Faire carrière dans les sciences de la vie

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Faire carrière dans les sciences de la vie PORTRAITS DE DIX CHERCHEUSES ET CHERCHEURS

description

La brochure «Faire carrière dans les sciences de la vie» avec les vidéos correspondants propose un aperçu fascinant du monde des sciences de la vie. Dix biographies (cinq femmes et cinq homes de différentes regions de Suisse) sont présentées, de l'étudiant en biologie à la fondatrice d'une enterprise operant à l'échelle internationale, en passant par la professeur de chimie.

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Faire carrière dansles sciences de la vie

P OR TR A IT S DE DIX CHER CHEUSES E T CHER CHEUR S

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InterpharmaAssociation des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherchePetersgraben 35Case postale CH-4003 BâleTél. +41 (0)61 264 34 00E-mail [email protected]

www.interpharma.ch

Rédaction: Janine Hermann (Interpharma), Adrian Heuss (advocacy ag)Graphisme: Continue AG, BâleTraduction: Sophie Neuberg (Wortlabor)

Remerciements

Nous souhaitons remercier sincèrement toutes les personnes ayant contribué au succès de ce projet. Nous sommes tout particulièrement reconnaissants à Martine Clozel, Caroline Kant, Debora Keller, Isabelle Schubert, Helma Wennemers, Markus Affolter, Livio Baselgia, Alex Matter, Alexander Mayweg et Luca Piali.

Remarque didactique

Cette brochure peut être utilisée de différentes manières et tient compte de la liberté de méthode de l’enseignant(e). Une utilisation modulaire est possible, par exemple à l’occasion de l’orientation professionnelle ou lors d’une semaine de projet.

Ce support pédagogique s’accompagne d’un DVD qui peut être utilisé en classe par l’enseignant(e). Les visuels correspondent aux différents portraits contenus dans la brochure.

Vous trouverez en annexe des idées pour des séquences de cours, un quiz, ainsi que des liens Internet permettant d’approfondir la thématique. Les termes techniques utilisés dans les portraits et imprimés en italique sont expliqués en termes simples dans le glossaire se trouvant à la fin du support pédagogique.

© Interpharma, Bâle, Septembre 2009

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2 Helma Wennemers est professeur de chimie à l’Université de Bâle. «En tant que chimiste, je peux être créative et créer des combinaisons qui ne se trouvent pas dans la nature.»

4 Martine Clozel est cofondatrice de l’entreprise de biotechnologie Actelion. «Pour moi, la recherche médicale est ce qu’il y a de plus passionnant au monde.»

6 Markus Affolterest professeur de biologie cellulaire à l’Université de Bâle. «Tous mes étudiants et doctorants ont trouvé un emploi.»

8 Luca Pialiest chef de l’immunologie préclinique chez Actelion. «Mes parents étaient issus d’un milieu pauvre. Ils étaient conscients du fait qu’une bonne formation peut permettre d’accéder à de meilleures conditions de vie.»

10 Alexander Maywegest chef de groupe de recherche chez Roche. Son mot d’ordre: «Work hard, play hard.»

12 Livio Baselgiaest étudiant en biologie à l’EPF de Zurich. «Plus on avance dans les études, plus c’est intéressant.»

14 Les superstars suisses de la recherche

16 Debora Kellerest doctorante dans la recherche sur le cancer à Lausanne. «Ce qui est super dans un doctorat, c’est l’indépendance.»

18 Caroline Kanttravaille chez Merck Serono dans le domaine du Know ledge Management. «Ce qui me fascine le plus, c’est la biologie dans toute sa complexité.»

20 Isabelle Schuberttravaille comme conseil en brevets chez Novartis. «Je ne connais pas de conseils en brevets qui n’ado-rent pas leur métier.»

22 Alex Matterdirige l’entreprise Experimental Therapeutics Centre à Singapour. «Je ne connais pas l’ennui!»

24 Matériel d’information et exercices

28 Glossaire

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HeLM A WeNNeMeR S Professeur de chimie, université de Bâle

«La recherche,c’est passionnant»Quand quelqu’un demande à Helma Wennemers ce qu’elle fait comme métier et qu’elle répond: «J’enseigne la chimie à l’université», beaucoup de gens sont surpris. Bien souvent, on lui dit: «on ne le dirait pas.»Il semble que pour certains, Helma Wennemers ne ressemble pas à l’image qu’ils ont d’un professeur de chimie. Il est grand temps de balayer les idées préconçues!

Helma Wennemers a fait ses études de chimie à Francfort, sa thèse de doctorat à New York et, pendant deux ans, elle a fait de la recherche à Nagoya, au Japon. «Découvrir la culture japonaise a été une expérience fascinante. La chimie est par-tout pareille dans le monde, mais les cultures sont très diffé-rentes.» Depuis dix ans, elle travaille à l’Université de Bâle dans le domaine de la chimie peptidique. Depuis qu’elle fait de la recherche, elle a remporté de nombreux prix, dont une chaire de professeur patronnée par l’entreprise Bachem. Lorsqu’elle parle de son métier, on sent son enthousiasme:«La recherche, c’est passionnant», dit-elle.

Helma Wennemers se dit «lente au démarrage» et «anti-lève-tôt»: lente au démarrage, parce qu’elle n’a commencé à s’inté-resser vraiment à la chimie qu’à l’âge de 19 ans. «A l’école, mes profs de chimie n’étaient pas très convaincants, malheu-reusement.» Anti-lève-tôt, parce qu’elle préfère commencer ses cours à 10 heures du matin plutôt qu’à 8 heures. «C’est mieux pour moi et pour les étudiants», dit-elle en riant. Par

contre, elle reste souvent tard le soir dans son bureau, quand toutes les autres lumières sont éteintes depuis longtemps. Son partenaire est lui aussi chercheur, il habite à Tübingen.

«Madame Wennemers, pourquoi avez-vous choisila chimie?»«Pour mieux comprendre la nature. Les chimistes pensent au niveau de la molécule, ce qui leur permet d’approfondir leur compréhension de la nature plus que dans toute autre science. Et comme les chimistes sont capables de créer des liaisons qui n’existent pas dans la nature, ils ont une grande gamme de créativité.»

«Quels sont les avantages du travail à l’université?»«Les chercheurs des universités sont très libres de mettreen place et de poursuivre leurs propres projets de recherche. En tant que professeur, je peux choisir mes projets librement. Mais plus de liberté, cela signifi e aussi plus de responsabilité.»

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Que peuvent faire les scienti-fi ques une fois leurs études achevées?

Industrie pharmaceutique et biotechnolo-gique: nombre de chimistes et de biologistes travaillent après leurs études ou leur thèse de doctorat dans l’industrie, dans de grandes entreprises telles que Novartis et Roche, mais aussi dans de petites et moyennes entreprises.

Chimie: l’industrie chimique suisse aurait chaque année environ 240 emplois qualifi és à pourvoir par des chimistes. Mais seuls 210 chimistes quittent chaque année une haute école.

Chaire de professeur: les doctorantspeuvent rester à l’université et s’efforcer d’accéder à une chaire de professeur.

enseignement: après avoir suivi une forma-tion pédagogique complémentaire corre-spondante, les scientifi ques peuvent enseig-ner au collège.

Conseil: les entreprises de conseil telles qu’Accenture, Boston Consulting Group ou McKinsey, etc., sont souvent à la recherche de scientifi ques dont elles apprécient la clarté de raisonnement.

Start-up: les diplômés peuvent aussi fonder leur propre entreprise, une start-up (voirportrait en page 4). Pour ce faire, il faut avoir une bonne idée, mais aussi bien sûr l’esprit d’entreprise.

Médias: on peut suivre une formation com-plémentaire dans le domaine des médias pour travailler à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.

Médecine légale/chimiste cantonal: dans les laboratoires de médecine légale, on a besoin de chimistes (comme dans «CSI»). De même, les laboratoires cantonaux, respons-ables entre autres du contrôle des denrées alimentaires, cherchent souvent de bons chi-mistes (chimistes cantonaux).

«Pourriez-vous décrire votre travail?»«C’est très varié: je dirige une équipe comprenant actuelle-ment 14 collaborateurs, je discute avec eux des résultats de recherche, je donne des cours, je fais des exposés sur nostravaux de recherche lors de congrès, je rédige des publica-tions, je cherche des subventions pour la recherche, sans oublier que je m’occupe des scientifi ques étrangers qui vien-nent à l’Université de Bâle présenter leurs travaux.»

«Pourquoi faire des études de chimie?»«Pour mieux comprendre la nature et épanouir sa créativité. Une particularité des études de chimie est le mélange de théo-rie et de pratique. Ce que l’on apprend en théorie, on peut immédiatement le mettre en pratique dans des exercices.»

«Quelles sont les qualités requises pour faire des étudesde chimie?»«D’une manière générale, nous commençons à zéro. Mais ensuite, on avance rapidement. Plusieurs qualités sont utiles: l’enthousiasme pour cette matière et la volonté de supporter parfois des périodes diffi ciles. Mais surtout, il faut savoir tra-vailler de manière autonome ou apprendre rapidement à le faire. Lorsqu’on fait ses études, il n’y a plus d’enseignant qui donne des devoirs à faire et qui les corrige. Chacun doit savoir lui-même s’il a tout bien compris.»

«Dans les sciences naturelles, les femmes professeur font l’exception. est-il diffi cile pour une femme de travailler dans la recherche?»«Cela ne m’a jamais posé de problèmes. Lorsque j’ai fait ma thèse de doctorat à New York, au début, j’étais la seule femme dans le laboratoire. Au bout de quelques semaines, mes collè-gues masculins sont venus me voir et m’on dit que le ton s’était amélioré depuis que j’étais là, plus amical, moins grossier qu’avant.»

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Martine Clozel a découvert très tôt sa prédilection pour la recherche: sa mère était physicienne et avait travaillé en tant que chercheuse dans le laboratoire de Marie Curie (lauréate du Prix Nobel), son père était mathématicien. Les parents ont encouragé leurs enfants dès le plus jeune âge dans leur instinct de découverte. Petite fi lle, Martine Clozel adorait se creuser la tête sur des énigmes mathématiques. Plus tard, elle a fait des études de médecine.

