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N° 96 50 F 15 au 30 septembre 2000 ❿☎PORTRAIT : José Bové (p.1-2-6-7-9) ❿☎POLITIQUE : (p.3-4) ❿☎LOBBIES : (p.5) ❿☎ETRANGER : (p.8) KIOSQUE : (p. 10-11) POLITIQUEMENT INCORRECT : (p.12) SOMMAIRE PORTRAIT JOSÉ BOVÉ INDEX Allègre C............p.4 Alliot-Marie M. .p.3 Ariès P ............p.2/7 Aubry M. ..........p.3 Bush G. .............p.8 Buckley W.F . ....p.8 Chevènement J.-P..p.3 Chirac J. ...........p.10 Chiron Y . ..........p.10 Clinton B..........p.12 Cohn-Bendit D...p.9 Faye G. ...........p.10 Finkelstein N. ...p.8 Gayssot. J.-C. ...p.3 Gore A. .............p.8 Hitler A. ..........p.11 Hollande F . .......p.5 Houellebecq M...p.12 Irving D...........p.11 Jospin L. .....p.4/5/7 Kouchner B. .....p.1 Laguiller A. ......p.4 Laval P . .............p.3 Le Pen J.-M...p.3/9 Lesquen H. de...p.11 Lieberman J. .....p.8 Mahler H...........p.8 Malhuret C........p.3 Mauroy P . ......p.3/7 Martinez S. .......p.4 Mégret B........p.3/9 Meïr G. ...........p.10 Messier J.-M.....p.4 Mitterand D. .....p.9 Mitterand F . ......p.7 Munier G. .........p.4 Ollier P . .............p.3 Pétain P . ............p.3 Riefenstahl L...p.11 Rocard M.......p.5/6 Séguin P . ...........p.3 Solana J.............p.4 Spielberg S. .......p.11 Staline J. ............p.11 Strauss-Kahn D...p.4 Talamoni J.-G...p.4 Trotsky L. .........p.4 Vaillant D..........p.3 Villiers P. de......p.9 Voyenet D. ........p.9 Walesa L. ..........p.1 Wiesel E..........p.10 & F AITS DOCUMENTS Lettre d’informations confidentielles d’Emmanuel Ratier 30 juin 2000. De 40 à 50 000 manifestants (soi- gneusement encadrés par les services d’ordre de la CGT et de la Confédération paysanne pour éviter tout débordement) selon la police (100 000 selon les organisateurs) se pressent à Millau pour soute- nir un paysan moustachu, bouffarde à la bouche, un certain José Bové. On parle de « Bové-Pride ». Ils sont plus nombreux que ceux qui manifestaient en décembre 1999 à Seattle contre la réunion de l’Or ganisation mondiale du commerce . Sans doute nombre renouent-ils utopiquement avec les années Larzac, où l’odeur du crottin se confondait dans celle du haschich. Au même moment, le porte- parole de la Confédération paysanne fait la une du New York Times et Sixty Minutes, l’émission la plus regardée de CBS, lui consacre un reportage. Outre- Atlantique, désormais tout le monde connaît le roquefort et le Larzac, véritable petit village gau- lois résistant contre la mondialisation. En quelques semaines, ce sont 80 000 exemplaires de son livre Le Monde n’est pas une marchandise qui se sont arrachés (soit 700 000 F de droits d’auteurs rever- sés au syndicat paysan), sans compter une ving- taine de traductions en cours. Un an auparavant, ce clone français de Lech Walesa était inconnu, même si ce militant che- vronné n’en était pas, comme on le verra, à son coup d’essai. « En réalité, ce qui lui est arrivé l’été dernier, est tout simplement le résultat d’une vie de militant qui n’a raté aucune des manifestations gau- chistes des vingt-cinq dernières années » indique Le Point. Et L’Expansion (22 juin 2000) de préciser : « Ce n’est qu’un énième coup d’éclat des “remuants du Sud-Averyonais”. Avant, ils avaient manifesté à Mururoa, investi le bureau des douanes de Toulouse, vidé des bureaux, retenu des conseillers, fauché des parcelles de cultures transgéniques. Bové participe aussi aux occupations de ferme lorsque le candidat retenu n’est pas celui de la Confédération paysanne, s’oppose à l’arrivée d’une multinationale viticole dans l’Hérault, critique un projet d’aménagement du lac Salagou voisin… » Tout son art aura été de faire passer un message recoupant les aspirations de nombreux Français, en lissant soigneusement ce passé politique, évidem- ment avec la complicité objective des médias trop heureux de trouver enfin un héros charismatique d’extrême gauche, sachant s’exprimer sans dogma- tisme. Bref, une nouvelle « vache sacrée », à l’égal d’un abbé Pierre ou d’un Bernard Kouchner. C’est ce que Marianne (28 août 2000) résume ainsi : « Désormais médiatiquement parlant, Bové est “casher” comme on dit dans les synagogues. Reste à comprendre pourquoi […] la machine médiatique a préféré la canonisation à la diabolisa- tion, le ripolinage à la calomnie. » Ce sont ces presque trente ans de militantisme lar- zacien que vous découvrirez ici, sans oublier qu’il s’agit d’une lutte éminemment politique devenue une véritable légende, la lutte antimilitariste pour le Larzac. Et d’autant d’années d’actions fondées sur la double exigence de démonstration et de la péda- gogie, à coups de fonds argumenté et de formes avantageuses (la bouffarde, le roquefort, la mous- tache, les poings levés menottés), ce qui lui a per- (Suite page 2) Inconnu il y a un an, José Bové, véritable incarnation du Gaulois, est devenu, à la suite de la destruction du Mc Do de Millau en août 1999 et ses 23 jours de prison, l’un des personnages les plus populaires de France et du monde. Après le sommet de l’OMC à Seattle, ce combattant de la « malbouffe » manifestait à Davos en février dernier. Il dîne avec Lionel Jospin, discute avec Jacques Chirac d’égal à égal. Business Week le classe parmi les 50 personnalités qui font bouger l’Europe. Il vient de faire son entrée dans l’Encyclopedia Universalis et figure parmi les mots-clés du réseau Echelon. A l’image d’un Coluche, s’il se présente à l’élection prési- dentielle, ce candidat « anti-mondialisation » est déjà crédité de 16 % de voix potentielles. C’est la nouvelle icône de la « gauche caviar » qui se moque bien que la France soit le 1 er exportateur mondial de produits agri- coles non transformés et le troisième pour les produits transformés. Donc un concurrent de taille pour les Etats-Unis qui ne peuvent que souhaiter l’adoption d’une agriculture à la José Bové qui ramènerait la France au XIX e siècle. C’est là tout l’art de la mystification et de la propagande de ce militant anarcho-syndicaliste.

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N° 96 50 F

15 au 30 septembre 2000

��PORTRAIT : José Bové (p.1-2-6-7-9)

��POLITIQUE : (p.3-4)

��LOBBIES : (p.5)

��ETRANGER : (p.8)

� KIOSQUE : (p. 10-11)

� POLITIQUEMENT INCORRECT :(p.12)

SOMMAIRE PORTRAIT JOSÉ BOVÉ

INDEX

Allègre C............p.4Alliot-Marie M. .p.3Ariès P............p.2/7Aubry M. ..........p.3Bush G..............p.8Buckley W.F. ....p.8Chevènement J.-P..p.3Chirac J. ...........p.10Chiron Y. ..........p.10Clinton B..........p.12Cohn-Bendit D...p.9Faye G. ...........p.10Finkelstein N. ...p.8Gayssot. J.-C. ...p.3Gore A. .............p.8Hitler A. ..........p.11Hollande F. .......p.5Houellebecq M...p.12Irving D...........p.11Jospin L. .....p.4/5/7Kouchner B. .....p.1Laguiller A. ......p.4Laval P. .............p.3Le Pen J.-M...p.3/9Lesquen H. de...p.11Lieberman J......p.8

Mahler H...........p.8Malhuret C........p.3Mauroy P. ......p.3/7Martinez S. .......p.4Mégret B........p.3/9Meïr G. ...........p.10Messier J.-M.....p.4Mitterand D. .....p.9Mitterand F. ......p.7Munier G. .........p.4Ollier P. .............p.3Pétain P. ............p.3Riefenstahl L...p.11Rocard M.......p.5/6Séguin P. ...........p.3Solana J.............p.4Spielberg S........p.11Staline J.............p.11Strauss-Kahn D...p.4Talamoni J.-G...p.4Trotsky L. .........p.4Vaillant D..........p.3Villiers P. de......p.9Voyenet D. ........p.9Walesa L. ..........p.1Wiesel E..........p.10

&FAITS DOCUMENTSLettre d’informations confidentielles d’Emmanuel Ratier

30 juin 2000. De 40 à 50 000 manifestants (soi-gneusement encadrés par les services d’ordre de laCGT et de la Confédération paysanne pour évitertout débordement) selon la police (100 000 selonles organisateurs) se pressent à Millau pour soute-nir un paysan moustachu, bouffarde à la bouche, uncertain José Bové. On parle de «Bové-Pride». Ilssont plus nombreux que ceux qui manifestaient endécembre 1999 à Seattle contre la réunion del’Organisation mondiale du commerce. Sans doutenombre renouent-ils utopiquement avec les annéesLarzac, où l’odeur du crottin se confondait danscelle du haschich. Au même moment, le porte-parole de la Confédération paysanne fait la une duNew York Timeset Sixty Minutes, l’émission la plusregardée de CBS, lui consacre un reportage. Outre-Atlantique, désormais tout le monde connaît leroquefort et le Larzac, véritable petit village gau-lois résistant contre la mondialisation. En quelquessemaines, ce sont 80 000 exemplaires de son livreLe Monde n’est pas une marchandisequi se sontarrachés (soit 700 000 F de droits d’auteurs rever-sés au syndicat paysan), sans compter une ving-taine de traductions en cours.Un an auparavant, ce clone français de LechWalesa était inconnu, même si ce militant che-vronné n’en était pas, comme on le verra, à soncoup d’essai. «En réalité, ce qui lui est arrivé l’étédernier, est tout simplement le résultat d’une vie demilitant qui n’a raté aucune des manifestations gau-chistes des vingt-cinq dernières années» indiqueLePoint. Et L’Expansion(22 juin 2000) de préciser :«Ce n’est qu’un énième coup d’éclat des “remuants

du Sud-Averyonais”. Avant, ils avaient manifesté àMururoa, investi le bureau des douanes deToulouse, vidé des bureaux, retenu des conseillers,fauché des parcelles de cultures transgéniques.Bové participe aussi aux occupations de fermelorsque le candidat retenu n’est pas celui de laConfédération paysanne, s’oppose à l’arrivée d’unemultinationale viticole dans l’Hérault, critique unprojet d’aménagement du lac Salagou voisin…»

Tout son art aura été de faire passer un messagerecoupant les aspirations de nombreux Français, enlissant soigneusement ce passé politique, évidem-ment avec la complicité objective des médias tropheureux de trouver enfin un héros charismatiqued’extrême gauche, sachant s’exprimer sans dogma-tisme. Bref, une nouvelle «vache sacrée», à l’égald’un abbé Pierre ou d’un Bernard Kouchner.C’est ce que Marianne (28 août 2000) résumeainsi : «Désormais médiatiquement parlant, Bovéest “casher” comme on dit dans les synagogues.Reste à comprendre pourquoi […] la machinemédiatique a préféré la canonisation à la diabolisa-tion, le ripolinage à la calomnie.»

