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FAVORISER L’ECHANGE POUR AIDERFAVORISER L’ECHANGE POUR AIDER
L’ELEVE A PROGRESSERL’ELEVE A PROGRESSER
ou
Du professeur en difficulté aux difficultés de l’élève
Discipline : ESPAGNOL
Etablissement : Collège Le petit prétan, GIVRY
Conseiller pédagogique : Bertrand HAASDirectrices de mémoire : Michelle SOUMIER et Marylène LEBEL
Année 2005
SOBRIE LAURIANNEProfesseur certifiéN° de dossier : 0365502K
IUFM DE BOURGOGNE
REMERCIEMENTS :
Je tiens à remercier tout particulièrement mon tuteur, M.HAAS, pour ses remarques,
ses conseils et sa disponibilité. L’observation de ses cours a été une source d’enrichissement
personnel et m’a montré la direction à suivre.
Ensuite, mes remerciements vont à ma mère pour son écoute et sa patience, et à Ana
pour son soutien.
J’exprime toute ma reconnaissance à mes formatrices, Mme Soumier et Mme Lebel,
pour tous leurs conseils didactiques et pédagogiques qui ont éclairé ma pratique quotidienne,
ainsi qu’à Mme Jarjaval, ma tutrice de stage accompagné, qui m’a permis de faire cours à ses
1°STT.
Je remercie également certains de mes collègues pour leur gentillesse et tous les
stagiaires de Givry pour leur enthousiasme.
Finalement, un grand merci à mes élèves qui me poussent à me remettre en question, à
affronter mes difficultés et me permettent d’apprendre le métier.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Professeur d’espagnol, un métier dont j’ai beaucoup rêvé sans savoir vraiment ce qui
m’attendait derrière ce bureau…En effet, à aucun moment de mes études, avant cette année de
stage, je n’ai eu l’occasion de me retrouver face à des élèves et de vérifier si j’avais la capacité
d’enseigner l’espagnol. L’année de préparation au Capes ne permet pas non plus de réfléchir
au problème de l’enseignement, ce n’est d’ailleurs pas son rôle. Pourtant, après la réussite au
concours, je fus rapidement confrontée à la réalité : des élèves vont m’être confiés mais je n’ai
pas appris à enseigner, je ne sais pas enseigner, comment faire ? J’ai alors consulté quelques
ouvrages traitant de pédagogie et des débuts dans l’enseignement, des manuels scolaires
d’espagnol, j’ai relu les programmes et les instructions officielles et recherché dans mes
souvenirs d’élève les pratiques de mes professeurs, mais le problème était toujours présent :
devant une classe, que faire concrètement ?
Je pris conscience que cette année de stage allait être pour moi l’occasion d’apprendre
à enseigner, mais aussi, de trouver, de développer et de perfectionner MA manière
d’enseigner.
A la rentrée, je retournai donc au collège, le collège Le Petit Prétan de Givry. Le
passage du statut d’élève à celui de professeur se concrétisait. Je découvrais l’établissement
avec un regard nouveau : la salle des professeurs, l’équipe pédagogique, les élèves et
finalement… MES élèves : une classe de 4eme LV2 de 24 élèves et une autre de 3eme de 29
élèves.
Et toujours cette même question en tête : comment faire pour enseigner ?
Après quelques heures de cours dans chaque classe je me rendis compte que quelque
chose ne fonctionnait pas : il y avait un échange insuffisant entre les élèves et moi-même, je
ne réussissais pas à établir le contact avec eux. Ce problème, également remarqué par mon
tuteur lors de sa première visite, m’a d’autant plus touchée qu’il me semblait logique que
s’établisse naturellement un « communication réciproque » entre le professeur et la classe,
c'est-à-dire un échange comme le définit Le Petit Larousse.
J’ai alors souhaité analyser le problème et commencé à m’interroger : pourquoi ce
manque d’échange ? Quels sont les effets sur le cours ? Pourquoi ai-je l’impression que cela
1
gêne le bon déroulement du cours ? Comment y remédier afin que le cours soit plus efficace et
permette aux élèves de progresser ?
Dans un premier temps, je proposerai ma réflexion sur les raisons de ce manque
d’échange et ses effets. Puis j’exposerai les démarches mises en place pour favoriser
l’échange, les solutions que j’ai apportées et leurs répercussions en classe.
I/ UN MANQUE D’ECHANGE
1) LES RAISONS DU MANQUE D’ECHANGE
En analysant mes pratiques dans le but de comprendre la raison de ce manque
d’échange, je me suis aperçue que de par mon comportement, j’avais freiné inconsciemment
l’amorce d’une relation pédagogique positive entre les élèves et moi-même. Pour tenter de
comprendre cette attitude et pouvoir la rectifier, il a fallu que je m’interroge sur mes craintes,
sur mes appréhensions car comme l’écrit Claude Pujade-Renaud dans Le corps de
l’enseignant dans la classe :
« Pour l’enseignant, prendre conscience de l’origine de sa propre
peur sera peut-être un point de départ pour une possible révision.»
En premier lieu, j’ai pu prendre conscience du fait que je ne laissais pas les élèves
s’exprimer librement, que j’étais trop directive, j’attendais que les élèves répondent
exactement ce que je voulais qu’ils disent, je refusais de m’aventurer, de m’éloigner de ma
préparation. Je limitais alors le cours à la simple transmission d’un savoir préétabli c'est-à-dire
que je restais dans « un rapport au savoir universitaire, rapport d’exposition et non de
découverte et de construction 1». Cette attitude laissait peu de place à l’élève et à son
apprentissage.
1 MEIRIEU P., « Apprendre et construire la socialité », article extrait des Cahiers pédagogiques : Desenseignants solides
2
En réalité, ce comportement était dû à un manque de savoir-faire, à un manque de
confiance en moi d’un point de vue pédagogique. En effet, je redoutais d’oublier le fil
conducteur du document si les élèves prenaient trop la parole, je craignais de ne pas travailler
les objectifs prévus et de ne pas savoir comment réagir face aux réponses des élèves si ce
n’était pas celles que j’avais envisagées dans ma préparation. De plus, j’appréhendais le fait
que les élèves me demandent du vocabulaire que je ne connais pas. « La parole de l’autre est
imprévisible, l’accueillir, c’est prendre le risque qu’elle m’interpelle, qu’elle me déstabilise.
Ecouter l’autre, c’est accepter d’être vulnérable »2 , ce que je n’étais pas prête à admettre au
début de l’année.
En fin de compte, limiter le dialogue était pour moi, à ce moment, une façon de ne pas
prendre de risques, d’éviter à tout prix l’imprévu, l’improvisation, car je craignais de perdre la
face devant les élèves.
Grâce aux remarques de mon tuteur, j’ai pu me rendre compte également d’une autre
facette de mon comportement : j’évitais le contact avec les élèves, je limitais le dialogue avec
eux en me montrant assez froide, parfois « cassante », je n’étais pas ouverte et mon visage le
reflétais bien, je ne souriais surtout pas.
On m’avait tellement répété qu’il fallait être « autoritaire » dès le premier jour, que
dans le cas contraire, toute mon année serait un enfer car je risquais de me faire dépasser par
la classe, que ma plus grande préoccupation était de paraître autoritaire, sévère. Et le fait de
peu donner la parole aux élèves était pour moi un moyen d’y parvenir car je pensais que moins
ils auraient leur mot à dire, moins ils auraient de pouvoir, et plus j’aurais de facilité à
contrôler la situation, à cadrer la classe.
De plus, je craignais que les élèves me prennent pour leur « copine », je pensais qu’il
fallait instaurer une distance car elle n’allait pas de soi du fait de mon âge. Une façon de
garder cette distance était de ne surtout pas dévoiler ma personnalité, ma personne en évitant
de parler, de plaisanter avec les élèves. Je me cachais derrière le masque du professeur froid et
autoritaire et réduisais le cours à la transmission d’un savoir préétabli.
Il m’a fallu un peu plus de temps pour comprendre qu’en réalité le fait de limiter le
dialogue avec les élèves n’était pas seulement voulu pour marquer mon autorité mais que je
2 Cahiers pédagogiques n°324 p 38
3
n’osais pas leur parler quand il ne s’agissait pas de transmettre un savoir, et en particulier que
je ne pouvais pas exprimer mon mécontentement ; ce qui paraissait surprenant,
incompréhensible, étant donné mon caractère « naturellement » autoritaire.
Le problème était dû au fait que, n’ayant jamais enseigné auparavant ni travaillé dans
des centres de loisirs ou des colonies de vacances, je n’avais jamais eu de véritable contact ni
avec les élèves ni avec les adolescents, je ne les connaissais pas, je ne savais pas comment ils
fonctionnaient, comment ils pouvaient réagir. Et c’est bien cette méconnaissance qui explique
que je ne savais pas comment m’adresser à mes élèves, que j’avais peur d’avoir l’air ridicule,
de mal placer mon seuil de tolérance - d’accepter des choses inacceptables ou de sanctionner à
tort -, d’entrer en conflit avec la classe. Je craignais de ne pouvoir comprendre et maîtriser la
situation pédagogique, de ne pas savoir affronter la classe. Toutes ces craintes me mettaient
mal à l’aise et me rendaient muette.
Ces peurs se sont également manifestées par un malaise physique qui ne pouvait
améliorer l’échange, le contact avec les élèves : je me tenais retranchée derrière le bureau,
évitais les déplacements, ne savais que faire de mes mains et croisais très souvent les bras
pour instaurer une barrière imaginaire et me protéger de la classe. Comme l’explique C.
Pujade Renaud, le corps de l’enseignant dans la classe est « empêtré, mal à l’aise », il « n’est
que trop présent. Et c’est le regard des autres, […], qui fait surgir ce trop de présence »3.
Finalement, à défaut de posséder le savoir-faire et le savoir-être adéquats pour pouvoir
gérer mes peurs et les situations nouvelles auxquelles j’étais confrontée, j’ai limité les
échanges avec mes élèves pour me mettre à l’abri, limiter l’imprévu et tenter de garder le
contrôle de la situation.
3 Le corps de l’enseignant dans la classe p 27
4
2) LA REACTION DES ELEVES FACE A CE MANQUE D’ECHANGE
J’ai pu observé tout d’abord que les élèves perdaient peu à peu l’envie de participer. Je
pense que le problème venait du fait que je voulais maîtriser la forme et surtout le contenu de
leurs interventions et ne les laissais pas s’exprimer librement. Il est en effet indispensable que
les élèves s’engagent dans la communication, qu’ils puissent exprimer leurs idées, qu’ils aient
la sensation d’avoir trouvé d’eux-mêmes le sens du document et non d’avoir été « manipulés »
par le professeur qui leur impose ce qu’il veut quand il l’a décidé. Les élèves doivent trouver
leur place en cours, ils doivent exister ; il revient au professeur de créer les conditions pour
faire naître cette identité. C’est pour ces raisons que je pense qu’un cours qui se réduit à une
transmission de savoirs préétablis, cours où les connaissances sont simplement transmises du
maître à l’élève sans donner la possibilité à ce dernier de construire lui-même ses savoirs en
fonction de ses besoins et de ses questionnements, ne sera pas apprécié par les élèves car ils
ont besoin d’agir eux-mêmes pour apprendre. Ils doivent devenir acteurs de leur
apprentissage.
Ensuite, j’ai remarqué que la froideur et la distance que j’avais instaurées m’ont
permis de contrôler les élèves pendant quelques semaines : ils restaient calmes, peut-être
même étaient-ils impressionnés…Mais une fois cette étape passée, les élèves ont commencé à
s’agiter : je pense qu’ils rejetaient le type de relation établi, qui ne suffisait désormais plus
pour contrôler la classe et travailler dans de bonnes conditions. Ils tentaient peu à peu de
« prendre le dessus » en mettant de plus en plus longtemps à se taire en début d’heure et en
bavardant fréquemment pendant le cours, puisque je n’osais exprimer mon mécontentement.
D’ailleurs la remarque de Manon : « Madame, on ne vous entend pas », difficile à accepter
mais totalement justifiée, m’a fait comprendre qu’il était réellement temps de réagir.
Premièrement, je crois que les élèves qui sont aussi, et peut-être avant tout, des
adolescents, ont besoin de créer un rapport humain avec le professeur et ne peuvent apprécier
un cours qui se réduit à une simple transmission de savoirs sans échanges. Pour s’investir dans
leur travail et se sentir à l’aise dans la classe, ils éprouvent la nécessité d’être reconnus
individuellement, d’être aimés, de savoir que l’enseignant s’intéresse à eux pour les faire
progresser, donc qu’il les respecte. Ils ont également besoin de connaître l’enseignant, parce
que cela permet d’établir un climat de confiance dans la classe.