«Madame Clozel, comment avez-vous rencontré votre mari?»«Pendant ma première année d’études à l’Université de Nancy, j’assistais le samedi à des cours facultatifs de biolo-gie. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les étudiants en médecine ne se bousculaient pas pour assister à ce cours et que le grand amphithéâtre n’était donc pas très plein. Mais moi, je ne voulais pas seulement bosser la médecine, mais aussi comprendre les mécanismes biologiques qui se dissi-mulent derrière une maladie. L’un des rares étudiants à assis-ter également à ce cours du samedi était Jean-Paul, qui est devenu mon mari.»

«Dans quel domaine vous êtes-vous spécialisée aprèsvos études?»«En pédiatrie, et plus tard, plus particulièrement en néonata-logie, c’est-à-dire les soins aux prématurés. Lorsque j’ai com-mencé en néonatalogie, ce domaine avait un horizon médical encore très limité. On commençait par exemple tout juste à appliquer en soins intensifs les nouvelles connaissances sur la manière de pratiquer la respiration et l’alimentation artifi -cielles des prématurés.»

Au service de néonatalogie, Martine Clozel participa à la nais-sance de quintuplés, trois fi lles et deux garçons. C’est elle qui fut responsable de leur réanimation dans les premiers jours de leur vie, et son équipe fi t du bon travail: ce fut la première

«Quel autre métier offre une chance pareille?»

fois en France que des quintuplés furent tous sauvés. Une nouvelle qui fi t bien sûr la une de nombreux journaux français.

Aujourd’hui encore, Martine Clozel a une relation particulière avec les enfants. C’est elle qui s’est occupée de ce que cer-tains médicaments distribués par Actelion soient élaborés également pour les enfants. Nombre de médicaments que l’on donne aujourd’hui aux enfants n’ont pas de formulation spéci-fi que adaptée aux petits enfants, parce que les essais n’ont été réalisés que sur des adultes.

A partir de 1987, elle a travaillé chez Roche et a été l’une des premières scientifi ques à faire de la recherche sur l’endothé-line, un petit peptide présent dans la paroi des vaisseauxsanguins. Ces recherches ont débouché sur la découverte d’un principe actif appelé «bosentan». Six mois après la fon-dation d’Actelion, l’entreprise put reprendre le bosentan de Roche et en poursuivre son élaboration jusqu’à la mise sur le marché. Pour Martine Clozel, il s’agit en quelque sorte de son quatrième enfant, en plus des trois qu’elle a mis au monde.

Nombre de personnes rêvent de créer leur propre entreprise et de la mener au succès. Avec son mari et quelques autres personnes, Martine Clozel a réalisé ce rêve. Dans leur entreprise fondée en 1997, prèsde 2000 personnes originaires de 42 pays développent et commercialisent aujourd’hui des médicamentscontre l’hypertension pulmonaire ou la maladie de Gaucher. Ils travaillent actuellement sur d’autresindications, telles que l’insomnie, la fi brose pulmonaire, la fi brose kystique ou la sclérose en plaques.

une journée de Martine Clozel

«Je vais volontiers au travail tous les jours et rejoindre une équipe pour faire un travail aussi passionnant. Chez Actelion, je dirige l’un des trois domaines de recherche. Mon rôle est de vérifi er les résultats des travaux de recherche et de voir s’il y a une molécule qui pourrait donner naissance à un médica-ment. Une question essentielle est celle de l’innocuité et de l’effi cacité d’une nouvelle substance. De temps en temps, je vais à des conférences scientifi ques pour trouver de nouvelles idées.»

M A R tINe CLoZeL Chief Scientifi c offi cer, Actelion

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«Chez Roche, vous aviez un emploi stable. Pourquoi avoir pris le risque de créer votre propre entreprise?»«Nous voulions saisir cette chance unique. Nous étions convaincus que ‹notre› molécule pourrait donner naissance à un médicament pour des maladies en manque de traitement. Mais nous savions aussi que ce serait diffi cile, car pour réus-sir avec une entreprise de sciences de la vie, il faut non seule-ment s’y connaître dans la recherche, mais aussi dans toute une gamme d’autres domaines, jusqu’à l’inscription au registre. En informatique, on peut peut-être créer son entre-prise et réussir jeune, mais dans les sciences de la vie, c’est plus diffi cile.»

«Qu’est-ce qui vous fascine dans la recherche médicale?» «Pour moi, c’est ce qu’il y a de plus passionnant au monde. Nous prenons des chemins que personne n’a pris avant nous et nous pouvons contribuer à améliorer la vie de nombreuses personnes. Quel autre métier offre une chance pareille? Lorsque nous avons mis notre premier médicament sur le marché, les premiers patients nous ont envoyé des témoi-

gnages. Un enfant nous a écrit: ‹Grâce à votre médicament , ma mère a pu m’emmener pour la première fois en promenade et faire du shopping.› De nombreux patients nous ont écrit qu’ils pouvaient à nouveau mener une vie presque normale. Ce sont les histoires qui nous donnent des forces, même si, parfois, ça ne marche pas comme nous le voudrions.»

Martine Clozel

• Née en 1955• Etudes de médecine à l’Université de

Nancy• Professeur assistante en néonatalogie et

soins intensifs, 1984• Chercheuse chez Roche, 1987• Cofondatrice d’Actelion, 1997• Aujourd’hui Chief Scientifi c Offi cer

(cheffe scientifi que)

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M A RKuS A ffoLteR Professeur de biologie cellulaire, université de Bâle

Lorsque Markus Affolter, aujourd’hui âgé de 50 ans, rencontra sa femme Pascale pour la première fois, elle lui demanda quel était son but dans la vie. Il lui expliqua qu’il voulait par exemple découvrir pour-quoi le nez pousse toujours au milieu de la figure. Il voulait comprendre comment une information linéaire, l’information génétique se trouvant sur un brin d’ADN, devient une forme tridimensionnelle.

«Je veux passionner les étudiants»

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«Vous êtes aujourd’hui professeur de biologie cellulaire. Que fait actuellement votre groupe de travail?»«Nous nous occupons par exemple de la question de la nais-sance des vaisseaux. Lorsque des vaisseaux poussent, des forces sont en jeu. Soit ce sont les cellules de l’arrière qui poussent celles se trouvant au début du vaisseau, soit ce sont celles de l’avant qui tirent celles de l’arrière. On peut donc se demander: est-ce que ça pousse ou est-ce que ça tire? Nous faisons diverses expériences pour essayer d’en trouver la réponse.»

«Vous utilisez à cet effet une technique appelée ‹Life ima-ging›. De quoi s’agit-il?»«Il s’agit d’une technique qui permet d’observer dans un orga-nisme vivant comment quelque chose naît et grandit. Par des expériences, nous pouvons collecter des faits, mais un film est plus révélateur. C’est comme une énigme policière. On peut avoir des indices qui permettent de soupçonner le cou-pable. Mais si je trouve un film sur lequel je vois nettement le crime, j’ai vraiment une preuve.»

«Quels sont vos passe-temps?»«J’aime faire de la voile. Parfois, j’associe la voile au travail: ma conférence préférée porte sur la drosophile, la mouche du vinaigre, elle a lieu tous les deux ans en Crète, à Kolymbari. J’y suis déjà allé plusieurs fois à la voile avec des amis en partant de la Grèce. Sur le bateau, de nouvelles idées me viennent.»

Aujourd’hui, il dit que sa réponse n’avait à l’époque pas telle-ment impressionné sa femme, pourtant, ils sont mariés depuis plus de vingt ans et ont deux enfants. Sa femme travaille comme experte fiscale, il est professeur de biologie cellulaire à l’Université de Bâle et ce sont toujours les mêmes questions qui le fascinent.

«où êtes-vous allé à l’école?»«Je suis allé à l’école cantonale d’Aarau. On y raconte toujours aux élèves qu’Albert Einstein était allé à cette école. Cela m’a impressionné, je me sentais privilégié et je me disais: je vais en faire quelque chose.»

«Quel a été le rôle des enseignants dans votre choix profes-sionnel?»«Très important. L’une des raisons pour lesquelles j’ai fait des études de biologie plutôt que de chimie ou de physique était le super-prof de biologie que j’avais au collège. Aujourd’hui, en tant que professeur d’université, j’essaye à mon tour d’être un bon enseignant. Je m’efforce toujours de donner des cours intéressants. Cela demande beaucoup de préparation, mais le jeu en vaut la chandelle si je parviens à passionner les étu-diants pour une discipline.»

«on manque actuellement de relève scientifique en Suisse. Pensez-vous que le manque de modèles en est la cause?»«C’est certainement un aspect important. Dans le sport, on connaît beaucoup de célébrités, Roger Federer ou bon nombre de joueurs de foot. Les enfants et les adolescents peuvent facilement se dire: c’est ce que je veux faire aussi. Dans les sciences naturelles, il y a aussi des modèles, mais ils sont moins connus du grand public.»

«où avez-vous fait vos études?»«J’ai d’abord fait deux ans d’études de biologie à l’EPF de Zurich, puis je suis parti au Canada. A l’époque, j’avais une copine canadienne,qui faisait des études de médecine den-taire, elle ne pouvait donc pas facilement quitter son pays, j’ai décidé d’aller la rejoindre. Au Canada, j’ai fait mon Master et mon doctorat. L’université où je suis allé n’était peut-être pas la plus réputée, mais j’étais très enthousiaste, les professeurs appréciaient cela et m’ont encouragé. Si on donne de son temps, on en reçoit en retour.»

«où êtes-vous allé, votre titre de docteur en poche?»«J’étais fasciné par les travaux de recherche de Walter Gehring, qui enseignait à l’époque à Bâle. Je voulais à tout prix travailler dans son laboratoire. J’ai d’abord essuyé un refus, mais j’ai tout de même insisté et finalement, j’ai obtenu un poste. C’est d’ailleurs un conseil que je donnerais à tout jeune chercheur enthousiaste: si on sait vraiment ce qu’on veut et où on veut aller, il ne faut pas se décourager.»

De bonnes perspectives

«Quelles sont les qualités requises pour une carrière scientifique?»«Il faut bien sûr avoir du talent, mais pas seulement. On peut aussi aller loin en étant travailleur. Il faut trouver ce que l’on sait bien faire. Certains chercheurs sont forts dans la planification d’expériences, d’autres dans la réalisation et l’analyse.»

«Quelles sont les perspectives avec un diplôme ou un titre de docteur en biologie en poche?»«Tous mes étudiants et doctorants ont trouvé un emploi. En Suisse, les offres sont beaucoup plus variées que beaucoup de gens ne pensent.»

