIONINTENSIVE

    Mais les débats sur l’avenir de la forêt restentmonopolisés par la production de bois. « Enréunion, nous entendons souvent que la produc-tion de bois finance la multifonctionnalité desforêts, alors même que le bois ne représente que 10à 20% de leur valeur économique ! » souligneJuliette Fatus, coordinatrice du réseau forêt à

    FNE. En effet, les services environnementauxrendus par les forêts ne sont pas valorisésfinancièrement, alors même qu’ils bénéficientà l'ensemble de la société, sous forme de coûtsévités ou de recettes induites. Le propriétaireforestier se retrouve donc bien seul pour assu-mer toutes ces missions.

    Aujourd’hui, les politiques forestièresactuelles encouragent le productivisme, reflétant ainsi les discours de Nicolas Sarkozyà la scierie d’Urmatt en mai 2009 et en Corrèzeen mai 2011. FNE reconnait la nécessité

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  • PORTRAIT

    teur-clé là où elle l’est et qu’elle le devienne là oùelle ne l’est pas encore. » Il conclut en souriant :« Nous serons impitoyables avec l’adversaire ! ».Quel qu’il soit, que celui-ci se tienne prêt  : Eric Feraille est du genre combatif.

    B. DE BADEREAU

    bats, comme l’opposition à la construction deSuper Phénix en 1977, pour la réintroductiondu bouquetin, ou aujourd’hui la lutte contrel’exploitation des gaz de schiste. Cet héritageet cet esprit militants, Eric Feraille y tient.« Notre rôle n’est pas d’être des experts ou des tech-niciens. Nous sommes là pour donner l’alerte. Letechnique n’est qu’un des leviers du politique ».Forte de 47 000 adhérents, la Frapna pèselourd dans de nombreuses instances régio-nales, comités de suivis du Grenelle, comitésde bassin. « Nous avons notamment la vice-prési-dence dans le Schéma d'Aménagement et deGestion des Eaux de l’Arve, qui coule du Mont-Blanc au Lac Léman. Cela révèle la confiance qu’onnous accorde et notre poids dans les décisions ».

    Si, dans les débats, son ton peut être abruptcomme les versants des Alpes, il aime le jeusubtil des relations avec les élus : « Nous com-posons avec des alliances à géométrie variable. A laFrapna Haute-Savoie, nous avions ainsi réussi àobtenir un des premiers arrêtés de biotope en com-pensations d’aménagement. C’est une grandesatisfaction ». Ses objectifs aujourd’hui ? « Nousvoulons couvrir l’ensemble des thématiques envi-ronnementales, que la Frapna reste un interlocu-

    « Je n’avais pas envie de devenir président de laFrapna », annonce d’emblée Eric Feraille.Malgré la charge de travail colossale qu’ellereprésente, il a pris la fonction à bras-le-corpset préside la fédération des associations deRhône-Alpes. Sa marque de fabrique, sans nuldoute, est son franc-parler. Dans les bureauxde Villeurbanne, on apprécie son style. « S’ilne met pas toujours les formes, il sait écouter, chan-ger d’opinion », confie Julie Dubois, directricede la Frapna. « Et il accorde beaucoup d’impor-tance à la vie fédérale. »

    Médecin-chercheur en physiologie rénale,Eric Feraille exerce à Genève et vit en Haute-Savoie depuis le milieu des années 90.Préoccupé depuis l’enfance par le sort de l’en-vironnement, longtemps impliqué au sein dumouvement associatif, il s’investit à partir de2001 à la Frapna de son département, quandson emploi du temps lui en laisse enfin la pos-sibilité. Il raconte : « c’était au moment des muni-cipales. J’ai senti notre impuissance face aux pro-jets d’aménagements touristiques si nombreuxdans les Alpes. » D’abord concentré sur la thé-matique « montagne », de fil en aiguille, ildevient président de la Frapna Haute-Savoie,mandat qu’il occupe pendant 6 ans, puis pré-sident de la Frapna région en juillet 2010.

    « C’est une région exceptionnelle, sur le plan despaysages, comme du point de vue de la biodiversité »explique avec enthousiasme ce savoyardd’adoption. Des sommets enneigés auxchamps de lavande de la Drôme, la régionRhône-Alpes décline les climats et les décors.« Revers de la médaille, elle concentre toutes lesproblématiques nationales. » La Frapna traitedonc un éventail très large de sujets, de l’édu-cation à l’environnement à l’aménagement duterritoire, en passant par les enjeux indus-triels. Sur de nombreux dossiers, comme lesJeux Olympiques d’Annecy (voir LH241) oules zones Natura 2000, l’association travailleen étroite collaboration avec FNE.

    Cette année, la Frapna fête ses 40 ans (voirencadré). A son actif, une multitude de com-

    ERIC FERAILLE, L’héritage et la franchise

    « Nous sommes là pour donner l’alerte »

    Ce médecin est président de la Frapna, fédération desassociations de protection de l’environnement enRhône-Alpes, qui célèbre cette année ses quaranteans. Portrait.

    REPÈRES1963 Naissance à Saint-Mandé 1971 Création de la Frapna 1995 Obtient sa thèse de médecine à Genève2001 Devient bénévole sur la thématique montagne à

    la Frapna Haute-Savoie 2004 Président de la Frapna Haute-Savoie 2010 Président de la Frapna

    © DR

    La Frapna,40 ans surle terrain

    A la fin des années 60, le parc de laVanoise est menacé par un projet de station de ski. La mobilisation estforte et des associations militantes se montent. En 1971, la Frapna, fédération Rhône-Alpes des associa-tions de protection de la nature, estcréée. 40 ans après, l’association afêté cet anniversaire les 2 et 3 juillet,à Morestel, dans l’Isère. Au pro-gramme, des tables rondes, un film surla Frapna, des stands, des expositions,des sorties nature, des animationstout public, des spectacles, unconcert. 47 000 adhérents agissentchaque jour avec la Frapna et ses 300 associations fédérées dans les 8 départements de Rhône-Alpes. Ilssont appuyés au quotidien par plusde 90 salariés. La Frapna est membrede France Nature Environnement.

    Plus d’infos : www.frapna.org

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