Deuxièmement, je pense que les enfants ont besoin d’être cadrés, qu’on leur fixe des
limites et que cela soit clairement énoncé. Ils ne peuvent se contenter de sous-entendus.
5
Les élèves ne semblaient donc pas adhérer à ce code, mais me convenait-il
véritablement ?
3) POUR QUELLES RAISONS EST-CE QUE JE N’ADHERE PAS A CE MODE DE
FONCTIONNEMENT ?
J’avais instauré ce mode de fonctionnement presque inconsciemment, par défaut de
savoir-faire et de savoir-être, et non par volonté. Tout comme les élèves je n’y adhérais pas.
Je me sentais mal à l’aise. En effet je n’étais pas moi-même, j’avais adopté une
attitude artificielle afin de paraître distante et autoritaire, pensant que mon autorité naturelle
ne suffirait pas pour maîtriser la classe, mais cette façon d’être ne correspondait pas à ma
personnalité et était difficile à maîtriser.
De plus, comme je l’ai évoqué dans l’introduction, il me paraissait logique que se crée
un échange entre le professeur et sa classe et c’est d’ailleurs en partie pour cet aspect
relationnel du métier que j’avais décidé d’enseigner. Mais qu’en est-il de la relation s’il y a
manque d’échange, puisque échanger avec autrui c’est communiquer, établir une relation avec
lui ? Ce code ne pouvait satisfaire ce besoin humain d’échanger, de communiquer et de
connaître l’autre et ne favorisait pas l’ambiance de groupe. Je ressentais d’ailleurs la naissance
d’un conflit et la réaction des élèves soulignait ce malaise.
Finalement, je ne pouvais accepter ce mode de fonctionnement puisque le blocage de
la communication est incompatible avec la volonté d’enseigner une langue vivante et parce
qu’il appartient au professeur de trouver les moyens pour que l’élève s’approprie au mieux les
savoirs.
Puisque le cours fonctionnait mal et que les élèves, comme le professeur, n’adhéraient
pas à ce système de fonctionnement, il était nécessaire de trouver rapidement des solutions
afin de favoriser les échanges pour rendre le cours plus efficace.
6
II/ DEMARCHES MISES EN ŒUVRE POUR FAVORISERL’ECHANGE
Pour favoriser les échanges, il était indispensable que je développe les savoir-faire et
savoir-être qui me manquaient pour me permettre de faire face aux situations que je
rencontrais au lieu de me réfugier dans l’incommunication.
Je vais tout d’abord exposer le travail effectué sur mon savoir-être car c’est une
compétence que j’ai développée rapidement et presque instinctivement.
1) TRAVAIL SUR LE SAVOIR-ETRE
A/ Vers une présence théâtralisée
Nous avons vu précédemment que je bloquais la communication avec les élèves en
partie pour assurer mon autorité et, puisque l’autorité, c’est « le pouvoir d’obtenir sans recours
à la contrainte physique un certain comportement de le part de ceux qui lui sont soumis »4 ,
l’agitation et les bavardages des élèves ont démontré que mon système ne fonctionnait pas.
Cependant, il est indispensable que l’autorité du professeur soit reconnue pour pouvoir
garantir les règles et le respect dans la classe et faciliter l’apprentissage des élèves. C’est
pourquoi il fallait que je trouve une autre façon d’instaurer mon autorité, et de conserver le
contrôle sans bloquer la communication.
Un de mes premiers objectifs a donc été d’asseoir mon autorité en développant ma
présence en classe. Et il est bien évident qu’il ne suffit pas d’être présent, de parler ou de
transmettre un savoir pour avoir de la présence. Il me fallait prendre possession de l’espace
pédagogique pour canaliser les élèves, envahir la classe grâce à mes déplacements, mon
regard, ma voix … Alors que pendant mes études, j’avais en priorité développé l’intellect,
désormais je devais aussi prendre conscience de mon corps et apprendre à l’utiliser pour
enseigner, à théâtraliser mon enseignement pour avoir plus de présence.
Les déplacements
Tout d’abord, j’ai dû m’efforcer de me déplacer dans toute la salle pour occuper
l’espace et « signifier qu’il n’y a pas de secteur réservé »5. Je me suis imposé de ne pas rester
derrière le bureau, d’avancer au milieu des tables disposées en «U», de choisir consciemment
ma position dans la classe. Au fur et à mesure, je me suis rendu compte que je pouvais jouer4 Encyclopédie Universalis5 Débuter dans l’enseignement p 161
7
de cette mobilité pour créer des effets sur les élèves. La diminution de la distance entre les
élèves et moi peut servir d’entrée en contact pour rassurer ou d’avertissement disciplinaire
pour contrôler les bavardages sans interrompre le cours. Elle me permet également de
« sortir » d’une relation de transmission de connaissances pour engager une recherche
collective des savoirs. Par ma position dans la classe, je me mets à la portée des élèves.
Une autre façon d’occuper l’espace de la classe, de montrer que j’ai le contrôle, est d’y
entrer la première puis d’accueillir les élèves à la porte ou seulement d’y installer mes affaires
avant.
La posture
De plus, j’ai tenté de rejeter l’attitude de défense que j’avais adoptée en début d’année
et d’introduire de temps en temps des attitudes de détente, par exemple par le simple fait de
m’appuyer contre le bureau. Je pense que cette allure de familiarité peut faciliter le contact
avec les élèves, améliorer la communication.
La gestuelle
En cherchant à théâtraliser mon cours, j’ai aussi pris conscience de ma gestuelle, ce
qui m’a permis de mieux la maîtriser et de m’en servir pour affirmer ma présence en cours et
développer les échanges. J’ai pu différencier trois catégories de gestes selon leur fonction dans
mon cours.
Tout d’abord, les gestes qui ont pour but d’aider les élèves, de les orienter, en
particulier pendant qu’ils s’expriment. Par exemple, je pointe du doigt un mot ou une
structure du tableau, j’élève la main au niveau de l’épaule et indique l’arrière pour faire
utiliser le passé, je trace du doigt un demi-cercle pour faire réaliser l’enclise, j’indique de la
main un intervalle, un trou pour signaler l’absence d’un mot ou je me sers d’un geste pour
élucider du vocabulaire tel que « el dinero » ou « alto ».
J’utilise également d’autres gestes que j’appellerai gestes de régulation, de contrôle :
mettre le doigt sur sa bouche pour obtenir le silence, pointer la poubelle du doigt pour faire
jeter un chewing-gum, montrer la paume de la main pour réguler la prise de parole spontanée,
faire un geste de la main (tourner pouce et index) pour contrôler un élève qui se retourne,
frapper dans ses mains pour recentrer l’attention.
8
Ce sont pour la plupart des gestes codés qui transmettent un message à eux seuls, ils
n’ont pas besoin d’être explicités par la parole, ce qui permet de ne pas interrompre le cours et
de ne pas trop couper l’élève dans son intervention. Finalement, le geste c’est l’efficacité, la
rapidité, le silence, la possibilité d’agir sans interrompre, de réguler sans s’énerver, d’être
présent… mais à condition de l’accentuer afin que le code soit bien visible et compris par tous
les élèves, sinon il serait inutile. (Je repense ici à un cours de début d’année pendant lequel
j’avais indiqué d’un geste neutre et ridicule un mot du tableau à un élève qui avait des
difficultés pour s’exprimer ; même l’élève concerné par mon « aide » avait eu du mal à le
voir !). Il est important de noter que la gestuelle est un code partagé par le professeur et ses
élèves, une façon singulière de communiquer qui crée une certaine complicité entre eux.
Finalement, les gestes ont la capacité de traduire les émotions, d’exprimer l’état
intérieur de l’orateur, d’où la nécessité de les maîtriser devant la classe. Ici intervient le
troisième type de gestes qui sont ceux qui assurent ou coupent la communication. Les
premiers mois, je croisais très souvent les bras ; ce geste est un réflexe défensif qui reflète
« un état de tension, de fermeture psychologique », il s’agit d’une attitude qui « marque la
rupture de la communication »6. Mon but étant de favoriser les échanges dans la classe, il a
fallu que je contrôle ce geste. Par contre, j’ai mis en place un peu plus tard un rituel pour
amorcer la reprise du document précèdent : je dis aux élèves « os escucho » et je me suis
aperçue qu’automatiquement, pour accompagner ma parole, j’ouvre les paumes, attitude
parfaitement en accord avec l’incitation à communiquer, puis je rejoins les mains en les
claquant pour attirer l’attention du groupe.
Le regard
Pour occuper l’espace de la classe et augmenter ma présence, j’ai également essayé
d’améliorer l’utilisation de mon regard. Celui-ci a en effet une importance capitale dans la
relation pédagogique.
Tout d’abord regarder tous les élèves me permet d’établir le contact, de créer la
communication et de donner à chacun d’eux le sentiment d’exister. En effet, comme
l’expliquait Christian Daujeard7 lors du stage intitulé « Animation, dynamisation et tenue de la
classe », quand on ne regarde pas un élève, il a l’impression d’être oublié ; d’ailleurs «to
6 La communication orale p 107 Christian Daujeard, enseignant en lycée, formateur du stage « Animation, dynamisation et tenue de la classe »,auteur de «Animation et dynamisation de la classe », CRDP de Dijon 2002, Collection « les clés du quotidien ».
9
regard» en anglais a le sens de « considérer, estimer, tenir compte de ». Regarder les élèves
leur permet donc de se sentir exister, de se sentir respectés et favorise le dialogue.
Ensuite, c’est une façon de mobiliser leur attention, de les impliquer. Comme le
conseille John Townsend dans son micro-guide du formateur8 :
« Balayez votre auditoire avec vos yeux, en ne vous arrêtant sur chaque
personne que quelques secondes […]. Cela donnera à chaque participant
l’impression que vous lui parlez personnellement et captera son attention, comme le
balayage régulier de la lumière d’un phare peut vous empêcher de dormir »
A ce propos, j’ai pris l’habitude d’appliquer dans mes classes une idée qui avait été
donnée pendant le stage précédemment cité : lors de l’intervention d’un élève au tableau, le
professeur ne regarde pas cet élève mais les autres élèves regardant le tableau. Cette technique
m’a demandé un effort particulier car il faut accepter de chasser son instinct de professeur et
de ne pas regarder le tableau pour corriger les fautes éventuelles mais je la trouve efficace car
dès le premier essai, lors de la correction d’un exercice en 4°, les élèves ont levé la main
automatiquement pour corriger les fautes sans que j’intervienne. Le groupe s’est senti
impliqué car le regarder au lieu de regarder le tableau a permis de transférer la responsabilité
de l’erreur sur lui, ce qui a limité les bavardages et favorisé les échanges entre les élèves pour
la correction. Si par contre je regarde uniquement l’élève qui est au tableau et me centre trop
sur ma matière, comme j’ai pu le vérifier, le reste de la classe ne se sent pas concerné par
l’échange et je perds son attention.
Par le regard, je montre également que je maîtrise la situation. En effet, quand je
balaye les élèves du regard, en plus de leur montrer mon intérêt pour eux et de mobiliser leur
attention, je signifie que je contrôle l’espace ; c’est une façon d’imposer ma présence à tous
les élèves. De plus, regarder est un geste de contrôle puisque le simple fait de fixer du regard
un élève permet de montrer ma désapprobation, de faire cesser les bavardages sans arrêter le
cours, d’interdire la parole sans y recourir. Je m’efforce donc de jouer sur l’alternance entre
mobilité et fixité du regard.
Il est finalement important de travailler mon regard car il donne une image de soi.
D’après R. Charles et C. Williame, « le regard assuré entraîne l’adhésion du groupe. Le regard
apeuré accentue le manque de communication »9. Je dois donc savoir regarder les élèves pour
augmenter ma présence et améliorer la communication.
8 Townsend John , Micro-guide du formateur p 669 La communication orale p 7
10
L’expression du visage, les mimiques
Dans le cadre de ce travail sur moi, j’ai développé avec profit l’expressivité de mon
visage en classe : un sourire pour manifester mon enthousiasme ou ma satisfaction, mon
plaisir, pour encourager ou rassurer ; une grimace ou un froncement de sourcils pour exprimer
l’étonnement ou la réprobation, pour indiquer une erreur ; un air renfrogné pour inciter à
apporter une clarification. Il m’arrive aussi d’utiliser les mimiques pour élucider du
vocabulaire ou pour faire deviner une idée comme le sentiment de peur du voyageur dans le
texte intitulé « Durmiendo la siesta »10 ou la joie et la fierté de l’enfant dans « La miss »11. Ce
système permet à nouveau d’aider l’élève à s’exprimer sans le couper et de réguler le
comportement du groupe sans interrompre le cours.
J’ai également constaté que le sourire a un effet notable : communiquer mon
enthousiasme aux élèves. Il montre en effet mon aisance en classe et mon plaisir de
communiquer avec eux. C’est une forme de valorisation et de reconnaissance.