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«Monsieur Piali, d’où vient votre enthousiasme pour labiologie?»«Il faut que je revienne un peu en arrière. Au milieu des années 50, mes parents ont quitté l’Italie du Nord et ont émi-gré en Suisse. Ils ont trouvé un nouveau domicile chez une veuve – une dame très cultivée, qui habitait dans une villa comprenant une vaste bibliothèque dans le quartier de Bru-derholz à Bâle. Mon père travaillait comme jardinier et ma mère comme employée de maison. C’est dans le jardin de la villa que j’ai fait mes premiers pas vers la biologie, j’ai étudié la mare à poissons, observé les oiseaux, retourné les pierres. Ce jardin a été à la base de ma carrière. J’ai pu y entraîner ce qu’il y a de plus important pour un chercheur: la curiosité.

Mais à Bruderholz, j’ai aussi découvert autre chose: l’ambition. Pour la veuve, il était très important que ses petits-enfants fassent un jour des études. Cela a réveillé mon ambition et, aujourd’hui, mon frère et moi avons tous les deux un titre de docteur.»

«Vos parents vous ont-ils encouragé?»«Mes parents étaient issus d’un milieu pauvre. Aujourd’hui, on dirait ‹des classes sociales à l’écart de la formation›. Mais ils se sont vite adaptés aux nouvelles conditions de vie en Suisse, ils ont appris par exemple l’allemand en l’espace de quelques mois. Mes parents ont toujours travaillé dur et c’est aussi ce qu’ils attendaient de leurs enfants. Ils ne m’ont ni poussé à faire des études ni freiné. L’important pour eux était surtout que nous ayons un jour de meilleures conditions de vie qu’eux. Ils étaient conscients du fait qu’une bonne forma-tion peut permettre d’atteindre ce but.»

«Lorsque vous aviez 16 ans, votre mère a contracté une maladie auto-immune rare. en quoi cet événement vous a-t-il infl uencé?»«Cela m’a bien sûr fortement infl uencé. Je me suis renseigné sur la maladie de ma mère, ce qui m’a amené à l’immunologie, parce que les maladies auto-immunes viennent de ce que le système immunitaire de la personne ne fonctionne plus cor-rectement et se retourne contre son propre organisme. Chez

Normalement, Luca Piali ne grimpe pas aux arbres. Mais cet arbre a une signifi cation particulière.Il se trouve dans le jardin où Luca Piali a passé son enfance, et ce jardin est à la source de sa carrière:il a éveillé sa curiosité et son ambition.

«Comment empêcher les souffrances?»

Lu CA PI A LI Chef de l’immunologie préclinique, Actelion

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Luca Piali

• Né en 1966• Etudes de biologie à l’Université de Bâle• Thèse de doctorat à l’Institut bâlois

d’immunologie, 1990-1995• Postdoc à l’Institut Theodor Kocher à

Berne, 1995-1998• Postdoc et chef de projet à l’Hôpital des

enfants de Bâle, 1998-2004• Aujourd’hui: chef de l’immunologie

préclinique chez Actelion

«un autre événement clé dans votre vie a été la naissance de votre fi ls Alex.»«Alex est né en 2001, atteint de trisomie 21 et d’une affection cardiaque. Plus tard, les médecins ont aussi diagnostiqué une hypertension pulmonaire. L’ironie du sort est que mon fi ls a besoin justement du médicament fabriqué par Actelion, mon employeur.

Il y a cinq ans, les médecins m’ont dit que mon fi ls n’avait plus qu’un an à vivre au maximum. A certaines périodes, sa viene tenait plus qu’à un fi l. Il a maintenant 8 ans. Grâce auxnouveaux médicaments, son prognostic s’est nettement amé-lioré. Cette expérience me prouve que la recherche et les médicaments peuvent améliorer la vie de personnes grave-ment malades. Mon objectif professionnel est d’élaborer des médicaments en mesure d’éviter de terribles souffrances aux personnes touchées et à leur famille.»

ma mère, c’est surtout le foie qui était touché, et elle est morte à l’âge de 50 ans. Quant à moi, l’immunologie ne m’a plus quitté et elle me fascine aujourd’hui encore tous les jours. J’ai fait ma thèse de doctorat dans le domaine de l’im-munologie et, aujourd’hui, je dirige l’immunologie préclinique chez Actelion. La longue maladie et le décès de ma mère m’ont aussi conduit à me poser la question: comment empê-cher de telles souffrances?»

«Pour répondre à cette question, vous auriez mieux fait de faire des études de médecine plutôt que de biologie.»«C’est vrai, mais je n’y ai pas sérieusement réfl échi, parce que la médecine travaille à mon goût trop souvent sur des proba-bilités. Ce n’est pas mon truc. En biologie, on est plus précis. Mais le travail sur des questions cliniques a toujours été important pour moi, c’est pour cela que j’ai travaillé plusieurs années à l’Hôpital des enfants de Bâle. Dans mon travail actuel, le futur patient est aussi au premier plan.»

Les sciences naturelles: des perspectives pour tous

Luca Piali est convaincu que les sciences naturelles offrent à tous de bonnes per-spectives, indépendamment des origines sociales (p. ex. pour les «secondos»). Dans les sciences naturelles, il n’est pas si important d’avoir des relations, ce sont les performances qui comptent le plus. Combien de bonnes publications la per-

sonne a-t-elle publiées? Combien de prix le chercheur a-t-il remportés? Quelle est sa réputation dans la communauté sci-entifi que? Par conséquent, Luca Piali pense que les chances de carrière sont plus objectives et ne dépendent pas d’un coup de pouce du milieu familial ou d’un coup de frein de cercles mieux situés.

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un jour, petit garçon, Alexander Mayweg était au lit, malade. Le médecin vint, l’examina et lui pres-crivit des antibiotiques. Peu après, il était guéri.Sa curiosité était éveillée. «Comment fonctionnent ces médicaments?» se demandait-il. Dès lors, il sut ce qu’il voulait faire plus tard: médecin.

A Le x A NDeR M AY WeG Chef de groupe de recherche, Roche

«Work hard, play hard»

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Quelles études choisir?

«Le choix des études est très important pour l’avenir, il ne faut pas se décider à la légère», explique Alexander Mayweg. Il conseille aux jeunes de bien se renseigner et de regarder par exemple les manuels sur lesquels ils tra-vailleront quotidiennement s’ils choisissent cette discipline. Si l’on n’y trouve que des choses qui semblent rébarbatives, il vaut peut-être mieux réviser sa décision. Un stage est le meilleur moyen de se faire une idée.

Alexander Mayweg a aujourd’hui 33 ans et cette curiosité ne l’a pas quitté. Il n’est fi nalement pas devenu médecin, mais chimiste. Chez Roche, il a pour mission d’élaborer de nou-veaux médicaments contre le diabète. Un travail qui repré-sente pour lui un immense défi et qui le remplit de fi erté: «Dans le meilleur des cas, je peux développer un médicament qui pourra venir en aide à des millions de personnes.»

Alexander Mayweg a parcouru le monde: il a passé son enfance en Allemagne, aux Etats-Unis et en Asie, et a travaillé en Angleterre et aux Etats-Unis. Il est marié et a deux jeunes enfants; il a de nombreux passe-temps, par exemple la plon-gée qu’il pratique en Sicile ou aux Maldives. Son mot d’ordre: «Work hard, play hard».

«Monsieur Mayweg, quelles étaient vos matières préférées à l’école?»«Tout petit déjà, je m’intéressais à beaucoup de choses comme par exemple à l’Egypte ancienne ou aux langues, mais surtout à la technique. Par exemple, j’ai joué avec les tout pre-miers ordinateurs Apple qui ont été mis sur le marché, j’es-sayais d’installer de nouveaux programmes. A l’époque, c’était toute une affaire, ça ne se faisait pas en cliquant simplement avec la souris. Une fois, par erreur, j’ai effacé tout le disque dur de l’ordinateur de mon père…»

«Pourquoi avez-vous choisi les études de chimie?» «La chimie est fascinante et elle est partout. Que ce soit l’écran d’un nouveau téléphone portable ou le gobelet en plas-tique d’une machine à café, tout renferme de la chimie. La chimie a énormément transformé le monde au cours des 100 dernières années. Pour moi, la chimie était la science la plus créative, la plus présente et la plus intéressante.»

«Qu’est-ce qui rend le métier de chimiste passionnant?»«La chimie couvre une palette très vaste: les chimistes peu-vent faire des recherches sur les médicaments, devenir managers dans le secteur des nanotechnologies ou découvrir de nouveaux processus pour protéger l’environnement. Les chimistes peuvent être très créatifs, ils peuvent créer des molécules qui n’existent pas encore. Il n’y a pas beaucoup de métiers qui offrent une telle créativité. Certains chimistes sont en quelque sorte des artistes: au lieu de construire des sculptures, ils construisent des molécules, les observent et les améliorent.»

«Vous avez fait vos études de chimie à Londres. est-ce que ça vous a plu?»«Les études à l’Imperial College étaient passionnantes. J’y ai appris les méthodes scientifi ques qui consistent à prouver une théorie à l’aide d’expériences et de faits. Les études de chimie m’ont donné les bases idéales pour mon emploi actuel dans l’industrie pharmaceutique, parce qu’elles me permettent de comprendre les bases de la médecine. A la fi n de la deuxième année d’études, j’ai eu la possibilité de pas-ser un an à l’étranger. J’ai pu faire un stage pratique dans un laboratoire pharmaceutique de Chicago et découvrir en même temps une grande ville américaine. C’est là que j’ai compris qu’avec beaucoup d’engagement et un peu de chance, je pourrais, dans le secteur pharmaceutique, faire quelque chose dont bénéfi cierait dans le meilleur des cas des millions d’individus.»

«Vous avez ensuite fait votre thèse de doctorat dans la célèbre ville universitaire d’oxford.»«Ce qui est formidable avec une thèse de doctorat, c’est qu’on peut approfondir un domaine de recherche et ce, un peu n’importe où dans le monde. Ce qui me fascinait à Oxford, c’était d’une part l’atmosphère intellectuelle et d’autre part la tradition. Par exemple, à l’entrée à l’université au premier semestre, nous devions tous porter de longues toges et jurer, entre autres, de ne jamais jouer avec des bou-gies dans la bibliothèque – comme le font les étudiants depuis des centaines d’années. Au début, on se sent un peu comme dans le monde de Harry Potter. Mais j’ai beaucoup aimé ce mélange de science de pointe et de traditions.»