Ce sont ces presque trente ans de militantisme lar-zacien que vous découvrirez ici, sans oublier qu’ils’agit d’une lutte éminemment politique devenueune véritable légende, la lutte antimilitariste pour leLarzac. Et d’autant d’années d’actions fondées surla double exigence de démonstration et de la péda-gogie, à coups de fonds argumenté et de formesavantageuses (la bouffarde, le roquefort, la mous-tache, les poings levés menottés), ce qui lui a per-

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Inconnu il y a un an, José Bové, véritable incarnation du Gaulois, estdevenu, à la suite de la destruction du Mc Do de Millau en août 1999 etses 23 jours de prison, l’un des personnages les plus populaires de Franceet du monde. Après le sommet de l’OMC à Seattle, ce combattant de la«malbouffe» manifestait à Davos en février dernier. Il dîne avec LionelJospin, discute avec Jacques Chirac d’égal à égal. Business Week le classeparmi les 50 personnalités qui font bouger l’Europe. Il vient de faire sonentrée dans l’Encyclopedia Universalis et figure parmi les mots-clés duréseau Echelon. A l’image d’un Coluche, s’il se présente à l’élection prési-dentielle, ce candidat «anti-mondialisation» est déjà crédité de 16% devoix potentielles. C’est la nouvelle icône de la «gauche caviar» qui semoque bien que la France soit le 1er exportateur mondial de produits agri-coles non transformés et le troisième pour les produits transformés. Doncun concurrent de taille pour les Etats-Unis qui ne peuvent que souhaiterl’adoption d’une agriculture à la José Bové qui ramènerait la France auXIXe siècle. C’est là tout l’art de la mystification et de la propagande dece militant anarcho-syndicaliste.

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mis de sauter par dessus les ministères, les ins-titutions et surtout la FNSEA de Luc Guyau(proche du RPR). Lui-même explique dans sonlivre : «L’action, tu la mènes avec l’objectifd’être entendu, d’être compris. La compréhen-sion passe par un médium, l’image. L’imageparticipe pleinement de l’action. Mais cela nefonctionne qu’à partir du moment où tous lesautres facteurs (action juste, cible justifiée,message clair, acteurs légitimes) sont réunis.Un précédent exemplaire : en 1972, les paysansdu Larzac pour porter leur combat au-delà deslimites de l’Aveyron ont fait paître soixantebrebis sous la tour Eiffel. Voilà une image qui afait le tour du monde et qui a ouvert les yeuxsur le problème des 103 paysans qui risquaientd’être expropriés.»Ce qui le conduit aujourd’hui à qualifier deMillau de «chef d’œuvre» (conférence enSuisse, à Savigny, 27 mars 2000). «Cetteimage, il la cherchait depuis des années, assureGérard Laudinas, qui dirige le Midi libre àMillau (cité par L’Expansion, 22 juin 2000).Pour lui, entrer en prison, c’était bingo.»Autre exemple de cette pédagogie affûtée :Pour faire apprécier aux Américains, sa lutte, ilcompare son action à l’un des hauts faits degloire de l’histoire américaine : «A Seatllepour me faire comprendre, j’ai comparé notreaction à la Boston tea Party de la guerred’Indépendance : les Américains avaient jeté àla mer les ballots de thé qui avaient été appor-tés par une compagnie anglaise.»Face à un tel brio, il n’est pas facile de retracerune biographie largement réécrite. Y comprisl’identité elle-même puisque José Bové nes’appelle pas José, mais Joseph. C’est sous ceprénom que ses parents l’ont déclaré à la mai-rie de Bordeaux en 1953. Mieux, durant toutesses premières années, il était appelé Josy. A ladifférence ce la plupart des paysans avec les-quels il siège, il n’a aucune ascendance agricoleenracinée. Aucune origine prolétarienne, mêmepas d’enfance misérabiliste. En revanche, il estd’origine étrangère à une génération : songrand-père était un maraîcher luxembourgeois.Son père, également luxembourgeois, seranaturalisé lorsqu’il deviendra directeur régionalde l’Institut national de la recherche agrono-mique (INRA) et membre de l’Académie desSciences(la presse minimise largement en par-lant de «chercheurs à l’INRA»). La famille estathée (sous l’influence scientiste) mais dedroite. Sa mère, professeur de sciences natu-relles puis chercheur, aura trois garçons. Sesdeux frères, aux antipodes de ses idées, sontrespectivement ingénieur et informaticien. Lafamille détient toujours une résidence secon-daire à Lacanau-Plage, où Bové deviendra unfin marin (ce qui lui servira à Mururoa contre lamarine française). C’est là qu’il passait encoreses vacances en août 1999, après le saccage duMc Do de Millau.Dès ses trois ans, il part aux Etats-Unis où sesparents, brillants chercheurs, sont invités àl’université de Berkeley. C’est là qu’il appren-

dra couramment à parler l’anglais, ce qui a trèslargement participé à sa médiatisation interna-tionale. Par exemple, c’est pour cette raison delangue qu’il sera le seul Français présent (autitre de la Confédération paysanne) sur leRainbow Warrior, en 1995, lors de la reprisedes essais nucléaires français.A son retour, ses parents l’inscrivent dans unlycée bilingue près d’Athis-Monss tenu par desFrères, dont il sera finalement exclu pour « irré-ligion» en 1968 pour s’être livré à une apologiede la drogue dans une dissertation de françaissur le thème «Les voyages forment la jeu-nesse» sur le thème : «Oui, mais à l’acide, auhaschisch, à l’alcool et aux femmes» (Le Vraipapier Journal, septembre 2000, et Le Monde,1er janvier 2000).Il est très jeune acquis au pacifisme et à l’anti-militarisme : sa première arrestation remonte àses 15 ans pour une manifestation contre la pri-son militaire d’Aiton en Savoie. Sa premièremanifestation, en tant qu’organisateur, sera laprojection, à 17 ans, du film antimilitariste dePeter Watkins, La Bombe. Il sera en particu-lier marqué par la fréquentation, dès ses 14 ans,de la Communauté de l’Archede Lanza delVasto, philosophe et poète à l’inspiration uto-pique et écologique (à l’image d’un Giono oud’une certaine idéologie vichyssoise). Ayanteffectué (avant les « routards») un «voyage ini-tiatique» en Inde où il avait rencontré Gandhien 1937, il fonda l’un des premières commu-nautés de France en 1848. Par la suite, il s’im-pliquera dans la lutte en faveur, menant unegrève de la faim dès mars 1972. En 1974, deuxfamilles de la communauté essaimerontd’ailleurs au Larzac, dans la ferme des Truels(toujours en activité, elle est animée parThierry Castelbou).De cette époque, Bové a retenu le principe de la«non-violence active» : «démonter» le Mc Doafin d’éviter d’être accusé de « saccage »,même si cela revient au même quant au résul-tat. « Il est physiquement violent, a confié ledéputé RPR local Jacques Godfrain, dontBové a saccagé, s’opposant à la réforme de laPAC en 1992, la permanence (on frôlera lacatastrophe, l’une de ses collaboratrices ayanteu un malaise cardiaque). C’est sa seule façonde s’exprimer lorsqu’il souhaite contrer unedécision qui lui est défavorable.» Paris-Match(juin 2000) indique que «Guy Tarlier , le lea-der historique du Larzac, aujourd’hui décédé,disait de lui qu’il était incontrôlable» et mêmeson camarade François Dufour admet qu’il est«un homme de caractère, malin et filou»(Témoignage chrétien, 7 octobre 1999).C’est qu’aux idées pacifistes, se sont ajoutéesles idées anarchistes et libertaires, Bové sereconnaissant notamment dans le groupeAnarchisme et non-violence(éditant la revuetoulousaine du même nom). Dans La Révolted’un paysan(Golias), il assure ses « fidélités»à Bakounine, révèle qu’il continue à acheterses livres à la librairie du Monde libertaire et sereconnaît dans la CNTespagnole (qui décréta

la grève nationale en 1931, tenta des essais devie libertaire, c’est-à-dire la collectivisation desterres, la socialisation des usines, etc.) : «Jesuis un anarcho-syndicaliste. Mes références,ce sont la fondation de la premièreInternationale au siècle dernier et la CNT espa-gnole en 1936».Toutefois, quand il s’agit du grand public, ilrejette le mot «anarchie». Il explique ainsi auVrai Papier Journal (septembre 2000) : «Direque tu es libertaire ou que tu viens des idéeslibertaires, c’est immédiatement le repoussoir àcause de cette bande de branques qui en ont faitun repoussoir. Si être anar, c’est faire unique-ment référence aux pensées du XIXe, commel’ont fait les marxistes, ça ne rapporte rien.Aujourd’hui, agir passe par une réflexion surl’Etat, sur la technique, sur la façon dont cesystème devient de plus en plus totalitaire, surla façon de l’économie à s’autonomiser.»Demeuré seul à Paris, à la suite de la mutationde ses parents à Bordeaux, il profite d’une viede bohème dorée, passant quand même sonbac, option économie, avec mention : «Je pas-sais beaucoup de temps dans les galas liber-taires» (Le Monde, 1er janvier 2000). «Début1970, j’ai 18 ans au Quartier latin, Léo FerréetBakounine en tête. Je suis pacifiste et antimil-tariste» (Le Vrai Papier Journal, septembre2000). Il milite également dans des mouve-ments hostiles à la guerre du Vietnam.Pensant devenir professeur de philosophie, ilrejoint sa famille et s’inscrit en hypokhagne eten faculté à Toulouse. C’est à ce moment, en1971, qu’il rencontrera sa compagne, AliceMonier , fille d’un riche poissonnier deBordeaux. L’idylle se nouera alors qu’il pei-gnait une banderole pour appeler à une mani-festation contre « la militarisation de lasociété ». Etudiante en sciences politiques,cette catholique de gauche milite alors à laJeunesse étudiante chrétienne. Elle en estdemeurée très proche, ce qui explique sansdoute que ce soit le groupe Golias, animé parChristian Terras, administrateur du RéseauVoltaire (cf Les Chrétiens de gauche) qui aitobtenu un ouvrager d’entretiens avec Bové :José Bové, la révolte d’un paysan(nettementplus intéressant que son autre livre d’entre-tiens). Par ailleurs, le coauteur de ce livre, avecTerras, est Paul Ariès. journaliste, écrivain etsociologue. Collaborateur très régulier de larevue Golias, il a notamment signé Les Fils deMc Do, La Mc Donaldisation du monde(L’Harmattan, 1997) et plusieurs ouvrages édi-tés par les Editions Golias(biographie détailléedans Les Chrétiens de gauche).Symptomatiquement, il avait animé, à Millau,une conférence sur Mc Donald, à l’invitation dela Confédération paysanne, quelques moisavant le saccage, et figurait parmi les « témoinsde moralité» de Bové lors de son procès.Beaucoup moins médiatisée que son mari,Alice Monier, généralement présentée dans lapresse comme fatiguée des vaticinations de sonmari, est en réalité elle-aussi très engagée : elle

&FAITS DOCUMENTS

PORTRAIT

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� Dans la plus grande discrétion, DanielVaillant, nouveau ministre de l’Intérieur, a par-ticipé le 5 septembre à Constance (Allemagne) àune étrange réunion réunissant ses homologuesd’Italie, d’Autriche, d’Allemagne, de Suisse etdu Liechtenstein (donc avec deux pays non inté-grés dans l’Union européenne), censés représenter«l’arc alpin». Outre la criminalité internatio-nale, le blanchiment d’argent sale et l’immigra-tion illégale, il a été décidé de renforcer desliens «contre la montée de la violence d’extrêmedroite». L’Autrichien Ernst Strasser, dont laprésence a suscité des réserves de Vaillant, aévidemment attesté de la volonté de son pays de«s’investir sérieusement dans la lutte contrel’extrême droite».