La voix
Finalement ma voix est un autre moyen de théâtraliser mon enseignement et d’imposer
mon autorité car se faire respecter, c’est d’abord réussir à se faire écouter. Ce sont les
remarques de mon conseiller pédagogique qui m’ont permis de prendre conscience du travail
que j’avais à effectuer sur ma voix. C. Pujade Renaud explique qu’ « en classe, il est
nécessaire de se composer un masque et de travailler sa voix»12 ; la voix professionnelle est
différente de la voix personnelle.
Le micro-guide du formateur offre un moyen de se rappeler comment bien utiliser sa
voix : P rojection
A rticulation
M odulation
P rononciation
E locution
R apidité
S e faire l’écho
J. Townsend recommande donc de projeter sa voix au fond de la salle et de parler plus fort
que d’habitude, de penser à bien articuler, de moduler sa voix c'est-à-dire de varier le timbre10 Cuenta Conmigo 1ere année, p2911 Caminos del idioma 1ere année, p 2212 Le corps de l’enseignant dans la classe p 66
11
et le ton pour traduire toute sorte de sentiments (la colère, l’enthousiasme, l’étonnement…),
de prononcer correctement, d’exagérer l’élocution et d’accentuer les syllabes, de surveiller son
débit, et enfin de se faire l’écho, c'est-à-dire de répéter les phrases clés avec des nuances
vocales différentes.
De plus, j’ai moi-même remarqué qu’une voix trop faible ou trop forte lasse
l’auditoire, que la régularité du débit engendre la monotonie et que varier les changements de
vitesse stimule l’intérêt de l’auditeur.
A ce jour, je tente toujours, en attendant le stage sur la voix qui je l’espère m’apportera
des techniques pour mieux utiliser cet outil, de porter davantage ma voix et d’éviter la
monotonie en la modulant et en variant débit et volume.
J’ai pu remarquer que tout comme les changements de rythme et de volume, les pauses
et les silences sont des moyens efficaces pour retenir et attirer une attention défaillante. Quand
je m’arrête après une question les élèves savent que j’attends un réponse, que quelqu’un doit
prendre la parole, et ceux qui avaient « décroché » essaient de comprendre ce que je leur ai
demandé ; quand je m’arrête au milieu d’une phrase ou pendant la lecture d’un texte, ils
cherchent à comprendre ce qui se passe et l’élève dont le comportement a provoqué ce silence
se sent obligé de reprendre son attention au cours. Enfin, j’ai observé que lorsque je m’arrête
pour réfléchir à la façon de poser ou de reformuler une question, à un cheminement pour
guider les élèves, ceux-ci redoublent leur attention et attendent la suite. D’une manière
générale, je pense que la voix est le miroir de la pensée et que si l’enseignant est
véritablement dans la position de celui qui réfléchit avec les élèves (et non de celui qui expose
ses idées), les élèves l’entendront et cela facilitera leur adhésion à la réflexion.
La voix est donc un outil pédagogique permettant de capter l’attention des élèves, de
réguler leur comportement, de s’imposer, mais aussi de les aider (par exemple à la
compréhension grâce à une lecture expressive), et de les entraîner dans une réflexion
collective.
Ce travail sur l’expression de mon visage et ma voix a été très utile, il m’a permis par
exemple d’être capable de feindre une colère sans que ma personne ne soit énervée, sans que
mon corps ne soit stressé. Alors qu’au mois de septembre je m’étais réellement énervée,
extérieurement et intérieurement, face à mes élèves de 3° inattentifs et peu travailleurs, j’ai
réussi petit à petit à contrôler mes émotions personnelles et à exprimer clairement mon
mécontentement en « jouant » mes colères.
12
Le stage optionnel : « le théâtre en langues »
Le stage « le théâtre en langues » animé par la comédienne José Drevon a été une aide
précieuse dans cette volonté de travailler sur moi et d’apprendre à utiliser plus efficacement
mon corps pour enseigner. Il m’a permis de prendre conscience de mon corps, de sa place
dans l’espace par des exercices de déplacements, de la possibilité d’exprimer des émotions par
mon corps grâce au travail sur les états que nous avons effectué, en particulier le passage
brusque d’un « état 0 », neutre, à un état demandé comme l’étonnement, la colère, la timidité,
la méfiance…. Ces deux jours de formation m’ont appris à mieux supporter le regard et le
jugement des autres et m’ont permis de me découvrir des talents d’actrice. Je me suis rendu
compte que j’étais capable d’improviser et que je pouvais facilement faire passer des
émotions, convaincre le public, l’emmener dans une histoire totalement inventée, lui faire
croire à mon personnage en utilisant correctement mon corps, ma voix ; ce qui donne l’envie
de développer encore davantage cette compétence pour en tirer profit dans mes classes.
Finalement, ce stage a été utile pour ma pratique car il m’a permis d’avoir davantage
confiance en moi et j’y ai appris à me détendre et à respirer correctement pour pouvoir gérer le
stress, contrôler mes émotions.
Ce travail sur mon savoir-être a finalement abouti à la création d’un personnage avec
une voix adaptée, une attitude et des gestes composés, une utilisation du regard travaillée. De
ce point de vue, le métier d’enseignant demande un véritable travail d’acteur pour exploiter
toutes les possibilités de son corps. Cependant, je pense que le professeur ne peut pas
seulement jouer un personnage mais qu’il doit lui aussi s’engager personnellement dans la
relation.
B/ Dévoiler sa personnalité
Lors du stage « le théâtre en langues », la formatrice a prononcé une phrase
apparemment simple mais qui m’a fait réfléchir : « On joue SA PERSONNE, SA
PERSONNALITE ». En effet, je me suis vite aperçue que je ne pouvais pas jouer
quotidiennement un rôle qui ne me correspondait pas, cela implique une telle distorsion entre
13
l’être et le paraître que je me suis rapidement sentie mal à l’aise. De la même façon, on ne
peut espérer être professeur comme tel autre. Avant cette année de formation, quand je
m’imaginais dans mon futur métier, je pensais à Mme Lopez, mon professeur d’espagnol de
lycée qui m’a transmis son goût pour la langue et la culture hispaniques ; je voulais
absolument paraître aussi sereine qu’elle, utiliser les mêmes codes qu’elle…Finalement (et
peut-être heureusement) je n’ai jamais été une « deuxième Mme Lopez » en cours car je ne
suis pas elle, je n’ai pas la même façon d’être. Comme le rapporte C. Pujade Renaud, les
enseignants « se fabriquent un style pour faire leur classe, style qui, bien sûr, est en rapport
avec leur "personnage habituel" […] mais qui est néanmoins beaucoup plus composé et
élaboré que dans le quotidien »13. L’enseignant doit trouver un équilibre entre se composer et
être naturel, entre jouer et dévoiler sa personnalité, si bien qu’il est très souvent difficile pour
lui, comme j’ai pu le vérifier auprès de différents professeurs, de définir clairement les limites
entre sa personne et son personnage.
J’ai donc essayé d’accorder mon rôle et ma personne en acceptant de laisser apparaître
de temps en temps ma personnalité, c'est-à-dire de savoir parfois abolir la distance entre les
élèves et moi-même, de m’ouvrir, de faire preuve d’authenticité, d’honnêteté, afin de leur
paraître plus humaine, plus proche, de leur donner l’impression de me connaître pour
permettre la création d’un climat de confiance, ouvrir la communication et favoriser la
collaboration.
Et, contrairement à ce que je pensais à la rentrée, je suis désormais convaincue
qu’enseigner n’est pas un acte que l’on effectue seulement avec son savoir et son savoir-faire
mais aussi avec sa personnalité. On enseigne avec ce que l’on est, avec son caractère, ses
goûts, ses défauts et ses qualités, c’est pourquoi chacun a SA façon d’être professeur.
Le travail sur mon savoir-être exposé précédemment portait principalement sur une
communication non verbale qui peut dispenser de la communication verbale ou l’enrichir.
C’est à l’enseignant de savoir recourir aux deux techniques.
13 Le corps de l’enseignant dans la classe, p 75
14
C/ Créer un climat de confiance par le dialogue
Pour favoriser l’échange, il fallait que je réussisse à « apprivoiser » ma classe c’est-à-
dire à « créer des liens » avec les élèves, selon la définition qu’en donne le renard au Petit
Prince14 ; je devais donc faire la démarche d’aller vers eux, de montrer que je ne refusais pas
le contact. J’ai commencé par accueillir les élèves plus chaleureusement en cessant d’être
obnubilée par le retour au calme. Puis je me suis efforcée de leur parler pour ne pas limiter
mon cours à une simple transmission de savoirs.
Je m’adresse à eux pour les mettre en confiance face à l’apprentissage. Je tente de les
rassurer en dédramatisant l’erreur et en essayant de les convaincre qu’ « oser parler est un
moyen d’apprendre »15. Je pense à mettre des mots sur l’implicite, à expliquer les règles du
jeu, mes attentes, les limites et à donner du sens à ce que l’on fait pour mettre les élèves en
projet. Je les encourage, les valorise, ce que je ne faisais pas assez au début de l’année. Je leur
exprime mon envie qu’ils progressent ; et pour qu’ils se construisent une image positive
d’eux-mêmes, je dois déjà avoir réellement confiance en leur capacité à évoluer. D’après C.
Rogers16, l’apprenant intériorise peu à peu et par imitation la confiance qu’on lui accorde, le
regard bienveillant qu’on lui porte et peut s’appuyer sur ce contact avec lui-même pour se
développer. Parler à un élève, même simplement pour lui dire « ça va Adrien ? », montre
qu’on le prend en compte, qu’on le reconnaît, ce qui facilite son adhésion et lui permet de se
sentir bien, en confiance pour apprendre.
Le dialogue avec Sophie R. a par exemple été d’une grande efficacité. C’est une élève
qui a beaucoup de mal à se concentrer et qui abandonne vite devant la difficulté et les mauvais
résultats. Après un 2,5/20 en devoir et un 0/10 en test sur la leçon au début du deuxième
trimestre, le fait que je l’interroge sur ses difficultés, que je l’encourage et lui dise que je suis
convaincue qu’elle peut mieux faire en étant plus attentive et en travaillant davantage l’a fait
réagir positivement. Elle a recommencé à participer sans avoir honte de comprendre moins
rapidement que ses camarades, a fait l’effort d’apprendre ses leçons et a obtenu un 10/20 au
devoir suivant. Elle a alors montré un grand intérêt lors de la correction de sa copie.
Il est important de noter que les félicitations et les encouragements ont un effet très
positif sur les élèves. C’est le fait de ne pas avoir pris le temps de faire des commentaires (par
14 Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, chapitreXXI : « - Qu’est- ce que signifie « apprivoiser » ? -C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… » »15 Enseigner au collège. Espagnol LV1-LV2, programmes et accompagnements, CNDP, p 18916 Carl Rogers (1901-1987), psychologue américain, psychothérapeute, enseignant et chercheur. Il a formulé uneapproche de la relation d’aide appelée « Approche Centrée sur la Personne »
15
exemple : « ton expression a beaucoup progressé depuis que tu fais des efforts de
participation ») en donnant une note de participation au mois de janvier qui m’a permis de
prendre conscience de la nécessité de ne pas les oublier. Contrairement à d’habitude, ce
moment n’a eu aucune répercussion sur la participation des élèves. Ces remarques présentent
l’avantage de leur permettre de ne pas ressentir la note comme une sentence, de la
comprendre, de savoir ce qu’ils font correctement et ce qu’ils doivent améliorer et leur donne
donc l’envie de faire un effort.
Par ailleurs, grâce à ce travail sur moi je réussis désormais à exprimer mon
mécontentement et j’ai pu constater que savoir parler calmement mais fermement avec les
élèves, comme avec Maud qui m’avait fièrement dit « ça me saoule » le jour de la rentrée,
permet d’éviter les conflits.
De plus, je m’autorise à plaisanter de temps en temps. L’humour est en fait un
excellent moyen de favoriser l’échange puisqu’il humanise le professeur, favorise la création
d’une atmosphère agréable dans la classe et permet souvent de dédramatiser les évènements.
Il est certain qu’entretenir le dialogue avec les élèves demande d’être disponible, à
l’écoute, d’avoir un esprit ouvert et de prendre le temps d’ observer chacun d’entre eux mais
cela permet de mieux les connaître, donc de leur parler plus facilement, d’anticiper leur
réaction et de percevoir leurs difficultés.