Mon travail de chef de groupe de recherche chez Roche

«Mes journées sont très variées, je ne risque pas de m’ennuyer. En tant que chef d’une équipe de projet, j’ai actuellement pour mission avec mon équipe de trouver une molécule qui stoppe une certaine pro-téine dans l’organisme. Je suis mes colla-

borateurs et discute avec eux des résul-tats des travaux de recherche. Nous avons beaucoup de réunions avec d’autres spé-cialistes et d’autres équipes de projet. Bien souvent, l’un de nous participe à une conférence en Europe, aux Etats-Unis ou

en Asie. Mon travail est international, et mes collaborateurs aussi: ils sont origi-naires d’Allemagne, de France, d’Angle-terre, mais aussi d’Asie, d’Inde ou de Chine.»

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«Comment les études de biologie se déroulent-ellesà l’ePf?»«Pendant les deux premières années d’études, il y a des cours de chimie, de mathématiques et de biologie. Il y a aussi des stages, par exemple en chimie organique, qui changent un peu du cursus. Ce qui m’a plu en première année, ce sont les excursions de botanique dans le Valais avec notre professeur de botanique et ses assistants. Nous avons fait plusieurs excursions pour observer la fl ore alpine. En même temps, cela permettait de mieux faire connaissance avec les autres étu-diants. J’ai également trouvé intéressant les cours complé-mentaires dans le domaine des sciences humaines, sociales et politiques comme par exemple un cours intitulé ‹Science, politique et opinion publique›.»

«et en 2e année?»«En 2e année, on continue la chimie et il y a en plus de la phy-sique et de la chimie physique. Dans certaines matières, par exemple en mathématiques ou en chimie physique, j’ai dû pas mal m’accrocher, mais ce sont des matières qui font partie de la formation d’un biologiste. En 2e année, c’est plus intéres-sant pour les biologistes, il y a des cours de biologie cellulaire, de biologie des populations et de l’évolution, de neurobiologie et d’écologie. A la fi n de la 1re et de la 2e année, il faut passer des quantités d’examens.»

«et après les deux premières années, la biologie prendle devant de la scène?»«Plus on avance dans les études, plus c’est intéressant. A partir de la 3e année, j’ai pu choisir moi-même une bonne par-tie de mes cours. Maintenant, j’ai des cours le lundi et le mardi matin; le reste du temps, ce sont des cours blocs de plusieurs semaines. Par exemple, j’ai suivi des cours de mycologie, de microbiologie alimentaire et d’immunologie. On peut même aller à des cours de médecine humaine, parce que les cours blocs sont en partie proposés en coopération avec l’Université de Zurich.»

«et après la 3e année, le Bachelor?»«Il y a des étudiants qui font une pause après le Bachelor. C’est assez pratique à ce moment-là. Pour ma part, j’ai décidé de faire mes études d’une traite pour ne pas perdre trop de temps. Je pourrai toujours voyager après mes études, par exemple faire un doctorat à l’étranger.»

Livio Baselgia a 24 ans, il est en 4e année d’études de biologie à l’ePf de Zurich. Il raconte ce que l’onpeut attendre des études de biologie, pourquoi il ne faut pas se laisser persuader de faire des étudeset ce qu’il fait de son temps libre à part jouer au poker.

«Comment se passent la 4e et la 5e année, le Master?»«En 4e année, on rend deux devoirs semestriels, qui se basent sur la participation à un groupe de recherche. A part ça, il y a divers cours que l’on peut choisir relativement librement. Je me suis concentré sur la biotechnologie des denrées alimen-taires. En 5e année, le mémoire de Master est au premier plan. Il a lieu sur six mois, également dans un groupe de recherche à l’EPF. A ce moment-là, on est déjà responsable d’un petit projet de recherche.»

«As-tu toujours voulu faire des études de biologie?»«Au départ, je m’étais inscrit à l’EPF en électrotechnique. Mais je savais que pendant les quatre premières semaines à l’EPF, on peut assez facilement changer de fi lière. Je suis allé aux cours d’électrotechnique et j’ai vite compris que c’était trop mathématique pour moi. Je savais déjà que, si l’électro-technique ne me plaisait pas, je prendrais la biologie, et je ne l’ai pas regretté.»

LI V Io BASeLGI A étudiant en biologie, ePf de Zurich

L’étudiant en biologie

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«Comment se passe la vie estudiantine?»«On est beaucoup plus autonome. Si mon réveil sonne trop tôt, que je n’ai pas envie de me lever et que je rate le cours, tout le monde s’en fi che. Bien sûr, cette liberté est tentante; à Zurich, il y a par exemple plein de fêtes pour les étudiants. Mais il faut être capable de mettre fi n à la fête et de passer au boulot. Pendant la préparation des examens, en été, nous avons beaucoup révisé, de 8 heures du matin à 6 heures du soir, cinq ou six jours par semaine. Parfois, les études, c’est réviser, réviser, réviser. Si on n’a pas envie de le faire, il vaut mieux ne pas faire d’études et ne pas se laisser infl uencer par ses copains ou ses parents.»

«est-ce que ce sont tes parents qui t’ont donné le goût des sciences naturelles?»«Pas vraiment. Mes parents sont tous les deux enseignants et ont suivi une formation complémentaire en pédagogie spécia-lisée. Quand j’ai raconté à mon cousin, qui avait fait ses études à l’EPF, que je m’intéressais à l’économie et au droit, il

m’a dit: ‹Tu pourras toujours reprendre une formation en éco-nomie ou en droit après tes études, par exemple en faisant un MBA à côté d’une activité professionnelle.› C’est pourquoi je me suis décidé pour les sciences naturelles.»

«fais-tu du sport?»«En hiver, je vais souvent le week-end dans les Grisons faire du snowboard. Ici, à Zurich, j’ai fondé avec des copains une équipe universitaire de hockey et nous participons à la com-pétition universitaire pour la troisième fois déjà – il faut que nous défendions notre titre de l’an passé! Une fois par semaine, avec des copains, nous organisons une soirée poker. J’écoute beaucoup de musique, surtout du rap et du reggae.»

L’étudiant en biologie

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1950

1975

1913

1937

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LeS SuPeR S tA R S SuIS SeS De L A ReCHeR CHe

emil Kocher | Prix Nobel de médecine, 1909Le Bernois Emil Kocher a été le premier chirurgien à se voir décer-ner un Prix Nobel. Il était spécialiste du traitement des blessures et utilisait à cet effet des solutions de chlore très dilué. En raison de son travail de formateur des médecins militaires, il se spécialisa en outre dans le traitement des blessures par armes à feu.

Alfred Werner (au centre) | Prix Nobel de chimie, 1913Il reçut le prix «pour ses travaux sur les liaisons des atomes dans les molécules». Il fut le premier chimiste anorganique à rempor-ter le Prix Nobel, et le seul jusqu’en 1973.

Paul Karrer | Prix Nobel de chimie, 1937Paul Karrer était un chimiste aussi brillant que productif, auteur au cours de sa carrière de chercheur de plus de 1000 publica-tions, principalement sur la structure et la fabrication des vita-mines. Lors de la remise des prix à Stockholm, il déclara dans son discours: «Sans paix, sans justice, sans poésie et sans science, la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue.»

Paul Müller | Prix Nobel de médecine, 1948Paul Müller était élève de l’Ecole primaire évangélique libre de Bâle, mais il dut la quitter en 1916 en raison de ses mauvaises notes. Ensuite, il travailla comme laborantin, entre autres auprès de l’entreprise Lonza. Paul Müller remporta le Prix Nobel pour la fabrication du DDT, un insecticide.

Walter Hess | Prix Nobel de médecine, 1949Il reçut le prix pour sa «découverte de l’organisation fonction-nelle du mésencéphale comme coordinateur des activités des organes internes». Il avait découvert que le diencéphale était le centre du système nerveux autonome (végétatif).

tadeus Reichstein |Prix Nobel de médecine, 1950Tadeus Reichstein était un chimiste suisse d’origine juive polonaise. En 1932, il découvrit une méthode permettant de fabriquer de grandes quantités de vitamine C. Il mourut en 1996, à l’âge de 99 ans.

Vladimir Prelog |Prix Nobel de chimie, 1975Vladimir Prelog acheva ses études en 1929, alors que le monde était en pleine crise économique. Il était content d’avoir trouvé un emploi dans l’industrie, mais il voulait revenir à la recherche et accepta donc un poste à l’Université de Zagreb. Lorsque les nazis occupèrent Zagreb en 1941, Vladimir Prelog et son épouse se réfu-gièrent à Zurich. Au cours des années qui suivirent, il poursuivit ses travaux de recherche, entre autres grâce au soutien financier de Ciba. A l’EPF de Zurich, sa carrière le mena jusqu’au poste de chef du Département de chimie organique.

Le Prix Nobel est la récompense la plus prestigieuse pour un chercheur, comparable à un oscar pour un acteur. La Suisse a un excellent palmarès de Prix Nobel, puisqu’elle en a déjà remporté 28. Notre petit pays compte donc au nombre des grandes nations de la recherche. en chimie et en médecine, la Suisse a déjà remporté respectivement 6 et 7 Prix Nobel.

Vladimir Prelog (à droite) et Leopold Ruzicka trinquent au Prix Nobel.

Leopold Ruzicka | Prix Nobel de chimie, 1939Leopold Ruzicka, chimiste d’origine croate, coopéra très étroite-ment avec l’industrie, d’une part avec différents parfumeurs de Genève, d’autre part avec des entreprises chimiques, telles que Ciba. Un autre lauréat du Prix Nobel, Tadeus Reichstein, fut formé dans son laboratoire.

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1992

1996

1978

2002

1991

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Werner Arber | Prix Nobel de médecine, 1978Comme Albert Einstein, Werner Arber fut élève à l’Ecole canto-nale d’Aarau. Il fit longtemps de la recherche à l’Université de Genève, plus tard à Bâle. Il découvrit ce que l’on appelle les enzymes de restriction. Sa fille Silvia est aujourd’hui elle aussi une chercheuse de talent.