� En liaison avec les militaires présents sur leterrain (dont des Commandos de recherche et d’ac-tion en profondeur), le ministère des Affairesétrangères vient de renforcer très sérieusementson dispositif de sécurité pour la communautéfrançaise en Côte d’Ivoire, s’attendant prochai-nement à des désordres.

� Maire adjoint chargé de la Culture dansl’équipe de Pierre Mauroy, Jean-Louis Brochenpourrait ne pas figurer dans la liste municipalede Martine Aubry… dont il est pourtant désormaisle «compagnon». Le ministre du Travail ne sou-haite pas s’exposer à des quolibets comme MichèleAlliot-Marie avec Patrick Ollier.

� Figure connue du milieu royaliste légitimiste(il vient de publier La Droite où l’on n’arrivejamais… chez Sicre), Yves (dit Yves-Marie) Adelinea obtenu du ministère de la Justice (Journal offi-ciel du 4 août 2000, jour anniversaire de l’abo-lition des privilèges, ce qui ne manque pas desel) de relever le nom d’un ancêtre demeuré sansdescendance, et transforme son nom et celui de sesenfants mineurs (ainsi que la famille de sonfrère) en Adeline Soret de Boisbrunet.

� Lors de l’université du Parti communiste, lesbretelles de Jean-Claude Gayssot n’ont pas faitl’unanimité : elles étaient assorties de motifsreproduisant des étiquettes de bouteilles de vinalors même que le ministère des Transports qu’ildirige tente de sensibiliser les automobilisteaux dangers de l’alcool au volant.

� Figure ultra-médiatique du barreau mar-seillais et parisien, Me Gilbert Collard, parailleurs franc-maçon, a annoncé sa candidature,au titre du Parti radical-valoisien, face au DLClaude Malhuret, aux prochaines élections munici-pales à Vichy, où il détient une maison de cam-pagne.

��S’affichant désormais comme «gay», Jean-LucRoméro, membre du conseil national du RPR, pré-sident-fondateur de l’Association des collabora-teurs parlementaires et d’Elus locaux contre lesida, a décidé de quitter Bobigny où il étaitconseiller municipal, tant son «outing» faitjaser. Il vient de s’engager auprès de PhilippeSéguin pour les questions de société et de luttecontre le sida, mais n’a pas encore trouvé depoint de chute. Peut-être le IVe arrondissement?

��Crédité de 7% d’intentions de vote à l’élec-tion présidentielle, Jean-Pierre Chevènementdevrait prochainement retrouver une tribune. Sasuppléante, Gilberte Marin-Moskowitz, qui l’avaitremplacé lorsqu’il était devenu ministre, adémissionné le 8 septembre afin de lui permettrede retourner au Palais-Bourbon.

��Ayant rassemblé 3,5 millions de F dans unesociété civile immobilière, le Mouvement nationalrépublicain vient d’acquérir les 360 m2 dont leparti de Bruno Mégret était jusqu’alors locataire(15 rue de Cronstadt, 75015 Paris)

� Dans son nouveau n° , L’Autre Histoire (c/o LaLicorne bleue, 3 bis rue Jules Vallès, 75011 Paris)évoque la mémoire d’Albert Beaufour, président dugroupe pharmaceutique Beaufour Ipsen décédé enjanvier dernier, qui apporta son soutien à laNouvelle Droite : «Il existe une facette méconnuedu génie d’Albert Beaufour. Au bon moment, il a susortir de son domaine d’activité pour s’intéresserau devenir de la cité. A une époque difficile, ila soutenu généreusement ceux de ses amis impliquésdans le combat des idées. Il a notamment rendu pos-sible par sa générosité la formation intellec-tuelle d’une génération d’étudiants.»

� Pour avoir publié, le 16 novembre 1999, unepétition anti-Le Pen signée par 97 écrivains,Nous écrirons contre Le Pen, où le président duFront national était assimilé à un «chef d’unebande de tueurs» et à «Al Capone», Libération aété condamné 40 000 F de dommages et intérêt. Enrevanche, à la différence de l’habitude, le tri-bunal correctionnel de Paris n’a pas ordonné lapublication de ce jugement dans les journaux.

� A partir du 27 septembre, les cantines sco-laires, d’entreprise et hospitalières seront sou-mises à la TVA, ce qui ne manquera évidemment pasd’augmenter sensiblement le coût des repas pourles salariés et les élèves. Saisi par laFédération nationale de l’industrie hôtelière, leConseil d’Etat a en effet déclaré illégales deuxdécisions ministérielles instituant cette déduc-tion, en date des… 23 mars 1942 et 19 mars 1943.Une mesure sociale adoptée par l’Etat français dumaréchal Philippe Pétain et Pierre Laval, ce quiétait évidemment d’autant plus scandaleux.

� La présence de Deborah Najar-Murat au côté duprince Charles-Philippe d’Orléans lors de sesdernières apparitions en public excite la curio-sité de la presse «people» mais n’a pas manquéde réjouir Actualité juive (31 août).

� Alors qu’elles n’y étaient nullement tenues(et sans consulter leurs actionnaires etclients), les banques françaises et la Caisse desdépôts et consignations ont discrètement décidédurant l’été d’augmenter leurs contributions à laFondation pour la Mémoire. La CDC va verser 300millions de F contre les 185 négociés en avrillors de la publication du rapport Mattéoli et lesbanques et établissements de crédit 655 millionsde F contre les 545 prévus. L’Etat versera 1,474milliard de F, les compagnies d’assurance 70 mil-lions, la Banque de France 71 millions et laPoste 7 millions de F.

POLITIQUE

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POLITIQUE

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� Dominique Strauss-Kahn s’est fait voler savoiture fin août à Paris, après avoir imprudem-ment laissé ses clés sur le contact, alors qu’ilaidait sa belle-mère (Mme Sinclair mère) à des-cendre. Un homme est alors monté dans le véhi-cule et s’est enfui. La luxueuse Renault Safranea été retrouvée le lendemain.

� Plusieurs journalistes enquêtent sur le passéd’«extrême droite» de plusieurs dirigeantsnationalistes corses. Ils ont déjà découvert queJean-Guy Talamoni, chef de Corsica Nazione, avaitadhéré, lorsqu’il était étudiant à Aix-en-Provence, au Club des Corses de l’Union natio-nale inter-universitaire, la branche étudiantedure du RPR, proche du Service d’action civique.

� Délire œcuménique à l’Institut Paoli-Calmettes, l’un des principaux hôpitaux deMarseille, où vient d’être inauguré un bienétrange lieu de recueillement et de prières conçupar le «plasticien» Michelangelo Pistoletto : unpuits de lumière au-dessus d’un cube. Toutautour, cinq grandes alvéoles présentent cinqtraditions religieuses (placées sur pied d’éga-lité) : bouddhisme, judaïsme, christianisme,islam et hindouisme. Composé de miroirs et deparois réfléchissantes, anguleux au milieu decellules arrondies, le mètre cube en pierred’Auvergne «donne à réfléchir». Cette étrangeopération syncrétique dans un hôpital public aété financée par la Fondation de France et l’as-sociation Marseille-Espérance.

� Conseiller référendaire à la Cour descomptes, Nicolas Revel, qui vient de rejoindre,comme conseiller technique, le cabinet duministre de l’Agriculture et de la Pêche JeanGlavany, est le fils des journalistes et écri-vains Jean-François Revel et Claude Sarraute.

� Comme nous l’avions annoncé à plusieursreprises, malgré le versement de milliards de F,la politique des «réparations» vis-à-vis des«victimes de la Shoah» n’est nullement terminéeen France. Alors que la plainte de Jean-JacquesFranekel en 1998 contre la SNCF avait été clas-sée, pour cause de non-rétroactivité, celui-ci,installé en Colombie-britannique (Canada), vientde prendre la tête d’un collectif de treize plai-gnants qui accuse les chemins de fer d’avoir par-ticipé à la déportation d’au moins 75 000 juifs.Cette action devant la justice américaine estrendue possible par l’existence d’une législationspécifique, le Allen Tort Claim Act qui autorisetoutes les victimes d’atteintes aux droits del’homme à demander réparation devant les tribu-naux américains.

�� Lionel Jospin dispose de ses entrées àL’Express et au Point : outre que son ami ClaudeAllègre est désormais chroniqueur régulier deL’Express, il dispose à son cabinet, commeconseiller (surtout pour les affaires économiqueset financières), de Pierre Duquesne, qui n’estautre que le fil de Jacques Duquesne, présidentdu conseil de surveillance de L’Express et ancienPDG du Point.

��Directeur de L’Humanité et membre du collègeexécutif du Parti communiste, Pierre Zarka a par-ticipé à l’université d’été de la Ligue commu-niste révolutionnaire, alors même que cette orga-nisation révolutionnaire célébrait le 60e anni-versaire de la mort de Léon Trotsky, assassinépar un agent stalinien le 20 août 1940. C’étaitlà la première visite d’un dirigeant communiste,et ce de premier niveau. Ce qui donne une idée dela crise électorale et militante que traverse lePCF. D’autant que ce hiérarque s’est risqué àdéclarer que la chute du PC pourrait se pour-suivre… et que le candidat communiste risquait defaire seulement jeu égal, voire moins, qu’ArletteLaguiller aux futures élections présidentielles.

��Plusieurs erreurs se sont glissées dans notren° précédent n° : 1) Bien qu’ayant démissionné dela mairie de Nîmes, Serge Martinez demeure vice-président du MNR. 2) Vice-président de la Licrad’Alsace, Raphaël Nisand est le neveu de LéonNisand, ancien Grand Maître du Droit humain. 3)Le site Internet de Terre et Peuple, dont l’ou-verture est imminente est www.terreetpeuple.com

�� Dernière minute. Durant l’été, les ambassa-deurs des pays de l’Union européenne ont donnéleur aval, dans le plus grand secret, à de nou-velles règles limitant drastiquement l’accès dupublic à de très nombreux documents portant aussibien sur des affaires civiles que militaires del’Union européenne. Ce, à la demande de JavierSolana, le commissaire européen pour les affairesétrangères et de sécurité, qui n’était autre quele secrétaire général de l’OTAN jusqu’à l’annéedernière. Les nouvelles règles, qui violent l’ar-ticle 255 du Traité d’Amsterdam sont si restric-tives que la simple existence de certains docu-ments classifiés demeurera désormais secrète. Uneaffaire explosive à laquelle nous consacrerons undossier dans notre prochain n° .

● Jean-Marie Messier. Le PDGd’Universal-Vivendi s’était offertun bon «coup de pub» en rache-tant pour 8 millions de F lamarque «vis-à-vis» à l’ancienimmigré clandestin AbabacarDiop, leader des «sans papiers deSaint Bernard». Ce, théorique-ment afin d’éviter des problèmesà son portail Internet Vizzavi.Notre nouveau millionnaire n’apas perdu son temps en organisanttrès officiellement fin août-débutseptembre un «voyage d’agré-ment et d’initiation» pour sixSénégalais en France, lesquelstitulaires d’un visa de tourisme dequinze jours, en ont bien évidem-ment profité… pour ne pas repa-raître et disparaître dans la nature.Ce «passeur» d’un nouveaugenre assure qu’il a voulu mettreen œuvre une nouvelle «pédago-gie de la migrance», dont on oseespérer qu’elle ne pourra serenouveler. Encore que…

● Gilles Munier . Secrétairegénéral des Amitiés franco-ira-kiennes, ce gaulliste de gauche,qui avait déjà obtenu en sep-tembre 1990 la libérationd’otages européens en Irak, aobtenu le soutien de plus de 300personnalités françaises, dedroite comme de gauche, et detrois Prix Nobel de la Paix pouraffréter, fin septembre, un aviondestiné à briser « l’embargo defacto» sur les vols civils quesubit l’Irak depuis dix ans.L’Irak, constamment sous la sur-veillance des Awacs américains,n’est en effet joignable que parune seule route, à partir de laJordanie. Munier suggère ausside lever l’embargo sur le pétroleirakien (qui représente lesdeuxièmes réserves mondiales),seule solution capable de fairedurablement baisser le prix descarburants. Mais, bien sûr lespétroliers US s’y opposent.