D/ Bilan
a) Mes progrès dans le domaine du savoir-être
J’ai constaté que malgré une évolution rapide de mon savoir-être, j’ai mis davantage
de temps pour être efficace et me sentir à l’aise en 3°. Cela est certainement dû à plusieurs
facteurs : premièrement, le nombre d’élèves- 29 contre 24 en 4°- ce qui m’a impressionnée, ne
m’a pas permis de les connaître rapidement et rend très difficile le fait de prendre en compte
chaque élève à chaque heure de cours ; deuxièmement, ils sont plus âgés (ce sont «les grands»
16
du collège), et ils n’ont pas la même mentalité que les 4° qui se montrent plus spontanés et
aussi plus enthousiastes puisque l’espagnol est pour eux une découverte.
Le stage de pratique accompagnée en lycée a confirmé les progrès que j’ai réalisés
dans ce domaine et m’a permis de constater que ce travail sur moi me sera toujours d’une
grande utilité, quelle que soit la classe face à laquelle je me trouve. Dans une classe de 1ere
STT d’adaptation réputée difficile, j’ai facilement réussi à m’imposer, à être à l’aise et à
obtenir que les élèves m’écoutent et participent malgré la difficulté du texte. J’ai remarqué
que j’avais en partie gagné leur adhésion en les surprenant par ma connaissance de leurs
prénoms et ma façon de les valoriser et en commençant mon cours par une lecture expressive
qui les a plongés dans le texte. Pendant ce même stage, face à une classe de seconde
extrêmement passive, bien que je n’aie su trouver de stratégies pour les faire participer
davantage, j’ai réussi à garder mon calme. Cette réussite m’a donné de l’assurance face à mes
classes de collège.
b) Les répercussions de mon travail sur le savoir-être en classe
Tout d’abord, ce développement du savoir-être permet d’aider efficacement l’élève et
de mobiliser son attention de diverses façons.
De plus, augmenter ma présence en cours, parler avec les élèves et montrer que je les
respecte a contribué à instaurer un climat de sécurité et à assurer leur bien être. Ceux-ci sont
plus détendus, rassurés, mis en confiance. Cette amélioration de la qualité relationnelle et de
l’échange a favorisé l’apprentissage. J’ai pu constater que même les plus timides osaient
davantage s’exprimer, participer ; et d’une façon plus régulière encore à partir du moment où
je leur ai expliqué qu’ils « avaient le droit de faire des erreurs ». En effet, prendre la parole
c’est se soumettre aux jugements d’autrui, affronter le regard des autres, c’est pourquoi il est
difficile de le faire si l’on ne se sent pas en confiance ; de plus, comme l’explique Josette
Bonnin dans son article « Favoriser la relation au savoir » paru dans le numéro 324 des
Cahiers pédagogiques17, « apprendre comporte un risque, celui de l’exploration, de la
traversée de terres inconnues, de changer les représentations, la perception de soi-même et
de l’univers. Tout nouvel apprentissage demande une capacité à assumer le changement, à
supporter l’angoisse de l’inconnu. C’est pourquoi il se fera mieux dans un climat de
sécurité ». Je prendrai seulement à titre d’exemple la comparaison entre deux sketches que
17 Cahiers pédagogique n°324 : Une personne, l’élève p 12
17
mes élèves de 4° ont dû réaliser. Le premier sketch a lieu le 11 septembre ; par deux, les
élèves ont préparé et appris un dialogue très court dans lequel ils se présentent. Leur texte est
corrigé et la prononciation a été travaillée en classe. Le jour de la représentation seuls
quelques élèves se sont portés volontaires et j’ai ressenti un refus général de se prendre au jeu,
un rejet de l’activité, certains m’ont clairement dit qu’ils préféraient faire cours. Pour le 13
novembre les élèves ont dû, toujours par deux, apprendre le dialogue d’une bande dessinée18
que l’on avait commentée et dont on avait travaillé la prononciation. Cette fois, j’ai demandé
qu’après chaque représentation les « acteurs » évaluent leur travail puis que les « spectateurs »
donnent à leur tour leur avis en commençant toujours par les points positifs. Tous les élèves
ont fait le sketch avec plus d’aisance que la première fois, malgré la difficulté du texte à
retenir. Même Clément, qui est un élève très réservé, qui refuse parfois catégoriquement de
participer, a réussi à me surprendre en mettant le ton. J’ai donné la possibilité à ceux qui le
voulaient de repasser pour essayer d’améliorer leur production après les remarques qu’on leur
avait faites. Un seul élève à refuser l’activité en se portant absent. Entre ces deux moments,
j’avais réussi à améliorer ma façon de présenter l’activité, à exposer clairement mes attentes,
mes objectifs et aussi à imposer ma présence et à établir un climat de confiance dans la classe
pour obtenir la collaboration des élèves.
Par ailleurs, mon travail sur le savoir-être a créé une autorité, une présence, nécessaires
à l’échange. Il a supposé pour moi une remise en question du concept d’autorité car
l’autoritarisme dont je faisais preuve au début de l’année allait à l’encontre de l’apprentissage.
Je me suis rendu compte que ce n’est pas parce que je me suis montrée froide, sévère, que les
élèves ont reconnu mon autorité et m’ont respectée et que l’autorité naturelle que je possédais
suffisait pour maîtriser la classe. Je pense désormais que l’autorité du professeur la plus
efficace passe par une meilleure présence en cours, une meilleure connaissance et maîtrise de
soi, une bonne gestion de l’espace, par une meilleure communication, et par le respect et
l’intérêt porté aux élèves.
Finalement, travailler mon savoir-être m’a permis de me découvrir moi-même, de me
rendre compte de certaines de mes capacités et de me sentir bien dans mon nouveau métier en
me composant un rôle en accord avec ma personnalité, en acceptant d’être moi. La difficulté
restera de toujours veiller à respecter l’équilibre entre la communication, la compréhension et
l’exigence, entre la sympathie et la fermeté, entre la personnalité et le rôle, entre le contact et
18 Cuenta conmigo 1° année, « El horario de Manuel » p31
18
la distance, car il faut favoriser les échanges avec les élèves mais toujours dans le but de
mieux travailler, et pour qu’un apprentissage soit efficace il est nécessaire de savoir imposer
des contraintes et de se montrer exigeant.
Ce bilan nous permet de conclure que l’échange est essentiel pour travailler dans de
bonnes conditions puisqu’il a contribué à la maîtrise de la classe et au bien être des élèves et
du professeur.
2) TRAVAIL SUR LE SAVOIR-FAIRE POUR CREER UNE DYNAMIQUE DE COMMUNICATION A L’ORAL
Parallèlement au travail sur le savoir-être, je devais impérativement améliorer mon
savoir-faire pour cesser d’imposer mon raisonnement aux élèves et pour leur permettre de
s’exprimer à l’oral afin de créer un véritable échange au sein de la classe et de les aider à
progresser. Ceci requiert un travail en amont du cours pour le préparer plus efficacement et un
travail pendant le cours pour améliorer la gestion de l’activité communicationnelle.
A/ Travail sur la préparation du cours afin de favoriser les échanges
Une préparation précise mais ouverte
« Du soin apporté à la préparation, dépendra la liberté du professeur
dans la conduite de la classe et sa capacité à s’ajuster aux besoins des élèves 19»
Pour laisser une place à l’apprentissage des élèves, il a fallu que je m’efforce de ne pas
leur imposer mon raisonnement, le cheminement que j’avais prévu pour nous conduire au sens
du document et de ne pas refuser certaines idées auxquelles je n’avais pas pensé mais qui
pouvaient enrichir le commentaire.
J’ai commencé par mettre de côté le questionnement rigide dans lequel j’enfermais les
élèves et qui ne pouvait fonctionner que si ceux-ci me donnaient à chaque fois la réponse que
j’attendais pour pouvoir passer à la question suivante ; cela avait pour conséquence de réduire
les élèves au rôle de répondeurs et de faire avorter toute tentative spontanée de leur part.
L’échange était alors très pauvre puisqu’il reposait uniquement sur mes questions et il19 Clerc F., Débuter dans l’enseignement, , p 63
19
démobilisait les élèves. Il m’a fallu trouver une façon plus efficace de préparer le document.
Désormais je tente de définir le plus clairement possible les idées que j’ai choisi de dégager en
procédant par étapes logiques c’est-à-dire sans oublier les idées intermédiaires qui me
paraissent évidentes mais par lesquelles les élèves doivent absolument passer pour arriver au
sens du document (par exemple le fait que Cinthia soit avec sa mère dans le texte « Carta a
Julius20 »), puis je cherche différentes façons d’y aboutir. Pour cela, je repère tous les éléments
permettant de justifier ces idées ou de nous conduire à elles (des mots clés, la ponctuation, les
couleurs, le graphisme…). Je prévois différents types de sollicitations qui peuvent orienter
vers l’idée : des questions, le plus souvent ouvertes (« ¿Qué pensáis de la actitud de este
señor ? », « ¿En qué puede estar pensando el adolescente ? »), des amorces (« la madre quiere
que… », « Es necesario que… »), des mots de liaison (« por eso », « además »),la relecture
d’un passage ou d’un mot, un geste. Je peux également envisager un travail de repérage. Enfin
je cherche le rapport qu’il y a entre ces différentes idées pour savoir comment passer de l’une
à l’autre. Le choix des idées à développer est primordial ; il est évident que l’on ne peut pas
tout dire sur un document, il faut donc savoir-faire des choix en fonction du niveau des élèves,
de leurs connaissances, des objectifs du cours et du sens à faire émerger.
Ce travail, retranscrit dans une feuille de préparation claire, avec mise en évidence des
idées et des points de langue à travailler, me permet de ne plus avoir peur de perdre le fil
conducteur du document et d’être davantage à l’écoute des élèves car je sais exactement où je
vais, je peux me repérer plus facilement.21
D’autre part, j’ai pu constater qu’une analyse très approfondie des documents, à
laquelle m’a préparé la formation universitaire, est nécessaire, même en collège, afin de ne
pas appréhender les réponses des élèves, de ne pas limiter leurs interventions et d’être à même
de m’adapter aux sollicitations de la classe, d’exploiter les réponses auxquelles je ne
m’attendais pas. Il ne faut d’ailleurs pas sous-estimer les idées et la perspicacité des élèves de
4eme et 3eme. Cette analyse minutieuse aurait pu par exemple m’être très utile lors du
commentaire de « Las floreras », carton pour tapisserie de Goya. En effet, un élève m’a très
rapidement parlé du caractère romantique de la scène, c’était une remarque judicieuse sur
laquelle j’aurai pu axer tout le commentaire mais, faute d’y avoir pensé lors de ma
préparation, je n’ai su comment l’exploiter et l’ai laissée sans suite.
20 Caminos del idioma 2° année, p3721 cf annexe 1 : exemple de préparation sur le texte « ¿ No tienes hambre ? »
20
Par ailleurs, afin de ne plus craindre de ne pas travailler les objectifs linguistiques
prévus, j’ai essayé de choisir ceux-ci le plus judicieusement possible en fonction du
document, puisque si les points de langue sont liés à la situation de communication et au sens
même du document les élèves en auront besoin pour s’exprimer et ils ne seront pas oubliés.
(C’est le cas des structures « es necesario que » et « hace falta que » pour évoquer la morale du
texte « ¿No tienes hambre ?22 » : « Es necesario que todos los seres se quieran », « Hace falta
que la gente sea tolerante »…). Je me suis également aperçue de l’absolue nécessité de limiter
le nombre de nouveaux points grammaticaux à travailler et de ne pas en associer deux qui
n’ont aucun rapport entre eux pour éviter les confusions chez les élèves. Telle a été mon
erreur lors de l’étude d’une publicité pour Actimel en 3° 23. J’avais choisi d’en commenter
l’image en employant la forme progressive (« está llamando por teléfono, está
caminando »…), de travailler l’expression de l’habitude avec soler (« suele levantarse a las
siete… ») pour commenter l’emploi du temps quotidien du personnage et de conclure par
l’invention d’un slogan en utilisant l’obligation personnelle et impersonnelle (« tener que »/
« hay que »). Certains élèves ont confondu les deux premières notions et finalement au lieu de
gagner du temps en voulant étudier trois points importants par l’intermédiaire d’un seul
document, j’en ai perdu car j’ai dû revenir sur les deux premiers en les retravaillant
séparément.
Finalement, j’essaie de préparer mon cours le plus minutieusement possible pour
savoir clairement où je veux aller, tout en gardant assez d’ouverture d’esprit pour ne pas
enfermer les élèves dans un carcan, pour laisser place à leurs idées et à leur raisonnement.
Faciliter la compréhension du document pour faciliter l’expression
Pour faciliter l’échange autour d’un document, il est tout d’abord nécessaire d’en
faciliter la compréhension. Il faut donc réussir à percevoir ce qui y ferait obstacle, ce qui est
loin d’être évident pour un professeur débutant, puis trouver des stratégies pour permettre aux
élèves de les surmonter.