Richard ernst | Prix Nobel de chimie, 1991A l’âge de 13 ans, Richard découvrit dans le grenier de sa mai-son à Winterthur une caisse remplie de produits chimiques. Il se mit à faire des expériences avec les produits chimiques, cau-sant parfois des explosions et une puanteur insupportable dans la maison. Ses parents n’étaient pas ravis. En revanche, ils furent certainement très heureux lorsque leur fils, des années plus tard, se vit décerner le prix Nobel de chimie pour le déve-loppement de la RMN (une méthode de spectroscopie).

Rolf Zinkernagel | Prix Nobel de médecine, 1996Petit garçon, Rolf Zinkernagel s’intéressait à la préhistoire de la région de Bâle, où il vivait, mais aussi à la manière de fabriquer des armoires. La recherche d’un emploi n’est pas toujours facile, même pour un brillant chercheur, c’est ce que prouve le fait que lui et sa femme Kathrin écrivirent après leur doctorat environ 50 lettres de candidature, mais n’essuyèrent que des refus. Finalement, ils partirent avec leurs enfants pour l’Australie. C’est là que Rolf Zinkernagel découvrit comment le système immunitaire recon-naît les cellules infectées par des virus.

Kurt Wüthrich | Prix Nobel de chimie, 2002Petit garçon, Kurt Wüthrich, originaire du Seeland, voulait devenir garde forestier. Finalement, il devint chimiste et il est le dernier chercheur suisse à avoir reçu un Prix Nobel. Il est skieur passionné.

Dernière question: qui sera le prochain lauréat suisse du Prix Nobel? Ou mieux encore: qui sera la première lauréate suisse du Prix Nobel de chimie ou de médecine?edmond fischer (à gauche) | Prix Nobel de médecine, 1992

Edmond Fischer naît à Shanghai, mais dès l’âge de 7 ans, ses parents l’envoient à l’internat au bord du lac Léman. A l’école, il prend avec son meilleur ami une décision pour la vie: l’un d’eux deviendrait chercheur, l’autre médecin. Les deux amis voulaient ainsi éliminer toutes les maladies de la terre. Edmond Fischer devint chimiste et dévoila plus tard le mystère de la phosphoryla-tion.

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«Je veux atteindre des

sommets»

Debora Keller est doctorante à l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (Isrec).A 26 ans, elle a déjà eu une vie bien remplie, a vécu treize ans en Afrique et appris plusieurs langues. elle raconte pourquoi elle veut à l’avenir continuer à travailler dans la recherche sur le cancer et pourquoi elle aime tant l’escalade.

DeB oR A K eLLeR Doctorante, Isrec/ePf de Lausanne

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«Quand j’étais petite, je voulais devenir pilote de jet de chasse. Malheureusement, ça n’a pas été possible, parce que ma vue n’était pas assez bonne. Maintenant, j’ai 26 ans, mais j’ai toujours des projets ambitieux. Pour ce qui est de mon passe-temps, l’escalade, je voudrais bientôt entreprendre une expédition du niveau de diffi culté 7a. Et en tant que cher-cheuse, j’aimerais dans quelques années diriger mon propre groupe de recherche. Pour le moment, j’en suis à ma première année de doctorat dans le domaine de la recherche sur le cancer.

Petite, je n’aurais pas pensé être un jour chercheuse dans le domaine du cancer. C’est un vœu professionnel qui m’est venu plus tard, au collège et à l’université, quand j’ai remarqué combien j’aime chercher et découvrir.

une enfance et une adolescence peu ordinairesDans mon enfance et mon adolescence, il y a eu beaucoup de changements. Ma mère est Allemande, mon père Français et Suisse. Comme ils étaient tous les deux missionnaires, nous voyagions beaucoup: nous avons vécu deux ans en France, puis treize ans en Afrique, au Niger; ensuite un an en Alle-magne, et enfi n dans le sud de la France, où j’ai commencé mes études. Depuis 2007, j’habite au bord du lac Léman. Quand j’aurai terminé ma thèse de doctorat, j’aurai vécu cinq ans au même endroit – pour moi, c’est presque sédentaire!

Il y a beaucoup de gens qui me demandent si tous ces voyages n’étaient pas stressants, mais pour moi, c’était bien comme ça. Ainsi, j’ai appris à m’adapter à différentes situations de vie, et cela peut m’être utile dans mon travail de scientifi que, qui a une orientation internationale. En plus, je parle français, allemand et anglais, et cela m’aide aussi à me faire une place dans un environnement international.

etudes de biotechnologie dans trois paysJ’ai suivi le cursus de biotechnologie de trois ans à l’Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg. Ces études se déroulent dans trois pays, aux Universités de Bâle, Fribourg, Karlsruhe et Strasbourg, et relient les domaines biologie,physique et technique. Pendant ces études, j’ai pu faire beau-coup d’expériences professionnelles pratiques. J’ai fait deux stages, l’un à Oxford – où j’ai commencé par m’acheter un parapluie –, l’autre à l’Institut suisse de recherche expérimen-tale sur le cancer, qui fait maintenant partie de l’EPF de Lau-sanne.

Pour mon mémoire de diplôme, lui aussi sur la recherche sur le cancer, j’ai passé huit mois à l’Université de Californie à San Francisco. C’était incroyable! Nous avions une équipe super, nous travaillions dur, mais nous prenions aussi le temps d’al-ler de temps en temps boire une bière dans notre pub préféré, le Fishbowl, ou d’organiser un tournoi de ping-pong à l’Insti-tut. Après cela, je savais qu’un jour, je voudrais diriger mon propre groupe de recherche.

Se changer les idées en faisant de l’escaladeet avec des amisIl n’y a pas que le laboratoire dans ma vie. Pour me changer les idées, je fais de l’escalade au moins une fois par semaine, en hiver en salle. En escalade, il est important d’avoir confi ance en soi, en ses propres capacités et en la personne qui t’assure. En faisant de l’escalade, j’ai découvert mes propres limites, mais aussi appris à les dépasser.

J’aime bien sortir avec des copines. Parfois, nous organisons une ‹soirée fi lles›, nous sortons manger quelque part et nous allons au cinéma. A Lausanne, il y a pas mal de choix pour les sorties. C’est important pour moi d’être avec mes copains.Je travaille beaucoup, le soir aussi, et parfois le samedi ou le dimanche, mais je ne veux surtout pas oublier mes copains pour autant. Ils sont beaucoup trop importants pour cela.»

un doctorat dans le domaine de la recherche sur le cancer. De quoi s’agit-il?

Normalement, un doctorat dure entre trois et quatre ans. Pendant ce temps, on peut se concentrer entièrement sur un problème précis. Debora Keller a choisi le sujet de sa thèse avec son directeur de thèse, le Professeur Pierre Gönczy: lors de la division cellulaire, l’in-formation génétique (l’ADN, sous forme de chromosomes) se dédouble et se répartit entre les deux cellules fi lles. Dans les cellules cancéreuses, ce pro-cessus extrêmement précis est per-turbé, de sorte que, bien souvent, des cellules renfermant trop ou trop peu de chromosomes se forment. Le groupe de recherche de Pierre Gönczy a découvert

une protéine appelée HsSAS-6, indis-pensable à la division cellulaire correcte, et les chercheurs s’efforcent de com-prendre comment celle-ci fonctionne.

«Ce qui est super dans une thèse de doctorat, c’est l’indépendance», dit Debora Keller. Pendant les études, on travaille aussi de manière indépendante, mais en tant que doctorante, elle a beaucoup plus de responsabilité pour son propre projet, explique-t-elle. «Quand j’aurai fi ni mon doctorat, jesaurai comment on aborde des ques-tions diffi ciles dans la recherche surle cancer.»

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Face à ce déluge d’informations, il est devenu impossible pour un chercheur d’avoir à l’œil toutes les données pertinentes à son domaine de compétence et de trouver «l’aiguille dans une botte de foin». La mission de Caroline Kant est de défi nir des stratégies et de développer des méthodes et des outils infor-matiques pour se retrouver dans ce labyrinthe d’informations. La Suissesse de 33 ans travaille pour Merck Serono à Genève dans le département de Knowledge Management, abrégé KM (cf. encadré: Qu’est-ce que le Knowledge Management?).

Caroline Kant a eu un parcours peu banal pour parvenir à son emploi actuel. Elle a grandi à Genève où elle a fait toute sa scolarité. A l’école primaire, elle a eu un jour l’opportunité de profi ter des compétences de son père chimiste et de la créati-vité de sa mère artiste pour fabriquer un volcan en papier mâché que l’on fi t sauter devant toute la classe. «Je fus natu-rellement la star du jour» raconte-t-elle avec un sourire. Dès lors, elle sut que son aspiration était de pouvoir allier des compétences scientifi ques et des aspirations créatives.

Internet donne accès à une multitude d’informa-tions dont le volume a explosé ces dernières années. Il en va de même dans le domaine scienti-fi que qui génère chaque jour de nouvelles connais-sances. un exemple: la banque de données interna-tionale «Medline», axée essentiellement sur la médecine et la biologie, publie en moyenne 2000 nouveaux articles par jour et contient au total plus de 18 millions de références scientifi ques.

CA R oLINe K A Nt Chercheuse en Knowledge Management, Merck Serono

Qu’est-ce que le Knowledge Management (KM)?

Sur la Toile, des moteurs de recherche, tels que Google, nous aident à garder une vue d’ensemble. Le KM fonctionne d’une manière similaire: Caroline Kant déve-loppe une sorte de «Google pour cher-cheurs», des moteurs de recherche qui ciblent les besoins des chercheurs.

Caroline Kant s’occupe du KM en Recherche et Développement chez Merck Serono. Dans ce contexte, le développe-ment de médicaments novateurs néces-site une approche pluridisciplinaire, inté-grant des sciences, telles que la chimie, la biologie, la pharmacologie et la patho-logie par exemple. Le KM a comme mis-sion de livrer la collection d’informations pertinente pour permettre aux cher-

cheurs dans un domaine de compétence donné d’exploiter au mieux l’information disponible.

L’approche informatique de gestion de la connaissance permet d’identifi er et d’analyser dans la littérature scientifi que toutes les informations concernant une protéine donnée ainsi que son récepteur. L’ordinateur permet de créer des connexions entre unités de connais-sance, ce qui permet d’approcher de manière intégrée l’étude des interactions entre cette protéine et son récepteur. «Le KM ne remplacera pas la créativité du scientifi que, mais elle peut la soutenir.»