En Hausse En Baisse

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� A la suite de nos révélations sur son appar-tenance maçonnique (F&D 93 et 95), Henrid’Orléans a publié le communiqué alambiqué sui-vant, qui réussit l’exploit de donner le nom desa loge, Le Lys de France, sans jamais citer lemot «franc-maçonnerie».

� Comme nous l’avions annoncé dès le mois dejuin, Alain Bauer, 38 ans, a été élu Grand Maîtredu Grand Orient de France, par 32 voix sur 35, le8 septembre. Nous publierons prochainement le por-trait détaillé de cet ancien responsable des«affaires réservées» au cabinet du Premierministre Michel Rocard. Ce rocardien qui futnotamment trésorier de l’Unef-ID, administrateurde la Mnef, avant de se reconvertir dans leconseil en sécurité urbaine.

��Comme chaque année, la mairie du XVIe arrondis-sement de Paris (administrée par l’ancien ministreUREI Pierre-Christian Taittinger) accueillera àpartir du 14 septembre, le cycle annuel de forma-tion du B’naï B’rith Ben Gourion consacré cetteannée, sous la direction de Maurice Ruben-Hayoun,à Mysticisme et ésotérisme dans le judaïsme (Lemauvais œil, Lilit et les démons, La symbolique dushofar [NDLR : la corne de bélier], Le Golem,Pourquoi brise-t-on une coupe de vin lors desmariages juifs?, Interprétation ésotérique de laTora et mystique des lettres, etc.).

� Libération (6 septembre), qui a pu consulterles 300 pages de procès-verbaux de la trentained’auditions réalisées par la commission d’enquêtemaçonnique sur la fameuse réunion secrète ayantréuni au siège du Grand Orient de France, le 22janvier, responsables francs-maçons socialistes etdirigeants nationalistes corses, confirme toutesnos informations exclusives publiées dans nos nos

85 à 88 : contrairement à toutes ses déclarations,Lionel Jospin était au courant de la tenue decette entrevue sur l’avenir de la Corse, même sidans Mon pari pour la Corse (Le Nouvel observa-teur, 17 août 2000), le Premier ministre écrit :«J’ai travaillé de façon ouverte et transparentesans aucun contact occulte avec quiconque.»

� Par ailleurs, alors que l’intéressé l’avaittoujours nié, le secrétaire national aux fédéra-tions du Parti socialiste François Rebsamen étaitbien présent (comme nous l’avions dit) même s’il afait pression sur divers témoins pour ne pas êtrecité lors des auditions. On rappellera que FrançoisHollande avait annoncé qu’il suspendrait de leursfonctions tous les responsables socialistes pré-sents!

��Le Vrai papier Journal (septembre 2000) pré-sente un dossier fouillé sur Christian Jacq,auteur de multiples romans à succès ayantl’Egypte pour toile de fond. On y apprend qu’ilfut vénérable de la loge Goethe, dépendant de laGrande Loge de France puis de la Grande Logenationale française. Parmi ses membres figuraitJean-Paul Bertrand, directeur des Editions duRocher (où Jacq fut directeur littéraire de 1982à 1987 et où parurent ses premiers succès). Leurfemmes respectives, également maçonnes, apparte-naient à la loge Heptagone. Il a depuis lors uneloge «sauvage» (c’est-à-dire non rattachée à uneobédience) de rite égyptien, Naos, qui se trans-formerait de plus en plus en groupement sectaireet est associée à une association officielle, LaMaison de Vie.

��Ancien champion du monde de vitesse au JO deMelbourne en 1956, Michel Rousseau accuse lafranc-maçonnerie de s’opposer à son projet demaison de retraite pour les anciens championssportifs, la Maison des Champions. l’affaire aparu assez sérieuse pour que Libération (4 sep-tembre) y consacre une page entière.

� Début septembre, la Licra, qui a fait de lalutte contre les propos xénophobes sur Internetl’un de ses chevaux de bataille, a participé àNew York à une conféfence consacrée aux droits del’homme, où elle a présenté un dossier exigeantde l’ONU une recommandation internationale «afinque les conventions signées par les Etats membresen matière de droits de l’Homme s’appliquentaussi à l’Internet». En clair, elle souhaite parexemple pouvoir faire condamner les internautesfrançais qui se connecteraient à des sites révi-sionnistes installés aux Etats-Unis.

��Passant de 3 à 5 sièges statutaires, le B’naïB’rith renforce son influence au sein du Conseilreprésentatif des institutions juives de France(CRIF).

� Dans chacun de ses numéros, Sud Magazine,journal d’informations économiques sur la Côted’Azur (OGCP, 33 rue de Paris, 06000 Nice),apporte de nombreuses révélations sur la franc-maçonnerie dans la région. C’est ainsi que sondernier n° révèle que Bernard Persia, grandreporter à FR3 Côte d’Azur, a été initié à laloge Saint-Augustin de la GLNF, qu’Henri-CharlesBlanc, ancien chef de cabinet de Michel Mouillotet secrétaire de circonscription RPR, est unancien de la loge Laurent le Magnifique de laGLNF, que la première adjointe à la mairie deCannes, Jeannette Meslier de Rocan, appartient àla Grande Loge féminine de France ou que lesecrétaire général Jacques Kaloustian appartientà la Grande Loge de France, etc.

LOBBIES

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PORTRAITest ainsi la directrice de publication de Gardarem Lo Larzac, mythiquerevue éditée par les Comités Larazc(qui avaient essaimé dans toute laFrance) et vient de fête son 232e numéro (encore un millier d’abonnés).Le comité de rédaction comprend notamment Marlise Tarlier ,Christiane Burguière, Elisabeth Baillon, Christine Thelen. Cette der-nière, trésorière de l’Association pour l’aménagement du Larzac, futenvoyée à Seatlle, tout comme Gilles Gessoin, larzacien de fraîche date,Françoise Barbier, ou Christelle Combes, employée du Syndicat desproducteurs de lait de brebis. n’ayant plus à défendre la cause antimili-tariste, GLL traite d’actualité locale, d’environnement, de «solidaritésnationales et internationales», comme par exemple avec la «Kanaky»,comprendre la Nouvelle-Calédonie exploitée par le néo-colonialismefrançais. Le FLNKS dispose d’ailleurs, depuis 1985, année de la venuede Jean-Marie Tjibaou, de son propre terrain, où une case aborigène aété construite.Comme nombre de «néo-ruraux», Alice Monier a abandonné la fermepour devenir permanente d’associations subventionnées, s’occupantnotamment d’éducation populaire en milieu rural. Elle a fondé et dirigénotamment le Centre d’initiatives rurales, puis le Centre d’initiativespour valoriser l’agriculture et le milieu rural, dont elle est salariée.Au début des années 70, à Sciences-Po, enseigne un certain pasteur théo-logien de gauche Jacques Ellul qui instruit «une critique radicale de latechnique et de l’Etat». Il aura une très profonde influence sur elle etBové, d’autant qu’il habite à proximité de chez eux, à Talence : «En1981, j’ai retrouvé cette analyse (avec Bernard Lambert ) dans le rap-port sur le productivisme. Il ne suffisait plus de remettre en cause lesconséquences du productivisme mais d’abord sa logique propre.»Cette juxtaposition de diverses théories utopiques et fumeuses, à lamanière d’un patch-work, agrémentée de quelques mois de faculté ettoute absence de diplôme, est commune à nombre des activistes entou-rant Bové : «Cette culture politique éclectique, issue de la branche nonviolente et antimilitariste de mai 68, indiqueLibération (30 juin 2000),José Bové la partage avec les autres leaders de la Confédération pay-sanne.» Ils se revendiquent «agriculteurs», éventuellement «paysans»,mais jamais «exploitants agricoles». «Tous continuent de travailler avecdes professeurs d’université, poursuit Libération, de nouer des liens avecdes paysans du tiers-monde ou des activistes américains, de participer àla galaxie “radicale” […] Habitués aux actions spectaculaire, ces agita-teurs-là sont pourtant d’abord des agitateurs d’idées.» De là un étonnantentrelacement d’associations, une nébuleuse libertaire, apte à attirernombre d’élément apolitiques. C’est ainsi que François Dufour, princi-pal dirigeant de la Confédération paysanne jusqu’à ce printemps, estégalement vice-président d’ATTAC, l’association qui lutte pour la taxeTobin (taxation de la spéculation internationale). C’est lui qui a cosigné,avec Bové, Le Monde n’est pas une marchandise(La Découverte, avecMichel Luneau, collaborateur du Nouvel observateur et animateur dujournal de la Confédération paysanne).Cette vieille rengaine soixantehuitarde, visant à associer intellectuels etpaysans, sera appliquée au Larzac, avec la création, en 1975, de Larzac-Université. «Dans la maison qu’elle achète alors (devenue aujourd’huiun gîte rural), se dérouleront des stages consacrés aussi bien à la géné-tique qu’à l’agriculture bio, à la médecine vétérinaire des ovins qu’à lamémoire populaire, à la flore du Larzac qu’à l’impérialisme françaiscontemporain» (Politis, 29 juin 2000). On verra même des objecteurs deconscience construire une maison en balles de paille crépies, alimentéeen énergie par une éolienne.C’est ce qui explique sans doute le profil très particulier des «néo-ruraux» inculpés en même temps que José Bové, tranchant sur celui desagriculteurs interpellés dans des manifestations paysannes classiques :-Né en 1951, Raymond Fabrègues, éleveur ovins lait et bovins viande,est le porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aveyron.