Je fais particulièrement attention au vocabulaire qui pourrait poser problème, soit en
prenant la précaution d’en introduire une partie avant grâce à l’étude d’autres documents, soit
22 cf annexe 123 Puerta del sol, 2° année, «¿Cuándo duermen ? » p 14
21
en décidant de l’élucider pendant le cours même (en renvoyant aux notes, en dessinant, en
donnant un synonyme ou un antonyme, en relisant le mot de façon expressive ou en le
décomposant). Je peux aussi prévoir un travail de repérage qui a en plus l’avantage d’obliger
tous les élèves à entrer dans le document, par exemple à lire le texte -étape trop souvent
négligée-, et qui est à la portée de tous. C’est ce que j’ai fait en 3° pour le texte « Locos por
Internet »24 en faisant relever les phrases entre guillemets pour que les élèves puissent bien
comprendre qu’il s’agissait de courriers électroniques et qu’ils les différencient du discours du
narrateur ou pour le texte «Mi pasatiempo favorito » 25 : une fois que les élèves ont déterminé
que le thème du document était la géographie, je leur ai demandé de repérer tout le
vocabulaire en rapport avec ce thème pour qu’ils aient moins de difficulté à comprendre le
texte et à s’exprimer.
J’ai surtout pu me rendre compte de l’importance capitale de mener à bien l’étape de
compréhension globale, et donc de bien définir lors de la préparation ce que les élèves devront
avoir compris avant d’entreprendre l’analyse plus détaillée du document. Je prendrai comme
exemple le même texte que précédemment « Locos por Internet » ; après le travail de
repérage, nous avions bien identifié les personnages, l’émetteur et le destinataire de chaque
email, le narrateur, et tout le monde avait compris qu’au lieu de parler les membres de cette
famille communiquaient seulement par courriers électroniques, mais pendant l’analyse du
document je me suis aperçue qu’une étape importante de la compréhension avait été oubliée.
En effet, je n’avais pas pensé à insister sur le fait que cette famille vivait bien dans la même
maison et que c’est pour cette raison que leur mode de communication devait nous paraître
étrange ; de là, les élèves ont imaginé que les personnages vivaient séparément, le père et son
fils en Nouvelle-Zélande, la mère et sa fille en Papouasie-Nouvelle-Guinée ! Cette erreur m’a
permis de me rendre compte par la même occasion de la nécessité d’une mise au point
immédiate face à toute erreur d’interprétation pour éviter confusion et perte de temps.
Faciliter l’expression orale
Afin de faciliter l’expression orale des élèves, j’ai surtout accordé une grande
importance à la préparation de mes progressions et ai tenté de développer des activités
privilégiant cette compétence.
24 Puerta del sol, 1° année, «Locos por Internet » p 6425 Cuenta conmigo 2° année, « Mi pasatiempo favorito » p32
22
J’ai en effet constaté qu’une progression cohérente permet aux élèves de réemployer
leurs connaissances, donc de les fixer, et facilite la prise de parole. De plus, les élèves
prennent conscience de leurs acquis et surtout de l’utilité de ceux-ci pour pouvoir
communiquer leurs idées ; cela est essentiel pour qu’ils consentent à l’effort d’apprendre.26
Par ailleurs, je privilégie les activités qui obligent l’élève à s’exprimer dans le but
d’obtenir une communication plus spontanée en classe. Lors de la progression sur la
présentation, en 3° comme en 4°, des élèves ont dû poser des questions à d’autres élèves qu’ils
choisissaient ou que je désignais ; j’ai utilisé le même système quand on a appris à situer des
villes sur la carte d’Espagne. Pour apprendre à demander et à dire l’heure en 4°, j’ai fait venir
des élèves au tableau sur lequel était dessiné une horloge pour qu’ils placent les aiguilles
comme ils le voulaient et qu’ils demandent l’heure à un de leurs camarades. Il m’est
également arrivé plusieurs fois de baser la reprise du cours précédent sur des questions que les
élèves avaient préparées et devaient poser aux autres. Les exercices de compréhension orale
favorisent aussi le dialogue puisqu’ils permettent à un plus grand nombre d’élèves de
participer ; en effet, ils facilitent la tâche de certains d’entre eux, bloqués par l’écrit mais ayant
une bonne capacité d’écoute, qui tentent de repérer des mots, des sons, de corriger ce que les
autres ont mal entendu. Les récitations (de poèmes par exemple) et les jeux de rôle
(représentation d’un dialogue inventé par les élèves, mise en scène d’un texte, d’une bande
dessinée, d’une saynète) sont aussi un bon moyen pour faciliter l’expression orale, favoriser
l’échange et débloquer les plus récalcitrants comme Clément ou Maud, qui ne participent
jamais pendant l’étude d’un document, mais réussissent, malgré leur gêne, à faire des sketches
devant leurs camarades. Ce genre d’activité permet d’entraîner les élèves à la correction
phonétique, ce qui conditionne la compréhension et la prise de parole. De plus, il a cela
d’intéressant qu’il donne l’occasion à l’élève de parler sans dire : « moi je pense que… ». Je
crois que c’est en multipliant de la sorte les situations de communication que ces jeunes
oseront s’exprimer en tant que sujet et dire : « pienso que… ». C’est finalement par le « jeu »
que le « je » se révèlera.
Capter l’attention des élèves
Pour qu’il y ait un véritable échange dans la classe, il faut d’une part que les élèves
aient l’envie de parler et d’autre part que toute la classe s’investisse dans le même travail,
d’où la nécessité de capter l’attention des élèves. J’essaie de prévoir le plus souvent possible
26 cf annexe 2 : exemple de progression
23
des activités qui les obligeront à tous se concentrer individuellement sur le document comme
un exercice de repérage, une lecture guidée avec des consignes précises, un questionnaire à
remplir pour travailler la compréhension orale. Je tente de susciter leur intérêt par une
diversification des supports ; j’ai d’ailleurs pu voir de la surprise et du plaisir dans les yeux de
mes 3° lorsque j’ai utilisé pour la première fois le rétroprojecteur et qu’ils pouvaient admirer
« Les quatre saisons » de Goya comme dans un musée, cela a largement favorisé leur
participation pendant l’heure. Je pense qu’il est également très important de varier l’approche
des documents, toujours dans le but de ne pas installer la routine et l’ennui, et d’encourager
les élèves à prendre la parole. C’est par exemple faire découvrir à mes 4° comment les
espagnols célèbrent les fêtes de Noël grâce à un rébus27 ou, comme je compte le faire
prochainement en 3°, travailler sur un conte (« Blancanieves y los siete enanitos »28) en
projetant une série d’images retraçant cette histoire et en distribuant aux élèves un tableau
avec des cases numérotées correspondant aux images projetées et contenant un minimum de
vocabulaire pour leur permettre de raconter, seuls, ce conte en espagnol. L’enseignant peut
aussi jouer sur la diversification des activités dans une même heure de cours et sur un même
document. L’étude de « Los mifenses »29 a donné lieu à un travail de compréhension orale
sans le texte dans le but de décrire oralement le personnage à partir de ce qui avait été trouvé,
pour passer ensuite à un exercice de compréhension écrite en relevant le vocabulaire du corps
et à de l’expression orale pour revenir sur quelques points du texte et finalement comparer les
mifenses aux humains. Pour le cours suivant, les élèves devaient réaliser un exercice
d’expression écrite : imaginer qu’ils étaient un mifense, se présenter et se décrire en se
comparant aux humains ; lors de la reprise j’ai en plus demandé à Sophie M., l’artiste de la
classe, de venir au tableau pour dessiner un mifense en suivant la description qu’en faisaient
ses camarades. Les élèves ont paru captivés du début à la fin et ont manifesté leur envie de
participer. On peut favoriser l’échange par l’intérêt du document lui-même : par le thème
abordé, parce qu’il évoque un fait culturel intéressant, parce qu’il laisse la possibilité de
dégager l’implicite, de comprendre un message (il a par exemple été très intéressant d’écouter
les interprétations que les élèves faisaient des vers du poème «Los meses» 30) ou parce qu’il
permet un débat d’idées comme le texte «Actores de hoy »31qui a conduit les élèves à donner
leurs avis sur la vie d’un acteur de quatorze ans. Finalement, c’est au professeur de rendre le
27 cf annexe 328 cf annexe 429 Caminos del idioma, 1° année, p 3730 Cuenta conmigo, 2° année, « Los meses », p 1331 Así es el mundo, 3°, « Actores de hoy », p 10
24
cours intéressant ; il faut qu’il réussisse à impliquer les élèves pour que ceux-ci rentrent dans
le jeu et aient envie de participer.
Pour tirer profit au maximum de tout ce travail de préparation et augmenter les
échanges, il fallait en même temps que je développe mon savoir-faire pendant les cours. En
effet pour qu’il existe une dynamique de communication dans la classe, travailler sur son
savoir-être et instaurer un climat de confiance est absolument nécessaire mais loin d’être
suffisant ; il est aussi indispensable d’apprendre à gérer l’oral.
Je limiterai ici ma réflexion aux aspects qui m’ont posé le plus de difficulté : la gestion
de la prise de parole, l’exploitation collective d’une intervention individuelle et la prise de
risque pour écouter les élèves.
B/ Travail sur la gestion de l’oral pour créer un échange véritable et construire un
savoir ensemble
Des habitudes à mettre en place, la gestion de la prise de parole
Pour rendre l’échange possible, j’ai instauré des règles dès la rentrée, le plus difficile
étant de penser à les faire respecter et à les rappeler tout au long de l’année : exiger des élèves
qu’ils parlent fort et en articulant, pour toute la classe, qu’ils se taisent pour écouter les autres
et pouvoir réagir à leurs interventions, qu’ils parlent toujours en espagnol, même entre eux.
C’est d’ailleurs pour cela que j’ai rapidement mis en place des expressions comme « (no)
estoy de acuerdo », « pienso que…», ou « ¿Puedes repetir, por favor? ». Une autre habitude à
leur faire prendre est de lever le doigt et surtout d’attendre que je leur donne mon accord pour
prendre la parole, ce qui n’est pas évident pour certains élèves de 4°.
Gérer la prise de parole (contrôle et distribution) est pour moi une compétence difficile
à acquérir. A quel élève donner la parole ? Faut-il désigner ceux qui ne lèvent pas la main ?
Dois-je toujours attendre que les plus faibles aient eu le temps de chercher alors que ceux qui
ont le plus de facilité trépignent déjà pour que je les interroge ? Comment ne pas laisser
les «bons» élèves monopoliser la parole sans les frustrer et encourager ceux qui n’ont pas
confiance en eux sans les mettre en difficulté ? Comment contrôler la prise de parole sans
stériliser les échanges, ralentir la spontanéité, tuer l’envie, le plaisir ou provoquer un trou de
25
mémoire ? Autant de questions qui me sont apparues petit à petit et auxquelles j’ai tenté -et
tente toujours- de répondre. Je m’efforce à chaque cours d’interroger le plus d’élèves possible
pour que tout le monde se sente impliqué dans l’échange et je désigne de temps en temps ceux
qui ne lèvent pas la main, tout en prenant garde de ne pas les mettre en difficulté, pour qu’ils
ne se reposent pas sur ceux qui participent spontanément. Je veille à donner la possibilité à
chacun d’exprimer son opinion. Grâce aux remarques de mon tuteur, j’ai pu également
constater qu’il fallait veiller à interroger la bonne personne au bon moment ; en effet si
j’interroge un élève en difficulté ou peu attentif à un moment clé du cours, pour construire une
phrase importante ou faire répéter une nouvelle structure, je m’expose à ce qu’il n’arrive pas à
s’exprimer ou n’ait pas écouté et donc à perdre le dynamisme du cours, son intérêt et à ne pas
réussir à fixer la phrase oralement. Il faut que j’adapte mes sollicitations aux possibilités de
chacun. Enfin, je travaille pour trouver un équilibre entre, d’une part, contrôler la prise de
parole et attendre pour donner à tous le temps de réfléchir et, d’autre part, laisser de temps en
temps fuser les interventions, dans la mesure où les règles de la communication sont
respectées, pour faire avancer le cours, ne pas instaurer l’ennui et laisser une place « à
l’improvisation […], à l’initiative, aux personnes32 ».