Puis, elle entreprend des études de biologie à l’Université de Genève. «Je voulais avoir une base scientifi que sur laquelle m’appuyer, car la compréhension du fonctionnement du vivant me passionne.» Une licence en poche, elle quitte la Suisse et le milieu scientifi que pour explorer sa facette artis-tique à Los Angeles et fréquente une école de design. Puis, elle est engagée dans une entreprise spécialisée dans la redynamisation de labels de mode.

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La gestionnairede connaissancesAprès la naissance de sa fi lle, le monde de la mode lui paraît trop futile et elle entreprend de canaliser son goût pour l’inno-vation vers le domaine informatique en travaillant pour une start-up de la Silicon Valley qui développe des «super-ordina-teurs». Après 6 ans passés aux Etats-Unis, elle revient à Genève pour compléter ses études de biologie et travailler en laboratoire. Puis, après avoir fait de la recherche à l’université pendant deux ans, elle réalise que la voie académique n’est pas pour elle. «La recherche fondamentale, est fascinante mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’appréhender la complexité de la biologie d’une manière globale et reliée à une application concrète.»

Elle trouve alors un emploi chez Merck Serono à Genève. Elle y débute en tant que coordinatrice des études cliniques. Cette étape professionnelle lui permet de se familiariser avec le monde de l’industrie pharmaceutique et entraîne également

une prise de conscience. «L’intérêt de ce travail résidait dans le fait d’avoir une perspective de pouvoir venir en aide aux patients.»

Puis, dans un contexte de réorganisation majeur de l’entre-prise, le chef actuel de Recherche et Développement décide d’insuffl er un vent novateur à la compagnie. L’une de sesinitiatives est d’investir dans la conception d’un groupe de Knowledge Management. Ainsi, par un heureux concours de circonstances, elle postule et accède au «job de ses rêves» dans ce nouveau département.

Quand elle n’est pas au bureau, elle s’occupe de sa fi lle âgée de 8 ans, cuisine en élaborant des plats en utilisant destechniques de cuisine moléculaire, et pratique des activités sportives, dont la course à pied et le yoga.

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IS A BeLLe S CHuBeR t Conseil en brevets, Novartis

Isabelle Schubert est la preuve qu’il est possible de concilier carrière et enfants. Son exemple montre aussi que les scientifi ques ne sont pas obligés de rester dans un laboratoire, mais que, sur la base de leurs études, de nombreuses voies s’offrent à eux.

Isabelle Schubert est conseil en brevets, c’est-à-dire qu’elle travaille à l’intersection entre la science et le droit. Pour ce travail, il faut s’intéresser à beaucoup de choses, et c’est le cas d’Isabelle Schubert. Déjà, à l’école, elle aimait toutes les matières, «sauf la physique, ce n’était pas mon truc». De même, ce qu’elle voulait faire plus tard allait de médecin à garde forestière. Le collège terminé, elle alla d’abord passer un an au Canada en tant que jeune fi lle au pair pour perfec-tionner son anglais, puis elle fi t des études de biologie molé-culaire, et aborda ensuite le droit des brevets. Aujourd’hui, elle est cadre au service des brevets de Novartis. «Mon métier est un défi . Il faut avoir un bon esprit d’analyse et se sentir à l’aise avec des personnes très différentes. Il faut aussi savoir supporter le stress et la pression des délais. Je ne connais

pas de conseils en brevets qui n’adorent pas leur métier.» Isa-belle Schubert a deux fi lles âgées de 7 et 12 ans. Elle a un emploi à 80% et passe sa journée libre avec ses fi lles. Lorsque celles-ci étaient plus jeunes, elle les amenait à la crèche de l’entreprise. Elle se détend en faisant du yoga.

«Madame Schubert, d’où vous est venue l’idée de devenir conseil en brevets?»«Au départ, je voulais devenir avocate. C’est mon beau-père, lui-même conseil en brevets, qui m’a donné cette idée. Pour devenir conseil en brevets, il faut avoir fait des études scienti-fi ques, par exemple de biologie, de chimie ou d’ingénierie. C’est la biologie qui m’intéressait le plus.»

La conseil en brevets

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Que fait un ou une conseilen brevets?

Les brevets protègent les inventions. Lorsqu’une personne invente quelque chose, elle doit pouvoir en bénéfi cier pendant un certain temps, sans que d’autres ne copient l’invention et ne s’en servent pour gagner de l’argent. Le conseil en brevets rédige les bre-vets. Il se fait expliquer l’invention par le chercheur. La question essentielle: quelle est la nouveauté de l’invention? En effet, on ne peut faire breveter que ce qui est nou-veau. Le conseil en brevets rédige le dossier de demande, qui contient plusieurs docu-ments décrivant l’invention, les expériences réalisées et sur quoi le brevet doit porter. Ce texte est envoyé aux Offi ces des brevets, qui acceptent ou rejettent la demande.

Dans les entreprises pharmaceutiques, les conseils en brevets ont différentes tâches. Par exemple, si une entreprise veut reprendre une entreprise de biotechnologie ou ses principes actifs en cours de dévelop-pement, le service des brevets doit se mettre à l’ouvrage. Il faut qu’il examine l’état de pro-tection du futur principe actif de l’entreprise de biotechnologie. Il s’agit aussi de savoir si un concurrent risque de bloquer le futur pro-duit. Les brevets sont très importants pour les entreprises, et les conseils en brevets ont donc une lourde responsabilité.

«tous les conseils en brevets travaillent-ils dans de grandes entreprises?»«Dans la plupart des cas, ils travaillent soit dans un cabinet d’avocats, soit au service des brevets d’une grande entre-prise, par exemple ABB, IBM, Novartis ou Roche.»

«Quel genre de personnes font ce métier?»Ce sont souvent des personnes qui s’intéressent à la science, mais ne veulent plus travailler dans un laboratoire. Ce sont aussi des personnes qui aiment argumenter et convaincre par leurs raisonnements, par exemple au tribunal, lors de litiges au sujet de brevets.»

«Après vos études de biologie, êtes-vous passée directe-ment au droit des brevets?»«Pas tout de suite. Après mes études, je pensais que la recherche pourrait m’intéresser. J’ai cherché un emploi en Amérique latine pour améliorer mon espagnol et j’ai fi nale-ment atterri au Venezuela, dans un institut près de Caracas. J’y ai non seulement découvert de nouvelles choses sur les récepteurs de la sérotonine, mais aussi mon futur mari. Au bout d’un an, nous sommes rentrés en Suisse. Pendant un moment, je me suis demandé si je voulais faire un doctorat, mais fi nalement, je me suis aperçue que ça ne collait pas avec mes projets. Je voulais devenir conseil en brevets et je savais aussi déjà que je voulais avoir des enfants. Doctorat, conseil en brevets et enfants – je n’aurais pas pu caser tout ça dans mon emploi du temps et j’ai donc laissé tomber le doctorat.

«Combien de temps dure la formation de conseilen brevets?»«Après les études scientifi ques, il est obligatoire d’obtenir trois ans d’expérience professionnelle dans le domaine du droit de la propriété industrielle. Après cela, il y a un examen très diffi cile pour devenir conseil en brevets européens – près de 70% des candidats échouent. Mais si l’on réussit, on a un titre reconnu dans toute l’Europe.»

«Y a-t-il différentes manières de devenir conseilen brevets?»«Nombre de candidats suivent d’abord une école. Il y a par exemple une formation post-diplôme à l’EPF de Zurich quiprépare bien à l’examen. Il existe d’autres écoles à Londres et à Strasbourg.»

La conseil en brevets

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A Le x M At teR Ceo du experimental therapeutics Centre, Singapour

très jeune, Alex Matter savait déjà ce qu’il voulait faire plus tard: «Lorsque j’étais au collège, section scientifique, l’établissement avait une bibliothèque dont j’ai lu presque tous les livres. Ce qui m’intéressait particulièrement à l’époque, c’était les biographies de chercheurs célèbres, des livres sur Robert Koch ou Louis Pasteur». L’un de ces livres s’appelait «Les chasseurs de microbes». A 12 ans, Alex Matter savait qu’il voulait lui aussi devenir chercheur, de préférence chasseur de microbes.

La carrière de chercheur d’Alex Matter est impressionnante. Né à Bâle, il a dirigé la recherche sur le cancer de l’entreprise pharmaceutique Ciba, puis de Novartis. A l’époque, ses colla-borateurs étaient répartis dans le monde entier – à Bâle, au Japon, au New Jersey. Jusqu’ au debut de 2009, il a dirigé l’Institut des maladies tropicales de Novartis à Singapour.

Il a consacré presque toute sa vie de chercheur à la lutte contre le cancer. Il a dû aussi essuyer des revers. Il a essayé de nombreuses fois de s’attaquer au cancer à l’aide de nou-veaux principes actifs, mais a échoué bien souvent.

Le chasseur de microbes

Mais il a aussi connu des succès notables: c’est sous sa direc-tion qu’un médicament contre une certaine forme de leucémie a été élaboré. Jusqu’à présent, plus de 50 000 patients en ont bénéficié. De plus, il est responsable de l’élaboration d’un principe actif contre le cancer du sein et d’un autre contre le VIH/sida. Ces médicaments sont venus en aide à de nom-breuses personnes et ont même sauvé la vie de certaines.

«Monsieur Matter, de quoi a-t-on besoin pour réussir en tant que chercheur?»«Il faut avoir la volonté de toujours apprendre quelque chose de nouveau. Dans la recherche, on a souvent des objectifs à

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Les étapes de la carrière d’Alex Matter

etudes de médecine à Genève«A l’époque où j’ai fait mes études, dans les années 60, l’Université de Genève était à la pointe de la recherche en biologie molécu-laire, au-delà des frontières de la Suisse. J’étais surtout fasciné par la pathologie, la recherche sur les causes et la genèse des maladies.»

Chercheur à Genève, à Harvard (etats-unis) et à LondresEnsuite, Alex Matter a travaillé pendant plu-sieurs années dans la recherche médicale, la recherche sur le cancer, mais aussi en immunologie. «En particulier mes séjours à Harvard et à Londres m’ont fait progresser en tant que chercheur.»