- Né en 1944, Léon Maillé, cet éleveur ovins bio est membre de laConfédération paysanne et des Verts. Il a été directeur de publication deGardarem Lo Larzacjusqu’en 1995. Il fut incarcéré en 1976 après l’in-trusion de militants pro-Larzac et antimilitaristes au service des

Domaines de l’Armée. Il maniait la tronçonneuse au Mc Do.- Né en 1954, Christian Rouqueirol, cet éleveur ovins et bovins viandeest responsable de la Confédération paysanne et membre de la commis-sion nationale des producteurs fermiers. Il a été condamné avec dispensede peine en septembre 1998 pour entrave à la navigation des aéronefslors des émeutes antinucléaires de Faa’a (Polynésie) en septembre 1995.- Né en 1957, Jean-Emile Sanchez-Mateo, éleveur ovins viande d’ori-gine espagnole, est responsable de la commission ovine de laConfédération paysanne et membre de son comité national. Il fut arrêté(mais non condamné) lors de la destruction d’un stock de maïs Novartisà Nérac (Lot-et-Garonne). Fondateur du Syndicat des Paysans-Travailleursde l’Hérault en 1982-1983, il s’est installé au Larzac en1984, où il avait déjà œuvré en 1982. Ancien membre de la Fédérationanarchiste, il se définit toujours comme « libertaire». Fondateur, en1986, du premier groupe de rock rural, Taxus Baccata.- Né en 1945, Jean-Paul Delaitte, permanent environnemental, estporte-parole départemental des Verts. Il préside l’association Bon Ventopposé au projet de centrale éolienne sur le Larzac-Nord (alors que lapremière éolienne avait été offerte en 1978 par les Amis de la Terreetinstallée derrière la fermes des Homs).- Né en 1966, Richard Maillé , éleveur ovins lait, appartient à laConfédération paysanne. Il milite à l’Alternative rouge et verte.Objecteur de conscience et déserteur en 1987, il fut condamné à quinzejours de prison avec sursis avant que son dossier ne soit clos en 1995.- Né en 1957, Gilbert Fenestraz, ouvrier agricole, a cofondé le Syndicatdes travailleurs paysansau début des années 80. Militant anarchiste, ilappartient à l’Alternative rouge et vertede Millau.- Né en 1954, Alain Soulié, éleveur ovins lait et accueil à la ferme estporte-parole suppléant du Syndicat des producteurs de lait de brebisetdélégué au conseil d’administration de la Confédération générale deroquefort. Il a participé au Somment anti-mondialisation de Seattle ennovembre 1999.- Né en 1956, Frédéric Libot , éleveur ovins lait, appartient au comitédépartemental de la Confédération paysanne de l’Aveyron. Responsabledu Comité Larzac-Millau, il a participé au Somment anti-mondialisationde Seattle en novembre 1999. Ancien routard, il a rejoint le Larzac il y aseulement sept ans.Dans la même lignée, José Bové est évidemment un ancien objecteur deconscience. S’étant vu refuser ce statut, il engage un recours devant leConseil d’Etat. Avec Alice Monier ; il abandonne alors l’université etpartent, par hasard, au Larzac, déjà un haut lieu de lutte pour l’extrêmegauche activiste en France depuis qu’André Fanton, secrétaire d’Etat àla Défense nationale, a annoncé, le 30 octobre 1970, à l’issue d’uncongrès départemental de l’UDR, que la superficie du camp militaire duLarzac serait portée à 17 000 ha. Vaste plateau des Causses, presque tota-lement aride, où seuls subsistent quelques troupeaux transhumants, estalors pratiquement un désert vide de toute population. Dans les annéessoixante, il ne demeurait par exemple qu’un seul éleveur au village deSaint-Sauveur. 103 paysans seulement sont concernés pour près de10 000 ha, largement payés au prix de leur valeur réelle. L’extrêmegauche se met en branle, surtout à partir de 1972, lorsque les «103» fontle serment de ne jamais vendre leurs terres (dont certaines seront quandmême rapidement revendues à des Groupements fonciers agricoles, afinde les rendre plus difficilement expropriables, avec plusieurs milliers depetits porteurs de parts). Suivront les renvois de livrets militaires, lesmarches vers la capitale (les 103 montent en tracteurs dès le 8 janvier1972), le refus de payer tout ou partie de l’impôt, et surtout les grandsrassemblements d’été.A Pâques 1973, José Bové et Alice Monier découvrent donc le Larzac,et font la connaissance de Bernard Lambert , leader des PaysansTravailleurs, mouvement issu de mai 68 et du Centre national des jeunesagriculteurs. Il est l’auteur d’un « livre fondateur», Les Paysans dans lalutte des classes, pondu dans la foulée de 1968… et préfacé par un cer-tain Michel Rocard, alors secrétaire général du PSU. «C’est le hasard

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militant» reconnaît Bové lui-même (Libération, 17 septembre 1999) quil’a donc transformé en agriculteur. Ils participent, aux côtés d’étudiantsde toutes tendances (marxistes, trotskystes, chrétiens de gauche, etc.) àla reconstruction de la ferme de la Blaquière, pratiquement une ruine. En1973, ils participent au premier grand rassemblement du Larzac (30 000personnes), organisé par Bernard Lambert. L’année suivante, à l’été1974 (50 000 participants), ils participent à l’opération Moisson pour letiers-monde. C’est alors que José Bové joue de chance : il est parmi lesquelques militants qui évitent à François Mitterrand , candidat socia-liste battu quelques semaines auparavant, d’être pratiquement lynché parles groupuscules maoïstes. Le futur président de la République ne l’ou-bliera jamais : dès le 3 juin 1981, il rend aux paysans les 6 300 hectaresoccupés par l’Armée (il se rendra encore au Larzac en 1987, rencontrantBové). Il faut dire que pour appuyer son propos, Bové avait menacé defaire une grève de la faim devant l’Elysée. Il avait surtout rencontré,avec sa femme, Pierre Mauroy, dont la mairie de Lille était jumeléeavec les trois ou quatre hameaux de Montredon, l’endroit même où lecouple Bové s’était installé en 1976. Il s’agissait alors d’un village aban-donné… depuis 1920. Ils squattent des terres appartenant déjà à l’armée.L’électricité n’arrivera qu’en 1983, le téléphone en 1984 et l’eau cou-rante en 1987. Le couple se lance dans l’agriculture d’élevage et la fabri-cation de tommes, une incongruité au pays du roquefort. Aujourd’hui, leGAEC compte 560 brebis, dont 340 élevées pour le lait vendu aux cavesde roquefort et 220 pour la viande, 10 vaches et 40 cochons (autreexemple de ferme, la ferme-accueil de la Salvetat, récupérée aux mili-taires). Sur place, petit à petit les «babas cools» et autres gauchistess’installent, faisant de ce plateau une véritable réserve ethnologique,comme par exemple Alain Desjardin, installé sur la ferme de laSalvetat, également récupérée aux militaires. Ancien militant du PSU,coorganisateur des grands rassemblements, il a cofondé la Gaucheouvrière et paysannedans les années 70. Il est aujourd’hui responsablede la commission agriculture et développement rural des Verts.Déjà en pointe, Bové fait partie des 22 personnes qui investissent cettemême année 1976 le camp militaire et s’emparent de documents attes-tant de la vente de terrains par divers paysans. Il est arrêté, passe troissemaines de prison préventive, et sera condamné à quatre mois avec sur-sis et privation de ses droits civiques (Alternative L’Impatient, juillet2000). L’année suivante, il est au volant de l’un des 90 tracteurs quipénètrent au champ de tir avec, sur le garde-boue, un soldat contestataireen cagoule, délégué par les comités de soldats (contrôlés en fait par laLigue communiste révolutionnaire). En 1978, Alice Monier et José Bovéfondent un Centre cantonal des jeunes agriculteurs, (CCJA), dont Alicedevient vice-présidente.

Au cours des années, la lassitude s’installe sur le plateau, d’autant queValéry Giscard d’Estaing est largement donné comme gagnant en1981. C’est alors que cette année-là, sans prévenir, deux syndicats agri-coles (FDSEA et CDJA), en février 1981, s’apprêtent à accepter un com-promis de mini-extension du camp. A l’issue du rapport présenté, AliceMonier et tout le CCJA démissionnent en plein congrès départemental.Arrive la victoire de François Mitterrand, la vague rose… et la victoiredes jusqu’auboutistes. Via un bail emphytéotique de soixante ans avecl’Etat, celui-ci remet les terres acquises à la Société civile des terres duLarzac, composée d’associés, personnes physiques ou morale, utilisa-teurs à titre agricole ou non agricole, fermes, terres et bâtiments. «LaSCTL a toute de suite fonctionné comme un vrai phalanstère(Libération, 30 juin 2000).» Le Nouvel Observateur(2 septembre 1998)précise qu’il s’agit de «surmesure pour garder collectivement le pouvoirsur le Causse».

Le plateau récupéré, Bové peut se consacrer à la construction d’un syndi-calisme agricole offensif. Dès septembre 1981, il fonde le Syndicat desPaysans-Travailleurs de l’Aveyron, où se retrouvent les membres duCCJA. A la première élection à la chambre d’agriculture, en 1983, ilobtient 15% (la Confédération paysanne a obtenu 30,33% en 1995). En1987, il est cofondateur de la Confédération paysanne, fusion des PaysansTravailleursde Lambert et de dissidents de la FNSEA, regroupé dans laFédération nationale des syndicats de paysans(née en 1982). Il en devient

aussitôt l’un des huit secrétaires nationaux. Leur programme développe«une vision de plus en plus anarcho-syndicale» (Le Point, 23 juin 2000).La reconnaissance syndicale officielle est essentielle dans ce combat : en1991, il participe à empêcher l’atterrissage de l’avion de Lionel Jospin àMillau, qui avait refusé, sous la pression de la FNSEA, de recevoir unedélégation de la Confédération paysanne. Les relations seront donc trèsfroides avec ce dernier, y compris après l’affaire du Mc Do, où le Premierministre ironisera dans les premiers temps sur cet «Astérix» qui se pren-drait pour un «nouveau Tarzan». Finalement, elles se réchaufferont grâceau suppléant de Jospin, le député de Haute-Garonne Patrick Lemasle,ancien membre de la Confédération paysanne.Outre de multiples manifestations et actions, notamment contre le GATTet la PAC, il développe sur place un syndicalisme très revendicatif, s’ap-puyant sur les petits producteurs de lait de brebis, indispensable auxcaves de roquefort. Cogérant de la Société civile des terres du Larzac, ilfonde et dirige le Comité Roquefort, devenu, en 1987, le Syndicat desproducteurs de lait de brebis, affilié à la Confédération Roquefort. Il nesera reconnu qu’après des luttes, occupations et divers saccages, par l’in-terprofession, qu’en mai 1993.En 1995, il est le seul Français présent à l’opération de Greenpeacecontre la reprise des (derniers) essais nucléaires français dans lePacifique. Des zodiacs sont mis à l’eau dans la nuit du 31 août au 1er sep-tembre quelques heures avant le premier essai, tentant d’échapper à laMarine nationale dans la passe de Mururoa. Les images feront la une desjournaux américains du Pacifique. Dans les jours qui suivent, desémeutes suivront en Polynésie française où interviennent des Français demétropole.Le 8 janvier 1998, c’est la première destruction d’un stock de maïs trans-génique en France, au centre Novartis de Nérac. Il sera condamné à huitmois de prison avec sursis et 500 000 F d’amende. L’opinion au cours deces années s’avère de plus en plus favorable aux thèses protectionnistesde la Confédération paysanne : poulet à la dioxine, OGM (organismesgénétiquement modifiés), retrait des canettes de Coca-Cola, successionde scandales à propos de la «vache folle», etc. C’est alors qu’éclate l’af-faire du McDo de Millau, qu’il est indispensable de replacer dans soncontexte.Le 19 février 1999, un permis de construire est délivré à Mc Donald’sFrancepour la construction d’un restaurant franchisé de 373 m2. Le 11mars, avec Raymond Fabrègues et deux autres délégués de laConfédération paysanne, José Bové séquestre deux chargés de missionde Jean Glavanyà la préfecture de Rodez, tandis que les CRS chargentles manifestants à l’extérieur. Il ne sera pas poursuivi. Au printemps,visite et conférence du sociologue Paul Ariès (cité précédemment).Quelques semaines plus tard, les Etats-Unis, dans le cadre de la batailleéconomique du bœuf aux hormones, décident de taxer à 100% diversproduits agricoles français, dont le roquefort. Un préjudice d’environ 14millions de F pour les seuls producteurs et beaucoup plus pour leSyndicat. A noter que les producteurs de roquefort avait déjà soutenudirectement les activités antimilitaristes au Larzac dans les années 70 (cfnotamment L comme Larzac, Alain Moreau) tant le lait de brebis estrecherché (une bonne part est importée par avion de Corse !). Le 12 août,au lendemain de l’éclipse qui aurait risqué de faire passer sous silencel’opération comme l’avouera Bové, 200 éleveurs et sympathisants«démontent» le Mc Do en construction, provoquant pour environ400 000 F de dégâts. Les renseignements généraux départementaux ontété prévenus à l’avance. La police a même proposé à la Confédérationpaysanne de faire semblant en brûlant des planches de chantier et autresmatériaux. Dans le dossier d’instruction, la somme finale s’élèvera à768 000 F mais aucune expertise n’étaille le dossier, seul un constatd’huissier a été réalisé. En outre, les parties civiles, dont Mc Do, préfé-reront finalement se désister afin d’éviter des problèmes. Juste après,afin de faire rebondir le dossier et de ne pas passer pour anti-américain,une ferme provisoire est installée à côté du Festival du film américaindeDeauville. Après interpellation des comparses, quatre jours après lesévénements, un mandat d’arrêt est délivré, le 17 août, par le jugeNathalie Marty . En plein été, où les nouvelles politiques font défaut, le

PORTRAIT

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ETRANGER

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� La direction de la police du Devon et de laCornouaille demande aux Bobbies de traiter prio-ritairement les plaintes des minorités ethniques,en distinguant au téléphone les appels provenantde victimes noires ou asiatiques de celles éma-nant de victimes blanches (Daily Mail, 26 août).