Exploiter collectivement une intervention individuelle
Dans les premiers temps, une de mes difficultés majeures a été d’éviter les échanges
individuels, le dialogue professeur-élève, pour m’adresser à toute la classe et ainsi favoriser
l’interaction. Dès que je ne parlais qu’à un seul élève, les autres cessaient d’être attentifs et
commençaient à bavarder, je perdais alors du temps à recentrer leur attention sur la tâche à
effectuer et cela cassait la dynamique de communication que je cherchais à instaurer. C’est
pourquoi j’ai essayé le plus rapidement possible de faire profiter des remarques individuelles à
tout le groupe (en particulier pendant la vérification des exercices), de ne pas corriger
automatiquement les erreurs ou de ne pas répondre tout de suite à la question d’un élève en ne
m’adressant qu’à lui, mais au contraire de favoriser l’intercorrection et de renvoyer la question
à la classe, et dans le cas où personne n’ait la réponse, de la donner moi-même mais en
m’adressant à tous les élèves. Bien sûr, je cherche à exploiter collectivement les interventions
individuelles également pendant l’étude d’un document, par exemple pour faire réagir à l’idée
d’un élève. Je la favorise par diverses sollicitations : des questions (« ¿Quién le ayuda ?,
32 Cahiers pédagogiques n°326 : La communication dans la classe , p 13
26
¿Quién continúa ?, ¿Quién puede corregir ?, ¿Estáis de acuerdo con… ?), un geste, un
changement d’expression de mon visage, un silence (en général après une erreur sur un point
que l’on a vu précedemment) ou la répétition de ce qu’a dit l’élève en jouant sur l’intonation.
Cependant, l’idéal serait que les élèves s’adressent directement à leurs camarades pour que je
ne serve plus de « relais » entre leur intervention et la classe.
Prendre le risque d’écouter les élèves et savoir les guider pour construire un
savoir ensemble
Pour remédier à la situation des premiers mois, il fallait que j’accepte de prendre des
risques, de m’aventurer, d’improviser, de « sortir » de ma préparation ; cela a d’ailleurs été
l’objectif principal de mon bilan intermédiaire. J’ai donc travaillé pour me décentrer de ma
préparation et faire preuve d’une véritable disponibilité d’esprit pour pouvoir enfin « voir » les
élèves, leur laisser leur place, les laisser s’exprimer et les écouter, leur permettre
d’argumenter, d’aller au bout de leur pensée, afin de réfléchir et de construire les savoirs
ensemble. Le tout est de réussir à créer une communication à partir de ce qu’ils disent, de
m’adapter aux sollicitations de la classe en gardant bien les objectifs en tête pour les guider,
les réorienter afin qu’ils découvrent le sens du document, pour pouvoir faire un tri judicieux
dans leurs interventions, et les ramener à l’essentiel quand il le faut. Tout l’art de guider les
élèves consiste en fait à les laisser s’exprimer librement, tout en s’appuyant sur ce qu’ils
disent afin de les amener, habilement, vers ce que l’on souhaite entendre. L’enseignant
accompagne mais n’impose pas, il doit être un médiateur entre le savoir et l’élève. Cet
exercice est sans doute l’un des plus complexes. C’est avec l’expérience qu’on y parvient car
petit à petit les connexions entre ce que dit l’élève et le sens que l’on veut faire émerger se
font presque automatiquement.
Lors de ma visite conseil, j’ai pu me rendre compte que de même qu’il est nécessaire
d’écouter les interventions des élèves, il faut également savoir analyser leurs silences afin de
déterminer s’il s’agit d’une réflexion ou d’une incompréhension et ainsi pouvoir intervenir à
bon escient.
27
C/ Bilan
Tout d’abord, ce développement du savoir-faire a favorisé la participation des élèves et
donc leurs progrès à l’oral. Ils prennent davantage la parole parce que je leur donne le moyen
de le faire, parce qu’ils savent ce que j’attends d’eux, sont plus à l’aise. Ils ont envie de
s’exprimer pour faire part de leurs idées et surtout parce que je prends celles-ci en compte,
donc implique les élèves dans une recherche collective.
De plus, par cette diversification des activités et des sollicitations et une meilleure
gestion de la prise de parole, j’ai tenté de prendre en compte tous les élèves, ce qui a permis à
un plus grand nombre d’entre eux de s’investir dans le cours, quelles que soient leurs
difficultés, et donc d’enrichir le dialogue.
En créant cet échange au sein de la classe, je ne réduis plus le cours à une simple
transmission de savoirs préétablis et permet une construction collective des connaissances, ce
qui donne de l’intérêt au cours et améliore l’assimilation. En effet, il est fréquent que pour
exprimer une idée, l’élève ait besoin d’une expression ou d’une structure ; il la retiendra alors
d’autant plus facilement qu’il en avait besoin.
D’autre part, il est important de signaler que laisser les élèves exprimer leurs idées, les
faire argumenter, justifier, exiger d’eux qu’ils respectent certaines règles pour prendre la
parole, qu’ils écoutent les autres et acceptent leur opinion, contribue au développement de la
pensée et de la personne et concourt à l’éducation à la citoyenneté préconisée par les
Instructions Officielles.
Le développement de mon savoir-faire m’a également donné de l’assurance et conféré
une certaine autorité. Je crois que les élèves respectent l’enseignant quand ils sentent que ce
dernier est là pour les guider, les accompagner dans leur apprentissage, et le fait d’échanger et
de construire un savoir ensemble le leur montre bien.
Finalement, en laissant parler les élèves, en acceptant que se crée un véritable échange,
j’apprends à mieux les connaître, je m’aperçois plus facilement de leurs connaissances et de
leurs besoins, je peux détecter le manque de concentration, l’incompréhension, les difficultés
et donc travailler plus efficacement.
L’amélioration de ma pratique m’a donc permis de me décentrer petit à petit de mes
difficultés pour m’interroger de plus en plus sur celles des élèves et sur la façon d’y remédier.
28
Par le travail sur mon savoir-faire et être et l’amélioration de l’échange, je tente déjà de faire
progresser les élèves en rendant le cours plus efficace mais je pense que cette aide intervenant
essentiellement pendant l’étude de documents n’est pas suffisante. C’est pour cette raison que
j’ai souhaité mettre en place d’autres activités qui, en tirant profit de l’échange créé et en le
favorisant par la même occasion, me permettraient d’apporter aux élèves l’aide
méthodologique dont ils ont besoin.
3) ACTIVITES D’AIDE METHODOLOGIQUE
A / Activités mises en place
L’enseignant a une multitude de moyens à sa disposition pour établir un diagnostic des
difficultés des élèves : interrogations orales et écrites, exercices, travail ciblé sur une
compétence, explicitation de leur réponse par les élèves, observation de leur attitude (pendant
le cours d’oral ou un travail écrit), dialogue avec l’élève, ses parents ou l’équipe pédagogique,
bilan écrit où les élèves ont la possibilité de s’exprimer sur les problèmes qu’ils
rencontrent33… Par l’intérêt que j’ai porté à analyser les difficultés des élèves, je me suis
aperçue que le manque de méthodes pour apprendre et mémoriser la leçon fait obstacle à la
progression de nombreux élèves, que la plupart d’entre eux ne savent pas évaluer leurs acquis
et leurs besoins et que l’exercice d’expression personnelle est ce que les élèves ont le plus de
mal à réussir.
Aide pour apprendre les leçons
La première difficulté des élèves se situe donc au niveau de l’apprentissage de la
leçon. En effet, les élèves moyens ou faibles ne réussissent pas à distinguer les points
importants du cours, ne savent pas ce qu’il faut réviser. Dans ce cas, leur dire : « vous revoyez
tout ce qu’on a vu depuis le dernier contrôle », revient à les mettre en grande difficulté, à ne
pas leur permettre de progresser et à les décourager. Pour remédier à ce problème, j’ai mis en
place une méthode de préparation de devoir qui se présente sous la forme d’un tableau qui
récapitule les documents étudiés et les objectifs que les élèves doivent avoir atteints pour le
contrôle. Ce travail est généralement fait en classe, les élèves regardent leur cahier et me
disent ce que l’on a appris en étudiant chaque document, je le note au tableau. Cela leur
permet de revenir sur leurs connaissances, de voir s’ils s’en souviennent, s’ils ont tout33 cf annexe 5
29
compris, et d’échanger pour confronter leurs idées, se réexpliquer certains points, ce qui
facilite la mémorisation. Par la suite, lors de leurs révisions, les élèves vont vérifier qu’ils sont
bien capables de faire « tout ce qui l’y a dans le tableau. »
Exemple de tableau de préparation de devoir :
Documents Je dois être capable de … Pour cela, j’ai besoin de…Supportoral
▪ me présenter et poser des questionsà quelqu’un pour qu’il se présente
↔ connaître le présent de l’indicatif desverbes llamarse, tener, vivir et ser (1° et2° personne du singulier)
↔pronoms interrogatifs
↔savoir utiliser les adjectifs possessifs« mi » et « tu »
Comme ils m’en ont fait part à plusieurs reprises34, les élèves eux-mêmes se rendent
bien compte de l’utilité de ce système qui leur permet d’avoir une vision d’ensemble de ce
qu’ils doivent connaître et leur sert de guide dans leur apprentissage.
Après avoir réalisé plusieurs fois ce travail de préparation ensemble, j’ai demandé à
mes élèves de le faire seuls et de le joindre à leur contrôle. Cette expérience m’a permis de
cibler de façon plus précise leurs difficultés, de mieux les connaître et donc de pouvoir les
conseiller plus efficacement. En mettant en parallèle leur tableau et leur devoir, je me suis
rendu compte que les élèves ayant le plus de facilité comme Hannah ou Emilienne35 relèvent
presque parfaitement les points à réviser, que d’autres réussissent à repérer l’essentiel mais ne
l’apprennent pas correctement ou du moins ne réussissent pas à faire preuve de leurs
connaissances ensuite (et en particulier ne les réutilisent pas dans le travail d’expression) et
que les élèves les plus faibles comme Quentin36 ont beaucoup de mal à comprendre quels sont
les points grammaticaux importants et ce qu’ils permettent d’exprimer. Enfin ce travail a
confirmé un grand manque de sérieux de la part de certains qui copient les uns sur les autres,
font un tableau inapproprié ou ne travaillent pas sur les bons documents.
Malgré cette dernière constatation, toutes ces différences me confortent dans l’idée
qu’il est nécessaire de donner une chance à tout le monde de décrypter la leçon de la même
façon.
34 cf annexe 535 cf annexe 636 cf annexe 6
30
Par ailleurs, pour aider les élèves à apprendre plus efficacement, j’ai voulu les faire
réfléchir sur leurs méthodes de révision. Pour cela, j’ai appliqué en 4° une expérience à
laquelle j’ai assisté lors d’une séance d’observation dans une classe de mon tuteur. Il s’agit de
simuler un moment de révision avant une interrogation pour mettre en évidence la démarche
entreprise par chaque élève et rendre compte de son efficacité. Les élèves doivent être
capables de présenter quelqu’un, je leur donne un moment pour réviser, ils ont le cahier et le
livre à leur disposition, j’observe leur démarche. Je les interroge par écrit sur ce qu’ils
viennent d’apprendre puis l’on corrige le test. J’interroge alors chaque élève sur sa note et la
démarche qu’il a effectuée pour réviser, je l’écris au tableau37. Ces pauses méthodologiques ou
de métacognition38 permettent de favoriser la communication dans la classe et de souligner le
rôle d’accompagnateur de l’enseignant qui cherche à aider l’élève à revoir ses procédures pour
en prendre conscience et conforter celles par lesquelles il réussit le mieux et à les exprimer
clairement, ce qui n’est pas toujours très simple. Finalement, les élèves constatent que la
plupart d’entre eux ne fait que lire la leçon alors que ceux qui ont le mieux réussi le test ont lu
leur leçon, l’ont écrite de mémoire, l’ont vérifiée et l’ont parfois réécrite (sans fautes). Nous
avons aussi pu remarquer à cette occasion qu’une « bonne élève » a obtenu un sur quatre car
elle n’avait pas utilisé ce jour là sa méthode habituelle (réécrire la leçon) et que bon nombre
des élèves qui n’ont pas écrit la leçon, même s’ils ont su la réciter, ont fait des fautes
d’orthographe. Les élèves en ont déduit qu’écrire la leçon en plus de la lire en facilite la
mémorisation ; à eux ensuite de s’approprier la méthode !
Aide pour évaluer ses connaissances
Aider les élèves, c’est aussi leur permettre d’évaluer leurs acquis, de repérer leurs
manques, de savoir ce qu’ils peuvent faire pour progresser. Pour cela, je me suis efforcée,
depuis le début de l’année, de fournir à mes élèves des conseils personnalisés et les plus précis
possibles, que ce soit oralement ou par les appréciations sur leurs copies. Je veille à toujours
mettre en évidence le positif, ce qui est acquis, pour valoriser l’élève, et à l’orienter pour qu’il
progresse sur ce qu’il n’arrive pas encore à faire (par exemple : «Tu as bien compris comment
former le subjonctif, tu dois désormais penser à l’utiliser pour t’exprimer»). Il est vrai que la
mise en place dès la rentrée d’une fiche de suivi par élève où j’aurais relevé à chaque devoir
37 cf annexe 738 Métacognition : connaissance personnelle d’un individu sur ses capacités et ses fonctionnements cognitifs.