Carrière fulgurante dans l’industrie pharmaceutique Plus tard, il a travaillé pour différentes entre-prises pharmaceutiques, entre autres Roche à Bâle, Schering-Plough à Paris et à Lyon, Ciba, et enfin Novartis, à nouveau à Bâle. Il est vite devenu chef de groupe, puis chef d’unité.

Médicaments contre le sida pour le tiers-mondeAujourd’hui, Alex Matter s’engage en particu-lier pour les millions de personnes atteintes du sida dans les pays en développement. Avec sa fondation «Esperanza», il veut contribuer à développer des médicaments avantageux contre le sida.

long terme. Le chercheur doit donc avoir la volonté de persé-vérer pendant longtemps. J’ai toujours travaillé jour et nuit sur les problèmes scientifiques que je devais résoudre. On ne peut réussir qu’en étant vraiment concentré sur son travail et en travaillant très dur. Cela signifie aussi que la famille et les passe-temps passent souvent au second plan.»

«Quels sont vos passe-temps quand vous en avez le temps?»«J’aime beaucoup voyager, cette année par exemple, j’ai passé deux semaines au Bhoutan. Je suis entre-temps allé dans presque tous les pays d’Asie du Sud-Est. Par contre, je n’aime pas suivre la foule en voyage organisé, je préfère chercher mon propre trajet. Un autre de mes passe-temps est l’alpinisme. C’est important pour moi d’être en contact avec la nature.»

«Qu’y a-t-il de fascinant à la vie de chercheur?»«Le fait qu’il y ait toujours du nouveau à découvrir. Chaque expérience est un voyage vers l’inconnu. J’aime aussi la concurrence qui règne dans la recherche. Il faut être plus rapide que ses concurrents, car en science comme ailleurs, c’est le meilleur et le plus rapide qui gagne. Mais la recherche a aussi un aspect de sociabilité. Au cours des années, je me suis fait beaucoup d’amis. Je connais des gens aux Etats-Unis, en Asie, en Europe, et j’apprécie d’aller leur rendre visite.»

«Comment une journée normale dans la vie d’Alex Matter se déroule-t-elle?»«Je n’ai pas de journées normales. En tant que directeur de l’Institut des maladies tropicales de Novartis à Singapour, je suis responsable d’une centaine de chercheurs et collabora-teurs. Nous nous engageons dans la recherche sur les mala-

dies tropicales, telles que la tuberculose, la dengue et le paludisme, nous voulons trouver de nouveaux médicaments contre ces maladies. En tant que directeur de l’Institut, j’ai de nombreuses missions. Cela peut aller jusqu’à une manifes-tation d’information à Bornéo, où j’ai récemment expliqué à 200 femmes voilées le traitement du paludisme.»

«Vous avez développé un médicament anticancéreux qui a beaucoup de succès. De quoi a-t-on besoin pour arriver à mettre un médicament sur le marché?»«C’est comme pour réussir un gâteau: il faut avoir beaucoup de bons ingrédients. D’abord, on a besoin d’un chef de projet convaincu de la chose, engagé et qui protège son équipe en cas de difficultés. Ensuite, il faut une bonne coopération au sein de l’équipe, un sentiment de solidarité. Il faut de l’inspira-tion pour maîtriser les phases difficiles. Et il faut aussi beau-coup d’argent, car la recherche est longue et coûteuse.»

Le chasseur de microbes

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M AtéRIeL D’INfoRM AtIoN e t e x eR CICeS

Centre pédagogique de Life Science Zurichwww.lifescience-learningcenter.ch et www.lifescience-zurich.ch (site en allemand et en anglais)

Les classes, les élèves, les enseignant(e)s et le public inté-ressé peuvent réaliser eux-mêmes des expériences touchant à l’actualité de la science, s’adonner à la fascination des sciences de la vie et discuter avec les chercheurs – de manière critique s’ils le souhaitent – de la signification des découvertes scientifiques pour la société.

Les offres sont variées: les classes primaires (de la 1re à la 6e

année) peuvent aller «à la recherche du code secret des êtres vivants»; pour les classes du degré secondaire II, divers stages en biologie moléculaire et génie génétique sont pro-posés. Enfin, les élèves de collège particulièrement motivés ont la possibilité de faire un stage de recherche de deux à trois semaines, en étant dirigés et au sein d’une équipe de scientifiques.

Les quatre pages ci-après offrent des suggestions aux élèves et aux enseignant(e)s et des idées leur per-mettant de travailler sur le matériel présenté dans cette brochure, par exemple sous les formes suivantes:• liste d’entreprises proposant des cours d’initiation ou des stages en sciences de la vie;• suggestions pour des travaux de groupe;• informations pour les élèves préparant une maturité et qui sont à la recherche d’un sujet

pour leur travail de maturité.

Les offres présentées sur cette double page sont un choix non représentatif.

Laboratoire scolaire de Novartiswww.schullabor.ch (site en allemand)

Le laboratoire scolaire est un laboratoire suivi par des profes-sionnels et comprenant 24 postes de travail permettant aux classes de découvrir les sciences naturelles dans la pratique. Les groupes d’élèves âgés de 17 ans ou plus et les adultes intéressés peuvent aussi participer à des cours de laboratoire sur le génie génétique. Les enseignant(e)s du secondaire peu-vent participer à l’atelier «spirale génétique» et réaliser ensuite eux-mêmes les expériences en classe. Mais le labora-toire scolaire ne porte pas uniquement sur le génie génétique: du matériel pédagogique sur l’alimentation, l’eau, le sol et les vêtements est mis à la disposition des élèves à partir de la 6e année d’école.

Le «laboratoire de génétique mobile»www.forschung-leben.ch/service/genlabor (site en allemand)

Découvrir le génie génétique dans sa propre salle de classe? Le «laboratoire de génétique mobile» offre aux enseignant(e)s intéressé(e)s et à leurs classes un aperçu pratique de la biolo-gie moléculaire. Des professionnels aident les élèves à réali-ser eux-mêmes des expériences simples de génie génétique. Les objectifs pédagogiques sont les suivants:• transmission et approfondissement de connaissances

théoriques.• réaliser soi-même les techniques de base de la biologie

moléculaire.• aperçu de domaines de recherche actuels.• plate-forme pour questions et débats.

Le «laboratoire génétique mobile» est proposé par l’association Forschung für Leben (Recherche pour la vie). Une petite participation financière est requise.

Roche Genetics education Programwww.roche.com (site en allemand et en anglais) Le Roche Genetics Education Program se compose d’un CD-Rom (disponible en neuf langues), qui est aussi accessible en ligne (en onze langues). Il comporte entre autres les sujets suivants: introduction à la génétique, génétiquedes maladies complexes et pharmacogénétique. Les ensei-gnants trouveront des informations approfondies dans le «Teacher’s manual».

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Journées de la recherche en génétiquewww.jours-du-gene.ch

Chaque printemps ont lieu les journées de la recherche en génétique. Les multiples offres de ces journées donnent entre autres l’occasion de passer une journée de stage dans un laboratoire de recherche. Des dizaines de chercheuseset chercheurs répartis dans toute la Suisse sont prêts à se consacrer aux personnes intéressées pendant toute unejournée.

Il est également possible d’inviter des chercheuses et chercheurs à l’école. Ceux-ci font un exposé sur leurstravaux de recherche, répondent aux questions à ce sujet, mais aussi sur le métier et le quotidien des chercheurs.

Les journées de la recherche en génétique sont soutenues par 26 organisations et instituts, dont le Fonds national suisse.

Parrainage pour des travaux de maturité www.maturitywork.scnat.ch

Plus de 250 groupes de recherche des hautes écoles, de l’indus-trie et de la pratique ouvrent leurs portes à un parrainage.Pendant quatre demi-journées (ou plus), ils mettent leurs com-pétences, leurs infrastructures et leurs instruments de mesure à la disposition des élèves pour accompagner leurs travaux de maturité.

Les parrainages s’adressent à tous les élèves, et pas unique-ment à ceux qui souhaitent se spécialiser en sciences natu-relles.

Centre didactique en biotechnologiewww.interpharma.ch/biotechlerncenter/fr

Elèves et enseignant(e)s y trouveront des informations et des exemples du domaine de la recherche biologique et médicale moderne. Les textes sont conçus de manière à pouvoir être utilisés pour des exposés ou en tant qu’information de fond pour les enseignant(e)s . En plus des textes, des graphiques, des photos et des fi lms peuvent y être téléchargés gratuite-ment. Les différents chapitres sont complétés par des fi ches d’exercices pour les cours ainsi que par des articles de jour-naux sur chaque thème. Le centre didactique en biotechnolo-gie s’adresse aux élèves des classes secondaires, des écoles professionnelles et des collèges.

Les sujets suivants sont entre autres abordés:• Biotechnologie et génie génétique: un voyage au sein

de nos gènes.• La naissance d’un médicament: un long parcours.• La nouvelle génération de médicaments anticancéreux.• Anticorps monoclonaux: des anticorps pour lutter contre

le cancer.• L’immense potentiel des cellules souches.• Le dilemme de l’expérimentation animale.• La vaccination: autodéfense du système immunitaire.

Cellule de pis

Ovocyte

Embryon

Brebis clonée

Noyau donneur

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Martine Clozel

travail de groupeDe nombreux médicaments n’ont pas d’autorisation pour les enfants, ils sont administrés aux enfants «off-label». Un enfant étant plus léger qu’un adulte, on diminue la dose de médicament en conséquence. Mais il se peut que l’organisme de l’enfant réagisse tout à fait autrement que celui de l’adulte. Pour l’éviter, il faudrait réaliser des essais sur les enfants et les adolescents.

Est-il acceptable d’effectuer des essais cliniques sur les enfants et les adolescents? Quels sont les arguments posi-tifs? Quels sont les arguments négatifs?

Matériel d’informationDossier Santé: www.interpharma.ch/fr/recherche/ Dossier-Santé.asp• Les enfants ne sont pas de petits adultes – même en ce qui

concerne les médicaments (07/2005)• Peut-on mener des recherches impliquant des enfants?

(02/2006)• Pour que les enfants n’aient plus à avaler des médicaments

amers (05/2008)

Markus Affolter

Sans l’aide des drosophiles et des poissons zèbres, Markus Affolter n’aurait jamais pu faire les découvertes qu’il a faites. La recherche a besoin de se servir de ces organismes modèles et d’effectuer des expériences sur eux.