�� Après Washington, Santa-Cruz et l’Etat duMichigan, la municipalité de San Francisco vientd’adopter une législation permettant de condamnerles personnes ayant une «attitude discriminatoire»et les auteurs de plaisanteries sur les obèses,c’est-à-dire 35% de la population. Les critères dupoids et de la taille (ce décret concerne aussi lesnains) s’ajoutent donc à ceux de la race, la reli-gion, la couleur, l’âge, le sexe, l’orientationsexuelle, le handicap et le lieu de naissance commeconcepts de discrimination.

� Une équipe d’ingénieurs de l’université duTexas, dirigée par le Pr Ashley Welch, vient dedécouvrir un moyen de rendre transparente la peaude rats et de hamsters pendant une vingtaine deminutes sur environ 2 mm d’épaisseur, ce qui per-met de distinguer les vaisseaux et les capil-laires sous-cutanés invisible habituellement.

� Dans le cadre de la chasse aux sorcièrescontre les nationalistes, faisant fi de tout res-pect de la vie privée, le quotidien berlinoisTageszeitung a publié la photo de 22 dirigeantsde mouvements «d’extrême droite» ou «néo-nazis».Parmi eux figurait en bonne place Horst Mahler,ancien membre de la Fraction armée rouge qui arejoint il y a quelques semaines le NPD, dont F&Da parlé à plusieurs reprises.

� Le groupe Nestlé a décidé, début septembre, deverser 14,6 millions de $ au fonds des banquessuisses pour l’Holocauste… alors même que legroupe d’alimentation suisse n’a jamais faitl’objet de plaintes ou de critiques quant à sonattitude durant la Seconde Guerre mondiale.

��Le gouverneur démocrate de Hawaï Ben Cayetanovient de signer une loi autorisant la culture, lapossession et la consommation de la marijuana surprescription médicale. Hawaï est le septième Etataméricain à adopter une telle législation depuis1996. Quant au Parlement des Pays-Bas, aprèsavoir dépénalisé l’usage et le commerce dedétail, il a finalement dépénalisé la culture ducannabis et son commerce de gros… pour priver deprofit les organisations criminelles.

� L’Eglise orthodoxe grecque a accordé quinzejours au gouvernement socialiste pour engager desdiscussions sur le maintien de la religion sur lescartes d’identité grecque, mesure demandée parl’Union européenne dans le cadre de la protectiondes droits privés et civiques, faute de quoi elleappellera à des manifestations antigouvernemen-tales, comme en juin, à Athènes, où plus de 300 000personnes ont manifesté en faveur du maintien.

� Second d’Al Gore, le sénateur Joseph Lieberman(F&D 95) n’est pas le seul candidat juif à l’élec-tion américaine, puisque le second du «ticket» desVerts américains, crédités de 5% des voix, conduitpar Ralph Nader, est l’activiste Winona LaDuke, demère juive (Jewish Telegraphic Agency, 28 août).

La fin de l’Amérique blancheA l’image des pays industrialisés (voir ci-contre), l’Amérique est en train dechanger de population, les souches «caucasiennes» (blanches) diminuant auprofit de ce que l’on appelle encore les «minorités ethniques». Les premierséléments connus du Current Population Survey(équivalent du recensementen France), couvrant la période du 1er janvier 1990 au 1er janvier 1999, quisera rendu public en décembre, indiquent déjà que les Blancs en Californie,l’Etat le plus peuplé avec 16,5 millions d’habitants, sont passé juste en des-sous de la barre des 50%, avec 49,9%. Les Latinos (en majorité desMexicains) sont 31,6%, les Asiatiques 11,4% et les Noirs 6,7% et les nativeAmericans(les Indiens) 0,5%. D’ici 2025, les Blancs ne seront plus que33% et les Latinos 42%. D’ici 2030/2035, les Mexicains représenteront plusde la moitié de la population… et pourront donc demander par référendumleur rattachement au Mexique. Déjà, les deux candidats à la mairie de LosAngeles en 2001 sont Latinos. En dix ans, aux Etats-Unis, la population asia-tique a augmenté de 43% et la population hispanique de 39%. Le nombred’immigrés aux Etats-Unis a triplé depuis 1970, passant de 9,6 millions à26,3 millions. La population immigrée augmente 6,5 fois plus vite que lapopulation autochtone, d’autant que sur les naissances de femmes immigrésse sont élevées, depuis 1990, à 5,4 millions. L’immigration et les naissancesd’enfants d’origine étrangère ont donc représenté 70% de l’augmentation depopulation depuis 1990. Aucun Etat n’est à l’abri, puisque ce sont trois Etatsblancs à plus de 80% qui arrivent en tête de l’augmentation de populationd’origine étrangère : le Nevada (dont la population a globalement augmentéde 50%, avec 124% pour les Asiatiques et 145% pour les Hispaniques), laGéorgie et la Caroline du Nord. Tous les Etats sont touchés par ce phéno-mène, et pas seulement les Etats frontaliers comme le Texas. c’est ainsi quedans l’Etat de Washington, les Hispaniques ont grossi de 76%, lesAsiatiques de 60%… tandis que les Blancs augmentait de 15,7%. Dansl’Oregon, on observe une augmentation de 89% des Hispaniques, de 110%des Asiatiques et de 15% des Blancs. C’est ce qui explique que les«machines» électorales américaines s’intéressent déjà plus aux Latinos(11,8%) qu’aux Noirs, pour peu de temps, le groupe minoritaire le plus nom-breux (12,2%). En particulier celle du Parti républicainqui choye désormaisles Latinos, les Noirs formant une clientèle fidèle des Démocrates. Lors dela convention républicaine, le neveu de George Bush, fils du gouverneur deFloride Jeb Bushet marié à une Mexicaine, a été largement mis en vedette.Alors qu’il est un pur produit de l’éducation WASP (White anglosaxon pro-testant), cet ambitieux jeune homme de 24 ans devait s’adresser directementaux électeurs mexicains, déclarant dans un espagnol parfait : «C’est un pré-sident qui représente la diversité de la société, sur laquelle nous pourronscompter pour transformer le Parti républicain afin qu’ils représentent nosvues […] Nousdevons nousbattre pour notre race, nousavons besoin detrouver des leaders pour nousreprésenter.» Jusqu’alors largement minori-taire dans un pays constitué par une immigration continue, Jared Taylor,éditeur de la revue American Renaissance, seule opposée à tout nouvelafflux d’immigrants non-européens, vient d’être rejoint dans son combat parWilliam F. Buckley Jr , éditeur de l’influente National Review, lequel consi-dère que «l’idée traditionnellement défendue de maintenir un équilibre eth-nique ne fonctionne plus désormais».

Norman FinkelsteinThe Holocaust Industry, l’ouvrage très critique vis-à-vis du «Shoah-business»de l’universitaire juif américain Norman Finkelsteinest en passe de devenir unbest-seller : il est n°2 des ventes d’Amazonen Suisse, 5e en Autriche, 14e enAllemagne et 17e en Egypte (il est disponible en France, à Paris, chezW.Smith). En revanche, prenant prétexte d’une pseudo-vague de violencesd’extrême droite en Europe, diverses personnalités communautaires fontactuellement pression sur les éditeurs afin d’empêcher d’éventuelles traduc-tions. C’est ainsi que la Frankfurter Allgemeine Zeitung(5 septembre) a révéléque Salomon Korn, leader de la communauté juive allemande, et ReinholdRobbe, député socialiste au Bundestag, avaient appelé l’éditeur Piper Verlagqui avait annoncé son intention d’en éditer une traduction.

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magistrat transforme ainsi l’affaire en feuilleton national pour une mani-festation qui n’aurait fait que quelques lignes dans les journaux parisiens.Bové est le nouveau «Robin des champs». Comme l’écrira Le Midi libre(27 juin 2000), «pour cet “irréductible”, le Mc Do de Millau n’était pour-tant qu’une étape, un peu plus spectaculaire que les précédentes, sur unparcours de militant chevronné.»«Lorsque la juge Marty a lancé un mandat d’arrêt contre lui, indiqueParis-Match, il a retrouvé les vieux réflexes de clandestinité de sa jeu-nesse militante. “Il s’agissait pour moi de me présenter libre, sans mefaire prendre par les gendarmes.”» Son idée de lever les poings menot-tés, l’œil rigolard et l’air goguenard, face à deux photographes quis’étaient faufilés dans le palais de justice de Millau font dès lors de luiune vedette. «On a utilisé les fautes de l’adversaire, On a fait de l’aïkidosyndical» (Libération, 30 juin 20000). D’autant qu’il récidive en refusantde payer une caution, estimant sa lutte juste. Le gouvernement socialistese divise sur ce nouveau Mandrin : le ministre Verts Dominique Voynetlui envoie un télégramme de soutien, ainsi queDanielle Mitterrand ,veuve de l’ancien président de la République.

Rien n’est laissé au hasard : un comité de soutien est aussitôt monté, rap-porte Libération(24 août 1999) «à l’initiative d’Annick Coupé, respon-sable du syndicat SUD-PTT, et de la LCR» (le portrait détaillé de cettemilitante d’extrême gauche, sur laquelle nous ne reviendrons pas, figuredans ras l’front, anatomie d’un mouvement antifasciste). LaConfédération paysanne est en effet pénétrée par la Ligue communisterévolutionnaire(Thierry Martin dans l’Eure ou Joël Lainé dans laCreuse). Après Coluche, Arlette Laguiller ou Pierre Bourdieu, la gauche«alternative» s’est enfin trouvée un hérault. Très vite, il est donnécomme possible candidat à l’élection présidentielle, même s’il a toujoursrejeté vigoureusement cette possibilité. La « josébovémania» se déve-loppe, d’autant que l’intéressé multiplie les coups d’éclat médiatique,cette fois au niveau international.

Fin novembre 1999, il est aux Etats-Unis. Les télévisions s’arrachent ceFrench guy, parlant un anglais excellent, arrivé avec 200 kilos de roque-fort, nouvelle incarnation du pavé, à distribuer sur son passage. c’est larevanche des « fromages qui puent» sur la «World Company». As dumarketing contestataire et soutenu par les médias, il devient la mascottedes manifestants. Son objectif est dès lors l’installation d’unObservatoire de la mondialisationà Genève, en relation avec les réseauxmobilisés lors du Sommet de Seattle.