31
les problèmes qu’il a rencontré et les conseils à lui fournir, méthode proposée par Mme Lebel
lors d’un stage de formation disciplinaire, m’aurait grandement facilité la tâche. Cette fiche
permet en effet une connaissance très précise des difficultés de chaque élève et présente
l’avantage de garder la trace de leur progrès.
Pour répondre à ce même objectif, j’ai mis en place au cours du deuxième trimestre
une « fiche d’autoévaluation après révisions » que j’ai adaptée à mon tableau de préparation.
Elle se présente comme suit :
Documents Je dois être capable de … Pour cela j’ai besoin de… + ? −
Les élèves doivent indiquer face à chaque élément du tableau s’ils pensent avoir
atteint l’objectif (« + ») ou pas (« − »). Ils peuvent également cocher la case « ? » s’ils ne sont
pas sûr d’eux. Il s’agit d’un véritable espace de dialogue puisqu’en corrigeant leur devoir je
coche à mon tour les cases où je juge qu’ils se sont mal évalués et leur indique un point qu’ils
peuvent commencer par améliorer, leur donne quelques conseils pour progresser. Je n’ai pas
encore assez de recul pour juger des effets de cette pratique sur le travail des élèves mais j’en
vois tout de même deux avantages non négligeables. D’une part, elle les oblige à se
responsabiliser face à leur apprentissage. En effet, s’ils mettent essentiellement des croix dans
la colonne « - » et qu’ils obtiennent une mauvaise note, ils n’auront pas l’excuse du contrôle
trop difficile ou du professeur trop sévère et comprendront que leurs résultats et leurs progrès
dépendent d’eux et non de facteurs extérieurs. D’autre part, cette technique contribue à affiner
ma connaissance des élèves et à établir un nouveau diagnostic de leurs difficultés. Elle
confirme le fait que les meilleurs élèves s’autoévaluent correctement (sans même hésiter pour
certains à mettre toutes les croix dans la colonne « + ») alors que les plus faibles le font en
général très mal ; d’où la nécessité de les aider et de les entraîner à le faire. Elle permet de
repérer les élèves qui sous-estiment leurs capacités afin de penser à les encourager et ceux qui
pensent maîtriser tous les objectifs seulement après avoir relu la leçon. Par ce travail, j’ai
également compris que même si les élèves réussissent à relever les points importants de la
leçon dans le tableau de préparation, cela ne signifie pas qu’ils les apprennent correctement
ensuite. En effet, lorsque je leur ai demandé de faire seuls le tableau, Romain a relevé
correctement les objectifs travaillés à partir de chaque document et je ne comprenais pas qu’en
ayant autant travaillé et aussi bien décrypté la leçon, il ait obtenu une note très basse. Or, au
32
regard de sa première fiche d’autoévaluation, je m’aperçois qu’après ses révisions il juge qu’il
ne maîtrise pas les trois quarts des objectifs. Je peux alors me demander si après avoir relevé
les points importants il a fait l’effort de les apprendre, si en voyant cela il n’aurait pas pu
réagir, chercher des explications…En ce sens cette pratique complète bien le tableau de
préparation car je me rends compte de ce que les élèves pensent savoir-faire et de leur volonté
-ou absence de volonté- à progresser.
Je donne aussi les critères de notation de certains exercices comme ceux de la mise en
scène de la bande dessinée « El horario de Manuel »39. J’ai observé que la participation de
l’élève à l’évaluation lui donne la possibilité de repérer les points où il doit progresser, lui
permet de se corriger et donc de se perfectionner. Je pense que c’est en plus un moyen pour
qu’il comprenne que la notation n’est pas arbitraire.
J’envisage prochainement de faire déterminer par l’élève lui-même, après chaque
contrôle, un objectif à améliorer, une faute à ne pas commettre la fois suivante.
Aide pour progresser en expression écrite
Finalement, j’ai constaté que les exercices d’expression personnelle qui demandent un
exercice de transfert constituent la difficulté majeure de tous les élèves. Les deux problèmes
récurrents sont le manque ou l’absence de réemplois et un problème d’application des
connaissances lors de la rédaction c’est-à-dire la présence de nombreuses fautes de grammaire
(accords, conjugaisons …) même si ces mêmes points n’avaient pas posé de difficulté dans les
exercices précédents.
Pour aider les élèves, il fallait tout d’abord leur faire comprendre le but de cet exercice.
Je leur ai expliqué et ai écrit dans les consignes qu’ils devaient rédiger leur texte en utilisant
les structures et le vocabulaire étudiés en cours et que le nombre de réemplois était un des
critères de notation. J’ai également souligné en vert dans leurs travaux tous les réemplois pour
qu’ils se rendent compte de quoi il s’agit, comprennent ce que j’attends d’eux et réagissent s’il
n’y a pas de traits verts, ou seulement quelques-uns, dans leur copie.
Ensuite j’ai utilisé, lors des corrections de devoirs, diverses techniques pour les faire
progresser. Nous avons par exemple relevé ensemble plusieurs structures de la leçon afin
39 Cf annexe 8
33
qu’ils rédigent individuellement des phrases qui pouvaient être utilisées pour répondre au
sujet. Une autre fois, je leur ai demandé de recommencer le sujet d’expression en s’aidant de
leur cahier et du tableau de préparation pour qu’ils ne pensent pas en français mais cherchent
ce qui pouvait leur servir dans ce que l’on avait appris et qu’ils le soulignent dans leur
exercice.
Les élèves s’aperçoivent finalement que même s’ils connaissent certaines expressions,
ils ne pensent pas à les réutiliser dans leur travail. Ils ont trouvé quelques solutions pour y
remédier : lors de la préparation des devoirs, certains font une liste de structures à utiliser,
l’apprennent et la réécrivent en devoir ; Alizée, élève de 3°, invente un sujet d’expression en
rapport avec les documents étudiés pour s’entraîner à réutiliser les expressions et le
vocabulaire appris ; Jennifer souligne elle-même les réemplois dans son devoir pour voir s’il y
en a assez et cherche à en utiliser d’autres si ce n’est pas le cas.
En ce qui concerne le problème de « l’application de ses connaissances », j’ai pu faire
constater aux élèves, lors des corrections de devoir, que nombre d’entre eux savent conjuguer
les verbes et connaissent les phrases de leur cahier mais ne réussissent pas à les appliquer
correctement en rédigeant leur texte. Ils ont compris qu’il leur était difficile de penser à tout
en écrivant et donc qu’ils faisaient beaucoup d’erreurs parce que leurs connaissances n’étaient
pas encore devenues des réflexes, des automatismes. En effet, l’existence de ces derniers
permettrait d’économiser la mémoire de travail pour se concentrer sur d’autres difficultés.
C.Delannoy écrit dans Une mémoire pour apprendre : « Cessons de reprocher à nos élèves de
ne pas appliquer en écrivant des règles d’orthographe qu’ils connaissent, comme si cela
reflétait d’abord leur mauvaise volonté. Cela reflète seulement l’absence d’automatisation, et
c’est une étape normale de l’apprentissage. Un adulte qui apprend une langue étrangère, ou
engrange un nouveau savoir, se surprend lui-même à ne pas réussir à tenir compte de toutes
les règles qu’il connaît parce qu’il ne peut pas penser à tout à la fois et que certains
comportements ne sont pas encore automatisés. Expliquer aux élèves ces exigences
d’automatisation, réfléchir avec eux à la meilleure manière d’y parvenir, est plus efficace,
moins « démotivant », que le reproche et la culpabilisation »40.
Je tente donc de convaincre chaque jour mes élèves de la nécessité de créer des
automatismes pour progresser en s’entraînant à l’application de ses propres connaissances à
l’oral et par la rédaction d’un bref commentaire du document, de phrases réemployant les
40 DELANNOY C., Une mémoire pour apprendre, p38
34
structures étudiées…La répétition d’un savoir en variant le contexte favorisera
l’automatisation, la décontextualisation et donc le transfert. Je donne la possibilité aux élèves
de me rendre ces phrases pour que je les corrige (sans les noter). Cependant, bien qu’ils
semblent en avoir compris l’utilité, très peu d’élèves rendent des phrases. Il s’agit pour eux
d’un effort supplémentaire qui se doit d’être récompensé et donc noté, ils ne prennent pas en
compte la possibilité de progresser sur le long terme et veulent des résultats immédiats.
Quelques élèves disent même que si elles regardent leur cahier pour faire les phrases elles
« trichent » ; elles pensent que si elles rendent des phrases, le professeur va évaluer ce qu’elles
sont capables de faire comme lors d’une interrogation. Cela reflète le problème de notre
système qui repose encore trop souvent sur l’évaluation sommative. Les élèves travaillent
essentiellement pour la note et ne prennent pas toujours en considération les occasions qu’on
leur fournit pour progresser. Cela pourrait nous conduire à nous interroger sur la notion
d’apprentissage et sur la place que nous accordons à l’erreur.
B/ Bilan
Ces activités extérieures à l’étude de document ont nettement favorisé les échanges
dans la classe, échanges oraux et écrits, entre le professeur et les élèves, entre les élèves. Cette
communication a été déclenchée par la volonté que j’ai montrée à ce que l’on comprenne
ensemble leurs difficultés et leur système de fonctionnement et que l’on trouve collectivement
des solutions possibles pour favoriser les progrès de chacun. Cela a en plus permis de
m’affirmer dans mon rôle d’accompagnateur, de médiateur, puisque j’ai prouvé par ces
démarches ma volonté de les guider jusqu’au bout de leur apprentissage, dans l’assimilation et
la restitution de leurs connaissances. Les élèves comprennent que je ne suis pas là pour les
piéger mais pour leur donner les moyens de réussir, même s’ils ne savent pas toujours en tirer
profit.
L’aide que j’ai tenté d’apporter aux élèves leur a permis de progresser et d’acquérir des
méthodes de travail applicables à d’autres matières. J’ai surtout pu constater qu’ils
réemployaient un plus grand nombre de structures en expression personnelle, que certains des
35
conseils que j’ai donnés (par exemple refaire les exercices ou relire correctement les
documents pour préparer un contrôle) ont été appliqués rapidement et que plusieurs élèves
font beaucoup moins de fautes d’orthographe depuis qu’elles ont revu leur façon d’apprendre
les leçons.
De plus, permettre aux élèves de savoir ce qu’ils peuvent faire pour progresser donne
du sens à leurs apprentissages et les responsabilise. C’est aussi l’occasion pour l’élève
d’acquérir une certaine autonomie par le développement du travail personnel volontaire.
L’élève devient acteur de son apprentissage.
Par ailleurs, grâce à ces activités, l’élève se découvre, apprend à se connaître,
s’approprie une démarche personnelle de construction du savoir. Se connaître davantage sur
son travail va forcement lui ouvrir les portes de nouvelles étapes à franchir dans la
connaissance et la réalisation de soi, dans la construction de sa personnalité. D’autre part, dans
ces moments d’échange, de dialogue, l’élève se sent reconnu, compris, voit que l’on
s’intéresse à lui, ce qui lui permet d’avoir confiance en lui.
En fin de compte, l’aide apportée contribue aux progrès scolaires et au développement
personnel de l’apprenant.
Finalement, nous pouvons remarquer que les diagnostics nous incitent à mettre en
place des aides qui à leur tour sont l’occasion de repérer des difficultés nous permettant de
mieux connaître les élèves et de les aider encore plus efficacement. Comme le dit F. Loscot, il
est nécessaire « d’être à l’écoute, d’établir les bons diagnostics, d’inventer, d’adapter et de
s’adapter ; il n’y a pas de solutions toutes faites, de certitudes absolues, de recettes passe-
partout 41». L’enseignement consiste en une remise en cause permanente de sa pratique, en une
adaptation continue.
41 Francis Loscot, inspecteur général d’espagnol. Extrait du rapport « Enseigner l’espagnol en ZEP » publié par leMinistère de l’Education nationale, p 48
36
CONCLUSION
Le professeur a finalement de multiples moyens à sa disposition pour favoriser
l’échange et améliorer la relation pédagogique. D’autant plus que ces échanges sont variés : ce
peut être un échange écrit ou oral, une communication verbale ou pas, un échange collectif ou
individuel (entre deux personnes), entre le professeur et les élèves, les parents et l’équipe
pédagogique ou les élèves entre eux.
La réflexion que j’ai menée, la remise en question de ma pratique et les démarches que
j’ai mises en œuvre pendant ces premiers mois d’enseignement ont été efficaces dans
l’ensemble puisqu’elles m’ont permis d’atteindre mon objectif : favoriser l’échange au sein de
la classe. Cependant je ne considère pas ce travail comme achevé mais comme l’esquisse
d’une démarche que l’expérience viendra consolider. A condition de toujours me remettre en
question, mon savoir-faire et mon savoir-être évolueront tout au long de ma carrière. En ce qui
concerne l’aide méthodologique que j’ai voulu apporter à mes élèves, il me reste à analyser
sur le long terme les résultats de certaines démarches et à en mettre d’autres en place telle la
fiche de suivi individuel.