Est-il acceptable de modifier génétiquement les animaux ou s’agit-il d’une intervention sur le vivant à proscrire? Peut-on élever des animaux pour leur prélever des organes au profit de l’être humain? Quelle est la différence entre modification génétique et élevage?

Informations www.interpharma.ch/biotechlerncenter/fr/ Animaux-génétiquement-modifiés.asp

Helma Wennemers Ecoutez Helma Wennemers dans une émission de Radio DRS:http://www.chemie.unibas.ch/~wennemer/hp/Index.html(«On the air», «Februar 2006, Chemie als Feindbild»)

A quoi pensez-vous lorsque vous entendez «chimie» et «bio»? Quelles en sont les raisons?

Isabelle Schubert

Guide pour un débat sur les brevetsFormer deux groupes: un groupe collecte des informations et des arguments en faveur des brevets, l’autre contre les brevets. Chaque groupe désigne deux porte-parole qui présentent les arguments de leur groupe, puis débattent.

On aura besoin également d’un animateur, qui dirige le débat et veille à ce que les deux groupes aient à peu près le même temps de parole. L’animateur ouvre aussi le débat aux inter-ventions des autres élèves.

on trouvera du matériel à ce sujet par exemple ici:http://www.interpharma.ch/biotechlerncenter/fr/Brevets.asp

Alexander Mayweg

Lorsqu’il était petit, Alexander Mayweg a été soigné à l’aide d’antibiotiques et s’est demandé comment ces médicaments fonctionnaient. Recherchez comment les antibiotiques fonc-tionnent. Pourquoi les antibiotiques agissent-ils contre les bactéries, mais pas contre les virus?

http://fr.wikipedia.org/wiki/antibiotique

Debora Keller A quelles universités suisses peut-on faire des études de bio-logie ou de chimie? Quelle est la durée de ces études? Quelles sont les matières enseignées?

www.orientation.ch

Pourriez-vous imaginer de travailler dans la recherche sur le cancer? Pourquoi? Pourquoi pas?

Livio Baselgia où trouve-t-on des renseignements pour choisir une filière d’études?Nombre d’universités proposent un service d’orientation. Les personnes qui y travaillent sont des spécialistes qui peuvent vous conseiller au sujet des études et de tout ce qui s’y rapporte.

www.orientation.ch

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Alex Matter

Quand Alex Matter était petit, il aimait lire les biographies de chercheurs célèbres, tels que Robert Koch ou Louis Pasteur. Quelles sont les découvertes de ces deux chercheurs? Aujourd’hui, Alex Matter fait de la recherche sur de nou-veaux médicaments contre le paludisme. Comment le palu-disme se transmet-il? Dessinez le cycle de vie de l’agent pathogène responsable du paludisme. Où et comment pourrait-on intervenir dans le cycle pour freiner la propagation du paludisme? A quel niveau pourrait-on utiliser de manière ciblée des médicaments contre l’agent pathogène?

• http://fr.wikipedia.org/wiki/Paludisme

Quiz: que veulent dire les symboles?

Un symbole apparaît à l’arrière-plan de chacun des dix portraits de cette brochure. Recherchez ce que ces sym-boles représentent.

Helma Wennemers:

Martine Clozel:

Markus Affolter:

Luca Piali:

Alexander Mayweg:

Livio Baselgia:

Debora Keller:

Caroline Kant:

Isabelle Schubert: Alex Matter:

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Autres offres sur Internet

• Académies suisses des sciences: www.academies-suisses.ch

• Biovalley-College-Network: www.biovalley-college.net

• Gènes ABC: www.gene-abc.ch

• Internutrition: www.internutrition.ch

• Science et Cité: www.science-et-cite.ch

• La science appelle les jeunes: www.sjf.ch

• SimplyScience: www.simplyscience.ch

• Olympiades scientifiques: www.olympiads.ch (site en allemand)

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ADN | L’ADN (acide désoxyribonucléique) porte l’information génétique. Il représente la substance chimique des gènes. Il se compose de quatre bases azotées: adénine, thymine, gua-nine et cytosine ainsi que d’acide phosphorique et d’un sucre, le désoxyribose. L’enchaînement de ces éléments est appelé séquence d’ADN.

Antibiotiques | Les antibiotiques sont des substances qui détruisent les bactéries ou bloquent leur croissance. On les obtient à partir d’êtres vivants, tels que champignons ou bac-téries; on peut en fabriquer certains par synthèse.

Brevet | Un brevet est un titre de propriété protégeant la pro-priété intellectuelle. Le brevet protège les investissements, car il permet à l’inventeur de protéger son invention pendant une durée limitée et d’empêcher autrui de l’exploiter à des fins commerciales. En contrepartie de l’obtention d’un brevet, l’in-venteur doit divulguer son invention au public. Cela permet à d’autres chercheurs d’accéder aux nouvelles connaissances.

Chromosomes | Les chromosomes sont des structures por-teuses de l’information génétique de l’être vivant. Ils sont formés essentiellement d’ADN et contiennent en particulier les plans de fabrication des protéines. Ils sont situés dans le noyau cellulaire des organismes supérieurs eucaryotes (orga-nismes dont les cellules comportent un noyau). Les cellules humaines possèdent 23 paires de chromosomes.

Doctorat/Dr/PhD | Notre titre de Docteur (Dr) corresponddans les pays anglo-saxons au PhD (de l’expression latine «philosophiae doctor»). Un doctorat ou un PhD dure en géné-ral trois à quatre ans.

Drosophile | Drosophila melanogaster, également appelée mouche du vinaigre. Elle est depuis longtemps l’«animal familier» des généticiens et un animal d’expérimentation important pour la recherche fondamentale.

enzyme de restriction | Un peu comme des ciseaux, ces enzymes sont capables de couper l’ADN en certains endroits. Les enzymes de restriction sont l’un des principaux outils de la biotechnologie.

etude clinique | La forme la plus courante d’essai clinique(ou étude clinique) est le contrôle clinique de médicaments, c’est-à-dire une étude réalisée sur l’être humain, destinée à étudier ou à prouver les effets cliniques ou pharmacologiques d’un médicament, ou à en constater les effets secondaires.

Gène | Séquence d’ADN porteuse du plan de construction d’une protéine, qui sera fabriquée grâce à l’intervention d’ARN (acide ribonucléique). Le gène de l’insuline est par exemple le support de l’information permettant la construction de la pro-téine insuline.

Hypertension pulmonaire | L’hypertension pulmonaire (ou hypertension artérielle pulmonaire) est causée par une éléva-tion de la résistance des vaisseaux sanguins et de la pression sanguine dans la circulation pulmonaire. Les patients sont physiquement très affaiblis, souffrent de malaises et de fatigue.

Immunologie | L’immunologie est la science portant sur les aspects biologiques et médicaux des défenses de l’organisme (système immunitaire).

MBA | MBA signifie Master of Business Administration, il s’agit d’une filière d’études recouvrant les principales fonctions de gestion.

Médecine humaine | La médecine humaine est la science de la prévention, du diagnostic et du traitement des maladies et des blessures chez l’être humain (par opposition à la méde-cine vétérinaire, qui porte sur l’animal).

Molécule | Liaison chimique stable, aux propriétés caractéris-tiques, formée d’un assemblage d’atome.

Nanotechnologie | Technologies à l’échelle du nanomètre, un nanomètre étant un milliardième de mètre (10-9 m)

Peptide | Les peptides sont de petites protéines (courtes chaînes d’acides aminés), qui remplissent des fonctions importantes dans l’organisme.

Phosphorylation | La molécule ATP et ses groupes phos-phates sont en mesure d’activer des protéines en leur trans-férant le groupe phosphate. Il s’agit d’un principe important et fondamental de biologie.

Postdoc | Postdoc est l’abréviation de postdoctorant. Il s’agit de scientifiques, qui une fois leur doctorat (thèse) terminé, ont un contrat à durée déterminée, par exemple dans une univer-sité, et participent pendant ce temps à un projet de recherche.

Protéine | Le terme protéine vient du grec ancien «prôtos», qui signifie premier, essentiel. Les protéines sont non seulement l’un des principaux composants de la cellule, mais sont aussi responsables de presque toutes les fonctions vitales de l’organisme. Elles sont formées de longues chaînes d’acides aminés.

Récepteur | Un récepteur peut être, par exemple, une pro-téine se trouvant à la surface d’une cellule. Un ligand se fixe sur le récepteur et celui-ci transmet le signal à l’intérieur de la cellule.

RMN | La spectroscopie RMN (résonance magnétique nucléaire) est une méthode de spectroscopie permettant de révéler la structure des molécules.

GLo S S A IRe

Page 31: Faire carrière dans les sciences de la vie

Votre entrée dans les sciences de la vie

Vous intéressez-vous aux sciences naturelles? Aimeriez-vous découvrir un laboratoire pour voir si la recherche pourrait vous plaire? Les entreprises suivantes proposent par exemple des journées d’initiation, des stages ou des visites de l’entreprise (sur demande).

une sélection d’entreprisesActelion www.actelion.chAmgen www.amgen.chBachem AG www.bachem.chBASf www.basf.chBayer www.bayer.chCiba AG www.ciba.chCilag AG www.cilag.chClariant www.clariant.chDSM AG www.dsm.comems-Chemie AG www.ems-group.chfirmenich www.firmenich.comGivaudan www.givaudan.comGalenica www.galenica.chLonza AG www.lonza.chMerck Serono SA www.merck.chNestlé SA www.nestle.chNovartis www.novartis.chPfizer www.pfizer.chSyngenta AG www.syngenta.chSiegfried www.siegfried.chRoche www.roche.chVifor www.vifor.ch

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Faire connaître des modèles

Elèves et enseignant(e)s se plaignent souvent du manquede modèles dans les sciences de la vie. En réalité, ilexiste de nombreux exemples de biologistes, de chimisteset de médecins, mais ils sont souvent peu connus.

Cette brochure veut y remédier en proposant un aperçu du monde fascinant des sciences de la vie. Dix biographies (cinq femmes et cinq hommes de différentes régions de Suisse) sont présentées, de l’étudiant d’EPF à la fondatrice d’une entreprise opérant à l’échelle internationale, en pas-sant par la professeur de chimie. Pourquoi ont-ils choisi les études de biologie, de chimie ou de médecine? Quel est leur travail aujourd’hui? Les personnes intéressées trouveront la réponse à ces questions dans cette brochure et sur DVD, dans les fi lms correspondants.