Vrai rock-star, il est célèbre dans le monde entier : «Aujourd’hui JoséBové n’est plus tout à fait un éleveur de brebis. Un salarié financé par sonsyndicat le remplace dans sa bergerie. Il sillonne le pays pour vendre sonlivre, écoute durant des heures les doléances de ses lecteurs, s’envolepour la Colombie le 6 juillet» (Libération, 30 juin 2000). C’est qu’entre-temps, le 29 janvier 2000, alors qu’il était officiellement invité au Foruméconomique mondialde Davos, cette réunion secrète des dirigeants desmultinationales, il a retourné le compliment en arrivant avec une petitedélégation d’une quinzaine de paisibles paysans. La police suisse a vurouge, tiré une bombe lacrymogène dans le visage du leader paysan,avant de tirer sur lui, une fois à terre, à bout portant, des balles en caout-chouc dures comme des écrous. Des images qui ont scandalisé le mondeentier. En avril, il se rend à Nouméa, à l’invitation du FLNKS. Il s’em-ploie aussitôt à mettre de l’huile sur le feu : «Je suis sidéré par la provo-cation policière qui règne ici. A mon retour, je vais témoigner de cettecompromission de l’Etat français en Nouvelle Calédonie […] La Kanakydoit disposer d’elle-même» (sur Radio France Outremer, rapporté parRivarol, 2 juin 2000).

En avril, il est devenu le premier des trois porte-parole de laConfédération paysanne, remplaçant François Dufour. Profitant del’«effet Bové», aux élections des chambres d’agriculture de janvier2001, ce syndicat minoritaire, qui ne contrôle que quatre départements(Finistère, Loire-Atlantique, Réunion, Guyane), devrait largement se ren-forcer face à la FNSEA. Il gagne, depuis décembre 1999, 4 000 F parmois net versé par son GAEC, le reste de son salaire (7 500 F net) étantcomplété par la Confédération à raison d’une indemnité journalière de350 F.

Démographie européenneUn nouveau rapport démographique en Allemagne prévoit que lapopulation devrait diminuer d’environ 20 % d’ici 2050, passant de 82à 67 millions, en dépit de l’entrée prévue de 100 à 200 000 immi-grants chaque année. Le taux de natalité est actuellement de 1,4(contre 2,1 pour maintenir la population), mais il est encore plusfaible dans les länder de l’Est. Il en est de même en Angleterre, où leGuardian (3 septembre) révèle que les Anglais seront minoritairesdans leur pays en 2100, si les taux de fertilité et d’immigrationdemeurent égaux à ceux qu’ils sont actuellement. Dès 2010, lesBlancs seront minoritaires à Londres. Depuis 1991, la populationimmigrée est passée de 3 à 6 millions, augmentant de 185 000chaque année par le jeu des entrées et d’environ autant par la nata-lité. D’ici 2020, les populations immigrées seront à l’origine de lamoitié de la natalité. Quant à la Russie, sa population devrait dimi-nuer d’ici 2020 de 145 à 125 millions tant les conditions médicaleset d’existence sont misérables. depuis 1988, le taux de natalité adiminué de 50 %, atteignant aujourd’hui seulement 1,3 enfant parfemme. En outre 10 % des nouveau-nés meurent d’infectionsdiverses.

Même la droite lui trouve des qualités, l’ineffable Christine Boutin allantjusqu’à le qualifier de « résistant». En réalité, tout au long de ses décla-rations, Bové n’a jamais cessé de se proclamer internationaliste, pro-Européen et pro-Américain, seulement hostiles aux multinationales qu’ilfaut réformer. En bon révolutionnaire, pour lui c’est l’internationalismequi prime avant tout. A propos du Mc Do, il estime : «Pas question d’ac-cepter d’être condamné pour avoir participé à la création d’un droit inter-national.» Il déteste aussi l’image du gaulois braillard et antiaméricain :«Je ne suis pas Astérix, qu’on se le dise» (Journal du Dimanche, 21novembre 1999). De même il indique (Paris-Match, décembre 2000) :«Je suis né Français par hasard, je me sens près des gens avec qui je par-tage une conviction quel que soit leur pays d’origine.» Interrogé surl’immigration et les expériences conduites par Daniel Cohn-Bendit,ancien élu municipal de Francfort, il déclare (Le Vrai Journal, septembre2000) : «C’est vachement intéressant, sur l’immigration, sur la drogue.Mais là, à mon avis, on n’est qu’au début de ce qui va se passer.L’immigration chez nous ne peut qu’augmenter. Les pays occidentauxvont être obligés d’ouvrir leurs frontières, ne serait-ce que par la pau-vreté qui gagne et par le fait qu’ils sont incapables de gérer les histoiresde sécu, de retraite. Il va se passer des choses, en termes de cultures,d’organisation sociale… Il va bien falloir que ça bouge, là aussi.»Evidemment hostile à Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret ou Philippede Villiers, il dit même de ce dernier : «Nous n’avons rien de communavec ces gens-là, tout nous sépare (Le Journal du dimanche, 21novembre 1999).» Dans Ras l’front (février 2000), il rejette tout amal-game (pourtant possible) entre culture enracinée et nationalisme (« Nousnous fondons sur des valeurs, pas sur la préférence nationale») et sedéclare contre tout «souverainisme» ou « repli identitaire».Pour une fois, on laissera la conclusion au Canard enchaîné ‘(13 octobre1999), qui montre toute l’ambiguïté de ce combat sans doute justifié quantau fond (c’est d’ailleurs là la raison de son succès) : «C’est un paradoxedu combat de Bové et de ses amis : ces croisés de l’antimondialisation«standardisée» vivent dans l’univers le plus préservé du monde, le plus«parc naturel régional» du monde. Bové lui-même a rebâti un plaisanthameau, Montredon, dûment signalé et célébré dans tous les guides qui serespectent. Les restaus de Millau ne parlent que de «ravioles de chèvre»ou de «filets de truite en crépinette», et autre, preuve des duretés de la viemillavoise, dès cinq heures de l’après-midi, des dizaines de deltaplaness’envolent des hauteurs du causse. Un panorama assez éloigné de “l’hor-reur ultra-libérale” que décrit notre homme dans son dernier article endate : la dernière page du Monde diplomatique, publication désormaisautant citée dans les bistrots du coin que le plus traditionnel Midi libre.»

PORTRAIT(Suite de la page 7)

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KIOSQUE

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� En liaison avec la Librairie nationale, l’es-sayiste Guillaume Faye va créer son propre bul-letin, un mensuel de huit pages.

� National-Hebdo, hebdomadaire nationalisteproche du Front national, est en difficultéfinancière. Il vient de lancer un appel de mobi-lisation auprès de ses lecteurs.

�� Chassé-croisé entre Le Figaro et Valeursactuelles : Rédacteur en chef économie du Figaro-Economie, Gérard Gachet, ancien du PFN et du CNI,devient directeur de la rédaction de Valeursactuelles, en remplacement d’Alexis Brézet, nommédirecteur de la rédaction délégué du Figaro.

� Détenu à 51% par Aguesseau Communication(contrôlé par Alain Lefebvre, ancien éditeur deMagazine-Hebdo, et Christian Blanchas), le groupeCB News vient de faire son entrée à la Bourse deParis, avec l’introduction de 20% de son capital.

� Le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, LeSpectacle du monde) lancera le 22 septembre unluxueux magazine d’art de vivre trimestriel inti-tulé Jours de chasse. Il sera dirigé par deuxjournalistes de Valeurs actuelles, HumbertRambaud et Bruno de Cessole.

� Dans Libération (29 août), Marc Tessier, quivient d’être reconduit pour un mandat de cinq ansà la tête de France Télévision, fait son«outing», en révélant son homosexualité.

��Nouvelle chaîne consacrée à l’activité bour-sière, Initiés.tv fera son apparition sur lecâble fin octobre. Elle sera dirigée par FabriceMonod, créateur et présentateur de l’émissionboursière Initiés.com sur Paris Première. Iln’est autre que le fils de Jérôme Monod, ancienprésident de la Lyonnaise des eaux et actuelconseiller spécial du président de la républiqueJacques Chirac.

��Sortie du n° 4 de Jusqu’à nouvel ordre, letrimestriel du Gud (92 rue d’Assas, 75006 Paris).De plus en plus intéressant, cet épais fanzinepropose notamment un entretien avec GuillaumeFaye, présenté comme le « chantre de laReconquista», une étude sur Israël va-t-il dis-paraître et un très copieux et anticonformisteGud du routard, un circuit des «hauts lieux» dutourisme européen.

� Chantre de la Shoah, l’écrivain Elie Wieselne fait plus l’unanimité dans sa communauté.Recoupant les critiques de nombreux révision-nistes quant à la véracité de ses écrits auto-biographiques, le rabbin David Goldberg les qua-lifie, dans The Independant (31 août), de «fablesmétaphoriques, boursouflées» : A propos de sondernier livre Et la mer ne sera jamais pleine, ilécrit : «… (le livre) est une longue liste depages d’auto-congratulation à partir du carnet derendez-vous de Wiesel. Comment j’ai sauvé la car-rière d’Abba Eban; comment Golda Meir s’estconfiée à moi; Pourquoi Kissinger m’est si recon-naissant; Si seulement Gorbatchev m’avait écouté[…] Wiesel se révèle comme vain, arrogant, jobardet naïf quant aux affaires internationales.»

� Les Contes du lapin, le dernier roman de LouisNucéra, décédé accidentellement en août à Nice,paraîtra au printemps prochain au Cherche-Midi.

��L’Age d’Homme publiera en octobre un DossierErnst Jünger de 580 pages. Par ailleurs,Christopher Gérard, qui dirige la revue d’étudespolythéistes Antaïos, vient de se voir confierpar ce même éditeur la direction d’une nouvellecollection, Antaïos, entièrement dédiée au paga-nisme. Son premier titre sera Parcours païen.

� Une nouvelle édition, entièrement remise àjour, de Prominente ohne Maske, qui présente labiographie (en allemand) d’un millier de person-nalités faisant l’opinion mondiale, vient de sor-tir chez Deutscher Buchdienst (FZ-Verlag GmbH, 81238 München, Allemagne).

� Parmi les multiples ouvrages consacrés aux pré-noms, à signaler le très intéressant livre de Jean-Michel Pedrazzani, Les Prénoms du calendrier (nom-breuses annexes) récemment sorti aux Editions duDauphin (43, rue de la Tombe Issoire, 75014 Paris).

��Paris chez Simenon de Michel Lemoine, chezEncrage (BP 0451, 80004 Amiens cedex 1) est unouvrage d’une minutie extrême : il recense,arrondissement par arrondissement, avec cartes àl’appui, toutes les citations de rues, squares,impasses ou lieux de Paris dans les quelques 537romans et nouvelles du créateur du commissaireMaigret. Une manière érudite mais passionnante derevisiter Paris.

� Alors que les rares éditions actuelles duTalmud coûtent plus de 4 000 F, cet ouvrageénorme, où sont exposés les multiples commen-taires des rabbins sur la Torah (avec notammentde nombreux passages antichrétiens), une édition,en anglais, vient de paraître sur CD-Rom, dispo-nible pour seulement 40 $ (Boxholders, PO Box596, Lakehurst NJ 08733, Etats-Unis).

��Légèrement condensé, Danser avec le IIIe Reich,les danseurs modernes sous le nazisme (Complexe)est la passionnante thèse de doctorat d’histoireconsacrée par Laure Guilbert à l’histoire des dif-férentes facettes de la danse contemporainedurant l’ère national-socialiste. Remarquablementdocumenté, cet ouvrage va à l’encontre de nombrede légendes, démontrant que nombre des dirigeantsdu IIIe Reich furent loin d’être hostile auxformes nouvelles de la danse (notes, bibliogra-phie, index).