L’amélioration de l’échange en classe a eu des effets non négligeables. Elle a tout
d’abord permis de résoudre mes difficultés de départ, à savoir le manque d’une relation
positive avec les élèves, la réduction du cours à une simple transmission de savoirs peu
efficace quant à l’appropriation des connaissances par les élèves, ma gêne, la façon d’instaurer
mon autorité…
De plus, elle donne l’occasion d’apprendre à mieux connaître les élèves, d’apprendre
d’eux comment leur faciliter la tâche, ce qui enrichit quotidiennement ma pratique, me pousse
à la modifier, à regarder en face les problèmes que je rencontre et contribue à améliorer
l’efficacité de l’aide que je tente de leur apporter. Mes élèves m’ont enseigné autant de choses
sur ma mission de professeur que je leur ai apporté de connaissances.
Finalement, l’échange ne favorise pas seulement les progrès du professeur mais aussi
ceux des élèves car il permet de les aider et de travailler dans de bonnes conditions ; mais
qu’entends-je par « progrès » ? Il s’agit bien sûr de progresser en espagnol en développant les
quatre compétences suivantes : l’expression orale, l’expression écrite, la compréhension orale
et la compréhension écrite, mais favoriser la communication a également permis de
développer chez l’élève des savoirs-faire (savoir argumenter, justifier, organiser sa pensée),
des méthodes de travail applicables à d’autres matières, et a fait progresser l’élève d’un point
de vue humain. L’échange contribue au développement de la personne car il favorise
37
l’acquisition d’un savoir-être dans un groupe, permet aux jeunes de prendre confiance en eux,
les pousse à être autonomes et à se responsabiliser.
38
BIBLIOGRAPHIE
Livres :
- Charles R. et Williame C., La communication orale, Nathan, 1988.- CLERC Françoise, Débuter dans l’enseignement, Hachette Education, 1998.- DELANNOY C., Une mémoire pour apprendre, Hachette Education- PUJADE-RENAUD Claude, Le corps de l’enseignant dans la classe, ed.ESF, collectionscience de l’éducation, Paris, 1983.- TOWNSEND John, Micro - guide du formateur, éditions du tricorne, Genève, 1991.- SAINT-EXUPERY A., Le Petit Prince, Folio Junior, 1987.
Revues :
- Cahiers pédagogiques n° 324 : Une personne, l’élève, mai 1994. - Cahiers pédagogiques n° 326 : La communication dans la classe, septembre 1994.- Cahiers pédagogiques n° 336 : Aider à travailler, aider à apprendre, septembre 1995.- Cahiers pédagogiques n° 381 : L’intelligence, ça s’apprend ?, février 2000.
Textes officiels :
- Enseigner au collège. Espagnol LV1-LV2. Programmes et accompagnements, CNDP- Rapport : Enseigner l’espagnol en ZEP, Ministère de l’Education nationale, 1999.
Manuels scolaires cités :
- Cuenta conmigo 1° et 2° année, Hatier.- Puerta del sol, 1° et 2° année, Delagrave.- Caminos del idioma, 1° année, Didier.- Así es el mundo, 3°, Belin.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Exemple de préparation
Texte : « ¿ No tienes hambre ? », Cuenta conmigo 2° année p47
Idée finale : Amor a un ser diferente, respeto a la diferencia, tolerancia.
Objectif linguistique : Réemploi de « Hace falta que + Subjonctif » + « Es necesario que + subjonctif » « Es preciso que + subjonctif » « Es bueno que + subjonctif » + vocabulaire des sentiments-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------1) Lecture + lecture silencieuse
2) Compréhension globale : Tipo de texto : diálogo
personajes : Afortunada, la gaviota Zorbas, el gato
relación entre los 2 personajes : l 22 « amigos/familia »↔ son amigos, la amistad l 21 « cariño » ↔ le tiene mucho cariño a la gaviota
sentimientos de la gaviota : < ¿Tiene un problema la gaviota ? Está triste (l 5), desesperada…
3) 1ere partie l.1 à l.16 : lecture + ¿ Qué elementos indican que la gaviota está triste ?
Déterminer les sentiments de la mouette : Está triste ↔ - no tiene hambre (l.7) (<¿Qué le suele pasar a una persona que está triste ?)
- no abre el pico (l.10), no quiere comer - tiene los ojos llenos de lágrimas (l.16) : está llorando
Commenter l’attitude du chat : < rappel : le tiene mucho cariño Zorbas se preocupa por Afortunada ↔ quiere que coma/que abra el pico
está preocupado
Définir la raison de la tristesse de la mouette :- La gaviota piensa que el gato quiere que coma para que engorde/quiere que engorde A la gaviota le preocupa …engordar porque piensa que el gato quiere invitar a las ratas acomerla < ¿ Por qué a la gaviota le preocupa engordar ? …
Expression del’obligation, de lanécessité
- ¿ Qué podéis decir de los sentimientos de la gaviota para con el gato ? Afortunada desconfía del gato (la desconfianza) no confía en…
► ¿ Afortunada piensa que Zorbas tiene buenas intenciones? Afortunada piensa que tiene malas intenciones ¿y vosotros ? … > lectura 2nda parte para saber si tiene realmente malas intenciones
4) 2eme partie l.16 à l.24 :
Analyser la volonté de Zorbas : la convaincre qu’il l’aime
- Zorbas no tiene malas intenciones
-
Définir la valeur de cet amour : aimer un être différent- particularidad de la gaviota : un « ser diferente »( l.24) <¿ Qué adjetivo del texto os parece importante para calificar a la gaviota ? ¿Por qué este adjetivo ?- > Aunque son (seres) diferentes, la/se quieren
Trouver la morale de l’histoire :Todos los seres pueden quererse aunque son diferentes
Es necesario que Hace falta queEs preciso queEs bueno que ( l.23)
Zorbas intenta… tranquilizar a su amiga trata de convencerla de que la quiere hacerle entender que la quiere
no deja de hablar no para de hablar(sucesión de frases) < mirad la forma de la 2nda parte/¿Cuál es la diferencia con la 1era ?
Z. le habla de amor, de amistad< -¿De qué habla Zorbas en esta parte ? ¿ Cuál es el tema… ? -Decir todo el vocabulario relacionado con este tema
todos los seres se quieran/se respeten…respetemos…apreciemos…queramos…la gente aprenda a …la gente sea tolerantela gente sepa respetar la diferencia…
ANNEXE 2 : Exemple de progression (niveau : 4°)
Thème : Les enfants face aux études et à l’avenir / la relation parents- enfants
« ¿ Te duermes ? » (Nuevos Rumbos 1° année, p 103) texte, exercice de compréhension orale
Objectifs communicationnels Objectifs linguistiquesRéemplois : - exprimer une action en train de se dérouler- exprimer son opinion- exprimer un futur proche- exprimer une intention- exprimer des sentiments
Nouveaux objectifs :- exprimer une volonté- parler de la relation parents-enfants des études, de l’avenir
Obj. introduits :- exprimer un conseil- exprimer une action future
- forme progressive- pienso que, creo que- ir a + infinitif- tratar de- vocab : estar triste, estar desesperado, estarnervioso…
+ verbes à diphtongue : pensar en, dormir,poder, preferir, mentir
- querer que + subj- vocab : un adolescente, llevarse bien,cariñoso, preocuparse por, estar de acuerdoun conflicto, un problema/ divertirse,estudiar, los estudios, el porvenir + lesmétiers
- debería- « de mayor, seré/será… », llegarás, no loentenderá
+siempre # nunca algo # nada mucho # poco
« Carta a Julius » (Caminos del idioma 2° année, p 34) texte (lettre)
Objectifs communicationnels Objectifs linguistiquesRéemplois :- exprimer une volonté- exprimer un but- exprimer un conseil- exprimer un futur proche
Nouveaux objectifs :- exprimer une nécessité
- parler de la famille des études des occupations de l’enfant
Obj . introduits :- exprimer une action future- parler de ses activités
- querer que + subj - para que + subj- debería- ir a + infinitif
-Es necesario que + subj vbes irrég au subjonctif : ir, tener, venir- vocab : el hermano pequeño – mayor, serrico / el colegio (privado, público, religioso),dar clases particulares, leer, jugar (réemplois : aprender, enseñar, preocuparsepor)
- mandará- pasarse el tiempo + gérondif
Objectif culturel : Perú / EE.UU
Objectif méthodologique : la lettre > vocabulaire : la carta, escribir, la dirección, querido,mil besos, contestar…
Mafalda (Caminos del idioma 2° année, p23) Bande dessinée
Objectifs communicationnels Objectifs linguistiquesRéemplois : - exprimer une action en train de sedérouler- exprimer une volonté
- exprimer un but- parler de ses activités- exprimer des sentiments
Nouveaux objectifs :- exprimer la surprise- exprimer une action future
- parler des études, de l’avenir des relations internationales
- forme progressive
- querer que + subj verbes irréguliers : haber, ser- para que + subj- pasarse el tiempo + gérondif- vocab : estar nervioso, estar desesperado +estar decepcionado…
+ vocab : pensar en, preocuparse por
- me sorprende que + subjonctif- futur- « de mayor, seré/será… »/ cuando + subj(« cuando sea grande… »)- vocab : trabajar,un oficio, intérprete, traducir,ruso, practicar, joven…/ la ONU, los pueblos,un presidente, un embajador, la paz, la guerra,una potencia, reñir , defender, la política(réemplois : un conflicto, estar de acuerdo, unproblema)
Objectif culturel : - Mafalda, Quino - l’ONU, relations internationales ( EE.UU/ Unión soviética, guerra fría)
Objectif méthodologique : Vocabulaire de la BD (una tira, un globo, el dibujante…)
ANNEXE 3 : Las Fiestas de Navidad
ANNEXE 4 : « Blancanieves y los siete enanitos » Tableau de vocabulaire :
1una princesa
un rey casadopor segunda vez
2la reina
la madrastra
un espejo
preguntar : « ¿quién es lamáshermosa ? »
3contestar : « ¡Blancanieves ! »
un criado
matar
4el bosque
abandonar
una ardilla
conducir
una casita
5los enanitos
la noche
volver
encontrar
dormido
6consultar al espejo
7planear matarla
disfrazarse de vieja
una manzana
envenenado
8morder
caer desvanecido
regresar
encontrar
tendido en el suelo
9un príncipe
ir a verla
besar
recobrarse
10enamorados
el castillo del príncipe
casarse
Images à projeter en cachant le texte :
ANNEXE 5 : Extraits des bilans écrits par les élèves
- Avis des élèves sur la préparation de devoir :
- Quelques difficultés évoquées par les élèves :
ANNEXE 6 :
Tableaux de préparation de devoir réalisés par les élèves
Emilienne
Hannah
Quentin
ANNEXE 8 :
Critères d’évaluation de la mise en scène de la bande dessinée « El horario de Manuel » :
Apellido :Nombre :Clase :
Fecha :
Documento : « El horario de Manuel »Accentuation 0 1 2Prononciation 0 1 2Rythme 0 1 2Ton 0 1 2Mise en scène 0 1 2 /10Mémorisation /10Total obtenu /20
Notes/Points à travailler :
FAVORISER L’ECHANGE POUR AIDERFAVORISER L’ECHANGE POUR AIDER
L’ELEVE A PROGRESSERL’ELEVE A PROGRESSER
RESUMERESUME :: Avant cette année de stage, je pensais que s’établirait naturellement un échange entre
mes futurs élèves et moi-même. Cependant, le passage à la réalité m’a permis de constater
que cette communication au sein de la classe n’était pas acquise de prime abord. Pourquoi
ai-je eu tant de difficultés à établir un échange avec mes élèves ? Quels en ont été les effets ?
Quelles démarches ai-je mises en place pour favoriser l’échange ? En quoi celui-ci est-il
indispensable ? Dans ce mémoire, je présente ma réflexion sur ce problème, la remise en
question de ma pratique professionnelle, l’indispensable travail sur moi-même que j’ai
effectué. Par cette démarche constructive, je me suis efforcée de modifier et d’améliorer mes
pratiques pédagogiques au sein de mes classes afin que mon enseignement devienne chaque
jour plus efficace et facilite l’apprentissage, les progrès des élèves.
MOTS CLES :
- ECHANGE
- SAVOIR-ETRE- SAVOIR-FAIRE
- TRAVAIL SUR SOI
- EQUILIBRE
Etablissement : collège Le Petit Prétan, GIVRY
Classes prises en charge : 4° et 3° LV2