��Chez Godefroy de Bouillon, Yves Chiron ressortune nouvelle édition, revue et augmentée, de LaVie de Barrès (préface de Jean Madiran, biblio-graphie, index). Le même auteur vient de consa-crer une courte brochure à Pie IX et la franc-maçonnerie et a récemment lancé une petite lettred’informations religieuse, Aletheia (BCM, 16 ruede Berry, 36250 Niherne).

��Flammarion publie un très bel ouvrage (grandformat, reliure cartonnée, jaquette, superbesphotos), signé par Sophie Martineaud et ArletteMoreau, Les Hauts lieux de pèlerinage, décrivantune trentaine de grands pèlerinages (Compostelle,Jérusalem, Rome, Vézelay, Lourdes, etc.).

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KIOSQUE

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� Inquiétudes à la très riche Bibliothèque duMusée de l’Homme, qui devrait être démantelée entrois fonds différents. Selon les personnels, ils’agit d’«une aberration scientifique, bibliothé-conomique et documentaire, informatique et finan-cières» (dossier consultable sur www.mnhn.fr/bmh).

� La British Library ne fait pas dans la den-telle : censée (comme la Bibliothèque nationale),conserver un exemplaire de chaque ouvrage édité,elle se livre, depuis deux ans, à un «épouillage»annuel, qui l’a conduit à détruire plus de 80 000ouvrages rares ou peu empruntés.

� Nouvelle librairie identitaire : Histolivres (4rue du 71e Mobiles, 87 000 Limoges. Tel. : 06 14 9182 70). Associée au Club Alphonse de Châteaubriant,elle vient d’éditer une conférence inédite de l’au-teur de La Gerbe des forces : La Psychologie et ledrame des temps présents, donnée par l’auteur, le27 janvier 1943, au Cercle européen.

� The Nationalist Observer est un gros diffu-seurs de disques, cassettes et enregistrementshistoriques et politiques, à pris modérés (PO Box152603, San Diego, CA 92195, Etats-Unis).

� Le AK Chesterton Trust (Forest house, LissForest, Hants, GU33 7D, Angleterre) vient d’édi-ter une étonnante cassette-vidéo, reprenant desfilms d’amateurs et d’actualité sur les massacresde colons blancs ou arabes par des bandesd’Africains nouvellement décolonisés, au débutdes années soixante.

� Deux ou troisième producteur de téléfilms fran-çais (Navarro, L’Instit‘, etc.), le producteurPierre Grimblat s’est confié à Actualité juive (31août) : «Je ne suis pas circoncis. j’ai été élevéchrétiennement parce que, même en 1930, mesparents qui venaient de Russie et de Vienne vou-laient me protéger; je suis fils unique. C’estseulement maintenant que je me retourne vers mesorigines juives, vers mes racines.»

��Pour une vidéo nationale (Ithaque, 63 rue deCourcelles, 75008 Paris. tel. : 01 42 81 46 91)vient d’éditer une remarquable cassette-vidéo surLa Seconde guerre du Vietnam (1965-1975), hymneà la résistance des populations d’Asie du sud-estface à la barbarie communiste.

��Télévision. Sur Arte, le 18 septembre à 22 H30, La Lumière bleue de Leni Riefenstahl. - SurArte, le 27 septembre à 20 h 45, Le Jazzman duGoulag, qui retrace la vie d’Eddie Rosner, pre-mier jazz-man du monde communiste, devenu musi-cien d’Etat sous Staline avant d’être envoyé augoulag. - Sur Odyssée, le 27 octobre, troisheures sont consacrées à Pol Pot et au génocidecambodgien. - Les 9, 10 et 11 octobre, sur France3, série documentaire critique FrançoisMitterrand, le roman du pouvoir.

�� Présidé par Henry de Lesquen, le Club del’Horloge (4 rue de Stockholm, 75008 Paris.Tel. : 01 42 94 14 14. [email protected]),le dernier «laboratoire d’idées» de la droiteidentitaire, organise du 20 au 22 octobre sa XVIe

université, Le Renouveau de la France, commentsortir du déclin.

� La bannière Ile-de-France de Terre et peuplevient de publier son programme annuel (ClaraFraimbois, 133 rue de Silly, 92100 BoulogneBillancourt).

� La Restauration Nationale, animée par Hilairede Crémiers, Guy Coutant de Saisseval et GuySteinbach, tiendra son premier congrès, sur lethème Vers l’intelligence politique, à Paris les7 et 8 octobre (BP 652-08, 75367 Paris cedex 08.Tel. : 01 44 92 82 82).

� Le site d’Unité radicale (nationalistes révolu-tionnaires) vient de faire peau neuve, avec désor-mais une mise à jour hebdomadaire : www.unite-radicale.com Il a également créé un webring(anneau) qui permet de se mettre en rapport avecles sites du même thème dans le monde entier.

��Toutes les pièces du récent procès de l’his-torien révisionniste britannique David Irving,accompagnées des réponses de cet historien àl’argumentaire qui lui a été opposé, figurent surle site : www.fpp.co.uk/trial/diary

� Yahoo.fr (et non.com) a passé un accord avecle moteur de recherches Inktomi de manière à ceque les résultats s’affichant ne renvoient passur des sites révisionnistes.

��La Librairie Heurtebise, qui vient de démana-ger (38 rue Sully, 21000 Dijon. Tel. : 03 80 6446 48), diffuse également ses catalogues delivres d’occasion par Internet. Contact : fran-ç[email protected]

� D’une superficie de 5 00 m2, l’unique jardinmédiéval de Paris ouvrira ses portes à la mi-sep-tembre aux abords du Musée de Cluny (Paris Ve).Il s’inspire de documents du Moyen Age, notammentles 13 arbres et 59 végétaux identifiés de lacélèbre tapisserie de la Dame à la licorne

�� Jusqu’au 2 octobre, remarquable expositionconsacrée à L’Histoire du calendrier à l’abbayede Noirlac (dans le Cher, à 5 km de Saint-Amand-Montrond. Tel. : 02 48 62 01 03).

� Deux belles expositions pour le troisième cen-tenaire du plus grand des jardiniers français,André Le Nôtre, dont la vision s’imposa àl’Europe : Le Nôtre et les jardins de Chantilly(jusqu’au 31 octobre) au domaine de Chantilly(Tel. : 03 44 62 62 62). La Grande perspective deSaint-Cloud, redécouverte d’un paysage, audomaine de Saint-Cloud (Tel. : 01 41 12 02 90).

� Budgétisée à 100 millions de $, Band ofBrothers sera la nouvelle série télévisée de StevenSpielberg. Le film raconte l’«épopée» du 506e régi-ment de parachutistes américains qui s’empara du«nid d’aigle» d’Adolf Hitler à Berchtesgaden. Lecinéaste ne décolère pas depuis l’interdiction quilui a été faite par l’Etat de Bavière de tournerles scènes in situ. Il s’est rabattu sur l’Oberlandbernois où le fameux Kehlstein sera inséré dansl’image à l’aide de trucages.

��Datant du début de l’âge du fer, les ruines duplus ancien temple païen connu en Suède, récem-ment découvert, viennent d’être ouvertes aupublic à Vasterhaninge (25 km de Stockholm).

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POLITIQUEMENTINCORRECT

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� «Les femmes non accompagnées de leur mari ontle droit de se déplacer dans un rayon de 81 kilo-mètres» indique la fatwa (jugement) prononcée parla Jamaa islamique du Land de Hesse, enAllemagne. Pourquoi 81 km? Il s’agit de la dis-tance estimée qu’une caravane dans le désert peutparcourir entre le lever et le coucher du soleil.

� Plusieurs grandes entreprises américaines ontarrêté de subventionner la principale associationde scoutisme américain, depuis qu’elle a obtenude la justice qu’un homosexuel ne puisse occuperdes postes de responsabilité ou d’encadrementdans les troupes.

� Nous avions informé (F&D 94) de la sortie immi-nente d’U-571, film américain racontant l’arrai-sonnement d’un sous-marin allemand par la marineaméricaine, alors même que l’histoire apprend quece sous-marin (le seul capturé avec une machine decryptage/décryptage Enigma en état de fonctionne-ment) fut capturé par la marine britannique en1941, avant l’entrée des Etats-Unis dans la guerre.Cette «entorse» à l’histoire est tout à fait nor-male pour son producteur, Dino de Laurentis : «Jen’aurai pas eu 80 millions de dollars au box officeavec un film anglais […] Le public américain sefout de savoir si la vraie histoire était anglaiseou américaine. Il aime, c’est tout […] Pour êtrefranc, je n’avais pas vraiment réalisé que c’étaitles Anglais qui avaient pris le sous-marin alle-mand (Libération, 6 septembre).»

� Six Tanzaniens de la région de Ruvuma ont étéarrêtés début septembre pour cannibalisme sur unenfant enterré la semaine précédente. Ayant saisiplusieurs cadavres découpés, des chaussures enpeau humaine, des scalps et des crânes, l’enquêtea permis de démontrer que cette pratique sur descadavres concernait un grand nombre d’habitantsde la région.

� A Witbank, près du Cap (Afrique du Sud), cesont cinq sorciers qui ont été arrêtés pour enavoir tué un sixième et avoir notamment coupé sestesticules pour en faire un médicament tradi-tionnel. Dès que leur arrestation a été connue,plus de 300 Africains armés de coupe-coupe, dehaches et de fusils, ont manifesté en leurfaveur, avertissant par avance qu’ils provoque-raient des émeutes s’ils n’étaient pas acquittés.Le jugement doit être rendu le 15 septembre.

� Participant à ce qui est sans doute la plusgrande croisière homosexuelle en Méditerranée,800 gays américains, qui avaient débarqué à Ephèsele 7 septembre, se sont vus fermement prié, parla police turque, de rembarquer sur leur navire.Ce qui a évidemment provoqué une protestationofficielle du département d’Etat américain.

� Irvin Borowsky, un imprimeur juif richissime dePhiladelphie, vient d’imprimer un NouveauTestament d’où sont exclus tous les passages cri-tiques contre les Juifs, en particulier leur res-ponsabilité dans les souffrances et la crucifixiondu Christ. Plusieurs chaînes d’hôtels ont déjàdécidé de placer celles-ci dans leurs chambres.

��Le nouveau rapport de l’Académie royale d’his-toire d’Espagne s’inquiète de l’évolution desmanuels d’histoire dans les 17 régions autonomes,dans lesquels le mot «Espagne» a pratiquementdisparu. C’est ainsi qu’en Galice, l’ouvrage com-prend très exactement 22 lignes sur la SecondeRépublique, la Guerre civile et le gouvernorat dugénéral Franco contre 22 pages sur les change-ments en Galice durant la même période.

� Dans le n° du 31 août du Nouvel observateur,le romancier Michel Houellebecq n’hésite pas àévoquer, dans le domaine de l’édition, les «dis-positions aussi évidemment scélérates que leslois Evin et Gayssot [et] l’état effarant de lajurisprudence dans ce pays».

��Le ministère canadien de la Santé a décidé derefuser les dons de sang ou de plasma de toutepersonne ayant séjourné plus de six mois enFrance entre 1980 et 1996 afin de prévenir lesrisques de transmission de la variante humaine dela maladie de Creutzfeld-Jacob.

��Les fonctionnaires européens ne donnent pasl’exemple : alors que Bruxelles compte plusieursmilliers de fonctionnaires étrangers, moins de150 sont inscrits sur les listes électorales.

��Signé par Bill Clinton, le 18 août dans la plusgrande discrétion, l’Executive order 13166 (uneprérogative présidentielle), institue officiel-lement les Etat-Unis comme pays multilingue. Lefait de ne pas parler l’anglais est désormaisprotégé comme un droit civique.

� Pourquoi se gêner (extrait du Télégramme deBrest, 28 août)?

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